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644 NOTRE-DAME DE PRADELLES.

son triomphe sur l'impiété. Le maréchal Pélissier écrit de


Crimée au Puy : « Demandez des canons, nous les prendrons. »
Ils sont pris à Sébastopol et donnés par le chef de l'Etat. La
statue, moulée sur les dessins de M. Bonnassieux, est posée
sur un piédestal de 7 mètres, elle a 16 mètres de haut, des
pieds de 1 m. 92 c. de long, des mains de 1 m. 56 c, une
chevelure de 7 mètres, une circonférence de 17 mètres. Notre-
Dame, posée sur une demi-sphère, écrase du pied la tète d'un
énorme serpent de 17 mètres, et tient dans son bras l'Enfaut
Jésus qui bénit la France. Douze évêques présidèrent, en 1860,
à la cérémonie de sa bénédiction.

NOTRE-DAME DE PRADELLES.

La ville de Pradelles, placée sur une éminence à cinq lieues


du Puy, doit sa célébrité à sa Vierge. En 1512, des ouvriers,
creusant le sol à l'endroit où se trouve actuellement l'église de
Notre-Dame, trouvèrent une caisse renfermant une statue de
Vierge, vraisemblablement cachée durant l'invasion sarrasine
du vin° siècle, ce qui lui donnerait mille ans d'existence, écrit,
au xvn° siècle, le dominicain Geyman, dans son Histoire de
Notre-Dame. Cette statue, admirablement conservée, fut
placée dans un oratoire érigé sur le lieu même de la décou
verte.
Cet astre, longtemps éclipsé, n'en brilla que d'un éclat plus
pur ; sa lumière écarta les ténèbres du Calvinisme qui bientôt
couvrirent toute la contrée. Tandis qu'Annonay et Mende
étaient dévastées, les villages, les châteaux, les églises livrés
aux flammes, la petite ville de Pradelles demeurait paisible,
comme un asile inviolable ; elle apercevait au loin les lueurs
de l'incendié, mais une main invisible écartait l'ennemi de ses
murs. Un jour pourtant, en 1562, il en approcha, mais arrivé
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dans le faubourg, il s'arrêta, frappé d'un aveuglement subit,
demanda où était la ville et recula en désordre. C'est que pen
dant ce temps-là, les habitants priaient leur Madone. Les hu
guenots revinrent plus nombreux former le siége de la ville,
en 1588. S'étant approchés des fortifications à la faveur des
ténèbres, ils allaient pénétrer dans la place, lorsque le tocsin
réveilla les habitants ; les vieillards, les infirmes se traînèrent
à la chapelle de Notre-Dame ; les hommes valides et les femmes
volèrent aux remparts. Le nombre des assiégeants, l'ardeur
de l'attaque donnaient aux huguenots un succès certain ; déjà
leur chef, Chambaud, s'élançait triomphant dans la place
par une porte brisée, quand une femme du peuple, Jeanne
Verdette, à genoux devant Notre-Dame placée au-dessus de
cette porte, saisissant une dalle du parapet, fracassa le crâne
de l'hérétique, ennemi du nom do Marie. Les assaillants, saisis
d'une soudaine terreur, prirent la fuite. Une fête commémora-
tive, avec procession de la statue, rappela, chaque année, la
délivrance de la ville par Marie.
Cette intervention de Notre-Dame pour sauver à deux re
prises Pradelles, inspira une grande confiance, on vint en
foule la prier, non-seulement du diocèse du Puy, mais encore
des diocèses de Mende et de Viviers. La direction du pèleri
nage fut confiée, en 1608, aux Dominicains, qui remplacèrent
la chapelle par une église spacieuse. Dix-huit processions, ve
nues du Velay, du Gévaudan et du Vivarais assistèrent à la
pose de la première pierre. Dans le cours de l'année 1774,
une petite fille, qui avait reçu au couvent de Sainte-Marie, à
Pradelles, les premiers éléments des connaissances humaines,
revenait avec sa mère chercher au pied de l'autel de Notre-
Dame l'affermissement d'une santé affaiblie, et la guérison
d'une chute tellement grave que tout mouvement lui devenait
impossible. Cette double faveur engageait plus tard Mi" Rivier
à, fonder la congrégation de la Présentation de Marie.
Aux jours néfastes de 93, la statue fut jetée dans un bûcher;
mais un des révolutionnaires, mù par un reste de foi, la retira
des flammes, avant qu'elle en subît les atteintes. Cet acte lui
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mérita sa conversion. L'église Notre-Dame, changée en un ate


lier de salpêtre, dut à cette destination d'être préservée do la.
destruction. Après la Révolution, elle devint la chapelle de
l'hospice, la statuo y fut réinstallée en 1802. En 1837, un vio
lent incendie détruisit l'hospice, mais les flammes s'arrêtèrent
devant le sanctuaire de Marie. Quelques années plus tard,
toute la population voulut concourir à la restauration de la
chapelle. Le 18 juillet 1869, Mgr Le Breton, accompagné des
évêques de Monde, de Viviers, et de Mgr Charbonnel, posait,
en présence de vingt-cinq mille personnes, une couronne sur
la tète de la Vierge de Pradelles, à qui Pie IX, avait accordé
les honneurs d'un couronnement solonnel'.

NOTRE-DAME DE RUMENGOL.

Au fond de la rade de Brest, pouvant contenir à l'aise quatre


cents vaisseaux"de ligne, brille l'Étoile de la mer, Notre-Dame
de Rumengol, qui veille sur notre marine militaire, préside
au départ de nos flottes et les ramène heureusement au port.
Bâti dans le cours du v° siècle par Grallon-le-Grand, premier
roi chrétien de la Bretagne, l'oratoire devint le rendez-vous
des populations, attirées par les prodiges que Marie y opérait,
afin de montrer combien son Rumengol, sanctuaire de lu
mière, était supérieur au Ru men Goulou, au monument rouge
de lumière des Druides. Cette chapelle, en contribuant à déta
cher les bretons du culte druidique, en les portant vers le
catholicisme, devint un centre de conversion. Les populations
continuèrent, dans les âges suivants, à y aller chercher un re
mède à tous leurs maux, d'où lui vint, selon une autre étymo-
mologie, le nom de Remed-oll, tout remède.
i Notre-Dame de Pradelles et les fêtes du couronnement, par M. de la Fayette.

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