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DCG 5

ÉCONOMIE
CONTEMPORAINE
Sébastien Castaing
Docteur en sciences de gestion
Membre des jurys d’examen

Léo Charles
Docteur en sciences économiques

Josiane Coquet
Agrégée d’économie et gestion
Membre des jurys d’examen

Carine Kurowska
Agrégée d’économie et gestion
Membre des jurys d’examen

leader de l’expertise comptable


Crédits iconographiques
p. 183 : © Larousse ; p. 198 haut : © Europe by Jolan Soens from the Noun Project ;
p. 198 milieu : © Podium by Prettycons from the Noun Project ; p. 198 bas : © Justice by
Gregor Cresnar from the Noun Project ; p. 270 haut : © world by Guilherme Furtado
from the Noun Project ; p. 270 milieu : © Panda Icons from the Noun Project ; p. 295 :
© retrenchment by Gan Khoon Lay from the Noun Project ; p. 309 : JDN-Statista ;
p. 357 haut gauche : © Man by Vectors Market from the Noun Project ; p. 357 haut
milieu gauche : © people by shashank singh from the Noun Project ; p. 357 haut
milieu droite : © countryside by Symbolon from the Noun Project ; p. 357 haut droite :
© Town by Xinh Studio from the Noun Project ; p. 357 bas gauche : © rich by Wonmo
Kang from the Noun Project ; p. 357 bas milieu droite : © Cake by Vectors Market from
the Noun Project, p. 357 bas droite : © Cake by Creative Stall from the Noun Project.

Maquette de couverture :
Hokus Pokus

Maquette intérieure :
Yves Tremblay

© Dunod, 2019
11 rue Paul Bert, 92240 Malakoff
www.dunod.com

ISBN 978-2-10-079660-1
SOMMAIRE

Mode d’emploi ………………………………………………………………………………… IV


Programme …………………………………………………………………………………… VI
Avant-propos ………………………………………………………………………………… XV
Rendez-vous Méthode 1. Exploiter un tableau, un graphique ou des données chiffrées … XVII
Rendez-vous Méthode 2. Rédiger une dissertation et construire une argumentation
structurée ……………………………………………………… XVIII

Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économique


Chapitre 1 Grands principes de la science économique ……………………………… 1
Chapitre 2 Agents économiques et interactions ……………………………………… 12
Chapitre 3 Création de richesse par l’activité économique …………………………… 37

Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché


Chapitre 4 Grands principes de l’économie de marché………………………………… 61
Chapitre 5 Complémentarité entre État et marché …………………………………… 77

Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économique


Chapitre 6 Financement des agents économiques …………………………………… 99
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financiers ……………………………… 117

Partie 4 Régulation publique en économie de marché


Chapitre 8 Place et rôle de l’État dans une économie de marché …………………… 147
Chapitre 9 Intervention économique de l’État ………………………………………… 167
Chapitre 10 Politique économique au sein de l’UE ……………………………………… 182

Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux


Chapitre 11 Croissance et développement : formes et finalités ……………………… 204
Chapitre 12 Potentiel de croissance économique ……………………………………… 218
Chapitre 13 Croissance économique et développement durable ……………………… 235
Chapitre 14 Ouverture internationale et croissance économique …………………… 249

Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux


Chapitre 15 Déséquilibres du marché du travail ………………………………………… 277
Chapitre 16 Politiques publiques et marché du travail ………………………………… 296
Chapitre 17 Inégalités sociales et pauvreté ……………………………………………… 312
Chapitre 18 Redistribution des revenus …………………………………………………… 331

Sujet type d’examen corrigé ………………………………………………………………… 356


Corrigé du sujet type d’examen …………………………………………………………… 365
QCM et quiz : corrigé ………………………………………………………………………… 371
Index thématique……………………………………………………………………………… 372
Index des auteurs ……………………………………………………………………………… 374
Table des matières …………………………………………………………………………… 375

III
Mode d’emploi
Tout le programme Approfondissements

Cas transversaux
Renvois
vers les cas

Mise en contexte
Visuels facilitant
la mémorisation
Trois étapes

Exercices, applications Progressivité et


et cas progressifs Compétences temps de réalisation
du programme

Cas transversaux

Synthèse visuelle
du chapitre
Méthode et conseils
PROgRAMME

Axe 3 : Analyse économique et managériale


Les unités d’enseignement « d’économie contemporaine » (UE 5) et de « management »
(UE 7) ont pour objet de permettre au titulaire du DCG d’appréhender l’environnement
économique et managérial des organisations afin de comprendre les défis et les problé-
matiques auxquels ces dernières sont confrontées.
Ces unités d’enseignement devront, notamment, permettre le développement de compé-
tences spécifiques :
– exploiter des documents de nature variée (statistiques, presse spécialisée, multimédia…) ;
– développer une culture économique et managériale actualisée visant à comprendre
les enjeux auxquels les organisations font face, notamment par le biais d’une veille
informationnelle ;
– analyser des situations et décisions économiques ou managériales ;
– élaborer une argumentation à partir d’une problématique donnée, en mobilisant le
vocabulaire spécifique adapté ainsi que les concepts et les illustrations nécessaires (fac-
tuelles ou théoriques).

UE 5. Économie contemporaine
Niveau L – 200 heures – 14 ECTS
1. Fondements et finalités de l’activité économique (20 heures)
1.1. Quels problèmes l’économie tente-t-elle de résoudre ?
Sens et portée de l’étude. Face à des problématiques contemporaines, il s’agit de
mettre en évidence comment l’économie se situe au cœur de la vie et des décisions des
individus, tout en tenant compte des nouveaux enjeux du développement durable.
L’économie peut être appréhendée comme une science des choix dans un contexte de
rareté des ressources.

Compétences attendues Savoirs associés

– Mettre en évidence l’omniprésence du problème – Le concept de science économique.


de la rareté des ressources. – La variété et la rareté des ressources.
– Identifier l’allocation des ressources comme une – L’allocation des ressources.
recherche de l’adéquation entre des ressources
rares et des besoins illimités.
– Illustrer la logique de choix et d’arbitrage
des agents sur l’emploi des ressources.

1.2. Qu’est-ce que l’activité économique ?


Sens et portée de l’étude. Pour satisfaire leurs besoins, les agents effectuent des opéra-
tions économiques qui les mettent en interaction dans une logique systémique. Cette
interdépendance entre les agents et les opérations qu’ils réalisent est au cœur de l’acti-
vité économique : la circulation de flux liés aux opérations de production, de répartition,
d’investissement et de consommation en est une illustration.

VI
Programme

Compétences attendues Savoirs associés

––Identifier et schématiser les relations entre ––Les différents agents économiques, leurs rôles.
les différents agents économiques. ––L’interdépendance entre les opérations économiques
––Commenter la répartition des dépenses et l’équilibre ressources-emplois.
de consommation. ––Les contributions à l’activité économique : consom-
––Différencier les différentes formes d’épargne. mation, investissement, commerce extérieur.
––Différencier les formes et les motifs ––Consommation : définition, typologies, mesure
de ­l’investissement. et structure de la consommation des ménages.
––Analyser la contribution des grandes ––Épargne : définition, formes.
variables de l’équilibre ressources – emplois ––Investissement : définition, mesure et typologies.
à l’activité économique.

1.3. Comment l’activité économique crée-t-elle de la richesse ?


Sens et portée de l’étude. L’ensemble des interactions entre les agents économiques
contribue à la richesse créée au sein d’une économie. La richesse, envisagée sous un
angle quantitatif, est créée au cours de l’activité productive. Elle est le résultat de l’acti-
vité d’une pluralité d’acteurs, dépassant le strict cadre marchand et lucratif, notamment
par l’économie sociale et solidaire ainsi que les services publics. Les spécificités du tissu
productif conditionnent la capacité du pays à créer de la richesse. Cette dernière est
répartie entre les différents agents qui y contribuent lors de la répartition primaire.

Compétences attendues Savoirs associés

––Identifier la contribution des différents ––Valeur ajoutée.


acteurs à la création de richesse. ––Production marchande, non marchande.
––Caractériser un tissu productif à l’aide de ––Critères de classification des entreprises : taille,
données statistiques. branche, filière, secteur.
––Analyser les enjeux de la répartition de la ––Les secteurs économiques : définition et poids relatif.
valeur ajoutée entre les différents bénéfi- ––Économie sociale et solidaire : définition et poids
ciaires. relatif.
––Répartition primaire de la richesse.

1.4. Comment rendre compte de la situation économique d’un pays ?


Sens et portée de l’étude. Le PIB demeure l’indicateur le plus utilisé pour mesurer la
richesse créée et réaliser des comparaisons spatio-temporelles. Les limites qu’il présente
ont depuis longtemps conduit à la conception d’indicateurs alternatifs afin de dépas-
ser une vision matérielle de la richesse, intégrant les problématiques du bien-être et de
l’environnement. Il s’agit de montrer l’enjeu des conventions de mesure et le rôle des
indicateurs dans la représentation de la réalité économique, ainsi que dans les décisions
prises par les acteurs (privés et publics).

Compétences attendues Savoirs associés

––Repérer comment le PIB rend compte ––PIB : définition, modes de calcul.


de la richesse créée. ––Rôle et limites du PIB.
––Comparer la situation de pays dans le temps ––Externalités positives et négatives.
et l’espace à partir de différents indicateurs. ––Indicateurs alternatifs : IDH et autres indicateurs
––Justifier l’usage d’indicateurs alternatifs au de développement, intérêts et limites.
regard des limites du PIB.

VII
Programme

2. Le fonctionnement de l’économie de marché (30 heures)


2.1. Pourquoi l’économie de marché s’est-elle imposée en tant que principal régime
d’organisation économique et sociale ?
Sens et portée de l’étude. L’économie de marché est progressivement devenue le prin-
cipal modèle d’organisation économique et sociale, même si sa mise en place s’est faite
selon des modalités diverses, notamment en raison du rôle conféré à l’État selon les pays.
L’État initie et accompagne le développement de l’économie de marché en garantissant
l’exercice de libertés économiques et en favorisant la dynamique concurrentielle censée
contribuer à l’efficacité économique. Si la concurrence est une incitation à baisser les
prix, à augmenter les quantités produites et à innover, la réalité des marchés amène à
affiner ce que l’on entend par concurrence.

Compétences attendues Savoirs associés

––Identifier les caractéristiques des économies ––Économie de marché, libéralisme économique,


de marché. économie mixte.
––Caractériser les différentes formes de ­concurrence. ––Marché : rôle et fonctionnement.
––Mettre en évidence les mécanismes de forma- ––La notion de concurrence : cadre normatif de la
tion des prix. concurrence pure et parfaite, réalité de la compé-
––Identifier le rôle des prix dans le comportement tition entre entreprises (Walras, Pareto, Baumol).
des agents et l’allocation des ressources. ––Les caractéristiques de l’équilibre de marché
––Étudier les bienfaits attendus et les limites dans un cadre concurrentiel.
de la concurrence sur un marché. ––Analyse dynamique de la concurrence
(Schumpeter, Hayek).

2.2. Pourquoi encadrer le fonctionnement du marché ?


Sens et portée de l’étude. L’État, dans une économie de marché, assure, à différents
échelons institutionnels, une régulation du fonctionnement des marchés pour limiter les
inconvénients des situations de concurrence imparfaite et des défaillances de marché en
matière d’allocation des ressources.

Compétences attendues Savoirs associés

––Repérer les différentes structures de marché de ––Fonctionnement des marchés et comportement


concurrence imparfaite. des acteurs en concurrence imparfaite.
––Analyser les comportements des acteurs et leurs ––Régulation de la concurrence dans le cadre
répercussions sur l’équilibre d’un marché déter- national et européen.
miné en concurrence imparfaite. ––Biens collectifs et externalités : caractéristiques
––Identifier les organes chargés de la régulation et conséquences (Marshall, Pigou, Coase).
de la concurrence et les mesures contribuant
au maintien de la concurrence.
––Repérer des cas d’externalités et de biens collec-
tifs, en appréhender les conséquences.
––Identifier des dispositifs permettant de répondre
aux défaillances du marché.

VIII
Programme

3. Les contributions des acteurs financiers à l’activité économique (20 heures)


3.1. Au niveau macroéconomique, quels sont les agents à besoin ou à capacité
de financement ?
Sens et portée de l’étude. Les opérations économiques menées par les agents écono-
miques débouchent sur des situations financières diverses. On distingue alors au niveau
macroéconomique, les agents à capacité de financement et ceux à besoin de finance-
ment. Une première approche du financement de l’économie peut être appréhendée par
la rencontre entre les capacités et les besoins de financement.

Compétences attendues Savoirs associés

––Identifier les agents à besoin et à capacité de finan- ––Agents à capacité de financement : détermi-
cement. nants et motifs de l’épargne des ménages.
––Analyser le comportement d’épargne des ménages. ––Agents à besoin de financement (entreprises
––Identifier les modalités de financement des entre- et État) : déterminants et modalités de
prises et de l’État. financement.
––Analyser les conséquences du choix d’une modalité
de financement pour un agent économique donné.

3.2. Quels sont les rôles respectifs des banques et des marchés financiers
dans le financement de l’activité économique ?
Sens et portée de l’étude. Les banques et les marchés financiers jouent un rôle complé-
mentaire dans le financement de l’économie selon des modalités spécifiques.
Nécessaires au développement de l’activité économique, ils permettent de financer la
diversité des besoins de financement des agents et de les accompagner dans la prise de
risque inhérente à leurs projets.
La recherche de sources de financement plus abondantes, d’un financement moins
coûteux ou de modalités de financement adaptées à de nouveaux besoins (start-up…)
a entraîné de nombreuses évolutions conduisant à la financiarisation de l’économie
et parallèlement au développement de formes alternatives de financement. Bien que
nécessaire au développement de l’activité économique, cette financiarisation s’accom-
pagne de crises récurrentes pouvant déstabiliser l’économie réelle.

Compétences attendues Savoirs associés

––Identifier les fonctions des banques. ––Finance directe/finance indirecte.


––Appréhender la diversité des marchés ––Rôles des banques : gestion des moyens de paiement ;
de capitaux. création monétaire ; transformation des échéances ;
––Analyser la contribution des banques ––Évolution des rôles et places des banques.
et des marchés de capitaux à l’activité ––Rôles des marchés de capitaux : financement à différents
économique. horizons temporels, valorisation boursière, liquidité des
––Repérer les nouvelles sources de finan- titres, spéculation, couverture des risques, apports de
cement. devises.
––Analyser les mécanismes financiers ––Les différents types de marchés : marché monétaire ;
d’une crise réelle (passée ou actuelle) marché financier ; marché des produits dérivés ; marché
et ses conséquences sur l’activité éco- des changes.
nomique. ––Autres formes de financement (capital-risque, finance-
ment participatif).
––Les autorités monétaires.

IX
Programme

4. La régulation publique dans une économie de marché (40 heures)


4.1. Quels sont la place et le rôle de l’État ?
Sens et portée de l’étude. La place et le rôle de l’État ont évolué au cours du temps
dans les économies de marché. Le tournant libéral de la fin des années 1980 s’est accom-
pagné d’un certain désengagement de l’État dans les économies à hauts revenus. Pour
autant, l’État reste un acteur majeur au travers des différentes fonctions qu’il assume.

Compétences attendues Savoirs associés

––Identifier les fonctions de l’État. ––Les fonctions de l’État (Musgrave).


––Repérer les différents organes de l’action ––Organes de l’action publique : administrations
publique au niveau national ou local. (centrale, sécurité sociale), autorités administra-
––Comparer les choix budgétaires de plusieurs tives indépendantes, collectivités locales.
États (niveau et structure des dépenses ––Budget de l’État : niveau et structure des
publiques et des prélèvements obligatoires). dépenses publiques, niveau et structure
––Analyser l’évolution des finances publiques des prélèvements obligatoires.
d’un pays et ses enjeux. ––Déficit public et dette publique.
––Soutenabilité de la dette publique.

4.2. Quelles politiques économiques l’État peut-il mener ?


Sens et portée de l’étude. L’État met notamment en œuvre un ensemble de politiques
économiques visant à atteindre un certain nombre d’objectifs grâce à différents instru-
ments. Toutefois, le degré et les formes de cette intervention font débat.

Compétences attendues Savoirs associés

––Distinguer les différents types de politiques ––Objectifs de la politique économique : crois-


économiques. sance, plein – emploi, stabilité des prix, équilibre
––Identifier les caractéristiques des politiques extérieur.
d’offre et de demande. ––Typologies des politiques économiques : poli-
––Apprécier les enjeux d’une politique économique tiques conjoncturelles/structurelles, politiques
donnée. d’offre/de demande.
––Analyser une décision de politique économique ––Politique de demande : instruments de relance
dans un contexte précis. budgétaire, effets et limites (Keynes, Friedman,
Laffer).
––Politique d’offre : instruments, effets et limites
(théories de la croissance endogène).
––Justifications et limites de l’intervention de
l’État (Wagner, Keynes, approches libérales).

4.3. L’appartenance à l’Union européenne influence-t-elle la conduite de la politique


économique des pays membres ?
Sens et portée de l’étude. La construction européenne est un processus graduel autour
d’un projet aux dimensions politique, économique et sociale. L’Union européenne est
devenue une puissance économique de premier plan et une zone d’intégration régio-
nale, en suivant un processus d’élargissement et d’approfondissement, qui a conduit à
redéfinir la répartition des compétences en matière de politique économique.

X
Programme

Compétences attendues Savoirs associés

––Identifier les enjeux des principales phases ––Principales phases d’élargissement et d’appro-
d’élargissement et d’approfondissement de la fondissement, poids économique de l’Union
communauté économique européenne (CEE) européenne.
puis de l’Union européenne (UE). ––Principes de proportionnalité et de subsidiarité.
––Illustrer les principes de proportionnalité et ––Régulation conjoncturelle au sein de l’Union
de subsidiarité. économique et monétaire, UEM (objectifs et
––Caractériser l’organisation de la régulation instruments) : politique monétaire de la Banque
conjoncturelle au sein de l’Union économique centrale européenne (BCE), encadrement des
et monétaire (UEM). politiques budgétaires nationales.
––Expliquer les mécanismes permettant d’at- ––Politiques structurelles de l’Union européenne :
teindre les objectifs de la politique monétaire. budget de l’Union européenne, degré inégal
––Analyser les difficultés posées par les divergences d’intégration des politiques de la concurrence,
structurelles au sein de l’Union européenne. commerciale, fiscale et sociale.

5. La croissance économique : origines et enjeux (60 heures)


5.1. La croissance économique doit-elle être systématiquement recherchée ?
Sens et portée de l’étude.  La croissance économique est souvent présentée comme
un objectif primordial duquel découle la capacité d’un pays à satisfaire les besoins des
agents en produisant plus, en créant de la richesse et des emplois. En tant que source
de richesse matérielle, elle peut contribuer au bien-être, mais n’est pas une condition
suffisante au développement. Elle soulève en outre la question de sa soutenabilité dans
le cadre d’un développement durable.

Compétences attendues Savoirs associés

––Différencier croissance économique, fluctuations ––Croissance économique, croissance potentielle


de l’activité et développement économique. et croissance effective
––Analyser le rôle de la croissance sur une éco- ––Développement économique, développement
nomie. humain (A. Sen), et développement durable.
––Les finalités de la croissance.
––Soutenabilité de la croissance.

5.2. Qu’est-ce qui détermine le potentiel de croissance d’une économie ?


Sens et portée de l’étude. Chercher à accroître la richesse d’un pays suppose d’iden-
tifier les déterminants de la croissance. L’augmentation de la quantité des facteurs de
production peut être perçue comme une première source de croissance. Toutefois, elle
apparaît limitée et l’on observe qu’une croissance existe dans des pays dont la quan-
tité de facteurs n’augmente pas, grâce à l’amélioration de la productivité globale des
facteurs liée au progrès technique.

Compétences attendues Savoirs associés

––Identifier et analyser les déterminants de ––Le rôle des facteurs de production : capital, tra-
la croissance. vail et ressources naturelles (Ricardo, Malthus,
––Mettre en évidence le rôle du progrès technique croissance endogène)
dans la croissance. ––Le rôle du progrès technique (ou de la produc-
tivité globale des facteurs) dans le processus de
croissance (Schumpeter, Aghion, Solow, Romer)

XI
Programme

5.3. Quelle est l’influence de l’ouverture internationale d’une économie


sur sa croissance économique ?
Sens et portée de l’étude. Si les théories classiques du commerce international se
fondent sur la défense du libre-échange, l’histoire économique montre que protection-
nisme et libre échange ont toujours coexisté. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale,
la plupart des nations ont souhaité encadrer le développement des échanges multilaté-
raux, tandis que des espaces économiques régionaux se sont constitués.
Aujourd’hui les échanges internationaux sont souvent perçus comme une opportunité
de croissance économique. L’analyse de la balance des paiements permet notamment
d’évaluer la compétitivité d’un pays, ses choix de spécialisation ainsi que son besoin ou
sa capacité de financement à l’égard du reste du monde.
Pour attirer les capitaux internationaux, les États développent des politiques d’attrac-
tivité dont les conséquences peuvent être variables selon les outils utilisés (dumping
social, fiscal, monétaire versus politiques de formation, de soutien à l’innovation, de
financement d’infrastructures).

Compétences attendues Savoirs associés

––Distinguer internationalisation et mondialisation. ––Internationalisation, mondialisation.


––Caractériser les principaux flux d’échanges. ––Échanges internationaux : inter et intra branche,
––Expliquer le rôle des firmes multinationales et de intrafirme, intrarégionaux.
la division internationale des processus de pro- ––Régulation du commerce mondial : organisation
duction dans la dynamique des échanges. et principes.
––Justifier la défense du libre-échange et les moti- ––Intégration économique régionale.
vations protectionnistes. ––Investissement direct à l’étranger (IDE).
––Identifier les différentes modalités du protec- ––Firmes multinationales, division internationale
tionnisme. des processus de production et chaînes de valeur
––Identifier les principaux soldes de la balance des mondiales.
paiements d’une nation. ––Libre-échange : définition, principales théories
––Analyser la situation extérieure d’un pays à par- (Ricardo, Heckscher-Ohlin-Samuelson, Lassudrie-
tir d’indicateurs et en repérer les conséquences Duchêne ou Linder, Krugman), conséquences.
sur la croissance économique. ––Protectionnisme : définition, modalités, prin-
––Expliquer les enjeux des politiques d’attractivité cipales théories (List, Kaldor, Krugman, Amin),
vis à vis de la croissance économique. conséquences.
––Balance des paiements.
––Politique d’attractivité et de compétitivité.

5.4. Quel potentiel de croissance dans la perspective d’un développement durable ?


Sens et portée de l’étude. La question de l’épuisement de la croissance et d’une crois-
sance auto-entretenue permet de s’interroger sur la capacité des pays à offrir une quan-
tité de biens sans cesse plus abondante, en interrogeant le rôle des différentes ressources
(humaines, technologiques, naturelles) en la matière. Elle fait écho à la problématique
de la soutenabilité de la croissance.
Sur le plan économique, les approches des ressources naturelles diffèrent  : certaines
considèrent que la préservation des ressources n’est pas une limite à la croissance,
d’autres estiment qu’elle est incompatible avec la croissance. Se dégagent alors deux
conceptions différentes de la soutenabilité, dites faible et forte, la première présentant le
progrès technique comme la solution, tandis que la seconde promeut un changement de
modèle de croissance.

XII
Programme

Compétences attendues Savoirs associés

––Caractériser le développement durable dans ses ––Développement durable : dimensions écono-


trois dimensions. miques, sociales et environnementales.
––Analyser les effets attendus des mesures de ––L’environnement, illustration de défaillances
politique environnementale sur les comporte- de marché (Coase, Pigou, Hardin, Olstrom).
ments des acteurs. ––Degré de soutenabilité de la croissance : faible
––Analyser les opportunités et les limites du déve- (Stiglitz) ou forte.
loppement durable en termes de croissance ––La transition énergétique.
économique. ––Les instruments des politiques environnemen-
tales : fiscalité, droits à polluer, réglementation.
––Apparition de logiques économiques
différentes : économie circulaire, économie
des fonctionnalités.

6. Les déséquilibres sociaux : explications et enjeux (30 heures)


6.1. Comment expliquer les déséquilibres sur le marché du travail ?
Sens et portée de l’étude. Le chômage apparaît comme un déséquilibre sur le marché
du travail, mais ne constitue qu’une des formes de difficultés des individus face à l’em-
ploi. Pour caractériser correctement la situation de l’emploi d’un pays, il est nécessaire
de prendre en compte divers indicateurs, au-delà du taux de chômage. Sur la base de ces
indicateurs, l’examen du chômage et de son évolution dans différents pays montre que
le chômage est un phénomène complexe dont les causes sont multiples, potentiellement
cumulatives et ne se limitant pas au marché du travail.

Compétences attendues Savoirs associés

––Caractériser la situation du marché du travail à ––Chômage (BIT, ministère du Travail), halo


l’aide d’indicateurs variés. du chômage, sous-emploi.
––Appréhender la diversité des situations des indi- ––Taux de chômage, taux d’activité, taux d’emploi,
vidus sur le marché du travail. comparaison entre pays.
––Comparer la situation de l’emploi dans différents ––Chômage conjoncturel/structurel.
pays par l’analyse de données statistiques. ––Chômage classique/keynésien.
––Analyser les causes structurelles et conjonctu- ––Segmentation et polarisation du marché du
relles du chômage, sur un marché donné. travail (Piore-Doeringer, Lindbeck-Snower).
––Identifier les causes du dualisme et de la polari- ––Autres théories du marché du travail.
sation du marché du travail.
––Analyser les conséquences de la révolution numé-
rique sur l’emploi et les modalités de travail.

6.2. Comment l’action publique peut-elle limiter les déséquilibres


sur le marché du travail ?
Sens et portée de l’étude. Les changements de grande ampleur que connaît le marché
du travail en France, comme dans tous les pays industrialisés, justifient la mise en
œuvre d’un ensemble de politiques visant à limiter, accompagner voire à compenser les
nouvelles formes de déséquilibres qui affectent l’emploi. Les politiques visant à soutenir
l’activité économique appartiennent à cet ensemble de mesures et visent plus précisé-
ment la lutte contre le chômage.

XIII
Programme

Compétences attendues Savoirs associés

––Identifier les principales mesures prises dans le ––Politiques de l’emploi : mesures actives
cadre des politiques de l’emploi au sein des pays et passives.
de l’OCDE. ––Politiques pour l’emploi : impacts attendus
––Distinguer les mesures dites passives et actives. du soutien à l’activité sur l’emploi.
––Comparer les effets attendus des différentes ––Flexibilité du marché du travail : formes
mesures des politiques de l’emploi et des politiques et enjeux.
pour l’emploi.
––Analyser les enjeux de la flexibilité sur le marché du
travail, dans ses différentes formes.
––Caractériser l’action des pouvoirs publics pour accom-
pagner les transformations du marché du travail.

6.3. Quelles politiques de redistribution face aux risques sociaux et aux inégalités


sociales ?
Sens et portée de l’étude. Les inégalités sont de nature multiple et présentent un
caractère cumulatif. La légitimité de la lutte contre les inégalités est un sujet encore
débattu parmi les économistes. Le consensus selon lequel les inégalités seraient facteur
d’efficacité et de croissance est remis en question, depuis la crise des subprimes notam-
ment, à la faveur d’analyses pointant les effets contre-productifs des inégalités.
Face aux inégalités, aux risques sociaux et à l’exclusion, les pouvoirs publics peuvent
engager des politiques de redistribution, basées sur la fourniture de services publics, une
fiscalité redistributive et des institutions de solidarité comme la Sécurité Sociale. L’État
social (État-providence) est devenu la forme institutionnelle caractéristique des sociétés
avancées, présentant des formes différentes selon les pays.

Compétences attendues Savoirs associés

––Identifier les différentes formes d’inégalités ––Inégalités sociales : formes, origines et mesure
et les principaux risques sociaux. (Piketty).
––Analyser les enjeux de la lutte contre les inégali- ––Pauvreté : définitions et mesures.
tés et de la couverture des risques sociaux. ––Justification économique des inégalités et remise
––Caractériser les différents instruments des poli- en cause de l’efficacité des inégalités.
tiques de redistribution. ––Redistribution : objectifs, formes, instruments.
––Analyser l’évolution des principales dépenses ––Les modèles de protection sociale.
et recettes des politiques contemporaines de ––Le financement des politiques de redistribution.
redistribution.

XIV
AVANT-PROPOS

Rédigés par des équipes pluridisciplinaires comprenant des enseignants des classes
préparatoires à l’expertise comptable, membres des commissions d’examen, et 100 %
conformes aux nouveaux programmes et guides pédagogiques applicables dès la ren-
trée 2019, les manuels Dunod constituent une préparation complète aux examens de
DCG et DSCG.

L’axe 3 « Analyse économique et managériale »


et l’évaluation par les compétences
Les unités d’enseignement (UE) d’« économie contemporaine » (UE 5) et de « manage-
ment » (UE 7) ont pour objet de permettre au titulaire du DCG d’appréhender l’environ-
nement économique et managérial des organisations afin de comprendre les défis et les
problématiques auxquels ces dernières sont confrontées.
Les unités sont déclinées en compétences. Ces compétences sont à la fois variées mais
limitées par une liste donnée et clairement identifiée. Une compétence peut être définie
comme la capacité à utiliser un savoir-faire dans une situation donnée pour produire un
résultat requis. Elle s’acquiert dans une situation, d’où l’importance de la structuration
et de l’entraînement à la pratique de la problématisation.
Une compétence présente un caractère disciplinaire ; elle vise à résoudre des pro-
blèmes liés à la discipline et repose nécessairement sur des connaissances inhérentes
à cette même discipline. Mais, dans le même temps, une compétence s’appuie sur des
savoir-faire généraux et transversaux (capacité à analyser, à rédiger de manière concise
et précise, etc.).
La compétence induit donc un rapport au savoir, elle ne s’y oppose pas. Les savoirs
sont les informations qu’il faut être en mesure de mobiliser « à bon escient », avec pour
finalité, l’élaboration d’un raisonnement structuré ou la résolution d’un problème lié à
la pratique managériale et économique.
Le concept de situation est donc central lorsque l’on évoque une compétence ; la mise
en situation donne à l’étudiant l’occasion d’exercer la compétence visée. Une situation
présente donc divers caractères, à la différence de la simple application de la règle :
• Elle mobilise un ensemble d’acquis et est orientée vers une tâche porteuse de sens.
• Elle fait référence à une catégorie de problèmes spécifiques à la discipline, elle est nouvelle.
Une compétence est évaluable. Elle peut se mesurer à la qualité de l’exécution de la
tâche et à la qualité du résultat. Dès lors, une préparation efficace repose sur un équilibre
judicieux entre l’acquisition de connaissances et un développement de compétences
ciblées centré sur le réinvestissement en contexte. L’évaluation s’en trouve renouvelée ;
elle met l’accent sur le cheminement intellectuel et l’esprit critique du candidat et pro-
meut une nouvelle quête de sens.

XV
Avant-propos

Le parti pris de nos manuels


Le présent manuel vise à apporter l’ensemble des savoirs disciplinaires associés à
l’unité d’enseignement « Économie contemporaine » à travers six parties, structurées
en 18 chapitres, respectant scrupuleusement la progression logique du programme.
Chaque chapitre propose une synthèse synoptique finale propice à la mémorisation.
La section « Des savoirs aux compétences » a été conçue comme une passerelle entre
les deux éléments du programme :
•• Dans un premier temps, le candidat est invité à s’autoévaluer à l’aide d’un quiz/QCM
(réponses en fin d’ouvrage) et d’une application directe des connaissances (rubrique
« Évaluer les savoirs »). En fonction de ses résultats, l’étudiant détermine les points du
cours à revoir.
•• Dans un second temps, l’étudiant est placé en contexte afin de tester les compétences
requises et évaluées à l’examen (rubrique « Maîtriser les compétences ») : toutes
les compétences du programme font l’objet d’une mise en situation. Les exercices
proposés sont progressifs (le niveau de difficulté est systématiquement indiqué). Les
­compétences les plus complexes sont traitées isolément.
•• Enfin, une fois les compétences maîtrisées, l’étudiant est invité à se placer en condition
d’examen (rubrique « Préparer l’épreuve »), au travers de commentaires de documents
(données chiffrées, graphiques, textes, infographies), de questionnements guidés et d’ar-
gumentations structurées. Ces pages sont émaillées de conseils méthodologiques et de
rappels théoriques.
Chaque partie du programme est ponctuée d’un cas de synthèse transversal testant
les principaux savoirs et compétences de la partie. L’ouvrage s’achève par un sujet type
d’examen intégralement corrigé.

Un aller-retour constant entre savoirs et compétences


Deux parcours de préparation sont possibles grâce à ce manuel :
•• Des savoirs disciplinaires étudiés aux compétences à mettre en œuvre en situation.
•• L’acquisition de la compétence par la confrontation des situations aux savoirs.
Étude de documents,
argumentation structurée,
questionnement guidé :
la partie cours est une
ressource

Compétences
Savoirs à maîtriser
à acquérir

Mise en œuvre des savoirs


dans les exercices :
la partie « Des savoirs aux
compétences » est une
mise en pratique
contextualisée

XVI
Rendez-vous
MÉTHODE 1

Exploiter un tableau, un graphique


ou des données chiffrées Attention
aux questions
Étape 1. Analyser les questions et les compétences associées « à tiroirs ».
Vous devez isoler
Identifiez et soulignez le verbe directeur ainsi que les termes économiques à définir. et indiquer,
par exemple en
Étape 2. Repérer le contexte du tableau et le comprendre numérotant chaque
consigne, toutes
Il s’agit d’identifier le titre, la date, la source, les unités utilisées (millions, milliards, %, les demandes.
indices, euros constants ou courants, intitulés des axes, etc.). Ces éléments fournissent
des informations essentielles comme la variable étudiée, les enjeux, la qualité des don-
nées ou encore l’actualité de l’information.
Vous devez être capable de résumer le contenu et les enjeux du tableau en une phrase,
en allant du général au particulier (raisonnement dit « en entonnoir »). Il vous faut éga-
lement identifier les grandes tendances, phases et ruptures. Soyez attentif aux
termes choisis par
Il convient d’exploiter les données les plus pertinentes et de les hiérarchiser pour les
les concepteurs des
analyser, dans un second temps, à l’aune de vos connaissances et des compétences sujets, notamment
attendues. aux verbes qui
vous indiqueront
Étape 3. Commenter le tableau et répondre aux questions précisément les
compétences
Cette étape finale vise à présenter, de manière structurée, les informations réunies au testées.
cours des deux précédentes. Reprenez l’intitulé de la question ou une formulation qui
permette de bien l’identifier. Étayez toujours vos arguments par les données du tableau/
graphique ainsi que par vos connaissances.
Si la consigne vous invite à analyser ou commenter un tableau ou graphique, rédigez
une brève introduction rappelant le titre, la date, la source et l’objet du graphique et Évitez à tout
définissez clairement les termes et expressions économiques. Votre analyse doit por- prix le catalogue
ter sur les grandes tendances et être étayée par des exemples chiffrés et commentés. Là de « chiffres »
encore, appliquez les principes du raisonnement en entonnoir. ou l’association
de données non
contextualisées et
sans rapport aucun
entre elles.

XVII
Rendez-vous
MÉTHODE 2

Rédiger une dissertation et construire


une argumentation structurée
1. Travailler au brouillon
En analysant la question posée, vous devez montrer la portée du sujet. Pour ce faire,
repérez et définissez les mots-clés et situez le sujet dans le temps et l’espace.
Pour pouvoir mobiliser les connaissances, il est indispensable de cerner la problé-
matique, c’est-à-dire l’angle d’analyse. À partir de l’analyse des verbes directeurs de
l’énoncé et des mots-clés, vous devez faire l’inventaire des questions posées par le sujet :
•• Si le sujet est un thème qui ne se présente pas sous la forme d’une question, la pro-
blématique consiste à trouver la ou les questions qui permettent le mieux de traiter
le sujet.
Les énoncés
comportant un •• Si le sujet est une question, la problématique consiste à chercher tous les éléments
« et » visent à lier répondant à la question en insistant sur la cohérence de ces éléments.
différents concepts.
Une fois la problématique posée, bâtissez votre plan en deux ou trois parties équilibrées.
Vous devez rédiger au brouillon l’introduction, le plan détaillé et la conclusion du devoir :
•• L’introduction comprend une accroche, une définition, une analyse du sujet (cadrage),
une problématique et une annonce de plan.
•• La conclusion comporte une réponse synthétique à la problématique et une ouverture
vers un sujet connexe.

2. Rédigez le devoir
Reprenez, en les améliorant et en veillant à la qualité de la langue, votre ébauche. Le
développement consiste à rédiger le plan détaillé en respectant le principe « Une idée,
un paragraphe, un exemple ».
Le fait d’écrire les
Les parties et les sous-parties doivent apparaître explicitement (titre).
titres ne dispense
pas des transitions Chaque partie développe des arguments selon un « fil conducteur ». Un argument cor-
et phrases respond à une idée qui sera illustrée par des éléments factuels (données, exemples his-
introductives.
Les connecteurs
toriques), expliquée et justifiée à partir de raisonnements économiques ou d’apports
logiques y jouent un théoriques.
rôle fondamental. Réservez toujours 10 à 15 minutes à une relecture finale qui vous permettra de chasser
les dernières fautes d’orthographe, de grammaire ou de syntaxe et de gommer quelques
maladresses ou répétitions. Faites également attention aux ajouts de dernière minute
susceptibles de nuire à la clarté du raisonnement ou à la lisibilité de la copie.

XVIII
CHAPITRE
1 Grands principes
de la science
économique

PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Mettre en évidence l’omniprésence • Le concept de science économique
du problème de la rareté des ressources • La variété et la rareté des ressources
• Identifier l’allocation des ressources • L’allocation des ressources
comme une recherche de l’adéquation
entre des ressources rares et des besoins
illimités
• Illustrer la logique de choix
et d’arbitrage des agents sur l’emploi
des ressources

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. La problématique de la rareté • 2. La rareté des ressources et les nécessaires
choix ou arbitrages économiques • 3. Les enjeux et le positionnement de la science
économique
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

Q uel est l’objet d’étude de la science économique ? Pourquoi les choix économiques
sont-ils indispensables ? Comment les ressources sont-elles allouées par les agents
économiques dans un contexte de rareté ?

MOTS-CLÉS
Allocation des ressources • Arbitrage économique • Besoin • Bien •
Choix économique • Économie positive et normative • Macroéconomie •
Microéconomie • Rareté • Ressource • Science économique
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu

1  La problématique de la rareté

A Des ressources limitées


1. La variété des ressources
Définition
Les ressources sont les moyens matériels ou immatériels qui permettent de satis-
faire les besoins des agents économiques.

Telles qu’analysées par les économistes, les ressources sont multiples (tab. 1.1).

Tableau 1.1.  Types de ressources

Ressources Ensemble de biens physiques, tangibles (ex. : équipement ou capital technique fixe,
matérielles outils de production, terrains, immeubles, robots)

•• Pas d’existence physique, éléments intangibles (ex. : capital humain, connaissances,


Ressources ­brevets, marques, services)
immatérielles •• Ressources humaines : main-d’œuvre disponible appréciée tant en termes quantitatifs
(nombre d’heures de travail disponible) que qualitatifs (qualifications, compétences)

Diverses ressources minérales ou biologiques nécessaires à la vie de l’homme et à ses activi-


tés économiques :
Ressources
–– ressources naturelles non renouvelables (matières premières minérales)
naturelles
–– ressources naturelles renouvelables en principe, exploitables sans épuisement, en raison
de leur capacité à se régénérer en permanence (ex. : eau, forêts, pâturages, biodiversité)

Sommes d’argent ou capitaux financiers disponibles pour assurer le financement des activi-
Ressources
tés économiques (ex. : apport initial des actionnaires, autofinancement, financement ban-
financières
caire, crowdfunding, recours aux marchés financiers, aides et subventions)

2. La typologie des biens


Les ressources sont mobilisées et prennent la forme de biens, libres ou économiques,
permettant la satisfaction de besoins (tab. 1.2).

Tableau 1.2.  Types de biens

Biens libres Biens économiques

Disponibles en abondance et gratuitement Rares (quantité limitée), destinés à satisfaire des besoins
dans la nature (ex. : air, soleil, eau de mer), ils ne humains, ils nécessitent un travail humain, un sacrifice :
nécessitent aucun « sacrifice » ni travail humain –– biens de production (permettant de produire d’autres
biens)
–– biens de consommation finale ou intermédiaire
–– biens d’équipement

2
Chapitre 1 Grands principes de la science économique

La plupart des biens sont de nature économique. La frontière entre les biens libres et
les biens économiques est floue ; certains biens collectifs ou libres (  chapitres 2 et 5),
comme l’eau, peuvent faire l’objet d’un travail humain et d’une marchandisation, deve-
nant ainsi économiques.

B Des besoins illimités


Définition
Un besoin est un sentiment de manque que l’on cherche à satisfaire.

Selon Keynes (1883-1946), les besoins absolus, primaires, sont ressentis indépendam-
ment de la situation des autres individus, les besoins relatifs ou sociaux, étant éprouvés
de manière secondaire, au contact des autres.
Les besoins absolus sont dénombrables (quantité finie). En revanche, les besoins relatifs
sont illimités ; une fois satisfaits, ils donnent naissance à un autre. C’est d’ailleurs la
thèse proposée par Abraham Maslow dans les années 1950 à travers sa pyramide des
besoins (fig. 1.1) qui hiérarchise l’ordre d’apparition des catégories de besoin.

BESOINS DE RÉALISATION DE SOI


Besoin de se sentir responsable

BESOINS D’ESTIME
Être connu et reconnu dans sa personne et dans son travail

BESOINS SOCIAUX
Besoin d’appartenance à un groupe,
d’acceptation par les autres, d’expression

BESOINS DE SÉCURITÉ
Être sûr que les besoins physiologiques seront satisfaits chaque jour

BESOINS PHYSIOLOGIQUES
Boire, manger, se vêtir…

Figure 1.1.  Pyramide des besoins de Maslow

  EXERCICE 2 Ÿ EXERCICE 3

2  La rareté des ressources et les nécessaires choix


ou arbitrages économiques
Les ressources étant par définition limitées quand les besoins des agents économiques
sont illimités, des arbitrages doivent donc être opérés (tab. 1.3) :
•• Face à un budget limité, les ménages arbitrent, dans un premier temps, entre consom-
mation et épargne. Leurs choix de consommation sont réalisés en fonction de leur prio-
rité et des besoins qu’ils cherchent à satisfaire (ex. : vacances ou achat d’un meuble).
•• L’État et les collectivités territoriales s’interrogent sur les priorités compte tenu de
recettes données (ex. : augmenter les impôts ou réduire les dépenses ?).

3
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu

•• Les entreprises choisissent un système de production dépendant de leurs ressources


(ex. : investir ou accroître les dividendes des actionnaires et/ou augmenter les rémuné-
rations des salariés ?). Il s’agit notamment de trouver une adéquation entre les besoins
quantitatifs et qualitatifs en personnel de l’entreprise et la main-d’œuvre disponible
sur le marché du travail (ex. : métiers « sous tension » comme la comptabilité).
•• Les ressources naturelles font l’objet d’une attention particulière (  chapitres 5 et 13).
Tableau 1.3. Confrontation des besoins des agents économiques et des ressources disponibles

Besoins Biens

Vitaux/primaires Sociaux Économiques Libres

Quantité limitée Quantité illimitée Ressources rares Ressources abondantes

Rareté impliquant des choix économiques (arbitrages) des agents

  ARGUMENTATION STRUCTURÉE 5 Ÿ QUESTIONNEMENT GUIDÉ 6

3  Les enjeux et le positionnement de la science


économique
Du grec oïkonomia (de oikos, maison, et nomos, gérer, administrer), l’économie et, par
extension, la science économique est une science sociale analysant les arbitrages
Paul Anthony des agents économiques en s’appuyant sur deux méthodologies complémentaires :
Samuelson la micro­économie (comportement des individus) et la macroéconomie (phénomènes
(1915-2009) globaux).
Économiste américain,
distingué par le prix Définition
Nobel en 1970 pour
ses travaux statistiques
Selon Samuelson, la science économique cherche à résoudre le problème de l’allo-
sur la croissance, cation (répartition) des ressources rares.
il représente le courant
dit « de la synthèse
néoclassique »
La science économique et ses différentes approches (tab. 1.4) visent notamment à
s’inspirant de Keynes répondre aux questions « Quels biens faut-il produire ? », « Quelles quantités pro-
en macroéconomie duire ? » et « Comment, pour qui ? »
et de Smith en
microéconomie. Tableau 1.4.  Approches de la science économique

Économie positive Économie normative

•• Analyse des conséquences des différents arbitrages •• Émission de recommandations et préconisations


économiques à destination des agents économiques
•• Description et interprétation des mécanismes éco- •• Approche subjective fluctuant en fonction
nomiques à l’œuvre des valeurs dominantes

  EXERCICE 4

4
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1  QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. L’eau est une ressource…
a. naturelle non renouvelable. ∙
b. matérielle non renouvelable. ∙
c. naturelle renouvelable. ∙
2. Un bien libre…
a. nécessite du travail humain. ∙
b. ne nécessite pas de travail humain. ∙
c. est rare. ∙
3. Un bien est rare quand sa quantité disponible est…
a. supérieure à la demande exprimée. ∙
b. inférieure à la demande exprimée. ∙
c. égale à la demande exprimée. ∙
4. La science économique étudie les choix économiques dans un univers…
a. de rareté. ∙
b. illimité. ∙
c. contraint. ∙
5. Les besoins primaires sont :
a. inhérents à la survie. ∙
b. inhérents à la société. ∙
c. présents en nombre limité. ∙
6. Les arbitrages et choix économiques sont indispensables car :
a. les ressources sont rares. ∙
b. les agents économiques ont des besoins illimités. ∙
c. la plupart des biens dont nous disposons sont économiques. ∙
d. la plupart des biens dont nous disposons sont libres. ∙

2  À chacun son choix ! ★★★


Une attention
Dans chacun des cas ci-après, indiquez la ou les ressources concernées et expliquez les particulière doit être
arbitrages opérés par les agents économiques. portée aux verbes
utilisés et au nombre
de consignes posées.
1. Marché camerounais du maquereau. C’est à un prix onéreux que l’on obtient le kilo- Ici, deux consignes
gramme du maquereau frais sur les marchés de Yaoundé au Cameroun. Aujourd’hui, s’enchaînent.

5
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

il n’y a pas de rabais. Le poisson est devenu rare », avertit Louise, une vendeuse de
maquereaux. « Les clients sont obligés, malgré eux de se plier aux prix. Les restaura-
trices ne savent plus à quel saint se vouer. À la Poissonnerie du marché Mokolo par
exemple, les congélateurs réservés aux maquereaux sont occupés par d’autres variétés
de poisson. Nous sommes en rupture de stock depuis avant-hier, apprend-on dans cette
poissonnerie. Des réseaux de vente se sont déjà développés dans la ville. Certains se
déroulent dans la soirée, d’autres aux aurores (d’après http://www.buzzducameroun.
com, 2017).
2. Définition des terres rares. Les terres rares sont des métaux et des composés métal-
liques utilisés dans un grand nombre de procédés de fabrication de haute technolo-
gie, notamment récentes ou « d’avenir » (écrans, téléphones portables, ampoules
basses consommation, véhicules hybrides, rotors d’éoliennes, missiles, imagerie
médicale). Chaque appareil technologique n’en contient qu’une quantité infime,
mais l’explosion du nombre d’appareils produits a entraîné une forte hausse de la
demande mondiale à partir des années 2010. Les terres rares sont présentes dans
toutes les grandes régions minières (Afrique du Sud, Australie, Bouclier canadien,
Ouest américain, etc.) mais 97 % de la production était assurée par la Chine en 2012,
inquiétant les autres puissances qui cherchent à diversifier leur approvisionnement.
D’où la multiplication des projets d’extraction, d’une part (au Canada, au Groen-
land…) ; des projets de recyclage et de retraitement, d’autre part. Plusieurs projets
de recherche sont en cours notamment pour récupérer les métaux rares contenus
dans les accumulateurs, les aimants, les condensateurs, les écrans, etc. (d’après
http://geoconfluences.ens-lyon.fr, 2017).
3. PLF 2018. Pour 2018, l’État français a prévu :
– de dépenser 386,3 Mds € ;
– de collecter 302 Mds € de recettes,
– un solde du budget général de l’État de – 82,9 Mds €.
Les trois missions aux budgets les plus importants étaient en 2018 :
– l’enseignement scolaire : 51,29 Mds € ;
– la Défense : 34,20 Mds € ;
– la recherche et l’enseignement supérieur : 27,40 Mds €.
4. Plan de financement national. D’ici à 2022, le gouvernement propose différentes
mesures permettant le financement de ses priorités avec :
– la réduction des dépenses publiques de 3 points de PIB ;
– la réduction du déficit public de 2 points de PIB ;
– la réduction de la dette publique de 5 points de PIB ;
– la baisse des prélèvements obligatoires d’un point de PIB, au profit de l’augmen-
tation du pouvoir d’achat, de la protection des plus modestes, et des investisse-
ments d’avenir, notamment la transition écologique et le capital humain.

6
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 L’Or bleu ★★★


Compétences attendues • Construire une réponse argumentée
• Mettre en évidence l’omniprésence du problème de la
rareté des ressources
• Illustrer la logique de choix et d’arbitrage des agents sur
l’emploi des ressources

En vous appuyant sur l’annexe ainsi que sur vos connaissances, répondrez aux questions
suivantes ci-après.
1. Montrez en quoi le cas de l’eau prouve que la frontière est « poreuse » entre les biens
libres et économiques.
2. Quels sont les dangers de la transformation d’un bien libre en bien économique ?

L’eau embouteillée, un marché florissant


Annexe

L’eau, ressource indispensable à la survie de l’homme, est l’objet de la convoitise des


marchés et des industriels. La demande ne cesse d’augmenter face à une offre qui ne
cesse de diminuer au risque que le prix de l’eau augmente, la rendant inaccessible
à la partie la plus vulnérable des populations.
Elle s’est même propulsée en tête de gondole puisque c’est désormais le produit le
plus vendu en grande surface. Avec 184 millions de packs de 6 l vendus en 2017, la
marque Cristaline tient le haut du pavé, suivie de près par les marques des groupes
Coca-Cola, Nestlé et Danone. Malgré l’alternative gratuite, l’eau en bouteille a
encore de beaux jours devant elle !

4 L’allocation des ressources selon Samuelson ★★★


Compétences attendues • Mettre en évidence l’omniprésence du problème de la
rareté des ressources
• Identifier l’allocation des ressources comme une recherche de
l’adéquation entre des ressources rares et des besoins illimités
• Illustrer la logique de choix et d’arbitrage des agents sur
l’emploi des ressources

En vous basant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à l’annexe.
1. Montrez en quoi ce texte propose une définition de la science économique.
2. Expliquez, avec vos propres mots, en quoi consiste un système capitaliste.
3. Quels sont les autres systèmes économiques auxquels le texte fait référence ?

7
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Les trois problèmes de Samuelson


Annexe Toute société, qu’elle consiste en un État communiste totalement collectivisé, en
une tribu polynésienne, en une nation industrielle capitaliste, en une famille de
Robinsons suisses ou en un Robinson Crusoé (et l’on pourrait presque ajouter : en
une ruche d’abeilles), doit résoudre d’une façon quelconque trois problèmes écono-
miques fondamentaux et interdépendants, à savoir :
• Quels biens faut-il produire et en quelles quantités ? En d’autres termes, lesquels
des multiples marchandises et services doit-on choisir de produire et dans quelles
proportions ? Aliments ou vêtements ? Beaucoup d’aliments et peu de vêtements,
ou vice versa ? Du pain et du beurre aujourd’hui, ou du pain et des plantations
de vignobles aujourd’hui, du pain, du beurre et du vin étant disponibles l’an
prochain ?
• Comment ces biens doivent-ils être produits ? En d’autres termes, par qui, avec
quelles ressources et selon quels procédés techniques ? Qui sera chasseur, qui sera
pêcheur ? L’électricité proviendra-t-elle d’une centrale thermique, d’une centrale
hydro-électrique ou d’une centrale atomique ? Produira-t-on sur une petite ou sur
une grande échelle ?
• Pour qui ces biens doivent-ils être produits ? En d’autres termes, qui doit être habi-
lité à profiter des marchandises et services procurés par l’appareil de production ?
Ou, pour exprimer la même question en termes différents, comment le produit
national total doit-il être réparti entre les différents individus et familles ? Quelques
riches et beaucoup de pauvres ? Ou un confort modeste pour la plupart des gens ?
Ces trois questions sont fondamentales et communes à tous les systèmes écono-
miques, mais des systèmes économiques différents essaient de les résoudre par des
procédés différents.
Source : Paul Samuelson, L’économique, Armand Colin, collection « U », 1991

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

5 Argumentation structurée : la rareté des ressources ★★★ 35 mln

Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur la méthodologie proposée, vous rédige-
MÉTHODE 2 rez un paragraphe structuré permettant de répondre à la problématique ci-après.

Travail à faire
« Comment la rareté des ressources affecte-t-elle les agents économiques ? »

8
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

6 Questionnement guidé : les temps sociaux ★★★ 45 mln

Compétence attendue Illustrer la logique de choix et d’arbitrage des agents sur l’em-
ploi des ressources

En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, analysez le document fourni en
annexe, en mettant en avant les arbitrages réalisés par les hommes et femmes et leurs
évolutions.

1. Caractérisez et illustrez les besoins satisfaits par « le temps physiologique » mentionné


dans l’annexe.
2. Quelles catégories de besoins sont satisfaites par le temps de « travail, études, forma-
tion » ?
3. Quelle ressource à allouer est analysée dans l’annexe ?
4. Analysez la répartition des temps sociaux des hommes et des femmes et leurs évolu-
tions. Vous mettrez en évidence les différences entre les hommes et les femmes.

9
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évolution des temps sociaux quotidiens de 1986 à 2010 (Insee)


Annexe

en heures et minutes

Femmes Hommes Ensemble

1986 1999 2010 1986 1999 2010 1986 1999 2010

Temps
11 h 25 11 h 33 11 h 36 11 h 12 11 h 16 11 h 17 11 h 18 11 h 24 11 h 26
physiologique

Travail, études,
formation
3 h 16 3 h 27 3 h 31 5 h 47 5 h 30 5 h 15 4 h 30 4 h 28 4 h 22
(y compris
trajets)

Temps
5 h 07 4 h 36 4 h 01 2 h 07 2 h 13 2 h 13 3 h 39 3 h 25 3 h 07
domestique

Ménage,
4 h 10 3 h 40 3 h 01 1 h 10 1 h 15 1 h 17 2 h 42 2 h 28 2 h 10
courses

Soins aux
0 h 42 0 h 38 0 h 45 0 h 10 0 h 11 0 h 19 0 h 26 0 h 25 0 h 32
entants

Jardinage,
0 h 15 0 h 18 0 h 15 0 h 47 0 h 47 0 h 37 0 h 31 0 h 32 0 h 25
bricolage

Temps libre 3 h 28 3 h 46 3 h 58 4 h 09 4 h 25 4 h 28 3 h 48 4 h 06 4 h 13

Trajet 0 h 44 0 h 38 0 h 55 0 h 45 0 h 36 0 h 48 0 h 45 0 h 37 0 h 51

Total 24 h 00 24 h 00 24 h 00 24 h 00 24 h 00 24 h 00 24 h 00 24 h 00 24 h 00

Champ : France métropolitaine, personnes âgées de 15 à 60 ans, hors étudiants et retraités.

10
SYNTHÈSE
Grands principes de la science économique

La rareté des ressources et les arbitrages nécessaires

Besoins Biens

Primaires : quantité limitée Économiques : ressources rares

Sociaux : quantité illimitée Libres : ressources abondantes

Les enjeux et le positionnement de la science économique

Science économique

Étude des choix économiques des agents dans un contexte de rareté des ressources

Microéconomie
Économie positive (factuelle)/
(comportement des individus)/
Économie normative (morale)
Macroéconomie (phénomènes globaux)

11
CHAPITRE 2 Agents économiques
et interactions

PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Identifier et schématiser les relations • Les différents agents économiques,
entre les différents agents économiques leurs rôles
• Commenter la répartition des dépenses • L’interdépendance entre les opérations
de consommation économiques et l’équilibre ressources-
• Différencier les formes d’épargne emplois
• Différencier les formes et les motifs de • Les contributions à l’activité économique :
l’investissement consommation, investissement,
commerce extérieur
• Analyser la contribution des grandes
variables de l’équilibre ressources- • Consommation : définition, typologies,
emplois à l’activité économique mesure et structure de la consommation
des ménages
• Investissement : définition, mesure
et typologies

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les agents économiques et le circuit économique • 2. L’équilibre Emplois/
Ressources • 3. La consommation • 4. L’épargne • 5. L’investissement
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

A u cœur de l’activité économique, les agents économiques sont aussi divers qu’actifs.
Comment interagissent-ils ? Comment contribuent-ils aux principales activités éco-
nomiques que sont la consommation, l’investissement et le commerce extérieur ?

MOTS-CLÉS
• Administration publique • Agent économique • Circuit économique
• Consommation • Demande effective • Élasticité • Épargne • Équilibre Emplois/
Ressources • FBCF • Ménages • PIB • Production marchande • Production non
marchande • Secteur institutionnel • Taux d’investissement
Chapitre 2 Agents économiques et interactions

1  Les agents économiques et le circuit économique


Le point de départ de la comptabilité nationale est la notion d’agent économique.
Définition
Un agent économique est une unité institutionnelle, c’est-à-dire un centre élémen-
taire de décision économique avec un comportement unique et disposant d’une
autonomie de décision dans l’exercice de sa fonction principale.

A La classification des agents économiques :


les secteurs institutionnels
La comptabilité nationale a choisi de regrouper les agents économiques selon leurs
fonctions et ressources principales. Ceux qui ont des comportements économiques sem-
blables sont regroupés en catégories d’agents ou secteurs institutionnels au nombre de
six (cinq secteurs résidents et un non résident, tab. 2.1).

Tableau 2.1.  Caractéristiques et rôles des cinq secteurs institutionnels résidents

Principales fonctions
Agents Principales ressources
économiques

•• Personnes vivant sous le même •• Consommer •• Rémunération des


toit : familles, célibataires, •• Produire des biens et facteurs de production
ménages collectifs (ex. : maison services marchands (salaires, revenus du
Ménages de retraite) (  chapitre 3) capital), transferts
•• Entrepreneurs individuels. sociaux
•• Produits de la vente
des biens et services

Entreprises productrices de biens et Produire des biens et des Recettes tirées de


Sociétés non services marchands (non financiers), services marchands non la vente des biens
financières à l’exclusion des entreprises indivi- financiers et services
(SNF) duelles (ex. : SARL, SA, entreprises à
capital public, sociétés coopératives)

Entreprises de la finance et de l’as- •• Produire des services •• Fonds provenant des


surance. financiers : financer engagements finan-
•• Institutions financières : banque l’activité économique ciers contractés :
centrale, autres institutions de par l’intermédiation profits réalisés en
dépôt (ex. : banques, caisses financière entre les accordant des prêts à
Sociétés d’épargne…), intermédiaires finan- agents à capacité et intérêts ou en réali-
financières (SF) ciers (sociétés de crédit-bail…), ceux à besoin de finan- sant des placements
auxiliaires financiers (sociétés de cement) financiers
courtage, de gestion de porte- •• Assurer, verser une •• Primes versées par
feuille…). indemnité en cas de les assurés
•• Sociétés d’assurances/fonds de réalisation d’un risque
pension (  chapitre 6)

13
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu

Principales fonctions
Agents Principales ressources
économiques

Administrations publiques cen- •• Proposer des services Versements obliga-


trales, administrations publiques relevant de l’intérêt toires (impôts, taxes
locales et administrations de sécu- général et cotisations sociales)
rité sociale •• Produire des services effectués par les autres
Administrations non marchands desti- secteurs
publiques nés à la collectivité et
effectuer des opéra-
tions de redistribution
des revenus
(  chapitre 3)

•• Unités institutionnelles de droit Produire, sans but •• Contributions


Institutions privé, sans but lucratif. lucratif des services non des membres
sans but lucratif marchands aux membres
•• Associations, syndicats de •• Produits de ventes
au service adhérents (des ménages)
salariés, groupements profes- exceptionnelles
des ménages
sionnels, partis politiques, orga- •• Subventions publiques
(ISBLSM)
nismes caritatifs, fondations, etc. •• Revenus de la ­propriété

Le secteur institutionnel non résident (reste du monde ou RdM) regroupe et enregistre


les opérations entre unités résidentes (ex. : entreprises, ménages) et unités non rési-
dentes (ex. : exportations et importations).
Les secteurs institutionnels réalisent différentes opérations économiques :
•• Des opérations sur les biens et services.
•• Des opérations de répartition des revenus, par l’intermédiaire de la répartition
­primaire des revenus (  chapitre 3) et de la redistribution des revenus des administra-
tions publiques (  chapitre 18).
•• Des opérations financières qui portent sur les actifs et les passifs financiers entre
les unités institutionnelles. Ces opérations décrivent notamment les mouvements de
créances et de dettes entre les agents à capacité et à besoin de financement (  cha-
pitres 6 et 7)

B Le circuit économique
Les interactions entre les agents économiques sont nombreuses et complexes.
Définition
Un circuit économique est une représentation simplifiée de l’activité économique
qui met en avant les relations entre les différents agents ou fonctions économiques.

Il est possible de représenter les flux physiques et monétaires entre les agents écono-
miques (fig. 2.1).

14
Chapitre 2 Agents économiques et interactions

Administrations Services
Aides, subventions
non marchands :
prestations sociales
Impôts et taxes
Production Consommation
de biens de biens
et services Marché et services
Entreprises des biens Ménages
et des services

Salaires Épargne
Épargne Intérêts versés
Exportations Crédits Intérêts versés Importations
Institutions Crédits
Importations financières

Reste du monde

Figure 2.1.  Circuit économique

Il est également possible de mettre en relation les principales fonctions économiques :


produire, répartir les revenus et dépenser ces revenus (fig. 2.2). Dans ce circuit écono-
mique simplifié, la richesse générée par la production permet de distribuer des revenus à
ceux qui ont participé à la production, revenus qui sont eux-mêmes dépensés (consom-
més et investis) pour acheter la production (  chapitre 3).

Production Revenus

Dépenses

Figure 2.2.  Circuit Production-Revenu-Dépenses

  EXERCICE 2 • EXERCICE 3

2  L’équilibre Emplois/Ressources

A La présentation par la comptabilité nationale


La comptabilité nationale représente les différentes opérations et interactions entre
les principales fonctions économiques par l’équilibre Emplois/Ressources sur les biens
et services. Il s’agit d’une égalité comptable toujours vraie, l’intégralité des ressources
d’une économie trouvant un emploi… rien ne se perd (tab. 2.2).

15
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu

Tableau 2.2.  Équilibre Ressources/Emplois

Ressources Emplois
Origine des produits offerts Utilisation effective des ressources
sur le marché (biens et services)

Production (marchande et non marchande) Dépenses de consommation finale


+ Importations + Consommations intermédiaires
+ Formation brute de capital fixe (secteurs
privé et public)
+ Exportations
+ Variation des stocks

B Le PIB et l’équilibre Emplois/Ressources


Définitions

NOTRE CONSEIL • Les consommations intermédiaires équivalent à la valeur des biens et services
transformés ou détruits au cours du processus de production (matières premières,
Apprenez par cœur
services de transports, etc.). Elles ne concernent pas les ménages, à l’exception des
la définition et
le calcul du PIB :
entreprises individuelles.
Mesure la richesse • Les dépenses de consommation finale sont les dépenses permettant l’acquisition
produite par les de produits utilisés pour la satisfaction directe des besoins individuels ou collectifs
agents économiques des ménages.
(PIB) = Valeur • La formation brute de capital fixe (FBCF) est la valeur des actifs corporels et incor-
de la production porels acquis pendant une période pour être utilisés, de façon répétée ou continue,
– Dépenses de pendant au moins un an dans le processus de production et les achats d’immeubles
consommation
intermédiaire.
par les ménages, soit la mesure de l’effort d’investissement.

L’équilibre Ressources/Emplois peut également s’exprimer de la manière suivante (fig. 2.3).


Ressources Emplois
Origine des produits Utilisation effective
offerts sur le marché des ressources (biens et services)
Dépenses de consommation finale
Production (marchande et non marchande) + Consommations intermédiaires
+ FBCF (privé et public)
+ Importations + Exportations
+ Variation des stocks

Figure 2.3.  Principe de l’équilibre Ressources/Emplois appliqué à un pays

Dépenses de consommation finale


Produit intérieur brut
(PIB)
= + FBCF
+ Exportations – Importations
+ Variations de stocks

16
Chapitre 2 Agents économiques et interactions

L’équilibre Emplois/Ressources permet d’étudier la situation conjoncturelle d’un pays et la


contribution de chacune des activités économiques à la création de richesses (tab. 2.3).

Tableau 2.3.  Contribution des principales activités économiques en France en 2017 (Insee)

En Mds € En %
Activités économiques
à prix courant du PIB

PIB 2 291,7 100

Importations 733,0 32

Dépenses de consommation effectives de ménages dont : 1 592,8 70


–– Dépenses de consommation des ménages 1 191,0 52
–– Dépenses de consommation individualisables 353,6 15
des administrations publiques*

FBCF (efforts d’investissement) dont : 515,9 23


–– Entreprises non financières 288,7 13
–– Ménages (hors entrepreneurs individuels) 120,9 5
–– Administrations publiques 77,5 3

Exportations 707,7 31

Les dépenses de consommation des ménages (70 % de la richesse nationale produite


en France) et l’investissement (23 %) jouent un rôle central dans l’économie française.

  EXERCICE 4 • ÉTUDE DE DOCUMENT 8

3  La consommation

A Les typologies de consommation


Définition
La consommation consiste en l’utilisation d’un bien ou d’un service entraînant, à plus CHIFFRE-CLÉ
ou moins long terme, sa destruction afin de satisfaire des besoins humains.
Les dépenses
de consommation
L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) distingue : finale des
––les consommations intermédiaires ; administrations
––la consommation finale des ménages. On parle de « consommation finale effective ». publiques
Les biens et services consommés ne sont pas uniquement financés par les ressources individualisables
propres des ménages, les administrations publiques leur apportant des services non représentent 22 %
de la consommation
marchands (fig. 2.4).
effective des
ménages en France
(Insee, 2017).

17
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu

Consommation finale des ménages


Ensemble des biens et services qu’utilisent (ou consomment) effectivement les ménages,
quelle que soit la manière dont ils sont financés

Dépenses de consommation finale Dépenses de consommation


des ménages des administrations individualisables
Dépenses supportées directement Services non marchands proposés
afin de se procurer des services marchands par les administrations dont les bénéficiaires
(ex. : achat d’une voiture, sont identifiables
courses alimentaires…) (ex. : dépenses de santé ou d’éducation)

Figure 2.4.  Décomposition de la consommation finale effective des ménages

B La structure de la consommation des ménages


L’évolution de la consommation s’étudie notamment au regard des variations :
––du pouvoir d’achat correspondant au volume de biens et services qu’un revenu per-
met d’acquérir ;
–– coefficients budgétaires, rapports de la dépense consacrée à un bien ou service
des
Ernst Engel particulier (ou à une catégorie de biens ou services, par exemple l’alimentation, le
(1821-1896)
logement…) à la dépense totale ;
Statisticien et
économiste allemand, ––des taux d’équipement des ménages, c’est-à-dire du rapport entre le nombre de
il a tiré de l’étude du ménages disposant d’un bien durable ou semi durable et le nombre total de ménages.
budget des ouvriers
des lois empiriques 1. Les lois d’Engel à l’épreuve des faits
relatives aux arbitrages Engel a formulé des lois statistiques en 1857, reprises par Wright en 1875, mettant en
économiques, contestées
évidence l’évolution de la structure de la consommation consécutive à une augmenta-
notamment par les
travaux du sociologue tion du revenu selon le principe suivant : plus un individu est pauvre, plus la part de son
Halbwachs. revenu consacrée à l’alimentation est importante (tab. 2.4).

Tableau 2.4.  Lois d’Engel

1. La part du revenu affectée 2. La part du revenu 3. La part du revenu
aux dépenses d’alimentation affectée à l’habillement consacrée aux autres
est d’autant plus grande et au logement est dépenses (ex. :
Lois que le revenu est faible : la sensiblement identique éducation, santé,
part des dépenses destinée à quel que soit le revenu. loisirs) augmente plus
l’alimentation diminue quand vite que le revenu.
le revenu augmente.
Les dépenses alimentaires représen- Loi non vérifiée : la part La part des dépenses de
taient plus de 70 % de la consom- des dépenses d’habille- santé, de communication,
mation effective des ménages ment en France a baissé, de transport et de culture
Illustrations
au 18e siècle en France, 60 % des celle du logement a aug- est passée d’environ
dépenses en 1900, 26,1 % en 1960 menté. 17,5 % en 1960 à plus de
contre 12,8 % de nos jours. 20 % de nos jours.

18
Chapitre 2 Agents économiques et interactions

L’analyse de la structure de la consommation des ménages nécessite de prendre en CHIFFRES-CLÉS


compte la part des dépenses préengagées ; difficilement négociables à court terme,
Les dépenses
elles revêtent un caractère obligatoire (ex. : logement, télécommunications, d’assu- contraintes
rances) et sont relativement inélastiques aux prix et aux revenus. représentaient
Les choix de consommation ne sont libres qu’en matière de revenu arbitrable obtenu 29,4 % du budget
après déduction des dépenses préengagées du revenu disponible. d’un ménage
en 2017, contre
FOCUS 12,4 % en 1959
L’élasticité (Insee, 2018)
L’élasticité mesure la sensibilité de la demande à ses différents déterminants, essentielle-
ment le prix et le revenu. La notion d’élasticité permet d’analyser l’évolution du comporte-
ment des consommateurs en fonction des variations de prix et de revenus. On distingue :
• L’élasticité-prix de la demande (  chapitre 4). Elle correspond à la sensibilité de la demande
d’un bien aux variations de son prix. L’élasticité-prix de la demande est le plus souvent
négative : si le prix d’un bien augmente, la demande diminue. Ainsi, une élasticité-­prix de
la demande de – 2 signifie que si le prix de ce bien augmente de 10 %, la demande baisse
de 20 %. La demande d’un bien est dite « inélastique » au prix si elle reste identique alors
même que le prix de ce bien varie.
• L’élasticité-revenu de la demande correspond à la sensibilité de la demande d’un bien par
rapport aux variations de revenu. Elle est le plus souvent positive (si le revenu augmente,
la demande de ce bien augmente également). Ainsi, lorsque l’élasticité-revenu d’un bien
est égale à 1, si le revenu d’un ménage augmente de 10 %, la demande de ce bien augmente
également de 10 %.

2. Les autres évolutions


L’Insee note une tendance à la dématérialisation de la consommation (fig. 2.5) avec
l’accroissement de la part des services dans la consommation totale des ménages. Sont
notamment en cause la tertiairisation de l’économie, la satisfaction de besoins « supé-
rieurs » et la marchandisation d’activités domestiques.

Rendez-vous
MÉTHODE
Interpréter des indices
Les indices sont identifiés en référence à une « base » (ex. : base 100 dans la figure 2.5).
L’indice 280 en 2015 pour la consommation des services principalement non mar-
chands peut être interprété de deux façons :
•• Valeur de l’indice – 100 (valeur de la base) = 280 –100 = 180 %. La consommation
de services, principalement non marchands, des ménages français a augmenté de
180 % entre 1990 (base de l’indice) et 2015 ;
•• Valeur de l’indice/100 (valeur de la base) = 280/100 = 2,8. La consommation de
services, principalement non marchands, des ménages français a été multipliée par
2,8 entre 1990 et 2015.

19
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu

300

280
Services principalement non marchands
260
Services principalement marchands
240
Dépenses de consommation
220

200

180

160

140

120

100
1990 1995 200 2005 2010 2015

Figure 2.5.  Consommation de services marchands et non marchands par les ménages,


en valeur, base 100 en 1990 (Insee, 2017)

Les technologies et outils digitaux ainsi que le développement de plateformes en tous


genres constituent une lame de fond. On parle désormais d’une économie des fonction-
nalités (  chapitre 13), collaborative, qui modifie la consommation. Ce système privilégie
l’usage d’un bien plutôt que la vente d’un produit et le transfert de propriété.
Exemple
◗◗ Non content de vendre des pneus et autres matériels, Michelin vend désormais des kilo-
mètres à parcourir. ◗

Les enjeux du développement durable conduisent également à la mise en œuvre d’une


économie circulaire (  chapitre 13).

  ÉTUDE DE DOCUMENT 6

4  L’épargne

A La mesure de l’épargne
Définition
L’épargne est la partie du revenu disponible qui n’est pas consommée. On considère
qu’il s’agit d’une consommation décalée dans le temps.

20
Chapitre 2 Agents économiques et interactions

L’épargne brute peut être définie pour l’ensemble de la nation, en agrégeant l’épargne NOTRE CONSEIL
brute des différents secteurs institutionnels.
Apprenez par cœur
Épargne brute = Revenu disponible brut (RDB) – Consommation finale la formule de calcul
du taux d’épargne
Épargne nette = Épargne brute – Consommation de capital fixe
des ménages :
Le périmètre de l’épargne brute varie selon les agents économiques et le secteur insti- Taux d’épargne =
tutionnel concernés : Épargne brute
100 ×
RDB
•• Les SNF et les SF ne présentant pas de consommation finale, leur revenu disponible
brut équivaut à leur épargne brute. Cet indicateur s’interprète alors comme la part
des profits non distribués sous forme de revenus (ex. : dividendes). Il s’agit donc des
sommes disponibles pour les investissements (autofinancement) ou les placements.
•• L’épargne brute est un indicateur assez restrictif pour les ménages, en raison de la
définition de la consommation finale retenue. Seuls les achats de biens immobiliers
sont considérés comme des dépenses d’investissement.

B Les motifs de l’épargne


On distingue traditionnellement :
•• L’épargne de précaution. Elle permet de se couvrir contre certains risques (ex. : chô-
mage, maladie, retraite) et correspond à une vision pessimiste de l’avenir.
•• L’épargne de prévoyance. Elle permet d’assurer une consommation prévue et pla-
nifiée mais différée dans le temps (ex. : acquisition d’un logement, achat de biens
durables) et correspond à une vision constructive de l’avenir.
•• L’épargne de placement. Elle permet d’obtenir des revenus, de réaliser des gains
financiers et des plus-values (actions) et correspond à une vision plutôt opportuniste
de l’avenir (optique de spéculation).
L’épargne peut également viser à se constituer un patrimoine, notamment dans une
optique de transmission à ses descendants (héritage).

C Les formes d’épargne et leur évolution


1. L’épargne financière et non financière
L’épargne brute des ménages est financière ou non financière (tab. 2.5).

Tableau 2.5.  Formes d’épargne des ménages

Acquisition de biens immobiliers («  FBCF » des ménages), compte épargne


Épargne non financière
logement et remboursement des crédits immobiliers.

•• Placements monétaires : dépôts rémunérés (ex. : livrets d’épargne), forme


adaptée à l’épargne de courte durée et de précaution.
Épargne financière
•• Placements financiers : acquisition d’actifs financiers, de titres (ex. : actions,
(capacité de financement
obligations, SICAV, assurance-vie), forme qui contribue directement au finan-
des ménages)
cement des autres agents économiques.
•• Thésaurisation : conservation de moyens de paiement, forme non rémunérée.

21
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu

2. L’évolution du taux d’épargne français


NOTRE CONSEIL Depuis les années 1970, le taux d’épargne financière des ménages oscille entre 12 et
22 % même s’il semble s’être aujourd’hui stabilisé autour de 14 à 16 %.
Lorsque vous
analysez la structure
de l’épargne, Taux d’épargne financière = Capacité de financement des ménages
RDB
n’hésitez pas à
distinguer l’épargne
libre, ou épargne L’épargne joue un rôle essentiel dans le financement de l’économie.
brute, et l’épargne
forcée (cotisations
sociales versées
3. Les déterminants de l’épargne
par les salariés L’épargne est déterminée par cinq facteurs principaux (fig. 2.6).
permettant
la couverture des
Revenus
principaux risques Selon la loi psychologique fondamentale de Keynes (contestée par Friedman),
sociaux). quand le revenu augmente la propension à épargner croît.

Taux d’intérêt
• Selon les classiques et néoclassiques, quand le taux d’intérêt augmente,
arbitrage en faveur de l’épargne au détriment de la consommation.
• Selon Keynes, les variations de taux d’intérêt modifient la structure de l’épargne
(financière /non financière) et non le volume de l’épargne

Fiscalité
La politique fiscale oriente la structure de l’épargne (ex : PERP, livret A, etc.)

Inflation
• À court terme, on note une diminution de l’épargne pour maintenir le pouvoir d’achat
• À moyen terme, on note une augmentation de l’épargne pour compenser la perte
de valeur du patrimoine (« effet d’encaisse réelle » mis en évidence par Pigou).

Évolutions sociodémographiques
• Théorie du cycle de vie de Modigliani : la vie est jalonnée par trois phases :
l’endettement (début de la vie active), l’épargne (au cours de la vie active)
et la désépargne (retraite)
• La pyramide des âges de la zone géographique concernée influence grandement
le volume de l’épargne

Figure 2.6.  Principales variables influençant l’épargne des ménages

  QUESTIONNEMENT GUIDÉ 7

22
Chapitre 2 Agents économiques et interactions

5  L’investissement

A Les mesures de l’investissement


Définition
L’investissement correspond à l’ensemble des dépenses réalisées aujourd’hui en vue
de percevoir des recettes supérieures dans le futur ou de réaliser une économie de coût.

L’investissement est une augmentation du stock de capital technique fixe, c’est-à-dire


un développement de l’ensemble des biens de production durables (matériels, bâti-
ments…) utilisés dans plusieurs processus de production, essentiellement les biens
d’équipement. L’investissement correspond à ce que nous appelons le « facteur capi-
tal ». L’Insee évalue l’effort d’investissement d’une économie par la formation brute de
capital fixe (FBCF).
Définitions
• Taux d’investissement d’une branche ou d’un secteur = FBCF de la branche/Valeur
ajoutée de la branche-secteur
• Taux d’investissement d’une nation = FBCF / PIB
• Valeur ajoutée (VA) = mesure de la richesse produite par un agent économique

B Les typologies d’investissement


Tous les agents économiques sont susceptibles d’investir. Différentes classifications des CHIFFRES-CLÉS
investissements productifs coexistent (tab. 2.5).
Les ménages
Tableau 2.5.  Classement des investissements sont à l’origine de
25 % de la FBCF ;
•• Investissements privés provenant principalement des sociétés les SNF, 55 % ;
non financières (288,9 Mds € courants en 2017). les administrations
Selon la nature
publiques, 16 %,
de l’investisseur •• Investissements publics des administrations publiques le solde émanant
(77,5 Mds €). des SF et ISBLSM
(Insee, 2016).
•• Investissement de renouvellement ou de remplacement destiné
à remplacer le capital usé ou obsolète : ne modifie pas le stock
de capital de l’entreprise car il renouvelle le capital à l’identique.
•• Investissement de capacité ou d’extension ou d’expansion :
Selon la finalité
désigne l’acquisition de capital visant à accroître les capacités
de l’investissement
de production de l’entreprise.
•• Investissement de productivité ou de modernisation (incorporation
du progrès technique) : au cœur du débat de la substitution du
capital au travail.

23
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu

•• Investissements matériels : achats de biens durables et de biens


de production physiques (biens corporels).
Selon la nature •• Investissements immatériels : dépenses incorporelles grâce
de l’investissement auxquelles l’entreprise espère une amélioration de son efficacité
(ex. : R&D, formation). Seule une partie de ces investissements
(achat de logiciels) est prise en compte dans la FBCF.

Investissements directs à l’étranger (IDE) entrant ou sortant du


territoire national (  chapitre 13) : mouvements internationaux
Selon la dimension
de capitaux en vue de créer, développer ou maintenir une filiale
internationale
à l’étranger et/ou d’exercer le contrôle (ou une influence signifi-
cative) sur la gestion d’une entreprise étrangère.

C Les motifs d’investissement


Les motivations de l’investissement sont multiples (investissement de renouvellement,
de capacité, de modernisation…), avec des effets variables sur l’emploi et la producti-
vité des entreprises.

Tableau 2.6.  Principaux déterminants de l’investissement des entrepreneurs

Déterminants Explications

Demande Selon Keynes, l’investissement dépend de la


demande effective, intérieure et extérieure, c’est-
à-dire de la demande anticipée par les chefs d’en-
treprise. Cette augmentation doit être cependant
perçue comme durable.

Taux d’utilisation des capacités Si la capacité de production actuelle permet de


de production actuelles de l’en- répondre à la demande, ­l’entreprise n’est pas incitée
treprise/production potentielle à investir.

Rentabilité attendue •• La décision d’investir ou non dépend de la rentabi-


de l’investissement lité espérée (ou rendement escompté) des investis-
sements envisagés.
•• Les rentabilités économique (capacité de l’in-
vestissement à dégager des profits) et financière
(capacité à dégager des profits pour les pro-
priétaires de ­l’entreprise), ainsi que l’efficacité
marginale du capital (rendement espéré par un
investissement supplémentaire selon Keynes),
sont essentielles.

24
Chapitre 2 Agents économiques et interactions

Déterminants Explications

Taux d’intérêt et conditions •• Si le taux d’intérêt est inférieur au rendement


de financement escompté de l’investissement, l’entreprise investit.
Un taux d’intérêt bas favorise l’apparition d’un effet
de levier (l’entreprise améliore sa rentabilité finan-
cière en s’endettant pour investir).
•• La facilité d’accès à des financements incite les
entreprises, notamment celles qui recourent aux
marchés financiers (coefficient q de Tobin), à investir.

Coût relatif des facteurs •• Les entreprises arbitrent entre l’utilisation plus ou
de ­production moins importante de travailleurs ou de capital tech-
nique fixe lors du choix de la combinaison productive
optimale.
•• Le coût du travail est comparé à celui du capital. Une
augmentation du coût du travail peut se traduire par
la substitution du capital au travail et par des inves-
tissements de modernisation.

  ÉTUDE DE DOCUMENT 5 • ARGUMENTATION STRUCTURÉE 9

25
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. La principale fonction des administrations publiques consiste en :
a. une production marchande. ∙ d. la consommation. ∙
b. une production non marchande. ∙ e. la proposition de service,
c. le financement de l’économie. ∙ dans l’intérêt général de la société. ∙
2. Selon Keynes si l’efficacité marginale du capital (de l’investissement) est inférieure
aux taux d’intérêt de l’économie :
a. l’entreprise doit investir. ∙ c. l’entreprise doit rembourser
b. l’entreprise ne doit pas investir. ∙ ses emprunts. ∙
3. Quand un pays fait face à une crise économique :
a. l’équilibre emplois-ressources n’est plus respecté. ∙
b. la baisse du PIB se traduit par une diminution des emplois. ∙
c. l’État doit intervenir pour rétablir l’égalité entre les ressources et les emplois. ∙
4. La consommation finale effective des ménages représente en France :
a. moins de 30 % de la richesse produite par la France. ∙
b. environ 50 % de la richesse produite par la France. ∙
c. plus des 2/3 de la richesse produite par la France. ∙
5. Quel agrégat de consommation faut-il utiliser pour étudier l’ensemble des biens
et services dont disposent les ménages ?
a. La dépense de consommation des ménages. ∙
b. La consommation effective des ménages. ∙
c. Les besoins des ménages. ∙
6. Selon les lois d’Engel, la part des dépenses des ménages consacrées à l’alimentation :
a. augmente quand le revenu augmente. ∙
b. baisse quand le revenu augmente. ∙
c. reste la même quand le revenu augmente. ∙
7. L’épargne :
a. est uniquement réalisée par les ménages. ∙
b. est majoritairement financière en France. ∙
c. augmente en période d’incertitude économique. ∙
8. Les vélos en libre-service dans de nombreuses villes, relèvent de l’économie :
a. d’usage. ∙
b. circulaire. ∙
c. de la propriété. ∙

26
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

2 De quoi parle-t-on ? ★★★


Pour chacun des cas suivants, précisez le secteur institutionnel concerné et qualifiez éco-
nomiquement l’opération.

1. M. et Mme Dupond ont acquis un lave-vaisselle dans une enseigne de la grande


distribution.
2. Maxime assiste à un cours d’économie en DCG dans son lycée public.
3. Mme Ziani, professeur d’économie, dispense un cours de 8 h à 9 h.
4. M. et Mme Dupond achètent une maison.
5. La MAIF propose une assurance habitation à Maxime.
6. Le Crédit agricole accorde un prêt étudiant de 10 000 € à Maxime.
7. L’association Les Restaurants du cœur apporte une assistance bénévole aux per-
sonnes démunies, notamment dans le domaine alimentaire.
8. Renault a décidé de développer de nouvelles lignes de production de sa voiture élec-
trique Zoé en France, soit une dépense d’un milliard d’euros.

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 Circuit économique ★★★


Compétence attendue Schématiser les relations entre les différents agents
économiques

Présentez sous la forme d’un circuit économique les flux physiques et monétaires entre les
différents agents économiques (ou secteurs institutionnels) présentés dans l’exercice 2.

4 Équilibre Emplois/Ressources ★★★

Compétence attendue Analyser la contribution des grandes variables de l’équilibre


ressources-emplois à l’activité économique

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur
l’annexe.
1. Que mesurent les indicateurs suivants : la FBCF, les dépenses de consommations des
administrations publiques, le PIB ?
2. Rappelez l’équation de l’équilibre Emplois/Ressources des biens et services.
3. Quelles composantes des emplois semblent le plus contribuer à l’augmentation du PIB
en 2018 ?

27
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Le PIB et ses composantes en volumes chaînés (variables t/t–1 en %, données CVS-CJO, Insee, 2019)
Annexe

Total Total
2018 T1 2018 T2 2018 T3 2018 T4
2017 2018
PIB 0,2 0,2 0,3 0,3 2,3 1,5
Importations – 0,5 0,6 – 0,7 1,6 4,1 1,1
Dépenses de consommation 0,3 – 0,1 0,4 0,0 1,1 0,8
des ménages
Dépenses de consommation 0,1 0,3 0,2 0,3 1,4 1,0
APU
FBCF totale 0,3 0,8 1,0 0,2 4,7 2,9
dont entreprises non 0,3 1,2 1,7 0,3 4,4 3,9
financières
dont ménages 0,5 0,2 – 0,1 – 0,4 5,6 2,0
dont administrations 0,0 0,4 0,0 0,7 1,6 0,7
publiques
Exportations – 0,4 0,0 0,2 2,4 4,7 3,1
Contributions
dont demande intérieure 0,2 0,2 0,5 0,1 0,2 – 0,4
finale hors stocks
dont variations de stocks – 0,1 0,2 – 0,5 – 0,1 0,2 – 0,4
dont commerce extérieur 0,0 – 0,2 0,3 0,2 0,1 0,6

5 Étude de documents : motifs d’investissement ★★★

Compétence attendue Différencier les formes et les motifs de l’investissement.

Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives aux
MÉTHODE 1 annexes.
1. Définissez le concept d’investissement :
2. Interprétez la valeur « 29 » pour 2018 de la 1re ligne de l’annexe 1 « Renouvellement ». Même
question pour la valeur « 63 » pour 2018 de la 2e ligne de l’annexe 2 « perspectives de demande
étrangère ».
3. Dans l’annexe 2, si un solde d’opinion pour un des facteurs augmente, comment cela
s’interprète-t-il ?

28
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

4.  Identifiez et analysez les principales motivations des investisseurs en 2018.


5.  Identifiez et analysez les principaux déterminants de l’investissement dans l’industrie.

Répartition des motivations économiques des investissements


Annexe 1

(Insee, Informations rapides, 7 novembre 2017, n° 294)

Moyenne 2017 2018


1991-2017 (constat) (prévision)

Renouvellement 27 29 29
Modernisation / Rationalisation 24 24 22
Automatisation 11 11 8
Nouvelles techniques 7 8 7
Économie d’énergie 6 8 7
Extension de la capacité productive 16 15 16
Introduction de nouveaux produits 14 13 12
Autres (sécurité, condition de travail, 20 20 21
environnement, etc.)

Facteurs influençant l’investissement (Insee, 2017)


Annexe 2

Solde d’opinion, Moyenne En 2017 En 2018


en % des réponses 1991-2017 (constat) (prévision)

Perspectives de demande intérieure 49 56 56 Les enquêtes qualitatives


proposent des résultats
Perspectives de demande extérieure 53 59 63 éventuellement sous
forme de soldes
Perspectives de profits 82 76 76 d’opinion. Les soldes
d’opinion ci-contre
Niveau de l’autofinancement 16 20 22 consistent en la
différence entre
Niveau d’endettement – 2 8 9 le pourcentage de
réponses « stimulant »
Niveau des taux d’intérêt 9 32 32
et le pourcentage de
Conditions globales de financement 14 33 33 réponses « limitant »,
d’où la possibilité de taux
Facteurs techniques(1) 63 61 60 négatifs.

Autres facteurs (ex : aides fiscales) 23 31 31


(1) Développements technologiques et contraintes d’adaptation de la main-d’œuvre à ces nouvelles
technologies.

29
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

6 Étude de document : l’évolution et la structure


de la consommation ★★★ 35 mln

Compétence attendue Commenter la répartition des dépenses de consommation

Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, répondez à la problématique
MÉTHODE 1 soulevée en suivant le questionnement guidé.

Travail à faire
Analysez l’annexe, en mettant en avant l’évolution de la consommation en France et de sa
structure :

1. Définissez le concept de consommation effective des ménages.


2. Illustrez les dépenses de consommation socialisée.
3. Interprétez la valeur « 13,3 » pour 2010 soulignée dans le tableau.
4. Comment a globalement évolué la consommation des ménages entre 1960 et 2016 ?
Quels sont les postes (la fonction) de consommation qui ont le plus augmenté sur la
même période ?
5. Dans un nouveau tableau, indiquez les postes de consommation (fonction) des ménages
pour lesquels la part dans les dépenses effectives a le plus crû ou le plus diminué. Est-ce
conforme aux lois d’Engel ?

Rendez-vous
MÉTHODE
Mesurer des données en valeur (à prix courant) ou en volume (à prix constant)
D’après l’Insee :
• Les prix courants sont les prix tels qu’ils sont indiqués à une période donnée, ils sont
dits « en valeur nominale ».
• Les prix constants sont les prix en valeur réelle, c’est-à-dire corrigés de la variation
des prix par rapport à une donnée de base ou de référence.
D’où l’emploi des expressions « euros constants » et « euros courants ».

30
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Tendances longues de la consommation des ménages français :


Annexe

évolution de la structure de la consommation par fonctions (Insee, 2017)

Structure en % (à partir des valeurs courantes) Taux de


Valeurs variation
en 2016 annuel

2000
1980
1960

1990

2010

2016
1970
Mds € moyen en %
(1960-2016

Alimentation 27,2 20,5 15,9 14,3 13,3 12,4 12,7 200,3 1,6
Habillement 10,1 8,4 6,0 5,3 4,1 3,2 3,0 45,0 1,3
Logement, eau,
9,9 14,9 15,6 16,3 18,1 19,4 19,9 311,1 3,1
gaz, électricité….
Meubles, articles
de ménage et
7,3 6,4 5,9 4,9 4,3 3,9 3,7 57,7 2,6
entretien courant
de l’habitation
Santé 2,0 1,8 1,8 2,5 2,8 3,1 3,2 49,6 4,8 Les dépenses de
consommation socialisée
Transports, incluent la dépense
9,5 10,5 13,1 13,6 13,4 12,7 11,8 186,1 3,4
communications des administrations
publiques et des
Loisirs et culture 6,3 6,9 7,1 7,0 7,4 6,8 6,3 100,5 4,4
institutions sans but
Autres 13,1 13,1 14,0 15,7 14,0 14,2 14,8 224,4 2,1 lucratif au service
des ménages dont les
Dépenses de bénéficiaires peuvent
consommation 14,6 17,5 20,5 20,4 22,6 24,3 24,9 390,4 3,2 être précisément définis.
socialisée Elles correspondent à
des prestations en nature
Total : (biens ou services)
consommation dont bénéficient les
100 100 100 100 100 100 100 1 576,5 2,9 ménages. C’est le cas en
effective
particulier des dépenses
des ménages
d’éducation et de santé.

7  Questionnement guidé : l’épargne des ménages ★★★  20 min

En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, répondez aux questions ci-après. Rendez-vous

Travail à faire MÉTHODE 1

1. Définissez d’épargne des ménages.


2. Distinguez l’épargne financière et non financière.
3. Présentez l’évolution de la structure de l’épargne (taux d’épargne financière/non
financière).

31
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Taux d’épargne des ménages français en 2017 – Insee, comptes nationaux – base 2014
Annexe
Taux d’épargne
Taux d’épargne financière

en % du revenu disponible brut


25

Pour vous entraîner,


essayez d’établir un 20
lien entre l’évolution
de la part de l’épargne
financière et le
développement
des marchés de
15
capitaux au cours
des années 1980.

10

0
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2017
Champ : France, ménages y compris entrepreneurs individuels.

32
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

8 Étude de document : le commerce extérieur de la France ★★★◗ 25 mln

Compétence attendue Analyser la contribution des grandes variables de l’équilibre


ressources-emplois à l’activité économique

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions suivantes relatives à Rendez-vous
l’annexe. MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Identifiez la contribution du commerce extérieur à l’activité de la France
2. Expliquez les raisons du déficit extérieur et les solutions proposées.

Du déficit chronique au déficit assumé


Annexe

Selon les chiffres publiés ce mardi par les douanes, la balance commerciale française
affiche un important déficit de 33,5 milliards d’euros au premier semestre 2018.

Commerce extérieur : la France en déficit chronique


Un moteur désespérément à l’arrêt. Selon des chiffres communiqués ce mardi par les
douanes, le commerce extérieur français est toujours aussi mal en point : au premier
semestre 2018, il affiche un déficit de 33,5 milliards d’euros. Sur les douze derniers
mois, ce chiffre est de 62,9 milliards d’euros, soit environ le même niveau qu’en 2017.
Le mois de juin a été un très mauvais cru, avec un déficit à 6,2 milliards d’euros.
Le gouvernement a beau rabâcher que la France doit « rééquilibrer » sa balance
commerciale et avoir annoncé en février, à Roubaix, par l’intermédiaire du Premier
ministre Édouard Philippe, une nouvelle « stratégie » en la matière, la France n’ar-
rive pas à redresser la barre. Loin du voisin allemand, qui affiche depuis plusieurs
années des excédents commerciaux. Même si, ces derniers mois, ce dernier se réduit
doucement outre-Rhin.

Une situation « habituelle » selon le gouvernement


« C’est essentiellement une très forte hausse des achats énergétiques qui pèse sur
l’évolution de la balance commerciale », écrivent les douanes dans cette note. Ainsi,
les importations d’hydrocarbures (pétrole brut, gaz naturel…) ont à la fois « bondi »
et coûtent plus cher : de 60 dollars il y a six mois, le prix du baril de brent atteint
aujourd’hui 75 dollars après des pics à plus de 80 dollars, et ne risque pas de bais-
ser compte tenu des tensions internationales. Résultat : ces achats français à l’étran-
ger « obère[nt] la bonne performance des exportations de produits de l’industrie
manufacturière », affirment les douanes. Car, précisent-elles également, « la balance
s’améliore » en ce qui concerne, notamment, la vente d’Airbus, de satellites et de médi-
caments. De plus, « d’autres améliorations, plus mesurées » sont enregistrées dans les
secteurs de l’habillement, des produits agricoles et agroalimentaires ou encore de l’in-
dustrie automobile.

33
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

« En phase de reprise économique, il est habituel que l’amélioration du solde


commercial ne soit pas immédiate, du fait de la hausse des importations induite
par le rebond de la demande intérieure », s’est défendu, via un communiqué, le
ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du commerce extérieur.
L’argument vaut, certes, pour l’investissement des entreprises françaises reparti
à la hausse depuis plusieurs mois mais pas vraiment pour la consommation des
ménages toujours aussi atone. Ce nouveau revers commercial démontre surtout que
les batailles du « made in France » ou de la « compétitivité », portées successivement
par les trois dernières majorités, n’ont pas fait recette.

« Tout à gagner des occasions à l’étranger »


« La détérioration de notre balance commerciale n’est pas inéluctable […], il n’est
pas trop tard pour redresser la barre, promettait en février Édouard Philippe à
Roubaix. Ce déficit, on le commente. Beaucoup. Un peu trop peut-être. À force de
commenter, on se désole. À force de se désoler, on en oublie de réagir. »
Le Premier ministre proposait dans son plan de « regrouper » les acteurs chargés
d’aider les entreprises à exporter (Chambres de commerce et d’industrie, Business
France…), de cibler les aides vers les PME ou encore de soutenir l’apprentissage de
l’anglais. « Nous n’avons rien à craindre et tout à gagner des occasions à l’étran-
ger », lançait alors Édouard Philippe. Sauf bonne surprise, ce n’est pas cette année
que la situation va s’améliorer.
Par Lilian Alemagna, Libération, www.liberation.fr, 7 août 2018

9  Argumentation structurée : reprise et comportement


des entreprises ★★★
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur la méthodologie proposée, vous rédigerez
MÉTHODE 2 un paragraphe structuré permettant de répondre à la problématique ci-après.

Travail à faire
« La reprise économique incite-t-elle les entrepreneurs à davantage investir ? »

34
SYNTHÈSE
Agents économiques et interactions

Fonctions des agents économiques


Sociétés
Sociétés RDM
non Administrations
Ménages financières ISBLSM (secteur
financières publiques
(SF) fictif)
(SNF)
Consommer Produire ••Financer Produire Produire des Enregistrer
des biens l’écono- des services non services non les opérations
et services mie marchands dans marchands entre rési-
non finan- ••Assurer l’intérêt général pour les dents et non-­
ciers mar- contre les ménages résidents
chands risques

Circuit économique
Le circuit économique représente les interactions entre les agents par fonctions, les
emplois et les ressources de biens et services s’équilibrant.
PIB = Consommation finale + FBCF + Exportations –
 Importations + Variation de stocks

Formes et déterminants de l’épargne

Revenus

Évolutions
socio- Taux
culturelles d’intérêt
Épargne :
– de précaution, de prévoyance
ou de placement
– financière/non financière
– libre/forcée

Inflation Fiscalité

35
Investissement : types et déterminants
Typologies d’investissement
Investissements
Investissements privés de renouvellement / Investissements Investissements directs
et publics de capacité / matériels et immatériels à l’étranger (IDE)
de modernisation

Principaux déterminants de l’investissement des entrepreneurs

Coût relatif
Taux d’utilisation Rentabilité Taux d’intérêt
Demande des facteurs
des capacités attendue de et conditions
effective de production
de production l’investissement de financement
(capital et travail)

36
CHAPITRE
3 Création de richesse
par l’activité économique
PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Identifier la contribution des différents • Valeur ajoutée
acteurs à la création de richesse • Production marchande, non marchande
• Caractériser un tissu productif à l’aide • Critères de classification des entreprises :
de données statistiques taille, branches, filières, secteurs
• Analyser les enjeux de la répartition • Les secteurs économiques : définition
de la valeur ajoutée entre les différents et poids relatif
bénéficiaires • Économie sociale et solidaire : définition
• Repérer la façon dont le PIB rend et poids relatif
compte de la richesse créée • Répartition primaire de la richesse
• Comparer la situation de pays dans le • PIB : définition, modes de calcul
temps et l’espace à partir de différents
indicateurs
• Rôle et limites du PIB

• Justifier l’usage d’indicateurs alternatifs


• Externalités positives et négatives
au regard des limites du PIB • Indicateurs alternatifs : IDH et autres
indicateurs de développement, intérêts
et limites

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. La valeur ajoutée au cœur de la répartition primaire des revenus •
2. Le produit intérieur brut (PIB) • 3. Le tissu productif français
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

Indicateurs incontournables pour rendre compte de la richesse créée, la valeur ajoutée et


son pendant macroéconomique, le PIB, sont au cœur des analyses économiques et de la
formation des revenus grâce à la répartition primaire de la richesse. Le tissu productif fran-
çais est varié. Cependant, les indicateurs quantitatifs ne sont pas sans poser de problèmes,
d’où l’intérêt de mesures alternatives intégrant les notions de bien-être et d’environnement.

MOTS-CLÉS
Branche d’activité • Croissance économique • ESS • Externalité • Filière
• IDH • Niveau de vie • Produit intérieur brut • Répartition primaire des revenus
• Revenu primaire des ménages • Secteur d’activité • Tertiairisation • Valeur ajoutée
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu

1  La valeur ajoutée au cœur de la répartition primaire


des revenus

A La mesure de la valeur ajoutée


Définition
La valeur ajoutée (VA) est un indicateur microéconomique quantitatif qui mesure la
richesse produite par les agents économiques.

Les productions marchande et non marchande sont au cœur de la valeur ajoutée (tab. 3.1)
et de sa mesure (tab. 3.2).
Définitions
• La production marchande désigne la production écoulée ou destinée à être écou-
lée sur le marché, évaluée au prix du marché HT.
• La production non marchande correspond à la production proposée à titre gratuit
ou quasi gratuit (prix inférieur à 50 % des coûts de production), évaluée à son coût
de production.

Tableau 3.1.  Types de production

•• Biens et services écoulés ou destinés à être écoulés


sur le marché
Production marchande •• Prix > 50 % du coût de production
•• Agents économiques producteurs : SNF, SF et EI
(  chapitre 2)

•• Biens et services proposés à titre gratuit ou quasi


­gratuit
Production non marchande
•• Agents économiques producteurs : administrations
publiques, ISBLSM

Tableau 3.2.  Mesure de la valeur ajoutée


CHIFFRES-CLÉS

Les SNF •• VA = Valeur totale de la production marchande


représentent (CA) – Consommations intermédiaires
52% de la VA Valeur ajoutée marchande •• La soustraction des consommations intermédiaires
brute totale ; les permet de ne pas comptabiliser plusieurs fois cer-
ménages, 16 % ; taines activités.
les SNF, 4 % ; les
IBLSM, 2 % et les •• VA = Somme des coûts de production
administrations Valeur ajoutée non marchande •• L’absence de prix de vente de la production non
publiques, 16 %
marchande explique le mode de calcul.
(Insee, 2017).

38
Chapitre 3 Création de richesse par l’activité économique

B Le partage de la valeur ajoutée, ou répartition primaire


des ­revenus
Les agents économiques qui ont participé à la création de richesse (valeur ajoutée)
bénéficient de la répartition de cette valeur ajoutée sous formes de revenus.
Définition
La répartition primaire des revenus est le partage de la valeur ajoutée entre les
agents économiques qui ont participé à la production de cette richesse.

La répartition primaire des revenus correspond à la formation des revenus primaires lors
du partage de la valeur ajoutée (fig. 3.1).

Rémunération des salariés


65,6 % de la VA des Sociétés non financières en 2016

Impôt sur la production à destination


des administrations publiques
Partage de la VA
= 5,2 % de la VA des SNF en 2016
Répartition primaire
des revenus
Excédent brut d’exploitation (EBE)
rémunérant :
• les créanciers (intérêts)
• les associés/actionnaires (dividendes)
• l’entreprise elle-même (autofinancement)
31,9 % de la VA des SNF en 2016

Figure 3.1.  Partage de la VA et répartition primaire des revenus

Le partage de la valeur ajoutée est à l’origine de la formation du revenu primaire des CHIFFRES-CLÉS
ménages (fig. 3.2).
La rémunération
des salariés
Revenus du travail
représente 65,6 %
de la VA des SNF ;
Revenus du capital et de la propriété l’impôt 5,2 %
Rémunération du capital financier (intérêts, et l’EBE, 31,9 %.
Revenu dividendes) et/ou physique (ex. : loyer) (Insee, 2016)
primaire des ménages

Revenus mixtes
Rémunération à la fois du capital apporté
et du travail de l’entrepreneur individuel

Figure 3.2.  Formation du revenu primaire des ménages

Le partage de la valeur ajoutée (tab. 3.3) est un enjeu essentiel ; il peut être source de
négociations et de conflits, notamment le partage salaire/profit et le partage salaire/
autofinancement/dividendes.

39
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu

Tableau 3.3.  Évolution du partage de la VA des entreprises (SNF et entreprises individuelles,


comptes nationaux, Insee, base 2014)

2007 2008 2010 2017


Le taux de marge
représente la part Rémunération des salariés/VA brute (%) 57,00 57,40 59,60 60,50
de la valeur ajoutée
brute qui n’est destinée Impôts sur la production/VA brute (%) 4,70 4,70 4,50 4,90
ni aux salariés
ni aux administrations Taux de marge (EBE+RMB/VA brute) (%) 39,90 39,50 37,80 37,40
publiques.

2  Le produit intérieur brut (PIB)


Pour tout savoir Indicateur économique incontournable, le PIB se déduit de la valeur ajoutée.
sur le PIB :
Définition
Indicateur macroéconomique quantitatif, le PIB mesure l’ensemble des richesses
produites par les agents économiques d’un pays au cours d’une année.
http://dunod.
link/5zbyvvm
A Les mesures du PIB
Comme le montre le circuit économique par fonction (  chapitre 2), la production est
à l’origine de la répartition des revenus dépensés par les agents économiques. On dis-
tingue trois modes de calcul du PIB (tab. 3.4). Les analyses statistiques s’appuient essen-
tiellement sur le PIB en volume (tab. 3.5).

Tableau 3.4.  Modes de calcul du PIB

Approche Approche Approche


par la production (VA) par la demande par les revenus primaires

Somme des VA Consommation finale Rémunérations des salariés


marchandes et non effective + EBE et revenus mixtes
marchandes des agents + Formation brute + Impôts sur la production
­économiques résidents de capital fixe (FBCF) et les importations
+ TVA + Exportations nets des ­subventions
– Subventions sur les – Importations d’exploitation
produits + Variations de stocks

Tableau 3.5.  PIB en valeur et en volume

PIB en valeur nominale PIB en volume réel

•• PIB en milliards d’euros courants •• Évaluation à prix constant (déflation des données)
•• PIB au prix du marché •• Valeur corrigée des effets de l’inflation qui fait
croître artificiellement le PIB en valeur
•• Nécessité d’une année de référence

40
Chapitre 3 Création de richesse par l’activité économique

B Les rôles et limites du PIB


1. Les rôles du PIB
Le PIB vise essentiellement :
––à comparer les richesses produites d’un pays ou d’une époque à l’autre. Il sert égale- Les limites du PIB
comme indicateur
ment de référence au calcul de nombreux ratios de la comptabilité nationale ;
de bien-être
––à mesurer la croissance économique (taux de variation du PIB en volume sur une des populations :
période donnée) ;
––à évaluer le niveau de vie moyen de la population (PIB/hab.), indicateur quantitatif mesurant
la quantité de biens et services qu’un agent économique peut se procurer avec son revenu.
2. Les limites du PIB et du PIB par habitant http://dunod.link/rsf6zfr

Indicateurs quantitatifs globaux. Le PIB et le PIB par habitant ne rendent pas compte des
inégalités et de leur variation au sein du pays, ni même de la nature de la richesse produite.
Exemple
◗◗ La richesse peut provenir de la vente de pétrole, d’armes, d’infrastructures qui affectent
différemment le bien-être de la population. ◗

De même, si une partie de la richesse créée est versée sous forme de revenus (divi- Afin de comparer les
PIB de différents pays,
dendes, intérêts…) à l’extérieur du pays, cette part du PIB n’améliore pas le niveau de il convient notamment
vie de la population du pays. de déflater le PIB et de
Non-prise en compte de certaines activités. Le bénévolat, les activités domestiques (édu- l’évaluer en PPA (taux de
conversion monétaire).
cation des enfants, entretien d’une maison ou d’un jardin…), les activités souterraines (tra-
vail non déclaré, trafic…) sont mal ou non évaluées. On parle d’« économie informelle ».
Différents retraitements statistiques doivent être mis en œuvre pour obtenir des PIB en
volume comparables.
Les activités non marchandes sont évaluées à leur coût de production. La contribution à la
richesse d’un pays de l’éducation, du système de santé ou des infrastructures publiques ne
peut se réduire à leur coût, ces activités étant créatrices d’externalités positives.
Définition
Une externalité est créée quand une activité a des effets, qu’ils soient positifs ou
négatifs, sur le bien-être d’autres agents économiques, en l’absence de transactions
sur un marché ou de compensations financières. Les externalités sont des défail-
lances de marché (  chapitre 5).

Externalités négatives et effets pervers de la croissance du PIB. Les externalités néga- CHIFFRES-CLÉS
tives mettent en péril la soutenabilité de la croissance économique en raison de la dété-
En 2017, en France,
rioration de l’environnement (  chapitre 13) ; elles nécessitent l’intervention de l’État.
le PIB en volume a
Certains effets pervers de la croissance ne sont pas pris en compte ou augmentent « arti- progressé de 2,2 %
ficiellement » le PIB. en données brutes,
s’établissant à plus
Exemple
de 2 290 milliards
◗◗Les impacts sociaux négatifs comme le chômage ou l’exclusion, mais aussi les consé- d’euros (Insee,
quences écologiques de l’activité économique (pollution, extinction des ressources…) 2018).
déforment la perception de la richesse créée. ◗

41
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu

C Les indicateurs alternatifs


Face aux limites du PIB, des indicateurs alternatifs ont été mis en œuvre par divers
acteurs (tab. 3.6).

Tableau 3.6.  Indicateurs alternatifs au PIB

•• Conçu dans les années 1990 par le pro- •• L’IDH est mesuré pour la quasi-totalité
gramme des Nations Unies pour le déve- des pays permettant ainsi des comparai-
loppement (Pnud). sons dans l’espace et le temps.
•• Intègre les travaux de Sen et le concept •• Il reste cependant corrélé au revenu par
de capabilité (facilité qu’ont les individus habitant et au PIB par habitant.
Indice de d’atteindre les buts qu’ils se fixent). •• Il est plus pertinent pour l’analyse
développement •• Indicateur compris entre 0 et 1 (niveau des pays en développement.
humain (IDH) de développement humain le plus élevé).
•• Composé d’indicateurs :
espérance de vie ; durée moyenne
et durée attendue de scolarisation ;
revenu par habitant en standard
de pouvoir d’achat.
•• Élaboré en 1980 par la Fordham Institute •• Indice composite prenant en compte
for Innovation in Social Policy. de nombreux indicateurs.
•• Combinaison de 16 indicateurs, •• Il est mesuré pour un nombre limité
Indice de santé
des facteurs de santé sociale spécifiques de pays, en réduisant ainsi la portée.
sociale (ISS)
à chaque âge de la vie et communs à tous •• Il permet de compléter le PIB en inté-
les âges. grant la dimension sociale et les effets
pervers de la croissance ­économique.
•• Formalisé par le World Wildlife Fund Cet indicateur permet de valoriser la
(WWF) for Nature en 2002. Il a popula- dimension écologique du développement
risé l’idée de « soutenabilité ». et la problématique du développement
•• Exprimé en « hectares globaux ». durable (  chapitre 13).
•• Indique la surface productive de notre
Empreinte planète dont nous avons besoin pour
écologique (EE) alimenter notre secteur productif
et la gestion de ses déchets.
•• Si l’empreinte écologique excède la capa-
cité de nos écosystèmes à se régénérer,
cela signifie que nous imposons à notre
planète un déficit écologique

Les indicateurs alternatifs complètent (et ne remplacent pas) le PIB, qui reste l’indica-
teur dominant de santé économique d’un pays. Plus qualitatifs, les indicateurs alternatifs
permettent d’intégrer les dimensions sociale et/ou écologique du développement, ce qui
pose cependant des difficultés de mesure monetaire et d’interpretation. Si les tableaux de
bord se multiplient, ils ne font pas encore l’unanimité chez les décideurs politiques.

42
Chapitre 3 Création de richesse par l’activité économique

•• Mis au point par le Center for the Study •• Indicateur complet qui prend en compte
of Living Standards en 1998. la dimension économique, social et éco-
•• Prend en compte des indicateurs de logique du développement.
Indice
consommation courante, sur les stocks •• Pose cependant des difficultés statis-
de bien-être
de richesse, la pauvreté et les inégalités tiques d’accès et de calcul des données.
économique
et le degré de sécurité économique.
(IBEE)
•• Prend en compte des variables écono-
miques, environnementales, relatives aux
questions de société.
•• Proposé par l’OCDE en 2011. •• Indicateur complet qui prend en compte
•• S’inspire du rapport Stiglitz. les dimensions économique, sociale
•• Considère 11 dimensions différentes comme et écologique du développement.
la qualité de vie, l’état de santé, l’équilibre •• Il propose un tableau synthétique
Indicateur du vie privée/vie professionnelle, l’éducation, des différentes composantes du « bien-
« vivre mieux », l’engagement civique ou encore la qualité être » et pas uniquement des données
ou better life de l’environnement, la sécurité des per- quantitatives.
index (BLI) sonnes et le bien-être subjectif. •• Il se mesure pour un nombre limité de pays.
•• Intègre des indicateurs de capital natu-
rel, de capital humain, de capital social
(confiance, coopération, institutions, etc.)
et de capital économique.

D’autres indicateurs ont été développés pour intégrer la question des inégalités : l’IDH
ajusté aux inégalités, l’indice de développement de genre ou encore l’indice de pauvreté
multidimensionnelle (IPM)(  chapitre 17).

  EXERCICE 2 Ÿ EXERCICE 3 Ÿ EXERCICE 4 Ÿ ARGUMENTATION STRUCTURÉE 6

3  Le tissu productif français


La richesse est produite par un tissu productif diversifié.

A Les secteurs économiques et leur poids


CHIFFRES-CLÉS
Définitions
Le secteur tertiaire
• Un secteur d’activité regroupe des entreprises de fabrication, de commerce ou de concentre 76 %
service qui ont la même activité principale. L’activité d’un secteur n’est donc pas des emplois, contre
tout à fait homogène et comprend des productions ou services (activité non princi- 20 % dans
pale d’une entreprise) relevant d’autres secteurs. le secondaire et 1 %
• Une branche d’activité regroupe des unités de production homogènes. pour l’agriculture,
les 3 % restant
étant indéterminés
(Insee, 2016).

43
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu

L’économiste et statisticien britannique Colin Clark a proposé, dès 1947, un découpage de


l’économie en trois grands secteurs d’activité :
•• Le secteur primaire rassemble l’ensemble des activités économiques fondées sur l’ex-
ploitation d’une ressource naturelle (agriculture, élevage…).
•• Le secteur secondaire regroupe toutes les activités économiques visant à transformer
des matières premières en produits élaborés (industrie et construction).
•• Le secteur tertiaire correspond aux activités économiques visant à fournir des ser-
vices (par opposition aux biens).
On constate à long terme, dans les économies qui se développent, un phénomène de
tertiairisation.
Définition
La tertiairisation correspond à la part croissante prise par les activités de services au
fil du développement économique d’un pays, au détriment des secteurs primaire et
secondaire, par des effets de déversement de la demande et des emplois.

En France, les services représentaient 6,8 % de la valeur ajoutée en 1950, contre 79 %
en 2016 (tab. 3.7).
Tableau 3.7.  Poids relatif des branches d’activité dans la valeur ajoutée (Insee, 2017)

Valeur Valeur
Part Part
en 1950 en 2016
en 1950 en 2016
(Mds € (Mds d’euros
(%) (%)
courants) courants)
Agriculture, sylviculture et pêche 2,4 18 32,7 1,6
Industrie manufacturière 3,8 28 280,0 14,1
Construction 0,7 5 109,7 5,5
Services principalement marchands 5,0 36 1 118 56,1
Services principalement non marchands 1,8 13 452,1 22,7
Total 13,7 100 1 992,3 100,0

B Les caractéristiques des entreprises françaises


Les entreprises peuvent être classées selon leur activité (branche), leur secteur, leur
taille (effectif, chiffre d’affaires, total du bilan, tab. 3.8), ou encore selon la filière dans
laquelle elles s’intègrent.
Définition
Une filière désigne couramment l’ensemble des activités complémentaires qui
concourent, d’amont en aval, à la réalisation d’un produit fini (ex. : filière électro-
nique allant du silicium à l’ordinateur en passant par les composants).

La filière intègre en général plusieurs branches d’activité.

44
Chapitre 3 Création de richesse par l’activité économique

Exemples
◗◗ L’automobile représente, en France, 440 000 salariés, pour la filière amont et 2,3 millions
d’emplois ; 550 000 salariés, pour la filière aval.
La filière aéronautique représente, en France, 158 500 emplois et réalise 92 % de son
chiffre d’affaires à l’exportation. ◗

Tableau 3.8.  Poids des entreprises selon leur taille (Insee, 2017)

Poids dans
Poids dans les effectifs Part dans le CA
les entreprises en salariés- à l’exportation
en France en équivalent des entreprises
2015 (%) temps-plein françaises (%)
(%)

Moins de 10 salariés,
Microentreprises 96,200 18,20 2,70
CA ou total de bilan < 2 M€

PME (petites et 10 à 49 salariés, CA <50 M€


3,700 28,13 12,80
moyennes entreprises) ou total actif < 4 M€

50 à 4 999 salariés,
ETI (entreprises
CA < 1 500 M€ ou total actif 0,150 24,70 34,00
de taille intermédiaire)
< 2 000 M€

N’entrent dans aucune


Grandes entreprises 0,007 28,97 50,59
des catégories ­précédentes

C L’économie sociale et solidaire (ESS)


Définition
Selon la loi du 31 juillet 2014, l’ESS intègre les associations, les mutuelles, les coopératives CHIFFRES-CLÉS
et les fondations mais aussi des entreprises à statut commercial poursuivant un objectif
d’utilité sociale et faisant le choix d’appliquer les principes inhérents au secteur. L’ESS représente
10 % du PIB
et 12,7 %
L’économie sociale et solidaire (  chapitre 16) repose sur trois piliers : des emplois privés
––un but autre que le seul partage des bénéfices ; en métropole
––une gouvernance démocratique ; et outre-mer
(ministère
––des bénéfices majoritairement consacrés au maintien ou au développement de l’acti- de l’Économie et des
vité de l’entreprise, impartageables et non redistribuables.
Finances, 2017).
  EXERCICE 5 Ÿ ÉTUDE DE DOCUMENT 7

45
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. L’entreprise de distribution Auchan :
a. propose une production marchande. ∙
b. propose une production non marchande. ∙
c. calcule sa valeur ajoutée en soustrayant les consommations intermédiaires
à son chiffre d’affaires. ∙
2. La répartition primaire des revenus :
a. entraîne la formation de revenus du travail, de la propriété
et de revenus mixtes. ∙
b. distribue la richesse créée entre les agents économiques qui ont participé
à la production. ∙
c. se compose essentiellement des profits des entreprises. ∙
3. Le produit intérieur brut (PIB) est calculé comme suit :
a. Somme des valeurs ajoutées des agents économiques résidents +
TVA – Subventions sur les produits ∙
b. Consommation finale effective + Exportations – Importations +
Variations de stocks ∙
c. Rémunérations des salariés + Revenus mixtes + Impôts sur la production
et importations nets de subventions d’exploitation ∙
4. Le PIB par habitant :
a. est un indicateur qualitatif du bien-être de la population. ∙
b. diminue quand le pays est victime de pollution et d’une montée
de l’insécurité (externalités négatives). ∙
c. est utilisé pour mesurer et comparer le niveau de vie moyen des pays. ∙
d. intègre l’économie souterraine. ∙
5. Les externalités :
a. sont des défaillances de marché. ∙
b. peuvent être positives et négatives. ∙
c. ne nécessitent pas l’intervention de l’État. ∙
6. L’indice de développement humain (IDH) :
a. est proche de 0 quand un pays a un niveau de développement humain élevé. ∙
b. est un indicateur synthétique alternatif du PIB par habitant. ∙
c. prend en compte la détérioration de l’environnement et la surexploitation
des ressources naturelles. ∙
d. augmente quand le revenu par habitant augmente. ∙

46
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

2 Calcul du PIB : trois approches◗★★★


Compléter le texte avec les termes suivants : bien-être • microéconomique • macro-
économique • la FBCF • l’inflation • l’approche par la production • la consommation finale
effective • l’EBE et les revenus mixtes • la richesse produite • la croissance économique •
en volume
La valeur ajoutée est un indicateur ________________qui mesure ________________ par
un agent économique. En revanche, le PIB est un indicateur ________________ Conformé-
ment au circuit économique par fonction, il peut être mesuré selon trois approches.
Un premier mode de calcul consiste à réaliser la somme des valeurs ajoutées à
laquelle s’ajoute la TVA et se soustraient les subventions sur les produits. Il s’agit de
l’________________ Selon l’approche par les revenus primaires, le PIB se mesure par la
somme des rémunérations des travailleurs ; de ________________ et des impôts nets
de subventions sur la production. La troisième approche par la demande, évalue le PIB
comme la somme de ________________ des ménages, ________________, les exportations
auxquelles on soustrait les importations et la variation des stocks. Le PIB est un agrégat
essentiel car il permet d’évaluer ________________ en mesurant le taux de variation du PIB
________________, c’est-à-dire corrigé des effets de ________________ entre deux dates.
Le PIB est cependant un indicateur très imparfait de mesure du ________________ de la
population d’un pays.

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 L’empreinte écologique◗★★★◗

Compétences attendues • Comparer la situation de pays dans le temps et l’espace à


partir de différents indicateurs
• Justifier l’usage d’indicateurs alternatifs au regard des
limites du PIB

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
l’annexe.
1. Rappelez la définition de l’empreinte écologique.
2. À quoi correspond le concept de « biocapacité » de la planète.
3. Montrez en quoi l’empreinte écologique complète le PIB dans une logique de dévelop-
pement durable.
4. Analysez l’évolution de l’empreinte écologique de la Chine.

47
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évolution de l’empreinte écologique de la Chine de 1961 à 2008


Annexe (Banque mondiale, FAO, 2014)
2,5

empreinte écologique par tête


2,0
biocapacité (en hectares) par tête

1,5

1,0

0,5

0,0

2008
1961
1963
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
Empreinte écologique en 2014
Monde 2,84
Biocapacité 1,68
Afrique 1,39
Amérique du Nord 8,33
Europe Occidentale 5,15
Chine 3,71

4 La situation de la Chine◗★★★

Compétences attendues • Repérer la façon dont le PIB rend compte de la richesse créée
• Comparer la situation de pays dans le temps et l’espace
à partir de différents indicateurs

En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, répondez aux questions ci-après.
1. Rappelez la définition du PIB, du taux de croissance et de l’IDH.
2. Interprétez la valeur « 0,738 » de l’IDH en 2016.
3. Analysez l’évolution du niveau de développement de la Chine.

48
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

La Chine, un pays à revenu intermédiaire (Banque mondiale, 2017)


Annexe

Indicateurs de développement 1990 2000 2010 2016

PIB (Mds $ courants) 361,0 1 200,0 6 100,0 11 200,0

Revenu national brut par


987,0 2 933,0 9 333,0 15 529,0
habitant ($ PPA)

Taux de croissance du PIB (%) 3,8 8,4 10,3 6,7

Exportations de biens et services


14,0 21,0 26,0 19,6
(% du PIB)

Population (millions) 1 160,0 1 295,0 1 338,3 1 379,0

Indice de développement humain


0,502 0,600 0,701 0,738
(IDH)

Espérance de vie à la naissance


69,5 71,2 73,0 76,0
(années)

Taux de fécondité (%) 2,3 1,7 1,6 1,7

Taux de mortalité avant 5 ans pour


48,5 33,0 18,4 11,0
1 000 naissances (%)

Taux d’alphabétisation population


78,0 91,0 94,0 96,3
de plus de 15 ans (%)

5 Le tissu productif français◗★★★

Compétence attendue Caractériser un tissu productif à l’aide de données statistiques

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur les
annexes.
Pour aller plus loin,
1. Distinguez les microentreprises, PME, ETI et grandes entreprises. entraînez-vous
2. Montrez le poids de chacune de ces catégories d’entreprises dans l’économie française à déterminer le rôle
des PME et des ETI
(effectif, nombre d’entreprises, VA, part du CA à l’exportation).
à l’exportation
3. Indiquez les caractéristiques des entreprises françaises présentes à l’exportation. et les actions de l’État.

49
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Principales caractéristiques des entreprises françaises par catégories (Insee, 2015)


Annexe 1

PME hors
GE ETI MIC Total
MIC

Entreprises, y compris activités financières et assurances

Nombre d’entreprises 287 5 753 139 941 3 674 141 3 820 122

Nombre d’unités légales en France 28 178 54 895 266 031 3 723 742 4 072 846

Effectif salarié ETP (en milliers) 4 235 3 657 4 259 2 745 14 897

Effectif salarié ETP (en milliers) 3 900 3 337 3 792 2 449 13 478

Entreprises hors activités financières et assurances

Nombre d’entreprises 261 5 596 139 454 3 663 665 3 808 976

Nombre d’unités légales en France 19 391 54 327 264 597 3 712 486 4 050 801

Effectif salarié au 31/12 (en milliers) 3 645 3 595 4 241 2 742 14 122

Effectif salarié ETP (en milliers) 3 354 3 280 3 775 2 446 12 855

Chiffre d’affaires (en Mds €) 1 338 1 165 834 540 3 877

Chiffre d’affaires à l’export


345 232 87 19 682
(en Mds €)

Valeur ajoutée hors taxes


342 279 251 218 1 090
(en Mds €)

Chiffre d’affaires par salarié ETP


398,8 355,3 220,8 220,9 301,6
(en milliers d’euros)

Immobilisations corporelles/sala-
rié en éq. temps plein (en milliers 313,0 200,0 100,8 95,4 180,5
d’euros)

GE : une grande entreprise vérifie au moins l’un des critères suivants : employer 5 000 salariés minimum ; totaliser
1,5 Md € de CA et plus de 2 Mds € de bilan.
ETI : entreprise de 250 à 4 999 salarié dont le CA annuel est inférieur à 1,5 milliard d’euros ou le total de bilan à 2 milliards
d’euros.
PME : entreprises qui occupent moins de 250 personnes, et dont le CA annuel est inférieur à 50 millions d’euros ou le
total de bilan à 43 millions d’euros.
MIC : une microentreprise est une entreprise occupant moins de 10 personnes dont le CA annuel ou le total de bilan
n’excède pas 2 millions d’euros.

50
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Poids (%) des catégories d’entreprises dans les exportations françaises


Annexe 2

selon le type de contrôle et le déploiement (Insee, 2015)


60
Multinationales sous contrôle étranger
Multinationales sous contrôle français
50 Non-multinationales

40

30

20

10

0
GE ETI PME, MIC

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

6 Argumentation structurée : le PIB◗★★★ 45 mln

Compétences attendues • Analyser les enjeux de la répartition de la valeur ajoutée


entre les différents bénéficiaires
• Repérer la façon dont le PIB rend compte de la richesse
créée
• Justifier l’usage d’indicateurs alternatifs au regard des
limites du PIB

Vous proposerez une réponse structurée comportant une introduction, un plan détaillé Rendez-vous
et une conclusion permettant répondre à la problématique suivante : MÉTHODE 2
« Le PIB et la mesure du bien-être de la population. »

51
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

7 Étude de document : l’innovation dans les sociétés


post-industrielles ★★★ 30 mln

Compétences attendues • Identifier la contribution des différents acteurs à la créa-


tion de richesse
• Analyser les enjeux de la répartition de la valeur ajoutée
entre les différents bénéficiaires

Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
MÉTHODE 1 l’annexe.
1. Expliquez et illustrez le phénomène de tertiairisation.
2. Quelles critiques Daniel Bell apporte-t-il à la classification de l’économie en trois sec-
teurs d’activité ?
3. Montrez que les services de santé, d’éducation et de recherche sont source d’externali-
tés positives.
4. Expliquez le rôle économique majeur que joue le développement des savoirs selon
Daniel Bell.

Rencontre avec Daniel Bell


Annexe

Sociologue américain de renom, Daniel Bell a consacré toute son œuvre à explorer la
dynamique des sociétés modernes. Il écrivait en 1974 Vers la société post-industrielle.
L’existence d’un vaste secteur tertiaire, qui rassemble les deux tiers de la population
active, est-ce cela la caractéristique première des sociétés industrielles ?
Ce n’est là qu’un effet massif d’une logique souterraine dont il faut trouver le
principe explicatif. Le premier travail important pour tous ceux qui ont cherché
à penser la société industrielle est le livre de l’économiste australien : Colin Clark,
Les Conditions du progrès économique, écrit en 1942. Dans ce livre, Clark écrit que
l’augmentation de la productivité conduit à une sorte de basculement des activi-
tés d’un secteur de l’économie à l’autre. La productivité accrue du secteur agricole
entraîne des transferts d’activité vers le monde industriel. À son tour, le développe-
ment considérable de la productivité dans les secteurs industriels conduit à un trans-
fert des activités vers les services. C’est ce que nous pouvons observer à travers les
transformations des emplois ; avec le développement économique, la grande masse
des emplois est transférée du monde agricole au monde industriel, puis du secteur
industriel au secteur tertiaire. C’est ainsi que l’on passe d’une société agraire à une
société industrielle, puis à une société de services.
Le problème dans l’analyse de Clark est que le secteur des services devient une sorte
de catégorie résiduelle qui mélange une foule d’activités très diverses. Clark n’a
jamais expliqué qu’il y avait plusieurs sortes de services. Les services ont d’ailleurs
toujours été un problème dans la théorie économique. Autant chez Adam Smith
que Karl Marx, ils sont considérés comme improductifs. Ils ne sont pas vus comme

52
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

source de valeur. Il faut, à mon sens, créer une distinction entre plusieurs catégories
de services : la distribution des chaînes Mc Donald n’est pas de même nature que
la finance, qui est elle-même différente de la santé, ou de la recherche scientifique.
Or, les services que sont l’éducation, la santé et la recherche m’apparaissent comme
essentiels dans la société post-industrielle. On s’est trompé en pensant que la société
post-industrielle n’est rien d’autre qu’une société de services. En fait, son ressort
réside dans une nouvelle productivité basée sur l’éducation, la santé et les services
humains.
En quoi les services comme la santé, la recherche, l’éducation, sont-ils sources de
productivité ?
Il est clair aujourd’hui qu’une meilleure santé et une meilleure éducation augmen-
tent la qualité de la force de travail (bien que les individus vivent plus longtemps et
« coûtent » plus cher à la société).
Pour moi, le principe directeur de la société post-industrielle est le développement
du savoir, l’essor des connaissances et leur codification. Le savoir est source d’inno-
vation. C’est aujourd’hui la principale « matière première » du changement. Par
exemple, l’innovation technologique qui est au cœur de la productivité exige un
haut niveau de formation générale et de recherche. D’où l’essor dans nos sociétés, du
nombre de chercheurs, d’ingénieurs, de techniciens, d’enseignants. […]. La plupart
de nos grandes industries comme l’électricité, la sidérurgie, le téléphone ou l’auto-
mobile sont nées au 19e siècle mais elles se sont développées par des hommes qui
furent principalement des amateurs qui se sont aventurés dans le domaine scienti-
fique. Alexander Graham Bell, Thomas Edison ou Guglielmo Marconi n’étaient ni
scientifiques, ni ingénieurs, plutôt des bricoleurs de génie.
Aujourd’hui le rapport s’est inversé. Les inventions majeures dans le domaine de la
haute technologie – l’informatique, les nouveaux matériaux, les biotechnologies –
sont issues des sciences théoriques. Les exemples sont nombreux. Albert Einstein a
écrit en 1904 un article fondamental […]. Il dit que la lumière n’est pas juste une
onde mais une impulsion. Ainsi, le rayon laser, inventé par Charles Townes de la
Columbia University en 1938 est directement inspiré de l’article d’Einstein.
De la même façon, les biotechnologies proviennent en droite ligne des recherches
sur l’ADN. L’informatique fut inventée à la suite des modélisations mathématiques
de A. Turing, etc. […] Domaine après domaine, vous pouvez observer ce principe
où la codification du savoir théorique précède l’innovation technologique… D’où
la place centrale que tient la connaissance scientifique et sa formalisation dans la
société postindustrielle.
L’innovation technologique – et la maîtrise des connaissances qui la suppose – est
aujourd’hui la source principale du développement et de la richesse des nations.
Propos recueillis par Jean-François Dortier et Martha Zuber,
Sciences Humaines, janvier 2011

53
SYNTHÈSE
Création de richesse par l’activité économique

Valeur ajoutée et répartition primaire des revenus


VA = Total des chiffre d’affaires des secteurs – Consommations intermédiaires

RÉPARTITION PRIMAIRE DES REVENUS

Mesure du PIB en volume (prix constants) ou en valeur (prix courants)


Approche par la production :
Somme des VA + TVA – Subventions
sur les produits

Approche par la demande : Approche par les revenus :


Consommation finale Revenus des travailleurs
+ FBCF + EBE et revenus mixtes
+ Exportations + Impôts sur la production
– Importations
+ Variations des stocks

Rôles PIB Limites


• Mesure l’activité et la croissance • Indicateur quantitatif excluant
économique l’économie informelle
• Comparaison dans le temps • Sous-évaluation des externalités
et l’espace négatives / positives
• Évaluation du niveau de vie moyen • Retraitements statistiques
de la population nécessaires (comparaisons…)

• Indicateurs alternatifs (IDH, empreinte


écologique, etc.)

Tissu productif français


Secteurs d’activité Primaire, secondaire, tertiaire

• 96,2 % de microentreprises
Taille des entreprises
• 3,7 % de PME (hors microentreprises)
françaises
• Moins de 1 % d’ETI et de grandes entreprises

Principales filières en France : alimentaire, automobile,


Analyse par filières
mode et luxe, bois, nucléaire, aéronautique

Économie sociale Associations, mutuelles, coopératives, fondations, entreprises


et solidaire (ESS) d’utilité sociale : 10 % du PIB (12,7 % des emplois privés)

54
PARTIE 1 : CAS DE SYNTHÈSE
Fondements et finalités de l’activité économique

1  Étude de documents : le tissu industriel français ★★★


Souvent comparé au tissu industriel allemand, le tissu industriel français présente des
caractéristiques spécifiques ; les petites et moyennes entreprises (PME) et établisse-
ments de taille intermédiaire (ETI) y tiennent une place particulière.
Afin de préparer une allocution devant des représentants de la CGPME, vous êtes chargé
d’analyser les caractéristiques du tissu industriel français (annexes) en répondant aux
questions suivantes.

Travail à faire
1. Caractérisez le tissu productif de l’économie française. Rendez-vous
2. Identifiez les différences principales en matière d’ETI et de PME entre la France et MÉTHODE 1
­L’Allemagne.
3. Montrez en quoi la faiblesse des PME à l’exportation en France a un impact sur l’évolu-
tion du PIB. Quelles mesures l’État français a-t-il mises en œuvre pour remédier à cette
faiblesse ?
4. Beaucoup des établissements de l’ESS sont des PME.
4.1. Montrez en quoi ces entreprises sont à l’origine d’externalités positives.
4.2. Le calcul de leur VA est-il un bon indicateur pour mesurer la contribution de ces
PME appartenant à l’ESS à la société française ? Justifiez votre réponse.
4.3. Pourquoi les entreprises de l’ESS sont-elles confrontées à la rareté des ressources
financières ? En quoi le statut de « société commerciale ESS » permet-il de com-
poser avec la rareté des ressources financières ? Justifiez votre réponse.

55
PARTIE 1 : CAS DE SYNTHÈSE

Les caractéristiques des entreprises en France (Insee, TEF 2018)

Annexe 1
Catégories d’entreprises

Total
PME

MIC
ETI
GE
Entreprises, y compris activités financières et assurances

Nombre ­d’entreprises 287 5 753 139 941 3 674 141 3 820 122

Nombre d’entreprises
Effectif salarié au
Lecture : dans ce 4 235 3 657 4 259 2 745 14 897
tableau, l’entreprise 31 décembre
désigne « le groupe (en milliers)
y compris ses filiales
financières » ou « l’unité Effectif salarié en EQTP1
3 900 3 337 3 792 2 44S 13 478
légale indépendante ». (en milliers)
Ce concept nouveau
se rapproche de Unités légales situées
celui d’« acteur 28 178 54 895 266 031 3 723 742 4 072 846
en France
économique ».

1. En équivalent temps plein.


Champ : secteurs marchands non agricoles.

56
PARTIE 1 : CAS DE SYNTHÈSE

Les caractéristiques selon les catégories d’entreprise en 2015 (Insee, 2015)


Annexe 2

100

80

60

40

20

0
Nombre Nombre Effectif Immobili- Chiffres VA HT
d’entreprises d’unités salarié sations d’affaires
légales en EQTP1 corporelles export

GE ETI PME hors MIC MIC


1. En équivalent temps plein

Les secrets des ETI allemandes


Annexe 3

ETI : de quoi parle-t-on ?


En France, une ETI se définit essentiellement par son effectif et son chiffre d’affaires. Selon
l’Insee, entre en effet dans cette catégorie toute « entreprise qui a entre 250 et 4 999 sala-
riés, et soit un chiffre d’affaires n’excédant pas 1,5 milliard d’euros soit un total de bilan
n’excédant pas 2 milliards d’euros » (ou « moins de 250 salariés, mais plus de 50 millions
d’euros de chiffre d’affaires et plus de 43 millions d’euros de total de bilan »).
Rien de tel en Allemagne, où la catégorie n’est pas avant tout statistique, mais surtout
culturelle. Elle englobe, ainsi, des entreprises de taille très variable (y compris, donc,
les petites et les moyennes) dont les points communs sont ailleurs. « Une entreprise
du Mittelstand se définit moins par sa taille que par sa forme de propriété, son orga-
nisation et sa culture », écrit Patrice Pélissier, ex-président du groupe industriel alle-
mand MEA, passé également par Saint-Gobain, aujourd’hui consultant pour des
groupes européens et des fonds d’investissement, dans un document de mars 2016
délivré à des chefs d’entreprise en visite en Allemagne.
Amélie Moynot, 12 juillet 2017, http://www.chefdentreprise.com

57
PARTIE 1 : CAS DE SYNTHÈSE

PME/ETI : la stratégie du gouvernement pour relancer les exportations


Annexe 4 Pour enrayer le creusement du déficit commercial (62,3 milliards d’euros en 2017),
le gouvernement s’attelle au chantier de l’export.
En France, seulement 125 000 entreprises se sont lancées dans l’aventure de l’export,
contre 250 000 en Italie et 400 000 en Allemagne d’après des chiffres annoncés par le
gouvernement. Parmi elles, seulement 14 % sont des PME et 32 % des ETI. Un constat
qui a poussé l’exécutif à présenter une nouvelle stratégie pour le commerce extérieur
avec, en ligne de mire, le développement de l’export des entreprises de taille moyenne.
Une assurance prospection simplifiée
Se lancer dans l’export entraîne forcément de gros investissements pour les PME et ETI.
Le gouvernement fait le choix de « conforter le rôle d’interlocuteur » de Bpifrance en la
matière. La banque publique d’investissement « assure désormais la diffusion des garan-
ties publiques à l’export, gérées au nom de l’État par sa filiale Assurance Export », a
annoncé le Premier ministre Édouard Philippe le 23 février 2018. Autre mesure : l’ampli-
fication et la simplification de son assurance protection de Bpifrance, dont 12 000 entre-
prises sont déjà bénéficiaires. Les entreprises pourront désormais avoir une visibilité sur
le montant des dépenses garanties et obtenir une avance immédiate de 50 % du budget.
Un « guichet export » unique dans chaque région
Le gouvernement souhaite aussi rationaliser le nombre d’interlocuteurs des entreprises
sur le sujet de l’export, jugés trop nombreux et trop éclatés. Pour éclaircir et simpli-
fier les démarches, les acteurs de l’export […] seront regroupés en un guichet unique
dans chaque région administrative, « sous l’autorité stratégique » de ces dernières. Une
première déclinaison a été lancée en Normandie le 23 janvier, et la Région Paca est
déjà sur les rails pour lancer son propre dispositif.
Une fois présentes à l’étranger, les entreprises pourront faire appel à un correspon-
dant unique par pays […]. Une expérimentation sera conduite dans huit pays cette
année […]
Pour s’informer au plus vite, une plateforme des solutions sera également mise en ligne.
Elle regroupera l’ensemble des offres d’accompagnement et de financement à l’export.
Un dispositif premium pour les exportateurs
Le gouvernement annonce la création d’un nouveau dispositif de financement, le
« Pass Export », qui prend la forme d’un partenariat négocié entre l’État et un expor-
tateur pour une durée de trois à cinq ans. L’entreprise signataire bénéficie d’une
couverture en garanties publiques et, en contrepartie, s’engage à «  respecter un niveau
minimum de part française en moyenne sur l’ensemble des contrats soutenus finan-
cièrement par l’État pendant la durée du passeport ». Le groupe Piriou, chantier naval
basé à Concarneau (Finistère), est la première entreprise à inaugurer ce «  Pass Export  ».
Des formations à l’export
Pour « décomplexer » les dirigeants d’entreprise vis-à-vis d’un développement à l’inter-
national, le Premier ministre souhaite mettre en place un « parcours de formation à
l’export spécifiquement dédié aux TPE, PME et ETI » qui sera dispensé par les CCI et les
Conseillers du commerce extérieur de la France et actuellement en cours d’élaboration.
Mathilde Lesaint, Le Journal des entreprises, 27 février 2018

58
PARTIE 1 : CAS DE SYNTHÈSE

L’économie sociale et solidaire


Annexe 5

Les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) peuvent prendre des formes
juridiques différentes mais leurs valeurs restent les mêmes : la solidarité et l’utilité
sociale. Elles sont caractérisées par un mode de fonctionnement démocratique et
une utilisation des bénéfices pour le maintien ou le développement de la structure
plutôt que l’enrichissement personnel. Le cadre juridique des structures de l’ESS a été
renforcé avec la loi du 31 juillet 2014.
Coopératives, mutuelles, fondations et associations
Coopératives
Le statut des coopératives est régi par la loi du 10 septembre 1947 qui stipule que
« [la coopérative] exerce son activité dans toutes les branches de l’activité humaine
et respecte les principes suivants : une adhésion volontaire et ouverte à tous, une
gouvernance démocratique, la participation économique de ses membres, la
formation desdits membres et la coopération avec les autres coopératives. […] Les
excédents de la coopérative sont prioritairement mis en réserve pour assurer son
développement et celui de ses membres. »
Parmi les coopératives, on compte les sociétés coopératives de production (Scop) et
les sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic) dont le nombre augmente constam-
ment ces dernières années.
Mutuelles
Les mutuelles s’organisent sur la base d’une solidarité professionnelle ou territo-
riale. Afin de couvrir un risque de santé par exemple, les mutuelles partagent équi-
tablement les frais entre les sociétaires.
Leur statut est régi par le Code de la Mutualité.
Fondations
Les fondations gèrent de l’argent privé pour l’utiliser pour une cause publique, en
se fixant des objectifs. Elles peuvent agir directement ou subventionner des associa-
tions pour qu’elles mettent en œuvre les actions soutenues par la fondation.
Associations
Les associations sont régies par la loi du 1er juillet 1901. Elles sont toujours à but
non lucratif. En règle générale, dans une association, le pouvoir est partagé entre
­l’assemblée générale, le conseil d’administration, le bureau et un représentant légal.
Sociétés commerciales de l’économie sociale et solidaire
Conditions pour devenir une société commerciale ESS
Depuis la loi du 31 juillet 2014 dite « Loi Economie sociale et solidaire », les sociétés
commerciales peuvent aussi faire partie de l’économie sociale et solidaire à condi-
tion de respecter certains critères :
–– le but poursuivi doit être autre que le seul partage des bénéfices ;
–– la gouvernance doit être démocratique avec la participation des associés,
des salariés et des éventuelles autres parties prenantes ;
–– les bénéfices de l’entreprise doivent prioritairement être utilisés pour le maintien
ou le développement de l’activité.

59
PARTIE 1 : CAS DE SYNTHÈSE

Avantages de la qualité « société commerciale ESS »


Devenir une société commerciale ESS donne l’opportunité de valoriser son engage-
ment et de le promouvoir dans la communication de l’entreprise. Cela permet aussi
d’avoir accès à des financements spécifiques à l’ESS tels que le prêt Bpifrance pour
les structures de l’ESS, le projet d’investissement d’avenir ESS, des aides régionales…
https://www.economie.gouv.fr/

2  Argumentation structurée :
les principaux indicateurs économiques

Rendez-vous
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez de manière structurée à la question
suivante.
MÉTHODE 2
Travail à faire
« Quels sont les indicateurs permettant de mesurer la situation d’un pays ? »

60
CHAPITRE
4 Grands principes
de l’économie de marché
PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Identifier les caractéristiques • Économie de marché, libéralisme
d’une économie de marché économique, économie mixte
• Caractériser les différentes formes • Marché : rôle et fonctionnement
de concurrence • La notion de concurrence : du cadre
• Mettre en évidence les mécanismes normatif de la concurrence pure et
de formation des prix parfaite à la réalité de la compétition
• Identifier le rôle des prix dans le entre entreprises (Walras, Pareto,
Baumol)
comportement des agents et l’allocation
des ressources • Les caractéristiques de l’équilibre de
• Étudier les bienfaits attendus marché dans un cadre concurrentiel
et les limites de la concurrence • Analyse dynamique de la concurrence
sur un marché (Schumpeter, Hayek)

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les caractéristiques d’une économie de marché • 2. Le fonctionnement
d’un marché concurrentiel • 3. La formation de l’équilibre sur un marché
concurrentiel • 4. Les bienfaits attendus de la concurrence et ses limites
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

D epuis l’effondrement des économies socialistes des pays de l’Europe centrale et orien-
tale au début des années 1990, l’économie de marché s’est imposée comme le mode
prédominant de régulation de la vie économique et sociale. L’expérience de ces pays révèle
l’inefficacité économique et sociale de modes d’organisation reposant sur une économie cen-
tralisée. Dans l’UE et en France, la libéralisation de plusieurs secteurs témoigne des bien-
faits attendus de la concurrence et de l’affirmation des libertés économiques. En quoi les
mécanismes de marché garantissent-ils une allocation optimale des ressources ? Quel est
le rôle de l’État dans ce mode d’organisation de la vie économique et sociale ?

MOTS-CLÉS
Arbitrages économiques • Allocation des ressources • Concurrence pure et parfaite •
Libéralisme • Économie de marché • Économie mixte • Équilibre • Fonction d’offre •
Fonction de demande • Flexibilité des prix • Loi de l’offre et de la demande • Optimum
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché

1  Les caractéristiques d’une économie de marché

A Les différents modes d’organisation de la vie économique


Dans une économie de marché, l’activité économique est régulée par les mécanismes
de marché, c’est-à-dire par la loi de l’offre et de la demande, et par la flexibilité
des prix. Les décisions économiques relatives à « quoi produire, en quelle quantité,
comment et pour qui » sont prises individuellement par des agents économiques
(  chapitre 2), mus par leurs intérêts propres, qui se « rencontrent » sur un marché,
pour échanger des biens et des services.
Définition
Un marché est un lieu de rencontre, réel ou fictif, entre une offre et une demande
dont il découle un prix.

Dans l’histoire des faits économiques, la mise en place des économies de marché s’est
effectuée en fonction des spécificités institutionnelles des pays, notamment le rôle
accordé à l’État.
Cette complémentarité entre le marché et l’État (  chapitre 5) se manifeste aujourd’hui
essentiellement dans des économies mixtes. Certains pays comme le Viêt Nam, la Chine
ou Cuba connaissent aujourd’hui une autre forme d’organisation de leur activité écono-
mique, qualifiée de socialisme de marché, à mi-chemin entre l’économie de marché et
l’économie socialiste.

B L’économie de marché et le libéralisme


Définitions
Adam Smith
(1723-1790) • Le libéralisme est un courant de pensée qui érige la liberté en principe souverain
Économiste classique de la vie en société.
écossais, il est l’auteur de
La Richesse des nations
• Le libéralisme politique s’est construit sur la notion de droits naturels de l’homme
(5 tomes), œuvre
pour en déduire les droits politiques de ce dernier.
fondatrice de la théorie • Le libéralisme économique repose sur la garantie des droits économiques tels que
classique. Tenant d’un la liberté d’entreprendre, d’échanger, de contracter, le droit de propriété.
libéralisme modéré ;
partisan du « laisser-
faire, laisser-agir », il Le libéralisme économique justifie la mise en place d’une économie de marché pour
reconnaît la nécessaire organiser la vie économique et sociale d’un pays. Ainsi, selon Smith, économiste écos-
intervention de l’État sais classique de la fin du 18e siècle, il faut laisser faire la « main invisible » du marché
dans les domaines
régaliens mais aussi face
pour coordonner au mieux les décisions économiques individuelles, et garantir la conver-
à certaines défaillances gence des intérêts particuliers et de l’intérêt général. Dans cette perspective, l’État est
du marché (concurrence relégué à ses fonctions régaliennes (police, justice et armée) même si son intervention
imparfaite, biens et peut se justifier dans les activités dont les coûts fixes importants dissuadent le finance-
services publics).
ment par les acteurs privés (ex. : ponts, infrastructures routières, ports).

62
Chapitre 4 Grands principes de l’économie de marché

À la fin du 19e siècle, les auteurs néoclassiques formalisent cette efficacité allocative du
marché à l’aide de modèles microéconomiques permettant de comprendre, dans une
approche normative de l’économie, le fonctionnement de marchés en situation de
concurrence pure et parfaite.

  EXERCICE 3

2  Le fonctionnement d’un marché concurrentiel

A Les caractéristiques d’un marché en concurrence pure


et parfaite
Le marché en concurrence pure et parfaite constitue une forme idéale de marché vers
laquelle il faut tendre, car il garantit non seulement une allocation (répartition) optimale
des ressources, mais aussi la satisfaction de tous les acteurs présents sur l’ensemble des
marchés. Ce marché « idéal » présente des caractéristiques particulières (tab. 4.1).

Tableau 4.1.  Caractéristiques d’un marché en concurrence pure et parfaite


NOTRE CONSEIL
Caractéristiques Explications
N’hésitez pas à
Atomicité des Les offreurs et les demandeurs sont nombreux et de « petite taille » recourir à un moyen
acteurs sur le de telle sorte qu’ils ne peuvent influencer la formation des prix. Ils mnémotechnique
marché prennent le prix comme une donnée : ils sont preneurs de prix (price pour retenir les cinq
takers). caractéristiques. On
attend néanmoins
Libres entrée et Les acteurs sur le marché peuvent s’installer librement (sans aucun de vous que vous
sortie des acteurs coût monétaire ou non monétaire) pour exercer leur activité, sachiez les expliciter.
sur le marché de même qu’ils peuvent sortir du marché librement (sans coût
irréversible, par exemple).

Homogénéité Les biens et services échangés sur le marché présentent des


des ­produits caractéristiques identiques, en termes de qualité par exemple.

Transparence Les acteurs sur le marché ont accès à une information complète
de ­l’information et parfaite, pour réaliser leurs arbitrages économiques : ils ne
subissent pas de coût pour connaître tous les prix de tous les
produits présents sur les marchés.

Mobilité parfaite Les facteurs de production, à savoir le travail et le capital, peuvent


des facteurs de être réalloués librement dans les systèmes productifs où ils seront
production mobilisés de façon efficiente (sans gaspillage).

63
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché

NOTRE CONSEIL B Le comportement des acteurs sur un marché


En microéconomie, concurrentiel
retenez que le profit
du producteur est Pour les auteurs néoclassiques, les individus sont rationnels : leurs arbitrages écono-
la différence entre miques découlent de la raison.
le chiffre d’affaires L’individu rationnel (homo œconomicus) est capable :
et le coût total de
production. Le coût ––de collecter toute l’information dont il a besoin pour effectuer ses choix ;
total de production ––de raisonner en réalisant un arbitrage coût/bénéfice ;
intègre la quantité ––d’opérer des choix cohérents ;
de facteurs de ––d’adopter un comportement maximisateur.
production mobilisés, Sur un marché, les individus sont rationnels :
capital et travail,
multipliée par le coût ––les offreurs souhaitent maximiser leur profit ;
unitaire de chacun de ––les demandeurs souhaitent maximiser leur satisfaction, avec un budget contraint.
ces facteurs.

3  La formation de l’équilibre sur un marché


concurrentiel
Définition
L’équilibre de marché est, en microéconomie, une situation où l’offre équivaut à la
demande, pour un niveau de prix donné.

A La notion d’équilibre
1. L’équilibre partiel
L’équilibre est dit « partiel » lorsqu’il est atteint sur un marché particulier : on raisonne
alors sur un bien donné en considérant que l’offre et la demande de ce bien ne dépendent
que du prix du bien considéré, abstraction faite des autres facteurs que sont les prix des
autres biens, le niveau de revenu ou encore les goûts des consommateurs.
2. L’équilibre général
L’équilibre est dit « général » lorsqu’il concerne tous les marchés : on raisonne alors
sur plusieurs biens pour savoir comment les interactions entre les conditions d’offre
et de demande influencent la formation des prix des biens et des services sur l’en-
semble des marchés. Dans l’analyse microéconomique néoclassique, le fonctionne-
ment d’un marché est modélisé par les fonctions d’offre et de demande.

B La fonction d’offre
Définition
La fonction d’offre représente la quantité maximale de biens et de services que les
offreurs sont prêts à proposer sur le marché, pour un niveau de prix donné, toutes
choses égales par ailleurs. Cette fonction croît avec le prix : quand le prix du bien
considéré augmente, la quantité offerte augmente.

64
Chapitre 4 Grands principes de l’économie de marché

Le producteur ayant pour objectif de maximiser son profit, il est incité à augmenter sa quan-
tité offerte avec le prix, ce qui explique la forme croissante de la fonction d’offre individuelle.
Dans l’analyse microéconomique néoclassique, la fonction d’offre collective est le
simple agrégat des offres individuelles, pour un niveau de prix donné. On peut donc
représenter la fonction d’offre collective sur un marché en concurrence pure et parfaite,
de la façon suivante (fig. 4.1).

P (prix)

Q (quantité)

Figure 4.1.  Fonction d’offre collective

C La fonction de demande
Définition
La fonction de demande représente la quantité maximale de biens et de services que
les demandeurs sont prêts à acquérir sur le marché, pour un niveau de prix donné,
toutes choses égales par ailleurs. Elle décroît avec le prix.

La fonction de demande se construit à partir des hypothèses de comportement des


acteurs sur le marché. Tout comme le producteur, le consommateur est un individu
rationnel qui cherche à maximiser la satisfaction tirée de la consommation d’un panier
de biens, sous contrainte budgétaire. Ce comportement maximisateur le conduit à dimi-
nuer la quantité demandée de biens quand le prix du marché augmente, ce qui explique
la forme décroissante de la fonction de demande individuelle. Pour un bien normal, l’ef-
fet-prix et l’effet-revenu se renforcent : quand le prix d’un bien A augmente par rapport
au prix d’un bien B, le consommateur rationnel dont le revenu reste inchangé, substitue
du bien B au bien A, et diminue la consommation des deux biens car son revenu réel (son
pouvoir d’achat) s’est dégradé.

FOCUS Élasticité-prix
L’élasticité-prix de la demande mesure la sensibilité bien augmente, la quantité demandée de ce bien
de la demande d’un bien par rapport à la variation diminue. Pour des produits de luxe, l’élasticité-prix
du prix du bien. Pour les biens dits « normaux », est très faible : la demande est alors peu sensible à
cette élasticité-prix est négative : quand le prix du la variation du prix du bien.

65
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché

Dans l’analyse microéconomique néoclassique, la fonction de demande collective est


le simple agrégat des demandes individuelles, pour un niveau de prix donné. On peut
donc représenter la fonction de demande collective sur un marché, de la façon suivante
(fig. 4.2).

P (prix)

Q (quantité)

Figure 4.2.  Fonction de demande collective

D La formation de l’équilibre partiel


NOTRE CONSEIL Sur un marché en concurrence pure et parfaite, les prix sont flexibles et les agents éco-
nomiques prennent le prix comme une donnée pour maximiser leurs fonctions-objectif
N’oubliez pas que,
(utilité, pour le consommateur ; production, pour le producteur).
par convention,
le prix figure sur Grâce à la flexibilité des prix et à la loi de l’offre et de la demande, on aboutit à une
l’axe des ordonnées ; situation d’équilibre, telle que pour un niveau de prix donné (noté P*, le prix d’équilibre),
la quantité, sur celui l’offre de biens et de services est égale à la demande de biens et de services.
des abscisses.
Graphiquement, l’équilibre est le point d’intersection entre les courbes de demande et
d’offre (fig. 4.3).

P (prix)

D (demande) O (offre)

P* (prix d’équilibre) E (équilibre)

Q (quantité)
Q* (quantité d’équilibre)

Figure 4.3.  Équilibre partiel

66
Chapitre 4 Grands principes de l’économie de marché

Au point E, représentant l’équilibre de marché, l’offre est égale à la demande pour un


prix d’équilibre P*, et les caractéristiques suivantes sont remplies :
––tous les offreurs et demandeurs présents sur le marché, maximisent leur satisfaction,
c’est-à-dire que les producteurs maximisent leur production sous contrainte de coût
et les consommateurs maximisent leur satisfaction sous contrainte budgétaire ;
––toutes les ressources sont utilisées au mieux : il n’y a pas de gaspillage ;
––aucun agent économique n’a donc intérêt à dévier unilatéralement de cette situation
d’équilibre, qui constitue un optimum de Pareto.
Définition
Un optimum de Pareto est une situation économique à partir de laquelle on ne peut
améliorer la satisfaction de certains individus sans dégrader celle des autres.

E L’existence et la formation de l’équilibre général


Selon l’économiste français Walras, on peut étendre les raisonnements menés en équi-
libre partiel sur un marché particulier à l’ensemble des marchés concurrentiels, pour
prouver l’existence d’un système de prix relatifs correspondant à un équilibre général.
Pour décrire la formation de cet équilibre général, Walras introduit la figure fictive du Léon Walras
commissaire-priseur, qui affiche les prix pour que l’offre et la demande s’ajustent, par (1834-1910)
tâtonnement (ou itération). Économiste français,
professeur à l’université
Sur des marchés concurrentiels, la loi de l’offre et de la demande ainsi que la flexibilité des de Lausanne et
prix garantissent une allocation (répartition) optimale des ressources, au sens du socio- fondateur du courant
logue et économiste italien Pareto (1848-1923). Ce résultat est connu sous la dénomina- de pensée éponyme,
il théorise l’équilibre
tion « Premier théorème de l’économie du bien-être ». Cette efficacité allocative a permis général, fondement de
à l’économie de marché, de s’imposer comme le principal modèle d’organisation écono- l’école néoclassique.
mique et sociale, les alternatives ayant montré leurs limites sur cet aspect.

  EXERCICE 2 • EXERCICE 4

4  Les bienfaits attendus de la concurrence


et ses limites
La libéralisation de certains secteurs de l’économie (ex. : transport aérien, téléphonie,
énergie) témoigne des attentes des agents économiques en matière d’ouverture à la
concurrence. Pour les consommateurs, la concurrence est censée étendre les choix de
consommation pour un prix plus faible, améliorant ainsi leur bien-être.
Exemple
◗◗La libéralisation du transport de voyageurs en autocar a permis de réduire les prix prati-
qués par les compagnies de car, mais aussi par la SNCF, sur les transports régionaux. ◗

On constate aujourd’hui que les forces concurrentielles de certains marchés ont poussé
à la constitution d’un marché oligopolistique où quelques offreurs détiennent un pou-
voir de marché susceptible d’influencer la formation des prix.

67
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché

On a bien là un paradoxe de l’économie de marché et de la dynamique concurrentielle


sous-jacente : mus par leur objectif de maximisation du profit, les offreurs ont intérêt
à acquérir un pouvoir de marché, non seulement pour fixer un prix qui maximise leur
Friedrich Hayek profit, mais aussi pour créer les conditions de marché (ex. : imposition de normes
(1899-1992) techniques) pour rendre leur clientèle captive et bénéficier d’une rente de situation.
Économiste et
philosophe britannique Pour Schumpeter (1883-1950, économiste de l’école autrichienne), c’est bien la pers-
d’origine autrichienne, pective d’une rente de situation, et donc d’un pouvoir de marché, qui incite l’entrepre-
considéré comme un neur à innover et à se lancer dans une activité risquée.
théoricien social, il
est distingué en 1974, La dynamique concurrentielle, même sur un marché contestable (Baumol) est soumise
au côté de Myrdal, par à des phénomènes de pouvoir (Perroux, 1973) et participe donc à un processus de des-
le prix Nobel d’économie truction créatrice (  chapitre 11), qui justifie la régulation du marché par l’État (  cha-
pour l’analyse de
pitre 8), pour un usage efficace (tab. 4.2) de la concurrence (Hayek, 1946).
l’interdépendance
des phénomènes
Tableau 4.2.  Synthèse des bienfaits attendus de la concurrence et de ses limites
économiques, sociaux et
institutionnels.
Bienfaits attendus Limites
François Perroux Amélioration du bien-être Tous les biens et les services ne se prêtent pas à une
(1903-1987)
des consommateurs grâce à logique concurrentielle, ce qui peut justifier une autre
Économiste français
inspiré par Schumpeter, une pression à la baisse des forme de coordination des décisions individuelles
il développe une thèse prix et à un choix de produits en dehors du marché, par exemple, dans le cadre de
hétérodoxe centrée sur plus large l’économie sociale et solidaire.
les rapports de pouvoir.
Stimulation de l’innovation Risque d’apparition de marchés monopolistiques ou
William Baumol oligopolistiques. Ce risque est renforcé dans l’économie
(1922-2017) numérique, avec des phénomènes de type « the winner
Économiste américain, takes all » (le premier arrivé sur le marché, le pionnier,
il modélise le rôle verrouille les conditions d’entrée sur le marché et
des entrepreneurs
bénéficie d’une rente de situation).
dans la croissance
dans le cadre de la
Allocation optimale L’optimum de Pareto est un critère d’efficacité
théorie néoclassique et
théorise, avec Panzar des ­ressources économique et non de justice sociale.
et Willig, les marchés
contestables sur lesquels Garantie de la transparence Sans régulation, les forces du marché peuvent
la menace d’entrants du fonctionnement des conduire à une remise en cause de la libre concurrence,
potentiels modifie démocraties à l’initiative de groupes de pression par exemple.
le comportement
des entreprises déjà
implantées.   ÉTUDE DE DOCUMENT 5 • ÉTUDE DE DOCUMENT 6

68
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1  QCM
Parmi les propositions ci-après, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. La France, la Norvège et les États-Unis présentent :
a. des économies de marché. ∙
b. des économies mixtes. ∙
c. des économies socialistes. ∙
2. L’économie de marché est un mode :
a. centralisé d’organisation de la vie économique. ∙
b. décentralisé d’organisation de la vie économique. ∙
3. L’économie de marché ne peut être dissociée du :
a. libéralisme politique. ∙
b. libéralisme économique. ∙
4. Selon Smith, il faut laisser faire le marché car :
a. les individus sont altruistes et font prévaloir l’intérêt général 
sur leurs intérêts particuliers. ∙
b. les individus, en poursuivant leurs intérêts propres, contribuent 
inconsciemment à l’intérêt général. ∙
5. La microéconomie :
a. étudie les grandeurs globales comme la consommation nationale 
ou l’investissement. ∙
b. étudie les comportements individuels et leurs interactions. ∙
c. s’appuie sur l’individualisme méthodologique pour analyser les phénomènes 
économiques. ∙
6. Selon les auteurs néoclassiques, l’individu rationnel :
a. adopte des solutions optimales. ∙
b. adopte des solutions satisfaisantes. ∙
c. est capable de collecter et de traiter toute l’information 
dont il a besoin pour choisir. ∙
d. sait faire des calculs coûts/bénéfices. ∙
e. sait faire des choix cohérents. ∙
7. Sur un marché concurrentiel, quand l’offre est supérieure à la demande, les prix :
a. augmentent. ∙
b. diminuent. ∙
c. restent stables. ∙

69
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

2 Mots-croisés  ★★★
Complétez la grille à l’aide des définitions suivantes.
Horizontalement
1. Figure fictive introduite par Walras pour fixer un prix de marché tel que l’offre soit
égale à la demande.
3. Mécanisme qui permet d’aboutir à un prix d’équilibre par une confrontation itérative
entre l’offre et la demande.
6. En économie, synonyme de répartition.
8. a. Signal émis par le marché pour coordonner les décisions individuelles de consom-
mation et de production. b. Elle mesure la sensibilité de la demande d’un bien par rap-
port à la variation du prix de ce bien.
10. Situation de non-regret : aucun agent économique n’a intérêt à en dévier de façon
unilatérale.
12. Économiste d’origine autrichienne, auteur de La route de la servitude, paru en 1944.
Verticalement
B. Un néoclassique français dont les travaux ont porté sur les conditions d’existence
d’un équilibre général.
J. Hypothèse posée par les néoclassiques sur le comportement des individus.
P. Au sens de Pareto, il s’agit d’une situation à partir de laquelle on ne peut améliorer le
bien-être d’un individu sans dégrader celui d’un autre.

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R

10

11

12

70
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 Un socialisme de marché ? ★★★

Compétence attendue Identifier les caractéristiques d’une économie de marché

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
l’annexe.
1. Présentez les caractéristiques de l’organisation de la vie économique en Corée du Nord.
2. Identifiez les limites de ce mode d’organisation de la vie économique.
3. Citez des exemples de pays ayant adopté ce mode d’organisation de la vie économique.

La situation économique de la Corée du Nord, un secret bien gardé


Annexe

Depuis 2011 (date de l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un) des réformes écono-
miques sont enclenchées en Corée du Nord. À Pyongyang, la capitale, les gratte-ciels
sont devenus monnaie courante et de nombreux petits commerces de proximité et
autres restaurants emplissent les rues un temps exclusivement jalonnées d’entre-
prises d’État. « Une économie de marché est en train de se développer, à l’image de Sur les économies
en transition :
la Chine des années 1980 », résume Dorian Malovic, coauteur de La Corée du Nord
en 100  questions (Tallandier). Mais Pyongyang est loin d’avoir les mêmes ambi-
tions d’ouverture sur le monde que Pékin en son temps, aussi le régime ne s’embar-
rasse-t-il pas à faire montre de transparence.
Delphine Bernard-Bruls, www.lemonde.fr, 15 juin 2018 http://dunod.link/v6lqltb

4 Analyse d’un marché en équilibre partiel ★★★

Compétences attendues • Caractériser les différentes formes de concurrence


• Mettre en évidence les mécanismes de formation des prix
• Identifier le rôle des prix dans le comportement des
agents économiques et l’allocation des ressources

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à l’annexe.
1. Présentez les caractéristiques d’un marché en concurrence pure et parfaite.
2. Déterminez le prix d’équilibre de ce marché et la quantité échangée à ce prix.
3. Représentez les fonctions d’offre et de demande de beignets sur un graphique, ayant
pour abscisses les quantités, et, pour ordonnées, les prix. Vérifiez-en la forme.

71
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

4. Placez sur ce graphique le point d’équilibre, le prix et les quantités associées. Listez les
caractéristiques de l’équilibre obtenu.
5. On suppose que le prix affiché des beignets est 3 €. Placez sur le graphique les quantités
associées à ce prix, puis expliquez la réaction des offreurs et des demandeurs.
Le ministère de la Santé lance une campagne de sensibilisation incitant à ne pas
manger trop gras, trop salé et trop sucré.
6. Décrivez l’impact de cette campagne sur la demande de beignets et le prix d’équilibre.
Représentez-le graphiquement.

Le marché des beignets fourrés au chocolat


Annexe

On considère que le marché des beignets parfumés est un marché en concurrence


pure et parfaite, sur un territoire donné.

Demande de beignets Offre de beignets


Prix d’un beignet (euros)
(unités) (unités)

1,00 250 50

1,50 200 75

2,00 150 100

2,50 125 125

3,00 100 150

3,50 75 175

4,00 50 200

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

5 Étude de document : le marché du transport de voyageurs


par autocar ★★★ 45 mln

Compétences attendues • Étudier les bienfaits et les limites de la concurrence sur


un marché
• Caractériser les différentes formes de concurrence
En vous appuyant sur l’annexe et sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après.

72
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Travail à faire
1. Définissez le processus de libéralisation d’un marché.
2. Identifiez les deux principales caractéristiques du marché en concurrence pure et par-
faite sur lesquelles repose la libéralisation d’un marché. Justifiez votre réponse en vous
appuyant sur le marché du transport routier par autocar.
3. Présentez de façon structurée les bienfaits et les limites de la libéralisation du transport
routier par autocar en France.

La libéralisation du transport de voyageurs par autocar en 2017


Annexe

La loi n°  2015-990 du 6  août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des
chances économiques a libéralisé le transport régulier de voyageurs par autocar,
en instaurant toutefois un encadrement particulier pour les liaisons de moins de
100  kilomètres afin de préserver les services conventionnés d’impacts susceptibles
de compromettre leur équilibre économique. […]

Sur le marché du transport routier librement organisé


Aux côtés des trois opérateurs disposant d’un réseau national, sept opérateurs
« locaux » ont commercialisé, en 2017, des services routiers librement organisés,
dont trois (Actibus, DMA, Escapad’Kreol) sont arrivés sur le marché au cours du
3e  trimestre de l’année, en commercialisant des offres de type « navette » vers un
aéroport ou une gare TGV.
Avec environ 7,1 millions de voyageurs transportés en 2017, les services de transport
routier par autocar librement organisés enregistrent une fréquentation en hausse
de 14,5 % par rapport à l’année précédente. Pour chacun des trimestres de l’année
2017, la demande a été supérieure à celle du même trimestre de l’année 2016. […]
Depuis la libéralisation du marché en août  2015, la structure de la demande a
considérablement évolué. En effet, en 2017, les liaisons radiales (ayant pour origine
ou pour destination Paris) ne représentent plus que la moitié de la fréquentation,
alors qu’elles représentaient 71 % des passagers en 2015. Cette évolution s’explique
notamment par le fort développement de la demande sur les liaisons intrarégio-
nales qui représentent 22 % des passagers en 2017.
Les résultats de l’enquête de terrain menée en 2017 par l’Autorité auprès des voyageurs
confirment un taux d’induction de 17 %, permettant d’estimer à 1,2 million le nombre
de déplacements qui n’auraient pas été effectués sans cette offre de mobilité. […]
Extrait du rapport de l’ARAFER, exercice 2017, www.arafer.fr

« Cars Macron » : pas encore rentables


Un peu mieux remplis, générant un peu plus de recettes, mais toujours loin d’être
bénéficiaires, voilà le résultat des « cars Macron » l’année dernière. […] Les recettes
des « cars Macron » sont toujours insuffisantes. Même si elles progressent, elles n’ont
couvert l’an dernier que 49 % des coûts d’exploitation (contre 34 % en 2016). Pour les

73
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

opérateurs, l’enjeu consiste à la fois à mieux remplir les bus et à augmenter les prix.
Mais malgré les parts de marché prises au covoiturage, aux TER et aux TGV, les bus
libéralisés restent loin du compte, sans certitude de trouver un jour une place suffi-
sante entre tous ces concurrents.
Extrait d’Alternatives économiques, n° 382, septembre 2018

6 Étude de document : les limites de la logique 60 mln


concurrentielle ★★★

Compétences attendues • Identifier les caractéristiques d’une économie de marché


• Étudier les bienfaits attendus et les limites de la concur-
rence sur un marché

En vous appuyant sur l’annexe et sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après.

Travail à faire
1. Définissez le libéralisme économique en y associant des auteurs de référence, une
période et des concepts-clés.
2. Expliquez en quoi les travaux de Nordhaus et de Romer en économie de l’environne-
ment reposent sur une « vision libérale » de la vie économique et sociale.
3. Présentez de façon structurée les limites de ce type d’approche.

Le marché peut-il sauver le climat ? Oui, selon les « Prix Nobel » d’économie
Annexe

La vision des deux lauréats, Nordhaus et Romer, tranche singulièrement avec les
conclusions du Giec sur le réchauffement planétaire.
Lundi 8 octobre 2018, le prix de la Banque de Suède en l’honneur d’Alfred Nobel, est
décerné à William D. Nordhaus, pour ses travaux en économie de l’environnement
et des choix publics, et à Paul Romer, spécialiste des cycles économiques face aux
dérèglements climatiques.
Les membres de l’Académie royale de Suède ont voulu récompenser des spécia-
listes de l’économie de l’environnement, face à la problématique du dérèglement
climatique, afin de souligner l’urgence de la situation, comme cela a largement
été souligné pendant la conférence. Au cours de leurs carrières respectives, les deux
économistes américains n’ont eu de cesse de pointer l’aspect adaptatif de l’économie
de marché et sa possibilité de se réinventer face aux nouveaux aléas mondiaux.

Une vision libérale


D’après les deux lauréats, c’est à travers la maximisation des intérêts particuliers,
les choix rationnels des individus, la capacité d’adaptation continue et la force des
connaissances et du progrès technique que la société sera capable de faire face à la

74
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

crise environnementale. Autrement dit : il ne faut pas perdre espoir, malgré l’ur-
gence. C’est toute la philosophie et la marque du « Prix Nobel » d’économie : il
récompense une vision particulière du monde, celle du marché et du libéralisme,
pour qui, par les choix raisonnés et conscients des individus qui cherchent à satis-
faire leurs intérêts particuliers, on aboutira au meilleur des mondes possibles.
Ici, la doctrine de Nordhaus et Romer est facile à comprendre : les ressources natu-
relles ne sont pas disponibles en quantité illimitée, contrairement à ce que pouvaient
admettre les économistes du siècle dernier. Il y a une déperdition continue, due à la
fois à la quête effrénée de croissance et aux intérêts particuliers contraires à l’intérêt
général, notamment politiques, lors des échéances électorales.
Il conviendrait alors de marquer une valeur monétaire aux biens naturels et de ratio-
naliser les comportements afin d’éviter des déséquilibres. Si les ressources venaient à
disparaître ; les prix exploseraient et les agents optimisateurs chercheraient un subs-
titut à prix plus faible, à s’adapter et à modifier leur capacité de production et leur
consommation, notamment via le progrès technique. […] L’idéal serait donc de favo-
riser la monétisation et la marchandisation des ressources naturelles et de la connais-
sance, afin de soutenir leur rationnement réfléchi, grâce à l’indicateur du prix et une
optimisation des choix individuels. »
Extrait de l’article de Pierre Rondeau, www.slate.fr, 8 juin 2018

75
SYNTHÈSE
Grands principes de l’économie de marché

L’économie de marché, principal modèle d’organisation de la vie écono-


mique et sociale

Cadre normatif
Caractéristiques de la concurrence

Référence : marché en concurrence


Liberté d’entreprendre
pure et parfaite

Décentralisation des décisions


économiques Principe : loi de l’offre
(que produire, comment et de la demande + flexibilité des prix
et dans quel volume ?) = allocation optimale des ressources
(efficacité allocative)

Intervention de l’État
Principe : le laisser-faire
plus ou moins forte
(libéralisme économique)
(économie mixte)

Les critiques adressées à l’économie de marché


Malgré les bienfaits attendus de la concurrence (amélioration du bien-être des
consommateurs, stimulation de l’innovation, etc.), la dynamique concurrentielle
présente des limites :
••Les liens sociaux ne se réduisent pas tous à des liens marchands, d’où le dévelop-
pement de l’économie sociale et solidaire,
••Les forces du marché peuvent conduire à sa propre destruction car les acteurs du
marché cherchent à conforter leur pouvoir de marché.
D’où la complémentarité entre État et marché.

76
CHAPITRE
5 Complémentarité
entre État et marché
PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Repérer les différentes structures • Fonctionnement des marchés
de marché de concurrence imparfaite et comportement des acteurs
• Analyser les comportements des acteurs en concurrence imparfaite
et leurs répercussions sur l’équilibre • Régulation de la concurrence
d’un marché déterminé en concurrence dansle cadre national et européen
imparfaite • Biens collectifs et externalités :
• Identifier les organes chargés caractéristiques et conséquences
de la régulation de la concurrence (Marshall, Pigou, Coase)
et les mesures contribuant au maintien
de la concurrence
• Repérer des cas d’externalités
et de biens collectifs, en appréhender
les conséquences
• Identifier des dispositifs permettant
de répondre aux défaillances du marché

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Le fonctionnement des marchés en concurrence imparfaite •
2. Les défaillances du marché face aux externalités • 3. Les défaillances du marché
face aux biens collectifs • 4. L’asymétrie de l’information sur un marché
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

S elon les auteurs classiques et néoclassiques, il faut « laisser faire le marché », or le


marché ne peut pas tout puisque tous les échanges entre individus ne répondent pas
uniquement à une logique marchande et que les mécanismes de marché peuvent être
défaillants. Les défaillances du marché ainsi que ses imperfections justifient l’interven-
tion de l’État.
MOTS-CLÉS
Asymétrie informationnelle • Bien collectif • Bien public mondial • Concurrence imparfaite •
Concurrence pure et parfaite • Défaillance du marché • Externalité • Marché contestable •
Monopole • Oligopole • Pouvoir de marché • Théorie des jeux
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché

1  Le fonctionnement des marchés en concurrence


imparfaite
Définition
La concurrence est dite imparfaite dès lors que l’une des caractéristiques d’un mar-
ché en concurrence pure et parfaite (  chapitre 4) n’est pas respectée.

Les monopole et oligopole sont deux structures de marché en concurrence imparfaite :


l’atomicité des acteurs et la libre entrée et sortie ne sont pas respectées.

A Le monopole
Définition
Le monopole est une situation de marché où une seule entreprise produit un bien
ou un service, sans substitut proche (ex. : Enedis pour la gestion du réseau électrique
français), et répond à la demande de l’ensemble du marché.

1. Les formes de monopole


Il existe différentes formes de monopoles (tab. 5.1).

Tableau 5.1.  Du monopole naturel au monopole légal

Il apparaît quand la taille du marché et les conditions techniques


de l’activité (coûts fixes élevés, rendements d’échelle croissants)
Monopole naturel
empêchent plusieurs offreurs d’être rentables dans le long
Alfred Marshall terme.
(1842-1924)
Économiste britannique, Il résulte de la détention d’un brevet par une entreprise,
l’un des pères fondateurs Monopole
qui bénéficie d’un monopole temporaire pour exploiter
de l’école néoclassique, d’innovation
Marshall a réconcilié son innovation.
les interprétations
divergentes de Monopole légal Il est imposé par l’État au nom de l’ordre public.
la valeur de Smith et
Walras en introduisant Pour Marshall, la dynamique capitaliste pousse inexorablement les entreprises à passer
les notions de temps et d’un marché concurrentiel à une situation de monopole. En augmentant leur taille, elles
d’utilité. Contrairement
à Walras, il privilégie une
bénéficient de rendements d’échelle croissants et donc d’économies d’échelle (elles
approche en équilibre répartissent leurs coûts fixes sur une quantité produite plus importante, diminuant ainsi
partiel. Conscient des le coût moyen de production). Selon Marshall, le monopole n’est cependant pas efficace
possibles défaillances économiquement.
du marché, il lève
progressivement, dans Exemple
son analyse, certaines
des hypothèses de ◗◗ La Commission européenne a interdit en 2019 le rapprochement Alstom-Siemens, esti-
concurrence pure et mant que cette concentration d’entreprises – quasi-monopole – nuirait à la concurrence
parfaite. et aux consommateurs, conformément au règlement européen de 2004. ◗

78
Chapitre 5 Complémentarité entre État et marché

2. La détermination du prix et de la quantité de la production,


par le monopole
L’entreprise en situation de monopole dispose d’un pouvoir de marché : elle ne prend
plus le prix comme une donnée (  chapitre 4) mais « fait » le prix. Elle fixe donc le prix
qui maximise son profit, en tenant compte de la réaction de la demande. L’entreprise en
situation de monopole a donc intérêt à produire tant que l’unité supplémentaire fabri-
quée lui rapporte plus qu’elle ne lui coûte, c’est-à-dire tant que sa recette marginale est
supérieure à son coût marginal.
Graphiquement, le point d’équilibre du monopole correspond au point d’intersection entre
la droite de recette marginale et la courbe de coût marginal (fig. 5.1), qui permet de déter-
miner la quantité optimale à produire. Cette quantité peut être associée à un prix d’équi-
libre obtenu grâce à la droite de recette moyenne (fonction de demande inversée).
P (prix)
Cm (coût marginal)

CM (coût moyen)

P monopole

RM (recette moyenne) = Demande


Rm (recette marginale)
Q (quantité)
Q monopole

Figure 5.1.  Fixation du prix et de la quantité produite par le monopole

En situation de monopole, la quantité produite diminue par rapport à la situation de


concurrence pure et parfaite, et le prix est également plus élevé. Le bien-être du mono-
poleur s’améliore mais celui des consommateurs se détériore. On observe aussi une
détérioration globale du bien-être des acteurs (perte sèche), qui justifie l’intervention
de l’État pour réguler le marché.

B L’oligopole
Définition
L’oligopole est une structure de marché qui se caractérise par la présence de quelques
offreurs, face à de nombreux demandeurs (ex. : marché mondial du pétrole).

79
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché

1. L’importance de l’interaction stratégique sur un marché


oligopolistique
Sur la théorie des jeux Sur un marché oligopolistique, les acteurs sont faiseurs de prix, dans la limite des réac-
et l’émergence tions des autres offreurs. Pour analyser cette interaction stratégique entre acteurs, les
de la confiance :
économistes ont recours à la théorie des jeux, et notamment au dilemme du prisonnier.
Dans ce jeu, deux acteurs rationnels ayant commis un délit ont le choix de se taire ou
de dénoncer leur complice. Les issues possibles du jeu sont représentées sous la forme
d’une matrice de gains (années d’emprisonnement). Chaque joueur élabore sa stratégie
http://dunod.link/n9qjjzg en fonction de celle de l’autre, chacun sachant que l’autre sait qu’il sait (hypothèse de
connaissance commune ou common knowledge).
La rationalité des joueurs les conduit à adopter la solution dite non coopérative, équi-
libre de Nash (non-regret, chacun ayant adopté la meilleure stratégie compte tenu de
l’autre), non optimale : chaque joueur dénonce l’autre. La solution coopérative repré-
sente un optimum de Pareto (  chapitre 4). Lorsque le jeu est répété à l’infini, les
joueurs ont intérêt à coopérer tant que l’un d’eux ne dévie pas.
2. L’instabilité de l’oligopole
Transposé à l’analyse d’un marché oligopolistique avec deux offreurs (un duopole), le
jeu du dilemme du prisonnier révèle que, dans le temps, l’oligopole est une structure de
marché marquée par une forte instabilité. Les acteurs ont intérêt soit à coopérer (entente
sur les prix ou les quantités à produire), soit à ne pas coopérer (guerre ­commerciale).
Exemple
◗◗ En 2005, le Conseil de la concurrence a sanctionné trois opérateurs de téléphonie mobile
– Orange France, SFR et Bouygues Telecom – pour avoir mis en œuvre des pratiques
d’échange d’information sur les clients et des pratiques d’entente sur les parts de marché
portant atteinte au jeu de la concurrence sur le marché. ◗

Cette instabilité est inefficace économiquement et justifie l’intervention de l’État pour


réguler le marché (  chapitre 9).

C La concurrence monopolistique
Définition
La concurrence monopolistique, forme de concurrence imparfaite, est une structure
de marché caractérisée par la présence de nombreux offreurs qui, grâce à leur stra-
tégie de différenciation, proposent un produit que les acheteurs considèrent comme
unique.

La stratégie de différenciation confère aux offreurs un pouvoir de marché sur leur segment.
Ils peuvent se comporter comme un monopole et fixer un prix supérieur au coût marginal.
Exemple
◗◗Sur le marché du café, Nespresso, qui commercialise des machines et capsules dédiées, a
mené une stratégie de différenciation dans sa forme la plus aboutie, puisque tout le mar-
keting-mix a été conçu pour rendre la clientèle captive. ◗

80
Chapitre 5 Complémentarité entre État et marché

1. Les formes de différenciation


On distingue trois formes de différenciation dans la théorie économique :
––la différenciation objective porte sur les caractéristiques techniques du produit, son
design ;
––la différenciation subjective porte sur la notoriété de la marque, les effets de mode ; Sur la concurrence
––la différenciation de l’environnement du produit porte sur les services associés au pro- monopolistique
(Chamberlin) :
duit (SAV, livraison, etc.).
2. Le fonctionnement d’un marché en concurrence monopolistique
À court terme, sur un marché en concurrence monopolistique, les entreprises qui dis-
posent d’un pouvoir de marché sur leur segment fixent un prix supérieur au coût margi- http://dunod.link/jjaecn7
nal, et se comportent comme un monopole.
À long terme, l’imitation par les autres entreprises du facteur de différenciation conduit
les entreprises à fixer un prix égal au coût marginal, comme en concurrence pure et
parfaite.
Exemple
◗◗ La marque Nespresso doit aujourd’hui composer avec de nouveaux concurrents sur le
marché du café en capsules, depuis que sa technologie est tombée dans le domaine public.
Ces concurrents, plus compétitifs en termes de prix, proposent des capsules compatibles
avec les machines de la marque. ◗

D La régulation des marchés en concurrence imparfaite


par l’État
1. Les intérêts et limites des mesures prises par l’État pour réguler
les marchés
L’État dispose de différents moyens de régulation en concurrence imparfaite : il peut
interdire certaines structures de marché, décider de nationaliser une entreprise en situa-
tion de monopole ou encore réglementer la tarification pratiquée par les acteurs du
marché. Mais l’intervention de l’État sur ces marchés ne garantit pas pour autant une
allocation optimale des ressources. Pour atteindre cet objectif, l’État doit assurer la
contestabilité des mêmes marchés.
2. La contestabilité des marchés
Selon la théorie des marchés contestables (Baumol, Willig, Panzar, 1982), l’intensité concur-
rentielle d’un marché et le comportement des entreprises ne sont pas tant déterminés par
le nombre d’acteurs en présence que par la possibilité des firmes d’entrer sur le marché et de
contester la position acquise (ex. : coût d’une licence, accès à des infrastructures.).
Définition
Un marché est dit contestable quand il garantit aux acteurs la libre entrée et la libre sor-
tie. Les firmes se comportent alors comme en situation de concurrence pure et parfaite.

La régulation par l’État a alors pour objectif de garantir le caractère contestable des marchés.

81
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché

3. La prévention/sanction des pratiques anticoncurrentielles


Missions de l’Autorité En France, l’Autorité de la concurrence est une autorité administrative indépendante (AAI)
de la concurrence : qui veille au caractère concurrentiel des marchés (liberté d’accès, liberté de fixation des prix,
absence d’abus de position dominante) pour garantir l’ordre public économique.
Au sein de l’UE, la politique de la concurrence relève de la compétence de la Commis-
sion européenne qui doit garantir sur le marché européen une concurrence libre et non
http://dunod.link/
bexkfgf
faussée (  chapitre 10).

  EXERCICE 2 • EXERCICE 3 • EXERCICE 4

2  Les défaillances du marché face aux externalités


L’externalité peut être positive ou négative (  chapitre 3) et intervenir aussi bien dans
la production que dans la consommation (tab. 5.2).

Tableau 5.2.  Exemples d’externalités

Externalité de production Externalité de consommation

Présence d’un apiculteur à proximité •• Embellissement des façades


Externalité positive d’un arboriculteur (Meade, 1952) et des extérieurs d’une maison
•• Vaccination

Pollution de l’eau en Inde par l’industrie •• Nuisances sonores par le voisinage


Externalité négative
pharmaceutique •• Fumer à proximité d’autres personnes

A Une allocation non optimale des ressources


En présence d’externalités, les mécanismes de marché ne permettent pas l’allocation opti-
male des ressources. L’absence de prix des effets externes conduit à « trop d’externalités
négatives » et à « pas suffisamment d’externalités positives ». En d’autres termes, le mar-
ché ne récompense pas les agents à l’origine d’effets externes positifs, et ne sanctionne pas
les autres, créant une distorsion entre le gain ou le coût social, et le gain ou le coût privé.

B L’internalisation des externalités


L’internalisation des externalités repose sur la prise en compte, dans les décisions éco-
nomiques (  chapitre 9), des conséquences sur le bien-être des autres agents. Elle peut
résulter d’une coordination entre les agents économiques concernés, mais assortie d’un
risque de comportement de passager clandestin (ou cavalier solitaire). Seule une tierce
instance peut intervenir pour imposer une solution : l’État (fig. 5.2).

82
Chapitre 5 Complémentarité entre État et marché

Réglementation : Fiscalité :
interdiction des activités génératrices politique inspirée de l’économiste britannique
d’externalités négatives au nom de l’intérêt Pigou encourageant les externalités positives Arthur Cecil Pigou
général (ex. : prohibition de la cigarette et sanctionnant les externalités négatives (1877-1959)
dans les lieux publics) (taxes) (ex. : taxe sur le Diesel)
Économiste britannique
classique, élève
de Marshall et
Création d’un marché : contemporain de
Quotas : Keynes, il est connu
allouer des titres puis laisser les acteurs
limitation de la production de certains échanger librement leur droit de propriété pour ses apports à
produits ou de certaines activités (théorème de l’économiste britannique Coase ) la théorie du bien-
générant des externalités négatives (ex. : protocole de Kyoto et permis être : les activités à
(ex. : quotas sur la pêche) d’émission de GES) l’origine d’externalités
positives doivent être
subventionnées, alors
Figure 5.2.  Dispositifs d’internalisation des externalités que celles génératrices
d’externalités négatives
Les actions correctives de l’État présentent néanmoins des limites (tab. 5.3). doivent être taxées.

Tableau 5.3.  Limites de l’intervention de l’État en matière d’externalités L’école du Public


Choice est un
•• Pour l’école du Public Choice (Buchanan, Tullock), l’État courant néolibéral
des années 1970
est partisan et ne garantit pas l’intérêt général (tentation
appliquant une analyse
Réglementation électoraliste). microéconomique aux
•• L’intervention de l’État crée une distorsion dans l’allocation des décisions politiques.
ressources.
Ronald Coase
•• L’État ne peut se substituer aux mécanismes de marché et fixer (1910-2013)
une taxe ou une subvention garantissant une allocation optimale Économiste
des ressources. britannique, fondateur
de la théorie des coûts
•• La détermination de la source des externalités négatives est parfois
Fiscalité transactionnels,
difficile (ex. : pollution) d’où l’impossibilité de savoir qui taxer. prix Nobel en 1991,
•• La fixation d’un taux d’imposition ou d’une assiette fiscale suppose il a contribué à
l’évaluation par l’État de la quantité optimale d’effets externes l’émergence d’une
nouvelle branche de
négatifs ou positifs. l’économie, l’économie
des institutions.
•• Il est difficile de déterminer le montant des quotas à allouer. Il a également contesté
Mise en place
•• L’État introduit une distorsion dans l’allocation des ressources, les travaux de Pigou sur
de quotas
qui n’est pas optimale. la taxation d’activités à
l’origine d’externalités
•• L’État est mobilisé par la création du marché. négatives, en montrant
qu’une allocation
•• L’approche de Coase est contestée par Ostrom, économiste
optimale des ressources
Création américaine spécialiste de la gouvernance des biens communs : elle pourrait être obtenue
d’un marché montre qu’il existe des formes d’autogouvernance qui, en fixant des grâce à une libre
règles formelles ou informelles de régulation des comportements, négociation (sans coûts
permettent d’en internaliser les effets externes. de transaction) entre
les agents économiques
affectés par ces effets
  ÉTUDE DE DOCUMENTS 5 externes.

83
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché

3  Les biens collectifs et l’inefficacité du marché


Les biens collectifs revêtent deux caractéristiques particulières :
––ils peuvent être consommés simultanément par plusieurs individus sans que leur bien-
être ou les caractéristiques du bien ne soient altérés (non-rivalité) ;
––on ne peut exclure de la consommation du bien les agents économiques non disposés
à payer (non-exclusion).

A Une typologie des biens collectifs


Il est possible de dresser une typologie des biens collectifs (tab. 5.4).

Tableau 5.4.  Biens collectifs purs et impurs

NOTRE CONSEIL Non-exclusion Exclusion


Distinguez biens
Biens collectifs purs (services non Biens de club
collectif et privatif,
d’un côté ; biens Non-rivalité marchands, avec obligation d’usage : (ex. : TV cryptée, autoroutes
public et privé, défense nationale, éclairage public, etc.) à péage)
de l’autre. Les
premiers mettent en
Rivalité Biens communs (ex. : océans) Biens privatifs
avant des propriétés
particulières alors Cette typologie peut être complétée par les biens publics mondiaux. La production de
que les seconds sont ces biens ne répond pas à une logique marchande, mais elle est indispensable au bien-
liés au financement être mondial.
de la production
(acteurs privés ou Exemple
publics). ◗◗Le climat, l’eau potable, les terres cultivables ou encore la biodiversité constituent non
seulement des biens collectifs mais aussi des biens publics mondiaux. ◗

Quelle qu’en soit l’échelle, la production de biens collectifs se heurte au phénomène du


passager clandestin.

FOCUS Le comportement de passager clandestin (free-rider)


En sciences sociales, le comportement de passager moitié du 20e  siècle, a modélisé ce comportement
clandestin est l’attitude de tout individu qui profite opportuniste, en prenant l’exemple du syndicalisme :
d’un avantage sans avoir contribué à celui-ci. Olson un salarié peut bénéficier de l’action des syndicats
(1965), socio-économiste américain de la seconde sans avoir cotisé ou sans engagement.

B L’impuissance du marché face aux biens collectifs


Les agents économiques rationnels (et les États-nations, lorsqu’il est question de biens
publics mondiaux) ont intérêt à consommer ces biens, mais sans participer à leur finan-
cement. Étendu à l’ensemble des acteurs économiques, ce comportement de passager
clandestin participe à une allocation non optimale des ressources. Le bien collectif n’est
pas financé, donc non produit, alors que sa production aurait contribué à l’amélioration
du bien-être général.

84
Chapitre 5 Complémentarité entre État et marché

Exemple
◗◗ L’éclairage des rues dans un lotissement est un bien collectif : les habitants du lotissement
peuvent tous en profiter, sans que cela n’altère les caractéristiques du bien ni dégrade le
bien-être des autres habitants. Si le financement de cet éclairage devait être assuré par
chaque habitant du lotissement en fonction des préférences associées à l’usage du bien,
l’éclairage ne pourrait pas être financé car chaque habitant aurait intérêt à sous-estimer
son appréciation, afin de moins contribuer mais de profiter du bien. ◗

Au niveau national, l’État, en usant de son pouvoir coercitif, peut imposer une solu-
tion à ce problème de coordination entre les agents économiques. Le financement de
la production du bien collectif est alors réalisé grâce aux impôts prélevés par les pou-
voirs publics. Les agents économiques contribuent alors en fonction de leurs capacités
et non plus en fonction de leurs besoins. Cette situation n’est pas optimale au sens de
Pareto (  chapitre 4), car des agents économiques ayant des appréciations différentes
de l’usage du bien collectif sont soumis à des taxes identiques.
Exemple
◗◗ L’éclairage public relève de la compétence des collectivités territoriales, qui le financent
par le biais des recettes fiscales. Ce financement public via les impôts et des taxes versés
par les contribuables permet à chaque habitant de profiter du bien collectif, quelle qu’en
soit son appréciation. ◗

Au niveau international, la production de biens publics mondiaux nécessite une


coopération internationale, entre les nations, alors que celles-ci peuvent également
être tentées d’adopter un comportement de passager clandestin.
Exemple
◗◗ L’annonce du président américain, Donald Trump, en juin 2017 portant sur le retrait des
États-Unis de l’accord de Paris révèle la stratégie de passager clandestin adoptée par ce
pays : les États-Unis ne participeront pas à l’effort de réduction des émissions de gaz à
effet de serre, mais profiteront des efforts engagés par les pays signataires de l’accord. ◗

4  L’asymétrie de l’information sur un marché

A Les risques associés à l’asymétrie informationnelle


Définition
L’asymétrie informationnelle apparaît dans le cadre d’un échange marchand ou non
marchand, dès lors qu’une des parties à l’échange ne dispose pas de la même infor-
mation que l’autre partie sur l’objet de l’échange.

Dans ce contexte, l’information n’est plus transparente. Les parties à l’échange sont
confrontées à :
––un risque précontractuel de sélection adverse (ou antisélection, selon Akerlof) ;
––un risque post-contractuel d’aléa moral (il apparaît une fois le contrat conclu).

85
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché

Sur un marché, ces risques se manifestent quand le prix ne joue plus son rôle de signal
et ne permet plus de coordonner efficacement les décisions individuelles. Par manque
de transparence informationnelle, les transactions peuvent ne pas aboutir, alors qu’elles
auraient été bénéfiques aux deux parties.
Exemple
◗◗ Le recrutement est caractérisé par une asymétrie informationnelle entre l’employeur et
le candidat. Ce dernier connaît ses compétences réelles, sa capacité à fournir un effort de
travail. L’entretien permet à l’employeur d’obtenir l’information manquante, pour éviter
de sélectionner le mauvais profil pour le poste (risque de sélection adverse). ◗

B Les dispositifs mis en place par l’État pour y remédier


Les asymétries informationnelles révèlent l’importance du cadre juridique dans lequel
s’inscrivent les relations marchandes, et notamment l’importance des contrats et de
leur caractère complet pour limiter l’incertitude. Les dispositifs mis en place par l’État
peuvent être complétés par des conventions établies par les acteurs eux-mêmes.
Exemple
◗◗ Les pratiques de recrutement des entreprises sont contingentes : elles dépendent du sec-
teur d’activité, de la culture d’entreprise et de son attractivité. De même, certaines entre-
prises mettent en place une rémunération attractive pour fidéliser les salariés, et les inci-
ter à fournir un effort particulier. ◗

Une économie ne peut fonctionner sans confiance entre les agents économiques.

 ÉTUDE DE DOCUMENTS 5

86
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
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les savoirs les compétences l’épreuve

1  QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. Le marché mondial du pétrole est :
a. un monopole. ∙ c. un marché en concurrence
b. un oligopole. ∙ pure et parfaite. ∙
2. En France, les fournisseurs de gaz naturel évoluent sur un marché :
a. monopolistique. ∙ c. en concurrence pure et parfaite. ∙
b. oligopolistique. ∙
3. Sur un marché en concurrence imparfaite, le bien-être des consommateurs :
a. s’améliore par rapport à une situation de concurrence pure et parfaite. ∙
b. se détériore par rapport à une situation de concurrence pure et parfaite. ∙
c. ne change pas. ∙
4. La contestabilité d’un marché s’apprécie en fonction :
a. du nombre de concurrents directs présents. ∙
b. de la menace crédible d’entrants potentiels sur le marché susceptibles
de contester la position concurrentielle des acteurs en présence. ∙
c. des deux précédents critères réunis. ∙
5. Pour corriger les défaillances de marché, le théorème de Coase :
a. justifie l’action de l’État. ∙ c. justifie l’action d’acteurs privés. ∙
b. ne justifie pas l’action de l’État. ∙
6. Pour Ostrom, la gestion durable des ressources communes relève :
a. des mécanismes de marché. ∙
b. de l’État. ∙
c. de normes établies par des communautés dans le cadre
d’une autogouvernance. ∙
7. Pour Pigou, les activités à l’origine d’externalités négatives doivent faire l’objet :
a. d’une taxation. ∙ c. d’une liberté totale. ∙
b. d’une subvention. ∙
8. Pour Marshall, les rendements d’échelle croissants de certaines activités :
a. stimulent la concurrence sur le marché. ∙
b. conduisent à la formation de monopoles sur le marché. ∙
c. conduisent à la formation d’oligopoles sur le marché. ∙

87
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

2 L’analyse économique en pratique ★★★


Pour chaque concept économique, trouvez un exemple pour l’illustrer. Veillez à être précis
dans vos exemples.

Concepts économiques Exemple


Marché monopolistique
Marché oligopolistique
Marché en concurrence monopolistique
Bien collectif pur
Bien commun
Externalité positive de production
Externalité négative de production
Externalité négative de consommation
Externalité positive de consommation

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les savoirs les compétences l’épreuve

3 La dynamique des marchés en concurrence imparfaite◗★★★

Compétences attendues • Repérer les différentes structures de marché de concur-


rence imparfaite
• Analyser les comportements des acteurs et leurs réper-
cussions sur l’équilibre d’un marché déterminé en concur-
rence imparfaite

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions suivantes portant sur
l’annexe.
1. Identifiez le marché de référence de Tesla.
2. Identifiez la structure de ce marché, en justifiant votre réponse.
3. Présentez la stratégie mise en œuvre par Tesla, et les risques associés à cette stratégie.
4. Expliquez l’évolution à moyen-long terme de ce type de marché, en mettant en avant les
éléments relatifs à l’intensité concurrentielle et aux prix pratiqués par les acteurs du marché.

88
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Tesla, la course contre la montre


Annexe

[…] Tesla est en pleine course contre la montre. Ses responsables veulent prouver
au monde que l’électrique est une alternative de masse aux véhicules thermiques.
Pour cela, il faut transformer la marque chérie des millionnaires écolo, qui produit
notamment le modèle  S, une voiture à 80 000  dollars (environ 68 000  euros), en
un label milieu de gamme capable de séduire les pères de famille. […] 2018 est
une année charnière : Tesla doit impérativement augmenter sa production pour
répondre à la demande. Car c’est un fait, la jeune marque automobile a la cote :
en lançant en fin d’année dernière, son nouveau Model  3 « familial » (envi-
ron 50 000  dollars avec les options de base), Tesla a reçu 450 000 commandes, a
annoncé Elon Musk en personne. […] Tesla roule à fond de train parce que le temps
presse. Depuis deux ans, les acteurs du marché automobile mondial se sont réveil-
lés. Ils comprennent désormais que la voiture « verte » (100 % électrique comme
Tesla, ou hybride à recharger sur une borne) a un énorme potentiel. […] Les
motorisations électriques pourraient représenter 30 % du marché en 2030 (contre
1 % aujourd’hui). En 2016, Musk affirmait pouvoir vendre 1  million de Tesla sur
l’année 2020, mais c’était avant que les concurrents chinois ne débarquent en
masse ou que les Européens se convertissent. […] Le très conservateur Audi vient
de présenter en avant-première mondiale… à quelques kilomètres des bureaux
de Tesla, son premier SUV de luxe entièrement électrique, le « e-tron », concur-
rent des Model S et X. Jaguar, Porsche, Volkswagen, PSA, tout le monde prépare sa
berline électrique de luxe ou des petits modèles pratiques pour rouler en ville. […]
Extrait de l’article de Benoist Simmat, Pour l’éco n° 3, novembre 2018

4 L’Autorité de la concurrence◗★★★

Compétence attendue Identifier les organes chargés de la régulation de la concur-


rence et les mesures contribuant au maintien de la concurrence

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions suivantes portant sur
l’annexe.
1. Après avoir présenté la mission principale de l’Autorité de la concurrence ainsi que ses
compétences, vous vous référerez aux théories économiques pour justifier les actions de
cette autorité administrative indépendante.
2. Après avoir défini les opérations de concentration, vous expliquerez les risques associés
à ce type d’opération sur la structure des marchés.
3. Définissez et illustrez par des exemples d’actualité les ententes, abus de position domi-
nante et pratiques de prix abusifs.

89
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

L’Autorité de la concurrence
Annexe L’Autorité de la concurrence est une autorité administrative indépendante, spécia-
lisée dans l’analyse et la régulation du fonctionnement de la concurrence sur les
marchés, pour la sauvegarde de l’ordre public économique.
Organisme administratif né en 2009 de la transformation du Conseil de la concur-
rence, l’Autorité de la concurrence agit au nom de l’État, sans pour autant relever
de l’autorité du Gouvernement dans l’exercice de ses pouvoirs. Elle intervient soit
après avoir été saisie par un plaignant, soit après s’être autosaisie. Les décisions
qu’elle rend en matière de pratiques anticoncurrentielles sont soumises au contrôle
de la cour d’appel de Paris. Ses décisions en matière de concentrations relèvent du
contrôle du Conseil d’État.
L’instruction est menée en toute indépendance par les services d’instruction, placés sous
la direction du rapporteur général. Au terme d’une procédure contradictoire, les affaires
sont examinées par le collège de l’Autorité, qui, dans la plupart des cas, siège en section.
L’Autorité de la concurrence est compétente pour appliquer les législations natio-
nale et communautaire.
L’Autorité de la concurrence détient le pouvoir de prononcer des injonctions, d’infliger
des sanctions pécuniaires, d’accepter des engagements et d’accorder le bénéfice de la
clémence à certaines entreprises qui coopèrent en aidant à détecter ou à constater
l’existence d’ententes. Elle réprime les ententes, les abus de position dominante et
les prix abusivement bas. Par ailleurs, elle peut être amenée à rendre, par sa propre
initiative, des avis sur diverses questions de concurrence. Sa composition, son organi-
sation, et les modalités de sa saisine garantissent son efficacité et son indépendance.
Extrait du site www.autoritedelaconcurrence.fr

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les savoirs les compétences l’épreuve

5 Étude de documents : les défaillances de marché ★★★ 45 mln

Compétences attendues • Repérer des cas d’externalités et de biens collectifs, en


appréhender les conséquences
• Identifier des dispositifs permettant de répondre aux
défaillances de marché

Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions
MÉTHODE 1 ci-après.

90
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Travail à faire
1. Après avoir défini une externalité, vous énumérerez les externalités générées par la cir-
culation automobile en les qualifiant.
2. En vous référant à la théorie économique, vous expliquerez en quoi la mise en place d’un
péage urbain permet d’internaliser les externalités générées par la circulation automo-
bile dans les grandes agglomérations. Présentez les limites économiques, politiques et
sociales de cette mesure.
3. En vous référant à la théorie économique, vous expliquerez et justifierez les mesures
prises par la ville de Rotterdam et la Métropole européenne de Lille.
4. Dans un exposé structuré, introduit et conclu, vous montrerez les intérêts et les limites
des mesures prises par les pouvoirs publics pour faire face aux différents types de défail-
lances de marché.

Péages urbains : quand la théorie économique se heurte au principe de réalité


Annexe 1

Les travaux d’A.C. Pigou sur les externalités valident complètement la pénalisation
de la circulation en ville. Mais le contexte social et fiscal va obliger l’exécutif à
composer minutieusement.
L’information a fait grand bruit. Le projet de « loi sur les mobilités », qui sera
présenté en Conseil des ministres en novembre, prévoit de faciliter la mise en place
et l’exploitation de péages urbains dans les agglomérations de plus de 100 000 habi-
tants. Moyen efficace de lutter contre la pollution et la congestion urbaines pour les
uns, outil de matraquage fiscal et d’exclusion sociale pour les autres, le projet divise.
Pourtant, du strict point de vue de l’économiste, le débat sur l’efficacité d’une telle
mesure est tranché depuis longtemps. Plus exactement depuis les travaux de l’éco-
nomiste britannique Arthur Cecil Pigou sur les externalités, il y a près d’un siècle.

Pigou, les externalités et les péages urbains


Pigou remarque que, sur certains marchés, l’action individuelle des agents écono-
miques, producteurs et/ou consommateurs, génère des effets sur la société dans son
ensemble. Cette interdépendance entre les actions des uns et le bien-être des autres
se matérialise par des « externalités » […].
La solution proposée par Pigou pour faire face aux externalités négatives consiste
à les quantifier, puis à mettre en place le niveau de taxe permettant de les couvrir.
Mais attention, il ne s’agit pas seulement de « réparer » les dommages causés par les
externalités négatives à l’économie. Il s’agit plutôt de bien calibrer la taxe de façon
à inciter les agents économiques […] à modifier leurs comportements. À supposer
que la taxe pigouvienne soit fixée à un niveau optimal, cela se traduirait par un
nouvel équilibre production-consommation lui-même socialement optimal. […]

Principe de réalité et acceptabilité sociale


Mais si Pigou avait eu à se prononcer sur la mise en place de péages urbains dans
notre société contemporaine, nul doute qu’il les aurait appelés de ses vœux. Il aurait

91
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

soutenu que les péages urbains permettraient de révéler les informations sur les préfé-
rences individuelles que ne peut connaître l’autorité publique (la valeur d’usage que
chaque individu accorde à sa voiture, en fonction de ses contraintes propres), et qu’ils
laissent la liberté à chacun de décider s’il consent au paiement de la taxe. Il aurait sans
doute conclu que la circulation se viderait de tous les automobilistes qui accordent la
valeur d’usage la plus faible à leur véhicule, c’est-à-dire ceux pour qui les possibilités de
report sur des moyens de transport alternatifs sont les plus importantes.
Or, si la logique pigouvienne est d’une grande robustesse, elle se heurte –  comme
souvent en économie – à un principe de réalité : en démocratie, la solution qui s’im-
pose n’est pas toujours la plus efficace, mais la plus acceptable du point de vue collec-
tif. […] S’il veut éviter le risque d’un passage en force, l’exécutif n’a d’autre choix que
de rendre la mesure socialement « acceptable ». Pour ce faire, on pourrait prôner la
concertation de toutes les parties prenantes des tissus urbains concernés pour cali-
brer « un bon péage », opter pour des tarifs bas uniques jouant sur les volumes
(Oslo) ou des tarifs modulaires discriminants aux heures de pointe (Milan, Tokyo),
imaginer des exonérations tarifaires pour certaines catégories d’usagers de la route en
fonction de leurs professions ou de leur niveau de revenu (Rome), voire même imagi-
ner des péages positifs qui rétribuent les automobilistes qui renoncent à utiliser leurs
véhicules durant les pics de circulation (Rotterdam et demain, peut-être, Lille). […]
Julien Pillot, Sud-Ouest, 31 octobre 2018

« Péage positif » : et si Paris s’inspirait de Rotterdam ?


Annexe 2

Plusieurs communes des Pays-Bas testent avec succès un dispositif qui incite à ne pas
prendre sa voiture pendant les heures de pointe explique Le Figaro.
Les embouteillages parisiens et les désagréments qui les suivent font l’objet de
nombreuses discussions alors que la maire de Paris, Anne Hidalgo, multiplie les
projets pour réduire la place de la voiture dans la capitale. Et Paris pourrait bien
trouver de l’inspiration du côté des Pays-Bas. Le Figaro rapporte une initiative de
« péage positif », testée notamment à Rotterdam, qui a donné des résultats probants
sur la réduction du trafic automobile aux heures de pointe.
Concrètement, ce « péage positif » propose de rémunérer les automobilistes qui
acceptent de ne pas utiliser leur voiture pendant les heures de pointe. Soit en privi-
légiant d’autres moyens de transport, comme le vélo ou les transports en commun,
soit en effectuant du covoiturage ou bien tout simplement en décalant les horaires
de leurs déplacements quotidiens. À Rotterdam, c’est BNV Mobility, filière néerlan-
daise d’Egis, qui a piloté le projet, explique Le Figaro. Pour […] Egis […], « il s’agit
d’agir pour provoquer un changement de comportement des automobilistes ».

4 000 trajets évités


Et à Rotterdam, les résultats sont là. Depuis 2010, le taux de participation est de
40 % sur les 10 000 participants, soit 4 000 trajets évités chaque jour. Sur les portions
de routes embouteillées, un système de reconnaissance de plaque d’immatriculation

92
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

est installé. Les automobilistes participant au projet et dont les voitures n’ont pas
été repérées pendant les heures de pointe, gagnent 3 euros par jour en cash, raconte
le quotidien, ou bien 3,50  euros crédités sur une carte de transport. Dans la ville
néerlandaise, cela a permis de réduire le trafic de 5 à 10 % aux heures de pointe.
Ce « péage positif » est pour le moment financé par les pouvoirs publics de Rotterdam,
pour plusieurs millions d’euros par an pour Le Figaro, mais ce coût est à mettre en
regard du coût des embouteillages. […]
Extrait de l’article de 6Medias, www.lepoint.fr, 18 septembre 2017

Lille : pourquoi la métropole abandonne son idée de péage urbain positif


Annexe 3

La Métropole européenne de Lille (MEL) abandonne son écobonus mobilité. Le


président de la (MEL), Damien Castelain, a annoncé sur France Bleu Nord qu’il
abandonnait l’idée d’instaurer un péage inversé pour accéder à Lille. Un revire-
ment contraint et forcé par une modification du projet de loi d’orientation sur les
mobilités.
L’écobonus mobilité avait été présenté pour la première fois lors des Assises des
mobilités de la MEL, en septembre 2016. L’idée étant, en s’inspirant ce qui a été mis
en place à Rotterdam, de « rétribuer les usagers s’ils évitent de prendre leur voiture
aux heures de pointe ». Le dédommagement devait être de deux euros par trajet,
« soit en argent, soit d’une autre manière », avait expliqué la MEL à 20 Minutes en
mai dernier.

Absence de cadre juridique


Pour mettre en place ce système, l’institution devait attendre le vote de la loi
Mobilités prévu d’ici la fin de l’année. Sauf qu’entre-temps, le chapitre sur l’écobo-
nus et les péages urbains a tout simplement disparu du projet de loi.
Dès lors, faute de cadre juridique, impossible de lancer l’expérimentation qui devait
durer entre 12 et 18 mois et concerner plus de 20 000 automobilistes.
D’après lillepresse.fr, 21 décembre 2018

93
SYNTHÈSE
Complémentarité entre État et marché

Les imperfections et défaillances du marché


Imperfections (marché en concurrence
Défaillances
imparfaite)
Monopole Oligopole Externalités Biens collectifs
••Prix plus élevés ••Structure Allocation non ••Risque
qu’en concurrence de marché optimale des de comportement
pure et parfaite instable ressources : coût de passager
••Moindre choix ••Deux extrêmes : social différent du clandestin
••Perte de bien- ententes coût privé pour le ••Allocation
être à court entre firmes consommateur non optimale
terme pour le et concurrence des ressources
consommateur acharnée
••Perte de bien-être
à court terme

Les enjeux de l’intervention de l’État

Imperfections Défaillances
de marché

Externalités :
– recours par l’État aux
taxes, quotas, subventions
Renforcement Biens collectifs : imposition
– définition de « droits
de la complémentarité par l’État (financement
de propriété » et création
État-marché reposant sur la fiscalité)
de nouveaux marchés
– autogouvernance
des parties prenantes

94
PARTIE 2 : CAS DE SYNTHÈSE
Fonctionnement de l’économie de marché

1  Étude de documents : croissance et soutenabilité


En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives aux
annexes.

Travail à faire
1. Présentez les hypothèses des théories néoclassiques et les apports sur le fonctionne- Rendez-vous
ment des marchés concurrentiels.
MÉTHODE 1
2. Après avoir défini une externalité, vous expliquerez en quoi les mécanismes de marché
sont défaillants face aux externalités, en vous appuyant sur l’annexe 3.
3. Après avoir défini un bien public mondial, vous expliquerez en quoi les mécanismes de
marché sont défaillants pour préserver les ressources naturelles de la planète.
4. En vous aidant de l’annexe 4, présentez les dispositifs que l’État peut mettre en place
pour préserver l’environnement.
5. Présentez les limites microéconomiques et macroéconomiques de ces dispositifs
(annexe 5).
6. Expliquez pourquoi les travaux d’E. Ostrom ont « le mérite de mettre en lumière le rôle
des institutions dans la gestion de ressources partagées, et d’inciter les économistes à
l’étude d’organisations plus complexes que le face-à-face classique entre l’État et le
marché » (annexe 5).

Définition de l’économie de l’environnement


Annexe 1

« Branche de la science économique qui cherche à évaluer les coûts de la dégrada-


tion de l’environnement naturel, les coûts de la dépollution et de la préservation
de la nature, et plus globalement, qui préconise des politiques environnementales
efficaces. »
C.-D. Échaudemaison, Dictionnaire d’économie et de sciences sociales, Nathan, 2009.

Soutenabilité forte, soutenabilité faible et externalités


Annexe 2

La portée du raisonnement néo-classique, qui sert de fondement à l’économie de


l’environnement fait l’objet de débats. La fixation du niveau optimal de pollution
repose sur un raisonnement en équilibre partiel, valable pour un polluant spécifique,
à une période donnée. Si le niveau de pollution optimal, établi selon cette méthode,
excède celui qui peut être absorbé à long terme par la nature, il va conduire à une
dégradation de la capacité d’absorption à la période suivante, ce qui risque d’en-
traîner une hausse des externalités négatives dues à la pollution. Par exemple, une
pollution « optimale » d’une rivière peut conduire à modifier l’équilibre d’un milieu
naturel, ou bien à la raréfaction d’une espèce de poisson et entraîner de proche
en proche une surpêche d’une autre espèce en compensation,  etc. Il serait donc

95
PARTIE 2 : CAS DE SYNTHÈSE

préférable, pour certains environnementalistes comme L. Brown, de fixer des normes


strictes à l’usage des ressources polluantes, de façon à se situer en dessous du seuil
correspondant aux capacités d’assimilation et de régénération de la nature, quitte
à limiter fortement les activités économiques. On parle de soutenabilité forte pour
définir cette approche des problèmes environnementaux fondée sur l’adoption de
normes strictes de limitation des activités économiques dégradant l’environnement,
en contraignant les marchés à se soumettre aux règles assurant la conservation du
patrimoine naturel. Cela risque de conduire à limiter fortement la croissance, pour
protéger les ressources naturelles. Par opposition, l’optique de la soutenabilité faible,
qui sous-tend le raisonnement néo-classique, considère que l’on peut s’appuyer sur les
mécanismes de marché et les progrès technologiques, les agents faisant progressive-
ment des choix plus économes en ressources par la substitution de facteurs, à mesure
que les coûts de certains biens s’élèvent en raison de la dégradation des ressources.
Les agents doivent alors investir et développer les technologies plus respectueuses à
cause des changements de prix relatifs pénalisant ceux qui utilisent les ressources
naturelles devenues plus rares et plus chères. L’évolution des prix relatifs et des tech-
nologies n’est cependant pas assez rapide pour protéger l’environnement puisque les
agents ne tiennent pas compte des externalités, et dans l’optique de la soutenabilité
faible, on considère que des politiques environnementales sont indispensables pour
accélérer le changement, en créant des incitations fiscales par exemple ».
E. Buisson-Fenet, M. Navarro, La microéconomie en pratique,
Collection « Cursus », Armand Colin, 2015

Le niveau optimal de pollution


Annexe 3

Coûts et
bénéfices
marginaux

Bénéfice marginal social Coût marginal social


C max

C optimal

Quantité
0 de polluants
P optimal P max

96
PARTIE 2 : CAS DE SYNTHÈSE

Sur le graphique ci-avant, les courbes de coût et de bénéfice marginal social de la


pollution sont représentés. Pour la société, le niveau optimal de pollution est atteint
en « P optimal », car le bénéfice marginal social et le coût marginal social sont
égaux. (…) Cette situation n’est pas toutefois celle à laquelle conduit le fonction-
nement du marché car les producteurs ne tiennent pas compte du coût externe de
leur action et polluent de plus en plus tant que le bénéfice marginal qu’ils retirent
de ce surcroît de pollution est positif. (…) Le marché conduit donc à ce que ce soit la
quantité P max de pollution qui soit émise et non P optimal. (…)
E. Buisson-Fenet, M. Navarro, La microéconomie en pratique,
Collection « Cursus », Armand Colin, 2015

William Nordhaus est-il bien sérieux ?


Annexe 4

Lauréat 2018 du prix de la Banque de Suède pour son analyse économique du chan-
gement climatique, William Nordhaus en a pour autant une approche réductrice.
[…] William Nordhaus s’intéresse tôt aux critiques sociales et écologistes de la
croissance. Lorsque le rapport du club de Rome, « Halte à la croissance ? », alerte
en 1972 sur les conséquences négatives de la croissance économique et démogra-
phique, Nordhaus le critique vertement pour son absence de données empiriques.
Mais, aiguillonnée par ce rapport, il identifie le réchauffement climatique comme
un problème potentiellement sérieux et demandant de plus amples investigations.
En prenant appui sur les travaux des sciences de la nature, il étudie et modé-
lise chacune des pièces composant le puzzle climatique : le système énergétique
qui génère les émissions de CO2, le cycle du carbone qui transforme les émissions en
hausse de concentration de CO2, dans l’atmosphère et, enfin, le module climatique qui
relie la concentration atmosphérique du CO2 à la hausse de la température globale.
En 1977, onze ans avant la création du Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat (Giec), il offre une première synthèse à l’American Economic
Review en calculant ce qu’il en coûterait de stabiliser les concentrations de CO2.
C’est dans les années 1980 qu’il effectue la jonction de ses travaux avec la théorie
de la croissance, qui lui vaut aujourd’hui d’être récompensé. […] Le modèle ainsi
obtenu lui permet de calculer le bon niveau des réductions d’émissions en fonction
d’un objectif choisi. Il donne aux travaux de Nordhaus une place centrale sur toutes
les questions de lien entre économie et climat […], et ouvre de nouvelles interro-
gations, liées pour partie à la théorie des jeux : comment coordonner les efforts de
réductions entre les grandes économies mondiales ? Comment éviter les compor-
tements de passager clandestin ? Quel est le résultat prévisible si chacun des États
poursuit son intérêt sans sourcier des autres ? […]
On peut cependant s’interroger sur les représentations du problème climatique qui
ressort de ces travaux. Ils sont menés pour répondre à la question : quel est le scénario
d’émission optimal ? Quelle est la cible que les politiques devraient choisir ? […] Les
réductions d’émissions doivent aux yeux de Nordhaus se faire à moindre coût, ce qui
implique de donner un prix au carbone, et que ce prix doit être le même pour tous les

97
PARTIE 2 : CAS DE SYNTHÈSE

pays du monde. Or, c’est un point de blocage dans les négociations internationales
pour les pays en développement. L’accord de Paris obtenu en 2015 n’a pu l’être que
grâce à la reconnaissance de politiques et mesures différenciées selon les pays. […] ».
A. Pottier, Alternatives économiques, n° 384, novembre 2018

Une production gouvernée en commun ?


Annexe 5

Un des exemples les plus célèbres sur lequel s’est appuyée E. Ostrom (2010) concerne
la gestion de l’eau, dans un pays où elle peut facilement manquer à certaines
périodes, compte tenu du climat : il s’agit du système des huertas espagnol, mis en
place à l’époque musulmane et conservée depuis un millénaire. Cette institution
s’appuie sur des règles très précises d’accès aux canaux d’irrigation, de façon à attri-
buer l’eau à chaque membre à tour de rôle. Un système de gérants élus surveille
de façon très précise l’usage de la ressource, et des sanctions sont prévues pour les
contrevenants. Elles sont cependant très légères pour éviter que les cultivateurs
se retournent contre l’institution. L’adhésion volontaire et la coorganisation des
usagers garantissent la pérennité du système.
L’analyse d’E. Ostrom, récompensée du Prix Nobel en 2009, a le mérite de mettre en
lumière le rôle des institutions dans la gestion de ressources partagées, et d’inciter
les économistes à l’étude d’organisations plus complexes que le face-à-face classique
entre l’État et le marché ».
E. Buisson-Fenet, M. Navarro, La microéconomie en pratique,
collection « Cursus », Armand Colin, 2e éd., 2015

2  Argumentation structurée : l’État et le marché


En vous appuyant sur vos connaissances, répondez de manière structurée à la problé-
matique suivante.

Travail à faire
« Nécessité d’une complémentarité État-marché pour faire face aux défis environnemen-
taux. »

98
CHAPITRE
6 Financement
des agents
économiques
PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Identifier les agents à besoin et à • Agents à capacité de financement :
capacité de financement déterminants, motifs et formes
• Analyser le comportement d’épargne de l’épargne des ménages
des ménages • Agents à besoin de financement
• Identifier les modalités de financement (entreprises et État) déterminants
et modalités de financement
des entreprises et de l’État
• Analyser les conséquences du choix
d’une modalité de financement pour
un agent économique donné

PRÉREqUIS LIENS AVEC LES DCg 6 ET 9


• Agents et activités économiques (chapitre 2) • UE 6 : § 1.3. L’analyse de la structure financière
• Création de richesse (chapitre 3) • UE 9 : § 4.1. Opérations d’inventaire

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les besoins et capacités de financement des agents économiques •
2. L’analyse des besoins et capacités de financement par catégories d’agent •
3. Le comportement d’épargne des ménages • 4. Les modalités de financement
des entreprises
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

Q uels sont les déterminants du besoin et de la capacité de financement et les consé-


quences économiques ? Pourquoi et comment les ménages épargnent-ils une partie
de leurs revenus ? Comment les entreprises et les administrations publiques peuvent-
elles se financer ?
MOTS-CLÉS
Besoin de financement • Capacité de financement • Déficit public • Épargne •
Financement direct • Financement externe • Financement indirect • Financement
interne • Revenu disponible brut • Taux d’autofinancement • Taux d’épargne
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu

1  Les besoin et capacité de financement des agents


économiques
A Le besoin de financement
De façon générale, le besoin de financement d’un agent économique correspond à la
situation où ses besoins financiers, à l’origine de dépenses de consommation et/ou d’in-
vestissement, excèdent ses ressources financières (fig. 6.1).
Exemple
◗◗ Si un agent dispose de 20 000 € (sous forme de disponibilités sur un compte courant par
exemple) et souhaite dépenser 25 000 € (pour acquérir un véhicule par exemple), son
besoin de financement s’élève alors à 5 000 €.
Agent économique
Besoin Bien ou service à acquérir
(ménage, entreprise …)
de financement : Prix : 25 000 €
Ressources disponibles : 20 000 € 5 000 €

Figure 6.1.  Expression du besoin du financement

B La capacité de financement
La capacité de financement d’un agent économique correspond à la situation où ses
ressources financières excèdent ses besoins financiers (fig. 6.2).
Exemple
◗◗ Si un agent dispose de 20 000 € et souhaite en dépenser 16 000, sa capacité de finance-
ment s’élève alors à 4 000 €.
Agent économique
Capacité Bien ou service à acquérir
(ménage, entreprise …)
de financement : Prix : 16 000 €
Ressources disponibles : 20 000 € 4 000 €

Figure 6.2.  Expression de la capacité de financement

C L’épargne
Le revenu d’un agent lui permet de consommer des biens et services (consommation
finale). Cependant, la partie du revenu non affectée à la consommation finale, l’épargne,
peut être insuffisante pour financer l’investissement de l’agent. L’agent fait donc face à
un besoin de financement. Dans le cas inverse, si le montant de l’épargne excède celui
de son investissement, l’agent dispose d’une capacité de financement.

Besoin de financement = Investissement – Épargne > 0


Capacité de financement = Épargne – Investissement > 0

100
Chapitre 6 Financement des agents économiques

La comptabilité nationale permet de mesurer les besoins et capacités de financement


de chaque catégorie d’agents économiques (secteur institutionnel). Ainsi, le compte de
capital (tab. 6.1) de chaque catégorie d’agent montre comment son épargne est utilisée
pour financer son investissement.

Tableau 6.1.  Compte de capital au sens de la comptabilité nationale

Emplois du compte capital Ressources du compte


(dépenses faites à des fins d’accumulation) capital

•• Formation brute de capital fixe (FBCF) •• Épargne brute


•• Variations des stocks •• Transferts nets en capital
•• Acquisitions nettes d’objets de valeur et d’actifs non
financiers non produits (terrains, actifs incorporels…)
Solde du compte si capacité de financement : Solde du compte si
Ressources > Emplois besoin de financement :
Emplois < Ressources

L’épargne brute (dans la colonne « ressources » du compte de capital) correspond à


l’épargne avant déduction de la part consacrée à l’amortissement des immobilisations
sur la période.
Les transferts nets en capital (dans la colonne « ressources » du compte capital) cor-
respondent aux éventuels transferts accordés par des tiers en capital (ex. : aides à l’in-
vestissement reçues) diminuées d’éventuels transferts accordés à des tiers en capital
(ex. : aides à l’investissement versées).
Dans le cadre macroéconomique de la comptabilité nationale :

Besoin de financement = Emplois du compte de capital


– Ressources du compte de capital > 0
CHIFFRES-CLÉS
Capacité de financement = Ressources du compte de capital
– Emplois du compte de capital > 0 Les ménages
disposent d’une
capacité de
  EXERCICE 2 financement élevée
(60,9 Mds €), alors
que les sociétés
2  L’analyse des besoin et capacité de financement non financières et
les administrations
par catégories d’agent publiques génèrent
respectivement
A Un panorama général un besoin de
financement de
Les principaux agents économiques sont les ménages, les sociétés non financières (SNF) 10,2 Mds € et
et les administrations publiques (  chapitre 2). Chacun dispose d’un compte de capital 59,5 Mds €
présentant des spécificités. (Insee, 2017).

101
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu

B Les évolutions des besoin et capacité de financement


des ­entreprises
Sur les 18 dernières années, les sociétés non financières de l’économie française ont
surtout présenté des besoins de financement (tab. 6.2).

Tableau 6.2.  Évolution des besoins (–) et capacités de financement (+) des entreprises
(Mds €, Insee)

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

– 7,3 – 0,3 5 14 13,9 0,7 – 17,7 – 23,4 – 39

2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

13,7 8 – 21,7 – 25 – 3,7 – 19,9 – 12 – 15,3 – 10,2

Deux grands motifs expliquent les besoins de financement des entreprises :


––un motif de long terme, de nature stratégique, lié à l’investissement.
––un motif de court terme, de nature opérationnelle, lié à l’exploitation.
1. Les décisions stratégiques
Les décisions stratégiques d’une entreprise engagent celle-ci sur le long terme (plusieurs
années d’activité) au travers d’investissements réalisés par l’entreprise en vue d’obtenir
des revenus futurs qui lui permettront de dégager un profit. Les revenus assurant le
financement de l’investissement s’étalent sur plusieurs années alors que les dépenses
d’investissement doivent généralement être réalisées dans le présent.
Les dépenses d’investissement précèdent les revenus qu’elles occasionnent dans le
futur ; elles génèrent un besoin de financement important au moment où elles sont
engagées et nécessitent plusieurs années de revenus pour les couvrir. L’épargne d’une
année n’est donc pas suffisante pour financer ces dépenses.

2. Les décisions opérationnelles


Les décisions opérationnelles d’une entreprise engagent celle-ci sur le court terme
(quelques mois, voire une année). Elles concernent son exploitation c’est-à-dire :
––les opérations d’achat de biens et services d’exploitation (marchandises, matières
premières, prestations de services…) auprès de fournisseurs externes, génératrices de
dépenses liées à l’exploitation ;
––les opérations de rémunération des salariés, génératrices de dépenses liées à l’exploi-
tation ;
––les opérations de vente des biens et services par l’entreprise, génératrices de recettes
liées à l’exploitation.
À court terme, le besoin de financement naît de décalages défavorables entre les
recettes et les dépenses d’exploitation. Les entreprises achètent et produisent avant
de vendre leurs biens et services. De nombreux décaissements liés au paiement des
fournisseurs et au versement des salaires surviennent avant que les encaissements
issus des ventes ne soient effectifs.

102
Chapitre 6 Financement des agents économiques

Exemple
◗ Une entreprise achète chaque mois des marchandises payées au comptant à 2 000 €. Ces
marchandises sont conservées pendant un mois avant d’être revendues aux clients à hau-
teur de 2 500 €. Les clients disposent de deux mois pour régler leurs achats.
À combien s’élève le besoin de financement lié à cette activité ?
–– Ressource de financement générée par la dette-fournisseur = 0 : le fournisseur exige un
paiement comptant.
–– Besoin de financement généré par le délai de stockage = 2 000 € × 1 mois = 2 000 €.
–– Besoin de financement généré par le délai de paiement accordé aux clients = 2 500 €
× 2 mois = 5 000 €.
–– Besoin de financement généré par l’activité = 5 000 € + 2 000 € – 0 € = 7 000 €.
L’entreprise doit disposer en permanence d’une ressource de 7 000 € pour faire face aux
échéances issues de son activité. ◗
Le besoin de financement correspond au besoin en fonds de roulement (BFR). L’entre-
prise cherche à réduire le BFR, en raccourcissant des délais de stockage ou de paiement
accordés aux clients (créances commerciales) et en négociant des délais plus longs
auprès de fournisseurs (dettes-fournisseurs).
Le BFR reste bien souvent positif pour la plupart des entreprises même s’il peut être plus
ou moins élevé selon les secteurs d’activité (  chapitre 3). Il est même parfois négatif
dans certaines entreprises (ex. : distribution).
Exemple (suite)
◗ Afin de réduire son BFR, l’entreprise a réduit le délai de paiement accordé aux clients,
passant de deux mois à un mois. La durée de stockage diminue, elle s’élève à 15 jours.
L’entreprise a négocié un délai de paiement auprès de son fournisseur de 1 mois.
À combien s’élève le nouveau besoin de financement lié à cette activité ?
–– Ressource de financement générée par la dette-fournisseur = 2 000 € × 1 mois = 2 000 €.
–– Besoin de financement généré par le délai de stockage = 2 000 € × 0,5 mois = 1 000 €.
–– Besoin de financement généré par le délai de paiement accordé aux clients = 2 500 €
× 1 mois = 2 500 €.
–– Besoin de financement généré par l’activité = 2 500 € + 1 000 € – 2 000 € = 1 500 €.
L’entreprise doit disposer en permanence d’une ressource de 1 500 € pour faire face aux
échéances issues de son activité. La hausse du délai de paiement des dettes, la diminution
du délai de paiement des clients et de la durée de stockage ont permis de réduire le besoin
de financement de l’entreprise. ◗

C L’évolution des besoins et capacités de financement


des administrations publiques
1. Le besoin de financement des administrations publiques
Au cours des 18 dernières années, les administrations publiques ont toujours généré un
besoin de financement représentatif d’un déficit public annuel (tab. 6.3). Le dernier
excédent budgétaire des administrations publiques françaises date de 1974.

103
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu

Tableau 6.3.  Évolution des besoins (–) et capacités de financement (+) des administrations
(Mds €, Insee)

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

– 19,5 – 21,2 – 50,2 – 65,5 – 61,2 – 59,3 – 45,2 – 51,2 – 65

2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

– 138,9 – 137,4 – 106,1 104 – 86,5 – 83,9 – 79,7 – 75,9 – 59,5

Le besoin de financement des administrations publiques de 59,5 milliards d’euros en


2017 se répartit ainsi :
––administration publique centrale (essentiellement l’État) : un besoin de financement
de 65,3 milliards d’euros ;
––administrations publiques locales : une capacité de financement de 0,8 milliard
d’euros ;
––administrations de sécurité sociale : une capacité de financement de 5 milliards
d’euros.
Définition
Un déficit public apparaît lorsque les ressources publiques, composées en grande
partie des prélèvements obligatoires (  chapitre 16), sont inférieures aux dépenses
publiques de l’année.

Les administrations publiques ont d’importants besoins financiers liés aux investisse-
ments en infrastructures et biens collectifs (  chapitre 1). Ces dépenses parfois très éle-
vées impliquent des avantages attendus par la collectivité à long terme.

2. Croissance et déficit public


Le déficit public dépend notamment de la croissance économique. Ainsi, une diminution
du PIB (  chapitre 3) augmente généralement le déficit public en entraînant :
––une diminution des impôts et taxes liés à la production et aux revenus qui en
découlent : TVA, impôt sur le revenu, impôt sur les sociétés et cotisations sociales
assises sur les revenus du travail ;
––une hausse des dépenses publiques, notamment sociales afin de contrecarrer les
effets de la dépression économique ou d’aider les agents économiques subissant une
perte de revenus (ex. : hausse des indemnités de chômage).
Ce double mouvement de diminution des prélèvements obligatoires (impôts, taxes et
cotisations sociales) et de hausse des dépenses publiques accroît le déficit public (effet de
ciseaux).
A contrario, une forte croissance économique devrait générer les effets inverses et
réduire le besoin de financement public, voire conduire à un excédent budgétaire. L’effet
boule de neige est une hausse du déficit public sur une année donnée entraînant une
nouvelle hausse sur la période suivante. Dans ce cas, la dette publique augmente d’elle-
même d’année en année.

104
Chapitre 6 Financement des agents économiques

Hausse du déficit public en période N ➔ hausse des intérêts en N+1 ➔ hausse


du déficit public en N+1 pour payer les intérêts ➔ hausse des intérêts
en N+2 ➔ hausse du déficit public en N+2 pour payer les intérêts ➔ hausse
des intérêts en N+3, etc.

L’effet boule de neige peut notamment apparaître lorsqu’une partie croissante des res-
sources financières publiques est dédiée au paiement des intérêts sur la dette.
Exemple
◗◗Les administrations doivent s’endetter pour payer les charges d’intérêts. Un cercle vicieux
se met alors en place : l’accroissement des charges financières crée un besoin d’endette-
ment des administrations qui, à son tour, accroît le montant des charges conduisant à un
endettement public supplémentaire. ◗

Un ralentissement de l’activité économique conduisant à un taux de croissance du PIB


inférieur au taux d’intérêt de la dette publique peut déclencher un effet boule de neige.

D Les besoin et capacité de financement des ménages


Lors de chacune des dix-huit dernières années, les ménages (entreprises individuelles
comprises) ont toujours généré une capacité de financement élevée (tab. 6.4).

Tableau 6.4.  Évolution des besoins (–) et capacités de financement (+) des ménages
(Mds €, Insee, comptes nationaux, base 2014)

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

40,1 43,9 54,3 45,7 41,7 34,2 41,2 47,2 48,6

2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

83,4 83,4 76,5 80,4 60,5 68,3 64,7 59 61

L’investissement des ménages correspond essentiellement à l’acquisition :


––de biens d’équipement nécessaires à la production de biens et services, pour les entre-
prises individuelles ;
––de biens immobiliers neufs, pour les autres ménages.
Ces acquisitions génèrent un besoin de financement élevé. Les revenus futurs perçus
par les ménages permettent de couvrir le coût de l’investissement immobilier. D’un
point de vue macroéconomique, le niveau d’épargne annuel des ménages est plus élevé
que le besoin de financement annuel généré par l’acquisition de biens immobiliers : les
ménages génèrent une capacité de financement. Leur épargne est une variable essen-
tielle de la capacité de financement globale de l’économie, les autres agents exprimant
plutôt des besoins de financement.

  EXERCICE 3

105
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu

3  Le comportement d’épargne des ménages


A Les caractéristiques et la répartition de l’épargne

1. Les sources d’épargne


L’épargne globale provient principalement des ménages, mais aussi des entreprises et
administrations publiques (tab. 6.5).

Tableau 6.5.  Origines et caractéristiques de l’épargne

Ménages Part du revenu disponible brut (RDB) non consommée

•• Bénéfice non distribué auquel s’ajoute l’amortissement de


la période.
•• Correspond à l’autofinancement calculé à partir de la capacité
Entreprises
d’autofinancement (CAF), indicateur traditionnel de l’analyse
financière des entreprises. L’autofinancement alimente les investis-
sements ou le désendettement.

Administrations Part du RDB non affectée à la consommation finale


publiques

L’épargne des ménages étant supérieure à leurs propres investissements, elle peut être
mise à la disposition d’autres agents économiques (  chapitre 2).

2. L’évolution et la répartition de l’épargne


CHIFFRES-CLÉS Taux d’épargne. La variation du taux d’épargne, en particulier celui des ménages, donne
une idée de l’évolution du niveau global d’épargne. Le taux d’épargne correspond au
Le taux d’épargne
rapport entre l’épargne brute et le revenu disponible brut.
des ménages
français s’élève Sur les dix-huit dernières années, le taux d’épargne des ménages s’établit entre 13,5 %
à 17,1 %. Le taux et 16 %. La majorité de cette épargne est non financière (immobilier). L’épargne finan-
d’épargne des 20 % cière alimente le patrimoine financier, à savoir l’ensemble des placements financiers, des
de ménages les
ménages français qui a considérablement augmenté depuis les années 2000 (Banque
plus modestes est
estimé en moyenne de France, 2015). Elle est davantage affectée aux placements bénéficiant d’avan-
à 2,4 %, contre tages fiscaux et à rémunération réglementée. Il s’agit principalement des contrats
30,3 % pour les d’assurance-vie et des placements bancaires réglementés.
20 % les plus aisés
(Insee, 2018). Répartition de l’épargne financière des ménages. L’épargne des ménages revêt deux
formes principales (tab. 6.6) :
•• Les assurances-vie. Un tel placement financier garantit le versement d’un capital ou
d’un revenu régulier (rente).
•• L’épargne bancaire réglementée. Elle inclut les placements bancaires dont les règles
de fonctionnement sont encadrées par l’État (ex : livret A, livret de développement
durable, compte épargne logement…). L’État en fixe le taux de rémunération et les
conditions d’exonération fiscale.

106
Chapitre 6 Financement des agents économiques

Tableau 6.6.  Épargne des ménages (en % du revenu disponible brut, Banque de France, 2015)

Numéraire, Contrats Titres Titres CHIFFRES-CLÉS


Épargne
dépôts à vue, dépôts d’assurance- financiers financiers Au Royaume-Uni,
réglementée
bancaires fiscalisés vie cotés non cotés les placements
auprès des fonds
2000 16 % 17 % 27 % 22 % 18 % de pension
représentent
2014 16 % 15 % 37 % 13 % 18 % 1 600 Mds £,
soit près des 3/4
L’importance de l’épargne affectée aux produits bancaires réglementés, au détri- du PIB britannique
ment de placements en titres financiers dans le capital d’entreprises, notamment (OCDE, 2016).
les fonds de pension, est parfois analysée comme un problème macroéconomique
en France.
Définition
Un fonds de pension est un organisme financier collectant et plaçant l’épargne de
ses affiliés afin de leur verser les revenus obtenus, sous forme de capital ou de rente à
l’échéance du contrat à la retraite (en l’absence de système de retraite public).

B Les déterminants de l’épargne


Les raisons conduisant les ménages à épargner une partie plus ou moins élevée
de leurs revenus sont variées (ex. : acquisition immobilière, protection contre
les aléas de la vie, anticipation de la retraite, transmission d’un patrimoine, etc.).
L’analyse économique en a cependant identifié les principales variables explicatives
(  chapitre 2)

FOCUS Effet de substitution et effet de revenu


Pour un revenu disponible donné, une de ­stabiliser ses revenus, le ménage peut
hausse du taux d’intérêt peut inciter un réduire le volume d’épargne placée. Un
ménage à accroître son volume d’épargne effet de revenu agit : l’épargne placée est
et à diminuer sa consommation, puisque mieux rémunérée, le ménage s’enrichit, il
l’épargne est mieux rémunérée : c’est l’effet diminue son épargne, et consomme plus,
de substitution. A contrario, une hausse du pour stabiliser ses revenus.
taux d’intérêt entraîne une augmentation Sauf cas particuliers, les économistes
de la rémunération de l’épargne pour un considèrent que l’effet de substitution
niveau donné. Si un ménage ne souhaite dépasse l’effet de revenu, conduisant
pas ­obtenir de revenus supplémentaires ainsi à une relation croissante entre taux
de son épargne, il  la réduit. Une hausse d’intérêt et épargne placée. Cependant
du taux d’intérêt conduit à ce que chaque le taux d’inflation érode le rendement de
euro épargné accroisse les ­revenus. Afin l’épargne.

107
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu

4  Les modalités de financement des entreprises


A Les financements interne et externe
1. Le financement interne
Définition

CHIFFRES-CLÉS Le financement interne ou autofinancement de l’entreprise correspond à la part des


revenus tirés de son activité qu’elle consacre à ses investissements.
Le taux
d’autofinancement
des sociétés non Le financement interne est la part du bénéfice de l’exercice, augmenté des dotations aux
financières de amortissements, que la firme consacre à l’investissement de la période ou au rembour-
l’économie française sement des dettes passées consacrées aux investissements antérieurs. Cette ressource
s’établit à 95,50 %
s’avère souvent insuffisante pour couvrir à elle seule l’ensemble des investissements
(Insee, 2017).
notamment en phase de développement de l’activité. Le taux d’autofinancement
mesure la part des investissements qu’un agent économique finance avec son épargne.

Épargne brute
Taux d’autofinancement = 
FBCF

En cas d’autofinancement insuffisant, l’entreprise doit souvent recourir à des financements


externes. Elle augmente les ressources collectées auprès d’agents dégageant une capacité de
financement à savoir les ménages, les agents financiers, voire d’autres entreprises.

Un emprunt dont le 2. Le financement externe


taux d’intérêt s’élève à Les ressources financières externes comprennent :
5 % signifie que 100 €
empruntés entraîneront •• L’endettement. Un emprunt consiste pour l’agent à besoin de financement à solliciter
ultérieurement leur des créanciers mettant à sa disposition une somme d’argent pour une durée définie.
remboursement, somme Cette somme est remboursée ultérieurement par l’emprunteur à son créancier. Le
initiale à laquelle débiteur verse des intérêts calculés grâce au taux d’intérêt.
s’ajoutera le versement
d’intérêts à hauteur •• Les titres de propriété de l’entreprise. Les propriétaires de l’entreprise possèdent des
de 5 €. titres de propriété (actions ou parts sociales) enregistrés au capital de l’entreprise.

B Les financements direct et indirect


1. Le financement direct
Définition
Le financement direct ou désintermédié est un mode d’accès à des ressources finan-
cières ouvert directement aux agents à capacité de financement.

Le financement direct des entreprises (tab. 6.7) inclut :


––le financement interne grâce à l’autofinancement des entreprises ;
––le financement externe entre agents non financiers : une entreprise peut bénéficier d’un
délai de paiement accordé par un fournisseur (crédit commercial). Elle peut ­réclamer

108
Chapitre 6 Financement des agents économiques

une avance sur un paiement futur. Enfin, des crédits intragroupe peuvent être accordés
par la maison mère d’un groupe industriel à l’une de ses filiales, par exemple ;
––le financement externe sur les marchés financiers : une entreprise peut émettre des
titres de propriété (actions) ou des titres d’emprunt (obligations) offerts au public ou
admis aux négociations sur les marchés financiers réglementés (  chapitre 7).

Tableau 6.7.  Modalités de financement direct

Par le système CHIFFRES-CLÉS


En dehors du système financier financier (finance Entre 2007 et 2014,
de marché) l’endettement
via les marchés
Autofinancement Crédits Crédits intragroupe Émission de titres de capitaux a
(financement commerciaux (entre maison mère financiers (actions, été multiplié par
interne) entre entreprises et filiales) obligations, etc.) 2 alors que le
et entre entreprises sur les marchés crédit bancaire ne
et clients de capitaux progressait que de
14 % (Banque de
France, 2015).
2. Le financement indirect
Définition
Le financement indirect ou intermédié caractérise un mode de financement dans
lequel les banques interviennent. Il consiste habituellement en l’accord de crédits
bancaires mais peuvent également passer par l’acquisition de titres financiers.

Les crédits bancaires (tab. 6.8) peuvent être financés :


––sur la base d’une émission nouvelle de monnaie au moment même de l’octroi du cré-
dit : on parle de « financement monétaire » ;
––sur la base de dépôts réalisés par des agents non financiers à la banque : on parle de
« financement non monétaire ».
Les banques interviennent aussi sur les marchés de capitaux pour acheter des titres finan-
ciers émis par les entreprises (actions) ou les administrations publiques (obligations).

Tableau 6.8.  Montants des différentes formes de financement externe des SNF


de l’économie française en 2014 (Mds €, Banque de France, 2015)

Financement des SNF : 8 426,4

Financement direct financier  : 5 508,8 Financement Financement direct non financier : 2 011,7
indirect par
En titre de capital : En titre de créances : les banques : Crédits commerciaux Autres crédits dont
4 924,4 581,4 908,9 et avances : 865,6 intragroupe  : 1 146,1

Les sociétés non financières (SNF) résidant en France recourent de manière croissante
aux marchés de capitaux pour obtenir des ressources financières.

  ÉTUDE DE DOCUMENTS 5 • ÉTUDE DE DOCUMENTS 6

109
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1 Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.
Vrai Faux

1. Un besoin de financement d’un agent signifie que son épargne est


∙ ∙
nulle.
2. En 2017, le besoin de financement des administrations publiques
françaises s’explique d’abord par la hausse des investissements ∙ ∙
des collectivités locales
3. Structurellement, les entreprises génèrent plutôt un besoin de
∙ ∙
financement.
4. La croissance économique n’a aucun effet sur le besoin de financement
∙ ∙
des administrations.
5. Les produits financiers de l’épargne réglementée sont proposés au
∙ ∙
sein d’établissements bancaires publics.
6. Le remboursement d’un crédit immobilier est comptabilisé comme
∙ ∙
de l’épargne pour un ménage.
7. Les ménages en France épargnent trop peu, ce qui pose un problème
∙ ∙
de financement des entreprises et dégrade leur compétitivité.
8. Une augmentation du BFR est défavorable à l’équilibre financier
∙ ∙
de l’entreprise.
9. Les entreprises n’ont pas le droit de s’accorder des financements entre
∙ ∙
elles, les crédits sont réservés aux seules institutions financières.
10. Les contrats d’assurance-vie sont un support d’épargne privilégié
∙ ∙
des ménages en France.

110
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

2 Besoin de financement des entreprises ★★★


Calculez le besoin de financement généré par l’activité d’une entreprise dans chaque
situation.
• Tous les mois, un commerçant achète au comptant des marchandises à hauteur
de 10 000 €. Elles sont stockées pendant 15 jours puis pour 14 000 €. Le commerçant
accorde à son fournisseur un délai de paiement d’un mois.
• Le chiffre d’affaires quotidien d’un commerçant s’élève à 2 500 €. Le coût d’achat
des marchandises auprès de son fournisseur s’élève à 2 000 €. Il lui accorde un délai
de paiement de 4 jours. Le commerçant conserve les marchandises pendant 6 jours
avant de les revendre. Les clients disposent de 2 jours pour régler leurs achats.

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 Le comportement d’épargne des ménages ★★★

Compétences attendues • Identifier les agents à besoin et à capacité de financement


• Analyser le comportement d’épargne des ménages

À partir des annexes, mettez en évidence les caractéristiques du comportement d’épargne


des ménages. Comment expliquez-vous la diversité des comportements d’épargne des
ménages entre les trois pays ?

Répartition de l’épargne financière des ménages en France


Annexe 1

(en % de l’épargne financière totale, Banque de France, 2015)

Numéraire, dépôts à Épargne Contrats Titres Titres


vue, dépôts bancaires réglementée d’assurance- financiers financiers
fiscalisés % (%) vie (%) cotés (%) non cotés (%)

2000 16 17 27 22 18

2014 16 15 37 13 18

111
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Répartition de l’épargne financière des ménages en France,


Annexe 2

Allemagne et au Royaume-Uni en 2000


(en % de l’épargne financière totale, Banque de France, 2015)

Numéraire Contrats
Titres financiers Titres financiers
et placements d’assurance-vie et
cotés (%) non cotés (%)
bancaires (%) pensions (%)

2000 2013 2000 2013 2000 2013 2000 2013

France 33 31 27 36 22 14 18 19

Allemagne 37 42 27 33 27 19 10 6

Royaume-Uni 19 27 57 59 15 8 8 5

4 Calcul des besoins et capacités de financement ★★★ 40 mln

Compétences attendues • Identifier les agents à besoin et à capacité de financement


• Analyser le comportement d’épargne des ménages

Supposons une économie fictive composée de trois catégories d’agents économiques :


les ménages, les entreprises et les administrations publiques. La monnaie de cette éco-
nomie fictive est l’écu.
Le PIB de cette économie s’élève à 100 000 écus. Les revenus disponibles correspon-
dants sont répartis de la façon suivante : 70 % pour les ménages, 20 % pour les entre-
prises et 10 % pour les administrations publiques. Il n’y a aucun transfert de revenus
entre cette économie et le reste du monde. La consommation finale des ménages cor-
respond à 75 % de leurs revenus, le montant résiduel étant épargné. La consommation
finale collective des administrations publiques s’élève à 4 000 écus. Les ménages ont
consacré 10 % de leurs revenus à l’acquisition de biens immobiliers neufs. Les dépenses
d’investissement des administrations publiques s’élèvent à 8 000 écus, celles des entre-
prises à 24 000 écus.
1. Élaborez les comptes de capital de chaque catégorie d’agents économiques.
2. À combien les capacités ou besoins de financement de chaque agent économique et de
l’économie dans son ensemble s’élèvent-ils ?
3. Quelles conséquences cette situation a-t-elle sur les modalités de financement de
l’économie ?
4. Qu’induit une capacité ou un besoin de financement de cette économie dans son
ensemble vis-à-vis du reste du monde ?

112
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

5 Étude de document : le financement des entreprises ★★★ 40 mln

Compétences attendues • Identifier les agents à besoin et à capacité de financement


• Analyser le comportement d’épargne des ménages

Travail à faire
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à Rendez-vous
l’annexe. MÉTHODE 1
1. Comment une entreprise peut-elle obtenir des ressources financières ?
2. Quels sont les avantages et inconvénients de chaque mode de financement ?

Le financement des entreprises


Annexe

Pour se financer, une entreprise a fondamentalement le choix entre faire appel


aux marchés financiers et puiser dans ses fonds propres. Le recours aux marchés
peut prendre deux formes : endettement ou émission d’actions. Quand elle choisit
de s’endetter, l’entreprise émet des titres de dette (souvent appelées obligations). Il
s’agit simplement de promesses de payer un montant fixe tous les ans (par exemple
6 € pour une obligation d’un nominal de 100 €), à moins qu’elle ne se trouve en
cessation de paiement, et de rembourser le nominal à l’échéance du titre. Émettre
une action consiste à octroyer un droit sur les bénéfices futurs (incertains) de l’en-
treprise, associé à un droit de vote aux assemblées, et un droit à l’information :
un actionnaire est propriétaire de l’entreprise. Si la société qui émet des actions
ne réalise pas de bénéfice ou ne distribue pas de dividendes, les actionnaires ne
retirent pas d’argent des titres qu’ils possèdent, quand les détenteurs d’obligation
continuent à toucher, sauf faillite de la firme, les intérêts promis. […]
En France, sur deux euros d’actif, un euro en moyenne est financé par endettement ;
mais pour 5 % des sociétés, la dette représente plus de 80 % des actifs. [….] Pourquoi
ces variations ? Tout d’abord, le système fiscal introduit une multitude de distor-
sions. Ainsi, les intérêts ne coûtent réellement que 2/3 de leur montant aux entre-
prises, en diminuant leurs bénéfices et donc leur impôt sur les sociétés ; les firmes ont
donc de ce point de vue intérêt à s’endetter. A contrario, plus elles s’endettent, plus le
risque de faillite croît. Or la banqueroute est coûteuse ; il faut donc veiller à garder le
ratio dettes/actifs sous contrôle. En première analyse, le niveau d’endettement choisi
par une firme (et donc la place accordée aux actions) peut se comprendre comme le
résultat de ces deux forces opposées. Avant cela, les entreprises favorisent en général
une troisième option quand elle est à leur portée : l’utilisation des fonds propres,

113
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

c’est-à-dire du capital initialement mis en place par les actionnaires, augmenté des
bénéfices non distribués. Autrement dit, les firmes préfèrent quand elles le peuvent
piocher dans leur caisse plutôt que faire appel aux marchés. Pourquoi […] ? À cause
de l’asymétrie d’information entre apporteurs de capitaux (actionnaires et déten-
teurs d’obligations) et entrepreneur (ou managers), ces derniers disposant d’une
information privilégiée sur l’activité de la firme. Connaissant cette asymétrie, les
investisseurs exigent des entreprises qu’elles financent une partie de leurs projets sur
leurs fonds propres. […]
Source : « Comment les entreprises se financent-elles ? », Gabriel Zucman,
Éditions La Découverte, Regards croisés sur l’économie, 2008/1, n° 3, p. 65 à 66

6 Étude de documents : administrations publiques


et besoin de financement ★★★ 45 mln

Compétences attendues • Identifier les agents à besoin et capacité de financement


• Analyser le comportement d’épargne des ménages
• Identifier les modalités de financement des entreprises
et de l’État

Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions suivantes relatives aux
MÉTHODE 1 annexes.

Travail à faire
1. Quels sont les principaux enseignements de l’annexe 1 ?
2. Comment expliquez-vous la forte détérioration du déficit public français en 2009 et 2010 ?
3. Quel principal enseignement pouvez-vous tirer de l’annexe 2 ?
4. Calculez la part de chaque administration publique dans le besoin de financement de
l’ensemble des administrations publiques. Calculez le taux de variation du besoin ou de la
capacité de financement de chaque administration publique d’une année sur l’autre.
5. À partir des calculs et de l’annexe 2, présentez les caractéristiques du besoin de finance-
ment des administrations publiques.

Rendez-vous
MÉTHODE
Analyser une tendance
Portez une attention particulière aux unités (%, millions, milliards, valeur absolue)
pour éviter des erreurs d’interprétation et comparer des éléments comparables.
Exemple : en 2017, le PIB en France était de 2 248 Mds € et a augmenté de 2,3 %,
par rapport à 2016.
PIB en volume N – PIB en volume N–1
Calcul du taux de variation du PIB en N : 100 ×
PIB en volume N–1

114
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évolution du déficit public français de 1993 à 2017 (Insee, 2018)


Annexe 1

Déficit public (échelle de gauche)


Dépenses publiques (échelle de droite)
Recettes publiques (échelle de droite)

en points de PIB en points de PIB


0 60

−1

−2 55

−3

−4 50

−5

−6 45

−7

−8 40
1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017

Capacité (+) ou besoin (–) de financement des administrations publiques


Annexe 2

(Insee, 2017)

en Mds € 2014 2015 2016 2017

État – 74,3 – 73,3 – 73,8 – 64,3

Organismes divers d’administration centrale 2,6 – 2,5 – 2,9 – 1,0

Administrations publiques locales – 4,8 – 0,1 3,0 0,8

Administrations de sécurité sociale – 7,4 – 3,8 – 2,2 5,0

Ensemble des administrations publiques – 83,9 – 79,7 – 75,9 – 59,5

115
SYNTHÈSE
Financement des agents économiques

Besoin et capacité de financement


••Besoin de financement : Investissement > Épargne
••Capacité de financement : Épargne > Investissement
Composition de l’épargne des ménages

Épargne
des ménages

Épargne non financière Épargne financière

Acquisitions Investissements Thésaurisation Placements Placements


de biens des entreprises monétaires financiers
immobiliers individuelles

Formes de financement des entreprises


Financement
Financement externe
interne
Financement
Financement intermédié Financement entre
de marché (institutions agents non financiers
Auto- financières)
financement
Titres de Titres Crédits Crédits Crédits,
propriété de dettes d’investissement commerciaux dont intra-
(actions) (obligations) et de trésorerie et avances groupe
Fonds propres Dettes

116
CHAPITRE
7 Rôle des banques
et des marchés
financiers
PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Identifier les fonctions des banques • Finance directe/finance indirecte
• Appréhender la diversité des marchés de • Rôle des banques
capitaux • Évolution des marchés et place
• Analyser la contribution des banques des banques
et des marchés de capitaux à l’activité
économique
• Rôles des marchés des capitaux :
financement à différents horizons
• Repérer les nouvelles sources de temporels, valorisation boursière, liquidité
financement des titres, spéculation, couverture
• Analyser les mécanismes financiers des risques, apports de devises
d’une crise réelle (passée ou actuelle) • Les différents types de marchés
et ses conséquences sur l’activité
économique
• Autres formes de financement
• Les autorités monétaires

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. La monnaie et le rôle des banques • 2. Les rôles et la diversité des marchés
de capitaux • 3. Les nouvelles sources de financement • 4. Les crises financières
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

L orsque les ressources financières internes ne satisfont pas les besoins financiers, les agents
à besoin de financement en trouvent d’autres auprès des banques ou des marchés de
capitaux. De nouvelles sources de financement, comme le crowdfunding, sont récemment
apparues pour répondre à des besoins émergents (développement des start-up, projets à
géométrie variable, etc.). L’incertitude et le risque inhérents à ces activités sont cependant au
cœur de crises financières modifiant en profondeur le fonctionnement réel des économies.

MOTS-CLÉS
Base monétaire • Capitalisation boursière • Création monétaire • Crowdfunding •
Devise • Liquidité • Marchés de capitaux • Marché monétaire • Masse monétaire •
Multiplicateur de crédit • OPA • OPE • Produit dérivé • Risque de change
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu

1  La monnaie et le rôle des banques

A La monnaie et les moyens de paiement


Actif facilitant l’échange de biens et services réels ou le transfert de valeur dans le temps,
la monnaie recouvre trois fonctions.
1. La monnaie, intermédiaire des échanges universel et instantané
La monnaie est un moyen de paiement :
•• Universel (ex. : l’euro dans la zone euro). Les agents économiques en disposent pour
régler leurs transactions économiques. La monnaie a cours légal dans sa zone moné-
taire : les résidents doivent obligatoirement l’accepter en paiement. Contrairement
à la monnaie nationale, l’existence de la monnaie internationale est en général une
existence de fait, liée à un usage.
•• monnaie est un moyen de paiement instantané. Elle permet d’acquérir immédiate-
La
ment un bien ou service. Elle permet aussi de se libérer de toutes ses dettes : on parle
du « pouvoir libératoire général de la monnaie », liquidité par excellence.
Définition
La liquidité d’un actif désigne son aptitude à se transformer en moyen de paiement
aisément, rapidement, et sans coût. En d’autres termes, la liquidité est la faculté qu’a
un actif d’être rapidement transformé en un moyen de paiement immédiatement
utilisable pour effectuer des règlements.

2. La monnaie, instrument de mesure des valeurs


La monnaie permet de compter le nombre d’unités monétaires que vaut n’importe quel
bien, service ou actif ; elle sert donc d’unité de compte. Dans une économie qui en est
dénuée, la valeur d’un bien doit s’exprimer en fonction de la valeur de tous les autres
biens pouvant faire l’objet d’un échange. En exprimant la valeur absolue de chaque
bien en une seule unité, la monnaie simplifie grandement ces problèmes de mesure
puisqu’elle permet de chiffrer directement la valeur d’un bien sans référence à celle des
autres nécessairement multiples.
3. La monnaie, instrument de réserve et de transfert de valeur
dans le temps
La monnaie est un moyen de placement car elle conserve et transfère de la valeur dans
le temps. Elle peut ainsi être conservée et échangée contre un autre actif après un cer-
tain temps. Lorsque l’inflation (  chapitre 6) est importante, la monnaie est un mauvais
instrument de conservation de la valeur : en effet, la hausse du niveau général des prix
érode son pouvoir d’achat.
4. Les formes de la monnaie
La monnaie peut adopter deux formes distinctes :
•• la monnaie manuelle ou fiduciaire est manipulable. Elle inclut :
––la monnaie-papier, c’est-à-dire les billets de banque. La Banque de France détient le
monopole d’émission des billets depuis 1848 en France. Depuis le 1er janvier 2002, et

118
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier

la substitution de l’euro au franc, la Banque de France émet un certain quota de billets CHIFFRES-CLÉS
en euros, comme chacune des banques centrales des autres pays de la zone euro, sous
le contrôle de la Banque centrale européenne (BCE  chapitre 10). La monnaie
dématérialisée
–– monnaie divisionnaire est émise par le Trésor public en France ;
la représente
•• la monnaie scripturale est inscrite sur les comptes bancaires des agents non bancaires. Elle plus de 85 %
est immatérielle, intangible et n’existe qu’en vertu d’écritures passées dans les comptes de la circulation
des banques au nom des titulaires de cette monnaie. Les principaux instruments de circu- monétaire dans l’UE
lation de la monnaie scripturale sont le chèque, le virement et la carte bancaire. (BCE, 2016).

B La transformation des échéances et la création monétaire


Les banques commerciales revêtent deux fonctions distinctes mais complémentaires
dans une économie de marché :
––elles sont au cœur des opérations de paiement des transactions économiques entre
les agents économiques. Elles s’occupent de la gestion des moyens de paiement et
s’assurent que les paiements demandés par les agents sont bien effectués ;
––elles accordent des crédits bancaires aux agents non financiers : c’est le financement
indirect.
Les banques reçoivent habituellement des dépôts à vue de la part des titulaires des
comptes bancaires. Ces dépôts de court terme représentent des dettes enregistrées au
passif des bilans des banques. Or, les banques accordent habituellement des crédits de
moyen et long terme aux agents non financiers. Autrement dit, les banques empruntent
à court terme et prêtent à moyen et long terme. Le système bancaire procède alors
à une activité de transformation bancaire, ou transformation des échéances, afin de
rendre compatibles les comportements des déposants, qui détiennent des actifs à court
terme, et celui des emprunteurs qui empruntent à plus long terme (tab. 7.1).

Tableau 7.1.  Bilan bancaire simplifié – transformation des échéances

Actif Passif

Créances de moyen et long terme Dettes à court terme (dépôts à vue)


(crédits bancaires)

Cette transformation bancaire consiste notamment à multiplier le nombre de dépo-


sants afin que les paiements réalisés entre agents économiques s’effectuent au sein de
la banque.
Exemple
◗◗Soient deux situations distinctes :
–– les titulaires de comptes bancaires à la banque A achètent des produits auprès de four-
nisseurs disposant de comptes à la banque B. Un transfert monétaire est donc opéré
de la banque A, dont le passif diminue, vers la banque B dont le passif augmente. La
banque A ne peut donc pas prêter les ressources : la transformation bancaire n’est pas
possible ;
–– les titulaires de comptes bancaires à la banque A achètent des produits auprès de four-
nisseurs disposant désormais de comptes au sein de la même banque. La banque A trans-

119
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu

fère de la monnaie des comptes des acheteurs vers celui des fournisseurs, l’ensemble
du passif de la banque restant stable : il n’y a pas de fuite vers l’extérieur. La banque A
dispose donc de ressources pouvant être prêtées à long terme tant que les paiements se
font principalement entre agents d’une même banque. ◗

La création monétaire est une autre caractéristique du financement bancaire. Dans


une économie monétaire, les banques jouent un rôle bien spécifique : elles créent de
la monnaie en accordant des crédits. Les banques émettent de la monnaie lorsqu’elles
mettent à disposition d’agents économiques non financiers (ex. : ménages, entreprises)
de la monnaie qui n’a encore jamais circulé. La création monétaire correspond à la trans-
formation de créances sur des agents non financiers en moyens de paiement c’est-à-
dire en monnaie : les crédits font les dépôts. La monnaie en circulation dans l’économie
­correspond à la masse monétaire émise par les banques en contrepartie de trois types
de créances :
––les créances sur l’extérieur liées aux paiements en devises ;
––les crédits aux ménages et entreprises ;
––les crédits aux administrations publiques (les créances sur le Trésor public) ;
L’activité de création monétaire apparaît avec l’augmentation de la masse monétaire sur
une période donnée.

C Les fonctions d’une banque centrale


1. La création monétaire
Les banques commerciales, dites « de second rang », sont au cœur du processus de
création monétaire en émettant de la monnaie scripturale. Le processus de création
monétaire des banques commerciales n’est pas limité par l’existence d’une épargne pré-
alable mais par le « crédit », c’est-à-dire la confiance, qu’elles accordent aux capaci-
tés de remboursement futur des emprunteurs. C’est bien la solvabilité de l’emprunteur
anticipée par la banque qui commande son opération de prêt et d’émission monétaire.
Cependant, ce processus de création monétaire est aussi contraint par la banque cen-
trale dite « de premier rang ».
Chaque banque de second rang dispose d’un compte à la banque centrale pour assurer
des paiements. Ces derniers sont effectués en monnaie centrale, appelée aussi base
monétaire (tab. 7.2), dont la banque centrale détient le monopole d’émission. La banque
centrale est donc la « banque des banques » :
•• Une partie de la base monétaire est détenue par les ménages sous forme de billets.
•• L’autre partie, appelée « liquidité bancaire », est détenue par les banques soit sous la
forme de billets (dans la caisse de la banque), soit sous la forme scripturale comme les
dépôts ­effectués par les banques sur leurs comptes à la banque centrale.

120
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier

Tableau 7.2.  Composantes de la monnaie émise par la banque centrale

Base monétaire = Monnaie centrale = Monnaie émise par la banque centrale


Billets détenus Billets en caisse détenus par Dépôts des banques commerciales
par les ménages les banques de second rang sur leurs comptes à la banque centrale
Monnaie fiduciaire Monnaie scripturale
Monnaie ­centrale Liquidité bancaire : monnaie centrale détenue par les banques
détenue par de second rang
les ménages

2. La domiciliation de comptes
Une banque commerciale détient un compte à la banque centrale pour différents motifs.
Le besoin de liquidités. Les agents économiques peuvent avoir besoin d’effectuer leurs
dépenses avec des billets retirés auprès de leurs banques. Or seule la banque centrale
émet les billets. La banque commerciale doit donc conserver une partie des dépôts
qu’elle reçoit des agents économiques dans son compte à la banque centrale pour
répondre au besoin de liquidités de ses clients.
Les paiements interbancaires. Pour se procurer des billets, les banques de second rang
doivent effectuer des retraits auprès de la banque centrale pour les remettre ensuite à
leurs clients. Une banque a besoin de disposer de monnaie centrale dans son compte à
la banque centrale pour assurer des paiements interbancaires. Ces derniers se font par
virement de compte à compte à la banque centrale (paiement interbancaire).
Exemple
◗◗Soient deux banques, A et B, à la fin d’une période donnée (une journée) :
–– les titulaires d’un compte courant chez A doivent 1 000 000 € à ceux de B ;
–– les titulaires d’un compte courant chez B doivent 750 000 € à ceux de A ;
–– la banque centrale prélèvera 250 000 € sur le compte de A au profit de B. ◗
Les réserves obligatoires. La banque centrale peut imposer aux banques de maintenir
en permanence un minimum de monnaie sur leur compte à la banque centrale, ce que
constituent les réserves obligatoires. En cas d’insuffisance de monnaie centrale sur son
compte, la banque commerciale peut emprunter des liquidités à la banque centrale.
Celle-ci émet donc de la monnaie centrale en accordant un crédit à la banque commer-
ciale, soit une opération de refinancement.
Ces trois motifs sont à l’origine du besoin en monnaie centrale des banques commerciales. Ce
besoin permet à la banque centrale de contrôler l’émission de monnaie par les banques com-
merciales. Le lien entre la monnaie centrale émise par la banque centrale et la masse moné-
taire créée par les banques de second rang est représenté par le multiplicateur de crédit.
Définition
Le multiplicateur de crédit correspond au nombre d’unités monétaires en circulation
pour une unité émise par la banque centrale. Il se calcule comme suit :
Multiplicateur de crédit = M
 asse monétaire
Base monétaire

121
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu

Le multiplicateur de crédit. Il dépend :


––de la proportion des billets en circulation dans la masse monétaire, ou taux de préfé-
rence pour les billets des ménages, notée b : une hausse de b entraîne un besoin crois-
sant de monnaie centrale pour les banques ordinaires afin de satisfaire la demande des
agents non financiers en billets.
––du rapport entre les dépôts à vue, ou réserves, détenues par les banques dans leurs
comptes à la banque centrale et les dépôts à vue détenus par les agents non finan-
ciers dans leurs comptes bancaires, noté r appelé « taux de réserve » : une hausse
de r entraîne un besoin croissant de monnaie centrale pour les banques ordinaires. Si
la banque centrale souhaite agir sur la masse monétaire, elle peut décider d’imposer
ou d’augmenter un taux de réserves obligatoires. En augmentant ce taux, elle oblige
les banques ordinaires à conserver une partie des dépôts qu’elles reçoivent des agents
non financiers dans leurs comptes à la banque centrale, réduisant d’autant les crédits
que peuvent accorder les banques ordinaires à l’économie. Au contraire, en réduisant
ce taux, elle diminue le besoin en monnaie centrale des banques qui peuvent alors
accorder plus de crédits à l’économie.
1
Multiplicateur de crédit = 
(b + r – r × b)

Exemple
◗◗ Si le multiplicateur de crédit s’élève à 5, alors 1 € émis par la banque centrale entraîne
un supplément de masse monétaire à hauteur de 5 €, grâce aux crédits accordés par les
banques commerciales. ◗

  EXERCICE 3

2  Les rôles et la diversité des marchés de capitaux


Définition
Les marchés de capitaux correspondent à un mode d’échange de produits finan-
ciers permettant aux « offreurs de capitaux » de placer leurs ressources auprès des
« demandeurs de capitaux ».

Sur les marchés de capitaux, les capitaux correspondent aux ressources financières
que les agents à capacité de financement mettent à disposition des agents à besoin
de financement (  chapitres 2 et 6). En échange, ces derniers émettent des titres
financiers. Ainsi :
––l’offre de capitaux correspond bien à la demande en titres financiers, soit à un place-
ment sur les marchés financiers ;
––la demande en capitaux correspond bien à l’offre en produits financiers, ou émission
de titres financiers, donc à un besoin en ressources financières ;
––la diversité des titres financiers échangés va de pair avec la diversité des marchés de
capitaux.

122
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier

A Le marché monétaire
Définition
Le marché monétaire représente le marché des capitaux à court terme dont l’échéance
court de 24 heures à sept ans.

Le marché monétaire permet aux agents souhaitant placer leur trésorerie à court terme
de financer des besoins de trésorerie d’autres agents.
Le marché monétaire comprend deux compartiments :
•• Le marché interbancaire est réservé aux banques qui se prêtent entre elles leurs avoirs
en monnaie centrale. Une banque peut avoir un besoin en monnaie centrale supérieur
à la liquidité bancaire qu’elle détient. Elle peut donc emprunter celle-ci, c’est-à-dire
se refinancer, soit à la banque centrale, soit auprès d’autres banques qui disposent de
liquidités bancaires suffisantes. Ces prêts seront remboursés ultérieurement.
•• Le marché des titres du marché monétaire est ouvert aux agents financiers ainsi
qu’aux grandes entreprises qui peuvent alors échanger des titres de dettes à court et
moyen terme, les titres de créance négociables (TCN) :
–– les bons du Trésor négociables émis par le Trésor public visant à financer les besoins Pour tout savoir sur les
de trésorerie de l’État ; bons du Trésor :
–– les certificats de dépôts négociables émis par les agents financiers, notamment les
banques ;
–– les billets de trésorerie émis par les entreprises présentes sur le marché ;
–– les bons à moyen terme négociables émis par les entreprises ou agents financiers http://dunod.link/
d’une durée supérieure à un an. wpgzxav

B Le marché financier
Le marché financier correspond aux marchés de capitaux de long terme. Deux grandes
catégories de titres financiers (tab. 7.3) s’y échangent :
––les actions dont les émissions et échanges sont effectués sur le marché des actions ;
––les obligations dont les émissions et échanges sont effectués sur le marché obliga-
taire.
Le marché financier est composé du marché primaire et du marché secondaire (Bourse).

Tableau 7.3.  Propriétés et caractéristiques des titres financiers

Détenteur du titre Droits associés Caractéristiques

Actionnaire •• Droit sur les bénéfices : •• Variation des dividendes distri-


dividendes bués en fonction du résultat net
Action : •• Droit de vote à l’assemblée •• Possibilités de revendre le titre
titre de propriété générale des actionnaires sur le marché secondaire
•• Droit à l’actif net résiduel (Bourse)
•• Titre non remboursable

123
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu

Détenteur du titre Droits associés Caractéristiques

Créancier •• Droit à recevoir •• Taux du coupon : taux d’intérêt


Obligation : une ­rémunération, nominal (Intérêt versé/Montant
titre de créances le coupon (intérêts de l’obligation à l’émission) fixe
pour son ­versés périodiquement •• Taux du coupon qui dépend du
détenteur au créancier), déterminée montant des obligations émises,
(titre de dettes à l’avance et stable des conditions du marché, de la
pour l’émetteur) monnaie d’émission, de la durée
du prêt et du risque de l’émetteur

En France, le marché financier français est Euronext Paris géré par la société Euronext
qui regroupe plusieurs places boursières en Europe. Euronext Paris est un marché régle-
menté qui accueille la négociation des actions et des obligations.
1. L’interdépendance des marchés
La facilité à revendre un titre financier, en particulier une action, sur le marché secon-
daire assure sa bonne émission sur le marché primaire. La liquidité du marché secondaire
est donc indispensable à l’efficacité du marché primaire. La Bourse est essentielle au
financement des entreprises lorsqu’elles émettent de nouvelles actions.
Les administrations publiques sont les plus gros émetteurs d’obligations en France,
source de financement non monétaire (et donc non inflationniste) du déficit public. Ces
obligations émises sont majoritairement détenues par les agents financiers comme les
banques ou les sociétés d’assurances.
Le financement par actions des entreprises leur permet d’accéder à une masse élevée de
capitaux et facilite les regroupements d’entreprises à travers les offres publiques d’achat
(OPA) et les offres publiques d’échange (OPE).
Définitions
• Une OPA permet d’acquérir une entreprise en proposant publiquement à ses
actionnaires d’acheter leurs actions à un prix supérieur aux cours boursier.
• Dans le cadre d’une OPE, l’entreprise propose ses titres en échange des actions de
la société qu’elle veut acheter.

Les émetteurs comme les détenteurs d’actions sont particulièrement attentifs à la capitali-
sation boursière d’une entreprise ou d’un ensemble d’entreprises à travers un indice boursier.
2. La capitalisation boursière
Définitions
La capitalisation boursière correspond à la valeur moyenne des actions d’une entre-
prise, d’un ensemble d’entreprises ou d’une place financière.

Un indice boursier désigne un instrument de mesure de la capitalisation de plusieurs


entreprises parmi les plus importantes, ou appartenant à un même secteur d’activité. En
France, l’indice le plus célèbre est le CAC 40, indice de cotation assistée en continu des
40 plus grandes capitalisations boursières françaises d’Euronext Paris.

124
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier

FOCUS Comportement des indices boursiers


Un indice boursier élevé signifie que le cours moyen La baisse d’un indice signifie que les investisseurs
des actions qui le composent augmente. C’est la ont des doutes, des craintes sur la capacité des
conséquence d’une hausse de la demande pour ces entreprises à générer des bénéfices futurs. La vente
titres. Les investisseurs anticipent de futurs béné- d’actions tend à augmenter. A contrario, la demande
fices pour les entreprises ayant émis ces actions se tasse. Ainsi, le cours des actions diminue. La
et achètent plus de titres. La hausse normale d’un diminution normale d’un indice est donc le signe
indice est donc le signe d’anticipations favorables d’anticipations défavorables sur des bénéfices à
sur des bénéfices à venir et, plus largement, sur le venir et, plus largement, sur le marché.
marché. Les entreprises peuvent alors plus facile-
ment émettre de nouveaux titres financiers.

C Le marché des changes


Le marché des changes assure l’échange d’une monnaie contre une autre.
Exemple
◗◗ Une entreprise située en France achète des matières premières à un fournisseur situé aux
États-Unis. L’entreprise française va alors apporter des euros à sa banque pour qu’elle les
échange contre des dollars. La banque française va donc vendre des euros contre des dol-
lars sur le marché des changes. Après obtention des dollars, la banque française les versera
à la banque américaine du fournisseur, payant ainsi l’achat des matières premières au nom
de l’entreprise française. ◗

1. L’acquisition de devises et le taux de change


Les motifs d’acquisition de devises sont liés aux échanges internationaux :
––commerce international de biens et services ;
––transferts internationaux de revenus ;
––transferts internationaux de capitaux financiers.
Le prix d’une monnaie exprimé dans une autre monnaie correspond au taux de change.
C’est le nombre d’unités monétaires qu’un agent peut obtenir en échange d’une unité
d’une autre monnaie.
Exemple
◗◗ Si le taux de 1 euro est de 1,10 $, alors 100 € peuvent être échangés contre 110 $ sur le
marché des changes. ◗

Si le taux de change d’une monnaie s’apprécie, cela signifie qu’elle peut acheter plus
d’unités monétaires d’une autre monnaie qu’auparavant.
Exemple
◗◗ Si le cours de l’euro passe de 1 € = 1,10 $ à 1 € = 1,50 $, l’euro peut alors être échangé
contre plus de dollars qu’auparavant. Les détenteurs de dollars doivent donc échanger plus
de dollars qu’auparavant pour obtenir 1 euro. L’euro est donc plus demandé qu’auparavant
ce qui explique que son prix en monnaie étrangère, ici le dollar, augmente. ◗
Si le taux de change d’une monnaie se déprécie, il permet d’acheter moins d’unités
monétaires d’une autre monnaie qu’auparavant.

125
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu

Exemple
◗◗ Si le cours de l’euro passe de 1 € = 1,10 $ à 1 € = 0,80 $, l’euro peut alors être échangé contre
moins de dollars qu’auparavant. Les détenteurs de dollars doivent donc échanger moins de
dollars qu’auparavant pour obtenir 1 euro. L’euro est donc moins demandé qu’auparavant, ce
qui explique que son prix en monnaie étrangère, ici le dollar, diminue. ◗

2. Les opérateurs du marché des changes (cambistes)


Les principaux acteurs du marché sont :
––les banques de second rang. Elles effectuent des opérations pour leur compte propre
ou pour leurs clients (ménages et entreprises) ;
––les banques centrales. Elles interviennent en vendant ou en achetant des devises afin
de réguler les fluctuations du cours de leur monnaie et de contrôler le taux de change
correspondant ;
––certaines entreprises : seules les très grandes entreprises, souvent des multinationales
disposant de filiales bancaires, effectuent elles-mêmes les opérations de change dont
elles ont besoin pour leurs activités internationales.
3. Le risque de change
Définition
Le risque de change désigne un risque de perte occasionné par une future variation
du taux de change. Outre sa fonction d’échange de devises, le marché des changes
permet aussi de gérer le risque de change occasionné par les fluctuations des cours
des monnaies.

Exemple
◗◗ Un importateur français, French Touch, doit payer dans 3 mois 1 million de dollars à un
fournisseur nord-américain. Si, aujourd’hui, le taux de change est 1 € = 1,10 $, alors la dette
de l’importateur français équivaut à 909 090,91 € soit 1 000 000/1,10.
Si, à l’échéance, l’euro se déprécie, le taux de change s’établissant par exemple à 1 € = 0,90 $,
alors la dette de l’importateur français s’élève alors à 1 111 111,11 €, soit 1 000 000/0,9. Le
risque d’une dépréciation de l’euro entraînerait donc une perte de change de 202 020,2 €. ◗

La gestion du risque de change combine des opérations au comptant et des opérations


à terme. Les opérations au comptant portent sur des transactions conclues et payées
immédiatement. Plus précisément, la livraison de devises est réalisée dans les 2 jours
ouvrables qui suivent la transaction. Dans ce cas, le risque de change est géré en l’em-
pêchant d’apparaître.
Exemple
◗◗ L’importateur French Touch refuse le délai de paiement accordé par l’exportateur nord-­
américain et le règle au comptant pour éviter une perte de change liée à un paiement à 3 mois. ◗

Dans le cas d’opérations à terme, un décalage apparaît entre la date de la transaction et


la date de son règlement.

126
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier

Exemple
◗◗ French Touch accepte le délai de paiement de trois mois proposé par l’exportateur nord-amé-
ricain. La livraison des dollars à la banque de l’importateur, en contrepartie des euros appor-
tés par l’importateur, pour payer ensuite l’exportateur se fera alors dans 3 mois. ◗
Le taux de change retenu pour une opération à terme est fixé le jour de la transaction.
Il correspond au cours à terme qui s’appliquera à l’échéance prévue. Les opérations à
terme permettent ainsi de connaître le jour de la transaction la valeur des paiements
réalisés dans le futur en fixant, au moment de la transaction, le taux de change qui s’ap-
pliquera au moment du paiement dans le futur.

D Le marché des produits dérivés


Les marchés financiers ne visent pas seulement à échanger des titres mais aussi les
risques associés.
Exemple
◗◗ Si l’importateur français accepte le délai de paiement de 3 mois proposé par l’exportateur
nord-américain, il prend le risque que l’euro se déprécie. ◗
Sur les marchés de produits dérivés (tab. 7.4) sont échangés des risques « dérivés » des
marchés au comptant.
Définition
Un produit dérivé est un contrat dont la valeur dépend de celle d’un autre actif dit
« actif sous-jacent » ou « actif-support » (ex. : achat par un importateur d’un pro-
duit dérivé permettant d’optimiser le change).

Avec les produits dérivés, le risque d’un agent est transféré vers un autre, entraînant
la réalisation d’opérations différées dans le temps portant sur des valeurs financières
(actions, devises, indices boursiers, etc.) sous-jacentes.
Tableau 7.4.  Principaux produits dérivés
Contrat à terme Contrat à terme Contrat d’échange
ferme (future) optionnel (option) financier (swap)
Engagement Une option d’achat/ Échange de deux flux
ferme à acheter de vente appelée call/put ­financiers (flux de dettes/
ou vendre est un contrat donnant le créances) aux caractéris-
un volume droit d’acheter/de vendre tiques financières diffé-
d’actifs sous- un actif sous-jacent à rentes.
Définitions
jacents à un certain prix (strike).
un prix et Qu’elle soit exercée ou
à une date pas, l’acheteur de l’op-
­déterminés tion paie le prix de l’op-
tion au vendeur (prime).
Principaux Actifs physiques (marchandises, matières Dettes (ex. : échange
actifs sous- premières), financiers (actions, obligations), d’un crédit à taux fixe contre
jacents devises, taux d’intérêt, indices boursiers un emprunt à taux variable)

127
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu

La diversité des actifs sous-jacents et la multiplicité de leurs combinaisons accroît la


complexité des produits dérivés qui peuvent être échangés sur des marchés réglementés
(ou marchés organisés) et sur des marchés de gré à gré non réglementés.
1. Les marchés réglementés
Sur un marché réglementé (fig. 7.1), les transactions se déroulent selon des règles fixées
par une autorité de marché. L’organisation de tels marchés se traduit par :
––des produits dérivés standardisés ;
––l’existence d’une chambre de compensation qui s’assure de la solvabilité des opé-
rateurs en imposant notamment un dépôt de garantie au moment d’un échange
de ­produits dérivés ;
––la mise en place quotidienne d’appels de marge par la chambre de compensation obligeant
les opérateurs, dont le risque de perte s’accroît, à lui apporter un dépôt supplémentaire.

Marchés réglementés de produits dérivés


sur la place financière de Paris (Euronext Paris)
regroupés sous l’appellation
Euronext Liffe

Marché à terme des Marché des options


instruments financiers négociables de Paris
(Matif) (Monep)

Cotation des contrats à terme Cotation des options adossées à


adossés à : des titres financiers, des indices
• des actifs monétaires (ex. : boursiers et des actifs réels.
devises, bons du Trésor,
obligations)
• des actifs réels (ex. :
matières premières agricoles)

Figure 7.1.  Marché Euronext Liffe (Euronext Paris)

2. Les marchés de gré à gré


Sur un marché de gré à gré, ou marché non réglementé, les acheteurs et vendeurs de
produits dérivés nouent directement des contrats sans passer par l’intermédiaire d’une
chambre de compensation. Les contrats ne sont pas standardisés, les opérateurs peuvent
négocier librement de leurs caractéristiques (ex. : montant, échéance des contrats).
La majorité des produits dérivés s’échangent sur des marchés de gré à gré.

 EXERCICE  2 • EXERCICE 4 • EXERCICE 5 • ÉTUDE DE DOCUMENTS 6

128
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier

3  Les nouvelles sources de financement


A Le capital-investissement et le capital-risque
1. Le capital-investissement
Définition
Le capital-investissement (ou private equity) désigne un apport aux fonds propres
d’entreprises à haut potentiel de croissance, n’ayant pas accès aux prêts bancaires
habituels, réalisé par des investisseurs financiers.

Les apports en capitaux sont réalisés par des fonds d’investissement (ou sociétés de
capital-investissement) dont la prise de participation vise souvent à générer un retour
sur investissement élevé. Le capital-investissement représente une source de finance-
ment majeure pour la création, le développement, la transmission ou la restructuration
des PME non cotées.
2. Le capital-risque
Le capital-risque (ou venture capital) est une partie du capital-investissement relative
aux apports en fonds propres réalisés par des investisseurs financiers au moment de la
création d’entreprises. Il représente un mode de financement de la création et crois-
sance d’une entreprise à fort potentiel de développement. Les sociétés de capital-risque,
apportent à l’entreprise :
––des ressources financières en prenant participation au capital de l’entreprise créée ;
––un accompagnement dans la conduite de l’entreprise afin de garantir la pérennité de
l’entreprise.
Plusieurs types de fonds d’investissement peuvent être distingués :
––les investisseurs publics ou parapublics (comme les instituts régionaux de participa-
tion en France) ;
––les filiales de banques (Euro Capital, Crédit Agricole Asset Management, etc.) ;
––les sociétés indépendantes françaises ou internationales ;
––les filiales de groupes industriels (Schneider Equity, Google Capital, etc.).

B Le financement participatif
Définition CHIFFRES-CLÉS
Le financement participatif, ou crowdfunding, est un mode financement de projets Le financement
permettant de collecter des ressources financières, généralement de faibles mon- participatif a fait
tants, auprès d’un public étendu, en vue de financer des projets économiques souvent un bond de 101 %
individuels dans le domaine artistique ou entrepreneurial. entre 2015 et
2017 : il a donc été
multiplié par deux,
Le crowdfunding vise souvent à apporter un soutien financier à des initiatives de proxi- passant de 167 M€
mité ou à des projets défendant des valeurs sociales et morales, notamment en ligne à 336 M€ (KPMG et
et pour des start-up. La transparence affichée et la modularité (dons, préventes, prêts, FPF France, 2018)

129
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu

prises de participation…) expliquent la confiance du public envers les plateformes de


financement participatif.

4  Les crises financières

A Les mécanismes d’une crise financière


Une crise financière résulte de la combinaison :
•• D’un krach boursier, effondrement général de la valeur des titres financiers sur une
ou plusieurs places financières. Cette chute est la conséquence de la vente massive de
titres résultant d’une crise de confiance. La diminution du cours des titres ­financiers
consécutive oblige d’autres détenteurs à les céder avant de subir une trop forte
moins-value, aggravant la chute des cours. Une telle crise boursière fait souvent suite
à une période faste durant laquelle le cours des titres augmente démesurément par
rapport à leurs capacités réelles à générer des revenus (ex. : krach de 1929).
•• D’une crise bancaire qui désigne la dégradation de la situation financière des banques
victimes d’une perte de confiance liée à une liquidité ou à une solvabilité défaillante :
–– lorsque les banques ne disposent pas suffisamment de liquidités pour honorer les
demandes de retrait même si les crédits sont sûrs. L’horizon de remboursement des
crédits étant trop lointain face à des retraits d’argent immédiats, la banque, même
solvable, fait alors faillite ;
–– lorsqu’une banque ne peut pas faire face à ses engagements, notamment à la
demande de retrait de liquidités par les déposants, parce qu’une partie des crédits
qu’elle a accordés n’a pas été remboursée.
Une crise bancaire peut conduire à une succession de faillites bancaires et dégénérer en
crise systémique (effet domino).

B Les effets d’une crise financière


Une crise financière impacte l’économie réelle par différents canaux :
•• Un krach boursier entraîne des pertes en revenus et en capital des détenteurs de
titres financiers. Elles conduisent à une réduction des dépenses de consommation et
à une contraction de l’activité économique. Ces pertes amputent fortement la capa-
cité des ménages actionnaires à rembourser leurs dettes. L’insolvabilité croissante des
ménages met donc en difficultés leurs créanciers, essentiellement les banques, qui, en
retour, voient leur risque d’insolvabilité augmenter.
•• Les difficultés et faillites bancaires conduisent le système bancaire à réduire dras-
tiquement le volume des crédits accordés à l’économie (credit crunch). Les banques,
craignant la défaillance de leurs débiteurs, réduisent les crédits aux entreprises et
ménages. Ces derniers doivent alors limiter leurs dépenses, contractant ainsi l’activité
économique.
•• La dégradation du commerce international (  chapitre 13). La contraction de l’ac-
tivité réduit les importations du pays subissant la crise dont les partenaires voient
leurs débouchés et revenus commerciaux se réduire. Ils diminuent alors leurs propres

130
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier

importations, enclenchant l’effet récessif cumulatif de la crise financière à l’ensemble


des économies liées entre elles par le commerce international.
•• La chute des dépenses inhérentes aux mécanismes précédents peut conduire à une
réduction de la production de biens et services, à une chute des prix et de l’emploi.
Une crise financière peut donc dégénérer en une récession économique (baisse du taux
de croissance), voire en une dépression économique (baisse du niveau de production).

 ÉTUDE DE DOCUMENTS 7

C Les outils de prévention et de lutte


contre les crises financières
1. Le rôle des banques centrales
La banque centrale, qu’elle soit nationale ou supranationale, peut lutter contre le risque
de crise bancaire en accordant aux banques les liquidités dont elles ont besoin. La banque
centrale joue alors un rôle de prêteur en dernier ressort. L’objectif de la banque centrale
est d’assurer la liquidité d’un établissement bancaire ou d’alimenter l’ensemble du sys-
tème bancaire, dans le cas d’un assèchement du marché interbancaire afin d’éviter une
faillite qui pourrait en entraîner d’autres.
Cette fonction comporte un aléa moral (  chapitre 6) ; si les banques sont assurées de
trouver des liquidités auprès d’une banque centrale, leur vigilance est moindre.
2. Les règles prudentielles
Les autorités monétaires peuvent mettre en place des règles prudentielles. Elles
désignent des dispositions contraignantes pour les banques visant à prévenir leurs fail-
lites et à assurer le bon fonctionnement des marchés de capitaux, notamment interban-
caires. Ces règles visent à renforcer :
•• La liquidité des banques. Celles-ci doivent détenir suffisamment de monnaie centrale
pour faire face à une hausse importante de retrait d’argent par les déposants, le bank
run.
•• La solvabilité des banques. Elles doivent mieux contrôler la solvabilité des agents à
qui elles accordent des crédits.
Les règles prudentielles correspondent essentiellement aux accords de Bâle (1 à 4) Les accords de Bâle
et leurs conséquences
imposant le respect de ratios de solvabilité aux établissements financiers. sur l’économie :
L’Autorité des marchés financiers (AMF) est chargée de protéger l’épargne placée sur les
marchés de capitaux, de vérifier leur bon fonctionnement et de s’assurer de la transpa-
rence de l’information financière.
La directive Marchés des instruments financiers (MIF 2) de 2014, succédant à MIF 1 http://dunod.link/
(2011) et édictée par les législateurs européens, est une réponse directe à la crise finan- aywrlgh
cière de 2008. Elle vise à améliorer :
––la transparence des différentes étapes de la commercialisation d’un produit financier ;
––la transparence du déroulé de l’achat/vente d’un actif sur les marchés financiers.

131
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1 Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.
Vrai Faux

1. La monnaie remplit au moins trois fonctions dans l’économie. ∙ ∙


2. Seule la banque centrale émet de la monnaie. ∙ ∙
3. Les crédits bancaires sont uniquement accordés grâce à des dépôts
∙ ∙
bancaires.
4. Sur les marchés financiers, la demande en titres représente
∙ ∙
un besoin de financement.
5. Les dividendes versés aux détenteurs d’actions sont moins réguliers
∙ ∙
que les coupons versés aux détenteurs d’obligations.
6. Les produits dérivés s’appellent ainsi car ce sont des produits
∙ ∙
financiers qui se sont écartés de leur fonction initiale.
7. Comme les banques, les fonds d’investissement émettent
∙ ∙
de la monnaie.
8. Sur un marché de capitaux, les titres échangés sur le marché
∙ ∙
secondaire peuvent parfois avoir été émis sur le marché primaire.
9. Une banque solvable peut faire faillite. ∙ ∙
10. Le financement par capital-risque s’adresse en priorité aux grands
∙ ∙
groupes industriels présents sur les marchés financiers.

2 Rendement courant d’une obligation ★★★


Une obligation A émise l’année N à 5 000 € au taux d’intérêt de 8 % vaut 4 000 € en
Bourse l’année N+1.
1. Quel est le rendement courant de cette obligation ?
2. Comment évolue le rendement courant d’une obligation en fonction de son cours ?
Une nouvelle obligation B est émise en N+1 au taux d’intérêt de 12 %.
3. Quel sera alors le nouveau cours de l’obligation A en N+1 ?

132
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 Multiplicateur de crédit ★★★

Compétences attendues • Identifier les fonctions des banques.


• Analyser la contribution des banques à l’activité économique

Soit une économie fictive composée de ménages, d’une banque commerciale et d’une
banque centrale. Les dépôts à vue des ménages auprès de la banque s’élèvent à 60. Par
ailleurs, les ménages détiennent 20 sous forme de billets. La banque commerciale a
octroyé des crédits à hauteur de 54. Les dépôts monétaires de la banque commerciale
auprès de la banque centrale s’élèvent à 30. Enfin, le refinancement, c’est-à-dire le cré-
dit octroyé par la banque centrale à la banque commerciale, s’élève à 24.
Déterminez de deux façons distinctes le multiplicateur de crédit :
– à partir de la masse monétaire et de la base monétaire ;
– à partir du taux de réserve et du taux de préférence pour les billets par les ménages.

4 Marchés de capitaux ★★★

Compétence attendue Appréhender la diversité des marchés de capitaux

Soit une économie fictive dans laquelle la banque centrale décide de mener une poli-
tique monétaire de lutte contre l’inflation. La banque centrale augmente durablement
le taux d’intérêt auquel les banques commerciales se refinancent. La monnaie de cette
économie fictive est l’EUROR.
Sur chacun des marchés ci-après, vous identifierez les mouvements financiers successifs
liés à la décision de la banque centrale :
• Marché primaire des obligations. Afin de vendre leurs nouvelles obligations émises,
les entreprises doivent proposer :
– des obligations à un taux supérieur au taux de refinancement ;
– des obligations à un taux inférieur au taux de refinancement.
• Marché des changes. Les créanciers non-résidents :
– vendent des EURORS pour acheter des obligations émises ;
– achètent des EURORS pour acheter des obligations émises.
• Marché des changes (suite). L’EUROR :
– s’apprécie ;
– se déprécie.

133
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

• Marché des actions. En réaction au précédent mouvement, les importateurs des mar-
chandises exportées par les entreprises de l’économie fictive :
– paient leurs importations plus cher ;
– paient leurs importations moins cher ;
– paient leurs importations à un prix inchangé.
• Marché extérieur. Les entreprises exportatrices de l’économie fictive :
– exportent moins de marchandises ;
– exportent plus de marchandises.

5 Sources de financement ★★★

Compétences attendues • Analyser la contribution des banques et des marchés de


capitaux à l’activité économique
• Repérer les nouvelles sources de financement
• Analyser les mécanismes financiers d’une crise réelle
(passée ou actuelle) et ses conséquences sur l’activité
économique

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à l’annexe.
1. La désintermédiation bancaire conduit-elle à l’absence totale d’intermédiaires
financiers ?
2. Quel impact la crise financière de 2008 a-t-elle eu sur les modes de financement des
entreprises ?

Quelles incidences d’un élargissement du rôle des fonds


Annexe

d’investissement collectifs ?
Dans bon nombre d’économies, et en particulier en France, on a longtemps associé
le financement des économies à l’intermédiation par les banques. Une désinter-
médiation progressive du financement des économies est néanmoins observée au
profit d’un rôle croissant du financement assuré par des non-banques. Le Conseil de
stabilité financière définit le système bancaire parallèle au sens large comme « un
système d’intermédiation de crédit qui implique des entités et des activités exté-
rieures au système bancaire classique » (CSF, 2011). Sans être des banques, ces enti-
tés réalisent en dehors du système bancaire régulé des activités d’intermédiation de
crédit en s’interposant entre débiteurs et épargnants. L’évaluation précise du péri-
mètre d’intermédiation non bancaire est encore l’objet de discussions. L’évaluation
quantitative la plus extensive du système bancaire parallèle mondial selon la
mesure MUNFI (Monitoring Universe of Non-Bank Financial Intermediation) atteint
75 000 Md$ à la fin de 2013, soit 50 % du système bancaire traditionnel. […].

134
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

La désintermédiation bancaire suppose que plutôt que d’avoir pour prêteur un


établissement bancaire, les entreprises émettent des titres pouvant être achetés par des
acteurs variés : fonds de pension, assureurs, gestionnaires d’actifs, etc., qui collectent
l’épargne émanant des particuliers et des investisseurs institutionnels. La capacité
des gérants à allouer cette épargne aux besoins en fonds propres et aux dettes des
entreprises quelles que soient les échéances et donc d’apparaître comme des inter-
médiaires efficaces est aujourd’hui au cœur des interrogations. La crise de 2008 a eu
tendance à renforcer l’émergence de financements davantage portés par le marché,
y compris dans les économies de la zone euro, alors même que celles-ci privilégiaient
traditionnellement le crédit bancaire. De 2009 à 2014, la part des crédits bancaires
dans les flux de financements des entreprises non financières est passée de 80 % à
70 %, et celle des obligations d’entreprises a progressé de 12 % à 18 % (Barut et al.,
2015). Il convient toutefois de nuancer l’importance du phénomène, car il est diffi-
cile de dire si cette évolution perdurera. Par ailleurs, cette évolution est très différente
selon la taille des entreprises. L’émission d’obligations concerne très majoritairement
les grandes entreprises, tandis que les PME (petites et moyennes entreprises) et les ETI
(entreprises de taille intermédiaire) estiment que si elles ont très largement recours au
crédit bancaire, celui-ci ne constitue pas un choix par défaut […].
Source : Extrait de l’article de S. Galanti, F. Le Quéré,
Association d’économie financière, Revue d’économie financière, 2016/3, n° 123.

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

6 Étude de documents : Bourse et marchés financiers ★★★ 30 mln

Compétence attendue Analyser la contribution des marchés de capitaux à l’économie

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives aux Rendez-vous
annexes. MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Comment les agents économiques résidant en France se sont-ils principalement finan-
cés sur les marchés financiers ?
2. Quelles sont les caractéristiques des titres financiers émis en 2016 par les SNF en
France ?
3. Comment les principaux indices boursiers ont-ils évolué en 2016 et 2017 ? Quelles sont
les causes de ces évolutions ?

135
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Titres financiers, un marché français en croissance


Annexe 1 Les émissions nettes de titres de créance et d’actions cotées des résidents français
atteignent en 2016 un total de 93 milliards d’euros (Mds€), en hausse de 67 Mds€
par rapport à 2015. Cette progression est entièrement due aux titres de créance
(86  Mds€, après 16  Mds€). Les émissions nettes de titres de créance à long terme
s’établissent à 88 Mds€, en augmentation de 2 Mds€ par rapport à 2015, tandis que
les titres à court terme font l’objet de remboursements nets pour 3 Mds€. Par ailleurs,
les émissions d’actions cotées diminuent à 7 Mds€, après 10 Mds€ en 2015.
Les émissions nettes de titres de créance des sociétés non financières croissent par
rapport à 2015, atteignant 40 Mds€ (après 24 Mds€). Cet essor provient du compar-
timent de long terme (obligations) qui enregistre une hausse de 20  Mds€. Dans
le même temps, les émissions nettes des titres de créance à court terme (billets de
trésorerie) se rapprochent de zéro, ce qui signifie que les émissions sont d’un niveau
comparable aux remboursements.
Pour la première fois depuis 2011, les émissions nettes de titres de créance des insti-
tutions financières sont positives en 2016, à 1 Mds€, contrastant avec les rembour-
sements nets de 2015, s’élevant à 66 Mds€. Les émissions nettes de titres de créance
à court terme deviennent positives (17  Mds€) alors que les remboursements nets
sur le compartiment à long terme augmentent (– 15 Mds€ en 2016, après – 9 Mds€
en 2015).
Les administrations publiques (APU) diminuent leurs émissions nettes de titres de
créance : 44  Mds€ en 2016, après 56  Mds€ en 2015. Les émissions à long terme
passent de 75 Mds€ à 64 Mds€. Sur le segment de court terme, les administrations
publiques procèdent à 20 Mds€ de remboursements. Soutenus par la reprise et les
politiques monétaires accommodantes de la Banque centrale européenne (BCE) et
de la Banque du Japon, les indices boursiers des pays avancés continuent de progres-
ser depuis début 2015 et retrouvent des niveaux comparables ou supérieurs à ceux
d’avant-crise, à l’exception du CAC40 et des bourses du sud de l’Europe. Les indices
boursiers des pays avancés ont vivement augmenté après la victoire de D. Trump
en novembre 2016, les investisseurs financiers anticipant une accélération de l’ac-
tivité aux États-Unis qui serait dopée par une politique budgétaire expansionniste.
Début 2017, les différents indices (DAX, lCAC, Nikkei et Footsie 100) tendent néan-
moins à se stabiliser, sauf aux États-Unis où le S&P continue d’augmenter. Sur les
marchés émergents, les indices boursiers se reprennent aussi en 2016 après un fort
décrochage à l’été 2015, retrouvant ainsi leur niveau de début 2015. Cette reprise
boursière est soutenue par le timide redémarrage en cours d’année de l’activité dans
les grandes économies émergentes, notamment en Chine, ainsi que par le rebond
des prix des matières premières au second semestre, favorable aux économies russe
et brésilienne, qui en sont exportatrices nettes »
Source : Les tableaux de l’économie française, édition 2018, INSEE.

136
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évolution des volumes de titres émis en France par catégorie


Annexe 2

de 2015 à 2016 (Banque de France, 2017)

en Mds€
Émissions de titres des agents résidents
2015 (r) 2016

Titres de créance (valeur nominale) 15,6 86,1

par les sociétés non financières 23,7 40,2

court terme 3,6 0,5

long terme 20,0 39,7

par les institutions financières1 – 65,6 1,4

court terme – 57,0 16,9

long terme – 8,6 – 15,5

par les administrations publiques 55,9 44,0

court terme – 18,8 – 20,1

long terme 74,7 64,0

dont obligations assimilables du Trésor 126,8 129,0

Actions cotées - émissions contre apport en espèces 10,0 6,8

par les sociétés non financières 9,5 5,1

par les institutions financières1 0,5 1,6


r : données révisées.
1. Institutions financières monétaires et non monétaires (hors sociétés d’assurance mais y compris les parts
émises par les fonds communs de créances), hors impact des opérations internes aux groupes bancaires.
Note : la date d’arrêt est le 31 décembre 2016.

137
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Émissions nettes de titres de créances des résidents français de 2015 à 2016,


(Banque de France, 2017)
en Mds€

Sociétés Institutions Administrations


non financières financières publiques

2005 – 0,2 56,1 57,2

2006 0,9 147,8 2,5

2007 – 2,9 209,1 42,0

2008 24,5 164,8 94,1

2009 47,0 7,0 157,3

2010 25,5 64,5 92,2

2011 26,7 122,5 109,9

2012 50,9 – 75,7 76,1

2013 19,1 – 61,9 78,2

2014 45,5 – 34,4 72,2

2015 23,7 – 65,6 55,9

2016 40,2 1,4 44,0

Émissions nettes d’actions cotées des résidents français de 2005 à 2016,


(Banque de France, 2017)
en Mds€

Sociétés Institutions Sociétés


non financières financières d’assurance
2005 8,3 – 3,6 0,2
2006 0,6 4,1 0,4
2007 20,7 2,8 1,9
2008 1,2 16,7 0,0
2009 19,3 15,8 0,0
2010 4,8 2,1 0,1

138
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

en Mds€

Sociétés Institutions Sociétés


non financières financières d’assurance
2011 7,0 3,4 0,1
2012 9,4 1,6 0,4
2013 7,8 1,1 0,4
2014 10,9 1,6 0,0
2015 9,5 0,5 0,0
2016 5,1 1,6 0,0
Note : la date d’arrêt est le 31 décembre 2016.

7 Étude de documents : crise financière ★★★ 50 mln

Compétence attendue Analyser les mécanismes financiers d’une crise réelle (passée
ou actuelle) et ses conséquences sur l’activité économique

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives aux Rendez-vous
annexes. MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Qu’est-ce que la crise des subprimes ? Comment s’est-elle manifestée ?
2. Quels effets sur l’activité économique la crise des subprimes a-t-elle occasionnés ?
3. Quels sont les facteurs de la crise des subprimes ?
4. Comment des « déséquilibres globaux » ont-ils constitué un facteur favorisant la crise
des subprimes ?

L’origine de la crise des subprimes


Annexe 1

Ouvertement entamée en juillet 2007, aux États-Unis, à l’occasion de la crise dite


des subprimes, prêts hypothécaires à risque, relayée et aggravée en septembre 2008
par la cessation de paiements de plusieurs établissements financiers américains
– avec le point culminant de la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre –, la
crise financière ouvre une période de crise macroéconomique, aujourd’hui non
fermée. En 2008, le PIB de la zone OCDE stagne quasiment (+ 0,2 %), en décéléra-
tion de – 2,4 % relativement à 2007, une nouvelle décélération aboutissant à une

139
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

décroissance de – 3,5 % en 2009. Peu après le choc initial, Bénassy-Quéré et al.
[2009] proposaient une revue précoce de causes envisageables, laissant ouverte la
possibilité de leur combinaison : « Il y a trois manières, différentes mais non exclu-
sives, d’expliquer la crise, selon qu’on insiste sur les incitations perverses dans le
secteur financier, sur les déséquilibres macroéconomiques mondiaux ou sur une
complexité systémique mal comprise et sous-évaluée. » On présentait souvent le
contexte macroéconomique antérieur à la crise comme la combinaison d’une
grande modération, pour ce qui est des fluctuations de l’inflation et de l’activité,
et de déséquilibres globaux : les excédents courants de certaines zones ont pour
contrepartie l’endettement d’autres (de leurs ménages, de leurs États). Il aurait pu
ne s’agir que d’un transfert d’épargne (certes international mais banal dans son
principe), en vue du financement de la croissance mondiale. Mais dans le contexte
antérieur à la crise, le système financier américain a été le débouché d’une sura-
bondance de l’épargne mondiale, sans que lui soit trouvée à une échelle suffisante
une affectation productive. […]
Source : « Aspects de la crise », in Dix ans après le début de la crise financière mondiale,
Pierre Morin, Presses de Sciences Po/Revue économique,
2017, hors-série 1, vol. 68

La crise des subprimes, 10 ans après


Annexe 2

Voici donc dix ans, alors que la banque BNP-Paribas suspendait le remboursement


à ses clients dans trois de ses fonds monétaires, que la bulle des subprimes éclatait
et entraînait le monde dans une des plus graves crises financières et économiques
jamais connue. Résultat d’un explosif cocktail de déséquilibres majeurs de balance
des paiements, d’un secteur bancaire insuffisamment contrôlé, de produits bancaires
mal conçus et de taux d’endettement trop élevés, cette crise allait quasiment faire
exploser le système financier (voir Bodart et Wibaut, 2010). Les problèmes rencontrés
par les fonds monétaires de BNP-Paribas étaient un des premiers indicateurs d’une
crise immobilière majeure se déroulant aux États-Unis mais qui allait déferler sur la
planète entière. Les banques américaines ayant octroyé des crédits hypothécaires à
taux d’intérêt variables à des ménages fragiles se trouvèrent confrontées, une fois
que les taux d’intérêt commencèrent à augmenter (comme cela se produisit en 2006
et 2007), à une masse de défauts de remboursement. Les banques U.S. ne furent pas
les seules à être affectées par cette vague de défauts. Les banques européennes et de
nombreux fonds d’investissement (tels ceux de la BNP) avaient eux-mêmes investi
dans ce type de crédits via des produits de titrisation regroupant les prêts octroyés aux
ménages américains. Ces banques et ces fonds ne tardèrent pas à afficher des pertes
colossales du fait des défauts de paiement rencontrés aux États-Unis. Le montant
de pertes enregistré entre 2007 et 2008, estimé à 500  milliards de dollars, poussa
certaines banques à la faillite (telle que la tristement célèbre Lehman Brothers) ou
à demander l’aide des pouvoirs publics. Plusieurs institutions financières furent
ainsi nationalisées, notamment en Grande-Bretagne et en Belgique. La méfiance

140
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

s’étant installée, le marché interbancaire se trouva asséché et la pompe à crédit se


tarit quasi instantanément. Privée de crédit, l’activité économique chuta dans des
proportions qui n’avaient plus été vues depuis la crise des années 1930. Alors que
la crise financière n’avait affecté essentiellement que des banques nord-américaines
ou européennes, la récession qui s’était enclenchée dans le monde occidental se
répercuta à l’ensemble de la planète.
C’est ainsi qu’en 2008 la production industrielle chuta de 12 % en Allemagne, de
15 % au Brésil et de 31 % au Japon. De plus, Ball (2014) estime que le coût de la
crise doit également se mesurer par la perte de PIB potentiel que la crise aurait
entraîné par effet d’hystérèse. Selon lui, la chute moyenne de revenu potentiel pour
23 pays membres de l’OCDE aurait été de 8,4 %, à savoir du même ordre de gran-
deur que la perte de PIB observée dans ces mêmes pays. Les conséquences de la crise
des subprimes ne peuvent malheureusement pas se mesurer qu’à l’aune du PIB.
Certains pays, déjà lourdement endettés et devant faire face à une chute de leurs
recettes fiscales du fait de la récession, firent défaut sur leurs dettes ou durent se
soumettre à des plans sévères de redressement de leurs finances publiques. Dans de
très nombreux pays, sous l’effet du chômage croissant et de la baisse des dépenses
sociales, les inégalités de revenus s’accentuèrent et le mécontentement social
s’installa. Les populations reprochèrent aux autorités publiques leur incapacité à
résoudre rapidement une crise qui perdurait. Il est fort probable que ces drama-
tiques événements ne firent qu’alimenter le scepticisme et le rejet des institutions
démocratiques que l’on constate auprès d’un nombre croissant de nos citoyens et
plus particulièrement auprès des jeunes générations (voir Foa et Mounk, 2016).
L’Histoire nous apprend malheureusement que des crises à l’ampleur similaire à
celle que nous connaissons mettent en moyenne une quinzaine d’années à se résor-
ber et changent le monde à tout jamais.
Source : La crise dont on ne voit pas la fin, S. Wibaut, De Boeck Supérieur,
« Reflets et perspectives de la vie économique », 2017, 1 tome LVI, p. 5 à 8.

141
SYNTHÈSE
Rôle des banques et des marchés financiers

Fonctions de la monnaie
La monnaie remplit trois rôles :
–– elle constitue un intermédiaire des échanges, instantané et universel ;
–– elle sert à mesurer des valeurs ;
–– elle a une mission de réserve et de transfert de valeurs dans le temps.

Émetteurs et formes de monnaie


Monnaie fiduciaire Monnaie scripturale
Les billets de banque : Les pièces de monnaie : Monnaie émise par la Banque
monnaie-papier émise monnaie divisionnaire centrale et les banques
par la Banque centrale émise par le Trésor public ­commerciales

Banques et marchés financiers


Banques Marchés financiers
Gestion des moyens ••Financement monétaire Financement non moné-
de paiement de l’économie : prêts financés taire de l’économie :
par la création monétaire prêts et placements
••Financement non monétaire de de ­ressources disponibles
l’économie : prêts et ­placements
de ressources ­disponibles

Marchés primaire et secondaire


• Marché primaire : compartiment d’émission des titres financiers
• Marché secondaire : compartiment de revente des titres financiers emis
Marchés financiers : Marché Marché Marché des produits
capitaux de long terme ­monétaire  : des changes : dérivés : contrats
capitaux (dettes) devises à terme ferme,
Marché Marché
de court terme options, swaps
des actions obligatoire

142
PARTIE 3 : CAS DE SYNTHÈSE
Contributions des acteurs financiers à l’activité économique

1  Étude de documents : le financement des PME ★★★


Les clients du cabinet d’expertise comptable AX Experts dans lequel vous travaillez sont
des PME innovantes dont le potentiel de développement industriel est prometteur. L’es-
sentiel de ces structures conçoit des produits à l’interface des domaines de l’électricité
et du digital.
La plupart de ces entreprises souhaitent assurer elles-mêmes le développement
industriel et commercial de leurs produits au niveau européen. Pour cela, elles ont
besoin d’importantes ressources de financement pour couvrir les lourds besoins
d’investissement prévisionnels. La méconnaissance des différents modes de finan-
cement contemporains adaptés aux PME suscite un besoin d’informations auquel
votre cabinet est chargé de répondre à travers la rédaction d’un dossier de synthèse.
Afin de préparer ce dossier portant sur les modalités de financement des PME inno-
vantes. Votre employeur vous fournit les annexes 1 à 3 afin de répondre aux ques-
tions ci-après.

Travail à faire
1. Identifiez les caractéristiques du capital-investissement. Quels en sont les avantages Rendez-vous
attendus par rapport aux autres formes de financement comme le crédit bancaire ?
MÉTHODE 1
2. Présentez les indicateurs relatifs à l’évolution des modes financement des entreprises en
Europe. Qu’est-ce qui explique le développement de la finance de marché ? Identifiez
les raisons pour lesquelles le financement bancaire reste prépondérant dans les PME.
3. Qu’est-ce que le marché Euro PP ? Présentez les intérêts d’un tel marché pour le finan-
cement des PME ?

Le rôle du capital-investissement
Annexe 1

Au sens habituel, le capital-investissement (private equity) désigne l’ensemble des


instruments et des procédures visant à augmenter les fonds propres des entreprises
non cotées à fort potentiel de croissance (Glachant et al., 2008). Le métier du capi-
tal-investissement s’exerce sur quatre segments qui peuvent être découpés en deux
étapes séquentielles : tout d’abord le venture capital qui désigne le capital-amor-
çage, le capital-risque, le capital-développement et par ailleurs, le capital-trans-
mission (tout spécialement le Leverage Buy-out – LBO) qui désigne les opérations
de reprise d’entreprise. Évidemment, la question qui vient naturellement est :
pourquoi les jeunes entreprises innovantes ont-elles recours au financement par
capital-investissement ?
Les entreprises à fort potentiel de croissance sont caractérisées par un risque de défail-
lance élevé. Ces firmes qui sont majoritairement concentrées dans quelques activi-
tés telles que les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication
(NTIC) ou le secteur médical et des biotechnologies, sont par définition particulière-
ment risquées. Par ailleurs, dans les premières phases de leur développement (amor-
çage, démarrage), ces entreprises ne sont pas en mesure de fournir des garanties et

143
PARTIE 3 : CAS DE SYNTHÈSE

elles ne dégagent pas encore de chiffre d’affaires. En conséquence, elles n’ont donc
pas accès aux modes de financement traditionnels, qu’il s’agisse d’autofinancement
et/ou de crédit bancaire. L’intervention des sociétés de capital-risque prend alors
son sens : en acceptant de supporter un risque financier élevé, les capital-risqueurs
assurent l’émergence des entreprises fortement innovantes.
Les capital-risqueurs assurent en premier lieu le financement et donc le démarrage
des projets/entreprises fortement innovant(e)s.  La rentabilité élevée de ces firmes
en cas de succès, va compenser les pertes en capital inévitables du fait du taux
d’échec particulièrement élevé des entreprises de ces secteurs de pointe. Au fur et à
mesure du développement de la start-up, le montant des fonds requis augmente et
l’intervention en capital-risque stricto sensu se réduit pour laisser la place au capi-
tal-développement puis au capital-transmission si nécessaire. Les différents métiers
du capital-investissement permettent ainsi d’assurer le financement et les capitaux
nécessaires au développement de la start-up tout au long de son cycle de vie.
Les sociétés de capital-investissement ne sont pas pour autant de simples apporteurs
de capitaux, ce sont aussi des experts qui apportent un soutien managérial et tech-
nique aux entreprises de leur portefeuille dans le but de leur ajouter de la valeur.
Néanmoins, ce type de partenaire financier n’a rien d’un mécène et va donc mobili-
ser ses compétences uniquement dans le but de se rémunérer via les plus-values réali-
sées lors de la revente de ses participations dans l’entreprise (lors d’une introduction
en bourse, d’une acquisition ou encore d’une cession à d’autres partenaires, etc.). […]
Extraits de « Capital-Investissement et performance des firmes : le cas de la France »
de Sophie Pommet et Michel Rainelli, Vie & Sciences de l’entreprise, 2012,
n° 190, p. 30 à 45.

Une tendance à la croissance du financement de marché


Annexe 2

Une manière simple d’apprécier l’évolution du financement de marché, comparati-


vement au financement par crédits bancaires, consiste à se référer au taux d’intermé-
diation simple défini comme « crédit/(crédit + titres) », autrement dit le « MIX » pour
reprendre l’appellation proposée par Kashyap et al. (1993). Une hausse (baisse) de
ce ratio traduit un accroissement du financement par crédits bancaires (par titres)
dans le financement total par endettement des entreprises. On observe que le taux
d’intermédiation connaît en Europe une forte chute depuis 2008 ; en cinq  ans, le
crédit bancaire est passé de 78 % à 64 % du financement total par endettement des
SNF. Ce taux d’intermédiation est nettement en dessous de sa tendance d’avant-
crise, pourtant déjà décroissante.
La volonté de désintermédier peut se justifier de trois façons. D’une part, il s’agit
d’améliorer les conditions de financement des agents et avant tout des PME/ETI. […]
En ce qui concerne les financements d’entreprises, il faut d’abord rappeler qu’ils se
caractérisent en Europe continentale par des outils et des voies d’accès assez peu
diversifiés. Aux États-Unis, en particulier, les financements des marchés (d’actions
et d’obligations), les placements privés et la titrisation sont bien plus développés.

144
PARTIE 3 : CAS DE SYNTHÈSE

[….] Cela tient à des facteurs divers : réglementations des banques et des marchés,
faible importance des fonds de pension, structure financière des entreprises,  etc.
Mais on est tout de même amené à penser qu’il serait peut-être possible d’améliorer
les conditions de financement en Europe en enrichissant les produits et les circuits
de mobilisation des capitaux, ce qui conduirait à augmenter la finance directe et
l’intermédiation non bancaire. On peut en attendre un accès plus facile et moins
coûteux à des types de financements diversifiés. […]
G Levieuge et J.-P. Pollin, « Désintermédier : pourquoi, comment et que peut-on en attendre »,
Revue d’économie financière, 2016, n° 123, p. 147 à 174.

Le marché euro PP, une nouvelle source de financement pour les PME
Annexe 3

Les banques et les institutions financières sont l’une des principales sources de finance-
ment des entreprises. La proportion du financement par les banques et les institutions
financières du secteur non financier en Europe est hétérogène. Selon les données de la
Banque centrale européenne (BCE), alors que dans certains pays, ce financement se
fait à plus de 85 % par du crédit bancaire – c’est le cas de ­l’Espagne (95 %) et de l’Italie
(86 %) –, en France, il représente moins de 65 %. La moyenne de l’Eurozone se situe
aux alentours de 80 %. Mais si l’on regarde du côté des États-Unis, le modèle est claire-
ment tourné vers le financement par les marchés et non un financement bancaire : les
entreprises américaines se financent à près de 74 % par les marchés.
D’autres sources de financement par les marchés se sont développées en Europe
après la crise de 2008. Le marché obligataire a d’ailleurs vu naître récemment une
nouvelle forme de financement à travers des placements privés et a vu ainsi se déve-
lopper le marché Euro PP.
À l’instar du marché USPP aux États-Unis, un Euro PP est un placement privé, sous
forme de prêts ou d’obligations à moyen ou long terme, d’un émetteur européen
auprès d’un nombre limité d’investisseurs. Ces investisseurs sont généralement des
fonds spécialisés, des compagnies d’assurances ou des banques. Ces placements
privés reposent sur une documentation ad hoc, négociée directement entre l’émet-
teur et les investisseurs.
Ainsi l’Euro PP peut être vu comme un « entre-deux » entre l’obligation publique et
syndiquée de type Eurobond (de par le financement direct auprès des investisseurs)
et le prêt bancaire (de par la rédaction d’un contrat négocié entre l’émetteur et les
investisseurs).
Cependant, contrairement à une émission obligataire « classique » sur le marché
public, l’Euro PP peut être un instrument coté ou non coté. Il est émis de « manière
privée » à l’intention d’investisseurs ciblés et, par conséquent, est un instrument
peu liquide. […] De plus, un Euro PP n’entraîne aucune obligation de publication
d’information pour l’émetteur, cette information restant privée dans le cadre de
la relation bilatérale émetteur/investisseur. Contrairement à un prêt « classique »
auprès d’une banque, l’investissement se fait directement auprès des investisseurs
institutionnels et la banque prend alors le rôle de conseiller.

145
PARTIE 3 : CAS DE SYNTHÈSE

Le marché Euro PP s’est développé ces dernières années afin d’ouvrir le financement
des PME sur les marchés et de leur donner accès à de nouvelles sources de finance-
ment. […] L’un des principaux avantages d’un Euro PP est que les conditions du
contrat sont négociées directement entre l’émetteur et un nombre limité d’investis-
seurs. Ainsi ce titre de créances reste flexible, afin de pouvoir répondre à la fois aux
besoins de l’émetteur et à ceux des investisseurs. Il existe donc une large variété de
formats d’Euro PP pouvant être représentée selon le schéma suivant.
Traditionnellement, les PME et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) se
financent peu sur les marchés car […] elles se heurtent à des coûts d’émission élevés,
à des contraintes de notation et à la crainte des investisseurs face à un risque de
crédit souvent difficilement quantifiable. De plus, le faible montant généralement
levé par les PME et le manque de liquidité des marchés secondaires dédiés aux PME
découragent certains investisseurs.
Le mouvement de désintermédiation amorcé en zone euro depuis la crise a donc été
porté par le dynamisme des émissions de titres des « grosses » ETI et des grandes entre-
prises, bénéficiant des faveurs d’investisseurs à la recherche de rendement, mais les
« petites » ETI et PME ont encore un accès relativement restreint aux marchés finan-
ciers. Ainsi les politiques publiques ont récemment engagé des initiatives afin de
renforcer l’accès des PME/ETI aux marchés financiers. La promotion des placements
privés (Euro PP) vise à faciliter l’accès des PME/ETI au financement direct auprès
d’investisseurs, en complément des prêts bancaires traditionnels. Ainsi, aujourd’hui,
encore loin de se substituer au crédit bancaire, le marché Euro PP a toutefois voca-
tion à prospérer. […]
S. Collet et C. Peny, « Le marché Euro PP : une nouvelle source de financement
dans un contexte de désintermédiation », Revue d’économie financière,
2016, n° 123, p. 209 à 23

2  Argumentation structurée : la finance de marché


Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances, répondez de manière structurée à la question
MÉTHODE 2 suivante.

Travail à faire
« Quels sont les avantages et les risques de la finance de marché ? »

146
CHAPITRE
8 Place et rôle de l’État
dans une économie
de marché
PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Identifier les fonctions de l’État • Les fonctions de l’État (Musgrave)
• Repérer les différents organes de l’action • Organes de l’action publique :
publique au niveau national ou local administrations (centrale, sécurité
• Comparer les choix budgétaires sociale), autorités administratives
indépendantes, collectivités locales
de plusieurs États (niveau et structure des
dépenses publiques et des prélèvements • Budget de l’État : niveau et structure
obligatoires des dépenses publiques, niveau
• Analyser l’évolution des finances et structure des prélèvements obligatoires
publiques d’un pays et ses enjeux • Déficit et dette publique
• Soutenabilité de la dette publique

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les trois fonctions économiques de l’État selon Musgrave •
2. Les institutions de l’action publique • 3. Le budget de l’État • 4. La dette publique
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

A u-delà de la nécessaire intervention de l’État pour corriger les défaillances de marché


celui-ci a aussi un rôle à jouer dans la régulation de l’économie, la mise en œuvre des
politiques publiques et l’organisation de la vie en société.
L’État dispose également de nombreuses institutions spécialisées, à l’échelon national
comme au niveau local. Il est libre d’orienter et de gérer son budget en fonction des
objectifs de politique budgétaire qu’il s’est fixés.

MOTS-CLÉS
Administration publique • Autorité administrative indépendante • Budget de l’État •
Collectivités territoriales • Cotisations sociales • Déficit public • Dépenses publiques •
Dette publique • Impôts • Prélèvements obligatoires • Recettes publiques •
Redistribution • Service public
Partie 4 Régulation publique en économie de marché

1  Les trois fonctions économiques de l’État


selon Musgrave
En parallèle de la régulation par le marché, l’État doit intervenir pour mener des poli-
tiques économiques et sociales. Selon Musgrave, l’État doit assurer trois fonctions
essentielles (fig. 8.1) qui, par leurs interactions, définissent la politique menée.
Richard Musgrave
(1910-2007) Fonction d’allocation
Économiste américain des ressources
spécialiste de
l’économie publique, L’État se substitue
il applique la logique
au marché pour corriger
microéconomique au
les défaillances
fonctionnement de l’État
et en définit, en 1959,
les trois fonctions
principales. Fonction
Fonction de stabilisation
de redistribution

L’État garantit le bon


L’État mène une politique L’État fonctionnement de
sociale et lutte contre l’économie en stabilisant
les inégalités les prix et les relations
extérieures

Figure 8.1.  Les trois fonctions économiques de l’État

A La fonction d’allocation des ressources


Parfois, la régulation de l’économie par le marché est source de défaillances (  cha-
pitre 5). L’État intervient alors en les corrigeant afin de garantir l’efficacité économique.
Définition
La fonction d’allocation des ressources consiste à produire ou à gérer les biens ou
les services qui ne sont pas pris en charge par le marché. Cette fonction concerne
particulièrement la prise en charge de la production des biens collectifs ou la gestion
des externalités (  chapitre 3).

B La fonction de redistribution
Également appelée « fonction de répartition », la redistribution consiste pour un
État à mener une politique favorisant la justice et la cohésion sociale. En particulier,
le fonctionnement du marché se heurte à des limites dans la répartition équitable des
ressources entre les agents économiques (  chapitre 2). L’État peut intervenir dans la
répartition des richesses afin de lutter contre les inégalités.

148
Chapitre 8 Place et rôle de l’État dans une économie de marché

C La fonction de stabilisation
En menant ses politiques publiques, l’État est le garant de la stabilité économique. En
effet, le marché assure rarement l’équilibre et peut, parfois, déclencher des crises écono-
miques (  chapitre 7). Par le biais de politiques conjoncturelles (  chapitre 9), l’État peut
assurer le bon fonctionnement de l’économie, tout en tentant de maîtriser les grands
équilibres économiques (plein-emploi, stabilité des prix et des échanges extérieurs).

  EXERCICE 2 • EXERCICE 3

2  Les institutions de l’action publique


Pour mener à bien sa politique économique, sociale et écologique, l’État dispose d’insti-
tutions spécialisées opérant au niveau national ou local (  chapitre 2).
Depuis les lois sur la décentralisation de 1982, 2003 et 2013, l’État délègue de plus en
plus de compétences aux collectivités territoriales, jugées plus à même de répondre aux
besoins de la population.
Définition
Les collectivités territoriales sont des personnes morales de droit public distinctes
de l’État et bénéficient d’une autonomie juridique et patrimoniale, mais aussi de
transferts de l’État (péréquation).

La répartition des missions entre les différentes collectivités locales est très précise (tab. 8.1).

Tableau 8.1.  Répartition des compétences entre les différentes collectivités territoriales

•• Transports régionaux de voyageurs


•• Formation professionnelle continue et d’apprentissage
•• Gestion des lycées
Régions •• Protection du patrimoine
•• Aménagement du territoire et développement durable
•• Développement économique et innovation
•• Gestion des déchets

•• Promotion des solidarités et cohésion territoriales (aide sociale à


l’enfance, RSA…)
Départements •• Gestion des collèges
•• Équipement rural, gestion de l’eau et de la voirie rurale
•• Action culturelle et sportive

•• Promotion du tourisme
Groupements •• Gestion des aires d’accueil des gens du voyage
intercommunaux •• Eau et assainissement, traitement des déchets ménagers
•• Élaboration des plans locaux d’urbanisme (PLU)

149
Partie 4 Régulation publique en économie de marché

•• Mise en œuvre de l’action sociale


•• Gestion des écoles maternelles et élémentaires
•• Entretien des bibliothèques, musées, écoles de musique, monu-
ments communaux
Communes
•• Gestion des équipements sportifs, aide aux activités sportives
•• Entretien de la voirie communale
•• Protection de l’ordre public local
•• Organisation des services publics de proximité

  EXERCICE 6

3  Le budget de l’État
L’instrument principal de mise en œuvre de l’action publique réside dans la gestion du
budget de l’État. Comme tout agent économique, l’État dispose de ressources qu’il peut
mobiliser pour financer son action à travers les dépenses publiques. À la différence des
ménages ou des entreprises, l’État dispose d’un horizon de vie infini et a donc la capa-
cité, dans la mesure du raisonnable, d’augmenter ses ressources.
L’ensemble des recettes et dépenses publiques sont retracées dans un document
comptable, préparé par le gouvernement et voté par le Parlement, que l’on appelle
« loi de finances ». Établi pour une année civile, il ne s’applique qu’aux administrations
publiques centrales.

A Les dépenses publiques


Définition
Les dépenses publiques correspondent aux sommes dépensées par l’État en valeur
ou en pourcentage du PIB.

1. Le niveau des dépenses publiques


CHIFFRES-CLÉS Les dépenses publiques accompagnent le développement économique d’un pays ; elles
traduisent les choix de sociétés en matière d’éducation, de santé, de sécurité. Il n’est
Pour 2018, la loi donc pas étonnant de voir que celles-ci augmentent régulièrement depuis 1872. À partir
de finance prévoit
un montant
des années 1980 en revanche, les dépenses publiques se stabilisent du fait des crises
de dépenses nettes économiques et de la mise en place de politiques d’austérité (fig. 8.2).
s’élevant à plus Le niveau des dépenses publiques françaises est parmi les plus élevés d’Europe
de 326,2 Mds € (fig. 8.3). Ce constat découle directement du choix de socialisation des dépenses de
(PLF, 2018). protection sociale (  chapitre 18).

150
Chapitre 8 Place et rôle de l’État dans une économie de marché

60

50

40

30

20

10

0
72 12 20 47 60 74 75 80 85 90 95 00 03 04 05 06 07 08 10 12 15 16
18 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20

Figure 8.2.  Évolution des dépenses publiques en pourcentage du PIB français entre 1872 et
2016 (André et Delorme, L’État et l’économie, et Insee)
60

55

50

45

40

35

30
i
ne
ro

as

Un
28

lie

e
ce

èd
gn
ag
Eu

-B
an

Ita

e-
UE

Su
pa
m
ys
Fr
ne

um
le

Es
Pa
Zo

Al

ya
Ro

2006 2010 2016

Figure 8.3.  Évolution de la dépense publique en pourcentage du PIB pour plusieurs pays


européens (Cour des comptes, Eurostat)

2. La structure des dépenses publiques


Les dépenses publiques peuvent être présentées :
––par nature, traduisant une vision comptable (ex. : dépenses de fonctionnement,
consommations intermédiaires, rémunération des salariés) ;
––par fonction (fig. 8.4), mettant en évidence les différents domaines d’intervention
des administrations publiques, tant au niveau économique que sociétal ;
––par secteur, soulignant la répartition des dépenses entre les différents niveaux des
administrations publiques (État central, collectivités territoriales, Sécurité sociale).

151
Partie 4 Régulation publique en économie de marché

9%
3%
Protection sociale
10 % Santé
Services publics généraux
43 %
Affaires économiques
10 %
Enseignement
Défense
11 % Autres

14 %

Figure 8.4.  Structure des dépenses publiques françaises par fonction (Insee, 2016)

La majeure partie des dépenses publiques financent le modèle de protection sociale et


de santé, suivi par les services généraux, l’enseignement et les affaires é­ conomiques.

B Les recettes de l’État


CHIFFRES-CLÉS Afin de financer ses dépenses, l’État est le seul agent économique qui a le pouvoir de
lever l’impôt. Les recettes de l’État sont composées des impôts directs et indirects, ainsi
En 2018, le total que des différentes taxes et contributions et des cotisations sociales : ce sont les prélè-
des recettes nettes
de l’État s’élevait à
vements obligatoires (  chapitre 16).
plus de 359 Mds €. Définitions
En retranchant
les remboursements
• Les impôts sont des contributions obligatoires au fonctionnement de l’État, en l’ab-
sence de contrepartie directe au paiement ou de fléchage budgétaire (c’est-à‑dire
et dégrèvements
d’impôt, les recettes de but déterminé).
pour le budget • Les cotisations sociales recouvrent l’ensemble des versements que les individus et
2018 sont leurs employeurs effectuent aux administrations de sécurité sociale et aux régimes
de 239,5 Mds €. privés.

Les cotisations sociales sont soit patronales (à la charge des employeurs), soit sala-
riales (à la charge des salariés).

FOCUS Impôts directs et indirects


• Les impôts directs sont supportés par des contri- taxe d’habitation, etc.
buables identifiés par l’administration (on parle de • Les impôts indirects sont inclus dans le prix des
« personnes assujetties à l’impôt ») et générale- biens et des services consommés. Ils sont collectés
ment payés à date fixe, directement au service fiscal par un tiers qui les reverse ensuite à l’État. C’est
concerné. C’est le cas notamment de l’impôt sur le le cas notamment de la taxe sur la valeur ajoutée
revenu (IR), de l’impôt sur les sociétés (IS), de la (TVA) ou des droits de succession.

152
Chapitre 8 Place et rôle de l’État dans une économie de marché

Historiquement, la TVA constitue la recette la plus importante pour l’État, suivie de


l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les sociétés.

  EXERCICE 4 • EXERCICE 5

4  La dette publique

A La mesure et l’évolution de la dette publique


Le budget de l’État est très rarement à l’équilibre, l’État dépensant plus qu’il ne prélève.
Calculé chaque année en valeur ou en pourcentage du PIB, le déficit public représente
le besoin de financement des administrations publiques (  chapitre 2).
Définition
• Le déficit public est un flux résultant de la différence entre les dépenses et les
recettes.
• La dette publique, le plus souvent exprimée en pourcentage du PIB, est un stock
qui augmente en fonction de l’importance des déficits accumulés.

Selon la loi de finances pour 2018, l’État a prévu de dépenser 326 Mds € pour 239,5 Mds € CHIFFRES-CLÉS
de recettes, soit un déficit de 86,7 Mds €.
En 2017,
L’État français est en déficit au moins depuis 1980. On a constaté une aggravation de la dette publique
celui-ci lors de la crise économique survenue après 2007. Cette accumulation des défi- française s’élevait
cits nourrit et augmente la dette publique (fig. 8.5). à 2 257,8 Mds €
soit 98,5 % du PIB.
2 500 120

2 000 100

80
1 500
60
1 000
40
500
20

0 0
02
04
06
08
10
12
14
16
92
94
96
98
00
80
82
84
86
88
90

20

20
20

20
19

20
19

19
19
19

19

20
19

20
19

20
19

20
19

Dette publique en % du PIB Dette publique en milliards d’euros

Figure 8.5.  Évolution de la dette publique en Mds € (échelle de gauche)


et en pourcentage de PIB (échelle de droite), France (1980-2017, Insee)

153
Partie 4 Régulation publique en économie de marché

B La soutenabilité de la dette publique


« Comment juge-t-on la L’important lorsque l’on aborde la dette publique n’est pas tant son niveau (ex. : la dette
soutenabilité d’une dette publique américaine représente 105,4 % du PIB en 2017, celle du Japon 236,4 % du PIB)
publique ? » :
que la soutenabilité de la dette elle-même et des intérêts associés.
Définition
La soutenabilité d’une dette tient à son caractère remboursable par l’acteur qui la
http://dunod.link/ contracte.
vqfjx9b
Soutenabilité et solvabilité sont intimement liées. La soutenabilité de la dette d’un État
dépend :
•• De la capacité de ce dernier à lever de nouveaux impôts ou diminuer ses dépenses,
limitant ainsi le déficit public annuel et donc l’alimentation de la dette (‌  chapitre 6).
•• Des perspectives de croissance. Une croissance plus forte permet de dégager des
recettes supplémentaires, c’est un signe de santé économique. Le PIB s’en trouve aug-
menté et le ratio Dette/PIB diminue a contrario. De plus, si une dette est contractée
afin de financer des investissements utiles, l’endettement n’est pas dommageable en
soi, bien au contraire.
•• Des anticipations des marchés financiers. En effet, lorsqu’un État est en déficit, il
emprunte sur les marchés financiers afin de combler son besoin de financement. Cet
emprunt est soumis au versement de taux d’intérêt. Or, lorsque les marchés financiers
(les prêteurs) estiment que le pays est capable de contrôler l’évolution de sa dette
publique et que la probabilité de ne pas rembourser est négligeable, les taux d’intérêt
auquel l’État emprunte sont bas (fig. 8.6).
•• Du patrimoine de l’État. Ce dernier est propriétaire de nombreux bâtiments et ter-
rains et actionnaire de quantités d’entreprises. Ce patrimoine constitue un argument
en faveur de la solvabilité. En effet, on peut imaginer que l’État revende tout ou partie
de ce patrimoine pour rembourser ses emprunts.
2

1,5

0,5

0
1 an 5 ans 10 ans 20 ans 30 ans 50 ans

– 0,5

–1
août-16 août-17 août-18

Figure 8.6.  Évolution des taux d’intérêt sur les titres d’État français (%, France Trésor)

154
Chapitre 8 Place et rôle de l’État dans une économie de marché

FOCUS Le taux d’intérêt négatif


Le taux d’intérêt correspond au prix de l’argent : C’est donc le prêteur qui verse de l’argent à l’em-
celui qui emprunte paye un intérêt à celui qui lui prunteur pour lui fournir de l’argent. Si j’emprunte
a prêté une somme. En général, ce taux est posi- la même somme de 1 000 € à – 2 %, je devrai rem-
tif : si j’emprunte 1 000 € à 2 %, alors en plus des bourser… 980 € !
1 000 € (le capital), je devrai verser 20 € (les inté- Même si cette situation est paradoxale et révèle une
rêts) à la banque. fragilité des marchés financiers, c’est une très bonne
Or, depuis quelques années, certains États comme nouvelle pour les États qui peuvent emprunter sans
la France, empruntent à un taux d’intérêt négatif. augmenter leur dette publique.

  EXERCICE 5 • ARGUMENTATION STRUCTURÉE 7

155
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1 Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.
Vrai Faux

1. L’État ne doit pas intervenir sur le marché. ∙ ∙


2. En France, chacun doit se prémunir seul contre les « risques sociaux ». ∙ ∙
3. En France, les régions gèrent les lycées. ∙ ∙
4. Le budget de l’État correspond uniquement à ses dépenses. ∙ ∙
5. L’impôt sur le revenu est la principale ressource de l’État français. ∙ ∙
6. Le déficit public est un flux, la dette publique est un stock. ∙ ∙
7. Depuis 1980, la France a toujours été en déficit. ∙ ∙
8. La dette publique de la France atteint presque 100 % du PIB en
∙ ∙
2019.
9. Une faible croissance diminue la dette publique. ∙ ∙
10. L’État est en besoin de financement et s’endette sur les marchés
∙ ∙
financiers.

2 Les fonctions économiques de l’État ★★★


Pour chacune de ces situations, vous indiquerez la fonction économique correspondante
au sens de Musgrave.

1. L’État mène une politique de relance pour sortir de la crise.


2. L’État construit une autoroute.
3. L’État met en place un salaire minimum.
4. L’État crée un impôt sur le revenu.
5. L’État recrute des professeurs des écoles.
6. L’État subventionne les entreprises exportatrices.

156
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 D’un État régalien à un État providence ★★★

Compétence attendue Identifier les fonctions de l’État

Identifiez les différentes fonctions de l’État au sens de Musgrave.

Un État en mutation
Annexe

[…] Les développements de la science économique, les mutations des économies de


marché, et les événements marquants du 20e siècle ont progressivement confié de
nouveaux rôles à l’État.
En premier lieu, le rôle de « gendarme des marchés » de l’État s’est étendu dès la
seconde moitié du 19e siècle. […] En bon gendarme, l’État doit intervenir pour créer,
puis faire respecter les conditions d’une concurrence pure et parfaite.
Par ailleurs, […] les économistes de l’École du bien-être, […] ont considéré que l’État
devait intervenir, par le biais de taxes, de subventions ou de réglementations, en
présence d’effets (« externalités ») négatifs comme la pollution, ou positifs comme
la recherche. Mais aussi, que l’État devait financer par l’impôt certains biens ou
services, comme les « biens publics » tels que l’éclairage des rues, qui ne pourraient
être spontanément produits par le marché.
En second lieu, l’expérience de la crise de 1929, a donné un écho particulier aux
analyses de John Maynard Keynes (1883-1946). D’après lui, les mécanismes d’au-
to-ajustement du marché ne conduisent pas forcément à une allocation optimale des
ressources. […] Il incombe alors à l’État de soutenir la croissance, stimuler l’écono-
mie afin de parvenir au plein-emploi, notamment par des politiques conjoncturelles
de relance de la demande et en engageant des dépenses publiques supplémentaires.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’État s’est transformé à partir des ordonnances
d’octobre 1945 fondant la Sécurité sociale en France en un « État-Providence » proté-
geant contre les grands « risques » de la vie (chômage, maladie, vieillesse) et redistri-
buant les revenus au profit des familles et des plus pauvres.
[…] Les citoyens-consommateurs demandent ainsi de plus en plus à l’État de la
« rassurance », c’est-à-dire de les rassurer et, le cas échéant, de les assurer contre des
risques qui étaient autrefois largement perçus comme des fatalités (ex. : catastrophes
climatiques ou aléas thérapeutiques) et surtout contre les nouveaux risques issus du
développement industriel (pollutions, contaminations alimentaires, etc.).
Confrontés à un environnement complexe et en mutation rapide, les agents écono-
miques privés (ménages, entreprises) attendent aussi, plus généralement de l’État,
qu’il soit « réducteur d’incertitude », c’est-à-dire qu’il soit un « État stratège », chargé

157
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

de la préparation de l’avenir. Pour cela, il doit financer des dépenses comme l’édu-
cation, mais également exercer un rôle de veille, d’évaluation et de prospective. Un
État « stratège doit aussi coordonner des initiatives privées, via par exemple leur
mise en réseaux, un discours mobilisateur en faveur de projets stratégiques, comme
le fut la diffusion d’Internet, ou la tentative de construction de « pactes sociaux ».
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/finances-publiques/
approfondissements/role-economique-État.html

4 Des modèles de société différents ★★★

Compétences attendues • Comparer les choix budgétaires de plusieurs États


• Identifier les fonctions de l’État

Le niveau de la dépense
publique en France
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à l’annexe.
s’explique d’abord par son
modèle social et fiscal, 1. Quel est le poste de dépense le plus important en France ? Interprétez le chiffre de
une démographie plus 4,3 pour l’Allemagne.
dynamique et un budget
de la défense conséquent. 2. Pour chacun des postes de dépense, identifiez la fonction de l’État concernée.
Les dépenses de santé, 3. Comment expliquez-vous que la part de la protection sociale soit plus importante en
retraites ou d’éducation
France qu’au Royaume-Uni ?
sont très largement
financées par des 4. Montrez que l’Union européenne est composée de pays hétérogènes en matière de
prélèvements obligatoires, choix budgétaire.
ce qui n’est pas le cas au
Royaume-Uni.

Poids de la dépense publique (% du PIB) en Europe, par catégorie de dépense


Annexe

(Eurostat, Observatoire des inégalités, 2012)


Logement et équipement
de l’environnement
Services généraux

Protection sociale
Ordre et sécurité

Loisirs, culture

Enseignement
économiques

Protection

collectifs
Défense

Affaires

Santé

Zone euro (17 pays) 6,9 1,3 1,8 4,3 0,8 0,9 7,4 1,1 5,0 20,5

Belgique 8,1 1,0 1,9 7,0 0,7 0,4 8,1 1,3 6,3 20,3

Danemark 9,0 1,5 1,1 3,7 0,4 0,4 8,6 1,7 7,9 25,2

158
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Logement et équipement
de l’environnement
Services généraux

Protection sociale
Ordre et sécurité

Loisirs, culture

Enseignement
économiques

Protection

collectifs
Défense

Affaires

Santé
Allemagne 6,1 1,1 1,6 3,4 0,6 0,5 7,0 0,8 4,3 19,4
Irlande 5,8 0,4 1,7 3,6 0,8 0,8 7,1 0,8 5,2 16,4
Grèce 13,8 2,4 1,8 3,2 0,3 0,2 5,8 0,6 4,1 21,2
Espagne 6,1 1,0 2,1 7,7 0,8 0,4 6,2 1,3 4,5 17,7
France 5,9 1,9 1,8 3,7 1,1 1,9 8,3 1,4 6,1 24,4
Italie 9,1 1,4 1,9 3,4 0,9 0,7 7,3 0,7 4,2 21,0
Pays-Bas 5,4 1,3 2,1 5,3 1,7 0,6 8,9 1,7 5,8 17,6
Autriche 6,7 0,7 1,5 5,8 0,5 0,6 7,9 1,0 5,6 21,4
Portugal 9,1 1,1 1,8 2,8 0,5 0,6 6,1 1,0 5,7 18,8
Suède 7,2 1,4 1,4 4,4 0,3 0,7 7,1 1,1 6,8 21,4
Royaume-Uni 5,6 2,5 2,6 2,6 1,0 0,9 8,0 1,0 6,5 17,9

5 La dette publique en question ★★★

Compétence attendue Analyser l’évolution des finances publiques d’un pays et ses
enjeux

1. Comment mesure-t-on la dette publique au sens de Maastricht (annexe 1) ? Quels pro-


blèmes cette définition pose-t-elle ?
2. Existe-t-il un lien entre croissance économique et dette publique (annexe 2) ?

159
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Quel est le bon niveau de dette publique ?

Annexe 1
Alors que les pays européens viennent de décider le chemin que va prendre leur
future intégration, aucun n’a remis en cause l’idée que l’objectif d’une bonne
gestion des finances publiques devait être de ramener la dette publique vers les 60 %
du produit intérieur brut (PIB). Or, ce niveau est loin de faire consensus chez les
économistes. Plusieurs études de Carmen M. Reinhart et Kenneth Rogoff ont montré
que ce n’est que lorsque la dette publique dépasse 90 % du PIB que les effets sur la
croissance deviennent négatifs, et même fortement négatifs. Très critiqué (peu de
pays justifiant la démonstration, confusion entre corrélation et causalité, etc.), leur
travail vient de faire l’objet d’une remise en cause importante par Alexandru Minea
et Antoine Parent. En s’appuyant sur une autre série historique de dette publique
qui leur permet d’aller plus loin dans le temps, Minea et Parent commencent par
confirmer les résultats de leurs confrères américains : quand le ratio de dette sur PIB
d’un pays passe de la tranche 60-90 % à plus de 90 %, ils notent corrélativement
une baisse de la croissance moyenne pour les pays concernés. Cependant, là où les
pays perdaient plus de 3 points de PIB de croissance chez les chercheurs américains,
eux ne trouvent plus qu’un effet négatif de l’ordre d’un demi-point de pourcentage.
Pas de quoi fouetter un chat…
Mais ce n’est pas tout. Leur étude démontre surtout que la relation entre le niveau
de dette publique et la croissance d’une économie offre la particularité que, à
certains moments, un surcroît de dette publique est associé à moins de croissance,
mais que, à d’autres moments, encore plus de dette publique est associé à plus de
croissance. Ainsi, leur analyse montre que les pays qui dépassent un ratio de 115 %
de dette publique sur PIB présentent en moyenne un taux de croissance supérieur
à ceux qui sont entre 90 et 115 %. De plus, ce taux de croissance est peu inférieur à
celui que connaissent les pays dont le ratio de dette publique est dans la fourchette
60-90 %. Ces résultats étant établis sur la période 1945-2009, les deux économistes
ont cherché à savoir dans quelle mesure ils tenaient la route sur une période plus
longue incluant 1880-1945. Résultats confirmés : sur plus d’un siècle, la Belgique,
la Canada, la France, l’Italie, la Nouvelle Zélande et le Royaume-Uni ont connu
des périodes associant une dette publique supérieure à 115 % du PIB et une crois-
sance rapide. Bien entendu, soulignent à juste titre les auteurs, il ne s’agit pas de
dire que les États du monde entier doivent laisser filer leur déficit et leur dette sans
contrôle. Mais ce travail montre que revenir rapidement vers un ratio de 60 %
comme signe de bonne gestion publique est bien trop restrictif. Plusieurs pays ont
pu gérer, dans la durée, des niveaux de dette bien plus élevés sans que cela ne soit
associé à une croissance en berne. Les dirigeants européens feraient bien d’en tirer
quelques leçons pour l’avenir s’ils veulent soigner leur phobie de la dette publique
et l’austérité mortifère qui l’accompagne.
C. Chavagneux, L’économie politique, La Découverte, 2012/3, n° 55, p. 5-6

160
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Thermomètres trompeurs (III) : la dette publique en pourcentage du PIB


Annexe 2

Comme tout le monde, j’ai utilisé et j’utiliserai encore le « ratio dette/PIB » dans mes
analyses de la dette publique. Mais avec précaution, parcimonie et esprit critique. Car,
nous allons le voir, à ne publier, commenter et comparer (selon les pays) pratiquement
QUE ce rapport, on tombe dans l’un des multiples « pièges de la dette publique », pour
reprendre le titre du livre d’Attac… dont les auteurs ne sont pas tombés dans le piège.
Mais d’abord, pourquoi cet indicateur mérite-t-il de figurer, de préférence au second
rang, parmi ceux qui nous aident à réfléchir ? Pour deux raisons, plus une :
1)  il met en rapport un « agrégat économique en valeur monétaire » (la dette
publique) et le grand agrégat monétaire de référence, le PIB, le flux de « richesse
nationale » produite annuellement dans la sphère monétaire ;
2) lorsqu’on suit des évolutions dans le temps, savoir que la dette était de 73 milliards
d’euros en 1978 et de près de 1 600 milliards en 2010 ne nous dit pas grand-chose
puisque les euros de 1978 (où l’euro n’existait pas, mais on peut convertir) valent
nettement plus que ceux de 2010 du fait de l’inflation. Il est nettement plus signi-
ficatif d’écrire qu’en 1978 la dette (au sens de Maastricht) équivalait à 21,2 % du
PIB, contre 82,3 % en 2010. C’est une façon qui semble raisonnable (mais on va
voir qu’elle n’est ni la seule ni la meilleure) d’effacer l’effet de l’inflation. Il en va de
même pour les comparaisons de l’endettement des différents pays : c’est commode.
3) Une troisième raison intervient, qui devrait commencer à nous mettre la puce à
l’oreille. Pour un non spécialiste (j’en fais partie), les séries historiques et les compa-
raisons internationales du ratio dette/PIB sont partout disponibles en abondance
et quotidiennement. Il est nettement plus « coton » de dénicher des chiffres inter-
nationaux et des séries sur d’autres variables dont nous allons parler et qui n’ont
pas moins de sens, voire qui en ont plus pour juger les risques de dettes publiques
excessives. […]

Le PIB n’est pas la bonne base


Sur le plan de l’analyse économique et financière des risques liés à un éventuel excès
de dette, plusieurs variables dont on ne parle presque jamais sont au moins aussi
importantes, sinon plus, que le ratio dominant. En voici une liste non exclusive.
Les différentes approches
1) La dette publique est celle des administrations publiques. La rapporter au PIB ne
du PIB sont détaillées
dit rien de ce qui est crucial pour rembourser la dette : les recettes publiques. Sauf dans le chapitre 3. Vous
si on laisse entendre – et « on » le fait – que les recettes publiques sont avant tout devez les maîtriser
déterminées par le PIB, ce bon vieux PIB toujours prêt à servir à tout. En laissant afin de porter un
entendre cela, on évacue l’autre grande solution : augmenter les recettes publiques regard critique sur les
indicateurs et d’établir
[…] ou plus poliment : une révolution fiscale. […]
des comparaisons
La dette publique nette et le taux d’intérêt internationales
pertinentes.
2) Pourquoi ne parle-t-on presque jamais de la dette publique nette ? Pourquoi si peu
de données et d’efforts pour avoir des chiffres comparables entre pays ? Et d’abord,
qu’est-ce que c’est ? Supposez qu’un ménage ait une dette de 100 000 euros (liée à
l’acquisition d’un logement par exemple), mais qu’il lui reste 30 000 euros sur divers
livrets ou comptes d’assurance-vie ou autres placements financiers. Alors sa « dette

161
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

financière nette » sera de 70 000 euros, sans même compter pour cela la valeur de
ses patrimoines (actifs) non financiers, ce que l’on pourrait faire en vue d’un bilan
de son patrimoine net.
[…]. Dans une publication de l’OCDE de 2010, les « engagements financiers nets »
des administrations publiques étaient chiffrés en % du PIB (eh oui, du PIB…). Pour
la France, cette dette nette se montait en 2007 à 35,7 % du PIB ; pour l’Allemagne,
à 42,5 %, comme les États-Unis ; pour la Grèce à 82 %, comme le Japon ; et pour
l’Italie à 87 %. Pas intéressant ? Et encore n’est-il ici question que des patrimoines
publics en actifs financiers, ce qui dans le cas présent peut se défendre.
3) Enfin, s’il est question d’évaluer des risques liés à une dette excessive, on se dit
qu’un critère central devrait être le taux d’intérêt moyen, par exemple à dix ans.
Ce critère disparaît des radars dès lors que les marchés financiers gouvernent et
spéculent, donc rendent imprévisible le long terme. C’est bien cela qu’il faut chan-
ger. Une dette de 1 600  milliards à un taux d’intérêt réel (déduction faite de l’in-
flation) de 1 % sur toutes ses composantes anciennes ou nouvelles signifierait une
charge d’intérêt annuel de 16 milliards en euros d’aujourd’hui, contre 50 milliards
prévus en 2012. Donc trois fois moins. […]
Jean Gadrey, Blog d’Alternatives économiques, 31 janvier 2012

6 Qui dépense quoi ? ★★★

Compétences attendues • Identifier les fonctions de l’État


• Repérer les différents organes de l’action publique au
niveau national

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur
l’annexe.
1. Donnez un exemple pour chacun des organes chargés de l’action publique.
Les prestations
sociales sont détaillées 2. À quelle(s) fonction(s) de l’État le poste de dépense « Prestations sociales » correspond-il ?
dans le chapitre 16.
3. À quelle(s) fonction(s) de l’État faut-il relier la FBCF ? Justifiez votre réponse.
4. Calculez la part de l’investissement de chaque organe dans l’investissement total. Que
pouvez-vous en déduire sur l’investissement public en France ?

162
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Principaux postes de dépense publique par type d’administration en 2017


Annexe

(en Mds €, Insee, 2017)

publiques centrales

de sécurité sociale
publiques locales

publiques (total)
Administrations

Administrations

Administrations

Administrations
dont État
Ensemble des dépenses 523,3 429,7 255,4 597,6 1 376,3

Consommations
34,7 23,8 49,6 27,5 111,7
intermédiaires

Rémunération des salariés 142,2 124,2 81,5 66,4 290,1

Intérêts 35,1 34,7 3,3 4,4 42,7

Prestations sociales 106,9 98,7 26,2 458,2 591,3

Formation brute de capital fixe 27,4 10,8 43,3 6,8 77,5

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

87 Argumentation structurée : la politique économique 45 mln


de l’État ★★★
Compétences attendues • Identifier les fonctions de l’État
• Repérer les différents organes de l’action publique au
niveau national ou local
• Comparer les choix budgétaires de plusieurs États
• Analyser l’évolution des finances publiques d’un pays et
ses enjeux

163
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions ci-
MÉTHODE 1 après.

Travail à faire
1. Rappelez les trois fonctions de l’État selon Musgrave.
2. L’État central est-il la seule institution à participer à la politique de redistribution ? Jus-
tifiez votre réponse.
3. Par quel(s) moyen(s) l’État peut-il intervenir en cas de crise économique ? Quels sont
les bienfaits et les limites d’une relance budgétaire ? Expliquez le niveau des dépenses
publiques de l’État français.

Intervenir pour sortir de la crise


Annexe 1

L’idée que l’État peut stimuler l’activité économique en jouant sur la demande est
ancienne. Les politiques de grands travaux ont par exemple été très utilisées lors
de la crise de 1929, notamment aux États-Unis […]. En effet, en commandant des
travaux à des entreprises désœuvrées, l’État injecte du pouvoir d’achat dans l’écono-
mie et les entreprises sont amenées à recruter des salariés qui, à leur tour, dépense-
ront plus. Lorsque la demande semble insuffisante pour absorber la production que
fourniraient les entreprises si elles tournaient à plein régime, une telle intervention
de l’État relève du simple bon sens. Cependant, la politique budgétaire n’a acquis
de fondement théorique solide qu’à partir des travaux de John Maynard Keynes.
Jusque-là, en effet, le credo des économistes était que le marché devrait pouvoir
s’autoréguler. […] Le grand mérite de Keynes est d’avoir montré que l’équilibre invo-
qué par les économistes peut fort bien s’accompagner d’un chômage durable si les
prévisions pessimistes des entrepreneurs les conduisent à investir insuffisamment.
Seul l’État peut rompre cet équilibre de sous-emploi en créant une demande supplé-
mentaire, favorisée par des dépenses publiques nouvelles ou par la diminution des
impôts. Cette demande supplémentaire a un effet puissant sur la production, grâce
au mécanisme du multiplicateur : les dépenses publiques engendrent des revenus pour
les entreprises ou les ménages, ces dépenses entraînent une nouvelle production, d’où
une nouvelle distribution des revenus. Inversement, une croissance trop rapide qui
entraîne des tensions inflationnistes peut être freinée par la hausse des impôts ou par la
diminution des dépenses publiques. L’État disposerait ainsi, avec le budget, d’un instru-
ment efficace pour réguler l’économie.
Source : A. Parienty, « À quoi sert la politique budgétaire ? »,
Alternatives économiques, n° 70, novembre 2014

164
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

La fiscalité, miroir des choix de société


Annexe 2

La fiscalité est-elle vraiment excessive en France, comme on a coutume de le dire ?


Une chose est sûre : la France n’est pas le seul pays à avoir significativement accru
la pression fiscale ces dernières années. Avec la crise, un nombre important d’États
européens ont augmenté la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et les impôts sur le
revenu pour trouver de nouvelles recettes budgétaires. Mais ce n’est qu’un phéno-
mène de rattrapage qui intervient après une décennie de baisse généralisée dans
l’Union européenne. Et on reste très loin des taux marginaux supérieurs enregistrés
après 1945, c’est-à-dire des taux appliqués à la tranche la plus élevée des reve-
nus, qui sont montés jusqu’à plus de 70 % en France, et plus de 90 % aux États-
Unis et au Royaume-Uni. Il et néanmoins vrai que l’Hexagone affiche désormais
l’un des taux de prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales) les plus
élevées d’Europe, juste derrière le Danemark et la Belgique. La principale spécificité
française n’est cependant pas dans le niveau des prélèvements, car dans tous les
pays de l’Union il est conséquent. La France se distingue des autres par le poids des
cotisations sociales, dont l’importance reflète celle de notre système de protection
sociale. Comparer des niveaux de prélèvements n’a en effet pas grand sens si l’on
ne regarde pas en face ce qu’ils permettent de financer. Si la fiscalité française est
élevée, c’est que l’Hexagone a d’importantes infrastructures publiques, un enseigne-
ment gratuit, des prestations famille et chômage relativement élevées et, surtout,
des systèmes de retraite et d’assurance maladie publics.
Source : L. Jeanneau, « Les français paient-ils trop d’impôts ? »,
Alternatives économiques, hors-série n° 102, octobre 2014.

165
SYNTHÈSE
Place et rôle de l’État dans une économie de marché

Fonctions économiques de l’État

1 2 3

Allocation Stabilisation
Redistribution des grands équilibres
des ressources
économiques

Niveau Niveau
national local
Action des administrations Action des collectivités
publiques, des administrations territoriales
publiques indépendantes et
des administrations
de sécurité sociale

Le budget, principal instrument de mise en œuvre


des politiques publiques

Le budget est bâti via : Lorsque le budget n’est pas équilibré :


• le niveau et la structure • un déficit ou un excédent budgétaire apparaît…
des dépenses publiques • qui augmente ou diminue la dette publique…
• la composition des prélèvements • avec un risque de non-soutenabilité
obligatoires de la dette publique

166
CHAPITRE
9 Intervention
économique de l’État
PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Distinguer les différents types de • Objectifs de la politique économique :
politiques économiques croissance, plein-emploi, stabilité des
• Identifier les caractéristiques des prix, équilibre extérieur
politiques d’offre et de demande • Typologies des politiques économiques :
• Apprécier les enjeux d’une politique politiques conjoncturelles/structurelles,
politiques d’offre/de demande
économique donnée
• Analyser une décision de politique • Politique de demande : instruments
économique dans un contexte précis de relance budgétaire, effets et limites
(Keynes, Friedman, Laffer)
• Politique d’offre : instruments, effets et
limites (théories de la croissance endogène)
• Justifications et limites de l’intervention de
l’État (Wagner, Keynes, approches libérales)

PRÉREqUIS
Offre et demande sur un marché (chapitre 4) • Fonctions de l’État (chapitre 8) • Croissance économique
(chapitre 11)

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Objectifs des politiques économiques • 2. Typologie des politiques
économiques et moyens d’action • 3. Enjeux et limites de l’intervention de l’État
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

A fin de réguler l’économie de marché, l’État dispose de nombreux instruments regroupés


sous le vocable de « politique économique ». Le choix d’un instrument relève d’une
décision politique conditionnée par le contexte et les objectifs que l’État s’est fixés. Jusqu’où
l’État doit-il aller dans l’encadrement de la vie économique et la régulation des marchés ?

MOTS-CLÉS
Crise économique • Croissance endogène • Déséquilibre macroéconomique •
Politique conjoncturelle • Politique de demande • Politique économique •
Politique d’offre • Politique structurelle • Subvention publique
Partie 4 Régulation publique en économie de marché

1  Objectifs des politiques économiques


L’économie de marché peut connaître, de façon conjoncturelle ou structurelle, certains
déséquilibres qu’il convient de gérer. C’est alors à l’État, par le biais de politiques écono-
miques, de tenter d’atteindre les grands équilibres macroéconomiques.
Définition
Les politiques économiques sont l’ensemble des actions mises en œuvre par l’État afin
de réguler l’activité économique et d’atteindre les grands objectifs macro­économiques.

Les politiques économiques mobilisent des instruments budgétaires, monétaires ou


réglementaires.
Selon Kaldor, très proche des idées de Keynes, l’État doit arbitrer entre la réalisation de
quatre grands objectifs macroéconomiques ou « grands équilibres » (fig. 9.1) :
––l’emploi (en ayant le taux de chômage le plus faible possible) ;
––la croissance économique (le taux de croissance du PIB doit être le plus important possible) ;
Nicholas Kaldor ––l’équilibre de la balance commerciale (l’économie doit présenter un excédent de com-
(1908-1986) merce extérieur plutôt qu’un déficit) ;
Économiste britannique
post-keynésien, grand
––la stabilité des prix (le taux d’inflation doit être maîtrisé).
critique de Hayek Toute la difficulté pour un État est de réussir à combiner au mieux ces quatre objectifs,
il théorise les cycles certains étant contradictoires.
économiques
et la stimulation Croissance
de l’investissement
public. Il est, entre
autres, connu
pour le carré magique Taux de chômage Taux de croissance
qui porte son nom
et qui modélise
les quatre grands
axes de la politique
économique Emploi Equilibre extérieur
conjoncturelle.

Taux de d’inflation Résultat du commerce extérieur

Stabilité des prix


Figure 9.1.  « Carré magique » de Kaldor

  EXERCICE 5

168
Chapitre 9 Intervention économique de l’État

2  Typologies des politiques économiques


et moyens d’action

A Politique conjoncturelle et politique structurelle


L’État a la possibilité d’agir sur l’économie à court, moyen ou long terme.
1. Politiques conjoncturelles
Définition
Les politiques conjoncturelles sont menées à court terme, pour répondre à des cir-
constances particulières, à une situation donnée (conjoncture) ; elles ne modifient en
rien la structure et le fonctionnement profonds de l’économie.

À court terme, l’économie fait face à certains déséquilibres macroéconomiques qu’il Sur la relance budgétaire
convient de stabiliser rapidement (ex. : fort taux de chômage ou inflation galopante). et l’indépendance des
banques centrales :
L’État peut recourir à deux instruments de politique économique :
•• La politique budgétaire. Elle correspond à l’ensemble des mesures prises par les pou-
voirs publics pour réguler l’économie via l’utilisation du budget des administrations
publiques (dépenses, recettes publiques et soldes budgétaires). Selon l’objectif visé,
l’État peut choisir d’augmenter ou de diminuer les impôts, de miser sur des secteurs http://dunod.
link/88p898k
particuliers, ce qui permet de réguler la demande globale, c’est-à-dire la consomma-
tion et l’investissement de tous les agents économiques (  chapitre 2) qu’ils soient
publics ou privés.
•• La politique monétaire. Elle correspond à l’action de l’autorité monétaire (en général,
une banque centrale) pour réguler la quantité de monnaie en circulation dans l’écono-
mie. au moyen des taux d’intérêt directeurs (  chapitre 7). Son niveau détermine les
comportements de consommation et d’épargne des agents économiques. La politique
monétaire sert surtout à stabiliser l’inflation.

FOCUS Le policy-mix
Le policy-mix vise pour un État à combiner les d’inflation. À  l’inverse, une politique monétaire
instruments de politique budgétaire avec ceux de restrictive peut permettre de la limiter. On réalise
la politique monétaire afin d’atteindre un objec- donc les objectifs de la relance budgétaire (crois-
tif précis, tout en limitant les risques. Ainsi, une sance, plein-emploi), tout en en limitant les incon-
politique de relance budgétaire peut être source vénients (inflation).

Si l’instrument choisi a son importance, c’est l’orientation de celui-ci qui est primor-
diale. L’État peut choisir de mener une politique conjoncturelle (fig. 9.2) :
––expansive, qui relance l’économie en augmentant la demande globale (elle s’inspire
des travaux de Keynes) ;
––restrictive, qui freine l’activité économique en diminuant la demande globale (elle
s’inspire de l’école néoclassique ou monétariste de Friedman).

169
Partie 4 Régulation publique en économie de marché

Politiques conjoncturelles expansives

- Prélèvements
- Pouvoir d’achat
obligatoires
des ménages
- Intérêts
- Ressources - Consommation Croissance
directeurs
des entreprises - Investissement économique
- Dépenses - Accès
publiques aux crédits

Politiques conjoncturelles restrictives


- Dépenses
- Pouvoir d’achat
publiques
des ménages
- Ressources - Consommation Baisse
- Prélèvements
des entreprises - Investissement de l’inflation
obligatoires
- Accès
- Intérêts
aux crédits
directeurs

Figure 9.2.  Instruments de politique économique

2. Politiques structurelles
Définition
Les politiques structurelles visent le long terme ; elles ambitionnent de rénover en
profondeur la structure d’une économie, de corriger des déséquilibres ancrés dans
son fonctionnement, souvent depuis plusieurs décennies.

Les politiques structurelles visent le plus souvent le développement du pays, l’augmen-


tation du potentiel de croissance ou la création de nouvelles spécialisations plus respec-
tueuses de l’environnement dans un objectif de développement durable (  chapitre 13).
Contrairement aux politiques conjoncturelles, les politiques structurelles agissent plu-
tôt sur l’offre.
Exemple
◗◗ Les politiques structurelles visent notamment à aménager le territoire (politique de
grands travaux), à favoriser l’innovation (recherche fondamentale) et l’éducation ou à
développer le potentiel productif d’un pays (politique industrielle). ◗

B Politique de demande et politique d’offre


Quelle soit expansive ou restrictive, la politique économique menée par l’État vise à
influer sur les comportements d’offre ou de demande.
Définitions
• La politique d’offre vise principalement la production des biens et services.
• La politique de demande cherche à stimuler la demande au niveau global, tant
dans le secteur privé (investissement des entreprises) que dans le secteur public
(État et collectivités territoriales), mais aussi chez les ménages (consommation).

170
Chapitre 9 Intervention économique de l’État

La distinction entre politique d’offre et politique de demande résulte d’une approche


théorique différente des actions à mener pour sortir d’une crise économique.
1. Politique d’offre
D’inspiration libérale, la politique d’offre se base sur l’hypothèse que la crise écono-
mique provient d’une offre insuffisante. Une production insuffisante de biens et services
a des répercussions négatives en matière d’emploi et de croissance économique (  cha-
pitre 12). L’État adopte un ensemble de mesures visant à baisser le coût de production
des entreprises : abaissement des impôts sur les sociétés ou des cotisations sociales
patronales, subventions (ex. : crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi – CICE).
2. Politique de demande
D’inspiration keynésienne, la politique de demande se base sur l’hypothèse que la crise
économique provient au contraire d’une insuffisance de la demande. Les agents éco-
nomiques (  chapitre 2) ne dispose pas des revenus suffisants pour consommer ou
investir, ce qui pèse négativement sur la production et donc sur la croissance (  cha-
pitre 12). L’État cherche alors à relancer la consommation et l’investissement, en parti-
culier celui des ménages, en adoptant des mesures en faveur du pouvoir d’achat : baisse
des prélèvements obligatoires (en particulier en faveur des ménages les plus pauvres),
augmentation des salaires (notamment le salaire minimum), baisse des taux d’intérêt.
L’ensemble de ces politiques font appel au multiplicateur keynésien.

  EXERCICE 2 • EXERCICE 3 • EXERCICE 4

3  Enjeux et limites de l’intervention de l’État


En théorie, l’intervention de l’État est nécessaire et efficace pour limiter les déséqui-
libres macroéconomiques. En pratique, les effets de l’intervention publique sont diffi-
ciles à prévoir et peuvent parfois être contre-productifs pour l’économie.

A Justifications et limites de l’intervention de l’État


Selon l’approche libérale, l’intervention de l’État dans l’économie devrait se limiter à ses
seules fonctions régaliennes (police, justice, armée). Au-delà de ces fonctions, toute interven-
tion de l’État nuit au fonctionnement naturellement harmonieux du marché. En revanche,
pour des auteurs tels que Keynes, l’intervention de l’État est d’autant plus nécessaire que
l’économie connaît une crise économique. L’État peut, grâce à des politiques expansion-
nistes, relancer l’économie pour renouer avec la croissance économique (  chapitre 12).
1. Théories de la croissance endogène
Un compromis semble être trouvé entre libéraux et keynésiens à travers les théories
de la croissance endogène (Romer, Lucas, Barro) (  chapitre 12). En effet, ces auteurs
montrent que l’État, par le biais de la dépense publique, est le moteur de la croissance
économique. L’État doit soutenir à tout moment la croissance économique en prenant
en charge des dépenses que le secteur privé ne peut ou ne veut pas réaliser : construction
des infrastructures (routes, ponts…), éducation, recherche fondamentale. Les auteurs

171
Partie 4 Régulation publique en économie de marché

de cette théorie pensent que l’investissement public dans ces domaines favorise l’inno-
vation et la productivité, sources de progrès technique et donc de croissance.
2. Loi de Wagner
L’intervention de l’État a un coût. Ainsi, selon la loi de Wagner, « plus la société se civi-
lise, plus l’État est dispendieux » (  chapitre 11). Cela signifie que les dépenses publiques
augmentent avec le niveau de vie pour deux raisons :
Adolph Wagner ––dans un premier temps, l’État doit soutenir l’activité économique par la construction
(1835-1917) d’infrastructures (théorie de la croissance endogène) ;
Économiste allemand
très critique des libéraux,
––dans un second temps, l’augmentation du niveau de vie et de développement signifie
à l’origine de la théorie
des dépenses publiques de santé et d’éducation notamment plus importantes. Enfin,
de l’extension croissante les défaillances de marchés (  chapitre 5) justifient aussi l’intervention de l’État,
de l’activité publique notamment dans le domaine structurel. Si elle est nécessaire pour soutenir l’activité
avec l’industrialisation, économique, elle est coûteuse pour les finances publiques (  chapitre 8). Le degré
il a fortement influencé
le modèle bismarckien.
d’intervention de l’État est donc un choix de société.

B Effets négatifs d’une politique d’offre


Pour sortir d’une crise économique, l’État peut décider de mener une politique d’offre visant
à réduire le coût de production des entreprises. Si celles-ci peuvent produire à moindre
coût, elles pourront baisser leurs prix de vente ce qui a un effet d’incitation positive pour la
consommation et, par conséquent, permet de stimuler la croissance économique. Cepen-
dant, plusieurs éléments peuvent limiter les effets positifs d’une politique d’offre :
•• Les entreprises peuvent préférer utiliser la baisse de la fiscalité ou les subventions
publiques non pas pour baisser les prix mais pour retrouver leurs marges ou pour ver-
ser des dividendes à leurs actionnaires. L’effet sur la production et la consommation
est donc nul.
•• Certaines crises économiques résultent d’un problème de demande, son insuffisance
pouvant expliquer le faible niveau de l’offre et une croissance économique en berne.
Exemple
◗◗ Pendant la crise des subprimes de 2008, l’Insee a recueilli les avis des patrons d’entreprises
françaises. Ils se plaignaient majoritairement de carnets de commande vides… et donc
d’un problème de demande ! Dans ce cas, une politique d’offre ou une politique restrictive
ne peut que dégrader la situation. ◗

Proposer une fiscalité avantageuse pour les entreprises réduit les recettes de l’État et
peut donc limiter ses interventions dans d’autres domaines (social, santé, éducation), ce
qui, en période de crise économique, peut faire augmenter la pauvreté et les inégalités.

Sur la politique C Effets négatifs d’une politique de demande


de demande :
Lorsque l’État met en place une politique de demande afin de stimuler la consommation
et l’investissement, plusieurs limites peuvent apparaître :
•• Si la consommation augmente trop vite par rapport à l’offre, les prix risquent d’aug-
http://dunod. menter. Or, l’inflation limite les effets positifs d’une politique de demande en dimi-
link/3zo77vs nuant le pouvoir d’achat des consommateurs.

172
Chapitre 9 Intervention économique de l’État

•• Dans un système économique de plus en plus mondialisé, les agents nationaux sont
tentés de se tourner vers les marchés étrangers. Stimuler la demande nationale peut
ainsi revenir à doper les importations, ce qui pèse sur la croissance et la reprise de
l’activité économique.
•• Selon l’économiste Laffer, « trop d’impôt, tue l’impôt ». Ainsi, l’augmentation des
dépenses publiques dans le cadre d’une politique de demande risque d’entraîner, à
terme, une augmentation des impôts. Les agents économiques en prévision de cela
risquent de ne pas consommer ou investir mais épargner, ce qui limite l’effet de la Arthur Laffer
politique de demande. (né en 1940)

•• Dans une perspective keynésienne, l’État doit cibler les ménages à bas revenus pour Économiste américain,
chef de file de l’école
relancer la demande. Leur propension marginale à consommer est plus forte. Mais de l’offre, fervent
cette mesure peut être perçue comme inégalitaire. Des allégements d’impôts pour défenseur de la réduction
tous les ménages ne sont pas favorables aux recettes publiques et ne relancent que des impôts, il est
peu l’économie puisque les ménages à hauts revenus se tournent vers l’épargne. également l’auteur
de la courbe qui porte
•• Enfin, le risque d’une politique de relance réside dans deux effets négatifs. Le premier, son nom et tend
appelé effet d’éviction, montre selon les néoclassiques que l’investissement public va à prouver que l’impôt
se substituer à l’investissement privé ce qui est contre-productif pour l’économie. Le est peu productif passé
second, appelé effet boule de neige, porte sur les risques de l’endettement. En effet, un certain seuil.
si le plan de relance met du temps à stimuler la croissance, le risque est que les taux
d’intérêt de la dette soit supérieur au taux de croissance, ce qui augmente mécanique-
ment la dette publique.

FOCUS La propension marginale à consommer


Selon la « loi psychologique fondamen- Ainsi, si un ménage gagne 800  € par
tale » énoncée par Keynes en 1936, mois et que l’État lui donne 100 € de plus,
plus les revenus augmentent, plus la alors il risque d’utiliser cette somme
consommation augmente. Cependant, pour nourrir sa famille, acheter des vête- Propension marginale
lorsque l’on donne un supplément de ments,  etc. Sa propension marginale à à consommer = Variation
revenu à un ménage pauvre, celui-ci consommer est forte puisque les 100 € de de la consommation/
Variation du revenu
risque de totalement le consommer. En plus par mois équivalent à un huitième
revanche, si on donne un supplément de son revenu. À l’inverse, si un ménage
de revenu à un ménage déjà riche, gagne 5 000  € par mois et que l’État lui
celui-ci a plus de chance de l’épargner. donne 100 € de plus, il risque d’épargner
On dit alors que le ménage pauvre a ce surplus, son salaire lui permettant déjà
une propension marginale à consom- de consommer à sa guise. Sa propension
mer plus forte. marginale à consommer est alors faible.

  EXERCICE 4 • ÉTUDE DE DOCUMENTS 5

173
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
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les savoirs les compétences l’épreuve

1 Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.

Vrai Faux

1. Dans le carré magique de Kaldor, l’objectif d’emploi est mesuré par le nombre ∙ ∙
de CDI.
2. Les politiques conjoncturelles sont des politiques de court ou moyen ∙ ∙
terme.
3. La politique monétaire est en générale menée par un État via le ministère ∙ ∙
des finances.
4. Une politique économique expansionniste vise uniquement à relancer la ∙ ∙
consommation des ménages.
5. La politique industrielle est une politique structurelle. ∙ ∙
6. La politique d’offre et la politique de demande sont toutes deux d’inspi- ∙ ∙
ration libérale
7. Les fonctions régaliennes de l’État sont la police, la justice et l’armée. ∙ ∙
8. Selon la théorie de la croissance endogène, l’État est le moteur de la ∙ ∙
croissance économique.

9. Les entreprises françaises ont majoritairement un problème d’offre. ∙ ∙


10. Une politique de demande risque de faire augmenter l’inflation. ∙ ∙

2 Quels types de politique économique ? ★★★


Dans chaque situation, précisez la nature de la politique à l’œuvre (conjoncturelle, struc-
turelle, d’offre ou de demande).

1. L’État décide d’augmenter le salaire minimum de 50 €.


2. L’État passe l’impôt sur les sociétés de 33 % à 22 %.
3. La région Bretagne construit un incubateur d’entreprise afin que les sociétés les plus
innovantes puissent échanger sur leurs pratiques.
4. La Ville de Paris construit un centre de formation aux métiers du numérique.

174
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

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les savoirs les compétences l’épreuve

3 La régulation de l’économie par l’État ★★★

Compétences attendues • Distinguer les différents types de politiques économique


• Identifier les caractéristiques des politiques d’offre et de
demande

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur
l’annexe.
1. À quel type de politique économique les politiques de grands travaux correspondent-
elles ?
2. Les politiques de grands travaux sont-elles des politiques d’offre ou de demande ?
3. Quels sont les risques d’une politique de relance ?
4. Quels sont les risques d’une politique d’offre ?
5. À quelle alternative à la politique budgétaire l’État peut-il faire appel pour réguler
l’économie ?
6. Montrez comment il est possible d’éviter les risques d’une politique budgétaire de
relance grâce à une politique monétaire restrictive.

L’État à la manœuvre
Annexe

L’idée que l’État peut stimuler l’activité économique en jouant sur la demande est
ancienne. Les politiques de grands travaux ont par exemple été très utilisées lors de
la crise de 1929, notamment aux États-Unis avec la Tennesse Valley Authority de
Roosevelt. En effet, en commandant des travaux à des entreprises désœuvrées, l’État
injecte du pouvoir d’achat dans l’économie et les entreprises sont amenées à recruter
des salariés qui, à leur tour, dépenseront plus. La politique budgétaire n’a acquis de
fondement théorique solide qu’à partir des travaux de John Maynard Keynes […] Le
grand mérite de Keynes est d’avoir montré que l’équilibre [sur le marché des biens et
services] peut fort bien s’accompagner d’un chômage durable si les prévisions pessi-
mistes des entrepreneurs les conduisent à investir insuffisamment. Seul l’État peut
rompre cet équilibre de sous-emploi en créant une demande supplémentaire, favorisée
par des dépenses publiques nouvelles ou par la diminution des impôts. Cette demande
supplémentaire a un effet puissant sur la production, grâce au mécanisme du multi-
plicateur : les dépenses publiques engendrent des revenus pour les entreprises ou les
ménages, ces dépenses entraînent une nouvelle production, d’où une nouvelle distribu-
tion de revenus. Inversement, une croissance trop rapide qui entraîne des tensions infla-
tionnistes peut être freinée par la hausse des impôts ou par la diminution des dépenses
publiques. L’État disposerait ainsi, avec le budget, d’un instrument efficace pour réguler

175
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

l’économie, les politiques de relance augmentant la demande pour réduire le chômage


et les politiques de rigueur la freinant pour combattre l’inflation. Ces politiques sont
dites contra-cycliques, car elles contrarient le cycle économique et l’atténuent.

4 Comment sortir de la crise des subprimes ? ★★★

Compétences attendues • Apprécier les enjeux d’une politique économique donnée


• Analyser une décision de politique économique dans un
contexte précis

En vous appuyant vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions ci-après.
1. Quelle stratégie de sortie de crise ont adopté la majorité des pays après la crise de 2007-
2008 ?
2. Par quels instruments de politique économique les États ont-ils mené cette stratégie ?
3. Quels ont été les effets de la politique de relance menée par la France en 2009 ?
4. Comment expliquer le passage à des politiques de rigueur à partir de 2010 ?
5. Comment pouvez-vous expliquer l’échec de ces politiques de rigueur en matière de
croissance, de réduction du chômage et de réduction des déficits ?
6. Quels sont les avantages d’un plan de relance coordonné ?
7. Quels pays se sont sortis le plus rapidement de la crise ? Comment ?

L’effet de la politique de relance française en 2009 – Taux de croissance trimes-


Annexe 1

triel (%) du PIB en 2009 (Comptabilité nationale, calculs de l’OFCE)


1
0,6
0,5 0,3
0,1
0
– 0,1
– 0,5
– 0,5 – 0,4
–1

– 1,5 Réalisé
– 1,5
Hors soutien budgétaire
–2
– 2,1
– 2,5
T1 T2 T3 T4

176
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

De la relance à l’austérité
Annexe 2

[Après la crise de 2007], la nécessité de pratiquer des relances s’est imposée rapi-
dement dans les différents pays, une volonté de coordination de la relance se
manifestant au sein du G20. Aux États-Unis, le plan Obama, voté en janvier 2009,
est un plan de grande ampleur (787  milliards de dollars, 5 % du PIB) reposant
essentiellement sur les dépenses publiques. En Europe, la Commission européenne
annonce un plan de relance de 200  milliards d’euro (1,5 % du PIB de l’UE) en
novembre 2008. […] La sortie de récession (retour à des taux de croissance positifs)
s’observe courant 2009. Parallèlement, les finances publiques se sont dégradées
[…]. Ainsi, bien que les taux de chômage restent élevés, les politiques budgétaires
vont alors devenir restrictives à partir de 2010. […] Le « retour de Keynes » aura
donc été de courte durée. Et plusieurs auteurs soulignent les dangers du tournant
restrictif pris par les politiques budgétaires à partir de 2010-2011. […] De son côté,
le FMI (fond monétaire international) estime que […] les effets récessionnistes des
contractions budgétaires seraient particulièrement importants. […] En Europe, les
contractions budgétaires les plus fortes concernent les pays qui sont le plus touchés
par la crise des dettes souveraines. Certains pays font face à des problèmes de soute-
nabilité de la dette parce que les déficits primaires (rapportés au PIB) ont tendance
à être trop élevés compte tenu du niveau de croissance du PIB et des taux d’intérêt
réels auxquels l’État s’endette.
Source : C. Fenet, I. Waquet, Économie, sociologie,
histoire du monde contemporain, Dunod, 2014.

Les politiques de rigueur sont-elles efficaces ?


Annexe 3

Ces politiques d’austérité menées de concert ont un effet récessif déjà visible qui
était prévisible. Elles risquent de conduire à une contraction cumulative de l’ac-
tivité européenne. […] L’étude du FMI montre que dans tous les pays, depuis
30-40  ans, les effets des restrictions budgétaires sont keynésiens, c’est-à-dire
dépressifs (multiplicateurs budgétaires positifs et souvent proches de 1 ou supé-
rieur à 1). […] Dans le cas de l’Europe, le multiplicateur combiné (pour l’ensemble
de la zone euro) est même supérieur à 1 (1,3 selon l’OFCE). En d’autres termes,
si tous les pays européens prennent des mesures de rigueur budgétaire en même
temps, la contraction de l’activité sera supérieure à l’impulsion budgétaire. Par
conséquent, la conduite de politiques de rigueur budgétaire dans l’ensemble des
pays européens a des effets récessifs forts et les déficits publics ne pourront pas se
résorber de cette façon.
Source : ENS de Lyon publication Eduscol. Texte de la conférence de Jacques Le Cacheux,
« La crise économique européenne », partie 2 « La crise de la zone Euro », 11 avril 2012.

177
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

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les savoirs les compétences l’épreuve

5 Étude de documents : la politique économique, entre rigueur


et relance ★★★ 60 mln

Compétences attendues • Distinguer les différents types de politiques économiques


• Identifier les caractéristiques des politiques d’offre et de
demande
• Apprécier les enjeux d’une politique économique donnée
• Analyser une décision de politique économique dans un
contexte précis

Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances personnelles, répondez aux questions ci-après
MÉTHODE 1 relatives aux annexes.

Travail à faire
1. Que représentent les quatre axes du carré magique de Kaldor ?
2. Quelles évolutions notez-vous dans la structure de l’économie française entre 2007 et
2017 ?
3. Quel(s) type(s) de politique(s) économique(s) la France a-t-elle menée(s) pour sortir de
la crise de 2007 ?
4. La politique économique actuelle vous semble-t-elle être une politique d’offre ou de
demande ?
5. Comment pouvez-vous lier la politique de sortie de crise choisie par la France et l’évolu-
tion du carré magique de Kaldor entre 2007 et 2017 ?
6. Comment interprétez-vous la phrase soulignée dans l’annexe 3 ? Quel nom donner à ce
« cocktail » ?
7. Expliquez en quoi l’alternance de politiques de relance et de rigueur peut permettre de
compenser les effets négatifs de chacune ?

178
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Carré magique de Kaldor pour la France en 2007 et 2017


Annexe 1

(académie de Versailles, 2017)


PIB
9,0
7,8
6,6
5,4
4,2
3,0
1,8
0,6
– 0,6
-2,5
-2,0
-1,5
-1,0
-0,5
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
– 1,8
CHO

BTC
13,5
2,0
3,0
4,0
5,0
6,0
7,0
8,0
9,0
10,0
11,0

12,0
10,5 PIB = taux de variation du PIB en volume (%)
9,5
7,5 BTC = solde de la balance des transactions
6,0 courantes en % du PIB
4,5
3,0 INFL = taux de variation de l’indice des prix
1,5 à la consommation (%)
0,0 CHO = taux de chômage (%)
INFL

France 2007
France 2017

Les différentes politiques économiques : rigueur ou relance ?


Annexe 2

La politique est dite « budgétaire » quand les pouvoirs publics privilégient l’utilisa-
tion de l’instrument budgétaire (impôts et dépenses publiques) afin d’encourager la
consommation et l’investissement, c’est-à-dire la demande intérieure. La politique
économique est dite « monétaire » lorsque les pouvoirs publics ont recours prioritai-
rement aux instruments monétaires (quantité de monnaie en circulation et fixation
des taux d’intérêt) afin de fournir les liquidités nécessaires à la croissance de l’éco-
nomie tout en maîtrisant l’inflation et la stabilité du taux de change de la monnaie.
[…] Au total, la politique monétaire et la politique budgétaire […] peuvent être
des politiques de relance (d’inspiration keynésienne) ou de rigueur (d’inspiration
néoclassique). La politique de relance sera favorisée en période de faible croissance
et de chômage élevé. La politique de rigueur sera la solution adéquate en période
de surchauffe de l’économie, d’inflation élevée et de déficit extérieur inquiétant.
[…] En fait, les politiques conjoncturelles cherchent à atteindre simultanément les
quatre objectifs du carré magique imaginé par Nicholas Kaldor : croissance écono-
mique élevée, chômage faible, inflation maîtrisée et excédent commercial. […] Une
politique de relance de la croissance ayant pour objectif de réduire le chômage sera

179
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

génératrice d’inflation et de déficit commercial. Une politique de rigueur sera


susceptible de stabiliser les prix et de rendre l’économie compétitive sur le plan du
commerce extérieur, mais n’enclenchera pas immédiatement une dynamique de
croissance et un retour à l’emploi.
Source : Matthieu Caron, Budget et politiques budgétaires, Bréal, 2007.

Les politiques de rigueur sont-elles efficaces ?


Annexe 3

Face à la crise, il existe deux camps distincts, celui de la rigueur ou austérité et


celui de la relance, qu’on peut résumer très grossièrement comme suit : en période
de ralentissement de la croissance, les économistes favorisant une politique de la
demande, […] soutiennent la relance de la croissance, par l’endettement de l’État.
L’idée étant de créer un cercle vertueux : relancer la croissance finira par rembourser
la dette contractée par l’État. De l’autre côté, les tenants de la politique de l’offre,
et donc de l’austérité, prônent la méthode inverse […] privilégier un allègement de
la fiscalité des ménages et des entreprises, supposé aider à relancer l’activité. […]
Depuis plus d’une décennie, la France ne peut plus mener de politique franche de
relance, de réelle politique d’austérité comme ce fut le cas en Italie, en Espagne, en
Grèce etc. Résultat, la politique choisie est souvent un savant cocktail de relance et
de rigueur. […] Pour schématiser, les leviers favorisant la croissance correspondent
à des « sorties » d’argent : investissement de l’État dans des programmes de relance,
soutiens à l’emploi et à la consommation par des baisses de fiscalité. À l’inverse, un
plan d’économies s’attaquera aux dépenses de l’État, aux aides sociales…
Source : Mathile Damgé, « Austérité, rigueur, relance, croissance,
de quoi parle-t-on ? », Le Monde, 22 avril 2014.

180
SYNTHÈSE
Intervention économique de l’État

Objectifs des politiques économiques


Quatre grands objectifs macroéconomiques

Équilibre
Stabilité
Emploi Croissance de la balance
des prix
des paiements

Typologies des politiques économiques et moyens d’action de l’État


Politique conjoncturelle Politique structurelle
(court terme) (long terme)
••Politique budgétaire ou politique Aménagement du territoire, éducation,
monétaire industrie…
••Politique d’offre ou politique
de demande

Enjeux et limites de l’intervention de l’État


••Pour les libéraux, l’État doit gérer uniquement les fonctions régaliennes (police,
justice, armée).
••Dans les faits, les investissements de l’État sont un moteur de croissance (théories
de la croissance endogène).
••Cependant, toutes les interventions étatiques (politique d’offre ou de demande)
comportent des risques.

181
CHAPITRE
10 Politique économique
au sein de l’UE
PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Identifier les enjeux des principales • Principales phases d’élargissement
phases d’élargissement et et d’approfondissement, poids
d’approfondissement de la Communauté économique de l’Union européenne
économique européenne (CEE) puis
de l’Union européenne (UE)
• Principes de proportionnalité
et de subsidiarité
• Illustrer les principes de • Régulation conjoncturelle au sein
proportionnalité et de subsidiarité de l’Union économique et monétaire,
• Caractériser l’organisation de la UEM (objectifs et instruments) :
régulation conjoncturelle au sein politique monétaire de la Banque
de l’Union économique et monétaire centrale européenne (BCE), encadrement
• Expliquer les mécanismes permettant des politiques budgétaires nationales
d’atteindre les objectifs de la politique • Politiques structurelles de l’Union
monétaire européenne : budget de l’Union
• Analyser les difficultés posées européenne, degré inégal d’intégration
des politiques de la concurrence,
par les divergences structurelles au sein
de l’Union européenne commerciale, fiscale et sociale

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. L’Union européenne, une construction historique • 2. Les politiques
économiques conjoncturelles de l’UE • 3. Les politiques structurelles de l’UE
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

L a France a choisi de déléguer certaines politiques économiques à une instance supra-


nationale, l’Union européenne formalisation d’un processus d’intégration, qui connaît
élargissements et approfondissements.

MOTS-CLÉS
• Coopération économique • Critères de convergence • Dumping • Monnaie unique
• Politique économique conjoncturelle • Politique économique structurelle •
Politique monétaire • Proportionnalité • Règle d’or budgétaire • Subsidiarité
Chapitre 10 Politique économique au sein de l’UE

1  L’Union européenne, une construction historique

A De la communauté économique européenne (CEE)


à l’Union européenne (UE)
1. Une exigence de paix et de stabilité économique
La Seconde Guerre mondiale a laissé les pays européens ruinés sur le plan économique
et divisés sur le plan politique. La volonté de construire une paix durable et une commu-
nauté de destins a poussé les dirigeants européens – en premier lieu Robert Schuman
et Jean Monnet – à nouer une coopération politique et économique durable entre les
acteurs européens de premier plan, notamment la France et l’Allemagne.
La première volonté a été de créer un lien économique entre les deux anciens ennemis, exten-
sible aux autres pays européens. Six pays d’entre eux (fig. 10.1) s’entendent sur une gestion
commune de la production de charbon et d’acier, au cœur de l’économie d’après-guerre, don-
nant naissance en 1951 à la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA).

Figure 10.1.  Pays membres de la CECA (© Larousse)

2. Vers le Marché commun


La coopération au sein de la CECA se limitant au charbon et à l’acier, la seconde volonté 30 jours pour
comprendre l’Europe
a été d’étendre au maximum la coopération économique entre les pays européens en
– la PAC :
créant un Marché commun. Cet espace de libre-échange permet la libre circulation des
hommes et des marchandises dans tous les pays membres. Cette volonté se traduit
par la signature des traités de Rome en 1957 par les six pays membres de la CECA
(Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas) : c’est la naissance officielle
http://dunod.link/
de la Communauté économique européenne (CEE).
cpz0i5s

183
Partie 4 Régulation publique en économie de marché

Définition
Le libre-échange est l’un des piliers de l’école néo-classique. C’est une politique
commerciale qui vise à réduire les obstacles à la libre circulation des biens et des
services. L’objectif et de parvenir à une ouverture complète des frontières afin que
les échanges internationaux s’effectuent sans entraves entre les pays.

Au-delà des facilités de circulation entre les pays membres, la CEE vise à proposer des
politiques économiques communes, notamment en matière agricole.

FOCUS Politique agricole commune


La politique agricole commune (PAC) est la plus les marchés, en stimulant la productivité et en garan-
ancienne et la plus importante des politiques com- tissant des prix raisonnables aux consommateurs.
munes de l’Union européenne jusqu’en 2006. Elle Pour cela, l’Union européenne use d’aides directes
a été créée par les traités de Rome de 1957 et mise (subventions) et indirectes (« prix garantis ») versées
en place en 1962. Elle vise à soutenir et développer aux agriculteurs ainsi que de l’instauration d’une pré-
l’agriculture européenne notamment en stabilisant férence communautaire pour les produits agricoles.

3. Les phases d’élargissement et d’approfondissement


Les années qui suivent les traités de Rome sont marquées par le renforcement et l’élar-
gissement de la CEE (tab. 10.1). Les six pays fondateurs se dotent peu à peu de nou-
velles institutions supranationales telles qu’une commission européenne, un conseil des
ministres, une assemblée parlementaire ainsi qu’une cour de justice (Cour de justice des
communautés européennes, aujourd’hui Cour de justice de l’Union européenne – CJUE).
La dernière étape marquante de l’histoire européenne est la signature du traité de
Maastricht en 1992. Après la chute du mur de Berlin (1989), les pays de la CEE veulent
affirmer la dimension politique du projet européen. Ils créent l’Union européenne (UE)
et renforcent le développement économique en posant les bases d’une monnaie unique,
l’euro, mise officiellement en circulation le 1er janvier 2002.

Tableau 10.1.  Étapes de l’élargissement de l’Union européenne


Frise historique
de la construction Année d’adhésion Pays
européenne :
1973 Royaume-Uni, Irlande, Danemark
1981 Grèce
1986 (Europe des 12) Espagne, Portugal
http://dunod.
link/1kf06tb 1995 (Europe des 15) Autriche, Finlande, Suède
Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne,
2004
République tchèque, Slovaquie, Slovénie
2007 Bulgarie, Roumanie
2013 (Europe des 28) Croatie

  EXERCICE 2

184
Chapitre 10 Politique économique au sein de l’UE

B Les grands principes régissant le fonctionnement


de l’Union européenne
La construction de l’Union européenne repose sur deux principes juridiques fondant les
liens entre institutions nationales et européennes.
•• Le principe de proportionnalité. Énoncé à l’article 5 du traité sur l’Union européenne
(TUE), il vise à réguler l’exercice des compétences au sein des institutions de l’Union
européenne.
•• Le principe de subsidiarité. Également énoncé à l’article 5 du TUE, il fonde la répartition
des domaines de compétences entre l’échelle nationale et l’échelle supranationale.
Définitions
• Le principe de proportionnalité encadre et limite les actions de l’UE. Le contenu et « Qu’est-ce que
la forme des actions doivent être mesurés et correspondre à l’objectif fixé. le principe de
subsidiarité ? » :
• Le principe de subsidiarité impose de prendre les décisions à l’échelon le plus perti-
nent. En d’autres termes, à l’exception des domaines de compétence exclusive, l’UE
n’intervient que si son action est jugée plus efficace.

http://dunod.link/hh7bksd

C L’Union européenne, un acteur économique mondial majeur


1. Le deuxième PIB mondial
Depuis sa création, l’UE a su s’imposer comme l’un des acteurs incontournables de l’éco-
nomie mondiale aux côtés des États-Unis et de la Chine. Le PIB européen s’élevait, en
2017, à 15 326 Mds € , soit 22 % du PIB mondial. Calculé en dollars US, le PIB européen
s’élevait, en 2016, à 20 318 Mds $, juste derrière la Chine (21 402 Mds $) mais juste devant
les États-Unis (18 707 Mds $) (fig. 10.2).
25000000

20000000

15000000

10000000

5000000

0
00 001 002 003 004 005 006 007 008 009 010 011 012 013 014 015 016
20 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2
Chine États-Unis Union européenne (28 pays)

Figure 10.2.  PIB des trois premières économies mondiales en 2016


(en millions de dollars, source : OCDE)

185
Partie 4 Régulation publique en économie de marché

2. La troisième puissance commerciale mondiale


CHIFFRES-CLÉS L’UE est un acteur central en matière d’échanges internationaux (fig. 10.3). La particu-
larité, et l’une des réussites économiques de la construction européenne, est que 64 %
Si l’on retranche
des échanges commerciaux des pays de l’UE sont réalisés avec d’autres États membres.
les échanges intra-
européens, l’UE
Au niveau mondial, les échanges extérieurs de l’UE (exportations et importations),
est la 3e puissance représentent, en 2016, 35 % du total des échanges mondiaux de biens et services contre
commerciale 10,6 % pour les États-Unis et 10,5 % pour la Chine.
mondiale pour
l’échange de biens L’Union européenne en 2018 en chiffres
(avec 15 % du
total des échanges
3e puissance commerciale mondiale Dette publique : 82,5 % du PIB (2017)
mondiaux, OCDE,
2018).
22 % du PIB mondial
7,3 % de chômage (2018)
(prix courants, 2016)

2,4 % de croissance (2017)

Figure 10.3.  Poids économique de l’Union européenne (Banque mondiale,


Eurostat et Commission européenne, 2017)

  EXERCICE 3

2  Les politiques économiques conjoncturelles de l’UE


En adhérant à l’UE, les pays membres acceptent de déléguer une partie de leurs com-
pétences en matière de politique économique conjoncturelle. C’est en particulier le
cas pour la politique monétaire, menée de façon indépendante par la Banque centrale
européenne (BCE  chapitre 9). La politique budgétaire reste en grande partie nationale
mais elle est fortement encadrée par l’Union économique et monétaire (UEM).
Définition
L’UEM est constituée des 28 pays membres de l’Union européenne. Dix-neuf d’entre
eux ont adopté la monnaie unique, l’euro, et constituent donc la zone euro.

L’UEM offre un cadre commun d’action en matière de politique économique conjoncturelle.


Les pays adhérents s’engagent à respecter les critères de convergence fixés par l’Union.

A La politique monétaire de la BCE


Depuis le 1er janvier 1999, les pays membres de l’Union européenne ont transféré la mise
en œuvre de leur politique monétaire à la BCE. Institution indépendante mais soumise
aux traités, la BCE a pour unique objectif la maîtrise de l’inflation et la stabilité du sys-
tème financier au niveau européen. Les décisions que la BCE prend en matière monétaire
doivent tendre à satisfaire l’ensemble des pays de la zone euro.

186
Chapitre 10 Politique économique au sein de l’UE

1. Une définition de la stratégie monétaire européenne globale


La BCE et les banques centrales nationales définissent ensemble la stratégie à mener en Sur la politique
matière monétaire au sein de la Zone euro. Chacune des banques centrales nationales monétaire
conventionnelle :
est chargée d’appliquer les décisions prises par la BCE. Jusqu’à la crise de 2008, la BCE
menait une politique monétaire conventionnelle. Après la crise, elle a aussi utilisé des
moyens non conventionnels pour atteindre son objectif de stabilité des prix.
Définitions
http://dunod.link/
• La politique monétaire conventionnelle désigne la manipulation des taux d’intérêt fqguuf4
directeurs dans le but d’orienter les comportements économiques des agents.
• La politique monétaire non conventionnelle désigne les moyens non habituels mis
en place par les Banques centrales pour sortir de la crise de 2007. Elle peut consis-
ter à intervenir directement sur les marchés financiers, par exemple.

2. La politique monétaire conventionnelle de la BCE


L’instrument principal de la politique monétaire conventionnelle est la gestion des taux
directeurs, c’est-à-dire les taux d’intérêt appliqués aux banques commerciales emprun-
tant à la BCE. Grâce à ce canal, la BCE peut influencer les taux d’intérêt appliqués par
les banques commerciales. Ainsi, si le taux directeur augmente, les banques commer-
ciales répercutent cette hausse sur leur propre taux d’intérêt : les crédits octroyés aux
ménages seront donc « plus chers ».
Exemple
◗◗ Si j’emprunte de l’argent auprès d’une banque, celle-ci doit dans un premier temps elle
aussi « acheter » de l’argent à la Banque centrale. Si cette banque emprunte de l’argent à
la Banque centrale au taux directeur de 1 %, elle me proposera un taux d’intérêt supérieur
à 1 % afin de réaliser un « bénéfice » comme toute entreprise commerciale. ◗

3. La politique monétaire non conventionnelle de la BCE


En réaction à la crise des subprimes (2008), la BCE a mené une politique monétaire
expansionniste en baissant progressivement son taux directeur jusqu’à 0 % à partir de
2016 (fig. 10.5). Ce taux nul permet de redorer l’image des prêts interbancaires et de
relancer la consommation et l’investissement.
7%
Taux BCE
6% Taux FED La FED est la banque
centrale des États-Unis,
5%
ou Réserve fédérale
4% (Federal Reserve
System).
3%

2%

1%

0%
2000 2005 2010 2015

Figure 10.5.  Évolution comparée du taux directeur de la BCE et de la FED (1999-2018,


source : France-inflation.com)

187
Partie 4 Régulation publique en économie de marché

La politique monétaire Après la crise de 2008 et les effets limités de la baisse des taux d’intérêt directeurs
non conventionnelle
résumée en 5 minutes :
de la BCE sur la reprise de l’économie, la BCE a décidé de mener des politiques m
­ onétaires
non conventionnelles :
––en ne faisant plus varier son taux directeur, durablement fixé à 0 %, permettant
de redonner confiance aux ménages et aux entreprises ;
http://dunod.link/
––en intervenant directement auprès des banques commerciales et en leur proposant un
f18186l
accès illimité aux liquidités ;
––en intervenant directement sur les marchés financiers et en achetant des titres sur
le marché secondaire, ce qu’elle s’interdisait jusqu’ici.

  EXERCICE 4

B L’UE et les politiques budgétaires nationales


Contrairement à la politique monétaire laissée entièrement à l’appréciation de la BCE, les
États membres de l’Union gardent la main sur la détermination de leur politique budgétaire.
Cependant, l’UE a imposé un certain nombre de règles afin d’éviter tout excès et toute conta-
gion généralisée entre les pays membres (notamment une crise des dettes souveraines).
1. L’encadrement des politiques budgétaires nationales
Les politiques budgétaires nationales sont encadrées par le traité de Maastricht à tra-
vers quatre critères de convergence :
•• La stabilité des prix.
•• La maîtrise des finances publiques :
–– le déficit des administrations publiques ne doit pas dépasser 3 % du PIB ;
–– la dette publique ne doit pas excéder 60 % du PIB.
•• Le taux de change.
•• Le taux d’intérêt à long terme.
Ces critères de convergence ont été complétés en 1997 par le Pacte de stabilité et de
croissance. En signant cet accord, les pays membres de l’UE s’engagent :
––à atteindre l’équilibre budgétaire ou un excédent à moyen terme ;
––à présenter chaque année au Conseil des ministres de l’économie et des finances
(ECOFIN) un programme de stabilité qui doit comporter leur prévision de croissance,
ainsi que la politique budgétaire envisagée sur 3 ans.
2. Des sanctions dissuasives
En cas de non-respect des critères de convergence et/ou du Pacte de stabilité et de crois-
sance, l’Union européenne peut sanctionner financièrement les États membres.
La dernière étape de l’encadrement des politiques budgétaires nationales est la signa-
ture par 25 États membres de l’UE du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouver-
nance, plus communément appelé « Pacte budgétaire ». Entré en vigueur le 1er janvier
2013, ce traité impose notamment la règle d’or budgétaire et incite les États membres
à l’inscrire dans leur Constitution. Les amendes, en cas de non-respect du Pacte de sta-
bilité et de croissance, sont renforcées (elles s’élèvent à 0,2 % du PIB dans le cadre de
déficits excessifs ; à 0,1 % du PIB, pour des déséquilibres graves).

188
Chapitre 10 Politique économique au sein de l’UE

FOCUS La règle d’or budgétaire


La règle d’or budgétaire impose que le déficit bud- •• Si la dette publique est inférieure à 60 % du PIB,
gétaire structurel d’un pays membre ne dépasse pas le déficit public peut dépasser 0,5 % du PIB sans
0,5 % de son PIB. L’objectif est un retour progressif toutefois excéder 1 %.
à l’équilibre budgétaire pour tous les pays membres Le débat sur la règle d’or budgétaire concerne son ins-
qui adoptent cette règle. cription dans les constitutions des États membres.
Deux exceptions sont envisagées : La France a décidé de voter cette règle en tant que loi
•• Un État peut s’écarter de la règle d’or s’il justifie organique, c’est-à-dire une norme relative à l’organi-
« de circonstances exceptionnelles ». sation des pouvoirs qui complète la Constitution.

3  Les politiques économiques structurelles de l’UE


Malgré le principe de subsidiarité, l’Union dispose d’un budget pour mener des politiques CHIFFRES-CLÉS
économiques structurelles, lorsque celles-ci ne sont pas du ressort des États membres.
Le budget annuel
Cependant, les disparités économiques et sociales, ainsi que les divergences structurelles
de l’UE s’inscrit
entre États membres, rendent souvent difficile la mise en place de telles politiques. dans un programme
pluriannuel de 7 ans.
A Le budget européen La dotation pour la
période 2014-2020
L’essentiel du budget européen provient de la contribution des États membres à hauteur est 963,5 Mds €.
de leur richesse nationale. Il est réparti selon les besoins des États membres (les bénéfi- Le budget de l’UE
ciaires) et les politiques votées au niveau européen. représente un peu
plus de 1 % de la
En 2017, le budget de l’Union européenne s’élevait à 157,8 Mds €. Les trois États qui richesse produite
contribuent le plus au budget sont l’Allemagne (22,7 Mds €, soit 20,58 % du total), la chaque année par
France (18,7 Mds €, soit 16,95 %) et le Royaume-Uni (13,9 Mds €, soit 12,60 %). les pays membres
94 % du budget européen finance des actions concrètes, dans l’UE et le reste du monde, de l’UE (www.
regroupées autour des politiques (fig. 10.6) : touteleurope.eu,
2018).
––de cohésion économique, sociale et territoriale ;
––de développement rural ;
––des affaires maritimes et de la pêche.
Ces trois politiques sont financées par quatre fonds européens structurels d’investisse- Le budget européen
ment (Fesi). en un clin d’œil :

6% 0%
6% 14% Compétitivité pour la croissance
3%
Cohésion économique et sociale
Croissance durable http://dunod.
link/3n0ffub
Sécurité et citoyenneté
L'Europe dans le monde
37% 34% Administration
Autres instruments spéciaux

Figure 10.6.  Répartition du budget européen par programme, 2017


(en % du total des dépenses, Commission européenne, 2017)

  ÉTUDE DE DOCUMENTS 5

189
Partie 4 Régulation publique en économie de marché

B La nécessaire harmonisation entre pays membres


1. La convergence, objectif partiellement atteint
L’objectif énoncé de la construction européenne était de faire converger les différentes
économies. Force est de constater qu’aujourd’hui les divergences entre les pays membres
sont toujours marquées dans les domaines économiques ou sociaux (fig. 10.7).
Ainsi, en 1960, le Luxembourg était deux fois plus riche que l’Italie. Après les élar-
gissements de 2004 et 2007, le Luxembourg est presque douze fois plus riche que la
Bulgarie.

14

12

10

0
1960 1970 1980 1990 2000 2010 2018

Figure 10.7.  Rapport entre le PIB/hab. du pays le plus riche et celui du pays le plus pauvre
de l’UE (Ameco, 2018)

L’hétérogénéité des pays membres de l’UE rend difficile la mise en œuvre des politiques
structurelles et conjoncturelles pour deux raisons :
•• Certains pays se sentent lésés par l’Union européenne. Ils jugent leur contribution au
budget commun largement inférieure aux ressources qu’ils reçoivent en retour de la
part de l’UE. La politique monétaire de la BCE devient très délicate, devant jouer entre
les pays qui ont besoin d’un euro fort et ceux qui demandent un euro plus faible par
rapport au dollar.
•• L’hétérogénéité des pays membres se fait aussi sentir sur le plan des infrastructures
(très déficitaires notamment dans les ex-pays de l’Est), sur le plan social (le salaire
minimum net est de 1 922 € au Luxembourg contre 184 € en Bulgarie) mais aussi fiscal
(les taux d’imposition ne sont pas harmonisés). D’où une concurrence entre les pays
membres qui consiste à utiliser des stratégies de dumping fiscal ou social pour attirer
les investisseurs étrangers ou être compétitifs.
Définition
Le dumping est une pratique visant à vendre un produit ou un service moins cher que
les mêmes produits ou services proposés par ses concurrents.

190
Chapitre 10 Politique économique au sein de l’UE

Le dumping peut être :


•• Économique. Appliqué aux États, il consiste à proposer des « allégements » fiscaux
aux entreprises afin qu’elles soient plus compétitives sur les marchés intérieur et
extérieur (ex. : baisse des impôts sur les sociétés).
•• Social. Il consiste à s’affranchir de normes contraignantes (ex. : salaire et âge mini-
mum) afin de rendre la main-d’œuvre meilleur marché.
•• Environnemental. Il consiste à rogner sur la durabilité des ressources ou leur poten-
tiel polluant afin d’économiser en coûts de production. (ex. : autorisation de la frac-
turation hydraulique pour extraire du gaz de schiste).

  ARGUMENTATION STRUCTURÉE 6

191
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1 Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.
Vrai Faux

1. Le Royaume-Uni fait partie des six pays fondateurs de la CECA. ∙ ∙


2. La politique agricole commune est l’une des plus anciennes des
∙ ∙
politiques communes de l’UE.
3. Les 28 pays membres de l’UE ont adopté la monnaie unique
∙ ∙
(l’euro).
4. L’UE est la première puissance commerciale pour l’échange de
∙ ∙
biens.
5. Avec la création de la BCE, les pays de la zone euro n’ont plus de
∙ ∙
banque centrale nationale.
6. Les taux d’intérêt directeurs sont fixés par la BCE. ∙ ∙
7. Les critères de convergence imposent un déficit public inférieur à
∙ ∙
3 % du PIB et une dette publique inférieure à 60 % du PIB.
8. Le budget de l’UE est plus élevé que celui de la France. ∙ ∙
9. Les pays membres de l’UE contribuent au budget européen à
∙ ∙
hauteur de leur richesse nationale.
10. Le salaire minimum en Bulgarie constitue une forme de dumping
∙ ∙
social.

2 D’élargissements en approfondissements ★★★

1. Quelles sont les raisons historiques de la construction européenne ?


2. Les élargissements successifs sont-ils de même nature ? Quel en est l’intérêt ?
3. En quoi l’intégration européenne est-elle à la fois économique, juridique et politique ?

192
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 À la recherche du bon échelon ★★★

Compétence attendue Illustrer les principes de proportionnalité et de subsidiarité

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
l’annexe.
1. Rappelez la définition des principes de subsidiarité et de proportionnalité.
2. Identifiez les compétences gérées par les États membres.
3. Quel est le rôle de l’UE en matière d’éducation et de formation ?
4. Citez une politique d’éducation gérée par l’UE.

L’Europe face aux défis de l’éducation et de la formation


Annexe

Chaque État membre de l’UE est responsable de ses systèmes d’éducation et de forma-
tion. Cependant, l’Union européenne soutient les actions nationales et permet d’agir
à travers un cadre européen défini. Si des progrès considérables ont été accomplis au
cours de la dernière décennie, pour réduire par exemple le décrochage scolaire, les
défis restent nombreux. L’Union européenne doit faire face au vieillissement de la
population et aux nouveaux enjeux d’une économie de plus en plus numérisée. […]
Dès les traités de Rome, la formation professionnelle est consacrée domaine d’ac-
tion communautaire en 1957. Il faut attendre le traité de Maastricht en 1992 pour
que l’éducation soit formellement reconnue comme un domaine relevant de la
compétence européenne. Conformément au principe de subsidiarité, l’UE encourage
la coopération et la coordination entre les pays, dont elle peut compléter l’action si
nécessaire. De cette manière elle soutient, développe et met en œuvre des politiques
d’éducation et de formation tout au long de la vie. L’objectif est de permettre aux
États membres de collaborer et de tirer des enseignements les uns des autres tout en
respectant leur diversité culturelle et linguistique, et en laissant le contenu de l’ensei-
gnement et l’organisation du système éducatif sous l’entière responsabilité des États.
L’enseignement professionnel et l’enseignement supérieur font l’objet de processus
spécifiques. Initié en 1998 par quatre pays européens (France, Allemagne, Italie et
Royaume-Uni), le processus de Bologne s’est développé en 1999 dans la ville italienne
autour de 29 pays signataires qui sont aujourd’hui 48. Il vise à créer un espace euro-
péen de l’enseignement supérieur. Il s’appuie sur le système LMD (licence/master/
doctorat), mais aussi sur les crédits ECTS mis en place dans le cadre d’Erasmus.
En 2009, quatre objectifs communs au niveau de l’UE ont été établis pour relever
les défis des systèmes d’éducation et de formation d’ici à 2020. Depuis l’adoption

193
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

d’Europe 2020, la stratégie globale de l’Union qui met l’accent sur la croissance et
l’emploi, les pays européens sont engagés dans un cadre commun de coopération
dans le champ de l’éducation et de la formation. Les principaux objectifs concernent
la réduction du taux de décrochage scolaire à moins de 10 % et la progression du
taux de diplômés de l’enseignement supérieur à au moins 40 % des 30-34 ans.
En parallèle, la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne proclamée
la même année prévoit que « toute personne a droit à l’éducation ainsi qu’à l’accès
à la formation professionnelle et continue ». Programme phare de mobilité de l’UE,
le programme Erasmus+ soutient les efforts des États membres dans le domaine de
l’éducation à travers ses nombreux dispositifs. Le Socle européen des droits sociaux
(2017) prévoit également que « toute personne a droit à une éducation inclusive et
de qualité, à la formation et à l’apprentissage tout au long de la vie afin de main-
tenir et d’acquérir des compétences qui lui permettent de participer pleinement à la
vie en société et de gérer avec succès les transitions sur le marché du travail ».
www.touteleurope.eu

4 La gestion des taux d’intérêt directeurs ★★★

Compétences attendues • Caractériser l’organisation de la régulation conjonctu-


relle au sein de l’Union économique et monétaire
• Expliquer les mécanismes permettant d’atteindre les
objectifs de la politique monétaire

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
l’annexe.
1. Rappelez le mandat de la BCE en matière d’objectifs de la politique monétaire
2. De façon théorique, comment les taux directeurs influencent-ils l’inflation ?
3. Comment expliquez-vous la chute du taux d’inflation entre 2008 et 2009 ?
4. Identifiez une période où l’augmentation des taux directeurs a fait diminuer l’inflation.
Est-ce une situation normale ?
5. Déduisez du graphique la nature de la relation entre le taux directeur de la BCE et l’in-
flation dans la zone euro. Cette relation vous semble-t-elle normale ? Justifiez votre
réponse.

194
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Taux directeurs de la BCE et taux d’inflation (OCDE, Banque de France, 2018)


Annexe

4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
08

14
09

18
12

n. 17
11
20

20
20

20

20
20
20

r.

n.
il.

p.
n.
t.

av

ju

ja
oc

se

ja
ja

Taux directeurs de la BCE Taux d'inflation (zone euro)

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

5 Étude de documents : une Europe à plusieurs vitesses ? ★★★◗ 45 mln

Compétences attendues • Identifier les enjeux des principales phases d’élargisse-


ment et d’approfondissement de la communauté écono-
mique européenne (CEE) puis de l’Union européenne
• Analyser les difficultés posées par les divergences struc-
turelles au sein de l’Union européenne

En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions ci-après. Rendez-vous
MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Quelle différence notez-vous entre élargissement et approfondissement (annexe 1) ?
2. Dans l’annexe 2, comment expliquez-vous l’absence de certains pays ?
3. Qu’est-ce que le dumping ?
4. En quoi un salaire minimum faible encourage-t-il les exportations ?
5. Comment la mise en place d’un marché commun était-elle censée favoriser la convergence
des économies ? Quelles solutions pouvez-vous envisager pour faciliter cette convergence ?

195
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

L’Europe, problème ou solution ?


Annexe 1 En choisissant l’élargissement plutôt que l’approfondissement, les dirigeants européens
ont encouragé la compétition entre les pays européens, les poussant ainsi dans des
comportements égoïstes. Quelle illusion de croire aussi que les écarts économiques et
sociaux entre ces pays finiront bien par s’estomper grâce à leur adhésion commerciale
à l’Union ! Ce qui a été vrai pour l’Espagne ou le Portugal en 1986, ne l’est pas néces-
sairement pour les pays européens entrés depuis 2004, du fait de leur nombre, de leurs
structures économiques et sociales et des nouvelles forces concurrentielles qui se sont
développées sur le marché. De tels écarts, dans un marché unique sans harmonisation
sociale et fiscale conduisent les nations européennes à l’affrontement économique et au
développement du chacun pour soi plutôt qu’à la coopération. Ils favorisent le dumping
social et fiscal dans lequel la libre circulation des capitaux et celle des services relative
au détachement des salariés, profitent davantage aux pays ayant les coûts du travail
les plus faibles et la fiscalité la plus avantageuse. Chacun cherche désormais à exporter
davantage chez ses voisins et à attirer les capitaux chez lui. Or cette baisse généralisée
du coût du travail réduit dans le même temps la demande intérieure européenne. Elle
pénalise la croissance, aggrave le chômage. […] Ce dumping intra-européen lié à l’élar-
gissement de l’Europe favorise les délocalisations et multiplie les fermetures d’usines
devenues moins rentables. Le problème fondamental des vingt-huit États qui partagent
le même marché est celui de la solidarité.
Gérard Fonouni, www.economieetsociete.com, avril 2014

Salaires minimum mensuels dans les pays de l’Union européenne


Annexe 2

(Eurostat, 1er semestre 2018)


Pays Montant brut (€) Pays Montant brut (€)
Belgique 1 562,59 Croatie 462,32

Bulgarie 260,76 Lettonie 430,00


République tchèque 477,78 Lituanie 400,00
Allemagne 1 498,00 Luxembourg 1 998,59
Estonie 500,00 Hongrie 444,69
Irlande 1 613,95 Malte 747,54
Grèce 683,76 Pays-Bas 1 578,00
Espagne 858,55 Pologne 502,75
France 1 498,47 Portugal 676,67
Roumanie 407,86 Slovaquie 480,00
Slovénie 842,79 Royaume-Uni 1 400,99

196
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

6 Argumentation structurée :
critères de convergence et relance ★★★ 45 mln

Compétences attendues • Caractériser l’organisation de la régulation conjonctu-


relle au sein de l’Union économique et monétaire
• Analyser les difficultés posées par les divergences struc-
turelles au sein de l’Union européenne

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez de façon structurée à la question Rendez-vous
suivante. MÉTHODE 2
Travail à faire
« En quoi les critères de convergence limitent-ils la possibilité de mettre en place des poli-
tiques de relance au sein de l’Union européenne ? »

197
SYNTHÈSE
Politique économique au sein de l’UE

L’Union européenne, une construction historique, juridique et économique

L’UE, en 2018, c’est :

28 pays

la 3e puissance commerciale
mondiale

2 principes juridiques : proportionnalité et subsidiarité

Les types de politique économique


Politiques conjoncturelles Politiques structurelles
••La politique monétaire indépendante ••Un budget européen limité
de la BCE ••Une harmonisation fiscale et sociale
••Des politiques budgétaires nationales nécessaire
encadrées

198
PARTIE 4 : CAS DE SYNTHÈSE
Régulation publique en économie de marché

1  Étude de documents : le budget français pour 2019 ★★★


Comme chaque année, le gouvernement français propose au vote de l’Assemblée natio-
nale et du Sénat un projet de loi de finances pour l’année suivante. Il détaille les orienta-
tions budgétaires et les choix en matière de politique économique pour l’année.
Dans le cadre d’une mission auprès des institutions européennes, vous êtes chargé
de déterminer les grandes orientations du budget de la France pour 2019 à partir des
annexes fournies.

Travail à faire
1. Quel lien établissez-vous entre le solde public et la dette publique ? Justifiez alors la Rendez-vous
baisse des dépenses primaires. MÉTHODE 1
2. En quoi la baisse des cotisations patronales favorise-t-elle la croissance économique ?
Même question pour la suppression de la taxe d’habitation ?
3. Comment qualifierez-vous le budget 2019 en termes économiques.
4. Quels risques une baisse des dépenses publiques présenterait-elle en matière d’inégalités ?
5. Quel autre type de politique économique pouvez-vous proposer au gouvernement fran-
çais ? Illustrez votre propos au moyen de cas concrets.

Quelques chiffres sur l’économie française (PLF 2019)


Annexe 1

2017 2018 2019 2020 2021 2022

Taux de croissance du PIB (%) 2,2 1,7 1,7 1,7 1,7 1,7

Solde public (% du PIB) – 2,7 – 2,6 – 2,8 – 1,4 – 0,7 – 0,3

Taux de prélèvement obligatoire (% du PIB) 45,3 45 45,1 44,6 44,6 44,6

Taux de croissance des dépenses primaires 1,7 0,9 0,5 0,3 0,1 0,3

Dépenses primaires (% du PIB) 53,2 52,8 52,2 51,5 50,7 50,0

Dette (% du PIB) 98,5 98,7 98,6 97,5 95,3 91,7

Budget 2019 : les principales mesures adoptées par les députés


Annexe 2

L’Assemblée nationale a voté, mardi, le projet de loi de finances gouvernemental


pour l’année 2019. Le texte doit désormais faire l’objet d’un examen par le Sénat.
L’Assemblée nationale a adopté par 346 voix contre 181, mardi 23  octobre, en
première lecture, la première partie du budget 2019 : les recettes de l’État. Présenté
en conseil des ministres le 24 septembre, le projet de loi de finances va dorénavant
être examiné par le Sénat. Il doit être adopté au plus tard le 21 décembre.

199
PARTIE 4 : CAS DE SYNTHÈSE

La philosophie générale
Le deuxième budget du quinquennat d’Emmanuel Macron est présenté comme la
continuation du premier. « L’objectif à long terme de ce budget et de toute notre
politique est de construire une nouvelle prospérité française », a expliqué Bruno Le
Maire, ministre de l’économie et des finances, en ouverture des débats, le 15 octobre.
Celle-ci, a-t-il ajouté, « ne repose pas sur toujours plus de dépense publique : elle
sera le produit de la création de valeur par les Français et par nos entreprises ».
Malgré le ralentissement de la croissance économique, l’Assemblée nationale a enté-
riné l’objectif, renouvelé cette année, du gouvernement de réduire la dette publique
de cinq points, la dépense publique de trois points et les prélèvements obligatoires
de 1 point sur le quinquennat.
Le projet de loi de finances prévoit de faire passer la dette de 98,7 % du PIB en 2018
à 98,6 % en 2019, la dépense publique de 54,6 % à 54 % et les prélèvements de 45 %
à 44,2 %. Le déficit public de la France devrait se maintenir à 2,8 % du PIB, dont
0,9 point est dû à la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’em-
ploi (CICE) en baisse pérenne de cotisations sociales.
Le budget 2019 fixe trois priorités : le travail, l’investissement, l’environnement.
Pourtant, le message a vite été brouillé. Le gouvernement vante une baisse de 6 milliards
d’euros d’impôts pour les ménages, mais sa politique continue d’apparaître inégalitaire
à une grande partie de l’opinion. Début octobre, l’Institut des politiques publiques, un
organisme de recherche indépendant, a calculé que les effets cumulés des réformes de
2018 et de 2019 mèneront à une perte de pouvoir d’achat pour les 20 % de Français les
plus modestes quand les 1 % d’ultrariches verront leurs revenus dopés de près de 6 %.
Les entreprises bénéficieront, elles, de 19 milliards d’euros de baisses d’impôts et de
cotisations. Durant les débats, la gauche a tenté de revenir sur la réforme de l’impôt
de solidarité sur la fortune, votée en 2017. La droite a proposé de défiscaliser les
heures supplémentaires. En vain dans les deux cas.
De nombreuses mesures, comme l’augmentation de la contribution sociale généra-
lisée (CSG) pour les retraités et la revalorisation limitée de leurs pensions (+ 0,3 %
pour une inflation estimée à 1,3 %), figurent dans le projet de loi de financement
de la Sécurité sociale. Ce texte, porté par la ministre de la santé, Agnès Buzyn, est
examiné par l’Assemblée nationale depuis mardi 23 octobre 2018.

Les principales mesures


Taxe d’habitation
Votée au début du quinquennat, la baisse de la taxe d’habitation va se poursuivre
en 2019 avec une nouvelle étape de 3 milliards d’euros, appliquée à 80 % des foyers
assujettis à cet impôt. Pour les 20 % de ménages les plus aisés, la suppression de la
mesure ne devrait intervenir qu’en 2021.
Sur proposition du gouvernement, l’Assemblée nationale a par ailleurs maintenu
l’exonération de taxe d’habitation et le dégrèvement de la contribution à l’audiovi-
suel public pour les 550 000 personnes concernées par la suppression de la « demi-
part des veuves ».

200
PARTIE 4 : CAS DE SYNTHÈSE

Impôt sur les sociétés


La baisse de l’impôt sur les sociétés se poursuit en 2019 : le taux appliqué aux entre-
prises passera de 33,3 % à 31 % en 2019. Il doit diminuer jusqu’à 25 % en 2022.
Par ailleurs, l’Assemblée nationale a limité une mesure du gouvernement en faveur
des entreprises. Celui-ci voulait étendre le bénéfice de l’exonération partielle d’im-
pôt sur les plus-values à long terme sur la cession de filiales et de titres de parti-
cipation (connue sous le nom de « niche Copé »). Cela ne sera le cas que pour les
groupes fiscalement intégrés.

Petites taxes
C’est une spécialité française : près de deux cents impôts particuliers (sur les farines,
les résidences mobiles terrestres ou sur les poinçonnages et essais des métaux
précieux…) rapportent moins de 150  millions d’euros. À la demande du gouver-
nement, vingt ont été supprimées pour 2019 et l’Assemblée nationale en a ajouté
quelques-unes à la liste.
Source : Benoît Floc’h, Le Monde, 23 octobre 2018.

Budget 2019, l’impasse


Annexe 3

Le budget 2019 maintient les lignes directrices du budget de l’année précédente […]
La fiscalité sur les plus riches a déjà été réduite, bien que l’acceptation des contraintes
européennes impose de réduire progressivement le déficit public. La hausse de
la taxation écologique et les mesures amenuisant la protection sociale financent
la baisse de la taxe d’habitation et celle des cotisations des salariés. La réduction des
dépenses publiques se heurte à des contraintes économiques et sociales, il reste peu
de marges de manœuvre pour réduire la fiscalité des entreprises. […]

Le mirage Macron a fait long feu…


La stratégie macroéconomique portée par Emmanuel Macron et son gouverne-
ment était simple. La baisse des impôts sur les riches (suppression de l’Impôt sur
la fortune, ISF, prélèvement forfaitaire unique, PFU), l’affaiblissement du droit du
travail, les perspectives de baisse de la fiscalité des entreprises, devaient inciter les
plus riches à revenir en France pour y investir ; de même, les entreprises devaient
embaucher massivement. Cette stratégie n’a guère porté ses fruits. La croissance
française a assez nettement ralenti.

Une stratégie macroéconomique peu porteuse, qui ralentit la croissance


Ceci s’explique d’abord par un ralentissement général de la croissance dans beau-
coup de régions du monde, et en particulier dans la zone euro. Le prix du pétrole
est passé de 55  $ le baril début 2017 à 84  $ en septembre  2018 (+53 %) ; l’euro
est remonté par rapport au dollar de 1,05 début 2017 à 1,16 début octobre 2018
(+10,5 %) et par rapport à la livre (18 % depuis juin 2016). […] Le ralentissement a
été particulièrement net en France où le gouvernement, pour respecter les contraintes

201
PARTIE 4 : CAS DE SYNTHÈSE

européennes, a financé les réductions d’impôts sur les plus riches par une hausse de
la fiscalité indirecte et par des ponctions sur les retraités, particulièrement importantes
au premier trimestre 2018. En glissement annuel, au deuxième trimestre 2018, la crois-
sance aura été de 1,7 % en France, contre 2,1 % dans la zone euro […]. La consomma-
tion des ménages n’a progressé que de 0,7 % ; leur FBCF de 2 %. La consommation des
administrations a progressé de 1,1 % ; leur FBCF de 1,2 %. La FBCF des entreprises a
progressé de 4,2 % ; la contribution du commerce extérieur a été positive de 0,2 point de
PIB. La hausse de la FBCF des entreprises n’a pas compensé la pression sur la consom-
mation des ménages et les dépenses publiques. En prévision, le PIB devrait augmenter
de 1,7 % en 2018 (en moyenne annuelle, soit 1,3 % en glissement) avec un rebond de la
consommation attendu au quatrième trimestre, du fait de la hausse des salaires nets et
de la baisse de la taxe d’habitation. […]
Le pouvoir d’achat du revenu des ménages est passé d’un taux de croissance de 0,4 %
au troisième trimestre 2017 à 0,2 au quatrième trimestre 2017 (hausse de  l’infla-
tion) puis à – 0,5 % au premier trimestre 2018 (hausse de la CSG, hausse des taxes
indirectes). Il devrait repartir ensuite : 0,7 % au deuxième trimestre (baisse de l’ISF),
0,5 % au troisième trimestre et surtout 1,7 % au quatrième) avec un ralentissement
de l’inflation et les baisses de cotisations salariés et de la taxe d’habitation. […]
[…] En 2017, l’emploi a augmenté de 349 000 (soit + 357 000 dans le privé, et – 7 000
dans le public). Le ralentissement a été net au premier semestre 2018 où l’emploi
n’a progressé que de 60 000 (soit + 72 000 dans le privé, – 12 000 dans le public). On
s’attend à 120 000 emplois créées dans l’année, soit le volume requis pour absorber
la hausse de la population active, pas pour faire baisser le chômage. […]

Retour sur le mystère de la hausse du PIB en 2017


Le PIB a augmenté de 2,2 % en 2017. Preuve qu’une reprise modérée de l’activité
permet des créations massives d’emplois, celles-ci se sont élevées à 341 000 emplois
cette année-là, un record sur les 10 dernières années. […]
Comment expliquer cette croissance finalement plus vigoureuse que prévu, qui
remonte en fait au second semestre 2016 ? Plusieurs éléments extérieurs ont joué :
faiblesse du prix du pétrole (le prix du baril a chuté à 35  dollars début 2016 et
est resté très faible jusqu’à l’automne 2017), taux d’intérêt très bas (ils le sont
restés), taux de change de l’euro faible par rapport au dollar, légère reprise écono-
mique en Europe après des années d’atonie. Mais un autre élément important a
joué : François Hollande a, en fin de mandat […] relâché la bride de l’austérité
budgétaire. Ce relâchement a été très timide, mais ses effets ont été bénéfiques […]
L’investissement public qui n’avait quasiment pas cessé de décliner depuis 2010 (chute
de 13 % en volume entre 2010 et 2015) est légèrement reparti à la hausse en 2016 et
2017 (+ 1,6 point entre 2015 et 2017). La consommation finale portée par les admi-
nistrations publiques – la production des services publics collectifs (police, armée,
justice…) et individuels (éducation, hôpital…) et les transferts sociaux de « produits
marchands » (consultations de médecine libérale et médicaments remboursés, allo-
cation logement…) – représente 30 % de la consommation totale (laquelle représente

202
PARTIE 4 : CAS DE SYNTHÈSE

elle-même 80 % du PIB en termes de débouchés). Or cette consommation des


administrations publiques a, de son côté, augmenté de 1,4 % en 2016 et 1,3 % en 2017
(contre 1 % en 2015). À cela il convient d’ajouter les prestations sociales en espèces
(retraites principalement, mais aussi allocations familiales et chômage, RSA…) qui ont
augmenté de 1,5 % en 2016 et 1,3 % en 2017 contre 0,5 % en 2015, et qui soutiennent
une part importante de la consommation des ménages. Ce léger relâchement de
l’austérité budgétaire, loin d’avoir les effets négatifs redoutés par les néolibéraux, a
permis de soutenir la demande et donc la production (y compris celle du privé). Bref,
l’effet multiplicateur (l’effet d’entraînement de la dépense publique sur l’activité globale)
a joué à plein. Il a contribué à soutenir la consommation (+ 2,1 % en 2016, contre
+ 1,5 % en 2015, mais seulement + 1 % en 2017 la croissance de la consommation se
contractant en fin d’année) et l’investissement immobilier des ménages (+ 5,6 %), mais
aussi (c’est l’effet d’accélérateur) l’investissement des entreprises (+ 4,1 % en 2017). […]
Arguant d’un déficit trop important, le gouvernement a pris un nouveau tournant
vers l’austérité, et plus exactement vers une austérité ciblée contre les ménages, à
l’exception notoire des très riches. Les mesures du gouvernement –  la hausse des
taxes sur carburants et le tabac ainsi que celle de la contribution sociale généralisée
(CSG), partiellement compensée par les baisses de cotisations salariales – ont provo-
qué une chute du pouvoir d’achat au 1er trimestre 2018 ( – 0,6 %, soit la plus forte
baisse trimestrielle depuis la fin 2012). Emmanuel Macron, à travers les budgets
2018 et 2019, se fixe en effet trois grands objectifs imbriqués :
1) réduire les « charges » sur les riches et sur les entreprises de façon […] à relancer
l’activité ;
2) réduire à marche forcée les déficits publics afin de présenter un budget en équi-
libre à l’horizon 2022 ;
3) comprimer les dépenses publiques afin de remplir les deux objectifs précédents. Les
résultats néfastes de cette politique ne se sont malheureusement pas fait attendre :
– les créations d’emplois, loin de rebondir, se sont tassées : 120 000 attendues en 2018
et 170 000 en 2019, contre 349 000 en 2017. La sempiternelle politique de relance
de l’emploi via les « réformes structurelles » (ordonnances Travail…) et les baisses
de « charges » pour les entreprises et les plus aisés ne fonctionne décidément pas ;
– la croissance loin d’être affermie se contracte : 1,7 % de croissance prévue en
2018 et en 2019 alors que le gouvernement tablait encore en avril 2018 (dans son
Programme de stabilité) sur 2 % en 2018 et 1,9 % en 2019. […]
Blog Les économistes atterrés, « Budget 2019, l’impasse », octobre 2018.

2  Argumentation structurée
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez de manière structurée à la question Rendez-vous
suivante.
MÉTHODE 2
Travail à faire
« Les politiques conjoncturelles sont-elles efficaces dans le contexte européen ? ».

203
CHAPITRE
11 Croissance
et développement :
formes et finalités
PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Différencier croissance économique, • Croissance économique, croissance
fluctuations de l’activité et potentielle et croissance effective
développement • Développement économique,
• Analyser le rôle de la croissance sur une développement humain (A. Sen),
économie et développement durable
• Les finalités de la croissance
• Soutenabilité de la croissance

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Croissance économique et fluctuations de l’activité • 2. Développement(s)
économique, humain et durable • 3. Couple croissance-développement
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

L a croissance économique est un objectif primordial de la politique économique.


Pas un jour sans que le mot « croissance » ne raisonne, souvent plus ou moins
habilement associé aux notions de « performance », de « perspective » ou de
« développement économique ». On attribue à la croissance une capacité à satisfaire
les besoins des agents en produisant plus, en créant de la richesse et des emplois.
Condition nécessaire de la richesse matérielle, elle peut également contribuer au
bien-être, mais n’est pas une condition suffisante du développement économique
et durable. D’où la question de la soutenabilité de la croissance dans un objectif de
développement durable.

MOTS-CLÉS
Croissance effective • Croissance potentielle • Cycle économique • Développement
durable • Expansion • Niveau de vie • Output gap • PIB potentiel • Soutenabilité
• Taux de croissance potentiel
Chapitre 11 Croissance et développement : formes et finalité

1  Croissance économique et fluctuations de l’activité


économique

A Croissance économique potentielle ou effective


Définition
La croissance économique est « l’augmentation soutenue pendant une période
longue d’un indicateur de production en volume » (F. Perroux).

La croissance économique correspond à l’accroissement du produit global net en termes


réels. Elle se mesure à l’aide du taux de variation du PIB en volume (  chapitre 3). La
croissance est donc une notion quantitative traduisant un accroissement, à long terme,
de la production dans une économie. On distingue :
––la croissance économique effective, celle qui est effectivement constatée, obtenue selon
la valeur réelle des facteurs de production et de la productivité globale des facteurs ;
––la croissance économique potentielle, ou taux de croissance du PIB potentiel.
Définitions
• Le PIB potentiel est le volume de production de biens et de services que peut CHIFFRES-CLÉS
atteindre durablement une économie en utilisant pleinement ses facteurs de pro-
duction, mais sans pour autant créer de tensions inflationnistes (augmentation Le taux de
croissance prévu
générale des prix).
en 2017 était de
• Le taux de croissance potentiel est la variation du PIB potentiel entre deux dates. 2,3 %. – 1,5 point,
c’est l’Output gap
en 2016, suggérant
1. Output gap
une capacité de
Définition rebond temporaire
L’Output gap, ou écart de production, correspond à l’écart entre le PIB effectif et le de la croissance
de l’économie
PIB potentiel. Il reflète ainsi la position de l’économie dans le cycle.
française au-delà
de la croissance
Afin d’anticiper un PIB potentiel, les capacités de production sont évaluées sur la base potentielle
de la quantité de travail disponible, de l’évolution du capital disponible et de la produc- (Direction du Trésor,
tivité globale des facteurs de production (amélioration qualitative  chapitre 12). 2017).
Cet écart de production joue un rôle-clé dans la conduite de la politique économique :
un Output gap négatif indique une capacité de rattrapage de l’économie qui devrait à
moyen terme croître temporairement au-delà de sa croissance potentielle.
2. Croissance et expansion
La croissance ne doit pas être confondue avec l’expansion. L’expansion correspond à
l’augmentation conjoncturelle de l’activité économique, c’est-à-dire à un effet à court
terme et non à une tendance au long cours.

205
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux

B Fluctuations de l’activité économique :


les cycles économiques
La croissance économique est un phénomène de long terme. Au trend, tendance pro-
fonde, s’opposent les fluctuations de l’activité économique qui, lorsqu’elles sont pério-
diques, sont qualifiées de cycle économique.
Définition
Un cycle économique est un phénomène périodique de fluctuation de l’activité éco-
nomique comprenant l’alternance d’une phase d’expansion et d’une phase de réces-
sion (ou dépression) qui affectent les principales variables économiques.

Il existe plusieurs types de cycles, plus ou moins longs, mis en évidence à différentes
époques (tab. 11.1).

Tableau 11.1.  Typologie des cycles économiques

Cycles courts
Cycles longs
Cycles des affaires Cycles ultra-courts

Cycles de forte amplitude. Cycles de forte amplitude Cycles de faible amplitude


Cycles Kondratiev : Cycles Juglar : Cycles Kitchin :
•• 45 à 60 ans •• 7 à 11 ans •• 3 à 5 ans
•• arrivée de grappes d’innovations •• liés aux variations de l’investis- •• liés aux variations de stocks
selon Schumpeter (  chapitre 12) sement

  EXERCICE 2 • EXERCICE 3 • EXERCICE 4 • EXERCICE 7

2  Développement(s) économique, humain et durable


La croissance économique est souvent associée au développement, notion qualitative et
plurielle. Or, croissance et développement ne vont pas nécessairement de pair.

A Développement économique
Définition
Le développement économique est un phénomène qualitatif observable sur une
longue période consistant en une « combinaison des changements mentaux et
sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et dura-
blement, son produit réel global » (F. Perroux).

Le développement économique correspond à un ensemble de transformations des


structures économiques, sociales, institutionnelles et démographiques accompagnant
la croissance, la rendant durable et, en général, améliorant les conditions de vie de la
population. Il peut s’apprécier par de multiples indicateurs.

206
Chapitre 11 Croissance et développement : formes et finalité

Exemple
◗◗ L’évolution du PIB par habitant ou du revenu national brut par habitant (PIB – Revenus des
facteurs de production envoyés au Reste du monde + Revenus des facteurs de production
provenant du reste du monde), l’évolution de l’espérance de vie, le taux de scolarisation, ou
encore part des services à forte valeur ajoutée dans la richesse produite (tertiairisation de
l’économie) sont autant d’indicateurs du développement économique. ◗

Un indicateur synthétique est souvent utilisé : l’indicateur de développement humain


(IDH) du Pnud, initié par les travaux de Sen sur le développement humain et la
« ­capabilité » (  chapitre 3).
Amartya Kumar Sen
(né en 1933)
B Développement humain Économiste
indien, spécialiste
Définition de la mondialisation,
il a publié une œuvre
Le développement humain a « pour objectif d’élargir la gamme des choix offerts prolifique et grandement
à la population, qui permettent de rendre le développement plus démocratique et contribué à l’économie
du développement
plus participatif. Ces choix doivent comprendre des possibilités d’accéder aux revenus
et à la réflexion
et à l’emploi, à l’éducation et aux soins de santé et à un environnement propre ne sur les inégalités
présentant pas de danger. L’individu doit également avoir la possibilité de participer hommes-femmes.
pleinement aux décisions de la communauté et de jouir des libertés humaines, éco-
nomiques et politiques. » (Pnud, Rapport sur le développement humain, 1990).

Le Pnud parle aujourd’hui de développement humain durable.

C Développement durable
Définition
Le développement durable (  chapitre 14) est une forme de « développement qui
permet de répondre aux besoins des générations présentes sans compromettre la
capacité des générations futures à satisfaire les leurs » (Rapport Brundtland, 1987).

Développement humain et développement durable sont aujourd’hui associés par le


Pnud à travers la notion hybride de « développement humain durable ».

3  Couple croissance-développement
Croissance et développements économique, humain, durable sont parfois associés. La
croissance économique suscite nombre d’attentes. Cependant, son caractère soute-
nable ou durable fait l’objet d’âpres débats (  chapitre 13).

A Finalités de la croissance
La croissance est un phénomène quantitatif durable recherché pour ses retombées posi-
tives, supposées ou avérées.

207
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux

1. Élévation du niveau de vie de la population


Une augmentation durable du PIB en volume supérieure à la croissance de la popu-
lation se traduit par davantage de revenus primaires distribués à la population et par
un accroissement du niveau de vie qui permet de satisfaire de nouvelles catégories de
besoins.
Définition
Le niveau de vie mesure la qualité et la quantité des biens et services qu’une personne
ou une population peut acquérir avec son revenu.

La mesure du PIB selon l’approche par les revenus primaires montre ce lien (  chapitre 3) :

PIB = Rémunérations des salariés + EBE et revenus mixtes + Impôts sur


la production et les importations, nets des subventions d’exploitation

L’augmentation des profits (excédent brut d’exploitation) alimentent également les


efforts d’investissement des entreprises.
2. Diminution des inégalités et de l’extrême pauvreté
On constate une augmentation de l’espérance de vie sur le long terme, parallèlement à
la croissance économique. La Courbe de Kuznets (fig. 11.1), en U inversé, décrit la rela-
tion entre le niveau de richesse d’un pays et son niveau d’inégalités. Elle s’appuie sur les
Simon Kuznets
(1901-1985)
travaux de Kuznets parus en 1955.
Économiste et
statisticien américain,
il est distingué en 1971 Les inégalités Les inégalités
par le prix Nobel pour se creusent s’amenuisent
son interprétation
de la croissance
économique. Il a
marqué le tournant
de l’économie vers
la modélisation (courbe Les inégalités
de Kuznets) et posé se stabilisent
les bases de l’économie
quantitative.

Phase 1 Phase 2 Phase 3


PIB par habitant
Figure 11.1.  Courbe de Kuznets (inégalités de revenus)

Le PIB (ou revenu) par habitant augmente au cours de la première phase de dévelop-
pement, sans bénéficier à l’ensemble de la population dans un premier temps. Dans un
second temps, le capital humain est mieux valorisé, la répartition primaire des revenus

208
Chapitre 11 Croissance et développement : formes et finalité

bénéficie davantage à l’ensemble de la population et un système de redistribution


des revenus se développe, permettant une réduction des inégalités. Des économistes
contemporains, dont Piketty, s’appuient sur des données françaises et américaines pour
démontrer que la réduction des inégalités n’est pas mécaniquement associée à la crois-
sance du PIB par habitant. Historiquement, cette croissance est surtout liée à des événe- Thomas Piketty
(né en 1971)
ments inattendus affectant le capital (guerre, inflation, catastrophes) et à l’impôt (sur
Après avoir enseigné
le revenu, notamment). La croissance économique est ainsi censée aller de pair avec la au MIT et à la LSE,
réduction de l’extrême pauvreté (  chapitre 17). il est professeur à
l’École d’économie de
 ARGUMENTATION STRUCTURÉE  6 • ÉTUDE DE DOCUMENT 7 Paris et à l’EHESS. Ses
recherches sont centrées
sur la dynamique
3. Développement de l’État des inégalités dans
les pays développés
La croissance économique offre de nouvelles perspectives de recettes fiscales, qui, à leur (approche comparative)
tour, permettent de financer des investissements publics (écoles, hôpitaux, routes, etc.) avec la publication,
et de redistribuer les richesses (externalités positives). Cette relation entre la hausse en 2013, du Capital
au 21e siècle. Il y
des dépenses publiques et l’augmentation du niveau de vie de la population est mise en critique notamment
avant dans la loi de Wagner (  chapitre 9). la courbe de Kuznets
et pronostique un retour
4. Création d’emplois en force des inégalités.
Selon la loi d’Okun (1962), il existerait un taux de croissance du PIB minimal au-delà
duquel le taux de chômage baisserait. Ce taux de chômage minimum dépend de la crois-
sance de la population active et de l’évolution de la productivité. Cette baisse du taux de
chômage au-delà du taux de croissance minimal peut être plus ou moins rapide, ce que
mesure le coefficient d’Okun.
Le cercle vertueux de la croissance a fonctionné à plein dans les pays développés à éco-
nomie de marché au cours des Trente Glorieuses (1945-1973), expression que l’on doit
à Jean Fourastié (1907-1990). Si la croissance économique est une condition nécessaire
au développement, elle n’est pas suffisante. Se pose alors la question de la soutenabi-
lité de la croissance économique (  chapitre 14).
Analyse du rapport
Stiglitz-Sen-Fitoussi
B Soutenabilité de la croissance par l’Insee :

La soutenabilité renvoie à l’idée d’une croissance compatible avec le bien-être des popu-
lations présentes et futures. Publié à l’automne 2009, le rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi
est consacré à la mesure de la performance économique et du progrès social. Il dis- http://dunod.
tingue soutenabilité économique, bien-être courant et soutenabilité environnementale link/5p1202z
(  chapitre 13).

FOCUS Extrait du rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi


Avec la soutenabilité, il s’agit de savoir si nous notamment proposé de distinguer la soutenabilité
léguons aux générations suivantes suffisamment de économique, qui s’appréhende à l’aide d’indicateurs
ressources pour leur assurer un niveau de bien-être monétaires, et la soutenabilité environnementale,
au moins équivalent au nôtre. […] La commission a analysée par divers indicateurs physiques.

 EXERCICE  5 • ARGUMENTATION STRUCTURÉE 6 • ÉTUDE DE DOCUMENT 7

209
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. La croissance économique :
a. se caractérise par une expansion. ∙
b. se traduit par une augmentation de la richesse produite à long terme. ∙
c. est un indicateur qualitatif. ∙
d. se mesure à l’aide du PIB potentiel en volume. ∙
2. Un écart de production, ou « output gap », positif signifie que :
a. la croissance potentielle est supérieure à la croissance effective. ∙
b. la croissance potentielle est inférieure à la croissance effective. ∙
c. le pays est dans la phase ascendante (expansion) du cycle économique. ∙
3. Les cycles courts sont nommés :
a. Kondratiev. ∙
b. Kitchin. ∙
c. Juglar. ∙
4. Les cycles Juglar sont expliqués :
a. par les variations de stocks des entreprises. ∙
b. par l’arrivée d’une grappe d’innovations. ∙
c. par des variations d’investissement. ∙
5. Le développement durable :
a. fut défini par A. Sen. ∙
b. se mesure par l’IDH. ∙
c. s’appuie sur trois piliers : le pilier économique, social et environnemental. ∙
d. se confond avec le développement économique. ∙
6. La croissance économique :
a. a permis le développement économique des pays. ∙
b. se traduit systématiquement par une baisse des inégalités au sein du pays. ∙
c. a permis une amélioration du niveau de vie moyen de la population. ∙
7. La croissance économique :
a. permet la baisse du chômage selon la loi d’Okun. ∙
b. augmente systématiquement le PIB par habitant. ∙
c. permet à l’État de se désengager de l’économie. ∙

210
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

2 Croissance économique potentielle ou effective ★★★


La croissance économique en Allemagne fut de 2,2 % en 2017 et devrait encore dépas-
ser les 2 % en 2018. L’OFCE a estimé la croissance potentielle de l’économie allemande
à 1,25 % entre 2018 et 2019.
En vous appuyant sur vos connaissances, notamment sur la définition des concepts de
« croissance économique effective » et de « croissance économique potentielle », vous
analyserez les données ci-avant et préciserez, entre autres, la valeur de l’Output gap.

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 Croissance économique française depuis 1950 ★★★

Compétence attendue Différencier croissance économique, fluctuations de l’activité


et développement

À partir de l’annexe et de vos connaissances, répondez aux questions suivantes.


1. Rappelez la mesure de la croissance économique.
2. Identifiez les périodes de récession en France. Qu’en concluez-vous quant à l’évolution
du PIB depuis 1950 ?
3. Peut-on identifier un cycle long entre 1950 et aujourd’hui ? Si oui précisez ses étapes et
comment explique-t-on ces fluctuations ?
4. Identifiez les cycles des affaires au cours des années 1980.

Taux de croissance du PIB français constant (%) de 1950 à 2013


Annexe

(Insee, Comptes nationaux, 2014)


10
8
6
4
2
0
−2
−4
04
0
68

10
50

56

62

2
74

20

20
19

19

19

19

19

19

19

19

19

211
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

4 Croissance potentielle de la France ★★★

Compétence attendue Différencier croissance économique, fluctuations de l’activité


et développement
À partir de l’annexe et de vos connaissances, répondez aux questions ci-après.
1. Comment a-t-on caractérisé la période de forte croissance de l’après seconde guerre
Taux de croissance du PIB
mondiale à 1973 ? Quels événements économiques eurent lieu en 1973, 1979 et 2008 ?
français : 0,9 % en 2014, 2. Présentez l’évolution de la croissance potentielle de la France de 1961 à nos jours.
1,1 % en 2015, 1,2 %
en 2016 et 2,3 % en 2017.
3. Identifiez les variables économiques qui ont contribué et contribuent positivement et/
ou négativement à la croissance potentielle de la France.

Croissance potentielle et contributions moyennes des facteurs depuis 1961


Annexe

7,0%
5,5 %
6,0%
Sur la période 1974-
5,0%
1999, la croissance
potentielle est 4,0%
en moyenne de 2,5 %, 3,0% 2,5 %
2,0 %
la contribution du 2,0% 1,25 %
facteur travail est de 1,0%
− 0,2 % (barre bleue),
0,0%
celle du capital de 1,0 % 2011-2020
– 1,0% 1961-1973 1974-1999 2000-2007
(barre violette), celle 2008-2010
de la PGF de 1,5 % (barre – 2,0%
1961 1966 1971 1976 1981 1986 1991 1996 2001 2006 2011 2016
verte). Source : Insee,
estimations du Trésor. Contribution du travail Contribution Contribution du capital Croissance
de la productivité potentielle
globale des facteurs (PGF)

5 Croissance économique et emploi ★★★ ( chapitre 12)

Compétence attendue Analyser le rôle de la croissance sur une économie

À partir de l’annexe et de vos connaissances, répondez aux questions suivantes :


1. Rappelez la définition du PIB, de la croissance économique et de la productivité par
salarié.
2. Identifiez une relation entre la croissance économique, la variation de la productivité
des salariés et de la population active et l’évolution du taux de chômage.
3. La loi d’Okun semble-t-elle se vérifier dans le cas français ?
4. Comparez la relation entre les variations de la croissance économique, les formes parti-
culières d’emploi et les CDI en France.

212
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Croissance économique, productivité globale des facteurs


Annexe 1

et évolution de la population active et emploi (OFCE, avril 2017)


Évolutions annuelles moyennes comparées 2011-2016, en %
2,5
Productivité par salarié + population active
Croissance effective (PIB)
2,0
Taux de chômage
1,5

1,0

0,5

0,0

– 0,5

− 1,0
FRA DEU ITA ESP USA GBR

Taux de croissance du PIB en volume et taux de croissance de l’emploi en France


Annexe 2

de 1979 à 2015 (%, Insee)


5 PIB
Emploi
4
3
2
1
0
−1
−2
−3
1979

1981
1983

1985

1987
1989

1991
1993

1995
1997

1999

2001
2003
2005

2007
2009
2011

2013
2015

213
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Taux de croissance du PIB en volume


Annexe 3 et des formes particulières d’emploi (%, Insee) de 1983 à 2014
20 Taux de croissance du PIB en volume (%)
Taux de croissance des formes particulières d’emploi (%)
15 Taux de croissance des contrats à durée indéterminées (%)

10
Les formes particulières
d’emploi incluent
5
les CDD et les
contrats saisonniers
ainsi que l’interim 0
et l’apprentissage.
−5

− 10
1983 1986 1989 1992 1995 1998 2001 2004 2007 2010 2013

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

6 Argumentation structurée : politique publique et croissance ★★★◗ 45 mln

Compétence attendue Analyser le rôle de la croissance sur une économie

Rendez-vous Vous proposerez une réponse structurée comportant une introduction, un plan détaillé
MÉTHODE 2 et une conclusion permettant répondre à la question ci-après.

Travail à faire
« Une croissance économique soutenue et stable doit-elle être le principal objectif écono-
mique des pouvoirs publics ? »

214
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

7 Étude de document : la croissance allemande ★★★ 30 mln

Compétences attendues • Différencier croissance économique, fluctuations de l’ac-


tivité et développement
• Analyser le rôle de la croissance sur une économie

À partir de l’annexe et de vos connaissances, répondez aux questions ci-après. Rendez-vous


MÉTHODE 1
Travail à faire
1. À quelle phase d’un cycle Juglar l’Allemagne semble-t-elle se situer ? Justifiez votre choix.
2. L’Output gap (l’écart de production) allemand est-il, selon vous, positif ou négatif. Jus-
tifiez votre réponse.
3. Rappelez l’équation de l’équilibre Emplois/Ressources et identifiez les facteurs qui ont
favorisé l’expansion économique de l’Allemagne en 2017.
4. Dégagez les effets, positifs et négatifs, de la croissance économique allemande.

La croissance s’accélère en Allemagne : 2,2 % en 2017


Annexe

La première économie européenne a connu l’an dernier la plus forte hausse de son
PIB depuis six ans. Certains experts s’inquiètent d’un risque de surchauffe.
La machine allemande tourne à un rythme de plus en plus soutenu, et risque la
surchauffe, redoutent certains économistes. La première économie européenne  a
enregistré, en 2017, une croissance de 2,2 %, contre 1,9 % l’année précédente,
a annoncé, jeudi 11 janvier, l’institut fédéral de statistiques Destatis. C’est la plus
forte hausse de son produit intérieur brut (PIB) depuis six ans. « La croissance alle-
mande a été presque 1 point au-dessus de la moyenne de la dernière décennie », a
déclaré, jeudi matin à Berlin, Albert Braakmann, directeur du département comp-
tabilité nationale de Destatis.
Comme les années précédentes, la consommation a joué un rôle important dans cette
croissance, grâce à la hausse globale des revenus. Et la construction, qui continue de
profiter des faibles taux d’intérêt, a bondi de 2,6 %. L’année 2017 signe aussi le grand
retour du commerce extérieur, qui avait joué un rôle mineur dans les composantes de
la croissance l’an dernier. Profitant de l’amélioration de la conjoncture dans la zone
euro et dans le reste du monde, l’industrie exportatrice a progressé plus rapidement
que les autres secteurs de l’économie et elle commence à augmenter ses capacités de
production. Les exportations ont progressé de 4,7 %, les importations de 5,2 %. Les
dépenses de l’État, elles, ont évolué moins vite que les autres secteurs (+ 1,4 %).
Dans ce contexte, l’État a pu remplir copieusement ses caisses. L’excédent budgétaire
pour 2017 s’élève à 1,2 % du PIB, soit 38,4 milliards d’euros, contre 25,7 en 2016.

215
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Le chômage devrait continuer de baisser


Ce rythme de croissance devrait se maintenir au cours des deux prochaines années,
prévoient les économistes des grands instituts de conjoncture allemands. Ils tablent
sur une progression du PIB de 2,2 % à 2,6 % en 2018, selon les instituts, et de 1,7 %
à 2,2 % en 2019. Dans ces conditions, le chômage, qui est à son niveau le plus bas
depuis la réunification –  à 5,7 % – devrait continuer de baisser. Quant au moral
des patrons, il a atteint en octobre son plus haut niveau depuis 2011. Revers de
la médaille, l’économie allemande risquerait la surchauffe, à en croire plusieurs
économistes de renom qui ont alerté, ces derniers mois, sur le décrochage entre
l’évolution de la conjoncture et celle des investissements. « Le rythme d’expansion
est nettement supérieur au taux de croissance des capacités de production, ce qui a
pour conséquence que le coefficient d’utilisation des unités de production, déjà au-
dessus du niveau normal, continue d’augmenter. Les indicateurs issus des sondages
menés auprès des entreprises vont dans le même sens », s’inquiètent les économistes
de l’institut économique de Kiel, dans leur rapport conjoncturel publié mi-décembre.
Autre indice : le nombre de postes vacants, qui s’élève actuellement à 1,1 million,
selon les chiffres de l’IAB, l’institut de recherche sur le travail de Nuremberg, est au
plus haut. Avec des besoins criants pour certaines spécialités, comme les ouvriers
qualifiés ou les diplômés en physique et en mathématiques.

« Réajuster la politique économique »


Dans son analyse de la conjoncture du mois de décembre, l’IFO, l’institut écono-
mique de Munich, a estimé que « la surexploitation des capacités de l’ensemble de
l’outil de production devrait conduire à une hausse sensible des prix et des salaires
dans les prochaines années. L’Allemagne se trouve actuellement sur la voie d’une
haute conjoncture ». […]

Des économistes divisés


Mais, sur cette question, tous les économistes ne sont pas d’accord. Le DIW, l’insti-
tut économique de Berlin, juge ainsi qu’il n’y a actuellement pas lieu de parler de
surchauffe, car le salaire moyen n’a augmenté que modérément, de 1,8 % après
déduction de l’inflation. Cette dernière se maintient à un niveau limité : 1,7 %.
[…] Même pour l’année 2019, il n’y a pas lieu de prévoir un taux d’inflation supé-
rieur à 2 %. Une spirale prix-salaires, caractéristique d’une économie en surchauffe,
n’est pas en vue », estiment les économistes du DIW dans leur note de fin décembre.
Ils expliquent la hausse modérée des salaires en Allemagne par l’immigration
venue des pays de l’Union européenne. Ces derniers sont accueillis à bras ouverts
par les patrons allemands, mais affaiblissent la position de négociation des salariés
allemands. […]
Cécile Boutelet, Le Monde Économie, 11 janvier 2018

216
SYNTHÈSE
Croissance et développement : formes et finalités

Croissance économique et fluctuation de l’activité


Croissance potentielle
Croissance effective (croissance économique atteignable
(croissance réelle de l’économie) durablement en utilisant pleinement
les capacités d’une économie
et sans créer de tensions inflationnistes)

Écart de production (output gap) Croissance effective – Croissance potentielle


Fluctuations ou cycles économiques

Cycles longs Cycles Cycles


(Kondratiev : des affaires ultracourts
45 à 60 ans) (Juglar : 7 à 11 ans) (3 à 5 ans)

Développement(s)
Le développement peut être économique, humain, durable.

Couple croissance-développement
Finalités de la croissance économique

Amélioration Réduction des inégalités


Emploi
du niveau de vie et de la pauvreté

Développement
économique, humain,
durable supposant la soutenabilité
de la croissance

217
CHAPITRE
12 Potentiel de croissance
économique

PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Identifier et analyser les déterminants • Le rôle des facteurs de production :
de la croissance capital, travail et ressources naturelles
• Mettre en évidence le rôle du progrès (Ricardo, Malthus, croissance endogène)
technique dans la croissance • Le rôle du progrès technique (ou de la
productivité globale des facteurs) dans
le processus de croissance (Schumpeter,
Aghion, Solow, Romer)

PRÉREqUIS
Création de richesse (chapitre 2) • Défaillances de marché et complémentarité État-marché (chapitre 5)

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Le rôle des facteurs de production • 2. Le rôle du progrès technique •
3. Les théories de la croissance endogène
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

A ccroître la richesse d’un pays est l’un des objectifs essentiels de la politique écono-
mique. L’identification des déterminants de la croissance économique constitue un
préalable à toute recherche de croissance.
Une première approche considère l’augmentation de la quantité de facteurs de produc-
tion comme une source essentielle de croissance. Cette approche est cependant res-
trictive et elle ne se vérifie pas toujours dans la pratique. Certains pays n’augmentent
pas particulièrement leur quantité de facteurs de production disponibles et connaissent
cependant une croissance économique durable, essentiellement grâce à l’amélioration
de la productivité globale des facteurs permise par le progrès technique, ce qu’étudient
particulièrement les théories de la croissance endogène.

MOTS-CLÉS
Capital • Capital humain • Capital public • Croissance • Croissance endogène
• Cycles Kondratiev • Gains de productivité • Innovation • Progrès technique
• Productivité globale des facteurs • Travail
Chapitre 12 Potentiel de croissance économique

1  Le rôle des facteurs de production

A La quantité et la qualité des facteurs de production


Une première analyse du potentiel de croissance consiste à s’interroger sur les éléments
indispensables à la production.
Définition
La croissance correspond à un accroissement sur une longue période de la richesse
produite par un pays.

Il est indispensable d’analyser les principaux facteurs de production (tab. 12.1).

Tableau 12.1.  Variation des facteurs travail et capital

Facteur travail Facteur capital

Ensemble des capacités physiques et intellectuelles que Capital technique fixe (  chapitre 2).
les hommes mettent en œuvre pour produire des biens
et services nécessaires à la satisfaction de leurs besoins.

Les variations de la quantité de travail résultent de : Les variations de la quantité de capital résultent de :
–– la variation de la population active occupée ; –– la variation du stock de capital en relation avec
–– la variation de la durée du travail ; l’investissement ;
–– la variation du taux d’activité. –– la variation du taux d’utilisation du capital ;
–– la variation de la durée d’utilisation du capital.

Les variations de la qualité de travail résultent d’un La qualité du capital dépend des technologies
accroissement de la productivité du travail (  cha- qui sont intégrées dans le capital et, notamment,
pitre 2) lié à l’éducation, l’âge de la population, aux de l’âge de ce capital (ex. : machines vieillissantes
migrations entre secteurs, à une meilleure organisa- ou, au contraire, neuves).
tion du travail…

À la croissance extensive, obtenue par une augmentation de la quantité utilisée de fac-
teurs de production, s’oppose une croissance intensive permise par des gains de produc-
tivité, une plus grande efficacité de la combinaison productive.

B Les ressources naturelles et le potentiel de croissance


Les ressources naturelles constituent un capital naturel au même titre que le capital
technique fixe.
Exemple
◗◗ La biodiversité est source d’externalités positives et la nature inspire même de nouvelles
technologies (biomimétisme). ◗
Le rôle des ressources naturelles a également été traité par divers théoriciens sous un
angle moins optimiste.

219
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux

1. La théorie de Malthus
La raréfaction de certaines ressources naturelles face à une population qui augmente
serait à l’origine de l’essoufflement de la croissance économique. Selon Malthus, dans
son Essai sur le principe de population (1798), la population croît plus vite que les moyens
Thomas Robert
Malthus (1766-1834) de subsistance. Cette surpopulation aurait pour conséquences des guerres ou famines,
Économiste classique d’où des restrictions morales.
anglais, il s’est
intéressé à l’étude des 2. La théorie de Ricardo
populations, voyant L’analyse de Malthus est reprise et prolongée par Ricardo, économiste britannique clas-
dans la misère une utilité
sociale et économique, sique, qui annonce l’arrivée d’une stagnation économique durable. Selon lui, le rendement
mais aussi à la des terres est décroissant car cette ressource naturelle est rare. Les nouvelles terres mises
croissance, contestant en culture seraient moins productives que celles qui étaient déjà exploitées. En reprenant
notamment les postulats
l’analyse de Malthus sur la population, Ricardo montre que l’accroissement de la popula-
de Say et de Ricardo.
tion entraîne la mise en culture de terres moins fertiles et une augmentation du prix du
David Ricardo blé produit moins efficacement. Le salaire des travailleurs doit alors augmenter pour qu’ils
(1772-1823) satisfassent leur besoin primaire, ce qui réduit le profit des entreprises qui investissent
Économiste britannique moins. La richesse produite cesse d’augmenter et le potentiel de croissance diminue.
de l’école classique,
suivant les traces d’Adam Ce pessimisme lié à la raréfaction des ressources naturelles face à une augmentation de
Smith, Ricardo s’est la population sera repris en 1972 dans le rapport dit « Meadows », Halte à la croissance.
intéressé à la répartition
des revenus et à la
création de valeur. Il a C La contribution de la quantité des facteurs de production
également théorisé les
avantages relatifs ou à la croissance : travaux empiriques
concurrentiels, argument
phare en faveur du Carré, Dubois et Malinvaud dans La croissance française présentent, en 1972, le résultat
libre-échange et de la d’une étude de la contribution des facteurs de production à la croissance économique
spécialisation.
en France au cours des Trente Glorieuses (  chapitre 11). Ils analysent le pouvoir expli-
catif des deux facteurs de production que sont le capital et le travail et constatent :
––que l’augmentation de la quantité et de la qualité (mesurée par l’âge et l’instruction)
du facteur travail a un effet négligeable sur la croissance économique de 1951 à 1969
en France ;
––que l’accroissement de la quantité de facteur capital a eu un impact sur la croissance
économique ;
––que plus de 50 % de la croissance économique n’est pas expliquée par l’accroissement de
la quantité de facteurs de production utilisés. On parle de « résidu », celui-ci étant souvent
considéré comme le fruit du progrès technique et de la productivité globale des facteurs.
Plus récemment, les travaux de la direction générale du Trésor français montrent éga-
lement la contribution conséquente de ce résidu dénommé « productivité globale des
facteurs » (PGF) sur la croissance économique (  chapitre 11).
Définition
La productivité globale des facteurs (PGF) mesure la contribution à la croissance de
la « qualité » du capital et du travail, c’est-à-dire le progrès technique au sens large.

  EXERCICE 2

220
Chapitre 12 Potentiel de croissance économique

2  Le rôle du progrès technique

A Le progrès technique et la productivité globale


des facteurs (PGF)
Définition
Le progrès technique est l’ensemble des innovations permettant d’améliorer le sys-
tème productif, la création de nouveaux produits ou procédés.

Le progrès technique inclut non seulement les améliorations et créations de produits et


services, mais aussi des modes innovants et plus efficaces d’organisation du travail et de
la production.
Définition
Une innovation n’est autre que l’application réussie d’une invention dans le domaine
commercial et/ou industriel.
Joseph Aloïs
Schumpeter
Schumpeter a montré que l’innovation peut prendre la forme : (1883-1950)

––de nouveaux produits (ex. : apparition du téléphone portable) ; Économiste et


sociologue autrichien,
––de nouveaux procédés (ex. : robotisation de la production) ; professeur à Harvard, il
––de nouvelles formes d’organisation de la production (ex. : l’OST ou le lean management) ; est influencé par l’école
––de nouveaux marchés (ex. : marchés de l’économie collaborative comme les VTC) ; néoclassique et se
––de nouvelles sources d’énergie ou matières premières (ex. : gaz de schiste). penche sur l’évolution
du capitalisme,
Le progrès technique se traduit par l’accroissement de la productivité globale des fac- essentiellement sur
teurs de production. le rôle du progrès
technique et des
entrepreneurs, ce qu’il
B Le modèle de croissance de Solow (1956) théorise dès 1939
avec les « grappes
d’innovations ».
1. Les postulats
Le modèle de croissance de Solow, économiste néoclassique, questionne la pérennité
de la croissance à long terme. Il cherche à identifier les principales sources de croissance,
supposées exogènes, c’est-à-dire extérieurs au modèle. Le niveau de croissance dépend
Robert Solow
de l’accumulation du capital d’une année sur l’autre (et donc des efforts d’investisse- (né en 1924)
ment et d’épargne). Le taux d’épargne incite à l’accumulation du capital et conduit à Économiste néoclassique
davantage de productivité. En situation de parfaite flexibilité des prix, la croissance se américain, il a fondé la
met au diapason de la population active et permet à long terme le plein-emploi. théorie de la croissance
exogène.
2. L’hypothèse de l’absence de progrès technique
Une économie stationnaire. En l’absence de progrès technique, Solow considère que
les rendements du capital sont décroissants, entraînant une baisse de la productivité.
Le capital par travailleur est de moins en moins productif et occasionne donc moins de
croissance. À long terme, l’accroissement du capital n’est pas plus rapide que celui de
la quantité de travail. À terme, les unités de capital supplémentaires n’engendrent pas
de rendement supplémentaire du capital mais servent à réaliser des investissements

221
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux

de remplacement (ex : remplacement des machines vieillissantes par des machines


identiques). Les nouveaux investissements permettent de produire autant de richesses
que les anciens outils de production. L’économie tend alors vers un état stationnaire.
Le niveau de vie (PIB/hab.) de la population stagne. La croissance se fait alors au même
rythme que la population.
Une homogénéisation à l’échelle mondiale. Le niveau de développement des pays
devraient donc converger. Les moins avancés devraient présenter un taux de croissance
plus élevé, bénéficiant d’un rendement du capital supérieur. Le rythme de développe-
ment plus ou moins rapide des pays dépend alors de leur taux d’épargne. Les pays les
plus développés devraient voir leur taux de croissance par tête se rapprocher de zéro. Les
économies les moins avancées devraient connaître un effet de rattrapage, présentant
un moindre taux de capital par tête et donc un plus fort taux de croissance économique.
3. Le rôle du progrès technique
La stagnation de l’économie est évitée grâce au progrès technique. Le taux de croissance
entraîne alors une amélioration continue du niveau de vie (PIB/hab.).
Le progrès technique modifie la fonction de production, la frontière technologique se
déplace. Cela accroît considérablement le PIB, permettant d’augmenter le rendement
du capital qui n’est alors plus décroissant. La croissance économique peut alors dépasser
la croissance de la population.
Toutefois, ce progrès technique est une variable exogène, puisqu’il est extérieur au
modèle. Solow n’en explique pas l’origine ; cette donnée s’impose sans que l’on en
connaisse les raisons, mais Solow le considère comme une « manne tombée du ciel ».

C L’analyse des cycles longs de Schumpeter


1. Les cycles longs et grappes d’innovations
L’entrepreneur Schumpeter propose une analyse des cycles longs (  chapitre 11) en termes d’inno-
et la destruction
vations correspondant à du progrès technique. La dynamique de long terme de l’éco-
créatrice selon
Schumpeter : nomie repose selon lui sur les « entrepreneurs-innovateurs ». L’entrepreneur saisit des
opportunités, prend des risques, bouscule les routines. Il permet l’arrivée d’innovations
majeures qui se diffusent progressivement à l’ensemble de l’économie, entraînant des
innovations mineures formant ainsi des « grappes d’innovations ». Ces grappes mènent
http://dunod.link/ulbi1lu
à une phase d’expansion qui relance la dynamique économique. Cette croissance est
cependant instable car cyclique.
2. La « destruction créatrice »
Dans le sillage de l’innovation majeure de nouvelles activités, produits, procédés se
développent rendant les anciennes activités obsolètes. Cette phase d’expansion cor-
respond à la première phase d’un cycle Kondratiev (  chapitre 11) et dure entre 20
et 30 ans. Elle se traduit par des destructions d’emploi mais également des créations
d’emplois dont le contenu est différent.
Cette dynamique économique s’épuise quand les innovations deviennent obsolètes et
que leur performance sature. On entre alors pour 20 à 30 ans dans la seconde phase
du cycle Kondratiev correspondant à un ralentissement économique. De nouvelles

222
Chapitre 12 Potentiel de croissance économique

innovations majeures au bout de 20 à 30 ans permettent la constitution d’une nouvelle


grappe d’innovations et l’arrivée d’un nouveau cycle long Kondratiev (fig. 12.2).
Cycles longs, innovations et branches motrices

1815 1870 1920 1975

Technologies
Machine à vapeur Chemin de fer Électricité Automobile de l’information
Textile Acier Chimie Aéronautique Biotechnologies

Figure 12.2.  Cycle Kondratiev et innovations majeures

L’analyse par grappes d’innovation permet notamment d’expliquer les révolutions


industrielles qui se succèdent depuis la fin du 18e siècle. Schumpeter est relativement
pessimiste sur la poursuite de cette dynamique économique notamment. Il anticipe
l’échec du capitalisme et l’arrivée du socialisme en raison du développement du capi-
talisme managérial qui marginalise les entrepreneurs-innovateurs essentiels à la dyna-
mique économique.
3. De Schumpeter aux théories actuelles de la stagnation séculaire
Le pessimisme est partagé aujourd’hui par certains économistes considérant que nous
sommes entrés dans une période de stagnation séculaire. Cette hypothèse a été formu-
lée dès 1939 par l’économiste américain Alvin Hansen (1887-1975). Larry Summers
Les économistes américains Gordon et Summers ne sont guère plus optimistes : (né en 1954)

––pour le premier, les technologies de l’information et de la communication ont Économiste américain,


président du Conseil
déjà permis d’améliorer la productivité. Il considère qu’aucune vague d’innovation économique national
majeure ne devrait apparaître qui permettrait de compenser la baisse de la crois- des États-Unis, il est
sance potentielle ; un partisan acharné
––pour le second, la stagnation séculaire proviendrait d’une demande globale (consom- du libre-échange et lutte
contre toute forme de
mation et investissement) artificiellement soutenue par des taux d’intérêt bas et qui barrière entravant les
devrait retrouver un rythme plus faible expliquant la stagnation de l’économie. Le marchés, notamment
pessimisme en matière d’effets des technologies de l’information et de la communi- de capitaux et du travail.
cation s’était déjà exprimé dans ce qui fut appelé « paradoxe de Solow » en 1987 selon
lequel « on voit des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques de productivité ».

  EXERCICE 3 • ARGUMENTATION STRUCTURÉE 5 • ÉTUDE DE DOCUMENT 6

223
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux

3  Les théories de la croissance endogène

A Les postulats
Plus optimistes que Schumpeter et les tenants de la stagnation séculaire, les théoriciens
de la croissance endogène insistent sur le caractère autoentretenu du phénomène de
croissance. Dans le modèle de Solow, le progrès technique était exogène, c’est-à-dire
qu’il n’était pas expliqué par le modèle. Le progrès technique était considéré comme
un facteur sur lequel on ne pouvait pas a priori agir, une « manne tombée du ciel ». Les
travaux des théoriciens de la croissance endogène montrent que le progrès technique
est produit par le système économique lui-même.
Différents facteurs semblent jouer sur la croissance économique et la faciliter, créant
un cercle vertueux et expliquant pourquoi certains pays semblent en retrait (fig. 12.3).
Ces différents facteurs de croissance occasionnent des externalités positives (  cha-
pitre 3). La mise en œuvre de politiques structurelles de l’État serait, par conséquent,
envisageable et même souhaitable pour pallier les défaillances de marché.

Externalités positives
Croissance économique Revenus

Hausse de la productivité
(progrès technique)

Investissements
(accumulation du capital)

Capital physique + Capital technologique + Capital humain + Capital public


Figure 12.3  Cercle vertueux de la croissance économique

B Les principaux théoriciens de la croissance endogène


1. Romer (1986, 1988)
Paul Romer Romer considère que la croissance provient de l’accumulation du capital physique,
(né en 1955) des connaissances et du capital technologique (savoir-faire). L’accumulation du capital
Économiste américain, (innovation dans les biens d’équipement) permet, en effet, à l’entreprise de produire
théoricien de la plus. Cela va aussi bénéficier aux autres entreprises qui vont pouvoir s’inspirer de leur
croissance endogène, il a
été distingué par le prix
savoir-faire et bénéficier d’effets d’apprentissage. On constate des économies d’échelle
Nobel en 2018. interne et externe aux entreprises (effets d’agglomération). Romer insiste en particulier

224
Chapitre 12 Potentiel de croissance économique

sur l’importance de la circulation des idées innovantes ; plus ce stock de capital est
important, plus la croissance est ­importante.
2. Lucas (1988)
Économiste américain, Lucas met en avant le rôle de l’accumulation de capital humain.
Le capital humain est un concept développé par l’économiste américain Schultz en 1962
et repris dans la théorie du capital humain de son compatriote Becker. Il correspond
au stock de connaissances valorisables économiquement et incorporées aux individus.
Schultz distingue cinq facteurs influençant le capital humain : la santé, l’apprentissage,
la formation scolaire initiale, la formation continue et les migrations. Le capital humain
d’un individu profite à l’ensemble de la société ; il est à l’origine d’externalités positives
(  chapitres 3 et 5). Le rôle de l’État consiste à favoriser l’accès à l’éducation, à pro-
mouvoir les politiques de santé publique, la formation continue, etc., ce qui démontre
le rôle essentiel des investissements publics. Ce capital humain devient ainsi un facteur
de production à part entière.
3. Barro (1990)
Économiste américain, Barro insiste sur l’importance des efforts de recherche et déve- CHIFFRE-CLÉ
loppement (R&D, 1990), indispensables à la croissance car ils augmentent le stock de
3 % du PIB
connaissances dont l’ensemble de la population bénéficie. Comme les connaissances
minimum :
issues de la recherche et développement sont un bien non exclusif (  chapitre 5), il est c’est l’objectif des
nécessaire de créer des mécanismes incitatifs pour les entreprises (ex. : mise en œuvre dépenses de R&D de
de brevets, de subventions à la R&D…). la stratégie Union
Barro insiste également sur l’influence des infrastructures publiques (transport, commu- européenne 2020
nication) ; ces dépenses stimulent la croissance et améliorent l’efficacité de la production pour une croissance
intelligente, durable
des entreprises privées (gains de productivité). Il s’agit cependant de biens publics non
et inclusive.
exclusifs et non rivaux expliquant la nécessaire intervention de l’État (  chapitres 8 et 9).
CHIFFRE-CLÉ

4. Helpman/Grossman (1991), Aghion/Howitt (1992) et les autres


Helpman et Grossman mais aussi Aghion et Howitt montrent l’importance de l’innova-
tion et des pouvoirs publics (ex. : les brevets) pour stimuler le progrès technique. Philippe Aghion
Aghion et Howitt. Ils expliquent que les innovations dans de nouveaux biens d’équi- (né en 1956)
pement créent un phénomène de « destruction créatrice » en remplaçant les anciens ; Économiste français,
spécialiste de
l’effet créateur l’emportant sur la destruction, conformément à l’analyse schumpeté- l’innovation et de la
rienne. Ces modèles insistent sur l’économie de la connaissance, c’est-à-dire l’ensemble croissance dans la veine
des activités créant de la valeur et tirant des revenus des connaissances et des savoirs schumpétérienne.
potentiellement infinis.
Helpman et Grossman. Ils insistent sur le rôle des innovations de produits.
Sala i Martín. Il met l’accent sur le rôle de l’ouverture au commerce international
(  chapitre 13), réduisant les inégalités économiques ; Greenwood et Jovanic (1990)
sur l’efficacité des marchés financiers (  chapitre 7).

 EXERCICE  2 • EXERCICE 4 • ARGUMENTATION STRUCTURÉE 5 • ÉTUDE


DE DOCUMENT 6

225
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. La croissance économique provient :
a. de la quantité de facteurs de production disponible au sein de l’économie. ∙
b. essentiellement d’un résidu qui ne s’explique pas par la quantité
de facteurs de production. ∙
c. essentiellement de l’augmentation de la population active. ∙
2. Une croissance extensive repose :
a. sur l’amélioration de la qualité des facteurs de production. ∙
b. sur l’amélioration de la quantité des facteurs de production. ∙
c. sur l’obtention de gains de productivité. ∙
3. Le progrès technique :
a. se mesure par l’évolution de la productivité globale des facteurs. ∙
b. s’appuie essentiellement sur les innovations de produits. ∙
c. est l’un des principaux déterminants de la croissance économique. ∙
4. Schumpeter :
a. explique l’existence de cycles Juglar. ∙
b. est à l’origine du « concept de destruction créatrice ». ∙
c. considère que nous devrions connaître une croissance durable (pérenne). ∙
5. Parmi les principaux auteurs des théories de la croissance endogène, nous avons :
a. Solow ∙ c. Malthus ∙
b. Barro ∙ d. Aghion. ∙
6. La croissance économique selon les théories de la croissance endogène :
a. provient du progrès technique qui est une « manne tombée du ciel ». ∙
b. suppose que l’État n’intervienne pas dans l’économie. ∙
c. s’appuie sur le stock de capital humain, physique, public, technologique. ∙
7. Selon Solow :
a. l’économie pourrait tendre vers un État stationnaire. ∙
b. le progrès technique est un facteur endogène de son modèle. ∙
c. les pays devraient converger en termes de développement
en l’absence de progrès technique. ∙

226
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

2 À chaque auteur son concept ! ★★★


Vous associerez à chaque auteur le(s) concept(s) ou la (les) expression(s) correspon-
dant(es).

Auteurs Concept

Ricardo a. La « destruction créatrice »


Malthus b. Le progrès technique : « une manne tombée du ciel »
Solow c. Plus de 50 % de la croissance économique des Trente Glorieuses s’explique
Carré, Dubois, Malinvaud par un résidu
Schumpeter d. La loi de la population
Aghion et Howitt e. L’apparition d’un état stationnaire de l’économie
Barro f. Le rôle des infrastructures publiques dans la croissance économique
Romer g. Le progrès technique est un phénomène endogène au système économique
Lucas h. Le stock de capital humain favorise la croissance économique
Gordon i. La baisse tendancielle des profits
j. Le capital technologique et sa diffusion favorisent la croissance économique
k. Le rôle de l’économie de la connaissance

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les savoirs les compétences l’épreuve

3 Taux de croissance économique et productivité horaire de la France


depuis 1950 ★★★

Compétence attendue Identifier et analyser les déterminants de la croissance

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
l’annexe.
1. Définissez les concepts de croissance économique et de productivité horaire du travail.
2. Identifiez-vous une relation entre les deux indicateurs étudiés ? Expliquez ce méca-
nisme.
3. Pouvez-vous identifier différentes phases sur ce graphique ?
4. Quelles variables économiques peuvent avoir une influence sur la productivité horaire du
travail ?

227
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Taux de croissance du PIB et de la productivité horaire du travail (Insee, 2012)


Annexe
en %
10
8
Productivité horaire du travail
6
4
2
0
–2 Taux de croissance du PIB
–4
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2012
Champ : France.

4 Capital humain et croissance économique ★★★

Compétences attendues • Identifier et analyser les déterminants de la croissance


• Mettre en évidence le rôle du progrès technique dans la
croissance

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
l’annexe.
1. Proposez une définition du capital humain. À quels auteurs pourriez-vous lier ce
concept ?
2. Montrez en quoi l’augmentation du stock de capital humain d’une nation peut être
source d’externalités positives.
3. Expliquez le lien entre le niveau de capital humain et la croissance économique.
4. Quelles mesures concrètes les pouvoirs publics peuvent-ils prendre pour favoriser le
développement du capital humain de leur pays ?

228
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Le « capital humain » comme moteur de la croissance


Annexe

Un rapport publié aujourd’hui dans la revue The Lancet fait le lien, chiffres à l’ap-
pui, entre investissements dans la santé et l’éducation et croissance du PIB.
Investir dans la santé et l’éducation est la meilleure manière d’assurer une bonne
croissance économique à long terme. C’est en tout cas la conclusion d’une étude
pilotée par l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) –  un organisme
statistique de l’université de Washington, financé par la Fondation Bill-et-Melinda-
Gates – et publiée ce mardi dans la revue scientifique The Lancet.
En mesurant pour la première fois le capital humain de chaque pays et en le compa-
rant à celui qu’il possédait en 1990, le rapport conclut à une « corrélation entre
les investissements en matière d’éducation et de santé et une meilleure croissance
du PIB ». Ce nouvel indicateur combine « les compétences, les expériences et le
savoir » d’une population avec son état de santé, pour en mesurer la contribution
à la croissance économique. Il est exprimé en nombre d’années, pendant lesquelles
« on estime qu’une personne peut travailler au cours de sa période de productivité
maximale », c’est-à-dire en étant bien formée et en bonne santé.

La Finlande en tête, la France neuvième


La Finlande figure au premier rang du classement, avec un capital humain de
28  ans. À l’autre extrémité, avec un capital de deux  ans, on trouve le Niger, le
Tchad et le Soudan du  Sud. La France, elle, se classe neuvième (première du  G8
et deuxième du G20, derrière la Corée du Sud) bien qu’elle perde deux rangs par
rapport aux données de 1990.
Le reste du classement est globalement conforme au tableau du monde que brossent
nombre d’autres indicateurs de développement. Les vingt-cinq premiers rangs
rassemblent uniquement des pays européens, le Canada, les « dragons asiatiques »
(la Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et Taïwan) et le Japon. En d’autres termes,
des pays industrialisés et développés de longue date, avec toutefois quelques surprises.
On y repère ainsi la Biélorussie (taux et durée de scolarisation élevés) et les pays
baltes, plutôt que la Grande-Bretagne ou l’Italie. Parmi les cinquante derniers du
classement, on trouve une majorité de pays d’Afrique subsaharienne, accompagnés
par le Yémen, l’Afghanistan et, plus étonnamment, l’Inde, qui figure seulement en
158e position, avec sept années de capital humain espéré, pénalisée par un mauvais
score dans le domaine de la santé.

Déclin américain
Les États-Unis ont eux chuté depuis 1990 du  6e  au 27e  rang, victimes d’une
baisse du nombre d’années de scolarité effective. Au contraire, la  Turquie a
connu la plus forte progression depuis cette date. Les autres améliorations les
plus significatives concernent la Chine, le Brésil ou l’Arabie Saoudite. Autant
de pays qui ont aussi enregistré une forte croissance de leur PIB par habitant.
La notion de capital humain, […] a été largement utilisée dans le secteur des
ressources humaines pour accroître la productivité des entreprises. « L’idée de départ

229
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

du capital humain était d’encourager au développement des compétences des


travailleurs par la formation. Mais cette acquisition de compétences était comprise
comme un investissement de la personne en elle-même et sur son budget, pas un
droit conféré par l’État », explique Philippe Bourmaud, historien à l’université
Jean-Moulin-Lyon-3.
Appliquée aux États, elle est désormais considérée comme un indicateur de déve-
loppement intéressant qui permet de combiner plusieurs facteurs et de prévoir des
évolutions. Les pays qui s’appuient sur une population bien formée et en bonne
santé sont plus à même de conserver une économie dynamique dans les années à
venir, qui pourra s’adapter aux changements de tendance.
La Banque mondiale a appelé en juin, par l’intermédiaire de son président, Jim
Yong-kim, à une mesure annuelle du capital humain. Cette mesure, et la démons-
tration de sa corrélation avec la hausse du PIB, serait un moyen d’inciter les Etats à
investir dans les services de santé et d’éducation. L’enquête publiée ce mardi s’inscrit
dans le même objectif. « La réalisation d’une telle étude sur la génération suivante
– comme jauge des investissements en matière d’éducation et de santé – permettra
de rendre les dirigeants responsables devant leurs citoyens », écrit ainsi le directeur
de l’IHME, Christopher Murray.

Investir dans l’éducation et la santé


Comme tout capital, le capital humain peut en effet augmenter, sous l’effet de meil-
leurs services d’éducation et de santé. « Si le temps que chaque personne consacre à
l’éducation augmente d’un an, le PIB par habitant devrait augmenter, sur le long
terme, de 4 à 6 % », écrivait déjà l’OCDE dans une publication de 2007, intitulée le
Capital humain – Comment le savoir détermine notre vie.
Côté santé, l’étude rappelle que les personnes mieux portantes sont généralement
plus productives et analyse l’impact de la dénutrition, des retards de croissance ou de
maladies infectieuses, comme le VIH et le paludisme, sur les résultats économiques.
Nelly Didelot, Libération, 25 septembre 2018

230
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

5 Argumentation structurée : la pérennité de la croissance ★★★ 45 mln

Compétences attendues • Identifier et analyser les déterminants de la croissance


• Mettre en évidence le rôle du progrès technique dans la
croissance

Vous proposerez une réponse structurée comportant une introduction, un plan détaillé Rendez-vous
et une conclusion permettant répondre à la question suivante.
MÉTHODE 2
Travail à faire
« La croissance économique peut-elle être durable et soutenue ? »

6 Étude de document : une stagnation séculaire ? ★★★ 30 mln

Compétence attendue Mettre en évidence le rôle du progrès technique dans la


croissance

À partir de l’annexe et de vos connaissances, répondez aux questions suivantes. Rendez-vous


MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Rappelez la définition du concept de productivité et identifiez les causes de la crois-
sance de la productivité de 1920-1970.
2. Gordon fait-il partie des « optimistes » en matière de pérennité de la croissance écono-
mique ? Justifiez votre réponse en présentant la thèse développée par Gordon.
3. Le PIB est-il un bon indicateur économique selon Gordon ? Justifiez votre réponse.
Quelles sont les autres critiques formulées à l’encontre de cet indicateur ?
4. Identifiez les conséquences positives attendues de la croissance économique.
5. Proposez des analyses économiques qui contredisent la thèse de Gordon concernant
l’évolution future de la croissance économique.

231
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Nos innovations ont déjà produit leurs effets


Annexe Entretien avec Robert Gordon Professeur d’économie à la Northwestern University
Vous montrez qu’au cours du dernier siècle et demi, l’économie américaine a
connu une seule grande vague de productivité entre 1920 et 1970. Comment
s’explique-t-elle ?
Tout démarre avec deux grandes innovations à la fin du xixe siècle : l’électricité et le
moteur à combustion interne. Elles vont être progressivement utilisées dans l’indus-
trie et les transports pour faire sentir leur plein effet à partir des années 1920. C’est le
moment où le nombre de voitures passe de 8 millions à 27 millions, où les moteurs
électriques remplacent les moteurs à vapeur dans les usines, etc.
À ce boom initial viennent s’ajouter d’autres explications. D’abord, le New Deal
promeut le pouvoir des syndicats, qui obtiennent une réduction de la durée du
travail et une hausse des salaires. Ce qui se traduit par des salariés moins fatigués
et plus productifs, ainsi que par une augmentation du coût du travail qui incite les
entreprises à substituer du capital au travail. Ensuite, la Seconde Guerre mondiale
a exercé une forte pression sur la capacité des entreprises à produire beaucoup et
rapidement. […]
Enfin, en dépit de la dépression, les années 1930 sont une période où l’innovation
reste très présente […]. C’est la somme de tous ces éléments qui explique pourquoi les
États-Unis vont connaître durant cette décennie un boom historique de productivité.
Depuis les années 1960, nous connaissons une troisième révolution industrielle
liée à l’informatique et aux nouvelles technologies de l’information et de la
communication. Mais son impact positif sur la productivité a été, dites-vous,
de très courte durée.
Oui, et il n’est pas évident de comprendre pourquoi l’effet de l’ère digitale a été
concentré sur une petite décennie entre 1994 et 2004. Robert Solow a résumé cette
énigme en disant qu’« on peut voir des ordinateurs partout, sauf dans les chiffres de
productivité » ! L’explication la plus plausible est que cette révolution informatique
ne concerne qu’une petite partie de notre économie. […] La réponse finale à Solow,
c’est que les ordinateurs ne sont pas partout.
Vous affirmez que les vingt-cinq prochaines années seront marquées par une
très faible croissance de la productivité.
Je ne prédis pas un effondrement de la productivité globale des acteurs*, mais le
maintien à un niveau très bas. L’une des raisons principales tient à une moindre
progression du niveau d’éducation que durant le siècle précédent. Le nombre de
lycéens atteint un plateau, celui des étudiants progresse faiblement […].
Pensez-vous que l’Europe va suivre le même chemin que les États-Unis ?
C’est déjà le cas ! Sur les vingt dernières années, le niveau de productivité des quinze pays
cœur de l’Union européenne est passé de 90 % du niveau américain à 78 %. […] ; quand
nous avons ralenti, vous avez fait de même. Mon analyse se vérifie également au Japon
ou en Corée ; je pense qu’elle s’applique à tous les grands pays.

232
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Mais personne n’est en mesure de prédire les futures innovations qui peuvent
révolutionner notre monde et apporter une nouvelle vague de forte productivité !
Ma prédiction ne va pas plus loin que les vingt-cinq prochaines années, période
pour laquelle les innovations qui vont se développer sont déjà là : la voiture sans
chauffeur, l’imprimante 3D, les petits robots, l’intelligence artificielle, etc. […] elles
seront source de gains de productivité mais de gains faibles. Par exemple le big data
sert surtout aujourd’hui les stratégies marketing des grandes entreprises, ce qui leur
permet de se prendre des parts de marchés les unes aux autres, un jeu à somme
nulle.
Quel que soit le niveau de productivité que nous aurons, vous insistez sur le fait
que peu en profiteront du fait du niveau des inégalités.
[…] Le 1 % les plus riches continue à s’approprier une part significative du revenu
national, tandis que la situation en bas de l’échelle ne s’améliore pas. Il y a
aujourd’hui un mouvement qui pousse à l’augmentation du salaire minimum aux
États-Unis. C’est positif, mais cela restera insuffisant pour remettre vraiment en
cause la hausse des inégalités.
Avons-nous vraiment besoin de productivité et de croissance pour améliorer
notre niveau de vie ?
Il y a bien entendu des progrès qui ne sont pas comptabilisés dans la productivité et
le produit intérieur brut (PIB). […] La réduction de la mortalité infantile, par exemple,
n’était pas dans les statistiques. Si nous arrivons demain à un air plus propre, cela ne
sera pas inclus non plus dans nos mesures, mais cela ne jouera pas plus qu’avant.
Nous pouvons donc être plus heureux même sans croissance ?
Je ne le crois pas. Dans une société sans croissance, faire des progrès d’un côté signifie
que certains perdent de l’autre. Seule la croissance de la productivité permet à tous de
gagner. Par exemple, pour lutter contre les inégalités, il faut accroître la scolarisation
précoce, mais comment la financer si la progression des revenus est faible ?
Partagez-vous alors le diagnostic de Daniel Cohen qui affirme que sans crois-
sance, c’est l’idée de progrès qui disparaît ?
[…] Je ne partage pas l’enthousiasme des « technoptimistes ». Je pense que notre
niveau de vie connaîtra des évolutions plus que des révolutions. Mais nous conti-
nuerons à faire de lents progrès.
Zoom sur l’ouvrage de R. Gordon, La croissance est derrière nous
[…] Robert Gordon relance le débat sur l’avenir de la croissance et des innovations
avec un livre magistral de plus de 700 pages. Il y refait l’histoire de la croissance et
des transformations du niveau de vie aux États-Unis de 1870 à nos jours. […] Que
l’on adhère ou pas aux analyses de Gordon, on se délecte à la lecture de ce livre qui
nous plonge dans les ressorts de la croissance à long terme.
Propos recueillis par Christian Chavagneux,
Alternatives économiques, n° 353, janvier 2016

233
SYNTHÈSE
Potentiel de croissance économique

Rôle des facteurs de production

Facteur travail Facteur capital Ressources naturelles

Analyses empiriques : Malthus et Ricardo


La quantité de facteurs de production contribue La raréfaction des ressources
pour moins de 50 % à la croissance économique. devrait conduire à l’épuisement
Plus de 50 % de la croissance économique proviendraient du potentiel de croissance.
d’un résidu souvent attribué au progrès technique.

Rôle du progrès technique

Progrès technique Productivité globale des facteurs (PGF)


Ensemble des innovations permettant Contribution à la croissance de la « qualité »
d’améliorer le système productif, du capital et du travail (progrès technique
la création de nouveaux produits et procédés au sens large)

Analyses théoriques de l’influence du progrès technique


sur la croissance économique

Approche de Solow (1956) Théorie de Schumpeter Théories de la croissance


Sans progrès technique, (1912) endogène (Barro, Lucas,
l’économie tend vers Le progrès technique Romer, Aghion) (depuis
un état stationnaire et les innovations majeures les années 1980)
(PIB/hab. maximum). sont à l’origine de grappe La croissance économique
Le progrès technique d’innovations, d’un phénomène est autoentretenue par
permet cette croissance de « destruction créatrice » des facteurs endogènes
mais il est exogène. et de cycles Kondratiev. aux systèmes économiques,
sources d’externalités
positives.

Fondements des théories de la croissance endogène

Capital Capital Capital


Capital public
physique humain technologique

234
CHAPITRE
13 Croissance économique
et développement
durable
PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Caractériser le développement durable • Développement durable :
dans ses trois dimensions dimensions économiques, sociales
• Analyser les effets attendus des et environnementales
mesures de politique environnementale • L’environnement, illustration
sur les comportements des acteurs de défaillances de marché (Coase, Pigou,
• Analyser les opportunités et les limites Hardin, Ostrom)
du développement durable en termes de • Degré de soutenabilité de la croissance :
croissance économique faible (Stiglitz) ou forte
• La transition énergétique
• Les instruments des politiques
environnementales : fiscalité,
droits à polluer, réglementation
• Apparition de logiques économiques
différentes : économie circulaire,
économie des fonctionnalités

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les trois dimensions du développement durable • 2. La prise en compte de
l’environnement par l’économie • 3. La croissance économique est-elle soutenable ?
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

D epuis les débuts de l’industrialisation, la croissance est basée sur l’utilisation d’éner-
gies fossiles aux conséquences néfastes pour l’environnement. Qu’est-ce que le déve-
loppement durable ? Une croissance respectueuse de l’environnement est-elle possible ?

MOTS-CLÉS
Bien environnemental • Coût de transaction • Développement durable • Écologie
• Économie circulaire • Économie des fonctionnalités • Transition énergétique • Soutenabilité
• Pollution • Ressources non renouvelables • Services écosystémiques • Transition énergétique
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux

1  Les trois dimensions du développement durable


C’est dans un contexte de mise en évidence des méfaits écologiques et sociaux de la
croissance économique, dès les années 1980 – les deux dimensions étant liées –, que le
concept de développement durable a fait son apparition.
Définition
Le développement durable est, selon le rapport Brundtland (1987), défini comme
un développement répondant aux besoins du présent sans compromettre la capacité
des générations futures à répondre à leurs propres besoins.

Le développement durable adjoint une perspective de long terme au développement éco-


nomique et, pour certains, à la croissance économique (  chapitre 11). Celle-ci doit se com-
biner avec les objectifs sociaux et environnementaux définis dans nos sociétés sur le temps
long. Le développement durable se trouve donc à la croisée de trois dimensions (fig. 13.1).

Dimension Durabilité
économique

Dimension Dimension
sociale écologique

Équité Vivabilité Viabilité


Figure 13.1  Dimensions du développement durable

Le développement ne peut être qualifié de durable que s’il satisfait à une triple obligation :
•• Sociale. Il doit satisfaire les besoins essentiels de la vie en réduisant les inégalités
entre les individus et les disparités régionales.
•• Économique. Il doit créer des richesses et améliorer les conditions de vie matérielles.
•• Écologique. Les deux premiers objectifs doivent être atteints en préservant la diver-
sité des espèces, le climat et les ressources naturelles.
Le développement durable doit tenter de répondre à ces trois conditions en combinant
une dimension équitable (création de richesses sans créer trop d’inégalités), vivable
(satisfaction des besoins essentiels à la vie tout en préservant l’environnement) et viable
(création de richesse matérielle tout en préservant l’environnement).

  EXERCICE 2 • EXERCICE 3

236
Chapitre 13 Croissance économique et développement durable

2  La prise en compte de l’environnement


par l’économie
Il est aujourd’hui évident que le fonctionnement de nos sociétés industrielles est néfaste
pour l’environnement. La croissance économique mondiale repose, en grande par-
tie, sur une augmentation des pressions environnementales – développement urbain,
extraction de ressources fossiles (pétrole, charbon) et renouvelables (ressources halieu-
tiques, forestières), pollutions, accumulation de déchets – entraînant des modifications
majeures du climat et une dégradation importante des écosystèmes. La promotion du
libre-échange depuis les années 1970 a accru la pollution due aux échanges de marchan-
dises à travers le monde.

A L’environnement et les défaillances de marché


1. Une typologie des biens environnementaux
L’économie distingue différents types de biens environnementaux, les deux principaux
étant les biens communs et les biens publics (  chapitre 5). Les biens communs font
l’objet, selon les économistes de l’environnement, de ce que Hardin a qualifié en 1968 de
« tragédie » ; face à une ressource naturelle libre d’accès mais limitée, chacun est poussé Garrett Hardin
à assurer la satisfaction de ses propres intérêts au détriment de l’intérêt commun. (1915-2003)
Écologue américain
Exemple internationalement
◗◗ Les ressources halieutiques étant limitées, chaque pêcheur à individuellement intérêt à connu depuis son article
The Tragedy of the
pêcher le plus possible, au risque d’exploiter la ressource au-delà d’un niveau permettant
Commons, il décrit le
son renouvellement. ◗ pillage des ressources
naturelles.
Ce conflit entre intérêts privé et collectif se traduit par l’épuisement des ressources.
2. L’altération de la qualité des biens environnementaux
Les biens environnementaux sont sujets à l’altération de leur qualité.
Exemple
◗◗La pollution constitue une externalité négative car, émanant d’une activité économique,
elle nuit au bien-être collectif. ◗

Les externalités négatives (  chapitre 4), comme la dégradation de la qualité environ-


nementale, ne sont pas prises en compte par le marché, du fait de l’absence de droits de
propriété privée sur les biens environnementaux. En ce sens, le marché est défaillant :
dans sa quête du bien-être collectif (via l’allocation optimale des ressources), il ne tient
pas compte des dégradations causées par l’activité de production aux biens ne faisant
pas l’objet de transactions marchandes comme les biens environnementaux.
Cependant certaines activités génèrent des externalités positives
Exemple
◗◗ La pollinisation effectuée par les abeilles d’un apiculteur, la beauté des paysages naturels
ou encore les services écosystémiques sont autant d’externalités positives. ◗

237
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux

Selon Coase (  chapitre 5), si les droits de propriété sur le bien environnemental sont
bien définis, si on peut clairement identifier les pollueurs et les victimes de la pollution
et si les coûts de transaction sont nuls alors les externalités peuvent être réglées par la
négociation (forme de coût de transaction) :
––d’une compensation monétaire venant indemniser le dommage subi par les pollués
(principe du « pollueur-payeur ») ;
––du financement des coûts de dépollution.
Définition
Les coûts de transaction recouvrent tous les coûts liés à l’échange économique
(coûts de formalisation du contrat, coûts de recrutements ou coûts de contrôle
post-transaction).

La solution proposée par Coase est libérale ; elle exclut toute intervention de l’État. Le
marché retrouve son optimalité puisque la défaillance révélée par les externalités néga-
tives est annulée sans intervention externe.
Exemple
◗◗Une usine rejette ses déchets dans un étang privé. Le propriétaire de l’usine peut négocier
une compensation avec le propriétaire du lac :
–– soit le propriétaire de l’usine dédommage le propriétaire du lac pour la pollution engendrée ;
–– soit le propriétaire du lac paie celui de l’usine pour qu’il cesse la pollution (ce choix
dépend du détenteur des droits de propriété). ◗

Plus globalement, pour les néoclassiques, l’économie de l’environnement doit prendre


en compte les pollutions et la limitation des ressources non renouvelables par un
mode de coordination spécifique, celui du marché. L’idée est qu’il convient d’évaluer le
coût économique de la pollution ou des atteintes à l’environnement ainsi que la valeur
monétaire des services écosystémiques afin d’opérer un arbitrage entre activité écono-
mique et sauvegarde de l’environnement et ainsi de retrouver l’optimum économique
tel que défini par Pareto (  chapitre 5).

B Les instruments de la politique environnementale


1. Les instruments réglementaires
Les instruments réglementaires sont les normes contraignantes imposées par les États.
Exemple
◗◗Les seuils de pollution à ne pas dépasser ou l’interdiction explicite de certains produits ou
pratiques polluants sont autant de mesures réglementaires à la disposition des États. ◗

2. Les instruments économiques


Les instruments économiques reposent sur des mécanismes de marché : en modifiant
le système de prix en vigueur (taxes, subventions), ils visent à décourager les pratiques
polluantes. La modification des coûts de production qui en résulte incite les entreprises
à internaliser les externalités négatives qu’elles génèrent. Dans les faits, cela revient à

238
Chapitre 13 Croissance économique et développement durable

faire supporter une partie des coûts de dépollution et de dégradation environnementale


aux acteurs du marché qui en sont responsables (principe du ­pollueur-payeur).
Exemple
◗◗ La taxe pigouvienne (Pigou, 1932) consistait à imposer une sanction financière à l’entre-
prise par unité de rejet polluant. ◗

Les échanges de droits à polluer (permis d’émission) consistent en la création d’un nou-
veau marché.

FOCUS Le marché des droits à polluer


Face à la dégradation de l’environne- la lutte contre le réchauffement clima-
ment dû à l’augmentation des émissions tique. Une fois le plafond fixé, l’Union
de gaz à effets de serre (GES), l’Union octroie des « droits à polluer » aux dif-
européenne a décidé en 2005 de créer férentes industries. Les mécanismes La charte de l’agriculture
un marché des droits à polluer, égale- de marché prennent alors le relais : les biologique (AB) :
ment appelés « permis d’émission ». Le entreprises qui ont un malus peuvent
principe est simple : l’UE décide d’un acheter des « droits à polluer » aux
« plafond » de pollution globale pour les entreprises disposant d’un bonus. Le
pays européens à ne pas dépasser pour prix est fixé librement (jeu de l’offre et
http://dunod.link/
respecter les engagements en faveur de de la demande). svjnpwt

3. Les instruments contractuels


Les instruments contractuels consistent à proposer des incitations à la production ou Elinor Ostrom
à la consommation de biens et services respectueux de l’environnement (ex. : chartes, sur le management
des communs
labels, normes ISO volontaires). (vidéo en anglais) :
4. Des solutions multifaisceaux
C’est par la combinaison des trois types d’instruments que l’État peut mettre en place
une véritable transition énergétique.
http://dunod.link/eds9ifa
Définition
La transition énergétique désigne l’ensemble des changements engagés pour réduire
les conséquences négatives sur l’environnement de la production, de la distribution
et la consommation d’énergie.

À partir d’une approche institutionnaliste, Ostrom (1933-2012) remet en cause l’exis- Elinor Ostrom
(1933-2012)
tence d’une solution unique passant par le marché. En mobilisant de nombreuses études
Économiste américaine,
de cas, elle explique que la tragédie des communs n’est pas une fatalité, et qu’il existe une distinguée en 2009
alternative aux droits de propriétés individuels et à une intervention étatique. Elle montre par le prix Nobel
que des groupes ont réussi à gérer des ressources communes par une action collective. d’économie, au côté de
Williamson, pour ses
recherches sur les biens
  EXERCICE 4 • ÉTUDE DE DOCUMENTS 5
communs, elle adopte
une vision décentralisée
des décisions politiques.

239
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux

3  La croissance économique est-elle soutenable ?


Définition
« Meadows : La soutenabilité d’une économie est sa capacité à concilier croissance économique
La croissance mondiale et développement durable.
va s’arrêter…
et alors ? » :
A Une soutenabilité faible basée sur le progrès technique
Le concept de soutenabilité faible a été mis en avant notamment par Solow et Stiglitz.
http://dunod. Cette vision optimiste de la soutenabilité se base sur la théorie néoclassique selon
link/0ia2tla laquelle la croissance économique est le résultat de l’utilisation de différents facteurs :
le travail, le capital productif (machines), le capital humain et le capital naturel. L’hy-
pothèse est alors qu’il existe une substituabilité entre les capitaux ; si l’on diminue le
capital naturel (à cause de la surexploitation ou de la pollution), on pourra augmenter
les deux autres capitaux pour continuer à produire plus. En d’autres termes, les tenants
Joseph E. Stiglitz de la soutenabilité faible pensent que le progrès technique viendra compenser la dispa-
(né en 1943)
rition des ressources non renouvelables.
Économiste américain,
représentant des
« nouveaux keynésiens »,
distingué en 2001 par
B Soutenabilité forte et changement de modèle de croissance
le prix Nobel aux côtés
d’Akerlof et Spence, La théorie de la soutenabilité forte est plus pessimiste. En effet, on considère ici que
il incarne l’économie les atteintes au capital naturel sont en grande partie irréversibles et non substituables.
de l’information. Il a Ainsi, certaines pollutions sont irréparables et certaines ressources ne sont pas renouve-
également réfléchi, lables. Par conséquent, il convient de préserver à tout prix le capital naturel.
en 2008, avec Sen
et Fitoussi, aux À la différence de l’économie de l’environnement, les économistes écologiques consi-
changements des dèrent que la question environnementale n’est pas un sous-système inclus dans l’écono-
instruments de mesure
mie à internaliser par le marché. Au contraire, l’économie est incluse dans un ensemble
de la croissance à
la demande de la plus grand, la biosphère. D’où la question de la taille pertinente de l’économie au sein de
présidence française. la biosphère, et donc une remise en cause de la primauté de la croissance, et l’adoption
d’une démarche systémique. Il en découle une recommandation radicale : la décrois-
La décroissance expliquée sance ou, tout du moins, une acroissance pour sortir du productivisme actuel.
en 3 minutes : Cette notion de soutenabilité forte a fait émerger les concepts d’économie circulaire et
d’économie des fonctionnalités.
Définitions

http://dunod.link/
• L’économie circulaire consiste à mettre en avant une prévention et une gestion
hq4o22k efficace des ressources de la production à la gestion des déchets en passant par la
consommation. Elle vise à développer des circuits courts, locaux.
• L’économie des fonctionnalités vise à remplacer la notion de vente du bien par
celle de vente de l’usage du bien (ex. : Michelin ne vend plus des pneus mais des
kilomètres parcourus).

  ÉTUDE DE DOCUMENTS 5

240
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1  Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.
Vrai Faux
1. Le développement durable est un concept de court terme. ∙ ∙
2. Le développement durable est au croisement de trois sphères : ∙ ∙
société, économie et environnement.
3. La croissance économique mondiale repose en grande partie sur ∙ ∙
l’utilisation de ressources renouvelables.
4. La « tragédie des biens communs » est rendue possible par la présence ∙ ∙
de ressources limitées.
5. Face aux externalités négatives, Coase propose une intervention ∙ ∙
de l’État.
6. Pour les néoclassiques, la pollution de la nature peut être monétisée. ∙ ∙
7. Pour l’économie écologique, la nature n’est pas soluble dans le ∙ ∙
marché.
8. Selon le principe de précaution, il faut essayer les choses même sans ∙ ∙
certitudes scientifiques.
9. La culture d’OGM est autorisée en France. ∙ ∙
10. Selon la soutenabilité faible, la pollution peut être compensée par ∙ ∙
le progrès technique.

2  Les trois dimensions du développement durable ★★★


Pour chacune des propositions ci-après, indiquez si elle concerne la dimension vivable,
équitable ou viable du développement durable.
1. La mairie met en place des bacs de recyclage du verre à disposition de tous.
2. L’État investit dans des éoliennes.
3. Le gouvernement verse un Revenu de solidarité active (RSA) au plus démunis.
4. L’économie sociale et solidaire est en plein développement.
5. Le ministère de l’Écologie impose des quotas de pêches pour lutter contre la surexploitation.
6. L’État verse une aide aux entreprises pour la transition énergétique.

241
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 Un développement pluridimensionnel ★★★

Compétence attendue Caractériser le développement durable dans ses trois


dimensions

En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, vous répondrez aux questions
ci-après.
1. Qu’est-ce que le développement durable ?
2. Quelles sont les trois dimensions du développement durable ?
3. À quelle dimension du développement durable chacun des neuf défis stratégiques
énoncés dans l’annexe se rattache-t-il ? Illustrez chacun d’entre eux par des exemples.

La stratégie nationale du développement durable


Annexe

La stratégie nationale du développement durable (SNDD) propose une architecture


commune à tous les acteurs de la nation, publics et privés, pour les aider à structu-
rer leurs propres projets de développement durable autour de choix stratégiques et
d’indicateurs qui ont fait l’objet d’un large consensus. Elle a notamment vocation
à assurer la cohérence et la complémentarité des engagements internationaux et
européens de la France et des politiques nationales, transversales ou sectorielles.
La stratégie nationale vise, en développant une économie plus sobre en ressources
naturelles et décarbonée, à faire de la France un des acteurs majeurs de l’économie
verte, qui est la seule compatible avec le développement des pays émergents, tout en
poursuivant un objectif de justice et d’équité sociale. Elle s’articule à cette fin autour
de neufs défis stratégiques, cohérents avec nos engagements européens, et que nous
devons relever pour aller vers une économie verte et équitable : une consommation
et production durable, une société de la connaissance, la gouvernance, le change-
ment climatique et les énergies, la conservation et la gestion durable de la biodi-
versité et des ressources naturelles, la santé publique, la prévention et la gestion des
risques, la démographie, l’immigration et l’inclusion sociale, les défis internatio-
naux en matière de développement durable et de pauvreté dans le monde.
Source : ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement,
« Stratégie nationale de développement durable 2010-2013 »

242
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

4 Inciter les acteurs à plus de respect de l’environnement ★★★

Compétences attendues • Analyser les effets attendus des mesures de politiques


environnementales sur le comportement des acteurs
• Analyser les opportunités et les limites du développe-
ment durable en termes de croissance économique

En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, vous répondrez aux ques-
tions ci-après.
1. Calculez en pourcentage la baisse des émissions de CO2 des véhicules neufs entre 2005
et 2015.
2. À quel type de politique environnementale l’annexe 1 correspond-elle ? En quoi cela
a-t-il eu un effet sur le comportement des acheteurs ?
3. Quel est l’objectif de la mise en place d’un péage urbain ?
4. À quel type de politique environnementale la mise en place d’un péage urbain corres-
pond-elle ? Quel en a été l’effet sur le comportement des automobilistes ?
5. Citez deux effets positifs et deux effets négatifs de la mise en place d’une norme de pol-
lution en matière de croissance économique ?
6. Citez deux effets positifs et deux effets négatifs de la mise en place d’une taxe en matière
de croissance économique ?
7. Quel(s) autre(s) instrument(s) pouvons-nous envisager pour limiter la pollution ?

Émissions moyennes de CO2 (g/kg) des voitures particulières et des utilitaires


Annexe 1

légers neufs en France (CGDD, 2015)


180
170
160
150
140
130
120
110
100
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Voitures particulières neuves Utilitaires légers neufs

243
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Péage urbain et lutte contre le réchauffement climatique


Annexe 2 Milan, l’une des villes les plus motorisées d’Europe et fortement polluée, a mis
en place en janvier 2012 un péage urbain afin de réduire le trafic et améliorer la
qualité de son air. Ce système, baptisé « Area C », impose au conducteur de tout
véhicule, du lundi au vendredi de 7h30 à 19h30, le paiement d’un ticket d’entrée
de 5 euros. Seuls sont exemptés les deux-roues et les voitures électriques […]. Dans
la ville, le trafic a diminué de 28 % par rapport à 2011, tandis que l’usage du bus et
du tramway aux heures de pointe s’est développé (+6,9 % et 4,1 % respectivement).
La part des véhicules propres est passée de 9,6 % à 16,6 %. Résultat : les émissions
de particules fines PM10 (d’un diamètre égal ou inférieur à 10 µ) ont été réduites de
10 % et celles de CO² de 35 %.
Source : « Milan primé pour son péage urbain », Le Monde, 20 mai 2014

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

5 Étude de documents : le marché de l’environnement ★★★◗ 45 mln

Compétences attendues • Caractériser le développement durable dans ses trois


dimensions
• Analyser les effets attendus des mesures de politiques
environnementales sur le comportement des acteurs
• Analyser les opportunités et les limites du développe-
ment durable en termes de croissance économique

Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions ci-
MÉTHODE 1 après.

Travail à faire
1. Donnez une définition du développement durable. Insistez sur le caractère pluri-
dimensionnel de cette notion.
2. En quoi la croissance économique est-elle responsable des émissions de gaz à effet de
serre ?
3. Expliquez les trois étapes de la courbe environnementale de Kuznets (annexe 3).
4. À l’aide de l’annexe 4, quelles critiques pouvez-vous adresser à cette courbe ?
5. Expliquer le fonctionnement du marché européen du carbone.
6. Comment l’imposition de taxes environnementales peut-elle favoriser la croissance
économique ?

244
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

7. 
Quelles sont les limites et les opportunités du développement durable en matière de
croissance économique ?
8. Face au changement climatique, la croissance économique est-elle toujours néces-
saire ?

Évolution du prix du carbone sur le marché européen (euro/t de CO2, ICE)


Annexe  1

18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
14
10

16
13
12

15

17
11
20

20

20

20

20

20

20

20
n

n
Ja

Ja

Ja

Ja

Ja

Ja

Ja

Ja
Recettes fiscales liées à l’environnement en 2012 (OCDE, 2015)
Annexe  2

0
OCDE

HUN

DNK
CAN

SWE

SVN
NLD
GRC
DEU

GBR
CHE

AUT
USA

POL
FRA
SVK

CZE
PRT
ESP

EST
BEL

FIN
ITA
IRL

245
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Courbe environnementale de Kuznets (Sénat, rapport d’information n° 233)


Annexe  3
Dégradation
de l’environnement

Point d’inflation

Pollution
réduite

Pollution
croissance

Revenu par habitant

L’effet d’échelle : un accroissement de l’activité économique conduit, en lui-même,


à une pression plus forte sur l’environnement. Plus de production nécessite plus
d’inputs et crée plus de déchets et d’émissions polluantes, car ce sont là des produits
joints.
L’effet de composition : à mesure que les richesses s’accumulent, la structure du
système productif évolue. […] L’hypothèse est que, au-delà d’un seuil de dévelop-
pement, la société tend à augmenter la part des activités plus « propres ». Dans
un premier, le passage d’une économie rurale à une société urbaine et industrielle
aggrave les rejets polluants. Mais le déclin de la part des industries lourdes inten-
sives en énergie et l’émergence des secteurs des services intensifs en technologie et en
capital humain desserrent la contrainte écologique en exerçant une action baissière
sur l’intensité en émission du PIB.
L’effet technologique : à partir d’un certain niveau de richesses, une nation peut
consacrer une partie de son capital aux activités de R&D et en particulier vers une
meilleure efficacité écologique des procédés de fabrication. Les innovations consécu-
tives permettent de substituer des machines toujours plus performantes à des équi-
pements obsolètes et « sales ».
On comprend donc que l’existence d’une courbe environnementale de Kuznets
suppose que, au-delà d’un seuil de revenu par tête, l’effet d’échelle est plus que
compensé par les deux autres (surtout, le troisième).
Source : A. Meunié, « controverse autour de la courbe environnementale de Kuznets »,
CED, université de Bordeaux-IV, 2004.

246
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Répartition mondiale de la pollution (Banque mondiale et CGDD, 2018)


Annexe  4

Répartition régionale des émissions de GES (t de CO2 éq./hab.) en 2012,


y compris utilisation des terres
25
Amérique du Nord 13,9 %
Japon, Corée du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande 5,7 %
20
Europe et ex-URSS hors UE 8,2 %
15
Amérique centrale et du Sud 10,9 %
10
Moyen-Orient 4,6 %
Autres : Asie
5 Chine 24,3 % UE 28 et Océanie 6,9 %
8,9 % Afrique Inde 5,7 %
10,8 %
0
0 1 2 3 4 5 6

Répartition régionale des émissions de GES (t de CO2 éq./unité de PIB) en 2012,


y compris utilisation des terres
1,4
Afrique 10,8 % Japon, Corée du Sud,
1,2 Australie et Nouvelle-
Europe et ex-URSS hors UE 8,2 %
1 Zélande 5,7 %
Amérique centrale et du Sud 10,9 %
0,8 Autres : Asie et Océanie 6,9 % Moyen-Orient 4,6 %
0,6 Inde 5,7 %
0,4 Chine
24,3 % Am. Nord
0,2
13,9 % UE 28 8,9 %
0
0
0

0
00

00

00

00

00

00

00

00
00
70
10

20

30

40

50

60

80

90

247
SYNTHÈSE
Croissance économique et développement durable

Les trois dimensions du développement durable

Dimension Dimension
sociale économique

Dimension
écologique

La prise en compte de l’environnement par l’économie


••La tragédie des biens communs (Hardin)
••Les biens environnementaux, victimes d’externalités négatives
••Coase, ou les coûts de transaction et la négociation
••Trois instruments de politique environnementale : mesures réglementaires, écono-
miques et contractuelles

La croissance économique est-elle soutenable ?


Soutenabilité faible Soutenabilité forte
Progrès technique ••Décroissance
••Économie circulaire
••Économie des fonctionnalités

248
CHAPITRE
14 Ouverture internationale
et croissance économique
PROgRAMME
Compétences attendues Savoirs associés
• Distinguer internationalisation • Internationalisation, mondialisation
et mondialisation • Échanges internationaux : inter et intra-
• Caractériser les principaux flux branche, intrafirme, intrarégionaux
d’échanges • Régulation du commerce mondial :
• Expliquer le rôle des FMN et de la division organisation et principes
internationale des processus de production
dans la dynamique des échanges
• Intégration économique régionale
• Investissement direct à l’étranger (IDE)
• Justifier la défense du libre-échange
• Firmes multinationales, division
et les motivations protectionnistes
internationale des processus de
• Identifier les différentes modalités production et chaînes de valeur mondiales
du protectionnisme
• Libre-échange : définition, principales
• Identifier les principaux soldes de théories, conséquences.
la balance des paiements d’une nation
• Protectionnisme : définition, modalités,
• Analyser la situation extérieure d’un principales théories, conséquences
pays à partir d’indicateurs et en repérer
les conséquences sur la croissance • Balance des paiements

• Expliquer les enjeux des politiques • Politique d’attractivité


et de compétitivité
d’attractivité vis-à-vis de la croissance

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Internationalisation, mondialisation, globalisation • 2. Régulation
et institutions internationales • 3. Libre-échange ou protectionnisme ? • 4. Analyse
de la situation extérieure d’un pays
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

D ans l’analyse classique, le commerce international joue un rôle déterminant. Les pays
doivent embrasser le libre-échange pour connaître un développement économique
rapide. Pourtant, dans les faits, de nombreux États ont mis en place des mesures de protection.

MOTS-CLÉS
Avantage comparatif • Attractivité • Balance des paiements • Commerce intrarégional
• Compétitivité • Dotation factorielle initiale • Économies d’échelle • FMN
• Internationalisation • IDE • Libre-échange • Mondialisation • Protectionnisme
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux

1  Internationalisation, mondialisation, globalisation 


Le commerce international, tiraillé entre repli protectionniste et libre-échange, a été
étudié dès le 18e siècle par les économistes classiques.

A L’ouverture internationale, un phénomène protéiforme


Bien que souvent réduite à sa seule composante économique, la mondialisation est
avant tout un phénomène multidimensionnel.
Définition
« Mondialisation » (globalization) est le terme générique utilisé en français pour
désigner le processus d’interdépendance croissante des économies nationales.

La mondialisation revêt essentiellement quatre dimensions :


––culturelle ;
––humaine ;
––financière (parfois dénommée « globalisation ») ;
––économique et commerciale (internationalisation).
Aujourd’hui, le terme est le plus souvent utilisé pour décrire la création d’un espace
économique mondial de plus en plus intégré. La mondialisation désigne alors l’augmen-
tation rapide et continue des échanges de biens et services à l’échelle internationale.
Définition
L’internationalisation désigne soit le processus d’intensification des échanges de biens et
services entre les États, soit l’organisation de la production des firmes à l’échelle monde.

Par le biais de filiales, de la sous-traitance et d’investissements directs à l’étranger (IDE),


les firmes multinationales (FMN) divisent la production de leurs biens en plusieurs
étapes réalisées dans différents pays.
CHIFFRES-CLÉS L’internationalisation de la production est liée à la double croissance du commerce
Les flux intrafirmes mondial et de la globalisation financière dans un cadre plus général : la mondialisation.
sont difficiles à
mesurer, allant
de 10 % du total B Nature et caractéristiques des échanges internationaux
des exportations
de produits Au fil des siècles, les flux commerciaux caractéristiques de la mondialisation ont évolué :
manufacturés •• Dans un premier temps, les échanges mondiaux de biens entre pays se caractéri-
au Japon à 51 % saient majoritairement par des flux interbranches, c’est-à-dire à l’échange entre pays
en Suède (OCDE, de biens de nature différente, conséquence de la spécialisation des nations (Ricardo,
2011). Hecksher, Ohlin, Samuelson).
•• Avec la seconde mondialisation, la théorie économique a montré l’émergence de flux
intrabranches résultant de la convergence des PIB par tête des pays développés (Lin-
der) ou de la similarité des goûts des consommateurs (Krugman).

250
Chapitre 14 Ouverture internationale et croissance économique

La phase actuelle de mondialisation, la troisième, est marquée les flux intrafirmes, issus
de la division internationale de la production, et le commerce intrarégional (‌  cha-
pitre 10) entre pays signataires d’accords de libre-échange (Alena, Mercosur, UE…).
Exemples
◗ Flux inter et intrabranches : la France exporte des produits manufacturés (voitures) et CHIFFRES-CLÉS
importe des produits primaires (matières premières). À l’inverse, la France exporte des
69,5 % des
voitures en Chine et en importe en provenance d’Allemagne. exportations
Flux intrafirmes : Apple fabrique ses écrans au Japon, les proccesseurs en Corée du Sud et de l’UE sont réalisés
le tout est assemblé en Chine. vers d’autres pays
Flux intrarégionaux : des marchandises et services sont échangés au sein de l’Union euro- membres. Dans
péenne. ◗ l’espace de l’Alena,
les exportations
Avec la volonté de l’OMC de créer des zones de libre-échange, le commerce intra­ entre les trois pays
régional s’est fortement accru. représentent 50 %
du total (OMC,
Les échanges commerciaux internationaux sont dominés par les produits manufacturés,
2015).
suivis des services et des produits agricoles (fig. 14.1).
14 000

12 000

10 000

8 000 CHIFFRES-CLÉS

Le commerce
6 000 mondial de
marchandises
4 000 représente
15 710 milliards
2 000 de dollars, contre
4 730 milliards
0 de dollars pour
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2012 2014 2015 2016 les services
Produits agricoles Produits manufacturés Services commerciaux (OMC, 2017).

Figure 14.1.  Exportations mondiales par type (Mds $, OMC, 2017)

  EXERCICE 3

C Rôle des firmes dans la dynamique du commerce


­international
Les firmes multinationales sont des acteurs centraux de la troisième phase mondialisa-
tion aujourd’hui à l’œuvre.
Définition
Une firme multinationale (FMN) est une entreprise qui dispose d’une ou plusieurs
unités de production à l’étranger appelées « filiales ».

251
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux

CHIFFRES-CLÉS Le commerce mondial est donc structuré autour de la production des FMN à l’échelle
internationale et des investissements directs à l’étranger.
Les IDE sortants
représentent plus de Définition
1 381 milliards de Un investissement direct à l’étranger (IDE) est une opération financière par laquelle
dollars, soit 1,73 % une entreprise acquiert une partie d’une entreprise étrangère dans le but de la gérer.
du PIB mondial
(OCDE, 2017).
Contrairement à l’investissement de portefeuille, prise de participation minoritaire
dans le capital d’une société, dans le but de réaliser une plus-value ou d’obtenir des
dividendes, une entreprise qui réalise un IDE acquiert plus de 10 % du capital de l’en-
treprise étrangère dans l’optique de contrôler les décisions de production, de vente, etc.
(fig. 14.2).
4,00 %

3,50 %

3,00 %

2,50 %

2,00 %

1,50%

1,00%

0,50 %

0,00 %
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2012 2014 2015 2016 2017
Chaînes de
valeur mondiales et Figure 14.2.  Évolution de la part des IDE sortant dans le PIB mondial (OCDE, 2018)
croissance des pays
en développement : Sous l’effet des FMN, le commerce international se structure autour de la division
internationale des processus de production et des chaînes de valeur mondiales,
ensemble des activités productives, opérées pour un même produit, en différents lieux
du globe.
http://dunod.
link/512wv0z   EXERCICE 6

2  Régulation et institutions internationales


Depuis les années 1950, les échanges de biens et services entre les États ont explosé
sous l’effet d’institutions internationales les organisant et les régulant. Par l’action de
ces institutions, notamment l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a suc-
cédé au GATT en 1995, le libre-échange s’est imposé comme étant la seule voie de déve-
loppement. De nombreuses mesures facilitant les échanges, comme la suppression des
droits de douane (fig. 14.3) ont ainsi été adoptées.

252
Chapitre 14 Ouverture internationale et croissance économique

60

40

30

20

10

0
1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000

niveau moyen des droits de douane


Figure 14.3.  Évolution des droits de douane (%) sur les produits industriels depuis 1940
(source : Mehdi Abbas, Du GATT à l’OMC.)

Nombre d’institutions sont chargées de faciliter le commerce mondial :


•• Le Fonds monétaire international (FMI) contribue à la stabilité financière au niveau
mondial, facteur indispensable à la libéralisation des économies.
•• L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui réunit
36 pays, encourage la mise en place et le développement du libéralisme économique
à travers la défense du libre-échange, de l’économie de marché et de la concurrence.

3  Libre-échange ou protectionnisme ?
A Libre-échange
Définition
Pilier de l’école néoclassique, le libre-échange est une politique commerciale visant
à s’affranchir des obstacles à la libre circulation des biens et des services, jusqu’à l’ou-
verture complète des frontières.

1. Théorie des avantages comparatifs et dotations factorielles initiales


Parmi les déterminants de la croissance, les économistes se sont particulièrement inté-
ressés au rôle du commerce international, et ce dès 1817 avec la théorie de l’avantage
comparatif de Ricardo.
Définition
Pour Ricardo, chaque pays doit se spécialiser dans la production du bien pour lequel
il dispose d’un avantage comparatif. Il s’agit donc de produire le bien pour lequel
on est le plus efficace ou le moins mauvais comparativement aux autres pays.

253
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux

L’efficacité chez Ricardo est mesurée par la productivité du travail : plus les travail-
leurs sont efficaces dans la production d’un bien, moins il leur faut de temps pour le
Le théorème HOS produire, moins celui-ci est cher.
d’allocation optimale des
ressources par l’échange
La théorie des avantages comparatifs a notamment été reprise par Heckscher, Ohlin
porte les initiales de ses
auteurs, les économistes et Samuelson (théorème HOS) : la spécialisation des pays dépend de leurs dotations
suédois Eli Heckscher factorielles initiales.
(1879-1952) et Bertil
Ohlin (1899-1979) Exemple
ainsi que les Américains ◗◗ Un pays qui dispose d’un grand nombre de travailleurs a tout intérêt à se spécialiser dans
Paul Samuelson et
des biens nécessitant beaucoup de travail (produits à faible valeur ajouté). Au contraire, un
Wolfgang Stolper
(1912-2001). pays disposant de beaucoup de capital a tout intérêt à se spécialiser dans des biens à haute
valeur ajoutée qui nécessitent l’utilisation de machines perfectionnées. ◗
Bernard Lassudrie-
Duchêne (né en 1926) L’abondance d’un facteur explique son faible prix : chaque pays se spécialisant, il peut
Économiste français produire à bas coûts. Le commerce international résulte donc de relations « gagnants-­
spécialiste des échanges gagnants ».
internationaux,
il cherche à expliquer les Définition
échanges intrabranche, La dotation factorielle initiale désigne la quantité de facteurs de production (travail
dans le prolongement
ou capital) disponible dans un pays. Cela peut être des ressources naturelles, une
des travaux de Linder.
population importante ou des capitaux (ex. : machines ou technologies).
Burenstam Linder
(1931-2000) 2. Rôle de la demande
Économiste et homme
politique conservateur Dans les années 1960, l’économiste suédois Linder propose une explication du com-
suédois, il fonde la merce international intégrant la demande. Selon lui, la production nationale vise d’abord
nouvelle théorie du à satisfaire la demande intérieure. Ce n’est qu’une fois que celle-ci est satisfaite que le
commerce international pays peut exporter. Linder explique ainsi les flux intrabranches, les liant aux niveaux de
sur une analyse de
la différenciation développement respectifs des pays.
géographique des biens et Le rôle de la demande a aussi été mis en avant par Lassudrie-Duchêne pour qui le com-
du décalage temporel des merce international s’explique par un besoin de diversité des consommateurs. Il a théo-
innovations, contestant
ainsi le modèle HOS. risé le principe de demande differenciée, lequel a été repris par Krugman.
3. Nouvelle théorie du commerce international
Paul Krugman
(né en 1953) Considéré comme l’un des fondateurs de la « nouvelle théorie du commerce inter-
Économiste américain, national », Krugman cherche, à la suite de Linder, à expliquer l’émergence des flux
distingué par le prix intrabranches. En produisant, les entreprises bénéficient d’économies d’échelle
Nobel en 2008 pour (‌  chapitre 4) : plus elles produisent, plus le coût unitaire diminue (effets d’appren-
son travail sur les effets
des économies d’échelle tissage notamment). Les économies d’échelle expliquent que les firmes se retrouvent
sur le commerce en situation de quasi-monopole sur le marché national mais aussi qu’elles exportent
international et la leur surplus vers des pays étrangers. Selon les théories du commerce international,
localisation de l’activité tous les pays ont intérêt à adopter le libre-échange pour croître.
économique, il s’intéresse
à la concentration de 4. Limites du libre-échange
la production, base de
la nouvelle économie Le libre-échange crée des situations de dumping (  chapitre 10). Pour certains, libre-
géographique. échange et chômage seraient donc corrélés.

254
Chapitre 14 Ouverture internationale et croissance économique

En lien avec les pratiques de dumping, le libre-échange est, pour d’autres, créateur
d’inégalités, notamment de dotations factorielles entre pays mais aussi au sein même
des pays. Le libre-échange a des effets délétères sur l’environnement, décuplant des
échanges, par définition, polluants (  chapitre 13).

B Protectionnisme
Définition
Le protectionnisme est une politique commerciale qui vise à empêcher ou limiter les Le protectionnisme
dans le monde :
importations, soit l’ensemble des moyens mis en œuvre par un pays pour protéger
son marché intérieur de la concurrence internationale.

Le protectionnisme peut viser plusieurs objectifs : rééquilibrer les déficits extérieurs,


http://dunod.link/
protéger l’emploi national, aider une industrie à se développer, punir un pays étrangers nq1d7ss
(représailles) ou protéger son modèle social.
Le protectionnisme tarifaire, mis à mal par l’OMC, est en perte de vitesse face au protection-
nisme non tarifaire (tab. 14.1).

Tableau 14.1.  Protectionnisme tarifaire et non tarifaire

Protectionnisme tarifaire Protectionnisme non tarifaire

Imposition d’une taxe (droit de douane) à l’entrée Instauration de quotas, de réglementations


des biens en provenance de l’étranger afin (normes sociales, environnementales…) ou d’autres
d’en décourager la consommation sur le territoire règles spécifiques (ex. : interdiction d’importer
national (ex. : tarif « Méline » de 1892 qui protégeait en Europe du bœuf américain élevé aux hormones).
notamment l’agriculture).

Une troisième voie de protection existe pour un pays via la manipulation de son taux de
change (  chapitre 7) : on parle de « protectionnisme monétaire ».
1. Du protectionnisme éducateur au protectionnisme défensif
Dès le 19e siècle, List (1789-1846) a proposé un protectionnisme sélectif et temporaire
pour les industries naissantes. Face à ce protectionnisme jugé offensif, certains auteurs,
comme Kaldor (1908-1986) ont proposé la mise en place d’un protectionnisme défensif
protégeant toutes les industries, notamment vieillissantes ou fondamentales, mena-
cées par la mondialisation libérale afin de les aider dans leur reconversion.
2. Le protectionnisme, un moteur des exportations
Après avoir défendu le libre-échange, Krugman met sa théorie au service d’un protec-
tionnisme conquérant. Selon sa théorie, la protection peut servir de tremplin aux expor-
tations. Par le jeu des économies d’échelle, plus la production nationale augmente, plus
le coût moyen diminue. L’entreprise devient plus compétitive, ce qui lui permet à terme
de dépasser la concurrence et d’exporter plus.
Dans la même veine, de nombreux économistes mettent en avant la nécessité d’une poli-
tique protectionniste à l’échelle mondiale pour répondre aux exigences du changement

255
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux

climatique. L’idée est de promouvoir, par le biais de protections ciblées, les circuits
courts et le respect des normes écologiques.
3. Les externalités négatives du protectionnisme
La plupart des modèles se basent sur l’hypothèse que le pays étranger est passif. Or,
dans la réalité, lorsqu’un pays impose des mesures de protection, il s’expose à un risque
de représailles compromettant les économies d’échelle.
Exemple
◗◗ En 2018, les États-Unis ont annoncé mettre en place des droits de douane sur l’importation
des produits chinois à hauteur de 200 milliards de dollars. Après avoir déposé une plainte
auprès de l’OMC, la Chine a annoncé des mesures de représailles à hauteur de 34 milliards
de taxes sur les produits importés des États-Unis. ◗

Pour les néoclassiques, le protectionnisme comporte un risque intrinsèque : face à une


baisse de la concurrence, les industries peuvent cesser d’innover. Une baisse de l’innova-
tion et de la motivation peut, à terme, peser sur la croissance économique. Confrontés
aux mesures de protection, les consommateurs peuvent être empêchés de consommer
certains produits étrangers, avec un risque général d’augmentation des prix.

  QUESTIONNEMENT GUIDÉ 7

4  Analyse de la situation extérieure d’un pays


L’État doit assurer l’équilibre de sa balance commerciale (  chapitre 9), promouvoir les
exportations et attirer les investissements.

A Balance des paiements et ratios


Définition
La balance des paiements est un document comptable annuel enregistrant l’en-
semble des transactions économiques et financières d’une économie (agents rési-
dents, individus ou entreprises domiciliés en France) avec le reste du monde (agents
non résidents). Par convention, elle enregistre des flux.

1. Rubriques
La balance des paiements est composée de quatre rubriques :
•• Le compte de transactions courantes. Il enregistre, au crédit et au débit, toutes les
opérations portant sur les biens (balance commerciale), sur les services, sur les reve-
nus primaires (rémunération des salariés notamment) et les revenus secondaires
(ex. : aide au développement).
•• Le compte de capital. Il enregistre les transferts en capital (vente ou achat d’actifs
fixes comme les machines), les remises de dette et les acquisitions et cessions d’actifs
non financiers non produits (vente ou achat de brevets).

256
Chapitre 14 Ouverture internationale et croissance économique

•• Le compte financier. Y sont enregistrés les investissements directs à l’étranger (IDE),


les investissements de portefeuille, les produits financiers dérivés et les avoirs de
réserve. Il s’analyse non pas en termes de crédits et débits mais d’augmentation des
avoirs (signe « + ») ou augmentation des engagements (signe « – »).
•• Le poste « erreurs et omissions ». Y sont soulignées les difficultés d’enregistrement
des opérations économiques internationales.
2. Soldes de la balance des paiements
Un certain nombre de soldes et d’indicateurs sont déclinés à partir de la balance des
paiements. Ils aident à la lecture et à l’analyse de la situation extérieure d’une économie
(fig. 14.4).
Balance
Biens
commerciale

Services Balance
Compte des
de services transactions
Revenus primaires courantes Balance
de base
Balance
des opérations
Revenus secondaires non monétaires

Capitaux à long terme

Capitaux à court terme


non bancaires

Ajustements

Capitaux à court terme


Variation de la position monétaire extérieure
secteurs public et bancaire

Figure 14.4.  Soldes significatifs de la balance des paiements


(source : académie de Limoges)

•• Le solde de la balance commerciale représente la différence entre les exportations


et les importations de biens. Il permet d’évaluer la compétitivité et l’attractivité d’une
économie. Plus le solde sera positif, plus l’économie est considérée comme étant
compétitive.
•• Le solde du compte des transactions courantes exprime la valeur nette de l’en-
semble des échanges non financiers entre un pays et le reste du monde (balance com-
merciale + compte de services + revenus secondaires).
•• Le solde correspondant au besoin ou à la capacité de financement (  chapitre 6).
Il comprend le solde du compte des transactions courantes et le solde du compte
de capital (balance des opérations non monétaires). Il représente le montant net des
ressources que l’économie met à la disposition du reste du monde (s’il est positif) ou
qu’elle reçoit du reste du monde (s’il est négatif).

257
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux

•• Le solde du compte financier (capitaux à court terme du secteur public et bancaire)


montre comment la capacité (ou le besoin) de financement a été utilisée. En effet,
il mesure les achats et les ventes d’actifs à des non-résidents. Le solde du compte
financier fournit des indications sur l’intégration financière d’une économie dans le
monde ainsi que sur l’attrait des valeurs mobilières (les actions notamment) pour les
investisseurs non-résidents. En cela, la balance des paiements constitue cette fois un
indicateur de vulnérabilité financière.
•• La position monétaire extérieure représente le patrimoine ou l’endettement net des
français vis-à-vis de l’étranger. Lorsque la position extérieure est négative cela signifie
que les français reçoivent davantage de capitaux de l’étranger qu’ils n’y investissent.
L’analyse des différents soldes de la balance des paiements est facilitée par trois ratios
principaux : le taux de couverture, le taux de capacité de financement et le degré d’ou-
verture.

NOTRE CONSEIL FOCUS Calcul des ratios de la balance des paiements


N’oubliez pas que le Montant des exportations de biens
degré d’ouverture • Taux de couverture = × 100
Montant des importations de biens
d’un pays peut
être élevé du fait On cherche à savoir si l’argent récolté grâce aux exportations « couvre » la somme dépen-
des importations, sée pour le paiement des importations.
ce qui n’est pas Besoin ou capacité de financement
nécessairement • Taux de capacité de financement = × 100
un signe de bonne PIB
santé économique. Avec, Besoin ou capacité de financement = Solde du compte courant + Solde du compte
de capital.
Exportation de biens et services + Importations de biens et services
2 × 100
•  Degré d'ouverture =
PIB
Il mesure l’insertion du pays dans le commerce international.

B Amélioration de la situation extérieure : politique d’attractivité


et de compétitivité
1. Politique d’attractivité
Les zones franches Dans un contexte de mondialisation, il est essentiel pour un pays de mener une poli-
urbaines : tique d’attractivité afin d’attirer les IDE, une main-d’œuvre qualifiée et de stimuler la
recherche et l’innovation. La politique d’attractivité a donc une visée économique mais
aussi touristique.
Définition
http://dunod.link/
sozjvbd Une politique d’attractivité est une forme de politique structurelle visant à améliorer
les conditions d’accueil des investissements étrangers afin d’attirer des entreprises
(ou de faciliter leur implantation), des compétences et des financements extérieurs.

258
Chapitre 14 Ouverture internationale et croissance économique

La politique d’attractivité recourt à différents canaux :


––le développement des infrastructures afin de développer les échanges économiques CHIFFRES-CLÉS
tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays ;
La France est le
––une politique fiscale ou sociale (dumping) favorable aux entreprises et investisseurs 1er pays créateur
étrangers.
d’entreprises en
Elle peut être nationale (ex. : finance) ou locale (ex. : zones franches). Europe et se place à
Si la France ne recourt ni au dumping fiscal ni au dumping social, ses infrastructures, la 3e place mondiale
l’efficacité de ses institutions (un investisseur est bien protégé) et la qualification de sa pour l’accueil
d’entreprises,
main-d’œuvre sont des leviers d’innovation majeurs.
avec plus de
2. Politique de compétitivité 25 000 entreprises
étrangères
Définition employant près
La compétitivité économique d’un pays, d’un territoire ou d’une entreprise désigne de 2 millions de
sa capacité à vendre un bien ou un service de façon durable dans une situation de personnes (France
concurrence. En d’autres termes, la compétitivité révèle la capacité à garder ou diplomatie, 2017).
conquérir des parts de marché.

En économie, on distingue deux types de compétitivité :


•• La compétitivité-prix. Elle désigne la capacité d’un pays ou d’une entreprise à vendre
un produit moins cher que la concurrence, au moyen d’une politique fiscale ou sociale
avantageuse pour les entreprises (moindre taxation, salaires plus faibles).
•• La compétitivité hors-prix n’est pas liée au prix de vente du bien ou du service mais à
des caractéristiques intrinsèques telles que la qualité, l’originalité, l’image de l’entre-
prise ou encore sa capacité à proposer des produits innovants.

FOCUS Les grappes industrielles ou clusters


La France cherche depuis quelques années à déve- évoluant dans des domaines proches créent des
lopper la compétitivité hors-prix des entreprises du ponts entre les acteurs et favorisent la compétiti-
territoire. Elle les a notamment incités à développer vité hors-prix. 71 pôles de compétitivité sont recon-
des grappes industrielles ou pôles de compétitivité. nus par l’État, dont Aerospace Valley, fondé en 2005
Regrouper sur un même territoire des entreprises et entre les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie
des institutions travaillant dans le même domaine dans le domaine de l’aéronautique, de l’espace et
favorise la transmission des savoir-faire, la R&D et des systèmes embarqués (laboratoires de recherche,
l’innovation. Des structures privées et publiques PME et grandes entreprises).

  EXERCICE 2 • EXERCICE 5 • QUESTIONNEMENT GUIDÉ 7

259
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1 Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.
Vrai Faux
1. La mondialisation est un phénomène uniquement économique ∙ ∙
2. Les différentes vagues de mondialisation ont été permises grâce à la baisse
∙ ∙
des coûts de transport
3. La majorité des exportations de l’UE se font à destination d’autres pays
∙ ∙
de l’UE
4. La majorité des exportations mondiales sont des exportations de produits
∙ ∙
agricoles
5. L’OMC est une institution internationale qui cherche à développer le pro-
∙ ∙
tectionnisme
6. La théorie développée par Ricardo s’appelle « théorie des avantages abso-
∙ ∙
lus »
7. Le protectionnisme tarifaire est mis en place à travers des droits de douane ∙ ∙
8. Pour la balance des paiements française sont considérées comme agents
résidents uniquement les personnes ou entreprises ayant la nationalité ∙ ∙
française
9. La balance commerciale prend en compte les échanges de biens et services ∙ ∙
10.La compétitivité hors-prix est liée à la réputation du pays ou de l’entreprise ∙ ∙

2 Résidents ou non-résidents ? ★★★


Pour chacune des propositions, vous indiquerez si l’agent en question est considéré comme
résidents français ou non résident au sens de la balance des paiements.
a. L’ambassade française à New York.
b. Une usine Renault installée en Espagne.
c. Une usine Toyota installée en France
d. Un salarié de nationalité française, travaillant à Genève (Suisse) et vivant à Lyon.

260
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 La mondialisation et ses flux ★★★

Compétences attendues • Distinguer internationalisation et mondialisation


• Caractériser les principaux flux d’échanges
• Justifier la défense du libre-échange et les motivations
protectionnistes

En vous appuyant sur la figure 14.1 et les annexes, répondez aux questions ci-après.
1. Qu’est-ce que la mondialisation économique.
2. Quels types de flux dominent le commerce international ? Qu’en est-il pour les pays en
développement ?
3. À quelle théorie la définition du commerce intrabranche de l’annexe 1 se réfère-t-elle ?
4. Quel phénomène se cache derrière les échanges de biens manufacturés de type
semi-conducteurs ou équipement ?
5. Comment expliquez-vous que la production de services représente entre 60 et 80 % du
PIB des pays développés mais qu’ils ne représentent que 20 % des échanges mondiaux ?

Des échanges de plus en plus diversifiés


Annexe 1

L’intégration croissante des économies s’accompagne d’un mouvement puis-


sant de diversification des échanges. Dans des économies fortement imbriquées
comme les économies européennes, on avait assisté depuis les années 1950 à
l’essor du commerce intrabranche, c’est-à-dire un commerce de biens similaires,
qui s’expliquait par l’attrait pour une variété croissante de produits, du côté des
consommateurs, et par la recherche de position monopolistique, du côté des produc-
teurs (explication en termes d’économie d’échelle sur des produits différenciés).
Actuellement, ce sont les pays émergents et les pays d’Europe centrale et orientale
(Peco) qui sont engagés dans un processus de diversification de leur production et
de leur commerce. Au début des années 1960, les exportations des pays en dévelop-
pement étaient composées à 90 % de produits agricoles et de matières premières.
Aujourd’hui, ces produits représentent moins de 40 % de leurs exportations. Les
biens manufacturés ont pris une place dominante, et pas seulement le textile, mais
de plus en plus des semi-conducteurs, des équipements de télécommunication, des
ordinateurs. La diversification de la production des pays émergents et des Peco pose
un problème d’adaptation aux économies à maturité, qui doivent se repositionner
sur les produits nouveaux.
Pascal Le Merrer, « Crise de la mondialisation ou simple phase de turbulences ? »,
Cahiers français, n° 347, novembre-décembre 2008

261
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Vers un commerce de service ?


Annexe 2 Les services ont longtemps été considérés comme des activités peu ou pas échan-
geables. Par conséquent, les échanges de services ont été moins étudiés que
les échanges industriels. Toutefois, deux éléments importants suggèrent que le
commerce de services possède un potentiel de développement non négligeable. Tout
d’abord, un simple constat : les échanges de services représentent environ 20 % des
échanges internationaux, alors que les services totalisent entre 60 % et 80 % du
produit intérieur brut (PIB) des pays développés. La marge de progression semble
donc importante. De plus, sur la période récente, plusieurs barrières techniques ou
institutionnelles ont été levées, ce dont les échanges de services devraient pouvoir
tirer parti. L’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communi-
cation (NTIC), la suppression de barrières réglementaires à l’échange, dans les
domaines financier et bancaire par exemple, ont notamment concouru à la baisse
des coûts de transaction sur les services. Cette diminution des obstacles au commerce
international a certainement stimulé les échanges effectifs de services, et permis le
commerce international d’activités de services qui n’étaient pas échangées aupara-
vant […]. La diminution des coûts de diffusion de l’information devrait également
stimuler l’agglomération des activités. Les technologies de l’information et de la
communication (satellitaires et téléphoniques) ont en effet permis une diffusion de
l’information très rapide et très peu coûteuse favorisant ainsi l’internationalisation
des services et la possibilité de localiser la production dans des lieux permettant de
minimiser les coûts. Le développement de l’usage d’Internet a permis d’augmenter
le volume des échanges internationaux dans les activités de services.
M. Barlet, L. Crusson, S. Dupuch et F. Puech, « Des services échangés
aux services échangeables : une application sur données françaises »,
Économie et Statistique, n° 435-436, 2010.

4 Vivons-nous dans un monde de libre-échange ? ★★★

Compétences attendues • Justifier la défense du libre-échange et les motivations


protectionnistes
• Identifier les différentes modalités du protectionnisme

À partir de vos connaissances et des annexes, répondez aux questions suivantes.


1. À quel type de protectionnisme les annexes font-elles référence ?
2. Donnez un exemple de mesures phytosanitaires restreignant les importations.
3. Donnez un exemple d’obstacles techniques au commerce restreignant les importations.
4. Quel constat pouvez-vous tirer des annexes ?

262
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évolution des droits de douanes (en %) entre 1980 et 2010 (Banque mondiale)
Annexe 1

Pays en développement Monde Pays développés


40
35
30
25

20
15
10
5
0
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010

Nombre de mesures de protection non tarifaires (OMC)


Annexe 2

entre 1980 et 1985


Mesures SPS
60 1200
SPS : mesures sanitaires
50 1000 et phytosanitaires ; OTC :
obstacles techniques
40 800 au commerce.
30 600

20 400

10 200

0 0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Nombre de mesures (axe de droite) Nombre de pays notifiants (axe de gauche)

Mesures OTC
100 1800
90 1600
80 1400
70
1200
60
1000
50
800
40
600
30
20 400
10 200
0 0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Nombre de mesures (axe de droite) Nombre de pays notifiants (axe de gauche)

Source : Base de données du Portail intégré d’information commerciale (I-TIP) de l’OMC.

263
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

5 Prendre le pouls d’une économie ★★★

Compétences attendues • Identifier les principaux soldes de la balance des paie-


ments d’une nation
• Analyser la situation extérieure d’un pays à partir d’indi-
cateurs et en repérer les conséquences sur la croissance
économique
• Expliquer les enjeux des politiques d’attractivité vis-à-vis
de la croissance économique

En vous appuyant sur l’annexe et sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après.
1. Rappelez la définition du solde de la balance commerciale. Calculez et interprétez le
Le PIB du Maroc résultat
s’élevait , en 2017, 2. Le Maroc est-il en besoin ou capacité de financement ? Rappelez la méthode de calcul.
à 1 063,297 Mds de
dirhams. 3. Calculez le taux de couverture, le taux de capacité ou besoin de financement et le degré
d’ouverture de l’économie marocaine. Interprétez vos résultats.
4. Le Maroc est-il un pays receveur d’IDE ou au contraire est-il un pays investisseur en
termes d’IDE ?
5. Rappelez la définition d’un investissement de portefeuille. Donnez un exemple.
6. Interprétez le chiffre de 71 883,80 à la ligne « dont voyages ». Quelle conclusion
pouvez-vous émettre sur l’économie marocaine ?
7. Que pouvez-vous conseiller au ministre marocain de l’économie pour améliorer sa
situation extérieure ?

264
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Balance des paiements simplifiée du Maroc (Office des changes, 2017)


Annexe 2

Crédit
Débit (millions Solde (millions
Compte (millions
de dirhams) de dirhams)
de dirhams)

A. Compte des
374 817,40 478 651,30 – 103 833,90
transactions courantes

Biens 208 151,80 383 939,5 – 175 787,70


dont marchandises
­générales 207 356,00 383 831,70 – 176 475,70

Services 166 665,60 94 711,80 71 953,80

dont voyages 71 883,80 17 009,50 54 874,30

Revenus 7 469,20 26 898,80 – 19 429,60

Transferts courants 90 944,90 5 689,00 85 255,90

B. Compte de capital
17 168,20 43 792,20 – 26 624,00
et d’opérations financières

Capital –  –  – 

dont transferts des migrants –  –  – 


Accroissement
Acquisition
net des engage- Solde
nette d’avoir
ments
Opérations financières 17 168,20 43 792,20 – 26 624,00

Investissements directs 9 308,00 25 697,00 – 16 389,00

Investissements de porte-
97,00 – 1 119,70 1 216,70
feuille

C. Écart statistique 11 383,60 – 11 383,60

265
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

6 La composition d’un avion ★★★


Compétences attendues • Expliquer le rôle des firmes multinationales et de la divi-
sion internationale des processus de production dans la
dynamique des échanges
• Expliquer les enjeux des politiques d’attractivité vis-à-vis
de la croissance économique

En vous appuyant sur l’annexe et sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après.
1. Comment expliquez-vous que les câbles de l’A380 soient fabriqués au Maroc et les
moteurs en Grande-Bretagne ?
2. Quel concept l’annexe illustre-t-elle ?
3. Définissez le terme de clusters ou « grappes industrielles ». Comment la création d’un
cluster près de Toulouse a-t-elle pu favoriser la production d’Airbus ?

Les différentes pièces d’un Airbus


Annexe 1

Équipement informatique Train d’atterrissage avant


Inde Canada
Thaïlande
Pneumatiques
Équipements plastiques
France
Malaisie
États-Unis
Indonésie
Asie
Cockpit
Haut-parleurs téléviseurs
France
Pays-Bas
Pièces : 42 pays
Chine
Réacteurs Portes
États-Unis France
Canada Tunisie
Moteurs Brésil
Grande-Bretagne Rivets d’assemblage
Tchéquie
Câbles
Maroc Système de dégivrage
Belgique

Ailes Siège
Grande-Bretagne Brésil
Tunisie
Empennage horizontal Fuselage Espagne
et pointe arrière Allemagne
Espagne (sous-traitance
dans 31 pays)

Bateaux d’acheminement des pièces


Ville de Bordeaux (fabrication : Chine)
Ville de Cadix (fabrication : Singapour)

266
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

7 Questionnement guidé : ouverture commerciale et croissance ★★★

Compétences attendues • Distinguer internationalisation et mondialisation


• Caractériser les principaux flux d’échanges
• Justifier la défense du libre-échange et les motivations
protectionnistes
• Identifier les différentes modalités du protectionnisme
• Expliquer les enjeux des politiques d’attractivité vis-à-vis
de la croissance économique

En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, répondez à la problématique Rendez-vous
soulevée en suivant le questionnement guidé. MÉTHODE 1
Travail à faire
L’ouverture commerciale est-elle une condition nécessaire à la croissance économique ?
1. Comment la croissance économique mondiale évolue-t-elle entre 2017 et 2020 ?
2. Quelles sont les zones géographiques dynamiques en matière de croissance écono-
mique ? À l’inverse, lesquelles le sont moins ?
3. L’évolution de la croissance du commerce mondial entre 2017 et 2020 a-t-elle eu des
retombées significatives sur la croissance économique ?
4. Que sont les droits de douane et la protection non tarifaire ?
5. Quel instrument de protection les pays développés privilégient-ils ? et les pays en déve-
loppement ?
6. Quels sont les contributeurs majeurs à la croissance du commerce mondial ?

267
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Croissance économique mondiale (OCDE, 2018)


Annexe 1

Moyenne
2017 2018 2019 2020
2011-2018

Pourcentage

Croissance du PIB en volume1

Monde2 3,4 3,6 3,7 3,5 3,5

G202 3,6 3,8 3,8 3,7 3,7

OCDE2 2,1 2,5 2,4 2,1 1,9

États-Unis 2,3 2,2 2,9 2,7 2,1

Zone euro 1,2 2,5 1,9 1,8 1,6

Japon 1,3 1,7 0,9 1,0 0,7

Non-OCDE2 4,6 4,6 4,7 4,7 4,7

Chine 7,1 6,9 6,6 6,3 6,0

Inde3 7,0 6,7 7,5 7,3 7,4

Brésil 0,1 1,0 1,2 2,1 2,4

Écart de production4 –   1,8 –   1,0 –   0,6 –   0,4 – 0,5

Taux de chômage5 6,9 5,8 5,3 2,1 5,0

Inflation1,6 1,6 2,0 2,3 2,6 2,5

Solde des administrations publiques7 –   4,1 –   2,3 –   2,9 –   3,1 –   3,0

Croissance du commerce mondial1 3,6 5,2 3,9 3,7 3,7


1. Pourcentage de variations : dans les trois dernières colonnes figure la variation en glissement naturel.
2. Pondérations variables, PIB en parités de pouvoir d’achat.
3. Exercice budgétaire.
4. Pourcentage du PIB potentiel.
5. Pourcentage de la population active.
6. Déflateur de la consommation privée.
7. Pourcentage du PIB.

268
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Droits de douane et mesures non tarifaires (OCDE, 2018)


Annexe 2

% %
14 14
12 12
10 10
8 8
6 6
4 4
2 2
0 0
États-Unis UE28 Mexique Chine Inde
Japon Canada Indonésie Russie Brésil
Taux des droits de douane ad valorem
Taux équivalent ad valorem des mesures non tarifaires

Contribution du commerce international à la croissance (OCDE, 2018) NOTRE CONSEIL


Annexe 3

Points de % N’oubliez pas que


7 les variations sont
exprimées
6 en pourcentage ;
les contributions
5 aux variations,
en points de
4 pourcentage.
3

–1
2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

Chine Zone euro


Autres pays d’Asie Amérique du Nord
Producteurs de produits de base Autres pays du monde
Monde, en %

269
SYNTHÈSE
Ouverture internationale et croissance économique

Internationalisation, mondialisation ou globalisation

Une question de vocabulaire

Une mondialisation humaine, culturelle, financière et économique

internationalisation
globalisation
• Domination des échanges de biens sur les services
• Des flux intrafirmes croissants (IDE, chaînes de valeur mondiale…)

Régulation du commerce international : le rôle des institutions


internationales
••L’OMC a succédé au GATT pour imposer le libre-échange dans le monde
••Le FMI et l’OCDE sont aussi chargés de faciliter le commerce international
Libre-échange ou protectionnisme ?
••Le libre-échange se justifie par l’existence d’avantages comparatifs, d’une demande
diversifiée ou d’économies d’échelle.
••Il entraîne néanmoins des formes de dumping (social, environnemental…) et la
destruction de l’environnement.
•• protectionnisme peut servir à développer une industrie, à augmenter les exporta-
Le
tions ou à se défendre avec des risques de représailles ou de chute de l’innovation.

Analyse de la situation extérieure d’un pays


••La balance des paiements présente la situation d’un pays vis-à-vis de l’étranger.
Il est possible de calculer des ratios pour analyser cette situation.
•• est possible d’améliorer la situation d’un pays par des politiques d’attractivité
Il
et de compétitivité.

270
PARTIE 5 : CAS DE SYNTHÈSE
Croissance économique : origines et enjeux

1  Étude de documents : l’attractivité de la France


La région Hauts-de-France dispose de nombreux atouts. Elle désire attirer des activités
et s’interroge sur les clés de son attractivité. Pour envisager de nouvelles orientations
politiques, elle vous charge d’analyser l’attractivité du territoire français et les diffé-
rentes implications des investissements directs à l’étranger – IDE (annexes).

Travail à faire
1. Analysez l’évolution des IDE en France. Rendez-vous
2. Indiquez les avantages attendus des investissements directs à l’étranger entrant sur le MÉTHODE 1
territoire.
3. Expliquez les facteurs d’attractivité de la France. Quels éléments pourraient en revanche
dissuader un investisseur étranger ? Justifiez votre réponse.
4. La région Hauts-de-France dispose de différents pôles de compétitivité. Expliquez ce
concept. Indiquez comment ces pôles peuvent améliorer l’attractivité d’un territoire.

Les IDE en France de 2000 à 2016 (Insee, TEF 2018 et Banque de France)
Annexe 1

en Mds €
200
Flux des investissements étrangers en France
Flux des investissements français à l’étranger
Solde net des investissements directs
150

100

50

− 50
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016

271
PARTIE 5 : CAS DE SYNTHÈSE

Flux d’IDE entrants : le top 10 des payes d’accueil (Cnuced, 2017)


Annexe 2
États-Unis 311
Chine 144
Hong Kong 85
Pays-Bas 68
Irlande 66
Australie 60
Brésil 60
Singapour 58
France 50
En Md$
Inde 45
0 50 100 150 200 250 300 350

L’attractivité de la France
Annexe 3

(Baromètre Kantar Public, Business France, 2017)


L’innovation et la R&D sont plébiscitées par les dirigeants d’entreprises étrangères.
L’innovation est perçue par 81 % des décideurs économiques (+ 5 points en un an)
comme un avantage compétitif de la France.
La France est jugée particulièrement attractive sur les dimensions liées au capital
humain : la qualité de ses personnels de R&D (81 %) et la collaboration avec la
recherche académique (82 %) recueillent des opinions favorables parmi les déci-
deurs étrangers.
L’écosystème français est reconnu comme encourageant l’innovation (78 %).
Parmi les dispositifs d’aide à l’innovation, le crédit d’impôt recherche représente
un levier pour l’implantation des activités de R&D en France. 86 % des dirigeants
considèrent qu’il constitue un facteur d’implantation pour les activités de R&D.
Plus de huit dirigeants sur dix (85 %) affirment que les mesures prises en faveur de
l’innovation renforcent l’attractivité de la France pour leur entreprise. Les mesures
de soutien à l’innovation, telles que le crédit d’impôt recherche, la carte compé-
tences et talents, le French Tech Ticket sont plus connues que l’année dernière, avec
des progressions notables auprès des Allemands, des Britanniques et des Émiratis.

272
PARTIE 5 : CAS DE SYNTHÈSE

Attractivité de la France pour les investissements en R&D (2017)


Question : Sur chacun des critères suivants, la France est-elle selon vous tout à fait, plutôt,
plutôt pas ou pas du tout attractive pour des investissements en R&D ?
Sous-total « Non attractive » Sous-total « Attractive »
Proximité des marchés et des autres
activités de l’entreprise 13 1 50 37 87

Possibilités de collaboration
avec des équipes de recherche 82 Les clusters sont des
18 2 49 33
académiques françaises réseaux d’entreprises,
essentiellement des
Qualité des personnels de R&D 19 2 45 36 81 PME et des TPE locales,
intervenant dans des
Proximité de clusters français 19 2 48 33 81 domaines similaires ou
connexes (ex : pôles de
Accès au financement 20 2 51 29 80 compétitivité en France,
Silicon Valley aux États-
Niveau des aides publiques de la R&D 22 47 31 78 Unis). En mutualisant
3
les ressources
Coût des activités de R&D 25 75 et les frais, l’accès
3 47 28
à certains marchés
très concurrentiels
Opportunités d’investissement ou imposant des tickets
par acquisition d’entreprises françaises 25 3 43 32 75
d’entrée élevés devient
Pas du tout attractive Plutôt pas attractive Plutôt attractive Tout à fait attractive possible.

Enquêtes des investisseurs internationaux (Sofres-AFII, 2014)


Annexe 4

Plusieurs investisseurs internationaux ont été sollicités au sujet de l’attractivité de la


France pour les investisseurs internationaux.
Attractive (%) Pas attractive (%) NSP (%)
100 1 1
11 13 19 20 21 24 28 30 30 37 41 41 51

80

60

40
88 87 81 80 79 75 72 70 70 63 63 59 49

20

0
Infrastructures
de communication

Transport et logistique

Tissu industriel

Formation
et qualification

Taille du marché
français

Innovation et R&D

Stabilité de la
réglementation

Stabilité économique

Environnement général

Dynamisme
de l’économie mondiale

Fiscalité
des entreprises
Productivité
du travail
Coût du travail
des affaires

273
PARTIE 5 : CAS DE SYNTHÈSE

Investissements directs

Annexe 5
à l’étranger (IDE)
Croissance des revenus
Création de la VA directe domestiques
(production d’une Impact sur la croissance
Contributions fiscales
entreprise étrangère)
nettes (impôts moins
exonérations et primes)
Création d’emplois
directs • Transferts de savoir-faire
• Transferts de technologie Impact sur la productivité
et l’emploi
Apport de nouvelles Amélioration et meilleur
méthodes ou technologies prix des productions
dans le pays nationales
Effet négatif de l’exclusion
Renforcement Impact sur l’investissement
des opérateurs domestiques,
de la concurrence domestique
comparativement plus chers

Effets directs Retombées économiques Impact

Les effets d’agglomération : concentration spatiale et économies d’échelle


Annexe 6

La concentration spatiale des activités permet des gains d’efficacité dès lors qu’il
existe des économies d’échelle dans la production. Ces économies d’échelle peuvent
être internes aux entreprises et provenir de coûts fixes de production importants
ou de rendements d’échelle croissants dans la fonction de production des entre-
prises (Krugman, 1991). Elles peuvent aussi être externes aux entreprises et dériver
d’avantages mutuels dont bénéficient les entreprises du simple fait de leur proximité
géographique (on parle parfois d’externalités marshalliennes) : meilleure circula-
tion des informations et des idées, création d’un bassin de main-d’œuvre spécialisé,
amélioration des relations entre clients et fournisseurs, etc. (pour une revue détaillée
des mécanismes sous -jacents à ces externalités, voir Duranton et Puga, 2004).
L’existence de ces économies d’agglomération a été corroborée par de nombreuses
études empiriques. Le consensus aujourd’hui est qu’un doublement de la densité
d’activité au niveau local permet d’augmenter la productivité des entreprises et les
salaires de 2 % à 6 % (voir Rosenthal et Strange, 2004 ; Combes et Lafourcade, 2012).
https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/

274
PARTIE 5 : CAS DE SYNTHÈSE

Les effets d’agglomération selon Marshall


Annexe  7

Marshall (1890) a identifié très tôt trois sources d’économies d’agglomération. Tout
d’abord, les entreprises profitent de leur contigüité spatiale pour partager, d’une
part, les infrastructures caractérisées par des coûts fixes élevés et de larges écono-
mies d’échelle et, d’autre part, les fournisseurs spécialisés d’intrants. Inversement,
une plus forte densité d’entreprises permet à chacune d’entre elles de s’assurer
d’avoir davantage de débouchés pour sa production. La proximité met également
un large ensemble de main-d’œuvre spécialisée à la disposition des entreprises, ce
qui leur permet de satisfaire plus finement leurs besoins spécifiques en compétences.
Inversement, les travailleurs ont quant à eux accès à un plus large éventail d’op-
portunités d’emplois et ils ont ainsi plus de chances de trouver un emploi qui leur
convienne en termes de préférences et de niveau de qualifications. Enfin, la proxi-
mité spatiale permet une meilleure diffusion des savoirs et des nouvelles techno-
logies. En effet, les effets de débordements technologiques s’exercent en particulier
dans les relations de face à face. Les effets positifs de ces économies d’aggloméra-
tions sont en définitive observés à travers une hausse de la productivité et une baisse
des coûts subis par les entreprises.
http://www.blog-illusio.com/

Les pôles de compétitivité


Annexe  8

Un pôle de compétitivité rassemble sur un territoire bien identifié et sur une théma-
tique ciblée, des entreprises, petites et grandes, des laboratoires de recherche et des
établissements de formation. Les pouvoirs publics nationaux et locaux sont étroite-
ment associés à cette dynamique.
Un pôle de compétitivité a vocation à soutenir l’innovation. Il favorise le dévelop-
pement de projets collaboratifs de recherche et développement (R&D) particulière-
ment innovants. Il accompagne également le développement et la croissance de ses
entreprises membres (dont de nombreuses PME) grâce notamment à la mise sur le
marché de nouveaux produits, services ou procédés issus des résultats des projets de
recherche.
En permettant aux entreprises impliquées de prendre une position de premier plan
sur leurs marchés en France et à l’international, les pôles de compétitivités sont des
moteurs de croissance et d’emplois.
Les forces en présence au sein d’un pôle de compétitivité sont multiples. Toutes sont
nécessaires à l’essor d’écosystèmes dynamiques et créateurs de richesse.

275
PARTIE 5 : CAS DE SYNTHÈSE

Rev3 dans les Hauts-de-France

Annexe  9
Le président de région Hauts-de-France estime qu’en 2030, les Hauts-de-France
Rev3, la « Troisième seront experts en matière d’économie circulaire. « La troisième révolution indus-
Révolution industrielle trielle (Rev3), qui faisait sourire certains à son lancement, est aujourd’hui deve-
en Hauts-de-France »,
est une dynamique nue une évidence, avec la généralisation de ses principes dans toutes les strates
collective visant à faire de l’entreprise, de l’artisan jusqu’à la startup. » Derrière la démarche Rev3, de
de la région l’un des nombreux pôles de compétitivité se mobilisent : MatikemUptex-TEAM2 (autour
fleurons européens de la des matériaux, textiles, recyclage), Aquimer-IAR (produits aquatiques et agrores-
transition énergétique et
sources), I-Trans (transports, notamment ferroviaires).
digitale.
Gaëtane Deljurie, 11 octobre 2018

2  Argumentation structurée : innovation et croissance


Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances, répondez de manière structurée à la problé-
MÉTHODE 2
matique suivante.

Travail à faire
« Le rôle de l’innovation dans la dynamique économique d’un pays. »

276
CHAPITRE
15 Déséquilibres
du marché du travail
PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Caractériser la situation du marché • Chômage (BIT, ministère du Travail),
du travail à l’aide d’indicateurs variés halo du chômage, sous-emploi
• Appréhender la diversité des situations • Taux de chômage, taux d’activité,
des individus sur le marché du travail taux d’emploi, comparaison entre pays
• Comparer la situation de l’emploi • Chômage conjoncturel/structurel
dans différents pays par l’analyse
de données statistiques
• Chômage classique/keynésien
• Segmentation et polarisation du marché
• Analyser les causes structurelles du travail (Piore-Doeringer,
et conjoncturelles du chômage, Lindbeck-Snower)
sur un marché donné
• Autres théories du marché du travail
• Identifier les causes du dualisme
et de la polarisation du marché du travail
• Analyser les conséquences
de la révolution numérique sur l’emploi
et les modalités de travail

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les indicateurs de la situation de l’emploi • 2. Les analyses théoriques du
chômage
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

I l est crucial pour l’État de comprendre les causes du chômage, afin de mettre en place
les mesures appropriées pour garantir le plein-emploi. Non seulement le chômage
représente un coût économique pour le pays, mais aussi un coût social (précarité et
exclusion sociale). Quels sont les indicateurs permettant d’appréhender la situation de
l’emploi dans un pays ? Quelles sont les causes du chômage ?

MOTS-CLÉS
Chômage • Demande de travail • Halo du chômage • Offre de travail • Plein-emploi •
Précarisation • Salaire réel • Sous-emploi
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

1  Les indicateurs de la situation de l’emploi

A Qu’est-ce que le chômage ?


1. L’acception internationale
CHIFFRES-CLÉS Les statistiques sur le chômage publiées en France par l’Insee reposent sur une défi-
nition internationale du chômage donnée par le Bureau international du travail (BIT).
En moyenne, Cette définition est également adoptée par les pays membres de l’UE, ainsi que par
au 3e trimestre
la grande majorité des pays du monde, afin d’établir des comparaisons internationales
2018, en France
métropolitaine, pertinentes, stables dans le temps.
Pôle emploi recensait Définition
5,6 millions
Au sens du BIT, est au chômage une personne :
de personnes
inscrites et tenues –– en âge de travailler (15 ans ou plus) ;
de rechercher un –– sans emploi (n’ayant pas travaillé au moins une heure durant une semaine de ­référence) ;
emploi (catégories A –– disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;
à C). Parmi elles, –– en recherche active d’emploi dans le mois précédent (ou qui n’a pas encore
3,6 millions ­commencé à travailler durant la semaine de l’enquête).
étaient sans emploi
(catégorie A) et
2 millions avaient 2. La conception française
une activité réduite En France, Pôle emploi, organisme public, édite en fin de mois des statistiques men-
(catégories B et C).
suelles sur les demandeurs d’emploi des catégories A à E, inscrits sur ses listes.

B Le périmètre du phénomène
« Chômage : pourquoi Selon les critères retenus pour définir le chômage, les frontières entre chômage, inacti-
les chiffres de l’Insee vité, emploi ne sont pas aisément identifiables. Les personnes situées dans cette zone
et de Pôle emploi
diffèrent » :
constituent ce que l’on appelle le « halo du chômage ».
Exemple
◗◗ Un actif découragé dans sa recherche d’emploi, qui ne cherche plus activement un tra-
vail, ou une personne qui souhaite travailler mais qui n’est pas disponible dans un délai de
http://dunod.link/ deux semaines sont qualifiés ou non de « chômeur » selon le référentiel considéré. ◗
fqh005v
La diversité des situations d’emploi a également conduit le BIT à définir le « ­sous-emploi  ».
Définition
Le sous-emploi réunit des personnes en âge de travailler, occupant un emploi
(actifs occupés) mais travaillant à temps partiel alors qu’elles sont disponibles pour
un ­travail à temps complet. Il concerne également des actifs occupés qui, durant la
semaine de référence, ont subi un chômage partiel (technique).

278
Chapitre 15 Déséquilibres du marché du travail

C Les principaux instruments de mesure


Les statistiques relatives à la situation de l’emploi dans un pays sont construites sur la
distinction entre :
•• La population active, en âge de travailler (15 ans ou plus) ayant un emploi rémunéré
(actifs occupés) ou étant à la recherche d’un emploi (actifs inoccupés).
•• population inactive. Elle comprend les étudiants, les élèves, les femmes au foyer,
La
les retraités (tab. 15.1).

Tableau 15.1.  Répartition de la population dans les statistiques relatives à l’emploi

Population totale

Population active
Population inactive
Population active occupée Population active inoccupée

Trois principaux indicateurs permettent de caractériser la situation de l’emploi d’un


pays (tab. 15.2) et de réaliser des comparaisons internationales.

Tableau 15.2.   Principaux indicateurs de l’emploi

Définition Formule de calcul Méthode de calcul

Mesure de la part Nombre de chômeurs au sens du BIT •• Moyenne sur un trimestre


de la population Population active de référence ou sur une année, par classe
active inoccupée d’âge, genre, CSP, niveau
(chômeurs au de diplôme
Taux
sens du BIT) dans •• Nombre de ­chômeurs de
de chômage (%)
la ­population active la catégorie ciblée au numé-
de référence rateur, population active
de cette catégorie au dénomi-
nateur

Mesure de la part de Nombre d’actifs (occupés ou inoccupés) •• Fonction de facteurs démo-


la population active Population totale de référence graphiques (­natalité, morta-
dans la population lité, solde migratoire)
totale de référence et de facteurs sociaux (durée
Taux d’études, âge de départ à la
d’activité (%) retraite)
•• Calcul par classe d’âge, genre,
CSP, niveau de diplôme, etc.
•• Même méthode que
­précédemment

279
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

Définition Formule de calcul Méthode de calcul

Mesure de la part de Nombre d’actifs ayant un emploi •• Possibilité de dénominateurs


la population active Population totale de référence différents, selon les publica-
occupée dans la popu- ou population en âge de travailler tions. Mode de calcul à préci-
Taux
lation totale de réfé- ser systématiquement.
d’emploi (%)
rence ou dans la •• Calcul par classe d’âge, genre,
population en âge de CSP, niveau de diplôme, etc.
travailler (15-64 ans)

Exemple
◗◗ La hausse du taux d’emploi des seniors (55-64 ans) en France qui a atteint 50,3 % en 2017,
soit 15 points de plus par rapport au taux de 2003, ne doit pas être interprétée comme une
Maîtrisez les modes
embellie. Elle découle des réformes du système de retraite et masque la précarité subie par
de calcul de ces différents
taux pour éviter des les seniors en fin de vie active. ◗
analyses tronquées.
En France métropolitaine,
en 2017, le taux de D La singularité de la situation de l’emploi en France
chômage des jeunes
de 15-24 ans s’élevait à
environ 22 %. Cela ne
1. Les mutations du marché de l’emploi
signifie pas que 22 % des Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France a connu une profonde mutation
jeunes de cette tranche de l’emploi : féminisation, salarisation, tertiarisation, et même ubérisation.
d’âge sont au chômage,
mais que 22 % des jeunes Le progrès technique, l’évolution des mœurs, l’ouverture au commerce international
actifs de cette tranche sont autant de facteurs explicatifs des changements en profondeur de l’emploi.
d’âge sont au chômage. Il
faut éviter tout jugement
L’apparition d’un chômage de masse à la suite des chocs pétroliers des années 1970 a
de valeur sur ces taux mais également participé à ces mutations. La norme fordiste dans les relations de travail s’est
se cantonner aux faits. délitée, avec pour contrepartie une précarisation croissante du travail.
2. Des Trente Glorieuses aux Trente Piteuses
Après la période des Trente Glorieuses marquée par une situation proche du plein-­
emploi, la France est entrée dans la période des « Trente Piteuses » caractérisée par une
« croissance molle » et un chômage structurel visible statistiquement par un accroisse-
ment du nombre de chômeurs de longue durée.
À la suite de la crise des subprimes (2008) et des dettes souveraines (2010), le taux de
chômage a franchi en France le seuil symbolique des 10 %, soulignant le caractère sin-
gulier du marché de l’emploi français par rapport aux autres pays de l’UE, mais aussi
par rapport à ceux de l’OCDE (fig. 15.1), et justifiant, pour certains, une flexibilisation
(  chapitre 16).

280
Chapitre 15 Déséquilibres du marché du travail

18,6
18

16
14,8
14

12
11,2
10,6
10
8,9
8
7,0 7,2
6,6 6,7
6 5,6 5,8
6,0 6,2
5,1 5,2 5,2 5,3
4,8 5,0 5,0
4 3,7 3,7 3,7 3,8 3,9 4,0
4,1
3,2 3,3
2,6
2 2,2 2,4

0 Slovénie
Norvège

République slovaque
République tchèque
Japon
Islande
Mexique
Allemagne
États-Unis
Hongrie
Pays-Bas
Pologne
Corée

Royaume-Uni
Israël
Danemark
Luxembourg
Australie
Autriche

OCDE - Total
Irlande
Canada
Estonie
Suède
Belgique

Portugal
Chili
Finlande
France
Italie
Turquie
Espagne
Grèce
Figure 15.1.  Taux de chômage harmonisé (HUR), novembre 2018
(% de la population active) (source : OCDE)

 EXERCICE  2 • EXERCICE 3

2  Les analyses théoriques du chômage


Les analyses théoriques du chômage recherchent les facteurs explicatifs et la nature du
phénomène. Ainsi, le chômage peut être :
•• Conjoncturel/structurel. Dans le premier cas, il est lié à un ralentissement de la
croissance économique sur le court terme ; dans le second, à des mutations de lon-
gues périodes qui affectent en profondeur le marché du travail.
•• Volontaire/involontaire. Le premier correspond à une situation où les travailleurs ne
souhaitent pas travailler au niveau de salaire en vigueur dans l’économie. Le second
correspond à une situation où les travailleurs souhaitent travailler aux conditions du
marché mais ne le peuvent pas, faute d’emplois.
•• Frictionnel. Il est dû aux imperfections du marché du travail, qui empêchent une adé-
quation spontanée entre les postes vacants et les chômeurs.

281
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

A Les analyses traditionnelles du chômage


1. Le chômage classique
Dans les théories classiques, tout marché est autorégulateur. Si le marché du travail est
appréhendé comme n’importe quel autre marché de biens et de services, la flexibilité
des prix qui s’affichent sur ce marché doit permettre d’éviter tout déséquilibre.
On retrouve cette représentation du marché du travail, de façon formalisée, dans l’ana-
lyse néoclassique. Le marché du travail y est défini comme un lieu de rencontre entre une
offre de travail et une demande de travail. Leur confrontation aboutit à la fixation d’un
prix : le salaire réel (salaire nominal rapporté au niveau des prix des biens et ­services).
Définition
• L’offre de travail émane du travailleur, qui propose sa force de travail en contre-
partie d’un salaire. Elle est croissante avec le salaire réel en raison de l’arbitrage
du consommateur-travailleur (arbitrage « consommation-loisirs ») qui a intérêt à
augmenter la quantité offerte de travail quand le salaire réel augmente (le coût
d’opportunité de son temps non travaillé s’accroît).
• La demande de travail émane des firmes. Pour celles-ci, le travail est un facteur de
production dont la mobilisation a un coût représenté par le salaire réel versé aux
travailleurs. L’entreprise a donc intérêt à augmenter la quantité de travail deman-
dée tant qu’il lui rapporte plus qu’il ne lui coûte (productivité marginale supérieure
au salaire réel), d’où la forme décroissante de la fonction de demande de travail par
rapport au salaire réel.

Sur un marché du travail qui répond aux caractéristiques d’un marché en concurrence
pure et parfaite (  chapitre 4), la loi de l’offre et de la demande ainsi que la flexibilité du
salaire réel permettent d’aboutir au plein-emploi.
Au salaire réel d’équilibre, l’offre de travail équivaut à la demande de travail (  chapitre 5).
Il n’y a donc pas de chômage. Selon Walras, sur des marchés répondant aux critères de
concurrence pure et parfaite, et lorsque les prix sont flexibles, il existe un système de
prix garantissant une allocation optimale des ressources sur tous les marchés, dont celui
du travail.
Si pour une raison quelconque, on s’éloigne du salaire d’équilibre, le libre jeu du mar-
ché doit permettre un retour vers cet équilibre, grâce à une flexibilité (généralement
à la baisse) du salaire réel. Dans ce modèle, la seule forme de chômage envisageable
est qualifiée de « volontaire » : les travailleurs ne souhaitent pas travailler au niveau
du salaire réel en vigueur. Un déséquilibre entre l’offre et la demande de travail (offre
supérieure à la demande de travail) peut également découler d’une rigidité à la baisse
des salaires.
2. Le chômage keynésien
La Grande Dépression qui a suivi le krach boursier de 1929 (taux de chômage de 25 %
aux États-Unis en 1932) a contraint les économistes à appréhender le chômage, non
plus comme un simple déséquilibre du marché du travail, mais comme le résultat d’une
insuffisance de la demande globale.

282
Chapitre 15 Déséquilibres du marché du travail

En 1936, Keynes rompt avec l’analyse néoclassique dominante en privilégiant une approche
circuitiste de l’économie, fondée sur le holisme méthodologique pour appréhender les
faits économiques. Il explique ainsi dans la Théorie générale de l’emploi de l’intérêt et de la
monnaie, que l’insuffisance de la demande effective sur les marchés des biens et de ser-
vices est responsable de la formation d’un équilibre de sous-emploi qui peut être durable.
Définition
L’équilibre de sous-emploi correspond à une situation caractérisée par « des hommes
sans emploi désireux de travailler pour moins que le salaire réel en vigueur ». Cette
forme de chômage involontaire résulte des anticipations des entreprises qui consi-
dèrent que les débouchés ne sont pas suffisants pour justifier la création d’emplois.

B Les nouvelles approches du marché du travail


1. L’importance du contexte institutionnel
De nouvelles approches soulignent l’importance du contexte institutionnel dans lequel
s’inscrivent les relations de travail ; le syndicalisme et la segmentation du marché du
travail doivent être intégrés dans l’analyse de l’emploi.
Dunlop et Ross (années 1940) mettent en exergue la dimension collective de la négo-
ciation salariale et parfois même de l’embauche. On ne peut alors ignorer les rapports
de force entre les groupes sociaux en présence. Pour Marx, ces rapports de force sont
propres à la dynamique capitaliste : la logique d’accumulation du capital propre à ce
système conduit les capitalistes à substituer du capital au travail, alimentant une armée
de réserve qui permet de maintenir les salaires, au niveau du salaire de ­subsistance.
Exemple
◗◗Les syndicats ont des revendications sur les niveaux de salaire et les emplois créés. Ils
peuvent mener des négociations aux niveaux national (centralisé), des branches d’acti-
vité ou des entreprises. Les études empiriques révèlent que les pays où les négociations
syndicales sur les salaires et les créations d’emplois sont menées de façon centralisée
­présentent de faibles taux de chômage, car les syndicats intègrent dans leurs décisions les
effets externes de leurs revendications, et leur impact macro-économique. En revanche,
les pays où les négociations entre partenaires sociaux sont menées au niveau de la branche
affichent des taux de chômage élevé. ◗

Piore et Doeringer (1971). Ils insistent sur le dualisme du marché du travail constitué :
––d’un segment primaire caractérisé par des salaires élevés, des perspectives de promo-
tion interne et une sécurité de l’emploi ; Michael Piore
(né en 1940) et Peter
––d’un segment secondaire caractérisé par des conditions de travail plus précaires. Doeringer (né en 1941)
Ce dualisme est renforcé par une faible mobilité entre segments. Il résulte essentielle- Économistes américains
ment des logiques collectives des entreprises présentes sur chaque segment : pionniers, dans la
––sur le segment primaire, les firmes privilégient un recrutement interne pour les postes décennie 1970,
de la théorie de la
vacants. Le chômage y est transitoire et volontaire ; segmentation du marché
––sur le segment secondaire, la logique concurrentielle est de mise. Le chômage y est du travail (insiders-
durable et subi. outsiders).

283
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

Lindbeck et Snower (1985). Ils ont précisé les rigidités liées au dualisme du marché du
travail à travers le modèle insiders/outsiders. Les insiders (dans l’entreprise, pourvus d’un
emploi stable et de bonnes conditions de travail) ont intérêt à user de leur pouvoir de pres-
sion sur la firme pour se construire une rente de situation, et éviter l’embauche de nou-
velles recrues (outsiders) prêtes à travailler pour un niveau de salaire plus faible que le leur.
Assar Lindbeck
(né en 1930) et Dennis La présence de syndicats et la segmentation du marché du travail sont donc deux facteurs
Snower (né en 1950) institutionnels explicatifs de la rigidité à la baisse des salaires sur le marché du travail.
Économistes
respectivement suédois 2. Les nouvelles théories du marché du travail
et américains, tenants et l’analyse de ses ­imperfections
de la nouvelle économie
keynésienne, ils tentent
Le fonctionnement du marché du travail ne correspond pas à celui d’un marché en
d’expliquer les rigidités à concurrence pure et parfaite :
l’embauche affectant le ––les syndicats et les insiders disposent d’un pouvoir de marché contraire à l’hypothèse
marché du travail. d’atomicité ;
––le travail n’est pas un bien homogène ;
––la relation de travail est marquée par une forte asymétrie informationnelle, ce qui
incite les agents économiques à adopter des comportements stratégiques.
Théories de la prospection d’emploi (Lippman et Mac Call, 1979). Elles expliquent la for-
mation du salaire de réservation du travailleur, c’est-à-dire le niveau de salaire en dessous
duquel le travailleur refuse d’offrir son travail. Le demandeur d’emploi ne disposant pas de
toutes les informations sur les caractéristiques des emplois vacants, il effectue systémati-
quement un arbitrage entre un gain espéré découlant de l’offre (niveau de salaire, sécurité)
et le coût de prospection qu’il subit s’il renonce à l’offre. Dans ce modèle, la présence d’in-
demnités de chômage (  chapitre 16) contribue à allonger la période de prospection. Ce
type de dispositif peut expliquer une forme de chômage frictionnel volontaire.
Théories du salaire d’efficience. Elles pointent le rôle des pratiques managériales dans
les organisations. Pour faire face au risque d’aléa moral, les firmes sont prêtes à proposer
des salaires supérieurs à la productivité marginale des travailleurs, afin de les fidéliser
(coût du turnover) et de s’assurer de leur performance individuelle.
Théories du matching ou des mécanismes d’appariement (modèle Diamond,
Mortensen, Pissarides, 1985). Ces théories ont permis de mieux comprendre les flux
sur le marché du travail, et de comprendre la courbe de Beveridge (  chapitre 18) qui
révèle une relation négative entre le nombre de postes vacants dans une économie et le
taux de chômage. Le nombre d’emplois créés dans une économie dépend alors de l’in-
tensité de recherche des offreurs et des demandeurs d’emploi. Lorsque les deux parties
se rencontrent, la fixation du salaire peut ne pas être optimale :
––si l’asymétrie informationnelle est élevée ;
––si la tension sur le marché du travail est importante (elle est évaluée dans le modèle
par le rapport entre le nombre de chômeurs et le nombre de postes vacants).
Ces modèles fournissent un nouvel éclairage sur le chômage structurel frictionnel.

 EXERCICE  5 • ÉTUDE DE DOCUMENTS 6

284
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1  Quiz
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. Au troisième trimestre 2018, le taux de chômage moyen en France métropolitaine
était de :
a. 7,2 %. ∙
b. 11,1 %. ∙
c. 9,1 %. ∙
2. Le halo du chômage comprend :
a. les actifs occupés subissant un temps partiel. ∙
b. les personnes dont les situations ne sont pas clairement définies
entre emploi/chômage/inactivité. ∙
3. Le « sous-emploi » défini par le BIT concerne :
a. les actifs occupés subissant un temps partiel. ∙
b. les personnes dont les situations ne sont pas clairement définies
entre emploi/chômage/inactivité. ∙
4. Le taux d’activité des femmes de 15-24 ans est calculé par le rapport entre :
a. le nombre de femmes de 15-24 ans occupant un emploi, et le nombre total
de femmes de 15-24 ans. ∙
b. le nombre de femmes de 15-24 ans occupées et non occupées, et le nombre
total de femmes de 15-24 ans. ∙
5. L’augmentation du taux de chômage moyen dans les pays de l’OCDE, à la suite
de la crise des subprimes, est de nature :
a. conjoncturelle. ∙ b. structurelle. ∙
6. Dans les théories néoclassiques du marché du travail, l’offre de travail :
a. croît avec le salaire réel. ∙ b. décroît avec le salaire réel. ∙
7. Dans les théories néoclassiques du marché du travail, la demande de travail :
a. croît avec le salaire réel. ∙ b. décroît avec le salaire réel. ∙
8. Dans l’analyse néoclassique du marché du travail, lorsque l’offre de travail
est supérieure à la demande de travail, le retour à l’équilibre est obtenu grâce :
a. à une hausse du salaire réel. ∙ b. à une baisse du salaire réel. ∙
9. Pour Keynes, le chômage est de nature :
a. volontaire. ∙ b. involontaire. ∙

285
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

2 Les définitions du chômage ★★★


Pour chaque situation ci-après, précisez si la personne est un chômeur au sens du BIT ou
au sens de Pôle emploi. Justifiez votre réponse.
1. Cléa a fini ses études. Elle occupe un petit boulot d’une heure par semaine et recherche
activement un emploi à temps complet.
2. Farid achève son stage dans un cabinet d’expertise comptable dans une semaine. Il
recherche activement un emploi.
3. Christian est retraité. Il passe une grande partie de son temps libre à s’occuper de ses
petits-enfants.
4. Pauline est mère au foyer, mais depuis quelques semaines, elle a entrepris de recher-
cher activement un emploi. Toutefois, elle n’est pas disponible pour en accepter un
dans les 15 jours.
5. Lina travaille à temps partiel dans un supermarché. Elle est inscrite sur les listes de Pôle
emploi et souhaiterait trouver un emploi à temps plein.
6. Georges a 57 ans. Découragé, il n’est plus inscrit sur les listes de Pôle emploi et ne répond
à aucune offre d’emploi.

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 La situation de l’emploi en France ★★★

Compétences attendues • Caractériser la situation du marché du travail à l’aide d’in-


dicateurs variés
• Appréhender la diversité des situations des individus sur
le marché du travail

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur
l’annexe.
1. Interprétez le pourcentage de la première ligne du tableau (65,9 %) et retrouvez la for-
mule de calcul.
2. Expliquez pourquoi le pourcentage de la treizième ligne du tableau (6,4 %) ne corres-
pond pas au taux de chômage trimestriel moyen, pour l’année 2018.
3. Interprétez le pourcentage de la ligne intitulée « Personnes de 15-64 ans actives » et
retrouvez la formule de calcul.
4. Le taux de chômage moyen des jeunes de 15-24 ans était de l’ordre de 22 % en 2017,
selon l’Insee. Au troisième trimestre de l’année 2018, 7,9 % des jeunes de 15-24 ans
étaient au chômage. Expliquez cette différence de pourcentages.

286
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Emploi, chômage et activité au sens du BIT dans la population des 15 à 64 ans


Annexe 

ou de la tranche d’âge, au 3e trimestre 2018 (données du CVS,


moyenne trimestrielle en %, Insee, Enquête Emploi)

Personnes de 15 à 64 ans en
emploi 65,9 Hommes 15-64 ans chômeurs 6,9
15-24 ans 30,4 50-64 ans 4,5
25-49 ans 81,1 Dont 55-64 ans 4,1
50-64 ans 62,4 Femmes 15-64 ans chômeurs 6,0
Hommes de 15 à 64 ans en emploi 69,3 15-24 ans 6,3
15-24 ans 32,7 25-49 ans 7,3
25-49 ans 85,6 50-64 ans 3,9
50-64 ans 65,4 Personnes de 15-64 ans actives 72,3
Femmes de 15 à 64 ans en emploi 62,5 15-24 ans 38,2
15-24 ans 28,0 25-49 ans 88,4
25-49 ans 76,7 50-64 ans 66,7
50-64 ans 59,6 Hommes de 15 à 64 ans actifs 76,2
Chômeurs 6,4 15-24 ans 42,1
15-24 ans 7,9 25-49 ans 92,9
25-49 ans 7,3 50-64 ans 70,0
50-64 ans 4,2 Femmes de 15 à 64 ans actives 68,6
Hommes 15-64 ans chômeurs 6,9 15-24 ans 34,3
15-24 ans 9,4 25-49 ans 84,0

25-49 ans 7,3 50-64 ans 63,6

287
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

4 L’emploi dans l’Union européenne ★★★

Compétences attendues • Comparer la situation de l’emploi dans différents pays par


l’analyse de données statistiques
• Analyser les causes structurelles et conjoncturelles du
chômage, sur un marché donné

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur
l’annexe.
1. Selon l’auteur de l’article, quelle est la nature du chômage qui touche les pays de l’UE,
présentant les taux de chômage les plus élevés. Justifiez votre réponse.
2. En vous appuyant sur des références théoriques, présentez les causes de ce type
de chômage.
3. Expliquez en quoi les disparités observées en matière d’emploi au sein de l’UE sont
problématiques pour l’Union. Vous veillerez à structurer votre argumentation.

Politique de l’emploi et politique sociale dans l’Union européenne


Annexe

Omniprésentes dans les débats publics nationaux, les questions sociales et


de l’emploi sont également une composante importante de la politique européenne.
Particulièrement depuis la crise de 2008, elles sont devenues indissociables de la
politique économique. Et les institutions européennes multiplient les programmes
pour réduire le chômage, notamment des jeunes.
L’Europe dans le monde
Par rapport au reste du monde, y compris au sein des pays les plus avancés sur le
plan économique, l’Europe est une exception sur le plan social et de l’emploi.
Les droits sociaux y sont généralement plus importants (ou équivalents) que partout
ailleurs. Cela est vrai s’agissant par exemple des congés maladie, qui sont souvent
très développés sur le Vieux Continent, alors qu’ils sont à l’inverse quasi inexistants
aux États-Unis (sauf dans trois États), ou encore des droits des femmes. En la matière,
si de grands progrès sont encore attendus, l’Europe fait néanmoins partie des régions
où les écarts de salaires sont les moins importants, où les femmes accèdent le plus
aux fonctions exécutives en entreprise ou en politique, et où le droit à l’avortement
est reconnu (sauf quelques exceptions notables).
De la même manière, en matière de droit du travail, l’Europe se distingue du reste
du monde. Si d’importantes disparités existent entre les pays, certains d’entre eux ont
en effet mis en place des systèmes très protecteurs, à l’instar de deux du Danemark,
de la France ou encore des Pays-Bas. En revanche, les taux de chômage en Europe
sont souvent plus élevés que ceux des autres pays occidentaux. En moyenne, au
sein de l’Union européenne, 7,3 % des actifs sont sans emploi, alors que le taux de
chômage des États-Unis se situe à 4,1 % ou que celui de la Norvège est égal à 4,8 %
(chiffres : Eurostat, 2017).

288
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

La situation en Europe
En matière d’emploi et de droits sociaux, l’Europe se situe donc globalement à
l’avant-garde dans le monde, mais connaît de fortes disparités d’un État membre
à l’autre. Ces dernières s’expliquent principalement par le fait que les institutions
européennes ne disposent pas de compétences étendues dans ces domaines, et que
les situations économiques varient fortement d’un pays à l’autre.
Le taux de chômage moyen de l’UE s’élève à 7,3 %. En constante diminution depuis
A

2013, il varie de 2,5 % en République tchèque à 20,5 % en Grèce. Plusieurs pays


peuvent donc se targuer d’être au plein-emploi, tels que l’Allemagne, le Royaume-Uni,
la Pologne ou la Hongrie. Tandis que d’autres demeurent confrontés au chômage
de masse, vestige de la crise économique de 2008 : la Grèce, l’Espagne, l’Italie ou
la Croatie. La situation est identique s’agissant du chômage chez les moins de
25  ans. La moyenne européenne s’élève à 16,1 % et les chiffres varient de 4,9 %
en République tchèque à 40,8 % en Grèce. Au total, dans 12 États membres sur 28,
le taux de chômage des jeunes dépasse le seuil des 15 %.
Au-delà des chiffres du chômage, d’autres indicateurs témoignent des disparités euro-
péennes sur les questions sociales. Parmi ceux-ci, l’existence et le montant du salaire mini-
mum. 22 États sur 28 en prévoient un, tandis que son montant varie considérablement
en fonction du niveau de vie : il est d’environ 1 400 € bruts en France et en Allemagne,
contre environ 275 € en Roumanie. De la même manière, le coût de la main-d’œuvre
n’est pas le même partout en Europe. Il culmine à 40 € de l’heure en Suède, se porte à
34 € de l’heure en France, et chute à 20 € au Royaume-Uni ou encore 9 € en Estonie. […]
Enjeux et perspectives
Au niveau national, depuis plusieurs années, la tendance majoritaire est à la libé-
ralisation des marchés du travail et à l’assouplissement du droit du travail afin de
faire baisser le chômage. […]
Extrait d’une synthèse de Jules Lastennet, www.touteleurope.eu, 6 mars 2018

5 Nouvelles formes de travail et polarisation ★★★

Compétences attendues • Analyser les conséquences de la révolution numérique sur


l’emploi et les modalités de travail
• Identifier les causes du dualisme et de la polarisation du
marché du travail

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur
les annexes.
1. Quelle forme de polarisation du marché du travail l’économie collaborative a-t-elle fait
émerger ?
2. Expliquez en quoi la diffusion de l’intelligence artificielle (IA) dans tous les secteurs de
l’activité économique peut être à l’origine d’un processus de destruction créatrice.
3. Expliquez la phrases soulignée dans l’annexe 2 et nuancez-la.

289
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Quel dialogue social pour demain ?


Annexe 1 A priori, et de toute évidence, le monde des indépendants grossit mais ne bénéficie
pas de la représentation qu’il devrait avoir sur le plan social car aujourd’hui, l’em-
ploi, tel que posé dans le cadre institutionnel, c’est le travail salarié ! Et unique-
ment le travail salarié. Les indépendants en sont donc réduits au rôle de « fantôme
politique », et ce problème de représentation, à la fois syndicale, professionnelle et
politique de cette nouvelle population, devient criant.
Il faut dire aussi que ces nouvelles populations de travailleurs (ou d’actifs) sont peu
enclines à se regrouper comme le faisaient les salariés à l’époque de l’émergence
des syndicats :
– les parcours professionnels et le zapping entre statuts ou situations ne rendent pas
naturel le recours aux instances représentatives ; les populations concernées sont
très atomisées, voire individualistes dans certains cas ;
– le dialogue social français, concentré sur le travail salarié, n’appelle pas de ses
vœux un nouveau syndicalisme, synonyme aussi de partage du pouvoir.
Pourtant, l’essor de l’économie collaborative va de pair avec l’explosion des
demandes de prise de position des représentants des prestataires auto-entrepre-
neurs sur de nombreux sujets déjà évoqués […], avec par exemple la question de
la fixation des prix d’un commun accord avec les plateformes, ou encore l’épi-
neuse question de la dépendance économique. Quelle que soit la manière dont on
discute, il faudra installer un dialogue d’un nouveau genre entre les plateformes
et leurs utilisateurs qui y génèrent tout ou partie de leurs revenus, qu’ils soient
auto-entrepreneurs ou non. Il s’agit d’installer des voies de discussion avec les
parties prenantes.
Les sujets sont nombreux : comment fonctionnent les outils de notation ou d’éva-
luation, comment ces notes peuvent être utilisées contre le prestataire, comment
prendre en compte l’ancienneté, la ponctualité, la fidélité, l’exclusivité, le niveau
des commissions pratiquées, les prix minimum, les politiques de sanction, l’assu-
rance portée par l’indépendant et celle portée par la plateforme…
Sur ce sujet, il est à la fois urgent et nécessaire de se fédérer vite et efficacement,
pour poser les bases du dialogue social 3.0 dont la France a besoin pour progresser !
Extrait de L’Ubérisation, un ennemi qui vous veut du bien ?,
D. Jacquet et G. Leclercq, Dunod, 2016

Controverses sur les destructions d’emplois


Annexe 2

L’enjeu avec l’arrivée de l’intelligence artificielle est de savoir si, cette fois encore,
les mécanismes schumpétériens de destruction créatrice seront à l’œuvre pour recréer
des emplois face à ceux qui disparaîtront. Autrement dit, il s’agit de savoir si finale-
ment l’intelligence artificielle est une technologie comme une autre qui va engendrer
autant, voire plus d’emplois, dans de nouveaux secteurs. D’un côté, on retrouve les
défenseurs de Schumpeter. Leur raisonnement est simple : l’histoire va se perpétuer.

290
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

L’intelligence artificielle est une technologie comme une autre, il s’agit d’analyser son
impact avec les mêmes outils et les mêmes modèles que toutes les autres technologies
et ses conséquences seront les mêmes. Beaucoup d’emplois vont disparaître et beau-
coup d’emplois vont apparaître, mais on ne les connaît pas encore. L’amplitude sera
peut-être plus grande cette fois-ci parce que l’intelligence artificielle offre un potentiel
de gains de productivité et de nouveauté considérable. Selon eux, il est inutile d’avoir
les mêmes craintes que par le passé sur la disparition du travail : il n’a jamais disparu,
il s’est transformé, a muté et continuera de le faire. Débat clos.
Extrait de Disruption, S. Mallard, Dunod, 2018

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

6 Étude de documents : révolution numérique et emploi ★★★ 60 mln

Compétences attendues • Analyser les conséquences de la révolution numérique sur


l’emploi et les modalités de travail
• Identifier les causes du dualisme et de la polarisation du
marché du travail

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives aux Rendez-vous
annexes. MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Définissez la révolution numérique.
2. Présentez brièvement le modèle économique de Deliveroo. Illustrez ce modèle par
d’autres exemples.
3. Analysez le fonctionnement de cette plateforme en vous appuyant sur les critères
de la concurrence pure et parfaite.
4. Définissez la flexibilité du travail et expliquez sur quelle modèle de flexibilité la plate-
forme Deliveroo s’appuie.
5. Présentez les avantages et les inconvénients de cette forme de flexibilité du travail pour
Deliveroo et pour les livreurs.
6. Expliquez pourquoi le modèle économique des plateformes numériques accentue le
dualisme sur le marché du travail, non seulement au niveau national, mais aussi mondial.

291
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Les bonnes recettes de Deliveroo


Annexe 1 Ses 7 000 coursiers sont tous indépendants. Le jeune géant de la livraison de repas à
domicile décline le modèle Uber.
[…] La pluie, le vent et la circulation infernale n’ont pas de prise sur ces forçats de la
route. Au contraire, c’est précisément quand les conditions météo se dégradent qu’ils
sont le plus sollicités par une clientèle urbanisée et connectée, séduite par la sélec-
tion de restaurants proposée sur l’application. Cette dernière, imaginée à Londres
par l’Américain Will Shu (37 ans) il y a quatre ans, est en train de s’imposer à vitesse
grand V dans le paysage français : + 650 % de commandes en un an, 3 000 restau-
rants partenaires et des milliers de livreurs disponibles en permanence. […]
Côté livreurs, on continue aussi de se précipiter pour « l’embarquement », le
surnom donné par la direction de ce rituel hebdomadaire où les nouveaux venus
viennent s’enregistrer au siège de l’entreprise, un ancien garage du Xe  arrondis-
sement de Paris. Comme Pierre, étudiant en droit de 19  ans, qui vient de signer
son contrat avec Deliveroo. « J’ai fini mon semestre, je cherchais un petit boulot.
J’ai postulé dans des restaurants, dans des magasins, mais je n’ai pas été pris.
Mes copains m’en ont parlé. L’idée de travailler et de faire du sport, ça m’a plu. »
Son profil correspond parfaitement aux résultats de l’enquête que vient de comman-
der la start-up à l’institut Harris Interactive pour mieux cerner ses livreurs parte-
naires. « La moitié a moins de 23 ans, 80 % d’entre eux ont une activité à côté, qu’ils
soient étudiants, entrepreneurs ou intermittents du spectacle », indique Hugues
Décosse, en faisant défiler les graphiques.
Des livreurs partenaires, travailleurs indépendants
Et le nouveau modèle de rémunération entré en vigueur en début d’année n’a
pas refroidi les ardeurs des recrues, toujours plus nombreuses. Il est pourtant bien
moins intéressant. Aux derniers arrivés, l’entreprise verse 5,75 euros pour chaque
course. Les anciens bénéficient pour leur part d’une rémunération fixe autour
de 7  euros de l’heure, à laquelle il faut ajouter une variable selon les courses
(1 à 4 euros) et les conditions (pluie, week-end,…). Ce système à la carte résume
assez bien les relations entre la start-up et ses livreurs, qui travaillent tous en
­indépendants. […]
Si les recrues et leur vélo – payé de leur poche – sont toujours aussi nombreux à se
présenter à l’embarquement, c’est que la start-up britannique leur offre aussi une très
grande flexibilité. « Pour travailler, il suffit de se connecter sur l’application, de dire
quand on est disponible et ils nous “bookent” un créneau, poursuit un livreur trente-
naire. Si je veux annuler, il faut que je les informe au moins quarante-huit heures à
l’avance mais, globalement, ils sont très souples. »Ce travail à la carte a aussi un coût,
celui de la sécurité. « Si je me blesse et que je ne peux plus rouler, je suis arrêté. Enfin,
“arrêté”, c’est un grand mot, en tant qu’autoentrepreneur, je n’ai pas de couverture
sociale. Après un petit accident, je n’ai pas pu travailler pendant un mois, c’est
pour ça que je mets un peu d’argent de côté chaque mois », nuance le livreur. […]

292
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Le boss accélère la cadence


La start-up a bouclé l’été dernier un cinquième tour de table en levant 275 millions
d’euros. Avec cet argent frais, […] Will Shu, va s’atteler à l’embauche de 300 ingé-
nieurs au siège de l’entreprise à Londres, pour y développer son algorithme, le nerf
de la guerre.
Extrait de l’article de Sébastien Pommier, L’Expansion, 21 avril 2017

Ubérisation, précarisation du travail… comment contrer le capitalisme 2.0 ?


Annexe 2

Par une société de libres producteurs associés


Sans la révolution numérique, l’actuelle mondialisation n’aurait pas pu exister,
mais sans elle, le digital n’aurait pas eu les moyens de son développement plané-
taire. Contradictoirement, le moteur de cette révolution est le libre partage de
l’information avec des communs universels comme les logiciels libres, alors que
le capitalisme  2.0, celui des plateformes numériques Uber, Facebook, Amazon,
Google, Airbnb…, n’a de cesse de tenter d’accaparer l’information en la priva-
tisant. Ce capitalisme attaque le statut de salarié en parcellisant le travail et en
mettant directement en contact travailleurs et consommateurs. Mais ces travail-
leurs s’organisent pour faire valoir leurs droits et obtenir que leur lien de subordi-
nation aux plateformes soit requalifié en contrat de travail salarié. La bataille est
engagée pour la sécurisation des revenus et des droits sociaux des travailleurs des
plateformes, avec des mutuelles de travail, mais aussi dans le cadre de plateformes
coopératives travailleurs/usagers face aux plateformes propriétaires.
Le numérique bouleverse l’entreprise. Uber est à la fois une entreprise de transport sans
véhicules et sans chauffeurs, et un marché du travail où l’e-réputation des conducteurs
est mise aux enchères. À des organisations marquées par la hiérarchie, la vertica-
lité, le contrôle de l’information, le numérique oppose le pair à pair, l’horizontalité, le
partage de données. Mais, aux hiérarchies verticales, se substituent les dictatures de la
notation de tous par tous, de la transparence absolue, de l’e-réputation et d’oligarchies
technocratiques régulant l’auto-organisation des réseaux. Les organisations holacra-
tiques ne font pas disparaître les rapports de domination, elles les automatisent via des
algorithmes. Un chauffer Uber n’est pas licencié, mais désactivé par l’algorithme. […]
Les luttes pour l’émancipation de l’exploitation salariale sont grosses, les contra-
dictions de la révolution numérique ne peuvent s’incarner que dans la visée d’une Une organisation
holacratique
société de libres producteurs associés que Marx appelait de ses vœux, et non dans (de holacracy) mise sur
une société « d’entrepreneurs de soi » travaillant sous la dictature du libre marché l’intelligence collective,
du capitalisme de plateforme. sur une gouvernance
Extrait de l’article de Yann Le Pollotec, membre du PCF en charge de la révolution par l’organisation, plutôt
­numérique, L’Humanité, 23 mai 2017 que sur l’ego
de ses membres.

293
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Protéger les nouvelles formes de travail


Le capitalisme de Google n’est plus celui de Ford, ni même celui de Microsoft.  Il
transforme profondément le travail, non pas en le supprimant, mais en changeant
sa nature et les formes sociales de son encadrement. Robert Castel a décrit le capita-
lisme industriel de l’après-guerre comme une « société salariale ». Le travail n’y est
plus simplement une marchandise vendue et achetée, mais une activité encadrée
par le droit du travail, donnant accès à un certain nombre de protections : retraite,
assurance-maladie, assurance-chômage,  etc. […]. En bouleversant les formes de
travail, le capitalisme numérique détruit ces droits et ces protections. Il prospère
grâce aux autoentrepreneurs, qui livrent des repas à vélo ou conduisent des VTC. Il a
besoin de microtravailleurs, en Inde ou au Kenya, payés à la tâche pour « modérer »
les contenus postés sur les réseaux sociaux […]. Il s’appuie sur le travail passionné et
bénévole de développeurs de logiciels libres, de créateurs de vidéo ou encore de fans
de séries. […] Ce digital labour est pourtant rendu largement invisible. Il est occulté
par les discours emphatiques sur la « puissance des algorithmes » et l’automatisa-
tion. Il est également voilé par la division mondiale du travail, qui relègue les tâches
les plus pénibles dans des espaces sociaux périphériques. […]
Extrait de l’article de Sébastien Broca,
sociologue à l’université Paris-VIII, L’Humanité, 23 mai 2017

294
SYNTHÈSE
Déséquilibres du marché du travail

Quantification du chômage

Définition du BIT

Définition de Pôle emploi

Halo de chômage Indicateurs : taux de chômage,


et sous-emploi taux d’emploi, taux d’activité

Explication du chômage

Causes multiples et cumulatives

Ralentissement
de la croissance Imperfections
et insuffisance Progrès du marché du travail :
de la demande technique chômage structurel
effective : (classique)
chômage conjoncturel

Rigidité des Difficultés


salaires à la baisse : d’appariement
– présence de syndicats
– salaire minimum
– pratiques managériales…

295
CHAPITRE
16 Politiques publiques
et marché du travail
PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Identifier les principales mesures prises • Politique de l’emploi : mesures actives et
dans le cadre des politiques de l’emploi passives
au sein des pays de l’OCDE • Politique pour l’emploi : impacts
• Distinguer les mesures dites passives attendus du soutien à l’activité sur
et actives l’emploi
• Comparer les effets attendus • Flexibilité du marché du travail : formes
des différentes mesures des politiques de et enjeux
l’emploi et des politiques pour l’emploi
• Analyser les enjeux de la flexibilité sur
le marché du travail, dans ses différentes
formes
• Caractériser l’action des pouvoirs
publics pour accompagner les
transformations du marché du travail

PRÉREqUIS LIEN AVEC LE DCg 3


• Complémentarité État-marché (chapitre 5) § 2.6. La formation du salarié
• Place et rôle de l’État (chapitre 8)

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les politiques de l’emploi • 2. Les politiques pour l’emploi •
3. Les enjeux et perspectives des politiques publiques en matière d’emploi
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

L es pays de l’OCDE connaissent aujourd’hui de profondes mutations de leur marché du


travail, dues au progrès technique, à la mondialisation, et aux changements démogra-
phiques, affectant la quantité d’emplois disponibles mais aussi la qualité.

MOTS-CLÉS
Chômage • Demande de travail • Employabilité • Flexibilité du marché du travail
•Flexisécurité • Niveau d’emploi • Offre de travail • Politique active de l’emploi • Politique
passive de l’emploi • Politique pour l’emploi • Politique de l’emploi • Précarisation
Chapitre 16 Politiques publiques et marché du travail

1  Les politiques de l’emploi


Définition
La politique de l’emploi au sens large est un ensemble de mesures prises par les
pouvoirs publics pour améliorer le fonctionnement du marché du travail et réduire
les déséquilibres qui peuvent y apparaître.

À partir de cette définition générale, on distingue deux types de politiques de l’emploi :


les politiques actives et les politiques passives.
Les dépenses ciblées en faveur du marché du travail sont classées en trois grands postes
par Eurostat, organisme européen de statistiques :
––les services ;
––les mesures dites « actives » ;
––les soutiens au revenu.
Schématiquement, les mesures actives visent à améliorer le fonctionnement du marché
du travail, alors que les mesures de soutien au revenu sont intégrées dans les politiques
dites « passives de l’emploi », dont l’objectif principal est d’assurer une prise en charge
financière des effets liés aux déséquilibres du marché du travail, notamment de la perte
d’emploi.

A La politique active de l’emploi et la politique passive


de l’emploi
1. Les politiques actives de l’emploi
Définition
Les politiques actives de l’emploi intègrent des mesures prises par les pouvoirs
publics pour améliorer le fonctionnement du marché du travail.

L’amélioration du fonctionnement du marché du travail repose sur la l’intensification de


la création, la limitation de la destruction et sur l’adéquation entre l’offre et la demande
d’emploi.
Selon l’Union européenne et l’OCDE, les mesures actives comprennent :
––les dispositions relatives à la formation professionnelle ayant pour objectif d’amélio-
rer l’employabilité, et financées par les organismes publics ;
––les dispositions qui facilitent l’embauche de chômeurs ou de groupes particuliers
(jeunes, séniors) ou qui visent à maintenir en situation d’emploi des personnes qui le
perdent involontairement ;
––les dispositions qui promeuvent l’insertion sur le marché du travail, de personnes à
capacité réduite ;
––les créations directes d’emplois supplémentaires dans le secteur non marchand ;
––les aides à la création d’entreprises destinées aux chômeurs ou à des populations cibles.

297
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

CHIFFRES-CLÉS Exemple
Les mesures actives ◗◗ En France, les mesures actives correspondent aux anciens emplois aidés dans le secteur
s’élèvent en France à non marchand, supprimés en août 2017, aux aides à l’embauche ciblées par catégorie d’âge
près de 15 milliards (en France, pour les demandeurs d’emploi de plus de 45 ans) et à la formation continue
d’euros, sur un des adultes. ◗
montant total de
dépenses publiques 2. Les politiques passives de l’emploi
pour les politiques
du marché du travail Définition
de 65,7 milliards Les politiques passives de l’emploi intègrent des mesures prises par les pouvoirs
d’euros (Dares et publics pour atténuer les conséquences des déséquilibres du marché du travail ou
Eurostat, 2017). pour limiter la population active.
Exemple
CHIFFRES-CLÉS
En France, ces mesures comprennent les prestations de chômage (allocation d’aide au
◗◗
retour à l’emploi – ARE, allocation spécifique de solidarité – ASS –  versée aux chômeurs en
En France, fin de droits, etc.) et les dispositifs de préretraites (  chapitre 18). ◗
le montant des
dépenses relatives À cette distinction entre les politiques actives et passives de l’emploi peuvent s’ajouter
à la prise en des grilles d’analyse plus proches des modèles théoriques du marché du travail (  cha-
charge en cas de
pitre 15).
perte d’emploi
s’élève à environ
45 milliards
d’euros, soit 69 %
B Les actions portant sur l’offre et la demande de travail
du montant total
des dépenses ciblées 1. Les actions sur la demande de travail
par les politiques du Selon l’analyse classique et néoclassique du marché du travail, la demande de travail
marché du travail (  chapitre 15) résulte de l’arbitrage coût/bénéfice mené par les firmes. Le coût du travail
(Dares et Eurostat,
est représenté par le salaire réel, et il est comparé à la productivité marginale du travail.
2017).
Dans cette perspective, des mesures peuvent être prises pour diminuer le coût du travail
telles que la baisse des cotisations sociales, des subventions à l’embauche ou au main-
tien de l’emploi, ou encore la suppression du salaire minimum.
Dans le prolongement de ces approches, on peut également considérer qu’un employeur
subit d’autres formes de coûts découlant de la relation de travail (coûts de transaction
(  chapitre 13) : des coûts d’embauche (coût de recrutement, de formation) et des
coûts de licenciement. La réduction de ces coûts, grâce à la mise en place de procédures
de rupture de contrat de travail simplifiées (ex. : rupture conventionnelle depuis 2008)
ou à des contrats de travail plus flexibles, doit permettre de « fluidifier » le fonction-
nement du marché du travail. Les principales limites de ces mesures résident dans la
précarisation des travailleurs.
Exemple
◗◗ En Allemagne, la réforme du marché du travail au début des années 2000 menée par
G. Schröder, avec pour cadre législatif les lois Hartz, a certes permis de diminuer le chô-
mage mais au prix d’une précarité accrue des travailleurs avec des emplois à 1 €/heure. ◗

298
Chapitre 16 Politiques publiques et marché du travail

2. Les actions sur l’offre de travail


Ces actions visent à restreindre l’offre de travail sur le marché du travail ou à en amélio-
rer la qualité pour une meilleure adéquation avec les besoins des entreprises en termes
de compétences. La restriction de l’offre de travail peut s’appuyer sur des mesures ten-
dant à inciter certaines catégories de la population à sortir de la population active.
Exemple
◗◗ Le prolongement de la formation initiale des jeunes, les systèmes de préretraite pour
les seniors, ou encore les incitations financières pour les femmes au foyer diminuent la
demande de travail. Globalement, dans une Europe acculée par le vieillissement démogra-
phique et où la pénurie de main-d’œuvre se fait ressentir en Allemagne et dans certains
pays d’Europe centrale et orientale (notamment la Pologne), les mesures de restriction de
l’offre de travail ne sont plus à l’ordre du jour. ◗

La formation professionnelle continue visant à améliorer l’employabilité des travail-


leurs ainsi que des mesures visant à faciliter la reconversion des demandeurs d’emploi
dans des secteurs porteurs de l’économie participent à une meilleure adéquation entre
l’offre et la demande sur le marché du travail (  chapitre 15).
Exemple
◗◗ En France, le compte personnel de formation (CPF), intégré dans le compte personnel
d’activité, est un dispositif qui permet à tout salarié d’utiliser son crédit, tout au long de sa
vie, pour suivre une formation qualifiante. ◗

Ces politiques de l’emploi sont accompagnées de politiques pour l’emploi, visant à lut-
ter contre le chômage de façon indirecte.

 EXERCICE  2

2  Les politiques pour l’emploi


Définition
La politique pour l’emploi fait référence à un ensemble de mesures relevant des
politiques publiques économiques, pour agir sur le niveau d’emploi, en complément
d’actions portant sur le marché du travail.

Le niveau d’emploi dans une économie ne dépend pas uniquement du fonctionnement


plus ou moins efficace du marché du travail, mais de l’ensemble des marchés et de l’en-
semble de l’activité économique. On peut distinguer deux orientations de la politique
économique pour relancer l’activité économique d’un pays : les politiques d’inspiration
keynésienne et les politiques d’inspiration libérale.

299
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

A Les politiques d’inspiration keynésienne


Pour Keynes, l’insuffisance de la demande effective sur le marché des biens et des ser-
vices explique l’apparition d’un chômage involontaire. Le marché n’étant pas autorégu-
lateur, un équilibre de sous-emploi peut persister, justifiant l’intervention de l’État pour
relancer la demande globale et ainsi réduire le chômage.
Exemple
◗ Le Recovery Act signé par Barack Obama en février 2009 pour faire face à la récession géné-
rée par la crise des subprimes s’inspire des thèses keynésiennes : accroître les dépenses
publiques en période de récession pour assurer des débouchés aux entreprises, qui créent
ainsi des emplois et investissent (effet multiplicateur). ◗
Les principales critiques à l’encontre des politiques d’inspiration keynésienne portent
sur leur efficacité dans des économies ouvertes, et/ou dans des économies cumulant les
déficits publics.

B Les politiques d’inspiration libérale


La relance de l’activité économique d’un pays peut également reposer sur une politique
de l’offre (  chapitre 15).
Exemple
◗◗ Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), mis en œuvre à partir de 2013, a
pour objectif de redonner aux entreprises des marges de manœuvre pour investir, prospec-
ter, innover, favoriser la R&D ou accompagner la transition écologique. ◗

Ces mesures visent à diminuer les coûts des entreprises afin d’améliorer leur rentabilité.
C’est la fameuse phrase prononcée en 1974, par H. Schmidt, chancelier ouest-allemand
et membre du SPD : « Les profits d’aujourd’hui, sont les investissements de demain et
les emplois d’après-demain. » D’un point vue théorique, le lien entre profits/ investisse-
ments et création d’emplois est discutable :
––d’une part, parce que l’investissement est une variable économique très volatile dont
les déterminants sont multiples ;
––d’autre part, parce que certains types d’investissement (investissements de moderni-
sation) peuvent participer à la destruction d’emplois.
Néanmoins, historiquement, les politiques économiques mises en place à la fin des
années 1970 et au début des années 1980 en RFA, au Royaume-Uni et aux États-Unis
s’inscrivaient dans cette logique libérale.

 EXERCICE 5 • ÉTUDE DE DOCUMENTS 6

300
Chapitre 16 Politiques publiques et marché du travail

3  Les enjeux et perspectives des politiques publiques


en matière d’emploi

A La flexisécurité, une tendance forte de la politique euro-


péenne
Depuis les réformes du marché du travail entreprises par certains pays de l’UE au début
des années 2000, lesquelles se sont généralisées après la crise de 2008, se pose la ques-
tion d’une convergence possible des modèles sociaux dans un schéma de flexisécurité
(ou flexicurité).
Définition
La flexisécurité consiste, pour les États, à libéraliser le fonctionnement du marché « En Europe, la crise a
accéléré la réforme du
du travail, tout en assurant aux travailleurs une sécurisation de leurs parcours pro- marché du travail » :
fessionnels.

La flexibilité du marché du travail peut notamment reposer sur des contrats de travail
plus souples, avec des coûts d’entrée et de sortie plus faibles, notamment pour l’em- http://dunod.link/
ployeur, alors que la sécurisation des parcours professionnels fait appel à une indemni- yokyxdw
sation du chômage généreuse mais incitant le demandeur d’emploi à retrouver rapide-
ment un travail.

FOCUS La flexisécurité au Danemark


Le Danemark a connu un taux de chômage avoisinant 14 %, au début des années 1990, ce qui a justifié
une réforme du marché du travail en 1994 (réduction de la période d’indemnisation du chômage, indem-
nisation conditionnée à une recherche active et mesures d’insertion à caractère obligatoires destinées
aux demandeurs d’emploi).

B Les critiques du modèle de flexisécurité


La principale critique de la libéralisation du marché du travail porte sur les risques de
précarisation, avec la nécessité de cumuler plusieurs emplois afin de répondre aux
dépenses de consommation courante (phénomène des working poor). Cette question
se pose avec d’autant plus d’acuité que nos sociétés, depuis la fin de la Seconde Guerre
mondiale, se sont construites sur une relation stable au travail : en France, le contrat de
référence reste le CDI (ex. : obtention d’un crédit bancaire, location d’un appartement).
La libéralisation européenne du marché du travail souffre également de la faiblesse de
l’Europe sociale, avec un risque de nivellement par le bas. Pour le modèle social français,
cela revient à remettre en cause des acquis sociaux, obtenus grâce aux luttes sociales
des 19e et 20e siècles.
Ces réflexions sur la politique de l’emploi au niveau européen sont d’autant plus pré-
gnantes que les pays sont affectés par de profondes mutations :
•• Le vieillissement démographique entraîne des pénuries de main-d’œuvre partielle-
ment compensées par les flux migratoires.

301
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

•• La libre circulation des travailleurs au sein de l’UE accentue ces disparités sur les mar-
chés du travail nationaux.
•• La robotisation et l’intelligence artificielle détruisent des emplois dans de nombreux
secteurs de l’activité économique, et l’effet de déversement (au sens de Sauvy) qui en
résulte nécessite l’intervention des pouvoirs publics.
Contraintes de repenser la place du travail, les sociétés post-industrielles s’orientent
vers de nouveaux modèles comme le partage du temps de travail ou le revenu universel
(  chapitre 18).

 EXERCICE 3 • EXERCICE 4 • EXERCICE 5 • ÉTUDE DE DOCUMENTS 6

302
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1  QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. Dans les politiques de l’emploi, une mesure active vise :
a. à améliorer le fonctionnement du marché du travail. ∙
b. à prendre en charge les conséquences des déséquilibres sur le marché
du travail. ∙
2. Dans les politiques de l’emploi, une mesure passive vise :
a. à améliorer le fonctionnement du marché du travail. ∙
b. à prendre en charge les conséquences des déséquilibres sur le marché
du travail. ∙
3. Les politiques pour l’emploi ont pour objectif :
a. d’améliorer le fonctionnement du marché du travail. ∙
b. de prendre en charge les conséquences des déséquilibres
du marché du travail. ∙
c. d’agir sur le niveau d’emploi par le biais d’une politique macroéconomique
axée sur l’offre ou la demande globale. ∙
4. La flexisécurité repose sur une flexibilité accrue du marché du travail et…
a. une sécurité de l’emploi. ∙
b. une sécurisation du parcours professionnel. ∙
5. Pour Keynes, la réduction du chômage justifie l’intervention de l’État
par le biais :
a. d’une politique budgétaire de relance de l’activité économique,
en stimulant la demande. ∙
b. d’une politique monétaire expansive. ∙
c. d’une incitation à la baisse des salaires sur le marché du travail. ∙

2  Politiques active et passive ★★★


Definissez et illustrez les politiques passive et active de l’emploi.

303
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 Impact des actions publiques sur l’offre et sur la demande


de travail ★★★

Compétence attendue Comparer les effets attendus des différentes mesures des
politiques de l’emploi et des politiques pour l’emploi

1. Représentez l’offre et la demande de travail sur un graphique. Expliquez les formes des
fonctions.
2. L’État met en place des mesures pour réduire les coûts d’embauche et les coûts de licen-
Par convention, le salaire
est toujours placé sur ciements afin de flexibiliser le fonctionnement du marché du travail. Expliquez graphi-
l’axe des ordonnées ; quement l’impact de ces mesures.
la quantité de main-
3. L’État met en place des mesures pour améliorer la qualité de la formation. Expliquez
d’œuvre, sur celui des
abscisses. graphiquement l’impact de ces mesures.

4 Lutte contre le chômage ★★★

Compétences attendues • Distinguer les mesures actives et passives des politiques


de l’emploi
• Comparer les effets attendus des différentes mesures des
politiques de l’emploi et des politiques pour l’emploi

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions suivantes portant sur
l’annexe.
1. Expliquez la phrase soulignée.
2. Après avoir présenté l’approche classique du marché du travail, indiquez si les mesures
de « dérégulation du marché du travail » présentées dans l’article relèvent de la poli-
tique active de l’emploi ou de la politique passive de l’emploi. Justifiez votre réponse.
3. Après avoir présenté l’approche keynésienne du chômage, indiquez si les mesures
« pour alimenter les carnets de commandes des entreprises » relèvent de la politique
de l’emploi ou de la politique pour l’emploi. Justifiez votre réponse.

304
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Le travail, un marché pas comme les autres


Annexe

[…] Suffit-il de déréguler le marché du travail pour que les chômeurs trouvent un
emploi ? Sur ce point, les économistes s’opposent. Les libéraux considèrent effec-
tivement qu’il ne peut pas y avoir d’autres raisons au chômage que les rigidités
présentes sur le marché du travail. Simplifier le code du travail, baisser le salaire
minimum, réduire les cotisations sociales seraient donc de bons outils pour lutter
contre le chômage. L’expérience espagnole, où le chômage est passé de 9 à 20 %
de la population active pendant la crise malgré une forte flexibilisation du marché
du travail, apporte des nuances à cette analyse. Les keynésiens, eux, ont une autre
vision. Ils pensent que le chômage résulte d’une demande de travail trop faible :
en clair, les carnets de commandes des entreprises ne sont pas assez fournis pour
les inciter à embaucher une main-d’œuvre supplémentaire. Pour rééquilibrer offre
et demande, il convient d’alimenter ce carnet de commandes, par exemple par la
commande publique : écoles, routes ou hôpitaux… Avec, toutefois une conséquence
notable : l’augmentation de la dépense publique et donc, souvent, un alourdisse-
ment de la dette publique. Non content d’être un marché très particulier, le marché
du travail est donc fortement corrélé aux autres données de l’économie.
Extrait de l’article de Béatrice Madeline, Pour l’éco, n° 4, décembre 2018

5 Incitation au retour à l’emploi ★★★

Compétences attendues • Identifier les principales mesures prises dans le cadre des
politiques de l’emploi au sein de l’OCDE
• Distinguer les mesures actives et passives des politiques
de l’emploi
• Comparer les effets attendus des différentes mesures des
politiques de l’emploi et des politiques pour l’emploi
• Analyser les enjeux de la flexibilité sur le marché du tra-
vail, dans ses différentes formes
• Caractériser l’action des pouvoirs publics pour accompa-
gner les transformations du marché du travail

Répondez aux questions suivantes portant sur l’annexe.


1. L’indemnisation du chômage relève-t-elle d’une politique active de l’emploi ou d’une
politique passive de l’emploi ? Justifiez votre réponse.
2. En vous référant aux théories économiques de votre choix étudiées dans le précédent
chapitre et aux politiques publiques présentées dans le présent chapitre, justifiez la
légitimité des politiques d’indemnisation du chômage.
3. Présentez les effets attendus par l’État d’une politique d’indemnisation plus sévère pour
les demandeurs d’emploi, puis montrez-en les limites. Vous essaierez de structurer votre
réponse en distinguant les éléments microéconomiques et macroéconomiques.

305
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Extraits de contrats
Annexe

Refuser une offre d’emploi : les chômeurs britanniques n’ont pas le choix !
[…] Courant novembre, syndicats de salariés et du patronat ont débuté les négo-
ciations autour d’une nouvelle convention d’assurance chômage. Le gouvernement
a indiqué vouloir faire entre 3 et 3,9  milliards d’euros d’économies sur trois ans.
Selon les données officielles, l’Unédic, organisme qui collecte les fonds et indem-
nise les chômeurs, a versé 34,3 milliards d’euros d’allocations en 2017. Son déficit
annuel était de 3,4  milliards d’euros, mais la dette cumulée, fin 2017, atteignait
33,5  milliards d’euros. D’où l’image d’un système trop généreux, nourrissant en
outre « quelques profiteurs ».
L’indemnisation en question
Pour modifier le système, les leviers sont multiples. On peut jouer sur le taux de
remplacement par rapport au salaire antérieur, sur la durée d’indemnisation, sur les
conditions d’éligibilité ou sur les obligations auxquelles sont soumis les demandeurs
d’emploi. Autant de paramètres qui permettent de comparer le système français à
ceux d’autres pays. C’est ce qu’a fait la Cour des comptes, en 2016, avec pour éton-
nante conclusion : « La France ne se singularise pas dans le paysage européen ». Le
pays, précise toutefois le rapport, se démarque par « une forte prépondérance de
l’Assurance chômage ». Cette prépondérance s’accompagne « de conditions d’accès
très favorables à l’indemnisation du chômage » (il suffit de quatre mois travaillés
sur une période de référence de 28 mois pour y avoir droit) et « de durées d’indem-
nisation longues ». Concrètement, le plafond d’indemnisation se situe entre 57 % et
7 % du dernier salaire et le versement peut durer jusqu’à 36 mois.
Ces conditions d’accès et le niveau de l’allocation pourraient, à l’avenir, devenir
moins favorables. Une surveillance renforcée des chômeurs est également à l’étude.
En cas de deux refus d’une offre raisonnable d’emploi, leur allocation pourrait être
ponctuellement supprimée. Pour le moment, en France, le pouvoir de sanction est
assez limité. […]
Et ailleurs en Europe ?
De nombreux pays sont plus exigeants. En Belgique, les chômeurs peuvent refuser
des offres d’emploi, mais seulement les six premiers mois. En Allemagne, les allo-
cations peuvent baisser de 30 % en cas de refus d’un poste. Même si le Luxembourg
ou le Portugal sont encore plus sévères, la Grande-Bretagne est souvent présentée
comme ayant mis en place un système particulièrement punitif.
Les chômeurs britanniques doivent en effet se présenter mensuellement à leur
Job Center, l’équivalent de Pôle Emploi, et prouver toutes les deux semaines qu’ils
recherchent activement du travail. En cas de refus d’une offre, ils peuvent être radiés.
Ces conditions, datant de 2010, devaient permettre d’économiser 18  milliards de
livres (20,6  milliards d’euros) en cinq ans. Le système est régulièrement dénoncé

306
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

comme provoquant la paupérisation des plus fragiles, à l’image des personnages


du film de Ken Loach Moi, Daniel Blake. Faire baisser les coûts du chômage est une
politique qui doit viser l’équilibre entre le soutien à l’économie, l’accompagnement
des demandeurs d’emploi et une surveillance raisonnable.
Extrait de l’article d’Angélique Vallez, Pour l’éco, n° 4, décembre 2018.

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

6 Étude de documents : robotisation et intelligence 45 mln


artificielle ★★★

Compétence attendue Caractériser l’action des pouvoirs publics pour accompa-


gner les transformations du marché du travail

En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions ci-après. Rendez-vous
MÉTHODE 1
Travail à faire
1. À partir de l’annexe 1, présentez les éléments qui ont pu entrer dans le calcul écono-
mique d’Adidas (calcul coût/bénéfice) pour justifier la relocalisation d’une partie de la
production de chaussures de la marque en Allemagne, dans une usine robotisée.
Structurez votre réponse
2. À partir des annexes 2 et 3, expliquez le processus de destruction créatrice qui accom- en distinguant les
pagne la robotisation. mesures relevant les
3. Présentez les actions qui peuvent être mises en œuvre par les pouvoirs publics pour politiques de l’emploi
et des politiques pour
accompagner ce processus de destruction créatrice lié à la robotisation, en vous l’emploi. Référez-vous
appuyant sur l’annexe 4. aux définitions du cours.

Finie l’Asie, une partie des chaussures Adidas sera produite en Allemagne,
Annexe 1

mais par des robots


Alors que la France rêve de relocalisations, l’Allemagne la touche du doigt. Adidas a
annoncé qu’elle allait produire une partie de ses chaussures en Allemagne dès 2017,
rapporte The Guardian. Problème : cette usine n’embauchera pas grand monde, les
souliers seront fabriqués par des robots.
La société a annoncé mercredi 25 mai que son prototype d’usine futuriste, Speedfactory,
allait livrer 500 premières paires d’Adidas « Made in Germany » en 2016. Le géant

307
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

a délocalisé ses usines depuis plus de 20 ans. Adidas a déjà prévu une deuxième
usine robotisée aux États-Unis en 2017 et réfléchit à des équivalents en France et
au Royaume-Uni. Pour l’instant, le but d’Adidas n’est pas d’automatiser à 100 %
leur production.
Il faut dire qu’avec plus de 300 millions de chaussures produites par an, ce serait
compliqué. Actuellement, celles-ci sont majoritairement fabriquées à la main. Si
le fait de relocaliser permet de diminuer les coûts liés au trajet, ce changement a
surtout lieu car les choses ont bien changé ces dernières années.
Des robots moins chers, des emplois mieux payés
Le coût des robots a baissé. Dans le même temps, les travailleurs des pays en voie
de développement, notamment en Asie, ont vu leurs salaires augmenter. Les entre-
prises chinoises emploient elles aussi de plus en plus de robots. Fin 2015, Samsung
annonçait de son côté qu’il souhaitait développer des usines robotisées en Corée du
Sud pour remplacer la main-d’œuvre chinoise.
Dans un sondage publié par Randstad en avril sur la peur de la robotisation, si les
Français ou les Allemands n’avaient pas trop peur d’être remplacés par les robots
(27 %), les Chinois (58 %) ou encore les Indiens (69 %) étaient eux très concernés
par cette problématique.
Concernant Adidas, il ne faut pas oublier que l’Allemagne est à la pointe de la
robotique. C’est le premier producteur européen. Il y a 281 robots pour 10 000 sala-
riés de l’autre côté du Rhin.
Grégory Rozières, Le Huffington Post, 5 octobre 2016

IA et robotisation : trois millions d’emplois menacés en France d’ici à 2025


Annexe 2

Emplois peu Emplois partiellement Emplois fortement


automatisables automatisables automatisables

•• Travailleur social •• Employé de maison •• Employé administratif


•• Artiste •• Employé de commerce •• Agent de voyages
•• Enseignant/chercheur •• Infirmier •• Téléopérateur
•• Psychologue •• Cadre intermédiaire •• Réceptionniste
•• Ingénieur •• Traducteur •• Manutentionnaire
•• Informaticien •• Assistant légal •• Ouvrier d’usine ou du
•• Cadre supérieur •• Assistant comptable BTP
•• Journaliste/éditeur •• Agent technique

Groupe Randstad France, 2018

308
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Menaces sur l’emploi dans les pays de l’OCDE (JDN/Statista)


Annexe 3

Les six éléments à retenir du rapport de Cédric Villani sur l’intelligence artificielle


Annexe 4

Donner un sens à l’intelligence artificielle. Tel est le titre du rapport sur l’intelli-
gence artificielle commandé par le Premier Ministre Édouard Philippe et qu’a dirigé
le député LREM et mathématicien Cédric Villani […] rendu public […] mercredi
28 mars 2018. C’est peu dire que le document mitonné par le récipiendaire de la
médaille Fields 2010 était attendu : voici les principaux éléments à retenir de cette
étude de plus de 240 pages.

[…] 3. Anticiper les impacts sur le travail, l’emploi et expérimenter


Anticiper les impacts de l’IA, de l’automatisation et de la robotique sur le travail.
La majorité des métiers et des organisations vont très certainement être transformés
dans les années à venir. Le rapport préconise « une transformation de la formation
initiale et continue » afin de favoriser « les pédagogies expérimentales, à même de déve-
lopper les compétences créatives qui deviennent de plus en plus cruciales ».
Procéder à un état des lieux et préparer le dialogue social. Un chantier législatif
sur les conditions de travail à l’heure de l’automatisation pourrait être lancé. Un
nouvel équilibre devra être trouvé pour mieux répartir la charge du financement de
la formation professionnelle.

309
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Mettre l’accent sur la formation. Des expérimentations pourraient être menées


Le rapport Villani « afin de construire des dispositifs qui ciblent certaines populations d’individus,
complet :
dont les emplois sont considérés comme étant le plus à risque d’automatisation et
pour lesquelles il sera complexe d’amorcer seules leur transition professionnelle ».
Améliorer les compétences nationales. Le rapport fixe un objectif : « multiplier par
3 le nombre de personnes formées à l’IA en France d’ici trois ans ». […]
http://dunod.link/ Extrait de l’article d’Arnaud Devillard et Erwan Lecomte,
s9mgt0i www.sciencesetavenir.fr, 28 mars 2018

Taxer les robots : une solution pour compenser les futures pertes de revenus ?
Annexe 5

Le développement de l’intelligence artificielle, et des robots en particulier, devrait


avoir des conséquences majeures sur le marché du travail. La robotisation n’est plus
cantonnée à l’industrie, mais gagne également le secteur des services. Aujourd’hui,
les robots peuvent remplacer des avocats, des médecins, des banquiers, des travail-
leurs sociaux, des infirmiers, voire des artistes. Si leur impact réel sur l’emploi divise
encore les économistes, il semble qu’il faille déjà réfléchir à des solutions. De fait,
la destruction massive de postes de travail qui semble se profiler pourrait avoir un
double effet négatif en termes de fiscalité : d’une part, une perte conséquente de
recettes fiscales et de contributions sociales et, d’autre part, des besoins accrus de
ressources publiques, en raison du nombre croissant de personnes sans emploi.
Plusieurs études ont commencé à se pencher sur le statut juridique des robots. Dans
un rapport publié en février 2017, le Parlement européen envisage par exemple la
création d’une personnalité juridique qui leur serait propre. Au vu de l’intérêt suscité
par cette question, pourquoi ne pas élargir le débat à la fiscalité des robots ?
Notre analyse suggère que l’instauration d’une taxe sur l’utilisation des robots pour-
rait constituer une solution intéressante face aux effets de la robotisation sur le
marché du travail. En substance, le fait d’attribuer aux robots une personnalité
juridique pourrait donner lieu à l’émergence d’une « capacité contributive électro-
nique », qui devrait être reconnue à des fins fiscales. Après tout, il est arrivé par
le passé que des États introduisent de nouvelles formes de personnalité juridique
lorsque les circonstances l’exigeaient. On pourrait donc très bien conférer aux robots
un statut fiscal spécifique.
Pour autant, la taxation des robots soulève des problématiques complexes, à
l’échelle nationale comme internationale. […] Certains spécialistes plaident par
exemple en faveur d’une « taxe sur l’automatisation », fondée sur le ratio entre le
chiffre d’affaires et l’effectif des entreprises. Plus le nombre de robots rapporté au
chiffre d’affaires est élevé, plus le montant de la taxe augmente. L’imposition des
robots pose des problèmes qui dépassent les frontières nationales et appellent une
analyse globale, tenant compte des travaux sur la fiscalité menés à l’échelle inter-
nationale […]
Xavier Oberson, Université de Genève, « L’Annuel de l’OCDE 2017 »

310
SYNTHÈSE
Politiques publiques et marché du travail

Politiques publiques sur le marché du travail

Politique de l’emploi Politique pour l’emploi

Relance par l’activité


Mesures actives : Mesures passives :
économique :
améliorer prendre en charge
lutter contre chômage
le fonctionnement les conséquences
(inspiration keynésienne
du marché du travail des déséquilibres
ou libérale)

De nouveaux défis à relever


Veillissement
de la population

Défis démographiques

Flux migratoires

Destruction et mutation
des emplois (intelligence
artificielle, robotisation…)

Défis sociétaux

Nouvelle approche
du travail découlant
de la révolution numérique

311
CHAPITRE
17 Inégalités sociales
et pauvreté

PROgRAMME

Compétences attendues Savoirs associés


• Identifier les différentes formes • Inégalités sociales : formes,
d’inégalités et les principaux risques origines et mesure (Piketty)
sociaux • Pauvreté : définitions et mesures
• Analyser les enjeux de la lutte contre • Justification économique des inégalités
les inégalités et de la couverture et remise en cause de l’efficacité
des risques sociaux des inégalités

PRÉREqUIS
Répartition primaire des revenus et défaillances de marché (chapitres 3 et 5) • Croissance économique
(chapitre 12)

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les inégalités • 2. La pauvreté • 3. L’enjeu économique des inégalités
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

A u cœur de nombreuses analyses, les inégalités sont un phénomène complexe et


cumulatif qui prend de multiples formes. Se pose encore aujourd’hui la question de
la justification ou non de telles inégalités. Seraient-elles un frein ou une incitation à la
croissance économique ?
Depuis 2008 et la crise des subprimes, de nombreuses analyses critiques se sont déve-
loppées sur les effets pervers des inégalités et de leur corolaire, la pauvreté, relançant le
débat sur les mesures à mettre en œuvre pour les endiguer.

MOTS-CLÉS
Capital humain • Courbe de Lorenz • Croissance économique • Écart interdécile
• Extrême pauvreté • Indice de Gini • Inégalités économiques • Inégalités patrimoniales
• Inégalités sociales • Inégalités territoriales • Interdécile • Quantile • Taux de pauvreté
Chapitre 17 Inégalités sociales et pauvreté

1  Les inégalités

A Les formes d’inégalités


Multiples, les inégalités sont des différences entre les individus et/ou des groupes d’indi-
vidus qui conduisent à des avantages ou à des désavantages (tab. 17.1).
Définition
Les inégalités sociales sont des différences qui avantagent certains individus ou groupes
sociaux dans l’accès à des ressources, à certains biens ou services, à certaines pratiques.

Les inégalités créent des écarts de niveau de vie et/ou de qualité de vie.

Tableau 17.1.  Typologie des inégalités

Inégalités économiques Revenu, salaire, patrimoine…


Inégalités sociales Genre, santé, accès à certains métiers (mobilité sociale), ­chômage…
Éducation, accès aux activités de sport et loisirs, en matière de ­pratiques
Inégalités culturelles
culturelles…
Inégalités écologiques Accès aux ressources naturelles (eau, sol, énergie…)

1. Des inégalités cumulatives qui s’autoentretiennent


Les inégalités économiques conduisent à des inégalités sociales qui peuvent elles- Débat sur la définition
mêmes renforcer les inégalités économiques (fig. 17.1). des inégalités :

Inégalités Inégalités
économiques territoriales
http://dunod.
link/946e9zp

Les caractéristiques
des inégalités en images :

Inégalités Inégalités
sociales culturelles
http://dunod.link/
e98won4
Figure 17.1.  Cercle vicieux des inégalités
« Les 10 graphiques qui
Des inégalités territoriales séparent les métropoles des territoires périphériques. Les illustrent les inégalités
inégalités économiques, sociales et culturelles se creusent entre les différents terri- en France » :

toires, notamment en raison d’un accès moindre aux infrastructures publiques (trans-
ports, institutions culturelles, système de santé…), d’un faible dynamisme économique
de certaines régions et d’externalités positives (  chapitre 5) appelées effets d’agglo-
mération (au sens de Marshall) qui accentuent le phénomène. http://dunod.link/5dwngvl

313
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

Définition
NOTRE CONSEIL Les économies d’agglomération désignent les bénéfices externes à l’entreprise (externa-
lités positives) provenant de la densité et de la diversité des agents économiques locaux.
Pensez à faire lien
avec les externalités
positives Marshall (1890) a identifié trois sources d’économies d’agglomération : le partage des
(chapitre 5). infrastructures et des coûts fixes liés à ces infrastructures, un bassin de l’emploi et un
vivier de capital humain plus larges ainsi qu’une meilleure diffusion de l’information et
des technologies.
2. L’étendue des inégalités
Selon le point de vue, la palette des inégalités et le champ de comparaison sont plus ou
moins étendus (tab. 17.2).

Tableau 17.2.  Champ des inégalités

Optique internationale des inégalités Objets de comparaison


•• Inégalités entre pays •• Inégalités par âge
•• Inégalités internes aux pays •• Inégalités par genre, sexe
•• Inégalités mondiales •• Inégalités par métier et catégories
socio-professionnelles (CSP)
•• Inégalités ethnoculturelles

B Les origines des inégalités

CHIFFRES-CLÉS
1. Les inégalités économiques de revenu
Les inégalités de revenu proviennent notamment de la répartition primaire des revenus
Le salaire brut moyen
des femmes en
(  chapitre 3). Des différences de revenus primaires (du travail, du capital et mixte)
France est de 2 659 €, apparaissent selon :
contre 3 239 € pour ––l’âge des individus, le genre et la CSP ;
leurs homologues ––le niveau de formation (capital humain) ;
masculins. Le salaire ––la taille, la localisation et l’activité de l’entreprise, mais également la productivité et
brut moyen la qualité du dialogue social ;
des cadres en France
est de 5 564 €,
––le progrès technique et l’impact de la mondialisation.
contre 2 171 € Définition
pour les employés Le capital humain est un patrimoine constitué de capacités techniques et intellec-
(Insee, 2016). tuelles qu’un individu peut mobiliser pour produire.
Un état des lieux
des inégalités hommes-
femmes en matière
Conformément aux analyses de Becker, les personnes disposant de davantage de capi-
de rémunération : tal humain (savoir, savoir-faire, savoir-être, savoir-raisonner) bénéficient de rémunéra-
tions supérieures. Certaines inégalités salariales ne se justifient cependant pas par des
différences de capital humain (ex. : inégalités hommes/femmes).
Les différences de rémunération dépendent également :
http://dunod.link/ •• De la taille de l’entreprise et de sa localisation.
nwuk3cs •• Du secteur d’activité.
314
Chapitre 17 Inégalités sociales et pauvreté

•• De la diffusion du progrès technique (innovations). Ce dernier permet à long terme un


accroissement du niveau de vie mais modifie la structure de l’emploi.
•• la mondialisation de l’économie. Elle accroît la concurrence entre les pays. Le coût
De
Gary Becker
du travail est un élément essentiel de la compétitivité des entreprises. Une pression
(1930-2014)
à la baisse ou à la stabilisation des salaires touche particulièrement les emplois les Économiste américain,
moins qualifiés et les plus exposés à la concurrence internationale. spécialiste des
comportements humains
2. Les inégalités de patrimoine dont il intègre l’analyse
Les inégalités patrimoniales sont beaucoup plus nettes que les inégalités de revenu. à la mircroéconomie, il a
notamment modélisé le
Il convient de distinguer le patrimoine brut et le patrimoine net (fig. 17.2). « capital humain ».

Patrimoine Patrimoine
immobilier financier
(résidences
(livret A, actions,
principale
assurance-vie…)
et secondaire)

Patrimoine Autres éléments


professionnel de valeur
(locaux, machines, (véhicules,
terres agricoles, meubles, œuvres
équipement…) d’art…)

= Patrimoine brut – Dettes = Patrimoine net


Figure 17.2.  Du patrimoine brut au patrimoine net

Les inégalités patrimoniales dépendent notamment : CHIFFRES-CLÉS


––de l’âge conformément, au modèle du cycle de vie de Modigliani (1918-2003) qui Les 10 %
montre que le taux d’épargne des ménages évolue avec l’âge (  chapitre 2) ;
des ménages
––des revenus des ménages qui permettent de constituer ce patrimoine ; les mieux dotés
––du système fiscal qui influence la composition et la transmission de ce patrimoine. détiennent 50,7 %
Bien d’autres variables sont à l’origine des inégalités sociales et de leur évolution. du patrimoine net
français
Exemples (Insee, 2014).
◗◗ Le système fiscal et social, la redistribution des revenus, la mobilité sociale ou encore le
système éducatif contribuent à perpétuer ou, au contraire, à corriger les inégalités. ◗

C La mesure des inégalités sociales


La mesure des inégalités sociales repose sur des tables de mobilités sociales, des
enquêtes quantitatives et qualitatives.
1. La mesure des inégalités économiques et monétaires
Différents outils de mesure des inégalités coexistent (tab. 17.3).

315
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

Tableau 17.3.  Indices, courbes et autres techniques d’estimation des inégalités


NOTRE CONSEIL Classement de la population par ordre croissant de revenu ou
Pensez à recourir de patrimoine :
à la médiane –– déciles : découpage de la population en 10 parties (D1 pour
qui découpe la le premier décile, au-dessous duquel se situent les 10 % des
population en deux Quantiles
ménages les moins bien dotés).
parts égales. Ainsi
–– quartiles : découpage de la population en 4 parties égales
le revenu médian
est celui qui sépare
(25 % des ménages par quartile).
un groupe en deux –– quintiles (20 %), centiles (1 %)…
(50 % au-dessus,
50 % en dessous). •• Mise en évidence des disparités (ou écarts) entre les plus
Rapport interdécile riches et les plus démunis.
(D9/D1) •• Rapport interdécile D9/D1 : rapport de la valeur du neuvième
CHIFFRES-CLÉS décile à celle du premier décile
Le rapport Représentation graphique de la distribution du revenu national
interdécile de niveau Courbe de Lorenz
(ou du patrimoine) par déciles.
de vie en France est
de 3,4 : les 10 % Indicateur synthétique d’inégalités variant entre 0 et 1 (ou entre
les plus riches ont
0 et 100 %) :
un niveau de vie
au moins 3,4 fois –– 0, dans une situation d’égalité parfaite ;
Indice de Gini
supérieur aux 10 % –– 1, dans la situation la plus inégalitaire possible.
les moins favorisés Les inégalités sont d’autant plus fortes que l’indice de Gini est
(OCDE, 2016). élevé. Il était ainsi plus élevé dans les années 1970 en France.

L’indice de Gini découle de la courbe de Lorenz, laquelle représente graphiquement la


répartition du patrimoine et des revenus (fig. 17.3).

Une distribution des 120


Revenus disponibles cumulés (en %)

revenus est égalitaire si


le 1er décile perçoit 10 % 100
du revenu, les 2 premiers
déciles perçoivent 20 % 80
des revenus,… Plus
72,3
la courbe de Lorenz
s’éloigne de la bissectrice 60
(plus elle se creuse) et
plus la répartition des 40
revenus est inégalitaire.
20

0
0 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 %
Populations cumulées (en %)
Figure 17.3.  Courbe de Lorenz (Insee, BSI-Economics)

Piketty insiste sur les limites actuelles inhérentes aux méthodes de mesure des inégalités.
Son analyse des inégalités sur une période longue combine, de manière systématique,

316
Chapitre 17 Inégalités sociales et pauvreté

toutes les sources de données disponibles (revenus et patrimoines totaux estimés dans
les comptabilités nationales, enquêtes déclaratives sur le revenu et le patrimoine des
ménages, données fiscales issues de l’impôt sur le revenu et sur les successions et patri-
moines) et les classements des grandes fortunes.

 EXERCICE  2 • EXERCICE 3

2  La pauvreté

A Qu’est-ce que la pauvreté ?


La mesure de la pauvreté complète l’estimation des inégalités mondiales.
La pauvreté est un phénomène pluridimensionnel, ne pouvant être réduit à un niveau
insuffisant de ressources économiques pour vivre de façon décente.
Définition
La pauvreté correspond à l’insuffisance en ressources matérielles (nourriture, accès à
l’eau potable, vêtements, logement, et conditions de vie en général) et intangibles (accès
à l’éducation, exercice d’une activité valorisante, respect reçu des autres citoyens).

Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) distingue notamment : CHIFFRES-CLÉS
•• L’extrême pauvreté. Elle s’applique à une personne ne disposant pas des revenus 42,2 %
nécessaires pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels, habituellement définis de la population vit
sur la base des besoins caloriques minimaux. dans une extrême
•• La pauvreté générale (pécuniaire). Elle s’applique à une personne ne disposant pas des pauvreté en 1981,
revenus suffisants pour satisfaire ses besoins essentiels non alimentaires – tels l’habil- contre 10 %
lement, l’énergie et le logement – et alimentaires. en 2015, malgré
l’accroissement de la
•• La pauvreté humaine correspond à l’absence de « capacité humaine » de base se population. Environ
caractérisant notamment par l’analphabétisme, la malnutrition, l’espérance de vie 700 millions
réduite, la mauvaise santé maternelle. Ce concept s’appuie sur les travaux de Sen sur de personnes vivent
la capabilité dans les années 1980. La pauvreté humaine va à l’encontre du développe- encore dans ces
ment humain. La pauvreté humaine empêche de vivre une vie longue, saine, construc- situations (Banque
tive, et de jouir d’un niveau de vie décent, ainsi que de la liberté, de la dignité, du mondiale, 2016).
respect de soi-même et d’autrui.

B Les mesures de la pauvreté


1. L’extrême pauvreté
L’extrême pauvreté se mesure par le nombre de personnes vivant sous le seuil d’extrême
pauvreté (1,90 dollar par jour et par personne). On constate depuis les années 1980 une
très importante diminution de cette extrême pauvreté. Le Pnud et la Banque mondiale
ont comme finalité d’éradiquer cette extrême pauvreté d’ici à 2030.

317
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

CHIFFRES-CLÉS 2. L’indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM)


1,3 milliard Définition
de personnes, Mesuré pour 105 pays par le PNUD, l’IPM vise à comprendre comment la population
dont 83 % en Afrique subit la pauvreté de manière multiple et simultanée.
subsaharienne et
en Asie du Sud,
entrent dans la L’IPM identifie la manière dont les gens sont laissés pour compte à travers trois
catégorie des pauvres dimensions principales : la santé, l’éducation et le niveau de vie. Ces dimensions
multidimensionnels ­comprennent 10 indicateurs comme le manque d’accès à une eau salubre, une nutri-
(PNUD, 2015). tion suffisante ou une éducation primaire. Les personnes qui souffrent de privations
dans au moins un tiers de ces indicateurs pondérés entrent dans la catégorie des
pauvres multidimensionnels.
3. Les taux et seuil de pauvreté
La pauvreté pécuniaire ou de revenu résulte d’une insuffisance de ressources, et est esti-
mée au moyen de seuils de pauvreté (un individu est considéré comme pauvre lorsque
son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté choisi) par les pays européens. Selon
l’approche relative, le seuil de pauvreté (tab. 17.4) est fixé par rapport à la distribution
des niveaux de vie de l’ensemble de la population, en référence au niveau de vie médian
séparant la population en deux.
Définitions
• Le seuil de pauvreté est fixé à 60 % du niveau de vie médian (d’autres seuils
existent, notamment à 50 % du niveau de vie médian).
• taux de pauvreté désigne la part de la population ayant un niveau de vie infé-
Le
rieur à 60 % du niveau de vie médian.

Tableau 17.5.  Taux de pauvreté selon le seuil en France (1970-2015, Insee, TEF 2018)

Seuil à 50 % Seuil à 60 %

Nombre Nombre
Le taux de pauvreté Taux en % Taux en %
en milliers en milliers
a baissé en France
depuis les années 1970. 1970 5 785 12,0 8 649 17,9
Après les années 1990,
il atteint 14 % de la 1990 3 751 6,6 7 848 13,8
population française.
Les catégories les plus 2000 4 165 7,2 7 838 13,6
touchées ont également
évolué (part croissante
2010 4 755 7,8 8 617 14,1
des jeunes et des familles
monoparentales).
2010 4 677 7,7 8 520 14,0

2011 4 856 7,9 8 729 14,3

2012 4 977 8,1 8 540 13,9

2012 5 231 8,5 8 760 14,2

318
Chapitre 17 Inégalités sociales et pauvreté

Seuil à 50 % Seuil à 60 %

Nombre Nombre
Taux en % Taux en %
en milliers en milliers

2013 4 917 7,9 8 563 13,8

2014 4 964 8,0 8 732 14,0

2015 5 020 8,0 8 875 14,2

  EXERCICE 4

3  L’enjeu économique des inégalités


Avant les années 1990, les inégalités étaient souvent considérées comme bonnes pour Décryptage du rapport
la croissance car incitant à l’effort et à l’épargne. Les estimations empiriques menées croissance/inégalités
par Philipe Aghion :
dans les années 1990 ont modifié ce point de vue.

A La justification économique des inégalités


http://dunod.link/
Différentes analyses, souvent libérales, montrant que certaines inégalités peuvent être emuovo9
justes sont mobilisables (tab. 17.5).

Tableau 17.5.  Du capital humain aux coûts de la lutte contre les inégalités

Justification des inégalités et impact


•• Les rémunérations des travailleurs sont d’autant plus fortes
qu’ils disposent d’un stock de capital humain important.
Capital humain (Becker) •• Les inégalités incitent les plus démunis à investir notamment
dans le capital humain, source de croissance économique selon
les théories de la croissance endogène (Lucas) (  chapitre 12).
Les inégalités patrimoniales selon l’âge de la population
Théorie du cycle de vie (CDV)
s’expliquent par les comportements d’épargne au cours de la
de Modigliani
vie (  chapitre 6).
L’enrichissement des plus aisés est bénéfique aux moins aisés grâce
Théorie du ruissellement (trickle down
à une consommation et à un investissement créateurs d’emplois
effect)
et donc de revenus.
•• Les inégalités peuvent être considérées comme justes si elles
avantagent aussi les moins favorisés.
Inégalités justes de Rawls •• Le respect de l’égalité des chances (méritocratie et possibilité
de discrimination positive) conditionne l’acceptabilité
des inégalités.

319
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

Justification des inégalités et impact


•• L’égalitarisme est contre-productif sur le plan économique
et illégitime sur le plan philosophique
•• Les mécanismes de marché sont économiquement efficaces
Hayek et la pensée libérale et les inégalités stimulent l’innovation.
des inégalités (Nozick) •• Les inégalités sont le prix à payer pour vivre dans une société
où l’individu est libre. La liberté est source d’efficacité éco-
nomique et les inégalités sont le fruit de cette liberté. Si les
choix sont librement consentis, les inégalités sont justes.
•• La réussite sociale est vue comme une sanction du marché.
Elle récompense les entrepreneurs innovants et les innova-
Schumpeter et la stimulation tions sont une source essentielle de croissance économique
de l’innovation (  chapitre 12).
•• Les inégalités sont liées à des rentes de monopoles récom-
pensant l’innovation.
•• La propension à l’épargne est supérieure chez les plus
riches, d’où une ­stimulation de l’investissement et de la
croissance en cas d’augmentation des inégalités de revenus
Kaldor et la stimulation de l’épargne (  chapitre 2).
•• Condition : il faut que la transformation de l’épargne soit effec-
tivement réalisée en investissement productif, source de crois-
sance économique effective.
•• Le marché est à la fois inégalitaire et efficace.
•• Vouloir réduire les inégalités se « paye » en termes d’effica-
Okun et le coût de la réduction
cité économique car l’intervention de l’État est coûteuse.
des inégalités
Un compromis (trade-off) doit être trouvé entre inégalités
et efficacité économique.

L’analyse de la courbe de Kuznets montre notamment que les inégalités sont « incontour-
nables » quand un pays se développe. Cependant, la croissance et le développement éco-
nomiques permettent de les réduire dans un second temps. Cette analyse est néanmoins
contestée (  chapitre 11). De plus, si certaines inégalités de revenu sont considerées
comme légitimes, d’autres – à l’instar du genre –, relèvent de pratiques discriminatoires.

B Les inégalités, un frein à la croissance économique


Les inégalités peuvent réduire l’efficacité économique, grevant la croissance écono-
mique. L’OCDE (2014) considère que les inégalités de revenu ont une incidence négative
sur la croissance à moyen terme.
Exemple
◗◗ Une aggravation des inégalités de 3 points de Gini (la hausse moyenne des pays de l’OCDE
pour les vingt dernières années) ferait perdre 0,35 point de croissance par an sur 25 ans,
soit une perte cumulée de PIB de 8,5 % à terme. ◗

320
Chapitre 17 Inégalités sociales et pauvreté

L’analyse critique des effets pervers des inégalités s’est particulièrement développée à la
suite de la crise des « subprimes » de 2007 (tab. 17.6).

Tableau 17.6.  Les inégalités comme frein à la croissance économique

•• Les inégalités réduisent la cohésion sociale et/ou augmentent l’instabilité


politique, ce qui pèse sur la croissance.
•• L’instabilité sociopolitique liée aux inégalités menace les droits de propriété,
Inégalités et cohésion réduisant l’investissement et la croissance.
sociale (Alesina et Perotti) •• La paralysie de l’économie dans un climat social délétère rend difficile
les réformes et nuit durablement à la dynamique économique.
•• La diminution du financement des biens publics est défavorable
à la croissance (  chapitre 12).
Un arbitrage défavorable à l’éducation et à la santé de la part des populations
Inégalités et capital humain les plus pauvres est réalisé, ce qui réduit la croissance et renforce les inégalités,
(Galor et Zeira) en créant des « trappes à pauvreté » (les familles pauvres demeurent pauvres)
et en réduisant le stock de capital humain d’une économie.
•• Le partage très inégal du patrimoine stimule la demande de capital
Inégalités de patrimoine (par affectation de l’épargne des plus favorisés) au-delà de l’offre de capital,
et faiblesse augmentant le taux d’intérêt. D’où une moindre accumulation de capital
des investissements (investissement) réduisant la production et la croissance.
(Piketty, inspiré des •• Un détournement d’une partie des ressources du secteur productif
travaux de Atkinson) par les plus aisés vers l’accumulation d’actifs financiers à la valeur
artificiellement gonflée (bulles spéculatives) peut être constaté.
•• Un excès d’épargne des populations les plus favorisées (propension à
épargner la plus importante) devrait conduire à une stagnation séculaire.
Inégalités de revenu •• Le plein-emploi devient impossible du fait d’un taux d’intérêt réel
et risques de stagnation supérieur au taux d’intérêt naturel (qui permet le plein-emploi des facteurs
séculaire (Summers) de production) devenu négatif du fait de l’excès d’épargne.
•• La croissance devient alors inférieure à son potentiel en raison d’une
insuffisance des investissements et de la consommation (cercle vicieux).
Inégalités et demande Une corrélation existe entre des inégalités élevées et un fort besoin
accrue de redistribution de redistribution. Or, la redistribution peut réduire les incitations à travailler
(Meltzer et Richard) et le revenu national.
L’accroissement des inégalités au cours des dernières décennies est lié
Inégalités et bien-être aux comportements de prédation (appropriation par les élites de la richesse
social (Galbraith et Stiglitz) nationale au-delà de leur « juste » part), ce qui réduit le bien-être social
et crée des distorsions économiques.

Malgré les travaux théoriques sur les liens entre inégalités et croissance, aucun consen-
sus ne s’est dégagé des données empiriques. En revanche, un lien de causalité semble
exister entre la croissance économique et la réduction des inégalités à long terme. Des
travaux récents montrent que les pays qui mettent en œuvre des politiques redistributives
(France, Europe du Nord…) ont tendance à croître plus vite que les autres à long terme.

 ARGUMENTATION STRUCTURÉE  5 • ÉTUDE DE DOCUMENT 6

321
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
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les savoirs les compétences l’épreuve

1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. Les inégalités sociales :
a. sont pluridimensionnelles. ∙ c. sont cumulatives. ∙
b. proviennent quasi exclusivement
d’inégalités économiques. ∙
2. Les inégalités de revenu :
a. sont supérieures aux inégalités de patrimoine. ∙
b. se mesurent à l’aide de l’écart interdécile. ∙
c. se mesurent à l’aide de l’indice de Gini. ∙
3. En 1998, l’indice de Gini des niveaux de vie en France était de 0,279,
en 2016 de 0,288 signifie que :
a. les inégalités de niveau de vie ont augmenté en France sur la période. ∙
b. la France est devenue un pays très inégalitaire. ∙
c. les inégalités de patrimoine sont de plus en plus importantes. ∙
4. Le taux de pauvreté se mesure en France à partir :
a. du seuil de pauvreté (60 % du niveau de vie médian). ∙
b. de l’indice de pauvreté multidimensionnelle. ∙
c. du seuil d’extrême pauvreté. ∙
5. L’extrême pauvreté :
a. a augmenté depuis la crise des subprimes de 2007-2008. ∙
b. pourrait disparaître dans les 20 prochaines années. ∙
c. se concentre de plus en plus aujourd’hui sur le continent asiatique. ∙
6. Les inégalités sociales peuvent être :
a. favorables à la croissance économique. ∙
b. défavorables à la croissance économique. ∙
c. sans incidence sur la croissance économique. ∙
7. Les inégalités sociales :
a. sont réduites grâce aux systèmes de redistribution des revenus. ∙
b. favorisent la cohésion sociale. ∙
c. peuvent stimuler l’innovation. ∙
8. Hayek, considère que les inégalités :
a. nuisent à la croissance économique. ∙
b. ne doivent pas être entravées. ∙
c. sont « justes ». ∙

322
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

2 À vos indicateurs ! ★★★


Interprétez les données ci-après.
1. L’indice de Gini des niveaux de vie est de 0,29 en France et de 0,34 en Espagne.
2. L’écart interdécile (D9/D1) des revenus de l’Afrique du Sud est de 25,6.
3. Le revenu disponible médian annuel des ménages Français en 2015 était de 30 040 €.
4. Le seuil de pauvreté en France était en 2015 de 1 015 € par mois.
5. Le taux de pauvreté en 2015 de l’Espagne après transferts sociaux était de 22,3 %.

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les savoirs les compétences l’épreuve

3 Indicateurs d’inégalités en France depuis 2008 ★★★

Compétence attendue Identifier les différentes formes d’inégalités et les princi-


paux risques sociaux

En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions sui-
vantes.
1. Précisez la signification, pour 2015, du revenu disponible médian, du premier décile, de
l’écart interdécile et de l’indice de Gini.
2. Distinguez les notions de revenu et de patrimoine.
3. Présentez l’évolution des inégalités économiques de revenu en France depuis 2010.
4. Comparez l’évolution des inégalités patrimoniales en France depuis 2010 avec celles de
revenu.

323
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Indicateurs du revenu disponible des ménages français de 2008 à 2015 (Insee)


Annexe 1

2008 2010 20101 2011 2012 20122 2013 2014 2015


Revenu disponible
36 970 37 190 37 180 37 210 36 700 36 740 36 130 36 020 36 300
moyen
Revenu disponible
30 660 30 530 30 230 30 000 29 740 29 780 29 690 29 920 30 040
médian
1er décile (D1) 13 810 13 540 13 530 13 520 13 490 13 430 13 640 13 680 13 630
9e décile (D9) 83 830 65 210 64 460 65 120 63 900 63 980 63 580 62 790 63 210
Rapport interdécile
4,6 4,B 4,8 4,8 4,7 4,8 4,7 4,6 4,6
(D9/D1)
1. À partir de 2010, les estimations de revenus financiers mobilisent l’enquête Patrimoine 2010.
2. L’enquête ERFS a été rénovée en 2012.
Champ : France métropolitaine, ménages dont le revenu déclaré au fisc est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas
étudiante.

Évolution de la distribution du patrimoine brut en France entre 2010 et 2015


Annexe 2

(Insee, Enquêtes Patrimoine)

Patrimoine brut Patrimoine brut hors reste

2015 2010 2015 Évolution (en %)

Déciles de patrimoine

D1 4 300 900 700 – 22

D2 12 900 3 300 3 500 6

D3 34 100 14 500 20 400 41

D4 94 900 71 400 82 300 15

D5 158 000 141 000 144 600 3

D6 215 800 198 900 194 400 –2

D7 278 000 257 400 252 900 –2

D8 374 500 341 600 343 500 1

324
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Patrimoine brut Patrimoine brut hors reste

2015 2010 2015 Évolution (en %)

Déciles de patrimoine

D9 595 700 533 400 553 700 4

P95 883 900 812 100 831 100 2

P99 1 953 000 1 776 000 1 842 000 4

Indicateurs d’inégalités1

D9/D1 139 593 791 33

Q2/Q1 8 21 16 – 22

Indice de Gini 0,635 0,662 0,653 –1


1. La forte concentration du patrimoine rend l’indicateur D9/D1 très volatil.
Champ : ménages ordinaires résidant en France hors Mayotte.

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les savoirs les compétences l’épreuve

4 Questionnement guidé : la pauvreté en France ★★★◗ 60 mln

Compétence attendue Identifier les différentes formes d’inégalités

En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez à la problématique Rendez-vous
soulevée en suivant le questionnement guidé. MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Analysez, à partir des annexes, l’évolution du taux de pauvreté en France et les caracté-
ristiques de ce phénomène.
2. Rappelez la définition du taux de pauvreté. Identifiez le seuil de pauvreté en France
en 2015.
3. Analysez l’évolution du taux de pauvreté en France depuis 1996.
Identifiez les « populations » les plus touchées par la pauvreté en France (type de
ménage, activité, âge, sexe, etc.).

325
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Indicateurs de pauvreté (Insee, 2016)


Annexe 1

1996 2002 2008 2010 2010 2012 2012 2013 2014 2015

Taux de pauvreté (en %) 14,5 12,9 13,0 14,1 14,0 13,9 14,2 13,8 14,0 14,2

Seuil de pauvreté
863 958 1 019 1 018 1 011 1 001 1 010 1 008 1 010 1 015
(en euros 2015 par mois)

Niveau de vie médian


des personnes pauvres 697 799 830 825 819 795 794 807 807 815
(en euros 2015 par mois)

Nombre de personnes
8 179 7 495 7 836 8 617 8 520 8 540 8 760 8 563 8 732 8 875
pauvres (en milliers)

Intensité de la pauvreté
19,2 16,6 18,5 18,9 19,0 20,5 21,4 20,0 20,1 19,6
(en %)
Champ : France métropolitaine, personnes vivant au sein d’un ménage dont le revenu déclaré à l’administration fiscale est positif ou nul
et dont la personne de référence n’est pas étudiante.

Taux de pauvreté au seuil de 60 % selon le type de ménage en 2015 (Insee, 2016)
Annexe 2

en %
36

32

28

24

20

16

12
Intensité de la pauvreté :
écart relatif entre le 8
seuil de pauvreté et la
médiane des niveaux 4
de vie des personnes
pauvres, rapporté au 0
Personnes Familles Couples sans Couples avec Personnes Couples Ensemble
seuil de pauvreté. Plus seules monoparentales enfant enfant(s) seules
cet indicateur est élevé La personne de référence du ménage La personne de référence
et plus les situations de a moins de 65 ans du ménage a 65 ans ou plus
pauvreté sont fortes.
Champ : France métropolitaine, individus vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et
dont la personne de référence n’est pas étudiante.

326
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Pauvreté des personnes selon l’activité en 2015 (Insee, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2015)
Annexe 3

Personnes pauvres Taux de pauvreté Intensité


(en milliers) (en %) de la pauvreté (en %)
Actifs de 18 ans ou plus 3 079 10,8 21,3
En emploi 1 988 7,8 18,8
Chômeurs 1 091 37,6 24,1
Inactifs de 18 ans ou plus 3 005 14,9 18,9
Retraités 1 028 7,3 12,6
Autres inactifs dont étudiants 1 977 32,1 23,5
Enfants de moins de 18 ans 2 791 19,9 18,9
Ensemble de la population 8 875 14,2 19,6
Champ : France métropolitaine, personnes vivant au sein d’un ménage dont le revenu déclaré à l’administration fiscale est positif
ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante.

Pauvreté selon l’âge et le sexe (Insee, 2015)


Annexe 4

Femmes Hommes

Personnes Taux Personnes Taux


pauvres de pauvreté pauvres de pauvreté Note : la pauvreté
(en milliers) (en %) (en milliers) (en %) est définie au seuil de
60 % de la médiane
Moins de 18 ans 1 396 20,4 1 384 19,4 des niveaux de vie.

De 18 à 24 ans 594 26,0 570 24,3


De 25 à 29 ans 290 15,3 227 12,5
De 30 à 39 ans 581 14,5 438 11,4
De 40 à 49 ans 629 14,5 549 13,0
De 50 à 64 ans 739 11,6 677 11,4
De 65 à 74 ans 196 6,0 168 5,8
75 ans ou plus 290 8,9 148 6,9
Ensemble 4 715 14,6 4 160 13,7
Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont la personne de référence n’est
pas étudiante et dont le revenu déclaré est positif ou nul.

327
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

5 Argumentation structurée : lutter contre les inégalités ★★★ 45 mln

Compétence attendue Analyser les enjeux de la lutte contre les inégalités

Rendez-vous Répondez à la question ci-après de manière structurée (introduction, plan détaillé et


MÉTHODE 2 conclusion).

Travail à faire
« Faut-il lutter contre les inégalités sociales ? »

6 Étude de document : les inégalités préjudiciables


à la croissance ★★★ 30 mln

Compétence attendue Analyser les enjeux de la lutte contre les inégalités

Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, répondez aux questions ci-après.
MÉTHODE 1 Travail à faire
1. Identifiez les différentes inégalités dont il est question dans l’annexe.
2. Montrez les effets pervers des inégalités.
3. Expliquez le lien qui existe entre le progrès technique et la croissance économique.

Pourquoi les inégalités sont-elles préjudiciables à la croissance ?


Annexe

Les inégalités ont un impact négatif sur la consommation, l’investissement, le capi-


tal humain et le progrès technique : des facteurs déterminants pour la croissance
économique.
Le bulletin de la Banque de France de juillet dernier montre que les concentrations
de patrimoine ont tendance à s’accroître depuis les années 2000. Cela vient d’une
combinaison d’inégalités liées au taux d’épargne, au taux de rendement et au revenu
du travail. Or, en plus de situations difficiles […] et du risque en termes de cohésion
sociale, les inégalités sont préjudiciables à la croissance d’un pays en impactant la
consommation, l’investissement, mais aussi l’innovation à travers le capital humain.

Les inégalités ont un effet négatif sur la consommation


Quand les inégalités s’accroissent, les plus pauvres, qui consomment l’essentiel de leur
revenu, peuvent acheter moins de biens et services. Cette diminution de la consom-
mation n’est pas contrebalancée par celle des plus privilégiés, moins nombreux, et qui
épargnent une part importante de leur revenu. Cette épargne permet aux mieux lotis
de réaliser des placements générant des revenus supplémentaires, ce qui reste difficile,
voire impossible, pour les plus démunis. Ainsi les écarts de revenu et de patri moine

328
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

ont tendance à s’accentuer et à entraver la consommation, car l’effet richesse est en


moyenne de 11 % pour les plus modestes et quasi nul pour les plus aisés.
On peut cependant objecter que cet effet des inégalités sur la consommation n’existe
pas lors d’un accroissement des richesses des déciles supérieurs sans baisse de pouvoir
d’achat des autres déciles.

Les inégalités limitent l’investissement


Une hausse des inégalités devant vraisemblablement aboutir à une limitation de la
consommation, les producteurs peuvent choisir de ne pas réaliser d’investissement
ou de les différer. Ceci peut donc générer du chômage puisque les investissements
sont souvent créateurs d’emploi, qu’ils peuvent dynamiser la productivité et favo-
riser le progrès technique. Ils sont donc aussi un élément essentiel à la croissance.
En outre, dans un pays à faible taux d’inflation, les plus aisés peuvent bénéficier
d’une rente sans que la hausse des prix n’érode leur patrimoine. Ceci ne les incite
pas à prendre des risques. Ils peuvent alors limiter leurs investissements dans l’éco-
nomie réelle ce qui a, par ricochet, un impact négatif sur la croissance et l’emploi.

Les inégalités nuisent à l’innovation


Les inégalités ont aussi tendance à se reproduire d’une génération à l’autre. En
France, selon les enquêtes Pisa de l’OCDE, les ménages les moins favorisés inves-
tissent moins dans les études de leurs enfants.
La durée des études varie en fonction de l’origine sociale des étudiants : les enfants
d’ouvriers représentent 29,2 % des 18-23 ans, mais seulement 10,7 % des étudiants
en 2014. Cela s’explique parce qu’ils ne sont que 20 % à aller jusqu’au bac, et aussi
parce qu’ils privilégient les formations courtes. En revanche, les enfants de cadres
supérieurs sont 68 % à obtenir au moins un diplôme d’un niveau supérieur à bac+2
en 2014 et ils postulent souvent dans des écoles prestigieuses (classes prépa, ENS,
écoles de commerce ou d’ingénieurs).
En 2016, même si la part des jeunes sans diplôme, ayant achevé leur formation initiale
depuis moins de 4  ans, a fortement baissé en France, la moitié d’entre eux était au
chômage. Être écartés du marché du travail ne leur permet donc pas d’y développer des
compétences, des aptitudes, d’y gagner l’expérience qui, avec les connaissances, peut
favoriser l’émergence d’idées nouvelles et initier, parfois, une innovation génératrice de
croissance. Parallèlement, le chômage de masse dégrade le capital humain. […]

Des inégalités nécessaires à l’émulation


Il ne faut cependant pas oublier que certaines inégalités peuvent aussi être considérées
comme légitimes et à même de favoriser la croissance en incitant à la réussite, en
récompensant les talents. Pourtant, un accroissement des écarts de revenu et de patri-
moine pénalise aussi généralement la croissance, et nuit donc au bien-être du plus
grand nombre. Les inégalités auraient naturellement tendance à s’accroître sans une
action de l’État visant à les réduire, mais ici, le curseur de l’acceptable ou de l’injuste est
essentiellement de l’ordre du subjectif, de l’idéologique et du choix politique.
Sylvie Fontana, www.lesechos.fr, 11 août 2017

329
SYNTHÈSE
Inégalités sociales et pauvreté

Diversité et mesure des inégalités


Inégalités Inégalités Inégalités
sociales économiques et monétaires culturelles

de revenu
de patrimoine
(âge, sexe, capital humain, CSP,
(âge, revenus, système fiscal,
taille de l’entreprise, activité
héritages,…)
de l’entreprise...)

Mesure des inégalités économiques et monétaires

Rapport interdécile (D9/D1) Courbe de Lorenz Indice de Gini

Diversité et mesure de la pauvreté


Pauvreté pécuniaire
Extrême pauvreté Pauvreté humaine
Mesure : taux de pauvreté
Mesure : part Mesure : IPM
(part de la population
des personnes vivant avec (indice de pauvreté
vivant avec moins de 60 %
moins de 1,9 $ par jour multidimensionnelle)
du revenu médian)

Inégalités sociales : quels enjeux ?


Les inégalités sociales peuvent Les inégalités sociales peuvent miner
être justes la croissance économique
••Si elles résultent de différences ••En nuisant à la cohésion sociale et en
de ­capital humain (Becker). créant de l’instabilité.
••Si elles proviennent de différences d’âge ••En réduisant le stock de capital humain
(« théorie du cycle de vie » de Modigliani). (par manque de formation des plus
••Si elles créent un effet de ruissellement. démunis).
••Si elles sont le fruit du fonctionnement ••En nuisant à l’investissement productif
des marchés efficaces et récompense au profit de la spéculation.
des innovateurs. ••En conduisant à une stagnation séculaire
••Si elles stimulent l’épargne et l’investis- par insuffisance de la demande globale.
sement. ••En mettant en œuvre un coûteux sys-
••Si elles améliorent en même la situation tème de redistribution ou en réduisant
des moins favorisés. le bien-être social.

330
CHAPITRE
18 Redistribution
des revenus
PROgRAMME
Compétences attendues Savoirs associés
• Identifier les différentes formes • Analyser l’évolution des principales
d’inégalités et les principaux risques dépenses et recettes des politiques
sociaux contemporaines de redistribution
• Analyser les enjeux de la lutte contre les • Redistribution : objectifs, formes,
inégalités et de la couverture des risques instruments
sociaux • Les modèles de protection sociale
• Caractériser les différents instruments • Le financement des politiques de
des politiques de redistribution redistribution

PRÉREqUIS LIENS AVEC LE DCg 3


• Répartition primaire des revenus (chapitre 3) § 4. La protection sociale
• Fonctions économiques de l’État (chapitre 8)
• Politiques de l’emploi et inégalités
(chapitres 16 et 17)

PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Une approche générale • 2. Les modèles de protection sociale •
3. Le financement et les réformes des politiques de redistribution
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE

L a redistribution des revenus est au cœur de nombreux débats et réformes. Elle


constitue un des volets essentiels de la politique sociale. Elle semble un rempart face
aux inégalités sociales, aux risques sociaux et à l’exclusion d’une partie de la population.
Cette redistribution des revenus s’appuie sur de multiples instruments dont la fiscalité et les
revenus de transferts, objets de nombreuses controverses. L’État providence (Welfare State)
caractérise nos économies avancées mais prend des formes très diverses selon les pays.

MOTS-CLÉS
État providence • CSG • Justice sociale • Protection sociale • Redistribution •
Revenu disponible • Revenu universel • Risques sociaux • Système beveridgien •
Système bismarckien
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

1  Une approche générale


A Les instruments de la redistribution des revenus
Définition
Une vision panoramique La redistribution correspond à l’ensemble des mécanismes mis en œuvre par les admi-
des prestations sociales : nistrations publiques pour modifier la répartition primaire des revenus (  chapitre 3).

Différents outils permettent cette modification des revenus primaires (tab. 18.1).


http://dunod.link/3iat8j3 Tableau 18.1.  Moyens au service de la redistribution

Services publics non


Prélèvements
Revenus de transfert marchands (gratuits ou
obligatoires (PO)
quasi gratuits)

Impôts, taxes Revenus versés principalement sous Services de santé,


et cotisations la forme de prestations sociales d’éducation,
sociales par les administrations publiques : de justice, etc.
–– en espèces : revenu de
remplacement (pensions de retraites,
indemnités journalières de maladie,
indemnisation du chômage,…)
CHIFFRES-CLÉS
–– en nature pour compenser
Les prélèvements des dépenses supplémentaires
obligatoires ou financer directement des
représentent services (remboursement des
45,3 % du PIB ; les frais médicaux, aides à la garde
prestations sociales, d’enfant…).
35 % (Insee, 2017).

Les mécanismes de redistribution permettent la formation du revenu disponible :

Revenus primaires – Prélèvements obligatoires + Revenus de transfert


= Revenu disponible

La redistribution inclut la protection sociale mais aussi les interventions de l’État pour
réduire les inégalités sociales, professionnelles et régionales.

B Les redistributions verticale et horizontale


La redistribution peut être :
––verticale (fig. 18.1), lorsqu’elle corrige les inégalités de revenus entre les agents éco-
nomiques ;
––horizontale (fig. 18.2), lorsqu’elle consiste en des transferts de revenus entre différentes
catégories de population. Elle correspond alors essentiellement à la protection sociale.

332
Chapitre 18 Redistribution des revenus

Définitions
• La protection sociale correspond aux institutions et aux mécanismes de prise en
charge collective des risques sociaux.
• Un risque social est un événement qui entraîne une augmentation des dépenses d’un
individu et/ou une baisse de ses revenus (ex. : maladie, perte d’emploi, accident…).

Lorsque l’État prend en charge la protection sociale, il est qualifié dans son acception
stricte d’État providence (Welfare State).

Populations les plus riches


(impôt sur le revenu, flat tax, impôt sur la fortune immobilière – IFI)

Populations les plus pauvres


(RSA jusqu’en 2020, allocation de rentrée scolaire – ARS, chèque énergie)

Figure 18.1.  Redistribution verticale

Pensions de retraite et de réversion


Actifs Retraités et veufs

Individus Allocations familiales Individus


sans enfants avec enfants

Individus en bonne Indemnités journalières de Sécurité sociale Individus


santé malades

Salariés ARE, ASS, RSA… Chômeurs

Individus AAH, APA, AEEH… Individus


autonomes dépendants

Figure 18.2.  Redistribution horizontale

Lord William Beveridge


(1879-1963)
C Les objectifs de la redistribution Économiste et homme
politique britannique,
influenceur de Churchill
1. Un objectif de justice sociale et de Lloyd George entre
Lord Beveridge considérait que, dans une société développée, tout individu devait bénéfi- autres, il a façonné le
cier d’un revenu suffisant lui garantissant le plein exercice de ses droits. L’objectif de justice modèle de protection
sociale du Royaume-Uni,
sociale consiste notamment à lutter contre les inégalités au sein de la nation (redistribu- notamment l’assurance
tion verticale). Cette justice est aussi assurée par la protection sociale. L’objectif de justice chômage.

333
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

sociale rejoint le débat sur les inégalités dites « justes » (  chapitre 17) et peut être
interpreté de différentes façons.
CHIFFRES-CLÉS Critère d’optimalité au sens de Pareto. Un optimum de Pareto (  chapitre 5) est une
situation d’allocation des ressources dans laquelle on ne peut augmenter la satisfaction
En France, les 10 %
d’un agent économique sans détériorer celle d’un autre. Ce critère d’efficacité écono-
les plus riches
concentrent plus mique est cependant très contestable puisqu’il n’est pas question d’équité : une situa-
d’un quart des tion dans laquelle une minorité de la population concentre l’ensemble des richesses
revenus. En 10 ans, peut être considérée comme optimale au sens de Pareto.
les 10 % les plus Critère utilitariste (Bentham et Mill). Il s’agit de la recherche de la maximisation par
riches ont vu leur
l’État de l’utilité de la société entendue comme somme des utilités individuelles. L’uti-
pouvoir d’achat
augmenter 20 fois
lité marginale est considérée comme décroissante (l’utilité procurée par la dernière
plus vite que les plus unité consommée décroît quand la consommation augmente). Par conséquent, la redis-
modestes (Insee, tribution des revenus au bénéfice des plus pauvres peut accroître le « bonheur global »
Observatoire des de la population puisque l’utilité marginale ressentie par les plus démunis est supérieure
inégalités, 2013). à celle des populations les plus favorisées.
Critère égalitariste. Il repose sur l’égalité stricte des situations selon l’idéal de certaines
utopies philosophiques socialistes face aux excès de la propriété privée caractérisant les
systèmes capitalistes.
Critère libéral. Il insiste essentiellement sur l’égalité des chances, d’existence ou encore
sur la reconnaissance du droit de propriété. Les procédures doivent être justes et non
nécessairement les situations qui en résultent. Cette approche valorise notamment la
méritocratie, l’équité plutôt que l’égalité.
2. Un objectif de protection sociale
La redistribution permet de protéger les individus contre les risques sociaux.
3. Un objectif d’efficacité économique et de soutien de la demande
Ford, Beveridge, Keynes sont à l’origine de la conception de la redistribution comme
moteur de la croissance par le soutien à la demande (tab. 18.2).
Tableau 18.2.  Redistribution et finalité économique

•• Dans une optique keynésienne, la redistribution permet de soutenir la demande


À court terme

globale, particulièrement si elle concerne les populations ayant la propension


marginale à consommer la plus élevée, soit les plus pauvres.
•• Elle joue un rôle de stabilisateur automatique en compensant la baisse des
revenus disponibles en phase de ralentissement économique et en limitant
l’accroissement de la demande en phase de « surchauffe » (  chapitre 10).

•• La redistribution présente des avantages en matière de paix sociale et de régu-


À long terme

lation économique (‌  chapitre 17).‌


•• Elle crée un filet de sécurité et réduit l’incertitude, donc des anticipations posi-
tives en faveur de la consommation et de l’investissement qui ont un impact
positif et durable sur la croissance (théories de la croissance endogène).

 EXERCICE  2 • EXERCICE 3

334
Chapitre 18 Redistribution des revenus

2  Les modèles de protection sociale


A Les modèles bismarckien et beveridgien
On distingue traditionnellement deux modèles en matière de mise en œuvre d’État pro-
vidence et de protection sociale (tab. 18.3).
1. Le système Bismarckien, une logique d’assurance
Apparu en Allemagne dans les années 1880, sous l’impulsion du chancelier Bismarck, le
modèle éponyme repose sur trois piliers :
––une protection fondée sur le travail et financée par des cotisations obligatoires.
––une protection fondée sur le principe d’assurance : proportionnalité des cotisations
aux salaires, et proportionnalité des prestations sociales aux cotisations.
––une cogestion (gestion paritaire) du système par les représentants des employeurs et
des salariés.
2. Le système beveridgien, une logique d’assistance
Née après la Seconde Guerre mondiale, l’approche beveridgienne, du nom de son auteur,
économiste et homme politique britannique, repose sur une double logique :
•• Une logique de solidarité protégeant l’ensemble des individus contre les risques
sociaux.
•• La logique dite « des 3 U » :
––universalité des prestations qui couvrent toute la population ;
––uniformité des prestations versées forfaitairement, selon les besoins et non selon la
contribution des individus ou leur niveau de salaire ;
––unité de gestion du système par un service étatique.
Tableau 18.3.  Systèmes bismarckien et beveridgien

Logique bismarckienne Logique beveridgienne


Pour approfondir
Philosophie Assurance Assistance les deux systèmes :

Personnes éligibles / Les travailleurs cotisants Les citoyens


bénéficiaires et leurs ayants droit

Proportionnelles aux cotisa- Forfaitaires (flat rate) et mini- http://dunod.link/


tions et aux revenus mum. Le niveau de protection n9hremi
Caractéristiques
est minimal. Pour le reste, il
des prestations
revient aux individus de se
­responsabiliser.

Système de l’assurance Financement par l’impôt


Mode de financement
sociale (cotisations)

Gestion corporatiste (pro- Gestion étatique


Mode de gestion fessionnelle) avec le principe
du paritarisme.

335
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

B Les modèles de protection sociale selon Esping-Anderson


Esping-Anderson, économiste et sociologue danois, a proposé, en 1990, une typologie
des systèmes de protection sociale à partir de trois critères.
1. Le degré de démarchandisation
Le degré de liberté plus ou moins important dont dispose tout individu pour vivre conve-
nablement sans nécessairement travailler et avoir un emploi. Plus le degré de démar-
chandisation est faible, plus les règles d’éligibilité aux dispositifs de protection sociale
est restrictif. Ces dispositifs peuvent être universalistes, assurantiels ou assistantiels.
2 Les effets de la redistribution en termes de stratification sociale
La redistribution peut conduire à des situations plus ou moins égalitaires selon les dis-
positifs.
3. La contribution respective de l’État, du marché et de la famille
Ce critère indique le mode de financement de la protection sociale et sa prise en charge
plus ou moins collective.
Esping-Andersen conclut à l’existence de trois types d’État providence (tab. 18.4).

Tableau 18.4.  Typologie de l’État providence selon Esping-Anderson (1990)

•• Assure à l’ensemble de la population un niveau de protection


sociale élevé financé par l’impôt (État central).
•• L’absence de revenus liée aux risques sociaux (maladie,
Modèle socialiste
vieillesse, chômage) est largement compensée.
(ou universaliste ou
•• Les individus sont peu dépendants, pour vivre, de leur insertion
social-démocrate)
sur le marché du travail : forte « démarchandisation ».
•• Historiquement, ce modèle est beveridgien
et particulièrement présent dans les pays scandinaves.
•• Assure un faible niveau de protection sociale souvent réservé
aux plus pauvres et financé par l’impôt (État central).
•• La couverture des risques sociaux dépend largement de
­l’insertion des individus sur le marché du travail permettant de
Modèle libéral
financer une couverture privée : faible « démarchandisation ».
•• Historiquement, ce modèle est beveridgien et présent aux
États-Unis, au Canada, depuis les années 1980, et au Royaume-
Uni.
•• Assure une protection sociale aux individus ayant cotisé donc
travaillé : « démarchandisation » moyenne.
•• Prise en charge des risques sociaux relativement importante
Modèle
dépendant du revenu antérieur financée par des cotisations
corporatiste
sociales obligatoires.
•• Historiquement ce modèle est bismarckien et largement
présent en France et en Allemagne.

336
Chapitre 18 Redistribution des revenus

C Le modèle français de protection sociale


La protection sociale en France se développe essentiellement avec la création de la L’indemnisation
sécurité sociale par l’ordonnance du 4 octobre 1945. Le système de protection sociale du chômage en France
en vidéo :
s’est construit en France selon la logique de l’assurance sociale professionnelle. L’ou-
verture de droits sociaux est liée aux cotisations sociales versées. Ce système s’appuie
sur la solidarité entre les différents participants. Cependant, le principe de solidarité et
d’assistance a toujours été également présent.
http://dunod.link/
Trois institutions se chargent des principaux risques sociaux (tab. 18.5). pin1oci

Tableau 18.5.  La protection sociale en France

État et
Union nationale pour l’emploi, l’industrie
Sécurité sociale collectivités
et le commerce (Unedic) et Pôle emploi
locales
•• Gestion des •• Unedic : Gestion d’aides
risques maladie, –– Gestion de l’assurance chômage, créée en sociales aux plus
vieillesse, inva- 1958 : allocation d’aide au retour à l’emploi démunis (ex. :
lidité, famille, (ARE) selon le principe de l’assurance RSA, pour les
accident de –– Gestion de l’allocation de solidarité spéci- départements)
travail fique (ASS) selon le principe de l’assistance
•• Recouvrement •• Pôle emploi :
des cotisations –– Calcul, versement des allocations chômage
par l’Urssaf et suivi des demandeurs d’emploi

Que ce soit la Sécurité sociale ou l’Unedic, ces organisations sont gérées paritairement
par les représentants syndicaux et les organisations patronales. L’État détient égale-
ment un pouvoir de décision via les décisions politiques, en matière de redistribution
et par la présentation des budgets sociaux votés par les assemblées. On parle donc de
gestion tripartite de la protection sociale.
Ces différentes organisations versent des prestations en espèces (elles compensent la
perte de revenu) et en nature (elles compensent les frais engagés). La sécurité sociale se
compose de quatre branches (tab. 18.6).

Tableau 18.6.  Branches de la sécurité sociale

Accidents
Maladie et Veuvage
Famille de travail, maladies
maternité et vieillesse
professionnelles

Allocations familiales, Maladie (dont Incapacité tempo- Retraite, pen-


prestation de compensa- couverture mala- raire ou totale de sion de réver-
tion du handicap (PCH), die universelle travail sion…
aide au logement, com- – CMU, invalidité,
plément de libre choix du décès, maternité,
mode de garde… paternité)

337
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

Différents régimes coexistent au sein de la sécurité sociale : le régime général, celui des
indépendants, le régime agricole et les régimes spéciaux.

 EXERCICE  2

3  Le financement et les réformes de la protection


sociale
A Les enjeux d’une réforme de la protection sociale
L’État providence et les systèmes de protection sociale font l’objet de nombreuses
­critiques depuis la fin des Trente Glorieuses (  chapitre 12). En 1981, Pierre Rosanvallon
faisait, dans La crise de l’État providence, le constat toujours d’actualité d’une triple crise :
•• Crise financière. On assiste à un accroissement des dépenses sociales compensées en
partie par un accroissement de prélèvement obligatoires et notamment des cotisa-
tions sociales qui renchérissent le coût du travail.
•• Crise d’efficacité. Malgré l’importance des dépenses sociales, l’État ne parvient pas à
résoudre les problématiques de chômage, de trappes à pauvreté et la mobilité sociale
diminue. L’efficacité des politiques d’inspiration keynésienne est contestée.
•• Crise de légitimité. Des questions quant à la pertinence des dépenses de protection
sociale se posent. Certaines mesures (ex. : charges et prestations sociales) sont par-
fois perçues moins comme des avantages que comme un frein à la relance écono-
mique, à la compétition et comme des trappes à inactivité et chômage.
Ces critiques de l’intervention de l’État ainsi que de l’efficacité et de la légitimité de la
protection sociale sont au cœur d’analyses fréquemment citées :
•• L’approche de Laffer, chef de file de l’école de l’offre, popularisée au début des années
1980. Un taux élevé d’imposition risque de dissuader de travailler et de réduire les
CHIFFRES-CLÉS
recettes fiscales. C’est la célèbre expression « trop d’impôts tue l’impôt » ; des taxes
La fraude fiscale « trop » élevées conduisent à des arbitrages des agents économiques en faveur des
s’élèverait à loisirs au détriment du travail et à des fuites de capitaux dans une optique d’optimi-
100 Mds €
sation fiscale.
en France, soit
+ 25 % en 4 ans •• De la théorie des choix publics (Public Choice) de Buchanan et Tullock (  chapitre 5). Afin
(Syndicat Solidaires- d’être réélus, les responsables politiques peuvent mener des politiques d’accroissement des
Finances publiques, dépenses publiques à destination de certains agents économiques au détriment de l’intérêt
2017). général. Apparaissent alors de cycles électoraux en matière de politiques économiques.

B Les dépenses et recettes de la protection sociale


NOTRE CONSEIL

Gardez en mémoire 1. Les principales recettes


que l’assiette de Les ressources du système de protection sociale représentent 758,7 Mds € en 2016 avec
calcul de la CSG
principalement :
comprend l’ensemble
des revenus des ––les cotisations sociales versées par les employeurs, salariés et travailleurs indépen-
contribuables en dants (461,3 Mds € en 2016) ;
France. ––les impôts et taxes affectés à la redistribution (184,1 Mds €).
338
Chapitre 18 Redistribution des revenus

Le régime général de la sécurité sociale est essentiellement financé par les cotisations
sociales salariales et patronales (55,8 % des recettes) suivies par la contribution sociale
généralisée – CSG (21,4 %). La part des impôts et taxes n’a cessé de croître, orientant le
financement dans une logique de plus en plus beveridgienne.
2. Les principales dépenses
Couverture des risques sociaux. Avec près de 759 Mds € en 2016, les dépenses de sécu-
rité sociale concernaient principalement la couverture contre le risque vieillesse-survie
(325,3 Mds €), la santé (249,9 Mds €), la famille (54,5 Mds €) puis l’emploi (44,5 Mds €).
Solde du régime général. Le régime général de la sécurité sociale connaît un déficit chro-
nique depuis de nombreuses années même s’il a nettement diminué au cours de la der-
nière décennie (fig. 18.3), passant de 28 Mds € en 2010 à 400 millions prévus en 2018. Les
comptes de la sécurité sociale ont connu un effet de ciseau avec :
––une pression à la hausse des dépenses sociales face au vieillissement de la population, à l’ac-
croissement du prix des dispositifs médicaux et au maintien du chômage à un niveau élevé ;
––une moindre augmentation des recettes face à une croissance économique atone et
une baisse de l’assiette des cotisations sociales liée au vieillissement de la population.
+ 0,8 + 1 + 0,8

Année 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17

–2,2
–4,8
–5,1
–7,8
–9,3 –9,4
–10 –10,8
–11,1 –12,6 –13,2
–15,4
–13,6 –17,5

–20,9

–23,5

–28,0

Figure 18.3.  Évolution sur 20 ans du solde du régime général de la sécurité sociale


et du Fonds de solidarité vieillesse (FSV) (Mds € courants, Sécurité sociale, 2018)

Différents systèmes de protection sociale aux caractéristiques spécifiques existent


(tab. 18.7).
Tableau 18.7. Quelques comparaisons internationales (OCDE, 2017)

Taux de prélèvements
Part des dépenses sociales
Pays obligatoires
(% du PIB)
(% du PIB)

Allemagne 25,29 37,54

Canada 17,21 32,24

339
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

Taux de prélèvements
Part des dépenses sociales
Pays obligatoires
(% du PIB)
(% du PIB)

États-Unis 19,32 27,14

France 31,55 46,23

Italie 28,87 43,38

Japon 23,06 30,58

Royaume-Uni 21,49 33,26

Norvège 25,07 38,23

Suède 27,06 43,96

Moyenne de 21,03 34,19


l’OCDE

C Les orientations actuelles de la protection sociale


Face aux évolutions sociétales et aux crises de l’État providence, différentes réformes se
succèdent en France.
1. La fiscalisation de la protection sociale et les nouvelles sources
de financement
Le fonctionnement On constate un accroissement des prélèvements sociaux et une fiscalisation croissante
de la CRDS en bref : du financement de la protection sociale.
Exemple
◗◗La CSG et la CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale) ont été créées, res-
http://dunod.link/ pectivement en 1991 et en 1996, pour financer la sécurité et la dette sociales françaises. ◗
deafhzm
Le financement par l’impôt complète le financement par les cotisations sociales.
2. La maîtrise des dépenses sociales
CHIFFRES-CLÉS De nombreuses réformes sont intervenues pour limiter la progression des dépenses
sociales :
En 1978, la sécurité
sociale était Les conditions d’indemnisation ont notamment évolué :
financée à 97 % •• Les conditions d’obtention des indemnités de chômage ont été durcies. La durée des
par les cotisations indemnisations et des prestations a été réduite (2002). Les réformes ne sont cepen-
sociales, contre 56 % dant pas toujours défavorables aux chômeurs (ex. : création de droits rechargeables
aujourd’hui (comptes en 2014). Il s’agit également d’assurer l’accompagnement à la recherche d’emploi en
de la sécurité sociale,
2017).
s’inspirant du modèle de flexisécurité. La logique du « workfare » qui conditionne
l’obtention d’allocations à la recherche active d’emploi a été renforcée.

340
Chapitre 18 Redistribution des revenus

•• Les règles de remboursement et de prise en charge par l’assurance maladie ont été
modifiées et durcies, se traduisant par une augmentation du solde à la charge de l’as-
suré (ex. : déremboursement, limitation des conditions d’accès à certains services
médicaux, ticket modérateur, franchises).
•• Les conditions d’obtention d’une retraite à taux plein sont aujourd’hui d’un âge mini-
mum de 62 ans et 43 annuités de cotisation (pour les personnes nées à partir de 1973).
La maîtrise des comptes sociaux a été renforcée par la mise en place en 1996 (renforcée
en 2005) d’une loi annuelle de financement de la Sécurité sociale (LFSS) qui encadre la
gestion paritaire de cette institution. Elle octroie aux parlementaires un droit de regard
sur les équilibres financiers de ses comptes.
3. Vers des prestations davantage orientée vers la solidarité ?
D’inspiration très bismarckienne au départ, la France a développé son volet solidaire par CHIFFRES-CLÉS
des dispositifs d’assistance s’adressant aux populations les plus démunies :
La protection maladie
•• Les « travailleurs pauvres » disposent de revenus de transfert complétant le revenu universelle représente
de leur travail. La prime d’activité à destination des actifs à faibles revenus, créée en 1,78 million de
2016, qui a succédé à la prime pour l’emploi et au RSA (remplacé par le revenu uni- bénéficiaire ; la CMU
versel d’activité) entre dans cette logique avec 2,6 millions de bénéficiaires en 2016. complémentaire,
•• L’Allocation personnalisée à l’autonomie (APA) à destination des personnes âgées, la 5,4 millions
couverture médicale universelle de base et la CMU complémentaire relèvent égale- (comptes de la
ment de cette logique. sécurité sociale,
2017).
4. Une extension du recours aux mécanismes de marché
Les dispositifs privés et volontaires de protection (ex.  : assurances, mutuelles, c­ omplémentaires)
sont de plus en plus prégnants. En matière de retraite et de maladie, le recours au marché est
de plus en plus envisagé, voire encouragé (retraite par capitalisation, mises en concurrence
des prestataires de services de santé, mutuelle d’entreprise obligatoire depuis 2016 pour les
salariés du privé financée à 50 % par l’employeur).
5. Vers un revenu universel ?
Objet de nombreux débats (Piketty…) sur sa finalité et ses modalités d’application,
le revenu universel fait l’objet de tests dans de nombreux pays (Finlande…).
Définition
Quelle que soit sa dénomination exacte (allocation ou revenu universel), le revenu Le revenu universel
universel consiste en le transfert de ressources à tous les citoyens d’un pays, indé- en images :

pendamment de leur revenu, de leur patrimoine et de leur statut professionnel, afin


de satisfaire leurs besoins primaires (nourriture, logement, habillement et biens
culturels de base) et de conduire leur vie comme ils le souhaitent.
http://dunod.link/
fbh5298
Le revenu universel d’activité doit succéder, en 2020, au revenu de solidarité active
(RSA), à l’aide personnalisée au logement (APL) et à la prime pour l’emploi. Ce revenu
ne s’adresserait cependant pas à l’ensemble de la population.

  QUESTIONNEMENT GUIDÉ 4 • ARGUMENTATION STRUCTURÉE 5

341
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve

1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. La redistribution des revenus :
a. est un préalable à la répartition primaire des revenus. ∙
b. s’appuie sur les revenus de transfert et les prélèvements obligatoires. ∙
c. se développe dans la 2e moitié du 20e siècle en France. ∙
2. Dans une logique keynésienne, les dispositifs de redistribution des revenus doivent :
a. bénéficier aux populations disposant de la propension marginale
à consommer la plus faible. ∙
b. bénéficier aux populations les plus démunies.
c. bénéficier aux populations disposant de la propension marginale
à consommer la plus élevée. ∙
d. jouer un rôle de stabilisateur automatique de la situation économique. ∙
3. Le modèle beveridgien de protection sociale :
a. repose sur un principe d’assurance sociale. ∙
b. est financé par l’impôt. ∙
c. propose des prestations sociales universelles. ∙
4. La France est un modèle d’État providence davantage :
a. socialiste. ∙
b. libéral. ∙
c. corporatiste. ∙
5. Le risque de chômage en France :
a. est géré par la Sécurité sociale. ∙
b. repose sur un principe d’assurance (ARE). ∙
c. est géré paritairement par les représentants syndicaux et les organisations
patronales. ∙
6. La sécurité sociale en France :
a. est essentiellement financée par des impôts et taxes. ∙
b. voit son déficit se creuser ces dernières années. ∙
c. voit sa gestion financière encadrée par les parlementaires. ∙
7. Le revenu universel
a. a été instauré en France. ∙
b. est accordé sous conditions de ressources. ∙
c. est une prestation s’adressant à l’ensemble de la population. ∙

342
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

2 Logique bismarckienne ou beveridgienne ? ★★★


Pour chacune des prestations sociales ci-après, indiquez le risque social pris en charge et si
elle relève d’une logique beveridgienne ou bismarckienne.
1. L’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) nécessite de justifier d’une période mini-
male de travail et de cotisations.
2. Les allocations familiales sont perçues à partir du 2e enfant à charge.
3. Les pensions de retraite à taux plein seront versées à partir de 43 annuités de cotisation
pour les personnes nées après 1973.
4. Toute personne qui travaille ou réside en France de manière stable et régulière est cou-
verte par l’assurance maladie (y compris la protection universelle maladie – Puma, qui
permet une prise en charge des frais de santé sans rupture de droits en cas de change-
ment de situation).
5. L’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa) garantit un revenu minimum aux
populations de plus de 65 ans.
6. L’aide personnalisée au logement (APL) est versée en raison de la situation du logement,
quelle que soit la situation familiale de l’occupant (célibataire, marié, avec ou sans per-
sonne à charge).

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

3 La redistribution des revenus en France ★★★

Compétences attendues • Identifier les différentes formes d’ingalités et les princi-


paux risques sociaux
• Analyser les enjeux de la lutte contre les inégalités et de
la couverture des risques sociaux
• Caractériser les différents instruments des politiques de
redistribution

En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à l’annexe.
1. Précisez la signification, pour 2017, des données de la première ligne de l’annexe : 3 260
Lecture : les personnes
et 73 160. du 3e quintile de niveau
2. Identifiez les principaux risques sociaux pris en charge d’après l’annexe. de vie ont acquitté
en moyenne 210 €
3. Indiquez l’évolution du niveau de vie annuel français moyen avant redistribution et après d’impôt sur le revenu
redistribution pour l’ensemble de la population, pour les premier et dernier déciles de par an et par unité
l’annexe. Justifiez votre réponse. de consommation.

343
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

4. Au regard des données fournies, la redistribution verticale des revenus en France est-elle
efficace ?

La redistribution des revenus en France en 2017


Annexe

en euros par unité de consommation


Fractiles de niveau de vie avant redistribution1

Q1 à Q2 à Q3 à Total
< D1 < Q1 > Q4 > D9
Q2 Q3 Q4

Niveau de vie avant


3 260 6 720 15 830 21 800 29190 56 130 73 160 25 930
redistribution (A)

Prélèvements – 160 – 340 – 940 – 1 730 – 3 350 – 11 320 – 16 920 – 3 540

Financement
– 130 – 270 – 700 – 1 150 – 1 720 – 4100 – 5 740 – 1 590
de la protection sociale

Cotisations sociales2 – 40 – 120 – 330 – 540 – 810 – 1 630 – 2130 – 690

Contributions sociales – 80 – 150 – 370 – 610 – 910 – 2 470 – 3 620 – 900

Impôts directs – 30 – 70 – 240 – 580 – 1 630 – 7 220 – 11 180 – 1 950

Impôt sur le revenu


(y compris crédits 10 20 10 – 210 – 1 140 – 6 520 – 10 380 – 1 570
d'impôt)

Taxe d'habitation – 40 – 80 – 250 – 370 – 480 – 710 – 800 – 380

Prestations 6 900 5190 1 400 740 440 240 190 1 610

Prestations
2 070 1 760 850 560 330 140 100 730
familiales
1. < Q1 : 20 % des personnes les plus modestes, …, > Q4 :20 % des personnes les plus aisées ; < D1 : 10 % des personnes les plus
modestes, …, > D9 : 10 % des personnes les plus aisées.
2. Les cotisations sociales retenues ici sont les cotisations patronales famille car ce sont les seules non contributives. Les cotisations
des micro-entrepreneurs ne sont pas incluses car ces derniers s’acquittent d’un forfait social, ce qui ne permet pas de distinguer les
cotisations famille.

344
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

Fractiles de niveau de vie avant redistribution

Q1 à Q2 à Q3 à Total
< D1 < Q1 > Q4 > D9
Q2 Q3 Q4

Allocations
810 720 410 310 230 110 80 350
familiales

Autres prestations
1 260 1 030 440 250 100 30 30 370
familiales3

Aides au logement 2010 1 450 180 30 20 10 10 340

Prime d'activité
et minima 2 820 1 980 370 150 90 90 80 540
sociaux4

Niveau de vie (B) 10 020 11 560 16 300 20 810 26 290 45 040 56 430 24 000

Taux de
redistribution 207,4 72,0 3,0 – 4,5 – 9,9 – 19,8 – 22,9 – 7,4
(B-A)/A (en %)
3. Allocation de soutien familial, allocation d’éducation de l’enfant handicapé, prestation partagée d’éducation de l’enfant de la Paje,
complément familial, allocation de base et prime à la naissance de la Paje et allocation de rentrée scolaire.
4. Revenu de solidarité active, minimum vieillesse (Aspa), allocation supplémentaire d’invalidité, allocation pour adulte handicapé et
son complément et garantie jeunes.

Évaluer Maîtriser Préparer


les savoirs les compétences l’épreuve

4 Questionnement guidé : le revenu universel ★★★

Compétence attendue Caractériser les différents instruments des politiques de


redistribution

En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, répondez aux questions suivantes. Rendez-vous
MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Définissez le concept de revenus universels (ou de base).
2. Identifiez les avantages attendus par la mise en œuvre de ce revenu universel.

345
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

3. Montrez en quoi ce revenu universel se distingue des autres revenus de transfert de la


protection sociale relevant d’une logique beveridgienne ou bismarckienne.
4. Précisez les critiques, les limites et les freins à la mise en œuvre d’un tel dispositif.

Le revenu de base, une idée qui fait son chemin


Annexe  1

Le revenu de base se veut une réponse aux défis économiques, sociaux, écologiques
et démocratiques auxquels nos sociétés riches sont confrontées. Une idée forte, mais
non dénuée de dangers.
Le revenu de base, ou revenu universel, est à nouveau au coeur du débat. Deux
candidats l’avaient d’ailleurs placé au centre de leur programme lors de la dernière
campagne présidentielle en 2017. Le revenu de base se veut une réponse à de multi-
ples défis auxquels nos sociétés riches sont aujourd’hui confrontées sur les plans
économique, social, écologique et démocratique.
Distribué à tous
De quoi s’agit-il ? De verser à tous les résidents un revenu inconditionnel afin que
nul ne soit enfermé dans la pauvreté, dans une société où le progrès technique
permet de produire des richesses en abondance avec une quantité de travail réduite.
À la différence de prestations sociales comme le revenu de solidarité active (RSA) ou
la prime d’activité, ou des autres minima sociaux, le revenu de base n’est donc pas
versé aux seules personnes exclues de l’emploi ou ayant de très bas salaires, mais
distribué à tous, aussi bien à madame Bettencourt qu’à un sans domicile fixe.
Le premier avantage d’un revenu de base inconditionnel est d’éviter d’enfermer
les exclus de l’emploi dans un statut d’assisté puisque tout le monde en bénéficie.
L’aumône donnée par la société se transforme en un droit universel, lié à la citoyen-
neté. Un message qui peine cependant à être entendu aujourd’hui tant l’idée que
tout salaire mérite travail demeure forte, notamment chez ceux qui occupent des
emplois difficiles et mal rémunérés.
Les spécialistes du social avancent un autre argument pour défendre le revenu de
base : son automaticité met un terme au non-recours, c’est-à-dire le fait qu’au-
jourd’hui des centaines de milliers de personnes qui devraient toucher des minima
sociaux n’en bénéficient pas parce qu’elles jugent les démarches trop complexes ou
trop stigmatisantes. Toute personne qui a déjà étudié de près un dossier de demande
de RSA sait qu’être pauvre suppose un haut niveau de qualification…
Philippe Frémeaux, « Les dossiers n° 010 », Alternatives économiques, juin 2017

346
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

En pointe sur les questions sociales, la Finlande a testé l’intérêt d’une allocation
Annexe  2

sans conditions sur des chômeurs tirés au sort


Il y a deux ans, quelque 2 000 chômeurs finlandais ont été stupéfaits de découvrir,
dans leurs boîtes aux lettres, un courrier les informant qu’ils toucheraient 560 euros
par mois jusqu’en décembre  2018. Et ce, sans conditions […]. Ce n’était pas une
plaisanterie de l’administration, mais le lancement du premier test au monde, à
une échelle nationale, d’un revenu de base.
L’expérience finlandaise se rapproche plus du revenu de solidarité active (RSA)
français que du revenu universel de subsistance […]. Cette somme forfaitaire
remplace l’allocation de fin de droit de ces personnes sans emploi qui, âgées de
25 à 58  ans, ont été tirées au sort pour voir si cela facilite leur reprise d’activité.
« L’expérimentation proposée à l’origine […] devait également concerner des petits
revenus, des personnes au foyer, mais aussi des jeunes de moins de 25 ans. Les fonds
alloués se limitant à 20 millions d’euros, les ambitions initiales ont été revues à la
baisse. »
Contrairement à l’allocation chômage, ce revenu de base peut se cumuler sans
variation avec un emploi rémunéré. […] « Je n’aurais pas pu accepter un emploi à
mi-temps sans ce revenu de base, car il était dans une autre ville et n’aurait pas suffi
à payer mes factures, explique une habitante d’Helsinki, cheveux bleus et piercing
dans le nez. J’ai malheureusement dû le lâcher, à cause d’une dépression. »
Ce revenu garanti a tellement facilité la vie de Tuomas Muraja, aux revenus aléa-
toires, qu’il redoute la fin de l’expérience. « Je vais à nouveau devoir remplir des
formulaires pour toucher des aides », craint ce journaliste, qui va d’ailleurs publier
un livre sur le sujet. « On n’a plus le stress de ce que l’on pourrait perdre si l’on
retrouve une activité, souligne-t-il. Contrairement à ce que d’aucuns disent, cela ne
renforce pas la passivité des chômeurs. Grâce à ce dispositif, la douzaine de partici-
pants que j’ai interrogés ont plus facilement accepté un emploi ou réussi à se lancer
à leur compte. »

Opposition des grands partis et des syndicats


Pour autant, l’expérimentation ne sera pas prolongée l’an prochain. […]
Ces grands partis, comme les syndicats, estiment que la généralisation d’un revenu
de base à l’ensemble de la population plomberait le pays. « Cela ferait plonger de
5 % le déficit budgétaire finlandais », estime Ilkka Kaukoranta, économiste à l’Orga-
nisation centrale des syndicats, proche du PSD. Le Medef local, EK, pense de même.
« Cela coûterait 11 milliards d’euros, c’est irréaliste pour un pays de 5,5 millions de
personnes, fait valoir Vesa Rantahalvari, du syndicat patronal, chargé de la politique
sociale. D’autant que nous avons un taux de chômage trop élevé, au-dessus de 7 %,
et une population active trop basse (72 %). La Finlande compte 250 000 chômeurs,
mais 100 000 emplois à pourvoir. »
Clément Daniez, L’Express, 17 décembre 2018

347
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES

5 Argumentation structurée : le modèle français 45 mln


de protection sociale ★★★

Compétences attendues • Analyser les enjeux de la lutte contre les inégalités et de


la couverture des risques sociaux
• Caractériser les différents instruments des politiques
de redistribution
• Analyser l’évolution des principales dépenses et recettes
des politiques contemporaines de redistribution

Rendez-vous Vous proposerez une réponse structurée comportant une introduction, un plan détaillé
MÉTHODE 2 et une conclusion permettant répondre à la question suivante.

Travail à faire
« Quels enjeux pour la protection sociale en France ? »

348
SYNTHÈSE
Redistribution des revenus

Outils de redistribution
Prélèvements Transferts Services publics
obligatoires de revenus marchands

Formes de redistribution
horizontale verticale
(réduction des inégalités) (couverture sociale : protection
contre les risques sociaux)
Objectifs
de la redistribution

Justice sociale et réduction Efficacité économique :


des inégalités Protection sociale soutien de la demande

Modèles de protection sociale


• Modèle socialiste (pays scandinaves)
• Modèle bismarckien (logique d’assurance)
• Modèle libéral (États-Unis)
• Modèle beveridgien (logique d’assistance)
• Modèle corporatiste (Allemagne)

Crises de l’État providence et réformes de la protection sociale

Financement Efficacité Légitimité

Recettes de la protection sociale Dépenses de la protection sociale


Cotisations sociales, CSG, contributions Couverture du risque de vieillesse
sociales, impôts et taxes (325,3 Mds €), de santé (250 Mds €),
de famille (55 Mds €) et de perte d’emploi
Déficit chronique de la sécurité sociale qui se résorbe depuis la décennie 2010

349
PARTIE 6 : CAS DE SYNTHÈSE
Déséquilibres sociaux : explications et enjeux

1  Étude de documents : polarisation du marché du travail et redistribution ★★★


Dans le cadre d’une formation continue de travailleurs de l’industrie sidérurgique, vous
présentez les caractéristiques du marché du travail en France et les enjeux de la trans-
formation numérique et de l’automatisation des chaînes de production.
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions suivantes.
MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Analysez la situation de l’emploi en France.
2. Expliquez et illustrez l’expression « polarisation » du marché du travail et les consé-
quences de ce phénomène en termes d’inégalités sociales.
3. Discutez la pertinence de la taxation des robots et autres dispositifs d’intelligence artificielle.
4. Identifiez et analysez les solutions possibles en matière de politique de l’emploi et de
protection sociale pour faire face à la transformation numérique et à l’automatisation.

Stratégie emplois de l’OCDE


Annexe  1

La révolution numérique, la mondialisation et l’évolution démographique transfor-


ment les marchés du travail au moment où les responsables publics sont aux prises avec
une croissance atone de la productivité et des salaires et de fortes inégalités de revenu.
La nouvelle Stratégie de l’OCDE pour l’emploi propose un cadre d’action complet et des
recommandations en vue d’aider les pays à relever ces défis. Elle va au-delà de l’aspect
quantitatif de l’emploi pour faire de la qualité des emplois et de l’inclusivité du marché
du travail des priorités essentielles de l’action publique, tout en mettant l’accent sur
l’importance de la résilience et de l’adaptabilité pour assurer le bon fonctionnement de
l’économie et du marché de l’emploi, dans un monde du travail en mutation rapide.
Perfomance la plus faible OCDE Performance la plus élevée OCDE
Turquie : 55,3% OCDE : 72,1% Islande : 87,2%
Taux d'emploi (2017)
France : 71,0%
Quantité

Grèce : 21,7% OCDE : 5,9% Islande : 2,9%


Taux de chômage (2017)
France : 9,2%
Sous-utilisation de la main-d’œuvre Grèce : 44,8% OCDE : 27,2% Islande : 12,6%
globale
France: 32,7%
Mexique : 4,6 USD OCDE : 16,6 USD Danemark : 29,8 USD
Qualité du revenu d’activité (2015)
France : 21,9 USD
Qualité

Insécurité sur le marché du travail (2016) Grèce : 22,7% OCDE : 4,9% Japon : 1,6%

France : 4,4%
Grèce : 47,9% OCDE : 27,6% Norvège : 13,8%
Stress au travail (2015)
France : 25,8%
Grèce : 16,0% OCDE : 10,9% Rép. tchèque : 5,8%
La qualité du revenu Taux de bas revenus (2015)
Inclusivité

France : 8,3%
d’activité est exprimée Corée (2013) : 61,0% OCDE : 38,1% Finlande : 21,4%
Écart hommes-femmes du revenu
en rémunération horaire de travail (2015)
brute corrigée des France : 34,6%
Écart de taux d’emploi des groupes Turquie : 47,1% OCDE : 24,7% Islande : 9,2%
inégalités en PPA (dollars
défavorisés (2016)
américains). France : 27,8%

350
PARTIE 6 : CAS DE SYNTHÈSE

Polarisation du marché travail : l’OCDE met en garde ses membres


Annexe 2

L’OCDE a mis en garde mardi contre une polarisation croissante des marchés du
travail, source d’inégalités sociales, exhortant les pays à agir pour mieux répartir
les fruits de la croissance et faire barrage aux populistes. Dans un rapport présenté
à Berlin, l’Organisation de coopération et de développement économiques souligne
que la proportion des emplois moyennement qualifiés a chuté de 7,6  points de
pourcentage entre 1995 et 2015 dans ses États membres, tandis que la part des
emplois hautement et peu qualifiés augmentait respectivement de 5,3 points et de
2,3 points. « Les salaires bas et moyens stagnent et la demande d’emplois moyenne-
ment qualifiés baisse », indique le rapport.
Selon l’OCDE, dont la plupart des membres sont des pays développés, les progrès
technologiques sont les premiers responsables de cette évolution, et dans une
moindre mesure la mondialisation, souvent synonyme de délocalisations de
la production dans des pays à main-d’œuvre bon marché. Cette polarisation
s’est accompagnée d’un creusement de l’écart des revenus. « L’inégalité des reve-
nus est inédite en ce moment et met en danger la cohésion sociale », a déclaré
le secrétaire général de l’OCDE Angel Gurria, lors d’une conférence de presse.
Le revenu disponible moyen des 10 % les plus riches de la population est désormais
plus de 9 fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres, contre 7 fois plus il y a
vingt-cinq ans. Pour l’OCDE, le rejet de la mondialisation, qui s’est exprimé par une
montée des populismes dans certains pays, est largement lié à « l’incapacité des
politiques publiques existantes à promouvoir une croissance inclusive », qui profite
à une large couche de la population.
Une politique de l’emploi ne doit pas se focaliser uniquement sur les taux de
chômage et d’emploi, mais aussi sur la qualité de ces emplois (rémunération, sécu-
rité), sur une plus grande « inclusivité » (égalité entre hommes et femmes, inser-
tion des personnes défavorisées face à l’emploi) et sur une flexibilité du marché
permettant de résister aux crises ou s’adapter aux évolutions technologiques (avec
notamment une mise en valeur des formations continues), énumère l’organisation.
Si l’Allemagne, avec un taux de chômage au plus bas depuis la réunification, fait
figure de bonne élève, elle a beaucoup à faire en matière d’égalité des chances sur le
marché du travail entre les hommes et les femmes, a ainsi noté M. Gurria.
www.lefigaro.fr, 13 juin 2017

351
PARTIE 6 : CAS DE SYNTHÈSE

Les inégalités se creusent, au sommet de la distribution notamment (OCDE)


Annexe 3
Début des années 2000 Milieu des années 2000
Rapport du 9 au 1 décile des salaires, début des années 2000a et milieu des années 2010
e er

6
5
4
3
2
1
0

N
R

N
E

N
LD

C
U

R
E

A
K
E
A

T
N

P
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N
A

L
SW
O

DN
CH

AU
CZ

GB
GR

HU
BE

PR
US
SV
DE

CA
ES
FR

SV
IR
IT

JP
FI

N
N

Taxer les robots : une solution pour compenser les futures pertes de revenus ?
Annexe 4

Le développement de l’intelligence artificielle, et des robots en particulier, devrait


avoir des conséquences majeures sur le marché du travail. La robotisation n’est plus
cantonnée à l’industrie, mais gagne également le secteur des services. Aujourd’hui, les
robots peuvent remplacer des avocats, des médecins, des banquiers, des travailleurs
sociaux, des infirmiers, voire des artistes. Si leur impact réel sur l’emploi divise encore
les économistes, il semble qu’il faille déjà réfléchir à des solutions. De fait, la destruc-
tion massive de postes de travail qui semble se profiler pourrait avoir un double effet
négatif en termes de fiscalité : d’une part, une perte conséquente de recettes fiscales et
de contributions sociales et, d’autre part, des besoins accrus de ressources publiques,
en raison du nombre croissant de personnes sans emploi. […]
Notre analyse suggère que l’instauration d’une taxe sur l’utilisation des robots pour-
rait constituer une solution intéressante face aux effets de la robotisation sur le
marché du travail. En substance, le fait d’attribuer aux robots une personnalité
juridique pourrait donner lieu à l’émergence d’une « capacité contributive électro-
nique », qui devrait être reconnue à des fins fiscales. […]
Pour autant, la taxation des robots soulève des problématiques complexes, à l’échelle
nationale comme internationale.
Il faudrait d’abord s’entendre sur une définition claire des robots. […]. Nous considé-
rons pour notre part que […] la définition devrait mettre l’accent sur les incidences
des robots sur le travail humain. Et se justifier du point de vue économique, techno-
logique et constitutionnel.
Il conviendrait ensuite d’examiner différents types d’imposition. Première piste :
taxer les robots en calculant un salaire hypothétique correspondant à ce qu’un être
humain aurait perçu pour un travail équivalent. […]. Autre solution, plus simple :
appliquer un montant forfaitaire représentant une approximation de la capacité
contributive des robots. […]
Troisième piste intéressante : assujettir les activités des robots à la TVA. […] Une
nouvelle idée fait depuis peu son chemin, en faveur d’un système fiscal n’opérant

352
PARTIE 6 : CAS DE SYNTHÈSE

pas de distinction entre robots et travailleurs humains. Certains spécialistes plaident


par exemple en faveur d’une « taxe sur l’automatisation », fondée sur le ratio entre
le chiffre d’affaires et l’effectif des entreprises. Plus le nombre de robots rapporté au
chiffre d’affaires est élevé, plus le montant de la taxe augmente. L’imposition des
robots pose des problèmes qui dépassent les frontières nationales. […]
http://www.oecd.org/fr/forum/annuel-ocde/taxer-les-robots-une-solution-
pour-compenser-les-futures-pertes-de-revenus.htm

Automatisation : où en est-on ?
Annexe 5

Il faut taxer les machines ! L’idée est ancienne, mais elle a resurgi à l’occasion du
débat sur le revenu universel. Pour beaucoup de ses promoteurs, une telle taxation
serait un des moyens principaux de le financer. Leur raisonnement : comme l’auto-
matisation va inexorablement réduire l’emploi disponible, le fruit du « travail » des
robots doit permettre de nourrir demain tous ceux qui, à cause d’eux, ne trouveront
plus jamais de travail.
Mais où en est-on aujourd’hui de l’automatisation ? […] Pour produire 100 euros
de richesse dans l’année, il fallait en 1981 mobiliser des machines qui valaient en
moyenne 34  euros et des logiciels qui coûtaient 3  euros, soit 37  euros d’équipe-
ments de production, selon l’Insee. En 2015, il n’y avait plus besoin pour produire
autant de richesses que de 27,50 euros de machines et de 6,50 euros de logiciels, soit
34 euros d’équipements. Sur cette période, ce que les économistes appellent l’inten-
sité capitalistique de l’économie française a donc, dans l’ensemble, plutôt décru. On
utilise certes deux fois plus de logiciels qu’il y a trente-cinq ans, mais aussi moins
de machines. […]
Où se situe la France par rapport aux autres pays développés sur le plan de l’au-
tomatisation ? […] En matière industrielle en revanche, la Fédération internatio-
nale de la robotique estime le nombre des robots à 126 pour 10 000 salariés dans
l’industrie française, contre près de 300 en Allemagne et de 500 en Corée du Sud.
L’industrie hexagonale a donc plutôt décroché ces dernières années en matière d’au-
tomatisation, faute d’investissements suffisants.

L’automatisation fait-elle baisser l’emploi ?


[…] Les craintes sont nombreuses à ce sujet, notamment depuis une étude publiée
en 2013 qui concluait que 47 % des emplois existants étaient susceptibles de dispa-
raître au cours des prochaines années. Cette étude a été beaucoup critiquée. En
appliquant les mêmes critères, l’OCDE estimait ce chiffre à 9 % d’emplois menacés.
[…]. Quoi qu’il en soit, des emplois en grand nombre risquent en effet de disparaître,
ainsi que des secteurs d’activité entiers (comme la presse écrite traditionnelle…). Et
le cortège de licenciements, de faillites et de restructurations qui accompagnent ce
mouvement posera incontestablement des difficultés sociales considérables. Cela
fera-t-il pour autant automatiquement baisser le total des emplois offerts dans l’éco-
nomie ? Il n’y a pas de raison que ce lien soit mécanique.

353
PARTIE 6 : CAS DE SYNTHÈSE

Tout d’abord, les machines ou les logiciels qui permettent de supprimer des emplois
doivent eux-mêmes être produits. Cette substitution crée donc de nouveaux emplois.
De plus, la substitution capital-travail permet de produire à moindre coût. De ce fait,
les produits et les services en question peuvent devenir moins chers. Si les politiques
économiques menées par ailleurs maintiennent le pouvoir d’achat de la population
– une condition importante et pas toujours réunie –, ces biens et ces services pourront
être achetés en plus grand nombre, poussant ainsi l’emploi à la hausse dans les secteurs
concernés. Ou si ce n’est pas le cas, le pouvoir d’achat dégagé grâce à ces baisses de prix
permettra de développer d’autres activités, elles aussi créatrices d’emplois.
[…] Quelles activités pourraient prendre le relais de services automatisés avec la
révolution numérique ? Difficile à dire aujourd’hui, mais les besoins sociaux non ou
mal satisfaits restent nombreux et l’imagination des êtres humains pour inventer de
nouvelles activités ne connaît guère de limites.
Enfin, la hausse de la productivité liée à la substitution capital-travail a permis
aussi, et peut encore faciliter dans le futur, un mouvement historique de réduction
du temps de travail. Il en limite les impacts négatifs sur l’emploi tout en contribuant
à améliorer nos vies.

Pourquoi il ne faut pas taxer les machines


Compte tenu de ces éléments, faut-il taxer les machines ? Ou plutôt les taxer davan-
tage parce qu’elles le sont déjà amplement. Leur fabrication et leur commerciali-
sation donnent lieu tout d’abord à prélèvements sociaux, impôt sur les sociétés…
De plus, la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), qui a remplacé
la taxe professionnelle depuis 2010, ponctionne déjà lourdement les entreprises à
forte intensité capitalistique. Depuis de longues années déjà, la faiblesse de l’inves-
tissement productif des entreprises est un des handicaps majeurs de l’économie fran-
çaise. C’est notamment l’une des causes principales de sa désindustrialisation : face
à la concurrence des pays à bas coûts de main-d’œuvre, la seule chance de conserver
une industrie en France, c’est que celle-ci soit très automatisée. Si on taxait davan-
tage les machines, on favoriserait surtout les sociétés de travail intérimaire.
Au-delà de ces questions d’opportunité, la proposition de taxer les machines repose
plus fondamentalement sur une erreur de raisonnement […] Taxer les machines n’a
pas grand sens, parce que la seule chose qui soit capable d’ajouter de la valeur à ce
qu’une entreprise se procure ailleurs, c’est le travail humain.
L’inconvénient principal des machines n’est donc pas tant, en réalité, qu’elles se subs-
tituent aux hommes pour produire de la valeur. Il est plutôt qu’elles mobilisent des
matières premières non renouvelables et de l’énergie dont l’usage n’est pas suffisam-
ment taxé aujourd’hui pour refléter l’impact négatif qu’il a sur notre environnement.
Guillaume Duval, Alternatives économiques, 1er février 2017.

354
PARTIE 6 : CAS DE SYNTHÈSE

Pour le patron de Tesla, la création d’un revenu universel est inéluctable


Annexe 6

Avec l’arrivée des robots travailleurs et de l’intelligence artificielle, le patron de Tesla


estime que les États devront à l’avenir rémunérer les gens qui n’auront plus de travail.
Le revenu universel a gagné un nouveau partisan. Alors qu’en France le débat sur l’ins-
tauration d’un salaire versé à vie par l’État divise la classe politique et suscite la désappro-
bation des Français, le patron de Tesla estime lui qu’il faudra tôt ou tard en créer un. […]
« Il y a de très bonnes chances que nous finissions par avoir un revenu de base
universel, ou quelque chose comme ça, à cause de l’automatisation. Je ne vois pas
comment faire autrement, et c’est ce qui devrait arriver, je pense. »
Le patron de Tesla fait ici référence à la robotisation qui se profile dans le secteur
du tertiaire. Après l’industrie, les machines commencent à gagner du terrain dans
les services. Que ce soit avec la voiture autonome (la fin des taxis et des VTC ?), les
robots dans la restauration comme cette machine qui fabrique les hamburgers ou
encore la multitude de logiciels basés sur l’intelligence artificielle et capables d’ef-
fectuer des tâches simples (un bot qui répond à un client) mais demain de plus en
plus complexes. Des machines qui seraient capables de faire d’énormes gains de
productivité et par là-même rendre caduc le travail humain.

82 % des dépenses totales de l’État français


Musk anticipe l’émergence d’une société de loisirs. « Les gens auront le temps de
faire autre chose, des choses plus complexes, plus intéressantes avec plus de temps
libre. » Le problème de la projection d’Elon Musk, c’est que personne ne peut affir-
mer que la robotisation qui vient fera disparaître l’emploi humain. […]
La seconde difficulté du scénario d’Elon Musk concerne le financement de ce revenu
de base universel. Prenons l’exemple de la France. Verser 535 euros (l’équivalent du
RSA) à 51  millions de Français et la moitié aux 15  millions de mineurs coûterait
376  milliards d’euros par an à l’État. Cela représenterait donc 82 % des dépenses
totales de l’État (463 milliards d’euros en 2015) ! Et si on supprimait tous les minima
sociaux, la prime d’activité, les allocations familiales et les aides au logement, cela
représenterait toujours 306 milliards d’euros. Bref, les machines devront réaliser de
colossaux gains de productivité et créer suffisamment de richesse pour financer ce
revenu universel souhaité par Elon Musk.
https://bfmbusiness. bfmtv.com, 7 novembre 2016

2  Argumentation structurée : coût du travail et plein-emploi ★★★


En vous appuyant sur vos connaissances, répondez de manière structurée à la question Rendez-vous
suivante.
MÉTHODE 2
Travail à faire
« La baisse du coût du travail permettrait-elle l’atteinte du plein-emploi ? »

355
SUJET TYPE D’EXAMEN
DURÉE DE L’ÉPREUVE
4 heures Coefficient 1

PLAN DU SUJET
Le sujet se présente en quatre dossiers. Il comporte 10 annexes.

1   Croissance et défaillances de marché 3   Financement de l’économie chinoise


2   Commerce extérieur chinois 4   Argumentation structurée

L’entreprise Babydoux, concepteur, producteur, distributeur de produits de puériculture


implantée dans l’Union européenne désire étendre son champ d’activité. Respectueuse
de l’environnement, Babydoux met en œuvre une démarche de développement durable,
tant dans ses processus de production que dans sa politique sociale au titre de la respon-
sabilité sociétale des entreprises (RSE).
Babydoux a choisi d’ouvrir une nouvelle usine ainsi que plusieurs points de distribution en
Chine. Face aux tensions internationales et afin de s’assurer que son projet ne dénature pas
les valeurs et missions de l’entreprise, le dirigeant de l’entreprise, Karim Ndiaye, souhaite
analyser les caractéristiques économiques et sociales de la Chine. Il vous charge de rédiger
une note de synthèse globale à partir du dossier documentaire et du questionnaire fournis.

Dossier 1. Croissance et défaillances de marché


Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes 1 à 7, répondez aux questions
MÉTHODE 1 suivantes.
Travail à faire
1. Comparez la croissance économique et le niveau de développement de la Chine à ceux
des pays avancés. Identifiez les inégalités chinoises et leurs évolutions.
2. Analysez les effets attendus des investissements de R&D et de capital humain de la
Chine notamment en matière de croissance potentielle.
3. Présentez les dispositifs mis en place par l’État chinois pour limiter les émissions de C02. Expli-
quez en quoi ces dispositifs s’imposent à la Chine pour préserver sa trajectoire de croissance.

PIB réel (variation annuelle en %, FMI, 2018)


Annexe 1

Moyenne Projections
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
2000-2009 2018 2019 2023
Chine 10,3 10,6 9,5 7,9 7,8 7,3 6,9 6,7 6,9 6,6 6,2 5,6
Pays
1,8 3,1 1,7 1,2 1,4 2,1 2,3 1,7 2,3 2,4 2,1 1,5
avancés

356
SUJET TYPE D’EXAMEN

Indicateurs sociaux et culturels (Pnud, 2015-2016)


Annexe 2

Espérance de vie Taux d’alphabétisation PIB par


IDH
à la naissance en des adultes (en % d’âges habitant en
2015
2014 (en année) de 15 ans et plus) 2014 en PPA
Chine 0,738 75,8 95,1 11 525
Pays à faible La parité du pouvoir
0,497 60,6 59,3 1 601 d’achat (PPA) fixe la
revenu
valeur d’une monnaie,
Pays à revenu en général le dollar, en
fonction du « panier »
élevé (pays 0,892 80,5 100 40 481
de biens et services
avancés) qu’elle permet d’acquérir,
et ce afin de faciliter
Monde 0,717 71,5 81,2 14 939 les comparaisons
internationales.

Évolution de la situation de la Chine de 1978 à 2016


Annexe 3

(China Morning Post et World Inequality Database, 2016)


Riches et pauvres Patrimoine moyen
Personnes possédant Extrême pauvreté Par individu en yuans
plus de 100 millions ¥ (revenus <
disponibles pour 2 300 ¥/an)
l’investissement 166 (millions)
122
99 82
70 56

Campagne : 64 780 Villes : 208 317


10 000 120 000 en 2016 en 2016
en 2006 en 2016 10 11 12 13 14 15
Part de la richesse totale détenue par Inégalités de revenus
les 1 % les plus riches (en %) 1978
Russie 74,5 10 % les plus aisés de la population

Inde, Thaïlande 58 27 % du revenu


national avant
Indonésie 49,3 1 yuan (¥) équivaut
impôt
2015 à 13 centimes d’euros.
Brésil 47,9
10 % les plus aisés de la population
Chine 43,8
41 % du revenu
ÉtatsUnis 42,1 national avant
impôt

357
SUJET TYPE D’EXAMEN

La Chine, leader mondial de l’émission de CO2 (Global Carbon Atlas, 2017)


Annexe 4
Rang Pays Émissions de CO2

1 Chine 9 839

2 États-Unis 5 270

3 Inde 2 467

Selon une étude de l’université de Hong Kong, la pollution atmosphérique en Chine


ampute chaque année, l’économie du pays de 267 Mds ¥ (33 Mds €), soit environ
0,66 % du PIB de la deuxième économie mondiale. La pollution est responsable de
la mort prématurée de plus d’un million de personnes.
Pour l’éco n° 4, décembre 2018

La Chine, une bonne surprise ?


Avec 1,4 milliard d’habitants, la Chine pèse dans les objectifs des conférences de l’ONU
sur le climat. Elle a annoncé, en 2018, avoir atteint les 45 % de réduction de son intensité
carbone fixés pour 2020. Fermeture d’usines polluantes en ville, interdiction du chauf-
fage au charbon dans 28 territoires, plan énergies renouvelables : le président Xi Jinping
fait de l’environnement la priorité de l’État. L’air des métropoles reste très pollué, près de
3500 personnes meurent chaque jour. Mais des taxes contre les pollutions ont été mises
en place en 2016, pour « un fonds vert » intérieur dont les effets sont à attendre en 2020.
Hugo Brillard, Pour l’éco, n° 4, décembre 2018

Premier pollueur du monde, la Chine se dote d’un marché carbone


Si les États-Unis se sont retirés de l’accord sur le climat scellé en 2015 à Paris lors de
la COP 21, la Chine, elle, compte bien tenir promesse. Dernière preuve en date : le
pays, premier pollueur du monde, a annoncé le lancement d’un marché carbone
dans le but de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre. Dans un premier temps
limitée au secteur de l’électricité, la nouvelle Bourse doit être ouverte à l’ensemble
des entreprises à partir de 2020.
Pékin doit réussir son pari, à savoir atteindre le pic de ses émissions de carbone au plus tard
en 2030. Polluer aura désormais un prix et les entreprises responsables devront le payer.
Les premiers qui doivent se soumettre à la nouvelle règle seront les producteurs
d’électricité, c’est-à-dire les 1 700 entreprises qui, à elles seules, comptent pour près
d’un tiers des émissions.
Premier marché carbone dans le monde
L’objectif : plus les compagnies payeront pour polluer, plus elles seront motivées
pour investir dans le secteur des énergies propres, où la Chine est aujourd’hui déjà
leader mondial. Avec le lancement de ce marché carbone, la Chine compte se placer
à l’avant-poste de la lutte contre le réchauffement climatique. […] Les États-Unis,
eux, ont décidé de ne plus honorer leurs engagements.
Radio France International (RFI), 2018

358
SUJET TYPE D’EXAMEN

Si la Chine s’y mettait…


Annexe 5

La Chine, premier pollueur mondial, est-elle engagée dans une transition énergétique ?
Pendant des décennies, l’État chinois a privilégié une croissance économique rapide,
axée sur l’industrie lourde et alimentée par le charbon, au détriment de l’environ-
nement et de la santé de ses citoyens. Face à la crise environnementale majeure que
traverse le pays, les autorités ont décidé d’agir. Début 2018, la Chine a mis en œuvre
une nouvelle loi fiscale axée sur la protection de l’environnement.
L’investissement porte en priorité sur le renforcement du système de surveillance de la
qualité de l’air, de l’eau et des sols. Ensuite, la loi sur l’environnement renforce les sanc-
tions – peines de prison voire peine de mort dans les cas extrêmes – pour les pollueurs.
Cela concerne notamment les autorités locales qui deviennent responsables.
Tous les scénarios sont encore ouverts, les plus optimistes comme les plus pessimistes.
La résolution des problèmes environnementaux prend du temps. Or on note une véri-
table résistance des autorités locales. En outre, faire adopter comme une priorité la
protection de l’environnement à une population qui commence seulement à toucher
du doigt le mode de consommation occidental, c’est un énorme défi à relever.
Stéphanie Monjon, Pour l’éco, n° 4, décembre 2018

Recherche et développement (R&D) : la Chine rattrape les États-Unis


Annexe 6

La Chine poursuit son investissement dans l’innovation et la R&D. Petit à petit, elle


gagne du terrain sur les États-Unis en valeur et les dépasse désormais en nombre de
publications.
« Les dépenses de la Chine dans la recherche et développement (R&D) ont continué
de croître à un rythme soutenu en 2017 » annonçait mi-février un communiqué
officiel du bureau d’État des statistiques chinois.
L’effort d’investissement provient autant des entreprises (+  13,1 %) que des insti-
tutions gouvernementales (+ 7 %) ou des universités (+ 5,2 %). Fin 2015, la Chine
comptait ainsi 5,35 millions de personnes travaillant dans la R&D et le pays prévoit
toujours d’augmenter ses dépenses annuelles pour atteindre 2,5 % de son PIB en
2020. Cet effort est continu et massif depuis le début des années 2000 ; […] elle repré-
sente 20 % de la R&D mondiale en 2012 contre seulement 6 % en 2002.
L’innovation se déplace en Asie
[…] On peut noter que le nombre de thésards atteint désormais 34 000 contre 40 000 aux
États-Unis. Ces derniers accusent une réelle perte de vitesse en matière d’attractivité d’étu-
diants étrangers qui représentent habituellement une grande part de leurs doctorants.
De manière globale, on voit se déplacer depuis quelques années, la dynamique
mondiale de l’innovation vers l’Asie. Selon le rapport de la NSF, l’Asie (Chine, Inde,
Japon, Corée du Sud et les autres pays d’Asie du Sud-Est) représente en 2015 plus de
40 % des dépenses mondiales de R&D contre 25 % en 2000 […].
www.techniques-ingenieur.fr, 27 février 2018

359
SUJET TYPE D’EXAMEN

Les entreprises européennes s’inquiètent des ambitions industrielles de la Chine


Annexe 7 Le plan « Made in China 2025 » vient renforcer les restrictions d’accès de certains
marchés aux entreprises étrangères, estime un rapport de la Chambre européenne
de commerce à Pékin.
Les grandes ambitions industrielles de la Chine vont-elles se faire sur le dos des entre-
prises étrangères ? C’est la crainte de la Chambre de commerce européenne de Pékin
qui […] passe à la loupe le plan « Made in China 2025 », véritable feuille de route de
l’État chinois pour faire passer le pays du « statut d’usine du monde à celui de grande
puissance industrielle ». A priori, ce plan […] a tout ce qu’il y a de plus honorable :
la montée en gamme de l’industrie chinoise est à la fois nécessaire pour garantir la
soutenabilité de la deuxième économie mondiale et pour rendre les usines moins
polluantes. […] A  priori toujours, un tel plan est aussi l’opportunité de nombreux
débouchés pour les groupes internationaux au savoir-faire déjà reconnu.
Menacer les intérêts des entreprises étrangères
Sauf qu’à y regarder de plus près, la volonté de Pékin de créer des champions natio-
naux dans dix secteurs prioritaires pourrait bien menacer les intérêts des entreprises
étrangères. […] Subventions, incitations fiscales, soutien continu à des entreprises
publiques inefficaces, restrictions d’accès de certains marchés aux entreprises étran-
gères ou encore soutien aux rachats d’entreprises technologiques européennes
sont autant d’instruments entre les mains des autorités chinoises pour asseoir les
nouvelles ambitions industrielles, constate le rapport. […].
Des « centaines de milliards d’euros »
Car c’est bien Pékin qui tient la barre et qui s’apprête à déverser des « centaines de
milliards d’euros » pour soutenir ces secteurs industriels phares. Cette stratégie est
« en fait un plan de substitution à grande échelle aux importations visant à natio-
naliser des industries clés, ou du moins à réduire sévèrement la position des entre-
prises étrangères », estime la Chambre. […].
La Chine veut aussi réduire la dépendance aux technologies étrangères en attei-
gnant un contenu chinois en composants et matériaux de 70 % en 2020.
Pour cela, Pékin entend créer 40 centres d’innovations industrielles d’ici à 2025.
Le gouvernement a défini 10 priorités sectorielles (technologies de l’information,
robotique, aéronautique, véhicules à nouvelles énergies, production électrique,
nouveaux matériaux, équipements médicaux et biotech…).
Frédéric Schaeffer, Les Echos, 7 mars 2017

Dossier 2. Commerce extérieur chinois


Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe 8, répondez aux questions sui-
MÉTHODE 1 vantes.
Travail à faire
4. Analysez l’évolution de la balance commerciale des biens et services de la Chine depuis
1994. Comment expliquez-vous l’évolution des échanges extérieurs de la Chine depuis
2008 ?

360
SUJET TYPE D’EXAMEN

Exportations et importations de biens et services de la Chine


Annexe 8

en % du PIB (1960-2016)


40
35
30
25
20
15
10
5
0
1960

1965

1970

1975

1980

1985

1990

1995

2000

2005

2010

2015
Exportations Importations

Dossier 3. Financement de l’économie chinoise


En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes 9 et 10, répondez aux ques- Rendez-vous
tions suivantes. MÉTHODE 1

Travail à faire
5. Analysez l’évolution des crédits en Chine depuis 2008. Caractérisez ce mode de finance-
ment et indiquez les conséquences de l’évolution des crédits.
6. Présentez le shadow banking en Chine, les causes de son développement et ses consé-
quences sur l’économie chinoise.

La bulle de crédit en Chine


Annexe 9

[…] La dette du secteur privé non bancaire en Chine a dépassé un nouveau seuil
historique au premier trimestre 2016, en représentant 210 % du produit intérieur
brut (PIB) national. Si l’on envisage la dette totale chinoise – concernant l’ensemble
des entreprises, des ménages et de l’État –, on arrive alors, fin 2015, à un niveau
d’endettement de près de 250 % du PIB, soit 22  000  Mds €, un équivalent de dix
fois le PIB français ! S’il est aisé de comprendre l’origine de la formation de cette
bulle de crédit post-crise financière des subprimes, il est en revanche plus hasardeux
de, prévoir l’échéance de son éclatement, destinée pourtant inévitable qui régit

361
SUJET TYPE D’EXAMEN

l’existence de toute bulle de ce type, ainsi que l’ampleur des incidences que pourrait
Annexe 9
avoir un krach bancaire chinois sur la stabilité monétaire et financière internatio-
nale et la croissance de l’économie mondiale, avec des banques chinoises s’effon-
drant sous le poids de l’accumulation de crédits non remboursables.

Poids des encours de crédits accordés au secteur privé non bancaire en % du PIB
chinois (Banque mondiale, 2015)
250
Les encours désignent
les prêts accordés 200
par les banques et
autres établissements
150
financiers, non arrivés
encore à échéance.
100

50

0
1990 1995 2000 2005 2010 2015
Source : Fonds monétaire internationnal, statistiques
financières internationnales et données de fichiers,
estimations du PIB de l’OCDE et de la Banque mondiale,
donnees.banquemondiale.org

[…] Ce sont des entreprises surendettées qui, dans un certain nombre de secteurs en
surcapacités productives (construction navale, charbon, sidérurgie, etc.), continuent
néanmoins d’être soutenues par le secteur bancaire public. Les autorités chinoises
veulent en effet éviter une dégradation de la situation sociale que ne manquerait
pas de provoquer un chômage massif, dans le cadre de restructurations dans les
grands conglomérats publics si elles laissaient s’opérer une pure logique de marché.
Résultat, le taux d’endettement des entreprises de 120 % du PIB en 2015 est donc
historiquement élevé, et sans commune mesure eu égard à ceux observés dans
les autres économies émergentes. Par ailleurs, le montant des créances douteuses
– susceptibles de ne pas être remboursées – possédées par les banques officielles repré-
senterait un équivalent de 7 % du PIB chinois et, selon le FMI, dans un tel contexte,
on devrait enregistrer une nouvelle progression du taux d’endettement des entre-
prises non financières de l’ordre de 20 points d’ici à 2019. La part des créances
pourries dans le total des prêts, actuellement de 5,5 %, pourrait quant à elle tripler !
[…] les autorités chinoises ne sont pas encore totalement dépourvues de marges de
manœuvre [….] en dépit de la baisse de leur montant depuis 2015, les réserves de change
chinoises […] sont donc toujours au-dessus du seuil minimal des 2 800 Mds $ recom-
mandé par le FMI. La Banque centrale chinoise est donc toujours bien armée pour lutter
contre des forces spéculatives éventuelles jouant la carte de la dépréciation du yuan
[…]. Enfin, les autorités de Pékin peuvent également utiliser l’arme du renforcement du
contrôle des changes, comme elles ont déjà pu le faire ces dernières années […].
Extraits de « Il était une fois une bulle de crédit en Chine »,
Yves Besançon, Idées économiques et sociales, 2017/2, n° 188, p. 61-63

362
SUJET TYPE D’EXAMEN

[…] Le taux d’endettement [des agents non financiers de la Chine] est désormais
comparable à celui d’économies – zone euro, États-Unis, Singapour, etc. – de niveaux
de développement nettement plus élevés. Sa progression spectaculaire depuis 2008
s’explique d’abord par le ralentissement de la croissance nominale.[…] La réduc-
tion de l’excédent extérieur est venue s’ajouter à la décélération de la croissance
nominale pour faire monter, à partir de 2008, le poids de l’endettement domestique :
cette réduction de l’excédent extérieur a été compensée […] par un besoin de finan-
cement encore accru des entreprises […] d’où une progression encore plus rapide de
leur endettement. […]
Que la montée rapide de l’endettement privé en Chine s’explique par la volonté des
autorités de soutenir une croissance en permanence freinée par l’accumulation de
dépôts auprès de son système financier ne retire bien sûr rien à son caractère inquié-
tant : distribuer rapidement une masse importante de crédits conduit fatalement à
de mauvais prêts.
À terme, les risques les plus préoccupants pourraient être ceux qui résultent d’une
mauvaise allocation durable des ressources que le système financier chinois mobi-
lise. De ce point de vue, créer de nouveaux canaux de financement, allant vers
des agents dont les besoins sont peu ou mal satisfaits, est devenu une priorité du
gouvernement. Développer le rôle du marché obligataire dans le financement des
grandes entreprises pourrait ainsi permettre de réorienter le crédit bancaire vers les
plus petites, celles du secteur des services en particulier.
Extraits de « Le système financier chinois : un développement difficile à maîtriser » de Anton
Brender et Florence Pisani, Revue d’économie financière, 2016, n° 123, p. 109-124

L’émergence d’un shadow banking en Chine


Annexe 10

Depuis 2008, une part croissante des financements ont ainsi été accordés en dehors du
marché obligataire et du système bancaire traditionnel. Le premier étant embryon-
naire et les capacités de prêt du second fortement contraintes, un shadow banking est
devenu la « soupape » permettant de générer, en Chine cette fois, la quasi-totalité de
l’endettement nécessaire pour absorber l’épargne qui s’y accumule. L’intervention
de ce shadow banking était d’autant plus indispensable que l’épargne chinoise
est, pour sa plus grande part, dans les mains d’agents peu enclins à prendre des
risques. L’apparition de nouveaux canaux de financement a ainsi été une réponse
aussi bien aux besoins des petites entreprises, des promoteurs immobiliers, etc. qui
autrement n’auraient pu se financer, qu’à ceux d’investisseurs – riches particuliers
ou entreprises  – à la recherche de placements plus rémunérateurs que les dépôts
bancaires. Le shadow banking a permis aussi à ceux qui empruntaient à relative-
ment court terme aux banques pour financer des investissements de traverser les
phases de restriction du crédit bancaire qui mettaient régulièrement leur trésorerie
en difficulté.

363
SUJET TYPE D’EXAMEN

Le système alternatif qui s’est développé a pris en charge, à l’instar des banques
mais avec des fonds propres bien moindres, une masse de risques financiers toujours
plus grande. Les estimations de sa taille varient. Le montant des ressources qu’il a
mobilisées approcherait, à la fin de 2015, 80 % du PIB selon Moody’s. Les banques
trouvent en outre auprès de ce système alternatif une part de plus en plus significa-
tive de leurs ressources avec pour conséquence un accroissement sensible du risque
de liquidité.
[…] Ce système bancaire alternatif a permis, depuis 2008, de mobiliser une partie
du potentiel d’épargne chinois pour financer l’investissement de petites entreprises
ou la construction d’infrastructures publiques, pilier de la politique gouvernemen-
tale de soutien de la demande intérieure. Sa croissance rapide ne peut bien sûr
qu’inquiéter. Les produits de placements, par exemple, qui y sont fabriqués –  les
wealth management products  – ont souvent une maturité très courte –  inférieure
à six mois –, mais sont généralement investis dans des actifs plus longs et moins
liquides. Plus ce système grossit et plus il devient vulnérable à un changement de
perception du risque par les investisseurs. Conscientes de ces dangers, les autorités
tentent en permanence d’en contrôler le développement. [….]
Extraits de « Le système financier chinois : un développement difficile à maîtriser » de Anton
Brender et Florence Pisani, Revue d’économie financière, 2016, n° 123, p. 109-124.

Évolution des encours des financements domestiques en % du PIB chinois


de 2002 à 2016 (People’s Bank of China)
300% Obligations publiques 300%
250% Shadow banking 250%
Prêts bancaires
200% 200%
150% 150%
100% 100%
50% 50%
0% 0%
2002 2005 2008 2011 2014

Dossier 4. Argumentation structurée
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances, répondez, par un exposé introduit et conclu, à
MÉTHODE 2 la question suivante.

Travail à faire
« La Chine doit-elle craindre un retour du protectionnisme ? »

364
CORRIGÉ
DU SUJET TYPE D’EXAMEN

Dossier 1. Croissance et défaillances de marché


1. Comparez la croissance économique et le niveau de développement de la Chine à ceux
des pays avancés. Identifiez les inégalités chinoises et leurs évolutions.
La croissance économique désigne l’accroissement de la quantité produite de biens et
services sur une période plus ou longue, mesurée d’année en année (  chapitre 12).
Si l’on compare les deux groupes de pays, les économies avancées et la Chine connaissent
une croissance économique entre 2000 et 2017La croissance économique de la Chine
est de très loin supérieure à celle des économies avancées sur l’ensemble de la période.
La Chine est un pays émergent avec une croissance extravertie (s’appuyant sur les expor-
tations à partir des années 1980) ; l’industrie et les services s’y développent rapidement.
En revanche, la croissance chinoise connaît un ralentissement depuis la décennie 2010.
Avant 2010, le taux de croissance dépassait 10 %. En effet, le modèle de croissance
chinois est en train d’évoluer. Les pouvoirs publics chinois, par l’intermédiaire des plans
établis et des choix de politique économiques cherchent à rééquilibrer la croissance du
pays (davantage de consommation), ce qui modifie son rythme de croissance.
Qualitatif, le développement s’observe sur une période longue. Il désigne l’ensemble des
évolutions structurelles qui facilitent ou qui vont de pair avec la croissance (  chapitre 12).
Le niveau de développement de la Chine est inférieur à celui des économies développées,
comme en témoigne l’indice de développement humain (IDH) indicateur synthétique
compris entre 0 et 1 qui intègre l’espérance de vie de la population, des indicateurs d’ins-
truction et le niveau de vie par habitant (0,738 pour la Chine, contre 0,892 pour les éco- Le correcteur attend de
vous que vous exploitiez
nomies avancées), mais aussi (à expliquer et interpréter) le PIB par habitant (niveau de
systématiquement les
vie moyen de la population) qui reste inférieur à celui des économies avancées (11 525 € données chiffrées et que
de PIB par habitant pour la Chine contre 40 481 € pour les économies avancées). vous soyez capables de
les citer à bon escient
En revanche, les taux d’alphabétisation et espérance de vie (respectivement, 95,1 % de en suivant une logique
la population alphabétisée, contre 59,3 % pour les pays à faible revenu, et 75,8 ans, en entonnoir menant
contre 60,6 ans pour les pays à faible revenu) sont nettement plus élevés que ceux des de l’idée générale à
pays à faible niveau de développement, rapprochant, de ce point de vue, la Chine des l’illustration en passant
par l’analyse/nuance.
économies avancées.
Ces données sont cohérentes avec le qualificatif d’« économie émergente » attribué de
la Chine.

Les inégalités chinoises sont doubles :


•• Les inégalités territoriales sont très marquées, notamment en matière de patrimoine,
entre la ville (patrimoine moyen de 208 317 ¥) et à la campagne (64 780 € de patri-
moine moyen) (annexe 3).
•• Les inégalités économiques recouvrent à la fois les inégalités patrimoniales (1 % des
plus riches détiennent 43,8 % de la richesse totale en Chine)(données de l’annexe 3)
et les inégalités de revenus (le dernier décile de la population –  les 10 % les plus
favorisés – représentait environ 28 % des revenus répartis au début des années 1980
et plus de 40 % aujourd’hui)(annexe 3).

365
CORRIGÉ
DU SUJET TYPE D’EXAMEN

On constate une baisse de l’extrême pauvreté en Chine dans les dernières années ;
entre 2010 et 2016, le nombre de pauvres a diminué de 121 millions (en péridoe de
faible croissance démographique). Cependant, les inégalités de revenus ont augmenté
depuis 1978
Le constat est cohérent avec la première phase de la courbe de Kuznets ; les inégalités
augmentent avec le revenu moyen par habitant). On peut se demander si les inégalités
ont atteint leur paroxysme et si la deuxième partie de la courbe de Kuznets se vérifiera
à l’avenir (les inégalités devraient baisser).
Il ne faut pas négliger non plus les inégalités de patrimoine ; 1 % des plus riches (dernier
centile) détiennent 43,8 % du patrimoine global chinois.

2. Analysez les effets attendus des investissements de R&D et de capital humain de la Chine
notamment en matière de croissance potentielle.
Rappelons, en préalable, que la croissance potentielle est mesurée par le taux de varia-
tion du PIB potentiel entre deux dates (variation du volume de production de biens et
de services que peut atteindre durablement une économie en utilisant pleinement ses
capacités, mais sans créer de tensions inflationnistes).
Comme le montre l’annexe 6, la Chine investit massivement dans la R&D, soit la
recherche appliquée à l’industrie et aux services, pour développer des innovations
notamment en lien avec les nouvelles technologies et le développement durable. Elle
investit également massivement dans les études supérieures (universités), permet-
tant ainsi l’augmentation du nombre de thésards (annexe 6) et veut créer 40 centres
d’innovation industrielle (annexe 7), sources essentielles de capital humain (stocks de
connaissances valorisables économiquement chez les individus), d’ici à 2025.
Ces mesures devraient permettre une croissance soutenable dans une logique de déve-
loppement durable et de soutenabilité faible car basée sur le progrès technique, c’est-à-
dire l’innovation au sens de Schumpeter et de Solow.
Elles devraient également être vectrices d’une plus grande autonomie à l’égard des tech-
nologies étrangères », permettant de capter davantage de valeur de la chaîne de valeur
mondiale (désigne l’ensemble des activités productives réalisées par les entreprises en
différents lieux géographiques au niveau mondial pour amener un produit ou un service
du stade de la conception au stade de la production et de la livraison au consommateur
final).
La croissance potentielle issue du progrès technique, c’est-à-dire de l’ensemble des
innovations permettant d’améliorer le système productif, la création de nouveaux pro-
duits ou de procédés novateurs, devrait offrir à la Chine une montée en gamme ’de ses
produits finis à forte valeur ajoutée.
Enfin, comme l’ont démontré les théories de la croissance endogène, et particulière-
ment Romer, Lucas, Barro et Aghion qui insistent sur le rôle de la R&D (Barro), du capi-
tal humain (Lucas), de la connaissance (Romer et Aghion), les dépenses de R&D et de
capital humain sont à l’origine d’externalités positives qui créent un cercle vertueux de
croissance.

366
CORRIGÉ
DU SUJET D’EXAMEN

L’objectif pour la Chine est également de se positionner favorablement dans la nouvelle


révolution industrielle qui devrait créer un nouveau cycle long (Kondratiev), conformé-
ment à l’analyse de Schumpeter.

3. Présentez les dispositifs mis en place par l’État chinois pour limiter les émissions de C02.
Expliquez en quoi ces dispositifs s’imposent à la Chine pour préserver sa trajectoire de
croissance.
Premier pays émetteur de CO2 au niveau mondial (tableau de l’annexe 4), la Chine s’est
engagée, lors de la COP21, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à « se placer
à l’avant-poste de la lutte contre le réchauffement climatique » (annexes 4 et 5).
Les mesures prises par le gouvernement chinois visent à internaliser les externalités
négatives, allant de la fermeture d’usines polluantes à la création du marché de droits
à polluer, et en passant par la taxation des activités polluantes ou la subvention des
efforts en matière énergétique. On retrouve ici les instruments présentés par la théorie
économique : taxe pigouvienne, théorème de Coase. Ces dispositifs incitent les acteurs
économiques à intégrer dans leurs choix le coût social de leur activité (ici le coût social
de la pollution).
Pour la Chine, la question écologique est devenue un impératif national, pour des raisons
de santé publique (« la pollution est responsable de la mort prématurée d’un million de
personnes ») mais aussi économiques (la pollution atmosphérique ampute 0,66 % du
PIB du pays). En effet, les externalités négatives de production et de consommation
affectent directement les facteurs de la croissance économique (en premier lieu, la pro-
ductivité du facteur travail), et leur coût social pèse sur les dépenses publiques qui ne
peuvent plus être mobilisées pour la R&D ou l’investissement en capital humain.
Pour répondre à cet impératif sanitaire et économique, le gouvernement chinois a mis
en place une politique volontariste dans le secteur des énergies renouvelables, poten-
tiellement source de croissance endogène pour le pays.

Dossier 2. Commerce extérieur chinois


4.  Analysez l’évolution de la balance commerciale des biens et services de la Chine depuis
1994. Comment expliquez-vous l’évolution des échanges extérieurs de la Chine depuis
2008 ?
La balance commerciale se calcule de la manière suivante : Exportations – Importations.
L’annexe 8 permet de dégager trois périodes pour la Chine :
•• Les décennies 1960-1980. Les exportations et importations semblent équilibrées
en pourcentage du PIB. La balance commerciale de la Chine est donc certainement
proche de l’équilibre.
•• Les années 1980-1994. Pendant cette période, la balance commerciale est parfois
excédentaire (c’est le cas en 1982, par exemple), parfois déficitaire (en 1984-1986).
Toutefois, les exportations et les importations ne cessent de progresser, ce qui traduit,

367
CORRIGÉ
DU SUJET TYPE D’EXAMEN

par rapport à la période précédente, une véritable insertion de la Chine dans le com-
merce international et une large ouverture commerciale.
•• Les années 1994-2016. Depuis 1994, la balance commerciale de la Chine est excéden-
taire : elle exporte donc plus de biens et services qu’elle n’en importe. L’excédent était
particulièrement marqué avant la crise de 2007-2008. Après la crise mondiale, la part
des exportations et des importations dans le PIB a diminué mais la balance est restée
excédentaire.
•• crise des subprimes éclate en 2007 et atteint l’ensemble des pays du monde cou-
La
rant 2008. La Chine est le premier exportateur mondial de biens et le troisième impor-
tateur de biens. Face à la mise en place de politiques d’austérité dans les pays occiden-
taux, les Chinois ont cherché à limiter leurs importations. Parallèlement, la production
dans les pays partenaires de la Chine a été très touchée par la crise, ce qui explique le
poids décroissant des exportations dans le PIB chinois.

Dossier 3. Financement de l’économie chinoise


5. Analysez l’évolution des crédits en Chine depuis 2008. Caractérisez ce mode de finance-
ment et indiquez les conséquences de l’évolution des crédits.
On note une forte augmentation des crédits bancaires accordés aux agents non finan-
ciers privés ; ils passent de 115 % du PIB en 2008 à 210 % du PIB en 2016 (annexe 9).
Avec 250 % du PIB en 2016, le niveau la dette de l’ensemble des agents économiques
non financiers, privés comme publics, est très élevé et comparable à celui de pays au
développement économique plus avancé. Les entreprises chinoises présentent un taux
d’endettement (dettes/PIB) de 120 % du PIB, niveau historiquement élevé (annexe 9).
Cette hausse concerne surtout les entreprises disposant de surcapacités de production ;
les crédits leur sont accordés par des banques publiques plus soucieuses d’éviter des
restructurations et de maintenir l’emploi que de financer des investissements rentables.
La forte hausse des crédits bancaires a pour contrepartie une diminution de leur qualité ;
le risque de défaut de paiement (non-remboursement) des emprunteurs est élevé. La
part des créances détenues par les banques comportant un risque élevé de défaut de
paiement parmi leurs créances totales pourraient tripler d’ici à 2019.
La part des financements par d’autres canaux que les banques traditionnelles ou le
marché obligataire, ce qu’on appelle le shadow banking (annexe 10) – soit le système
bancaire de l’ombre – s’élève en 2016 à 20 %, contre 16 % pour les prêts bancaires clas-
siques et 10 % pour les obligations publiques.
Le mode de financement privilégié est un financement avec intermédiation bancaire
entre les épargnants et les emprunteurs. Le système bancaire dispose du pouvoir de
création monétaire, permettant d’octroyer des financements au-delà de la simple
épargne. Il s’agit donc d’un financement monétaire des agents non financiers. Ces finan-
cements suivent deux canaux en Chine :
––le circuit classique, celui des banques le plus souvent publiques ;
––le circuit parallèle, moins réglementé et contrôlé, le shadow banking.
368
CORRIGÉ
DU SUJET D’EXAMEN

À court terme, la hausse des crédits bancaires a été favorable au maintien de l’activité et
de l’emploi dans les entreprises. À moyen et long terme, les effets d’une telle hausse des
crédits bancaires accordés aux agents non financiers ont été plutôt défavorables, avec :
•• Un risque inflationniste. Le financement monétaire génère des tensions à hausse sur le
niveau général des prix, favorable à court terme aux emprunteurs mais défavorables
aux prêteurs et, à long terme, aux consommateurs.
•• Le risque d’une crise bancaire et d’un krach financier. L’importance des créances « pour-
ries » et le risque de défaut de paiement des emprunteurs fragilisent les banques. En
cas de défaillance de celles-ci, la confiance des ménages envers les banques peut
s’éroder et entraîner une crise bancaire aux effets aussi délétères que ceux générés
par la crise des subprimes aux États-Unis et en Europe.
•• Le soutien artificiel d’un niveau d’activité et d’emploi au sein d’entreprises en surca-
pacités. Certaines entreprises du secteur industriel, comme la construction, sont sur-
dotées en capacité de production. Pour retrouver une certaine efficacité économique,
elles devraient se restructurer, se réorganiser, ce qui conduirait à des licenciements et à
une montée du chômage. La volonté louable d’éviter toute hausse du chômage et des
risques sociaux inhérents se réalise au prix d’un soutien à des entreprises peu efficientes
souffrant d’un excédent de capacités de production par rapport à l’activité réelle.

6. Présentez le shadow banking en Chine, les causes de son développement et ses consé-
quences sur l’économie chinoise.
Le shadow banking, circuit de financement parallèle, est composé en Chine d’organismes
financiers non régulés, opaques, adoptant des stratégies de prêts (aux emprunteurs)
et de placements (aux épargnants) à risque élevé, à la fois de défaut de paiement des
emprunteurs et de perte en capital pour les épargnants.
Les principaux facteurs explicatifs du développement de cette finance parallèle en
Chine sont :
•• Un marché obligataire peu développé et peu orienté vers le financement des entre-
prises.
•• Un système bancaire traditionnel accordant l’ensemble de ses capacités de crédit à
des grandes entreprises supposées peu risquées.
•• Des restrictions sur le crédit bancaire traditionnel. Des agents non financiers dis-
posant d’un profil de remboursement plus risqué (petites entreprises, promoteurs
immobiliers) se sont alors tournés vers les circuits parallèles. De la même façon, des
épargnants à la recherche de rémunérations plus élevées ont nourri ce système illégal.
•• Le développement d’un tel système a permis d’assurer le financement d’agents non
financiers qui n’auraient pas pu se financer par les canaux traditionnels (avantages
perçus). Cependant, il a renforcé le risque systémique du système bancaire chinois. En
finançant des prêts plus risqués que le système traditionnel, le shadow banking parti-
cipe à la dissémination des risques de défaut sur les créances à travers la titrisation et
peut, comme dans le cas de la crise des subprimes aux États-Unis et en Europe, favori-
ser la propagation d’une crise bancaire et financière (inconvénients perçus).

369
CORRIGÉ
DU SUJET TYPE D’EXAMEN

Dossier 4. Argumentation structurée


En vous appuyant sur vos connaissances, répondez, par un exposé introduit et conclu, à la
question suivante : « La Chine doit-elle craindre un retour du protectionnisme ? »
[Introduction]
Les annonces du président nord-américain, Donald Trump, en matière de politique
commerciale ont de quoi inquiéter le gouvernement chinois. En effet, face à la dété-
rioration de la balance commerciale états-unienne vis-à-vis de son partenaire chinois,
Donald Trump souhaite imposer des droits de douane de 25 % sur les produits en
provenance de Chine (34 Mds $). Si les États-Unis optaient pour des représailles, plus
de 200 Mds $ de marchandises chinoises pourraient être soumises à cette politique
protectionniste.
Si les États-Unis ne sont pas le seul partenaire commercial de la Chine, nous savons
que la croissance chinoise est largement tirée par les exportations. La mise en place
de mesures de restriction commerciale ferait peser un risque certain sur l’économie
chinoise. Dans quelle mesure la politique protectionniste des États-Unis peut-elle
constituer un frein au développement économique de la Chine ?
Nous verrons, dans un premier temps, que la Chine doit prendre la menace au sérieux
compte tenu de la place occupée par les États-Unis dans son commerce extérieur. Dans
un second temps, nous nous intéresserons aux atouts de l’économie chinoise suscep-
tibles d’atténuer les effets négatifs du protectionnisme états-unien.
Le FMI définit les
IDE comme des 1. Les États-Unis, un partenaire commercial privilégié
«  engagements de En 2017, avec 432 Mds $ de marchandises importées de Chine, les États-Unis étaient le
capitaux effectués en
vue d’acquérir un intérêt premier partenaire commercial de Pékin, loin devant l’Union européenne (372 Mds $). Les
durable, voire une prise exportations vers les États-Unis représentaient ainsi près de 19 % des exportations chinoises.
de contrôle, dans une
Au-delà du commerce extérieur, la menace d’une guerre commerciale avec les États-
entreprise exerçant ses
activités à l’étranger  ». Unis pourrait hypothéquer les investissements directs à l’étranger (IDE) dans l’écono-
mie chinoise.

2. Les atouts de l’économie chinoise


Afin de compenser la perte du partenaire états-unien, la Chine pourrait renforcer ses
partenariats commerciaux avec les autres pays et jouer de sa place privilégiée sur le
En 2018, la Chine
continent asiatique.
compte quelque
1,4 milliard d’habitants, Par ailleurs, la Chine dispose d’un marché intérieur considérable sur lequel miser. La
ce qui en fait le pays le lutte contre les inégalités et des politiques ambitieuses en matière de salaire peuvent
plus peuplé au monde
lui permettre de continuer à produire non plus pour les autres pays mais pour sa propre
devant l’Inde.
consommation.
[Conclusion]
La Chine se positionne sur les nouvelles technologies avec des efforts considérables
en R&D, ce qui lui offre une nouvelle niche industrielle et commerciale pour doper ses
exportations, et ce malgré les barrières protectionnistes états-uniennes.

370
QCM et quiz
CORRIGÉ

Les justifications des quiz et QCM du manuel sont publiées dans un ouvrage séparé de cor-
rigés détaillés.

Chapitre 1. 1. c. 2. b. 3. b. 4. a, c. 5. a, c. 6. a, b, c.


Chapitre 2. 1. b, e. 2. b, c. 3. b. 4. c. 5. b. 6. b. 7. c. 8. a.
Chapitre 3. 1. a, c. 2. a, b. 3. a, c. 4. c. 5. a, b. 6. b, d.
Chapitre 4. 1. b. 2. b. 3. b. 4. b. 5. b, c. 6. a, c, d, e. 7. b.
Chapitre 5. 1. b. 2. b. 3. b. 4. b. 5. b, 6. a, b. 7. c, 8. b.
Chapitre 6. Vrai : 3, 6, 8, 10.
Chapitre 7. Vrai : 1, 5, 9.
Chapitre 8. Vrai : 3, 6, 7, 8, 10.
Chapitre 9. Vrai : 2, 5, 7, 8, 10.
Chapitre 10. Vrai : 2, 6, 7, 9, 10.
Chapitre 11. 1. b. 2. a, c. 3. b, c. 4. c. 5. c. 6. a, c. 7. a.
Chapitre 12. 1. a, b. 2. b. 3. a, c. 4. b. 5. a, b, d. 6. c. 7. a, c.
Chapitre 13. Vrai : 2, 3, 7, 10.
Chapitre 14. Vrai : 2, 4, 6, 7, 10.
Chapitre 15. 1. c. 2. b. 3. a. 4. b. 5. a. 6. a. 7. b. 8. b. 9. a.
Chapitre 16. 1. a. 2. b. 3. c. 4. b. 5. a, b.
Chapitre 17. 1. a, c. 2. b, c. 3. a. 4. a. 5. b. 6. a, b. 7. a, c. 8. b, c.
Chapitre 18. 1. b, c. 2. b, c, d. 3. b, c. 4. c. 5. b, c. 6. c. 7. c.

371
INDEX THÉMATIqUE

A Courbe Élasticité 19
Agent économique 13 de Kuznets 320 Élasticité-prix 65
Allocation de Lorenz 316 Empreinte écologique (EE) 42
des ressources 148 Création monétaire 119 Environnement 237
Asymétrie de l’information 85 Crise financière 130 Épargne 20, 35, 106
Atomicité 78 Critères de convergence 188 financière 21
Autofinancement 108 Croissance 219 non financière 21
économique 205 Équilibre
B endogène 171, 224 de sous-emploi 283
Balance commerciale soutenabilité 209 Emplois/Ressources 15, 16
des paiements 256 Crowdfunding 129 général 67
Banque 118 Cycle partiel 66
centrale 120 de vie 319 Externalité 41, 82, 256
Bien économique 206
collectif 84 Kondratiev 222 F
économique 2 Financement
environnemental 237 D besoin 100
libre 2 Défaillance capacité 100
Bien-être social 321 de marché 237 direct 108
Branche d’activité 43 Déficit public 104 externe 108
Budget Dépense publique 150 indirect 109
de l’État 150 Dépression économique 131 interne 108
européen 189 Dette publique 153 participatif 129
C Développement 206 Firme multinationale (FMN) 251
Capital humain 314, 319, 321 durable 207, 236 Flexisécurité 301
Capital-investissement 129 économique 206 Flux
Capitalisation boursière 124 humain 207 intrabranches 250
Capital-risque 129 Dotation factorielle 254 intrafirmes 251
Change Droit de douane 252 Fonction
risque 126 Dumping 190 de demande 65
taux 125 d’offre 64
Chômage 278, 282, 284
E Formation brute de capital fixe (FBCF)
classique 282 Économie 240 16
keynésien 282 circulaire 20, 240
Circuit économique 13, 14 d’agglomération 314 G
Cluster 259 de marché 62 Globalisation 250
Collectivité territoriale 149 d’échelle 254 Grappe
Concurrence 67 des fonctionnalités 240 d’innovations 222
imparfaite 78 normative 4 industrielle 259
monopolistique 80 positive 4
pure et parfaite 63 sociale et solidaire (ESS) 45 I
Consommation 17 Effet Indice
finale 16 de revenu 107 better life (BLI) 43
intermédiaire 16 de substitution 107 boursier 125

372
Index thématique

de bien-être économique (IBEE) 43 N Revenu


de développement humain (IDH) 42 Niveau d’emploi 299 de transfert 332
de Gini 316 disponible 332
de pauvreté multidimensionnelle O universel d’activité 341
(IPM) 318 Oligopole 79 Risque
de santé sociale (ISS) 42 Optimum de Pareto 67, 68 de change 126
Inégalités Output gap 205 d’insolvabilité 130
de revenu 321 social 333, 337, 339
économiques 313 P
patrimoniales 315, 321 Pauvreté 317 S
sociales 313 Plein-emploi 282 Secteur d’activité 43
territoriales 313 Politique Seuil de pauvreté 318
Internationalisation 250 d’attractivité 258 Soutenabilité 240
Investissement de compétitivité 259 de la croissance 209
direct à l’étranger (IDE) 252 de demande 172 de la dette publique 154
taux 23 de l’emploi 297
d’offre 172 T
L économique 168 Taux
Libéralisme 62 environnementale 238 d’activité 279
Libre-échange 253 pour l’emploi 299 d’autofinancement 108
Liquidité 118 Pollution 238 de change 125
Loi Pouvoir de marché 68 de chômage 279
de l’offre et de la demande 62, 67 Précarisation 298, 301 de marge 40
de Wagner 172, 209 Prélèvements obligatoires 332 de pauvreté 318
d’Engel 18 Productivité globale des facteurs (PGF) de sous-emploi 279
d’Okun 209 221 d’emploi 280
Produit intérieur brut (PIB) 40 d’épargne 22
M Progrès technique 221, 240 d’intérêt 25, 155
Marché Propension marginale à consommer 173 d’investissement 23
concurrentiel 63 Protection sociale 333 d’utilisation des capacités
de capitaux 122 modèle 335 de production 24
de l’emploi 280 réforme 338 Tertiairisation 44
défaillance 82, 237 Protectionnisme 255 Trade-off 320
des changes 125 monétaire 255 Transition énergétique 239
des produits dérivés 127 non tarifaire 255 Travail
financier 123 tarifaire 255 demande 282, 298
monétaire 123 offre 282, 299
Mondialisation 250 R
Monnaie 118 Rareté 2 U
Monopole 78 Redistribution 321, 332 Union européenne 183
d’innovation 78 Règle d’or budgétaire 189
légal 78 Ressource V
naturel 78 naturelle 219 Valeur ajoutée 38
Multiplicateur de crédit 121 non renouvelable 238

373
INDEX DES AUTEURS

A Heckscher 250, 254 P


Aghion 225 Helpman 225 Panzar 81
Akerlof 85 Howitt 225 Pareto 67, 238, 334
Alesina 321 Perotti 321
Atkinson 321 J Perroux 68, 205, 206
Jovanic 225 Pigou 239
B Juglar 206 Piketty 209, 321, 341
Barro 171, 225 Piore 283
Baumol 68, 81 K Pissarides 284
Becker 225, 314, 319, 330 Kaldor 255, 320
Bentham 334 Keynes 24, 171, 173, 283, 300, 334 R
Beveridge 284, 333 Kitchin 206 Rawls 319
Buchanan 83, 338 Kondratiev 206, 222
Ricardo 220, 250, 253
Krugman 250, 254, 255
Richard 321
C Kuznets 208
Romer 171, 224
Carré 220 Ross 283
Clark 44
L
Laffer 173, 338
Coase 83, 238 S
Lassudrie-Duchêne 254
Sala i Martín 225
D Lindbeck 284
Samuelson 4, 250, 254
Diamond 284 Linder 254
Schultz 225
Doeringer 283 Lippman 284
Schumpeter 68, 206, 221, 222, 223,
Dubois 220 List 255
224, 320
Dunlop 283 Lorenz 316
Sen 42, 207, 209
Lucas 171, 225, 319
Smith 62
E Snower 284
Engel 18 M
Solow 221, 222, 224, 240
Esping-Anderson 336 Mac Call 284
Stiglitz 43, 209, 240, 321
Malinvaud 220
Summers 223, 321
F Malthus 220
Fitoussi 209 Marshall 78, 314 T
Fourastié 209 Marx 283
Tobin 25
Meltzer 321
Tullock 83, 338
G Mill 334
Galbraith 321 Modigliani 315, 319, 330 W
Galor 321 Mortensen 284 Wagner 172, 209
Gini 316 Musgrave 148 Walras 67, 282
Gordon 223 Willig 81
Greenwood 225 N
Wright 18Z
Grossman 225 Nozick 320
W
H O
Zeira 321
Hansen 223 Ohlin 250, 254
Hardin 237 Okun 209, 320
Hayek 68, 320 Ostrom 83, 239

374
TABLE DES MATIÈRES

Sommaire ……………………………………………………………………………………… III


Mode d’emploi ………………………………………………………………………………… IV
Programme …………………………………………………………………………………… VI
Avant-propos ………………………………………………………………………………… XV
Rendez-vous Méthode 1. Exploiter un tableau, un graphique
ou des données chiffrées …………………… XVII
Rendez-vous Méthode 2. Rédiger une dissertation et construire
une argumentation structurée ……………… XVIII

Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économique


Chapitre 1 Grands principes de la science économique ……………………………… 1
1. La problématique de la rareté …………………………………………… 2
A) Des ressources limitées • B) Des besoins illimités
2. La rareté des ressources et les nécessaires choix ou arbitrages
économiques …………………………………………………………………… 3
3. Les enjeux et le positionnement de la science économique ………… 4
Des savoirs aux compétences ……………………………………………… 5
Synthèse ……………………………………………………………………… 11
Chapitre 2 Agents économiques et interactions ……………………………………… 12
1. Les agents économiques et le circuit économique …………………… 13
A) La classification des agents économiques : les secteurs institutionnels •
B) Le circuit économique
2. L’équilibre Emplois/Ressources …………………………………………… 15
A) La présentation par la comptabilité nationale •
B) Le PIB et l’équilibre Emplois/Ressources
3. La consommation ………………………………………………………… 17
A) Les typologies de consommation • B) La structure de la consommation
des ménages
4. L’épargne …………………………………………………………………… 20
A) La mesure de l’épargne • B) Les motifs de l’épargne • C) Les formes d’épargne
et leur évolution
5. L’investissement …………………………………………………………… 23
A) Les mesures de l’investissement • B) Les typologies d’investissement •
C) Les motifs d’investissement
Des savoirs aux compétences ……………………………………………… 26
Synthèse ……………………………………………………………………… 35
Chapitre 3 Création de richesse par l’activité économique …………………………… 37
1. La valeur ajoutée au cœur de la répartition primaire des revenus …… 38
A) La mesure de la valeur ajoutée • B) Le partage de la valeur ajoutée,
ou répartition primaire des revenus

375
Table des matières

2. Le produit intérieur brut (PIB)……………………………………………… 40


A) Les mesures du PIB • B) Les rôles et limites du PIB • C) Les indicateurs alternatifs
3. Le tissu productif français…………………………………………………… 43
A) Les secteurs économiques et leur poids • B) Les caractéristiques
des entreprises françaises • C) L’économie sociale et solidaire (ESS)
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 46
Synthèse………………………………………………………………………… 54
Partie 1 : cas de synthèse……………………………………………………………………… 55

Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché


Chapitre  4  Grands principes de l’économie de marché…………………………………… 61
1. Les caractéristiques d’une économie de marché………………………… 62
A) Les différents modes d’organisation de la vie économique •
B) L’économie de marché et le libéralisme
2. Le fonctionnement d’un marché concurrentiel…………………………… 63
A) Les caractéristiques d’un marché en concurrence pure et parfaite •
B) Le comportement des acteurs sur un marché concurrentiel
3. La formation de l’équilibre sur un marché concurrentiel………………… 64
A) La notion d’équilibre • B) La fonction d’offre • C) La fonction de demande •
D) La formation de l’équilibre partiel • E) L’existence et la formation
de l’équilibre général
4. Les bienfaits attendus de la concurrence et ses limites………………… 67
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 69
Synthèse………………………………………………………………………… 76
Chapitre  5  Complémentarité entre État et marché……………………………………… 77
1. Le fonctionnement des marchés en concurrence imparfaite…………… 78
A) Le monopole • B) L’oligopole • C) La concurrence monopolistique •
D) La régulation des marchés en concurrence imparfaite par l’État
2. Les défaillances du marché face aux externalités………………………… 82
A) Une allocation non optimale des ressources •
B) L’internalisation des externalités
3. Les biens collectifs et l’inefficacité du marché…………………………… 84
A) Une typologie des biens collectifs • B) L’impuissance du marché
face aux biens collectifs
4. L’asymétrie de l’information sur un marché……………………………… 85
A) Les risques associés à l’asymétrie informationnelle • B) Les dispositifs
mis en place par l’État pour y remédier
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 87
Synthèse………………………………………………………………………… 94
Partie 2 : cas de synthèse……………………………………………………………………… 95

376
Table des matières

Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économique


Chapitre  6  Financement des agents économiques……………………………………… 99
1. Les besoin et capacité de financement des agents économiques……… 100
A) Le besoin de financement • B) La capacité de financement •
C) L’épargne
2. L’analyse des besoin et capacité de financement par catégories
d’agent…………………………………………………………………………… 101
A) Un panorama général • B) Les évolutions des besoin et capacité
de financement des ­entreprises • C) L’évolution des besoins et capacités
de financement des administrations publiques • D) Les besoin et capacité
de financement des ménages
3. Le comportement d’épargne des ménages………………………………… 106
A) Les caractéristiques et la répartition de l’épargne •
B) Les déterminants de l’épargne
4. Les modalités de financement des entreprises…………………………… 108
A) Les financements interne et externe • B) Les financements direct et indirect
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 110
Synthèse………………………………………………………………………… 116
Chapitre  7  Rôle des banques et des marchés financiers………………………………… 117
1. La monnaie et le rôle des banques………………………………………… 118
A) La monnaie et les moyens de paiement • B) La transformation des échéances
et la création monétaire • C) Les fonctions d’une banque centrale
2. Les rôles et la diversité des marchés de capitaux………………………… 122
A) Le marché monétaire • B) Le marché financier • C) Le marché des changes •
D) Le marché des produits dérivés
3. Les nouvelles sources de financement……………………………………… 129
A) Le capital-investissement et le capital-risque • B) Le financement participatif
4. Les crises financières………………………………………………………… 130
A) Les mécanismes d’une crise financière • B) Les effets d’une crise financière •
C) Les outils de prévention et de lutte contre les crises financières
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 132
Synthèse………………………………………………………………………… 142
Partie 3 : cas de synthèse……………………………………………………………………… 143

Partie 4 Régulation publique en économie de marché


Chapitre  8  Place et rôle de l’État dans une économie de marché……………………… 147
1. Les trois fonctions économiques de l’État selon Musgrave……………… 148
A) La fonction d’allocation des ressources •
B) La fonction de redistribution •
C) La fonction de stabilisation
2. Les institutions de l’action publique……………………………………… 149
3. Le budget de l’État…………………………………………………………… 150
A) Les dépenses publiques • B) Les recettes de l’État

377
Table des matières

4. La dette publique……………………………………………………………… 153


A) La mesure et l’évolution de la dette publique •
B) La soutenabilité de la dette publique
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 156
Synthèse………………………………………………………………………… 166
Chapitre  9  Intervention économique de l’État…………………………………………… 167
1. Objectifs des politiques économiques……………………………………… 168
2. Typologies des politiques économiques et moyens d’action…………… 169
A) Politique conjoncturelle et politique structurelle •
B) Politique de demande et politique d’offre
3. Enjeux et limites de l’intervention de l’État……………………………… 171
A) Justifications et limites de l’intervention de l’État •
B) Effets négatifs d’une politique d’offre •
C) Effets négatifs d’une politique de demande
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 174
Synthèse………………………………………………………………………… 181
Chapitre  10  Politique économique au sein de l’UE………………………………………… 182
1. L’Union européenne, une construction historique………………………… 183
A) De la communauté économique européenne (CEE)
à l’Union européenne (UE) • B) Les grands principes régissant le fonctionnement
de l’Union européenne • C) L’Union européenne, un acteur économique
mondial majeur
2. Les politiques économiques conjoncturelles de l’UE…………………… 186
A) La politique monétaire de la BCE •
B) L’UE et les politiques budgétaires nationales
3. Les politiques économiques structurelles de l’UE………………………… 189
A) Le budget européen • B) La nécessaire harmonisation entre pays membres
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 192
Synthèse………………………………………………………………………… 198
Partie 4 : Cas de synthèse……………………………………………………………………… 199

Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux


Chapitre  11  Croissance et développement : formes et finalités………………………… 204
1. Croissance économique et fluctuations de l’activité économique……… 205
A) Croissance économique potentielle ou effective •
B) Fluctuations de l’activité économique : les cycles économiques
2. Développement(s) économique, humain et durable…………………… 206
A) Développement économique • B) Développement humain •
C) Développement durable
3. Couple croissance-développement………………………………………… 207
A) Finalités de la croissance •
B) Soutenabilité de la croissance

378
Table des matières

Des savoirs aux compétences………………………………………………… 210


Synthèse………………………………………………………………………… 217
Chapitre  12  Potentiel de croissance économique………………………………………… 218
1. Le rôle des facteurs de production………………………………………… 219
A) La quantité et la qualité des facteurs de production •
B) Les ressources naturelles et le potentiel de croissance •
C) La contribution de la quantité des facteurs de production à la croissance :
travaux empiriques
2. Le rôle du progrès technique………………………………………………… 221
A) Le progrès technique et la productivité globale des facteurs (PGF) •
B) Le modèle de croissance de Solow (1956) • C) L’analyse des cycles longs
de Schumpeter
3. Les théories de la croissance endogène…………………………………… 224
A) Les postulats • B) Les principaux théoriciens de la croissance endogène
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 226
Synthèse………………………………………………………………………… 234
Chapitre  13  Croissance économique et développement durable………………………… 235
1. Les trois dimensions du développement durable………………………… 236
2. La prise en compte de l’environnement par l’économie………………… 237
A) L’environnement et les défaillances de marché •
B) Les instruments de la politique environnementale
3. La croissance économique est-elle soutenable ?………………………… 240
A) Une soutenabilité faible basée sur le progrès technique •
B) Soutenabilité forte et changement de modèle de croissance
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 241
Synthèse………………………………………………………………………… 248
Chapitre  14  Ouverture internationale et croissance économique……………………… 249
1. Internationalisation, mondialisation, globalisation ……………………… 250
A) L’ouverture internationale, un phénomène protéiforme •
B) Nature et caractéristiques des échanges internationaux •
C) Rôle des firmes dans la dynamique du commerce ­international
2. Régulation et institutions internationales………………………………… 252
3. Libre-échange ou protectionnisme ?……………………………………… 253
A) Libre-échange • B) Protectionnisme
4. Analyse de la situation extérieure d’un pays……………………………… 256
A) Balance des paiements et ratios • B) Amélioration de la situation extérieure :
politique d’attractivité et de compétitivité
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 260
Synthèse………………………………………………………………………… 270
Partie 5 : cas de synthèse……………………………………………………………………… 271

379
Table des matières

Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux


Chapitre  15  Déséquilibres du marché du travail…………………………………………… 277
1. Les indicateurs de la situation de l’emploi………………………………… 278
A) Qu’est-ce que le chômage ? • B) Le périmètre du phénomène •
C) Les principaux instruments de mesure • D) La singularité de la situation
de l’emploi en France
2. Les analyses théoriques du chômage……………………………………… 281
A) Les analyses traditionnelles du chômage •
B) Les nouvelles approches du marché du travail
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 285
Synthèse………………………………………………………………………… 295
Chapitre  16  Politiques publiques et marché du travail…………………………………… 296
1. Les politiques de l’emploi…………………………………………………… 297
A) Politique active de l’emploi et politique passive de l’emploi •
B) Les actions portant sur l’offre et la demande de travail
2. Les politiques pour l’emploi………………………………………………… 299
A) Les politiques d’inspiration keynésienne • B) Les politiques d’inspiration
libérale
3. Les enjeux et perspectives des politiques publiques en matière
d’emploi…………………………………………………………………………… 301
A) La flexisécurité, une tendance forte de la politique européenne •
B) Les critiques du modèle de flexisécurité
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 303
Synthèse………………………………………………………………………… 311
Chapitre  17  Inégalités sociales et pauvreté………………………………………………… 312
1. Les inégalités…………………………………………………………………… 313
A) Les formes d’inégalités • B) Les origines des inégalités •
C) La mesure des inégalités sociales
2. La pauvreté…………………………………………………………………… 317
A) Qu’est-ce que la pauvreté ? • B) Les mesures de la pauvreté
3. L’enjeu économique des inégalités………………………………………… 319
A) La justification économique des inégalités • B) Les inégalités, un frein
à la croissance économique
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 322
Synthèse………………………………………………………………………… 330
Chapitre  18  Redistribution des revenus……………………………………………………… 331
1. Une approche générale……………………………………………………… 332
A) Les instruments de la redistribution des revenus • B) Les redistributions
verticale et horizontale • C) Les objectifs de la redistribution
2. Les modèles de protection sociale………………………………………… 335
A) Les modèles bismarckien et beveridgien • B) Les modèles de protection sociale
selon Esping-Anderson • C) Le modèle français de protection sociale

380
Table des matières

3. Le financement et les réformes de la protection sociale………………… 338


A) Les enjeux d’une réforme de la protection sociale • B) Les dépenses et recettes
de la protection sociale • C) Les orientations actuelles de la protection sociale
Des savoirs aux compétences………………………………………………… 342
Synthèse………………………………………………………………………… 349
Partie 6 : cas de synthèse……………………………………………………………………… 350

Sujet type d’examen…………………………………………………………………………… 356


Corrigé du sujet type d’examen……………………………………………………………… 365
QCM et quiz : corrigé…………………………………………………………………………… 371

Index thématique………………………………………………………………………………… 372


Index des auteurs………………………………………………………………………………… 374

381

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