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AEG1039 : Fondements conceptuels en

tourisme : systèmes et territoires

Études touristiques et
principales approches
Qu’est ce que la science ?
• «Le savoir scientifique est un savoir qui a fait ses preuves. Les théories
scientifiques sont tirées de façon rigoureuse des faits livrés par l’observation et
l’expérience. Il n’y a pas de place dans la science pour les opinions personnelles,
goûts et spéculation de l’imagination. La science est objective. On peut se fier au
savoir scientifique parce que s’est un savoir objectivement prouvé.
• Ce type d’énoncés résume, je pense, le point de vue commun sur ce que l’on
considère aujourd’hui comme la science» (Chalmers. F. Alan. 1976. «Qu’est-ce que
la science? Paris, La Découverte, p.21

• «Type de connaissance caractérisé, outre la visée de la pertinence vis-à-vis des


réalités empiriques à connaître, par une recherche de cohérence théorique des
énoncés, ce couple en tension étant ratifié grâce à une double accessibilité des
énoncés: celle qui permet une validation interne à la collectivité des chercheurs;
celle qui concerne l’ensemble de la société et permet la valorisation des
propositions dans l’action de transformation du réel» (Jean-François Pradeau,
2003. Dictionnaire de géographie et de l’espace des sociétés, sous la direction de
Jacques Lévy et Michel Lussault, Paris, Belin, p.
La science : rationalisme où empirisme ?
• Rationalisme: connaissance issue de propositions théoriques
• Empirisme: connaissance issue de l’expérience de la réalité

• Platon: le discours de la philosophie doit remplacer celui des mythes. Le mythe est un
discours qui n’est porté par aucune argumentation et vérité, et on ne peut dire s’il est vrai ou
faux.
• Aristote: la science est liée à l’universel et au développement de concepts
• Les «septiques» grecs portent un doute sur la connaissance abstraite. Nécessité de
• voir la réalité.
• Moyen Âge: ex: critique de la science grecque (cosmologie) par Copernic, Galilée . Début
de la science moderne
• 17e et 18e: rupture entre science et métaphysique, et empirisme et rationalisme prennent
plus de place. Francis Bacon (17e), parmi les premiers à montrer ce qu’est la méthode
scientifique: améliorer le sort de l’homme en faisant une observation méthodique des faits
qui aboutirait à l’énoncé de théories.
• 19e : empirisme devient une religion : Auguste Comte avance le positivisme (philosophie
positiviste) où l’on doit établir une explication du monde à partir de l’expérience et de
l’observation.
• Le Cercle de Vienne (années 1920):
• la forme développée de l’empirisme, dans un contexte d’émergence des
sciences physiques;
• la justification des théories se base sur une vérification par les faits liés à
l’observation.
• Une démarcation de l’empirisme pur à travers la vérification logique des
théories.
• Objectifs : asseoir un langage scientifique commun (lié à la physique),
développer une théorie de la connaissance scientifique (épistémologie),
critiquer la métaphysique.
• Critiques du positivisme logique ou empirisme logique du Cercle de Vienne
par:
• Gaston Bachelard (1934, 1938): synthèse du rationalisme et de
l’empirisme; le réel et le rationalisme ne sont pas antagoniques : on va du
rationnel au réel en faisant face à des obstacles (cognitifs, culturels,
idéologiques).
• Karl Popper (1934) critique aussi l’empirisme du Cercle de Vienne, qui mise
surtout sur l’observation et l’expérience. Pour Popper, la science se
développe à partir de problèmes pour lesquels on pose des hypothèses (ou
conjectures) ou énoncés théoriques. La validité d’une théorie s’obtient par la
possibilité de «l’invalider, de la réfuter ou encore de la tester».
• Thomas Khun (1962): «la science normale» se fait selon des révolutions
scientifiques au sein de communautés scientifiques qui détrônent une théorie
scientifique par l’apport d’un nouveau paradigme (hypothèses, théories
générales, lois et techniques utiles pour son application). Si certains
problèmes ne sont pas résolus (anomalies), une crise apparaît et un
nouveau paradigme est élaboré.
Quelles études pour le tourisme ?
• Le tourisme est un champ d’études relativement jeune puisqu’il remonte au
début des années 1960, mais ne prend véritablement de l’ampleur qu’une
décennie plus tard.

• Les périodiques de recherche en tourisme ont moins de 40 ans. Pas


surprenant alors qu’il existe une grande discussion au sein des intellectuels
du domaine quant aux divers concepts et à la terminologie employée.

• On n’a qu’à penser au concept d’écotourisme pour lequel il existe près


d’une centaine de définitions (voir Fennell, 2001).
• La personne qui lit des études en tourisme doit savoir préalablement que le
phénomène touristique n’est pas la chasse gardée d’une seule perspective.

• Selon ses intérêts et son point de vue, l’acteur tend à percevoir et à


analyser le tourisme à travers le prisme d’une perspective, voire même
d’une discipline qu’elle soit économique, sociale, géographique ou plutôt de
gestion.

• Toute étude considérant plus d’une discipline permet de mieux


conceptualiser et développer la compréhension du problème étudié.
Cependant, il importe de souligner qu’avant de se lancer dans
l’interdisciplinarité, la maîtrise de sa propre discipline de recherche est
essentielle.

• Goeldner et al. (2000) ont identifié au moins neuf approches du tourisme.


Chacune possède ses avantages et ses inconvénients :
• a) L’approche institutionnelle
Cette approche s’intéresse à l’étude des institutions qui s’occupent des
activités du tourisme. Par exemple, on étudie ici l’agence de voyages (son
organisation et ses opérations, ses méthodes de fonctionnement, ses
problèmes, ses coûts, etc.). Cette approche plus mécanique a tendance à
oublier le caractère humain de l’expérience touristique.

• b) L’approche du produit
Cette approche s’intéresse plutôt à l’étude des produits (conception, mise en
marché et leur consommation). Par exemple, l’étude d’un nouveau type de
siège pour les avions ou encore celle d’un nouveau type d’expérience de
voyage (le tourisme « spatial », par exemple) constitue une approche du
produit. Cette approche a l’inconvénient de demander beaucoup de temps.
Elle n’est pas très utile pour le débutant qui souhaite obtenir un portrait
plus inclusif du tourisme.
• c) L’approche historique
Cette approche favorise l’étude du tourisme sous l’angle de l’évolution des
activités et des institutions. Elle interroge, par exemple, les causes d’une
innovation, les explications à la croissance ou, au contraire, à la baisse et au
déclin d’un produit. Elle s’intéresse ainsi aux changements de l’humeur et
des motivations des voyageurs. Cette approche, teintée de sociologie, a
ses limites. Car l’étude historique nécessite d’avoir un regard
relativement détaché et à long terme d’un phénomène. Or, le tourisme
moderne est encore très jeune.

• d) L’approche par la gestion


Cette approche se penche sur la gestion des activités touristiques
(planification, recherche, coûts, publicité, etc.). Deux périodiques de recherche
adoptent cette approche dans les articles qu’ils sollicitent : le Journal of Travel
Research et le Tourism Management – Journal. Cette approche, très
populaire, cherche à anticiper tous les changements qui affecteront
l’industrie.
• e) L’approche économique
L’approche économique se spécialise sur l’offre et la demande, la balance des
paiements, les échanges, l’emploi, les dépenses, les revenus, le développement, etc.
Elle est très utilisée pour comprendre la place du tourisme dans l’économie d’une
région ou d’un pays. Les études qui adoptent cette approche sont particulièrement
publiées dans les pages du périodique Tourism Economics – Journal). On peut
reprocher à cette perspective de se centrer trop sur l’argent. Du reste, trop
d’études en tourisme ne s’intéressent pas suffisamment aux retombées
économiques.

• f) L’approche géographique
Les géographes s’intéressent à l’aspect spatial du tourisme. On couvre ici une variété
de problématiques, de l’étude du climat d’une destination à son panorama en passant
par la distribution et la diversité de sa végétation et de sa faune. La planification
physique des infrastructures dans l’espace constitue un autre enjeu de la géographie.
En géographie humaine, on abordera aussi la distribution des richesses et l’utilisation
de la culture dans le développement de la destination. Les périodiques Tourism
Geographies et Journal of Leisure Research proposent une panoplie d’articles sur le
tourisme dans une perspective géographique. À ces approches, ajoutons encore
celles de la sociologie, du marketing et la combinaison d’approche pour une
interdisciplinarité.
• g) L’approche sociologique
Cette perspective se penche davantage sur l’expérience touristique : les éléments qui
composent et influencent l’expérience vécue par le visiteur. Cette approche a
tendance à être sous-utilisée dans les études en tourisme. D’une part, elle nécessite
de s’approcher des vacanciers pendant leur période de détente et de repos, ce qui
n’est pas facile. D’autre part, elle demande une approche qualitative encore trop peu
employée par la recherche en tourisme. Pourtant, les modes de gestions
employés pour gérer les impacts négatifs du tourisme pourraient tirer avantage
de l’étude sociologique de l’expérience touristique. À quoi bon vouloir encadrer
les visiteurs si on ne prend pas d’abord le temps de comprendre leur
expérience?
• h) L’approche marketing
L’approche marketing aborde le tourisme en termes de produit ou de service. Le
marketing s’intéresse aussi à l’expérience touristique, à l’image de la destination, à la
planification du produit. Elle se penche en particulier sur les aspects de
marchéage (« mix marketing ») : politique de produit, politique du prix, politique
de distribution (disponibilité du produit) et de communication (promotion).
• i) L’approche interdisciplinaire
Enfin, l’approche interdisciplinaire consiste à étudier le tourisme à l’aide d’une
combinaison de disciplines. Elle peut aussi faire appel à d’autres champs
d’études qui n’ont pas été abordés ici comme la psychologie, l’anthropologie, le
domaine des transports, etc. Le droit (les aspects juridiques du tourisme) et
même les sciences politiques (lorsqu’il est question d’activités touristiques qui
s’étendent sur diverses juridictions) sont également nécessaires à l’étude du
tourisme.
Comment parler de tourisme aujourd’hui ?
Les stades de l’évolution en tourisme en termes de reconnaissance
La démarche scientifique pour une reconnaissance du tourisme

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