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Titre = Comportement des consommateurs et produits
d’origine en Afrique de l’Ouest : la perception de la qualité
liée à l’origine géographique du riz de Kovié au Togo
Auteur:
1
RESUME
Cet article examine la perception de la qualité liée à l’origine géographique et le
comportement d’achat des consommateurs sur les marchés en Afrique de l’Ouest. Nous
étudions le cas du riz de Kovié au Togo. La collecte des données a été effectuée auprès de 292
consommateurs tirés au hasard sur les marchés locaux du Togo et l’analyse à partir des outils
économétriques et la microéconomie de l’information des consommateurs de Nelson, Darby
et Karni considérant les biens comme un panier de caractéristiques de recherche, d’expérience
et de croyance.
Les résultats montrent que les consommateurs différencient les riz locaux des riz importés et
attachent une importance à l’origine géographique du produit. Leur demande et comportement
d’achat pour le riz de Kovié sont basés sur la recherche des attributs de qualité liée à l’origine
géographique, la valeur nutritive, l’arôme, le goût, le caractère naturel et la fraicheur de ce riz.
Une meilleure valorisation de ce riz par une indication géographique est possible sous
réserve d’une évaluation des coûts de ce processus et du consentement à payer des
consommateurs.
Mots Clés : Indications géographiques, qualité, marché, comportement des consommateurs,
riz de Kovié, Togo
ABSTRACT
This paper examines the perception of quality link to geographical origin and the purchasing
behavior of consumers in West Africa’s markets . We study the case of Kovie rice from Togo
.Data was collected from 292 consumers in local market in Togo and was analyzed theories of
microeconomics of consumers’ information of Nelson, Darby and Karni which considered
product as sum of characteristics of research, experience and faithless and descriptive
statistics.
The results show that consumers make difference between local and imported rice and give
consideration to geographical origin of the product. Their demand and purchase behavior for
Kovie rice are based on attributes link to geographical area, nutritious, aroma, taste, natural
and freshness of the rice. Valorization of this rice through geographical indication process is
possible after evaluation of the cost of this process and consumers’ willingness to pay.
Keywords: Geographical Indications, quality, market, Consumer behavior, Kovie-Rice,
Togo
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Sommaire
Introduction ................................................................................................................................ 4
Economie de l’information et de la consommation ................................................................... 5
Méthodes de collecte et d’analyse des données.......................................................................... 6
Connaissance et fréquence de consommation des riz locaux et importés .................................. 7
Part des différents marchés du riz de Kovié .............................................................................. 8
Relations qualité-prix entre riz locaux et riz importés.............................................................. 10
Valorisation des attributs de qualité du riz de Kovié au Togo ................................................. 12
Hiérarchisation des attributs de qualité du riz de Kovié par les consommateurs ..................... 12
Discussion des résultats ............................................................................................................ 13
Conclusion ................................................................................................................................ 15
Bibliographie ............................................................................................................................ 17
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Introduction
L’origine géographique est, en Afrique de l’ouest, un critère distinctif pour de nombreux
produits agricoles. Parmi les plus connus nous pouvons citer l’oignon de Galmi, l’ananas de
Notsé, l’igname de Bassar, le gari de Savalou. Pour certains produits de base tels que le riz,
les productions locales sont fortement concurrencées par les importations à bas coûts. Au
Togo, la moitié de la consommation nationale de riz sont fournis par des importations en
provenance principalement de Thaïlande, des Etats Unies, d’Inde et du Nigeria. Ces riz sont
vendus, sur les marchés et dans les magasins d’alimentation, sous diverses appellations
commerciales telles que (Patron, Chériz, Uncle Sam, Alizé, ibo), dans des conditionnements
de 5 et 50 Kg. La commercialisation de ces appellations est appuyée par des campagnes de
publicité notamment à la télévision nationale. Une partie de la production nationale est
commercialisée par l’Entreprise Territoire et Développement sous l’appellation Délice du
Togo dont les paddy sont collectés auprès des riziculteurs de plusieurs zones géographiques.
La préférence des consommateurs sur les marchés pour les riz d’origine géographique est -elle
un facteur déterminant dans leur choix? Alors qu’il existe des objections selon lesquelles
l’origine ne serait pas intéressante à valoriser en Afrique compte tenu du pouvoir d’achat
faible des producteurs, le riz de Kovié fait cependant exception. Ce dernier est vendu en vrac
dans l’aire de production sur les marchés de Kovié et de Mission Tové ainsi que sur les
marchés de la ville de Lomé et de sa périphérie à un prix sensiblement supérieur à celui de ces
concurrents des filières structurées par des femmes rurales de ces localités et des revendeuses
de riz de Lomé mais est absent des superettes faute de conditionnement adéquat. Ce riz est
produit par 529 riziculteurs de Kovié, de Mission Tové, de Assomé et de Ziovonou organisés
en groupements et qui disposent d’un Comité de gestion du périmètre et de l’eau. La part des
revenus rizicoles dans le revenu total de ces riziculteurs est supérieure ou égale à 75% et une
quantité estimée à 1200 tonnes de riz blanc a été produite et commercialisée en 2010. Quel
type de conditionnement et à quel coût pour permettre à ce riz d’avoir une part des marchés
des superettes ? Quelle place peuvent occuper les riz locaux dans un objectif d’autosuffisance
alimentaire en riz en Afrique de l’Ouest et quelle perception des attributs de qualité par les
consommateurs lors de leurs choix ?
Cet article analyse les attributs de qualité et le comportement d’achat expliquant le maintien
du riz de Kovié sur les marchés à partir d’une analyse par l’économie de l’information et de la
consommation.
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Economie de l’information et de la consommation
La zone de production du riz de Kovié se situe dans la vallée de Zio et comprends les cantons
de Kovié, de Mission Tové, d’Assomé et de Ziowonou .
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Carte 2: Zones de production du riz de kovié
L’analyse a porté sur la reconnaissance et la différenciation des riz locaux et importés ainsi
que sur la reconnaissance et l’hiérarchisation des attributs de qualité du riz de Kovié.
Connaissance et fréquence de consommation des riz locaux et
importés
10- Parmi les consommateurs interrogés, 88% connaissent le riz de Kovié . De ces derniers,
79% citent spontanément ce riz comme riz local. Le riz « Délice du Togo », un autre riz local
dont les paddy proviennent de plusieurs zones rizicoles et qui est conditionné avec marque
commerciale par une entreprise locale est aussi cité spontanément par 31% des
consommateurs enquêtés. En dehors de ces riz mentionnés, les consommateurs interviewés
ont reconnu parmi les riz importés sur le marché local, les riz Patron (cité par 79% des
consommateurs) ; Alizé (56%) ; Uncle Sam (36%) ; Gino (47%) et Loy (15%).
Les autres riz locaux cités sont : les riz de Kpalimé (12%) ; Dapaong (8%) ; Akposso (6%),
Notsè (4%), Kpele Akata,( 4%), Notsè (4%) et Agome glozou (4%).Assomé (3%), Anié
(0,34%) ; Kara (0,34%),
L’analyse de la fréquence de consommation des riz montre que 83% des enquêtés
consomment les riz locaux et 91% les riz importés. Parmi eux, 74% consomment à la fois les
riz locaux et importés alors que respectivement 10% et 17% ne consomment que le local ou
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l’importé. En ce qui concerne le riz de Kovié, objet du cas d’étude, la fréquence de
consommation est très variée : 31% des enquêtés ne consomment pas le riz de Kovié ; 36% le
consomment une fois par semaine, 30% le prennent deux fois par semaine et 3% de temps en
temps.
Une analyse de la production et des importations de riz a été faite en vue de les comparer.
Ce graphique montre que le Togo ne couvre qu’environ 50% de ses besoins en riz d’ou le
recours aux importations.
Graphique 1 : Production et importation de riz au TOGO de 2006 à 2011
Il ressort de cette analyse que 40% à 50% du riz consommé au Togo provient des
importations . Bien que les riz importés à bas prix fournissent une large proportion des
approvisionnements, les riz locaux conservent une part appréciable du marché. Dans ces
conditions, les choix des consommateurs entre riz locaux et riz importés seront déterminés
par plusieurs facteurs et ces derniers adoptent différentes stratégies lors de
l’approvisionnement.
Part des différents marchés du riz de Kovié
Les consommateurs s’approvisionnent directement pour 53% des cas sur les marchés de
Kovié et de Mission Tové situés dans la zone de production. Les 47% de consommateurs
restants l’achètent sur les marchés urbains de Lomé, de Tsévié, d’Agoe et sur les marchés
ruraux avoisinants. Le tableau 1 ci-dessous résume les différents lieux d’approvisionnement
du riz de Kovié par les consommateurs enquêtés.
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Il ressort de ce tableau que 32% des consommateurs s’approvisionnent via des réseaux
sociaux alors que 16% et 5% vont respectivement à Kovié à Mission Tové). Le reste du
marché est détenu par Lomé ( 20%) des consommateurs , Agoè ( 13%) des consommateurs) et
Tsévié (11%) des consommateurs.
Tableau 1 : Nombre d’enquête par marché
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Il ressort de l’analyse de ce diagramme que le plus grand marché en volume du riz du
périmètre rizicole de Kovié se retrouve dans sa zone de production soit 53% si l’on regroupe
l’approvisionnement par commande à travers les réseaux sociaux dans la zone de production
et les parts des marchés de Kovié et de Mission Tové, les deux principaux marchés de la zone.
L’achat de ce riz auprès des revendeuses s’observe sur les marchés où les revendeuses
utilisent différentes mesures pour différencier le prix du produit et selon sa qualité à défaut
d’un produit pré emballé et étiqueté comme le montre l’image ci-dessous.
Relations qualité‐prix entre riz locaux et riz importés
L’achat du riz par les consommateurs sur les marchés est déterminé par plusieurs critères de
choix.
Tableau 02: Critères de Choix des consommateurs (n=292)
Riz de Kovié -
(local- Togo) 467
riz local d’Agome
glozou) 367 - 22,6%
Riz de Kpele Akata - 28,6%
(riz local) 333
Riz Alizé ((importé de - 2,5%
Thaïlande) 390
Riz Patron (importé de - 7,5%
Thaïlande) 370
Riz IBO - 45%
(importé du Nigéria) 220
Source : Résultats d’observation des prix de riz sur les marchés de Lomé (2009)
L’analyse du tableau permet de faire deux types de comparaisons : le riz de Kovié par rapport
aux riz locaux d’Agome Glozou et de Kpele Akata et le riz de Kovié par rapport aux riz
importés Alizé, Patron et IBO selon les modalités de conditionnement du riz.
Parmi les riz locaux qui sont vendus en bols et en vrac sur le marché. le prix du riz de Kovié
est supérieur au prix des autres riz locaux vendus sur le marché. Le prix du riz de Kovié est
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plus élevé de 28,6% par rapport au riz de Kpele Akata et 22,6% par rapport à celui d’Agome
Glozou. Cet écart de prix rend compte de la disposition à payer pour la spécificité et ceci
serait lié aux attributs de qualité perçus.
Entre le riz de Kovié et les riz importés, le prix au kg du riz de Kovié est encore le plus élévé.
Son prix est respectivement de 45 % et 7,5% plus élevé que ceux des riz IBO et Patron
importés respectivement du Nigéria et de Thaillande. Malgré la concurrence, le riz de Kovié
se maintient sur le marché grâce à son attribut de qualité liée à l’origine géographique. La
valorisation des attributs de qualité de ce riz de Kovié par les consommateurs a été analysée.
Valorisation des attributs de qualité du riz de Kovié au Togo
La qualité du riz est importante pour les consommateurs enquêtés. Les résultats montrent que
le riz de Kovié a un bon goût et est naturellement parfumé. Son arôme se sent sur le sentier
du périmètre rizicole qui donne un beau paysage à voir. Il est reconnu comme un riz
originaire de Kovié , unique par ses attributs de qualité meilleurs par rapport aux autres riz.
C’est un riz qui fait la fierté de ses producteurs et des ressortissants de ce territoire
géographique. Cependant, on peut trouver parfois mais rarement quelques petits débris
végétaux. Autres spécificités, il faut savoir le préparer car si l’on ne sait mettre de l’eau, il
risaue de se transformer en pâte. La quantité d’eau doit être mesurée correctement
L’importance des attributs de qualité diffère selon les consommateurs.
Pour ces derniers, les attributs les plus connus du le riz de Kovié sont sa valeur nutritive
(71% des consommateurs) ; son bon goût (47% de consommateurs) ; son caractère naturel (
sans pesticides ni résidus d’insecticides) et frais( provient directement du champ, non stocké
pendant longtemps)(41%) ; son origine géographique Kovié (24% de consommateurs) ainsi
que son arôme parfumé (23%).
Hiérarchisation des attributs de qualité du riz de Kovié par
les consommateurs
Les consommateurs privilégient pour la première position la valeur nutritive, suivie de
l’arôme parfumé, du bon goût , de l’aspect naturel et frais, et du lien à l’origine à Kovié.
Ces résultats montrent que les consommateurs reconnaissent pour le riz de Kovié plusieurs
caractéristiques. Ce riz peut être considéré comme un panier de caractéristiques qui procurent
de l’utilité à ces consommateurs au sens de Lancaster (1966a ; 1996b).
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En considérant tous les attributs cités par les consommateurs, une classification selon la
typologie des biens de Nelson (1970, 1974) et de Darby et Karni ( 1973) peut être obtenue
suivant que l’attribut de qualité cité par le consommateur relève d’une caractéristique de
recherche, d’expérience ou de croyance.
Discussion des résultats
La connaissance et la différenciation des riz locaux et importés par les consommateurs
montrent qu’il existe une identification des produits sur les marchés ouest africains et que les
consommateurs malgré leur pouvoir d’achat faible porte l’attention sur la qualité lors de leur
achat. Les riz locaux sont plus achetés et consommés par des consommateurs connaisseurs ou
pour qui ces riz rappellent un certain attachement à leur territoire d’origine. Le comportement
marketing des revendeuses sur les marchés urbains de Lomé, qui évoquent « Riz de Kovié »
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pour l’écoulement rapide de ce riz se justifie pour informer les consommateurs et les rassurer
de la qualité de ce riz
Mais, les achats par certains consommateurs dans la zone de production montre également
qu’il existe une méfiance à l’égard de certaines revendeuses de Lomé qui usurperaient ce nom
pour la vente d’autres riz. Le désir d’éviter cette usurpation de nom par certaines
revendeuses a été signalé par 27% des 41 producteurs enquêtés.
La caractéristique « valeur nutritive » du riz de Kovié est à la fois d’expérience et de
croyance. Elle est donc bivalente car si une personne consomme un produit et qu’à l’issu, elle
trouve satisfaction ou elle arrive à satiété et ne tombe pas malade, elle peut dire que ce produit
est nutritif. Elle obtient ainsi une information sur sa qualité qui, dans ce cas, relève des
caractéristiques d’expérience. Par contre, si elle tombe malade par la suite, elle peut lier les
effets de cette maladie à ce qu’elle avait consommé et dire que ce produit était contaminé.
Cela relève dans ce cas de la croyance si d’autres analyses ne sont pas faites. De plus,
l’attribut nutritif apparaît plus du domaine de la croyance étant donné que le consommateur
ignore la composition nutritionnelle exacte de son produit. Puisqu’il est difficile au
consommateur dans ce cas de connaître la qualité du produit même après consommation,
l’attribut de qualité nutritive évoqué peut être aussi considéré comme une caractéristique de
croyance.
Les résultats sur le riz de Kovié ont été comparés à ceux des études sur la qualité et la
compétitivité des riz locaux et importés sur les marchés urbains en Afrique de l’ouest de
Lançon et al (2004). Les études de ces auteurs ont montré que « à Bouaké, la capacité de
gonflement et la propreté sont les facteurs déterminants dans le choix des riz importés. Le
prix n’est mentionné comme premier facteur que pour 30% des consommateurs interrogés.
L’achat des riz locaux est largement déterminé par la recherche des propriétés
organoleptiques particulières telles que le goût et la perception d’une qualité nutritive. Au
Nigeria, les propriétés organoleptiques jouent un moindre rôle et les choix des
consommateurs sont essentiellement déterminés par les attributs de marché (prix,
disponibilité) et par les attributs acquis au cours du processus de transformation et de
commercialisation notamment la propreté et l’apparence.» (Lançon, F. et al. (2004)).
Par rapport aux travaux de Lançon et al. (2004) sur les marchés ouest africains, cette étude
montre que les consommateurs sont à la recherche de produits de qualité liée à l’origine
géographique.
Les riz locaux sont appréciés pour qualité liée à l’origine géographique par rapport aux riz
importés. Ces derniers ne sont recherchés que pour leur propreté et caractère de gonflement.
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Conclusion
Cette étude sur le choix des consommateurs selon les attributs de qualité du riz de Kovié au
Togo montre que les consommateurs qui achètent sur les marchés locaux connaissent et
différencient les riz, selon qu’ils sont locaux ou importés. Le riz de Kovié est vendu en vrac.
Le prix n’est pas le premier facteur de choix, par contre l’origine est un déterminant de la
qualité qui vient avant le prix pour les consommateurs.
Les résultats posent plusieurs questions dont celles de la valorisation de l’origine avec ou sans
identifiant de son origine. Une valorisation des attributs par une identification pourraient
permettre un meilleur positionnement des produits locaux dans les superettes dont ils sont
absents, ce qui pourrait leur faire gagner des parts de marchés face à la concurrence des
produits importés à bas coûts.
Certains produits de base comme les riz locaux sont fortement concurrencés par les
importations à bas coûts. Le riz local n’a pas encore réussi à pénétrer les marchés urbains de
superettes où les riz importés sont vendus, malgré le fait que de nombreux africains marquent
une préférence pour les variétés locales (Saartje et al, 2013), et notamment, en Afrique de
l’Ouest, pour une fraîcheur parfaite et l’appréciation des propriétés intrinsèques du riz local.
Un système de vente aux enchères organisé par AfricaRice à l’aveugle a par ailleurs montré
que les ménagères de plusieurs pays ouest africains étaient systématiquement disposées à
payer une somme significativement plus importante pour acheter du riz produit localement
pour son odeur (le riz issu de stocks asiatiques vieux de plus d’un an n’a pas d’odeur) et son
goût.
Face à cette situation, il existe un défi, celui de valoriser autant que possible le riz local avec
l’objectif que les produits dont l’origine géographique est un critère distinctif puissent gagner
des parts de marchés et une plus value. Ces riz locaux ont un potentiel de croissance qui
semble avoir été sous-estimé dans les politiques agricoles et commerciale et dans les
politiques de coopération pour une souveraineté alimentaire en Afrique de l’Ouest (Barjolle et
al., 2014).
Cependant, les filières locales devraient pour atteindre ce but, se structurer au niveau
commercial, et au niveau de la gestion de la qualité. Une démarche de qualification peut les
aider dans ce sens, tout en entraînant les coûts supplémentaires du contrôle et de la
certification si un enregistrement dans le cadre du système légal de protection des IG est
envisagé (Barjolle et al. 2014). Dans l’optique de l’obtention de cette reconnaissance
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officielle qui apporte des garanties élevées de protection aux producteurs et d’authenticité aux
consommateurs, la définition des caractéristiques liées au terroir et la construction collective
du cahier des charges sont des étapes nécessaires. Le renforcement de la gouvernance
collective de la filière et des actions communes pour une promotion collective, la protection
du nom et la lutte contre les usurpations sont des éléments importants à mettre également en
place.
Toutes ces démarches nécessitent des investissements plus ou moins importants, avec des
coûts de définition du cahier des charges, d’adoption, de mise en conformité, de vérification
(contrôles et certification), de promotion, de surveillance des marchés et de lutte contre les
usurpations.
L’objectif de développer les filières locales pose, au-delà de la qualification et de la
protection, d’autres défis en terme de commercialisation à plus large échelle, par exemple
dans les supérettes urbaines. Par exemple, le conditionnement est un point crucial : le riz de
Kovié devrait être conditionné dans des sacs ou cartons avec indication claire de l’origine, et
d’une manière qui informe le consommateur. Les consommateurs ont une reconnaissance
spontanée de l’origine du produit, un simple conditionnement permettrait la vente dans les
superettes mais il y a une crainte d’usurpation sans protection. Quel serait alors le coût de la
labélisation, de la protection et du contrôle qualité ? Les consommateurs seraient-ils prêts à
payer un prix plus élevé pour couvrir ces nouveaux coûts ? Les institutions publiques seront-
elles prêtes à adopter une politique de riz forte pour la souveraineté alimentaire à travers une
politique de qualité et de l’information et des règlementations commerciales en faveur des
productions locales pour assurer leur compétitivité et la qualité des produits aux
consommateurs ? L’évaluation des coûts et consentement à payer des consommateurs pour la
qualité liée à l’origine permettrait aux décideurs de prendre des orientations stratégiques pour
la valorisation des produits de qualité liée à l’origine en tenant compte de leur valeur ajoutée
économique.
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