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COMPORTEMENT DES MÉTAUX À GRANDE VITESSE DE DÉFORMATION. MODÉLISATION _____________________________________________________________
l'algorithme d'intégration en temps y est explicite (les éditeurs les plus connus
en France sont ESI, Mecalog et Dynalis dont les codes ont respectivement pour
nom commercial PAM-CRASH, RADIOSS et DYNA). Les premiers calculs ont été
réalisés avec des modèles de plasticité ne prenant pas en compte les effets de
vitesse. La prise en compte de ces derniers s'est avérée nécessaire avec le
besoin de réaliser des calculs prédictifs. Pour des raisons historiques, des modè-
les empiriques ont été développés, dits de plasticité dynamique, dans lesquels la
vitesse de déformation intervient comme paramètre supplémentaire.
L'élaboration de modèles de comportement pertinents et leur adéquation avec
les codes explicites utilisés en dynamique restent des problèmes ouverts.
Cette élaboration nécessite naturellement une phase expérimentale de carac-
térisation où des vitesses de déformation significatives doivent être mises en
jeu. On doit alors avoir recours à des moyens d'essais particuliers dont le plus
classique est le système dit des barres de Hopkinson.
La phase de modélisation n'est pas strictement consécutive à la phase de
caractérisation ni strictement antérieure à la phase de calcul. Les hypothèses
classiquement utilisées pour les essais statiques, d'homogénéité des champs de
contrainte et de déformation dans l'éprouvette, ne sont en effet pas toujours
valides en dynamique, à cause de la présence non négligeable d'effets transi-
toires dans l'échantillon. Pour les métaux, auxquels nous nous intéressons ici,
ces hypothèses sont acceptables. En revanche, on ne sait pas réaliser d'essais à
vitesse de déformation constante, paramètre dont on recherche l'influence.
L'analyse de l'essai n'est donc pas triviale et peut nécessiter la modélisation de
l'essai avec un outil de calcul numérique. On considère néanmoins le plus sou-
vent la vitesse de déformation comme constante au cours d'un essai en se
basant sur le fait que la mise en vitesse a lieu dans la phase élastique et que la
variation de vitesse dans la phase plastique a une très faible influence sur la
réponse du matériau. L'ordre de grandeur de l'effet de la vitesse de déformation
est en effet globalement comparable au logarithme de cette dernière.
1. Caractérisation (M )
Masse Accéléromètre
tombante
1.1 Problématique des essais dynamiques
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Force
vers le front d'onde ∆ ε [2][3] :
∆ σ = – ρ C∆V , ∆V = – C∆ ε (1)
avec C célérité des ondes élastiques (5 000 m/s pour les aciers),
ρ masse volumique.
La contrainte et la vitesse particulaire à tout instant et pour toutes
les sections de la masse tombante et du ressort peuvent alors être duite du raccourcissement
force déduite
calculées en régime transitoire (c'est-à-dire sans faire de moyennes du ressort Force
temporelles). La figure 2 décrit l'évolution des vitesses aux points réelle F0
de mesure. De ces deux vitesses, on peut déduire la variation de lon-
gueur du ressort (par intégration) et l'accélération vue par l'accélé-
romètre (par dérivation, et on doit supposer ce dernier de
dimension finie pour éviter les accélérations infinies). On obtient les Temps (ordre de grandeur : ms)
deux mesures de force représentées sur la figure 3.
On constate que les deux méthodes donnent des résultats différents Figure 3 – Forces mesurées
avec, dans les deux cas, une forte surestimation (pouvant dépasser
100 % d'erreur) de l'effort maximal. Toutefois, on peut calculer que les
efforts périodiques mesurés ont une moyenne égale à la valeur impo-
sée. Lorsque le temps caractéristique de l'essai est très grand par rap-
Cet exemple est volontairement caricatural et excessif. Il indique
port à la période de chaque système, il peut donc être légitime de
néanmoins que, dans une situation réelle, il faut comparer les temps
négliger la variation périodique et ne considérer que la moyenne. Si
caractéristiques de l'essai avec la bande passante des capteurs et de
ces mesures sont associées à une mesure de déplacement fiable, l'éva-
la chaîne d'acquisition (pour une masse tombante cubique en acier
luation de l'énergie absorbée par l'échantillon n'est pas trop mauvaise.
d'un demi-mètre de côté, le temps d'un créneau de la figure 2 est
d'environ 200 µs). Si la fréquence d'acquisition n'est pas bien supé-
rieure à la fréquence des signaux transitoires (ici 5 kHz), le résultat
observé peut être complètement modifié par le filtre que constitue
la chaîne de mesure et même les valeurs moyennes peuvent être
erronées.
Vitesse (ordre de grandeur : m/s)
Temps (ordre de grandeur : ms) Rappelons que nous nous intéressons ici au domaine correspon-
dant aux colonnes sur fond bleu dans le tableau 1.
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Force F (kN)
représentées sur la figure 5.
Force sortante
5
Projectile Barre entrante Barre sortante Force entrante
–A –B
V
Jauge 1 Jauge 2
0
Échantillon
0 200 500
Temps ( µs)
Dimensions typiques : diamètre 20 mm, longueur de barres 3 m,
échantillon millimétrique
Figure 6 – Égalité des forces entrante et sortante pour un échantillon
Figure 4 – Montage de la barre de Hopkinson métallique
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2.1 Généralités
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Contrainte (MPa)
t
Q ( t ) = G [ H –∞ ( q ( τ ) ; q ( t ), q̇ ( t ), … ) ] (4)
400
où H décrit l'histoire du chargement.
Cette forme met en évidence que les deux types de grandeur ne Quasi statique
Quasi-statique
jouent pas un rôle symétrique. La réponse mécanique instantanée
200
dépend de l'histoire de la géométrie, de sa valeur actuelle et de la
valeur de ses dérivées temporelles d'ordre supérieur.
Si nous limitons notre attention aux formulations susceptibles 0
d'être intégrées de façon simple dans les codes de calcul, la rela- 0 10 20 30
tion (4) peut être écrite sous la forme suivante, dite incrémentale :
Déformation (%)
d σ = f ( d ε, ε, ε̇, ε̇˙…, α i … ) (5) résultats expérimentaux
modèles
avec αi des paramètres internes qui prennent en compte
Figure 10 – Évolution de la relation de comportement avec la vitesse
l'histoire du processus.
de déformation dans le cas de l’acier doux
L'évolution des paramètres α i , doit donc être décrite en complé-
ment de la relation (5). Leur dépendance de l'histoire se traduit
explicitement par le fait que les trajets de charge et de décharge
sont, en général, différents.
Dans le cas général, les grandeurs intervenant dans la formule (5) rimentaux
Points expérimentaux
sont des grandeurs tensorielles. On imagine donc aisément la com- Contrainte (MPa)
600
plexité que peut prendre cette relation. Les simplifications essentielles
faites dans le cas des matériaux métalliques consistent à ne pas consi-
dérer les dérivées temporelles de la déformation d'ordre supérieur à 1, 400
et à décrire la vitesse de déformation par une grandeur scalaire.
Ces hypothèses simplificatrices sont justifiées par deux catégo- 200
ries de raisons : Modèle
— l'une est que la programmation des lois dans les codes en est 0
d'autant simplifiée ; –5 –3 –1
— l'autre est que, de toutes façons, on ne dispose pas d'une lg de la vitesse de déformation (en s–1)
variété assez grande d'essais, en particulier en dynamique, qui per-
mettrait d'identifier un plus grand nombre de paramètres.
Figure 11 – Évolution de la contrainte associée à une déformation
Il apparaît ici que la pertinence et la qualité des lois qui vont être de 3 % dans le cas de l’acier doux
construites, même dans ce cadre, vont dépendre de la façon dont
seront appliquées les hypothèses simplificatrices. Pour les maté-
riaux métalliques, les lois sont en outre construites de telle façon
que la disparition de l'effet de vitesse conduit au comportement On observe que la limite d'élasticité apparente augmente avec la
plastique classique. vitesse et que l'écrouissage diminue. L'évolution, avec la vitesse de
déformation, de la contrainte associée à une déformation donnée va
Deux principaux types de lois sont alors considérés, les modèles donc dépendre de cette déformation. L'allure de la dépendance,
de plasticité dynamique et les modèles viscoplastiques. pour une déformation de 3 % est représentée sur la figure 11.
Il semble que la sensibilité à la vitesse augmente au-delà d'une
zone de la vitesse de déformation qui dépend des matériaux, tout
2.2 Modèles courants comme l'amplitude de l'augmentation. Cette zone est malheureuse-
ment souvent située dans le domaine des vitesses moyennes où la
mesure est difficile.
2.2.1 Tendances des réponses expérimentales
2.2.1.2 Chargements avec saut de vitesse
2.2.1.1 Chargements continus
Un certain nombre d'auteurs s'est intéressé à l'influence de l’his-
On considère la réponse à des essais classiques uniaxiaux au toire de la vitesse de déformation sur l'évolution de la contrainte
cours desquels la vitesse de déformation n'a pas de variation bru- d'écoulement. La technique la plus utilisée consiste à appliquer un
tale. Les résultats trouvés dans la littérature sont abondants [7]. La saut de vitesse de déformation en utilisant des barres de Hopkinson
tendance générale, commune à tous les matériaux, est assez bien de torsion (le chargement dynamique est déclenché pendant un
illustrée par la réponse de l'acier doux. essai statique) ou, plus rarement, en utilisant des barres de com-
Pour ce dernier, la sensibilité à la vitesse est relativement signifi- pression avec un impacteur à diamètre brusquement variable
cative, l'évolution en fonction de la vitesse de la relation unidimen- [[27][39][40][41][42]. Un résultat typique tiré de [42] est présenté sur
sionnelle contrainte-déformation (établie en compression) à l'allure la figure 12.
décrite sur les figures 10 et 11. On observe que le saut de vitesse ne se traduit pas par un saut de
Les différents modèles devront donc rendre compte de ce type contrainte et que le niveau de contrainte atteint est différent de celui
d'évolution. obtenu avec un essai à vitesse de déformation constante.
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Contrainte (MPa)
300
1 J2 s ij
ė ij = ------- ṡ ij + γ Φ ---------------
- – 1 ---------
200 2µ k ( w p ) J2 (7)
100 1
V1 V2 ε̇ ii = ------- σ̇ ii
3K
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
avec e ij partie déviatorique de la vitesse de déformation,
Déformation (%)
s ij déviateur de contrainte,
Titane avec des vitesses de déformation : V1 = 10–4 s–1
K module de compressibilité élastique,
V2 = 25 s–1
µ module de cisaillement élastique,
Figure 12 – Illustration de l'influence de l'histoire de la vitesse J2 second invariant du tenseur des contraintes,
de déformation wp travail de déformation plastique,
Φ fonction qui décrit la sensibilité à la vitesse de défor-
mation.
Les modèles courants ne rendent pas compte de cet effet, quel
que soit leur type (considéré § 2.2.2 et 2.2.3). La raison est que des Cette fonction peut être exprimée de différentes façons, présen-
chargements avec saut de vitesse sont rarement rencontrés dans les tées ci-dessous dans le cas unidimensionnel (pour des raisons de
applications industrielles et qu'on n'a donc pas cherché à introduire simplicité) :
un paramètre interne [au sens général de la relation (5)] nécessaire
à la description de ce phénomène. ε̇ = ( 1 ⁄ E ) σ̇ + Φ ( σ, ε )
2.2.3 Viscoplasticité
2.4 Identification des paramètres
Les modèles de viscoplasticité sont plus anciens. Ils ont été déve-
loppés pour être utilisés dans les codes implicites, généralement
pour décrire des phénomènes visqueux lents (fluage, relaxation). Il va de soi que la finesse de la description du comportement, quel
On en trouve un certain nombre dans la littérature [50][51]. Nous que soit le type de modèle utilisé, va de pair avec le nombre de para-
citerons, à titre d'exemple, le modèle incrémental introduit par mètres à identifier.
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Ce travail présente, en particulier en dynamique, des difficultés de mes ni de standards pour les essais dynamiques (il existe toutefois
principe, lié à deux principaux aspects : des recommandations éditées, pour l'Europe, par l'association
— il n'existe pas d'essai dynamique à vitesse de déformation DYMAT [55]) et la simple extrapolation de méthodes quasi statiques
constante ; peut conduire à des résultats erronés.
— les essais disponibles sont pour la plupart unidimensionnels. Le choix de la relation de comportement la mieux adaptée va
Pour palier cette difficulté, les éditeurs de logiciel proposent sou- dépendre ensuite de la finesse des résultats recherchés et des
vent des méthodes inverses permettant de retrouver les paramètres modèles disponibles dans le code de calcul. Sa validation reste un
d'un modèle à partir de résultats bruts d'essais. Cette méthode n'est problème délicat, d'abord parce que de nombreuses sources
pas critiquable dans son principe. Toutefois, elle donne toujours un d'erreurs sont inhérentes au calcul lui-même (finesse des maillages,
résultat. Il est donc bon d'en vérifier la cohérence, ce qui nécessite choix des éléments, qualité de la description du chargement),
une compréhension du sens physique des paramètres de la loi... qui ensuite parce que les essais dynamiques de structure, plus encore
malheureusement n'en ont pas toujours un. que les essais de caractérisation, produisent souvent des résultats
L'identification d'une loi est donc un travail délicat qui n'est pas imparfaits.
facilité par la grande variété de lois disponibles dans les codes de La prévision de la réponse mécanique d'une structure (pare-chocs
calcul. d'une automobile) soumise à un chargement dynamique (choc fron-
tal) met en œuvre des calculs numériques qui nécessitent une
bonne description du comportement dynamique des matériaux.
Cette description passe par le meilleur choix du modèle, à la fois au
3. Conclusion sens de son adéquation avec l'algorithmique du code de calcul et,
bien sûr, de sa pertinence mécanique. Cette dernière est tributaire,
de manière essentielle, de la qualité de la caractérisation expéri-
La caractérisation et la modélisation du comportement dynami- mentale du matériau réalisée sous sollicitations dynamiques. De
que des matériaux métalliques est un domaine déjà ancien qui fait manière plus indirecte, elle est également tributaire des essais de
toujours l'objet de recherches actives. En effet, les difficultés expéri- structure utilisés pour valider les prévisions (signe d'un certain
mentales nécessitent encore un travail en vue d'améliorer l'analyse manque de maturité du calcul en dynamique). Plusieurs maillons de
des essais et d'étendre leurs domaines d'applications. Contraire- cette chaîne présentent encore des faiblesses qui justifient l'activité
ment au cas des essais statiques traditionnels, il n'existe pas de nor- scientifique en amont de ce domaine.
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