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Mécanique des structures

Pierre Latteur Partie 4


1

Pierre Latteur – UCL – Belgique – Mécanique des structures


Mécanique des structures Pierre Latteur

Chap. 19 : efforts
internes dans les poutres
Définition générale de la notion de poutre

3
FIBRE MOYENNE
= lieu des centres de
gravité des sections
transversales
Poutre droite, poutre à
section constante, poutre à
inertie variable, poutre
prismatique, poutre plane,
poutres courbes…

…..globalement, une poutre est un


élément dont les dimensions
transversales sont beaucoup plus
petites que la longueur de la fibre
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moyenne.
La poutre plane

 L’axe de la poutre et les efforts extérieurs sont situés


dans le plan de définition de la poutre

 Les sections droites sont symétriques par rapport à ce plan

 Le modèle se limite à représenter la fibre moyenne :

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Les efforts internes :
Moment fléchissant, effort tranchant, effort normal
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N : l’effort normal [kN]


V : l’effort tranchant [kN]
M : le moment fléchissant [kNm]
Conventions de signe (dans le cadre de ce cours) :
N : est positif en traction
V : est positif s’il fait tourner le morceau de structure isolé dans le sens horlogique
M : on ne définit pas convention pour le moment fléchissant
(mais on le dessine du côté de la fibre tendue – voir tracé des diagrammes)
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Effet du moment fléchissant :
courbure, contraintes de traction et de compression
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Galilée avait essayé de déterminer les contraintes dans une


section transversale de poutre, sans arriver à la conclusion
que traction et compression coexistaient

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Le signe de l’effort tranchant – quelques exemples

V>0 V>0
7 V est positif s’il fait
tourner le morceau de V>0
structure isolé dans le
sens horlogique.

V>0

! Si on connaît la valeur numérique de l’effort tranchant, on dessine


l’effort dans son sens physique et on note la valeur, mais sans son signe :

Exemple si V = -5 kN :
5 kN V = + 5 kN -5 VkN= - 5 kN !

OK CAR SANS CETTE NOTATION EST A EVITER


AMBIGUITE! CAR ELLE PRETE A CONFUSION !
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Exemple de calcul des efforts internes dans une poutre :

L’effort normal N :
8

Coupe fictive
F F

Équilibre horizontal : N=F F

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Exemple de calcul des efforts internes dans une poutre :

L’effort tranchant V :
9 x
Coupe fictive
F
F.L F
Équilibre
vertical :
M=F.x V=F F

L’effort tranchant seul ne


peut empêcher l’instabilité
de rotation ! …. Il manque un
effort interne : le moment
fléchissant

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Les diagrammes d’efforts internes

F
10 F
F.L F F
L

N=F=Cste
Effort normal N :

V=F=Cste
Effort tranchant V :

M=FL

Moment fléchissant M : M variable

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Poutre sur deux appuis avec charge ponctuelle
x
Coupure fictive à N M
l’abscisse x : V
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P/2

x P [kN] Équilibre des efforts horizontaux : N = 0


Équilibre des efforts verticaux : V = +P/2
Équilibre des moments : M = (P/2).x

P/2 P/2

Diagramme x’
de M :
x M
N
V
Diagramme M=PL/4 P/2
de V :
V=+P/2 Équilibre des efforts horizontaux : N = 0
x Équilibre des efforts verticaux : V = -P/2
Équilibre des moments : M = (P/2).x ’
V=-P/2
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Poutre encastrée avec charge répartie
V
N
M
12
Coupure fictive à L-x
l’abscisse x :
q [kN/m] Équilibre des efforts horizontaux : N = 0
Équilibre des efforts verticaux : V = q.(L-x)
Équilibre des moments : M = q.(L-x).(L-x)/2

x
M = qL2/2
M = q(L-x)2/2
x
V = qL
V = q(L-x)
x
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Une propriété intéressante
M ( x)
V ( x)  ()
x
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x

q(x) [kN/m]
Équilibre vertical :
M V V+dV M+dM V  V  dV   q.dx
 dV   q.dx

A
dx
Équilibre des
moments en A : M  V  dV .dx  q.dx.dx / 2  M  dM 
dx.dx  dx.dV  0  V .dx  dM  V  dM dx
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Propriétés des diagrammes d’efforts internes
Les efforts ponctuels créent des diagrammes de moments linéaires
et des diagrammes d’efforts tranchants constants :
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Les charges réparties créent des diagrammes de moments paraboliques


et des diagrammes d’efforts tranchants linéaires :

Les diagrammes de moments sont toujours continus sauf au droit des couples purs
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Application du principe de superposition
P1 [kN] P2 [kN]
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M1 + M 3 M2 + M4

=
P1 [kN]

M2
M1
+ P2 [kN]

M3
Pierre Latteur – UCL – Belgique – Mécanique des structures M4
Exercices suggérés :

P [kN]
18

L/4

P [kN] P [kN]

L/4 L/4

q [kN/m]

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Diagrammes enveloppes

19

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Mécanique des structures Pierre Latteur

Chap. 20 : contraintes dans les poutres


et dimensionnement
Préliminaire : différence entre flexion pure et flexion simple
Flexion simple Flexion pure
(V0) (V=0)
26

P P
V=P V=0

V = -P

M pur

Toute la poutre est en flexion pure


(M constant et V=0) Couple
appliqué à
l’extrémité

Flexion pure : M0=Cste, V=0


Flexion simple : M0, V  0
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Réponse intuitive au problème de Galilée :
comment se répartissent les contraintes
dans la section d’une poutre fléchie ?
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FT : Traction
V=F F
FC : Compression

L’équilibre de rotation ne peut se faire que si un effort de traction FT et un effort de


compression FC naissent dans la section, perpendiculaires à son plan.

La conséquence logique est l’existence de contraintes de compression et de


traction, séparées par un plan neutre au niveau duquel aucune contrainte n’existe :
Pour une section
symétrique , l’axe neutre
Traction
Compr.
Plan neutre
(Fibre neutre) F se confond avec la fibre
moyenne. Pour une section
non symétrique , il est
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prématuré de l’affirmer.
Loi de Bernoulli (1654-1705) :
« En flexion pure, les sections droites restent droites après
déformation et perpendiculaires à la fibre inférieure, à la fibre
28 supérieure et à toutes les autres fibres. De plus, la déformée est un
arc de cercle »

dx

M M

r : rayon de
courbure
Vers le centre
Vers le centre de
de courbure
courbure
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Démonstration de la répartition linéaire des contraintes
et des déplacements
 dLy  dx dLy
   1
29 dx dx
dx 
dLsup  dLy  r  y  1  y
 dx r r
dLy
M yM
y
dx   
r
dLinf Conclusion : la
Hooke Ey
   E 
r répartition des  et r
des  est linéaire
(traction) (traction)
dans la section :

Remarque importante : à ce stade on


a pas encore prouvé que fibre neutre
= fibre moyenne, en particulier pour
les sections non-symétriques !
(compression) (compression)
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dx Recherche de la relation moment-contraintes
dLsup
Ey
On a démontré précédemment que :  
dLy r
y
30 M dx N
Ey E
dLinf N   N   A  A r A   y.A ...  0 !!
A A r A (Car N=0 dans la
r
section)
Si (yA)=moment statique=0, on en conclut que :
fibre neutre = fibre moyenne

 Ey  E
M   y.N   y.A 
EI
A A
A  r  r A
y. A  y 2
.A 
r

 Ey C’est la relation fondamentale


  
M

r
On élimine E/r :   y qui exprime la valeur des
contraintes en fonction du
M  EI I
 r – Belgique – Mécanique des structures moment fléchissant
Pierre Latteur – UCL
Application à une section rectangulaire

31 (traction)
y
h M
G

b (compression)
Plan des Distribution des
contraintes vu en contraintes vue de
3D profil (2D)

M  ymax  h 2 M
  y    max   2 [ MPa]
 I  bh 12
3
I bh 6

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Généralisation aux poutres de section asymétrique

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Fibre sup. tendue

M
  y ( y  0 ou y  0)
I

La contrainte est maximale aux fibres extrêmes :

M déf .
M
ysup y
 I sup 
 Wsup W est le
 max  module de
yinf déf .
M y  M flexion
 I inf Winf
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Forme rationnelle des sections fléchies
Pour supporter un grand moment fléchissant avec peu de matériaux, il faut
maximiser le module de flexion W, donc écarter la matière de l’axe neutre :
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Bon Mauvais Bon Bon

IPE

HEA

Poutre de pont en
caisson en construction HEB, HEM
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Dimensionnement des éléments soumis à flexion :
2 approches différentes menant à des résultats similaires
(Approche simplifiée dans le cadre de ce cours
34 M introductif – voir eurocode et chap 14 pour + d’infos)

Approche 1 (notion de contraintes admissibles) : le coefficient


de sécurité global moyen g est appliqué au matériau :
 M  fe 
      adm  
 W  g 
W
Approche 2 : (notion de calcul aux états limites ultimes) :
les charges sont pondérées d’un facteur g :
 M g 
    fe
 W 

Dans le cadre de ce cours, on simplifie l’approche en


M considérant g1.5 dans tous les cas
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Généralisation aux poutres en flexion simple (M Cste et V0)
M=FL
F
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V=F

- La déformée globale n’est plus un arc de cercle comme en flexion pure


mais une succession d’arcs de cercles de rayon variable, inversement
proportionnels au moment fléchissant local (car M=EI/r)

- L’effort tranchant apporte une contribution négligeable aux


déformations (voir chap. 21)

- La répartition des  et  dans les sections est encore linéaire

- La relation =My/I est toujours valable

- Le critère de dimensionnement doit en principe être revu pour


intégrer la contrainte de cisaillement  provenant de l’effort tranchant
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Profilés
métalliques IPE
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Profilés
métalliques HEA
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Profilés
métalliques HEB
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Profilés
métalliques
ronds
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Profilés
métalliques carrés
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(Gros) Profilés
métalliques HEM
41

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(Gros) profilés
métalliques HEM
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Mécanique des structures Pierre Latteur

Chap. 21 : déformation des poutres


A chaque type d’effort interne sa déformation…

47

Les déformations de V
et N sont souvent d’un
ordre de grandeur
inférieur à celles de M.
(Pour s’en convaincre, il suffit
d’appliquer des efforts sur une
simple latte)

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Importance de la limitation des déformations (rappel)

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- Sentiment d’insécurité des usagers


Les déformations - Dégâts sur les façades et couvertures
d’une structure - Fissuration
doivent être limitées : - Fatigue des matériaux
- Mauvais comportement dynamique
- Respecter l’hypothèse de petits déplacements (hypothèses
de linéarité géométrique et de linéarité matérielle)
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Quelques poutres déformées – notion de flèche

49 La flèche d’une poutre est le


déplacement vertical de l’un de
ses points. On parlera par
exemple de flèche maximale, de
flèche à l’extrémité (pour une
poutre en porte-à-faux), etc.

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Quantifier la déformation des poutres
Intuitivement, on devine que la flèche d’une poutre est :
50 - Proportionnelle à la charge q et à la portée L (ou une puissance de L)
- Inversement proportionnelle ?
qL
au module d’élasticité E et à  
l’inertie I des sections EI

Par contre, la formulation précise de la flèche dépendra de la géométrie


de la poutre, du type de charge et du type et de la position des appuis.

Exemples :

5qL4 QL2
   
384 EI 2 EI
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Rappel : module d’élasticité des matériaux usuels

Acier : E = 210.000 Mpa


51
Béton : E = …20.000… Mpa
 = N/A Bois : E = …10.000… Mpa
Aluminium : E = 70.000 Mpa

Pour le béton et le bois, ces valeurs sont des


fe approximations étant donné :

- Le caractère en réalité non-linéaire de leur courbe (,).


- La grande dispersion des caractéristiques (essences
E
de bois et composition des bétons parfois très
différentes)

 = L/L

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Ordre de grandeur des flèches maximales autorisées pour
les poutres
Poutres porteuses principales de bâtiments :  L/350
52
Poutres porteuses secondaires de bâtiments  L/200
Passerelles pour piétons :  L/500
Ponts routiers :  L/600
Ponts ferroviaires :  L/800

Fissures dans des cloisons


suite à une trop grande
déformation des éléments
porteurs (poutres et dalles)
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A ne jamais oublier…

53 Lorsqu’on calcule une flèche, une rotation, un


déplacement, on ne pondère jamais les charges !

Q, q : charges
5qL4 QL2
  réellement  
384 EI appliquées à la 2 EI
structure

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Tables relatives
aux poutres
classiques (1/2)
54

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Tables relatives
aux poutres
classiques (2/2)
55

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Déformations dues à des combinaisons d’efforts
Flexion
simple
56 Traction
simple

Flexion
composée

Flexion
simple

Effets dominants :
• Barres et tirants : effort normal N
• Éléments soumis à M, V, N : moment fléchissant M

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Le déplacement horizontal des points d’une poutre
fléchie est (quasi) nul
Comme la longueur de
57 la fibre neutre est
invariable… 
…l’appui se
déplace-t-il
L horizontalement ?

On approxime l’axe L 22  2


neutre à l’état déformé u=?
par deux droites : 

On a : u  L  2 L 2  2
 2

 4 L 2    2  L  u 
2
 2

 u 2  2 Lu  4 2  0
u 2  2 Lu

  2 u est donc d’un


2
u
La solution est :   2  u2 0 ordre de grandeur
L L
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L inférieur à  (CQFD)
Equation de la forme déformée v(x) des poutres fléchies
1 d 
ds  rd    1
r ds d 2v
58   [1]
d d 2 v  r dsdx
  tg  dv dx  
ds dsdx 

Déformée à
Or, ds 2  dx 2  dv 2 une échelle
2
amplifiée :
 dv 
Donc : ds  dx 1    [2]
 dx 
1 2
1 d v   dv  
2 2
[2][1] :  2 1    [3]

r dx   dx   
0 (on néglige le carré de la pente devant 1)

1 d 2v
[3] : 
r dx 2 d 2v M C’est l’équation différentielle
1 M 2

Or (chap 20) :  dx EI de la déformée en flexion
r EI
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Exemple pour le cas de la poutre sur deux appuis :
d 2v M d 2v
 EI 2  M  qxL  x 
1
2

dx EI dx 2
59
Comme M(x) est une équation
parabolique, l’équation v(x) de la
déformée est un polynôme du 4ème
degré, dont l’intégration fournit :

1  q  3 x4  
v( x)     Lx    C x  C 
 12   1 2
EI   2 

Les constantes C1 et C2 s’éliminent


sachant que v(x=0)=v(x=L)=0 : v( x) 
q
24 EI

x 4  2 Lx 3  L3 x 
 5qL4
vmax  v x  L 2  
384 EI
On en déduit :  3
  v' ( x  0)  qL
 A 24 EI
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