La démarche

de recherche

Jean Paul FILIOD

 Entrée en matière en M1

Ø 5 conférences en amont des séminaires :

• La démarche de recherche
• La probléma/sa/on
• L’éthique dans la recherche
• L’esprit cri/que dans la recherche
• Les méthodologies de recherche
 La démarche de recherche

Ø Préambule
• Un mot sur les mots Recherche et Démarche
Ø Deux parties
• Un bref détour par l’histoire des sciences
• Faire de la recherche aujourd’hui
Ø Perspective
• Que faire en vue de mon mémoire MEEF ?
 Préambule

Ø RECHERCHE
• La recherche, les chercheur·es : en anglais, research, researchers
• Science, sciences : connaissances qui changent grâce à la recherche
• Chercher, trouver, re-chercher : logique cumulative

Ø DÉMARCHE
• Un sens concret : manière de marcher
• Un sens abstrait : manière d’avancer en raisonnant
• Écho à Méthode » : du grec meta-odos,
“ce qui suit la route” –––> “recherche d’une voie”
 Une logique cumulative :
la longue histoire de la science

v Mathématique <– née de problèmes pratiques (commerce,

corps humain, astronomie…). Présence systématique de
vecteurs de connaissance : papyrus Égypte… papier Chine…
écriture Mésopotamie… imprimerie Europe… internet Monde…

v Chine, Grèce, Inde, Arabie (Ve s. av. JC –> Xe ap.) : circulation

sanguine, principe d’inertie, imprimerie à caractères
mobiles, boulier, démonstration mathématique
(géométrie, astronomie), chimie, médecine, invention du
zéro, calcul durée d’une année, notation décimale et
chiffres arabes (en fait, indiens… adoptés par Al-Khawarizmi,
mathématicien, géographe, astronome dont le nom a donné
algorithme, inventeur de l’algèbre (al-jabr) et de la variable x pour
désigner l’inconnue d’une équation)
 … vers la Renaissance
v Europe, 12e s : universités (Salamanque, Oxford, Paris, Bologne),
traductions, diffusion des connaissances…
v 15e s., Renaissance : imprimerie, géographie, cartographie,
navigation, nouveaux mondes (Amérique). Révolution
cosmogonique : la Terre n’est plus le centre de l’Univers.
Nouvelles humanités dans le savoir, phénomène accentué
par la Réforme protestante : l’Esprit contre l’Institution.
v ––> début du 18e s. en Europe, science et philosophie
indissociables, contrôlées par les religions. La pression du
savoir cumulatif heurte les dogmes religieux (“hérétiques” :
Galilée, Servet, Bruno…) Actualité de la tension entre science et
croyance : la philosophie et l’épistémologie comme
supports du dialogue.
 18e siècle : les Lumières
v Prolongement d’une interrogation : l’existence multiple de
l’être humain. L’Homme comme projet, l’être humain,
sujet et objet de savoir. Problématique de la différence,
existence concrète de l’humain, savoir empirique, démarche
d’observation. Le modèle des sciences de la nature.
v Contexte : Révolution industrielle : évidence du progrès
technique et scientifique. La Science, un raisonnement par
stades. Biologie (sélection naturelle et raisons de la réussite de
l’homme), Préhistoire (paléolithique, néolithique, âge du bronze, âge
du fer… critère : les outils), Géologie (Paléozoïque, Phanérozoïque et les
subdivisions en Paléo, Méso, Néo), Anthropologie (chasseurs-
cueilleurs, agriculteurs, éleveurs, civilisés ; Sauvages, Barbares, Civilisés)…
 Le positivisme (19 et 20e s.)

v Faits observables, hypothèses, coordination des faits

observés, lois, preuves, causalité. Le progrès comme
fondement. Comte, Cours de philosophie positive (1830-42) :
Maintenant que l’esprit humain a fondé la physique céleste, la
physique terrestre, soit mécanique, soit chimique ; la physique
organique, soit végétale, soit animale, il lui reste à terminer le système
des sciences de l’observation en fondant la physique sociale. (1re leçon)
v Remises en cause du positivisme (20e s.)
• Dans la science : principe d’indétermination (ou d’incertitude),
catastrophes, dissipations, chaos… Importance des contextes,
des systèmes de référence.
• Dans le politique, la société : deux guerres mondiales… Autant
de science et de technologie pour en arriver à exterminer ses
semblables, est-ce bien raisonnable ?
 20 et 21e s.
• Améliora)on de la précision des instruments
(infiniment grand et infiniment pe)t). Inven)on de l’ordinateur et
de l’informa)que. Mondialisa)on des échanges : mise en
commun des efforts scien)fiques.
• Les disciplines : iden)té, pluralité, mixité.
Émergence de « bi-disciplines » (biochimie, psychosociologie,
ethnopsychiatrie, ethnobotanique…).

• Vers 1970, sciences de… : langage, éduca)on, informa)on

et communica)on, environnement, vivant, art, ac)vité,
sciences poli)ques, cogni)ves, etc.
+ les studies : cultural, gender, childhood, animal,
environmental, educa4onal studies…
educa4onal research ––> recherche en éduca+on
 20 et 21e s.

• La question de la complexité : pensée qui oblige à relier

les éléments, à les éclairer par plusieurs disciplines,
pour en avoir une connaissance plus précise, plus juste.
Com-plexus, « tisser ensemble »
• Épistémologie, réflexion de la science sur elle-même:
philosophie des sciences, histoire des sciences,
sociologie des sciences ––> critique
• La Science : discours sur la rationalité, l’objectivité, la
neutralité, l’universalité incontestables… comme si elle
était intemporelle, apolitique.
Or, moyens financiers et sociaux, concurrences entre
théories, “écoles”…
 20 et 21e s.
• Médias et sciences : ins-tu-onnalisa-on croissante
de la recherche, diffusion des connaissances.
Une pluralité de vérités fait écho dans la société :
Selon une étude… Selon une autre étude…
• Le 21e s. : semblant de reconquête de la cumula-vité, du
fait de la publicisa-on des controverses scien-fiques et de
l’excès de rela-visme, amplifié par les médias sociaux
(complo-sme, post-vérité, les épisodes Trump et Covid-19…)

• La forme de la Terre… Ni ronde, ni plate : patatoïde !

Faire une recherche aujourd’hui ?

Ø Conquérir une posture distanciée

Ø Débattre, apprendre à distinguer les types d’écrits

Ø Faire dialoguer des écrits de nature différente

pour construire un objet de recherche…

Ø … et le faire évoluer dans un mémoire

qui rendra compte des connaissances produites
Conquérir une posture distanciée

• La recherche implique un décentrement…

• … vers un objet d’étude à construire…

• … dans un dialogue avec d’autres.

Une construction par étapes,

dans une logique dynamique
 Des étapes, une dynamique
• Des étapes :
1. lire, écrire, penser, réfléchir pour formuler une ques6on de
départ, puis probléma6ser vers une ques6on de recherche
2. Hypothèse·s 3. Le travail de terrain (enquête)
4. Transcrip6on des données 5. Analyse 6. Interpréta6on
7. Nouvelles ques6ons : re-cherche
• Deux démarches en général :
– induc*f : d’abord le travail de terrain, les hypothèses se
construisent sur le chemin, on analyse, on interprète
– déduc*f : construc6on d’hypothèses avant le travail empirique
NB : pas d’opposi*on stricte : dans le déduc*f, il y a de l’empirique dans la
phase de construc*on (tests, pré-enquêtes…).
Rappel : le sens d’une démarche, avancer dans un raisonnement
 Recherche… Chercher

Aller ailleurs

dans l’espace
dans sa tête

changer de lieu
• oublier ses cer,tudes
• changer ses habitudes de penser
• adme5re qu’on peut penser autrement

DOUTE + HUMILITÉ
 ⚠ ⚠ Le « doute » ❓ ❓

Le doute n’est pas la remise en cause

systématique des résultats scientifiques !

C’est la prudence qu’il faut pour

bien peser le sens des analyses que l’on produit :
elles sont consistantes et fondées sur
des données réelles, mais elles ne sont
en aucun cas La Vérité Absolue.
Décentrement : une double logique

Un objet (cf. ce qui est placé devant)

Observation Réflexion à distance

de l’objet
N s
sur ce même objet

Quel degré d’étrangeté, de familiarité ai-je avec lui ?

(ques<on à vous poser vis-à-vis de votre thème de recherche)

Comment rendre l’étrange(r) familier ? Et vice versa…

Comment se décentrer ?

Trois modalités :
v la discussion (l’échange discursif)
v l’expérience concrète
v la lecture
Échange discursif
Expérience concrète
v Avec soi-même

Nouveaux lieux, nouvelles

v Avec d’autres pra;ques, nouveaux sujets
(pairs, séminaire) : (individus, groupes, ins;tu;ons)
enjeu rela;onnel,
débat, échanges,
diversité des Enjeu :
points de vue se rendre disponible à
(vérités ?) ce nouvel environnement
patience, écoute, attention
 Lectures
• Des dis(nc(ons à faire : les types d’ouvrages
(scien(fique, professionnel, essai, presse spécialisée…)
• Des droits à respecter : propriété intellectuelle
(sources), plagiat (un délit)

Faire vivre un dialogue avec des auteur·es,

permettant de construire un objet de recherche
donnant lieu à un document appelé mémoire.
Les ouvrages sont les pièces d’une construction dont vous êtes
l’auteur·e : auteur·e à la fois principal·e et parmi d’autres
 L’appartenance à
une « communauté scientifique »

v À l’échelle du séminaire
v À une plus grande échelle : la recherche en France
Près de 100 universités et communautés d’universités,
26 organismes de recherche (CNRS, INSERM, INRA, CEA, CNES,
IFREMER, INRIA…), 271 écoles doctorales, fondaLons privées
(InsLtuts Pasteur et Curie), fondaLons universitaires et de
coopéraLon scienLfique, 37 InsLtuts Carnot, 71 pôles de
compéLLvité, de nombreuses écoles d’ingénieur, de commerce et
de management, d’art, d’architecture)
v Un travail de composiLon dans ce paysage général,
très fourni en sources et en ressources.
Finalement, le processus de recherche

• Entretenir une dynamique entre

lire, penser, écrire, réfléchir
• Se sen1r appartenir à
une communauté scien1fique
• Être à la fois
modeste et sans complexe
Que faire en vue de mon mémoire MEEF ?

• Mon sujet est UN sujet…

… traité par d’autres, que je dois lire, écouter
• En saisir les enjeux globaux (histoire, place dans
le système éducatif, état des connaissances…)

• Collecter des données de terrain, qui vont dialoguer

avec les connaissances acquises…
• … en projetant les résultats sur l’exercice du métier :
en tant que futur·e professeur·e, que faire de cette
recherche ?