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DE
L’URANIUM
&
1
MÉTHODES DE PROSPECTION DE L’URANIUM
← Introduction
← 2 - Gisements d’uranium
← 2.3 - Gisements
← 3.2 - Radioprotection
← 3.3 - Exhaure
← Annexe
2
INTRODUCTION
Le minerai d’uranium diffère peu des minerais des autres substances métalliques, pour
l’extraction et la concentration, bien que sa teneur soit généralement plus faible ; en
revanche l’utilisation de l’uranium comme source d’énergie lui donne, pour l’économie
d’un pays, un rôle équivalent à celui du charbon et des hydrocarbures. Pour le
géologue et le prospecteur chargés de découvrir des gisements, le minerai d’uranium
offre la particularité intéressante d’être radioactif, donc d’être détectable par des
moyens physiques mettant en jeu cette propriété. Sa détection en surface ou en
subsurface combine donc les méthodes utilisant directement la radioactivité de
l’élément ou de ses descendants naturels (radium, radon, etc.) et les méthodes utilisées
habituellement pour la recherche minière ou pétrolière. Depuis une cinquantaine
d’années, l’uranium a été plus ou moins activement prospecté à travers le monde. La
hausse des prix des matières premières et de l’énergie au cours des années 1970 à
1980 a incité de nombreux pays à développer de vastes programmes de construction
de centrales nucléaires pour améliorer leur indépendance énergétique en diversifiant
leurs ressources. Il en résulte que la demande en combustible pour les centrales
nucléaires a augmenté de façon importante entre 1980 et 1990.
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SOMMAIRE
MÉTHODES DE PROSPECTION
DE
L’URANIUM
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1. MÉTHODES DE PROSPECTION DE L’URANIUM
1.1 Méthodes directes
1.1.1 Radiométrie de surface
1.1.2 Géochimie des sols, des eaux et des alluvions
1.1.3 Étude des gaz émis (hélium et radon)
1.1.3.1 Hélium
1.1.3.2 Radon
1.1.4 Diagraphies nucléaires dans les sondages d’exploration
1.2 Méthodes indirectes
1.2.1 Méthodes géophysiques
1.2.1.1 Méthodes électriques et électromagnétiques
1.2.1.2 Méthodes gravimétriques et magnétiques
1.2.1.3 Méthodes sismiques
1.2.2 Diagraphies ne mettant pas en jeu la radioactivité
1.2.2.1 Mesure de résistivité
1.2.2.2 Mesure de la susceptibilité magnétique
1.2.2.3 Mesure des ondes acoustiques (sonic logging)
1.2.3 Mesures tomographiques entre forages
1.3.1 Prospection générale
1.3.2 Prospection détaillée
1.3.3 Étalonnage radioactivité-teneur dans les sondages
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1.1 Méthodes directes
Elles font appel soit à la radioactivité d’un descendant de l’uranium, soit directement à
la teneur chimique en uranium dans les eaux ou dans les roches.
Les premières grandes découvertes de gisements d’uranium, dans les années 1950,
ont été d’abord le résultat de la prospection faite au sol, au moyen du radiamètre à
tube compteur de Geiger-Müller (tube GM). À partir de 1952, le détecteur GM a été
supplanté en prospection par le radiamètre à scintillateur, appelé quelquefois
improprement scintillomètre. Le principe de ce détecteur est fondé, non plus sur
l’ionisation d’un gaz par le rayonnement radioactif (cas du tube GM), mais sur la
production, sous l’effet des radiations reçues, de photons lumineux dans un cristal
[habituellement un cristal d’iodure de sodium activé au thallium NaI(Tl) pour le
rayonnement gamma].
Les progrès techniques réalisés depuis lors dans la fabrication des instruments
permettent de faire la discrimination entre les rayonnements issus des différentes
familles radioactives naturelles du potassium, de l’uranium et du thorium.
Les spectromètres actuels enregistrent le spectre gamma sur 256 ou 512 canaux
numériques. Des mesures supplémentaires d’altimétrie, de température et pression
atmosphérique, sont nécessaires pour réaliser les corrections au cours du traitement
des données.
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Au sol, on utilise couramment en prospection radiométrique des radiamètres à cristal
de NaI(Tl) et des radiamètres à tubes Geiger pour des mesures précises de
radioactivité dans les travaux miniers. Ces équipements donnent une mesure du
comptage gamma total.
Nom de la famille Isotope utilisé Énergie de la raie MeV Fenêtre de mesure MeV
La prospection géochimique permet la mesure des teneurs en uranium des sols, des
eaux de surface et des alluvions de rivière.
Dans la nature, les particules α sont produites surtout par la radioactivité des produits
de filiation de l’uranium et du thorium selon le schéma suivant (figure 1) :
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La production d’hélium se fait tout au long de la durée de la filiation, en quantité à peu
près égale, avant et après la formation du radon. L’hélium étant un gaz inerte, on le
dose habituellement au spectromètre de masse. Il n’existe pas actuellement
d’équipement vraiment portatif. Les équipements portables sont généralement dérivés
des détecteurs de fuites industriels, calés sur la masse 4.
Pour résumer, si l’on est capable de faire actuellement des mesures d’hélium dans les
gaz des sols, leur interprétation demeure encore délicate. En effet, à la mobilité bien
connue de l’uranium en solution s’ajoute celle encore plus grande du gaz.
1.1.3.2 Radon
Il existe plusieurs types d’équipements de prospection par le radon, selon les types de
détecteurs mis en jeu.
Les équipements pour mesures intégrées : ce sont des dispositifs qui permettent
d’exposer in situ des détecteurs, en leur assurant une protection efficace contre la
radioactivité α du milieu environnant. Dans la méthode par gravure de traces α, plus
connue sous le nom de méthode Track Etch (brevet Terradex), le détecteur est fixé au
fond de gobelets en plastique, lesquels sont exposés in situ en position renversée. Il
s’agit d’un film qui garde la trace des dommages provoqués par les particules α émises
par le radon qui se dégage du gaz ou de l’eau du sol. Les traces sont gravées sur le
film au laboratoire par un réactif, puis comptées. Les résultats sont exprimés en densité
de traces par unité de surface pour un temps donné.
Les procédés dits d’intégration à court terme (quelques dizaines de jours), utilisent
des détecteurs tels que le charbon activé, les alphamètres à semi-conducteurs, les
détecteurs luminescents. En outre, des mesures de concentration en ,
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descendant du radon, à période longue (22 ans), devraient rendre compte
indirectement de la radioactivité du radon intégrée sur plusieurs dizaines d’années.
Si l’utilisation des gaz constitue une méthode efficace pour repérer la fracturation, elle a
en revanche très rarement permis de découvrir des minéralisations uranifères
économiques. Le principal problème vient de l’ambiguïté des signatures observées et
de l’impossibilité de localisation précise de la source de l’anomalie observée. Les
anomalies les plus fortes sont très souvent associées à des minéralisations de
subsurface qui n’ont pas le moindre intérêt économique.
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←
Mesure neutron-neutron de fission : dans ce procédé, on utilise le phénomène
où la capture neutronique est suivie de la fission de l’élément. La mesure porte
sur les neutrons émis lors de la fission, ou avec un certain retard, et on admet
que, dans les conditions in situ, la part thermique prédomine largement et que ce
phénomène n’intéresse que l’uranium. L’intérêt du procédé est qu’il permet
d’appréhender directement la teneur en uranium du minerai et des roches in situ,
et non plus seulement comme avec les procédés classiques, la teneur en
descendants émetteurs de γ. Lorsque l’uranium est en déséquilibre, cette
mesure devient capitale, car la mesure de la radioactivité gamma n’est plus le
reflet de la teneur en uranium.
←
Mesure neutron-gamma de captures radiatives et neutron-gamma
d’activation : elles sont simplement citées ici pour mémoire, car elles ne
concernent pas l’uranium, mais des éléments qui peuvent être des traceurs
géochimiques de l’uranium, comme par exemple le fluor, le plomb, le titane, le
tungstène, etc.
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1.2 Méthodes indirectes
1.2.1 Méthodes géophysiques
Comme les rayonnements naturels sont pratiquement absorbés en totalité par des
morts-terrains (stériles) d’un mètre d’épaisseur, le prospecteur d’uranium, à la
recherche de concentrations profondes ou cachées, se retrouve donc souvent dans la
même situation que le prospecteur des autres substances métalliques. Toute recherche
de gisement d’uranium passe certes par l’étude des affleurements de surface, mais,
comme le manteau d’altération (ou la couverture végétale) masque la roche en place
dans de nombreux cas, on doit recourir aux méthodes géophysiques pour mieux
connaître la géologie du sous-sol. Dans la recherche de l’uranium en surface, on fait
appel, par ordre d’importance décroissante, aux méthodes électriques et
électromagnétiques, aux méthodes sismiques, magnétiques et gravimétriques. Dans les
forages, on réalise des diagraphies de résistivité quand les trous ne sont pas tubés. On
mesure couramment les déviations de sondage et le diamètre des trous. Enfin, dans
certains cas, on peut utiliser des sondes de mesure de la susceptibilité magnétique, de
la conductivité électrique des roches ou des sondes acoustiques.
Les prospecteurs d’uranium ont adapté à leurs besoins ces méthodes qui permettent
d’obtenir une connaissance détaillée du terrain aux échelles de la prospection minière
(1/1 000 à 1/5 000). Ces techniques permettent de rechercher efficacement les
structures tectoniques, les épisyénites ou les corps graphiteux susceptibles d’être
porteurs de minéralisations uranifères.
Deux techniques sont utilisées pour mesurer la résistivité des roches en place ; elles
sont basées sur l’injection dans le sol de courant électrique. Dans la technique du
dipôle électrique (méthode électrique), le courant continu ou alternatif est injecté
directement à l’aide d’électrodes plantées dans le sol. Dans celle du dipôle magnétique
(méthode électromagnétique), le courant, obligatoirement alternatif, est injecté par
induction à partir de boucles horizontales ou verticales dans lesquelles circule un
courant primaire.
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La méthode VLF (Very Low Frequency) utilise un champ artificiel créé à de
très grandes distances par des émetteurs radio puissants, à très basse
fréquence (15 à 30 kHz). Elle est très employée, au sol ou aéroportée, dans la
prospection de l’uranium, pour la cartographie de la fracturation des terrains
cristallins. La profondeur d’investigation est fonction de la résistivité des terrains
(entre 10 et 50m).
Les autres méthodes électromagnétiques (EM) utilisent un champ artificiel, créé sur
place, à proximité immédiate du point de mesure. Ces méthodes appartiennent à deux
grandes familles : les méthodes électromagnétiques fréquentielles et les méthodes
électromagnétiques transitoires.
←
Leur profondeur d’investigation est fonction de la géométrie du dispositif émission-
réception et du moment magnétique de la bobine émettrice. Elle varie, selon
l’équipement, de quelques mètres à plusieurs centaines de mètres.
Les matériels existants utilisent trois principes différents pour la mesure de la résistivité
(ou de la conductivité) :
Ces trois catégories de méthodes peuvent être mises en œuvre lors de campagnes
aéroportées ou au sol. Les campagnes aéroportées permettent de réaliser rapidement
la cartographie des structures tectoniques ou des conducteurs susceptibles de porter
des minéralisations. Les campagnes de détail au sol sont indispensables pour préciser
la localisation et la géométrie de ces structures avant l’implantation des forages.
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mesurer les grandes anomalies régionales, qui traduisent des contrastes de densité ou
d’aimantation et d’obtenir ainsi une cartographie lithologique et structurale générale. On
peut par exemple repérer les irrégularités d’un socle plus dense et plus magnétique
sous une couverture sédimentaire, la présence de corps granitiques de faible densité et
de faible aimantation contrastant avec un encaissant métamorphique plus dense et plus
magnétique. Les mesures sont faites soit le long de profils aériens parallèles, soit au sol
à une maille hectométrique ou kilométrique. Elles sont restituées sous la forme de
cartes d’anomalies magnétiques ou gravimétriques. La sensibilité des appareils est de
l’ordre de 1 milligal (mGal) en prospection gravimétrique aéroportée et de 0,001
nanotesla (nT) en prospection magnétique aéroportée.
1.2.1.3 Méthodes sismiques
Elles sont basées sur l’étude de la propagation des ondes élastiques de compression
dans le sous-sol. Selon le mode de propagation des ondes utilisées, on distingue, la
sismique réflexion et la sismique réfraction.
Ces méthodes, très efficaces dans l’étude de la morphologie des bassins sédimentaires
pour la recherche pétrolière, sont également employées pour la recherche de l’uranium.
En effet, la mobilité de l’uranium au sein des nappes aquifères est conditionnée par la
structure des bassins (flexures, failles, zones subsidentes ou de plate-forme, etc.). Or,
pour appréhender la géologie de moyenne profondeur à l’échelle des objectifs miniers,
c’est-à-dire du 1/5 000 au 1/10 000, les méthodes sismiques s’avèrent particulièrement
indiquées.
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1.2.2 Diagraphies ne mettant pas en jeu la radioactivité
1.2.2.1 Mesure de résistivité
Dans les sondages non carottés et non tubés exécutés dans la recherche d’uranium en
terrain sédimentaire, on réalise couramment des mesures de résistivité des terrains et
de polarisation spontanée (PS).
Dans les sondages forés à l’eau claire et tubés, la mesure de résistivité est souvent
remplacée par la mesure de la teneur en eau totale des roches au moyen de la sonde
neutron-neutron. Il existe des outils capables de mesurer en forage la conductivité
électrique des roches par induction. Cette technique s’accommode des tubages pourvu
qu’ils soient non métalliques.
L’utilisation dans les sondages des paramètres relatifs aux propriétés magnétiques
intrinsèques des roches est peu développée en prospection de l’uranium.
Cette diagraphie consiste à mesurer la vitesse des ondes acoustiques dans la formation
géologique entourant le forage entre un dispositif piézo-électrique émetteur générant
des ondes acoustiques de fréquence 10 à 30 kHz et plusieurs récepteurs.
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Ces techniques devraient connaître un développement important dans le futur tant pour
l’acquisition des mesures que pour le traitement et l’interprétation.
Les travaux de prospection sont souvent réalisés par phases successives, de l’échelle
régionale à l’échelle détaillée :
une phase d’exploration (échelle 1/5 000 à 1/25 000) qui comprend les travaux
effectués entre le début des recherches et la mise en évidence de
minéralisations susceptibles de constituer des gisements au sens industriel du
terme ;
Le positionnement des lignes de vol et des mesures est réalisé par satellites [GPS
(Global Positioning System) différentiel] avec une précision absolue de l’ordre de 5 m.
Ces techniques permettent de couvrir très rapidement et de façon homogène avec une
gamme de plusieurs méthodes, de vastes surfaces, parfois peu accessibles. Après
traitement, les cartes qui en résultent constituent un outil efficace pour la cartographie
géologique et la recherche de cibles.
1.3.2 Prospection détaillée
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Gisements d’uranium
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2. Gisements d’uranium
2.2 Minerais d’uranium
2.2.1 Minerais d’oxydes
2.2.2 Autres minerais
2.3 Gisements
2.3.1 Gisements sédimentaires
2.3.3 Gisements magmatiques
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2.1 Définition économique du gisement
La notion de gisement d’uranium est déterminée par des paramètres économiques qui
dépendent des fluctuations économiques du marché, mais aussi d’autres facteurs
inhérents au pays dans lequel est situé le gisement.
Parmi ceux qui jouent sur la faisabilité, on peut citer entre autres, la législation minière,
les règles financières d’amortissement, les impôts et taxes aux divers stades de la
production, les coûts des personnels, des matériels et des transports.
En général, les gisements à teneur élevée sont assez peu sen-sibles aux fluctuations
économiques. En revanche, l’exploitabilité d’un gros gisement à faible teneur peut être
remise en cause si l’un des paramètres a été mal évalué lors des études de faisabilité.
2.2 Minerais d’uranium
L’uranium dans la nature se présente sous deux valences : une forme réduite (4+) et
une forme oxydée (6+). Les minéraux qui entrent dans la composition du minerai
d’uranium sont extrêmement nombreux, car ils peuvent appartenir à ces deux valences,
et de plus l’uranium s’associe à de nombreux autres éléments dont les plus importants
sont les phosphates, vanadates, silicates, arséniates, molybdates, titanates,
niobotantalates, etc., souvent doubles d’uranium et d’un autre cation tel que le plomb, le
cuivre, le calcium, le baryum, le potassium, etc.
Cependant, dans les gisements, souvent l’une des formes domine largement sur les
autres et détermine la nature du minerai : oxyde d’uranium, silicate, titanate, etc. Il
existe des gisements où la majeure partie de l’uranium n’est pas exprimée
minéralogiquement. C’est le cas de certains gisements de phosphates où l’uranium est
camouflé dans le réseau d’un minéral, l’apatite. Dans d’autres cas l’uranium est très
finement dispersé dans le sédiment, associé à la matière organique, ce qui complique
son extraction.
2.2.1 Minerais d’oxydes
Les oxydes ont pour formule UO 2,x , parce que, bien qu’essentiellement formés
d’uranium réduit à la valence 4+, une partie est à la valence 6+. La valeur de x varie de
01 à 7. L’oxyde peut présenter des formes cristallines très nettes et on l’appellera
uraninite. L’uraninite se forme à température relativement élevée, 350 à 400 oC. Mais
dans la majorité des cas les oxydes se sont formés à plus basse température (180 à
200 oC) et présentent des formes rappelant un dépôt colloïdal que l’on appelle
pechblende. C’est la forme la plus courante des minerais d’uranium.
Ces minerais comme tous les autres peuvent être oxydés en surface, ou sur une
profondeur importante dépendant de la fracturation et de la pénétration des eaux
météoriques.
2.2.2 Autres minerais
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La brannérite est un titanate d’uranium très exploité autrefois au Canada (gisements
d’uranium dans les conglomérats protérozoïques (2,2 milliards d’années) d’Elliot Lake-
Blind River en Ontario) et encore actuellement en Russie dans le district uranifère de
Streltsovka (Transbaïkalie).
D’autres minerais considérés comme réfractaires, car l’uranium est coûteux à extraire,
peuvent être des minerais potentiels pour l’avenir. Il s’agit en particulier des minerais
phosphatés où l’uranium est camouflé dans le réseau du phosphate de calcium.
2.3 Gisements
De 1980 à 1995, le prix de l’uranium en dollars US n’a pas cessé de baisser. Cette
baisse continue a entraîné un profond bouleversement de l’industrie minière dans le
domaine de l’uranium. Nombre de gisements à faible teneur, les gisements dans les
grès, les conglomérats à uranium détritique, certains gisements hydrothermaux ont
cessé toute production, faute de pouvoir être exploités de façon rentable.
2.3.1 Gisements sédimentaires
Les plus anciens gisements formés entre 3,1 et 2,7 milliards d’années en Afrique du
Sud, ou vers 2,2 milliards d’années au Canada (Ontario) sont le résultat d’une érosion
et d’un transport mécanique, sans mise en solution de l’uranium. À cette époque
l’atmosphère ne contenait pas suffisamment d’oxygène pour que l’uranium passe en
solution.
Pour tous les gisements datant de 2,0 milliards d’années (Oklo) ou plus récents,
l’uranium a été dissous et transporté dans une solution aqueuse.
Les gisements hydrothermaux liés aux granites ont fourni des quantités importantes
d’uranium dans un passé récent, en particulier en Europe : Saxe, Bohème, Limousin et
Vendée. La mine du Bernardan, au nord de Limoges, est encore en activité.
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Les gisements de type filonien associés aux roches volcaniques acides de la caldeira
de Streltsovka en Russie (Transbaïkalie) forment la totalité de la production actuelle en
Russie. Enfin le gisement de cuivre-uranium de Olympic Dam en Australie, également
associé à des roches volcaniques, contient probablement la moitié des réserves
d’uranium de ce pays.
2.3.3 Gisements magmatiques
Ce type de gisement découvert à la fin des années 1960, forme une part importante des
réserves mondiales actuelles. Il fait l’objet de recherches intensives. Les principaux
gisements sont localisés au Canada (Saskatchewan) et en Australie (Territoire du
Nord). Ce sont pour l’essentiel des gisements à haute teneur, en particulier au Canada,
et à gros tonnage. Ils se situent soit à la discordance, soit à son voisinage, entre un
socle cristallin protérozoïque inférieur ou archéen (1,8 milliard d’années ou plus ancien)
et un bassin sédimentaire protérozoïque moyen (1,5 milliard d’années).
22
EXPLOITATION
DES
MINERAIS D’URANIUM
23
3. EXPLOITATION DES MINERAIS D’URANIUM
3.1 Utilisation de la radioactivité
3.2 Radioprotection
3.2.2 L’organisation de la radioprotection
3.3 Exhaure
24
Le lecteur pourra se reporter à l’article « Production de concentrés d’uranium naturel».
L’exploitation minière de l’uranium se présente comme celle des minerais métalliques
avec toutefois des aspects particuliers :
une radioactivité des minerais qui joue un rôle favorable important ; en effet la
mesure des radioactivités permet d’obtenir une bonne image de la répartition
des teneurs et de guider l’exploitation à tous les stades ;
3.1 Utilisation de la radioactivité
Pour un gisement ou une partie du gisement, il est possible d’établir une corrélation
entre la radioactivité du minerai et la teneur en uranium. Des mesures de radioactivité,
donc de teneur, sont faites dans les sondages à tous les stades depuis l’exploration
jusqu’à l’abattage du minerai, sur les parements minéralisés, sur le minerai abattu en
tas, en chantier ou dans une berline, un camion, un conteneur ou sur une bande
transporteuse ou dans une tuyauterie sur de la pulpe.
3.2 Radioprotection
Le mineur est en permanence au contact avec le minerai, il est donc soumis à distance
aux rayonnements bêta et gamma provenant de la désintégration de certains éléments
issus de l’uranium 238.
25
Exposition interne
←
Le mineur respire de l’air chargé en aérosols radioactifs et il va inhaler ces particules
qui vont se fixer et se désintégrer à l’intérieur du corps. Ce type d’exposition concerne
les émetteurs alpha faiblement pénétrants mais très énergétiques. On distingue deux
types d’exposition interne :
Dans les usines de traitement, il faudra considérer les émetteurs alpha à vie longue
existant dans les poussières d’uranate présentes dans les ateliers de finition.
3.2.2 L’organisation de la radioprotection
La surveillance radiologique des mineurs est réglementée, comme dans tout le cycle du
combustible, avec une particularité liée aux expositions internes dues à la présence de
radon 222 et de ses descendants à vie courte.
26
Concernant la protection de l’environnement, le décret no 90-222 du 9 mars 1990 a
complété le RGIE avec une seconde partie au titre « rayonnements ionisants » relative
à la protection de l’environnement pour le cas des travaux et installations de surface et
dépendances légales des exploitations de substances radioactives.
D’ici l’an 2000, la directive européenne du 13 mai 1996 issue des recommandations n o
60 et suivantes de la CIPR devra être intégrée dans le droit français.
←
En regard de la réglementation, l’exploitant doit mettre en place la radioprotection de
l’installation avec les objectifs principaux suivants :
le revêtement des parois par des produits limitant les flux d’émanation du radon.
La dosimétrie des agents effectuée à partir des contrôles d’ambiance jusqu’en 1983, a
subi une évolution majeure avec le développement et la mise en place par le CEA d’un
système intégré de dosimétrie individuelle, qui équipe depuis plus de dix ans les
mineurs d’uranium français et étrangers. Ce système permet de mesurer chaque mois
pendant le temps de travail de l’agent, les trois composantes de l’exposition du mineur
d’uranium.
Les résultats fournis mensuellement par le dosimètre sont reportés sur la fiche
dosimétrique individuelle de chaque agent, conservée dans son dossier médical.
27
Gestion de la protection et de la surveillance de l’environnement pendant et
après les phases d’exploitation :
←
cela demande d’assurer la gestion des produits radioactifs qu’ils soient solides, liquides
ou gazeux et de contrôler l’impact radiologique des installations sur l’environnement
pour les termes sources répertoriés (la présence d’uranium et de radium dans les rejets
liquides, les rayonnements gamma directs issus des installations et la présence dans
l’atmosphère de descendants à vie courte du radon et de poussières radioactives à vie
longue).
3.3 Exhaure
Les mines rejettent les eaux d’exhaure qui doivent, éventuellement, être clarifiées avant
rejet et subir un traitement pour répondre aux normes en vigueur. En ce qui concerne
les teneurs en éléments radioactifs, il peut être nécessaire de procéder à un traitement
pour réduire les teneurs en radium soluble et en uranium qui peuvent, dans certains
cas, être importantes. Certaines mines récupèrent l’uranium contenu dans l’eau.
28
RESSOURCES EN URANIUM
DANS LE MONDE
29
4. RESSOURCES EN URANIUM DANS LE MONDE
30
4.1 Définition des différentes catégories de ressources
Les besoins mondiaux en uranium à court terme sont relativement aisés à prévoir, dans
la mesure où la construction des centrales nucléaires est un processus lent. La
puissance électro-nucléaire mondiale installée est de 355 GW électriques. Elle devrait
s’élever à 475 GWe en 2010. Les besoins en combustible sont donc prévisibles.
31
Annexe
1 Données économiques
2 Bibliographie
32
1. Données économiques
Durant la première moitié des années 1990, le marché a donc été dominé par une
consommation mondiale d’uranium supérieure à la production. Ainsi en 1994, la
consommation a été voisine de 57 kt et la production de 31 kt. La différence a été
comblée par prélèvement sur les stocks.
Ces chiffres publiés par les différents pays producteurs doivent être considérés avec
une certaine prudence, car ils ne tiennent pas compte des pertes de récupération lors
de l’exploitation. Par ailleurs, la précision des estimations peut varier considérablement
d’un pays à l’autre.
Les principaux pays producteurs, ainsi que les zones de production, sont indiqués sur la
figure.
33
Tonnage (en 103 t d’U)
Pays
$/kg d’U 40 à 80 $/kg d’U $/kg d’U
34
Afrique du Sud 108 97 205
Gabon 7 3 10
Mongolie 11 51 62
Namibie 79 82 161
Niger 39 19 58
autres 2 6 31
35
2. Bibliographie
CUNEY (M.) - LEROY (J.) - PAGEL (M.) - L’uranium. - 123 p. 1992 Que Sais-je ?
Presses Universitaires de France. Paris.
DAHLKAMP (F. J.) - Uranium ore deposits (les gisements d’uranium). - 460 p. 1993
Springer-Verlag Berlin.
CHAPOT (G.) - COUPRIE (R.) - DUMAS (J.) - LEBLANC (P.) - KEROUANTON (J. L.)
- L’uranium vendéen. - 221 p. 1996 Cahiers du Patrimoine. Nantes.
PAUCARD (A.) - La mine et les mineurs de l’uranium français. - Tome 1, Les temps
légendaires (1946-1950) 102 p. 1992. Tome II, Le temps des conquêtes (1951-1958)
351 p. 1994. Tome III, Le temps des grandes aventures (1959-1973) 431 p. 1996.
Éditions Thierry Paquet, 19100 Brive.
36
Traitement des minerais
37
SOMMAIRE
← Introduction
←
← 1 - Sources d’uranium et extraction des minerais
←
← 1.1 - Minerais de teneurs classiques
← 1.2 - Minerais de teneur faible ou très faible
← 1.3 - Minerais à haute teneur en uranium
← 1.4 - Minerais mixtes
← 1.5 - Sous-produit d’une autre industrie
←
← 2 - Considérations sur la production d’uranium et son économie
←
← 2.1 - Prospection et évaluation de gisement
← 2.2 - Extraction minière
← 2.3 - Traitement des minerais
← 2.4 - Charges diverses
← 2.5 - Charges exceptionnelles
← 2.6 - Observation sur les coûts
←
← 3 - Traitement des minerais
←
← 3.1 - Minerais de teneurs classiques
← 3.2 - Minerais à haute teneur
← 3.3 - Sources annexes
←
← 4 - Conclusion
←
← Annexe
38
INTRODUCTION
elle est dispersée dans des minerais à faible teneur, ce qui conduit à traiter le
minerai à proximité de la mine ;
les minerais qui la contiennent présentent des nuisances devant faire l’objet de
soins particuliers.
39
1. SOURCES D’URANIUM ET EXTRACTION DES MINERAIS
1.1.2 Mines souterraines
1.1.2.1 Puits et galeries
1.1.2.2 Exploitation en descenderie
1.4 Minerais mixtes
1.4.1 Association cuivre-uranium
1.4.2 Association uranium-or
40
La production d’uranium s’appuie sur des sources classiques qui sont les gisements de
teneur économique et des sources annexes qui sont de plusieurs types.
L’extraction des minerais d’uranium utilise des techniques minières, habituelles pour
d’autres minerais métallifères, au moins pour les minerais d’uranium de teneurs
classiques.
Les couches de minerais reconnues par les géologues d’exploitation sont forées et
abattues à l’explosif.
Cette méthode, lourde à cause de la découverture, mais facile à mettre en œuvre avec
du matériel standard, est préférée chaque fois qu’elle est possible techniquement et
économiquement.
1.1.2 Mines souterraines
1.1.2.1 Puits et galeries
C’est la grande méthode traditionnelle. Des puits verticaux sont forés jusqu’aux niveaux
des couches à exploiter. À partir de là, des galeries horizontales vont permettre
d’accéder aux couches minéralisées. L’abattage du minerai se fait aussi par explosif et
son transport jusqu’aux puits n’utilise plus aujourd’hui les traditionnels wagonnets sur
rails. Il est réalisé au moyen d’engins motorisés de dimensions adaptées à celles des
41
galeries, avec, en fait, une tendance à adapter les dimensions des galeries à celles des
engins. Les puits sont munis d’appareils élévateurs qui transportent le personnel dans
des cabines tandis que le minerai est dans un skip placé au ‐dessus de la cabine.
On ne s’étendra pas ici sur les variantes d’exploitation qui, compte tenu de la qualité
des terrains, commencent par le bas (tranche montante) ou le haut (tranche
descendante) des zones minéralisées. Bien d’autres techniques encore sont utilisées.
L’extraction souterraine est très sélective, compte tenu des coûts beaucoup plus élevés
par tonne déplacée qu’en mine à ciel ouvert.
1.1.2.2 Exploitation en descenderie
Dans cette variante, on atteint les zones à exploiter par des galeries inclinées partant
de la surface qui permettent les transferts vers le fond ou en provenance du fond au
moyen d’engins et de véhicules motorisés standards. Pour le reste, les techniques
d’extraction elles‐mêmes sont très semblables à celles qui sont évoquées au
paragraphe précédent 1.1.2.1. Dans certaines exploitations, le minerai est remonté à la
surface (au jour) au moyen de bandes transporteuses, parfois assez longues.
Il n’y a pas de problèmes différents de ceux que l’on rencontre dans la plupart des
carrières. L’aérage naturel élimine la plupart des risques radiologiques que l’on va
voir 1.1.3.2.
1.1.3.2 Mines souterraines
Outre les risques habituels, liés à la tenue des terrains dans lesquels on creuse, les
mines d’uranium présentent, pour les exploitants, des risques particuliers,
essentiellement de nature radiologique.
Irradiation directe
Les minerais d’uranium sont radioactifs et donc susceptibles de causer des dommages
physiologiques aux travailleurs par irradiation.
En fait, pour les minerais classiques dont la teneur en uranium (et donc de ses
descendants) est inférieure à 1 % en masse, le risque d’irradiation par les rayons γ,
seuls vraiment dangereux, est très faible et à peu près négligeable par rapport aux
autres risques. Il est néanmoins mesuré en continu (voir ci ‐après « contrôle
radiologique »).
42
Contamination par les poussières radioactives
Pour réduire ce risque au minimum, les mines souterraines sont fortement ventilées, ce
qui dilue le radon et l’amène à un taux extrêmement bas.
Le contrôle radiologique des mineurs est effectué en continu, dans leur poste de
travail, au moyen d’un appareil individuel qui mesure chaque type d’exposition. Les
relevés de ces mesures contribuent au contrôle de santé de ces travailleurs, contrôle
plus suivi que celui des employés des industries traditionnelles.
Ces minerais, d’une teneur de moins de 0,1 % en masse, peuvent être économiques
soit momentanément soit en raison de leur mode d’exploitation et de traitement plus
rustiques. Dans cette catégorie, on peut considérer plusieurs cas :
←
Minerais à faible teneur : ils sont situés à faible profondeur, exploités
exclusivement en mine en ciel ouvert 1.1.1 et traités le plus souvent par
lixiviation statique 3.3.1.
43
1.3 Minerais à haute teneur en uranium
1.4 Minerais mixtes
Il s’agit de minerais dans lesquels l’uranium, à une teneur faible ou très faible, est
associé à un autre métal exploitable. L’uranium ne supporte alors pas (ou très peu) les
dépenses d’extraction minière. Ce cas n’est pas très fréquent, mais on en connaît deux
exemples typiques.
1.4.1 Association cuivre-uranium
Un seul exemple de ce type est connu, il s’agit du gisement d’Olympic Dam en Australie
du Sud, dans lequel l’or est également présent. La capacité nominale actuelle, à partir
de minerais contenant environ 3 % en masse de cuivre ; 0,12 % en masse d’uranium et
0,5 g/t d’or, est, par an, de 6 500 t de cuivre, 1 600 t d’uranium et 800 kg d’or. Le
procédé appliqué permet de récupérer en parallèle le cuivre et l’uranium 3.1.5.3.
1.4.2 Association uranium-or
Le cas typique est celui des phosphates naturels utilisés comme matière première des
engrais phosphatés. Très souvent, les apatites (phosphates naturels de calcium)
contiennent de l’uranium, à des teneurs variant de 50 à 300 ppm, la moyenne la plus
fréquente (cas des phosphates du Maroc) étant de 130 à 150 ppm.
44
Au cours de la préparation de l’acide phosphorique par attaque sulfurique, l’uranium est
en grande partie dissous. Il peut alors, par un procédé approprié, être récupéré à partir
de cet acide phosphorique 3.3.3. À deux époques, et en particulier dans les années 80,
de l’uranium a été produit en quantités significatives à partir d’acide phosphorique,
particulièrement aux États-Unis, où plus de 1 000 t/an d’uranium ont été ainsi extraites.
La production d’un concentré d’uranium comprend, comme on l’a vu, une suite
d’opérations dont les coûts cumulés vont contribuer à constituer le coût total de
production. On peut ranger ces opérations en cinq catégories principales, auxquelles il
conviendra d’ajouter les phases de post-exploitation qui seront abordées au
paragraphe 3.1.4.
La prospection, au sens large, peut s’étendre sur des années avant toute découverte
exploitable, selon la connaissance géologique générale de la région à prospecter dont
on dispose initialement. Ces dépenses seront effectuées avant toute possibilité de faire
des profits. Elles sont comptablement cumulées et amorties ensuite sur les productions
ultérieures. Dans ces dépenses sont inclus, non seulement les coûts de prospection
proprement dits (et notamment les sondages et carottages), mais aussi l’évaluation du
gisement (position dans le sol, étendue et estimation des réserves exploitables).
2.2 Extraction minière
La première étape 2.1 ayant abouti à un gisement dont les réserves et les teneurs
semblent satisfaisantes, on procède à une étude de faisabilité dans laquelle sont
notamment sélectionnées les méthodes d’exploitation. Si les conclusions de l’étude
sont positives, on engage des travaux préliminaires qui ne sont accompagnés d’aucune
production :
Ces dépenses sont considérées comme des investissements qui seront amortis sur
l’ensemble des productions (ou sur les cinq ou dix premières années de production).
45
L’exploitation proprement dite peut alors commencer. Les dépenses qu’elle entraîne
sont classiques et comprennent surtout des charges de structure :
main-d’œuvre ;
entretien du matériel.
Il s’y ajoute des dépenses spécifiques : extension des galeries, remblaiement après
exploitation, soutènement, protection des travailleurs (radon), etc.
Il s’agit d’une opération industrielle classique, comparable à ce que l’on peut voir dans
la production de métaux comme le cuivre, le zinc, le nickel ou l’or.
investissements ;
charges de structure ;
charges opérationnelles, comprenant principalement des dépenses de
réactifs et d’énergie, qui constituent une part plus importante des charges
totales que pour l’exploitation minière.
Là aussi une étude de faisabilité, s’appuyant sur des essais effectués avec des
échantillons aussi représentatifs que possible, obtenus au cours des carottages de la
phase de prospection, est réalisée au préalable. On y propose la meilleure adaptation
du procédé général de traitement 3.1.
Le point fondamental qu’il faut retenir est que les charges opérationnelles sont
essentiellement proportionnelles aux quantités de minerais traitées et non à la quantité
d’uranium produite. Cela montre à quel point la teneur en uranium du minerai va être
déterminante pour le prix de revient de production de l’uranium.
2.4 Charges diverses
46
contradictoirement avec le client ou un organisme désigné par celui ‐ci, et/ou
avec le raffineur ;
frais de reconstitution de site, incluant les frais de fermeture et de
démantèlement, qu’il faut provisionner.
2.5 Charges exceptionnelles
Quand l’exploitation doit avoir lieu dans une zone peu ou pas habitée (désert africain ou
australien, grand nord canadien), il faut aussi prévoir et investir dans une base de vie,
qui peut ne concerner que les travailleurs (cas du Canada) ou, au contraire, qui doit
inclure la vie des familles de ces travailleurs (Afrique, Australie). Il faut alors créer une
ville avec toutes ses infrastructures : santé, éducation, approvisionnement en produits
alimentaires, etc.
Certains réactifs peuvent être alors fabriqués sur place pour réduire le poids de ces
coûts. Par exemple, en France, on peut transporter l’acide sulfurique de son lieu de
production à celui de son utilisation ; au Niger, on transporte le soufre (trois fois moins
de poids transporté) et on produit l’acide sur le site d’utilisation.
Toutes ces considérations montrent que les structures de coût et les prix de revient
peuvent varier sensiblement en fonction de nombreux paramètres et il n’y a donc pas
de structure standard de référence.
Si l’on prend comme référence un gisement donnant des minerais de teneur moyenne
0,18 %, une usine traitant 800 000 t/an et produisant 1 360 t/an d’uranium, le prix de
revient de l’uranium dans de telles conditions sera pris comme base 100.
Si nous considérons les cas du tableau 1, il est clair que l’influence de la teneur est
sensible, sans qu’il y ait pour autant proportionnalité.
On voit que, à capacité similaire de production d’uranium, les coûts diminuent quand la
teneur augmente, passant de 100 pour le cas de référence (0,18 % en masse) à 42
pour les minerais à 3 % en masse (cas 1,2 et 3). La comparaison des cas 2 et 4, et 3 et
5 montre l’effet d’échelle. Pour une production environ 2,4 fois plus grande, les coûts
sont environ 40 % plus faibles. En revanche, les très hautes teneurs (7 %) n’apportent
plus de gros avantages, toutes choses égales par ailleurs (cas 5 et 6), pour les raisons
exposées au paragraphe 3.2.
47
Relation entre coûts de production et teneurs
en uranium du minerai
Cas 1 2 3 4 5 6
Minerais
Usine
Coût relatif [1] 75 50 42 31 24 22
[1] -La base 100 a pour référence un minerai contenant 0,18 %, en masse,
d’uranium.
48
3. Traitement des minerais
3.1.1 Généralités
3.1.3 Étapes du traitement
3.1.3.1 Stockage
3.1.3.2 Préparation mécanique
3.1.3.3 Mise en solution de l’uranium
3.1.3.3.1 Choix du réactif
3.1.3.3.2 Conditions opératoires et rendement
3.1.3.3.3 Technologie
3.1.3.4 Séparation solide-liquide
3.1.3.5 Purification et concentration de l’uranium
3.1.3.5.1 Conditions opératoires
3.1.3.5.2 Mise en œuvre
3.1.4.1 Période d’exploitation
3.1.4.1.1 Résidus solides
3.1.4.1.2 Effluents liquides
3.1.4.2 Période post-exploitation
3.1.4.3 Cas particuliers
3.1.4.4 Résidus et effluents miniers
3.1.5 Traitements particuliers
3.1.5.1 Triage radiométrique
3.1.5.2 Attaque des minerais réfractaires
3.1.5.3 Minerais mixtes
3.3 Sources annexes
49
3.3.1 Lixiviation statique
3.3.2 Lixiviation in situ
3.3.3 Récupération d’uranium à partir de phosphates
50
3.1 Minerais de teneurs classiques
3.1.1 Généralités
Le prix auquel l’uranium peut être vendu dans un concentré conduit à définir et à
modifier une teneur de coupure après extraction : toutes les roches extraites dont la
teneur est inférieure à une valeur définie économiquement ne seront pas traitées en
usine. On peut par ailleurs définir plusieurs coupures :
Pour des commodités d’exploitation, on peut réaliser aussi une coupure haute, de façon
à disposer d’un stock de minerais plus riches permettant de régulariser la teneur de
l’alimentation de l’usine.
À titre d’exemple, pour des conditions économiques moyennes en France, au début des
années 90, les coupures suivantes étaient pratiquées :
Ces coupures sont faites sur la base d’une mesure globale, donc approximative, de la
radioactivité sur un élément de transport du minerai : skip à la mine, camion à l’usine.
51
Le deuxième problème général est le choix du procédé de traitement. La plupart des
minerais de métaux non ferreux, de teneur relativement faible (< 2 % par exemple),
sont enrichis par des procédés physiques utilisant :
C’est donc un procédé hydro-minéralurgique qui a été retenu. Le principe général est
de mettre en solution, aussi sélectivement que possible, l’uranium. Une fois en solution,
on pourra séparer l’uranium de la plupart des impuretés, le concentrer et le mettre sous
une forme solide, conforme aux spécifications et transportable.
Valence 6
La mise en solution de l’uranium n’a lieu facilement que s’il est à la valence 6 ; cela
correspond à l’oxyde UO3, à l’état solide, et au cation oxygéné , en solution. Les
précipités que l’on produit en fin de procédé contiennent aussi l’uranium à la valence 6.
Le plus souvent, dans les minerais, une partie au moins de l’uranium est à la valence 4
(oxyde UO2). Pour la mise en solution, on a donc toujours un problème d’oxydation de
l’uranium. En milieu acide, cette oxydation est facilitée par la présence de fer, selon un
mécanisme qui n’est pas parfaitement connu. Le plus probable est le suivant :
52
Le fer doit alors être réoxydé au moyen d’un oxydant ajouté, tel que le dioxyde de
manganèse ou le chlorate de sodium
3UO2 + 3Fe2(SO4)3 ® 3UO2SO4 + 6FeSO4
6FeSO4 + NaClO3 + 3H2SO4 ® 3Fe2(SO4)3 + NaCl + 3H2O
L’acide universellement utilisé, pour diverses raisons qui sont exposées 3.1.3 est l’acide
sulfurique.
Formation de complexes
La seconde propriété de l’uranium utilisée dans le traitement est son aptitude à former
des complexes sulfatés :
UO2SO4 ;
;
Cette propriété est utilisée pour séparer l’uranium de la plupart des impuretés solubles
au moyen d’échangeurs d’ions solides (résines) ou liquides (solvants). Les résines sont
des composés d’ammonium quaternaire, du type R 4N+, qui fixent préférentiellement
dans un milieu peu acide (pH = 1,8) pour éviter la compétition défavorable
avec les ions ou libres.
Les échangeurs d’ions liquides, appelés extractants, sont aujourd’hui toujours des
amines tertiaires R 3N, dont les radicaux R comprennent 9 à 12 atomes de carbone
Là, le milieu peut être fortement acide, les amines ayant une très forte affinité vis‐à‐vis
des ions et faible vis‐à‐vis de et .
Pour l’élution, deux milieux différents sont couramment utilisés : la solution de chlorure
de sodium et la solution d’acide sulfurique concentré (3N) :
53
(1)
La réaction [1] est utilisée quand la solution résultante est soumise à une extraction
pour une purification complémentaire.
Pour la désextraction, le milieu est choisi en fonction du concentré que l’on veut
produire ensuite. Trois solutions ont été et sont encore couramment utilisées : chlorure
de sodium, sulfate d’ammonium + ammoniaque, carbonate alcalin.
(2)
(3)
Caractère amphotère
Cette propriété de l’uranium est utilisée pour préparer des concentrés par précipitation.
En présence de bases, il donne soit un hydroxyde, soit un sel insoluble (uranate). En
fait, on obtient un mélange des deux espèces :
54
Pratiquement, trois bases sont utilisées : la magnésie, l’ammoniaque et la soude :
Un autre précipité peut être obtenu, dans une réaction plus sélective avec le peroxyde
d’hydrogène, à pH contrôlé entre 3 et 4.
3.1.3 Étapes du traitement
3.1.3.1 Stockage
Le stockage du minerai est fait selon les principes déjà exposés 3.1.1. Il s’agit
essentiellement de constituer des tas de minerais selon leur teneur et leur qualité. La
difficulté économique est d’optimiser le stock avant traitement, l’optimum se situant
autour de trente jours de réserve, sachant que l’on ne peut alterner les qualités trop
souvent et qu’il est préférable que les campagnes, pour chaque qualité, ne durent pas
moins de deux semaines.
55
Figure 1 - Principe du traitement des minerais d’uranium par voie acide
3.1.3.2 Préparation mécanique
Les minerais sont livrés avec des dimensions variables, les plus gros blocs étant
équivalents à des cubes de 200 mm à 1 000 mm d’arête. L’uranium se trouvant soit
dans des microfissures, soit en joints de grains, il faut le libérer 3.1.1. À cette fin, on
procède à une réduction de taille par concassage et broyage. Il n’y a pas de schéma
type, chaque minerai posant, dès cette étape, des problèmes particuliers. Pour des
56
minerais à base de roches cristallines, on peut considérer comme classiques les
opérations suivantes [4] [5] :
Les opérations de concassage sont effectuées en général sans eau ; les opérations de
broyage peuvent être réalisées à sec mais, le plus souvent, elles le sont en présence
d’eau, qu’il faut éliminer en grande partie avant d’envoyer le minerai broyé à l’attaque.
Selon les cas, cette séparation de l’eau est obtenue par décantation, filtration,
cyclonage, etc.
Les minerais sédimentaires, principalement gréseux, peuvent être réduits par des
opérations plus simples : concassage primaire, puis broyage semi-autogène donnant
directement, avec une classification, la taille finale recherchée.
3.1.3.3.1 Choix du réactif
A priori, les acides minéraux conviennent tous pour dissoudre l’uranium sans attaquer
pour l’essentiel la gangue.
il est moins cher par tonne traitée ou par kilogramme d’uranium produit ;
il est également moins polluant, les sulfates pouvant être précipités à la chaux ;
enfin, étant moins agressif, il offre plus de possibilités dans le choix des
matériaux des cuves d’attaque.
Aussi, la plupart des usines de traitement de minerai d’uranium dans le monde utilisent-
elles cet acide comme réactif d’attaque. Les quantités nécessaires, très variables, vont,
dans la plupart des cas, de 25 à 100 kg/t de minerai traité. Les besoins propres à
57
l’uranium sont très faibles et la consommation est liée à la composition de la gangue.
Sont finalement consommateurs d’acide :
Ces carbonates sont déterminants pour le choix du procédé de traitement. En effet, s’ils
sont trop abondants, ils entraînent une dépense en acide rapportée à l’uranium produit
trop élevée ; aussi est-on conduit à choisir un réactif d’attaque dont la consommation
est insensible à la présence de carbonates, tel que le carbonate de sodium 3.1.2.1.
L’attaque par le carbonate de sodium est beaucoup plus sélective et, à part un peu de
silice, on ne dissout pas grand chose en plus de l’uranium. Elle n’est toutefois retenue
que lorsqu’il apparaît impossible d’employer l’acide sulfurique, cela pour trois raisons
principales :
les conditions d’attaque sont beaucoup plus dures (température élevée, pression
de plusieurs bars, durée plus longue) et exigent un matériel plus sophistiqué ou
beaucoup plus volumineux et, dans tous les cas, plus cher ;
malgré ces conditions sévères, le rendement est souvent inférieur de 1 à 5 % à
celui qu’on aurait pu obtenir avec une attaque à l’acide sulfurique ;
le problème des effluents est beaucoup plus difficile à résoudre 3.1.4.
En milieu acide, l’oxydant le plus souvent utilisé est le chlorate de sodium dont la
consommation peut varier de 1 à 5 kg/t de minerai.
En milieu alcalin, la température doit être plus élevée ; pour éviter l’ébullition, on opère
souvent à des pressions de 200 à 1 000 kPa, ce qui permet d’utiliser des températures
pouvant atteindre 100 à 150 oC. La pulpe est préchauffée dans des échangeurs de
chaleur.
58
La durée de séjour dans les réacteurs d’attaque est fonction :
Usuellement, les durées de lixiviation se situent entre 3 et 10 h aussi bien en milieu
acide qu’en milieu alcalin et peuvent atteindre 24 h quand on opère à température
ambiante.
En lixiviation alcaline, avec des minerais de teneur initiale 0,3 %, le rendement n’excède
pas 93,5 %.
3.1.3.3.3 Technologie
En milieu acide, le réacteur le plus couramment utilisé est la cuve munie d’un agitateur.
En général, pour garantir un temps de séjour minimal aux fines particules, on dispose
plusieurs cuves en série et en escalier de manière à ce que la pulpe se déverse par
gravité d’une cuve à l’autre. Le nombre de cuves est de trois au minimum.
Des réacteurs différents, appelés pachucas, sont employés, le plus souvent par charge
(de manière discontinue), pour traiter des minerais pauvres (cas fréquent en Afrique du
Sud où l’uranium est un sous-produit de l’or). Ils sont constitués par deux tubes
concentriques ; dans le tube central, on injecte de l’air et, éventuellement, de la vapeur
qui entraînent la pulpe et l’agitent. Dans les pachucas de grande hauteur (10 à 20 m),
on obtient à la base des pressions de 200 à 300 kPa et des températures pouvant
atteindre 80 à 100 oC.
En milieu alcalin, les réacteurs les plus fréquemment utilisés sont les autoclaves, le plus
souvent en acier inoxydable. Montés en série, ils sont de technologie plus lourde (haute
pression et haute température). Il faut des pompes à haute pression pour injecter la
pulpe dans les échangeurs et les autoclaves. Avec des minerais peu réfractaires, on a
parfois utilisé des pachucas.
59
3.1.3.4 Séparation solide-liquide
La pulpe sortant de la lixiviation doit être traitée pour séparer les liqueurs contenant
l’uranium, d’une part, du minerai épuisé (en uranium), d’autre part, avec le meilleur
rendement possible. Ce rendement ne peut être obtenu que par des lavages à l’eau
répétés, ce qui augmente le volume de liqueurs. Pour cela, diverses techniques sont
employées concurremment ou simultanément.
Filtration
On essore la pulpe additionnée de floculant en la faisant passer sur une toile à faible
porosité et soumise à une dépression. Deux types principaux de filtres sont utilisés :
les filtres rotatifs continus : un tambour muni d’une toile plonge dans une cuve où
la pulpe est maintenue en suspension ; l’inconvénient majeur de ces filtres est
que les particules les plus fines se déposent d’abord, colmatent la toile et
diminuent le débit de filtration ; on lave mal sur ces filtres et il faut repulper entre
deux étapes de filtration, pour avoir une bonne efficacité ;
les filtres à bande continue : ils sont plus rationnels ; la pulpe est déposée sur la
toile qui repose sur une bande de caoutchouc perforée qui assure le
déplacement de l’ensemble et l’étanchéité dynamique avec les boîtes à vide. Les
grosses particules forment une précouche ; le débit spécifique est souvent
élevé : 200 à 1 000 kg/(h · m2) et le lavage sur filtre efficace (rendement souvent
supérieur à 99 %).
Avec des filtres, on peut obtenir des résidus essorés contenant de 60 à 80 % de solide
et le volume de liqueur peut descendre à 1m3/t, le chiffre le plus courant étant de 1,5 à
2,5 m3/t.
60
3.1.3.5 Purification et concentration de l’uranium
3.1.3.5.1 Conditions opératoires
On a vu que, pour les résines, il faut ajuster le pH autour de la valeur 1,8, ce qui
implique, le plus souvent, une neutralisation partielle de la solution. Pour travailler en lit
fixe 3.1.3.5.2, il faut également clarifier la liqueur entrante pour éviter de colmater le lit
de résine par des particules solides.
Les résines, aujourd’hui, sont principalement utilisées avec des liqueurs pauvres (moins
de 0,5 g/L d’uranium) comme première étape de concentration. L’élution est alors
effectuée par une solution d’acide sulfurique d’environ 3N, puis la liqueur d’élution est
envoyée à l’extraction par solvant (teneur en uranium 5 à 7 g/L). Pour l’extraction, on
procède aussi à une clarification préalable, les solides en suspension ayant tendance à
s’accumuler dans les appareils d’extraction. Le solvant est généralement ternaire :
En extraction, on traite soit les liqueurs d’élution des résines, soit directement les
liqueurs produites par la lixiviation, de teneur supérieure à 0,5 g/L et, de préférence, au
moins égale à 1 g/L en uranium. La désextraction permet d’obtenir des solutions, titrant
20 à 40 g/L en uranium, qui peuvent être utilisées directement pour la production de
concentrés.
3.1.3.5.2 Mise en œuvre
Les résines sont utilisées soit en lits fixes, soit en lits mobiles.
En lits fixes : dans ce cas, les opérations sont discontinues et successives ; la résine
est placée dans des colonnes ; les liqueurs chargées en uranium traversent le lit de
résine jusqu’à ce que l’on constate une fuite en uranium ; à ce moment, on cesse de
charger la résine et l’on procède éventuellement à un lavage et à l’élution selon la
même technique ; on dispose de plusieurs groupes de colonnes en parallèle pour
assurer la continuité du procédé.
Si la clarification des liqueurs ne peut pas être assurée, on peut fonctionner en lit
fluidisé, mais sans transfert de résine d’une colonne à l’autre.
61
En lits mobiles : plusieurs techniques ont été développées en France, au Canada, aux
États-Unis et en Afrique du Sud, pour procéder aux opérations de fixation, lavage et
élution en continu ; la résine se déplace dans ce cas à contre-courant des réactifs ; les
brevets ont surtout porté sur les dispositifs permettant de véhiculer les résines en
évitant au maximum l’attrition (usure des grains par frottement).
Ces procédés ont été surtout utilisés avec des pulpes légères, c’est à dire dont les
grosses particules (sables) avaient été séparées.
Les opérations d’extraction par solvant sont toujours réalisées en continu. Les appareils
le plus souvent utilisés sont les mélangeurs-décanteurs. En général, on utilise 4 à 5
étages à l’extraction et 3 à 5 étages à la désextraction. Dans certains schémas, il y a 1
à 3 étages de lavage entre extraction et désextraction, et 3 étages de régénération pour
la désextraction du molybdène. Le temps de séjour dans les mélangeurs n’excède pas
3 min, et rarement plus de 20 min dans les décanteurs. Les modèles utilisés sont très
variés et aucun ne s’est vraiment imposé. Dans tous les cas, on recycle 3 à 10 fois le
débit effectif de la phase réceptrice pour assurer un bon transfert.
La précipitation par une base est réalisée à chaud, dans des cuves munies d’un
agitateur, le temps de séjour pouvant varier de 2 à 6 heures selon le composé précipité
et la composition de la liqueur uranifère. La régulation du procédé vise à maintenir la
concentration du réactif libre dans des limites assez strictes.
Les procédés de séchage sont très variés et aucun ne s’est réellement imposé. Le plus
fréquemment employé aux États-Unis est le four à soles (Multiple hearth dryer ) qui
permet de sécher ou de griller entre 700 et 750 oC (cas du diuranate d’ammonium). En
France, et dans les usines construites par la France, la technique la plus répandue
aujourd’hui est le séchage par atomisation, la chaleur étant fournie de préférence par la
combustion d’un gaz (gaz naturel, propane).
Les difficultés du séchage sont dues surtout aux poussières entraînées par l’air chaud,
que l’on doit donc traiter. Pour le dépoussiérage aussi, il n’y a pas de solutions types,
les plus utilisées étant les combinaisons suivantes :
62
Le séchage est suivi d’un stockage en trémie avant mise en emballage (fûts de 220 L
non réutilisés). En France, on a utilisé des conteneurs de 1,5 m3 en acier inoxydable
qui étaient retournés vides, par le raffineur, aux usines. Au passage, on prélève un
échantillon proportionnel (environ 2 kg) qui sert aux déterminations d’humidité et de
teneurs en uranium et en impuretés. Il sert également, ainsi que les échantillons de
minerais prélevés au concassage et au broyage, à établir le bilan matière de l’usine et à
déterminer le rendement en uranium.
3.1.4.1 Période d’exploitation
3.1.4.1.1 Résidus solides
Dans le premier cas, leur traitement est inséparable de celui des effluents liquides. Ils
sont repulpés avec ces derniers préalablement traités et envoyés au stockage qui sera,
normalement, définitif.
Dans le second cas, le stockage est souvent fait en remblai d’exploitations épuisées,
principalement d’anciennes mines à ciel ouvert. Cette technique a été pratiquée
notamment à Bessines (Haute-Vienne) et Lodève (Hérault).
3.1.4.1.2 Effluents liquides
Deux principaux effluents liquides (figure 2) sont produits lors du traitement des
minerais.
63
La conformité biochimique (en fait essentiellement chimique) exige finalement la
neutralisation de la liqueur jusqu’à un pH compris entre 6,5 et 8. En utilisant le calcaire
et la chaux comme neutralisants, on va en même temps précipiter les métaux
hydrolysables (fer, aluminium) sous forme d’hydroxydes et les ions sulfate sous forme
de sulfate de calcium très peu soluble. Ce précipité est séparé (par décantation ou
filtration) et joint aux résidus solides 3.1.4.1.1.
De cette façon, les liqueurs sont facilement ramenées à moins de 10 pg/L de radium. Le
précipité très faible, généralement séparé par décantation, est joint au résidu solide
principal.
Le second effluent liquide est constitué par la fraction des eaux-mères de précipitation
qui n’est pas recyclée à la désextraction ou à l’élution 3.1.3.5.1. C’est donc la purge de
ces eaux-mères qui est susceptible d’un traitement. En fait, seules les eaux-mères
ammoniacales nécessitent un traitement spécial ; les autres eaux-mères (chlorurées ou
magnésiennes) sont jointes à l’effluent principal, qu’elles peuvent contribuer à
neutraliser.
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Deux voies de traitement ont été appliquées :
3.1.4.2 Période post-exploitation
la stabilité mécanique du stock pour éviter que les résidus puissent se déplacer,
voire se répandre hors de leur site de stockage ; en principe, cela est assuré lors
de leur mise à stock, mais on peut être conduit à réaliser quelques
renforcements de certaines parois des champs d’épandage ;
l’inocuité du stock pour l’environnement.
Si l’on considère que le risque principal est celui dû au dégagement de radon, on est
amené à recouvrir le stock d’une couche de matériaux stériles, de préférence naturels,
empêchant pratiquement l’émission de radon dans l’environnement. En outre, cette
couche imperméable peut empêcher la pénétration des eaux pluviales et, par suite, la
mobilisation des éléments solubilisables, notamment les éléments radioactifs.
Pour conclure, la phase post-exploitation est prise en compte désormais, dans les pays
développés, dès la demande d’autorisation d’exploiter. Le dossier constitué à cet effet
comporte les mesures qui seront prises à l’arrêt des mines et des installations de
traitement. Pendant toute la durée d’exploitation, des provisions sont constituées pour
permettre de réaliser les travaux de réaménagement, le moment venu.
3.1.4.3 Cas particuliers
Les usines utilisant un procédé alcalin produisent des effluents liquides qui ne peuvent
être traités par les techniques décrites au paragraphe 3.1.4.1. Dans le cas de l’usine de
Lodève, l’effluent liquide principal est constitué d’une solution de sulfate de sodium. Les
sulfates alcalins ne pouvant être précipités par addition de chaux, il a fallu trouver une
autre méthode. Le choix s’est porté sur la cristallisation du sulfate de sodium avec, pour
objectif, sa commercialisation. Pour répondre aux critères de pureté exigés, il faut
éliminer, de la solution de sulfate, le molybdène, puis les matières organiques qui
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pourraient colorer le sulfate, enfin les traces d’uranium. La cristallisation est réalisée en
trois temps :
Les mines produisent également des eaux, dites d’exhaure, qui peuvent nécessiter un
traitement avant rejet :
3.1.5 Traitements particuliers
Les procédés décrits ont donné lieu à de nombreuses variantes destinées à s’adapter
aux particularités des minerais. Il serait vain de vouloir toutes les citer, mais quelques-
unes méritent une mention particulière.
3.1.5.1 Triage radiométrique
Le système utilisé comporte donc des bandes transporteuses, divisées en couloirs, qui
permettent de faire défiler des cailloux bien séparés sous les dispositifs de mesure :
radioactivité et volume ; la combinaison de ces deux mesures permet de décider de
garder ou de rejeter un caillou. Le rejet est réalisé par un soufflage d’air comprimé, qui
modifie la trajectoire du caillou concerné et le sort du circuit des cailloux conformes.
Dans certains minerais (figure 3) une partie de l’uranium se trouve liée fortement à des
espèces chimiques réfractaires aux conditions d’attaque classique (titanates, sulfures
par exemple). C’est le cas, en particulier, des minerais du Niger qui, dans une lixiviation
classique, ne libéreraient que 70 % au plus de leur uranium.
Un type d’attaque par de l’acide concentré et en milieu fortement oxydant a donc été
mis au point. Le minerai broyé est malaxé avec un mélange d’acide sulfurique et de
nitrate (oxydant), le rapport liquide sur solide étant inférieur à 0,2. La réaction dégage
des oxydes d’azote qui sont collectés et envoyés dans une tour où ils sont reconvertis
en acide nitrique. Le minerai imprégné mûrit dans un tunnel sur une bande à
avancement lent pendant quelques heures et est enfin délité dans une solution
légèrement acide qui solubilise les produits de l’attaque, dont l’uranium avec un
rendement supérieur à 95 %.
3.1.5.3 Minerais mixtes
L’uranium est parfois récupéré en sous-produit d’autres métaux, tels que l’or et le
cuivre 1.4.
En Afrique du Sud, l’uranium est associé à l’or qui supporte tous les frais d’extraction
minière et de préparation mécanique. L’uranium est alors le plus souvent récupéré
classiquement par lixiviation sulfurique des résidus de minerais d’or, suivie souvent
d’une fixation de l’uranium par résines échangeuses d’ions à partir de la pulpe (broyée
très finement pour la récupération de l’or). Dans certaines installations récentes,
l’uranium était récupéré avant l’or ; la pulpe, épuisée en uranium, était neutralisée avant
de récupérer l’or par cyanuration.
67
Figure 3 - Attaque concentrée après broyage à sec
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3.3 Sources annexes
3.3.1 Lixiviation statique
Dans ce procédé, le minerai est disposé soit tel quel, soit concassé à moins de 70 mm,
sur une aire étanche et légèrement pentue. Dans les installations modernes de
lixiviation statique, les aires sont construites de telle manière qu’elles sont à la fois
étanches et mécaniquement résistantes (possibilité de roulage d’engins chargeurs) et
elles sont munies d’un drainage de sécurité en cas (non constaté) de pénétration de
liqueur.
Les tas sont de préférence peu hauts (moins de 3 m), les autres dimensions étant, en
principe, indifférentes. L’usage a montré que des tas de plus de 10 000 t ne sont pas
faciles à gérer.
Le minerai est alors arrosé par une liqueur acide au moyen d’une série de tubes
plastiques perforés qui distribuent l’acide par pulvérisation. L’acide percole à travers le
tas, dissolvant au passage l’uranium et quelques impuretés. La durée du contact étant
insuffisante, l’acide récupéré, dans un bassin connecté à l’aire, est recyclé plusieurs
fois. Lorsque l’on constate que les teneurs en uranium et en acide ne varient plus, on
considère que l’attaque est terminée. Le tas est alors rincé, d’abord par une solution
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faiblement acide, pour chasser l’uranium, puis par de l’eau industrielle, pour chasser
l’acide. Le minerai épuisé est alors évacué vers un stockage définitif, puis remplacé par
une nouvelle charge. La durée totale d’un cycle complet est variable de 2 à 4 mois en
moyenne.
L’uranium n’étant pas totalement libéré, on obtient des rendements de récupération qui
atteignent rarement 80 %.
Les liqueurs claires (liqueurs d’attaque et de lavage acide) obtenues ainsi sans
opération de séparation solide/liquide sont envoyées dans l’usine de traitement où elles
rejoignent celles produites par le procédé principal.
À titre d’exemple, certaines années, plus de 200 t d’uranium ont été ainsi produites à
l’Ecarpière (Loire-Atlantique), soit près de 30 % de la production totale.
3.3.2 Lixiviation in situ
Certains minerais à teneurs faibles 1.2, situés à une profondeur qui exclut une
extraction minière économique, sont traités sans déplacement (in situ ) par injection
d’un réactif (figure 5). Cela suppose que le gisement réponde à plusieurs critères :
Le plus souvent, le réactif utilisé est un carbonate alcalin, car l’uranium se trouve dans
des roches sédimentaires (grès), accompagné de minéraux basiques (calcaire,
dolomie). On peut y ajouter un oxydant (oxygène dissous, peroxyde d’hydrogène).
La liqueur est traitée sur place par échange d’ions (résines) ; la liqueur épuisée est
réajustée en réactif et recyclée. L’uranium fixé est élué et précipité, et le concentré
envoyé au raffinage.
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Figure 5 - Lixiviation en place. Vue schématique
L’acide phosphorique industriel est un produit brut très impur, qui contient des matières
en suspension (gypse, acide fluosilicique) et en solution (matières organiques) très
défavorables à l’extraction. En outre, même purifié, la moindre baisse de température
entraîne la précipitation de gypse dans les appareils.
En dépit de ces circonstances défavorables, plusieurs procédés ont été mis au point et
appliqués pendant quelques années. Ils utilisaient tous l’extraction par solvant au
moyen de mélanges synergiques. Le plus couramment appliqué (avec de nombreuses
variantes) était le procédé mis au point à Oak Ridge par Hurst et Crouse en 1974 qui
utilisait un mélange de TOPO (trioctyl phosphine oxide) et de D2EHPA (di-2, éthyl-
hexyl-phosphoric acid) dilué dans un hydrocarbure. Le procédé comportait deux
étapes :
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une purification : nouvelle extraction par le même mélange avec désextraction
par le carbonate d’ammonium et cristallisation de l’uranyle tricarbonate
d’ammonium.
l’un utilisait le mélange précédent, mais en une seule étape, avec désextraction
par l’ammoniaque et le carbonate d’ammonium, l’uranium étant maintenu en
solution, puis précipité selon les procédés classiques ;
l’autre suivait la même démarche, mais avec un mélange synergique plus
puissant dans lequel le D2EHPA était remplacé par le BIDIBOPP (bis-dibutoxy 1-
3, propyl 2-phosphoric acid).
Bien qu’aujourd’hui le prix de l’uranium ne permette pas cette récupération, elle reste
une possibilité à tout moment. La mise en place des installations nécessaires n’excède
pas deux ans.
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