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La mixité inachevée

Garçons et filles minoritaires dans les filières techniques


Clotilde Lemarchant
Dans Travail, genre et sociétés 2007/2 (Nº 18), pages 47 à 64
Éditions La Découverte
ISSN 1294-6303
ISBN 9782200923990
DOI 10.3917/tgs.018.0047
© La Découverte | Téléchargé le 19/09/2023 sur www.cairn.info (IP: 37.65.42.59)

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LA MIXITÉ INACHEVÉE
GARÇONS ET FILLES MINORITAIRES
DANS LES FILIÈRES TECHNIQUES

Clotilde Lemarchant
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epuis quelque temps, les femmes dans le

D domaine des sciences et techniques suscitent


l’intérêt : il semble même que l’on cherche à y
promouvoir leur percée. Portraits dans la presse
de quelques femmes scientifiques de renom international
lors de la Journée internationale des femmes1, émissions de 1Le Monde, 8 mars
radio et de télévision multiplient les témoignages de ces 2006.
trajectoires innovantes. La recherche elle aussi s’empare de
ce thème et l’on voit fleurir depuis peu thèses, séminaires et
colloques sur les femmes dans les « métiers d’hommes »
(femmes gardiennes de prison, dans la police, chez les
pompiers…). Le colloque international « L’inversion du
genre », tenu à Brest les 18-19-20 mai 2005 synthétise et
donne une belle visibilité à cette réalité.

GARÇONS ET FILLES MINORITAIRES

La situation symétrique (hommes dans les « métiers de


femmes ») est en revanche peu prise en compte, et plus
rarement encore la comparaison des situations entre
hommes et femmes à cet égard. Seuls Thomas Couppié et

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Clotilde Lemarchant

Dominique Epiphane (2001) ont donné récemment un bilan


des carrières professionnelles des hommes et des femmes
inversant les rôles « traditionnels » sur le marché du travail.
La recherche présentée ici s’efforce d’apporter un éclairage
comparatif entre filles et garçons en amont, durant le temps
de la formation. Elle a pour objet d’étudier les situations des
garçons et des filles minoritaires en tant que tels dans leur
classe en filière technologique ou professionnelle. Ciblée sur
les filles et garçons bas-normands en situation de minorité
numérique dans le cadre de leur formation (au plus le
cinquième de sa classe), elle vise à rendre compte de leur
expérience de lycéen-ne-s, de cerner à la fois leurs motiva-
tions à choisir ces spécialités inhabituelles et leurs projets
scolaires et professionnels.
Elle repose principalement sur une double enquête
menée dans l’académie de Caen en 2005-2006 : des entretiens
individuels semi-directifs auprès de trente lycéens et
lycéennes atypiques, réalisés à différents moments de
l’année scolaire, et une enquête exhaustive par questionnaire
auto-administré auprès des trois cent quarante-six élèves
concernés en Basse-Normandie et répartis dans quarante-
deux établissements publics (deux cent cinquante et un
questionnaires m’ont été retournés). Un cadrage national à
partir des données de la DEP (Direction de l’évaluation et de
la prospective du ministère de l’Éducation nationale) a été
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également réalisé ainsi que vingt entretiens auprès de
proviseurs, professeurs et conseillers pédagogiques
d’éducation (CPE) de ces lycées, mais ces données sont peu
mobilisées dans ce texte centré essentiellement sur le point
de vue de jeunes bas-normands sur leurs propres trajectoires
2 Cette recherche, d’exception.2
commencée en 2004, Les expériences lycéennes des filles et des garçons sont
résulte d’un partenariat
avec le rectorat et la ici volontairement mises en parallèle : garçons et filles
délégation régionale minoritaires sont comparés, afin de mettre en évidence les
aux droits des femmes effets, les enjeux et le poids du système de genre, en accord
de Basse-Normandie, avec les vœux, déjà anciens et récurrents mais peu appliqués
dans le cadre d’une
convention régionale dans les faits, de réalisation de recherches portant sur les
de promotion de la deux sexes. De ce point de vue, privilégier l’observation de
mixité et de l’égalité au situations d’exception présente l’intérêt de composer un
travail et à l’école, effet de loupe sur les enjeux du genre et de l’orientation
déclinaison régionale
de la convention scolaire. L’analyse des situations comparées de jeunes filles
nationale du 25 février et jeunes gens uniques dans leur classe (ou presque) fait
2000 (cf. Lemarchant, apparaître sous des traits grossissants des processus plus
2006) généralement à l’œuvre dans les lycées en matière de
construction du genre et d’orientation.

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La mixité inachevée

RAPPORTS SOCIAUX DE SEXES


ET CHANGEMENT SOCIAL
DANS LE DOMAINE DE L’ORIENTATION SCOLAIRE

Au-delà de l’observation d’une expérience lycéenne, ce


travail sur les orientations scolaires atypiques en filières
techniques et professionnelles s’inscrit plus largement dans
une problématique de rapports sociaux de sexes et de
changement social, dans la lignée des travaux précurseurs
de Nicole Mosconi (1989), Françoise Vouillot (2000),
Cendrine Marro (2000) ou Gilles Moreau (1991). Il question-
ne ainsi les formes de résistance de notre société à l’entrée
des femmes dans certains métiers et à l’entrée des hommes
dans certains autres (Murcier, 2005).
Les dernières données nationales montrent en effet le
caractère toujours très sexué des séries empruntées par les
lycéens. « Dans le second cycle professionnel scolaire, la
population féminine reste stable : 47 % en 1984 et 46 % en
2002. En 1984, deux groupes de spécialités s’opposaient : si
27 % des filles choisissaient la formation secrétariat-
bureautique, ce n’était le cas que de 1 % des garçons, alors
que 30 % des garçons se tournaient vers les formations
électricité-électronique contre seulement 1 % des filles. En
2002, ces choix ont peu évolué : 30 % des filles s’orientent
vers le secrétariat-bureautique contre 1 % des garçons, alors
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que 24 % des garçons choisissent la formation électricité-
électronique contre 1 % des filles » (Rosenwald, 2006, p. 88).
Pourtant, quelques associations telles « femmes et
sciences », ou des mesures des pouvoirs publics ont tenté, de
façon récurrente, de promouvoir les femmes dans les
sciences. Quelques actions volontaristes ont été menées par
les autorités publiques compétentes afin de promouvoir la
mixité dans les formations et les professions techniques et
des secteurs d’activité économique jusqu’ici rétifs à la venue
de l’autre sexe. Citons, par exemple, la campagne d’infor-
mation en 1992 : « C’est technique, c’est pour elle ». Malgré
ces efforts, les tendances semblent inchangées : au cours de
leur formation comme dans la vie professionnelle, rares sont
les filles en mécanique, en informatique ou dans le secteur
du bâtiment et les garçons dans le secteur de l’aide aux
personnes et surtout de la petite enfance. Les données les
plus récentes du ministère de l’Éducation nationale (panel
d’élèves de la DEP) ou celles du Céreq (« Génération 98 », 3Un travail de cadrage
une enquête par panel des sortants du système scolaire) le sur des données
montrent clairement (voir en annexe)3. nationales est en cours
Pour étudier le faisceau d’influences menant au maintien avec Benoît Tudoux.
de quasi-bastions masculins et féminins, différentes grilles
théoriques sont mobilisées, notamment les trois suivantes :

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Clotilde Lemarchant

• Les différentes théories de la domination masculine


présentent une société fondamentalement inégalitaire, les
hommes jouant le rôle dominant, les femmes le rôle de
dominées (Lagrave, 1993 ; Delphy, 1998 ; Bourdieu, 1998).
Selon cette thèse pessimiste, les changements récents
observés ne sont que des leurres : lorsque les femmes
parviennent à s’introduire dans un corps de métier, les
hommes l’ont déjà déserté pour préférer ou créer un bastion
ailleurs. Le lieu d’exercice de la domination s’est déplacé et
non amoindri. L’affirmation selon laquelle un métier qui se
féminise est un métier qui se dévalorise est classée dans le
prolongement de cette ligne de pensée. Pierre Bourdieu y
ajoute l’idée selon laquelle les femmes participent en partie à
leur domination.
• La thèse de l’acteur raisonnable procédant par anticipation
de son destin le plus probable, présentée par Marie Duru-
Bellat (1990), explique la tendance à la reproduction des
mêmes schémas au fil du temps par le fait que les filles,
anticipant les innombrables difficultés à venir, font les choix
que l’on attend d’elles et innovent peu en matière
d’orientation scolaire.
• La thèse du « rattrapage » ou de la « féminisation de la
société », privilégiée par Thierry Blöss et Alain Frickey
(1994) ou Catherine Marry (1998), est une thèse plus
optimiste pour l’avenir, montrant que les femmes, petit à
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petit, investissent tout l’espace social ; même si certains
secteurs restent très masculins, le fait qu’il n’existe plus de
bastions exclusivement masculins change la représentation
globale d’une société sur les femmes et les rapports sociaux
de sexes.
Certaines approches psychologiques sont également
mobilisées, qui mettent en évidence les enjeux identitaires de
la mixité scolaire, telle qu’elle est mise en œuvre
4 Nicole Mosconi
aujourd’hui4, et des choix d’orientation. Françoise Vouillot
(1989), dans son (2004) montre bien comment les projets d’orientation
ouvrage La mixité dans demeurent avant tout « un instrument du genre » : « un
l’enseignement enjeu et une mise en jeu de l’identité sexuelle et sexuée », un
secondaire : un faux-
moyen pour les garçons et les filles de donner la preuve de
semblant ?, montre la
tendance au déni de la leur masculinité ou de leur féminité, dans la mesure où
différence des sexes à notre identité sexuée, bien que précoce, n’est jamais
l’école, résultat d’un définitivement assurée.
compromis entre un
C’est à l’aune de ces grilles de lecture et dans une
modèle patriarcal et un
modèle égalitaire des perspective dynamique qu’est analysé le parcours de jeunes
rapports entre les sexes. gens et jeunes filles s’écartant, le temps de leurs études, des
trajectoires habituellement tracées pour les garçons et les
filles.

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La mixité inachevée

ACCUEIL ET INTÉGRATION DES ÉLÈVES


MINORITAIRES

D’après les données de mon enquête en Basse-Norman-


die, si, en fin d’année scolaire, garçons et filles minoritaires
estiment qu’ils sont bien intégrés (83 % des garçons et 89 %
des filles) et promeuvent la mixité (seulement 14 % de ces
garçons et 9 % des filles souhaiteraient des classes non
mixtes), le sens des expériences des unes et des autres est
beaucoup plus contrasté en début et en cours d’année.
Garçons et filles minoritaires dans leur classe dressent un
bilan très différent.

« Ils ont gravé “salope“ sur ma caisse à outils… »

Les dix-neuf entretiens auprès de jeunes filles, mais aussi


les questions ouvertes des questionnaires, ont permis de
recueillir de nombreux témoignages de mauvais accueil
dans leur classe, voire de maltraitance. La majorité des filles
connaissent, en début d’année surtout, des difficultés
quotidiennes d’ordre psychologique, (« tu n’as pas ta place
ici »), sexuel (obscénités dites ou écrites sur les affaires
personnelles et sur les murs de l’école), et parfois même
physique. Zoé, en BEP « carrosserie », raconte son expérience.
« À un moment, je me suis pris des coups (…) Ils s’attaquent toujours
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aux filles, donc… Avec les chaussures de sécurité, ils donnent des coups
de pied ».
Camille, inscrite en BEP « menuiserie », devait, comme
premier exercice en atelier, réaliser sa propre caisse à outils
en bois. Elle l’a retrouvée la séance suivante avec une
obscénité indélébile gravée dans sa première réalisation
professionnelle.
Anne-Claire, en seconde technologique « mécanique » se
souvient :
« (…) des sifflements, des réflexions déplacées (…) Le pire, c’est en
atelier. Je sais que dans un certain atelier, leur spécialité c’est de
klaxonner pour pouvoir prévenir tout le monde dès qu’une fille arrive.
(…) Il y a aussi les pressions (…) Il y en a qui vont venir m’aider mais
d’autres pas du tout : “Tu as voulu faire ça, ben maintenant tu le fais !
Tu n’as qu’à nous prouver que tu peux le faire.“ Je sais qu’on est deux
filles dans notre section, eh bien au premier trimestre, ils nous ont
testées, hein ! Jusqu’à ce que ça aille jusqu’à un pétage de plomb !
C’était test sur test pour savoir jusqu’où on allait craquer. – Et ils ont
réussi ? – Moi, non ; ma collègue, oui. Au bout de trois mois, elle a dit :
j’arrête ! »
« Leurs réflexions, souvent c’était : “tu es une fille, donc tu ne
peux pas avoir raison“ » (Léa, terminale bac « électrotechni-
que »).

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Clotilde Lemarchant

Sophia, en seconde de BEP « métiers de la production


mécanique et informatisée », est la seule fille de sa classe. La
rentrée s’est bien passée.
« Je vais facilement vers les autres. C’est après la rentrée que ça s’est
gâté. Certains ont du mal. » Les contrariétés sont devenues quoti-
diennes. « C’était vachement vexant (…) des remarques, des insultes…
– Par exemple ? – “Ne cause plus ! Va faire les trottoirs !“ Un commen-
çait, les autres suivaient. »
De la rentrée de septembre jusqu’au mois de décembre,
elle pleurait tous les soirs en rentrant chez elle, de dégoût et
d’amertume, sans rien dire à personne.
Toutes, dans les entretiens, affirment qu’« il faut avoir du
caractère », et accepter de recourir à la violence verbale et
physique pour se faire respecter. Celles qui le refusent ont
plus de mal à faire leur place. Léa, en terminale d’électro-
technique, montre le rôle des enseignants et de sa persévé-
rance : un jour, elle a contredit un professeur, proposant une
autre solution au problème de mathématiques.
« Donc tous les élèves se sont retournés contre moi, ils étaient là “oui,
t’es une fille alors tais-toi, tu peux pas avoir raison et puis en plus tu
contredis le prof.“ Et je suis bien restée au moins dix minutes en train
d’expliquer au prof. Moi j’étais persuadée que c’était possible quoi (…)
Il a fini par comprendre que j’avais raison, le prof. Il a fait : ‘ouais, ben
là les gars… Va falloir se taire un peu parce qu’elle a raison’, et il a
expliqué à tous les autres que j’avais raison, et puis, à partir de ce
moment-là, ça a été un peu mieux quoi. »
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Il était décisif pour elle de ne pas lâcher prise, d’aller
jusqu’au bout de sa démonstration : sa légitimité scolaire
était en jeu. Mais on voit quel degré de ténacité il faut par-
fois déployer. Léa raconte aussi qu’une fois, un autre profes-
seur de sexe masculin l’a défendue en se moquant d’un
garçon qu’elle avait giflé après avoir été par lui insultée.
« Le prof, il lui a fait “mais qu’est-ce qui t’es arrivé, tu t’es fait
agresser ?“ et là tout le monde s’est foutu de lui et à partir de ce jour-là
plus personne… ne m’a saoulée, quoi. »
Récapitulons les atouts grâce auxquels s’intègrent ces
jeunes femmes uniques en leur genre. En premier lieu, il faut
souligner le soutien des adultes : les familles, les ensei-
gnants, dont le rôle socialisateur est déterminant (on a
montré ailleurs les influences familiales dans les capacités
d’innovation, la réserve des enseignants, cf. Clotilde
Lemarchant, 2007). Ensuite interviennent quelques marqua-
ges forts, épisodes agressifs où elles retournent contre les
garçons leurs propres armes. À ces occasions, quelques
garçons prennent parfois position pour la jeune fille :
trouver un allié change alors la donne. Enfin, les bons
résultats scolaires finissent par convaincre : souvent, la fin
du premier trimestre constitue un seuil significatif pour leur
intégration dans leur classe. Il semble qu’un bon bulletin
scolaire chez la jeune fille soit apprécié, le pragmatisme

52 S Travail, genre et sociétés n° 18 – Novembre 2007


La mixité inachevée

reprend alors le dessus et la jeune fille trouve soudain


facilement, à partir du second trimestre, un compère
volontaire pour tout travail de groupe noté… Le sérieux des
filles à l’école est en effet souligné par bien des garçons… et
leurs parents.
Cette violence initiale peut être l’expression de signes
avant-coureurs de la concurrence entre les sexes dans
l’entreprise, les hommes n’ayant pas toujours intérêt à voir
arriver des femmes dans leur corps de métier. Elle résulte
aussi de la volonté de certains garçons de se retrouver entre
eux, de se préserver une communauté d’hommes, démarche
très prisée dans certains milieux ouvriers (Schwartz, 1990).
Elle dépend enfin d’effets de classes, l’appartenance de
classe influençant la vision du monde et entre autres les
modalités d’expression des rapports sociaux de sexes.
Certaines études de sociologie conjugale montrent par
exemple que les classes populaires s’organisent davantage
selon un modèle de rôles séparés, nettement différenciés,
mettant en avant davantage la complémentarité des rôles
entre époux plutôt que leur interchangeabilité (Kellerhals et
al., 1982).

« On se sent très privilégié quand on est le seul gars »

Les discours de garçons revêtent une tout autre tonalité.


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Pour eux, l’intégration est rapide : en quelques jours quand
celle-ci se compte en trimestre pour les jeunes filles. « On est
mieux avec les filles. Avec les garçons, on ne parle que de motos.
Avec les filles, on parle d’autre chose » dit Cédric, en seconde
BEP « Bio-service ».
Globalement, les garçons se sentent « chouchoutés »,
écoutés, bien entourés. « On se sent très privilégié quand on
est le seul gars. On fait attention à nous » rapporte Sylvain,
en seconde de BEP « Prêt-à-porter ». Alex, en 1ère SMS (scien-
ces médico-sociales), trouve bénéfique sa situation : « entre
garçons, on fait un peu des bêtises. Les filles sont bavardes mais
sérieuses. Elles aident, elles sont solidaires. » Il raconte comment
une des filles lui a spontanément recopié ses cours lorsqu’il
était malade durant une semaine et comment il fuit l’autre
garçon de sa classe, qu’il juge trop timide, pour lui préférer
la compagnie des filles. Plusieurs, comme lui, racontent
qu’un sentiment de jalousie les a envahis lorsqu’un
deuxième garçon est arrivé dans leur classe. Ils ne ressentent
pas le besoin de retrouver les garçons des autres classes à la
récréation, ni le sentiment de honte face à d’éventuelles
moqueries de garçons engagés dans des spécialités plus
classiques en termes de genre. « Au contraire, ils trouvent que
j’ai de la chance ! » conclut Régis, en bac pro « prêt-à-porter ».
Certains remarquent et trouvent difficile à vivre le soupçon

Travail, genre et sociétés n° 18 – Novembre 2007 S 53


Clotilde Lemarchant

d’homosexualité qui pèse parfois sur eux. « Tu finiras par


pousser un brancard comme un pédé ! » a lancé, ricaneur, un de
ses anciens copains à Bastien, en terminale de bac « sciences
médico-sociales ». Mais tous ne subissent pas ces messages
aux intentions blessantes et beaucoup y sont indifférents ou
évoquent l’évolution positive de notre société envers
l’homosexualité.
Il faut préciser que garçons et filles ne vivent pas les
mêmes situations objectives : les filles sont plus souvent
internes, plus souvent fille unique en leur classe. C’est le cas
d’une fille sur deux et seulement d’un garçon sur quatre. Or,
la dimension démographique n’est pas sans effet dans une
situation d’accueil défavorable, donc en particulier pour les
filles. Un effet de seuil apparaît : en deçà d’une certaine
proportion ou d’un certain nombre, la dimension minori-
taire devient vraiment écrasante, il devient impossible de
s’organiser en contre-pouvoir, de faire entendre son point de
vue.

PERCEPTIONS DE LA FORMATION

Lycéens et lycéennes atypiques évoquent différemment


leur formation. Si les filles sont accueillies avec réserve ou
agressivité, elles sont en revanche généralement satisfaites
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du contenu de leur formation : les matières, les cours suivis
les enchantent. Elles sont ravies d’avoir quitté l’enseigne-
ment général et tiennent parfois de vrais discours pour
promouvoir l’enseignement technique qu’elles jugent plus
approfondi et plus complet, qu’elles valorisent et qui les
valorise. Certaines étaient de bonnes élèves qui ont dû
convaincre le corps enseignant de les laisser quitter l’ensei-
gnement général. C’est une des explications possibles de
l’invisibilité de leurs difficultés relationnelles avec les gar-
çons aux yeux des enseignants : ils ne voient pas leurs
problèmes d’intégration parce que ceux-ci n’apparaissent
pas sur le plan scolaire (Lemarchant, 2007). Ces filles
atypiques sont des élèves motivées, appliquées et plutôt
bonnes. Ce constat explique aussi les ambivalences de leurs
discours et les chiffres parfois contradictoires des données
quantitatives de l’enquête : fort heureusement, elles vont
bien par certains aspects.
Il n’en va pas de même chez les garçons atypiques, plus
incertains de leur choix d’orientation. 70 % des filles et
seulement 45 % des garçons suivent une formation décou-
lant de leur premier choix (« choix » raisonné de fin d’année,
résultant de plusieurs rencontres avec le-la professeur-e
principal-e, un-e conseiller-ère d’orientation). Sauf chez les
élèves de « mode, prêt-à-porter », « coiffure », où on voit

54 S Travail, genre et sociétés n° 18 – Novembre 2007


La mixité inachevée

généralement de réelles motivations pour le métier, la


plupart sont venus dans ces formations parce qu’ils étaient
de niveau scolaire trop faible pour continuer dans
l’enseignement général. La majorité d’entre eux veulent
devenir cuisiniers, infirmiers, pompiers, etc. et se détournent
donc des filières industrielles « masculines ».
Dans le questionnaire, il était demandé : « Si c’était à
refaire, feriez-vous le même choix de formation ? » 67 % des
garçons et 80 % des filles seraient prêts à recommencer le
même chemin. Les garçons sont deux fois plus nombreux
(26 %) que les filles (14 %) à dire qu’ils modifieraient leur
choix au contraire. Les propos de François, en terminale de
bac pro « secrétariat », résument bien le double constat de
certains garçons minoritaires : positif en termes d’intégra-
tion, mitigé ou négatif en termes d’orientation.
« Je ne veux pas être secrétaire donc [si c’était à refaire], je ne referais
pas la même formation. Mais pour retrouver les copines, oui, je la
referais. »
Certains nourrissent quelques angoisses au sujet de leur
identité professionnelle. Ainsi Bastien, en terminale de bac
technologique SMS (« sciences médico-sociales »), est venu
suivre cette formation avec l’intention de devenir infirmier,
si possible en secteur psychiatrique, car il « aime écouter les
gens ». Bien qu’ayant connu des difficultés scolaires et un
redoublement en seconde, il a persévéré. Mais au moment
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de terminer sa formation, en terminale, il dresse un bilan
mitigé de ses années de lycéen, déçu par le contenu des
enseignements axés sur l’administration et le secrétariat en
secteur médical et non sur la biologie et le soin. Il veut
devenir serveur et espère poursuivre les études après son
bac en BTS « assistant de direction » pour pouvoir évoluer
dans le secteur de la restauration. Il travaille déjà comme
serveur durant les vacances. Au fil de la discussion, il s’est
souvenu qu’il souhaitait être pâtissier et s’orienter en CAP
lorsqu’il était en 5e. Mais ses parents l’ont détourné de cette
voie, estimant que la formation de pâtissier ne donnait pas
un niveau de diplôme suffisant. Il développe tout un
discours pour promouvoir des actions favorisant les choix
d’orientation sur le modèle du stage en milieu professionnel
déjà proposé au collège :
« Faire plus souvent une ou deux journées dans la vie professionnelle le
temps des vacances (…) organiser des ateliers une fois par semaine (…)
pour en fin de 3e être informé. (…) On voit les grands métiers, pas
forcément les petits métiers. »

Travail, genre et sociétés n° 18 – Novembre 2007 S 55


Clotilde Lemarchant

LES PERSPECTIVES D’AVENIR PROFESSIONNEL

Enfin, garçons et filles atypiques au lycée voient diffé-


remment leur avenir professionnel. Veulent-ils/elles conti-
nuer dans la même perspective innovante ou revenir à des
choix plus conventionnels et sexués ? Leurs projets profes-
sionnels découlent de la formation choisie dans 51 % des cas
pour les filles, 36 % seulement pour les garçons. Beaucoup
d’entre eux espèrent, en cas de succès scolaire, poursuivre
leur trajectoire en bifurquant vers une formation puis une
profession plus conventionnelle, mixte voire même forte-
ment masculine : infirmier, cuisinier en collectivité, pom-
pier… Leur situation d’exception s’avère être une parenthèse
dans un parcours que des difficultés scolaires ont compliqué
davantage que le résultat d’un désir d’innovation.
Les jeunes garçons en formation dans les sections de
« mode », « prêt-à-porter » ou « coiffure » raisonnent diffé-
remment. Ils souhaitent persévérer dans un univers profes-
sionnel qui n’attend qu’eux !
Toutefois, les garçons sont confiants en leur avenir,
conscients d’être rares et précieux. Persuadés d’être bien
perçus, ils pensent qu’ils seront favorisés lors de la recherche
d’emploi par rapport à leurs concurrentes, à diplôme égal.
Maxime, 17 ans, commence un BEP « carrières sanitaires et
sociales » et veut poursuivre et devenir infirmier.
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« L’autre jour j’ai vu à la télé qu’on manquait d’infirmiers. Et, en plus,
une de mes profs m’a dit que, entre une fille et un garçon, on prendra
plus le garçon. – Pourquoi ? – Je ne sais pas. Physiquement, psychologi-
quement… Enfin, je ne sais pas, mais cette prof m’a dit qu’à notes
égales, on prendra plutôt un garçon. »
Cette différence de traitement est particulièrement
criante dans la filière de la mode et de la couture. Ainsi,
Benjamin, en terminale de BEP « mode-prêt-à-porter »,
montre qu’il est déjà plus facile d’être un apprenti-couturier
qu’une apprentie-couturière. Il pressent que les chances de
réussite des filles dans son milieu futur diminuent au fur et
à mesure que l’on monte dans la hiérarchie. Il a trouvé un
lieu de stage beaucoup plus facilement que ses copines de
classe.
« (La couturière) sur qui je suis tombé, elle aime bien les garçons, elle
veut leur donner une chance parce que c’est eux qui réussissent vraiment
très haut. (…) Elle m’a expliqué que dans ce milieu-là, quand on arrive à un
certain niveau, c’est un monde vraiment macho. (…) Même des profs nous
le disent. Et ça, je crois que c’est dans tous les métiers parce que même en
cuisine… On ferme les portes surtout aux filles. (…) Moi, j’étais en stage, on
m’a dit : un garçon, c’est plus consciencieux dans ces métiers-là. Ça me
paraît bizarre parce que je vois les filles et je me dis : pourquoi plus les
garçons que les filles ? Surtout que j’ai ma copine qui est dans ma classe, qui
fait la même chose que moi et je trouve ça vraiment injuste… »

56 S Travail, genre et sociétés n° 18 – Novembre 2007


La mixité inachevée

Certains, comme lui, reçoivent des récriminations et des


constats amers et lucides de la part des jeunes filles de leur
classe, dont ils deviennent les confidents. Lycéens atypiques
et lycéennes typiques confrontent leurs informations et leurs
expériences, notamment celle de la recherche d’un lieu de
stage et leurs constats convergent. Les garçons sont mieux
accueillis dans le milieu professionnel qui les concerne
qu’elles ne le sont : accueillis comme novateurs motivés et
audacieux, polyvalents.
Les filles atypiques, contrairement aux garçons atypi-
ques, n’ont pas le sentiment que leur audace ou leur rareté
sera accueillie favorablement. 6,3 % des garçons et 42,6 %
des filles pensent que leur sexe sera un inconvénient dans
leur métier ! Même celles qui se trouvent bien intégrées dans
leur classe et ne témoignent pas de difficultés durant la
formation soulignent les difficultés à venir. Marie-Pierre
veut devenir mouliste :
« C’est un avantage car très peu de femmes le font mais au début c’est
une source de difficultés car les chefs d’entreprises sont souvent
réticents lorsqu’ils voient une fille. »
En particulier, la recherche d’un lieu de stage permet très
tôt aux jeunes filles de prendre conscience des difficultés à
convaincre un patron de leur compétence ou/et de leur
disponibilité. Plusieurs enseignants et chefs d’établissement
témoignent des difficultés rencontrées par les filles pour
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trouver un maître de stage, jusqu’à ce qu’elles trouvent un
partisan, militant ou paternaliste, du travail des femmes
dans ces « métiers d’hommes ». Ces jeunes femmes antici-
pent beaucoup. Plusieurs citent le handicap que représente
l’éventualité d’un futur congé maternité. Léa liste les
difficultés qu’elle aura à surmonter pour se faire embaucher
et trouve finalement un argument à son avantage.
« Vu que les femmes sont moins payées, peut-être qu’il [le patron] se
dira qu’il vaut mieux prendre une femme ! »
L’expérience scolaire présage les futures difficultés d’inser-
tion professionnelle respectives des hommes et des femmes
atypiques. Thomas Couppié et Dominique Epiphane (2001)
montrent que les disparités professionnelles entre hommes et
femmes se maintiennent aussi parmi ceux et celles qui
inversent les habitudes d’orientations scolaires. Qu’il s’agisse
de la durée avant de trouver un emploi stable, du niveau de
salaire ou de l’évolution de carrière, ces auteurs observent
« des différences d'insertion entre filles et garçons à tous les
niveaux de la formation, et presque toujours au bénéfice des
garçons. Même si ces écarts s'atténuent au fur et à mesure
que s'élève le niveau de diplôme. » Or c’est bien des
formations de niveau inférieur ou égal au bac dont il est
question ici. « Le bilan de l'insertion professionnelle des
jeunes filles qui se sont aventurées dans les filières atypiques

Travail, genre et sociétés n° 18 – Novembre 2007 S 57


Clotilde Lemarchant

– car fortement "masculines" comme la mécanique, l'électri-


cité, le BTP mais aussi l'informatique, les mathématiques ou
la physique – apparaît ambigu. Encourageant par rapport à
celui de leurs consœurs issues des autres spécialités, il reste
décevant par rapport aux garçons sortant des mêmes
spécialités. »
Si les jeunes filles engagées dans des filières « mascu-
lines » sont gagnantes vis-à-vis des jeunes filles parties dans
des spécialités techniques « féminines », elles n’atteignent
jamais les niveaux de gains des jeunes hommes ayant réalisé
le même parcours scolaire qu’elles.

L’ANTICIPATION DES BÉNÉFICES ÉVENTUELS

Les propos des jeunes filles ne sont pas monolithes et


certaines soulignent la qualité de l’accueil et de l’intégration
dans leur classe, la réaction positive de quelques garçons en
qui elles ont pu trouver des alliés. Plus souvent, elles font
remarquer, parallèlement à certaines difficultés, l’existence
de satisfactions résultant de cette situation d’exception.
Certaines, se définissant comme « garçonnes » et « cha-
huteuses », sont ravies de se fondre parmi les garçons, de
reprendre leurs manières. « Je me sens plus à l’aise dans une
classe majoritairement masculine » (Sylvette, terminale STI
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« électronique »). D’autre part, les critères et le plaisir de la
séduction ne sont pas anodins chez ces jeunes de seize ou
dix-huit ans : même si ce n’est pas toujours dit explicitement,
être entourée de nombreux garçons signifie avoir le choix
parmi les prétendants.
Le plus souvent, le pragmatisme est de rigueur. Les
jeunes filles anticipent leur avenir, signe d’anxiété et d’in-
tériorisation de leurs difficultés à venir, au moment même
de faire le choix de leur formation. Elles misent sur l’école,
les diplômes. « Il y a quand même pas mal de bons côtés : 14
élèves au maximum, facilité à trouver de l’emploi, possibilité de
bonne paye » écrit Fannie, en terminale bac « technologie de
laboratoire physique. » L’attrait pour un métier assurant de
bons débouchés professionnels concerne plus les filles que
les garçons minoritaires : 48 % des filles et 35 % des garçons
atypiques disent que ce critère a motivé leur choix de
formation.
Certaines tirent de leur expérience un sentiment de dis-
tinction : elles ont le sentiment d’avoir mieux réussi que si
elles étaient allées dans une filière « féminine ». Ces mots :
« succès », « réussite » et même « victoire » se retrouvent
dans de nombreux questionnaires. Une fois les difficultés
surmontées avec succès, plusieurs soulignent l’originalité de
leur démarche qui prouve leur ténacité, leur maturité. « Il

58 S Travail, genre et sociétés n° 18 – Novembre 2007


La mixité inachevée

faut montrer qu’on a du caractère » dit Judith, en terminale de


bac pro « travaux publics ». « Pour être ici, il faut avoir un
caractère fort » explique Lola, en terminale de bac « électro-
technique. » Elles se tournent délibérément vers une filière
« masculine » au risque de se faire le chantre de la théorie
affirmant qu’un métier qui se féminise est un métier qui se
dévalorise. Geneviève Fraisse (2003) le regrette, « les femmes
privilégient trop souvent la référence masculine, à leurs
yeux plus légitime. »
De fait, à l’unanimité, ces jeunes filles préfèrent « aller
dans les classes de garçons. » On se souvient de Sophia, en
seconde de BEP « métiers de la production mécanique et
informatisée » et de ses grandes difficultés d’intégration.
Pourtant elle affirme qu’elle « préfère l’ambiance avec les
garçons. J’ai plus l’esprit d’un garçon que d’une fille. » Karine et
Amélie, toutes deux en BEP « conduite et service dans le
transport routier », apprécient les modalités d’expression
des relations amicales dans leur classe : « on s’entraide (…)
Les gars, ça ne se prend pas la tête. C’est simple, ça ne se vexe pas,
ça ne fait pas la gueule. » À l’instar des jeunes filles
rencontrées par Nicole Mosconi et Rosine Dahl-Lanotte
(2003), plusieurs reprennent à leur compte les
représentations convenues sur les caractères des hommes et
des femmes, rejetant une certaine forme de féminité :
émotive, maniérée. Judith , en terminale de bac pro
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« travaux publics » explique :
« Les filles, ça se dispute, c’est rancunier. Les garçons, ça se bagarre et
puis ça redevient copain après » confirme Suzie, en 1ère de bac
technologique STI « génie civil . «Je ne m’entends pas très bien avec les
filles. Les filles, ça se prend plus la tête. Les garçons, c’est plus franc. Et
puis, j’ai l’habitude »
Elles ne souhaitent pas se retrouver entre filles, rejettent
la proposition d’un local qui leur serait spécialement réservé
dans leur établissement (bien que, quand il y en un, elles
l’utilisent au moins pour l’assurance d’y trouver des sani-
taires propres et tranquilles, sans paires d’yeux collés aux
fenêtres). Avoir un local exclusivement féminin ? 77 % des
filles sont contre ; 19 % sont pour.
Beaucoup n’hésitent pas à classer les filles en deux
catégories : « les pétasses », les « chochottes » ne se souciant
que de leur apparence, et les autres, plus intéressantes.
Karine et Amélie, les deux conductrices déjà citées, souffrent
parfois de la tendance au chahut systématique de certains
garçons « surtout quand ce sont des femmes qui font les cours »
et du milieu très « macho », mais valorisent leur formation,
leur milieu scolaire et professionnel, leurs compétences :
« les mentalités sont différentes selon les spécialités. En compta, on
les appelle les pétasses ! (rire) Routiers, on est plus décontractés. »

Travail, genre et sociétés n° 18 – Novembre 2007 S 59


Clotilde Lemarchant

Est-ce en raison de ces bénéfices obtenus ou espérés ? Il


existe une certaine forme de déni des difficultés après coup,
en fin d’année scolaire. Une fois le succès obtenu ou à portée
de main, ces jeunes femmes oublient le coût personnel pour
l’obtenir, les difficultés vécues. Une fois passés les mois de
« tests », lorsqu’elles se sentent finalement intégrées,
certaines oublient ou minimisent les difficultés initiales.
Elles excusent les garçons. « Ils me disent : ce n’est pas ta place,
ici, mais c’est gentil » explique Amélie, en BEP « conduite et
service dans le transport routier ». Il semble que ces jeunes
filles soient plus aptes à dire leurs succès que leurs
difficultés qu’elles confient peu aux adultes (au contraire, les
garçons sont plus sensibilisés à la question de leur minorité
et plus aptes à s’en plaindre).
Il serait pertinent de renouveler l’enquête dans une
perspective longitudinale, et de suivre les élèves à différents
moments de leur scolarité : la tonalité de leurs discours
pourrait changer. À moins qu’il ne s’agisse là encore d’une
forme de « domination consentie », telle que celle qu’observe
Michel Bozon (1990) au sein des couples français où l’écart
d’âge entre hommes et femmes est si manifeste et répandu ?
Il existe assurément une sorte de fatalisme. Karine conclut,
(BEP « conduite et service dans le transport routier ») en un
haussement d’épaule… :
« Ma mère [conductrice de poids lourds] fait de l’international. Elle a
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trouvé une place grâce à un ami. Elle a eu du mal à trouver un boulot
parce qu’elle est une femme. C’est comme ça, les gars »

5 « La Convention pour FEMMES SURNUMÉRAIRES


la promotion de OU FEMMES PROVIDENTIELLES ?
l’égalité des chances
entre les filles et les
garçons, les femmes et Les résultats issus de ces enquêtes bas-normandes, ceux
les hommes dans le des autres travaux cités, incitent à réinterroger le contexte
système éducatif »,
signée le 25 février 2000
national de promotion des femmes dans les sciences et
par la ministre de techniques qui semble à l’honneur actuellement.
l’Emploi et de la De la part des politiques publiques, cet intérêt pour les
Solidarité ; le ministre femmes dans les sciences et techniques n’est pas nouveau :
de l’Éducation
nationale, de la
déjà en 1984 et 1989 des conventions bilatérales avaient été
Recherche et de la signées entre les ministères chargés de l’Éducation nationale
Technologie, le ministre et des Droits des femmes dans le but de favoriser la
de l’Agriculture et de la diversification des choix professionnels des jeunes filles.
Pêche, la ministre
déléguée chargée de
Mais une démarche plus ambitieuse a mené à la signature
l’Enseignement scolaire d’une convention entre différents ministères le 25 février
et la secrétaire d’État 2000, afin de lutter contre les stéréotypes de sexes dans le
aux Droits des femmes système éducatif, « la Convention pour la promotion de
et à la Formation
professionnelle.
l’égalité des chances entre les filles et les garçons, les femmes
et les hommes dans le système éducatif5 ». Ce texte en faveur

60 S Travail, genre et sociétés n° 18 – Novembre 2007


La mixité inachevée

de l’égalité des sexes à l’école a été renouvelé pour une


durée de cinq ans le 26 juin 2006.
En revanche, ce qui est nouveau c’est la multiplicité des
sources des discours promouvant les filles et les femmes
dans les sciences et techniques : politiques publiques,
recherches en sciences humaines mais aussi médias, et
surtout entreprises, secteurs entiers d’activité économique
en déficit de main-d’œuvre… En effet, plusieurs branches
professionnelles (dans le bâtiment, l’industrie, les trans-
ports…) s’inquiètent de la désertion des garçons et des
hommes de ces secteurs d’activité, à tous les niveaux de
qualification. De fait, les effectifs de lycéens et d’étudiants 6 Cette convention
dans les sciences et techniques diminuent très sensiblement
fonde ainsi ses
depuis quelques années. Les garçons préfèrent s’orienter arguments. « La
vers la vente, le secteur commercial, l’informatique, etc. situation actuelle du
Cumulé au départ à la retraite imminent d’une génération marché de l’emploi se
nombreuse, ce phénomène de désertion inquiète bien des caractérise par un
chômage important des
chefs d’entreprise qui lancent des appels pour désormais femmes dans un certain
recruter des femmes, vantant au passage les mérites de ces nombre de secteurs aux
dernières, leur sérieux, leur rigueur et leurs capacités débouchés réduits et
relationnelles. par la sous-
représentation des filles
Cette unanimité récente contraste avec les résistances, dans les secteurs
jusqu’ici fortes et constantes on l’a vu, à la venue des filles et porteurs d’emploi,
des femmes dans les scolarités et les métiers techniques et notamment dans les
scientifiques. Enfin cet intérêt contraste avec l’absence filières scientifiques et
technologiques, ainsi
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d’intérêt pour la situation symétrique : on ne voit pas de que dans celles des
désir d’ouverture des métiers habituellement « féminins » nouvelles technologies
aux hommes. Les secteurs de la petite enfance, du service de l’information et de la
aux personnes restent des bastions féminins. Nicolas communication. Il
s’agit donc de faire
Murcier montre que les hommes travaillant dans des crèches prendre conscience aux
se sentent souvent suspectés de perversité sexuelle élèves et à leurs
potentielle (Murcier, 2005). La légitimité des quelques pion- parents, aux étudiants
niers dans ces métiers reste fragile, mais peu questionnée. et à l’ensemble de la
communauté
Il semble qu’encore une fois dans l’histoire du travail des éducative, des enjeux
femmes, on oscille entre position de groupe surnuméraire et de l’orientation en
groupe providentiel. Tout comme les femmes sont une termes d’insertion
aubaine pour la prise en charge des enfants et des parents professionnelle et de les
mettre en garde contre
âgés dépendants (Laufer, Silvera, 2001), ne se trouve-t-on les stéréotypes attachés
pas devant un nouvel épisode de recours à une « armée de aux rôles sociaux
réserve » pour pourvoir à un soudain manque de vocation féminins et masculins
masculine ? Dans le contexte de désaffection des garçons et qui déterminent les
choix d’orientation.
des hommes dans le domaine des sciences et techniques, les Plus largement,
femmes représentent un gisement opportun. La Convention l’orientation devra être
interministérielle du 25 février 2000 stipule explicitement améliorée dans le sens
qu’il faut « améliorer l’orientation scolaire et professionnelle d’un meilleur équilibre
entre les filles et les
des filles et des garçons et veiller à l’adaptation de l’offre de garçons dans le choix
formation initiale aux perspectives d’emploi. »6 Elle est des filières et des
d’ailleurs perçue comme une opportunité à saisir par métiers. »

Travail, genre et sociétés n° 18 – Novembre 2007 S 61


Clotilde Lemarchant

plusieurs Délégations régionales aux Droits des femmes et à


l’égalité qui œuvrent dans ce sens7.
Mais ne se trouve-t-on pas à nouveau devant une
situation bien connue de vouloir régler deux problèmes à la
fois, en une synthèse un peu rapide ? Peut-on, de façon
systématique et mathématique, pallier à la fois le taux de
chômage élevé chez les femmes et le déficit de main-
d’œuvre dans certains secteurs, comme s’il s’agissait de
deux vases communicants ?
Les politiques publiques nous offrent un exemple sem-
7 blable avec le traitement social de la vieillesse et du chômage
Quelques conventions
récentes ont été signées des femmes, en particulier des femmes peu qualifiées. Elles
entre la Délégation ont cru pouvoir résoudre le double problème du chômage
régionale aux droits des féminin et du nombre croissant de personnes très âgées
femmes de Basse- ayant de grands besoins en créant des emplois féminins au
Normandie et certaines
grandes entreprises ou service des personnes âgées, dits « emplois familiaux ». Mais
certaines branches n’est-ce pas une vision un peu simplifiée de la situation ?
professionnelles, pour Comme s’il suffisait de rapprocher l’offre de la demande en
valoriser les parcours une réponse linéaire (Croff, 1994). De fait, les réponses aux
atypiques (avec
Peugeot PSA à Caen par personnes âgées sont encore insuffisantes et les emplois
exemple). familiaux correspondant sont fragiles, mal rémunérés et peu
valorisants (Martin, 2001). De même il semble légitime de se
demander à quelles conditions il peut y avoir adéquation
entre l’offre d’une main-d’œuvre peu qualifiée et parfois
bien mal accueillie, surtout aux faibles niveaux de qualifi-
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ANNEXE

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(CAP, BEP, Bac Pro et Bac Tech.).

Garçons Filles
Secrétariat 6,6 % 63,5 %
Sanitaire et social 8% 92 %
Santé 10,4 % 89,6 %
Coiffure 7,7 % 92,3 %
Couture 7,8 %. 92,2 %
Aménagement paysager 95,9 % 4,1 %
Bâtiment construction 99,4 % 0,6 %
Bâtiment finition 98 % 2%
Travail du bois 96,9 % 3,1 %
Mécanique 96,2 % 3,8 %
Mécanique auto 99 % 1%
Électricité 97,5 % 2,5 %
Source : Cereq.

64 S Travail, genre et sociétés n° 18 – Novembre 2007

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