Vous êtes sur la page 1sur 2

Non seulement il les a niés, mais, mis en situation de les voir, il a affirmé ne les avoir pas vus; ne les

ayant pas
vus, il ne pouvait pas en avoir l’idée, et, par suite, ce n’est pas de ses travaux que Monsieur Chauveau avait pu
conclure à l’existence des microzymas dans le vaccin:
sur quoi il faut que j’insiste.
Dans sa réponse au docteur Koch, Monsieur Pasteur dit:
« le docteur Chauveau (1868) établit que la virulence était due aux particules solides antérieurement aperçues
dans les virus. »
Monsieur Pasteur n’a pas osé dire que c’est lui qui les a aperçues; il a seulement donné à entendre que c’est à la
lumière des résultats de ses travaux:
« La médecine humaine et la médecine vétérinaire s’emparèrent bientôt de la lumière que leur apportèrent les
résultats de mes travaux, » dit-il 13.
Il m’est absolument impossible d’accorder cela.
Les lecteurs qui voudront connaître la manière dont Monsieur Pasteur s’y prend pour abîmer la vérité, liront
avec fruit ce qu’il a écrit aux pages 120, 121, 122 et suivantes de ses Études sur la bière.
J’y suis vivement pris à partie.
J’ai dû répondre dans la onzième Conférence.
Je retiens seulement ceci:
après avoir dit que les microzymas ne sont que la réédition des molécules organiques de Buffon et des globulins
punctiformes de Turpin, il ajoute:
« Le lait, le sang, les œufs, l’infusion d’orge, etc., même la craie, en contiennent, et nous avons maintenant,
piquante découverte à coup sûr, l’espèce microzyma cretae. »
Après cela, on n’est pas étonné de ce que Monsieur Pasteur ajoute tout de suite après:
« Les personnes, et je suis de ce nombre, qui ne voient dans ces granulations des liquides organiques que des
choses encore indéterminées, les appellent granulations moléculaires ou granulations mobiles, parce qu’elles
ont le mouvement brownien.
Les mots vagues conviennent aux connaissances vagues, etc. »
Donc, en 1876, les granulations mobiles des virus étaient choses indéterminées pour Monsieur Pasteur; il n’a
donc pas le droit de soutenir que les recherches de Monsieur Chauveau ont été inspirées par ses travaux.
Mais en 1868, Monsieur Chauveau a reconnu que les granulations moléculaires des virus étaient quelque chose
de très déterminé comme nous l’avions déjà vu, Monsieur Estor et moi.
Et il en est ainsi des microbes en 8 qui ne sont que mes microzymas associés à deux grains, que je décrivais en
1868, et que Monsieur Pasteur ne savait pas reconnaître alors, ainsi que je le montrerai par les textes.
Mais Monsieur Pasteur, qui, en 1876, parlait si légèrement de choses aussi concrètes, avait sans doute à son
usage des mots plus compréhensifs que le mot microzyma pour rendre ses idées.
Monsieur Robin l’ayant obligé de définir ce qu’il entendait par le mot germe, il répondit:
« Dans toutes les questions que j’ai eu à traiter, qu’il s’agisse de fermentation ou de générations spontanées, le
mot germe voulait dire surtout origine de vie 14. »
C’est en ayant « recours systématiquement aux dénominations les plus vagues 15 » que Monsieur Pasteur trouve
que le mot microzyma convient aux connaissances vagues!
Non, avant mes recherches, non seulement on ne connaissait pas les granulations moléculaires comme
organisées et comme physiologiquement et chimiquement actives; mais on ne connaissait pas leurs rapports
avec l’organisation et la vie des êtres supérieurs; on ne connaissait pas même ce rapport avec l’organisation et
la vie des infusoires, bactéries, vibrions ou des autres ferments, levûres ou moisissures!
La nouvelle doctrine dont je parlais, concernant l’organisation et la vie, ne doit donc rien à Monsieur Pasteur;
après tant de vérifications, il a continué de regarder les corps organisés du point de vue ancien; il y a si peu
découvert quelque chose en quoi la vie peut persister après la mort, qu’il ne croit à leur totale destruction que
par le moyen des germes atmosphériques qu’il assure, avoir été créés exprès pour cela.
La théorie du microzyma appliquée à l’histologie et à la physiologie, procède, comme je l’ai dit, de mes études
sur l’interversion, que l’on croyait spontanée, de l’eau sucrée; elle se rattache à Bichat en passant par la théorie
cellulaire de Küss.
Et je serais un ingrat, si je n’ajoutais qu’auparavant je m’étais pénétré de la lecture des œuvres de Monsieur
Dumas, du savant illustre à qui la physiologie chimique et générale doivent autant de découvertes de premier
ordre que la chimie pure!
II. Monsieur Pasteur, « à la lumière que lui apportèrent les résultats de ses travaux, » a peut-être considéré, tout
d’abord, les germes de l’air comme la cause première des maladies, au moins chez les vers à soie.
Peut-être, les idées qu’il a émises à cette occasion m’ont elles obligé de modifier ma manière de voir sur ce
point, ainsi qu’il l’a assuré au Congrès de Londres.
On sait, en effet, qu’aujourd’hui une foule de maladies de l’homme et des animaux sont parasitaires selon
Monsieur Pasteur, grâce à la pénétration dans leur corps de germes de parasites morbifères!
Il assure même que « médecins et vétérinaires s’emparèrent de la lumière que leur apportèrent les résultats de
ses travaux! »
J’ai, avant Monsieur Pasteur, cherché dans l’air la cause de l’apparition des moisissures et des microzymas dans
mes solutions.
Plus tard, j’ai démontré, ce que n’avait pas fait Monsieur Pasteur, que les microzymas constituent la partie
essentielle de ce que l’on appelle les germes de l’air, donnant ainsi un corps à ces germes qui n’étaient ni spores
ni œufs; et tandis, que Monsieur Pasteur cherchait encore les œufs des bactéries, je prouvais, que celles-ci
n’étaient que le résultat de l’évolution des microzymas.
Bien avant 1876, c’est-à-dire avant l’apparition des Études sur la bière, j’avais même recherché si les
microzymas atmosphériques, loin d’avoir été créés exprès, ne seraient pas les restes vivants des organismes
disparus:
la onzième Conférence contient l’histoire de cette recherche.
Or, un jour, Monsieur Pasteur et moi nous sommes trouvés en face du même problème pathologique.
Par le plus grand des hasards, ne sachant pas que Monsieur Pasteur dût s’en occuper, je me suis trouvé avoir
émis une opinion sur ce problème avant qu’il n’eût produit la sienne.
C’était en 1865:
il s’agissait de la maladie des vers à soie appelée pébrine et caractérisée par des corpuscules étrangers à la
constitution histologique du ver:
on les appelait corpuscules vibrants ou de Cornalia; ils avaient été signalés comme des productions végétales
par les uns, comme des hématozoaires par les autres, etc.
Or, en 1865, avant que Monsieur Pasteur eût parlé, je considérais la maladie comme parasitaire et, pour tarir la
fécondité des germes du parasite, conformément à mes recherches, je proposais de faire les éducations dans des
chambrées où l’on répandrait des vapeurs de créosote.
En 1866, je reproduis avec insistance la même manière de voir:
je soutiens que le germe du parasite est transporté par l’air et que c’est sur lui qu’il faut agir pour le rendre
infécond.
Je termine la Note adressée à l’Académie des sciences par ces conseils:
1. Faire grainer dans des locaux où l’on maintiendra sans cesse une odeur franche de créosote; 2.
Conformément à la méthode de Schrœder et Dusch, conserver les œufs entre deux couches de coton, afin de les
soustraire à l’invasion des germes du parasite.
Que fait Monsieur Pasteur? En 1865, il considère la maladie comme constitutionnelle, plus, ou moins analogue
à la phtisie.
Les corpuscules ne sont ni animaux ni végétaux; ils sont des corps plus ou moins analogues aux granulations
des cellules cancéreuses ou des tubercules pulmonaires.
« Au point de vue d’une classification méthodique, ils devraient être rangés plutôt à côté des globules du pus,
ou des globules du sang, ou bien encore des GRANULES D’AMIDON, qu’auprès des infusoires ou des
moisissures. »
La comparaison avec les granules d’amidon vaut l’affirmation qu’ils ne sont ni végétaux, ni animaux.
En 1866, un mois après ma Note, Monsieur Pasteur, ayant à sa disposition près de deux litres de corpuscules,
écrit ce qui suit:
« On serait bien tenté de croire, quand on songe surtout que les corpuscules ressemblent beaucoup à des spores
de mucédinées, qu’un parasite analogue à la muscardine a envahi les chambrées, et que telle est la source du
mal.
Ce serait une erreur. »
Et Monsieur Pasteur, continuant, ajoute:
« Ces petits corps que je regarde toujours comme une production qui n’est ni végétale ni animale, incapable de
reproduction, et qu’il faudrait ranger dans la catégorie de ces corps réguliers de forme que la physiologie
distingue depuis quelques années par le nom d’organites, tels que les globules du sang, les globules du pus, etc.
»
Enfin, le célèbre auteur en est si bien resté à son opinion de l’année précédente qu’il répète:
« Je ne saurais mieux faire comprendre la manière dont je me représente la maladie des vers à soie qu’en la
comparant aux effets de la phtisie pulmonaire. »

Vous aimerez peut-être aussi