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Cession d'un bien relevant du domaine privé de l'État par voie d'appels
d'offres ou aux enchères publiques
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Cession d'un bien relevant du domaine privé de l'État par voie d'appels d'offres ou aux enchères publiques
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Cession d'un bien relevant du domaine privé de l'État par voie d'appels d'offres ou aux enchères publiques
1. Aperçu rapide
L'alinéa 2 de l’article 82 du décret royal n° 330-66 du 21 avril 1967 portant règlement général de comptabilité publique (BORM
n° 2843, 26 avr. 1967, p. 452), tel qu'il a été modifié et complété, notamment, par le décret n° 2-02-185 du 5 mars 2002 (BORM
n° 4984, 7 mars 2002), dispose que « la vente d'immeubles du domaine privé de l'État a lieu par adjudication publique sauf
dispositions législatives ou réglementaires contraires ».
Cette disposition autorise la cession des terrains relevant du domaine privé de l'État par voie de concurrence, en particulier par
appels d’offres ou aux enchères publiques, et ce, soit par arrêté du ministre chargé des finances (alinéa 1 du même article) ou
bien par décision des walis des régions - désormais présidents des conseils d’administration des centres régionaux d’
investissement (CRI) après la promulgation de la loi n° 47-18 portant réforme des centres régionaux d’investissement et
création des commissions régionales unifiées d’investissement (Dahir n°1-19-18, 13 févr. 2019) - lorsqu'il s'agit de la
réalisation de projets d'investissement dans les secteurs industriel, agro-industriel, minier, touristique, artisanal et d'habitat,
situés dans leur ressort territorial, dont le montant est inférieur à 200 millions de dirhams (alinéa 4) et sous réserve des
conditions ci-après, précisées à l’alinéa 5, de l’article 82 précité, ainsi que celles relatives aux attributions des commissions
régionales unifiées d’investissement (CRUI) instaurées par la loi n° 47-18 :
les superficies à céder doivent être déterminées en fonction de la nature des projets à réaliser et de leurs composantes ;
la valeur vénale réelle doit être fixée par la CRUI (cas des projets gérés par les CRI) ou par la commission administrative
d'expertise (cas des ventes autorisées par le ministre chargé des finances et gérées par la Direction des domaines de l’
État) composée comme suit :
cette valeur ne doit pas dépasser 10 % du coût prévisionnel global du projet d'investissement ;
un cahier des charges doit définir les obligations du cessionnaire, notamment la réalisation, dans le délai fixé, des
projets pour lesquels les terrains ont été cédés et les clauses résolutoires en cas de défaillance des acquéreurs,
notamment les modalités de résiliation de la cession et de la reprise des terrains cédés.
En gros, la cession des terrains relevant du domaine privé de l’État (DPE) par voie d’appels d’offres ou aux enchères publiques,
et contrairement à la procédure de « Cession d'un bien relevant du DPE au profit d'un investisseur » qui est déclenchée à la
suite de la demande explicite du promoteur, s’effectue principalement dans les cas suivants :
plusieurs demandes émanant de plusieurs investisseurs concernant un même terrain pour la réalisation de projets d’
investissement divers ;
besoin de l’État de réaliser d’importants projets d’investissement qui nécessitent des exigences particulières chez l’
investisseur ;
gestion difficile et coûteuse desdits terrains qui pousse l’État à les céder dans le cadre de la concrétisation de son
objectif de bonne gouvernance.
2. Définitions et abréviations
2.1. Définitions
Domaine privé de l’État : le domaine privé de l'État est constitué par l'ensemble des biens immobiliers et mobiliers dont
l'État est propriétaire et ne faisant pas partie de son domaine public.
2.2. Abréviations
PV : Procès-verbal
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PV : Procès-verbal
3. Guidage pratique
3.1. Lancement de la procédure
Après enquête, en collaboration avec les autorités administratives compétentes, concernant le terrain objet de la cession
(disponibilité, utilisation actuelle, situation juridique et foncière, absence de charges foncières, d’opposition ou de
contentieux, situation par rapport au périmètre urbain et au littoral, destination urbanistique selon les documents d’
urbanisme, etc.), après la détermination de la mise à prix et éventuellement l’élaboration du cahier des charges précisant les
clauses de valorisation, dans le cas des projets d’investissement, et après la réception de l’arrêté autorisant la vente signé, la
Délégation des domaines de l’État entame la procédure de publication de l’avis de vente qui doit préciser les informations
suivantes :
Ladite procédure est effectuée par la Délégation des domaines qui communique l’avis au Département de la communication,
relevant du ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, qui le transmet à son tour à un ou deux journaux d’annonces
légales pour publication.
Également, la délégation envoie le même avis aux administrations publiques, du ressort territorial du terrain, pour affichage
au niveau des caïdats, communes et autres.
3.2. Cession
3.2.1. Cession aux enchères publiques
Le jour et l’heure prévus, la commission d’adjudication, composée des représentants de l’autorité locale, du délégué des
Domaines de l’État ainsi que du percepteur, se réunit pour l’opération d’adjudication.
Lors de cette opération, les soumissionnaires pourront participer soit verbalement dès l’annonce du début des travaux de la
commission, soit par offre sous plis fermés qui doivent être conformes au modèle établi par l’administration et déposés, à
ladite commission, avant le début de l’adjudication. Il est à signaler que pour les plis déposés, ceux-ci ne sont ouverts qu’à la
fin des offres verbales.
Au terme des enchères publiques, l’attributaire est le soumissionnaire le plus offrant (verbal ou sous pli fermé). Toutefois, en
cas d’égalité entre deux ou plusieurs soumissionnaires ayant présenté la même offre, les enchères se poursuivent entre les
candidats jusqu’à trancher en faveur de l’un des concurrents. À défaut, s’il n’y a pas eu d’enchères, il est procédé au tirage au
sort pour les départager.
À la fin des travaux de la commission, le PV d’adjudication, qui fait foi d’acte de vente, est signé par tous les membres et une
copie est délivrée à l’adjudicataire, désormais dénommé acquéreur, avec une copie du cahier des charges (dans le cas d’un
projet) et ce, après paiement du prix de vente et d'une majoration forfaitaire de 10% destinée à couvrir les frais occasionnés
par la vente ou consécutifs à celle-ci.
À noter enfin, et à l’instar des diligences requises de la part des bénéficiaires que nous avons déjà mentionnées dans le cadre
des procédures de cession d'un bien relevant du domaine privé de l'État au profit d'un investisseur et location d'un terrain
agricole relevant du domaine privé de l'État dans le cadre du partenariat public-privé, l’acquéreur est appelé à procéder, à sa
charge, à l’enregistrement auprès des services d’enregistrement et à l’inscription à l’ANCFCC, pour les propriétés
immatriculées ou en voie de l’être, du PV d’adjudication et ce, en vue de garantir une jouissance paisible et en toute quiétude
des biens acquis.
Les candidats désirant postuler pour l’acquisition des terrains relevant du domaine privé de l’État, objet d’une cession par
appel d’offres, doivent déposer leurs offres sous plis fermés auprès des services de la Direction des domaines de l’État ou au
niveau du CRI, si l’AO est lancé par ce dernier, et ce, au plus tard avant le début des travaux de la commission d’ouverture des
plis.
Le mode de dépôt du dossier par le soumissionnaire ainsi que les documents et les pièces à joindre à son offre doivent
répondre à un certain nombre d’exigences figurant dans le règlement de consultation publié dans l’AO dont :
l’identification du soumissionnaire, personne physique (CIN, passeport,…) ou morale (registre du commerce, statuts du
promoteur,…) ;
les références techniques, financières et humaines du soumissionnaire, le cas échéant ;
la caution de l’AO ;
l’avant-projet préparé par le soumissionnaire faisant ressortir les composantes du projet envisagé ainsi que le montant
estimé, dans le cas d’un projet d’investissement ;
un engagement pour la réalisation du projet selon les clauses du cahier des charges.
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un engagement pour la réalisation du projet selon les clauses du cahier des charges.
Les travaux de la commission d’ouverture des plis commencent le jour et l’heure précisés dans l’AO, par l’étude des dossiers
des soumissionnaires et s’achèvent par la désignation du candidat adjudicataire du terrain objet de l’AO en fonction de la
complétude de son dossier ainsi que son offre qui doit mettre en exergue toutes les garanties pour la réalisation du projet avec
les meilleures conditions de qualité et de délai selon les critères précisés dans le règlement de l’AO.
L’adjudicataire est ensuite invité, par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, à régler le prix de vente dans le
délai fixé par le cahier des charges régissant l’opération.
Passé ce délai sans que ledit adjudicataire ne paie le prix, ce dernier perd alors son droit à l’acquisition du terrain, voire aussi le
montant de la caution. L’administration est en droit par la suite de relancer la cession par AO le moment qui lui convient.
L’adjudicataire, ayant payé le prix de vente dans le délai imparti et après présentation de la quittance y afférente, signe avec l’
État l’acte de vente, et éventuellement le cahier des charges, qui doit être soumis, à la charge de l’acquéreur, aux formalités d’
enregistrement et d’inscription à l’ ANCFCC et ce, non seulement pour répondre aux modalités de vente mais aussi pour
bénéficier d’une garantie de jouissance paisible et en toute quiétude de ses biens acquis à l’instar de la cession par voie d’
enchères publiques traitée dans le paragraphe précédent.
Les terrains acquis, que ce soit par voie d’enchères publiques ou par appel d’offres, entrant dans le cadre des projets d’
investissement, vont suivre, après la signature de l’acte de vente, les mêmes démarches que celles déjà traitées dans le cadre
de la fiche relative à la cession d'un bien relevant du domaine privé de l'État au profit d'un investisseur (voir ladite fiche pour
plus de détail) à savoir :
4. Check-list
En cas de cession pour un projet d’investissement, proposer un projet cohérent avec l’objet social de la société ;
Se munir, auprès des institutions concernées, de toutes les pièces requises pour la complétude du dossier d’AO ;
Justifier des capacités financières, techniques et humaines garantissant la réalisation du projet selon les exigences du
cahier des charges ;
Etre en règle vis-à-vis de l’État au titre de projets antérieurs portant sur un foncier domanial, le cas échéant ;
Présenter le justificatif de paiement du prix de vente dans le délai imparti, cas de la vente par AO, à compter de la date
de notification par la DDE ;
Réaliser le projet conformément aux clauses du cahier des charges et dans les délais requis pour éviter toute mesure
visant l’application de pénalités de retard ou la résiliation du contrat de vente ;
Procéder à l'enregistrement et l’inscription à la conservation foncière après la signature de l’acte de vente ainsi que dès
la réception du quitus définitif.
5. Bibliographie
5.1. Textes
Article 82 du décret royal n° 330-66 du 21 avril 1967 portant règlement général de comptabilité publique, tel qu’il a été
modifié et complété, par les décrets des 5 mars 2002 et 8 décembre 2009
Loi n° 47-18 portant réforme des Centres Régionaux d’Investissement et création des Commissions Régionales Unifiées
d’Investissement (BORM n° 6754, 21 févr. 2019)
Décret n° 2-07-995 du 23 chaoual 1429 relatif aux attributions et à l'organisation du ministère de l'Économie et des
Finances (BORM n° 5680, 6 nov. 2008)
Cahier des charges et conditions générales imposées aux cessionnaires des lots urbains, approuvés par le Dahir du 12
juillet 1948
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Décret n° 2-64-072 du 29 mars 1965 portant règlement de publication des annonces légales, judiciaires et
administratives, et circulaire du Directeur Général du cabinet royal n° 6/R du 8 octobre 1965
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Auteur
Yassir BOUGHRARA
Doctorant en droit privé - Responsable à l'Agence judiciaire du Royaume
Formation
Expérience professionnelle
Ingénieur d’État en informatique avec des expériences variées depuis 2001 dans divers domaines notamment la monétique, l’
offshoring, le développement informatique et la transformation digitale, l’intégration au sein des services de la Direction des
Domaines de l’État et le travail sur différentes procédures domaniales, en particulier celles relatives au contentieux, à l’
acquisition et à la comptabilité des recettes domaniales, ont constitué l’inflexion du parcours professionnel de Yassir
BOUGHRARA vers le domaine juridique.
Nomination, en 2013, comme responsable au sein de l’Agence judiciaire du Royaume (Ministère de l’Économie, des Finances et
de la Réforme de l’administration)
Bibliographie
Passionné par tout ce qui touche à l’investissement, à la prise d’initiative, à l’incitation et au développement économique du
pays, dans ses deux branches publique et privé, les études de droit de Yassir BOUGHRARA ont été fructifiées par un diplôme de
Master en droit des affaires dont le mémoire portait sur le rôle du numérique pour la consécration de la sécurité judiciaire et la
promotion de l’investissement.
Une recherche qui a mis en exergue :
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