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Qu'est-ce- que l'histoire et à quoi sert-elle ?


Simon Laporte

Simon Laporte

« Tout métier « intellectuel »


met en jeu la personne même »
Antoine Prost,
Douze leçons sur l’histoire

Qu’est-ce que l’histoire et à quoi sert-elle ?

(Trouver un sens avec Marc Bloch et Antoine Prost)

INTRODUCTION 2

POUR UNE DEFINITION DE L’HISTOIRE 3


LA MATIERE DE L’HISTOIRE 3
LES OUTILS DE L ’ECRITURE HISTORIQUE 5
CE QUE L’HISTOIRE NE SAURAIT ETRE 7

LE SENS DE L’HISTOIR
E 9
ENTENDRE « LE PASSE PAR LE PRESENT », « COMPRENDRE LE PRESENT PAR LE PASSE » 9
LA PAROLE DE L’HISTOIRE 12
DES ENJEUX POUR L’HISTOIRE 13

Introduction
Tout praticien s’interroge un jour sur sa matière. Le réel de son action dans la société
semble guider l’homme, et toujours, celle-ci lui en demandant, l’oblige à rendre des comptes.
Plus encore les métiers dits « intellectuels » sont soumis à ce questionnement systématique.
Quelle est l’utilité de travailler sur un concept , et comment lui trouver une application
terrestre, éloignée de l’empire de l’intellect ? Pis encore, l’historien est confronté, pour le
profane, à une problématique qui s’annonce double , puisqu’il est invité à se pencher à la fois
sur les concepts, les idées, les sociétés – l’homme en somme – mais de surcroît, il le fait dans
le passé, proche ou lointain. Le profane verrait probablement dans la pratique de l’histoire et
du métier d’historien pur jeu d’esprit, de culture ou de savoir ; aussi peut-être une forme
d’érudition. Heureusement l’historien n’est pas cela, ou plutôt, il ne l’est plus uniquement.
Depuis voilà plus d’un siècle, il est une caractéristique de l’histoire qui vient contrebalancer
les penchants passionnels, en ceci qu’elle est devenue une matière scientifique. Il semble
nécessaire en préliminaire de réaffirmer ce statut de science, puisqu’il prévaut à la définition
de l’histoire qu’il nous sera possible d’apercevoir plus après. Sans lui , il n’est pas d’histoire,
ni d’historien, tels qu’entendus aujourd’hui ; sans lui, l’histoire ne peut avoir de légitimité.

Sans ce statut scientifique, l ’histoire n’est pas. L’histoire demeure cependant une science de
l’homme et une science humaine, donc soumise au savoir et à l’esprit critique et analytique.
Ainsi que le signifiait si justement Marc Bloch : « Elle [l’histoire] est un effort vers le mieux
connaître : par suite une chose en mouvement. Se borner à décrire une science telle qu’elle se

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pratique sera toujours la trahir un peu ne D
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s’agit, non d’entendre l’histoire comme une science dont des lois exactes figeraient
l’observation et apporteraient un résultat certain, mais d’en déclarer la délicate pratique et
l’impossible finitude. Si l’histoire n’a pas de lois, en revanche elle procède de règles
d’analyses qui, méthodiquement appliquées, garantissent sa bonne écriture et sa scientificité.
L’histoire ne semble, comme matière à l’étude, ne pouvoir se définir entièrement que dans
l’agrégat d’objets, de praticiens, d’idées assemblées autour d’elle. Aussi serons-nous amenés
au déploiement des différentes composantes de l’écriture de l’histoire avant d’entreprendre le
rôle, la fonction et l’enjeu de l’histoire dans nos sociétés contemporaines.

1
BLOCH, Marc, Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien, Paris, Armand Colin, 1997, p. 10.

Pour une définition de l’histoire


La matière de l’histoire

Il apparaît en effet indispensable, afin de commencer cette définition de l’histoire,


d’aborder la question de l’objet de l’histoire, ce que nous avons appelé, avec Marc Bloch, sa
matière. L’ancien français istore, qui a donné « histoire », se définissait par la somme des
connaissances sur la vie d’un individu, il semble que ce soit là une appréciation fort éclairante
puisque l’histoire est écrite par l’homme sur lui-même. C’est ce principe d’autobiographie
dans l’altérité qui a poussé certains historiens à envisager le caractère résolument narcissique
du processus d’historicisation au cours des siècles passés. L’histoire, tout au moins depuis
l’époque médiévale, constitue une forme de mémoire mise e n commun de l’humain. Dans un
premier temps, l’histoire s’exprime comme individualisée, centrée autour de quelques
personnages dont l’aura écrase le monde ; ce régime de l’histoire prévaudra longtemps. Au
XIXe siècle s’effectue un tournant, observé par les historiens du XX e siècle et, déjà, quelques

avant-gardistes du siècle précédent. C’est ce que Marc Bloch repense dans sa parabole de
l’ogre de la légende. Puisque « (…) l’objet de l’histoire est par nature l’homme. Disons
mieux : les hommes. Plutôt que le singulier, favorable à l’abstraction, le pluriel, qui est le
mode grammatical de la relativité, convient à une science du divers. […] Le bon historien, lui,
ressemble à l’ogre de la légende. Là où il flair e la chair humaine, il sait que là est son
gibier. »2 L’homme gibier de l’historien, certes, mais dorénavant grégaire comme sa nature
l’exige. La construction du groupe varie toutefois et les courants historiques n’attribuent pas
tous les mêmes valeurs à la pluralité. Faut- il l’entendre au sens du nombre ou du caractère
pluriel de l’homme, ainsi que semble le suggérer Marc Bloch. Alain Prost nous apporte
quelques éclaircissements en compilant adroitement les acceptations de société et ce qu’elles
recouvrent. En quelques lignes se développe tout le problème de la sémantique des mots de
l’historien qui, toujours dans un souci de justesse, doit peser ses mots et en justifier les
recouvrements : « L’histoire est l’étude des sociétés humaines, disait Fustel de Coulanges.
Seignobos lui faisait écho : « L’histoire a pour but de décrire, au moyens des documents, les
sociétés passées et leurs métamorphoses. » Lucien Febvre et Marc Bloch récusent le terme
société qui leur parait trop abstrait, mais Fustel comme Seignobos insistent par ailleurs sur le
caractère nécessairement concret de l’histoire. Seignobos écrit lui-même, en 1901 :

2
BLOCH, Marc, Opus Cit., p. 17-18.

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