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USA Histoire (4) - Expansion Territoriale
USA Histoire (4) - Expansion Territoriale
htm
Histoire sociolinguistique
des États-Unis
Plan de l'article
1 Les États-
Unis de
1783
2 L'achat de
la
Louisiane
2.1 Le rôle
de
Bonaparte et
de Jefferson
2.2 Les
nouveaux
propriétaires
3 La
conquête
du Nord- 6 L'achat de l'Alaska
Ouest
6.1 Enclaver le Canada avec l'Alaska
4 La Floride 6.2 Conflits entre Blancs et autochtones
et
l'expulsion 7 L'éviction des Indiens du pays
des Indiens
7.1 La politique de refoulement dans l'Ouest
4.1 7.2 Les réserves indiennes7.2 Les réserves indiennes
L'acquisition
de nouveaux 8 Les conséquences linguistiques de l'expansionnisme
territoires
espagnols 8.1 Pour les populations autochtones
4.2 8.2 Pour le français en Louisiane
L'expulsion 8.3 Pour les hispanophones du Sud-Ouest
des Indiens 8.4 L'immigration et les déplacements de population
5 La
conquête
du Sud-
Ouest
5.1
L'annexion
du Texas
5.2 La
guerre du
Mexique et
les
nouveaux
territoires
5.3 La
colonisation
américaine
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Le ministre Barbé-Marbois approuva et expliqua que la Louisiane était indéfendable au regard de l'état des forces
navales dans l'Atlantique; il ajouta également que «si les Anglais ne s'en saisissent pas, les Américains le feront». En
somme, Bonaparte n'avait plus la possibilité d'agir librement avec la Louisiane. S'il refusait le partage proposé par les
États-Unis, il risquait un conflit militaire qui aboutirait à la perte de la Louisiane en totalité; s'il acceptait la proposition, il
restait en possession d'une colonie indéfendable sur laquelle se jetterait la flotte anglaise, déjà en position d'attente. La
vente semblait préférable.
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Dans l'esprit de Bonaparte, l'abandon aux États-Unis des immenses territoires conquis dans le Nouveau Monde et le
surcroît de puissance que les Américains allaient en retirer devaient avoir pour conséquence inéluctable «de donner à
l'Angleterre une rivale maritime qui, tôt ou tard, abaissera son orgueil». Sur cet aspect du problème, les faits ont
démontré que Napoléon avait vu juste! Il savait que les États-Unis n'accepteraient jamais que leur expansion vers l'ouest
soit bloquée par une petite colonie française s'étendant des Grands Lacs au golfe du Mexique. Comme la Louisiane
constituait le pivot de toute l'expansion vers l'ouest, les Américains ne l'auraient certainement pas laissée aux Français.
Pour Thomas Jefferson, l’un des «Pères» de la nation américaine et le troisième président des
États-Unis, l’achat de la Louisiane à la France, un territoire plus vaste que les États-Unis alors
constitués (voir la carte), devait renforcer l’identité politique du pays et rendre possible la
naissance d'un grand État. De toute façon, pour Jefferson, le retour de la France en Amérique
paraissait difficilement acceptable. Voici ce qu'il écrivit (en français) en avril 1802 à Robert
Livingston, son ministre américain à Paris:
La cession de la Louisiane par l'Espagne à la France est un coup douloureux pour les États-Unis. De
toutes les nations de quelque importance, la France est la seule avec laquelle nous ayons le moins
de points de friction et le plus de points communs d'intérêt. Il y a sur le globe un seul endroit dont le
possesseur est notre ennemi permanent et naturel, c'est La Nouvelle-Orléans. La présence de la
France est un défi à notre égard, alors que l'Espagne s'y trouvait sans ambition aucune. Il est
impossible que la France et les États-Unis continuent à être amis quand ils se rencontrent dans une
position aussi sensible. Du moment où la France prend possession de La Nouvelle-Orléans, nous
devons nous marier à la flotte et à la nation britanniques.
Jefferson suggérait dans sa lettre à Livingston de proposer la cession par la France de La Nouvelle-Orléans et des
Florides; il désirait ainsi s'assurer le commerce sur le Mississipi. Quelques semaines plus tard, Bonaparte vendait toute la
Louisiane aux États-Unis pour 15 millions de dollars, une somme considérable pour l'époque puisqu'elle représentait une
fois et demie le PIB des États-Unis (alors de 10 millions de dollars). De plus, le gouvernement américain ne disposait pas
de cette somme et dut recourir à des emprunts (à 6 % d'intérêt) en Europe, auprès de la banque Hope de Londres et de
celle de Baring à Amsterdam. L'achat de la Louisiane représenterait aujourd'hui une somme de quelque 400 milliards de
dollars, une somme très élevée pour n'importe quel État.
Au sujet de la langue, soulignons qu'aucune disposition du «contrat de vente» ne garantissait aux Louisianais quelque
droit que ce soit. Plusieurs décennies plus tard, les Blancs francophones croiront encore que les «droits des
francophones» se trouvaient implicitement protégés par l'acte de vente de 1803. Pourtant, tel n'était pas le cas, et
Bonaparte aurait pu prévoir, il est vrai, certaines protections à l'égard des Français de la Louisiane. Mais il faut admettre
qu'au début du XIXe siècle la question des minorités ne préoccupait guère les dirigeants politiques. À l'exemple de
Voltaire, quarante ans plus tôt, déclarant ridicule qu'on se batte pour «quelques arpents de neige» au Canada, Bonaparte
n'avait pu deviner ou imaginer que l'avenir se jouait à ce moment-là.
On peut lire, dans leur version française du 30 avril 1803, le texte du contrat de vente entre les deux pays, ainsi que les
traités et conventions signés à cette occasion en cliquant ICI. Tous les textes sont signés par François Barbé-Marbois
(France), Robert R. Livingston (USA) et James Monroe (USA). Au moment de la vente de la Louisiane, un rapport officiel
de 1803 révèle que la population totale de la Louisiane était d'environ 43 000 habitants, presque tous francophones. Il y
avait aussi des Noirs créolophones, mais manifestement cette langue n'était pas non plus prise en compte.
Le 20 décembre 1803, William Charles Cole Claiborne (1775-1817) et James Willinson entrèrent à La Nouvelle-Orléans
au nom du Congrès américain. Les nouveaux propriétaires instaurèrent immédiatement les règles du jeu. Claiborne mit
sur pied une nouvelle administration, c'est-à-dire un gouverneur nommé pour trois ans, un Conseil législatif composé de
six Français et de sept Américains (l'année suivante, de cinq Français et de huit Américains), puis un système judiciaire
formé de trois juges anglophones.
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3 La conquête du Nord-Ouest
Le Nord-Ouest appartenait à la Grande-Bretagne, alors que le Sud-Ouest était une possession espagnole. L'achat de la
Louisiane en 1803 avait permis aux États-Unis de doubler d'un coup leur territoire. Autrement dit, l'expansion du territoire
américain allait dorénavant se faire au détriment des anciens empires coloniaux, qu'ils fussent français, espagnol ou
britannique. Dès 1792, le territoire du Kentucky entra en qualité d'État dans l'Union. Suivirent le Tennessee (1796) et
l'Ohio (1803).
En 1844, James Knox Polk fut élu le 11e président des États-Unis après avoir
adopté comme slogan le cri d'appel «Fifty-four forty or fight» («54°40 de
latitude Nord ou la guerre»). Cette latitude aurait permis d'étendre les limites
septentrionales du territoire américain jusqu'à l'enclave de l'Alaska le long de la
côte. Par le traité de l'Oregon de juin 1846 (traité de Washington), le 49e
parallèle fut reconnu comme frontière internationale, depuis les Rocheuses
jusqu'au milieu du bras de mer entre l'île de Vancouver et le continent.
À l’issue d’une longue polémique, le traité du 15 juin 1846 entre la Grande-Bretagne et les États-Unis attribua finalement
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l’Oregon à ces derniers et fixa définitivement la frontière avec le Canada, de l’ouest des Rocheuses jusqu’au Pacifique,
sur le 49e parallèle. Le pays s’étendait désormais de l’Atlantique au Pacifique.
En 1763, à l’issue de la guerre de Sept Ans, l’Espagne avait dû céder la Floride à la Grande-
Bretagne pour la récupérer en 1783, à la fin de la guerre de l’Indépendance américaine, puis
finalement la céder à nouveau aux États-Unis en 1819. Cette acquisition fut en fait le résultat
d'une vaste campagne militaire menée dès 1814, sans autorisation explicite, par un brillant
militaire et héros de la guerre de 1812, Andrew Jackson (1767-1845). Pénétrant sur le territoire
de la Floride de sa propre initiative, le jeune général réussit d'abord à écraser les Creeks (les
«Red Sticks»), puis leur imposa un traité par lequel la nation creek «cédait» aux États-Unis 23
millions d'acres de terres additionnelles. En 1816, il servait cet avertissement non équivoque aux
Indiens creeks:
Brothers Listen did I ever tell you a lie. Listen I now tell you [Écoutez, mes frères, je ne vous ai jamais menti. Aujourd’hui, je vous
that line must and will be run, and the least opposition brings dis que les ententes doivent être respectées et que la moindre
down instant destruction on the heads of the opposers. résistance entraînera la mort immédiate des opposants. Écoutez,
Brothers Listen, My men are ready to crush all the enemies of mes frères, mes hommes sont prêts à écraser tous les ennemis des
the United States...I am your friend and Brother. États-Unis... Je suis votre ami et votre frère.
I have no motive, Brothers, to deceive you. I am sincerely Je n'ai aucun motif, mes frères, pour vous tromper. Je suis
desirous to promote your welfare. Listen to me, therefore, sincèrement désireux de promouvoir votre bien-être. Écoutez-moi
while I tell you that you cannot remain where you are now… It donc, tandis que je vous dis que vous ne pouvez pas rester où vous
[is] impossible that you can flourish in the midst of a civilized êtes maintenant… Il est impossible que vous puissiez vous épanouir
community. You have but one remedy within your reach. And au milieu d'une communauté civilisée. Mais vous avez un remède à
that is to remove to the West and join your countrymen, who votre portée. Et c'est de partir pour l'Ouest et de rejoindre vos
are already established there. The choice is yours. May the compatriotes qui y sont déjà établis. Le choix est le vôtre. Puisse le
great spirit teach you how to choose. grand esprit vous apprenne comment choisir.]
Par la suite, avec une troupe de 5000 soldats, Andrew Jackson incendia les villages des Séminoles et s'empara de
quelques places fortes espagnoles. Toutefois, les Séminoles résistèrent durant plusieurs années et Jackson allait devoir
se reprendre plus tard. En 1830, avec l'augmentation de la population et la découverte d’or sur les territoires des
Cherokees, Jackson signa une loi autorisant le déplacement forcé des Amérindiens. Ce fut l’Indian Removal Act votée
par le Congrès afin d'exploiter les terres amérindiennes. La Cour suprême jugea la loi contraire à la Constitution, mais
Jackson refusa net d'appliquer le jugement. L'État de Géorgie attribua les terres des Cherokees au cours d’une loterie, et
Jackson envoya des troupes pour déporter les Amérindiens à marches forcées au-delà du Mississippi, un événement qui
coûta la vie à 4000 Cherokees, soit 25 % de leur population, au cours de leur déportation.
À son époque, Jackson fut un général adulé, direct et dur; il faut d'ailleurs surnommé "Old Hickory" en référence à la
dureté du bois de noyer. Tout au long de sa carrière militaire, puis comme président des États-Unis, ce général démontra
une agressivité peu commune et il s'est démarqué par son populisme nationaliste blanc, sa politique génocidaire à
l’égard des Amérindiens, son expansionnisme territorial et sa lutte acharnée contre les banques. C'est pour ces toutes
raisons qu'Andrew Jackson suscite encore aujourd'hui beaucoup d'admiration chez un grand nombre d'Américains. Son
portrait figure aujourd'hui sur les billets de 20 $. Son effigie sur les billets de banque devait disparaître en 2020, mais en
septembre 2017 Donald Trump, grand admirateur du président Andrew Jackson, remit en question cette décision, tel qu'il
l'avait promis durant sa campagne présidentielle.
Entre-temps, l'Espagne avait été «persuadée» de céder la Floride pour un dédommagement n'excédant pas cinq millions
de dollars au président John Quincy Adams, tandis que Jackson continuait de prétendre qu'il avait agi selon les «lois
immuables de la légitime défense».
En 1821, prenait effet la cession du territoire des Florides lors du traité d'Adams-Onís (Traité d'amitié, de colonisation et
de limite entre les États-Unis d'Amérique et sa Majesté catholique), sans qu'aune bataille n'ait eu lieu. L'article 11 énonce
ce qui suit:
Article 11 Article 11
The United States, exonerating Spain from all demands in [Les États-Unis, exonérant l'Espagne de toutes demandes dans le
future, on account of the claims of their Citizens, to which the futur, en raison de réclamations de leurs citoyens, dont les
renunciations herein contained extend, and considering them renonciations ici contenues s'étendent, et les considérant toutes
entirely cancelled, undertake to make satisfaction for the same, entièrement annulées, entreprennent de donner satisfaction à ceux-
to an amount not exceeding Five Millions of Dollars. ci, par un montant n'excédant pas cinq millions de dollars.]
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En contrepartie, les États-Unis s'engageaient, d'après l'article 3 du traité à renoncer «pour toujours à tous les droits et
réclamations sur les pays qui sont situés à l'ouest et au sud de la ligne susdite». Néanmoins, ces «pays situés à l'ouest et
au sud de la ligne susdite» font aujourd'hui partie de l'État du Texas. Le 17 juillet 1821, Jackson fut élu gouverneur de la
Floride, puis le 4 mars 1829, le 7e président des USA, à l'âge de 61 ans. Il fut surnommé le Old Hickory (le «Vieux
Noyer»), par analogie au bois dur qui correspond à l'image du général Jackson lors de ses campagnes indiennes de
1812 à 1814.
Le président Jackson s'attendait qu'en assimilant les Indiens ils deviendraient économiquement dépendants du
commerce et du pouvoir économique des Américains blancs et, que, par conséquent, ils seraient prêts à renoncer à leurs
propres terres en échange de certains biens et marchandises. Mais, en 1832, un «traité» contraignant les Séminoles à
renoncer à leurs territoires en Floride en échange de terres dans l’Ouest fut à l’origine de violents conflits opposant les
Amérindiens aux colons et à l’armée américaine (1835-1842).
Quant aux Séminoles, qui avaient trouvé refuge dans les Everglades, ils furent
officiellement bannis de la Floride en 1853. En hommage au «grand héros» que
fut Andrew Jackson, également un véritable objet de vénération chez les
sudistes, les États-Unis lui élevèrent une statue de bronze à Washington en
1853 et son portrait apparaîtra sur les billets de 20 $.
5 La conquête du Sud-Ouest
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Vers 1810, la population du Mexique (6,1 millions) n'était que légèrement inférieure à celle des États-Unis (7,5 millions).
Pendant la guerre d'indépendance (1810-1820), les Mexicains avaient autorisé des Américains à s'installer au Texas en
leur concédant des terres à une double condition: que les nouveaux venus se convertissent au catholicisme et qu'ils
adoptent la nationalité mexicaine. Mexico croyait ainsi qu'en permettant la colonisation du Texas peu peuplé (sauf par des
tribus indiennes), il dissuaderait les visées expansionnistes américaines. Là où l'on attendait des familles catholiques
d'origine espagnole ou française, ce fut plutôt un véritable déferlement d'Anglo-Saxons protestants, souvent
esclavagistes (en violation avec la jeune Constitution mexicaine), donc des arrivants très étrangers à la culture des
Tejanos (Texans espagnols). Ainsi, la colonisation américaine progressait dans le Sud-Ouest et, dès 1834, les Anglos du
Texas étaient supérieurs en nombre, soit environ 20 000 Américains (esclaves compris), contre 4000 Mexicains.
Le président James Polk (1845-1849) avait deux objectifs: en plus de régler les
problèmes de frontière avec la Grande-Bretagne dans le Nord-Ouest, il désirait aussi
étendre le territoire américain en direction du sud-ouest. Le président Polk annexa le
Texas en 1845 à la demande des Texans américains. Mais l'annexion suscita la colère
du Mexique, qui n'avait jamais accepté l'indépendance du Texas.
C'est un raid américain en territoire mexicain, mené par le général Zachary Taylor, qui déclencha la guerre avec le
Mexique (1846-1848). Elle dura dix-sept mois et le général Taylor s'empara de la ville de Monterey en Californie et battit
les armées du général Santa Anna à Buena Vista, en février 1847.
La guerre avec le Mexique s’acheva par la victoire des États-Unis et le traité de Guadalupe-Hidalgo (2 février 1848). Le
conflit aura coûté la vie à 25 000 Mexicains et à 12 000 Américains. Le Mexique dut abandonner le Texas, la Californie
et les territoires de l’Utah, du Nevada, de l’Arizona et du Nouveau-Mexique, soit le tiers de sa superficie. Le Mexique fut
contraint d'accepter une «compensation» de 18 millions de dollars.
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Le gouvernement américain encouragea la colonisation des terres nouvelles (Homestead Laws). Celles-ci furent
cadastrées, découpées en parcelles égales et vendues à bas prix. L’Ouest devint ensuite un rêve pour les Américains et
suscita un vaste mouvement de migration («ruée vers l’or» de la Californie en 1849), facilité par le développement des
moyens de transport (routes et chemins de fer). Les Tejanos — une population mixte composée de tribus indiennes,
d'Espagnols (des militaires et leurs descendants) et de Métis — allaient rapidement subir le mépris et le racisme des
colons anglo-américains, surtout ceux qui provenaient du sud-est des États-Unis. En 1850, les historiens estiment que la
population des Tejanos hispanophones variait entre 12 000 et 25 000, contre dix fois plus d'Anglo-Américains. Au
Nouveau-Mexique, les Hispanos ont résisté plus longtemps, car ils étaient plus nombreux, soit entre 50 000 et 60 000 au
moment de l'annexion américaine. La mise en valeur de ces terres lointaines du Sud s’accéléra avec le rapide
accroissement de la main-d’œuvre et les facilités de crédit. En 1897, le président du Mexique, Porfirio Diaz, déclarait déjà
que son pays était soumis aux États-Unis: «Si loin de Dieu et si près des États-Unis.»
6 L'achat de l'Alaska
C'est le président Andrew Johnson (1829-1837) qui autorisa l'achat (signé, le 30 mars 1867, par le secrétaire d'État
William Seward). Le transfert de la colonie russe aux États-Unis intervint le 18 octobre 1867, alors que le général Dowell
H. Rousseau relevait la garnison russe à Sitka à la tête d'une petite unité de militaires américains. C'est le tsar Alexandre
II qui avait décidé de vendre le territoire aux États-Unis et avait chargé le baron Edouard de Stoeckl d'ouvrir des
négociations.
Les dirigeants américains, bien qu'à court d'argent avaient pressenti les richesses potentielles de la région, mais
comprenaient surtout la situation stratégiquement importante au nord du Pacifique et sur le continent de l'Amérique du
Nord, et ce, d'autant plus que la possession de l'Alaska présentait l'avantage d'enclaver le Canada, un territoire
britannique. Bien qu'ils se soient contentés de l'Alaska, les dirigeants américains avaient manifesté leur intérêt également
pour le Groenland, l'Islande et, bien sûr, le Canada.
Or, à l'époque, l'opinion publique américaine réagit très mal à l'achat de l'Alaska au coût de 7,2 millions de dollars: un
achat perçu comme «une folie» pour une telle «glacière». En effet, les journaux qualifièrent l’Alaska de glacière ou même
de Walrussie (du mot walrus signifiant «morse»). On parlait du «jardin aux ours polaires d'Andrew Johnson» ("Andrew
Johnson's polar bear garden"), puisqu'on considérait déraisonnable de dépenser une telle somme pour cette région
reculée. Comme le gouvernement fédéral américain ne disposait que de deux millions de dollars (sur les 7,2 millions)
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pour acheter l'Alaska, il dut emprunter le reste de la somme à la Riggs Bank dont le siège social se trouvait aux États-
Unis.
De plus, il s'agissait d'une région peu peuplée et composée en majorité d'Inuits, même si l'on y trouvait également des
cosaques, des trappeurs, des marchands, des aventuriers et des marins russes. Les relations entre les Russes et les
autochtones étaient plutôt similaires à celles que connaîtront les Américains, sauf que les Russes n'ont jamais pris de
mesures d'extermination, comme les Américains le feront plus tard. Cependant, les Russes avaient pris soin de
«convertir» les Inuits au christianisme ainsi qu'une partie des Indiens tinglit; ils ont introduit chez les autochtones les
premières bases de l'enseignement en russe et ont tenté de réduire la pratique de l'esclavage (relativement courant) chez
les autochtones.
La région de l'Alaska fut administrativement rattachée à l'Oregon jusqu'en 1884, alors qu'elle fut organisée en tant que
"district de l'Alaska". En 1890, l'Alaska comptait quelque 30 000 habitants, dont les trois quarts étaient autochtones. Au
cours de cette période, seuls des trappeurs blancs exploitèrent les richesses en gibier à fourrure, notamment en
phoques. L'exploitation aboutit au massacre massif des animaux, ce qui eut pour effet de réduire l'économie et la
subsistance des autochtones.
À la fin du XIXe siècle, la région suscita plusieurs ruées vers l’or, surtout entre 1885 et 1907. Les Indiens et les Inuits se
trouvèrent dans une situation de plus en plus inconfortable. Des villes champignons peuplées d'aventuriers blancs
surgirent un peu partout et les autochtones se virent spolier de leurs biens. De plus, la langue anglaise relégua au folklore
la langue russe et les langues autochtones.
Après que les anciennes puissances coloniales (France, Hollande, Espagne, Grande-Bretagne) eurent été écartées, il
restait encore les Indiens qui avaient des revendications sur les nouveaux territoires américains. Les autochtones avaient
réussi souvent par leurs incursions à inquiéter les agriculteurs, mais ils furent incapables de contenir le flot ininterrompu
d'immigrants qui déferla de l'est vers l'ouest. Chacun des États menait sa politique indienne qui correspondait toujours à
l'éviction des Indiens. Puisque le problème se posait à tous les États et dépassait la compétence de chacun, il relevait
nécessairement de Washington. C'est d'ailleurs l'une des attributions que la Constitution a explicitement déléguées au
gouvernement fédéral.
Le Bureau of Indian Affairs (Bureau des Affaires indiennes) finit par aboutir à la
même politique: le refoulement progressif des autochtones vers l'ouest. L'expression
couramment utilisée à l'époque pour désigner cette éviction systématique était le
«move of Indians» («déplacement des Indiens»), qui deviendra le «removal of
Indians» («déportation» ou «expulsion» des Indiens). Ces «déplacements» étaient
considérés comme nécessaires pour permettre l'ouverture de vastes territoires à
l'agriculture, au commerce, aux marchés, à l'argent, autrement dit au développement
d'une économie blanche, capitaliste et moderne, pour ne pas parler du
développement de la «civilisation».
Toutes les terres indiennes furent arpentées, cadastrées et subdivisées en parcelles de forme régulière pour être
distribuées gratuitement ou vendues à vil prix (soit 1 $ l'acre). Par la suite, d'autres autochtones, dont 22 000 Creeks, 18
000 Cherokees, 5000 Séminoles, etc., furent refoulés par des troupes fédérales encore plus dans l'Ouest jusqu'à leur
quasi-extinction. Des milliers d'Indiens moururent de maladies en cours de voyage, avant même d'atteindre leurs terres
d'exil.
Le président Andrew Jackson (1829-1837) avait toujours souhaité voir le territoire américain occupé par les colons et
s'étendre vers l'ouest sans avoir à se soucier des éventuelles guerres avec les Indiens. C'est pourquoi il avait ordonné
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l'expulsion de tous les Indiens des États du Sud-Est pour les déporter à l'ouest du Mississippi, tout en leur promettant
qu'ils pourraient vivre en paix sans être inquiétés. Son secrétaire à la Guerre, John Eaton, avait fait cette promesse
solennelle aux autochtones:
"If you will go to the setting sun there you will be happy; there [Si vous allez vers le soleil couchant, alors vous serez heureux. Là-
you can remain in peace and quietness; so long as the bas, vous pourrez vivre en paix et dans la tranquillité. Tant que les
waters run and the oaks grow that country shall be rivières couleront et que grandiront les chênes, nous vous
guaranteed to you and no white man shall be permitted to garantissons que ce pays sera le vôtre et qu'aucun Blanc ne sera
settle near you." autorisé à s'installer près de vous.]
Lorsque Martin Van Buren (1837-1841) remplaça Jackson à la présidence, la politique génocidaire à l'égard des Indiens
continua de plus bel. Le président Van Bureau avait déclaré: «Pas un État ne peut atteindre une culture, une civilisation et
un progrès dignes de ce nom, tant que l'on permettra aux Indiens d'y demeurer.»
Évidemment, tous les traités furent rompus, qu'ils aient ou non été accompagnés de
formules du type «permanent», «à jamais» ("forever"), «pour toujours» ou «aussi
longtemps que le soleil brillera» ("as long as the sun shines").
En 1850, la plupart des Amérindiens avait été refoulés dans l'Ouest, équivalant à environ la
moitié du territoire actuel des États-Unis, dans des territoires concédés... temporairement,
en attendant que les Blancs poursuivent leur marche inexorable jusqu'au Pacifique.
Les Amérindiens qui survécurent aux massacres furent concentrés («parqués») dans des réserves, le tout pour une
compensation de 15 millions de dollars. Les territoires «vendus» représentaient environ deux millions de kilomètres
carrés, ce qui signifie qu'ils furent «achetés» pour à peu près un dollar le mètre carré. La création des «réserves» avait
été pensée dans un but précis: le gouvernement américain croyait ainsi pouvoir éviter les confrontations entre les
Amérindiens et les colons blancs à propos des territoires.
Par la même occasion, il espérait sans doute confiner les autochtones dans des zones où il
serait possible de mieux les surveiller. En principe, les Indiens étaient généralement libres
de vivre à leur guise sur leurs territoires tant qu'ils restaient «pacifiques» et se comportaient
en «bons Indiens». Cependant, comme la frontière américaine progressait vers l'ouest, les
territoires indiens attirèrent les colons blancs qui estimaient que les autochtones
empêchaient leur développement. En 1865, les territoires indiens avaient déjà été
considérablement grugés. Précisons que ces réserves ne représentaient aucun intérêt
économique puisqu'il s'agissait de terres peu cultivables. Néanmoins, elles ont été
convoitées lorsque l'économie n'a plus dépendu uniquement de l'agriculture. Faisant fi des
traités, les pionniers se livrèrent à des carnages contre les Cheyennes, les Arapahos, les
Sioux, les Nez Percés, etc., ce qui équivalait à un véritable génocide.
Quant à l'armée fédérale, elle ne parvint que très rarement à maintenir l'ordre et, de toute façon, elle estimait que sa
mission consistait avant tout à défendre les Blancs. Même si les chefs militaires n'ont jamais recommandé l'extermination
des Indiens, certains officiers croyaient, comme tout le monde, que «le seul bon Indien est un Indien mort». Cette phrase
restée célèbre fut attribuée au général Philip Henry Sheridan (1831-1888), qui ne l'a sans doute jamais prononcée. En
revanche, il écrivit ces propos:
Plus nous en tuons cette année, et moins nous devrons en tuer l'année prochaine. Car plus je vois des Indiens, et plus je me
persuade qu'il faut les tuer tous ou ne les maintenir en vie que comme des spécimens de pauvreté.
Il semble cependant qu'une telle attitude de la part d'un officier soit demeurée un cas d'exception. De toute façon, la faim,
l'alcool et d'innombrables agressions accélérèrent le processus de liquidation des Amérindiens.
À la longue, les réserves indiennes perdirent de leur superficie ou furent déplacées vers
des zones moins convoitées. Au cours des années 1880, les zones réservées aux
autochtones avaient déjà été réduites à une superficie de 53,4 millions d'hectares, soit une
infime partie de ce qu'elles avaient été en 1850. Comme les Indiens arrivaient difficilement
à vivre de leurs terres, le Bureau des affaires indiennes s'efforça de leur faire adopter le
mode de vie américain. En même temps, la loi Dawes de 1887 allait autoriser l'éclatement
des réserves.
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l'homme blanc s'était rendu maître de tout le territoire actuel des États-Unis. Dorénavant, le
chemin de fer allait passer partout où l'Indien chassait jadis. La résistance amérindienne
était bel et bien terminée.
Après les actes génocidaires, suivirent les campagnes haineuses contre les langues indiennes. Dans de nombreuses
écoles américaines, les enfants indiens surpris à parleur leur langue maternelle étaient souvent battus, tournés en ridicule
ou humiliés. Pour leur plus grand bien, on leur disait d'abandonner leur langue. Même les missionnaires se mettaient de
la partie. Ainsi, Samuel Hall Young (1847-1927), un missionnaire influent en Alaska à la fin du XIXe siècle, écrivait (1899):
We should let the old tongues with their superstition and sin die Nous devrions laisser les anciennes langues mourir avec leur
- the sooner the better - and replace these languages with that superstition – et le plus tôt sera pour le mieux - et remplacer ces
of Christian civilization and compel the natives in all our langues par celle de la civilisation chrétienne, obliger les
schools to talk English and English only. Thus, we would soon autochtones dans nos écoles à parler anglais, et uniquement
have an intelligent people who would be qualified Christian anglais. Ainsi, nous aurions bientôt un peuple intelligent qualifié à
citizens. devenir des citoyens chrétiens.
Young refusa même de traduire la Bible en tlingit, alors que le conseil presbytérien le lui demandait expressément. «Il
valait mieux, disait-il, forcer les Tlingit à rechercher Dieu en anglais.» D'ailleurs, c'étaient là les directives du Bureau des
Affaires indiennes. Ainsi, on pouvait lire dans les règlements cette directives datée de 1880:
Tout enseignement doit être en anglais, sauf si la langue maternelle des élèves sert de moyen nécessaire pour transmettre la
connaissance de l'anglais, et la conversation et les communications entre les élèves et l'enseignant doivent être, autant que possible,
en anglais.
En 1884, l'ordonnance suivante a été publiée par le Département d'État pour le Bureau des Affaires indiennes en rapport
avec l'enseignement de l'anglais dans une école du Dakota:
Vous informerez, s'il vous plaît, les autorités de cette école que l'on doit apprendre la langue anglaise seulement à tout jeune Indien
placé là pour sa formation scolaire et industrielle alors qu'il est à la charge du gouvernement. Si l'on apprend le dakota ou une autre
langue à ces enfants, ils seront retirés de l'école et l'appui du gouvernement cessera.
Une autre datée du 14 décembre 1886: «À toutes les écoles gérées par des organisations missionnaires, il est exigé que
l'on donne tout l'enseignement en langue anglaise.» Le lieutenant-colonel J. D. C. Atkins, alors commissaire fédéral aux
Affaires indiennes, écrivait dans un rapport du 2 février 1887:
Apprendre aux écoliers indiens leur langue maternelle signifie pratiquement exclure l'anglais et leur empêcher de l'acquérir. Cette
langue, qui est assez bonne pour un Blanc et un Noir, doit être assez bonne pour l'Indien. La croyance d'enseigner à un jeune Indien
dans son propre dialecte barbare se fait à ses dépens. La première étape qui mène à la civilisation, en montrant aux Indiens la sottise
et la folie de leurs pratiques barbares, est de leur apprendre la langue anglaise. L'impraticabilité, voire l'impossibilité, de civiliser les
Indiens de ce pays dans une autre langue que la nôtre semble évidente, particulièrement du fait que le nombre d'Indiens
vernaculaires est même plus grand que le nombre de leurs tribus.
Mais il a été suggéré que, cette ordonnance étant obligatoire, elle porte un coup cruel aux droits sacrés des Indiens. Paraît-il cruel à
l'Indien de le forcer à renoncer à son couteau-scalpeur et à son tomahawk? Est-ce également de la cruauté que de forcer l'Indien à
abandonner la barbare et vicieuse danse du soleil au cours de laquelle il se lacère la chair, danse et se torture même jusqu'à la mort
? Est-ce de la cruauté que de forcer l'Indien à faire instruire ses filles et les marier selon les lois de la terre, au lieu de les vendre à un
jeune âge à un prix fixé pour le concubinage afin de satisfaire ses soifs brutales d'ignorance et de barbarie?
Bref, tous les rapports des fonctionnaires américains exhortèrent les autorités et les
agents locaux à enseigner uniquement l'anglais aux Indiens. Il n'existait pas d'élèves
indiens dont les cours dans une autre langue que l'anglais étaient maintenus et payés par
le gouvernement des États-Unis.
Les Amérindiens ne pourront devenir citoyens américains qu'en 1924, avec tous les droits
et les devoirs des autres citoyens. Malgré tout, encore aujourd'hui, les réserves indiennes
demeurent sous-équipées et leurs habitants comptent parmi les plus pauvres des États-
Unis, avec un taux de suicide de 72 % plus élevé que pour le reste de la population de ce
pays. En 2000, les «réserves indiennes» ne représentaient plus qu'un portion insignifiante
de ce qu'elles avaient été à l'origine.
Les conséquences linguistiques de l'expansion territoriale américaine furent déterminantes pour les peuples des
territoires conquis. En plus des langues amérindiennes, ont été liquidés le français en Louisiane et l'espagnol dans les
territoires conquis ou annexés; ces langues ont été remplacés par l'anglais qui l'a toujours emporté, car il s'est alors
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Jusque dans les années 1920, les réserves indiennes ressemblaient plus ou moins à des camps de concentration; les
autochtones devaient demander à l'intendant blanc l'autorisation de sortir ou d'entrer dans une réserve. Les Amérindiens
furent progressivement assimilés et de nombreuses langues autochtones disparurent. La langue anglaise fut reconnue
comme le facteur déterminant de développement chez les Indiens. Les missionnaires furent tenus d'enseigner l'anglais
aux jeunes Indiens des réserves sans même recourir aux langues ancestrales de ces derniers. Le Bureau des Affaires
indiennes força même quantité de jeunes à fréquenter les pensionnats de la côte ouest où ils étaient sévèrement punis
s'ils utilisaient leur langue. Bien souvent, on leur coupait les cheveux et on les réduisait aussi à l'état d'esclaves ouvriers.
Les Inuits de l'Alaska furent ignorés ou refoulés vers l'intérieur des terres, mais ils conservèrent leurs langues. Comme il
fallait s'y attendre, des dizaines de langues amérindiennes sont disparues, conformément aux voeux exprimés par la
majorité des dirigeants américains de l'époque.
Dans un rapport de 1996 de la National Clearinghouse for Bilingual Education, on apprend que 154 langues sont encore
en usage aux États-Unis et que, de ce nombre, 118 sont aujourd'hui parlées par moins de 1000 locuteurs, soit 77 %. Par
ailleurs, le linguiste Michael E. Krauss estimait en 1995 que 175 langues autochtones étaient encore parlées aux États-
Unis et que 155 d'entre elles, soit 89 %, étaient considérées comme moribondes. La plupart des jeunes Amérindiens
américains grandissent en parlant seulement en anglais et ne connaissent généralement que quelques mots de leur
langue ancestrale.
Les francophones de la Louisiane ne furent pas vraiment plus chanceux. La Louisiane fut admise au sein de l’Union, le
30 avril 1812, devenant ainsi le 18e État américain.
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Parmi les 155 articles constitutionnels, il n'était fait mention nulle part de la langue des tribunaux. En somme, les Yankees
ont imposé l'anglais aux Louisianais blancs parce qu'ils avaient pris parti pour le Sud, aux Acadiens parce qu'ils n'avaient
pas osé prendre parti pour le Nord et aux Noirs francophones pour les rendre aptes à bien s'intégrer au melting pot
américain. La répression du Nord contre le Sud a pris, en Louisiane (autrement dit en «pays cadien»), un tour anti-
français.
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Une fois devenus américains, le Texas, la Californie, l’Utah, le Nevada, l’Arizona et le Nouveau-Mexique devinrent très tôt
officiellement anglophones, bien que l'ensemble de la population ait continué à parler l'espagnol dans la vie quotidienne.
Par exemple, la Constitution de 1849 de la Californie protégeait l'espagnol et permettait la publication bilingue des lois
promulguées par le nouvel État. Mais, dès 1851, l'État avait imposé l'unilinguisme anglais dans les contrats d'achat de
terre. Puis, en 1878, des modifications à la Constitution de la Californie supprimèrent l'espagnol:
Article IV Article 4
All laws of the State of California, and all official writings, and the Toutes les lois de l'État de la Californie et tous les documents
executive, legislative, and judicial proceedings shall be conducted, officiels ainsi que les procédures exécutives, législatives et
preserved, and publishing in no other than the English language. judiciaires ne sont formulés, consignés et publiés qu'en anglais.
Dans tous les États du Sud, les écoles cessèrent progressivement d'enseigner l'espagnol pour passer à l'anglais. Pour
les Blancs anglophones de l'époque, c'était simple: l'espagnol était devenu tout à fait inutile, alors que les Mexicanos
avaient eu amplement le temps d'apprendre l'anglais depuis trente ans... Pourtant, plusieurs autres États américains de
l'époque publiaient leurs lois dans plus d'une langue. Dans l'État du Michigan, les lois étaient publiées en anglais, en
allemand et en français; en anglais, en allemand et en norvégien dans le Wisconsin; en anglais et en allemand en
Pennsylvanie, en anglais et en français en Louisiane. Puis les autorités de chacun des États du Sud adoptèrent l'anglais
dans leurs affaires internes. Ils estimaient que leur État devait correspondre à un gouvernement anglophone et que les
individus demeurant incapables de parler l'anglais n'étaient certainement pas compétentes pour occuper des postes dans
la fonction publique. Tous ces États auraient pu adopter officiellement le bilinguisme, mais ce n'est pas ce qui s'est passé:
les colons anglo-américains déjà installés dans la région ont tout fait pour évincer l'espagnol. Cette langue était
considérée comme «inférieure» par rapport à l'anglais parce qu'elle était parlée par des Métis.
Il y a eu aussi le fait que beaucoup d'Américains ont craint pour l'originalité et la pureté de la «race». Le rouleau
compresseur de l'anglais fit son œuvre d'uniformisation et la langue espagnole des premiers habitants fut confinée à la
maison. En réalité, les Américains firent preuve de xénophobie et de mépris à l'égard de toutes les populations de langue
espagnole. Régulièrement, les réactions «nativistes» réapparaîtront au cours de l'histoire, surtout devant la «menace
hispanique». Les populations hispanophones des territoires annexés furent complètement évincées par les nouveaux
venus qui s'approprièrent tous les leviers politiques et économiques, propulsant les Mexicanos (Tejanos, Californios et
Hispanos) vers un déclin et une acculturation inéluctables. À la fin du siècle, la plupart des Américano-Mexicains avaient
déjà perdu leurs terres et étaient tous relégués au statut de minorité méprisée et discriminée par les Anglo-Américains.
Cependant, ces derniers allaient récupérer, en l'embellissant, le passé mexicain «exotique» par des fêtes «mexicaines»,
une architecture «mexicaine» ainsi que dans la littérature régionale.
Au cours de la décennie 1790 à 1800, quelque 50 000 Européens ont émigré aux États-Unis. De 1800 à 1810, environ 70
000; de 1810 à 1820, quelque 115 000. À partir de 1832, le rythme annuel est de l'ordre de 60 000. Il dépasse les 100
000 après 1842 pour atteindre près de 400 000 au début des années cinquante et redescendre ensuite entre 15 000 et
200 000. Près de 200 000 nouveaux immigrants, surtout des Irlandais et des Allemands, arrivèrent chaque année entre
1820 et 1850. Au total, on compte cinq millions d'immigrants de 1815 à 1860, dont 2,7 millions provenaient des îles
britanniques et 1,5 million d'Allemagne, des pays scandinaves et des Pays-Bas. Les immigrants préférèrent les villes aux
campagnes et contribuèrent à accélérer l'urbanisation aux États-Unis. Des villes telles que New York, Chicago,
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Cincinnati, Milwaukee, Detroit, San Francisco, etc., regroupèrent jusqu'à 50 % d'Américains nés à l'étranger. Si certaines
communautés ont pu se concentrer dans des quartiers et vivre en vase clos, la plupart se sont mêlées à l'ensemble et se
sont fondues dans l'anglo-américain.
La découverte de l'Ouest américain entraîna de grands déplacements dans la population. Entre 1810 et 1830, plus de
deux millions d'Américains se déplacèrent d'est en ouest. De 1830 à 1840, la population de l'Indiana doubla; celle de
l'Illinois tripla. En 1840, quelque 6,4 millions d'Américains habitaient déjà à l'ouest des Appalaches. Et ce ne sont surtout
pas les immigrants qui furent responsables du peuplement de l'Ouest. Ce sont avant tout les Américains eux-mêmes qui
se déplacèrent vers cette région, sur des distances généralement assez courtes, d'État en État. Ensuite, l'accroissement
naturel de la population fit le reste. Au cours de cette période, l'immigration dans l'ensemble des États-Unis provint
essentiellement de l'Europe, phénomène qui portait déjà les germes de l'Amérique anglocentrique.
(7) L'Amérique
(6) L'Amérique (8) La superpuissance
multiculturelle
eurocentrique et l'expansion de (9) Bibliographie
(1960 jusqu'à nos
(1865-1960) l'anglais
jours)
L'Amérique du Nord
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