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CONNAISSANCE ET APORIES
Author(s): Pierre-Marie Morel
Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger , AVRIL-JUIN 1998, T. 188, No.
2, PHILOSOPHIE GRECQUE (AVRIL-JUIN 1998), pp. 145-163
Published by: Presses Universitaires de France
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d'empirisme paradoxal, qu
sensibles tout en fondant l
induction à partir du tém
est en fait la plus fragile,
teurs, enfin, animés par u
peut-être simplement indé
inhérentes à la doctrine el
les différents aspects2. D
actuellement très loin de f
Le problème mérite tout
de le formuler autrement. Il convient sans doute de renoncer aux
qualificatifs schématiques qui tendent à occulter la diversité des
points de vue exprimés par les fragments et les témoignages. La
solution consistant à trancher en faveur de tel témoin, éventuelle-
ment citateur, contre tel autre3 est quant à elle doublement problé-
matique : non seulement elle s'avère intellectuellement peu satisfai-
sante et, généralement, historiquement discutable, mais encore elle
exclut d'entrée dé jeu que la philosophie commentée puisse en elle-
même receler de véritables apories. Il faut donc, s'il apparaît que la
doctrine présente des difficultés, comprendre comment et jusqu'à
quel point ces difficultés s'organisent. De fait, la physique de
Démocrite a une vocation systématisante mais, de fait également,
la conception de la connaissance qui en dépend est rebelle à la sys-
tématisation.
conventionnelles, faits de
tituent les atomes et le vide.
1. Τ 20.
2. Voir notamment Diocène Laërce, IX, 61, Τ ΙΑ.
3. De l'expérience médicale, 1259 Schöne; fet 236, 102 . 8 Deichgräber
[68 Β 1251.
4. 1,213-214.
5. L histoire moderne du scepticisme montre que la référence pyrrho-
nienne s'est accommodée de multiples aménagements. Voir notamment les
exemples de « scepticisme constructif ou modéré » présentés par Richard
H. Popkin dans son Histoire du scepticisme d'Érasme à Spinoza, trad, franc.,
Paris, PUF, 1995, p. 179-202. Jean-Paul Dumont a montré que le scepticisme
ancien lui-même était divers, apparaissant tour à tour comme une théorie phy-
sique, comme une éthique et comme un relativisme. Voir Le scepticisme et le
phénomène, Paris, 19852, p. 236-237.
supérieure à la bâtarde, il po
plus, ni voir ce qui est devenu
mais <que la recherche exige>
doit être adopté>. Ainsi, selo
appelle connaissance légitime (γ
1. §63-64.
2. La position de Démocrite a donc des affinités avec les form
poraines de la philosophie matérialiste de Γ esprit. Elle conduit e
naturalisme de type réductionniste (les états mentaux ne sont a
états cérébraux), voire éliminativiste (les états mentaux en tant qu
tent pas), si l'on se réfère par exemple au tableau proposé par Pier
problème du rapport du corps et de l'esprit aujourd'hui. Essai sur l
les faiblesses du fonctionnalisme, dans D. Andler (dir.), Introd
sciences cognitives, Paris, 1992, p. 313-351. Sur la tendance élim
Démocrite, voir R. B. B. Wardy, Eleatic pluralism, Archiv für Ges
Philosophie, 70, 1988, p. 125-146.
3. Contre l'épicurien Colotès, et prenant la défense de Démoc
tarque signale que celui-ci a opposé à Protagoras un grand nom
ments (Contre Colotès, 1108 F-1109 A [68 B 156]) et Sextus rapp
les savants, VII, 389 [68 A 114]) que Démocrite lui a objecté, com
l'argument de l'autocontradiction. De fait, affirmant au moins que
et le vide existent véritablement, Démocrite montre ainsi qu'il e
traire un certain nombre de propositions fondamentales à l'écueil du
relativisme.
1. Métaphysique, Γ, 5, 1009 6
2. Parmi d'autres, recensées
skeptische Formel, Hermes, 98
3. Voir plus loin le texte des
4. Pour le fragment : ήμεΐς δέ τ
δέ κατά τε σώματος διαθήκην και
les savants, VII, 136 [68 Β 9])
5. έτεή ουδέν Γσμεν περί ουδεν
[68 Β 7]).
6. Ορ. cü., ρ. 560-561.
1. DK 68 Β 8.
2. DK 68 Β 10.
3. Voir Simplicius, Commentaire sur le Traité du ciel d' Aristote, 564, 24
[68 A 120].
4. Pour Aristote, voir notamment, chez Simplicius, Commentaire sur le
Traité du ciel d'Aristote, 294, 33 = Rose 208 [68 A 37]. Pour Simplicius : Com-
mentaire sur la Physique d'Aristote, 28, 15 [68 A 38].
5. De sensibus, § 64 [68 A 135].
6. Up. eu., § 58.
« Les propos de Démocrite "/a couleur est par convention, le sucré est par
convention et un composé (sunkrisis) est par convention comme toutes les
autres choses, mais existent en réalité le vide et les atomes" sont une attaque
contre les sens et quiconque s'en remettrait à ce discours et le mettrait en
pratique ne pourrait pas même se concevoir lui-même comme un homme
ou comme étant en vie. »3
1. DK 70 Β 1.
2. C'est peut-être là une des raisons de 1 intérêt de Pyrrhon pour Dém
crite. Voir J.-P. Dumont, op. cit., p. 216. L'étude des fragments moraux
Démocrite excéderait le propos de cet article, mais elle confirmerait cette af
nité. Voir P. Natorp, Die Ethikas des Demokritos, Marburg, 1893, p. 151 sq.