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LES FICHIERS SOURCES

OU LA CESSION
DE DROITS

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DFF
PPD
Texte original Par Nicole Traoré,
Juriste en Propriété Intellectuelle

Adapté par Yacouba Demba DEMBELE


Graphiste designer freelance et specialiste
en image de marque
INTRODUCTION
Trop souvent, les graphistes professionnels sont confrontés à cette
demande hors de propos de leurs clients, qui réclament les fichiers sources
ayant permis la création de la production graphique commandée. Ainsi,
bien des clients tiennent pour acquis le fait d’être les propriétaires légi-
times de ces sources, au même titre que l’œuvre finie. Et pourtant, la loi
spécifie tout autre chose…

De fait, pourquoi serait-il normal de posséder, de facto, ces fichiers


sources ?

Lorsque nous achetons une voiture, nous n’avons évidemment pas à récla-
mer ses plans de construction, ses documents techniques et les coordon-
nées des fournisseurs au concessionnaire. Le savoir-faire inhérent à la
fabrication de la voiture n’est pas vendu avec cette dernière !

Il en va de même dans le secteur du graphisme, où ce type de cession


peut toutefois être monnayé. Cession des droits des fichiers sources, com-
bien ça coûte ?
On vous répond dans les lignes qui suivent.
Qu’est-ce qu’un
fichier source ?
Les fichiers sources sont également appelés « documents de travail ». Il
s’agit donc de tous les documents ayant permis de concevoir le produit
fini commandé par le client. Les fichiers sources sont les fichiers contenant
les méthodes et techniques de travail, résultant des logiciels de création
graphique professionnels tels que Illustrator, Première Pro, Cinéma 4D...

Aussi, dans le secteur du graphisme, ces fichiers sources sont :


les PSD ; les .ai ; les fichiers InDesign ; etc.

Dans le secteur du dessin d’illustration et de l’animation, les fichiers


sources sont : vos croquis ; vos recherches personnages ; etc.

C'est de ces fichiers que découlent les livrables.


Qu’est-ce qu’un
fichier livrable ?
Le fichier source doit être différencié du livrable.

Les fichiers sources représentent le résultat du savoir-faire du créatif, de ses


recherches. Ils ont donc une valeur, sont protégés par des droits d'auteur et
ne peuvent être cédés sans accord préalable.

Ce dernier est le fichier figé et prêt à l’emploi qui doit être remis au client
lorsque votre prestation est achevée et soldée. Les caractéristiques de ce
livrable sont alors explicitement définies dans le cahier des charges initial.
Généralement, le livrable prend ainsi la forme : d’un JPG, d’un PNG, d’un
PDF, etc.
Faut-il
nécessairement
céder ses fichiers
sources ?
L’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit de la propriété intellectuelle du seul
fait de sa création, et ce indépendamment de la propriété de l’objet fini.
Le créatif est libre de vouloir les céder ou non, en vertu du droit moral qui
y est attaché. Le droit moral est le droit qui confère à l'auteur le respect de
son nom, de sa qualité et de son œuvre La cession de fichiers sources doit
être incluse dans le devis du créatif comme option au client.

Par conséquent, la prestation du graphiste vendue à son client n’entraîne


en aucun cas la vente automatique de ses « sources ». D’autant que
celles-ci témoignent du savoir-faire du prestataire en question. Un
savoir-faire qui lui a justement valu d’être choisi pour exécuter ladite pres-
tation.
La problématique se pose en particulier pour les graphistes freelances qui
travaillent pour des clients directs et qui sont amenés à produire intégrale-
ment le produit fini : une illustration d’affiche, un site Internet, l’animation
d’une présentation, etc.
Des produits de communication destinés à un usage bien précis qui
n’oblige en aucune façon, même implicitement, le prestataire à livrer ses
sources. En effet, si le client souhaite disposer de ces sources et du droit
de les exploiter pour de nouveaux usages, il doit le mentionner dès sa
demande de devis afin de permettre au graphiste d’adapter ses tarifs en
conséquence. Une demande ultérieure devra donc faire l’objet d’un ave-
nant au contrat initial, et l’extension de droits accordée par le graphiste
devra être facturée au client.

Notez toutefois que même dans ce cas, vous n’êtes absolument pas tenu
d’accepter de céder vos droits sur vos fichiers sources ! En revanche, vous
êtes en droit de choisir de garder la main sur le projet.
Comment faire
une cession de droits
sur ses fichiers
sources ?
Nous l’avons vu, un client qui souhaite disposer de vos fichiers sources doit
le mentionner et en régler le prix. Un coût supplémentaire dont il vous
appartient de fixer la valeur.

La cession des fichiers devra être mentionnée dans le contrat de prestation


de service ou, si elle est décidée pendant l'exécution du contrat, faire l'ob-
jet d'un avenant au contrat principal, ou encore, par un contrat de cession,
si la prestation a déjà été fournie. Un contrat qui sera ensuite signé par les
deux parties, c’est-à-dire par vous-même et votre client.

NT LAW
PATE
Combien vendre
ses fichiers sources ?
Vous l’aurez compris, vos sources ont une valeur marchande, au même
titre que le produit final que vous vendez. Elle n'a pas de coût fixe mais
peut être évaluée entre 0,5 et 2,5 fois le prix de la prestation effectuée.
Une valeur marchande totalement indépendante du produit fini, et qui
s’appuie sur deux points précis :

01
En livrant vos sources, vous donnez à votre client tous les outils pour se
passer de vous à l’avenir. Il est alors libre de modifier votre œuvre, d’en
créer de nouvelles, ou même de faire créer un nouveau produit par un autre
prestataire à partir de votre travail. Si vous ne les cédez pas, vos fichiers
sources sont donc de potentielles sources de profits supplémentaires. Si vous
les cédez, elles deviennent un véritable manque à gagner potentiel pour
votre société de graphisme. Un manque à gagner qui doit donc être com-
pensé par une cession onéreuse de vos fichiers sources.

02
Outre la seule possession de ces fichiers, se pose également la question
primordiale du droit de les exploiter. Aussi, tout travail de création requiert
une cession des droits d’auteur correspondant à son exploitation légale. Par
conséquent, ces droits cédés sont définis et limités à un usage bien précis,
et votre rémunération doit leur être proportionnelle.
Pour les créatifs rattachés à une entreprise, ce principe est le même, afin
qu'ils puissent aussi les utiliser dans leur portfolio Dans la pratique, il est
préférable d'inclure une clause à ce propos dans le contrat de travail pour
éviter d'éventuels conflits. Ils ne doivent pas négliger de créditer ceux qui
ont participé à l'exécution des projets dont ils possèdent les fichiers
sources, car ils sont aussi titulaires de droits.

Car faire valoir son droit, c'est aussi


respecter celui des autres.
La propriété des fichiers sources doit être respectée par le client car c'est
l'expression d'un art, des heures de travail, de réflexions et d'insomnies
d'esprits créatifs qui donnent le meilleur d'eux.

Il est aussi important que les métiers du graphisme prennent connaissance


de leurs droits et les fassent valoir. Les métiers du graphisme sont de l’art ;
numériques, certes, mais quand même imprégnés de visions artistiques
propres à chaque graphiste.
En résumé, professionnels et clients doivent bien garder à l’esprit que toute
commande d’un produit fini, comme un logo, une affiche, une bannière web,
etc. n’induit en aucun cas la cession des éléments qui ont permis sa création.
Les fichiers sources contiennent toute votre expertise, votre savoir-faire de gra-
phiste professionnel ! Ils ont une véritable valeur marchande.

Par conséquent, seule une entente contractuelle entre le prestataire en gra-


phisme et son client peut entraîner une cession de ces sources, et cela selon
des modalités bien précises (coût de cession, droits d’exploitation).

En tant que graphiste indépendant, il peut être difficile de ne pas céder à la


pression exercée par vos clients. Pourtant, votre décision de ne pas céder vos
sources est tout à fait légitime et légale, au même titre que votre décision d’en
négocier la valeur avant de finalement accepter de les céder. Et même dans ce
second cas, votre client n’a aucun droit d’exploiter vos sources hors du cadre
de la cession de droits vendue par vos soins. Bref, la loi est de votre côté,
restez droit dans vos bottes !

En tant que client, n’hésitez pas à évoquer le sujets des sources avant la réali-
sation du devis pour ne pas mettre en porte-à-faux votre graphiste au moment
de la livraison.

Rappel important : même si vous cédez gracieusement vos fichiers sources à votre client,
celui-ci n’a aucun droit de les utiliser pour la création et l’exploitation d’un nouveau produit,
à moins que vous lui ayez également cédé les droits qui vont avec vos fichiers.
Guide pratique sur les droits de propriété
intellectuelle pour les graphistes freelance

Si après lecture de ce guide, vous avez


des questions un peu plus poussées sur
le sujet, je me mets entièrement à votre
disposition.

Source d’adaptation

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