Vous êtes sur la page 1sur 58

AFRIQUE

DIAGNOSTIC
D’UN REVENANT
e T u sais, dans la vie, il ne faut jamais être
bon ni même mauvais par rapport aux
autres.
Si tu es bon, sans nul doute, tu seras la proie
l
des méchants.
Alors que si tu es mauvais, tu nuiras gravement
à ton entité spirituelle.
C’est pour cette raison qu’il a toujours été
u

conseillé d’être juste.


Juste envers soi-même et envers les autres.
b

Certaines vérités sont parfois dures à exprimer


et tant d’autres, tellement pures et claires, sont
reçues comme une offense par les personnes
à qui elles sont adressées.
m

- Papa, maman, frères et sœurs, la Personne


que voici est mon meilleur Ami.
a

N’est ce pas que c’est beau de dire « mon


meilleur Ami » ?
- Est-ce que tu as déjà eu le courage de lui dire
la vérité en face ?
- Non, je n’ai jamais osé, tout simplement
é

parce que la vérité risque de le blesser et cela


pourrait déstabiliser ou même rompre notre
amitié.
r

- J’estime que tu as tort de penser ainsi ! Il


n’y a pas mieux que la vérité qui puisse aider
un proche à sortir d’un malaise psychique ou
physique qui constitue pour lui un handicap
p

sur lequel personne n’oserait lui faire de


remarque. Ne nous trompons pas de mots, la
meilleure amitié est un plat basé sur la vérité dont
la tolérance constitue l’assaisonnement.

Nous vivons aujourd’hui dans une époque


où certaines vérités ne méritent plus de rester
taboues. Nous sommes appelés à vivre dans la
Mondialisation, tous ensemble réunis avec nos
diversités culturelles, ethniques, psychiques au
sein de la fraternité Universelle, dans l’amitié,
bref dans la vérité.

Amicalement vôtre
AGAMAKA BAZA-MATA
QUELQUE PART DANS UN VILLAGE AFRICAIN

- LIBANZA ! LIBANZA ! Viens on rentre, moi je suis fatigué de


jouer.

- Vas-y toi, dis à ma mère que j’arrive, je n’en ai pas pour


longtemps, je dois répondre à un appel.

- Quel appel, LIBANZA ? Moi je n’ai rien entendu et je m’en


vais…

- C’est vrai, j’entends une voix qui m’appelle par mon prénom
de l’autre côté de la rivière ! Vas-y-toi, rentres, à tout à
l’heure… !

- LIBANZA ! LIBANZA ! Viens par ici, au pied du baobab.

5
- J’y suis déjà. Au fait, où es-tu ? Et qui es-tu ?

- Regardes, je suis ici devant toi, moi je te vois très bien !


Je t’ai invité sous cet arbre pour que nous puissions bavarder
un peu ensemble, rien que toi et moi.

- Bien sûr que je t’entends et je comprends très


nettement tout ce que tu me dis, alors que je ne
sais toujours pas qui tu es, ni ce que tu es, ni même
comment tu es. Montres toi !

- Puisque tu tiens absolument à savoir qui et comment je suis,


assieds-toi sur ce rocher et ferme tes yeux.
Ouvres tes yeux maintenant.. !

- Ouah ! ! ! Mais --- tu ressembles à mon père exactement


comme papa, mais en vieil homme. Au fait, tu es son frère ?

- Non !

- Son père ?

- Non !

- Son Grand-père ?

- Non !

- Mais qui alors ?


Ce qui est sûr, c’est que tu es de la famille du côté de
mon père, mais je ne vois pas de qui il s’agit.

- C’est vrai, comme tu viens de le dire, je suis de la famille de


la lignée de ton père mais je suis plus âgé que je ne parais. Je
suis né cinq générations avant ton père.

- Cinq générations ? Mais comment se fait-il que tu


sois toujours en vie et que tu arrives à communiquer
avec moi personnellement ?
6
- LIBANZA, maintenant écoutes bien ce que je vais te dire ! C’est
vrai que mes propos vont te paraître invraisemblables, puisque
à seize ans tu n’as pas encore maîtrisé certaines réalités de la
vie, mais tu dois faire un très grand effort pour les comprendre
et vivre avec au quotidien car, ce sera la clef de la réussite pour
toi et à terme pour tous les Africains, si mes réflexions étaient
mises en pratique dans l’ensemble de l’Afrique.
- Oui, je vais t’appeler Grand-père, j’écoute !
- Moi aussi je m’appelle LIBANZA.
J’ai hérité ce prénom qui est à l’origine de notre lignée. J’ai
vécu mon enfance et mon adolescence dans le village de nos
ancêtres à « BOSO INDJONGO » où la vie était prospère, nous
ne manquions de rien.
Aujourd’hui, je suis venu te révéler les valeurs originelles qui
ont fait et qui feront la fierté de l’Afrique si tous les fils et filles
du continent les adoptent du fond du cœur.
Ce que tu dois d’abord savoir c’est que l’Afrique est très
malade, et il faudra résoudre en profondeur tous les maux
responsables de ce déséquilibre.
- Alors Grand Père, qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui
l’Afrique soit malade, et surtout pourquoi elle a du
mal à sortir de cette situation ?
- L’Afrique est malade parce qu’elle a perdu tout simplement
ses repères, son identité.
Tu sais, qu’il y a très longtemps, l’Afrique a vécu en son sein
un événement qui a bouleversé toute sa structure. Et cet
événement, qui a duré quatre cents ans, est communément
appelé la traite des Noirs.
Cela a commencé par une organisation des peuples venus
d’ailleurs qui s’est arrogé le droit de vider le continent Africain
de sa population avec pour objectif de s’en approprier les
ressources.
Les hommes, les femmes et les enfants étaient traqués comme
du bétail, ils étaient ensuite emmenés dans des territoires
7
inconnus. Leur transport s’effectuait dans les cales des navires,
serrés comme des sardines, pieds et bras enchaînés dans des
conditions hygiéniques inqualifiables.

Du fait de ce traitement affreux subi pendant le voyage, les


navires n’arrivaient à destination qu’avec au maximum 10 % de
ces déportés, les autres étant morts en route.

Ceux-ci étaient alors exposés, comme des légumes, au marché


des esclaves. Une fois vendus, ils devenaient automatiquement
« la bonne à tout faire » pour leurs acquéreurs et leur famille.

Moi-même j‘ai été vendu à un Monsieur qui avait des centaines


d’hectares de canne à sucre. Puisque considéré comme objet,
8
sans statut juridique, j’étais donc à la merci de toutes ses
humeurs. Pour l’exemple, j’ai été battu très souvent et amputé
d’un orteil pour lui avoir tout simplement demandé de l’eau à
boire.
En outre, ce Monsieur m’a donné un nouveau prénom
familier dans sa Société puisqu’il ne voulait pas entendre
parler des nôtres. La sanction était directe : amputation d’un
membre du corps ou des coups de fouet interminables jusqu’à
l’acceptation.

Tous nos rituels d’Afrique étaient interdits, bref nous avons


subi une coupure totale avec nos origines. C’est ainsi que je fus
esclave dans ces plantations de canne à sucre jusqu’au jour où,
usé par la fatigue, j’ai abandonné mon corps physique.
Après ce passage dans l’au-delà, mon âme errait ça et là autour
de la plantation avec l’espoir de rencontrer quelqu’un qui
puisse m’orienter.
Soudain, j’ai entendu une voix qui m’appelait par mon prénom
d’esclave. Je me suis précipité et là j’ai vu un vieux Monsieur.
Je me suis dirigé vers lui et il m’a alors interpellé rudement :
« comment se fait il que tu portes ce prénom alors que nous
n’avons aucun lien de parenté ? Ce prénom fait partie de mon
patrimoine. Je l’ai hérité de mes origines. Puisque tu portes
9
abusivement le même prénom sans en avoir hérité par tes
origines, tu vas devoir rester avec moi jusqu’au moment où
un membre de ta famille t’appellera par ton vrai prénom, celui
choisi par ta lignée ».

Mais moi je m’appelle LIBANZA, lui dis-je, et jusqu’ici personne


ne me connait avec ce prénom, mon âme ne doit tout de même
pas rester esclave éternellement ? Après l’esclavage physique,
dois-je subir aussi celui de mon âme ?

Ce n’est pas mon problème, me répondit le vieux Monsieur, tu


n’aurais pas dû accepter ce nouveau prénom malgré toutes les
conséquences de ce refus. Désormais, c’est seulement le jour
où les tiens t’appelleront avec insistance que ta liberté te sera
acquise.

C’est ainsi que dans l’au-delà, la plupart, quasiment la


majorité des déportés de la traite des Noirs, continuent de
payer l’esclavage de leurs âmes pour l’emprunt de nouveaux
prénoms.

- Mais Grand-père là je n’ai pas bien compris


comment un prénom peut être aussi important ?
Et toi comment as-tu fait pour que ton âme revienne
jusqu’ici en Afrique ?
10
- Observes ce dessin :
Ce schéma d’un arbre correspond à quatre grandes périodes de
notre histoire africaine que j’ai nommé A, B, C et D. Supposons
que notre arbre soit un manguier. Maintenant, concentre-
toi profondément pour ne pas perdre un seul passage de
l’explication que je vais te donner pour cette représentation
car, celle-ci constitue la base essentielle du cycle de l’histoire
du Continent Africain.

11
1 - Le point A
Le point A qui représente la partie souterraine, généralement
invisible, représente l’origine de notre existence. Au départ
c’était juste une mangue qui, en contact avec la terre, a subi
des transformations multiples sous l’effet du soleil, du temps et
de l’alternance jour/nuit.

Quelques semaines plus tard, la transformation du noyau


devient effective en poussant vers le ciel une tige verte tout
en enfouissant vers les profondeurs de la terre, les racines qui
auront comme rôle primordial de garantir le maintien et la
survie de la tige et tout ce qui en découlera.

C’est ainsi que les racines constituent l’essence même de


la plante. Elles garantissent non seulement le bâti de notre
manguier mais surtout assure l’alimentation quotidienne de
celui-ci.

L’avantage, si je pouvais m’exprimer ainsi, pour ces dernières


est qu’elles peuvent bien survivre dans la terre nourricière et
même réussir à faire pousser une autre tige si cette dernière
venait à être coupée, d’où son rôle déterminant pour assurer la
« perpétuité » de la plante.

Concrètement dans notre société africaine, les racines


représentent le monde de ceux qui ont quitté cette terre, c’est
à dire nous, les ancêtres. Les humains nous appelleront des
morts, mais en réalité nous ne sommes pas morts.

Nous avons tout simplement cédé notre corps physique pour


ensuite venir renforcer l’ossature de notre généalogie, qui, ici,
est représentée par ce schéma de A à D.

- Mais Grand-père, on enseigne que les morts sont


morts, est-ce vrai ?

- Tu dois donc savoir que dans notre culture les morts ne


partent pas en fumée. Celui qui t’a mis ceci dans la tête avait
13
pour but de t’éloigner de tes origines. Elles sont représentées
ici par les racines issues du noyau de départ qui est à la base
de ta lignée.

- As-tu déjà mangé une mangue ?

- Oui, Grand-père.

- Alors quand tu manges une mangue, tu ne consommes que


la chair, et le noyau après avoir vidé la mangue de sa chair et
de son jus tu le jettes à terre ?

A ce moment - là tu dis que la mangue est morte. C’est faux :


car le noyau que tu viens de jeter par terre subira à son contact
des transformations et donnera naissance à un manguier qui à
son tour perpétuera la race.

Puisque la mutation du noyau à la plante s’est effectuée sous


terre, les racines sont en fait les témoins incontestables de
cet événement. Ce sont elles qui détiennent les secrets de la
création, donc les vérités cachées.

- Oui Grand-père, ça j’ai compris. Explique-moi


maintenant la partie « B ».

14
2 - Le point B
Comme tu pourras le constater, cette partie représente le
tronc inférieur du manguier qui est attaché directement aux
racines. Il bénéficie à 100 % de la sève acheminée par la partie
souterraine vers l’extérieur.

Un tronc prospère sans ambiguïté avec toutes les matières


nutritives lui permettant de porter des branches solides
produisant des fruits juteux et succulents. Ceci n’est pas
un phénomène extraordinaire, c’est tout simplement une
conséquence logique d’un lien de filiation ordinaire :

Les racines puisent de la terre tout ce qui est nécessaire et le


transmettent vers la partie extérieur de la plante pour son bien
être..

- Au fait, Grand-père précédemment tu avais dit


que les racines, dans notre société, représentent nos
ancêtres, toi en faisant partie aussi, mais la partie B,
concrètement, que veut-elle dire pour un Africain ?

- Cette étape de notre manguier reflète la période pendant


laquelle nous vivions en conformité avec les bases de nos
valeurs ancestrales. Nous vivions vraiment quotidiennement
avec elles, mêlant les noms de nos ancêtres à nos actes
journaliers.

Avant de faire quoi que ce soit, pour l’intérêt de la famille, du


clan, de la tribu ou autres… nous invoquions toujours leurs
noms, nous leur rendions hommage à chaque cérémonie, si
petite soit-elle.

Et eux participaient aussi à l’accomplissement de nos vœux.


Si obstacle il y avait, ils intervenaient en notre faveur. Il y
avait même des moments, très souvent d’ailleurs, où ils nous
parlaient à travers certaines personnes proches qui avaient des
liaisons privilégiées avec eux pour nous prévenir d’épidémies,
15
de sécheresse et de bien d’autres événements qui pouvaient
nous surprendre.

Je vais te donner un exemple qui illustre profondément leur


présence et participation permanentes à l’époque :

A BOSO INDJONGO, village natal de ton père où j’ai grandi,


nous assistions quasiment tous les soirs à des cérémonies de
baptême. Le jour de l’événement, nous nous réunissions tous
autour du chef du village qui au départ avait convoqué tout
le monde.

Pour une fête au village, tout le monde était là. Au clair de lune,
les tam-tams résonnaient au loin, les chants ininterrompus, les
danses traditionnelles se succédaient etc… et tout cela dans
une ambiance d’exaltation extrême.
Soudain, le chef du village, d’un signe de main, ordonnait un
silence. C’est à ce moment là que la personne, concernée par
le sacrement de baptême faisait son entrée et se mettait debout
devant le chef du village au milieu de la foule.

16
La personne en question était toujours une femme enceinte
de six mois. Ceci pourrait bien paraître inouï aujourd’hui,
c’était l’enfant qui n’avait pas encore vu le jour et se trouvait
encore dans le ventre de la future maman qui était baptisé et à
qui le chef du village attribuait son futur nom.

- Et comment est-ce possible grand-père ? N’y avait-il


pas le risque de donner le nom d’un garçon à une
fille ou l’inverse ?

- Pas du tout, c’était à la fois simple et magique ces liens que


nous entretenions avec nos racines. Dans un grand silence,
Le chef du village posait sa main droite sur le ventre nu de la
future mère et commençait son allocution incantatoire :

« Moi, MUENGA MOINDO, chef actuel du village de BOSO


INDJONGO, fils de LIBANZA et BIYOTO, petit fils de
AGAMAKA et de MONELI… arrière + arrière petit-fils de
AKONGO, je vous appelle, vous, esprits de la lignée de mes
ancêtres ; vous qui avez le pouvoir de nous guider et de nous
protéger dans ce monde ; vous qui voyez au delà de notre
champ de vision…

Je vous appelle afin que vous puissiez nous éclairer au sujet


de la personne qui se trouve en ce moment même dans le
ventre de cette femme. Par les pouvoirs qui me sont donnés,
je demande à l’entité qui, parmi vous, réintègre notre société,
de se manifester lorsque celle-ci entendra l’invocation de son
nom ».

Juste après cette incantation, le chef du village commençait


à invoquer les noms des ancêtres ne faisant plus partie du
monde matériel. A ce moment là le silence était à son comble.
Même le fœtus restait inerte.

Après plusieurs dizaines de noms invoqués, le fœtus se remuait


dans le ventre de sa mère lorsque le nom cité correspondait à
l’entité ou à l’esprit qui incarnerait son être tant physique que
spirituel dans sa vie future.
17
C’est ainsi que le chef du village clôturait la cérémonie en
certifiant l’identité complète du futur enfant. Celui-ci serait
un garçon ou une fille en conformité avec le nom qui avait
provoqué la réaction du fœtus et ce garçon ou cette fille devait
porter le même nom que celui invoqué.

La naissance était conforme au résultat de la cérémonie. S’il


fallait que je te raconte toutes les histoires et événements que
nous avons vécus sans intermédiaires, sans détour, dans la
fidélité avec nos ancêtres, nous n’aurions pas assez de temps
pour éclairer la suite. J’insiste sur le fait qu’il ne faut surtout
pas négliger le moindre détail de notre conversation car, ceci
constituera la base profonde de ton existence.

Dans notre culture, le nom est un élément sacré, il ne se


donne pas au hasard, car ce dernier n’identifie pas l’entité
physique mais au contraire l’être dans sa profondeur pour ne
pas parler de l’esprit qui l’habite.

Le nom en réalité c’est le pont entre l’être et son entité spirituel,


ce qu’on appelle généralement Ange gardien. Tu ne dois porter
qu’un nom issu de ta lignée, de tes racines pour entretenir le
lien de filiation nécessaire en vue d’un avenir prospère.

Si je suis ici aujourd’hui en face de toi, c’est grâce au nombre


incalculable de fois que le nom « LIBANZA » a été prononcé.
A force d’appels réitérés d’un nom, l’entité spirituel porteur de
ce nom se tonifie, se vivifie et, par le lien de sang, si celui-ci
est réellement établi, tissera un cordon permanent avec l’entité
physique qui porte actuellement ce nom en vue d’assurer
en permanence son équilibre matériel et spirituel, bref, sa
protection.

- Mais Grand-père, qu’est-ce qui se passe si vous


portez un nom ou un prénom qui n’a rien à voir
avec tes racines ?
18
Dans ce cas, tu apportes de l’eau au moulin de cette lignée
dont est issu ce nom au détriment de la tienne. C’est comme
si tu arrosais la plante d’un autre et non la tienne. Un simple
appel est une invocation, c’est une façon de faire sa prière.

Tu dois savoir aussi qu’en portant un nom ou un prénom


peu importe l’ordre, qui ne vient pas de ta lignée, tu mets
systématiquement un mur de béton entre toi et ton ange
gardien. Au contraire tu vas doper l’ange de celui qui est censé
porter ce prénom ou ce nom par lien de filiation.

Ceci est une des réponses à ta question. L’Afrique est malade


aujourd’hui puisque la majorité de ses filles et fils ont tourné
le dos à la cellule de base en adoptant des prénoms venus
d’ailleurs, enrichissant de ce fait même les racines d’autres
mondes, condamnant ainsi à la détérioration les leurs.

Ceci ne veut pas dire que les esprits ancestraux Africains


sont morts. Loin de là, la preuve, je te parle aujourd’hui et
désormais je serai toujours avec toi tant que tu garderas ton
prénom jusqu’au dernier jour.

La plupart des esprits protecteurs sont bel et bien disponibles


pour venir au secours du continent, ils n’attendent qu’une
seule chose : que leurs descendants les appellent.

Une racine, c’est comme une étoile. Regarde bien dans le ciel
la nuit, ton regard se dirigera au plus vite vers l’étoile la plus
brillante, parce qu’elle est attirante. Alors pour que ton étoile
brille au maximum, il faudra l’astiquer tous les jours. Un peu à
la manière dont on fait reluire une paire de chaussures

Dans le monde spirituel, ce ne sont que des appels et encore


des appels qui peuvent astiquer les étoiles et vivifier les racines
pour le bien être du porteur du nom ou prénom entretenant
les liens de filiation originelle.

Tout bêtement, c’est pareil que dans le monde du commerce,


les gens s’intéressent le plus aux produits dont on fait un
maximum de publicité dans les médias.
19
Je crois comprendre Grand-père !
D’après les explications que tu viens de me donner,
je pourrai dire qu’à force de ne cesser de parler de tel
ou tel produit du matin au soir, ce dernier fini par
avoir la sympathie des gens, ce qui génère des ventes
extraordinaires avec des bénéfices colossaux.

Tu vois bien qu’il est nécessaire de mettre en valeurs nos


ressources ancestrales et surtout de ne pas en avoir honte,
en commençant par faire renaître notre identité : Nos noms
et prénoms en affinité avec nos racines pour faire briller nos
étoiles.

Ainsi, je peux résumer le point « B » : la période où l’Afrique ne


souffrait d’aucun déséquilibre et que les diverses communautés
qui y prospéraient; jouissaient d’une complicité profonde dans
tous les domaines en conformité avec leurs valeurs ancestrales.

C’est comme cela que l’Afrique fera son premier pas vers sa
rédemption.

20
3 - Le point C
L’étape suivante, c’est-à-dire le point « C » dans notre schéma,
représente l’endroit où notre manguier a été victime d’un
coup de foudre, brûlant son écorce au troisième degré. Cet
événement a mis un coup de frein au développement de notre
plante du fait qu’il a réduit considérablement la quantité de
sève envoyée vers la partie supérieure.

Cette situation a marqué durablement la suite des événements,


créant un traumatisme permanent dans les branches, feuilles,
fleurs et fruits qui ont poussé par la suite. Si tu observes bien
dans le dessin, tu constateras qu’après le coup de foudre les
fruits du manguier sont médiocres en qualité (plus petits et
moins nombreux).

Ce coup de foudre, après s’être abattu sur notre manguier,


a complètement perturbé la croissance de l’arbre. Par
analogie, un événement s’est abattu sur l’Afrique, modifiant
profondément la vie de ce continent. Il s’est imposé comme
une nouvelle base de pensée pour toutes les générations qui
21
se succèdent, masquant délibérément les réalités antérieures
en créant des données nouvelles, en falsifiant le passé tout
en s’imposant comme nouvelle source d’énergie pour les
générations futures.

- Mais Grand-père, j’aime bien quand tu parles en


parabole, mais en réalité, quel rapport avec la réalité
quotidienne des Africains ?

Le coup de foudre, schématisé dans mon arbre au point C,


correspond à un bouleversement incluant, à lui seul, toutes les
horreurs connues qui ont éprouvé notre Continent africain. Et
cet événement a sévi pendant quatre cents ans : c’est la traite
des Noirs. Tout ce que je peux te dire en ce qui concerne la
traite des noirs, c’est que nous avons fait confiance à la parole
« de personnes venues d’ailleurs » tout en ignorant qu’elles
avaient des projets macabres derrière leur tête.

22
- Mais, Grand-père, à l’école on nous a juste dit qu’il
s’agissait d’un commerce triangulaire qui consistait
à vendre les Africains récupérés pour aller travailler
dans les champs de canne à sucre de l’autre côté
de l’atlantique, en passant par l’Europe. Toi qui
as maintenant quitté le monde des humains, tu
connais la réalité de ce processus. De quoi s’agit-il
exactement ?

Tu sais, l’esclavage, la traite des Noirs est un événement qui a


intéressé plus de deux cents millions de déportés.

Brièvement résumé, c’était un système bien organisé où,


après l’envoi d’explorateurs et de missions d’évaluation
accueillis avec réticence par les citoyens africains de l’époque,
ces « personnes venues d’ailleurs » sont rentrées dans leur
pays, en racontant ce qu’elles avaient vu et en présentant
l’Afrique comme un Continent magnifique et plein d’avenir.
Ayant suscité l’envie, ces « personnes venues d’ailleurs » sont
revenues armées jusqu’aux dents pour nous conquérir.

Vu l’énorme masse de richesses qui regorge dans le sous sol


Africain, elles avaient trouvé que nous, habitants d’Afrique,
nous ne méritions pas d’en être propriétaires. Elles ont fait
parler les armes, et massacrer les Noirs à qui mieux mieux dans
le seul objectif d’exterminer « cette race inférieure » comme
elles disaient et surtout de s’accaparer nos richesses.
Mais avec le temps, face à la résistance du peuple africain, sa
faculté de renouvellement et suite aux difficultés rencontrées
pour atteindre leur but, ces « personnes venues d’ailleurs » ont
décidé d’adopter une nouvelle stratégie : la délocalisation.

Elle avait 2 buts :

a. amoindrir la résistance africaine, par l’expropriation


forcée,

b. doper les profits de leur pays d’origines.


23
C’est ainsi qu’est née cette campagne de la traite des Noirs dont
l’objectif final était l’appropriation des richesses du Continent
Africain.

Dans le droit fil de cette délocalisation, il y eut ainsi plus


de 200 millions de déportés dont seul le dixième est arrivé
à destination pour des raisons de logistique et de mauvais
traitements. Il faut dire que les conditions dramatiques de la
traversée de l’atlantique ne laissait que 10 % de chance de
survie aux déportés.

Lors de la traversée, il arrivait que la ration alimentaire pour


telle ou telle raison ne pouvait plus couvrir le reste des
voyageurs. C’est en ce moment là que le capitaine, pour ne pas
courir le risque de perdre la totalité de ses esclaves, ordonnait
à l’équipage de jeter le surnombre par-dessus bord. Ce qui
faisait bien entendu le régal des requins. J’entends encore
resonner les cris et les pleurs des nôtres…

24
En dépit de cette tentative d’expropriation, la résistance
locale ne faiblissait pas, au point que ces « personnes venues
d’ailleurs » commençaient à perdre la face sur le terrain. Elles
ont fini par rebrousser chemin en quête d’une autre stratégie
moins brutale pour atteindre leur objectif.

Puisque leurs armes s’étaient avérées incapables de briser


nos liens avec nos racines, nos valeurs ancestrales, bref nos
« gris-gris » comme elles les appelaient, ces « personnes venues
d’ailleurs » se sont mises en quête d’une stratégie plus subtile
pour parvenir à leur fin par des méthodes plus « pacifiques ».

C’est ainsi que de très nombreux missionnaires débarqueront


en Afrique. Ayant tiré des leçons de l’échec des précédentes
stratégies brutales, les missionnaires arrivent en Afrique au nom
de Dieu, de l’amour et de l’amitié entre les peuples, bref avec
des sujets à caractère réconciliant afin de créer les conditions
favorables à leur accès au sein de la population.

Une fois acceptés par la population Africaine, les Missionnaires


se sont engouffrés à l’intérieur du continent et se sont donnés
les moyens d’apprendre les diverses langues locales. Puis, ils
ont commencé à enseigner et à propager la « Bonne nouvelle »
en langue locale, c’est-à-dire les règles de leur religion.

Il faut dire qu’une somme colossale a été allouée pour leurs


missions puisqu’ils avaient réussi à éditer leurs « livres sacrés »
en plusieurs langues. Sachant que chaque ethnie à sa propre
langue, rien qu’en RD du Congo nous avons plus de deux
cent-cinquante ethnies.

Cela laisse à imaginer l’ampleur des efforts qui ont été consentis
pour couvrir toute l’Afrique ainsi que les territoires où les
déportés avaient élu domicile. Pour bien marquer leur « Bonne
volonté » à propager la « Parole de Dieu », ils ont construit de
très nombreux édifices religieux et scolaires.
25
Scolaires surtout pour éduquer l’Africain à l’aube de son
existence. Dans ces écoles, ils ont instauré leurs religions ainsi
que la récitation de leurs livres « Sacrés » rendus obligatoires
dans le programme scolaire.

Ayant atteint leur premier objectif, ils ont commencé aussitôt à


asseoir, pour ne pas dire imposer les 4 recommandations clés
de leurs missions :

1. Première recommandation
Le baptême obligatoire ! Contrairement à son origine, ce
dernier consistait à confirmer le nom ou prénom de naissance,
mais pour eux, les Africains devaient porter un prénom issu
de la lignée des missionnaires. Donc l’objectif était de nous
couper du lien avec nos origines spirituelles en expliquant
qu’un nouveau prénom issu du baptême permettait d’avoir
accès à la vie éternelle alors que le prénom africain, celui de
nos ancêtres, ne le permettait pas, puisqu’inconnu de Dieu. Il
en devenait satanique, il fallait donc s’en débarrasser.

26
2. Deuxième recommandation
Il faut se désintéresser de tout ce qui est en rapport avec le
plaisir de la chair (affaires, argent, développement) : Dieu
est le maître absolu. C’est lui qui donne tout ce dont tu
auras besoin. Ne t’occupes pas de ce que font les païens (les
« personnes venues d’ailleurs qui exploitent et pillent nos
ressources humaines et naturelles), Ils n’auront pas la vie
éternelle. Par contre, toi Africain, désintéresses-toi des billets
de banque, puisque sataniques, car il est écrit « heureux les
pauvres et ceux qui endurent la souffrance aujourd’hui, ainsi
ils auront accès au royaume des cieux après leur vie sur terre ».
Il vaut mieux que tu restes un esprit simple, un ignorant pour
aller au Paradis.

- Mais Grand-père ceux qui pillaient nos ressources,


si je comprends bien, ont des liens de parenté avec les
missionnaires ?

- Bien sûr que oui LIBANZA !

- Mais alors ils devraient avoir la même religion,


pourquoi donc les missionnaires les traitaient-ils de
païens ?

- Ils étaient obligés de le faire puisque leur objectif était de


jouer les « gentils ».

Ils ont utilisé le nom de Dieu pour attendrir et anéantir les


cœurs de tous ceux qui prônaient la résistance contre les
pilleurs et les marchands d’esclaves.

3. Troisième recommandation
« Débarrasses-toi de tout ce qui est satanique, tout gris-gris,
amulettes et statuettes, tout culte aux Dieux païens, car selon
leur « livre sacré » il est interdit de se prosterner devant les
27
objets de telle nature, même si cela vous procure des pouvoirs
magnifiques, c’est satanique ! ! ! Il faut nous les confier, nous
allons les exorciser ».

C’est ainsi que l’Africain, en général, a cédé une partie de son


pouvoir protecteur.

28
En rejetant ces statuettes laissées par ses ancêtres, l’africain
ne se rend toujours pas compte qu’il s’éloigne davantage
de son énergie vitale. Et cette ignorance est cultivée du jour
au lendemain par son adhésion aveugle aux cultes venus
d’ailleurs.

29
4. Quatrième recommandation
« Si quelqu’un te frappe violemment à la joue gauche, ne
riposte pas, il faudra lui tendre celle de droite ». Ceci veut dire,
si quelqu’un te fait du mal, tu n’as pas le droit de riposter,
laisse toi faire puisque Dieu le fera à ta place. Et cela t’ouvrira
les portes du paradis céleste.
Ils recommandent à toi l’Africain d’aimer ton ennemi, celui
qui te force et te contraint. C’est ainsi écrit dans leur livre
« sacré ».

Avec leurs quatre recommandations, pour atteindre leurs


objectifs, les missionnaires ont compris la nécessité de former
les filles et fils du continent Africain à la propagation de cette
philosophie afin qu’ils perpétuent eux-mêmes, dans l’avenir,
cet éloignement pour ne pas parler de rupture des liens avec
nos racines.

- Mais, c’est vraiment grave ce que tu me dis, Grand-


père. Avec la multitude des lieux de cultes qui
prolifèrent partout dans le tiers-monde, comment
s’en sortir ?

- LIBANZA, si je suis apparu aujourd’hui à toi et non à ton père


qui a déjà esquissé les pas vers nos racines, c’est parce que
toi, tu es le symbole de la jeunesse montante. Il faut soigner
le mal là où il a commencé, c’est-à-dire réveiller la conscience
juvénile.

Raison pour laquelle toute la jeunesse africaine doit avoir accès


à ces révélations. Partout où tu passeras, tu rapporteras notre
conservation à tes frères et sœurs, à tes amis, afin que cette
vérité africaine se sache et ceci pour une future délivrance
spirituelle qui entraînera un avenir meilleur.

- Grand-père ! Au fait, et Dieu dans tout ça, pourquoi


n’intervient-il pas pour transformer la souffrance
des Africains en bonheur et punir ceux qui nous ont
entraîner dans les abîmes ?
30
Mais ! Quel Dieu LIBANZA ? Tu dois savoir, LIBANZA, que
dans notre culture, il n’y a jamais eu un Dieu universel pour
le monde entier. Ça, tu dois te le mettre dans la tête. Tous les
peuples éparpillés dans ce monde ne peuvent pas puiser leurs
énergies vitales ou spirituelles dans les mêmes racines.

Chaque peuple à ses particularités, ses mœurs, sa culture, ses


us et coutumes, sa lignée, ses racines, bref son Dieu.

- Mais Grand-père, aujourd’hui si quelqu’un me


demande ma religion, que dirai-je ?

La religion est une expression conventionnelle adoptée


par tous pour désigner telle ou telle appartenance à une
souveraineté spirituelle. Avant d’entrée dans le détail de ma
réponse, observe d’abord ces deux images :

Tu as devant toi,
un citronnier et
un Baobab. La
différence est fla-
grante. Dans le
fond ils ont tous
parcouru le même
circuit d’existence ;
une graine au
départ qui par la
suite a subi des
métamorphoses
donnant naissance
à des racines puis
une tige, des
branches, feuilles,
fleurs pour finir par
les fruits qui eux à
leur tour tomberont
et perpétueront le
même cycle, d’où
l’éternité !
31
Tout diffère dans la forme : le citronnier est morphologiquement
petit par rapport au Baobab. Le tronc est élancé, les branches
sont fragiles et les fruits sont petits et aigres.
Contrairement au ci-
tronnier, le Baobab est
gigantesque et solide,
ses fruits peuvent me-
surer plus de trente
centimètres de long et
ont un goût légèrement
sucré. Chacun de nos
deux fruits puise son
énergie vitale et spiri-
tuelle de ses propres
racines à travers le tronc
et les branches.
Nul des deux ne peut
prétendre vivre en gar-
dant toutes ses pro-
priétés, accroché sur la
branche de l’autre.
Le Baobab comme le
citron ne peuvent se
perpétuer dans le temps
que s’ils évoluent chacun avec leurs branches respectives.
Le Baobab naît Baobab puisque issu d’une graine de Baobab
et le citron naît citron puisque issu d’une graine de citron. Ni
le Baobab, ni le citron ne peuvent prétendre se reconvertir.
Chose impossible, puisque chaque fruit, dans la nature, puise
son énergie et ses caractéristiques propres de sa lignée : fleur,
feuille, branche, tronc et pour conclure ses racines.
Pour répondre à ta question, tu dois savoir que la religion
est un élément actif de la culture d’un peuple. Aucun peuple
sur cette terre ne vit sans religion. Ceci est valable pour tous,
comme je l’ai souligné précédemment, chaque peuple a ses
caractéristiques, sa culture, us et coutumes, mœurs et ses
racines.
32
Possédant sa propre culture, caractérisée par les divers
phénomènes naturels qu’il subit, aucun être humain ne peut
prétendre se reconvertir à telle ou telle religion, sans se couper
de ses racines et donc à terme péricliter et s’éteindre.

Comme un Baobab ne peut survivre sur un citronnier, de la


même façon, un homme ne peut prétendre devenir adepte de
telle où telle religion puisque chacun naît tout simplement avec
sa religion pour ensuite atteindre son plein épanouissement.

La vertu spirituelle ne se transmet pas de la bouche à l’oreille


mais plutôt par le sang à travers sa lignée. Raison pour laquelle
tous les grands prophètes ont toujours invoqué « le dieu de
mes pères ».

Par cette expression, ta prière parcourt la voie spirituelle à la


vitesse grand « V» à travers ta lignée jusqu’au plus profond de
tes racines. Ta prière, ne doit invoquer que les noms faisant
partie de ta lignée.

Si ce n’est pas le cas, ton énergie ira vivifier les racines du


peuple dont les noms invoqués sont issus. N’oublies surtout pas
que plus le nom est cité, plus son peuple devient puissant.

Tu vois maintenant pourquoi il est urgent et nécessaire de


restaurer les noms Africains ? Tu comprends maintenant les
raisons pour lesquelles les missionnaires se sont donnés corps
et âme, et tous les moyens pour vanter les mérites de leur
religion !

Par le baptême, ils ont réussi à effacer nos noms. En nous


appelant par des prénoms issus de leur religion, ils ont relégué
au second plan non seulement nos propres noms, mais aussi
notre cher Continent ainsi que le peuple Africain dans son
entièreté.

Après toutes ces explications, je suis en droit de te poser


maintenant une question ; quelle est ta religion mon cher
LIBANZA ?
33
C’est facile grand-père, ma religion c’est d’abord moi,
ma culture, surtout mes racines.

Je voudrais ajouter, grand-père, quand tu as parlé


de prénom, avec les explications que tu m’as données,
j’ai pensé à mes cours de latin : le mot prénom tire
son origine du latin, il est en fait composé de deux
parties.

Il y a « pré », « du «prae » qui est une préposition


équivalente « avant » où « devant » en français.
Ensuite il y a « nom », de « nomen » qui signifie nom.
Littéralement « prae » associé à « nomen » équivaut
à l’expression « avant le nom ». En conclusion le
prénom par définition est un nom qui se place devant
un autre. Je comprends maintenant pourquoi ils ont
tant insisté pour nous appeler par ces noms, dits
prénoms, venus d‘ ailleurs.

Bravo ! ! ! LIBANZA, tu as bien compris et surtout bien expliqué


la situation. Actuellement, ce phénomène correspond à ce que
le monde moderne appelle l’esclavage mental.

Cette forme d’exploitation


est la pire qui puisse exister,
puisque invisible à l’œil
nu, indolore et surtout très
destructive du fait qu’elle
se transmet de génération
en génération. Les prénoms
incrustés, la relève assurée,
les missionnaires ayant
atteint leurs objectifs, il
n’était plus nécessaire pour
eux de rester sur place
puisque le pillage par
auto alimentation pouvait
bien continuer en toute
impunité.
34
C’est ainsi que se sont succédés les proclamations d’indé-
pendance des Etats Conquis.

Mais Grand-père, vu que la quasi totalité des


Africains louent et vivifient les racines des « personnes
venues d’ailleurs », penses-tu vraiment que ce sera
facile pour eux d’adhérer à ces révélations ?
Certains vont dire qu’ils ont des satisfactions
matérielles, voitures, maisons, femmes ou maris et
enfants grâce à leur foi dans cette religion, surtout
qu’elle leur prouve la facilité avec laquelle ils
entreront au paradis céleste après la vie terrestre par
un simple « Oui » au fils de Dieu des missionnaires.

Voitures, maisons, femmes, maris et enfants d’accord ! Mais


est-ce que cela va plus loin dans le temps ? Non ! Non tout
simplement parce que cette apparence matérielle n’est pas
issue des racines profondes.

Une personne qui quitte ses propres origines pour adhérer


à la croyance religieuse d’une autre, ne se rend pas compte
qu’elle a relégué son entité originelle au second plan du fait
de son adhésion et, en même temps, elle meurtrit ses propres
racines.

L’adhésion entraîne une contribution supplémentaire sur le plan


matériel et spirituel, et cet ajout augmentera en qualité et en
quantité les matières nutritives nécessaires à l’épanouissement
des personnes originaires de la lignée détentrice de cette
religion.

Ce qui justifie aujourd’hui qu’il y a abondance chez certains


et manque, ou famine chez d’autres, ceci par manque de
connaissance. Cette personne est comparable à un rosier qui
est planté dans la terre d’un pot en plastique.

En effet ce rosier dépendra et devra son existence à la volonté


du jardinier qui est sensé l’arroser régulièrement. L’absence
d’arrosage mettra en péril tout son avenir.
35
En réalité ce rosier est pris en otage puisque sa survie ne
dépend pas de la volonté de la nature elle-même, mais de
celle d’un simple jardinier. Artificiellement, ce rosier donnera
de superbes pétales de rose, à même de concurrencer ceux qui
éclosent dans la nature sauvage.

36
Mais ce rosier, artificiellement tenu en vie, fanera puisque
ses racines ne pourront pas évoluer au delà de l’enveloppe
qui les contient. Comme tu pourras d’ailleurs le constater,
actuellement en Afrique, dans la majorité des cas, dès qu’un
homme ou une femme « riche » meurt, sa fortune est tout de
suite dilapidée par ses enfants et sa famille, puisque fragile et
sans valeurs originelles.
37
Par contre notre rosier peut s’en sortir grâce à la pollinisation.
C’est l’unique chance qui lui est offerte pour perpétuer sa race
sur la terre ferme avec des racines enfouies profondément,
sans limitation d’espace ni de temps.

Une autre issue possible pour ce rosier serait que le jardinier


lui-même le libère de son pot. L’autre possibilité serait
de le planter dans la nature et de veiller ensuite à son
épanouissement. C’est une chose peu probable pour lui, vu le
bénéfice tiré par le jardinier lors de sa vente.

A propos de la facilité d’adhésion au Paradis Céleste, c’est une


pure et simple invention de missionnaires pour désintéresser
les Africains de tout effort physique en vue de rentabiliser
leurs biens et de valoriser leur contrée, dans le but que cette
valorisation soit faite par et pour les intérêts de ces « personnes
venues d’ailleurs ».

Tu sais, LIBANZA, la facilité est souvent trompeuse. Observe


un cours d’eau, le principe général d’un cours d’eau est qu’il
naît d’une source pour se jeter ensuite dans un autre cours
d’eau généralement plus grand que lui.

Un ruisseau se jette dans une rivière, cette dernière dans un


fleuve qui à son tour se jette dans la mer, etc.… En réalité,
partant d’une source, l’eau en soi n’a pas une destination bien
précise.

Elle se dirige vers l’inconnu en se glissant entre les rochers, les


vallées, les montagnes, cascadant dans les falaises, poursuivant
son parcours selon l’inclinaison du sol sans objectif prédéfini
que celui du caprice de la pente et des terrains rencontrés.
C’est ainsi qu’elle pourrait refaire le même parcours en sens
inverse si la pente était brutalement modifiée.

C’est ainsi que se résume le destin d’un cours d’eau, partir d’un
point donné, la source, et errer ça et là dans la nature jusqu’à
ce qu’il soit absorber par un autre, en général plus grand que
lui.
38
Mais Grand-père, quel rapport avec la facilité ?

Partant de ce principe, toi, en tant qu’humain, tu es appelé à


donner un sens à ton existence. Le destin d’un cours d’eau ne
doit pas être un modèle pour toi. Tu ne dois pas subir la pente
de la facilité.

Il est bien possible de prendre une pirogue et d’embarquer


avec toi toute ta famille sur un fleuve, sans pagaies en se
laissant emporter par le courant en vue de la découverte
d’un monde meilleur… En optant pour la facilité, c’est-à-dire,
confier son destin au Fleuve, en refusant de prendre avec toi
les pagaies pour guider la pirogue, tu ne pourras garantir le
destin de ta famille puisque tu as confié leurs vies et la tienne à
l’irrégularité du parcours de l’eau. Au premier tourbillon causé
par les rapides, toi et ta famille périront puisque rien ne vous
permettra de lutter contre ce courant vertigineux.
39
C’est ainsi que l’Africain a choisi la facilité en s’abandonnant
à la volonté des croyances et des institutions étrangères sans
pagaies pour faire face aux éventuels aléas du parcours.
Et après, ils s’étonnent que le continent n’arrive pas à décoller,
qu’il végète. Tant que la facilité restera l’option de base de
son train de vie, l’Afrique ne se libérera pas de son sous-
développement.

Grand-père, qu’est-ce qu’il faut faire alors ?


LIBANZA, ce que tu dois comprendre est que les filles et
les fils d’Afrique, où qu’ils se trouvent, doivent contribuer à
l’édification de ce continent en défiant la nature, je m’explique,
en naviguant dans le sens contraire du courant.
Ce qui tue les Africains, c’est leur manque de confiance
en leurs propres valeurs. Ils abandonnent facilement
les initiatives vitales prises à la moindre critique ou
moquerie de l’étranger, bref ils préfèrent copier que
créer, c’est ça le mal-Africain.

Moi je pense que c’est tout à fait naturel de faire travailler son
cerveau et ses bras pour atteindre certains objectifs de la vie. Je
ne cesserai de te répéter que les premiers objectifs à atteindre
dans l’existence d’un être humain sont le retour à ses origines,
ses racines, sa source.

Celui qui a atteint ses racines, celui-là a rempli son contrat de


vie. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire de naviguer à
contre courant. Comme je te l’avais dit précédemment, celui
qui se laisse emporter par le courant fluvial est à la merci des
caprices des eaux.

Par contre celui qui prendra sa pirogue avec le nécessaire


pour la navigation et, qui en même temps naviguera contre
le courant quels que soient les caprices du fleuve, ce dernier
aura au moins une certitude : il se dirigera vers la source. En
s’orientant vers la source, mon cher LIBANZA, tu ne pourras
que surmonter les obstacles, puisque tu guideras toi-même
40
ta pirogue, et que s’il y a obstacle, tu seras prévenu en
avance. C’est ainsi que tu éviteras les chutes, les rapides et les
tourbillons. Ton parcours prendra peut-être plus de temps que
d’autres mais au moins tu seras fier de t’être fixé des objectifs
et de les tenir.

Cet effort que tu fourniras en luttant contre vents et vagues


finira toujours par payer. A partir du moment où tu respecteras
la liberté des autres, il ne faudra jamais avoir honte d’essuyer
les critiques des autres en naviguant à contre-courant.

La facilité, c’est l’affaire de ceux qui confient la gestion de


leur vie à quelqu’un d’autre qui, de ce fait leur dictera sa loi
et réduira ses marges de liberté. Alors, si tu veux être libre de
corps et de l’esprit, confies toi à tes origines, tes racines, aux
esprits de tes ancêtres qui à leur tour te garantiront le parcours
vital sans restriction de liberté.

Maintenant je vais tester ta connaissance sur l’acquisition par


la facilité. Tu vas me répondre avec explication si tu peux,
LIBANZA. Quelle est la racine carrée de quatre ?

Oh ! Grand-père c’est facile : la racine carré de quatre


est égale à deux, puisque deux multiplié par lui même
est égale à quatre. N’est ce pas Grand-père ?

Je sais que je vais t’étonner si je te dis que ta réponse est à


moitié correcte.

Comment ça Grand-père, Tu veux dire que deux fois


deux ne me donne pas quatre ?

Si LIBANZA, mais par cette réponse tu te limites à la vision


matérialiste des choses.

A partir de maintenant tu dois savoir que tout marche de


pair. Désormais, toute démarche que tu effectueras pour tel
ou tel objectif devra toujours tenir compte des deux éléments
suivants, à savoir : le Matériel et le Spirituel
41
Ça je te le répète, ils sont et devront rester indissociables dans
ta tête. La racine carrée de quatre est égale non seulement à
deux, mais aussi à moins deux. Puisque, comme tu l’avais dit
deux fois deux est égale à quatre mais également moins deux
aussi multiplié par lui même donne quatre.

D’où la formule mathématique √ 4 = ± 2

Puisque deux comme moins deux élevé au carré est égal à


quatre (- 2)2 = (2)2 = 4

Mais Grand-père où est la spiritualité dans cette


histoire ? Concrètement, dans la vie courante,
comment l’expliques-tu ?

Tu sais LIBANZA, dans le monde où tu te trouves, les jugements


se font sur la base de ce qui a trait au toucher et à la vue. Alors
que tout ce que l’on touche et même tout ce que l’on voit, ne
sont pas nécessairement positif pour l’avenir.

Pour être plus pragmatique, je vais te donner deux exemples :

Premier exemple :

- Un Monsieur, pendant vingt-cinq ans de travail loyal


dans l’administration, épargna la moitié de son salaire
avec pour objectif de s’acheter une maison. La somme
enfin réunie, il acquit une superbe villa avec tout le
confort requis.

Deuxième exemple :

- Un Monsieur voulait s’acheter une villa sans passer par la


prestation de travail légale. Il choisit donc les braquages
armés des petits commerçants et des particuliers avec les
conséquences qui en découlent pour les victimes.
42
Ayant réussi à échapper à la justice, il réussit finalement
à réunir le montant nécessaire pour réaliser son rêve : il
s’acheta une villa identique à la précedente avec tout le
confort requis.

Les deux achats étant égaux, sur le plan architectural ces deux
villas côte-à-côte font la fierté de leurs propriétaires.

La vision matérialiste n’hésitera pas à nous faire considérer


égales ces deux villas puisqu’elles PARAISSENT identiques à
la vue de tous.

Cette appréciation équivaut à la réponse que tu m’avais donnée


à ma question sur la racine carrée de quatre. En me répondant
« deux puisque deux fois deux égale à quatre », tu t’es limité à
l’approche matérielle de la question.

Comme tu peux l’imaginer, le premier Monsieur a fait construire


sa villa avec sa propre sueur, tandis que le second l’a fait avec
le sang et les larmes de ses victimes. Il n’y a que l’approche
spirituelle qui fait la différence.

C’est ainsi que j’assimile le signe radical à un « microscope


spirituel » capable de dissocier le pour et le contre, le bien
et le mal, bref le matériel et le spirituel. Par assimilation, ma
réponse trouve sa justification dans le fait que la première villa
correspond à +2 tandis que la deuxième villa correspond à -2.

Les deux, élevés au carré font quatre. Il y en a qu’ une qui est
issue des éléments positifs (+2) (+2), et l’autre des éléments
négatifs (-2) (-2).

Mais Grand-père, à votre époque, il n’y avait


pratiquement pas d’écoles ? Comment arrives-tu à
expliquer par les mathématiques ce point là ?
La discipline des mathématiques fait partie intégrante des
connaissances du Monde des Esprits où je suis. Plus simplement
parce que dès que tu entreprends les démarches spirituelles
pour arriver à dominer le matériel, à partir d’un certain degré
43
d’initiation acquis, plus rien, aucune connaissance ne pourra
t’échapper. Tout ce qui est matériel n’est qu’une simple
apparence qui s’efface devant le spirituel.

Grand-père, comment interprètes-tu les motivations


des gens qui sont convaincus au fond d’eux-mêmes
que la vie est courte et qu’il faut en profiter ?

Ce n’est pas si compliqué que ça, LIBANZA. Ils se trompent


tout simplement sur la durée de la vie.
En effet, l’Univers qui nous abrite est immense et toujours en
évolution, sans commencement, ni fin. Notre vie est à son
image, sans commencement ni fin.
La vie connaît ses débuts à partir de ce qu’on appelle l’infini
négatif pour s’arrêter ensuite à zéro et repartir de zéro pour se
perpétuer après à l’infini positif.
Puisque les deux infinis sont inquantifiables, l’existence en soi
ne peut se justifier qu’à l’intérieur de la sphère nommée zéro,
puisqu’elle est réelle et surtout indépendante de ces deux
infinités.

Oh ! Grand-père, je parie encore que c’est des


mathématiques que tu t’inspires. N’est ce pas que tu
fais-là la définition de ce qu’on appelle l’ensemble
des réels ?

Tout à fait LIBANZA, je vois que tu commences à bien


comprendre mes orientations. Il s’agit bien de l’ensemble des
réels dont la formule est :

R =] -∞, o [U] o, + ∞ [

Cette formule résume en soi l’éternité même de la vie des êtres


vivants. L’infini négatif comme l’infini positif étant tous les
deux inquantifiables, il n’y a donc que zéro qui représente le
seul chiffre concret qui puisse être considéré. Ceci est d’autant
plus vrai du fait que zéro absorbe tout ce qui gravite autour
de lui.
44
Mon cher LIBANZA, je te dis certaines choses qui peut être te
dépassent aujourd’hui, mais, sois en sûr, tu les comprendras
quand tu auras acquis une certaine expérience. Pour mieux
comprendre l’explication que je viens de te donner au sujet de
cette formule, je te fais juste une petite recommandation :
Quand tu rentreras à la maison, tu reproduiras cette formule
sur une feuille de papier en traçant une droite d’environ vingt
centimètres qui sera coupée en deux parties équilibrées par le
point zéro.
Tu la gradueras ensuite en centimètres, de zéro à moins-dix
puis moins l’infini et de même l’autre côté, c’est-à-dire de zéro
à plus dix puis plus infini. Tu prendras ensuite un compas avec
lequel tu traceras des cercles en partant de zéro comme centre
et en reliant systématiquement chaque point de graduation de
part et d’autre, tu en tireras une et une seule conclusion :
Chaque point positif ou négatif correspond à un autre négatif
ou positif qui, par la magie du compas, s’associent pour se
solder finalement par un cercle, le zéro de la formule.
Cette expérience te permettra de comprendre que le moins
(l’infini que j’identifie comme le passé) et le plus (infini qui, lui,
correspond à l’avenir) ne sont qu’illusions qui gravitent autour
de nos pensées et qui alimentent nos imaginations.
Grand-père, et le zéro alors ?
Mais c’est la vie elle-même. Cette vie qui n’a jamais commencé
et qui ne s’arrêtera jamais. Zéro est le seul chiffre concret qui
puisse exister, puisque insondable.
Il n’appartient ni au passé, ni à l’avenir, c’est la réalité même,
pour ne pas dire le présent continu et insaisissable, bref c’est
« maintenant ». Pour répondre à ta question, LIBANZA, saches
tout simplement que le monde comme la vie connaîtra son
origine le jour où chacun de nous saura la date à laquelle il a
pris conscience qu’il existe.
Tu pourras bien voyager dans tous les quatre coins du monde,
tu rencontreras des gens, certains te diront « j’ai perdu ma
45
femme, mon neveu, mon père etc.… » Et d’autres te diront
pareil « j’ai perdu mon frère, ma sœur, ma tante, mon ami
etc… ». Mais aucun d’entre eux te dira « je me suis perdu moi-
même ». Tout ceci pour te dire que la mort restera toujours un
projet : « je vais mourir un jour… ». C’est toujours « je » qui
parle de la mort ou de la perte des autres. Ce Je-là c’est le zéro
même puisque tout gravite autour de lui.

Quant à la mort, aucun être humain ne peut s’imaginer, le


moindre instant possible, absent de tout, même « mort ». La
mort restera toujours quelque chose que l’on projette dans
l’avenir. Saches tout simplement que la vie d’aujourd’hui
rimera toujours avec l’éternité.

46
4 - Le point D
Grand-père, le point D dans ton schéma si je
l’interprète bien, ce sont les difficultés que connaît
l’Afrique actuellement ?
Bien sûr que oui ! La dernière étape de mon schéma est la suite
logique du point précédent.
Pour l’heure, par le rejet de ses valeurs ancestrales, les Africains
ont scellé eux-mêmes leur sort. Aujourd’hui le taux, parmi les
Africains, de reconnaissance des valeurs originelles est tellement
bas que notre arbre « Afrique » ne reçoit pas suffisamment de
sève pour garantir la floraison de sa progéniture.
La bonne santé d’un arbre fruitier, en particulier, dépend
de l’entretien des voies de communication internes entre les
branches et les racines. En rejetant ses propres valeurs au
dépend des prénoms et des philosophies venus d’ailleurs,
les Africains mettent de côté leur propre développement tant
spirituel que matériel.
Cette attitude, qui au delà de toute considération, ne fait que
ternir non seulement l’image de l’être Africain, mais aussi
celle du continent noir tout entier. Ce qui est grave dans cette
démarche est qu’en dépit de l’échec dans la voie qu’ils ont
adoptée, ils persévèrent toujours dans ce chemin de croix
puisque pour eux, la patience sans limite dans la durée est leur
seule et unique recommandation en vue d’atteindre l’objectif
visé, le Paradis.
C’est ainsi que les Africains pataugent dans le bourbier au sein
duquel ils entraînent leur progéniture en vue de perpétuer ce
sous développement comme s’ils n’avaient pas une identité
propre à eux. Les valeureux guerriers d’antan sont devenus
des soumis.
Aujourd’hui, le temps est venu pour que tous les fils et filles
africains comprennent cette situation. Certains parmi eux
pèchent par ignorance, c’est vrai. Mais il y en a d’autres qui se
disent que c’est déjà trop tard pour eux, ce qui est faux.
47
Si l’arbre Afrique, malgré son état, tient encore débout, c’est
tout simplement parce que ses racines ne sont pas encore
mortes. Elles sont là, toujours fidèles à leurs places et attendent
que leurs descendants les réveillent.

Et comment ? En commençant par privilégier les noms et


prénoms émanant d’eux. L’Africain doit apprendre à se
mettre en cause, autrement il ne s’en sortira jamais. « C’est
la faute de l’autre ! » c’est la phrase que l’on entend tous
les jours de sa bouche.

En rejetant la faute sur l’autre, l’Etranger, l’Africain se


déconsidère complètement. Il se met donc à la place d’un
être irresponsable tout en confirmant de ce fait même qu’il
n’est qu’un être incapable de se forger une personnalité.

Grand-père, qu’est ce que nous Africains pourrons


faire aujourd’hui pour que l’Afrique développe son
économie ?

Pour répondre à ta question, je vais d’abord te définir


l’économie telle que nous la vivions à l’ancienne époque.

Dans nos traditions enfouies, rien ne se faisait sans l’accord


de nos esprits protecteurs. Comme pendant les cérémonies de
baptême, avant d’entreprendre quelque chose, nous avions
toujours invoqué leur concours.

L’économie se résumait par le bien-être social. Chez nous


à BOSO INDJONGO, c’est l’esprit d’AKONGO qu’on avait
toujours invoqué pour tout ce qui concernait la chasse, la
pêche et d’autres besoins nous concernant.

AKONGO est donc pour nous le garant de la nature. En


entretenant nos liens avec lui, nous ne manquions de rien. Si
aujourd’hui je suis face à toi, entrain de te parler, c’est surtout
grâce à ton père qui, par sa foi en lui, a fait de moi aujourd’hui
un esprit libre pour renforcer la protection autour de lui.
48
Et nous, esprits de tes ancêtres nous sommes en ce jour et pour
toujours autour de vous pour garantir le bien-être social de
toute la famille. C’est ainsi que l’économie africaine ne pourra
se développer que si la majorité de ses descendants renoue les
liens avec leurs racines.

Grand-père, la nature étant bien faite, n’est ce


pas que nous naissons tous égaux, avec les mêmes
chances de réussite ?

Bien sûr que si, LIBANZA. Nous naissons tous avec les mêmes
chances de réussite, reste à savoir maintenant si tout le monde
l’exploite de la même façon.

Mais Grand-père, quand tu dis « nous », toi aussi tu


fais partie de la vie sur terre ?

Rappelles toi LIBANZA, ce monde ne peut pas exister sans


notre concours. Nous esprits, sommes avec vous comme les
racines les sont avec la partie apparente d’un arbre.

Nous sommes le moteur même de cette vie sociale. Je disais,


pour répondre à ta question, les africains ont hypothéqué leurs
chances de réussite au départ de leur existence, ils sont à demi
morts car la majorité d’entre eux, dès la naissance, porte deux
noms dont le premier est privilégié mais d’origine étrangère.

Ce qui fait qu’à notre niveau, nous, esprits protecteurs, nous


ne pouvons reconnaître ni même identifier un tel individu,
puisque les racines de son prénom ne sont pas les nôtres. Cela
fait barrière et nous empêche de venir au secours de tous ceux
qui les portent. C’est aussi une affaire de droit.

De droit, Grand-père ?

Oui de droit, LIBANZA, puisqu’à notre niveau aussi la justice


existe. Nous avons tous les atouts pour développer l’Afrique,
mais vous, filles et fils du continent, ne nous aidez pas à gagner
cette bataille. Et pourtant ce n’est pas si compliqué…
49
Grand-père, si tu as quelques recommandations à
faire, quelles sont-elles ?

Première recommandation

Il est tout à fait incompréhensible qu’un aussi grand continent


comme l’Afrique, avec tout ce qu’il a connu et subi dans le
passé soit incapable de s’en souvenir. Qu’il n’y ai pas une seule
manifestation du Souvenir me paraît aberrant !

Je souhaite donc, que le plus rapidement possible, quelqu’un


soumette à l’Autorité Africaine, lors du prochain sommet de
l’Union Africaine, l’idée d’organiser chaque année, à une date
à convenir, une cérémonie commémorative pour marquer
l’ensemble de la période de la traite des Noirs.

Et que cette date soit la même pour tous les pays du monde
concernés par ce problème. Cette journée, chômée et payée
ne devra pas se limiter seulement à l’intérieur du continent
Africain, mais qu’elle soit organisée dans tous les pays, où
vivent désormais les filles et fils Africains éparpillés ça et
là. Ce qui fait la force et l’admiration d’un peuple, c’est son
attachement dans ses valeurs ancestrales, son amour envers
son environnement quelle que soit sa nature.

Deuxième recommandation

J’ai une autre recommandation à faire au gouvernement de


la République Démocratique du Congo, en harmonie avec la
plus haute Autorité son Excellence le Magistrat Suprême, qu’il
entreprenne par des actions suivies la réhabilitation du fleuve
Congo ainsi que la protection de la faune et la flore de ce
pays.

Une journée d’hommage en l’honneur de ce fleuve qui est à la


fois la colonne vertébrale et la garantie de survie du pays me
semble une nécessité.
50
Que cette journée soit ponctuée des rites et des sacrifices en
faveur des esprits protecteurs des eaux et de la forêt. C’est
seulement ainsi que l’Afrique sortira petit à petit des oubliettes
et récupérera de ce fait une partie de sa fierté.

Troisième recommandation

Pour ce qui concerne ma troisième et dernière recommandation,


je souhaite que tu prennes ton bâton de pèlerin pour aller à
la rencontre de tes frères et sœurs, filles et fils d’Afrique ou
d’ailleurs pour leur signifier la nécessité d’avoir une identité
conforme à leurs origines.

- Qu’ils cessent dès aujourd’hui d’associer à leurs noms, des


prénoms venus d’ailleurs.
- Qu’ils arrêtent d’honorer les dieux des autres tout en crachant
sur les leurs.
- Qu’ils aiment et glorifient l’Afrique puisqu’elle est et restera
toujours source de leur existence.
- Qu’ils arrêtent de dénigrer l’Afrique, par leur attitude passive
dans les débats en se présentant toujours comme victime.
- Qu’ils arrêtent de saboter l’avenir de nos enfants en les
orientant systématiquement vers les voies détournées, tracées
par les missionnaires.
- Qu’ils arrêtent d’aller chercher des solutions ailleurs, alors
qu’il leur suffit de valoriser les leurs.
- Qu’ils arrêtent de vouloir tout résoudre à court terme au
risque de ne rien construire de solide dans l’avenir.
- Qu’ils arrêtent de minimiser les valeurs scientifiques au nom
de telle ou telle religion.
51
- Qu’ils acceptent enfin ma demande d’adhésion à la
réhabilitation de nos valeurs ancestrales : Un prénom et
un nom de source africaine pour pouvoir libérer dans un
premier temps les âmes des nôtres, pour qu’avec leurs
concours, l’Afrique revive.

Grand-père, nous sommes aujourd’hui dans une


situation critique surtout à cause de ces prénoms qui
font barrière aux nôtres pour avoir embrassé une
religion venue d’ailleurs.

Est-ce que je pourrai conclure que la philosophie des


missionnaires est une mauvaise religion ?

Non, LIBANZA ! Ce n’est pas dans ce sens là que tu dois


aborder les choses. Toutes les religions du monde sont bonnes
et respectables. Il n’existe pas de mauvaises religions ici sur
terre. Il te suffit tout simplement de savoir faire la part des
choses.

Souviens-toi de l’exemple du Baobab et du citronnier, tu ne


pourras pas dire que l’un est mauvais ou meilleur par rapport
à l’autre. Les citrons resteront citrons tant qu’ils évolueront sur
les branches du citronnier qui sont à leur tour alimentés par la
sève émanant de ses racines.

Il en est de même pour les Baobabs qui sont restés fidèles


au Baobab qui leur a donné la vie. Comme tu pourras bien
comprendre, la religion des missionnaires en soi n’est pas
mauvaise.

Il était tout simplement question pour toi, l’Africain, de rester


fidèle à tes racines et, tout cela ne serait pas arrivé. Pour cela,
j’insiste sur le fait que vous, filles et fils d’Afrique, cessiez de
culpabiliser les autres à chaque interpellation.

Vous devez aimer l’Afrique telle qu’elle est et surtout valoriser


nos racines sans réserve ni honte. Si vous ne le faites pas, qui
le fera à votre place ?
52
Dans tes propos depuis le début, tu parles des
« personnes venues d’ailleurs », ces personnes, si je
comprends bien, ce sont des européens ?

A la réponse à ta question, je ne dirai pas que ce sont, mais


plutôt que c’étaient des européens de quelques pays seulement
qui ne se sont pas gênés pour pratiquer de telles abominations.
Ici, je te dis, tu dois savoir faire la part des choses !

Ceux qui ont exercé ces pratiques ne représentait qu’une infime


partie de la population européenne de l’époque et surtout
saches que tout le monde, durant cette période, n’adhérait pas
à cette philosophie anti-africaine.
Tu dois savoir que les européens d’aujourd’hui n’ont rien à
voir avec cette minorité d’hier. Certes ils ont tiré quelques
profits de la traite des Noirs, mais pour eux, c’est un héritage
qu’ils n’ont pas demandé.
Il est de ton devoir de savoir qu’à l’aube de ce troisième
millénaire, les choses ne sont plus les mêmes. Le monde
évolue comme les hommes aussi. Les Européens d’aujourd’hui
souhaitent un partenariat égalitaire avec l’Afrique.
La balle est donc dans notre camp. Et pour réaliser ce
partenariat, il nous reste qu’une et une seule chose : Notre
identité.

C’est à nous de manifester notre volonté de jouer jeu égal


avec nos partenaires en évitant d’attendre à chaque fois que
d’autres viennent à nous, proposer de réaliser à notre place et
d’imposer leurs solutions à nos problèmes internes.

C’est à nous de créer des conditions viables pour nous faire


valoir vis-à-vis de l’étranger, en ayant confiance en nous
mêmes. Il est tout à fait vrai que notre identité est actuellement
dévalorisée, il ne tient qu’à nous de redorer notre blason.

Aujourd’hui, il ne sera plus question de dire que « l’on ne


savait pas », maintenant que vous savez, je vous appelle, tous,
53
à une adhésion totale à mes recommandations pour enfin
REHABILITER les racines africaines, synonymes de garantie du
développement positif des outils économiques, scientifiques et
socio-culturels de notre Continent.

Mais grand-père, ne penses-tu pas qu’une démarche


d’indemnisation auprès des gens venus d’ailleurs
serait justifiée en réparation des préjudices causés à
nos ancêtres ?

C’est surtout chose à ne pas faire ! C’est comme si tu acceptais


que l’on déracine la moitié de notre arbre « Afrique ». Puisqu’en
acceptant une compensation financière, tu cautionnes et
acceptes cette pratique abominable qu’était la traite des Noirs.

Tu n’auras plus besoin de leur apport spirituel puisque ce sera


l’hypothèque pure et simple des âmes de tes ancêtres. N’oublies
surtout pas qu’en acceptant l’argent en lieu et place de nos
âmes protectrices, tu ouvres la voie à une acquisition officielle
de ces dernières par leurs tourmenteurs. La maltraitance ne
s’achète pas et une âme ne se marchande pas.

Grand-père, pourquoi ne nous méfierons-nous pas


de ces pays-là ? Nous devrions nous serrer les coudes
entre Africains pour travailler nous-mêmes notre
développement par exemple ?

Non LIBANZA, aujourd’hui, aucun peuple ne peut se


développer en pratiquant l’autarcie. Les Africains sont appelés
à s’ouvrir au monde et non à se renfermer sur eux. En réalité le
Monde s’ouvre à eux sans réponse adéquate de leur part.

Les Africains doivent cesser de se victimiser face à leurs


interlocuteurs étrangers, au contraire ils doivent cultiver leurs
personnalités par le ralliement à leurs racines. En quelque sorte
un recours aux Sources.

Il leur est primordial de savoir et comprendre que leur


développement est lié à leur attachement aux racines de leur
54
existence. Que le passé leur serve de leçon pour les prémunir
contre l’Etranger. Grand-père leur demande tout simplement
de se cultiver sur tout ce que je viens de te dire, LIBANZA,
d’abandonner les croyances venues d’ailleurs, de cultiver leurs
propres étoiles en honorant les noms et prénoms de leur
source et surtout, surtout d’aimer l’Afrique telle qu’elle est.
Mais Grand-père, comment me souviendrai-je de
tout ce qui a constitué notre conversation pour
la rapporter aux filles et fils d’Afrique et par delà
les Océans, aux Africains vivants dans d’autres
Contrées ?
Tends-moi ta main, ouvres-là, et maintenant fermes là !

Mais, ce n’est qu’une écorce de Baobab grand-père,


qu’est ce que je vais faire avec ?-
Grand-père ! Grand-père ! Où es-tu ? Je ne te vois
plus…
LIBANZA ! LIBANZA ! LIBANZA ! Où es-tu ? LIBANZA…
C’est la voix de mon père. Oui papa j’arrive.
Où étais-tu passé ? Je t’ai cherché partout toute la nuit, sans
succès, qu’est-ce que tu faisais sous ce Baobab ?

Rien papa, je…


Qu’est ce que tu caches entre tes mains ? Montres moi.

C’est rien, papa, c’est juste une écorce de Baobab


tiens papa !

Ce n’est pas une écorce, LIBANZA, c’est un livre !


Qui t’a donné ce livre ?

C’est grand-père papa !

Grand-père ?…
55
56
lettre ouverte à l’Union Africaine Excellences, Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Différents Représentants de l’U.A.

J’ai l’honneur, en ce jour de l’an deux-mil-sept, de vous


présenter mes compliments les plus respectueux pour les
lourdes tâches que vous assumez dans l’amélioration du
quotidien des citoyens du Continent. Vos responsabilités,
comme vos préoccupations ainsi que vos vœux de réussite
ne peuvent s’accomplir qu’avec la participation active de
chacun de nous.
Je profite de cette occasion pour vous faire part du
constat que j’ai fait, après vingt-trois ans de travail
interne, lequel je vous soumets pour analyse en faveur de
l’épanouissement profond de notre Continent.
A l’aube de ce troisième millénaire, notre Continent se
présente aux yeux du Monde comme un réservoir de tous
les fléaux imaginables.
Le temps est arrivé pour que l’Afrique prenne son destin
en mains sans concession, afin qu’elle se mette en phase
avec ses propres réalités.
Va-t-elle continuer à traîner son image derrière celle
des autres ?
Va-t-elle continuer à piétiner ses propres valeurs
originelles ?
Va-t-elle continuer à honorer et glorifier les religions
d’ailleurs ?
Va-t-elle continuer à quémander comme si elle était
dépouillée de toutes ses richesses ?
Va-t-elle continuer à ignorer les siens et saboter ses
propres racines ?
Va-t-elle continuer à se paupériser ?
Non, non et c’est non !
Le temps est venu pour que l’Afrique balaie devant sa
porte et sorte de ses fléaux.
Le temps est venu pour que l’Afrique bénéficie de
l’amour de sa progéniture.
57
Le temps est venu pour que l’Afrique se modernise sous l’élan
de ses Enfants.
Le temps est venu pour qu’enfin les filles et fils d’Afrique
commémorent les âmes des victimes de la traite des Noirs.
Pour toutes ces raisons et pour initier ce Renouveau,
Excellences, Mesdames et Messieurs les Présidents, Mesdames
et Messieurs les Ministres et Différents Représentants de
l’Autorité Africaine, vous qui êtes réunis ce jour au sein et
au nom de l’Union Africaine, je vous prie de bien vouloir
accepter de promulguer un Décret de Loi pour qu’enfin les
enfants de l’Afrique obtiennent une journée consacrée à
la commémoration de la traite des Noirs, « Journée de la
Renaissance Africaine », qui sera un jour férié et chômé
dans tous les pays d’Afrique.
Je vous prie de bien vouloir prendre en compte le fait que nul
autre ne pourra le faire à votre place si ce n’est vous-mêmes.
Et le faisant, vous permettrez ainsi à l’Afrique de retrouver
sa Dignité, signe d’un Renouveau qui ne demande qu’à
s’épanouir.
Je vous prie de croire, Excellences, Mesdames et Messieurs, à
l’expression de ma très haute considération.
e
synthès
ttr e , qui est la
le
el de ma entière
é d ie l’essenti umanité toute hésion
Je d
n li v r e, à l’H o u h a it e une ad se africaine,
de mo lle je s cau
de laque eur de la
auprès t sincère en fav iverselle.
e n
massive e la fraternité u
d
au nom

Monsieur AGAMAKA BAZA-MATA

* La présente lettre comme le contenu de ce livre a déjà été transmis aux


Dirigeants Africains le 26 juillet 2007.
58
59
Achevé d’imprimer sur les presses
de l’Imprimerie Moutier - Ronchin - France - en février 2008

Vous aimerez peut-être aussi