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332 CULTE DE LA SAINTE VIERGE EN FRANCE.

portait sur sa tête à l'autel, suivie de ses compagnes. Elles


faisaient dire la messe en l'honneur des sept joies de la
Mère de Dieu et toutes y communiaient. De leur côté, les
demoiselles de la noblesse , ou des meilleures familles de
la bourgeoisie, jalouses d'honorer aussi les joies de la
Mère de Dieu, faisaient célébrer, a cette intention, dans
la même église, sept messes pendant sept samedis, et y
communiaient également.
En 93, l'église des Capucins, la statue vénérée, le cou
vent et ses dépendances, tout tomba brisé sous le marteau
révolutionnaire; mais, malgré ces ruines, le culte de
Marie s'est toujours conservé a Castel-Sarrasin ; l'ancienne
statue a été remplacée par d'autres représentations de la
sainte Vierge échappées au pillage; et on vient prier de
vant elles avec foi et amour; le Mois de Marie et divers
exercices en l'honneur de la sainte Vierge se font avec
édification à l'église Saint-Sauveur, dans la belle chapelle
dela Mère de Dieu, que l'amour de la sainte Vierge a
ornée de remarquables verrières.
Notre-Dame d'Alem , second sanctuaire de la Mère de
Dieu dans l'arrondissement de Castel- Sarrasin , eut pour
fondateur le connétable Louis de Sancerre, l'ami et le
compagnon de Bertrand du Guesclin et d'Olivier de Clisson,
le commandant de l'armée du roi Charles VI en Langue
doc et en Guiennc, vers les années 1389 a 140t. Au mo
ment de livrer bataille aux bandes des routiers, entre
Castel-Sarrasin et Moissac, il fit vœu d'élever une cha-
.pelleà Marie, s'il était vainqueur; et, après la victoire, il
tint religieusement sa promesse. Depuis ce temps jusqu'à
la révolution française, les descendants de Sancerre, ou
tleurs représentants, entretinrent un chapelain a Alem ; et
une solennité religieuse y avait lieu chaque année, le
8 septembre, en commémoration du vœu fait par San-
.cerre. En 93, la chapelle fut démolie; mais en 1808, elle
DIOCÈSE DE MONTAUBAN. 333
fut relevée par la piété d'un habitant de Castel-Sarrasin ;
les cérémonies et observances religieuses qui s'y prati
quaient autrefois y furent rétablies; l'ancienne confrérie
de Notre-Dame de Bon-Secours y fut réorganisée; le soin
de raviver et d'entretenir l'antique dévotion à Notre-Dame
d'Alem fut confié au clergé de la paroisse de Saint-Jean
de Castel-Sarrasin , dans la circonscription de laquelle cet
oratoire est situé; et l'on y plaça un tableau a l'huile
commémoratif du vœu de Sancerre, a peu près le seul
débris qu'on ait pu sauver du pillage de 93. Le connétable
est représenté à genoux, dans le costume militaire de
l'époque : on voit à ses pieds son casque, son épée et son
bouclier; à sa gauche son cheval de bataille, tenu par son
écuyer; à droite et dans la partie supérieure du tableau,
la sainte Vierge avec son Fils dans ses bras , semblant
accueillir la prière du guerrier; dans le lointain, on re
connaît le paysage de Notre-Dame d'Alem avec son sanc
tuaire. A côté du tableau, on en a placé la gravure en plus
petit format; et on y a joint une seconde gravure gros
sière sur bois, représentant également le général français
à genoux devant Marie et l'Enfant Jésus, qui porte sur la
tête une couronne, dans une main un sceptre, et dans
l'autre un globe crucifère. Autour, sont des anges tenant
des palmes, des branches de lis et des couronnes; au-
dessous est un massacre d'hommes et de chevaux entas
sés pêle-mêle; le tout encadré dans un cantique d'actions
de grâces en vers, qui se distribuait autrefois aux pèle
rins. Voici deux vers de ce cantique :
Dans cette fameuse chapelle
L'aveugle voit, le sourd entend.

D'où il paraît qu'on invoquait spécialement Notre-Dame


de Bonne-Espérance d'Alem contre la cécité et la surdité.
Notre-Dame de l'Orme à Castelferrus n'est pas moins

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