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Ludwig Wittgenstein
Introduction au « Tractatus logico
philosophicus »
2004
Copyright
© Presses Universitaires de France, Paris, 2015
ISBN numérique : 9782130636472
ISBN papier : 9782130533344
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Présentation
Il importe de comprendre le point de départ de la philosophie
de Wittgenstein, celle exprimée dans le Tractatus. Cette
introduction est une présentation de l'ensemble des sujets
abordés dans ce livre à partir de son contexte, c'est-à-dire de
travaux de Frege et de Russell : questions d'ontologie, d'analyse
du langage, de logique mathématique et d'éthique ainsi que
celle du statut de la métaphysique.
Ta b l e d e s ma t i è re s
Introduction
L’analyse de la proposition
Problèmes ontologiques
Bibliographie
Introduction
pour Rx : « x est l’actuel roi de France » ; Cx : « x est chauve ».
L’énoncé affirme donc trois choses : qu’il existe au moins un
individu qui est l’actuel roi de France, qu’il existe au plus un
individu qui est l’actuel roi de France et que cet individu
possède la propriété d’être chauve. Puisqu’il n’y a pas d’individu
qui soit l’actuel roi de France, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de x tel
qu’ « Il y a un et un seul x qui est l’actuel roi de France et cet x
est chauve », alors l’énoncé « L’actuel roi de France est chauve »
est, selon l’analyse de Russell, tout simplement faux et non pas
dénué de valeur de vérité. On notera que la paraphrase montre
que les descriptions définies ne sont qu’en apparence des
termes singuliers. La grammaire superficielle de notre langage
masque donc le fait que les descriptions définies ne sont que
des « symboles incomplets » ; ceux-ci ne renvoient à rien de par
eux-mêmes car ils ne peuvent dénoter quelque chose qu’à
l’intérieur d’un énoncé complet.
Encore une fois, il n’est pas nécessaire de discuter plus avant
cette théorie des descriptions définies [8] , quoique plusieurs
conséquences de celle-ci deviennent importantes dans ce qui
suit. Ce qu’il faut retenir pour l’instant, c’est l’idée de Russell
selon laquelle la forme grammaticale des langages naturels
masque la forme logique de la proposition [9] . (Frege parlera,
dans un de ses derniers manuscrits, du travail du philosophe
comme d’un « combat avec la langue » [10] .) Cette idée est reprise
par Wittgenstein, pour qui la « méfiance » envers la grammaire
est une exigence nécessaire à tout travail en philosophie (NL, p.
106) :
Toute théorie des types doit être rendue superflue par une
théorie adéquate du symbolisme. Si j’analyse la proposition
Socrate est mortel en Socrate, mortalité et (Ǝx, y) ε1(x,y), je
veux une théorie des types qui me dise que « Mortalité est
Socrate » est un non-sens parce que si je traite « Mortalité »
comme un nom propre (ce que je viens de faire) il n’y a rien
qui m’empêche de faire la substitution à l’envers….
(CL, p. 24-25)
Les objets possèdent donc leur propre forme mais sans pour
autant posséder par là une certaine complexité, puisque
« l’objet est simple » (2.02). Deuxièmement, les éléments du
symbolisme dont on pourrait penser qu’ils « tiennent lieu »
(vertreten) des formes ne le font pas :
Notes du chapitre
[1] ↑ Ma lecture s’oppose donc par principe aux lectures « fregéennes » du
Tractatus comme celle, par exemple, de Peter Carruthers, Tractarian Semantics.
Finding Sense in Wittgenstein’s Tractatus, Oxford, Blackwell, 1989. Elle s’oppose aussi
aux récentes lectures américaines du Tractatus, dont l’unique but est de montrer
que Wittgenstein n’avait pas pour intention de proposer une nouvelle théorie de la
logique dans la lignée de celles de Frege et de Russell mais plutôt de montrer, dans
une approche foncièrement destructrice, que toute tentative de ce genre ne peut
aboutir que dans la production de non-sens. (Ce serait là le sens des dernières
phrases du Tractatus.) L’origine de cette approche se trouve dans C. Diamond,
« Throwing Away the Ladder », dans The Realistic Spirit, Cambridge, Mass., MIT Press,
1991, p. 179-204 ; pour un exposé détaillé, cf. M. B. Ostrow, Wittgenstein’s Tractatus. A
Dialectical Interpretation, Cambridge, Cambridge University Press, 2002.
[2] ↑ G. Frege, « Sens et dénotation », dans Écrits logiques et philosophiques, op. cit.,
p. 102-125.
[3] ↑ B. Russell, « La philosophie de l’atomisme logique », dans Écrits de logique
philosophique, op. cit., p. 338.
[4] ↑ Cf. D. Laurier, Introduction à la philosophie du langage, op. cit., p. 210-212.
[5] ↑ Pour une introduction concise à la théorie de l’image dans l’ensemble de
l’œuvre de Wittgenstein, cf. J. Bouveresse, « “Le tableau me dit soi-même…” La
théorie de l’image dans la philosophie de Wittgenstein », Macula, 5/6, 1979, p. 150-
164.
[6] ↑ Cf. P. Simons, « Wittgenstein and the Semantics of Combination », dans R.
Chisholm, J. C. Marek, J. T. Blackmore, A. Hübner (dir.), Philosophy of Mind/Philosopy
of Psychology, Vienne, Hölder-Pichler-Tempsky, 1985, p. 446-449.
[7] ↑ B. Russell, Problèmes de philosophie, Paris, Payot, 1989.
[8] ↑ B. Russell, Essais philosophiques, Paris, PUF, 1997, p. 214.
[9] ↑ B. Russell, Problèmes de philosophie, op. cit., p. 33.
[10] ↑ Id.
[11] ↑ B. Russell, « The Relation of Sense-Data to Physics », dans Mysticism and
Logic, Londres, Allen & Unwin, 1986, p. 149.
[12] ↑ Ibid., p. 80-81. Ce principe est déjà mis en place dès 1905, dans l’article « De la
dénotation », op. cit., p. 217.
[13] ↑ Ce qui n’est pas sans rappeler la dualité réduction/constitution chez Husserl.
Sur les nombreux parallèles entre les programmes de Russell et de Husserl, cf. J.
Hintikka, « The Phenomenological Dimension », dans B. Smith et D. Woodruff Smith
(dir.), The Cambridge Companion to Husserl, Cambridge, Cambridge University Press,
1995, p. 78-105.
[14] ↑ B. Russell, Problèmes de philosophie, op. cit., p. 81.
[15] ↑ Id.
[16] ↑ B. Russell, « Meinong’s Theory of Complexes and Assumptions », Mind, vol.
13, 1904, p. 204-217, 336-354 et 509-524. Les textes de Meinong que discute Russell ne
sont pas disponibles en français, cependant, cf. A. Meinong, Théorie de l’objet et
présentation personnelle, Paris, Vrin, 1999.
[17] ↑ Pour la définition d’ « objectif », cf. A. Meinong, Théorie de l’objet et pré-
tentation personnelle, op. cit., p. 69-70.
[18] ↑ L’allemand bestehen, que je traduis ici par « subsister », sera repris par
Wittgenstein dans le Tractatus logico-philosophicus. On ne peut pas savoir si
Wittgenstein a lu Meinong mais il semble évident qu’il connaissait les textes de
Russell où celui-ci discute des travaux de Meinong.
[19] ↑ Ibid., p. 524.
[20] ↑ B. Russell, « De la dénotation », op. cit., p. 207.
[21] ↑ B. Russell, « De la nature du vrai et du faux », dans Essais philosophiques,
Paris, PUF, 1997, p. 210.
[22] ↑ Ibid., p. 214.
[23] ↑ Cf. S. Sommerville, Types, Categories and Significance, thèse de doctorat,
Université McMaster, section C, appendice A.
[24] ↑ Cf. G.-J. Lokhorst, « Ontology, Semantics and Philosophy of Mind in
Wittgenstein’s Tractatus : A Formal Reconstruction », Erkenntnis, vol. 29, 1988, p. 53-
64.
[25] ↑ B. Russell, Theory of Knowledge. The 1913 Manuscript, London, Allen &
Unwin, 1984 ; trad. franç. : Théorie de la connaissance. Le manuscrit de 1913, Paris,
Vrin, 2002.
[26] ↑ Cf. S. Sommerville, Types, Catégories and Significance, op. cit., et
« Wittgenstein to Russell (July 1913). “I am very sorry to hear ; my objection
paralyses you” », dans R. Haller et W. Grassl (dir.), Language, Logic and Philosophy,
Vienne, Hölder-Pichler-Tempsky, 1980, p. 182-188 ; N. Griffin, « Wittgenstein’s
Criticism of Russell’s Theory of Judgement », Russell : The Journal of the Bertrand
Russell Archives, vol. 5, 1985-1986, p. 132-145 ; D. J. Hyder, The Mechanics of Meaning.
Propositional Content and the Logical Space of Wittgenstein’s Tractatus, Berlin, de
Gruyter, 2002.
[27] ↑ B. Russell, Principles of Mathematics, Londres, Allen & Unwin, 1903 ; trad.
franç. partielle dans B. Russell, Écrits de logique philosophique, op. cit., p. 1-218 ; p. 3.
[28] ↑ A. N. Whitehead et B. Russell, Principia Mathematica, op. cit., vol. 1.
L’objection de Wittgenstein s’articule autour d’une variante de la proposition *13.3
(p. 172).
[29] ↑ « Letters by F. P. Ramsey », dans L. Wittgenstein, Letters to C. K. Ogden,
Oxford/Londres, Blackwell/Routledge & Kegan Paul, 1973, p. 78.
[30] ↑ B. Russell, Autobiography, Londres, Routledge, 1998, p. 282.
[31] ↑ David Pears a présenté ses analyses dans de nombreux articles, dont « The
Relation between Wittgenstein’s Picture Theory of Propositions and Russell’s
Theories of Judgment », dans C. G. Luckhardt (dir.), Wittgenstein. Sources and
Perspectives, Hassock, The Harvester Press, 1979, p. 190-212. Les grandes lignes de
son interprétation sont reprises dans D. Pears, La pensée-Wittgenstein, Paris, Aubier,
1993.
Langage, monde et pensée
Ce que je fais avec les mots de la langue (en tant que je les
comprends) est exactement la même chose que ce que je fais
avec les signes d’un calcul : j’opère avec eux.
(WCV, p. 149)
Notes du chapitre
[1] ↑ Sur cette question les commentateurs sont divisés en deux camps : d’un côté,
Max Black, Erik Stenius et David Pears souscrivent à la primauté du monde. Cf. M.
Black, A Companion to Wittgenstein’s Tractatus, Ithaca, Cornell University Press,
1964 ; E. Stenius, Wittgenstein’s Tractatus. A Critical Exposition of the Main Lines of
Thought, Oxford, Blackwell, 1960 ; D. Pears, La pensée-Wittgenstein, op. cit. De
l’autre, Hidé Ishiguro, Brian McGuinness et Peter Winch souscrivent à une forme
d’autonomie du langage par rapport au monde. Cf. H. Ishiguro, « Use and Reference
of Names », dans P. Winch (dir.), Studies in the Philosophy of Wittgenstein, Londres,
Routledge & Kegan Paul, 1969, p. 20-50, et « Can the World Impose Logical Structure
to Language ? », dans R. Haller et J. Brandl (dir.), Wittgenstein – Towards a Re-
Evaluation. Proceedings of the 14th International Wittgenstein – Symposium, vol. 1,
Vienne, Hölder-Pichler-Temspky, 1990, p. 21-34 ; B. F. McGuinness, « The So-Called
Realism of Wittgenstein’s Tractatus », dans I. Block (dir.), Perspectives on the
Philosophy of Wittgenstein, Oxford, Blackwell, 1981, p. 60-73, et « Language and
Reality in the Tractatus », Teoria, vol. 5, 1985, p. 135-144 ; P. Winch, « Language,
Thought and World in Wittgenstein’s Tractatus », dans Trying to Make Sense, Oxford,
Blackwell, 1987, p. 3-17.
[2] ↑ F. Latraverse, « Signe, proposition, situation : éléments pour une lecture du
Tractatus logico-philosophicus », Revue internationale de philosophie, n° 219, 2002, p.
125-140.
[3] ↑ Cf. J. Bouveresse, « Les origines fregéennes de la distinction entre ce qui « se
dit » et ce qui « se voit » dans le Tractatus logico-philosophicus de Wittgenstein »,
dans Recherches sur la philosophie et le langage, Université de Grenoble, 1981, p. 17-
54 ; P. Geach, « Saying and Showing in Frege and Wittgenstein », dans J. Hintikka
(dir.), Essays in Honour of G. H. von Wright, Acta Philosophica Fennica, vol. 28, 1976,
n. 1-3, p. 54-70.
[4] ↑ E. Husserl, Recherches logiques, t. 2, Paris, PUF, 1969, p. 43.
[5] ↑ P. M. S. Hacker, « Naming, Thinking and Meaning in the Tractatus »,
Philosophical Investigations, vol. 22, 1999, p. 131.
[6] ↑ E. Husserl, Recherches logiques, op. cit., t. 2, deuxième partie, p. 161.
[7] ↑ Ce qu’indique une note en bas de page ajoutée à la deuxième édition, où
Husserl annonce : « Depuis lors, j’ai appris à le trouver ! »
[8] ↑ F. Latraverse, « Signe, proposition situation : éléments pour une lecture du
Tractatus logico-philosophicus », op. cit., p. 130.
[9] ↑ N. Malcolm, Nothing is Hidden. Wittgenstein’s Criticisms of his Early Thought,
Oxford. Blackwell, 1986, p. 67. Ce genre de position est critiqué dans S. Gandon,
Logique et langage. Études sur le premier Wittgenstein, Paris, Vrin, 2002, chap. III.
[10] ↑ J. Fodor, The Language of Thought, Hassocks, Harverster Press, 1976, p. 79. Sur
les théories idéationnistes, cf. D. Laurier, Introduction à la philosophie du langage,
op. cit., p. 17-25.
[11] ↑ En effet, Malcolm et Hacker assimilent la conception du Tractatus à celle
critiquée dans un passage bien connu du Cahier bleu. Cf. L. Wittgenstein, Le cahier
bleu et le cahier brun, Paris, Gallimard, 1996, p. 40 ; N. Malcolm, Nothing is Hidden,
op. cit, p. 76 ; P. M. S. Hacker, « Naming, Thinking and Meaning in the Tractatus, op.
cit., p. 132.
[12] ↑ F. Latraverse, « Signe, proposition, situation : éléments pour une lecture du
Tractatus logico-philosophicus », op. cit., p. 136.
[13] ↑ Pour l’opinion contraire, cf. P. M. S. Hacker, Mind and Will, Oxford,
Blackwell, 1996, p. 25.
[14] ↑ J’ai mis en valeur le rôle central de la notion d’opération au chap. 2 de mon
livre, Wittgenstein, Finitism and the Foundations of Matthematics, Oxford,
Clarendon Press, 1998, et dans mes articles « Operations and Numbers in the
Tractatus », Wittgenstein Studien, vol. 2, 2000, p. 105-123 ; « Qu’est-ce que
l’inférence ? Une relecture du Tractatus logico-philosophicus », Archives de
philosophie, vol. 64, 2001, p. 545-567.
[15] ↑ L’idée que les « pensées » peuvent être comprises à la fois comme des actes et
comme faits est due à H. Kannisto, Thoughts and their Subject. A Study of
Witgenstein’s Tractatus, Acta Philosophica Fennica, vol. 40, 1986, p. 99.
L’analyse de la proposition
1.11 – Le monde est déterminé par les faits, et par ceci que ce
sont tous les faits.
1.12 – Car la totalité des faits détermine ce qui est le cas et
aussi tout ce qui n’est pas le cas.
(avec « B » pour « balai » et « C » pour « se trouve dans le coin »).
Ce n’est pas le cas pour Wittgenstein, pour qui un « complexe ne
peut être donné que par sa description » (3.24) ; « balai » n’est
donc pas un nom mais une description d’un complexe,
complexe qui doit être décomposé par un procédé qui sera itéré
autant de fois que nécessaire afin d’atteindre le niveau des
simples. Donc, plutôt que de déplacer le sujet à la position de
prédicat, Wittgenstein le remplace par d’autres sujets.
Parmi les nombreuses conséquences de cette conception de
l’analyse, je n’en retiendrai qu’une. Il va de soi que la
signification des phrases du langage ordinaire ne correspond
pas à leur version « complètement analysée » ; si je dis « Cette
montre n’est pas dans le tiroir », il se peut que je ne sache rien
de son mécanisme et donc que je ne signifiais pas par
« montre » un complexe qui contient des roues, etc.
Wittgenstein a abordé cette question dans ses Carnets :
Si je dis par exemple que cette montre n’est pas dans le tiroir,
il n’est nullement nécessaire qu’il s’ensuive logiquement
qu’une certaine roue de la montre n’est pas dans le tiroir, car
je ne savais peut-être pas le moins du monde que cette roue
était dans la montre et ne pouvait par conséquent signifier
par « cette montre », un complexe comprenant cette roue.
(C, p. 127)
Notes du chapitre
[1] ↑ Sur l’ « analyse » dans le Tractatus, cf. J. Griffin, Wittgenstein’s Logical
Atomism, Oxford, Oxford University Press, 1964, chap. VI ; P. Simons, « The Old
Problem of Complex and Fact », rééd. dans Philosophy and Logic in Central Europe
from Bolzano to Tarski ; Dordrecht, Kluwer, 1992, p. 319-338.
[2] ↑ B. Russell, Principles of Mathematics, op. cit., § 439. Dans ce passage, Russell
prend pour exemple l’analyse de l’espace en points, ce que critiquera Wittgenstein,
cf. (NL, p. 93).
[3] ↑ Cependant, pour Leibniz le complexe ou composé n’est qu’un « amas ou
aggregatum de simples ». Cf. G. W. Leibniz, La monadologie, édition par E. Boutroux,
Paris, Delagrave, 1978, p. 141-142. Pour Wittgenstein, les complexes ne peuvent pas
être qu’un « amas » mais doivent être structurés.
[4] ↑ A. Maslow, A Study of Wittgenstein’s Tractatus, Los Angeles, University of
California Press, 1961, p. 38-40 ; E. Stenius, Wittgenstein’s Tractatus, op. cit., p. 84-85.
[5] ↑ Depuis le livre de Stenius (Wittgenstein’s Tractatus, op. cit., chap. XI), on a
beaucoup parlé des parallèles entre Wittgenstein et Kant. En fait, ceux-ci se
réduisent pour l’essentiel au fait que ces deux philosophes veulent limiter les
sphères de la science (4.113) et de la philosophie, celle-ci étant conçue comme une
« activité » ayant pour but de limiter les excès de la métaphysique (4.112, 6.53). Il ne
faut cependant pas oublier que la critique de la métaphysique chez Wittgenstein
peut être vue comme procédant en droite ligne de la tradition viennoise de
philosophie des sciences, de Carl Menger à Ludwig Boltzmann, qui n’est pas très
« kantienne », et il ne faut pas exagérer de tels parallèles au détriment des aspects
carrément anti-kantiens de la pensée de Wittgenstein, de son ontologie réaliste à son
éthique stoïcienne. Cf. H. Visser, « Wittgenstein as a Non-Kantian Philosopher »,
dans E. Morscher et R. Stranzinger (dir.), Ethics. Foundations, Problems, and
Applications, Vienne, Hölder-Pichler-Tempsky, 1981, p. 399-405. Jaakko Hintikka a lui
aussi noté un aspect kantien chez Wittgenstein, lié à sa conception du langage
comme médium universel selon laquelle on ne peut pas « sortir » du langage pour
en parler « de l’extérieur ». Wittgenstein disait lui-même : « La limite du langage se
montre dans l’impossibilité de décrire le fait qui correspond à une proposition (qui
est sa traduction) sans, justement, répéter la proposition. (Nous avons affaire ici à la
solution kantienne du problème de la philosophie) » (L. Wittgenstein, Remarques
mêlées, Mauvezin, TER, 1984, p. 20). Le raisonnement qui mène Wittgenstein a une
telle conclusion, à vrai dire plus néo-kantienne que kantienne, ne repose cependant
pas sur des prémisses kantiennes et il ne semble donc pas approprié de parler de
« kantisme ».
[6] ↑ P. M. S. Hacker, Insight and Illusion. Themes in the Philosophy of Wittgenstein,
2e éd., Oxford, Clarendon Press, 1986, p. 58.
[7] ↑ Il y a pourtant une solution simple à ce problème, cf. M. B. Hintikka et J.
Hintikka, Investigations sur Wittgenstein, Liège, Mardaga, 1991, chap. 5, § 3.
[8] ↑ J. Griffin, Wittgenstein’s Logical Atomism, op. cit., p. 41-42.
[9] ↑ A. N. Whitehead et B. Russell, Principia Mathematica, vol. 1, op. cit., p. 44.
[10] ↑ Cf. P. M. S. Hacker, Insight and Illusion, op. cit., p. 58.
[11] ↑ N. Malcolm, Notbing is Hidden, op. cit., p. 27.
[12] ↑ En particulier dans l’important article : H. Ishiguro, « Use and Reference of
Names », op. cit.
[13] ↑ Ibid., p. 20.
[14] ↑ Ibid., p. 34-35 et 41.
[15] ↑ B. McGuinness, « The So-Called Realism of Wittgenstein’s Tractatus », op. cit.,
p. 66-67.
[16] ↑ Ibid., p. 73.
[17] ↑ Là-dessus, Ishiguro a raison, les élucidations ne peuvent pas être des
définitions par ostension ; cf. H. Ishiguro, « Use and Reference of Names », op. cit., p.
33. Cependant, elle considère les élucidations comme des propositions qui spécifient
les propriétés internes des objets ce qui ne peut pas être le cas puisque cela
impliquerait l’usage d’un concept formel comme s’il s’agissait d’un concept matériel.
De surcroît, cela impliquerait que toute proposition serait une élucidation de ses
constituants.
[18] ↑ A. N. Whitehead et B. Russell, Principia Mathematica, op. cit., vol. 1, p. 91.
Problèmes ontologiques
3.1432 – Non pas : « Le signe complexe aRb dit que a est dans
la relation R avec b », mais bien : que « a » soit dans une
relation déterminée avec « b » dit que aRb.
2.0131 – […] Une tache dans un champ visuel n’a certes pas
besoin d’être rouge, mais elle doit avoir une couleur […] Le
son doit avoir une hauteur, la sensation tactile une dureté,
etc.
Notes du chapitre
[1] ↑ Cf., par exemple, l’incohérence trouvée par Fogelin aux 2.04, 2.06 et 2.063.
Prises ensemble, ces remarques impliquent que la totalité des états de choses
existants est équivalente à l’ensemble formé de l’existence et de la non-existence
d’états de choses. Cf. R. Fogelin, Wittgenstein, 2e éd., Londres, Routledge, 1987, p. 13.
[2] ↑ N. Malcolm, « Ludwig Wittgenstein », op. cit., p. 411 (traduction modifiée).
[3] ↑ Il ne faut pas oublier dans ce contexte que, lorsqu’il fut étudiant de Russell à
Cambridge avant la guerre, Wittgenstein poursuivait aussi des études de
psychologie ; il fit même un rapport de ses travaux sur la perception du rythme à la
British Psychological Society en 1912. Malheureusement, presque aucune trace de
ses travaux ne nous est parvenue. (La réflexion de Wittgenstein sur la musique
n’était jamais loin de ses préoccupations en logique, comme en témoigne cette
remarque de 1915 : « Les thèmes musicaux sont en un certain sens des propositions.
La connaissance de la nature de la logique conduira par là à la connaissance de la
nature de la musique » (C, p. 86).) L’intérêt de Wittgenstein pour la perception des
sons pourrait laisser croire que lorsqu’il parle de l’application de la logique, il a en
tête des enquêtes empiriques analogues aux siennes.
[4] ↑ La traduction de ces termes en anglais a fait couler beaucoup d’encre. Cf. la
discussion détaillée par Max Black dès 1964, dans A Campanion to Wittgenstein’s
Tractatus, op. cit., p. 39-45. Les avis sont encore une fois partagés, entre les tenants
de la traduction Ramsey-Ogden par atomic fact ou « fait atomique » (cf. G. E. M.
Anscombe, An Introduction to Wittgenstein’s Tractatus, 4e éd., Londres, Hutchinson,
1971, p. 30) et les tenants de la traduction McGuinness-Pears par state of affairs ou
« états de choses » (cf. en particulier, E. Stenius, Wittgenstein’s Tractatus, op. cit., p.
29-37 ; P. Simons, « The Old Problem of Complex and Fact », op. cit., p. 331-335).
[5] ↑ Je traduis ici l’allemand « bestehen » par « exister » mais on pourrait aussi
accorder la terminologie avec celle de Meinong et traduire dans ce passage par
« subsister ».
[6] ↑ L’expression n’est pas de Wittgenstein, elle est tirée de K. Mulligan, P. Simons,
B. Smith, « Truth-Makers », Philosophy and Phenomenological Research, vol. 44, 1984,
287-321.
[7] ↑ Cette interprétation ne peut être discutée plus avant, faute d’espace. Elle
s’oppose entre autres à celle de P. Carruthers, Tractarian Semantics, op. cit et elle n’a
que deux antécédents, P. Simons, « Tractatus logico-philosophicus », dans J.-P.
Leyvraz et K. Mulligan, Wittgenstein analysé, Nîmes, Jacqueline Chambon, 1993, p.
16-32 ; p. 21-22 et, surtout, J. Plourde, Nécessité, possibilité et contingence dans le
Tractatus logico-philosophicus. Essai d’une reconstruction de la théorie
wittgensteinienne des modalités, thèse de doctorat, Université de Genève. À celui-ci je
dois les idées centrales de ce passage.
[8] ↑ D. Hyder et T. Lampert montré l’origine de cette notion dans les travaux de
Helmholtz. Cf. D. J. Hyder, The Mechanics of Meaning. Propositional Content and the
Logical Space of Wittgenstein’s Tractatus, op. cit. ; T. Lampert, Wittgensteins
Physicalismus : Die Sinnesdatenanalyse des Tractatus Logico-Philosophicus in ihrem
historischen Kontext, Paderborn, Mentis, 2000.
[9] ↑ Selon Copi et Anscombe, les simples du Tractatus ne peuvent être que des
particuliers. Cf. I. M. Copi, « Objects, Properties, and Relations in the Tractatus »,
Mind, vol. 67, 1958, p. 145-165 ; G. E. M. Anscombe, An Introduction to Wittgenstein’s
Tractatus, op. cit., p. 98 sq. Leurs arguments ont été réfutés, selon moi de façon
convaincante, par Allaire, Stenius, Maury et les Hintikka. Cf. E. B. Allaire, « The
Tractatus : Nominalistic or Realistic ? », réimpression dans I. M. Copi et R. W. Beard,
Essays on Wittgenstein’s Tractatus, New York, MacMillan, 1966, p. 325-341 ; E. Stenius,
Wittgenstein’s Tractatus, op. cit. ; A. Maury, The Concepts of Sinn and Gegenstand in
Wittgenstein’s Tractatus, Acta Philosophica Fennica, vol. 29, n. 4, 1977, part II ; M. B.
Hintikka et J. Hintikka, Investigations sur Wittgenstein, op. cit., chap. 2. Sébastien
Gandon propose cependant une interprétation plus proche de celle de Copi, qu’il
interprète comme insistant avant tout sur l’inhérence de la forme aux objets. Cf. S.
Gandon, Logique et langage. Études sur le premier Wittgenstein, op. cit., p. 65-66.
[10] ↑ I. M. Copi, « Objects, Properties, and Relations in the Tractatus », op. cit., p.
155-156.
[11] ↑ Cf. G. Frege, Écrits logiques et philosophiques, op. cit., p. 85.
[12] ↑ A. Maury, The Concepts of Sinn and Gegenstand in Wittgenstein’s Tractatus,
op. cit., p. 96.
[13] ↑ J. Griffin, Wittgenstein’s Logical Atomism, op. cit., p. 60.
[14] ↑ P. M. S. Hacker, Insight and Illusion, op. cit., p. 65.
[15] ↑ Dans sa version originale, chez Carnap, cette thèse porte sur les concepts :
dans toute proposition portant sur un concept, celui-ci peut être représenté par son
extension, que ce soit une classe ou une relation. Cf. R. Carnap, Der logische Aufbau
der Welt, Berlin, Weltkreis Verlag, 1928, p. 57. L’expression « thèse d’extensionalité »
a par la suite désigné la thèse selon laquelle toute proposition est une fonction de
vérité de propositions élémentaires qui sont fonctions de vérité d’elles-mêmes. Pour
l’attribution de cette thèse à Wittgenstein, cf. D. Favrholdt, An Interpretation and
Critique of Wittgenstein’s Tractatus, Copenhague, Munksgaard, 1967, p. 11. Pour un
exposé de l’aspect « extensionnel » du Tractatus, cf. P. Frascolla, Tractatus Logico-
Philosophicus. Introduzione alla lettura, Rome, Carocci, 2000, chap. 4.
[16] ↑ Cf. A. Maury, The Concepts of Sinn and Gegenstand in Wittgenstein’s
Tractatus, op. cit., part I ; G. H. von Wright, « La logique modale et le Tractatus »,
dans Wittgenstein, Mauvezin, TER, 1986, p. 195-214.
[17] ↑ Cf. R. Bradley, The Nature of All Being. A Study of Wittgenstein’s Modal
Atomism, Oxford, Oxford University Press, 1992 ; L. Goddard et B. Judge, The
Metaphysics of Wittgenstein’s Tractatus, Australasian Journal of Philosophy.
Monograph Series, vol. 1, 1982.
[18] ↑ G. E. M. Anscombe, An Introduction to Wittgenstein’s Tractatus, op. cit., chap.
1.
[19] ↑ J. Griffin, Wittgenstein’s Logical Atomism, op. cit., p. 101.
[20] ↑ Cf. H. Hertz, Prinzipien der Mechanik, op. cit., chap. 1.
[21] ↑ Pour d’autres analyses allant dans le même sens, cf. M. B. Hintikka et J.
Hintikka, Investigations sur Wittgenstein, op. cit. ; D. J. Hyder, The Mechanics of
Meaning. Propositional Content and the Logical Space of Wittgenstein’s Tractatus, op.
cit. ; T. Lampert, Wittgensteins Physicalismus : Die Sinnesdatenanalyse des Tractutus
Logico-Philosophicus in ihrem histortichen Kontext, op. cit.
[22] ↑ L. Wittgenstein, Letters to C. K Ogden, op. cit., p. 59.
[23] ↑ N. Malcolm, Nothing is Hidden, op. cit., p. 8-9.
[24] ↑ P. Frascolla, Tractatus Logico-Philosophicus. Introduzione alla lettura, op.
cit., p. 107.
[25] ↑ M. B. Hintikka et J. Hintikka, Investigations sur Wittgenstein, op. cit., chap. 3,
§ 13.
[26] ↑ Ibid., chap. 3, en particulier § 7.
L’opération : logique et
arithmétique
Wittgenstein la réécrit :
Notes du chapitre
[1] ↑ Pour des raisons que Sébastien Gandon a très bien vues, on ne peut pas parler
de « sémantique » chez Wittgenstein au sens où on l’entend de nos jours. Cf. S.
Gandon, Logique et langage. Études sur le premier Wittgenstein, op. cit., p. 35 sq. De
tels raccourcis sont obligés si l’on considére la brièveté du présent commentaire.
[2] ↑ B. Mates, Stoic Logic, Los Angeles, University of California Press, 1961, p. 44.
[3] ↑ G. Frege, Idéographie, Paris, Vrin, 1999, § 5.
[4] ↑ E. Post, « Introduction à une théorie générale des propositions élémentaires »,
dans J. Largeault (dir.), Logique mathématique. Textes, Paris, Armand Colin, 1972, p.
29-53.
[5] ↑ S. Gandon, Logique et langage. Études sur le premier Wittgenstein, op. cit., p. 42.
[6] ↑ Cf., par exemple, R. Carnap, La construction logique du monde, Paris, Vrin,
2002, p. 199.
[7] ↑ Cf. H. Hahn, Empirismus, Logik, Mathematik, Francfort, Suhrkamp, 1988, p. 57.
[8] ↑ Sur cette question et les rapports entre Carnap et Wittgenstein, cf. M. Marion,
« Carnap, lecteur de Wittgenstein ; Wittgenstein, lecteur de Carnap », dans F. Lepage,
M. Paquette et F. Rivenc (dir.), Carnap aujourd’hui, Montréal/Paris, Bellarmin/Vrin,
2002, p. 87-113.
[9] ↑ Pour une discussion détaillée de celle-ci, cf. G. H. von Wright, « Wittgenstein
sur les probabilités », dans Wittgenstein, op. cit., p. 147-174.
[10] ↑ G. E. M. Anscombe, An Introduction to the Tractatus, op. cit., p. 156.
[11] ↑ Cf., par exemple, M. Black, A Companion to Wttgenstein’s Tractatus, op. cit, p.
247-248.
[12] ↑ Cette condition rend impossible toute prédiction sur la base de connaissance
du passé de probabilité plus élevée qu’en l’absence d’une telle connaissance. Mais
pour Wittgenstein, pour qui la croyance en un lien causal est une « superstition »,
« Nous ne pouvons pas inférer les événements du futur des événements actuels »
(5.1361).
[13] ↑ J. M. Keynes, A Treatise on Probability, Cambridge, Cambridge University
Press, 1921.
[14] ↑ F. Waismann, « Logische Analyse der Warscheinlichkeit », Erkenntnis, vol. 1,
1930, p. 228-248.
[15] ↑ A. Kolmogorov, Grundbegriffe der Warscheinlichkeitsrechnung, Berlin,
Springer, 1933.
[16] ↑ Cf. R. Carnap, Logical Foundations of Probability, Chicago, University of
Chicago Press, 1950, p. 294 et 299.
[17] ↑ L’usage que Wittgenstein fait ici du concept de « variable » ne correspond pas
à celui d’aujourd’hui, puisque c’est l’expression « [a, x, 0’ x] » en entier qu’il
considère comme une variable et non certains de ses constituants, tels que « a » ou
« x ».
[18] ↑ H. M. Sheffer, « A Set of Five Independent Postulates for Boolean Algebras,
with Applications to Logical Constants », Transactions of the American Mathematical
Society, vol. 14, 1913, p. 481-488. En fait, La barre de Sheffer n’est pas exactement la
même que la négation conjointe et celle-ci est due à Jean Nicod, « A Reduction in the
Number of Primitive Propositions of Logic », Proceedings of the Cambridge
Philosophical Society, vol. 19, 1917, p. 32-41.
[19] ↑ Il ne peut pas s’agir à proprement parler d’un ensemble au sens où on
l’entend de nos jours dans la théorie des ensembles, car la conception de
Wittgenstein est plus constructive et se rapproche conceptuellement du calcul
lambda. Nous pouvons ignorer dans ce qui suit ce genre de complication.
[20] ↑ Sur ces questions, cf. G. Sundholm, « The General Form of the Operation in
Wittgenstein’s Tractatus », Grazer philosophische Studien, vol. 42, 1992, p. 57-76.
[21] ↑ J. Hintikka, « An Anatomy of Wittgenstein’s Picture Theory », dans Ludwig
Wittgenstein : Half-Truths and One-and-a-Half-Truths, Dordrecht, Kluwer, 1996, p.
21-54, p. 38-41.
[22] ↑ G. H. von Wright, Wittgenstein, op. cit., p. 162, n.
[23] ↑ Selon Ramsey, il s’agit là d’une « innovation de première importance ». F. P.
Ramsey, Logique, philosophie et probabilités, op. cit., p. 74.
[24] ↑ M. Black, A Companion to Wittgenstein’s Tractatus, op. cit., p. 282.
[25] ↑ J. Hintikka, « Identity, Variables and Impredicative Definitions », Journal of
Symbolic Logic, vol. 21, 1956, p. 225-245.
[26] ↑ R. Fogelin, Wittgenstein, op. cit., p. 78-83 ; P. T. Geach, « Wittgenstein’s
Operator N », Analysis, vol. 41, 1981, p. 168-171 ; S. Soames, « Generality, Truth
Functions, and Expressive Capacity in the Tractatus », Philosophical Review, vol. 92,
1983, p. 573-589.
[27] ↑ Ce que plusieurs commentateurs nient cependant, cf. P. M. S. Hacker, Insight
and Illusion, op. cit., p. 55.
[28] ↑ Alonzo Church donnera en 1936 un résultat d’indécidabilité fondamental
dans « A Note on the Entscheidungsproblem », Journal of Symbolic Logic, vol. 1, 1936,
40-41, « correction », ibid., p. 101-102. Il faut cependant faire attention à ne pas
attribuer à Wittgenstein la notion de « complétude » que nous possédons de nos
jours.
[29] ↑ Sur la notion de constante logique, cf. M. Bourdeau, « La nature des
constantes logiques dans le Tractatus », Dialogue, vol. 32, 1993, p. 703-719.
[30] ↑ G.-G. Granger, « Wittgenstein et la métalangue », dans Invitation à la lecture
de Wittgenstein, op. cit., p. 159-171 ; p. 163. Malheureusement, j’ai défendu ce
rapprochement sans connaître le texte de Granger dans M. Marion, « Qu’est-ce que
l’inférence ? Une relecture du Tractatus logico-philosophicus », op. cit.
[31] ↑ G. Gentzen, Recherches sur la déduction logique, Paris, PUF, 1955.
[32] ↑ B. Russell, « Introduction », op. cit., p. 27.
[33] ↑ B. Russell, Écrits de logique philosophique, op. cit., p. 231-232.
[34] ↑ Sur la pertinence de la théorie du « sous-produit » de Wittgenstein, cf. I.
Hacking, « What is Logic ? », Journal of Philosophy, vol. 76, 1979, p. 285-319 ; p. 288-
289.
[35] ↑ Cf. R. Carnap, Logische Syntax der Sprache, Vienne, Springer, 1934, p. 88 sq.
[36] ↑ A. Tarski, « Sur le concept de conséquence logique », dans Logique,
sémantique et métamathématique, 1923-1944, Paris, Armand Colin, 1974, tome second,
p. 141-152 ; p. 150.
[37] ↑ G. Frege, Idéographie, op. cit.
[38] ↑ Cette critique forcera Russell à ajouter un appendice à la deuxième édition
des Principia Mathematica, op. cit., p. 650-658. Cf. G. E. M. Anscombe, Introduction to
the Tractatus, op. cit., p. 128 ; sur ces questions, cf. J. Sackur, Opération et description.
La critique par Wittgenstein des théories de la proposition de Russell, thèse de
doctorat, Université de Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, 2000, chap. 3.
[39] ↑ A. N. Whitehead et B. Russell, Principia Mathematica, op. cit., vol. 2, p. 183.
[40] ↑ P. Frascolla, Wittgenstein’s Philosophy of Mathematics, Londres, Routledge,
1994, chap. 1 ; P. Frascolla, Tractatus Logico-Philosophicus. Introduzione alla lettura,
op. cit., § 5.4 ; M. Marion, « Operations and Numbers in the Tractatus Logico-
Philosophicus », op. cit.
[41] ↑ A. Church, « A Set of Postulates for the Foundation of Logic », Annals of
Mathematics, vol. 33, 1932, p. 346-366 et vol. 34, 1933, p. 839-864.
[42] ↑ P. Frascolla, Wittgenstein’s Philosophy of Mathematics, op. cit., p. 15-17.
[43] ↑ M. Black, A Companion to Wittgenstein’s Tractatus, op. cit., p. 343. Cf. G. E. M.
Anscombe, An Introduction to the Tractatus, op. cit., p. 124-126, pour une critique
analogue.
[44] ↑ P. Frascolla, « The Tractatus System of Arithmetic », Synthese, vol. 112, 1997,
p. 353-378. On notera par ailleurs que le calcul équationnel fut inventé par Louis
Goodstein, qui fut un étudiant de Wittgenstein dans les années 1930. Goodstein ne
s’est jamais caché d’avoir trouvé ses idées fondamentales chez Wittgenstein. Cf., par
exemple, R. L. Goodstein, Constructive Formalism, Leicester, University College, 1951.
[45] ↑ B. Russell, « Introduction », op. cit., p. 26 ; F. P. Ramsey, Logique, Philosophie
et probabilités, op. cit., p. 83.
[46] ↑ Il en va de même pour les probabilités, qui ne sont que calcul et ne décrivent
aucun « objet » (5.1511).
[47] ↑ Comme l’a très bien vu Sébastien Gandon, pour Wittgenstein les logicistes
ont tort de croire que la quantification peut « rendre compte identiquement à la fois
de la structure des propositions numériques ordinaires et de celle des équations
arithmétiques » (Logique et langage. Études sur le premier Wittgenstein, op. cit., p.
224).
Le monde sub specie œternitatis