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Florian Russo
Année universitaire : 2021-2022
Référent : Christian de Peretti
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SOMMAIRE
INTRODUCTION…………………………………………………………………………………………………4-5
Frank Knight…………………………………………………………………………….……………………..6
Maurice Allais………………………………………………………………………………........................6
Daniel Ellsberg……………………………………………………………………………………………….7
Daniel Kahneman…………………………………………………………………………......................7
Amos Tversky………………………………………………………………………………........................7
2°) LES OUVRAGES ET PARADOXES MARQUANTS
La théorie des choix dans l’incertitude……………………………………………………………….8
La théorie du risque…………………………………………………………………………………………...9
Maurice Allais, précurseur de la finance comportementale…………………………..9-11
Daniel Ellsberg, paradoxe complémentaire d’Allais…………………………………….11-12
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II°) COMPORTEMENTS MOUTONNIER ET AUTO-REALISATEUR
CONCLUSION…………………………………………………………………………………………………………35
SOURCES………………………………………………………………………………………………..................36-37
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INTRODUCTION
Le but est donc de parcourir les comportements des individus et d’en sortir ceux qu i
ne correspondent pas à une logique de maximisation. En d’autres termes, lorsqu’un
individu est parfaitement rationnel, il utilise l’entièreté de l’information mise à sa
disposition pour investir et maximiser l’espérance de son utilité.
Dans ce projet, nous étudierons donc des « expériences », mais aussi des exemples
concrets. Le lecteur sera amené à faire des choix qui lui montreront son degré
d’irrationalité, tout à fait normal. Toutes ces mises en situations seront expliquées et
détaillées afin de démontrer, en comparaison à un individu parfaitement rationnel, le
choix optimal. Nous raisonnerons dans une logique de maximisation de la richesse,
base évidente de la finance.
Enfin sur ce dernier point, avant de nous immerger pleinement dans la réflexion au
combien complexe des individus, d’autres facteurs que la richesse sont pris en compte
par les agents. La peine est un élément important dans cette analyse autour du
comportement, et nous en étudierons la logique liée à sa minimisation.
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agents. Cette première partie sera traité en binôme avec mon collègue de promo mais
également ami depuis près d’une décennie, François Ciamin.
Dans une seconde partie, nous verrons les comportements auto-réalisateurs et leurs
variantes. On pourra notamment y traiter la question des médias qui jouent un rôle
majeur dans l’aggravation de certaines situations pourtant tout à fait normales. Il sera
question des bulles spéculative, des plus marquantes de ces vingt dernières années en
détaillant la création des phénomènes. Nous y traiterons également une légère partie
sur les « gourous » de la finance que certains agents suivent aveuglément dans leurs
choix. Cette partie aura pour but d’initier le lecteur, ou du moins l’immerger, dans le
domaine des auto-réalisation qui nous concernent tous. Peut-être, avec un peu de
prétention, pourrais-je permettre au lecteur d’être plus aguerrit dans ses choix.
Enfin, dans une dernière partie, je passerai aux modèles économétriques et statistiques
qui permettent de comprendre ces phénomènes et parfois de prédire, ne serait-ce que
légèrement, le futur de certains cours boursier. Dans cette partie, les formules seront
expliquées et détaillées, mais il faut savoir que tout cela est normalement initié en
deuxième année de Master. Ainsi, bien que penché sur le sujet, cela sera une parfaite
introduction aux enseignements futurs. Pour conclure cette partie, nous verrons une
étude réalisée par l’université Paris Dauphine en 2012 sur l’indice du S&P500.
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I°) ETAT DE L’ART DE LA FINANCE COMPORTEMENTALE
Entrons dans le vif du sujet en abordant tout d’abord les auteurs et analystes marquant
de la finance comportementale ou « behavioral finance ».
FRANK KNIGHT
Le premier auteur que nous traiterons sera le plus ancien d’entre eux, à savoir Frank
Knight. Né en 1885 et mort en 1972, Knight est un économiste américain, fondateur de
la première école de Chicago. Professeur au département économique de l’université
de Chicago pendant 25 ans, il est à l’origine de la théorie du risque que nous verrons
au cours de notre projet.
MAURICE ALLAIS
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DANIEL ELLSBERG
DANIEL KAHNEMAN
AMOS TVERSKY
(Ici, une photo des deux chercheurs, à gauche Daniel Kahneman et à droite Amos
Tversky)
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2°) LES OUVRAGES ET PARADOXE
Nous allons entrer dans le vif du sujet en exposant d’abord, au lecteur, deux théories.
Celle des choix dans l’incertitude et celle du risque. Ensuite nous traiterons les
ouvrages des différents chercheurs de la finance comportementale.
La théorie proposait repose sur la préférence pour la sécurité liée à la certitude, sur la
probabilité de perte et, plus globalement, sur un traitement approprié du risque. Elle
émet un doute sur la validité des résultats des analyses en termes d'utilité anticipée
dans la plupart des situations où elles sont généralement appliquées : la théorie des
jeux, la finance et les choix d'investissement des agents.
Maurice Allais montre que les individus ont une forte préférence pour la sécurité au
voisinage de la certitude. Ainsi, ils préfèrent généralement la loterie A (10 000 €, 100%)
à la loterie B (15 000 €, 95% ; 0, 5%), mais préfèrent la loterie D (15 000, 45% ; 0, 55%)
à la loterie C (10 000 €, 50% ; 0, 50%), ce qui est incompatible avec des préférences
néo-bernoullienne.
D’un certain point de vue, Maurice Allais peut être considéré comme le précurseur de
la finance comportementale, qui a pour but d’analyser les choix fait par les individus. Il
introduit des phénomènes que n’explique pas la théorie néo-bernoullienne comme par
exemple : la préférence pour la sécurité, la préférence pour les gains importants,
l’impact des gains et des pertes passées sur les comportements.
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LA THEORIE DU RISQUE (FRANK KNIGHT)
Figurant dans l’ouvrage « Risk, uncertainty and profit » publié en 1921, la théorie du
risque est essentielle dans une analyse de finance comportementale.
L’œuvre de Maurice Allais est riche. Elle se compose de travaux d’économie théorique
et d’économie appliquée mais également de politique économique. Dans les années
1940, Maurice Allais établit précisément les fondements de la théorie
microéconomique néo-classique. En 1952, il remet en cause la théorie de la décision
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en avenir incertain, et apparait comme étant le précurseur de la finance
comportementale.
Nous sommes surs que le lecteur aura choisi le premier choix, car il y a une certitude
de rendement. Pourtant, si nous étudions l’espérance de chaque placement :
E(A) = 100%
Cette fois-ci encore, et sans utiliser une boule de Crystal, nous sommes surs que le
lecteur aura choisi le placement D. Cela est tout à son honneur, en effet en étudiant
l’espérance de chacun des placements :
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Pourtant personne n’aura calculer les espérances pour prendre sa décision. Voilà tout
le paradoxe évoqué par Allais au milieu des années 1950. Dans le premier cas, l’agent
est prêt à renoncer à des promesses de rendements élevées mais PROBABLES qu’à un
rendement plus faible mais CERTAIN. « Un tien vaut mieux que deux tu l’auras ». Ce
comportent est type de l’irrationalité.
En revanche, dans le deuxième cas, le gain nul est quasi acté. L’agent ne fait pas preuve
d’un sursaut de rationalité, son taux de déception étant faible, il choisit le placement
qui rapportera le plus. « On sauve les meubles », c’est ce qu’on appelle L’EFFET LOTERIE.
Son paradoxe énoncé en 1961, s’inscrit dans la théorie de la décision. Pour le résumer
d’une manière simple et compréhensible, lorsque des individus sont confrontés à un
choix, la majorité s’oriente vers celui dont la loi de probabilité est connue.
Deux tirages indépendants sont proposés. Dans le premier tirage, il faut faire le choix
entre l'une des deux options suivantes :
A. vous gagnez 100 euros si une boule de couleur rouge est tirée
B. vous gagnez 100 euros si une boule de couleur noire est tirée
C. vous gagnez 100 euros si une boule de couleur rouge ou si une boule de couleur
jaune est tirée
D. vous gagnez 100 euros si une boule de couleur noire ou si une boule de couleur
jaune est tirée
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Ainsi, pour le tirage A, le nombre de boules rouges est connu (30). Pour le tirage B, le
nombre de boules noires est inconnu (x). Pour le tirage C, le nombre de boules rouges
est connu (30) mais le nombre de boules jaunes est inconnu (y). Pour le tirage D, le
nombre de boules noires et jaunes est connu (60).
L'expérience menée par Daniel Ellsberg montre que la majorité des individus choisiront
A et D, soit les tirages liés aux probabilités certaines. Alors, que ces deux choix sont
incohérents. En effet, le tirage A suppose qu'il y a plus de boules rouges que de boules
noires dans l'urne, donc plus de 30 boules rouges mais moins de 30 boules noires (plus
de boules rouges que de noires). En revanche le tirage D, implique que les individus
considèrent qu'il y ait plus de boules noires que de boules rouges.
La décision s’oriente sur le choix où une probabilité est connue, les choix incertains
étant donc écartés.
Le paradoxe, énoncé par Daniel Ellsberg, disparait si une quelconque distinction est
faite entre les situations de risques et celles d’incertitude. En effet, en situation de
risque, les probabilités des différents résultats sont connues. L’inverse étant, qu’en
situation d’incertitude, les différentes probabilités liées aux choix ne sont pas connues.
Les individus ne savent pas gérer l’incertitude et l’évite au maximum. Cette théorie
renvoie à la théorie du risque de Frank Knight en 1921.
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3°) LES BIAIS COMPORTEMENTAUX
L’EFFET D’ANCRAGE
Faisant référence à la peine qu’un individu peut avoir en se détournant de sa première
impression. En se focalisant sur une première information, une première valeur ou un
premier élément, l’esprit n’arrive plus à apprécier et à prendre en considération les
nouvelles informations. L’individu est donc focalisé sur son choix premier et ne tient
pas comptes des éléments récents.
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Exemple : Un investisseur aura toujours tendance à rester focalisé sur le prix d’achat de
ses titres. Il voudra donc garder la main sur les titres qui ont une valeur inférieure à
leurs prix d’achats sans procéder à une analyse rationnelle de la situation. Nous
pouvons également prendre l’exemple d’un individu qui va acquérir des actions dans
une entreprise parce que celle-ci à enregistrer un gain important alors que les
performances passées ne prédisent pas des performances futures.
L’EXCES DE CONFIANCE
Il désigne le biais cognitif qui renvoie à notre tendance à surévaluer nos facultés
intellectuelles, ce qui peut être source de déconvenue en bourse. Ce biais cognitif peut
être catégorisé en 3 étapes comprenant la surestimation de la performance réelle, de
sa performance par rapport aux autres et le fait d’exprimer une certitude injustifiée
dans la concordance de ses croyances. En effet, un test marquant de ce biais est la
question suivante : « estimez-vous être un(e) meilleur(e) conducteur que la
moyenne ? » En effet (sous réserve de détention du permis de conduire) la quasi
majorité des personnes répondront « oui » à cette question. Il est facilement
compréhensible, qu’en réalité peu de personnes sauront réellement évaluer leurs
performances rationnellement.
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AVERSION AUX RISQUES ET AUX REGRETS
Nous percevons les pertes avec une intensité plus forte que les gains. Ainsi, lorsque le
banquier présente à son client un portefeuille avec des pertes, la douleur ressentie par
ce dernier sera plus intense que la joie procurée par un portefeuille affichant des gains.
Ce n’est pas une surprise, mais même si la plupart des lignes d’un portefeuille sont
dans le vert, les investisseurs auront tendance à être obsédés par les positions
baissières. Caractéristique d’une bonne majorité de la population, le risque est un
facteur essentiel dans la prise de décision. Il est évident qu’aucun placement financier
n’est fiable à 100%. En revanche, certains sont plus risqués que d’autres mais
rapporteraient certainement plus. Le fait d’être averse aux risques restreint les agents
dans des comportements financiers, la majeure partie du temps, irrationnels.
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Celui-ci introduit une fonction d’utilité qu’il nomme “fonction de valeur”. Cette fonction
est concave (aversion au risques) et convexe (recherche des risques).
BIAIS DE PRESENTATION
Les termes utilisés, leur formulation et leur présentation sont importants dans les choix
des investisseurs qui ne sont pas rationnels. La façon dont un choix est présenté
influence sur la prise de décision, c’est ce que l’on appelle en finance comportementale
l’effet de présentation.
BIAIS DE DISPONIBILITE
Ce bais montre que plus un individu est exposé fréquemment à une information, plus
il a tendance à croire que le risque d’occurrence est fréquent. Privilégiant alors à tort
les titres dont l’information est la plus annoncée. L’investisseur créera son opinion sur
des informations facilement disponibles sans réellement vérifier consciencieusement
les fondamentaux de son analyse.
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Exemple : La probabilité de mourir frappé par un astéroïde est plus importante que
celle de mourir des suites d’une attaque de requin. Cependant les attaques de requins
sont plus relayées par les journaux que les chutes d'astéroïdes, laissant penser le
contraire. Ce biais est souvent utilisé en marketing, plus une information est répétée,
plus celle-ci paraît crédible.
COMPATIBILITE MENTALE
Cette dernière traite notre enclins à attribuer une valeur différente à l’argent en
fonction de sa provenance ou de la manière de le dépenser. Ainsi, on prendra sans
doute plus de risques en investissant de l’argent gagné de manière fortuite plutôt qu’à
de l’argent durement gagné.
Exemple : Les investisseurs vont avoir tendance à segmenter leurs portefeuilles avec
des investissements sur et des investissements plus spéculatifs et volatiles. Or,
segmenter ses investissements peut faire perdre la vision globale du portefeuille de
l’investisseur. L’argent restant de l’argent, il est plus judicieux d’établir une stratégie
cohérente quant à son affection et se concentrer sur le rendement total de son
affection.
STATU QUO
Il s’agit de la tendance à vouloir laisser les choses telles qu’elles sont, à ne pas vouloir
faire de changement au risque de faire face à plus de risques et d’inconvénients que
d’avantages possibles. En finance comportementale, la peur de prendre de mauvaises
décisions ou de pertes peut freiner les investisseurs.
Exemple : L’héritier d’une grande fortune va, généralement, garder les positions prises
par son proche décédé, et cela alors que les besoins des deux individus ne sont souvent
pas même, cela s’explique par la peur de prendre une mauvaise décision, l’héritier va
alors garder des positions qui ne lui convient pas réellement.
PERSEPTION SELECTIVE
Ce biais cognitif montre qu’un individu a tendance à écarter toutes les informations
contraires à son point de vue et qui pourrait lui faire changer d’avis. L’individu cherche
alors n’importe quel argument susceptible de confirmer son opinion et écartera
automatiquement les informations contradictoires. L’être humain et plus
particulièrement le cerveau ressent en effet une tension lorsqu’un individu entre en
contradiction avec nos idées ou nos croyances. Cela peut mener dans certain cas en
finance comportementale au biais de la dissonance cognitive par lequel l’individu fait
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un déni de la réalité. Enfin, notre mémoire à tendance à oublier les événements
douloureux, en particulier s’ils résultent de notre propre comportement. C’est ce que
l’on appelle la mémoire sélective. En finance comportementale, on voudra oublier les
achats qui ont conduit à d’importantes pertes et ceux qui auraient pu nous rapporter
gros si nous les avions effectués. En clair, notre cerveau ne retient que ce qu’il l’arrange
afin de préserver l’image que l’on a de soi, spécialement si l’on estime être un
investisseur avisé et expérimenté. Avec le temps, notre mémoire s’adaptera en fonction
de ce que l’on veut bien retenir.
Exemple : Un investisseur va investir sur un fond X plutôt que sur un fond Y, il va alors
se convaincre lui-même qu’il a fait le meilleur choix possible, quitte à transformer en
partie la réalité et défendre son choix face aux opinions qui tendraient à dire le
contraire, et ce même si l’investissement se retrouve finalement infructueux.
INSTINT GREGAIRE
Lorsque dans un marché le nombre d’offre est très vaste, il devient difficile pour l’agent
économique de connaître tous les instruments disponibles. Il est alors fréquent que les
investisseurs prennent la décision d’investir dans un titre à la mode « que tout le monde
l’achète », sans procéder à aucune vérification ou considération économique. Or,
souvent le titre ne monte pas en raison de ses fondamentaux qui s’améliorent, mais
parce qu’il bénéficie d’une publicité accrue. Ce phénomène de masse est responsable
de bulle dans le cours des actions, comme on a pu assister dernièrement avec le Bitcoin
ou précédemment avec la bulle d’internet. En finance comportementale, cette attitude
est totalement irrationnelle car l’investisseur reproduit aveuglément des décisions
prises par d’autres.
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II) COMPORTEMENTS MOUTONNIER ET AUTO-REALISATEUR
Investir dans un titre parce que « tout le monde l’achète » est très fréquent. Sans
aucune vérification ou considération économique de ces derniers, par pure logique de
maximisation du profit. Or, souvent le cours du titre ne monte pas et les pertes sont
assurées.
En effet, au XXIe siècle nous pouvons en recenser 3 marquantes que nous étudierons
plus tard. Pour déjà les nommer :
2010 : l’immobilier aux USA avec la bulle puis la crise des subprimes.
2020 : les cryptomonnaies qui ont beaucoup d’aspects en commun avec une bulle.
Nous évoquerons, plus tard dans cette étude, les « gourous » de la finance.
L’aspect informationnel est primordial. Quand un individu prend une décision, il a ses
sources d’information privées mais il prend également en compte ce que font les
autres. Si ses sources d’informations lui disent de faire A et que tout le monde fait B,
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souvent, il ignorera les recommandations et fera B, comme tout le monde. Et comme
tout le monde, il prendra la mauvaise décision !
Il est possible de considérer que le système boursier tout entier repose sur ce simple
biais cognitif. Quand une monnaie bénéficie de la confiance de suffisamment de
spéculateurs, son cours augmente, même si elle n’était pas réellement sous-évaluée à
l’origine. À l’inverse, annoncer qu’une valeur est sous-évaluée peut tout à fait inciter
les spéculateurs à l’acheter pour que la prévision soit invalidée. Dans ce cas-là, il s’agit
au contraire d’un phénomène autodestructeur.
Comme souvent face à un quelconque danger, le meilleur moyen est de rester calme.
De continuer à consommer, acheter ou vendre ses biens comme si la situation était
normale pour éviter de dérégler le marché sous le coup de la panique. Ainsi, beaucoup
d’événements auto-réalisateurs pourraient être évités.
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2°) LES BULLES DU XXIe SIECLE
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LA CRISE DES SUBPRIMES
La deuxième bulle que nous allons évoquer est celle liée à l’immobilier américain au
milieu des années 2000. En effet, les taux étant très bas à cette période, les placements
simples comme les bons du trésor ne rapportent plus beaucoup. Les investisseurs
décident de se tourner vers l’immobilier. Les politiques incitant les ménages à devenir
propriétaires et l’idée que ce domaine n’est pas risqué, participent à l’augmentation
des investissements.
Deux sortes de prêt existent aux Etats-Unis :
- Tout d’abord les « primes », qui sont ceux accordés à des personnes largement
solvables et jugées sans risque.
- Et ensuite les « subprimes », accordés aux personnes ne pouvant
éventuellement pas rembourser leurs dettes.
Ainsi au milieu des années 2000, les hypothèques, faisant guise de garantie de
remboursement aux personnes risquées, sont transformées en titres que les
investisseurs s’arrachent. La demande devient telle que les banques sont en manque
de ces hypothèques transformées en titres et doivent donc accorder plus de prêts. Les
prêts accordés sont par conséquent de plus en plus risqués : augmentation
considérable des SUBPRIMES.
Les prix de l’immobilier grimpent en flèche, les investisseurs commencent à gagner des
sommes astronomiques et la bulle se créée. Personne ne s’inquiète, comme dans
toutes les bulles, car les garanties sont les biens immobiliers mis sous hypothèque. En
2006, les emprunts risqués représentent 600 milliards de dollars soit ¼ des emprunts
de l’ensemble des Etats-Unis.
Les premières ventent de biens immobiliers apparaissent, mais les prix ayant flambés
personne n’achète. Les investisseurs n’achètent plus de titres et les banques se
retrouvent avec des milliers de prêts en défauts de remboursement.
En 2007, les ventent commencent à s’accélérer et la crise se fait ressentir. Le coup de
grâce est rendu lorsque la banque historique d’investissement Lehman Brothers
déclare être en faillite à l’automne 2008.
La course aux guichets fait rage et la crise devient planétaire.
Ainsi, contrairement à celle d’internet un peu moins de 10 ans plus tôt, la bulle
spéculative autour de l’immobilier américains donna lieu à une crise mondiale
dénommée « crise des subprimes ». La crise dura jusqu’en 2012, et les pays
dépensèrent des sommes colossales pour sauver leurs banques et leur économie.
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LES CRYPTOMONNAIES, UNE BULLE EN DEVENIR ?
Pour finir cette étude rapide autour des bulles spéculatives, il est bon de citer les
cryptomonnaies. En effet, apparu au début des années 2010, les cryptomonnaies sont
devenues un système de paiement très courant et très prisé des spéculateurs. Pour les
définir littéralement, une cryptomonnaie est une monnaie numérique émise de pair à
pair, c’est-à-dire sans banque centrale, et utilisable au moyen d’un réseau
informatique décentralisé.
Comme on peut le voir, les cryptomonnaies sont un phénomène récent qui a vu le jour
il y a moins de 15 ans et sur lequel nous n’avons pas assez de recul. En revanche, nous
savons qu’elles sont apparues au lendemain de la crise des subprimes, émises par
algorithme, dans une logique de valeur refuge telle que l’or. En revanche,
contrairement à l’or, dont le court se maintient, les cryptomonnaies sont en proie des
spéculateurs et certain cours peuvent s’effondrer du jour au lendemain comme
exploser littéralement. Sur ce dernier point, rappelons qu’à sa création en 2009, le
bitcoin valait 0.01$. Il en vaut désormais près de 30000$.
Accessibles grâce à des applications mobiles ou des sites internet libres d’accès, tout
le monde peut investir sur les cryptomonnaies de manière simple et rapide. Ces actifs
particuliers, de monnaies virtuelles, plaisent de plus en plus car ils apparaissent comme
moins abstraits que les actions boursières. L’explosion des cours et la possibilité de
payer avec ces actifs facilite davantage le processus.
Même si le phénomène est en plein essor, d’autant plus depuis la crise du covid, il
comporte beaucoup d’éléments faisant penser à une bulle pouvant éclater très
rapidement. La volatilité des cours et la facilité d’entrer sur le marché renforcent cette
idée. Beaucoup de bénéfices sont enregistrés mais autant de cours s’effondrent.
L’avenir sera témoin de cette théorie pour laquelle nous n’avons quasiment aucun
recul.
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POURQUOI LES BULLES SONT PRODUCTIVES ?
Pour clore cette présentation autour des bulles, nous pouvons dire que dans un modèle
économique avec bulle, une croissance peut apparaitre. En effet, elles permettent
l’investissement. Ces investissements peuvent améliorer la productivité, lorsque les
bénéfices par exemple sont utilisés dans des formations ou dans l’éducation. La
croissance est donc plus importante dans un modèle avec une bulle.
Il est évident, qu’en revanche lorsque la bulle explose, tout ce phénomène s’arrête
immédiatement. Les pertes de capital étant fortes, les agents ne redistribuent plus dans
leur propre productivité.
Il est vrai que quand une bulle éclate, les pertes sont conséquentes et les conséquences
parfois dramatiques pour l’économie comme nous avons pu le voir. Mais tant que la
bulle est active, les investisseurs engendrent des bénéfices parfois énormes. Tout cet
argent est forcément en partie redistribué et donc améliore la situation économique.
Les modèles avec bulles ont donc de meilleures croissances et productivités.
Pour approfondir ces modèles, on peut citer l’étude des économistes Xavier Raurich et
Thomas Seegmuller. Ils s’intéressent aux investissements des jeunes d’abord. Ils
peuvent décider d’investir dans leur propre productivité, en faisant des études
prestigieuses et qui devraient dans le futur leur assurer des meilleurs revenus. C’est
donc un investissement en capital humain. Ainsi, avec de meilleurs revenus futurs, leur
redistribution sera accrue. Les personnes considérées adultes dans l’étude, eux, vont
plutôt placer leurs bénéfices liés aux bulles en vue de la retraite. Ainsi, s’assurer de
meilleurs revenus une fois à la retraite et pouvant donc redistribuer d’avantage leur
richesse. Enfin, les retraités sont considérés comme non-investissant.
Ainsi, nous pouvons dire que les bulles font du bien à l’économie le temps qu’elles
durent mais que personne n’aime être présent lorsqu’elles éclatent. L’économie est un
éternel recommencement, chaque nouvelle bulle éclatera et causera des conséquences
avant de faire place à une nouvelle. Leur durée dépend du comportement des agents,
mais plus ou moins longue chaque bulle spéculative finira par éclater.
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3°) ELARGISSEMENT SUR LES GOUROUS DE LA FINANCE
Comme nous avons pu en présenter un aspect rapide dans notre partie sur les biais
comportementaux, les « gourous » de la finance sont un complément des
comportements auto-réalisateurs.
Cette appellation désigne, dans le langage financier, des personnes ayant réussi des
gros coups sur les marchés boursiers ou dans des investissements. Ces derniers
conseillent donc d’autres investisseurs, souvent novices, dans leurs choix de placement.
En effet, du fait de leur réputation ils disposent d’une certaine aura dans le milieu. Mais
parfois, ces « gourous », ne sont pas les plus aguerrit sur les marchés comme nous
allons le voir.
Warren Buffett, en est certainement l’une des figures les plus emblématique. Né en
1930, il est l’une des plus grosses fortunes mondiales estimée à plus de 100 milliards
de dollars. Il fait fortune dans les années 1980, à la suite de plusieurs investissements
boursiers. Dans l’ouvrage Warren Buffett le gourou de la finance lui étant consacré,
Hélène Constanty explique : « Une biographie de la troisième fortune mondiale.
Travailleur acharné, il mène la vie d'un américain ordinaire dans sa ville d'Omaha.
Ennemi du luxe et du gaspillage, il cultive le bon sens et l'humour. Hostile à la notion
d'héritage, il a annoncé qu'il léguerait l'essentiel de sa fortune à la fondation
humanitaire de son ami Bill Gates. » D’après l’auteur, l’homme d’affaire aurait fait
fortune grâce à la méthode de Benjamin Graham. Cette dernière est expliquée dans
son livre The intelligent investor, en 1949. Considéré comme le père de
l’investissement, le livre de Graham est selon Buffett « le meilleur livre d’investissement
jamais écrit ». Dans son ouvrage, Graham donne des conseils aux investisseurs. Dans le
Chapitre 2 l’investisseur et l’inflation, il explique la chose suivante : « il est absurde
d’affirmer que les actions, même de la meilleure qualité, sont forcément un meilleur
placement que les obligations dans toutes les conditions de marché. »
Fort de son parcours et de son expérience, Warren Buffett est considéré comme un
« gourou » de la finance de manière naturelle. Ses réactions sur les marchés, ses achats
et/ou ses ventes sont surveillées par les investisseurs et sont souvent reproduites. Il est
fort à penser que de se fier à une telle personne pour investir est logique. Mais comme
nous l’avons dit précédemment, le problème vient du raisonnement. En effet, les
personnes suivent aveuglément des choix boursiers qui ne dépendent pas d’eux sans
en connaitre les raisons et en justifiant leurs agissements que par la nouveauté. Il n’est
évidemment pas nécessaire, d’expliquer au lecteur qu’agir de la sorte est irrationnel et
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préjudiciable. Mais soyons clair, il arrive à certaines personnes de réaliser « des gros
coups » en imitant ces « gourous » sur les marchés.
Ainsi la théorie des « gourous » est un complément aux biais comportementaux. Sous
l’influence de prétendus spécialistes en la matière ayant fait fortune (souvent par
chance) ou sous celle de milliardaire ayant suivis des méthodes précises les agents vont
se laisser guider sur les marchés. Ce comportement peut être fructifiant mais reste à
tempérer. Comme dans n’importe quelle situation de la vie, se laisser guider par un
tiers n’est pas une solution. Même novice en la matière, il vaudrait mieux se former en
la matière, comme l’a fait Buffett, plutôt que de suivre instinctivement des personnes.
Sous l’effet de la chance, le mimétisme peut fonctionner mais il ne faut pas oublier que
les Warren Buffett ou autres investisseurs sont des milliardaires et ils peuvent se
permettre de perdre des sommes mêmes élevées. Alors que les petits porteurs qui
entrent sur le marché pour compléter leurs revenus, peuvent tomber dans la faillite ou
la ruine rapidement. Ce dernier point nous rappelle les prémices de la crise des
subprimes aux Etats-Unis.
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III) MODELES STATISTIQUES ET ECONOMETRIQUES
1°) LES MODELES SETAR
(1)
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La structure autorégressive des modèles TAR les rend idéales pour analyser des séries
de cycles périodiques. Or on sait que de tels cycles présentent le plus souvent un
comportement asymétrique.
(2)
->1yt−d≤α (1yt−d>α) est une fonction indicatrice qui prend la valeur de 1 si la variable
de transition est inférieure ou égale au seuil et de 0 sinon.
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2°) MODELES A CHANGEMENT DE REGIMES
Afin d’analyser les comportements des agents et plus précisément leurs anticipations
rationnelles ou non, il existe un modèle dit à changement de régime que nous allons
exposer de manière littérale.
Les modèles à changements de régimes markoviens ont été introduits par Stephen
Goldfeld et Richard Quandt en 1973. La fonction de vraisemblance correspondant aux
modèles a été calculée par Cosslett et Lee en 1985. Enfin, Hamilton en 1989 propose
une méthode d’estimation reposant sur un algorithme, qui permet de calculer la
vraisemblance du modèle et les probabilités conditionnelles de régime.
Nous considérons une variable « rt » qui peut connaître des changements dramatiques
au cours du temps. Elle se présente sous la forme suivante :
Dans (1) et (2), « β0 » et « β1 » sont des constantes, et « εt » est un terme d’erreur qui
suit une loi normale avec une moyenne nulle et une variance égale à « σ02 » (avant
changement) ou « σ12 » (après changement). Après le changement à « t0 », la valeur de
l’interception a changé de « β0 » à « β1 » pour le nouvel état du marché. En revanche,
puisque la date de changement « t0 » est connue, la transition des états constitue ainsi
un événement déterministe. En réalité, il est impossible de prédire une transition des
états du marché ou de prédire l’ampleur d’un changement. Par conséquent, il doit
exister un mécanisme qui peut produire une transition des états de façon endogène.
Ainsi, nous pouvons combiner les équations (1) et (2) pour obtenir une formule
générale du modèle notée :
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« St » est une variable aléatoire. En cas d’un changement à « t0 », on suppose que :
St = 0 pour t = 1,2, …, t0
St = 1 pour t = t0 + 1, t 0+ 2, …
Cependant, peu de modèles ont été développés pour tenir compte de cette
caractéristique et de la perception qu’ont les agents de ces changements, sachant que
ces derniers ne peuvent pas être considérés comme la résultante de circonstances
parfaitement prévisibles, mais plutôt d’évènements en partie aléatoires. Hamilton
développe alors un modèle caractérisé par des changements de régime discrets
produits à partir d’un processus à chaîne de Markov, ce qui permet de formaliser, d’une
part, l’incertitude sur l’état du régime en vigueur au temps « t » et, d’autre part, le
passage d’un régime à un autre. Ses premières applications, publiées en 1988 et 1989,
concernent alors l’examen de la politique monétaire américaine au cours des années
70 et 80.
Une chaîne de Markov se caractérise par le fait que son évolution future (passage de
« St-1 » à « St ») ne dépend que de l’état actuel (« St-1 ») et pas du passé. Ici, « Pij »
désigne la probabilité de passer à l’état « j » sachant qu’on se trouve à l’état « i ».
Supposons qu’on ne peut pas observer « St » directement, on ne peut le déduire que
par les comportements observés de « rt ». Par conséquent, les paramètres à estimer
dans ce modèle sont la variance de l’innovation « σ2St », aux deux interceptions : « β0 »
et « β1 », et aux deux probabilités de transition des états : « p00 » et « p11 ». En pratique,
nous savons que l’impact d’un changement dramatique ne peut pas être permanent.
Ainsi, on s’attend à ce que p11 < 1.
30
3°) ANALYSE SUR L’INDICE S&P500
Cette étude, a été réalisée en janvier 2012 par l’université Paris Dauphine. Nous en
traiterons ici les aspects importants et y rajouterons quelques points en lien avec notre
étude.
Le S&P500 est indice boursier basé sur 500 grandes sociétés des États-Unis. L'indice
est possédé et géré par Standard & Poor's (d’où le S&P), une entreprise de notation
financière.
La période étudiée dans cette étude se situe entre 2002 et 2011, ainsi le graphique de
l’indice sur la période prend la forme suivante :
31
MODELE TAR SUR L’INDICE :
L’indicateur Vix permet de calculer l’amplitude des variations du cours d’une action. Il
permet de calculer la volatilité implicite et est exprimée en pourcentage. Il est calculé
en faisant la moyenne des volatilités sur les options d’achat et les options de vente :
Nous avons fixé d=1 comme retard de la variable à seuil car après plusieurs estimations
nous avons constaté que cela a très peu d’impact sur les estimations et ceci se reporte
sur les critères AIC et BIC.
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MODELE SETAR SUR L’INDICE :
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MODELE A CHANGEMENT DE REGIME :
Le régime à la date t est déterminé par une variable inobservable. On suppose que
cette variable est générée par un processus de Markov d’ordre 1 (noté St). St prend 2
états possibles : 1 et 2.
34
CONCLUSION
Nous avons ainsi pu ainsi voir que dans les marchés financiers comme dans la vie
courante ce sont souvent les agents qui faussent la réalité. Les dix biais
comportementaux que nous avons explicités sont la base de l’irrationalité des
individus. En effet, toute personne est irrationnelle dans ses choix, bien qu’elle ne s’en
rend pas compte.
Les bulles spéculatives que j’ai détaillés au lecteur démontre l’intérêt que les gens font
aux placements. « Monsieur tout le monde » aime gagner de l’argent et d’autant plus
si c’est facile et sans risque. La seule chose, c’est qu’il y a toujours un risque mais quand
tout va bien, on ne le voit pas. Aucun placement n’est sûr, et même si des personnes
ont fait des coups d’éclats sur les marchés, ce n’est pas en les imitant que cela
fonctionnera pour nous. La part de chance est bien réelle et il est naïf de croire que
« cette fois c’est différent, ça va fonctionner ».
Les cryptomonnaies ont donc tout d’une bulle mais l’avenir témoignera de notre
ouverture sur le sujet.
Pour finir, j’ai introduit des modèles économétriques essentiel à de telles recherches.
Ils en restent néanmoins abstraits, mais l’analyse autour de l’indice boursier pourra
éclaircir leur complexité. Cette dernière figurera pour son entièreté en annexe.
35
SOURCES
« Maurice Allais itinéraire d’un économiste français » Henri Sterdinyak 2011 (ANNEXE 1)
Warren Bufett :
https://www.google.fr/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fwww.morningstar.fr%2Ffr%2Fnews%2F213368%2Fcomment-investir-
comme-warren-buffett-
.aspx&psig=AOvVaw3DRSg7SdQ6TmRlc1DNTPew&ust=1655396533571000&source=images&cd=vfe&ved=0CAkQjRxqFwoTCIi
7jubur_gCFQAAAAAdAAAAABAD
Modèles à changement de régimes : « identification de la crise financière : Application des modèles à changements de régimes
markoviens » université de Montréal.
Vix : https://www.google.fr/imgres?imgurl=https%3A%2F%2Fwww.andlil.com%2Fwp-content%2Fuploads%2F2013%2F07%2Fvix-
formule1.png&imgrefurl=https%3A%2F%2Fwww.andlil.com%2Fdefinition-du-vix-
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156460.html&tbnid=b2bixVl37EM5lM&vet=12ahUKEwjXvYKtgLX4AhVH2xoKHXTfD6IQMygAegUIARCdAQ..i&docid=erRz41uSTF
ofnM&w=357&h=104&q=formule%20vix&hl=fr&ved=2ahUKEwjXvYKtgLX4AhVH2xoKHXTfD6IQMygAegUIARCdAQ
« Econométrie des modèles à changements de régimes : un essai de synthèse » Remzi Uctum (ANNEXE 2)
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