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ÉCONOMIE
CONTEMPORAINE
Sébastien Castaing
Docteur en sciences de gestion
Membre des jurys d’examen
Léo Charles
Docteur en sciences économiques
Josiane Coquet
Agrégée d’économie et gestion
Membre des jurys d’examen
Carine Kurowska
Agrégée d’économie et gestion
Membre des jurys d’examen
Maquette de couverture :
Hokus Pokus
Maquette intérieure :
Yves Tremblay
© Dunod, 2019
11 rue Paul Bert, 92240 Malakoff
www.dunod.com
ISBN 978-2-10-079660-1
SOMMAIRE
III
Mode d’emploi
Tout le programme Approfondissements
Cas transversaux
Renvois
vers les cas
Mise en contexte
Visuels facilitant
la mémorisation
Trois étapes
Cas transversaux
Synthèse visuelle
du chapitre
Méthode et conseils
PROgRAMME
UE 5. Économie contemporaine
Niveau L – 200 heures – 14 ECTS
1. Fondements et finalités de l’activité économique (20 heures)
1.1. Quels problèmes l’économie tente-t-elle de résoudre ?
Sens et portée de l’étude. Face à des problématiques contemporaines, il s’agit de
mettre en évidence comment l’économie se situe au cœur de la vie et des décisions des
individus, tout en tenant compte des nouveaux enjeux du développement durable.
L’économie peut être appréhendée comme une science des choix dans un contexte de
rareté des ressources.
VI
Programme
––Identifier et schématiser les relations entre ––Les différents agents économiques, leurs rôles.
les différents agents économiques. ––L’interdépendance entre les opérations économiques
––Commenter la répartition des dépenses et l’équilibre ressources-emplois.
de consommation. ––Les contributions à l’activité économique : consom-
––Différencier les différentes formes d’épargne. mation, investissement, commerce extérieur.
––Différencier les formes et les motifs ––Consommation : définition, typologies, mesure
de l’investissement. et structure de la consommation des ménages.
––Analyser la contribution des grandes ––Épargne : définition, formes.
variables de l’équilibre ressources – emplois ––Investissement : définition, mesure et typologies.
à l’activité économique.
VII
Programme
VIII
Programme
––Identifier les agents à besoin et à capacité de finan- ––Agents à capacité de financement : détermi-
cement. nants et motifs de l’épargne des ménages.
––Analyser le comportement d’épargne des ménages. ––Agents à besoin de financement (entreprises
––Identifier les modalités de financement des entre- et État) : déterminants et modalités de
prises et de l’État. financement.
––Analyser les conséquences du choix d’une modalité
de financement pour un agent économique donné.
3.2. Quels sont les rôles respectifs des banques et des marchés financiers
dans le financement de l’activité économique ?
Sens et portée de l’étude. Les banques et les marchés financiers jouent un rôle complé-
mentaire dans le financement de l’économie selon des modalités spécifiques.
Nécessaires au développement de l’activité économique, ils permettent de financer la
diversité des besoins de financement des agents et de les accompagner dans la prise de
risque inhérente à leurs projets.
La recherche de sources de financement plus abondantes, d’un financement moins
coûteux ou de modalités de financement adaptées à de nouveaux besoins (start-up…)
a entraîné de nombreuses évolutions conduisant à la financiarisation de l’économie
et parallèlement au développement de formes alternatives de financement. Bien que
nécessaire au développement de l’activité économique, cette financiarisation s’accom-
pagne de crises récurrentes pouvant déstabiliser l’économie réelle.
IX
Programme
X
Programme
––Identifier les enjeux des principales phases ––Principales phases d’élargissement et d’appro-
d’élargissement et d’approfondissement de la fondissement, poids économique de l’Union
communauté économique européenne (CEE) européenne.
puis de l’Union européenne (UE). ––Principes de proportionnalité et de subsidiarité.
––Illustrer les principes de proportionnalité et ––Régulation conjoncturelle au sein de l’Union
de subsidiarité. économique et monétaire, UEM (objectifs et
––Caractériser l’organisation de la régulation instruments) : politique monétaire de la Banque
conjoncturelle au sein de l’Union économique centrale européenne (BCE), encadrement des
et monétaire (UEM). politiques budgétaires nationales.
––Expliquer les mécanismes permettant d’at- ––Politiques structurelles de l’Union européenne :
teindre les objectifs de la politique monétaire. budget de l’Union européenne, degré inégal
––Analyser les difficultés posées par les divergences d’intégration des politiques de la concurrence,
structurelles au sein de l’Union européenne. commerciale, fiscale et sociale.
––Identifier et analyser les déterminants de ––Le rôle des facteurs de production : capital, tra-
la croissance. vail et ressources naturelles (Ricardo, Malthus,
––Mettre en évidence le rôle du progrès technique croissance endogène)
dans la croissance. ––Le rôle du progrès technique (ou de la produc-
tivité globale des facteurs) dans le processus de
croissance (Schumpeter, Aghion, Solow, Romer)
XI
Programme
XII
Programme
XIII
Programme
––Identifier les principales mesures prises dans le ––Politiques de l’emploi : mesures actives
cadre des politiques de l’emploi au sein des pays et passives.
de l’OCDE. ––Politiques pour l’emploi : impacts attendus
––Distinguer les mesures dites passives et actives. du soutien à l’activité sur l’emploi.
––Comparer les effets attendus des différentes ––Flexibilité du marché du travail : formes
mesures des politiques de l’emploi et des politiques et enjeux.
pour l’emploi.
––Analyser les enjeux de la flexibilité sur le marché du
travail, dans ses différentes formes.
––Caractériser l’action des pouvoirs publics pour accom-
pagner les transformations du marché du travail.
––Identifier les différentes formes d’inégalités ––Inégalités sociales : formes, origines et mesure
et les principaux risques sociaux. (Piketty).
––Analyser les enjeux de la lutte contre les inégali- ––Pauvreté : définitions et mesures.
tés et de la couverture des risques sociaux. ––Justification économique des inégalités et remise
––Caractériser les différents instruments des poli- en cause de l’efficacité des inégalités.
tiques de redistribution. ––Redistribution : objectifs, formes, instruments.
––Analyser l’évolution des principales dépenses ––Les modèles de protection sociale.
et recettes des politiques contemporaines de ––Le financement des politiques de redistribution.
redistribution.
XIV
AVANT-PROPOS
Rédigés par des équipes pluridisciplinaires comprenant des enseignants des classes
préparatoires à l’expertise comptable, membres des commissions d’examen, et 100 %
conformes aux nouveaux programmes et guides pédagogiques applicables dès la ren-
trée 2019, les manuels Dunod constituent une préparation complète aux examens de
DCG et DSCG.
XV
Avant-propos
Compétences
Savoirs à maîtriser
à acquérir
XVI
Rendez-vous
MÉTHODE 1
XVII
Rendez-vous
MÉTHODE 2
2. Rédigez le devoir
Reprenez, en les améliorant et en veillant à la qualité de la langue, votre ébauche. Le
développement consiste à rédiger le plan détaillé en respectant le principe « Une idée,
un paragraphe, un exemple ».
Le fait d’écrire les
Les parties et les sous-parties doivent apparaître explicitement (titre).
titres ne dispense
pas des transitions Chaque partie développe des arguments selon un « fil conducteur ». Un argument cor-
et phrases respond à une idée qui sera illustrée par des éléments factuels (données, exemples his-
introductives.
Les connecteurs
toriques), expliquée et justifiée à partir de raisonnements économiques ou d’apports
logiques y jouent un théoriques.
rôle fondamental. Réservez toujours 10 à 15 minutes à une relecture finale qui vous permettra de chasser
les dernières fautes d’orthographe, de grammaire ou de syntaxe et de gommer quelques
maladresses ou répétitions. Faites également attention aux ajouts de dernière minute
susceptibles de nuire à la clarté du raisonnement ou à la lisibilité de la copie.
XVIII
CHAPITRE
1 Grands principes
de la science
économique
PROgRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. La problématique de la rareté • 2. La rareté des ressources et les nécessaires
choix ou arbitrages économiques • 3. Les enjeux et le positionnement de la science
économique
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
Q uel est l’objet d’étude de la science économique ? Pourquoi les choix économiques
sont-ils indispensables ? Comment les ressources sont-elles allouées par les agents
économiques dans un contexte de rareté ?
MOTS-CLÉS
Allocation des ressources • Arbitrage économique • Besoin • Bien •
Choix économique • Économie positive et normative • Macroéconomie •
Microéconomie • Rareté • Ressource • Science économique
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu
1 La problématique de la rareté
Telles qu’analysées par les économistes, les ressources sont multiples (tab. 1.1).
Ressources Ensemble de biens physiques, tangibles (ex. : équipement ou capital technique fixe,
matérielles outils de production, terrains, immeubles, robots)
Sommes d’argent ou capitaux financiers disponibles pour assurer le financement des activi-
Ressources
tés économiques (ex. : apport initial des actionnaires, autofinancement, financement ban-
financières
caire, crowdfunding, recours aux marchés financiers, aides et subventions)
Disponibles en abondance et gratuitement Rares (quantité limitée), destinés à satisfaire des besoins
dans la nature (ex. : air, soleil, eau de mer), ils ne humains, ils nécessitent un travail humain, un sacrifice :
nécessitent aucun « sacrifice » ni travail humain –– biens de production (permettant de produire d’autres
biens)
–– biens de consommation finale ou intermédiaire
–– biens d’équipement
2
Chapitre 1 Grands principes de la science économique
La plupart des biens sont de nature économique. La frontière entre les biens libres et
les biens économiques est floue ; certains biens collectifs ou libres ( chapitres 2 et 5),
comme l’eau, peuvent faire l’objet d’un travail humain et d’une marchandisation, deve-
nant ainsi économiques.
Selon Keynes (1883-1946), les besoins absolus, primaires, sont ressentis indépendam-
ment de la situation des autres individus, les besoins relatifs ou sociaux, étant éprouvés
de manière secondaire, au contact des autres.
Les besoins absolus sont dénombrables (quantité finie). En revanche, les besoins relatifs
sont illimités ; une fois satisfaits, ils donnent naissance à un autre. C’est d’ailleurs la
thèse proposée par Abraham Maslow dans les années 1950 à travers sa pyramide des
besoins (fig. 1.1) qui hiérarchise l’ordre d’apparition des catégories de besoin.
BESOINS D’ESTIME
Être connu et reconnu dans sa personne et dans son travail
BESOINS SOCIAUX
Besoin d’appartenance à un groupe,
d’acceptation par les autres, d’expression
BESOINS DE SÉCURITÉ
Être sûr que les besoins physiologiques seront satisfaits chaque jour
BESOINS PHYSIOLOGIQUES
Boire, manger, se vêtir…
EXERCICE 2 EXERCICE 3
3
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu
Besoins Biens
EXERCICE 4
4
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. L’eau est une ressource…
a. naturelle non renouvelable. ∙
b. matérielle non renouvelable. ∙
c. naturelle renouvelable. ∙
2. Un bien libre…
a. nécessite du travail humain. ∙
b. ne nécessite pas de travail humain. ∙
c. est rare. ∙
3. Un bien est rare quand sa quantité disponible est…
a. supérieure à la demande exprimée. ∙
b. inférieure à la demande exprimée. ∙
c. égale à la demande exprimée. ∙
4. La science économique étudie les choix économiques dans un univers…
a. de rareté. ∙
b. illimité. ∙
c. contraint. ∙
5. Les besoins primaires sont :
a. inhérents à la survie. ∙
b. inhérents à la société. ∙
c. présents en nombre limité. ∙
6. Les arbitrages et choix économiques sont indispensables car :
a. les ressources sont rares. ∙
b. les agents économiques ont des besoins illimités. ∙
c. la plupart des biens dont nous disposons sont économiques. ∙
d. la plupart des biens dont nous disposons sont libres. ∙
5
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
il n’y a pas de rabais. Le poisson est devenu rare », avertit Louise, une vendeuse de
maquereaux. « Les clients sont obligés, malgré eux de se plier aux prix. Les restaura-
trices ne savent plus à quel saint se vouer. À la Poissonnerie du marché Mokolo par
exemple, les congélateurs réservés aux maquereaux sont occupés par d’autres variétés
de poisson. Nous sommes en rupture de stock depuis avant-hier, apprend-on dans cette
poissonnerie. Des réseaux de vente se sont déjà développés dans la ville. Certains se
déroulent dans la soirée, d’autres aux aurores (d’après http://www.buzzducameroun.
com, 2017).
2. Définition des terres rares. Les terres rares sont des métaux et des composés métal-
liques utilisés dans un grand nombre de procédés de fabrication de haute technolo-
gie, notamment récentes ou « d’avenir » (écrans, téléphones portables, ampoules
basses consommation, véhicules hybrides, rotors d’éoliennes, missiles, imagerie
médicale). Chaque appareil technologique n’en contient qu’une quantité infime,
mais l’explosion du nombre d’appareils produits a entraîné une forte hausse de la
demande mondiale à partir des années 2010. Les terres rares sont présentes dans
toutes les grandes régions minières (Afrique du Sud, Australie, Bouclier canadien,
Ouest américain, etc.) mais 97 % de la production était assurée par la Chine en 2012,
inquiétant les autres puissances qui cherchent à diversifier leur approvisionnement.
D’où la multiplication des projets d’extraction, d’une part (au Canada, au Groen-
land…) ; des projets de recyclage et de retraitement, d’autre part. Plusieurs projets
de recherche sont en cours notamment pour récupérer les métaux rares contenus
dans les accumulateurs, les aimants, les condensateurs, les écrans, etc. (d’après
http://geoconfluences.ens-lyon.fr, 2017).
3. PLF 2018. Pour 2018, l’État français a prévu :
– de dépenser 386,3 Mds € ;
– de collecter 302 Mds € de recettes,
– un solde du budget général de l’État de – 82,9 Mds €.
Les trois missions aux budgets les plus importants étaient en 2018 :
– l’enseignement scolaire : 51,29 Mds € ;
– la Défense : 34,20 Mds € ;
– la recherche et l’enseignement supérieur : 27,40 Mds €.
4. Plan de financement national. D’ici à 2022, le gouvernement propose différentes
mesures permettant le financement de ses priorités avec :
– la réduction des dépenses publiques de 3 points de PIB ;
– la réduction du déficit public de 2 points de PIB ;
– la réduction de la dette publique de 5 points de PIB ;
– la baisse des prélèvements obligatoires d’un point de PIB, au profit de l’augmen-
tation du pouvoir d’achat, de la protection des plus modestes, et des investisse-
ments d’avenir, notamment la transition écologique et le capital humain.
6
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur l’annexe ainsi que sur vos connaissances, répondrez aux questions
suivantes ci-après.
1. Montrez en quoi le cas de l’eau prouve que la frontière est « poreuse » entre les biens
libres et économiques.
2. Quels sont les dangers de la transformation d’un bien libre en bien économique ?
En vous basant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à l’annexe.
1. Montrez en quoi ce texte propose une définition de la science économique.
2. Expliquez, avec vos propres mots, en quoi consiste un système capitaliste.
3. Quels sont les autres systèmes économiques auxquels le texte fait référence ?
7
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur la méthodologie proposée, vous rédige-
MÉTHODE 2 rez un paragraphe structuré permettant de répondre à la problématique ci-après.
Travail à faire
« Comment la rareté des ressources affecte-t-elle les agents économiques ? »
8
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Compétence attendue Illustrer la logique de choix et d’arbitrage des agents sur l’em-
ploi des ressources
En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, analysez le document fourni en
annexe, en mettant en avant les arbitrages réalisés par les hommes et femmes et leurs
évolutions.
9
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
en heures et minutes
Temps
11 h 25 11 h 33 11 h 36 11 h 12 11 h 16 11 h 17 11 h 18 11 h 24 11 h 26
physiologique
Travail, études,
formation
3 h 16 3 h 27 3 h 31 5 h 47 5 h 30 5 h 15 4 h 30 4 h 28 4 h 22
(y compris
trajets)
Temps
5 h 07 4 h 36 4 h 01 2 h 07 2 h 13 2 h 13 3 h 39 3 h 25 3 h 07
domestique
Ménage,
4 h 10 3 h 40 3 h 01 1 h 10 1 h 15 1 h 17 2 h 42 2 h 28 2 h 10
courses
Soins aux
0 h 42 0 h 38 0 h 45 0 h 10 0 h 11 0 h 19 0 h 26 0 h 25 0 h 32
entants
Jardinage,
0 h 15 0 h 18 0 h 15 0 h 47 0 h 47 0 h 37 0 h 31 0 h 32 0 h 25
bricolage
Temps libre 3 h 28 3 h 46 3 h 58 4 h 09 4 h 25 4 h 28 3 h 48 4 h 06 4 h 13
Trajet 0 h 44 0 h 38 0 h 55 0 h 45 0 h 36 0 h 48 0 h 45 0 h 37 0 h 51
Total 24 h 00 24 h 00 24 h 00 24 h 00 24 h 00 24 h 00 24 h 00 24 h 00 24 h 00
10
SYNTHÈSE
Grands principes de la science économique
Besoins Biens
Science économique
Étude des choix économiques des agents dans un contexte de rareté des ressources
Microéconomie
Économie positive (factuelle)/
(comportement des individus)/
Économie normative (morale)
Macroéconomie (phénomènes globaux)
11
CHAPITRE 2 Agents économiques
et interactions
PROgRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les agents économiques et le circuit économique • 2. L’équilibre Emplois/
Ressources • 3. La consommation • 4. L’épargne • 5. L’investissement
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
A u cœur de l’activité économique, les agents économiques sont aussi divers qu’actifs.
Comment interagissent-ils ? Comment contribuent-ils aux principales activités éco-
nomiques que sont la consommation, l’investissement et le commerce extérieur ?
MOTS-CLÉS
• Administration publique • Agent économique • Circuit économique
• Consommation • Demande effective • Élasticité • Épargne • Équilibre Emplois/
Ressources • FBCF • Ménages • PIB • Production marchande • Production non
marchande • Secteur institutionnel • Taux d’investissement
Chapitre 2 Agents économiques et interactions
Principales fonctions
Agents Principales ressources
économiques
13
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu
Principales fonctions
Agents Principales ressources
économiques
B Le circuit économique
Les interactions entre les agents économiques sont nombreuses et complexes.
Définition
Un circuit économique est une représentation simplifiée de l’activité économique
qui met en avant les relations entre les différents agents ou fonctions économiques.
Il est possible de représenter les flux physiques et monétaires entre les agents écono-
miques (fig. 2.1).
14
Chapitre 2 Agents économiques et interactions
Administrations Services
Aides, subventions
non marchands :
prestations sociales
Impôts et taxes
Production Consommation
de biens de biens
et services Marché et services
Entreprises des biens Ménages
et des services
Salaires Épargne
Épargne Intérêts versés
Exportations Crédits Intérêts versés Importations
Institutions Crédits
Importations financières
Reste du monde
Production Revenus
Dépenses
EXERCICE 2 • EXERCICE 3
2 L’équilibre Emplois/Ressources
15
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu
Ressources Emplois
Origine des produits offerts Utilisation effective des ressources
sur le marché (biens et services)
NOTRE CONSEIL • Les consommations intermédiaires équivalent à la valeur des biens et services
transformés ou détruits au cours du processus de production (matières premières,
Apprenez par cœur
services de transports, etc.). Elles ne concernent pas les ménages, à l’exception des
la définition et
le calcul du PIB :
entreprises individuelles.
Mesure la richesse • Les dépenses de consommation finale sont les dépenses permettant l’acquisition
produite par les de produits utilisés pour la satisfaction directe des besoins individuels ou collectifs
agents économiques des ménages.
(PIB) = Valeur • La formation brute de capital fixe (FBCF) est la valeur des actifs corporels et incor-
de la production porels acquis pendant une période pour être utilisés, de façon répétée ou continue,
– Dépenses de pendant au moins un an dans le processus de production et les achats d’immeubles
consommation
intermédiaire.
par les ménages, soit la mesure de l’effort d’investissement.
16
Chapitre 2 Agents économiques et interactions
En Mds € En %
Activités économiques
à prix courant du PIB
Importations 733,0 32
Exportations 707,7 31
3 La consommation
17
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu
1. La part du revenu affectée 2. La part du revenu 3. La part du revenu
aux dépenses d’alimentation affectée à l’habillement consacrée aux autres
est d’autant plus grande et au logement est dépenses (ex. :
Lois que le revenu est faible : la sensiblement identique éducation, santé,
part des dépenses destinée à quel que soit le revenu. loisirs) augmente plus
l’alimentation diminue quand vite que le revenu.
le revenu augmente.
Les dépenses alimentaires représen- Loi non vérifiée : la part La part des dépenses de
taient plus de 70 % de la consom- des dépenses d’habille- santé, de communication,
mation effective des ménages ment en France a baissé, de transport et de culture
Illustrations
au 18e siècle en France, 60 % des celle du logement a aug- est passée d’environ
dépenses en 1900, 26,1 % en 1960 menté. 17,5 % en 1960 à plus de
contre 12,8 % de nos jours. 20 % de nos jours.
18
Chapitre 2 Agents économiques et interactions
Rendez-vous
MÉTHODE
Interpréter des indices
Les indices sont identifiés en référence à une « base » (ex. : base 100 dans la figure 2.5).
L’indice 280 en 2015 pour la consommation des services principalement non mar-
chands peut être interprété de deux façons :
•• Valeur de l’indice – 100 (valeur de la base) = 280 –100 = 180 %. La consommation
de services, principalement non marchands, des ménages français a augmenté de
180 % entre 1990 (base de l’indice) et 2015 ;
•• Valeur de l’indice/100 (valeur de la base) = 280/100 = 2,8. La consommation de
services, principalement non marchands, des ménages français a été multipliée par
2,8 entre 1990 et 2015.
19
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu
300
280
Services principalement non marchands
260
Services principalement marchands
240
Dépenses de consommation
220
200
180
160
140
120
100
1990 1995 200 2005 2010 2015
ÉTUDE DE DOCUMENT 6
4 L’épargne
A La mesure de l’épargne
Définition
L’épargne est la partie du revenu disponible qui n’est pas consommée. On considère
qu’il s’agit d’une consommation décalée dans le temps.
20
Chapitre 2 Agents économiques et interactions
L’épargne brute peut être définie pour l’ensemble de la nation, en agrégeant l’épargne NOTRE CONSEIL
brute des différents secteurs institutionnels.
Apprenez par cœur
Épargne brute = Revenu disponible brut (RDB) – Consommation finale la formule de calcul
du taux d’épargne
Épargne nette = Épargne brute – Consommation de capital fixe
des ménages :
Le périmètre de l’épargne brute varie selon les agents économiques et le secteur insti- Taux d’épargne =
tutionnel concernés : Épargne brute
100 ×
RDB
•• Les SNF et les SF ne présentant pas de consommation finale, leur revenu disponible
brut équivaut à leur épargne brute. Cet indicateur s’interprète alors comme la part
des profits non distribués sous forme de revenus (ex. : dividendes). Il s’agit donc des
sommes disponibles pour les investissements (autofinancement) ou les placements.
•• L’épargne brute est un indicateur assez restrictif pour les ménages, en raison de la
définition de la consommation finale retenue. Seuls les achats de biens immobiliers
sont considérés comme des dépenses d’investissement.
21
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu
Taux d’intérêt
• Selon les classiques et néoclassiques, quand le taux d’intérêt augmente,
arbitrage en faveur de l’épargne au détriment de la consommation.
• Selon Keynes, les variations de taux d’intérêt modifient la structure de l’épargne
(financière /non financière) et non le volume de l’épargne
Fiscalité
La politique fiscale oriente la structure de l’épargne (ex : PERP, livret A, etc.)
Inflation
• À court terme, on note une diminution de l’épargne pour maintenir le pouvoir d’achat
• À moyen terme, on note une augmentation de l’épargne pour compenser la perte
de valeur du patrimoine (« effet d’encaisse réelle » mis en évidence par Pigou).
Évolutions sociodémographiques
• Théorie du cycle de vie de Modigliani : la vie est jalonnée par trois phases :
l’endettement (début de la vie active), l’épargne (au cours de la vie active)
et la désépargne (retraite)
• La pyramide des âges de la zone géographique concernée influence grandement
le volume de l’épargne
QUESTIONNEMENT GUIDÉ 7
22
Chapitre 2 Agents économiques et interactions
5 L’investissement
23
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu
Déterminants Explications
24
Chapitre 2 Agents économiques et interactions
Déterminants Explications
Coût relatif des facteurs •• Les entreprises arbitrent entre l’utilisation plus ou
de production moins importante de travailleurs ou de capital tech-
nique fixe lors du choix de la combinaison productive
optimale.
•• Le coût du travail est comparé à celui du capital. Une
augmentation du coût du travail peut se traduire par
la substitution du capital au travail et par des inves-
tissements de modernisation.
25
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. La principale fonction des administrations publiques consiste en :
a. une production marchande. ∙ d. la consommation. ∙
b. une production non marchande. ∙ e. la proposition de service,
c. le financement de l’économie. ∙ dans l’intérêt général de la société. ∙
2. Selon Keynes si l’efficacité marginale du capital (de l’investissement) est inférieure
aux taux d’intérêt de l’économie :
a. l’entreprise doit investir. ∙ c. l’entreprise doit rembourser
b. l’entreprise ne doit pas investir. ∙ ses emprunts. ∙
3. Quand un pays fait face à une crise économique :
a. l’équilibre emplois-ressources n’est plus respecté. ∙
b. la baisse du PIB se traduit par une diminution des emplois. ∙
c. l’État doit intervenir pour rétablir l’égalité entre les ressources et les emplois. ∙
4. La consommation finale effective des ménages représente en France :
a. moins de 30 % de la richesse produite par la France. ∙
b. environ 50 % de la richesse produite par la France. ∙
c. plus des 2/3 de la richesse produite par la France. ∙
5. Quel agrégat de consommation faut-il utiliser pour étudier l’ensemble des biens
et services dont disposent les ménages ?
a. La dépense de consommation des ménages. ∙
b. La consommation effective des ménages. ∙
c. Les besoins des ménages. ∙
6. Selon les lois d’Engel, la part des dépenses des ménages consacrées à l’alimentation :
a. augmente quand le revenu augmente. ∙
b. baisse quand le revenu augmente. ∙
c. reste la même quand le revenu augmente. ∙
7. L’épargne :
a. est uniquement réalisée par les ménages. ∙
b. est majoritairement financière en France. ∙
c. augmente en période d’incertitude économique. ∙
8. Les vélos en libre-service dans de nombreuses villes, relèvent de l’économie :
a. d’usage. ∙
b. circulaire. ∙
c. de la propriété. ∙
26
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Présentez sous la forme d’un circuit économique les flux physiques et monétaires entre les
différents agents économiques (ou secteurs institutionnels) présentés dans l’exercice 2.
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur
l’annexe.
1. Que mesurent les indicateurs suivants : la FBCF, les dépenses de consommations des
administrations publiques, le PIB ?
2. Rappelez l’équation de l’équilibre Emplois/Ressources des biens et services.
3. Quelles composantes des emplois semblent le plus contribuer à l’augmentation du PIB
en 2018 ?
27
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Le PIB et ses composantes en volumes chaînés (variables t/t–1 en %, données CVS-CJO, Insee, 2019)
Annexe
Total Total
2018 T1 2018 T2 2018 T3 2018 T4
2017 2018
PIB 0,2 0,2 0,3 0,3 2,3 1,5
Importations – 0,5 0,6 – 0,7 1,6 4,1 1,1
Dépenses de consommation 0,3 – 0,1 0,4 0,0 1,1 0,8
des ménages
Dépenses de consommation 0,1 0,3 0,2 0,3 1,4 1,0
APU
FBCF totale 0,3 0,8 1,0 0,2 4,7 2,9
dont entreprises non 0,3 1,2 1,7 0,3 4,4 3,9
financières
dont ménages 0,5 0,2 – 0,1 – 0,4 5,6 2,0
dont administrations 0,0 0,4 0,0 0,7 1,6 0,7
publiques
Exportations – 0,4 0,0 0,2 2,4 4,7 3,1
Contributions
dont demande intérieure 0,2 0,2 0,5 0,1 0,2 – 0,4
finale hors stocks
dont variations de stocks – 0,1 0,2 – 0,5 – 0,1 0,2 – 0,4
dont commerce extérieur 0,0 – 0,2 0,3 0,2 0,1 0,6
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives aux
MÉTHODE 1 annexes.
1. Définissez le concept d’investissement :
2. Interprétez la valeur « 29 » pour 2018 de la 1re ligne de l’annexe 1 « Renouvellement ». Même
question pour la valeur « 63 » pour 2018 de la 2e ligne de l’annexe 2 « perspectives de demande
étrangère ».
3. Dans l’annexe 2, si un solde d’opinion pour un des facteurs augmente, comment cela
s’interprète-t-il ?
28
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Renouvellement 27 29 29
Modernisation / Rationalisation 24 24 22
Automatisation 11 11 8
Nouvelles techniques 7 8 7
Économie d’énergie 6 8 7
Extension de la capacité productive 16 15 16
Introduction de nouveaux produits 14 13 12
Autres (sécurité, condition de travail, 20 20 21
environnement, etc.)
29
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, répondez à la problématique
MÉTHODE 1 soulevée en suivant le questionnement guidé.
Travail à faire
Analysez l’annexe, en mettant en avant l’évolution de la consommation en France et de sa
structure :
Rendez-vous
MÉTHODE
Mesurer des données en valeur (à prix courant) ou en volume (à prix constant)
D’après l’Insee :
• Les prix courants sont les prix tels qu’ils sont indiqués à une période donnée, ils sont
dits « en valeur nominale ».
• Les prix constants sont les prix en valeur réelle, c’est-à-dire corrigés de la variation
des prix par rapport à une donnée de base ou de référence.
D’où l’emploi des expressions « euros constants » et « euros courants ».
30
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
2000
1980
1960
1990
2010
2016
1970
Mds € moyen en %
(1960-2016
Alimentation 27,2 20,5 15,9 14,3 13,3 12,4 12,7 200,3 1,6
Habillement 10,1 8,4 6,0 5,3 4,1 3,2 3,0 45,0 1,3
Logement, eau,
9,9 14,9 15,6 16,3 18,1 19,4 19,9 311,1 3,1
gaz, électricité….
Meubles, articles
de ménage et
7,3 6,4 5,9 4,9 4,3 3,9 3,7 57,7 2,6
entretien courant
de l’habitation
Santé 2,0 1,8 1,8 2,5 2,8 3,1 3,2 49,6 4,8 Les dépenses de
consommation socialisée
Transports, incluent la dépense
9,5 10,5 13,1 13,6 13,4 12,7 11,8 186,1 3,4
communications des administrations
publiques et des
Loisirs et culture 6,3 6,9 7,1 7,0 7,4 6,8 6,3 100,5 4,4
institutions sans but
Autres 13,1 13,1 14,0 15,7 14,0 14,2 14,8 224,4 2,1 lucratif au service
des ménages dont les
Dépenses de bénéficiaires peuvent
consommation 14,6 17,5 20,5 20,4 22,6 24,3 24,9 390,4 3,2 être précisément définis.
socialisée Elles correspondent à
des prestations en nature
Total : (biens ou services)
consommation dont bénéficient les
100 100 100 100 100 100 100 1 576,5 2,9 ménages. C’est le cas en
effective
particulier des dépenses
des ménages
d’éducation et de santé.
En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, répondez aux questions ci-après. Rendez-vous
31
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Taux d’épargne des ménages français en 2017 – Insee, comptes nationaux – base 2014
Annexe
Taux d’épargne
Taux d’épargne financière
10
0
1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2017
Champ : France, ménages y compris entrepreneurs individuels.
32
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions suivantes relatives à Rendez-vous
l’annexe. MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Identifiez la contribution du commerce extérieur à l’activité de la France
2. Expliquez les raisons du déficit extérieur et les solutions proposées.
Selon les chiffres publiés ce mardi par les douanes, la balance commerciale française
affiche un important déficit de 33,5 milliards d’euros au premier semestre 2018.
33
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Travail à faire
« La reprise économique incite-t-elle les entrepreneurs à davantage investir ? »
34
SYNTHÈSE
Agents économiques et interactions
Circuit économique
Le circuit économique représente les interactions entre les agents par fonctions, les
emplois et les ressources de biens et services s’équilibrant.
PIB = Consommation finale + FBCF + Exportations –
Importations + Variation de stocks
Revenus
Évolutions
socio- Taux
culturelles d’intérêt
Épargne :
– de précaution, de prévoyance
ou de placement
– financière/non financière
– libre/forcée
Inflation Fiscalité
35
Investissement : types et déterminants
Typologies d’investissement
Investissements
Investissements privés de renouvellement / Investissements Investissements directs
et publics de capacité / matériels et immatériels à l’étranger (IDE)
de modernisation
Coût relatif
Taux d’utilisation Rentabilité Taux d’intérêt
Demande des facteurs
des capacités attendue de et conditions
effective de production
de production l’investissement de financement
(capital et travail)
36
CHAPITRE
3 Création de richesse
par l’activité économique
PROgRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. La valeur ajoutée au cœur de la répartition primaire des revenus •
2. Le produit intérieur brut (PIB) • 3. Le tissu productif français
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
MOTS-CLÉS
Branche d’activité • Croissance économique • ESS • Externalité • Filière
• IDH • Niveau de vie • Produit intérieur brut • Répartition primaire des revenus
• Revenu primaire des ménages • Secteur d’activité • Tertiairisation • Valeur ajoutée
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu
Les productions marchande et non marchande sont au cœur de la valeur ajoutée (tab. 3.1)
et de sa mesure (tab. 3.2).
Définitions
• La production marchande désigne la production écoulée ou destinée à être écou-
lée sur le marché, évaluée au prix du marché HT.
• La production non marchande correspond à la production proposée à titre gratuit
ou quasi gratuit (prix inférieur à 50 % des coûts de production), évaluée à son coût
de production.
38
Chapitre 3 Création de richesse par l’activité économique
La répartition primaire des revenus correspond à la formation des revenus primaires lors
du partage de la valeur ajoutée (fig. 3.1).
Le partage de la valeur ajoutée est à l’origine de la formation du revenu primaire des CHIFFRES-CLÉS
ménages (fig. 3.2).
La rémunération
des salariés
Revenus du travail
représente 65,6 %
de la VA des SNF ;
Revenus du capital et de la propriété l’impôt 5,2 %
Rémunération du capital financier (intérêts, et l’EBE, 31,9 %.
Revenu dividendes) et/ou physique (ex. : loyer) (Insee, 2016)
primaire des ménages
Revenus mixtes
Rémunération à la fois du capital apporté
et du travail de l’entrepreneur individuel
Le partage de la valeur ajoutée (tab. 3.3) est un enjeu essentiel ; il peut être source de
négociations et de conflits, notamment le partage salaire/profit et le partage salaire/
autofinancement/dividendes.
39
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu
•• PIB en milliards d’euros courants •• Évaluation à prix constant (déflation des données)
•• PIB au prix du marché •• Valeur corrigée des effets de l’inflation qui fait
croître artificiellement le PIB en valeur
•• Nécessité d’une année de référence
40
Chapitre 3 Création de richesse par l’activité économique
Indicateurs quantitatifs globaux. Le PIB et le PIB par habitant ne rendent pas compte des
inégalités et de leur variation au sein du pays, ni même de la nature de la richesse produite.
Exemple
◗◗ La richesse peut provenir de la vente de pétrole, d’armes, d’infrastructures qui affectent
différemment le bien-être de la population. ◗
De même, si une partie de la richesse créée est versée sous forme de revenus (divi- Afin de comparer les
PIB de différents pays,
dendes, intérêts…) à l’extérieur du pays, cette part du PIB n’améliore pas le niveau de il convient notamment
vie de la population du pays. de déflater le PIB et de
Non-prise en compte de certaines activités. Le bénévolat, les activités domestiques (édu- l’évaluer en PPA (taux de
conversion monétaire).
cation des enfants, entretien d’une maison ou d’un jardin…), les activités souterraines (tra-
vail non déclaré, trafic…) sont mal ou non évaluées. On parle d’« économie informelle ».
Différents retraitements statistiques doivent être mis en œuvre pour obtenir des PIB en
volume comparables.
Les activités non marchandes sont évaluées à leur coût de production. La contribution à la
richesse d’un pays de l’éducation, du système de santé ou des infrastructures publiques ne
peut se réduire à leur coût, ces activités étant créatrices d’externalités positives.
Définition
Une externalité est créée quand une activité a des effets, qu’ils soient positifs ou
négatifs, sur le bien-être d’autres agents économiques, en l’absence de transactions
sur un marché ou de compensations financières. Les externalités sont des défail-
lances de marché ( chapitre 5).
Externalités négatives et effets pervers de la croissance du PIB. Les externalités néga- CHIFFRES-CLÉS
tives mettent en péril la soutenabilité de la croissance économique en raison de la dété-
En 2017, en France,
rioration de l’environnement ( chapitre 13) ; elles nécessitent l’intervention de l’État.
le PIB en volume a
Certains effets pervers de la croissance ne sont pas pris en compte ou augmentent « arti- progressé de 2,2 %
ficiellement » le PIB. en données brutes,
s’établissant à plus
Exemple
de 2 290 milliards
◗◗Les impacts sociaux négatifs comme le chômage ou l’exclusion, mais aussi les consé- d’euros (Insee,
quences écologiques de l’activité économique (pollution, extinction des ressources…) 2018).
déforment la perception de la richesse créée. ◗
41
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu
•• Conçu dans les années 1990 par le pro- •• L’IDH est mesuré pour la quasi-totalité
gramme des Nations Unies pour le déve- des pays permettant ainsi des comparai-
loppement (Pnud). sons dans l’espace et le temps.
•• Intègre les travaux de Sen et le concept •• Il reste cependant corrélé au revenu par
de capabilité (facilité qu’ont les individus habitant et au PIB par habitant.
Indice de d’atteindre les buts qu’ils se fixent). •• Il est plus pertinent pour l’analyse
développement •• Indicateur compris entre 0 et 1 (niveau des pays en développement.
humain (IDH) de développement humain le plus élevé).
•• Composé d’indicateurs :
espérance de vie ; durée moyenne
et durée attendue de scolarisation ;
revenu par habitant en standard
de pouvoir d’achat.
•• Élaboré en 1980 par la Fordham Institute •• Indice composite prenant en compte
for Innovation in Social Policy. de nombreux indicateurs.
•• Combinaison de 16 indicateurs, •• Il est mesuré pour un nombre limité
Indice de santé
des facteurs de santé sociale spécifiques de pays, en réduisant ainsi la portée.
sociale (ISS)
à chaque âge de la vie et communs à tous •• Il permet de compléter le PIB en inté-
les âges. grant la dimension sociale et les effets
pervers de la croissance économique.
•• Formalisé par le World Wildlife Fund Cet indicateur permet de valoriser la
(WWF) for Nature en 2002. Il a popula- dimension écologique du développement
risé l’idée de « soutenabilité ». et la problématique du développement
•• Exprimé en « hectares globaux ». durable ( chapitre 13).
•• Indique la surface productive de notre
Empreinte planète dont nous avons besoin pour
écologique (EE) alimenter notre secteur productif
et la gestion de ses déchets.
•• Si l’empreinte écologique excède la capa-
cité de nos écosystèmes à se régénérer,
cela signifie que nous imposons à notre
planète un déficit écologique
Les indicateurs alternatifs complètent (et ne remplacent pas) le PIB, qui reste l’indica-
teur dominant de santé économique d’un pays. Plus qualitatifs, les indicateurs alternatifs
permettent d’intégrer les dimensions sociale et/ou écologique du développement, ce qui
pose cependant des difficultés de mesure monetaire et d’interpretation. Si les tableaux de
bord se multiplient, ils ne font pas encore l’unanimité chez les décideurs politiques.
42
Chapitre 3 Création de richesse par l’activité économique
•• Mis au point par le Center for the Study •• Indicateur complet qui prend en compte
of Living Standards en 1998. la dimension économique, social et éco-
•• Prend en compte des indicateurs de logique du développement.
Indice
consommation courante, sur les stocks •• Pose cependant des difficultés statis-
de bien-être
de richesse, la pauvreté et les inégalités tiques d’accès et de calcul des données.
économique
et le degré de sécurité économique.
(IBEE)
•• Prend en compte des variables écono-
miques, environnementales, relatives aux
questions de société.
•• Proposé par l’OCDE en 2011. •• Indicateur complet qui prend en compte
•• S’inspire du rapport Stiglitz. les dimensions économique, sociale
•• Considère 11 dimensions différentes comme et écologique du développement.
la qualité de vie, l’état de santé, l’équilibre •• Il propose un tableau synthétique
Indicateur du vie privée/vie professionnelle, l’éducation, des différentes composantes du « bien-
« vivre mieux », l’engagement civique ou encore la qualité être » et pas uniquement des données
ou better life de l’environnement, la sécurité des per- quantitatives.
index (BLI) sonnes et le bien-être subjectif. •• Il se mesure pour un nombre limité de pays.
•• Intègre des indicateurs de capital natu-
rel, de capital humain, de capital social
(confiance, coopération, institutions, etc.)
et de capital économique.
D’autres indicateurs ont été développés pour intégrer la question des inégalités : l’IDH
ajusté aux inégalités, l’indice de développement de genre ou encore l’indice de pauvreté
multidimensionnelle (IPM)( chapitre 17).
43
Partie 1 Fondements et finalités de l’activité économiqu
En France, les services représentaient 6,8 % de la valeur ajoutée en 1950, contre 79 %
en 2016 (tab. 3.7).
Tableau 3.7. Poids relatif des branches d’activité dans la valeur ajoutée (Insee, 2017)
Valeur Valeur
Part Part
en 1950 en 2016
en 1950 en 2016
(Mds € (Mds d’euros
(%) (%)
courants) courants)
Agriculture, sylviculture et pêche 2,4 18 32,7 1,6
Industrie manufacturière 3,8 28 280,0 14,1
Construction 0,7 5 109,7 5,5
Services principalement marchands 5,0 36 1 118 56,1
Services principalement non marchands 1,8 13 452,1 22,7
Total 13,7 100 1 992,3 100,0
44
Chapitre 3 Création de richesse par l’activité économique
Exemples
◗◗ L’automobile représente, en France, 440 000 salariés, pour la filière amont et 2,3 millions
d’emplois ; 550 000 salariés, pour la filière aval.
La filière aéronautique représente, en France, 158 500 emplois et réalise 92 % de son
chiffre d’affaires à l’exportation. ◗
Poids dans
Poids dans les effectifs Part dans le CA
les entreprises en salariés- à l’exportation
en France en équivalent des entreprises
2015 (%) temps-plein françaises (%)
(%)
Moins de 10 salariés,
Microentreprises 96,200 18,20 2,70
CA ou total de bilan < 2 M€
50 à 4 999 salariés,
ETI (entreprises
CA < 1 500 M€ ou total actif 0,150 24,70 34,00
de taille intermédiaire)
< 2 000 M€
45
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. L’entreprise de distribution Auchan :
a. propose une production marchande. ∙
b. propose une production non marchande. ∙
c. calcule sa valeur ajoutée en soustrayant les consommations intermédiaires
à son chiffre d’affaires. ∙
2. La répartition primaire des revenus :
a. entraîne la formation de revenus du travail, de la propriété
et de revenus mixtes. ∙
b. distribue la richesse créée entre les agents économiques qui ont participé
à la production. ∙
c. se compose essentiellement des profits des entreprises. ∙
3. Le produit intérieur brut (PIB) est calculé comme suit :
a. Somme des valeurs ajoutées des agents économiques résidents +
TVA – Subventions sur les produits ∙
b. Consommation finale effective + Exportations – Importations +
Variations de stocks ∙
c. Rémunérations des salariés + Revenus mixtes + Impôts sur la production
et importations nets de subventions d’exploitation ∙
4. Le PIB par habitant :
a. est un indicateur qualitatif du bien-être de la population. ∙
b. diminue quand le pays est victime de pollution et d’une montée
de l’insécurité (externalités négatives). ∙
c. est utilisé pour mesurer et comparer le niveau de vie moyen des pays. ∙
d. intègre l’économie souterraine. ∙
5. Les externalités :
a. sont des défaillances de marché. ∙
b. peuvent être positives et négatives. ∙
c. ne nécessitent pas l’intervention de l’État. ∙
6. L’indice de développement humain (IDH) :
a. est proche de 0 quand un pays a un niveau de développement humain élevé. ∙
b. est un indicateur synthétique alternatif du PIB par habitant. ∙
c. prend en compte la détérioration de l’environnement et la surexploitation
des ressources naturelles. ∙
d. augmente quand le revenu par habitant augmente. ∙
46
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
3 L’empreinte écologique◗★★★◗
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
l’annexe.
1. Rappelez la définition de l’empreinte écologique.
2. À quoi correspond le concept de « biocapacité » de la planète.
3. Montrez en quoi l’empreinte écologique complète le PIB dans une logique de dévelop-
pement durable.
4. Analysez l’évolution de l’empreinte écologique de la Chine.
47
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
1,5
1,0
0,5
0,0
2008
1961
1963
1965
1967
1969
1971
1973
1975
1977
1979
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
Empreinte écologique en 2014
Monde 2,84
Biocapacité 1,68
Afrique 1,39
Amérique du Nord 8,33
Europe Occidentale 5,15
Chine 3,71
4 La situation de la Chine◗★★★
Compétences attendues • Repérer la façon dont le PIB rend compte de la richesse créée
• Comparer la situation de pays dans le temps et l’espace
à partir de différents indicateurs
En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, répondez aux questions ci-après.
1. Rappelez la définition du PIB, du taux de croissance et de l’IDH.
2. Interprétez la valeur « 0,738 » de l’IDH en 2016.
3. Analysez l’évolution du niveau de développement de la Chine.
48
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur les
annexes.
Pour aller plus loin,
1. Distinguez les microentreprises, PME, ETI et grandes entreprises. entraînez-vous
2. Montrez le poids de chacune de ces catégories d’entreprises dans l’économie française à déterminer le rôle
des PME et des ETI
(effectif, nombre d’entreprises, VA, part du CA à l’exportation).
à l’exportation
3. Indiquez les caractéristiques des entreprises françaises présentes à l’exportation. et les actions de l’État.
49
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
PME hors
GE ETI MIC Total
MIC
Nombre d’entreprises 287 5 753 139 941 3 674 141 3 820 122
Nombre d’unités légales en France 28 178 54 895 266 031 3 723 742 4 072 846
Effectif salarié ETP (en milliers) 4 235 3 657 4 259 2 745 14 897
Effectif salarié ETP (en milliers) 3 900 3 337 3 792 2 449 13 478
Nombre d’entreprises 261 5 596 139 454 3 663 665 3 808 976
Nombre d’unités légales en France 19 391 54 327 264 597 3 712 486 4 050 801
Effectif salarié au 31/12 (en milliers) 3 645 3 595 4 241 2 742 14 122
Effectif salarié ETP (en milliers) 3 354 3 280 3 775 2 446 12 855
Immobilisations corporelles/sala-
rié en éq. temps plein (en milliers 313,0 200,0 100,8 95,4 180,5
d’euros)
GE : une grande entreprise vérifie au moins l’un des critères suivants : employer 5 000 salariés minimum ; totaliser
1,5 Md € de CA et plus de 2 Mds € de bilan.
ETI : entreprise de 250 à 4 999 salarié dont le CA annuel est inférieur à 1,5 milliard d’euros ou le total de bilan à 2 milliards
d’euros.
PME : entreprises qui occupent moins de 250 personnes, et dont le CA annuel est inférieur à 50 millions d’euros ou le
total de bilan à 43 millions d’euros.
MIC : une microentreprise est une entreprise occupant moins de 10 personnes dont le CA annuel ou le total de bilan
n’excède pas 2 millions d’euros.
50
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
40
30
20
10
0
GE ETI PME, MIC
Vous proposerez une réponse structurée comportant une introduction, un plan détaillé Rendez-vous
et une conclusion permettant répondre à la problématique suivante : MÉTHODE 2
« Le PIB et la mesure du bien-être de la population. »
51
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
MÉTHODE 1 l’annexe.
1. Expliquez et illustrez le phénomène de tertiairisation.
2. Quelles critiques Daniel Bell apporte-t-il à la classification de l’économie en trois sec-
teurs d’activité ?
3. Montrez que les services de santé, d’éducation et de recherche sont source d’externali-
tés positives.
4. Expliquez le rôle économique majeur que joue le développement des savoirs selon
Daniel Bell.
Sociologue américain de renom, Daniel Bell a consacré toute son œuvre à explorer la
dynamique des sociétés modernes. Il écrivait en 1974 Vers la société post-industrielle.
L’existence d’un vaste secteur tertiaire, qui rassemble les deux tiers de la population
active, est-ce cela la caractéristique première des sociétés industrielles ?
Ce n’est là qu’un effet massif d’une logique souterraine dont il faut trouver le
principe explicatif. Le premier travail important pour tous ceux qui ont cherché
à penser la société industrielle est le livre de l’économiste australien : Colin Clark,
Les Conditions du progrès économique, écrit en 1942. Dans ce livre, Clark écrit que
l’augmentation de la productivité conduit à une sorte de basculement des activi-
tés d’un secteur de l’économie à l’autre. La productivité accrue du secteur agricole
entraîne des transferts d’activité vers le monde industriel. À son tour, le développe-
ment considérable de la productivité dans les secteurs industriels conduit à un trans-
fert des activités vers les services. C’est ce que nous pouvons observer à travers les
transformations des emplois ; avec le développement économique, la grande masse
des emplois est transférée du monde agricole au monde industriel, puis du secteur
industriel au secteur tertiaire. C’est ainsi que l’on passe d’une société agraire à une
société industrielle, puis à une société de services.
Le problème dans l’analyse de Clark est que le secteur des services devient une sorte
de catégorie résiduelle qui mélange une foule d’activités très diverses. Clark n’a
jamais expliqué qu’il y avait plusieurs sortes de services. Les services ont d’ailleurs
toujours été un problème dans la théorie économique. Autant chez Adam Smith
que Karl Marx, ils sont considérés comme improductifs. Ils ne sont pas vus comme
52
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
source de valeur. Il faut, à mon sens, créer une distinction entre plusieurs catégories
de services : la distribution des chaînes Mc Donald n’est pas de même nature que
la finance, qui est elle-même différente de la santé, ou de la recherche scientifique.
Or, les services que sont l’éducation, la santé et la recherche m’apparaissent comme
essentiels dans la société post-industrielle. On s’est trompé en pensant que la société
post-industrielle n’est rien d’autre qu’une société de services. En fait, son ressort
réside dans une nouvelle productivité basée sur l’éducation, la santé et les services
humains.
En quoi les services comme la santé, la recherche, l’éducation, sont-ils sources de
productivité ?
Il est clair aujourd’hui qu’une meilleure santé et une meilleure éducation augmen-
tent la qualité de la force de travail (bien que les individus vivent plus longtemps et
« coûtent » plus cher à la société).
Pour moi, le principe directeur de la société post-industrielle est le développement
du savoir, l’essor des connaissances et leur codification. Le savoir est source d’inno-
vation. C’est aujourd’hui la principale « matière première » du changement. Par
exemple, l’innovation technologique qui est au cœur de la productivité exige un
haut niveau de formation générale et de recherche. D’où l’essor dans nos sociétés, du
nombre de chercheurs, d’ingénieurs, de techniciens, d’enseignants. […]. La plupart
de nos grandes industries comme l’électricité, la sidérurgie, le téléphone ou l’auto-
mobile sont nées au 19e siècle mais elles se sont développées par des hommes qui
furent principalement des amateurs qui se sont aventurés dans le domaine scienti-
fique. Alexander Graham Bell, Thomas Edison ou Guglielmo Marconi n’étaient ni
scientifiques, ni ingénieurs, plutôt des bricoleurs de génie.
Aujourd’hui le rapport s’est inversé. Les inventions majeures dans le domaine de la
haute technologie – l’informatique, les nouveaux matériaux, les biotechnologies –
sont issues des sciences théoriques. Les exemples sont nombreux. Albert Einstein a
écrit en 1904 un article fondamental […]. Il dit que la lumière n’est pas juste une
onde mais une impulsion. Ainsi, le rayon laser, inventé par Charles Townes de la
Columbia University en 1938 est directement inspiré de l’article d’Einstein.
De la même façon, les biotechnologies proviennent en droite ligne des recherches
sur l’ADN. L’informatique fut inventée à la suite des modélisations mathématiques
de A. Turing, etc. […] Domaine après domaine, vous pouvez observer ce principe
où la codification du savoir théorique précède l’innovation technologique… D’où
la place centrale que tient la connaissance scientifique et sa formalisation dans la
société postindustrielle.
L’innovation technologique – et la maîtrise des connaissances qui la suppose – est
aujourd’hui la source principale du développement et de la richesse des nations.
Propos recueillis par Jean-François Dortier et Martha Zuber,
Sciences Humaines, janvier 2011
53
SYNTHÈSE
Création de richesse par l’activité économique
• 96,2 % de microentreprises
Taille des entreprises
• 3,7 % de PME (hors microentreprises)
françaises
• Moins de 1 % d’ETI et de grandes entreprises
54
PARTIE 1 : CAS DE SYNTHÈSE
Fondements et finalités de l’activité économique
Travail à faire
1. Caractérisez le tissu productif de l’économie française. Rendez-vous
2. Identifiez les différences principales en matière d’ETI et de PME entre la France et MÉTHODE 1
L’Allemagne.
3. Montrez en quoi la faiblesse des PME à l’exportation en France a un impact sur l’évolu-
tion du PIB. Quelles mesures l’État français a-t-il mises en œuvre pour remédier à cette
faiblesse ?
4. Beaucoup des établissements de l’ESS sont des PME.
4.1. Montrez en quoi ces entreprises sont à l’origine d’externalités positives.
4.2. Le calcul de leur VA est-il un bon indicateur pour mesurer la contribution de ces
PME appartenant à l’ESS à la société française ? Justifiez votre réponse.
4.3. Pourquoi les entreprises de l’ESS sont-elles confrontées à la rareté des ressources
financières ? En quoi le statut de « société commerciale ESS » permet-il de com-
poser avec la rareté des ressources financières ? Justifiez votre réponse.
55
PARTIE 1 : CAS DE SYNTHÈSE
Annexe 1
Catégories d’entreprises
Total
PME
MIC
ETI
GE
Entreprises, y compris activités financières et assurances
Nombre d’entreprises
Effectif salarié au
Lecture : dans ce 4 235 3 657 4 259 2 745 14 897
tableau, l’entreprise 31 décembre
désigne « le groupe (en milliers)
y compris ses filiales
financières » ou « l’unité Effectif salarié en EQTP1
3 900 3 337 3 792 2 44S 13 478
légale indépendante ». (en milliers)
Ce concept nouveau
se rapproche de Unités légales situées
celui d’« acteur 28 178 54 895 266 031 3 723 742 4 072 846
en France
économique ».
56
PARTIE 1 : CAS DE SYNTHÈSE
100
80
60
40
20
0
Nombre Nombre Effectif Immobili- Chiffres VA HT
d’entreprises d’unités salarié sations d’affaires
légales en EQTP1 corporelles export
57
PARTIE 1 : CAS DE SYNTHÈSE
58
PARTIE 1 : CAS DE SYNTHÈSE
Les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) peuvent prendre des formes
juridiques différentes mais leurs valeurs restent les mêmes : la solidarité et l’utilité
sociale. Elles sont caractérisées par un mode de fonctionnement démocratique et
une utilisation des bénéfices pour le maintien ou le développement de la structure
plutôt que l’enrichissement personnel. Le cadre juridique des structures de l’ESS a été
renforcé avec la loi du 31 juillet 2014.
Coopératives, mutuelles, fondations et associations
Coopératives
Le statut des coopératives est régi par la loi du 10 septembre 1947 qui stipule que
« [la coopérative] exerce son activité dans toutes les branches de l’activité humaine
et respecte les principes suivants : une adhésion volontaire et ouverte à tous, une
gouvernance démocratique, la participation économique de ses membres, la
formation desdits membres et la coopération avec les autres coopératives. […] Les
excédents de la coopérative sont prioritairement mis en réserve pour assurer son
développement et celui de ses membres. »
Parmi les coopératives, on compte les sociétés coopératives de production (Scop) et
les sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic) dont le nombre augmente constam-
ment ces dernières années.
Mutuelles
Les mutuelles s’organisent sur la base d’une solidarité professionnelle ou territo-
riale. Afin de couvrir un risque de santé par exemple, les mutuelles partagent équi-
tablement les frais entre les sociétaires.
Leur statut est régi par le Code de la Mutualité.
Fondations
Les fondations gèrent de l’argent privé pour l’utiliser pour une cause publique, en
se fixant des objectifs. Elles peuvent agir directement ou subventionner des associa-
tions pour qu’elles mettent en œuvre les actions soutenues par la fondation.
Associations
Les associations sont régies par la loi du 1er juillet 1901. Elles sont toujours à but
non lucratif. En règle générale, dans une association, le pouvoir est partagé entre
l’assemblée générale, le conseil d’administration, le bureau et un représentant légal.
Sociétés commerciales de l’économie sociale et solidaire
Conditions pour devenir une société commerciale ESS
Depuis la loi du 31 juillet 2014 dite « Loi Economie sociale et solidaire », les sociétés
commerciales peuvent aussi faire partie de l’économie sociale et solidaire à condi-
tion de respecter certains critères :
–– le but poursuivi doit être autre que le seul partage des bénéfices ;
–– la gouvernance doit être démocratique avec la participation des associés,
des salariés et des éventuelles autres parties prenantes ;
–– les bénéfices de l’entreprise doivent prioritairement être utilisés pour le maintien
ou le développement de l’activité.
59
PARTIE 1 : CAS DE SYNTHÈSE
2 Argumentation structurée :
les principaux indicateurs économiques
Rendez-vous
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez de manière structurée à la question
suivante.
MÉTHODE 2
Travail à faire
« Quels sont les indicateurs permettant de mesurer la situation d’un pays ? »
60
CHAPITRE
4 Grands principes
de l’économie de marché
PROgRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les caractéristiques d’une économie de marché • 2. Le fonctionnement
d’un marché concurrentiel • 3. La formation de l’équilibre sur un marché
concurrentiel • 4. Les bienfaits attendus de la concurrence et ses limites
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
D epuis l’effondrement des économies socialistes des pays de l’Europe centrale et orien-
tale au début des années 1990, l’économie de marché s’est imposée comme le mode
prédominant de régulation de la vie économique et sociale. L’expérience de ces pays révèle
l’inefficacité économique et sociale de modes d’organisation reposant sur une économie cen-
tralisée. Dans l’UE et en France, la libéralisation de plusieurs secteurs témoigne des bien-
faits attendus de la concurrence et de l’affirmation des libertés économiques. En quoi les
mécanismes de marché garantissent-ils une allocation optimale des ressources ? Quel est
le rôle de l’État dans ce mode d’organisation de la vie économique et sociale ?
MOTS-CLÉS
Arbitrages économiques • Allocation des ressources • Concurrence pure et parfaite •
Libéralisme • Économie de marché • Économie mixte • Équilibre • Fonction d’offre •
Fonction de demande • Flexibilité des prix • Loi de l’offre et de la demande • Optimum
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché
Dans l’histoire des faits économiques, la mise en place des économies de marché s’est
effectuée en fonction des spécificités institutionnelles des pays, notamment le rôle
accordé à l’État.
Cette complémentarité entre le marché et l’État ( chapitre 5) se manifeste aujourd’hui
essentiellement dans des économies mixtes. Certains pays comme le Viêt Nam, la Chine
ou Cuba connaissent aujourd’hui une autre forme d’organisation de leur activité écono-
mique, qualifiée de socialisme de marché, à mi-chemin entre l’économie de marché et
l’économie socialiste.
62
Chapitre 4 Grands principes de l’économie de marché
À la fin du 19e siècle, les auteurs néoclassiques formalisent cette efficacité allocative du
marché à l’aide de modèles microéconomiques permettant de comprendre, dans une
approche normative de l’économie, le fonctionnement de marchés en situation de
concurrence pure et parfaite.
EXERCICE 3
Transparence Les acteurs sur le marché ont accès à une information complète
de l’information et parfaite, pour réaliser leurs arbitrages économiques : ils ne
subissent pas de coût pour connaître tous les prix de tous les
produits présents sur les marchés.
63
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché
A La notion d’équilibre
1. L’équilibre partiel
L’équilibre est dit « partiel » lorsqu’il est atteint sur un marché particulier : on raisonne
alors sur un bien donné en considérant que l’offre et la demande de ce bien ne dépendent
que du prix du bien considéré, abstraction faite des autres facteurs que sont les prix des
autres biens, le niveau de revenu ou encore les goûts des consommateurs.
2. L’équilibre général
L’équilibre est dit « général » lorsqu’il concerne tous les marchés : on raisonne alors
sur plusieurs biens pour savoir comment les interactions entre les conditions d’offre
et de demande influencent la formation des prix des biens et des services sur l’en-
semble des marchés. Dans l’analyse microéconomique néoclassique, le fonctionne-
ment d’un marché est modélisé par les fonctions d’offre et de demande.
B La fonction d’offre
Définition
La fonction d’offre représente la quantité maximale de biens et de services que les
offreurs sont prêts à proposer sur le marché, pour un niveau de prix donné, toutes
choses égales par ailleurs. Cette fonction croît avec le prix : quand le prix du bien
considéré augmente, la quantité offerte augmente.
64
Chapitre 4 Grands principes de l’économie de marché
Le producteur ayant pour objectif de maximiser son profit, il est incité à augmenter sa quan-
tité offerte avec le prix, ce qui explique la forme croissante de la fonction d’offre individuelle.
Dans l’analyse microéconomique néoclassique, la fonction d’offre collective est le
simple agrégat des offres individuelles, pour un niveau de prix donné. On peut donc
représenter la fonction d’offre collective sur un marché en concurrence pure et parfaite,
de la façon suivante (fig. 4.1).
P (prix)
Q (quantité)
C La fonction de demande
Définition
La fonction de demande représente la quantité maximale de biens et de services que
les demandeurs sont prêts à acquérir sur le marché, pour un niveau de prix donné,
toutes choses égales par ailleurs. Elle décroît avec le prix.
FOCUS Élasticité-prix
L’élasticité-prix de la demande mesure la sensibilité bien augmente, la quantité demandée de ce bien
de la demande d’un bien par rapport à la variation diminue. Pour des produits de luxe, l’élasticité-prix
du prix du bien. Pour les biens dits « normaux », est très faible : la demande est alors peu sensible à
cette élasticité-prix est négative : quand le prix du la variation du prix du bien.
65
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché
P (prix)
Q (quantité)
P (prix)
D (demande) O (offre)
Q (quantité)
Q* (quantité d’équilibre)
66
Chapitre 4 Grands principes de l’économie de marché
EXERCICE 2 • EXERCICE 4
On constate aujourd’hui que les forces concurrentielles de certains marchés ont poussé
à la constitution d’un marché oligopolistique où quelques offreurs détiennent un pou-
voir de marché susceptible d’influencer la formation des prix.
67
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché
68
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 QCM
Parmi les propositions ci-après, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. La France, la Norvège et les États-Unis présentent :
a. des économies de marché. ∙
b. des économies mixtes. ∙
c. des économies socialistes. ∙
2. L’économie de marché est un mode :
a. centralisé d’organisation de la vie économique. ∙
b. décentralisé d’organisation de la vie économique. ∙
3. L’économie de marché ne peut être dissociée du :
a. libéralisme politique. ∙
b. libéralisme économique. ∙
4. Selon Smith, il faut laisser faire le marché car :
a. les individus sont altruistes et font prévaloir l’intérêt général
sur leurs intérêts particuliers. ∙
b. les individus, en poursuivant leurs intérêts propres, contribuent
inconsciemment à l’intérêt général. ∙
5. La microéconomie :
a. étudie les grandeurs globales comme la consommation nationale
ou l’investissement. ∙
b. étudie les comportements individuels et leurs interactions. ∙
c. s’appuie sur l’individualisme méthodologique pour analyser les phénomènes
économiques. ∙
6. Selon les auteurs néoclassiques, l’individu rationnel :
a. adopte des solutions optimales. ∙
b. adopte des solutions satisfaisantes. ∙
c. est capable de collecter et de traiter toute l’information
dont il a besoin pour choisir. ∙
d. sait faire des calculs coûts/bénéfices. ∙
e. sait faire des choix cohérents. ∙
7. Sur un marché concurrentiel, quand l’offre est supérieure à la demande, les prix :
a. augmentent. ∙
b. diminuent. ∙
c. restent stables. ∙
69
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
2 Mots-croisés ★★★
Complétez la grille à l’aide des définitions suivantes.
Horizontalement
1. Figure fictive introduite par Walras pour fixer un prix de marché tel que l’offre soit
égale à la demande.
3. Mécanisme qui permet d’aboutir à un prix d’équilibre par une confrontation itérative
entre l’offre et la demande.
6. En économie, synonyme de répartition.
8. a. Signal émis par le marché pour coordonner les décisions individuelles de consom-
mation et de production. b. Elle mesure la sensibilité de la demande d’un bien par rap-
port à la variation du prix de ce bien.
10. Situation de non-regret : aucun agent économique n’a intérêt à en dévier de façon
unilatérale.
12. Économiste d’origine autrichienne, auteur de La route de la servitude, paru en 1944.
Verticalement
B. Un néoclassique français dont les travaux ont porté sur les conditions d’existence
d’un équilibre général.
J. Hypothèse posée par les néoclassiques sur le comportement des individus.
P. Au sens de Pareto, il s’agit d’une situation à partir de laquelle on ne peut améliorer le
bien-être d’un individu sans dégrader celui d’un autre.
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R
10
11
12
70
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
l’annexe.
1. Présentez les caractéristiques de l’organisation de la vie économique en Corée du Nord.
2. Identifiez les limites de ce mode d’organisation de la vie économique.
3. Citez des exemples de pays ayant adopté ce mode d’organisation de la vie économique.
Depuis 2011 (date de l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un) des réformes écono-
miques sont enclenchées en Corée du Nord. À Pyongyang, la capitale, les gratte-ciels
sont devenus monnaie courante et de nombreux petits commerces de proximité et
autres restaurants emplissent les rues un temps exclusivement jalonnées d’entre-
prises d’État. « Une économie de marché est en train de se développer, à l’image de Sur les économies
en transition :
la Chine des années 1980 », résume Dorian Malovic, coauteur de La Corée du Nord
en 100 questions (Tallandier). Mais Pyongyang est loin d’avoir les mêmes ambi-
tions d’ouverture sur le monde que Pékin en son temps, aussi le régime ne s’embar-
rasse-t-il pas à faire montre de transparence.
Delphine Bernard-Bruls, www.lemonde.fr, 15 juin 2018 http://dunod.link/v6lqltb
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à l’annexe.
1. Présentez les caractéristiques d’un marché en concurrence pure et parfaite.
2. Déterminez le prix d’équilibre de ce marché et la quantité échangée à ce prix.
3. Représentez les fonctions d’offre et de demande de beignets sur un graphique, ayant
pour abscisses les quantités, et, pour ordonnées, les prix. Vérifiez-en la forme.
71
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
4. Placez sur ce graphique le point d’équilibre, le prix et les quantités associées. Listez les
caractéristiques de l’équilibre obtenu.
5. On suppose que le prix affiché des beignets est 3 €. Placez sur le graphique les quantités
associées à ce prix, puis expliquez la réaction des offreurs et des demandeurs.
Le ministère de la Santé lance une campagne de sensibilisation incitant à ne pas
manger trop gras, trop salé et trop sucré.
6. Décrivez l’impact de cette campagne sur la demande de beignets et le prix d’équilibre.
Représentez-le graphiquement.
1,00 250 50
1,50 200 75
3,50 75 175
4,00 50 200
72
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Travail à faire
1. Définissez le processus de libéralisation d’un marché.
2. Identifiez les deux principales caractéristiques du marché en concurrence pure et par-
faite sur lesquelles repose la libéralisation d’un marché. Justifiez votre réponse en vous
appuyant sur le marché du transport routier par autocar.
3. Présentez de façon structurée les bienfaits et les limites de la libéralisation du transport
routier par autocar en France.
La loi n° 2015-990 du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des
chances économiques a libéralisé le transport régulier de voyageurs par autocar,
en instaurant toutefois un encadrement particulier pour les liaisons de moins de
100 kilomètres afin de préserver les services conventionnés d’impacts susceptibles
de compromettre leur équilibre économique. […]
73
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
opérateurs, l’enjeu consiste à la fois à mieux remplir les bus et à augmenter les prix.
Mais malgré les parts de marché prises au covoiturage, aux TER et aux TGV, les bus
libéralisés restent loin du compte, sans certitude de trouver un jour une place suffi-
sante entre tous ces concurrents.
Extrait d’Alternatives économiques, n° 382, septembre 2018
En vous appuyant sur l’annexe et sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après.
Travail à faire
1. Définissez le libéralisme économique en y associant des auteurs de référence, une
période et des concepts-clés.
2. Expliquez en quoi les travaux de Nordhaus et de Romer en économie de l’environne-
ment reposent sur une « vision libérale » de la vie économique et sociale.
3. Présentez de façon structurée les limites de ce type d’approche.
Le marché peut-il sauver le climat ? Oui, selon les « Prix Nobel » d’économie
Annexe
La vision des deux lauréats, Nordhaus et Romer, tranche singulièrement avec les
conclusions du Giec sur le réchauffement planétaire.
Lundi 8 octobre 2018, le prix de la Banque de Suède en l’honneur d’Alfred Nobel, est
décerné à William D. Nordhaus, pour ses travaux en économie de l’environnement
et des choix publics, et à Paul Romer, spécialiste des cycles économiques face aux
dérèglements climatiques.
Les membres de l’Académie royale de Suède ont voulu récompenser des spécia-
listes de l’économie de l’environnement, face à la problématique du dérèglement
climatique, afin de souligner l’urgence de la situation, comme cela a largement
été souligné pendant la conférence. Au cours de leurs carrières respectives, les deux
économistes américains n’ont eu de cesse de pointer l’aspect adaptatif de l’économie
de marché et sa possibilité de se réinventer face aux nouveaux aléas mondiaux.
74
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
crise environnementale. Autrement dit : il ne faut pas perdre espoir, malgré l’ur-
gence. C’est toute la philosophie et la marque du « Prix Nobel » d’économie : il
récompense une vision particulière du monde, celle du marché et du libéralisme,
pour qui, par les choix raisonnés et conscients des individus qui cherchent à satis-
faire leurs intérêts particuliers, on aboutira au meilleur des mondes possibles.
Ici, la doctrine de Nordhaus et Romer est facile à comprendre : les ressources natu-
relles ne sont pas disponibles en quantité illimitée, contrairement à ce que pouvaient
admettre les économistes du siècle dernier. Il y a une déperdition continue, due à la
fois à la quête effrénée de croissance et aux intérêts particuliers contraires à l’intérêt
général, notamment politiques, lors des échéances électorales.
Il conviendrait alors de marquer une valeur monétaire aux biens naturels et de ratio-
naliser les comportements afin d’éviter des déséquilibres. Si les ressources venaient à
disparaître ; les prix exploseraient et les agents optimisateurs chercheraient un subs-
titut à prix plus faible, à s’adapter et à modifier leur capacité de production et leur
consommation, notamment via le progrès technique. […] L’idéal serait donc de favo-
riser la monétisation et la marchandisation des ressources naturelles et de la connais-
sance, afin de soutenir leur rationnement réfléchi, grâce à l’indicateur du prix et une
optimisation des choix individuels. »
Extrait de l’article de Pierre Rondeau, www.slate.fr, 8 juin 2018
75
SYNTHÈSE
Grands principes de l’économie de marché
Cadre normatif
Caractéristiques de la concurrence
Intervention de l’État
Principe : le laisser-faire
plus ou moins forte
(libéralisme économique)
(économie mixte)
76
CHAPITRE
5 Complémentarité
entre État et marché
PROgRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Le fonctionnement des marchés en concurrence imparfaite •
2. Les défaillances du marché face aux externalités • 3. Les défaillances du marché
face aux biens collectifs • 4. L’asymétrie de l’information sur un marché
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
A Le monopole
Définition
Le monopole est une situation de marché où une seule entreprise produit un bien
ou un service, sans substitut proche (ex. : Enedis pour la gestion du réseau électrique
français), et répond à la demande de l’ensemble du marché.
78
Chapitre 5 Complémentarité entre État et marché
CM (coût moyen)
P monopole
B L’oligopole
Définition
L’oligopole est une structure de marché qui se caractérise par la présence de quelques
offreurs, face à de nombreux demandeurs (ex. : marché mondial du pétrole).
79
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché
C La concurrence monopolistique
Définition
La concurrence monopolistique, forme de concurrence imparfaite, est une structure
de marché caractérisée par la présence de nombreux offreurs qui, grâce à leur stra-
tégie de différenciation, proposent un produit que les acheteurs considèrent comme
unique.
La stratégie de différenciation confère aux offreurs un pouvoir de marché sur leur segment.
Ils peuvent se comporter comme un monopole et fixer un prix supérieur au coût marginal.
Exemple
◗◗Sur le marché du café, Nespresso, qui commercialise des machines et capsules dédiées, a
mené une stratégie de différenciation dans sa forme la plus aboutie, puisque tout le mar-
keting-mix a été conçu pour rendre la clientèle captive. ◗
80
Chapitre 5 Complémentarité entre État et marché
La régulation par l’État a alors pour objectif de garantir le caractère contestable des marchés.
81
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché
82
Chapitre 5 Complémentarité entre État et marché
Réglementation : Fiscalité :
interdiction des activités génératrices politique inspirée de l’économiste britannique
d’externalités négatives au nom de l’intérêt Pigou encourageant les externalités positives Arthur Cecil Pigou
général (ex. : prohibition de la cigarette et sanctionnant les externalités négatives (1877-1959)
dans les lieux publics) (taxes) (ex. : taxe sur le Diesel)
Économiste britannique
classique, élève
de Marshall et
Création d’un marché : contemporain de
Quotas : Keynes, il est connu
allouer des titres puis laisser les acteurs
limitation de la production de certains échanger librement leur droit de propriété pour ses apports à
produits ou de certaines activités (théorème de l’économiste britannique Coase ) la théorie du bien-
générant des externalités négatives (ex. : protocole de Kyoto et permis être : les activités à
(ex. : quotas sur la pêche) d’émission de GES) l’origine d’externalités
positives doivent être
subventionnées, alors
Figure 5.2. Dispositifs d’internalisation des externalités que celles génératrices
d’externalités négatives
Les actions correctives de l’État présentent néanmoins des limites (tab. 5.3). doivent être taxées.
83
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché
84
Chapitre 5 Complémentarité entre État et marché
Exemple
◗◗ L’éclairage des rues dans un lotissement est un bien collectif : les habitants du lotissement
peuvent tous en profiter, sans que cela n’altère les caractéristiques du bien ni dégrade le
bien-être des autres habitants. Si le financement de cet éclairage devait être assuré par
chaque habitant du lotissement en fonction des préférences associées à l’usage du bien,
l’éclairage ne pourrait pas être financé car chaque habitant aurait intérêt à sous-estimer
son appréciation, afin de moins contribuer mais de profiter du bien. ◗
Au niveau national, l’État, en usant de son pouvoir coercitif, peut imposer une solu-
tion à ce problème de coordination entre les agents économiques. Le financement de
la production du bien collectif est alors réalisé grâce aux impôts prélevés par les pou-
voirs publics. Les agents économiques contribuent alors en fonction de leurs capacités
et non plus en fonction de leurs besoins. Cette situation n’est pas optimale au sens de
Pareto ( chapitre 4), car des agents économiques ayant des appréciations différentes
de l’usage du bien collectif sont soumis à des taxes identiques.
Exemple
◗◗ L’éclairage public relève de la compétence des collectivités territoriales, qui le financent
par le biais des recettes fiscales. Ce financement public via les impôts et des taxes versés
par les contribuables permet à chaque habitant de profiter du bien collectif, quelle qu’en
soit son appréciation. ◗
Dans ce contexte, l’information n’est plus transparente. Les parties à l’échange sont
confrontées à :
––un risque précontractuel de sélection adverse (ou antisélection, selon Akerlof) ;
––un risque post-contractuel d’aléa moral (il apparaît une fois le contrat conclu).
85
Partie 2 Fonctionnement de l’économie de marché
Sur un marché, ces risques se manifestent quand le prix ne joue plus son rôle de signal
et ne permet plus de coordonner efficacement les décisions individuelles. Par manque
de transparence informationnelle, les transactions peuvent ne pas aboutir, alors qu’elles
auraient été bénéfiques aux deux parties.
Exemple
◗◗ Le recrutement est caractérisé par une asymétrie informationnelle entre l’employeur et
le candidat. Ce dernier connaît ses compétences réelles, sa capacité à fournir un effort de
travail. L’entretien permet à l’employeur d’obtenir l’information manquante, pour éviter
de sélectionner le mauvais profil pour le poste (risque de sélection adverse). ◗
Une économie ne peut fonctionner sans confiance entre les agents économiques.
ÉTUDE DE DOCUMENTS 5
86
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. Le marché mondial du pétrole est :
a. un monopole. ∙ c. un marché en concurrence
b. un oligopole. ∙ pure et parfaite. ∙
2. En France, les fournisseurs de gaz naturel évoluent sur un marché :
a. monopolistique. ∙ c. en concurrence pure et parfaite. ∙
b. oligopolistique. ∙
3. Sur un marché en concurrence imparfaite, le bien-être des consommateurs :
a. s’améliore par rapport à une situation de concurrence pure et parfaite. ∙
b. se détériore par rapport à une situation de concurrence pure et parfaite. ∙
c. ne change pas. ∙
4. La contestabilité d’un marché s’apprécie en fonction :
a. du nombre de concurrents directs présents. ∙
b. de la menace crédible d’entrants potentiels sur le marché susceptibles
de contester la position concurrentielle des acteurs en présence. ∙
c. des deux précédents critères réunis. ∙
5. Pour corriger les défaillances de marché, le théorème de Coase :
a. justifie l’action de l’État. ∙ c. justifie l’action d’acteurs privés. ∙
b. ne justifie pas l’action de l’État. ∙
6. Pour Ostrom, la gestion durable des ressources communes relève :
a. des mécanismes de marché. ∙
b. de l’État. ∙
c. de normes établies par des communautés dans le cadre
d’une autogouvernance. ∙
7. Pour Pigou, les activités à l’origine d’externalités négatives doivent faire l’objet :
a. d’une taxation. ∙ c. d’une liberté totale. ∙
b. d’une subvention. ∙
8. Pour Marshall, les rendements d’échelle croissants de certaines activités :
a. stimulent la concurrence sur le marché. ∙
b. conduisent à la formation de monopoles sur le marché. ∙
c. conduisent à la formation d’oligopoles sur le marché. ∙
87
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions suivantes portant sur
l’annexe.
1. Identifiez le marché de référence de Tesla.
2. Identifiez la structure de ce marché, en justifiant votre réponse.
3. Présentez la stratégie mise en œuvre par Tesla, et les risques associés à cette stratégie.
4. Expliquez l’évolution à moyen-long terme de ce type de marché, en mettant en avant les
éléments relatifs à l’intensité concurrentielle et aux prix pratiqués par les acteurs du marché.
88
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
[…] Tesla est en pleine course contre la montre. Ses responsables veulent prouver
au monde que l’électrique est une alternative de masse aux véhicules thermiques.
Pour cela, il faut transformer la marque chérie des millionnaires écolo, qui produit
notamment le modèle S, une voiture à 80 000 dollars (environ 68 000 euros), en
un label milieu de gamme capable de séduire les pères de famille. […] 2018 est
une année charnière : Tesla doit impérativement augmenter sa production pour
répondre à la demande. Car c’est un fait, la jeune marque automobile a la cote :
en lançant en fin d’année dernière, son nouveau Model 3 « familial » (envi-
ron 50 000 dollars avec les options de base), Tesla a reçu 450 000 commandes, a
annoncé Elon Musk en personne. […] Tesla roule à fond de train parce que le temps
presse. Depuis deux ans, les acteurs du marché automobile mondial se sont réveil-
lés. Ils comprennent désormais que la voiture « verte » (100 % électrique comme
Tesla, ou hybride à recharger sur une borne) a un énorme potentiel. […] Les
motorisations électriques pourraient représenter 30 % du marché en 2030 (contre
1 % aujourd’hui). En 2016, Musk affirmait pouvoir vendre 1 million de Tesla sur
l’année 2020, mais c’était avant que les concurrents chinois ne débarquent en
masse ou que les Européens se convertissent. […] Le très conservateur Audi vient
de présenter en avant-première mondiale… à quelques kilomètres des bureaux
de Tesla, son premier SUV de luxe entièrement électrique, le « e-tron », concur-
rent des Model S et X. Jaguar, Porsche, Volkswagen, PSA, tout le monde prépare sa
berline électrique de luxe ou des petits modèles pratiques pour rouler en ville. […]
Extrait de l’article de Benoist Simmat, Pour l’éco n° 3, novembre 2018
4 L’Autorité de la concurrence◗★★★
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions suivantes portant sur
l’annexe.
1. Après avoir présenté la mission principale de l’Autorité de la concurrence ainsi que ses
compétences, vous vous référerez aux théories économiques pour justifier les actions de
cette autorité administrative indépendante.
2. Après avoir défini les opérations de concentration, vous expliquerez les risques associés
à ce type d’opération sur la structure des marchés.
3. Définissez et illustrez par des exemples d’actualité les ententes, abus de position domi-
nante et pratiques de prix abusifs.
89
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
L’Autorité de la concurrence
Annexe L’Autorité de la concurrence est une autorité administrative indépendante, spécia-
lisée dans l’analyse et la régulation du fonctionnement de la concurrence sur les
marchés, pour la sauvegarde de l’ordre public économique.
Organisme administratif né en 2009 de la transformation du Conseil de la concur-
rence, l’Autorité de la concurrence agit au nom de l’État, sans pour autant relever
de l’autorité du Gouvernement dans l’exercice de ses pouvoirs. Elle intervient soit
après avoir été saisie par un plaignant, soit après s’être autosaisie. Les décisions
qu’elle rend en matière de pratiques anticoncurrentielles sont soumises au contrôle
de la cour d’appel de Paris. Ses décisions en matière de concentrations relèvent du
contrôle du Conseil d’État.
L’instruction est menée en toute indépendance par les services d’instruction, placés sous
la direction du rapporteur général. Au terme d’une procédure contradictoire, les affaires
sont examinées par le collège de l’Autorité, qui, dans la plupart des cas, siège en section.
L’Autorité de la concurrence est compétente pour appliquer les législations natio-
nale et communautaire.
L’Autorité de la concurrence détient le pouvoir de prononcer des injonctions, d’infliger
des sanctions pécuniaires, d’accepter des engagements et d’accorder le bénéfice de la
clémence à certaines entreprises qui coopèrent en aidant à détecter ou à constater
l’existence d’ententes. Elle réprime les ententes, les abus de position dominante et
les prix abusivement bas. Par ailleurs, elle peut être amenée à rendre, par sa propre
initiative, des avis sur diverses questions de concurrence. Sa composition, son organi-
sation, et les modalités de sa saisine garantissent son efficacité et son indépendance.
Extrait du site www.autoritedelaconcurrence.fr
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions
MÉTHODE 1 ci-après.
90
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Travail à faire
1. Après avoir défini une externalité, vous énumérerez les externalités générées par la cir-
culation automobile en les qualifiant.
2. En vous référant à la théorie économique, vous expliquerez en quoi la mise en place d’un
péage urbain permet d’internaliser les externalités générées par la circulation automo-
bile dans les grandes agglomérations. Présentez les limites économiques, politiques et
sociales de cette mesure.
3. En vous référant à la théorie économique, vous expliquerez et justifierez les mesures
prises par la ville de Rotterdam et la Métropole européenne de Lille.
4. Dans un exposé structuré, introduit et conclu, vous montrerez les intérêts et les limites
des mesures prises par les pouvoirs publics pour faire face aux différents types de défail-
lances de marché.
Les travaux d’A.C. Pigou sur les externalités valident complètement la pénalisation
de la circulation en ville. Mais le contexte social et fiscal va obliger l’exécutif à
composer minutieusement.
L’information a fait grand bruit. Le projet de « loi sur les mobilités », qui sera
présenté en Conseil des ministres en novembre, prévoit de faciliter la mise en place
et l’exploitation de péages urbains dans les agglomérations de plus de 100 000 habi-
tants. Moyen efficace de lutter contre la pollution et la congestion urbaines pour les
uns, outil de matraquage fiscal et d’exclusion sociale pour les autres, le projet divise.
Pourtant, du strict point de vue de l’économiste, le débat sur l’efficacité d’une telle
mesure est tranché depuis longtemps. Plus exactement depuis les travaux de l’éco-
nomiste britannique Arthur Cecil Pigou sur les externalités, il y a près d’un siècle.
91
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
soutenu que les péages urbains permettraient de révéler les informations sur les préfé-
rences individuelles que ne peut connaître l’autorité publique (la valeur d’usage que
chaque individu accorde à sa voiture, en fonction de ses contraintes propres), et qu’ils
laissent la liberté à chacun de décider s’il consent au paiement de la taxe. Il aurait sans
doute conclu que la circulation se viderait de tous les automobilistes qui accordent la
valeur d’usage la plus faible à leur véhicule, c’est-à-dire ceux pour qui les possibilités de
report sur des moyens de transport alternatifs sont les plus importantes.
Or, si la logique pigouvienne est d’une grande robustesse, elle se heurte – comme
souvent en économie – à un principe de réalité : en démocratie, la solution qui s’im-
pose n’est pas toujours la plus efficace, mais la plus acceptable du point de vue collec-
tif. […] S’il veut éviter le risque d’un passage en force, l’exécutif n’a d’autre choix que
de rendre la mesure socialement « acceptable ». Pour ce faire, on pourrait prôner la
concertation de toutes les parties prenantes des tissus urbains concernés pour cali-
brer « un bon péage », opter pour des tarifs bas uniques jouant sur les volumes
(Oslo) ou des tarifs modulaires discriminants aux heures de pointe (Milan, Tokyo),
imaginer des exonérations tarifaires pour certaines catégories d’usagers de la route en
fonction de leurs professions ou de leur niveau de revenu (Rome), voire même imagi-
ner des péages positifs qui rétribuent les automobilistes qui renoncent à utiliser leurs
véhicules durant les pics de circulation (Rotterdam et demain, peut-être, Lille). […]
Julien Pillot, Sud-Ouest, 31 octobre 2018
Plusieurs communes des Pays-Bas testent avec succès un dispositif qui incite à ne pas
prendre sa voiture pendant les heures de pointe explique Le Figaro.
Les embouteillages parisiens et les désagréments qui les suivent font l’objet de
nombreuses discussions alors que la maire de Paris, Anne Hidalgo, multiplie les
projets pour réduire la place de la voiture dans la capitale. Et Paris pourrait bien
trouver de l’inspiration du côté des Pays-Bas. Le Figaro rapporte une initiative de
« péage positif », testée notamment à Rotterdam, qui a donné des résultats probants
sur la réduction du trafic automobile aux heures de pointe.
Concrètement, ce « péage positif » propose de rémunérer les automobilistes qui
acceptent de ne pas utiliser leur voiture pendant les heures de pointe. Soit en privi-
légiant d’autres moyens de transport, comme le vélo ou les transports en commun,
soit en effectuant du covoiturage ou bien tout simplement en décalant les horaires
de leurs déplacements quotidiens. À Rotterdam, c’est BNV Mobility, filière néerlan-
daise d’Egis, qui a piloté le projet, explique Le Figaro. Pour […] Egis […], « il s’agit
d’agir pour provoquer un changement de comportement des automobilistes ».
92
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
est installé. Les automobilistes participant au projet et dont les voitures n’ont pas
été repérées pendant les heures de pointe, gagnent 3 euros par jour en cash, raconte
le quotidien, ou bien 3,50 euros crédités sur une carte de transport. Dans la ville
néerlandaise, cela a permis de réduire le trafic de 5 à 10 % aux heures de pointe.
Ce « péage positif » est pour le moment financé par les pouvoirs publics de Rotterdam,
pour plusieurs millions d’euros par an pour Le Figaro, mais ce coût est à mettre en
regard du coût des embouteillages. […]
Extrait de l’article de 6Medias, www.lepoint.fr, 18 septembre 2017
93
SYNTHÈSE
Complémentarité entre État et marché
Imperfections Défaillances
de marché
Externalités :
– recours par l’État aux
taxes, quotas, subventions
Renforcement Biens collectifs : imposition
– définition de « droits
de la complémentarité par l’État (financement
de propriété » et création
État-marché reposant sur la fiscalité)
de nouveaux marchés
– autogouvernance
des parties prenantes
94
PARTIE 2 : CAS DE SYNTHÈSE
Fonctionnement de l’économie de marché
Travail à faire
1. Présentez les hypothèses des théories néoclassiques et les apports sur le fonctionne- Rendez-vous
ment des marchés concurrentiels.
MÉTHODE 1
2. Après avoir défini une externalité, vous expliquerez en quoi les mécanismes de marché
sont défaillants face aux externalités, en vous appuyant sur l’annexe 3.
3. Après avoir défini un bien public mondial, vous expliquerez en quoi les mécanismes de
marché sont défaillants pour préserver les ressources naturelles de la planète.
4. En vous aidant de l’annexe 4, présentez les dispositifs que l’État peut mettre en place
pour préserver l’environnement.
5. Présentez les limites microéconomiques et macroéconomiques de ces dispositifs
(annexe 5).
6. Expliquez pourquoi les travaux d’E. Ostrom ont « le mérite de mettre en lumière le rôle
des institutions dans la gestion de ressources partagées, et d’inciter les économistes à
l’étude d’organisations plus complexes que le face-à-face classique entre l’État et le
marché » (annexe 5).
95
PARTIE 2 : CAS DE SYNTHÈSE
Coûts et
bénéfices
marginaux
C optimal
Quantité
0 de polluants
P optimal P max
96
PARTIE 2 : CAS DE SYNTHÈSE
Lauréat 2018 du prix de la Banque de Suède pour son analyse économique du chan-
gement climatique, William Nordhaus en a pour autant une approche réductrice.
[…] William Nordhaus s’intéresse tôt aux critiques sociales et écologistes de la
croissance. Lorsque le rapport du club de Rome, « Halte à la croissance ? », alerte
en 1972 sur les conséquences négatives de la croissance économique et démogra-
phique, Nordhaus le critique vertement pour son absence de données empiriques.
Mais, aiguillonnée par ce rapport, il identifie le réchauffement climatique comme
un problème potentiellement sérieux et demandant de plus amples investigations.
En prenant appui sur les travaux des sciences de la nature, il étudie et modé-
lise chacune des pièces composant le puzzle climatique : le système énergétique
qui génère les émissions de CO2, le cycle du carbone qui transforme les émissions en
hausse de concentration de CO2, dans l’atmosphère et, enfin, le module climatique qui
relie la concentration atmosphérique du CO2 à la hausse de la température globale.
En 1977, onze ans avant la création du Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat (Giec), il offre une première synthèse à l’American Economic
Review en calculant ce qu’il en coûterait de stabiliser les concentrations de CO2.
C’est dans les années 1980 qu’il effectue la jonction de ses travaux avec la théorie
de la croissance, qui lui vaut aujourd’hui d’être récompensé. […] Le modèle ainsi
obtenu lui permet de calculer le bon niveau des réductions d’émissions en fonction
d’un objectif choisi. Il donne aux travaux de Nordhaus une place centrale sur toutes
les questions de lien entre économie et climat […], et ouvre de nouvelles interro-
gations, liées pour partie à la théorie des jeux : comment coordonner les efforts de
réductions entre les grandes économies mondiales ? Comment éviter les compor-
tements de passager clandestin ? Quel est le résultat prévisible si chacun des États
poursuit son intérêt sans sourcier des autres ? […]
On peut cependant s’interroger sur les représentations du problème climatique qui
ressort de ces travaux. Ils sont menés pour répondre à la question : quel est le scénario
d’émission optimal ? Quelle est la cible que les politiques devraient choisir ? […] Les
réductions d’émissions doivent aux yeux de Nordhaus se faire à moindre coût, ce qui
implique de donner un prix au carbone, et que ce prix doit être le même pour tous les
97
PARTIE 2 : CAS DE SYNTHÈSE
pays du monde. Or, c’est un point de blocage dans les négociations internationales
pour les pays en développement. L’accord de Paris obtenu en 2015 n’a pu l’être que
grâce à la reconnaissance de politiques et mesures différenciées selon les pays. […] ».
A. Pottier, Alternatives économiques, n° 384, novembre 2018
Un des exemples les plus célèbres sur lequel s’est appuyée E. Ostrom (2010) concerne
la gestion de l’eau, dans un pays où elle peut facilement manquer à certaines
périodes, compte tenu du climat : il s’agit du système des huertas espagnol, mis en
place à l’époque musulmane et conservée depuis un millénaire. Cette institution
s’appuie sur des règles très précises d’accès aux canaux d’irrigation, de façon à attri-
buer l’eau à chaque membre à tour de rôle. Un système de gérants élus surveille
de façon très précise l’usage de la ressource, et des sanctions sont prévues pour les
contrevenants. Elles sont cependant très légères pour éviter que les cultivateurs
se retournent contre l’institution. L’adhésion volontaire et la coorganisation des
usagers garantissent la pérennité du système.
L’analyse d’E. Ostrom, récompensée du Prix Nobel en 2009, a le mérite de mettre en
lumière le rôle des institutions dans la gestion de ressources partagées, et d’inciter
les économistes à l’étude d’organisations plus complexes que le face-à-face classique
entre l’État et le marché ».
E. Buisson-Fenet, M. Navarro, La microéconomie en pratique,
collection « Cursus », Armand Colin, 2e éd., 2015
Travail à faire
« Nécessité d’une complémentarité État-marché pour faire face aux défis environnemen-
taux. »
98
CHAPITRE
6 Financement
des agents
économiques
PROgRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les besoins et capacités de financement des agents économiques •
2. L’analyse des besoins et capacités de financement par catégories d’agent •
3. Le comportement d’épargne des ménages • 4. Les modalités de financement
des entreprises
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
B La capacité de financement
La capacité de financement d’un agent économique correspond à la situation où ses
ressources financières excèdent ses besoins financiers (fig. 6.2).
Exemple
◗◗ Si un agent dispose de 20 000 € et souhaite en dépenser 16 000, sa capacité de finance-
ment s’élève alors à 4 000 €.
Agent économique
Capacité Bien ou service à acquérir
(ménage, entreprise …)
de financement : Prix : 16 000 €
Ressources disponibles : 20 000 € 4 000 €
C L’épargne
Le revenu d’un agent lui permet de consommer des biens et services (consommation
finale). Cependant, la partie du revenu non affectée à la consommation finale, l’épargne,
peut être insuffisante pour financer l’investissement de l’agent. L’agent fait donc face à
un besoin de financement. Dans le cas inverse, si le montant de l’épargne excède celui
de son investissement, l’agent dispose d’une capacité de financement.
100
Chapitre 6 Financement des agents économiques
101
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu
Tableau 6.2. Évolution des besoins (–) et capacités de financement (+) des entreprises
(Mds €, Insee)
102
Chapitre 6 Financement des agents économiques
Exemple
◗ Une entreprise achète chaque mois des marchandises payées au comptant à 2 000 €. Ces
marchandises sont conservées pendant un mois avant d’être revendues aux clients à hau-
teur de 2 500 €. Les clients disposent de deux mois pour régler leurs achats.
À combien s’élève le besoin de financement lié à cette activité ?
–– Ressource de financement générée par la dette-fournisseur = 0 : le fournisseur exige un
paiement comptant.
–– Besoin de financement généré par le délai de stockage = 2 000 € × 1 mois = 2 000 €.
–– Besoin de financement généré par le délai de paiement accordé aux clients = 2 500 €
× 2 mois = 5 000 €.
–– Besoin de financement généré par l’activité = 5 000 € + 2 000 € – 0 € = 7 000 €.
L’entreprise doit disposer en permanence d’une ressource de 7 000 € pour faire face aux
échéances issues de son activité. ◗
Le besoin de financement correspond au besoin en fonds de roulement (BFR). L’entre-
prise cherche à réduire le BFR, en raccourcissant des délais de stockage ou de paiement
accordés aux clients (créances commerciales) et en négociant des délais plus longs
auprès de fournisseurs (dettes-fournisseurs).
Le BFR reste bien souvent positif pour la plupart des entreprises même s’il peut être plus
ou moins élevé selon les secteurs d’activité ( chapitre 3). Il est même parfois négatif
dans certaines entreprises (ex. : distribution).
Exemple (suite)
◗ Afin de réduire son BFR, l’entreprise a réduit le délai de paiement accordé aux clients,
passant de deux mois à un mois. La durée de stockage diminue, elle s’élève à 15 jours.
L’entreprise a négocié un délai de paiement auprès de son fournisseur de 1 mois.
À combien s’élève le nouveau besoin de financement lié à cette activité ?
–– Ressource de financement générée par la dette-fournisseur = 2 000 € × 1 mois = 2 000 €.
–– Besoin de financement généré par le délai de stockage = 2 000 € × 0,5 mois = 1 000 €.
–– Besoin de financement généré par le délai de paiement accordé aux clients = 2 500 €
× 1 mois = 2 500 €.
–– Besoin de financement généré par l’activité = 2 500 € + 1 000 € – 2 000 € = 1 500 €.
L’entreprise doit disposer en permanence d’une ressource de 1 500 € pour faire face aux
échéances issues de son activité. La hausse du délai de paiement des dettes, la diminution
du délai de paiement des clients et de la durée de stockage ont permis de réduire le besoin
de financement de l’entreprise. ◗
103
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu
Tableau 6.3. Évolution des besoins (–) et capacités de financement (+) des administrations
(Mds €, Insee)
Les administrations publiques ont d’importants besoins financiers liés aux investisse-
ments en infrastructures et biens collectifs ( chapitre 1). Ces dépenses parfois très éle-
vées impliquent des avantages attendus par la collectivité à long terme.
104
Chapitre 6 Financement des agents économiques
L’effet boule de neige peut notamment apparaître lorsqu’une partie croissante des res-
sources financières publiques est dédiée au paiement des intérêts sur la dette.
Exemple
◗◗Les administrations doivent s’endetter pour payer les charges d’intérêts. Un cercle vicieux
se met alors en place : l’accroissement des charges financières crée un besoin d’endette-
ment des administrations qui, à son tour, accroît le montant des charges conduisant à un
endettement public supplémentaire. ◗
Tableau 6.4. Évolution des besoins (–) et capacités de financement (+) des ménages
(Mds €, Insee, comptes nationaux, base 2014)
EXERCICE 3
105
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu
L’épargne des ménages étant supérieure à leurs propres investissements, elle peut être
mise à la disposition d’autres agents économiques ( chapitre 2).
106
Chapitre 6 Financement des agents économiques
Tableau 6.6. Épargne des ménages (en % du revenu disponible brut, Banque de France, 2015)
107
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu
Épargne brute
Taux d’autofinancement =
FBCF
108
Chapitre 6 Financement des agents économiques
une avance sur un paiement futur. Enfin, des crédits intragroupe peuvent être accordés
par la maison mère d’un groupe industriel à l’une de ses filiales, par exemple ;
––le financement externe sur les marchés financiers : une entreprise peut émettre des
titres de propriété (actions) ou des titres d’emprunt (obligations) offerts au public ou
admis aux négociations sur les marchés financiers réglementés ( chapitre 7).
Financement direct financier : 5 508,8 Financement Financement direct non financier : 2 011,7
indirect par
En titre de capital : En titre de créances : les banques : Crédits commerciaux Autres crédits dont
4 924,4 581,4 908,9 et avances : 865,6 intragroupe : 1 146,1
Les sociétés non financières (SNF) résidant en France recourent de manière croissante
aux marchés de capitaux pour obtenir des ressources financières.
109
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.
Vrai Faux
110
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
2000 16 17 27 22 18
2014 16 15 37 13 18
111
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Numéraire Contrats
Titres financiers Titres financiers
et placements d’assurance-vie et
cotés (%) non cotés (%)
bancaires (%) pensions (%)
France 33 31 27 36 22 14 18 19
Allemagne 37 42 27 33 27 19 10 6
Royaume-Uni 19 27 57 59 15 8 8 5
112
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Travail à faire
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à Rendez-vous
l’annexe. MÉTHODE 1
1. Comment une entreprise peut-elle obtenir des ressources financières ?
2. Quels sont les avantages et inconvénients de chaque mode de financement ?
113
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
c’est-à-dire du capital initialement mis en place par les actionnaires, augmenté des
bénéfices non distribués. Autrement dit, les firmes préfèrent quand elles le peuvent
piocher dans leur caisse plutôt que faire appel aux marchés. Pourquoi […] ? À cause
de l’asymétrie d’information entre apporteurs de capitaux (actionnaires et déten-
teurs d’obligations) et entrepreneur (ou managers), ces derniers disposant d’une
information privilégiée sur l’activité de la firme. Connaissant cette asymétrie, les
investisseurs exigent des entreprises qu’elles financent une partie de leurs projets sur
leurs fonds propres. […]
Source : « Comment les entreprises se financent-elles ? », Gabriel Zucman,
Éditions La Découverte, Regards croisés sur l’économie, 2008/1, n° 3, p. 65 à 66
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions suivantes relatives aux
MÉTHODE 1 annexes.
Travail à faire
1. Quels sont les principaux enseignements de l’annexe 1 ?
2. Comment expliquez-vous la forte détérioration du déficit public français en 2009 et 2010 ?
3. Quel principal enseignement pouvez-vous tirer de l’annexe 2 ?
4. Calculez la part de chaque administration publique dans le besoin de financement de
l’ensemble des administrations publiques. Calculez le taux de variation du besoin ou de la
capacité de financement de chaque administration publique d’une année sur l’autre.
5. À partir des calculs et de l’annexe 2, présentez les caractéristiques du besoin de finance-
ment des administrations publiques.
Rendez-vous
MÉTHODE
Analyser une tendance
Portez une attention particulière aux unités (%, millions, milliards, valeur absolue)
pour éviter des erreurs d’interprétation et comparer des éléments comparables.
Exemple : en 2017, le PIB en France était de 2 248 Mds € et a augmenté de 2,3 %,
par rapport à 2016.
PIB en volume N – PIB en volume N–1
Calcul du taux de variation du PIB en N : 100 ×
PIB en volume N–1
114
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
−1
−2 55
−3
−4 50
−5
−6 45
−7
−8 40
1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014 2017
(Insee, 2017)
115
SYNTHÈSE
Financement des agents économiques
Épargne
des ménages
116
CHAPITRE
7 Rôle des banques
et des marchés
financiers
PROgRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. La monnaie et le rôle des banques • 2. Les rôles et la diversité des marchés
de capitaux • 3. Les nouvelles sources de financement • 4. Les crises financières
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
L orsque les ressources financières internes ne satisfont pas les besoins financiers, les agents
à besoin de financement en trouvent d’autres auprès des banques ou des marchés de
capitaux. De nouvelles sources de financement, comme le crowdfunding, sont récemment
apparues pour répondre à des besoins émergents (développement des start-up, projets à
géométrie variable, etc.). L’incertitude et le risque inhérents à ces activités sont cependant au
cœur de crises financières modifiant en profondeur le fonctionnement réel des économies.
MOTS-CLÉS
Base monétaire • Capitalisation boursière • Création monétaire • Crowdfunding •
Devise • Liquidité • Marchés de capitaux • Marché monétaire • Masse monétaire •
Multiplicateur de crédit • OPA • OPE • Produit dérivé • Risque de change
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu
118
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier
la substitution de l’euro au franc, la Banque de France émet un certain quota de billets CHIFFRES-CLÉS
en euros, comme chacune des banques centrales des autres pays de la zone euro, sous
le contrôle de la Banque centrale européenne (BCE chapitre 10). La monnaie
dématérialisée
–– monnaie divisionnaire est émise par le Trésor public en France ;
la représente
•• la monnaie scripturale est inscrite sur les comptes bancaires des agents non bancaires. Elle plus de 85 %
est immatérielle, intangible et n’existe qu’en vertu d’écritures passées dans les comptes de la circulation
des banques au nom des titulaires de cette monnaie. Les principaux instruments de circu- monétaire dans l’UE
lation de la monnaie scripturale sont le chèque, le virement et la carte bancaire. (BCE, 2016).
Actif Passif
119
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu
fère de la monnaie des comptes des acheteurs vers celui des fournisseurs, l’ensemble
du passif de la banque restant stable : il n’y a pas de fuite vers l’extérieur. La banque A
dispose donc de ressources pouvant être prêtées à long terme tant que les paiements se
font principalement entre agents d’une même banque. ◗
120
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier
2. La domiciliation de comptes
Une banque commerciale détient un compte à la banque centrale pour différents motifs.
Le besoin de liquidités. Les agents économiques peuvent avoir besoin d’effectuer leurs
dépenses avec des billets retirés auprès de leurs banques. Or seule la banque centrale
émet les billets. La banque commerciale doit donc conserver une partie des dépôts
qu’elle reçoit des agents économiques dans son compte à la banque centrale pour
répondre au besoin de liquidités de ses clients.
Les paiements interbancaires. Pour se procurer des billets, les banques de second rang
doivent effectuer des retraits auprès de la banque centrale pour les remettre ensuite à
leurs clients. Une banque a besoin de disposer de monnaie centrale dans son compte à
la banque centrale pour assurer des paiements interbancaires. Ces derniers se font par
virement de compte à compte à la banque centrale (paiement interbancaire).
Exemple
◗◗Soient deux banques, A et B, à la fin d’une période donnée (une journée) :
–– les titulaires d’un compte courant chez A doivent 1 000 000 € à ceux de B ;
–– les titulaires d’un compte courant chez B doivent 750 000 € à ceux de A ;
–– la banque centrale prélèvera 250 000 € sur le compte de A au profit de B. ◗
Les réserves obligatoires. La banque centrale peut imposer aux banques de maintenir
en permanence un minimum de monnaie sur leur compte à la banque centrale, ce que
constituent les réserves obligatoires. En cas d’insuffisance de monnaie centrale sur son
compte, la banque commerciale peut emprunter des liquidités à la banque centrale.
Celle-ci émet donc de la monnaie centrale en accordant un crédit à la banque commer-
ciale, soit une opération de refinancement.
Ces trois motifs sont à l’origine du besoin en monnaie centrale des banques commerciales. Ce
besoin permet à la banque centrale de contrôler l’émission de monnaie par les banques com-
merciales. Le lien entre la monnaie centrale émise par la banque centrale et la masse moné-
taire créée par les banques de second rang est représenté par le multiplicateur de crédit.
Définition
Le multiplicateur de crédit correspond au nombre d’unités monétaires en circulation
pour une unité émise par la banque centrale. Il se calcule comme suit :
Multiplicateur de crédit = M
asse monétaire
Base monétaire
121
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu
Exemple
◗◗ Si le multiplicateur de crédit s’élève à 5, alors 1 € émis par la banque centrale entraîne
un supplément de masse monétaire à hauteur de 5 €, grâce aux crédits accordés par les
banques commerciales. ◗
EXERCICE 3
Sur les marchés de capitaux, les capitaux correspondent aux ressources financières
que les agents à capacité de financement mettent à disposition des agents à besoin
de financement ( chapitres 2 et 6). En échange, ces derniers émettent des titres
financiers. Ainsi :
––l’offre de capitaux correspond bien à la demande en titres financiers, soit à un place-
ment sur les marchés financiers ;
––la demande en capitaux correspond bien à l’offre en produits financiers, ou émission
de titres financiers, donc à un besoin en ressources financières ;
––la diversité des titres financiers échangés va de pair avec la diversité des marchés de
capitaux.
122
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier
A Le marché monétaire
Définition
Le marché monétaire représente le marché des capitaux à court terme dont l’échéance
court de 24 heures à sept ans.
Le marché monétaire permet aux agents souhaitant placer leur trésorerie à court terme
de financer des besoins de trésorerie d’autres agents.
Le marché monétaire comprend deux compartiments :
•• Le marché interbancaire est réservé aux banques qui se prêtent entre elles leurs avoirs
en monnaie centrale. Une banque peut avoir un besoin en monnaie centrale supérieur
à la liquidité bancaire qu’elle détient. Elle peut donc emprunter celle-ci, c’est-à-dire
se refinancer, soit à la banque centrale, soit auprès d’autres banques qui disposent de
liquidités bancaires suffisantes. Ces prêts seront remboursés ultérieurement.
•• Le marché des titres du marché monétaire est ouvert aux agents financiers ainsi
qu’aux grandes entreprises qui peuvent alors échanger des titres de dettes à court et
moyen terme, les titres de créance négociables (TCN) :
–– les bons du Trésor négociables émis par le Trésor public visant à financer les besoins Pour tout savoir sur les
de trésorerie de l’État ; bons du Trésor :
–– les certificats de dépôts négociables émis par les agents financiers, notamment les
banques ;
–– les billets de trésorerie émis par les entreprises présentes sur le marché ;
–– les bons à moyen terme négociables émis par les entreprises ou agents financiers http://dunod.link/
d’une durée supérieure à un an. wpgzxav
B Le marché financier
Le marché financier correspond aux marchés de capitaux de long terme. Deux grandes
catégories de titres financiers (tab. 7.3) s’y échangent :
––les actions dont les émissions et échanges sont effectués sur le marché des actions ;
––les obligations dont les émissions et échanges sont effectués sur le marché obliga-
taire.
Le marché financier est composé du marché primaire et du marché secondaire (Bourse).
123
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu
En France, le marché financier français est Euronext Paris géré par la société Euronext
qui regroupe plusieurs places boursières en Europe. Euronext Paris est un marché régle-
menté qui accueille la négociation des actions et des obligations.
1. L’interdépendance des marchés
La facilité à revendre un titre financier, en particulier une action, sur le marché secon-
daire assure sa bonne émission sur le marché primaire. La liquidité du marché secondaire
est donc indispensable à l’efficacité du marché primaire. La Bourse est essentielle au
financement des entreprises lorsqu’elles émettent de nouvelles actions.
Les administrations publiques sont les plus gros émetteurs d’obligations en France,
source de financement non monétaire (et donc non inflationniste) du déficit public. Ces
obligations émises sont majoritairement détenues par les agents financiers comme les
banques ou les sociétés d’assurances.
Le financement par actions des entreprises leur permet d’accéder à une masse élevée de
capitaux et facilite les regroupements d’entreprises à travers les offres publiques d’achat
(OPA) et les offres publiques d’échange (OPE).
Définitions
• Une OPA permet d’acquérir une entreprise en proposant publiquement à ses
actionnaires d’acheter leurs actions à un prix supérieur aux cours boursier.
• Dans le cadre d’une OPE, l’entreprise propose ses titres en échange des actions de
la société qu’elle veut acheter.
Les émetteurs comme les détenteurs d’actions sont particulièrement attentifs à la capitali-
sation boursière d’une entreprise ou d’un ensemble d’entreprises à travers un indice boursier.
2. La capitalisation boursière
Définitions
La capitalisation boursière correspond à la valeur moyenne des actions d’une entre-
prise, d’un ensemble d’entreprises ou d’une place financière.
124
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier
Si le taux de change d’une monnaie s’apprécie, cela signifie qu’elle peut acheter plus
d’unités monétaires d’une autre monnaie qu’auparavant.
Exemple
◗◗ Si le cours de l’euro passe de 1 € = 1,10 $ à 1 € = 1,50 $, l’euro peut alors être échangé
contre plus de dollars qu’auparavant. Les détenteurs de dollars doivent donc échanger plus
de dollars qu’auparavant pour obtenir 1 euro. L’euro est donc plus demandé qu’auparavant
ce qui explique que son prix en monnaie étrangère, ici le dollar, augmente. ◗
Si le taux de change d’une monnaie se déprécie, il permet d’acheter moins d’unités
monétaires d’une autre monnaie qu’auparavant.
125
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu
Exemple
◗◗ Si le cours de l’euro passe de 1 € = 1,10 $ à 1 € = 0,80 $, l’euro peut alors être échangé contre
moins de dollars qu’auparavant. Les détenteurs de dollars doivent donc échanger moins de
dollars qu’auparavant pour obtenir 1 euro. L’euro est donc moins demandé qu’auparavant, ce
qui explique que son prix en monnaie étrangère, ici le dollar, diminue. ◗
Exemple
◗◗ Un importateur français, French Touch, doit payer dans 3 mois 1 million de dollars à un
fournisseur nord-américain. Si, aujourd’hui, le taux de change est 1 € = 1,10 $, alors la dette
de l’importateur français équivaut à 909 090,91 € soit 1 000 000/1,10.
Si, à l’échéance, l’euro se déprécie, le taux de change s’établissant par exemple à 1 € = 0,90 $,
alors la dette de l’importateur français s’élève alors à 1 111 111,11 €, soit 1 000 000/0,9. Le
risque d’une dépréciation de l’euro entraînerait donc une perte de change de 202 020,2 €. ◗
126
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier
Exemple
◗◗ French Touch accepte le délai de paiement de trois mois proposé par l’exportateur nord-amé-
ricain. La livraison des dollars à la banque de l’importateur, en contrepartie des euros appor-
tés par l’importateur, pour payer ensuite l’exportateur se fera alors dans 3 mois. ◗
Le taux de change retenu pour une opération à terme est fixé le jour de la transaction.
Il correspond au cours à terme qui s’appliquera à l’échéance prévue. Les opérations à
terme permettent ainsi de connaître le jour de la transaction la valeur des paiements
réalisés dans le futur en fixant, au moment de la transaction, le taux de change qui s’ap-
pliquera au moment du paiement dans le futur.
Avec les produits dérivés, le risque d’un agent est transféré vers un autre, entraînant
la réalisation d’opérations différées dans le temps portant sur des valeurs financières
(actions, devises, indices boursiers, etc.) sous-jacentes.
Tableau 7.4. Principaux produits dérivés
Contrat à terme Contrat à terme Contrat d’échange
ferme (future) optionnel (option) financier (swap)
Engagement Une option d’achat/ Échange de deux flux
ferme à acheter de vente appelée call/put financiers (flux de dettes/
ou vendre est un contrat donnant le créances) aux caractéris-
un volume droit d’acheter/de vendre tiques financières diffé-
d’actifs sous- un actif sous-jacent à rentes.
Définitions
jacents à un certain prix (strike).
un prix et Qu’elle soit exercée ou
à une date pas, l’acheteur de l’op-
déterminés tion paie le prix de l’op-
tion au vendeur (prime).
Principaux Actifs physiques (marchandises, matières Dettes (ex. : échange
actifs sous- premières), financiers (actions, obligations), d’un crédit à taux fixe contre
jacents devises, taux d’intérêt, indices boursiers un emprunt à taux variable)
127
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu
128
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier
Les apports en capitaux sont réalisés par des fonds d’investissement (ou sociétés de
capital-investissement) dont la prise de participation vise souvent à générer un retour
sur investissement élevé. Le capital-investissement représente une source de finance-
ment majeure pour la création, le développement, la transmission ou la restructuration
des PME non cotées.
2. Le capital-risque
Le capital-risque (ou venture capital) est une partie du capital-investissement relative
aux apports en fonds propres réalisés par des investisseurs financiers au moment de la
création d’entreprises. Il représente un mode de financement de la création et crois-
sance d’une entreprise à fort potentiel de développement. Les sociétés de capital-risque,
apportent à l’entreprise :
––des ressources financières en prenant participation au capital de l’entreprise créée ;
––un accompagnement dans la conduite de l’entreprise afin de garantir la pérennité de
l’entreprise.
Plusieurs types de fonds d’investissement peuvent être distingués :
––les investisseurs publics ou parapublics (comme les instituts régionaux de participa-
tion en France) ;
––les filiales de banques (Euro Capital, Crédit Agricole Asset Management, etc.) ;
––les sociétés indépendantes françaises ou internationales ;
––les filiales de groupes industriels (Schneider Equity, Google Capital, etc.).
B Le financement participatif
Définition CHIFFRES-CLÉS
Le financement participatif, ou crowdfunding, est un mode financement de projets Le financement
permettant de collecter des ressources financières, généralement de faibles mon- participatif a fait
tants, auprès d’un public étendu, en vue de financer des projets économiques souvent un bond de 101 %
individuels dans le domaine artistique ou entrepreneurial. entre 2015 et
2017 : il a donc été
multiplié par deux,
Le crowdfunding vise souvent à apporter un soutien financier à des initiatives de proxi- passant de 167 M€
mité ou à des projets défendant des valeurs sociales et morales, notamment en ligne à 336 M€ (KPMG et
et pour des start-up. La transparence affichée et la modularité (dons, préventes, prêts, FPF France, 2018)
129
Partie 3 Contributions des acteurs financiers à l’activité économiqu
130
Chapitre 7 Rôle des banques et des marchés financier
ÉTUDE DE DOCUMENTS 7
131
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.
Vrai Faux
132
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Soit une économie fictive composée de ménages, d’une banque commerciale et d’une
banque centrale. Les dépôts à vue des ménages auprès de la banque s’élèvent à 60. Par
ailleurs, les ménages détiennent 20 sous forme de billets. La banque commerciale a
octroyé des crédits à hauteur de 54. Les dépôts monétaires de la banque commerciale
auprès de la banque centrale s’élèvent à 30. Enfin, le refinancement, c’est-à-dire le cré-
dit octroyé par la banque centrale à la banque commerciale, s’élève à 24.
Déterminez de deux façons distinctes le multiplicateur de crédit :
– à partir de la masse monétaire et de la base monétaire ;
– à partir du taux de réserve et du taux de préférence pour les billets par les ménages.
Soit une économie fictive dans laquelle la banque centrale décide de mener une poli-
tique monétaire de lutte contre l’inflation. La banque centrale augmente durablement
le taux d’intérêt auquel les banques commerciales se refinancent. La monnaie de cette
économie fictive est l’EUROR.
Sur chacun des marchés ci-après, vous identifierez les mouvements financiers successifs
liés à la décision de la banque centrale :
• Marché primaire des obligations. Afin de vendre leurs nouvelles obligations émises,
les entreprises doivent proposer :
– des obligations à un taux supérieur au taux de refinancement ;
– des obligations à un taux inférieur au taux de refinancement.
• Marché des changes. Les créanciers non-résidents :
– vendent des EURORS pour acheter des obligations émises ;
– achètent des EURORS pour acheter des obligations émises.
• Marché des changes (suite). L’EUROR :
– s’apprécie ;
– se déprécie.
133
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
• Marché des actions. En réaction au précédent mouvement, les importateurs des mar-
chandises exportées par les entreprises de l’économie fictive :
– paient leurs importations plus cher ;
– paient leurs importations moins cher ;
– paient leurs importations à un prix inchangé.
• Marché extérieur. Les entreprises exportatrices de l’économie fictive :
– exportent moins de marchandises ;
– exportent plus de marchandises.
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à l’annexe.
1. La désintermédiation bancaire conduit-elle à l’absence totale d’intermédiaires
financiers ?
2. Quel impact la crise financière de 2008 a-t-elle eu sur les modes de financement des
entreprises ?
d’investissement collectifs ?
Dans bon nombre d’économies, et en particulier en France, on a longtemps associé
le financement des économies à l’intermédiation par les banques. Une désinter-
médiation progressive du financement des économies est néanmoins observée au
profit d’un rôle croissant du financement assuré par des non-banques. Le Conseil de
stabilité financière définit le système bancaire parallèle au sens large comme « un
système d’intermédiation de crédit qui implique des entités et des activités exté-
rieures au système bancaire classique » (CSF, 2011). Sans être des banques, ces enti-
tés réalisent en dehors du système bancaire régulé des activités d’intermédiation de
crédit en s’interposant entre débiteurs et épargnants. L’évaluation précise du péri-
mètre d’intermédiation non bancaire est encore l’objet de discussions. L’évaluation
quantitative la plus extensive du système bancaire parallèle mondial selon la
mesure MUNFI (Monitoring Universe of Non-Bank Financial Intermediation) atteint
75 000 Md$ à la fin de 2013, soit 50 % du système bancaire traditionnel. […].
134
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives aux Rendez-vous
annexes. MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Comment les agents économiques résidant en France se sont-ils principalement finan-
cés sur les marchés financiers ?
2. Quelles sont les caractéristiques des titres financiers émis en 2016 par les SNF en
France ?
3. Comment les principaux indices boursiers ont-ils évolué en 2016 et 2017 ? Quelles sont
les causes de ces évolutions ?
135
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
136
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
en Mds€
Émissions de titres des agents résidents
2015 (r) 2016
137
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
138
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
en Mds€
Compétence attendue Analyser les mécanismes financiers d’une crise réelle (passée
ou actuelle) et ses conséquences sur l’activité économique
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives aux Rendez-vous
annexes. MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Qu’est-ce que la crise des subprimes ? Comment s’est-elle manifestée ?
2. Quels effets sur l’activité économique la crise des subprimes a-t-elle occasionnés ?
3. Quels sont les facteurs de la crise des subprimes ?
4. Comment des « déséquilibres globaux » ont-ils constitué un facteur favorisant la crise
des subprimes ?
139
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
décroissance de – 3,5 % en 2009. Peu après le choc initial, Bénassy-Quéré et al.
[2009] proposaient une revue précoce de causes envisageables, laissant ouverte la
possibilité de leur combinaison : « Il y a trois manières, différentes mais non exclu-
sives, d’expliquer la crise, selon qu’on insiste sur les incitations perverses dans le
secteur financier, sur les déséquilibres macroéconomiques mondiaux ou sur une
complexité systémique mal comprise et sous-évaluée. » On présentait souvent le
contexte macroéconomique antérieur à la crise comme la combinaison d’une
grande modération, pour ce qui est des fluctuations de l’inflation et de l’activité,
et de déséquilibres globaux : les excédents courants de certaines zones ont pour
contrepartie l’endettement d’autres (de leurs ménages, de leurs États). Il aurait pu
ne s’agir que d’un transfert d’épargne (certes international mais banal dans son
principe), en vue du financement de la croissance mondiale. Mais dans le contexte
antérieur à la crise, le système financier américain a été le débouché d’une sura-
bondance de l’épargne mondiale, sans que lui soit trouvée à une échelle suffisante
une affectation productive. […]
Source : « Aspects de la crise », in Dix ans après le début de la crise financière mondiale,
Pierre Morin, Presses de Sciences Po/Revue économique,
2017, hors-série 1, vol. 68
140
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
141
SYNTHÈSE
Rôle des banques et des marchés financiers
Fonctions de la monnaie
La monnaie remplit trois rôles :
–– elle constitue un intermédiaire des échanges, instantané et universel ;
–– elle sert à mesurer des valeurs ;
–– elle a une mission de réserve et de transfert de valeurs dans le temps.
142
PARTIE 3 : CAS DE SYNTHÈSE
Contributions des acteurs financiers à l’activité économique
Travail à faire
1. Identifiez les caractéristiques du capital-investissement. Quels en sont les avantages Rendez-vous
attendus par rapport aux autres formes de financement comme le crédit bancaire ?
MÉTHODE 1
2. Présentez les indicateurs relatifs à l’évolution des modes financement des entreprises en
Europe. Qu’est-ce qui explique le développement de la finance de marché ? Identifiez
les raisons pour lesquelles le financement bancaire reste prépondérant dans les PME.
3. Qu’est-ce que le marché Euro PP ? Présentez les intérêts d’un tel marché pour le finan-
cement des PME ?
Le rôle du capital-investissement
Annexe 1
143
PARTIE 3 : CAS DE SYNTHÈSE
elles ne dégagent pas encore de chiffre d’affaires. En conséquence, elles n’ont donc
pas accès aux modes de financement traditionnels, qu’il s’agisse d’autofinancement
et/ou de crédit bancaire. L’intervention des sociétés de capital-risque prend alors
son sens : en acceptant de supporter un risque financier élevé, les capital-risqueurs
assurent l’émergence des entreprises fortement innovantes.
Les capital-risqueurs assurent en premier lieu le financement et donc le démarrage
des projets/entreprises fortement innovant(e)s. La rentabilité élevée de ces firmes
en cas de succès, va compenser les pertes en capital inévitables du fait du taux
d’échec particulièrement élevé des entreprises de ces secteurs de pointe. Au fur et à
mesure du développement de la start-up, le montant des fonds requis augmente et
l’intervention en capital-risque stricto sensu se réduit pour laisser la place au capi-
tal-développement puis au capital-transmission si nécessaire. Les différents métiers
du capital-investissement permettent ainsi d’assurer le financement et les capitaux
nécessaires au développement de la start-up tout au long de son cycle de vie.
Les sociétés de capital-investissement ne sont pas pour autant de simples apporteurs
de capitaux, ce sont aussi des experts qui apportent un soutien managérial et tech-
nique aux entreprises de leur portefeuille dans le but de leur ajouter de la valeur.
Néanmoins, ce type de partenaire financier n’a rien d’un mécène et va donc mobili-
ser ses compétences uniquement dans le but de se rémunérer via les plus-values réali-
sées lors de la revente de ses participations dans l’entreprise (lors d’une introduction
en bourse, d’une acquisition ou encore d’une cession à d’autres partenaires, etc.). […]
Extraits de « Capital-Investissement et performance des firmes : le cas de la France »
de Sophie Pommet et Michel Rainelli, Vie & Sciences de l’entreprise, 2012,
n° 190, p. 30 à 45.
144
PARTIE 3 : CAS DE SYNTHÈSE
[….] Cela tient à des facteurs divers : réglementations des banques et des marchés,
faible importance des fonds de pension, structure financière des entreprises, etc.
Mais on est tout de même amené à penser qu’il serait peut-être possible d’améliorer
les conditions de financement en Europe en enrichissant les produits et les circuits
de mobilisation des capitaux, ce qui conduirait à augmenter la finance directe et
l’intermédiation non bancaire. On peut en attendre un accès plus facile et moins
coûteux à des types de financements diversifiés. […]
G Levieuge et J.-P. Pollin, « Désintermédier : pourquoi, comment et que peut-on en attendre »,
Revue d’économie financière, 2016, n° 123, p. 147 à 174.
Le marché euro PP, une nouvelle source de financement pour les PME
Annexe 3
Les banques et les institutions financières sont l’une des principales sources de finance-
ment des entreprises. La proportion du financement par les banques et les institutions
financières du secteur non financier en Europe est hétérogène. Selon les données de la
Banque centrale européenne (BCE), alors que dans certains pays, ce financement se
fait à plus de 85 % par du crédit bancaire – c’est le cas de l’Espagne (95 %) et de l’Italie
(86 %) –, en France, il représente moins de 65 %. La moyenne de l’Eurozone se situe
aux alentours de 80 %. Mais si l’on regarde du côté des États-Unis, le modèle est claire-
ment tourné vers le financement par les marchés et non un financement bancaire : les
entreprises américaines se financent à près de 74 % par les marchés.
D’autres sources de financement par les marchés se sont développées en Europe
après la crise de 2008. Le marché obligataire a d’ailleurs vu naître récemment une
nouvelle forme de financement à travers des placements privés et a vu ainsi se déve-
lopper le marché Euro PP.
À l’instar du marché USPP aux États-Unis, un Euro PP est un placement privé, sous
forme de prêts ou d’obligations à moyen ou long terme, d’un émetteur européen
auprès d’un nombre limité d’investisseurs. Ces investisseurs sont généralement des
fonds spécialisés, des compagnies d’assurances ou des banques. Ces placements
privés reposent sur une documentation ad hoc, négociée directement entre l’émet-
teur et les investisseurs.
Ainsi l’Euro PP peut être vu comme un « entre-deux » entre l’obligation publique et
syndiquée de type Eurobond (de par le financement direct auprès des investisseurs)
et le prêt bancaire (de par la rédaction d’un contrat négocié entre l’émetteur et les
investisseurs).
Cependant, contrairement à une émission obligataire « classique » sur le marché
public, l’Euro PP peut être un instrument coté ou non coté. Il est émis de « manière
privée » à l’intention d’investisseurs ciblés et, par conséquent, est un instrument
peu liquide. […] De plus, un Euro PP n’entraîne aucune obligation de publication
d’information pour l’émetteur, cette information restant privée dans le cadre de
la relation bilatérale émetteur/investisseur. Contrairement à un prêt « classique »
auprès d’une banque, l’investissement se fait directement auprès des investisseurs
institutionnels et la banque prend alors le rôle de conseiller.
145
PARTIE 3 : CAS DE SYNTHÈSE
Le marché Euro PP s’est développé ces dernières années afin d’ouvrir le financement
des PME sur les marchés et de leur donner accès à de nouvelles sources de finance-
ment. […] L’un des principaux avantages d’un Euro PP est que les conditions du
contrat sont négociées directement entre l’émetteur et un nombre limité d’investis-
seurs. Ainsi ce titre de créances reste flexible, afin de pouvoir répondre à la fois aux
besoins de l’émetteur et à ceux des investisseurs. Il existe donc une large variété de
formats d’Euro PP pouvant être représentée selon le schéma suivant.
Traditionnellement, les PME et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) se
financent peu sur les marchés car […] elles se heurtent à des coûts d’émission élevés,
à des contraintes de notation et à la crainte des investisseurs face à un risque de
crédit souvent difficilement quantifiable. De plus, le faible montant généralement
levé par les PME et le manque de liquidité des marchés secondaires dédiés aux PME
découragent certains investisseurs.
Le mouvement de désintermédiation amorcé en zone euro depuis la crise a donc été
porté par le dynamisme des émissions de titres des « grosses » ETI et des grandes entre-
prises, bénéficiant des faveurs d’investisseurs à la recherche de rendement, mais les
« petites » ETI et PME ont encore un accès relativement restreint aux marchés finan-
ciers. Ainsi les politiques publiques ont récemment engagé des initiatives afin de
renforcer l’accès des PME/ETI aux marchés financiers. La promotion des placements
privés (Euro PP) vise à faciliter l’accès des PME/ETI au financement direct auprès
d’investisseurs, en complément des prêts bancaires traditionnels. Ainsi, aujourd’hui,
encore loin de se substituer au crédit bancaire, le marché Euro PP a toutefois voca-
tion à prospérer. […]
S. Collet et C. Peny, « Le marché Euro PP : une nouvelle source de financement
dans un contexte de désintermédiation », Revue d’économie financière,
2016, n° 123, p. 209 à 23
Travail à faire
« Quels sont les avantages et les risques de la finance de marché ? »
146
CHAPITRE
8 Place et rôle de l’État
dans une économie
de marché
PROgRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les trois fonctions économiques de l’État selon Musgrave •
2. Les institutions de l’action publique • 3. Le budget de l’État • 4. La dette publique
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
MOTS-CLÉS
Administration publique • Autorité administrative indépendante • Budget de l’État •
Collectivités territoriales • Cotisations sociales • Déficit public • Dépenses publiques •
Dette publique • Impôts • Prélèvements obligatoires • Recettes publiques •
Redistribution • Service public
Partie 4 Régulation publique en économie de marché
B La fonction de redistribution
Également appelée « fonction de répartition », la redistribution consiste pour un
État à mener une politique favorisant la justice et la cohésion sociale. En particulier,
le fonctionnement du marché se heurte à des limites dans la répartition équitable des
ressources entre les agents économiques ( chapitre 2). L’État peut intervenir dans la
répartition des richesses afin de lutter contre les inégalités.
148
Chapitre 8 Place et rôle de l’État dans une économie de marché
C La fonction de stabilisation
En menant ses politiques publiques, l’État est le garant de la stabilité économique. En
effet, le marché assure rarement l’équilibre et peut, parfois, déclencher des crises écono-
miques ( chapitre 7). Par le biais de politiques conjoncturelles ( chapitre 9), l’État peut
assurer le bon fonctionnement de l’économie, tout en tentant de maîtriser les grands
équilibres économiques (plein-emploi, stabilité des prix et des échanges extérieurs).
EXERCICE 2 • EXERCICE 3
La répartition des missions entre les différentes collectivités locales est très précise (tab. 8.1).
•• Promotion du tourisme
Groupements •• Gestion des aires d’accueil des gens du voyage
intercommunaux •• Eau et assainissement, traitement des déchets ménagers
•• Élaboration des plans locaux d’urbanisme (PLU)
149
Partie 4 Régulation publique en économie de marché
EXERCICE 6
3 Le budget de l’État
L’instrument principal de mise en œuvre de l’action publique réside dans la gestion du
budget de l’État. Comme tout agent économique, l’État dispose de ressources qu’il peut
mobiliser pour financer son action à travers les dépenses publiques. À la différence des
ménages ou des entreprises, l’État dispose d’un horizon de vie infini et a donc la capa-
cité, dans la mesure du raisonnable, d’augmenter ses ressources.
L’ensemble des recettes et dépenses publiques sont retracées dans un document
comptable, préparé par le gouvernement et voté par le Parlement, que l’on appelle
« loi de finances ». Établi pour une année civile, il ne s’applique qu’aux administrations
publiques centrales.
150
Chapitre 8 Place et rôle de l’État dans une économie de marché
60
50
40
30
20
10
0
72 12 20 47 60 74 75 80 85 90 95 00 03 04 05 06 07 08 10 12 15 16
18 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20 20
Figure 8.2. Évolution des dépenses publiques en pourcentage du PIB français entre 1872 et
2016 (André et Delorme, L’État et l’économie, et Insee)
60
55
50
45
40
35
30
i
ne
ro
as
Un
28
lie
e
ce
èd
gn
ag
Eu
-B
an
Ita
e-
UE
Su
pa
m
ys
Fr
ne
um
le
Es
Pa
Zo
Al
ya
Ro
151
Partie 4 Régulation publique en économie de marché
9%
3%
Protection sociale
10 % Santé
Services publics généraux
43 %
Affaires économiques
10 %
Enseignement
Défense
11 % Autres
14 %
Figure 8.4. Structure des dépenses publiques françaises par fonction (Insee, 2016)
Les cotisations sociales sont soit patronales (à la charge des employeurs), soit sala-
riales (à la charge des salariés).
152
Chapitre 8 Place et rôle de l’État dans une économie de marché
EXERCICE 4 • EXERCICE 5
4 La dette publique
Selon la loi de finances pour 2018, l’État a prévu de dépenser 326 Mds € pour 239,5 Mds € CHIFFRES-CLÉS
de recettes, soit un déficit de 86,7 Mds €.
En 2017,
L’État français est en déficit au moins depuis 1980. On a constaté une aggravation de la dette publique
celui-ci lors de la crise économique survenue après 2007. Cette accumulation des défi- française s’élevait
cits nourrit et augmente la dette publique (fig. 8.5). à 2 257,8 Mds €
soit 98,5 % du PIB.
2 500 120
2 000 100
80
1 500
60
1 000
40
500
20
0 0
02
04
06
08
10
12
14
16
92
94
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98
00
80
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84
86
88
90
20
20
20
20
19
20
19
19
19
19
19
20
19
20
19
20
19
20
19
153
Partie 4 Régulation publique en économie de marché
1,5
0,5
0
1 an 5 ans 10 ans 20 ans 30 ans 50 ans
– 0,5
–1
août-16 août-17 août-18
Figure 8.6. Évolution des taux d’intérêt sur les titres d’État français (%, France Trésor)
154
Chapitre 8 Place et rôle de l’État dans une économie de marché
EXERCICE 5 • ARGUMENTATION STRUCTURÉE 7
155
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.
Vrai Faux
156
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Un État en mutation
Annexe
157
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
de la préparation de l’avenir. Pour cela, il doit financer des dépenses comme l’édu-
cation, mais également exercer un rôle de veille, d’évaluation et de prospective. Un
État « stratège doit aussi coordonner des initiatives privées, via par exemple leur
mise en réseaux, un discours mobilisateur en faveur de projets stratégiques, comme
le fut la diffusion d’Internet, ou la tentative de construction de « pactes sociaux ».
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/finances-publiques/
approfondissements/role-economique-État.html
Le niveau de la dépense
publique en France
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à l’annexe.
s’explique d’abord par son
modèle social et fiscal, 1. Quel est le poste de dépense le plus important en France ? Interprétez le chiffre de
une démographie plus 4,3 pour l’Allemagne.
dynamique et un budget
de la défense conséquent. 2. Pour chacun des postes de dépense, identifiez la fonction de l’État concernée.
Les dépenses de santé, 3. Comment expliquez-vous que la part de la protection sociale soit plus importante en
retraites ou d’éducation
France qu’au Royaume-Uni ?
sont très largement
financées par des 4. Montrez que l’Union européenne est composée de pays hétérogènes en matière de
prélèvements obligatoires, choix budgétaire.
ce qui n’est pas le cas au
Royaume-Uni.
Protection sociale
Ordre et sécurité
Loisirs, culture
Enseignement
économiques
Protection
collectifs
Défense
Affaires
Santé
Zone euro (17 pays) 6,9 1,3 1,8 4,3 0,8 0,9 7,4 1,1 5,0 20,5
Belgique 8,1 1,0 1,9 7,0 0,7 0,4 8,1 1,3 6,3 20,3
Danemark 9,0 1,5 1,1 3,7 0,4 0,4 8,6 1,7 7,9 25,2
158
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Logement et équipement
de l’environnement
Services généraux
Protection sociale
Ordre et sécurité
Loisirs, culture
Enseignement
économiques
Protection
collectifs
Défense
Affaires
Santé
Allemagne 6,1 1,1 1,6 3,4 0,6 0,5 7,0 0,8 4,3 19,4
Irlande 5,8 0,4 1,7 3,6 0,8 0,8 7,1 0,8 5,2 16,4
Grèce 13,8 2,4 1,8 3,2 0,3 0,2 5,8 0,6 4,1 21,2
Espagne 6,1 1,0 2,1 7,7 0,8 0,4 6,2 1,3 4,5 17,7
France 5,9 1,9 1,8 3,7 1,1 1,9 8,3 1,4 6,1 24,4
Italie 9,1 1,4 1,9 3,4 0,9 0,7 7,3 0,7 4,2 21,0
Pays-Bas 5,4 1,3 2,1 5,3 1,7 0,6 8,9 1,7 5,8 17,6
Autriche 6,7 0,7 1,5 5,8 0,5 0,6 7,9 1,0 5,6 21,4
Portugal 9,1 1,1 1,8 2,8 0,5 0,6 6,1 1,0 5,7 18,8
Suède 7,2 1,4 1,4 4,4 0,3 0,7 7,1 1,1 6,8 21,4
Royaume-Uni 5,6 2,5 2,6 2,6 1,0 0,9 8,0 1,0 6,5 17,9
Compétence attendue Analyser l’évolution des finances publiques d’un pays et ses
enjeux
159
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Annexe 1
Alors que les pays européens viennent de décider le chemin que va prendre leur
future intégration, aucun n’a remis en cause l’idée que l’objectif d’une bonne
gestion des finances publiques devait être de ramener la dette publique vers les 60 %
du produit intérieur brut (PIB). Or, ce niveau est loin de faire consensus chez les
économistes. Plusieurs études de Carmen M. Reinhart et Kenneth Rogoff ont montré
que ce n’est que lorsque la dette publique dépasse 90 % du PIB que les effets sur la
croissance deviennent négatifs, et même fortement négatifs. Très critiqué (peu de
pays justifiant la démonstration, confusion entre corrélation et causalité, etc.), leur
travail vient de faire l’objet d’une remise en cause importante par Alexandru Minea
et Antoine Parent. En s’appuyant sur une autre série historique de dette publique
qui leur permet d’aller plus loin dans le temps, Minea et Parent commencent par
confirmer les résultats de leurs confrères américains : quand le ratio de dette sur PIB
d’un pays passe de la tranche 60-90 % à plus de 90 %, ils notent corrélativement
une baisse de la croissance moyenne pour les pays concernés. Cependant, là où les
pays perdaient plus de 3 points de PIB de croissance chez les chercheurs américains,
eux ne trouvent plus qu’un effet négatif de l’ordre d’un demi-point de pourcentage.
Pas de quoi fouetter un chat…
Mais ce n’est pas tout. Leur étude démontre surtout que la relation entre le niveau
de dette publique et la croissance d’une économie offre la particularité que, à
certains moments, un surcroît de dette publique est associé à moins de croissance,
mais que, à d’autres moments, encore plus de dette publique est associé à plus de
croissance. Ainsi, leur analyse montre que les pays qui dépassent un ratio de 115 %
de dette publique sur PIB présentent en moyenne un taux de croissance supérieur
à ceux qui sont entre 90 et 115 %. De plus, ce taux de croissance est peu inférieur à
celui que connaissent les pays dont le ratio de dette publique est dans la fourchette
60-90 %. Ces résultats étant établis sur la période 1945-2009, les deux économistes
ont cherché à savoir dans quelle mesure ils tenaient la route sur une période plus
longue incluant 1880-1945. Résultats confirmés : sur plus d’un siècle, la Belgique,
la Canada, la France, l’Italie, la Nouvelle Zélande et le Royaume-Uni ont connu
des périodes associant une dette publique supérieure à 115 % du PIB et une crois-
sance rapide. Bien entendu, soulignent à juste titre les auteurs, il ne s’agit pas de
dire que les États du monde entier doivent laisser filer leur déficit et leur dette sans
contrôle. Mais ce travail montre que revenir rapidement vers un ratio de 60 %
comme signe de bonne gestion publique est bien trop restrictif. Plusieurs pays ont
pu gérer, dans la durée, des niveaux de dette bien plus élevés sans que cela ne soit
associé à une croissance en berne. Les dirigeants européens feraient bien d’en tirer
quelques leçons pour l’avenir s’ils veulent soigner leur phobie de la dette publique
et l’austérité mortifère qui l’accompagne.
C. Chavagneux, L’économie politique, La Découverte, 2012/3, n° 55, p. 5-6
160
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Comme tout le monde, j’ai utilisé et j’utiliserai encore le « ratio dette/PIB » dans mes
analyses de la dette publique. Mais avec précaution, parcimonie et esprit critique. Car,
nous allons le voir, à ne publier, commenter et comparer (selon les pays) pratiquement
QUE ce rapport, on tombe dans l’un des multiples « pièges de la dette publique », pour
reprendre le titre du livre d’Attac… dont les auteurs ne sont pas tombés dans le piège.
Mais d’abord, pourquoi cet indicateur mérite-t-il de figurer, de préférence au second
rang, parmi ceux qui nous aident à réfléchir ? Pour deux raisons, plus une :
1) il met en rapport un « agrégat économique en valeur monétaire » (la dette
publique) et le grand agrégat monétaire de référence, le PIB, le flux de « richesse
nationale » produite annuellement dans la sphère monétaire ;
2) lorsqu’on suit des évolutions dans le temps, savoir que la dette était de 73 milliards
d’euros en 1978 et de près de 1 600 milliards en 2010 ne nous dit pas grand-chose
puisque les euros de 1978 (où l’euro n’existait pas, mais on peut convertir) valent
nettement plus que ceux de 2010 du fait de l’inflation. Il est nettement plus signi-
ficatif d’écrire qu’en 1978 la dette (au sens de Maastricht) équivalait à 21,2 % du
PIB, contre 82,3 % en 2010. C’est une façon qui semble raisonnable (mais on va
voir qu’elle n’est ni la seule ni la meilleure) d’effacer l’effet de l’inflation. Il en va de
même pour les comparaisons de l’endettement des différents pays : c’est commode.
3) Une troisième raison intervient, qui devrait commencer à nous mettre la puce à
l’oreille. Pour un non spécialiste (j’en fais partie), les séries historiques et les compa-
raisons internationales du ratio dette/PIB sont partout disponibles en abondance
et quotidiennement. Il est nettement plus « coton » de dénicher des chiffres inter-
nationaux et des séries sur d’autres variables dont nous allons parler et qui n’ont
pas moins de sens, voire qui en ont plus pour juger les risques de dettes publiques
excessives. […]
161
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
financière nette » sera de 70 000 euros, sans même compter pour cela la valeur de
ses patrimoines (actifs) non financiers, ce que l’on pourrait faire en vue d’un bilan
de son patrimoine net.
[…]. Dans une publication de l’OCDE de 2010, les « engagements financiers nets »
des administrations publiques étaient chiffrés en % du PIB (eh oui, du PIB…). Pour
la France, cette dette nette se montait en 2007 à 35,7 % du PIB ; pour l’Allemagne,
à 42,5 %, comme les États-Unis ; pour la Grèce à 82 %, comme le Japon ; et pour
l’Italie à 87 %. Pas intéressant ? Et encore n’est-il ici question que des patrimoines
publics en actifs financiers, ce qui dans le cas présent peut se défendre.
3) Enfin, s’il est question d’évaluer des risques liés à une dette excessive, on se dit
qu’un critère central devrait être le taux d’intérêt moyen, par exemple à dix ans.
Ce critère disparaît des radars dès lors que les marchés financiers gouvernent et
spéculent, donc rendent imprévisible le long terme. C’est bien cela qu’il faut chan-
ger. Une dette de 1 600 milliards à un taux d’intérêt réel (déduction faite de l’in-
flation) de 1 % sur toutes ses composantes anciennes ou nouvelles signifierait une
charge d’intérêt annuel de 16 milliards en euros d’aujourd’hui, contre 50 milliards
prévus en 2012. Donc trois fois moins. […]
Jean Gadrey, Blog d’Alternatives économiques, 31 janvier 2012
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur
l’annexe.
1. Donnez un exemple pour chacun des organes chargés de l’action publique.
Les prestations
sociales sont détaillées 2. À quelle(s) fonction(s) de l’État le poste de dépense « Prestations sociales » correspond-il ?
dans le chapitre 16.
3. À quelle(s) fonction(s) de l’État faut-il relier la FBCF ? Justifiez votre réponse.
4. Calculez la part de l’investissement de chaque organe dans l’investissement total. Que
pouvez-vous en déduire sur l’investissement public en France ?
162
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
publiques centrales
de sécurité sociale
publiques locales
publiques (total)
Administrations
Administrations
Administrations
Administrations
dont État
Ensemble des dépenses 523,3 429,7 255,4 597,6 1 376,3
Consommations
34,7 23,8 49,6 27,5 111,7
intermédiaires
163
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions ci-
MÉTHODE 1 après.
Travail à faire
1. Rappelez les trois fonctions de l’État selon Musgrave.
2. L’État central est-il la seule institution à participer à la politique de redistribution ? Jus-
tifiez votre réponse.
3. Par quel(s) moyen(s) l’État peut-il intervenir en cas de crise économique ? Quels sont
les bienfaits et les limites d’une relance budgétaire ? Expliquez le niveau des dépenses
publiques de l’État français.
L’idée que l’État peut stimuler l’activité économique en jouant sur la demande est
ancienne. Les politiques de grands travaux ont par exemple été très utilisées lors
de la crise de 1929, notamment aux États-Unis […]. En effet, en commandant des
travaux à des entreprises désœuvrées, l’État injecte du pouvoir d’achat dans l’écono-
mie et les entreprises sont amenées à recruter des salariés qui, à leur tour, dépense-
ront plus. Lorsque la demande semble insuffisante pour absorber la production que
fourniraient les entreprises si elles tournaient à plein régime, une telle intervention
de l’État relève du simple bon sens. Cependant, la politique budgétaire n’a acquis
de fondement théorique solide qu’à partir des travaux de John Maynard Keynes.
Jusque-là, en effet, le credo des économistes était que le marché devrait pouvoir
s’autoréguler. […] Le grand mérite de Keynes est d’avoir montré que l’équilibre invo-
qué par les économistes peut fort bien s’accompagner d’un chômage durable si les
prévisions pessimistes des entrepreneurs les conduisent à investir insuffisamment.
Seul l’État peut rompre cet équilibre de sous-emploi en créant une demande supplé-
mentaire, favorisée par des dépenses publiques nouvelles ou par la diminution des
impôts. Cette demande supplémentaire a un effet puissant sur la production, grâce
au mécanisme du multiplicateur : les dépenses publiques engendrent des revenus pour
les entreprises ou les ménages, ces dépenses entraînent une nouvelle production, d’où
une nouvelle distribution des revenus. Inversement, une croissance trop rapide qui
entraîne des tensions inflationnistes peut être freinée par la hausse des impôts ou par la
diminution des dépenses publiques. L’État disposerait ainsi, avec le budget, d’un instru-
ment efficace pour réguler l’économie.
Source : A. Parienty, « À quoi sert la politique budgétaire ? »,
Alternatives économiques, n° 70, novembre 2014
164
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
165
SYNTHÈSE
Place et rôle de l’État dans une économie de marché
1 2 3
Allocation Stabilisation
Redistribution des grands équilibres
des ressources
économiques
Niveau Niveau
national local
Action des administrations Action des collectivités
publiques, des administrations territoriales
publiques indépendantes et
des administrations
de sécurité sociale
166
CHAPITRE
9 Intervention
économique de l’État
PROgRAMME
PRÉREqUIS
Offre et demande sur un marché (chapitre 4) • Fonctions de l’État (chapitre 8) • Croissance économique
(chapitre 11)
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Objectifs des politiques économiques • 2. Typologie des politiques
économiques et moyens d’action • 3. Enjeux et limites de l’intervention de l’État
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
MOTS-CLÉS
Crise économique • Croissance endogène • Déséquilibre macroéconomique •
Politique conjoncturelle • Politique de demande • Politique économique •
Politique d’offre • Politique structurelle • Subvention publique
Partie 4 Régulation publique en économie de marché
EXERCICE 5
168
Chapitre 9 Intervention économique de l’État
À court terme, l’économie fait face à certains déséquilibres macroéconomiques qu’il Sur la relance budgétaire
convient de stabiliser rapidement (ex. : fort taux de chômage ou inflation galopante). et l’indépendance des
banques centrales :
L’État peut recourir à deux instruments de politique économique :
•• La politique budgétaire. Elle correspond à l’ensemble des mesures prises par les pou-
voirs publics pour réguler l’économie via l’utilisation du budget des administrations
publiques (dépenses, recettes publiques et soldes budgétaires). Selon l’objectif visé,
l’État peut choisir d’augmenter ou de diminuer les impôts, de miser sur des secteurs http://dunod.
link/88p898k
particuliers, ce qui permet de réguler la demande globale, c’est-à-dire la consomma-
tion et l’investissement de tous les agents économiques ( chapitre 2) qu’ils soient
publics ou privés.
•• La politique monétaire. Elle correspond à l’action de l’autorité monétaire (en général,
une banque centrale) pour réguler la quantité de monnaie en circulation dans l’écono-
mie. au moyen des taux d’intérêt directeurs ( chapitre 7). Son niveau détermine les
comportements de consommation et d’épargne des agents économiques. La politique
monétaire sert surtout à stabiliser l’inflation.
FOCUS Le policy-mix
Le policy-mix vise pour un État à combiner les d’inflation. À l’inverse, une politique monétaire
instruments de politique budgétaire avec ceux de restrictive peut permettre de la limiter. On réalise
la politique monétaire afin d’atteindre un objec- donc les objectifs de la relance budgétaire (crois-
tif précis, tout en limitant les risques. Ainsi, une sance, plein-emploi), tout en en limitant les incon-
politique de relance budgétaire peut être source vénients (inflation).
Si l’instrument choisi a son importance, c’est l’orientation de celui-ci qui est primor-
diale. L’État peut choisir de mener une politique conjoncturelle (fig. 9.2) :
––expansive, qui relance l’économie en augmentant la demande globale (elle s’inspire
des travaux de Keynes) ;
––restrictive, qui freine l’activité économique en diminuant la demande globale (elle
s’inspire de l’école néoclassique ou monétariste de Friedman).
169
Partie 4 Régulation publique en économie de marché
- Prélèvements
- Pouvoir d’achat
obligatoires
des ménages
- Intérêts
- Ressources - Consommation Croissance
directeurs
des entreprises - Investissement économique
- Dépenses - Accès
publiques aux crédits
2. Politiques structurelles
Définition
Les politiques structurelles visent le long terme ; elles ambitionnent de rénover en
profondeur la structure d’une économie, de corriger des déséquilibres ancrés dans
son fonctionnement, souvent depuis plusieurs décennies.
170
Chapitre 9 Intervention économique de l’État
EXERCICE 2 • EXERCICE 3 • EXERCICE 4
171
Partie 4 Régulation publique en économie de marché
de cette théorie pensent que l’investissement public dans ces domaines favorise l’inno-
vation et la productivité, sources de progrès technique et donc de croissance.
2. Loi de Wagner
L’intervention de l’État a un coût. Ainsi, selon la loi de Wagner, « plus la société se civi-
lise, plus l’État est dispendieux » ( chapitre 11). Cela signifie que les dépenses publiques
augmentent avec le niveau de vie pour deux raisons :
Adolph Wagner ––dans un premier temps, l’État doit soutenir l’activité économique par la construction
(1835-1917) d’infrastructures (théorie de la croissance endogène) ;
Économiste allemand
très critique des libéraux,
––dans un second temps, l’augmentation du niveau de vie et de développement signifie
à l’origine de la théorie
des dépenses publiques de santé et d’éducation notamment plus importantes. Enfin,
de l’extension croissante les défaillances de marchés ( chapitre 5) justifient aussi l’intervention de l’État,
de l’activité publique notamment dans le domaine structurel. Si elle est nécessaire pour soutenir l’activité
avec l’industrialisation, économique, elle est coûteuse pour les finances publiques ( chapitre 8). Le degré
il a fortement influencé
le modèle bismarckien.
d’intervention de l’État est donc un choix de société.
Proposer une fiscalité avantageuse pour les entreprises réduit les recettes de l’État et
peut donc limiter ses interventions dans d’autres domaines (social, santé, éducation), ce
qui, en période de crise économique, peut faire augmenter la pauvreté et les inégalités.
172
Chapitre 9 Intervention économique de l’État
•• Dans un système économique de plus en plus mondialisé, les agents nationaux sont
tentés de se tourner vers les marchés étrangers. Stimuler la demande nationale peut
ainsi revenir à doper les importations, ce qui pèse sur la croissance et la reprise de
l’activité économique.
•• Selon l’économiste Laffer, « trop d’impôt, tue l’impôt ». Ainsi, l’augmentation des
dépenses publiques dans le cadre d’une politique de demande risque d’entraîner, à
terme, une augmentation des impôts. Les agents économiques en prévision de cela
risquent de ne pas consommer ou investir mais épargner, ce qui limite l’effet de la Arthur Laffer
politique de demande. (né en 1940)
•• Dans une perspective keynésienne, l’État doit cibler les ménages à bas revenus pour Économiste américain,
chef de file de l’école
relancer la demande. Leur propension marginale à consommer est plus forte. Mais de l’offre, fervent
cette mesure peut être perçue comme inégalitaire. Des allégements d’impôts pour défenseur de la réduction
tous les ménages ne sont pas favorables aux recettes publiques et ne relancent que des impôts, il est
peu l’économie puisque les ménages à hauts revenus se tournent vers l’épargne. également l’auteur
de la courbe qui porte
•• Enfin, le risque d’une politique de relance réside dans deux effets négatifs. Le premier, son nom et tend
appelé effet d’éviction, montre selon les néoclassiques que l’investissement public va à prouver que l’impôt
se substituer à l’investissement privé ce qui est contre-productif pour l’économie. Le est peu productif passé
second, appelé effet boule de neige, porte sur les risques de l’endettement. En effet, un certain seuil.
si le plan de relance met du temps à stimuler la croissance, le risque est que les taux
d’intérêt de la dette soit supérieur au taux de croissance, ce qui augmente mécanique-
ment la dette publique.
EXERCICE 4 • ÉTUDE DE DOCUMENTS 5
173
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.
Vrai Faux
1. Dans le carré magique de Kaldor, l’objectif d’emploi est mesuré par le nombre ∙ ∙
de CDI.
2. Les politiques conjoncturelles sont des politiques de court ou moyen ∙ ∙
terme.
3. La politique monétaire est en générale menée par un État via le ministère ∙ ∙
des finances.
4. Une politique économique expansionniste vise uniquement à relancer la ∙ ∙
consommation des ménages.
5. La politique industrielle est une politique structurelle. ∙ ∙
6. La politique d’offre et la politique de demande sont toutes deux d’inspi- ∙ ∙
ration libérale
7. Les fonctions régaliennes de l’État sont la police, la justice et l’armée. ∙ ∙
8. Selon la théorie de la croissance endogène, l’État est le moteur de la ∙ ∙
croissance économique.
174
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur
l’annexe.
1. À quel type de politique économique les politiques de grands travaux correspondent-
elles ?
2. Les politiques de grands travaux sont-elles des politiques d’offre ou de demande ?
3. Quels sont les risques d’une politique de relance ?
4. Quels sont les risques d’une politique d’offre ?
5. À quelle alternative à la politique budgétaire l’État peut-il faire appel pour réguler
l’économie ?
6. Montrez comment il est possible d’éviter les risques d’une politique budgétaire de
relance grâce à une politique monétaire restrictive.
L’État à la manœuvre
Annexe
L’idée que l’État peut stimuler l’activité économique en jouant sur la demande est
ancienne. Les politiques de grands travaux ont par exemple été très utilisées lors de
la crise de 1929, notamment aux États-Unis avec la Tennesse Valley Authority de
Roosevelt. En effet, en commandant des travaux à des entreprises désœuvrées, l’État
injecte du pouvoir d’achat dans l’économie et les entreprises sont amenées à recruter
des salariés qui, à leur tour, dépenseront plus. La politique budgétaire n’a acquis de
fondement théorique solide qu’à partir des travaux de John Maynard Keynes […] Le
grand mérite de Keynes est d’avoir montré que l’équilibre [sur le marché des biens et
services] peut fort bien s’accompagner d’un chômage durable si les prévisions pessi-
mistes des entrepreneurs les conduisent à investir insuffisamment. Seul l’État peut
rompre cet équilibre de sous-emploi en créant une demande supplémentaire, favorisée
par des dépenses publiques nouvelles ou par la diminution des impôts. Cette demande
supplémentaire a un effet puissant sur la production, grâce au mécanisme du multi-
plicateur : les dépenses publiques engendrent des revenus pour les entreprises ou les
ménages, ces dépenses entraînent une nouvelle production, d’où une nouvelle distribu-
tion de revenus. Inversement, une croissance trop rapide qui entraîne des tensions infla-
tionnistes peut être freinée par la hausse des impôts ou par la diminution des dépenses
publiques. L’État disposerait ainsi, avec le budget, d’un instrument efficace pour réguler
175
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions ci-après.
1. Quelle stratégie de sortie de crise ont adopté la majorité des pays après la crise de 2007-
2008 ?
2. Par quels instruments de politique économique les États ont-ils mené cette stratégie ?
3. Quels ont été les effets de la politique de relance menée par la France en 2009 ?
4. Comment expliquer le passage à des politiques de rigueur à partir de 2010 ?
5. Comment pouvez-vous expliquer l’échec de ces politiques de rigueur en matière de
croissance, de réduction du chômage et de réduction des déficits ?
6. Quels sont les avantages d’un plan de relance coordonné ?
7. Quels pays se sont sortis le plus rapidement de la crise ? Comment ?
– 1,5 Réalisé
– 1,5
Hors soutien budgétaire
–2
– 2,1
– 2,5
T1 T2 T3 T4
176
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
De la relance à l’austérité
Annexe 2
[Après la crise de 2007], la nécessité de pratiquer des relances s’est imposée rapi-
dement dans les différents pays, une volonté de coordination de la relance se
manifestant au sein du G20. Aux États-Unis, le plan Obama, voté en janvier 2009,
est un plan de grande ampleur (787 milliards de dollars, 5 % du PIB) reposant
essentiellement sur les dépenses publiques. En Europe, la Commission européenne
annonce un plan de relance de 200 milliards d’euro (1,5 % du PIB de l’UE) en
novembre 2008. […] La sortie de récession (retour à des taux de croissance positifs)
s’observe courant 2009. Parallèlement, les finances publiques se sont dégradées
[…]. Ainsi, bien que les taux de chômage restent élevés, les politiques budgétaires
vont alors devenir restrictives à partir de 2010. […] Le « retour de Keynes » aura
donc été de courte durée. Et plusieurs auteurs soulignent les dangers du tournant
restrictif pris par les politiques budgétaires à partir de 2010-2011. […] De son côté,
le FMI (fond monétaire international) estime que […] les effets récessionnistes des
contractions budgétaires seraient particulièrement importants. […] En Europe, les
contractions budgétaires les plus fortes concernent les pays qui sont le plus touchés
par la crise des dettes souveraines. Certains pays font face à des problèmes de soute-
nabilité de la dette parce que les déficits primaires (rapportés au PIB) ont tendance
à être trop élevés compte tenu du niveau de croissance du PIB et des taux d’intérêt
réels auxquels l’État s’endette.
Source : C. Fenet, I. Waquet, Économie, sociologie,
histoire du monde contemporain, Dunod, 2014.
Ces politiques d’austérité menées de concert ont un effet récessif déjà visible qui
était prévisible. Elles risquent de conduire à une contraction cumulative de l’ac-
tivité européenne. […] L’étude du FMI montre que dans tous les pays, depuis
30-40 ans, les effets des restrictions budgétaires sont keynésiens, c’est-à-dire
dépressifs (multiplicateurs budgétaires positifs et souvent proches de 1 ou supé-
rieur à 1). […] Dans le cas de l’Europe, le multiplicateur combiné (pour l’ensemble
de la zone euro) est même supérieur à 1 (1,3 selon l’OFCE). En d’autres termes,
si tous les pays européens prennent des mesures de rigueur budgétaire en même
temps, la contraction de l’activité sera supérieure à l’impulsion budgétaire. Par
conséquent, la conduite de politiques de rigueur budgétaire dans l’ensemble des
pays européens a des effets récessifs forts et les déficits publics ne pourront pas se
résorber de cette façon.
Source : ENS de Lyon publication Eduscol. Texte de la conférence de Jacques Le Cacheux,
« La crise économique européenne », partie 2 « La crise de la zone Euro », 11 avril 2012.
177
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances personnelles, répondez aux questions ci-après
MÉTHODE 1 relatives aux annexes.
Travail à faire
1. Que représentent les quatre axes du carré magique de Kaldor ?
2. Quelles évolutions notez-vous dans la structure de l’économie française entre 2007 et
2017 ?
3. Quel(s) type(s) de politique(s) économique(s) la France a-t-elle menée(s) pour sortir de
la crise de 2007 ?
4. La politique économique actuelle vous semble-t-elle être une politique d’offre ou de
demande ?
5. Comment pouvez-vous lier la politique de sortie de crise choisie par la France et l’évolu-
tion du carré magique de Kaldor entre 2007 et 2017 ?
6. Comment interprétez-vous la phrase soulignée dans l’annexe 3 ? Quel nom donner à ce
« cocktail » ?
7. Expliquez en quoi l’alternance de politiques de relance et de rigueur peut permettre de
compenser les effets négatifs de chacune ?
178
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
BTC
13,5
2,0
3,0
4,0
5,0
6,0
7,0
8,0
9,0
10,0
11,0
12,0
10,5 PIB = taux de variation du PIB en volume (%)
9,5
7,5 BTC = solde de la balance des transactions
6,0 courantes en % du PIB
4,5
3,0 INFL = taux de variation de l’indice des prix
1,5 à la consommation (%)
0,0 CHO = taux de chômage (%)
INFL
France 2007
France 2017
La politique est dite « budgétaire » quand les pouvoirs publics privilégient l’utilisa-
tion de l’instrument budgétaire (impôts et dépenses publiques) afin d’encourager la
consommation et l’investissement, c’est-à-dire la demande intérieure. La politique
économique est dite « monétaire » lorsque les pouvoirs publics ont recours prioritai-
rement aux instruments monétaires (quantité de monnaie en circulation et fixation
des taux d’intérêt) afin de fournir les liquidités nécessaires à la croissance de l’éco-
nomie tout en maîtrisant l’inflation et la stabilité du taux de change de la monnaie.
[…] Au total, la politique monétaire et la politique budgétaire […] peuvent être
des politiques de relance (d’inspiration keynésienne) ou de rigueur (d’inspiration
néoclassique). La politique de relance sera favorisée en période de faible croissance
et de chômage élevé. La politique de rigueur sera la solution adéquate en période
de surchauffe de l’économie, d’inflation élevée et de déficit extérieur inquiétant.
[…] En fait, les politiques conjoncturelles cherchent à atteindre simultanément les
quatre objectifs du carré magique imaginé par Nicholas Kaldor : croissance écono-
mique élevée, chômage faible, inflation maîtrisée et excédent commercial. […] Une
politique de relance de la croissance ayant pour objectif de réduire le chômage sera
179
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
180
SYNTHÈSE
Intervention économique de l’État
Équilibre
Stabilité
Emploi Croissance de la balance
des prix
des paiements
181
CHAPITRE
10 Politique économique
au sein de l’UE
PROgRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. L’Union européenne, une construction historique • 2. Les politiques
économiques conjoncturelles de l’UE • 3. Les politiques structurelles de l’UE
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
MOTS-CLÉS
• Coopération économique • Critères de convergence • Dumping • Monnaie unique
• Politique économique conjoncturelle • Politique économique structurelle •
Politique monétaire • Proportionnalité • Règle d’or budgétaire • Subsidiarité
Chapitre 10 Politique économique au sein de l’UE
183
Partie 4 Régulation publique en économie de marché
Définition
Le libre-échange est l’un des piliers de l’école néo-classique. C’est une politique
commerciale qui vise à réduire les obstacles à la libre circulation des biens et des
services. L’objectif et de parvenir à une ouverture complète des frontières afin que
les échanges internationaux s’effectuent sans entraves entre les pays.
Au-delà des facilités de circulation entre les pays membres, la CEE vise à proposer des
politiques économiques communes, notamment en matière agricole.
EXERCICE 2
184
Chapitre 10 Politique économique au sein de l’UE
http://dunod.link/hh7bksd
20000000
15000000
10000000
5000000
0
00 001 002 003 004 005 006 007 008 009 010 011 012 013 014 015 016
20 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2
Chine États-Unis Union européenne (28 pays)
185
Partie 4 Régulation publique en économie de marché
EXERCICE 3
186
Chapitre 10 Politique économique au sein de l’UE
2%
1%
0%
2000 2005 2010 2015
187
Partie 4 Régulation publique en économie de marché
La politique monétaire Après la crise de 2008 et les effets limités de la baisse des taux d’intérêt directeurs
non conventionnelle
résumée en 5 minutes :
de la BCE sur la reprise de l’économie, la BCE a décidé de mener des politiques m
onétaires
non conventionnelles :
––en ne faisant plus varier son taux directeur, durablement fixé à 0 %, permettant
de redonner confiance aux ménages et aux entreprises ;
http://dunod.link/
––en intervenant directement auprès des banques commerciales et en leur proposant un
f18186l
accès illimité aux liquidités ;
––en intervenant directement sur les marchés financiers et en achetant des titres sur
le marché secondaire, ce qu’elle s’interdisait jusqu’ici.
EXERCICE 4
188
Chapitre 10 Politique économique au sein de l’UE
6% 0%
6% 14% Compétitivité pour la croissance
3%
Cohésion économique et sociale
Croissance durable http://dunod.
link/3n0ffub
Sécurité et citoyenneté
L'Europe dans le monde
37% 34% Administration
Autres instruments spéciaux
ÉTUDE DE DOCUMENTS 5
189
Partie 4 Régulation publique en économie de marché
14
12
10
0
1960 1970 1980 1990 2000 2010 2018
Figure 10.7. Rapport entre le PIB/hab. du pays le plus riche et celui du pays le plus pauvre
de l’UE (Ameco, 2018)
L’hétérogénéité des pays membres de l’UE rend difficile la mise en œuvre des politiques
structurelles et conjoncturelles pour deux raisons :
•• Certains pays se sentent lésés par l’Union européenne. Ils jugent leur contribution au
budget commun largement inférieure aux ressources qu’ils reçoivent en retour de la
part de l’UE. La politique monétaire de la BCE devient très délicate, devant jouer entre
les pays qui ont besoin d’un euro fort et ceux qui demandent un euro plus faible par
rapport au dollar.
•• L’hétérogénéité des pays membres se fait aussi sentir sur le plan des infrastructures
(très déficitaires notamment dans les ex-pays de l’Est), sur le plan social (le salaire
minimum net est de 1 922 € au Luxembourg contre 184 € en Bulgarie) mais aussi fiscal
(les taux d’imposition ne sont pas harmonisés). D’où une concurrence entre les pays
membres qui consiste à utiliser des stratégies de dumping fiscal ou social pour attirer
les investisseurs étrangers ou être compétitifs.
Définition
Le dumping est une pratique visant à vendre un produit ou un service moins cher que
les mêmes produits ou services proposés par ses concurrents.
190
Chapitre 10 Politique économique au sein de l’UE
ARGUMENTATION STRUCTURÉE 6
191
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.
Vrai Faux
192
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
l’annexe.
1. Rappelez la définition des principes de subsidiarité et de proportionnalité.
2. Identifiez les compétences gérées par les États membres.
3. Quel est le rôle de l’UE en matière d’éducation et de formation ?
4. Citez une politique d’éducation gérée par l’UE.
Chaque État membre de l’UE est responsable de ses systèmes d’éducation et de forma-
tion. Cependant, l’Union européenne soutient les actions nationales et permet d’agir
à travers un cadre européen défini. Si des progrès considérables ont été accomplis au
cours de la dernière décennie, pour réduire par exemple le décrochage scolaire, les
défis restent nombreux. L’Union européenne doit faire face au vieillissement de la
population et aux nouveaux enjeux d’une économie de plus en plus numérisée. […]
Dès les traités de Rome, la formation professionnelle est consacrée domaine d’ac-
tion communautaire en 1957. Il faut attendre le traité de Maastricht en 1992 pour
que l’éducation soit formellement reconnue comme un domaine relevant de la
compétence européenne. Conformément au principe de subsidiarité, l’UE encourage
la coopération et la coordination entre les pays, dont elle peut compléter l’action si
nécessaire. De cette manière elle soutient, développe et met en œuvre des politiques
d’éducation et de formation tout au long de la vie. L’objectif est de permettre aux
États membres de collaborer et de tirer des enseignements les uns des autres tout en
respectant leur diversité culturelle et linguistique, et en laissant le contenu de l’ensei-
gnement et l’organisation du système éducatif sous l’entière responsabilité des États.
L’enseignement professionnel et l’enseignement supérieur font l’objet de processus
spécifiques. Initié en 1998 par quatre pays européens (France, Allemagne, Italie et
Royaume-Uni), le processus de Bologne s’est développé en 1999 dans la ville italienne
autour de 29 pays signataires qui sont aujourd’hui 48. Il vise à créer un espace euro-
péen de l’enseignement supérieur. Il s’appuie sur le système LMD (licence/master/
doctorat), mais aussi sur les crédits ECTS mis en place dans le cadre d’Erasmus.
En 2009, quatre objectifs communs au niveau de l’UE ont été établis pour relever
les défis des systèmes d’éducation et de formation d’ici à 2020. Depuis l’adoption
193
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
d’Europe 2020, la stratégie globale de l’Union qui met l’accent sur la croissance et
l’emploi, les pays européens sont engagés dans un cadre commun de coopération
dans le champ de l’éducation et de la formation. Les principaux objectifs concernent
la réduction du taux de décrochage scolaire à moins de 10 % et la progression du
taux de diplômés de l’enseignement supérieur à au moins 40 % des 30-34 ans.
En parallèle, la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne proclamée
la même année prévoit que « toute personne a droit à l’éducation ainsi qu’à l’accès
à la formation professionnelle et continue ». Programme phare de mobilité de l’UE,
le programme Erasmus+ soutient les efforts des États membres dans le domaine de
l’éducation à travers ses nombreux dispositifs. Le Socle européen des droits sociaux
(2017) prévoit également que « toute personne a droit à une éducation inclusive et
de qualité, à la formation et à l’apprentissage tout au long de la vie afin de main-
tenir et d’acquérir des compétences qui lui permettent de participer pleinement à la
vie en société et de gérer avec succès les transitions sur le marché du travail ».
www.touteleurope.eu
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
l’annexe.
1. Rappelez le mandat de la BCE en matière d’objectifs de la politique monétaire
2. De façon théorique, comment les taux directeurs influencent-ils l’inflation ?
3. Comment expliquez-vous la chute du taux d’inflation entre 2008 et 2009 ?
4. Identifiez une période où l’augmentation des taux directeurs a fait diminuer l’inflation.
Est-ce une situation normale ?
5. Déduisez du graphique la nature de la relation entre le taux directeur de la BCE et l’in-
flation dans la zone euro. Cette relation vous semble-t-elle normale ? Justifiez votre
réponse.
194
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
08
14
09
18
12
n. 17
11
20
20
20
20
20
20
20
r.
n.
il.
p.
n.
t.
av
ju
ja
oc
se
ja
ja
En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions ci-après. Rendez-vous
MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Quelle différence notez-vous entre élargissement et approfondissement (annexe 1) ?
2. Dans l’annexe 2, comment expliquez-vous l’absence de certains pays ?
3. Qu’est-ce que le dumping ?
4. En quoi un salaire minimum faible encourage-t-il les exportations ?
5. Comment la mise en place d’un marché commun était-elle censée favoriser la convergence
des économies ? Quelles solutions pouvez-vous envisager pour faciliter cette convergence ?
195
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
196
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
6 Argumentation structurée :
critères de convergence et relance ★★★ 45 mln
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez de façon structurée à la question Rendez-vous
suivante. MÉTHODE 2
Travail à faire
« En quoi les critères de convergence limitent-ils la possibilité de mettre en place des poli-
tiques de relance au sein de l’Union européenne ? »
197
SYNTHÈSE
Politique économique au sein de l’UE
28 pays
la 3e puissance commerciale
mondiale
198
PARTIE 4 : CAS DE SYNTHÈSE
Régulation publique en économie de marché
Travail à faire
1. Quel lien établissez-vous entre le solde public et la dette publique ? Justifiez alors la Rendez-vous
baisse des dépenses primaires. MÉTHODE 1
2. En quoi la baisse des cotisations patronales favorise-t-elle la croissance économique ?
Même question pour la suppression de la taxe d’habitation ?
3. Comment qualifierez-vous le budget 2019 en termes économiques.
4. Quels risques une baisse des dépenses publiques présenterait-elle en matière d’inégalités ?
5. Quel autre type de politique économique pouvez-vous proposer au gouvernement fran-
çais ? Illustrez votre propos au moyen de cas concrets.
Taux de croissance du PIB (%) 2,2 1,7 1,7 1,7 1,7 1,7
Taux de croissance des dépenses primaires 1,7 0,9 0,5 0,3 0,1 0,3
199
PARTIE 4 : CAS DE SYNTHÈSE
La philosophie générale
Le deuxième budget du quinquennat d’Emmanuel Macron est présenté comme la
continuation du premier. « L’objectif à long terme de ce budget et de toute notre
politique est de construire une nouvelle prospérité française », a expliqué Bruno Le
Maire, ministre de l’économie et des finances, en ouverture des débats, le 15 octobre.
Celle-ci, a-t-il ajouté, « ne repose pas sur toujours plus de dépense publique : elle
sera le produit de la création de valeur par les Français et par nos entreprises ».
Malgré le ralentissement de la croissance économique, l’Assemblée nationale a enté-
riné l’objectif, renouvelé cette année, du gouvernement de réduire la dette publique
de cinq points, la dépense publique de trois points et les prélèvements obligatoires
de 1 point sur le quinquennat.
Le projet de loi de finances prévoit de faire passer la dette de 98,7 % du PIB en 2018
à 98,6 % en 2019, la dépense publique de 54,6 % à 54 % et les prélèvements de 45 %
à 44,2 %. Le déficit public de la France devrait se maintenir à 2,8 % du PIB, dont
0,9 point est dû à la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’em-
ploi (CICE) en baisse pérenne de cotisations sociales.
Le budget 2019 fixe trois priorités : le travail, l’investissement, l’environnement.
Pourtant, le message a vite été brouillé. Le gouvernement vante une baisse de 6 milliards
d’euros d’impôts pour les ménages, mais sa politique continue d’apparaître inégalitaire
à une grande partie de l’opinion. Début octobre, l’Institut des politiques publiques, un
organisme de recherche indépendant, a calculé que les effets cumulés des réformes de
2018 et de 2019 mèneront à une perte de pouvoir d’achat pour les 20 % de Français les
plus modestes quand les 1 % d’ultrariches verront leurs revenus dopés de près de 6 %.
Les entreprises bénéficieront, elles, de 19 milliards d’euros de baisses d’impôts et de
cotisations. Durant les débats, la gauche a tenté de revenir sur la réforme de l’impôt
de solidarité sur la fortune, votée en 2017. La droite a proposé de défiscaliser les
heures supplémentaires. En vain dans les deux cas.
De nombreuses mesures, comme l’augmentation de la contribution sociale généra-
lisée (CSG) pour les retraités et la revalorisation limitée de leurs pensions (+ 0,3 %
pour une inflation estimée à 1,3 %), figurent dans le projet de loi de financement
de la Sécurité sociale. Ce texte, porté par la ministre de la santé, Agnès Buzyn, est
examiné par l’Assemblée nationale depuis mardi 23 octobre 2018.
200
PARTIE 4 : CAS DE SYNTHÈSE
Petites taxes
C’est une spécialité française : près de deux cents impôts particuliers (sur les farines,
les résidences mobiles terrestres ou sur les poinçonnages et essais des métaux
précieux…) rapportent moins de 150 millions d’euros. À la demande du gouver-
nement, vingt ont été supprimées pour 2019 et l’Assemblée nationale en a ajouté
quelques-unes à la liste.
Source : Benoît Floc’h, Le Monde, 23 octobre 2018.
Le budget 2019 maintient les lignes directrices du budget de l’année précédente […]
La fiscalité sur les plus riches a déjà été réduite, bien que l’acceptation des contraintes
européennes impose de réduire progressivement le déficit public. La hausse de
la taxation écologique et les mesures amenuisant la protection sociale financent
la baisse de la taxe d’habitation et celle des cotisations des salariés. La réduction des
dépenses publiques se heurte à des contraintes économiques et sociales, il reste peu
de marges de manœuvre pour réduire la fiscalité des entreprises. […]
201
PARTIE 4 : CAS DE SYNTHÈSE
européennes, a financé les réductions d’impôts sur les plus riches par une hausse de
la fiscalité indirecte et par des ponctions sur les retraités, particulièrement importantes
au premier trimestre 2018. En glissement annuel, au deuxième trimestre 2018, la crois-
sance aura été de 1,7 % en France, contre 2,1 % dans la zone euro […]. La consomma-
tion des ménages n’a progressé que de 0,7 % ; leur FBCF de 2 %. La consommation des
administrations a progressé de 1,1 % ; leur FBCF de 1,2 %. La FBCF des entreprises a
progressé de 4,2 % ; la contribution du commerce extérieur a été positive de 0,2 point de
PIB. La hausse de la FBCF des entreprises n’a pas compensé la pression sur la consom-
mation des ménages et les dépenses publiques. En prévision, le PIB devrait augmenter
de 1,7 % en 2018 (en moyenne annuelle, soit 1,3 % en glissement) avec un rebond de la
consommation attendu au quatrième trimestre, du fait de la hausse des salaires nets et
de la baisse de la taxe d’habitation. […]
Le pouvoir d’achat du revenu des ménages est passé d’un taux de croissance de 0,4 %
au troisième trimestre 2017 à 0,2 au quatrième trimestre 2017 (hausse de l’infla-
tion) puis à – 0,5 % au premier trimestre 2018 (hausse de la CSG, hausse des taxes
indirectes). Il devrait repartir ensuite : 0,7 % au deuxième trimestre (baisse de l’ISF),
0,5 % au troisième trimestre et surtout 1,7 % au quatrième) avec un ralentissement
de l’inflation et les baisses de cotisations salariés et de la taxe d’habitation. […]
[…] En 2017, l’emploi a augmenté de 349 000 (soit + 357 000 dans le privé, et – 7 000
dans le public). Le ralentissement a été net au premier semestre 2018 où l’emploi
n’a progressé que de 60 000 (soit + 72 000 dans le privé, – 12 000 dans le public). On
s’attend à 120 000 emplois créées dans l’année, soit le volume requis pour absorber
la hausse de la population active, pas pour faire baisser le chômage. […]
202
PARTIE 4 : CAS DE SYNTHÈSE
2 Argumentation structurée
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez de manière structurée à la question Rendez-vous
suivante.
MÉTHODE 2
Travail à faire
« Les politiques conjoncturelles sont-elles efficaces dans le contexte européen ? ».
203
CHAPITRE
11 Croissance
et développement :
formes et finalités
PROgRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Croissance économique et fluctuations de l’activité • 2. Développement(s)
économique, humain et durable • 3. Couple croissance-développement
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
MOTS-CLÉS
Croissance effective • Croissance potentielle • Cycle économique • Développement
durable • Expansion • Niveau de vie • Output gap • PIB potentiel • Soutenabilité
• Taux de croissance potentiel
Chapitre 11 Croissance et développement : formes et finalité
205
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux
Il existe plusieurs types de cycles, plus ou moins longs, mis en évidence à différentes
époques (tab. 11.1).
Cycles courts
Cycles longs
Cycles des affaires Cycles ultra-courts
A Développement économique
Définition
Le développement économique est un phénomène qualitatif observable sur une
longue période consistant en une « combinaison des changements mentaux et
sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et dura-
blement, son produit réel global » (F. Perroux).
206
Chapitre 11 Croissance et développement : formes et finalité
Exemple
◗◗ L’évolution du PIB par habitant ou du revenu national brut par habitant (PIB – Revenus des
facteurs de production envoyés au Reste du monde + Revenus des facteurs de production
provenant du reste du monde), l’évolution de l’espérance de vie, le taux de scolarisation, ou
encore part des services à forte valeur ajoutée dans la richesse produite (tertiairisation de
l’économie) sont autant d’indicateurs du développement économique. ◗
C Développement durable
Définition
Le développement durable ( chapitre 14) est une forme de « développement qui
permet de répondre aux besoins des générations présentes sans compromettre la
capacité des générations futures à satisfaire les leurs » (Rapport Brundtland, 1987).
3 Couple croissance-développement
Croissance et développements économique, humain, durable sont parfois associés. La
croissance économique suscite nombre d’attentes. Cependant, son caractère soute-
nable ou durable fait l’objet d’âpres débats ( chapitre 13).
A Finalités de la croissance
La croissance est un phénomène quantitatif durable recherché pour ses retombées posi-
tives, supposées ou avérées.
207
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux
La mesure du PIB selon l’approche par les revenus primaires montre ce lien ( chapitre 3) :
Le PIB (ou revenu) par habitant augmente au cours de la première phase de dévelop-
pement, sans bénéficier à l’ensemble de la population dans un premier temps. Dans un
second temps, le capital humain est mieux valorisé, la répartition primaire des revenus
208
Chapitre 11 Croissance et développement : formes et finalité
La soutenabilité renvoie à l’idée d’une croissance compatible avec le bien-être des popu-
lations présentes et futures. Publié à l’automne 2009, le rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi
est consacré à la mesure de la performance économique et du progrès social. Il dis- http://dunod.
tingue soutenabilité économique, bien-être courant et soutenabilité environnementale link/5p1202z
( chapitre 13).
209
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. La croissance économique :
a. se caractérise par une expansion. ∙
b. se traduit par une augmentation de la richesse produite à long terme. ∙
c. est un indicateur qualitatif. ∙
d. se mesure à l’aide du PIB potentiel en volume. ∙
2. Un écart de production, ou « output gap », positif signifie que :
a. la croissance potentielle est supérieure à la croissance effective. ∙
b. la croissance potentielle est inférieure à la croissance effective. ∙
c. le pays est dans la phase ascendante (expansion) du cycle économique. ∙
3. Les cycles courts sont nommés :
a. Kondratiev. ∙
b. Kitchin. ∙
c. Juglar. ∙
4. Les cycles Juglar sont expliqués :
a. par les variations de stocks des entreprises. ∙
b. par l’arrivée d’une grappe d’innovations. ∙
c. par des variations d’investissement. ∙
5. Le développement durable :
a. fut défini par A. Sen. ∙
b. se mesure par l’IDH. ∙
c. s’appuie sur trois piliers : le pilier économique, social et environnemental. ∙
d. se confond avec le développement économique. ∙
6. La croissance économique :
a. a permis le développement économique des pays. ∙
b. se traduit systématiquement par une baisse des inégalités au sein du pays. ∙
c. a permis une amélioration du niveau de vie moyen de la population. ∙
7. La croissance économique :
a. permet la baisse du chômage selon la loi d’Okun. ∙
b. augmente systématiquement le PIB par habitant. ∙
c. permet à l’État de se désengager de l’économie. ∙
210
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
10
50
56
62
2
74
20
20
19
19
19
19
19
19
19
19
19
211
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
7,0%
5,5 %
6,0%
Sur la période 1974-
5,0%
1999, la croissance
potentielle est 4,0%
en moyenne de 2,5 %, 3,0% 2,5 %
2,0 %
la contribution du 2,0% 1,25 %
facteur travail est de 1,0%
− 0,2 % (barre bleue),
0,0%
celle du capital de 1,0 % 2011-2020
– 1,0% 1961-1973 1974-1999 2000-2007
(barre violette), celle 2008-2010
de la PGF de 1,5 % (barre – 2,0%
1961 1966 1971 1976 1981 1986 1991 1996 2001 2006 2011 2016
verte). Source : Insee,
estimations du Trésor. Contribution du travail Contribution Contribution du capital Croissance
de la productivité potentielle
globale des facteurs (PGF)
212
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
1,0
0,5
0,0
– 0,5
− 1,0
FRA DEU ITA ESP USA GBR
1981
1983
1985
1987
1989
1991
1993
1995
1997
1999
2001
2003
2005
2007
2009
2011
2013
2015
213
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
10
Les formes particulières
d’emploi incluent
5
les CDD et les
contrats saisonniers
ainsi que l’interim 0
et l’apprentissage.
−5
− 10
1983 1986 1989 1992 1995 1998 2001 2004 2007 2010 2013
Rendez-vous Vous proposerez une réponse structurée comportant une introduction, un plan détaillé
MÉTHODE 2 et une conclusion permettant répondre à la question ci-après.
Travail à faire
« Une croissance économique soutenue et stable doit-elle être le principal objectif écono-
mique des pouvoirs publics ? »
214
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
La première économie européenne a connu l’an dernier la plus forte hausse de son
PIB depuis six ans. Certains experts s’inquiètent d’un risque de surchauffe.
La machine allemande tourne à un rythme de plus en plus soutenu, et risque la
surchauffe, redoutent certains économistes. La première économie européenne a
enregistré, en 2017, une croissance de 2,2 %, contre 1,9 % l’année précédente,
a annoncé, jeudi 11 janvier, l’institut fédéral de statistiques Destatis. C’est la plus
forte hausse de son produit intérieur brut (PIB) depuis six ans. « La croissance alle-
mande a été presque 1 point au-dessus de la moyenne de la dernière décennie », a
déclaré, jeudi matin à Berlin, Albert Braakmann, directeur du département comp-
tabilité nationale de Destatis.
Comme les années précédentes, la consommation a joué un rôle important dans cette
croissance, grâce à la hausse globale des revenus. Et la construction, qui continue de
profiter des faibles taux d’intérêt, a bondi de 2,6 %. L’année 2017 signe aussi le grand
retour du commerce extérieur, qui avait joué un rôle mineur dans les composantes de
la croissance l’an dernier. Profitant de l’amélioration de la conjoncture dans la zone
euro et dans le reste du monde, l’industrie exportatrice a progressé plus rapidement
que les autres secteurs de l’économie et elle commence à augmenter ses capacités de
production. Les exportations ont progressé de 4,7 %, les importations de 5,2 %. Les
dépenses de l’État, elles, ont évolué moins vite que les autres secteurs (+ 1,4 %).
Dans ce contexte, l’État a pu remplir copieusement ses caisses. L’excédent budgétaire
pour 2017 s’élève à 1,2 % du PIB, soit 38,4 milliards d’euros, contre 25,7 en 2016.
215
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
216
SYNTHÈSE
Croissance et développement : formes et finalités
Développement(s)
Le développement peut être économique, humain, durable.
Couple croissance-développement
Finalités de la croissance économique
Développement
économique, humain,
durable supposant la soutenabilité
de la croissance
217
CHAPITRE
12 Potentiel de croissance
économique
PROgRAMME
PRÉREqUIS
Création de richesse (chapitre 2) • Défaillances de marché et complémentarité État-marché (chapitre 5)
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Le rôle des facteurs de production • 2. Le rôle du progrès technique •
3. Les théories de la croissance endogène
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
A ccroître la richesse d’un pays est l’un des objectifs essentiels de la politique écono-
mique. L’identification des déterminants de la croissance économique constitue un
préalable à toute recherche de croissance.
Une première approche considère l’augmentation de la quantité de facteurs de produc-
tion comme une source essentielle de croissance. Cette approche est cependant res-
trictive et elle ne se vérifie pas toujours dans la pratique. Certains pays n’augmentent
pas particulièrement leur quantité de facteurs de production disponibles et connaissent
cependant une croissance économique durable, essentiellement grâce à l’amélioration
de la productivité globale des facteurs permise par le progrès technique, ce qu’étudient
particulièrement les théories de la croissance endogène.
MOTS-CLÉS
Capital • Capital humain • Capital public • Croissance • Croissance endogène
• Cycles Kondratiev • Gains de productivité • Innovation • Progrès technique
• Productivité globale des facteurs • Travail
Chapitre 12 Potentiel de croissance économique
Ensemble des capacités physiques et intellectuelles que Capital technique fixe ( chapitre 2).
les hommes mettent en œuvre pour produire des biens
et services nécessaires à la satisfaction de leurs besoins.
Les variations de la quantité de travail résultent de : Les variations de la quantité de capital résultent de :
–– la variation de la population active occupée ; –– la variation du stock de capital en relation avec
–– la variation de la durée du travail ; l’investissement ;
–– la variation du taux d’activité. –– la variation du taux d’utilisation du capital ;
–– la variation de la durée d’utilisation du capital.
Les variations de la qualité de travail résultent d’un La qualité du capital dépend des technologies
accroissement de la productivité du travail ( cha- qui sont intégrées dans le capital et, notamment,
pitre 2) lié à l’éducation, l’âge de la population, aux de l’âge de ce capital (ex. : machines vieillissantes
migrations entre secteurs, à une meilleure organisa- ou, au contraire, neuves).
tion du travail…
À la croissance extensive, obtenue par une augmentation de la quantité utilisée de fac-
teurs de production, s’oppose une croissance intensive permise par des gains de produc-
tivité, une plus grande efficacité de la combinaison productive.
219
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux
1. La théorie de Malthus
La raréfaction de certaines ressources naturelles face à une population qui augmente
serait à l’origine de l’essoufflement de la croissance économique. Selon Malthus, dans
son Essai sur le principe de population (1798), la population croît plus vite que les moyens
Thomas Robert
Malthus (1766-1834) de subsistance. Cette surpopulation aurait pour conséquences des guerres ou famines,
Économiste classique d’où des restrictions morales.
anglais, il s’est
intéressé à l’étude des 2. La théorie de Ricardo
populations, voyant L’analyse de Malthus est reprise et prolongée par Ricardo, économiste britannique clas-
dans la misère une utilité
sociale et économique, sique, qui annonce l’arrivée d’une stagnation économique durable. Selon lui, le rendement
mais aussi à la des terres est décroissant car cette ressource naturelle est rare. Les nouvelles terres mises
croissance, contestant en culture seraient moins productives que celles qui étaient déjà exploitées. En reprenant
notamment les postulats
l’analyse de Malthus sur la population, Ricardo montre que l’accroissement de la popula-
de Say et de Ricardo.
tion entraîne la mise en culture de terres moins fertiles et une augmentation du prix du
David Ricardo blé produit moins efficacement. Le salaire des travailleurs doit alors augmenter pour qu’ils
(1772-1823) satisfassent leur besoin primaire, ce qui réduit le profit des entreprises qui investissent
Économiste britannique moins. La richesse produite cesse d’augmenter et le potentiel de croissance diminue.
de l’école classique,
suivant les traces d’Adam Ce pessimisme lié à la raréfaction des ressources naturelles face à une augmentation de
Smith, Ricardo s’est la population sera repris en 1972 dans le rapport dit « Meadows », Halte à la croissance.
intéressé à la répartition
des revenus et à la
création de valeur. Il a C La contribution de la quantité des facteurs de production
également théorisé les
avantages relatifs ou à la croissance : travaux empiriques
concurrentiels, argument
phare en faveur du Carré, Dubois et Malinvaud dans La croissance française présentent, en 1972, le résultat
libre-échange et de la d’une étude de la contribution des facteurs de production à la croissance économique
spécialisation.
en France au cours des Trente Glorieuses ( chapitre 11). Ils analysent le pouvoir expli-
catif des deux facteurs de production que sont le capital et le travail et constatent :
––que l’augmentation de la quantité et de la qualité (mesurée par l’âge et l’instruction)
du facteur travail a un effet négligeable sur la croissance économique de 1951 à 1969
en France ;
––que l’accroissement de la quantité de facteur capital a eu un impact sur la croissance
économique ;
––que plus de 50 % de la croissance économique n’est pas expliquée par l’accroissement de
la quantité de facteurs de production utilisés. On parle de « résidu », celui-ci étant souvent
considéré comme le fruit du progrès technique et de la productivité globale des facteurs.
Plus récemment, les travaux de la direction générale du Trésor français montrent éga-
lement la contribution conséquente de ce résidu dénommé « productivité globale des
facteurs » (PGF) sur la croissance économique ( chapitre 11).
Définition
La productivité globale des facteurs (PGF) mesure la contribution à la croissance de
la « qualité » du capital et du travail, c’est-à-dire le progrès technique au sens large.
EXERCICE 2
220
Chapitre 12 Potentiel de croissance économique
221
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux
222
Chapitre 12 Potentiel de croissance économique
Technologies
Machine à vapeur Chemin de fer Électricité Automobile de l’information
Textile Acier Chimie Aéronautique Biotechnologies
223
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux
A Les postulats
Plus optimistes que Schumpeter et les tenants de la stagnation séculaire, les théoriciens
de la croissance endogène insistent sur le caractère autoentretenu du phénomène de
croissance. Dans le modèle de Solow, le progrès technique était exogène, c’est-à-dire
qu’il n’était pas expliqué par le modèle. Le progrès technique était considéré comme
un facteur sur lequel on ne pouvait pas a priori agir, une « manne tombée du ciel ». Les
travaux des théoriciens de la croissance endogène montrent que le progrès technique
est produit par le système économique lui-même.
Différents facteurs semblent jouer sur la croissance économique et la faciliter, créant
un cercle vertueux et expliquant pourquoi certains pays semblent en retrait (fig. 12.3).
Ces différents facteurs de croissance occasionnent des externalités positives ( cha-
pitre 3). La mise en œuvre de politiques structurelles de l’État serait, par conséquent,
envisageable et même souhaitable pour pallier les défaillances de marché.
Externalités positives
Croissance économique Revenus
Hausse de la productivité
(progrès technique)
Investissements
(accumulation du capital)
224
Chapitre 12 Potentiel de croissance économique
sur l’importance de la circulation des idées innovantes ; plus ce stock de capital est
important, plus la croissance est importante.
2. Lucas (1988)
Économiste américain, Lucas met en avant le rôle de l’accumulation de capital humain.
Le capital humain est un concept développé par l’économiste américain Schultz en 1962
et repris dans la théorie du capital humain de son compatriote Becker. Il correspond
au stock de connaissances valorisables économiquement et incorporées aux individus.
Schultz distingue cinq facteurs influençant le capital humain : la santé, l’apprentissage,
la formation scolaire initiale, la formation continue et les migrations. Le capital humain
d’un individu profite à l’ensemble de la société ; il est à l’origine d’externalités positives
( chapitres 3 et 5). Le rôle de l’État consiste à favoriser l’accès à l’éducation, à pro-
mouvoir les politiques de santé publique, la formation continue, etc., ce qui démontre
le rôle essentiel des investissements publics. Ce capital humain devient ainsi un facteur
de production à part entière.
3. Barro (1990)
Économiste américain, Barro insiste sur l’importance des efforts de recherche et déve- CHIFFRE-CLÉ
loppement (R&D, 1990), indispensables à la croissance car ils augmentent le stock de
3 % du PIB
connaissances dont l’ensemble de la population bénéficie. Comme les connaissances
minimum :
issues de la recherche et développement sont un bien non exclusif ( chapitre 5), il est c’est l’objectif des
nécessaire de créer des mécanismes incitatifs pour les entreprises (ex. : mise en œuvre dépenses de R&D de
de brevets, de subventions à la R&D…). la stratégie Union
Barro insiste également sur l’influence des infrastructures publiques (transport, commu- européenne 2020
nication) ; ces dépenses stimulent la croissance et améliorent l’efficacité de la production pour une croissance
intelligente, durable
des entreprises privées (gains de productivité). Il s’agit cependant de biens publics non
et inclusive.
exclusifs et non rivaux expliquant la nécessaire intervention de l’État ( chapitres 8 et 9).
CHIFFRE-CLÉ
225
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. La croissance économique provient :
a. de la quantité de facteurs de production disponible au sein de l’économie. ∙
b. essentiellement d’un résidu qui ne s’explique pas par la quantité
de facteurs de production. ∙
c. essentiellement de l’augmentation de la population active. ∙
2. Une croissance extensive repose :
a. sur l’amélioration de la qualité des facteurs de production. ∙
b. sur l’amélioration de la quantité des facteurs de production. ∙
c. sur l’obtention de gains de productivité. ∙
3. Le progrès technique :
a. se mesure par l’évolution de la productivité globale des facteurs. ∙
b. s’appuie essentiellement sur les innovations de produits. ∙
c. est l’un des principaux déterminants de la croissance économique. ∙
4. Schumpeter :
a. explique l’existence de cycles Juglar. ∙
b. est à l’origine du « concept de destruction créatrice ». ∙
c. considère que nous devrions connaître une croissance durable (pérenne). ∙
5. Parmi les principaux auteurs des théories de la croissance endogène, nous avons :
a. Solow ∙ c. Malthus ∙
b. Barro ∙ d. Aghion. ∙
6. La croissance économique selon les théories de la croissance endogène :
a. provient du progrès technique qui est une « manne tombée du ciel ». ∙
b. suppose que l’État n’intervienne pas dans l’économie. ∙
c. s’appuie sur le stock de capital humain, physique, public, technologique. ∙
7. Selon Solow :
a. l’économie pourrait tendre vers un État stationnaire. ∙
b. le progrès technique est un facteur endogène de son modèle. ∙
c. les pays devraient converger en termes de développement
en l’absence de progrès technique. ∙
226
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Auteurs Concept
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
l’annexe.
1. Définissez les concepts de croissance économique et de productivité horaire du travail.
2. Identifiez-vous une relation entre les deux indicateurs étudiés ? Expliquez ce méca-
nisme.
3. Pouvez-vous identifier différentes phases sur ce graphique ?
4. Quelles variables économiques peuvent avoir une influence sur la productivité horaire du
travail ?
227
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à
l’annexe.
1. Proposez une définition du capital humain. À quels auteurs pourriez-vous lier ce
concept ?
2. Montrez en quoi l’augmentation du stock de capital humain d’une nation peut être
source d’externalités positives.
3. Expliquez le lien entre le niveau de capital humain et la croissance économique.
4. Quelles mesures concrètes les pouvoirs publics peuvent-ils prendre pour favoriser le
développement du capital humain de leur pays ?
228
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Un rapport publié aujourd’hui dans la revue The Lancet fait le lien, chiffres à l’ap-
pui, entre investissements dans la santé et l’éducation et croissance du PIB.
Investir dans la santé et l’éducation est la meilleure manière d’assurer une bonne
croissance économique à long terme. C’est en tout cas la conclusion d’une étude
pilotée par l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) – un organisme
statistique de l’université de Washington, financé par la Fondation Bill-et-Melinda-
Gates – et publiée ce mardi dans la revue scientifique The Lancet.
En mesurant pour la première fois le capital humain de chaque pays et en le compa-
rant à celui qu’il possédait en 1990, le rapport conclut à une « corrélation entre
les investissements en matière d’éducation et de santé et une meilleure croissance
du PIB ». Ce nouvel indicateur combine « les compétences, les expériences et le
savoir » d’une population avec son état de santé, pour en mesurer la contribution
à la croissance économique. Il est exprimé en nombre d’années, pendant lesquelles
« on estime qu’une personne peut travailler au cours de sa période de productivité
maximale », c’est-à-dire en étant bien formée et en bonne santé.
Déclin américain
Les États-Unis ont eux chuté depuis 1990 du 6e au 27e rang, victimes d’une
baisse du nombre d’années de scolarité effective. Au contraire, la Turquie a
connu la plus forte progression depuis cette date. Les autres améliorations les
plus significatives concernent la Chine, le Brésil ou l’Arabie Saoudite. Autant
de pays qui ont aussi enregistré une forte croissance de leur PIB par habitant.
La notion de capital humain, […] a été largement utilisée dans le secteur des
ressources humaines pour accroître la productivité des entreprises. « L’idée de départ
229
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
230
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Vous proposerez une réponse structurée comportant une introduction, un plan détaillé Rendez-vous
et une conclusion permettant répondre à la question suivante.
MÉTHODE 2
Travail à faire
« La croissance économique peut-elle être durable et soutenue ? »
231
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
232
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Mais personne n’est en mesure de prédire les futures innovations qui peuvent
révolutionner notre monde et apporter une nouvelle vague de forte productivité !
Ma prédiction ne va pas plus loin que les vingt-cinq prochaines années, période
pour laquelle les innovations qui vont se développer sont déjà là : la voiture sans
chauffeur, l’imprimante 3D, les petits robots, l’intelligence artificielle, etc. […] elles
seront source de gains de productivité mais de gains faibles. Par exemple le big data
sert surtout aujourd’hui les stratégies marketing des grandes entreprises, ce qui leur
permet de se prendre des parts de marchés les unes aux autres, un jeu à somme
nulle.
Quel que soit le niveau de productivité que nous aurons, vous insistez sur le fait
que peu en profiteront du fait du niveau des inégalités.
[…] Le 1 % les plus riches continue à s’approprier une part significative du revenu
national, tandis que la situation en bas de l’échelle ne s’améliore pas. Il y a
aujourd’hui un mouvement qui pousse à l’augmentation du salaire minimum aux
États-Unis. C’est positif, mais cela restera insuffisant pour remettre vraiment en
cause la hausse des inégalités.
Avons-nous vraiment besoin de productivité et de croissance pour améliorer
notre niveau de vie ?
Il y a bien entendu des progrès qui ne sont pas comptabilisés dans la productivité et
le produit intérieur brut (PIB). […] La réduction de la mortalité infantile, par exemple,
n’était pas dans les statistiques. Si nous arrivons demain à un air plus propre, cela ne
sera pas inclus non plus dans nos mesures, mais cela ne jouera pas plus qu’avant.
Nous pouvons donc être plus heureux même sans croissance ?
Je ne le crois pas. Dans une société sans croissance, faire des progrès d’un côté signifie
que certains perdent de l’autre. Seule la croissance de la productivité permet à tous de
gagner. Par exemple, pour lutter contre les inégalités, il faut accroître la scolarisation
précoce, mais comment la financer si la progression des revenus est faible ?
Partagez-vous alors le diagnostic de Daniel Cohen qui affirme que sans crois-
sance, c’est l’idée de progrès qui disparaît ?
[…] Je ne partage pas l’enthousiasme des « technoptimistes ». Je pense que notre
niveau de vie connaîtra des évolutions plus que des révolutions. Mais nous conti-
nuerons à faire de lents progrès.
Zoom sur l’ouvrage de R. Gordon, La croissance est derrière nous
[…] Robert Gordon relance le débat sur l’avenir de la croissance et des innovations
avec un livre magistral de plus de 700 pages. Il y refait l’histoire de la croissance et
des transformations du niveau de vie aux États-Unis de 1870 à nos jours. […] Que
l’on adhère ou pas aux analyses de Gordon, on se délecte à la lecture de ce livre qui
nous plonge dans les ressorts de la croissance à long terme.
Propos recueillis par Christian Chavagneux,
Alternatives économiques, n° 353, janvier 2016
233
SYNTHÈSE
Potentiel de croissance économique
234
CHAPITRE
13 Croissance économique
et développement
durable
PROgRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les trois dimensions du développement durable • 2. La prise en compte de
l’environnement par l’économie • 3. La croissance économique est-elle soutenable ?
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
D epuis les débuts de l’industrialisation, la croissance est basée sur l’utilisation d’éner-
gies fossiles aux conséquences néfastes pour l’environnement. Qu’est-ce que le déve-
loppement durable ? Une croissance respectueuse de l’environnement est-elle possible ?
MOTS-CLÉS
Bien environnemental • Coût de transaction • Développement durable • Écologie
• Économie circulaire • Économie des fonctionnalités • Transition énergétique • Soutenabilité
• Pollution • Ressources non renouvelables • Services écosystémiques • Transition énergétique
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux
Dimension Durabilité
économique
Dimension Dimension
sociale écologique
Le développement ne peut être qualifié de durable que s’il satisfait à une triple obligation :
•• Sociale. Il doit satisfaire les besoins essentiels de la vie en réduisant les inégalités
entre les individus et les disparités régionales.
•• Économique. Il doit créer des richesses et améliorer les conditions de vie matérielles.
•• Écologique. Les deux premiers objectifs doivent être atteints en préservant la diver-
sité des espèces, le climat et les ressources naturelles.
Le développement durable doit tenter de répondre à ces trois conditions en combinant
une dimension équitable (création de richesses sans créer trop d’inégalités), vivable
(satisfaction des besoins essentiels à la vie tout en préservant l’environnement) et viable
(création de richesse matérielle tout en préservant l’environnement).
EXERCICE 2 • EXERCICE 3
236
Chapitre 13 Croissance économique et développement durable
237
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux
Selon Coase ( chapitre 5), si les droits de propriété sur le bien environnemental sont
bien définis, si on peut clairement identifier les pollueurs et les victimes de la pollution
et si les coûts de transaction sont nuls alors les externalités peuvent être réglées par la
négociation (forme de coût de transaction) :
––d’une compensation monétaire venant indemniser le dommage subi par les pollués
(principe du « pollueur-payeur ») ;
––du financement des coûts de dépollution.
Définition
Les coûts de transaction recouvrent tous les coûts liés à l’échange économique
(coûts de formalisation du contrat, coûts de recrutements ou coûts de contrôle
post-transaction).
La solution proposée par Coase est libérale ; elle exclut toute intervention de l’État. Le
marché retrouve son optimalité puisque la défaillance révélée par les externalités néga-
tives est annulée sans intervention externe.
Exemple
◗◗Une usine rejette ses déchets dans un étang privé. Le propriétaire de l’usine peut négocier
une compensation avec le propriétaire du lac :
–– soit le propriétaire de l’usine dédommage le propriétaire du lac pour la pollution engendrée ;
–– soit le propriétaire du lac paie celui de l’usine pour qu’il cesse la pollution (ce choix
dépend du détenteur des droits de propriété). ◗
238
Chapitre 13 Croissance économique et développement durable
Les échanges de droits à polluer (permis d’émission) consistent en la création d’un nou-
veau marché.
À partir d’une approche institutionnaliste, Ostrom (1933-2012) remet en cause l’exis- Elinor Ostrom
(1933-2012)
tence d’une solution unique passant par le marché. En mobilisant de nombreuses études
Économiste américaine,
de cas, elle explique que la tragédie des communs n’est pas une fatalité, et qu’il existe une distinguée en 2009
alternative aux droits de propriétés individuels et à une intervention étatique. Elle montre par le prix Nobel
que des groupes ont réussi à gérer des ressources communes par une action collective. d’économie, au côté de
Williamson, pour ses
recherches sur les biens
EXERCICE 4 • ÉTUDE DE DOCUMENTS 5
communs, elle adopte
une vision décentralisée
des décisions politiques.
239
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux
http://dunod.link/
• L’économie circulaire consiste à mettre en avant une prévention et une gestion
hq4o22k efficace des ressources de la production à la gestion des déchets en passant par la
consommation. Elle vise à développer des circuits courts, locaux.
• L’économie des fonctionnalités vise à remplacer la notion de vente du bien par
celle de vente de l’usage du bien (ex. : Michelin ne vend plus des pneus mais des
kilomètres parcourus).
ÉTUDE DE DOCUMENTS 5
240
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.
Vrai Faux
1. Le développement durable est un concept de court terme. ∙ ∙
2. Le développement durable est au croisement de trois sphères : ∙ ∙
société, économie et environnement.
3. La croissance économique mondiale repose en grande partie sur ∙ ∙
l’utilisation de ressources renouvelables.
4. La « tragédie des biens communs » est rendue possible par la présence ∙ ∙
de ressources limitées.
5. Face aux externalités négatives, Coase propose une intervention ∙ ∙
de l’État.
6. Pour les néoclassiques, la pollution de la nature peut être monétisée. ∙ ∙
7. Pour l’économie écologique, la nature n’est pas soluble dans le ∙ ∙
marché.
8. Selon le principe de précaution, il faut essayer les choses même sans ∙ ∙
certitudes scientifiques.
9. La culture d’OGM est autorisée en France. ∙ ∙
10. Selon la soutenabilité faible, la pollution peut être compensée par ∙ ∙
le progrès technique.
241
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, vous répondrez aux questions
ci-après.
1. Qu’est-ce que le développement durable ?
2. Quelles sont les trois dimensions du développement durable ?
3. À quelle dimension du développement durable chacun des neuf défis stratégiques
énoncés dans l’annexe se rattache-t-il ? Illustrez chacun d’entre eux par des exemples.
242
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, vous répondrez aux ques-
tions ci-après.
1. Calculez en pourcentage la baisse des émissions de CO2 des véhicules neufs entre 2005
et 2015.
2. À quel type de politique environnementale l’annexe 1 correspond-elle ? En quoi cela
a-t-il eu un effet sur le comportement des acheteurs ?
3. Quel est l’objectif de la mise en place d’un péage urbain ?
4. À quel type de politique environnementale la mise en place d’un péage urbain corres-
pond-elle ? Quel en a été l’effet sur le comportement des automobilistes ?
5. Citez deux effets positifs et deux effets négatifs de la mise en place d’une norme de pol-
lution en matière de croissance économique ?
6. Citez deux effets positifs et deux effets négatifs de la mise en place d’une taxe en matière
de croissance économique ?
7. Quel(s) autre(s) instrument(s) pouvons-nous envisager pour limiter la pollution ?
243
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions ci-
MÉTHODE 1 après.
Travail à faire
1. Donnez une définition du développement durable. Insistez sur le caractère pluri-
dimensionnel de cette notion.
2. En quoi la croissance économique est-elle responsable des émissions de gaz à effet de
serre ?
3. Expliquez les trois étapes de la courbe environnementale de Kuznets (annexe 3).
4. À l’aide de l’annexe 4, quelles critiques pouvez-vous adresser à cette courbe ?
5. Expliquer le fonctionnement du marché européen du carbone.
6. Comment l’imposition de taxes environnementales peut-elle favoriser la croissance
économique ?
244
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
7.
Quelles sont les limites et les opportunités du développement durable en matière de
croissance économique ?
8. Face au changement climatique, la croissance économique est-elle toujours néces-
saire ?
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
14
10
16
13
12
15
17
11
20
20
20
20
20
20
20
20
n
n
Ja
Ja
Ja
Ja
Ja
Ja
Ja
Ja
Recettes fiscales liées à l’environnement en 2012 (OCDE, 2015)
Annexe 2
0
OCDE
HUN
DNK
CAN
SWE
SVN
NLD
GRC
DEU
GBR
CHE
AUT
USA
POL
FRA
SVK
CZE
PRT
ESP
EST
BEL
FIN
ITA
IRL
245
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Point d’inflation
Pollution
réduite
Pollution
croissance
246
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
0
00
00
00
00
00
00
00
00
00
70
10
20
30
40
50
60
80
90
247
SYNTHÈSE
Croissance économique et développement durable
Dimension Dimension
sociale économique
Dimension
écologique
248
CHAPITRE
14 Ouverture internationale
et croissance économique
PROgRAMME
Compétences attendues Savoirs associés
• Distinguer internationalisation • Internationalisation, mondialisation
et mondialisation • Échanges internationaux : inter et intra-
• Caractériser les principaux flux branche, intrafirme, intrarégionaux
d’échanges • Régulation du commerce mondial :
• Expliquer le rôle des FMN et de la division organisation et principes
internationale des processus de production
dans la dynamique des échanges
• Intégration économique régionale
• Investissement direct à l’étranger (IDE)
• Justifier la défense du libre-échange
• Firmes multinationales, division
et les motivations protectionnistes
internationale des processus de
• Identifier les différentes modalités production et chaînes de valeur mondiales
du protectionnisme
• Libre-échange : définition, principales
• Identifier les principaux soldes de théories, conséquences.
la balance des paiements d’une nation
• Protectionnisme : définition, modalités,
• Analyser la situation extérieure d’un principales théories, conséquences
pays à partir d’indicateurs et en repérer
les conséquences sur la croissance • Balance des paiements
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Internationalisation, mondialisation, globalisation • 2. Régulation
et institutions internationales • 3. Libre-échange ou protectionnisme ? • 4. Analyse
de la situation extérieure d’un pays
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
D ans l’analyse classique, le commerce international joue un rôle déterminant. Les pays
doivent embrasser le libre-échange pour connaître un développement économique
rapide. Pourtant, dans les faits, de nombreux États ont mis en place des mesures de protection.
MOTS-CLÉS
Avantage comparatif • Attractivité • Balance des paiements • Commerce intrarégional
• Compétitivité • Dotation factorielle initiale • Économies d’échelle • FMN
• Internationalisation • IDE • Libre-échange • Mondialisation • Protectionnisme
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux
250
Chapitre 14 Ouverture internationale et croissance économique
La phase actuelle de mondialisation, la troisième, est marquée les flux intrafirmes, issus
de la division internationale de la production, et le commerce intrarégional ( cha-
pitre 10) entre pays signataires d’accords de libre-échange (Alena, Mercosur, UE…).
Exemples
◗ Flux inter et intrabranches : la France exporte des produits manufacturés (voitures) et CHIFFRES-CLÉS
importe des produits primaires (matières premières). À l’inverse, la France exporte des
69,5 % des
voitures en Chine et en importe en provenance d’Allemagne. exportations
Flux intrafirmes : Apple fabrique ses écrans au Japon, les proccesseurs en Corée du Sud et de l’UE sont réalisés
le tout est assemblé en Chine. vers d’autres pays
Flux intrarégionaux : des marchandises et services sont échangés au sein de l’Union euro- membres. Dans
péenne. ◗ l’espace de l’Alena,
les exportations
Avec la volonté de l’OMC de créer des zones de libre-échange, le commerce intra entre les trois pays
régional s’est fortement accru. représentent 50 %
du total (OMC,
Les échanges commerciaux internationaux sont dominés par les produits manufacturés,
2015).
suivis des services et des produits agricoles (fig. 14.1).
14 000
12 000
10 000
8 000 CHIFFRES-CLÉS
Le commerce
6 000 mondial de
marchandises
4 000 représente
15 710 milliards
2 000 de dollars, contre
4 730 milliards
0 de dollars pour
2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2012 2014 2015 2016 les services
Produits agricoles Produits manufacturés Services commerciaux (OMC, 2017).
EXERCICE 3
251
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux
CHIFFRES-CLÉS Le commerce mondial est donc structuré autour de la production des FMN à l’échelle
internationale et des investissements directs à l’étranger.
Les IDE sortants
représentent plus de Définition
1 381 milliards de Un investissement direct à l’étranger (IDE) est une opération financière par laquelle
dollars, soit 1,73 % une entreprise acquiert une partie d’une entreprise étrangère dans le but de la gérer.
du PIB mondial
(OCDE, 2017).
Contrairement à l’investissement de portefeuille, prise de participation minoritaire
dans le capital d’une société, dans le but de réaliser une plus-value ou d’obtenir des
dividendes, une entreprise qui réalise un IDE acquiert plus de 10 % du capital de l’en-
treprise étrangère dans l’optique de contrôler les décisions de production, de vente, etc.
(fig. 14.2).
4,00 %
3,50 %
3,00 %
2,50 %
2,00 %
1,50%
1,00%
0,50 %
0,00 %
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2012 2014 2015 2016 2017
Chaînes de
valeur mondiales et Figure 14.2. Évolution de la part des IDE sortant dans le PIB mondial (OCDE, 2018)
croissance des pays
en développement : Sous l’effet des FMN, le commerce international se structure autour de la division
internationale des processus de production et des chaînes de valeur mondiales,
ensemble des activités productives, opérées pour un même produit, en différents lieux
du globe.
http://dunod.
link/512wv0z EXERCICE 6
252
Chapitre 14 Ouverture internationale et croissance économique
60
40
30
20
10
0
1940 1950 1960 1970 1980 1990 2000
3 Libre-échange ou protectionnisme ?
A Libre-échange
Définition
Pilier de l’école néoclassique, le libre-échange est une politique commerciale visant
à s’affranchir des obstacles à la libre circulation des biens et des services, jusqu’à l’ou-
verture complète des frontières.
253
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux
L’efficacité chez Ricardo est mesurée par la productivité du travail : plus les travail-
leurs sont efficaces dans la production d’un bien, moins il leur faut de temps pour le
Le théorème HOS produire, moins celui-ci est cher.
d’allocation optimale des
ressources par l’échange
La théorie des avantages comparatifs a notamment été reprise par Heckscher, Ohlin
porte les initiales de ses
auteurs, les économistes et Samuelson (théorème HOS) : la spécialisation des pays dépend de leurs dotations
suédois Eli Heckscher factorielles initiales.
(1879-1952) et Bertil
Ohlin (1899-1979) Exemple
ainsi que les Américains ◗◗ Un pays qui dispose d’un grand nombre de travailleurs a tout intérêt à se spécialiser dans
Paul Samuelson et
des biens nécessitant beaucoup de travail (produits à faible valeur ajouté). Au contraire, un
Wolfgang Stolper
(1912-2001). pays disposant de beaucoup de capital a tout intérêt à se spécialiser dans des biens à haute
valeur ajoutée qui nécessitent l’utilisation de machines perfectionnées. ◗
Bernard Lassudrie-
Duchêne (né en 1926) L’abondance d’un facteur explique son faible prix : chaque pays se spécialisant, il peut
Économiste français produire à bas coûts. Le commerce international résulte donc de relations « gagnants-
spécialiste des échanges gagnants ».
internationaux,
il cherche à expliquer les Définition
échanges intrabranche, La dotation factorielle initiale désigne la quantité de facteurs de production (travail
dans le prolongement
ou capital) disponible dans un pays. Cela peut être des ressources naturelles, une
des travaux de Linder.
population importante ou des capitaux (ex. : machines ou technologies).
Burenstam Linder
(1931-2000) 2. Rôle de la demande
Économiste et homme
politique conservateur Dans les années 1960, l’économiste suédois Linder propose une explication du com-
suédois, il fonde la merce international intégrant la demande. Selon lui, la production nationale vise d’abord
nouvelle théorie du à satisfaire la demande intérieure. Ce n’est qu’une fois que celle-ci est satisfaite que le
commerce international pays peut exporter. Linder explique ainsi les flux intrabranches, les liant aux niveaux de
sur une analyse de
la différenciation développement respectifs des pays.
géographique des biens et Le rôle de la demande a aussi été mis en avant par Lassudrie-Duchêne pour qui le com-
du décalage temporel des merce international s’explique par un besoin de diversité des consommateurs. Il a théo-
innovations, contestant
ainsi le modèle HOS. risé le principe de demande differenciée, lequel a été repris par Krugman.
3. Nouvelle théorie du commerce international
Paul Krugman
(né en 1953) Considéré comme l’un des fondateurs de la « nouvelle théorie du commerce inter-
Économiste américain, national », Krugman cherche, à la suite de Linder, à expliquer l’émergence des flux
distingué par le prix intrabranches. En produisant, les entreprises bénéficient d’économies d’échelle
Nobel en 2008 pour ( chapitre 4) : plus elles produisent, plus le coût unitaire diminue (effets d’appren-
son travail sur les effets
des économies d’échelle tissage notamment). Les économies d’échelle expliquent que les firmes se retrouvent
sur le commerce en situation de quasi-monopole sur le marché national mais aussi qu’elles exportent
international et la leur surplus vers des pays étrangers. Selon les théories du commerce international,
localisation de l’activité tous les pays ont intérêt à adopter le libre-échange pour croître.
économique, il s’intéresse
à la concentration de 4. Limites du libre-échange
la production, base de
la nouvelle économie Le libre-échange crée des situations de dumping ( chapitre 10). Pour certains, libre-
géographique. échange et chômage seraient donc corrélés.
254
Chapitre 14 Ouverture internationale et croissance économique
En lien avec les pratiques de dumping, le libre-échange est, pour d’autres, créateur
d’inégalités, notamment de dotations factorielles entre pays mais aussi au sein même
des pays. Le libre-échange a des effets délétères sur l’environnement, décuplant des
échanges, par définition, polluants ( chapitre 13).
B Protectionnisme
Définition
Le protectionnisme est une politique commerciale qui vise à empêcher ou limiter les Le protectionnisme
dans le monde :
importations, soit l’ensemble des moyens mis en œuvre par un pays pour protéger
son marché intérieur de la concurrence internationale.
Une troisième voie de protection existe pour un pays via la manipulation de son taux de
change ( chapitre 7) : on parle de « protectionnisme monétaire ».
1. Du protectionnisme éducateur au protectionnisme défensif
Dès le 19e siècle, List (1789-1846) a proposé un protectionnisme sélectif et temporaire
pour les industries naissantes. Face à ce protectionnisme jugé offensif, certains auteurs,
comme Kaldor (1908-1986) ont proposé la mise en place d’un protectionnisme défensif
protégeant toutes les industries, notamment vieillissantes ou fondamentales, mena-
cées par la mondialisation libérale afin de les aider dans leur reconversion.
2. Le protectionnisme, un moteur des exportations
Après avoir défendu le libre-échange, Krugman met sa théorie au service d’un protec-
tionnisme conquérant. Selon sa théorie, la protection peut servir de tremplin aux expor-
tations. Par le jeu des économies d’échelle, plus la production nationale augmente, plus
le coût moyen diminue. L’entreprise devient plus compétitive, ce qui lui permet à terme
de dépasser la concurrence et d’exporter plus.
Dans la même veine, de nombreux économistes mettent en avant la nécessité d’une poli-
tique protectionniste à l’échelle mondiale pour répondre aux exigences du changement
255
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux
climatique. L’idée est de promouvoir, par le biais de protections ciblées, les circuits
courts et le respect des normes écologiques.
3. Les externalités négatives du protectionnisme
La plupart des modèles se basent sur l’hypothèse que le pays étranger est passif. Or,
dans la réalité, lorsqu’un pays impose des mesures de protection, il s’expose à un risque
de représailles compromettant les économies d’échelle.
Exemple
◗◗ En 2018, les États-Unis ont annoncé mettre en place des droits de douane sur l’importation
des produits chinois à hauteur de 200 milliards de dollars. Après avoir déposé une plainte
auprès de l’OMC, la Chine a annoncé des mesures de représailles à hauteur de 34 milliards
de taxes sur les produits importés des États-Unis. ◗
QUESTIONNEMENT GUIDÉ 7
1. Rubriques
La balance des paiements est composée de quatre rubriques :
•• Le compte de transactions courantes. Il enregistre, au crédit et au débit, toutes les
opérations portant sur les biens (balance commerciale), sur les services, sur les reve-
nus primaires (rémunération des salariés notamment) et les revenus secondaires
(ex. : aide au développement).
•• Le compte de capital. Il enregistre les transferts en capital (vente ou achat d’actifs
fixes comme les machines), les remises de dette et les acquisitions et cessions d’actifs
non financiers non produits (vente ou achat de brevets).
256
Chapitre 14 Ouverture internationale et croissance économique
Services Balance
Compte des
de services transactions
Revenus primaires courantes Balance
de base
Balance
des opérations
Revenus secondaires non monétaires
Ajustements
257
Partie 5 Croissance économique : origines et enjeux
258
Chapitre 14 Ouverture internationale et croissance économique
259
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 Quiz
Vérifiez l’exactitude des propositions ci-après et justifiez-les.
Vrai Faux
1. La mondialisation est un phénomène uniquement économique ∙ ∙
2. Les différentes vagues de mondialisation ont été permises grâce à la baisse
∙ ∙
des coûts de transport
3. La majorité des exportations de l’UE se font à destination d’autres pays
∙ ∙
de l’UE
4. La majorité des exportations mondiales sont des exportations de produits
∙ ∙
agricoles
5. L’OMC est une institution internationale qui cherche à développer le pro-
∙ ∙
tectionnisme
6. La théorie développée par Ricardo s’appelle « théorie des avantages abso-
∙ ∙
lus »
7. Le protectionnisme tarifaire est mis en place à travers des droits de douane ∙ ∙
8. Pour la balance des paiements française sont considérées comme agents
résidents uniquement les personnes ou entreprises ayant la nationalité ∙ ∙
française
9. La balance commerciale prend en compte les échanges de biens et services ∙ ∙
10.La compétitivité hors-prix est liée à la réputation du pays ou de l’entreprise ∙ ∙
260
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur la figure 14.1 et les annexes, répondez aux questions ci-après.
1. Qu’est-ce que la mondialisation économique.
2. Quels types de flux dominent le commerce international ? Qu’en est-il pour les pays en
développement ?
3. À quelle théorie la définition du commerce intrabranche de l’annexe 1 se réfère-t-elle ?
4. Quel phénomène se cache derrière les échanges de biens manufacturés de type
semi-conducteurs ou équipement ?
5. Comment expliquez-vous que la production de services représente entre 60 et 80 % du
PIB des pays développés mais qu’ils ne représentent que 20 % des échanges mondiaux ?
261
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
262
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évolution des droits de douanes (en %) entre 1980 et 2010 (Banque mondiale)
Annexe 1
20
15
10
5
0
1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
20 400
10 200
0 0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Mesures OTC
100 1800
90 1600
80 1400
70
1200
60
1000
50
800
40
600
30
20 400
10 200
0 0
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
263
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur l’annexe et sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après.
1. Rappelez la définition du solde de la balance commerciale. Calculez et interprétez le
Le PIB du Maroc résultat
s’élevait , en 2017, 2. Le Maroc est-il en besoin ou capacité de financement ? Rappelez la méthode de calcul.
à 1 063,297 Mds de
dirhams. 3. Calculez le taux de couverture, le taux de capacité ou besoin de financement et le degré
d’ouverture de l’économie marocaine. Interprétez vos résultats.
4. Le Maroc est-il un pays receveur d’IDE ou au contraire est-il un pays investisseur en
termes d’IDE ?
5. Rappelez la définition d’un investissement de portefeuille. Donnez un exemple.
6. Interprétez le chiffre de 71 883,80 à la ligne « dont voyages ». Quelle conclusion
pouvez-vous émettre sur l’économie marocaine ?
7. Que pouvez-vous conseiller au ministre marocain de l’économie pour améliorer sa
situation extérieure ?
264
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Crédit
Débit (millions Solde (millions
Compte (millions
de dirhams) de dirhams)
de dirhams)
A. Compte des
374 817,40 478 651,30 – 103 833,90
transactions courantes
B. Compte de capital
17 168,20 43 792,20 – 26 624,00
et d’opérations financières
Capital – – –
Investissements de porte-
97,00 – 1 119,70 1 216,70
feuille
265
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur l’annexe et sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après.
1. Comment expliquez-vous que les câbles de l’A380 soient fabriqués au Maroc et les
moteurs en Grande-Bretagne ?
2. Quel concept l’annexe illustre-t-elle ?
3. Définissez le terme de clusters ou « grappes industrielles ». Comment la création d’un
cluster près de Toulouse a-t-elle pu favoriser la production d’Airbus ?
Ailes Siège
Grande-Bretagne Brésil
Tunisie
Empennage horizontal Fuselage Espagne
et pointe arrière Allemagne
Espagne (sous-traitance
dans 31 pays)
266
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, répondez à la problématique Rendez-vous
soulevée en suivant le questionnement guidé. MÉTHODE 1
Travail à faire
L’ouverture commerciale est-elle une condition nécessaire à la croissance économique ?
1. Comment la croissance économique mondiale évolue-t-elle entre 2017 et 2020 ?
2. Quelles sont les zones géographiques dynamiques en matière de croissance écono-
mique ? À l’inverse, lesquelles le sont moins ?
3. L’évolution de la croissance du commerce mondial entre 2017 et 2020 a-t-elle eu des
retombées significatives sur la croissance économique ?
4. Que sont les droits de douane et la protection non tarifaire ?
5. Quel instrument de protection les pays développés privilégient-ils ? et les pays en déve-
loppement ?
6. Quels sont les contributeurs majeurs à la croissance du commerce mondial ?
267
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Moyenne
2017 2018 2019 2020
2011-2018
Pourcentage
Écart de production4 – 1,8 – 1,0 – 0,6 – 0,4 – 0,5
Solde des administrations publiques7 – 4,1 – 2,3 – 2,9 – 3,1 – 3,0
268
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
% %
14 14
12 12
10 10
8 8
6 6
4 4
2 2
0 0
États-Unis UE28 Mexique Chine Inde
Japon Canada Indonésie Russie Brésil
Taux des droits de douane ad valorem
Taux équivalent ad valorem des mesures non tarifaires
–1
2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
269
SYNTHÈSE
Ouverture internationale et croissance économique
internationalisation
globalisation
• Domination des échanges de biens sur les services
• Des flux intrafirmes croissants (IDE, chaînes de valeur mondiale…)
270
PARTIE 5 : CAS DE SYNTHÈSE
Croissance économique : origines et enjeux
Travail à faire
1. Analysez l’évolution des IDE en France. Rendez-vous
2. Indiquez les avantages attendus des investissements directs à l’étranger entrant sur le MÉTHODE 1
territoire.
3. Expliquez les facteurs d’attractivité de la France. Quels éléments pourraient en revanche
dissuader un investisseur étranger ? Justifiez votre réponse.
4. La région Hauts-de-France dispose de différents pôles de compétitivité. Expliquez ce
concept. Indiquez comment ces pôles peuvent améliorer l’attractivité d’un territoire.
Les IDE en France de 2000 à 2016 (Insee, TEF 2018 et Banque de France)
Annexe 1
en Mds €
200
Flux des investissements étrangers en France
Flux des investissements français à l’étranger
Solde net des investissements directs
150
100
50
− 50
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
271
PARTIE 5 : CAS DE SYNTHÈSE
L’attractivité de la France
Annexe 3
272
PARTIE 5 : CAS DE SYNTHÈSE
Possibilités de collaboration
avec des équipes de recherche 82 Les clusters sont des
18 2 49 33
académiques françaises réseaux d’entreprises,
essentiellement des
Qualité des personnels de R&D 19 2 45 36 81 PME et des TPE locales,
intervenant dans des
Proximité de clusters français 19 2 48 33 81 domaines similaires ou
connexes (ex : pôles de
Accès au financement 20 2 51 29 80 compétitivité en France,
Silicon Valley aux États-
Niveau des aides publiques de la R&D 22 47 31 78 Unis). En mutualisant
3
les ressources
Coût des activités de R&D 25 75 et les frais, l’accès
3 47 28
à certains marchés
très concurrentiels
Opportunités d’investissement ou imposant des tickets
par acquisition d’entreprises françaises 25 3 43 32 75
d’entrée élevés devient
Pas du tout attractive Plutôt pas attractive Plutôt attractive Tout à fait attractive possible.
80
60
40
88 87 81 80 79 75 72 70 70 63 63 59 49
20
0
Infrastructures
de communication
Transport et logistique
Tissu industriel
Formation
et qualification
Taille du marché
français
Innovation et R&D
Stabilité de la
réglementation
Stabilité économique
Environnement général
Dynamisme
de l’économie mondiale
Fiscalité
des entreprises
Productivité
du travail
Coût du travail
des affaires
273
PARTIE 5 : CAS DE SYNTHÈSE
Investissements directs
Annexe 5
à l’étranger (IDE)
Croissance des revenus
Création de la VA directe domestiques
(production d’une Impact sur la croissance
Contributions fiscales
entreprise étrangère)
nettes (impôts moins
exonérations et primes)
Création d’emplois
directs • Transferts de savoir-faire
• Transferts de technologie Impact sur la productivité
et l’emploi
Apport de nouvelles Amélioration et meilleur
méthodes ou technologies prix des productions
dans le pays nationales
Effet négatif de l’exclusion
Renforcement Impact sur l’investissement
des opérateurs domestiques,
de la concurrence domestique
comparativement plus chers
La concentration spatiale des activités permet des gains d’efficacité dès lors qu’il
existe des économies d’échelle dans la production. Ces économies d’échelle peuvent
être internes aux entreprises et provenir de coûts fixes de production importants
ou de rendements d’échelle croissants dans la fonction de production des entre-
prises (Krugman, 1991). Elles peuvent aussi être externes aux entreprises et dériver
d’avantages mutuels dont bénéficient les entreprises du simple fait de leur proximité
géographique (on parle parfois d’externalités marshalliennes) : meilleure circula-
tion des informations et des idées, création d’un bassin de main-d’œuvre spécialisé,
amélioration des relations entre clients et fournisseurs, etc. (pour une revue détaillée
des mécanismes sous -jacents à ces externalités, voir Duranton et Puga, 2004).
L’existence de ces économies d’agglomération a été corroborée par de nombreuses
études empiriques. Le consensus aujourd’hui est qu’un doublement de la densité
d’activité au niveau local permet d’augmenter la productivité des entreprises et les
salaires de 2 % à 6 % (voir Rosenthal et Strange, 2004 ; Combes et Lafourcade, 2012).
https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/
274
PARTIE 5 : CAS DE SYNTHÈSE
Marshall (1890) a identifié très tôt trois sources d’économies d’agglomération. Tout
d’abord, les entreprises profitent de leur contigüité spatiale pour partager, d’une
part, les infrastructures caractérisées par des coûts fixes élevés et de larges écono-
mies d’échelle et, d’autre part, les fournisseurs spécialisés d’intrants. Inversement,
une plus forte densité d’entreprises permet à chacune d’entre elles de s’assurer
d’avoir davantage de débouchés pour sa production. La proximité met également
un large ensemble de main-d’œuvre spécialisée à la disposition des entreprises, ce
qui leur permet de satisfaire plus finement leurs besoins spécifiques en compétences.
Inversement, les travailleurs ont quant à eux accès à un plus large éventail d’op-
portunités d’emplois et ils ont ainsi plus de chances de trouver un emploi qui leur
convienne en termes de préférences et de niveau de qualifications. Enfin, la proxi-
mité spatiale permet une meilleure diffusion des savoirs et des nouvelles techno-
logies. En effet, les effets de débordements technologiques s’exercent en particulier
dans les relations de face à face. Les effets positifs de ces économies d’aggloméra-
tions sont en définitive observés à travers une hausse de la productivité et une baisse
des coûts subis par les entreprises.
http://www.blog-illusio.com/
Un pôle de compétitivité rassemble sur un territoire bien identifié et sur une théma-
tique ciblée, des entreprises, petites et grandes, des laboratoires de recherche et des
établissements de formation. Les pouvoirs publics nationaux et locaux sont étroite-
ment associés à cette dynamique.
Un pôle de compétitivité a vocation à soutenir l’innovation. Il favorise le dévelop-
pement de projets collaboratifs de recherche et développement (R&D) particulière-
ment innovants. Il accompagne également le développement et la croissance de ses
entreprises membres (dont de nombreuses PME) grâce notamment à la mise sur le
marché de nouveaux produits, services ou procédés issus des résultats des projets de
recherche.
En permettant aux entreprises impliquées de prendre une position de premier plan
sur leurs marchés en France et à l’international, les pôles de compétitivités sont des
moteurs de croissance et d’emplois.
Les forces en présence au sein d’un pôle de compétitivité sont multiples. Toutes sont
nécessaires à l’essor d’écosystèmes dynamiques et créateurs de richesse.
275
PARTIE 5 : CAS DE SYNTHÈSE
Annexe 9
Le président de région Hauts-de-France estime qu’en 2030, les Hauts-de-France
Rev3, la « Troisième seront experts en matière d’économie circulaire. « La troisième révolution indus-
Révolution industrielle trielle (Rev3), qui faisait sourire certains à son lancement, est aujourd’hui deve-
en Hauts-de-France »,
est une dynamique nue une évidence, avec la généralisation de ses principes dans toutes les strates
collective visant à faire de l’entreprise, de l’artisan jusqu’à la startup. » Derrière la démarche Rev3, de
de la région l’un des nombreux pôles de compétitivité se mobilisent : MatikemUptex-TEAM2 (autour
fleurons européens de la des matériaux, textiles, recyclage), Aquimer-IAR (produits aquatiques et agrores-
transition énergétique et
sources), I-Trans (transports, notamment ferroviaires).
digitale.
Gaëtane Deljurie, 11 octobre 2018
Travail à faire
« Le rôle de l’innovation dans la dynamique économique d’un pays. »
276
CHAPITRE
15 Déséquilibres
du marché du travail
PROgRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les indicateurs de la situation de l’emploi • 2. Les analyses théoriques du
chômage
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
I l est crucial pour l’État de comprendre les causes du chômage, afin de mettre en place
les mesures appropriées pour garantir le plein-emploi. Non seulement le chômage
représente un coût économique pour le pays, mais aussi un coût social (précarité et
exclusion sociale). Quels sont les indicateurs permettant d’appréhender la situation de
l’emploi dans un pays ? Quelles sont les causes du chômage ?
MOTS-CLÉS
Chômage • Demande de travail • Halo du chômage • Offre de travail • Plein-emploi •
Précarisation • Salaire réel • Sous-emploi
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
B Le périmètre du phénomène
« Chômage : pourquoi Selon les critères retenus pour définir le chômage, les frontières entre chômage, inacti-
les chiffres de l’Insee vité, emploi ne sont pas aisément identifiables. Les personnes situées dans cette zone
et de Pôle emploi
diffèrent » :
constituent ce que l’on appelle le « halo du chômage ».
Exemple
◗◗ Un actif découragé dans sa recherche d’emploi, qui ne cherche plus activement un tra-
vail, ou une personne qui souhaite travailler mais qui n’est pas disponible dans un délai de
http://dunod.link/ deux semaines sont qualifiés ou non de « chômeur » selon le référentiel considéré. ◗
fqh005v
La diversité des situations d’emploi a également conduit le BIT à définir le « sous-emploi ».
Définition
Le sous-emploi réunit des personnes en âge de travailler, occupant un emploi
(actifs occupés) mais travaillant à temps partiel alors qu’elles sont disponibles pour
un travail à temps complet. Il concerne également des actifs occupés qui, durant la
semaine de référence, ont subi un chômage partiel (technique).
278
Chapitre 15 Déséquilibres du marché du travail
Population totale
Population active
Population inactive
Population active occupée Population active inoccupée
279
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
Exemple
◗◗ La hausse du taux d’emploi des seniors (55-64 ans) en France qui a atteint 50,3 % en 2017,
soit 15 points de plus par rapport au taux de 2003, ne doit pas être interprétée comme une
Maîtrisez les modes
embellie. Elle découle des réformes du système de retraite et masque la précarité subie par
de calcul de ces différents
taux pour éviter des les seniors en fin de vie active. ◗
analyses tronquées.
En France métropolitaine,
en 2017, le taux de D La singularité de la situation de l’emploi en France
chômage des jeunes
de 15-24 ans s’élevait à
environ 22 %. Cela ne
1. Les mutations du marché de l’emploi
signifie pas que 22 % des Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France a connu une profonde mutation
jeunes de cette tranche de l’emploi : féminisation, salarisation, tertiarisation, et même ubérisation.
d’âge sont au chômage,
mais que 22 % des jeunes Le progrès technique, l’évolution des mœurs, l’ouverture au commerce international
actifs de cette tranche sont autant de facteurs explicatifs des changements en profondeur de l’emploi.
d’âge sont au chômage. Il
faut éviter tout jugement
L’apparition d’un chômage de masse à la suite des chocs pétroliers des années 1970 a
de valeur sur ces taux mais également participé à ces mutations. La norme fordiste dans les relations de travail s’est
se cantonner aux faits. délitée, avec pour contrepartie une précarisation croissante du travail.
2. Des Trente Glorieuses aux Trente Piteuses
Après la période des Trente Glorieuses marquée par une situation proche du plein-
emploi, la France est entrée dans la période des « Trente Piteuses » caractérisée par une
« croissance molle » et un chômage structurel visible statistiquement par un accroisse-
ment du nombre de chômeurs de longue durée.
À la suite de la crise des subprimes (2008) et des dettes souveraines (2010), le taux de
chômage a franchi en France le seuil symbolique des 10 %, soulignant le caractère sin-
gulier du marché de l’emploi français par rapport aux autres pays de l’UE, mais aussi
par rapport à ceux de l’OCDE (fig. 15.1), et justifiant, pour certains, une flexibilisation
( chapitre 16).
280
Chapitre 15 Déséquilibres du marché du travail
18,6
18
16
14,8
14
12
11,2
10,6
10
8,9
8
7,0 7,2
6,6 6,7
6 5,6 5,8
6,0 6,2
5,1 5,2 5,2 5,3
4,8 5,0 5,0
4 3,7 3,7 3,7 3,8 3,9 4,0
4,1
3,2 3,3
2,6
2 2,2 2,4
0 Slovénie
Norvège
République slovaque
République tchèque
Japon
Islande
Mexique
Allemagne
États-Unis
Hongrie
Pays-Bas
Pologne
Corée
Royaume-Uni
Israël
Danemark
Luxembourg
Australie
Autriche
OCDE - Total
Irlande
Canada
Estonie
Suède
Belgique
Portugal
Chili
Finlande
France
Italie
Turquie
Espagne
Grèce
Figure 15.1. Taux de chômage harmonisé (HUR), novembre 2018
(% de la population active) (source : OCDE)
EXERCICE 2 • EXERCICE 3
281
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
Sur un marché du travail qui répond aux caractéristiques d’un marché en concurrence
pure et parfaite ( chapitre 4), la loi de l’offre et de la demande ainsi que la flexibilité du
salaire réel permettent d’aboutir au plein-emploi.
Au salaire réel d’équilibre, l’offre de travail équivaut à la demande de travail ( chapitre 5).
Il n’y a donc pas de chômage. Selon Walras, sur des marchés répondant aux critères de
concurrence pure et parfaite, et lorsque les prix sont flexibles, il existe un système de
prix garantissant une allocation optimale des ressources sur tous les marchés, dont celui
du travail.
Si pour une raison quelconque, on s’éloigne du salaire d’équilibre, le libre jeu du mar-
ché doit permettre un retour vers cet équilibre, grâce à une flexibilité (généralement
à la baisse) du salaire réel. Dans ce modèle, la seule forme de chômage envisageable
est qualifiée de « volontaire » : les travailleurs ne souhaitent pas travailler au niveau
du salaire réel en vigueur. Un déséquilibre entre l’offre et la demande de travail (offre
supérieure à la demande de travail) peut également découler d’une rigidité à la baisse
des salaires.
2. Le chômage keynésien
La Grande Dépression qui a suivi le krach boursier de 1929 (taux de chômage de 25 %
aux États-Unis en 1932) a contraint les économistes à appréhender le chômage, non
plus comme un simple déséquilibre du marché du travail, mais comme le résultat d’une
insuffisance de la demande globale.
282
Chapitre 15 Déséquilibres du marché du travail
En 1936, Keynes rompt avec l’analyse néoclassique dominante en privilégiant une approche
circuitiste de l’économie, fondée sur le holisme méthodologique pour appréhender les
faits économiques. Il explique ainsi dans la Théorie générale de l’emploi de l’intérêt et de la
monnaie, que l’insuffisance de la demande effective sur les marchés des biens et de ser-
vices est responsable de la formation d’un équilibre de sous-emploi qui peut être durable.
Définition
L’équilibre de sous-emploi correspond à une situation caractérisée par « des hommes
sans emploi désireux de travailler pour moins que le salaire réel en vigueur ». Cette
forme de chômage involontaire résulte des anticipations des entreprises qui consi-
dèrent que les débouchés ne sont pas suffisants pour justifier la création d’emplois.
Piore et Doeringer (1971). Ils insistent sur le dualisme du marché du travail constitué :
––d’un segment primaire caractérisé par des salaires élevés, des perspectives de promo-
tion interne et une sécurité de l’emploi ; Michael Piore
(né en 1940) et Peter
––d’un segment secondaire caractérisé par des conditions de travail plus précaires. Doeringer (né en 1941)
Ce dualisme est renforcé par une faible mobilité entre segments. Il résulte essentielle- Économistes américains
ment des logiques collectives des entreprises présentes sur chaque segment : pionniers, dans la
––sur le segment primaire, les firmes privilégient un recrutement interne pour les postes décennie 1970,
de la théorie de la
vacants. Le chômage y est transitoire et volontaire ; segmentation du marché
––sur le segment secondaire, la logique concurrentielle est de mise. Le chômage y est du travail (insiders-
durable et subi. outsiders).
283
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
Lindbeck et Snower (1985). Ils ont précisé les rigidités liées au dualisme du marché du
travail à travers le modèle insiders/outsiders. Les insiders (dans l’entreprise, pourvus d’un
emploi stable et de bonnes conditions de travail) ont intérêt à user de leur pouvoir de pres-
sion sur la firme pour se construire une rente de situation, et éviter l’embauche de nou-
velles recrues (outsiders) prêtes à travailler pour un niveau de salaire plus faible que le leur.
Assar Lindbeck
(né en 1930) et Dennis La présence de syndicats et la segmentation du marché du travail sont donc deux facteurs
Snower (né en 1950) institutionnels explicatifs de la rigidité à la baisse des salaires sur le marché du travail.
Économistes
respectivement suédois 2. Les nouvelles théories du marché du travail
et américains, tenants et l’analyse de ses imperfections
de la nouvelle économie
keynésienne, ils tentent
Le fonctionnement du marché du travail ne correspond pas à celui d’un marché en
d’expliquer les rigidités à concurrence pure et parfaite :
l’embauche affectant le ––les syndicats et les insiders disposent d’un pouvoir de marché contraire à l’hypothèse
marché du travail. d’atomicité ;
––le travail n’est pas un bien homogène ;
––la relation de travail est marquée par une forte asymétrie informationnelle, ce qui
incite les agents économiques à adopter des comportements stratégiques.
Théories de la prospection d’emploi (Lippman et Mac Call, 1979). Elles expliquent la for-
mation du salaire de réservation du travailleur, c’est-à-dire le niveau de salaire en dessous
duquel le travailleur refuse d’offrir son travail. Le demandeur d’emploi ne disposant pas de
toutes les informations sur les caractéristiques des emplois vacants, il effectue systémati-
quement un arbitrage entre un gain espéré découlant de l’offre (niveau de salaire, sécurité)
et le coût de prospection qu’il subit s’il renonce à l’offre. Dans ce modèle, la présence d’in-
demnités de chômage ( chapitre 16) contribue à allonger la période de prospection. Ce
type de dispositif peut expliquer une forme de chômage frictionnel volontaire.
Théories du salaire d’efficience. Elles pointent le rôle des pratiques managériales dans
les organisations. Pour faire face au risque d’aléa moral, les firmes sont prêtes à proposer
des salaires supérieurs à la productivité marginale des travailleurs, afin de les fidéliser
(coût du turnover) et de s’assurer de leur performance individuelle.
Théories du matching ou des mécanismes d’appariement (modèle Diamond,
Mortensen, Pissarides, 1985). Ces théories ont permis de mieux comprendre les flux
sur le marché du travail, et de comprendre la courbe de Beveridge ( chapitre 18) qui
révèle une relation négative entre le nombre de postes vacants dans une économie et le
taux de chômage. Le nombre d’emplois créés dans une économie dépend alors de l’in-
tensité de recherche des offreurs et des demandeurs d’emploi. Lorsque les deux parties
se rencontrent, la fixation du salaire peut ne pas être optimale :
––si l’asymétrie informationnelle est élevée ;
––si la tension sur le marché du travail est importante (elle est évaluée dans le modèle
par le rapport entre le nombre de chômeurs et le nombre de postes vacants).
Ces modèles fournissent un nouvel éclairage sur le chômage structurel frictionnel.
284
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 Quiz
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. Au troisième trimestre 2018, le taux de chômage moyen en France métropolitaine
était de :
a. 7,2 %. ∙
b. 11,1 %. ∙
c. 9,1 %. ∙
2. Le halo du chômage comprend :
a. les actifs occupés subissant un temps partiel. ∙
b. les personnes dont les situations ne sont pas clairement définies
entre emploi/chômage/inactivité. ∙
3. Le « sous-emploi » défini par le BIT concerne :
a. les actifs occupés subissant un temps partiel. ∙
b. les personnes dont les situations ne sont pas clairement définies
entre emploi/chômage/inactivité. ∙
4. Le taux d’activité des femmes de 15-24 ans est calculé par le rapport entre :
a. le nombre de femmes de 15-24 ans occupant un emploi, et le nombre total
de femmes de 15-24 ans. ∙
b. le nombre de femmes de 15-24 ans occupées et non occupées, et le nombre
total de femmes de 15-24 ans. ∙
5. L’augmentation du taux de chômage moyen dans les pays de l’OCDE, à la suite
de la crise des subprimes, est de nature :
a. conjoncturelle. ∙ b. structurelle. ∙
6. Dans les théories néoclassiques du marché du travail, l’offre de travail :
a. croît avec le salaire réel. ∙ b. décroît avec le salaire réel. ∙
7. Dans les théories néoclassiques du marché du travail, la demande de travail :
a. croît avec le salaire réel. ∙ b. décroît avec le salaire réel. ∙
8. Dans l’analyse néoclassique du marché du travail, lorsque l’offre de travail
est supérieure à la demande de travail, le retour à l’équilibre est obtenu grâce :
a. à une hausse du salaire réel. ∙ b. à une baisse du salaire réel. ∙
9. Pour Keynes, le chômage est de nature :
a. volontaire. ∙ b. involontaire. ∙
285
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur
l’annexe.
1. Interprétez le pourcentage de la première ligne du tableau (65,9 %) et retrouvez la for-
mule de calcul.
2. Expliquez pourquoi le pourcentage de la treizième ligne du tableau (6,4 %) ne corres-
pond pas au taux de chômage trimestriel moyen, pour l’année 2018.
3. Interprétez le pourcentage de la ligne intitulée « Personnes de 15-64 ans actives » et
retrouvez la formule de calcul.
4. Le taux de chômage moyen des jeunes de 15-24 ans était de l’ordre de 22 % en 2017,
selon l’Insee. Au troisième trimestre de l’année 2018, 7,9 % des jeunes de 15-24 ans
étaient au chômage. Expliquez cette différence de pourcentages.
286
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Personnes de 15 à 64 ans en
emploi 65,9 Hommes 15-64 ans chômeurs 6,9
15-24 ans 30,4 50-64 ans 4,5
25-49 ans 81,1 Dont 55-64 ans 4,1
50-64 ans 62,4 Femmes 15-64 ans chômeurs 6,0
Hommes de 15 à 64 ans en emploi 69,3 15-24 ans 6,3
15-24 ans 32,7 25-49 ans 7,3
25-49 ans 85,6 50-64 ans 3,9
50-64 ans 65,4 Personnes de 15-64 ans actives 72,3
Femmes de 15 à 64 ans en emploi 62,5 15-24 ans 38,2
15-24 ans 28,0 25-49 ans 88,4
25-49 ans 76,7 50-64 ans 66,7
50-64 ans 59,6 Hommes de 15 à 64 ans actifs 76,2
Chômeurs 6,4 15-24 ans 42,1
15-24 ans 7,9 25-49 ans 92,9
25-49 ans 7,3 50-64 ans 70,0
50-64 ans 4,2 Femmes de 15 à 64 ans actives 68,6
Hommes 15-64 ans chômeurs 6,9 15-24 ans 34,3
15-24 ans 9,4 25-49 ans 84,0
287
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur
l’annexe.
1. Selon l’auteur de l’article, quelle est la nature du chômage qui touche les pays de l’UE,
présentant les taux de chômage les plus élevés. Justifiez votre réponse.
2. En vous appuyant sur des références théoriques, présentez les causes de ce type
de chômage.
3. Expliquez en quoi les disparités observées en matière d’emploi au sein de l’UE sont
problématiques pour l’Union. Vous veillerez à structurer votre argumentation.
288
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
La situation en Europe
En matière d’emploi et de droits sociaux, l’Europe se situe donc globalement à
l’avant-garde dans le monde, mais connaît de fortes disparités d’un État membre
à l’autre. Ces dernières s’expliquent principalement par le fait que les institutions
européennes ne disposent pas de compétences étendues dans ces domaines, et que
les situations économiques varient fortement d’un pays à l’autre.
Le taux de chômage moyen de l’UE s’élève à 7,3 %. En constante diminution depuis
A
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après portant sur
les annexes.
1. Quelle forme de polarisation du marché du travail l’économie collaborative a-t-elle fait
émerger ?
2. Expliquez en quoi la diffusion de l’intelligence artificielle (IA) dans tous les secteurs de
l’activité économique peut être à l’origine d’un processus de destruction créatrice.
3. Expliquez la phrases soulignée dans l’annexe 2 et nuancez-la.
289
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
L’enjeu avec l’arrivée de l’intelligence artificielle est de savoir si, cette fois encore,
les mécanismes schumpétériens de destruction créatrice seront à l’œuvre pour recréer
des emplois face à ceux qui disparaîtront. Autrement dit, il s’agit de savoir si finale-
ment l’intelligence artificielle est une technologie comme une autre qui va engendrer
autant, voire plus d’emplois, dans de nouveaux secteurs. D’un côté, on retrouve les
défenseurs de Schumpeter. Leur raisonnement est simple : l’histoire va se perpétuer.
290
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
L’intelligence artificielle est une technologie comme une autre, il s’agit d’analyser son
impact avec les mêmes outils et les mêmes modèles que toutes les autres technologies
et ses conséquences seront les mêmes. Beaucoup d’emplois vont disparaître et beau-
coup d’emplois vont apparaître, mais on ne les connaît pas encore. L’amplitude sera
peut-être plus grande cette fois-ci parce que l’intelligence artificielle offre un potentiel
de gains de productivité et de nouveauté considérable. Selon eux, il est inutile d’avoir
les mêmes craintes que par le passé sur la disparition du travail : il n’a jamais disparu,
il s’est transformé, a muté et continuera de le faire. Débat clos.
Extrait de Disruption, S. Mallard, Dunod, 2018
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives aux Rendez-vous
annexes. MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Définissez la révolution numérique.
2. Présentez brièvement le modèle économique de Deliveroo. Illustrez ce modèle par
d’autres exemples.
3. Analysez le fonctionnement de cette plateforme en vous appuyant sur les critères
de la concurrence pure et parfaite.
4. Définissez la flexibilité du travail et expliquez sur quelle modèle de flexibilité la plate-
forme Deliveroo s’appuie.
5. Présentez les avantages et les inconvénients de cette forme de flexibilité du travail pour
Deliveroo et pour les livreurs.
6. Expliquez pourquoi le modèle économique des plateformes numériques accentue le
dualisme sur le marché du travail, non seulement au niveau national, mais aussi mondial.
291
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
292
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
293
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
294
SYNTHÈSE
Déséquilibres du marché du travail
Quantification du chômage
Définition du BIT
Explication du chômage
Ralentissement
de la croissance Imperfections
et insuffisance Progrès du marché du travail :
de la demande technique chômage structurel
effective : (classique)
chômage conjoncturel
295
CHAPITRE
16 Politiques publiques
et marché du travail
PROgRAMME
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les politiques de l’emploi • 2. Les politiques pour l’emploi •
3. Les enjeux et perspectives des politiques publiques en matière d’emploi
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
MOTS-CLÉS
Chômage • Demande de travail • Employabilité • Flexibilité du marché du travail
•Flexisécurité • Niveau d’emploi • Offre de travail • Politique active de l’emploi • Politique
passive de l’emploi • Politique pour l’emploi • Politique de l’emploi • Précarisation
Chapitre 16 Politiques publiques et marché du travail
297
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
CHIFFRES-CLÉS Exemple
Les mesures actives ◗◗ En France, les mesures actives correspondent aux anciens emplois aidés dans le secteur
s’élèvent en France à non marchand, supprimés en août 2017, aux aides à l’embauche ciblées par catégorie d’âge
près de 15 milliards (en France, pour les demandeurs d’emploi de plus de 45 ans) et à la formation continue
d’euros, sur un des adultes. ◗
montant total de
dépenses publiques 2. Les politiques passives de l’emploi
pour les politiques
du marché du travail Définition
de 65,7 milliards Les politiques passives de l’emploi intègrent des mesures prises par les pouvoirs
d’euros (Dares et publics pour atténuer les conséquences des déséquilibres du marché du travail ou
Eurostat, 2017). pour limiter la population active.
Exemple
CHIFFRES-CLÉS
En France, ces mesures comprennent les prestations de chômage (allocation d’aide au
◗◗
retour à l’emploi – ARE, allocation spécifique de solidarité – ASS – versée aux chômeurs en
En France, fin de droits, etc.) et les dispositifs de préretraites ( chapitre 18). ◗
le montant des
dépenses relatives À cette distinction entre les politiques actives et passives de l’emploi peuvent s’ajouter
à la prise en des grilles d’analyse plus proches des modèles théoriques du marché du travail ( cha-
charge en cas de
pitre 15).
perte d’emploi
s’élève à environ
45 milliards
d’euros, soit 69 %
B Les actions portant sur l’offre et la demande de travail
du montant total
des dépenses ciblées 1. Les actions sur la demande de travail
par les politiques du Selon l’analyse classique et néoclassique du marché du travail, la demande de travail
marché du travail ( chapitre 15) résulte de l’arbitrage coût/bénéfice mené par les firmes. Le coût du travail
(Dares et Eurostat,
est représenté par le salaire réel, et il est comparé à la productivité marginale du travail.
2017).
Dans cette perspective, des mesures peuvent être prises pour diminuer le coût du travail
telles que la baisse des cotisations sociales, des subventions à l’embauche ou au main-
tien de l’emploi, ou encore la suppression du salaire minimum.
Dans le prolongement de ces approches, on peut également considérer qu’un employeur
subit d’autres formes de coûts découlant de la relation de travail (coûts de transaction
( chapitre 13) : des coûts d’embauche (coût de recrutement, de formation) et des
coûts de licenciement. La réduction de ces coûts, grâce à la mise en place de procédures
de rupture de contrat de travail simplifiées (ex. : rupture conventionnelle depuis 2008)
ou à des contrats de travail plus flexibles, doit permettre de « fluidifier » le fonction-
nement du marché du travail. Les principales limites de ces mesures résident dans la
précarisation des travailleurs.
Exemple
◗◗ En Allemagne, la réforme du marché du travail au début des années 2000 menée par
G. Schröder, avec pour cadre législatif les lois Hartz, a certes permis de diminuer le chô-
mage mais au prix d’une précarité accrue des travailleurs avec des emplois à 1 €/heure. ◗
298
Chapitre 16 Politiques publiques et marché du travail
Ces politiques de l’emploi sont accompagnées de politiques pour l’emploi, visant à lut-
ter contre le chômage de façon indirecte.
EXERCICE 2
299
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
Ces mesures visent à diminuer les coûts des entreprises afin d’améliorer leur rentabilité.
C’est la fameuse phrase prononcée en 1974, par H. Schmidt, chancelier ouest-allemand
et membre du SPD : « Les profits d’aujourd’hui, sont les investissements de demain et
les emplois d’après-demain. » D’un point vue théorique, le lien entre profits/ investisse-
ments et création d’emplois est discutable :
––d’une part, parce que l’investissement est une variable économique très volatile dont
les déterminants sont multiples ;
––d’autre part, parce que certains types d’investissement (investissements de moderni-
sation) peuvent participer à la destruction d’emplois.
Néanmoins, historiquement, les politiques économiques mises en place à la fin des
années 1970 et au début des années 1980 en RFA, au Royaume-Uni et aux États-Unis
s’inscrivaient dans cette logique libérale.
300
Chapitre 16 Politiques publiques et marché du travail
La flexibilité du marché du travail peut notamment reposer sur des contrats de travail
plus souples, avec des coûts d’entrée et de sortie plus faibles, notamment pour l’em- http://dunod.link/
ployeur, alors que la sécurisation des parcours professionnels fait appel à une indemni- yokyxdw
sation du chômage généreuse mais incitant le demandeur d’emploi à retrouver rapide-
ment un travail.
301
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
•• La libre circulation des travailleurs au sein de l’UE accentue ces disparités sur les mar-
chés du travail nationaux.
•• La robotisation et l’intelligence artificielle détruisent des emplois dans de nombreux
secteurs de l’activité économique, et l’effet de déversement (au sens de Sauvy) qui en
résulte nécessite l’intervention des pouvoirs publics.
Contraintes de repenser la place du travail, les sociétés post-industrielles s’orientent
vers de nouveaux modèles comme le partage du temps de travail ou le revenu universel
( chapitre 18).
302
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. Dans les politiques de l’emploi, une mesure active vise :
a. à améliorer le fonctionnement du marché du travail. ∙
b. à prendre en charge les conséquences des déséquilibres sur le marché
du travail. ∙
2. Dans les politiques de l’emploi, une mesure passive vise :
a. à améliorer le fonctionnement du marché du travail. ∙
b. à prendre en charge les conséquences des déséquilibres sur le marché
du travail. ∙
3. Les politiques pour l’emploi ont pour objectif :
a. d’améliorer le fonctionnement du marché du travail. ∙
b. de prendre en charge les conséquences des déséquilibres
du marché du travail. ∙
c. d’agir sur le niveau d’emploi par le biais d’une politique macroéconomique
axée sur l’offre ou la demande globale. ∙
4. La flexisécurité repose sur une flexibilité accrue du marché du travail et…
a. une sécurité de l’emploi. ∙
b. une sécurisation du parcours professionnel. ∙
5. Pour Keynes, la réduction du chômage justifie l’intervention de l’État
par le biais :
a. d’une politique budgétaire de relance de l’activité économique,
en stimulant la demande. ∙
b. d’une politique monétaire expansive. ∙
c. d’une incitation à la baisse des salaires sur le marché du travail. ∙
303
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Compétence attendue Comparer les effets attendus des différentes mesures des
politiques de l’emploi et des politiques pour l’emploi
1. Représentez l’offre et la demande de travail sur un graphique. Expliquez les formes des
fonctions.
2. L’État met en place des mesures pour réduire les coûts d’embauche et les coûts de licen-
Par convention, le salaire
est toujours placé sur ciements afin de flexibiliser le fonctionnement du marché du travail. Expliquez graphi-
l’axe des ordonnées ; quement l’impact de ces mesures.
la quantité de main-
3. L’État met en place des mesures pour améliorer la qualité de la formation. Expliquez
d’œuvre, sur celui des
abscisses. graphiquement l’impact de ces mesures.
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions suivantes portant sur
l’annexe.
1. Expliquez la phrase soulignée.
2. Après avoir présenté l’approche classique du marché du travail, indiquez si les mesures
de « dérégulation du marché du travail » présentées dans l’article relèvent de la poli-
tique active de l’emploi ou de la politique passive de l’emploi. Justifiez votre réponse.
3. Après avoir présenté l’approche keynésienne du chômage, indiquez si les mesures
« pour alimenter les carnets de commandes des entreprises » relèvent de la politique
de l’emploi ou de la politique pour l’emploi. Justifiez votre réponse.
304
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
[…] Suffit-il de déréguler le marché du travail pour que les chômeurs trouvent un
emploi ? Sur ce point, les économistes s’opposent. Les libéraux considèrent effec-
tivement qu’il ne peut pas y avoir d’autres raisons au chômage que les rigidités
présentes sur le marché du travail. Simplifier le code du travail, baisser le salaire
minimum, réduire les cotisations sociales seraient donc de bons outils pour lutter
contre le chômage. L’expérience espagnole, où le chômage est passé de 9 à 20 %
de la population active pendant la crise malgré une forte flexibilisation du marché
du travail, apporte des nuances à cette analyse. Les keynésiens, eux, ont une autre
vision. Ils pensent que le chômage résulte d’une demande de travail trop faible :
en clair, les carnets de commandes des entreprises ne sont pas assez fournis pour
les inciter à embaucher une main-d’œuvre supplémentaire. Pour rééquilibrer offre
et demande, il convient d’alimenter ce carnet de commandes, par exemple par la
commande publique : écoles, routes ou hôpitaux… Avec, toutefois une conséquence
notable : l’augmentation de la dépense publique et donc, souvent, un alourdisse-
ment de la dette publique. Non content d’être un marché très particulier, le marché
du travail est donc fortement corrélé aux autres données de l’économie.
Extrait de l’article de Béatrice Madeline, Pour l’éco, n° 4, décembre 2018
Compétences attendues • Identifier les principales mesures prises dans le cadre des
politiques de l’emploi au sein de l’OCDE
• Distinguer les mesures actives et passives des politiques
de l’emploi
• Comparer les effets attendus des différentes mesures des
politiques de l’emploi et des politiques pour l’emploi
• Analyser les enjeux de la flexibilité sur le marché du tra-
vail, dans ses différentes formes
• Caractériser l’action des pouvoirs publics pour accompa-
gner les transformations du marché du travail
305
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Extraits de contrats
Annexe
Refuser une offre d’emploi : les chômeurs britanniques n’ont pas le choix !
[…] Courant novembre, syndicats de salariés et du patronat ont débuté les négo-
ciations autour d’une nouvelle convention d’assurance chômage. Le gouvernement
a indiqué vouloir faire entre 3 et 3,9 milliards d’euros d’économies sur trois ans.
Selon les données officielles, l’Unédic, organisme qui collecte les fonds et indem-
nise les chômeurs, a versé 34,3 milliards d’euros d’allocations en 2017. Son déficit
annuel était de 3,4 milliards d’euros, mais la dette cumulée, fin 2017, atteignait
33,5 milliards d’euros. D’où l’image d’un système trop généreux, nourrissant en
outre « quelques profiteurs ».
L’indemnisation en question
Pour modifier le système, les leviers sont multiples. On peut jouer sur le taux de
remplacement par rapport au salaire antérieur, sur la durée d’indemnisation, sur les
conditions d’éligibilité ou sur les obligations auxquelles sont soumis les demandeurs
d’emploi. Autant de paramètres qui permettent de comparer le système français à
ceux d’autres pays. C’est ce qu’a fait la Cour des comptes, en 2016, avec pour éton-
nante conclusion : « La France ne se singularise pas dans le paysage européen ». Le
pays, précise toutefois le rapport, se démarque par « une forte prépondérance de
l’Assurance chômage ». Cette prépondérance s’accompagne « de conditions d’accès
très favorables à l’indemnisation du chômage » (il suffit de quatre mois travaillés
sur une période de référence de 28 mois pour y avoir droit) et « de durées d’indem-
nisation longues ». Concrètement, le plafond d’indemnisation se situe entre 57 % et
7 % du dernier salaire et le versement peut durer jusqu’à 36 mois.
Ces conditions d’accès et le niveau de l’allocation pourraient, à l’avenir, devenir
moins favorables. Une surveillance renforcée des chômeurs est également à l’étude.
En cas de deux refus d’une offre raisonnable d’emploi, leur allocation pourrait être
ponctuellement supprimée. Pour le moment, en France, le pouvoir de sanction est
assez limité. […]
Et ailleurs en Europe ?
De nombreux pays sont plus exigeants. En Belgique, les chômeurs peuvent refuser
des offres d’emploi, mais seulement les six premiers mois. En Allemagne, les allo-
cations peuvent baisser de 30 % en cas de refus d’un poste. Même si le Luxembourg
ou le Portugal sont encore plus sévères, la Grande-Bretagne est souvent présentée
comme ayant mis en place un système particulièrement punitif.
Les chômeurs britanniques doivent en effet se présenter mensuellement à leur
Job Center, l’équivalent de Pôle Emploi, et prouver toutes les deux semaines qu’ils
recherchent activement du travail. En cas de refus d’une offre, ils peuvent être radiés.
Ces conditions, datant de 2010, devaient permettre d’économiser 18 milliards de
livres (20,6 milliards d’euros) en cinq ans. Le système est régulièrement dénoncé
306
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions ci-après. Rendez-vous
MÉTHODE 1
Travail à faire
1. À partir de l’annexe 1, présentez les éléments qui ont pu entrer dans le calcul écono-
mique d’Adidas (calcul coût/bénéfice) pour justifier la relocalisation d’une partie de la
production de chaussures de la marque en Allemagne, dans une usine robotisée.
Structurez votre réponse
2. À partir des annexes 2 et 3, expliquez le processus de destruction créatrice qui accom- en distinguant les
pagne la robotisation. mesures relevant les
3. Présentez les actions qui peuvent être mises en œuvre par les pouvoirs publics pour politiques de l’emploi
et des politiques pour
accompagner ce processus de destruction créatrice lié à la robotisation, en vous l’emploi. Référez-vous
appuyant sur l’annexe 4. aux définitions du cours.
Finie l’Asie, une partie des chaussures Adidas sera produite en Allemagne,
Annexe 1
307
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
a délocalisé ses usines depuis plus de 20 ans. Adidas a déjà prévu une deuxième
usine robotisée aux États-Unis en 2017 et réfléchit à des équivalents en France et
au Royaume-Uni. Pour l’instant, le but d’Adidas n’est pas d’automatiser à 100 %
leur production.
Il faut dire qu’avec plus de 300 millions de chaussures produites par an, ce serait
compliqué. Actuellement, celles-ci sont majoritairement fabriquées à la main. Si
le fait de relocaliser permet de diminuer les coûts liés au trajet, ce changement a
surtout lieu car les choses ont bien changé ces dernières années.
Des robots moins chers, des emplois mieux payés
Le coût des robots a baissé. Dans le même temps, les travailleurs des pays en voie
de développement, notamment en Asie, ont vu leurs salaires augmenter. Les entre-
prises chinoises emploient elles aussi de plus en plus de robots. Fin 2015, Samsung
annonçait de son côté qu’il souhaitait développer des usines robotisées en Corée du
Sud pour remplacer la main-d’œuvre chinoise.
Dans un sondage publié par Randstad en avril sur la peur de la robotisation, si les
Français ou les Allemands n’avaient pas trop peur d’être remplacés par les robots
(27 %), les Chinois (58 %) ou encore les Indiens (69 %) étaient eux très concernés
par cette problématique.
Concernant Adidas, il ne faut pas oublier que l’Allemagne est à la pointe de la
robotique. C’est le premier producteur européen. Il y a 281 robots pour 10 000 sala-
riés de l’autre côté du Rhin.
Grégory Rozières, Le Huffington Post, 5 octobre 2016
308
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Donner un sens à l’intelligence artificielle. Tel est le titre du rapport sur l’intelli-
gence artificielle commandé par le Premier Ministre Édouard Philippe et qu’a dirigé
le député LREM et mathématicien Cédric Villani […] rendu public […] mercredi
28 mars 2018. C’est peu dire que le document mitonné par le récipiendaire de la
médaille Fields 2010 était attendu : voici les principaux éléments à retenir de cette
étude de plus de 240 pages.
309
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Taxer les robots : une solution pour compenser les futures pertes de revenus ?
Annexe 5
310
SYNTHÈSE
Politiques publiques et marché du travail
Défis démographiques
Flux migratoires
Destruction et mutation
des emplois (intelligence
artificielle, robotisation…)
Défis sociétaux
Nouvelle approche
du travail découlant
de la révolution numérique
311
CHAPITRE
17 Inégalités sociales
et pauvreté
PROgRAMME
PRÉREqUIS
Répartition primaire des revenus et défaillances de marché (chapitres 3 et 5) • Croissance économique
(chapitre 12)
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Les inégalités • 2. La pauvreté • 3. L’enjeu économique des inégalités
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
MOTS-CLÉS
Capital humain • Courbe de Lorenz • Croissance économique • Écart interdécile
• Extrême pauvreté • Indice de Gini • Inégalités économiques • Inégalités patrimoniales
• Inégalités sociales • Inégalités territoriales • Interdécile • Quantile • Taux de pauvreté
Chapitre 17 Inégalités sociales et pauvreté
1 Les inégalités
Les inégalités créent des écarts de niveau de vie et/ou de qualité de vie.
Inégalités Inégalités
économiques territoriales
http://dunod.
link/946e9zp
Les caractéristiques
des inégalités en images :
Inégalités Inégalités
sociales culturelles
http://dunod.link/
e98won4
Figure 17.1. Cercle vicieux des inégalités
« Les 10 graphiques qui
Des inégalités territoriales séparent les métropoles des territoires périphériques. Les illustrent les inégalités
inégalités économiques, sociales et culturelles se creusent entre les différents terri- en France » :
toires, notamment en raison d’un accès moindre aux infrastructures publiques (trans-
ports, institutions culturelles, système de santé…), d’un faible dynamisme économique
de certaines régions et d’externalités positives ( chapitre 5) appelées effets d’agglo-
mération (au sens de Marshall) qui accentuent le phénomène. http://dunod.link/5dwngvl
313
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
Définition
NOTRE CONSEIL Les économies d’agglomération désignent les bénéfices externes à l’entreprise (externa-
lités positives) provenant de la densité et de la diversité des agents économiques locaux.
Pensez à faire lien
avec les externalités
positives Marshall (1890) a identifié trois sources d’économies d’agglomération : le partage des
(chapitre 5). infrastructures et des coûts fixes liés à ces infrastructures, un bassin de l’emploi et un
vivier de capital humain plus larges ainsi qu’une meilleure diffusion de l’information et
des technologies.
2. L’étendue des inégalités
Selon le point de vue, la palette des inégalités et le champ de comparaison sont plus ou
moins étendus (tab. 17.2).
CHIFFRES-CLÉS
1. Les inégalités économiques de revenu
Les inégalités de revenu proviennent notamment de la répartition primaire des revenus
Le salaire brut moyen
des femmes en
( chapitre 3). Des différences de revenus primaires (du travail, du capital et mixte)
France est de 2 659 €, apparaissent selon :
contre 3 239 € pour ––l’âge des individus, le genre et la CSP ;
leurs homologues ––le niveau de formation (capital humain) ;
masculins. Le salaire ––la taille, la localisation et l’activité de l’entreprise, mais également la productivité et
brut moyen la qualité du dialogue social ;
des cadres en France
est de 5 564 €,
––le progrès technique et l’impact de la mondialisation.
contre 2 171 € Définition
pour les employés Le capital humain est un patrimoine constitué de capacités techniques et intellec-
(Insee, 2016). tuelles qu’un individu peut mobiliser pour produire.
Un état des lieux
des inégalités hommes-
femmes en matière
Conformément aux analyses de Becker, les personnes disposant de davantage de capi-
de rémunération : tal humain (savoir, savoir-faire, savoir-être, savoir-raisonner) bénéficient de rémunéra-
tions supérieures. Certaines inégalités salariales ne se justifient cependant pas par des
différences de capital humain (ex. : inégalités hommes/femmes).
Les différences de rémunération dépendent également :
http://dunod.link/ •• De la taille de l’entreprise et de sa localisation.
nwuk3cs •• Du secteur d’activité.
314
Chapitre 17 Inégalités sociales et pauvreté
Patrimoine Patrimoine
immobilier financier
(résidences
(livret A, actions,
principale
assurance-vie…)
et secondaire)
315
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
0
0 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 % 100 %
Populations cumulées (en %)
Figure 17.3. Courbe de Lorenz (Insee, BSI-Economics)
Piketty insiste sur les limites actuelles inhérentes aux méthodes de mesure des inégalités.
Son analyse des inégalités sur une période longue combine, de manière systématique,
316
Chapitre 17 Inégalités sociales et pauvreté
toutes les sources de données disponibles (revenus et patrimoines totaux estimés dans
les comptabilités nationales, enquêtes déclaratives sur le revenu et le patrimoine des
ménages, données fiscales issues de l’impôt sur le revenu et sur les successions et patri-
moines) et les classements des grandes fortunes.
EXERCICE 2 • EXERCICE 3
2 La pauvreté
Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) distingue notamment : CHIFFRES-CLÉS
•• L’extrême pauvreté. Elle s’applique à une personne ne disposant pas des revenus 42,2 %
nécessaires pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels, habituellement définis de la population vit
sur la base des besoins caloriques minimaux. dans une extrême
•• La pauvreté générale (pécuniaire). Elle s’applique à une personne ne disposant pas des pauvreté en 1981,
revenus suffisants pour satisfaire ses besoins essentiels non alimentaires – tels l’habil- contre 10 %
lement, l’énergie et le logement – et alimentaires. en 2015, malgré
l’accroissement de la
•• La pauvreté humaine correspond à l’absence de « capacité humaine » de base se population. Environ
caractérisant notamment par l’analphabétisme, la malnutrition, l’espérance de vie 700 millions
réduite, la mauvaise santé maternelle. Ce concept s’appuie sur les travaux de Sen sur de personnes vivent
la capabilité dans les années 1980. La pauvreté humaine va à l’encontre du développe- encore dans ces
ment humain. La pauvreté humaine empêche de vivre une vie longue, saine, construc- situations (Banque
tive, et de jouir d’un niveau de vie décent, ainsi que de la liberté, de la dignité, du mondiale, 2016).
respect de soi-même et d’autrui.
317
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
Tableau 17.5. Taux de pauvreté selon le seuil en France (1970-2015, Insee, TEF 2018)
Nombre Nombre
Le taux de pauvreté Taux en % Taux en %
en milliers en milliers
a baissé en France
depuis les années 1970. 1970 5 785 12,0 8 649 17,9
Après les années 1990,
il atteint 14 % de la 1990 3 751 6,6 7 848 13,8
population française.
Les catégories les plus 2000 4 165 7,2 7 838 13,6
touchées ont également
évolué (part croissante
2010 4 755 7,8 8 617 14,1
des jeunes et des familles
monoparentales).
2010 4 677 7,7 8 520 14,0
318
Chapitre 17 Inégalités sociales et pauvreté
Nombre Nombre
Taux en % Taux en %
en milliers en milliers
EXERCICE 4
319
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
L’analyse de la courbe de Kuznets montre notamment que les inégalités sont « incontour-
nables » quand un pays se développe. Cependant, la croissance et le développement éco-
nomiques permettent de les réduire dans un second temps. Cette analyse est néanmoins
contestée ( chapitre 11). De plus, si certaines inégalités de revenu sont considerées
comme légitimes, d’autres – à l’instar du genre –, relèvent de pratiques discriminatoires.
320
Chapitre 17 Inégalités sociales et pauvreté
L’analyse critique des effets pervers des inégalités s’est particulièrement développée à la
suite de la crise des « subprimes » de 2007 (tab. 17.6).
Malgré les travaux théoriques sur les liens entre inégalités et croissance, aucun consen-
sus ne s’est dégagé des données empiriques. En revanche, un lien de causalité semble
exister entre la croissance économique et la réduction des inégalités à long terme. Des
travaux récents montrent que les pays qui mettent en œuvre des politiques redistributives
(France, Europe du Nord…) ont tendance à croître plus vite que les autres à long terme.
321
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. Les inégalités sociales :
a. sont pluridimensionnelles. ∙ c. sont cumulatives. ∙
b. proviennent quasi exclusivement
d’inégalités économiques. ∙
2. Les inégalités de revenu :
a. sont supérieures aux inégalités de patrimoine. ∙
b. se mesurent à l’aide de l’écart interdécile. ∙
c. se mesurent à l’aide de l’indice de Gini. ∙
3. En 1998, l’indice de Gini des niveaux de vie en France était de 0,279,
en 2016 de 0,288 signifie que :
a. les inégalités de niveau de vie ont augmenté en France sur la période. ∙
b. la France est devenue un pays très inégalitaire. ∙
c. les inégalités de patrimoine sont de plus en plus importantes. ∙
4. Le taux de pauvreté se mesure en France à partir :
a. du seuil de pauvreté (60 % du niveau de vie médian). ∙
b. de l’indice de pauvreté multidimensionnelle. ∙
c. du seuil d’extrême pauvreté. ∙
5. L’extrême pauvreté :
a. a augmenté depuis la crise des subprimes de 2007-2008. ∙
b. pourrait disparaître dans les 20 prochaines années. ∙
c. se concentre de plus en plus aujourd’hui sur le continent asiatique. ∙
6. Les inégalités sociales peuvent être :
a. favorables à la croissance économique. ∙
b. défavorables à la croissance économique. ∙
c. sans incidence sur la croissance économique. ∙
7. Les inégalités sociales :
a. sont réduites grâce aux systèmes de redistribution des revenus. ∙
b. favorisent la cohésion sociale. ∙
c. peuvent stimuler l’innovation. ∙
8. Hayek, considère que les inégalités :
a. nuisent à la croissance économique. ∙
b. ne doivent pas être entravées. ∙
c. sont « justes ». ∙
322
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez aux questions sui-
vantes.
1. Précisez la signification, pour 2015, du revenu disponible médian, du premier décile, de
l’écart interdécile et de l’indice de Gini.
2. Distinguez les notions de revenu et de patrimoine.
3. Présentez l’évolution des inégalités économiques de revenu en France depuis 2010.
4. Comparez l’évolution des inégalités patrimoniales en France depuis 2010 avec celles de
revenu.
323
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Déciles de patrimoine
324
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Déciles de patrimoine
Indicateurs d’inégalités1
Q2/Q1 8 21 16 – 22
En vous appuyant sur vos connaissances et sur les annexes, répondez à la problématique Rendez-vous
soulevée en suivant le questionnement guidé. MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Analysez, à partir des annexes, l’évolution du taux de pauvreté en France et les caracté-
ristiques de ce phénomène.
2. Rappelez la définition du taux de pauvreté. Identifiez le seuil de pauvreté en France
en 2015.
3. Analysez l’évolution du taux de pauvreté en France depuis 1996.
Identifiez les « populations » les plus touchées par la pauvreté en France (type de
ménage, activité, âge, sexe, etc.).
325
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
1996 2002 2008 2010 2010 2012 2012 2013 2014 2015
Taux de pauvreté (en %) 14,5 12,9 13,0 14,1 14,0 13,9 14,2 13,8 14,0 14,2
Seuil de pauvreté
863 958 1 019 1 018 1 011 1 001 1 010 1 008 1 010 1 015
(en euros 2015 par mois)
Nombre de personnes
8 179 7 495 7 836 8 617 8 520 8 540 8 760 8 563 8 732 8 875
pauvres (en milliers)
Intensité de la pauvreté
19,2 16,6 18,5 18,9 19,0 20,5 21,4 20,0 20,1 19,6
(en %)
Champ : France métropolitaine, personnes vivant au sein d’un ménage dont le revenu déclaré à l’administration fiscale est positif ou nul
et dont la personne de référence n’est pas étudiante.
Taux de pauvreté au seuil de 60 % selon le type de ménage en 2015 (Insee, 2016)
Annexe 2
en %
36
32
28
24
20
16
12
Intensité de la pauvreté :
écart relatif entre le 8
seuil de pauvreté et la
médiane des niveaux 4
de vie des personnes
pauvres, rapporté au 0
Personnes Familles Couples sans Couples avec Personnes Couples Ensemble
seuil de pauvreté. Plus seules monoparentales enfant enfant(s) seules
cet indicateur est élevé La personne de référence du ménage La personne de référence
et plus les situations de a moins de 65 ans du ménage a 65 ans ou plus
pauvreté sont fortes.
Champ : France métropolitaine, individus vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et
dont la personne de référence n’est pas étudiante.
326
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Pauvreté des personnes selon l’activité en 2015 (Insee, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2015)
Annexe 3
Femmes Hommes
327
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Travail à faire
« Faut-il lutter contre les inégalités sociales ? »
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, répondez aux questions ci-après.
MÉTHODE 1 Travail à faire
1. Identifiez les différentes inégalités dont il est question dans l’annexe.
2. Montrez les effets pervers des inégalités.
3. Expliquez le lien qui existe entre le progrès technique et la croissance économique.
328
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
329
SYNTHÈSE
Inégalités sociales et pauvreté
de revenu
de patrimoine
(âge, sexe, capital humain, CSP,
(âge, revenus, système fiscal,
taille de l’entreprise, activité
héritages,…)
de l’entreprise...)
330
CHAPITRE
18 Redistribution
des revenus
PROgRAMME
Compétences attendues Savoirs associés
• Identifier les différentes formes • Analyser l’évolution des principales
d’inégalités et les principaux risques dépenses et recettes des politiques
sociaux contemporaines de redistribution
• Analyser les enjeux de la lutte contre les • Redistribution : objectifs, formes,
inégalités et de la couverture des risques instruments
sociaux • Les modèles de protection sociale
• Caractériser les différents instruments • Le financement des politiques de
des politiques de redistribution redistribution
PLAN DU CHAPITRE
COURS : 1. Une approche générale • 2. Les modèles de protection sociale •
3. Le financement et les réformes des politiques de redistribution
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES : Évaluer les savoirs • Maîtriser les compétences •
Préparer l’épreuve
SYNTHÈSE
MOTS-CLÉS
État providence • CSG • Justice sociale • Protection sociale • Redistribution •
Revenu disponible • Revenu universel • Risques sociaux • Système beveridgien •
Système bismarckien
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
La redistribution inclut la protection sociale mais aussi les interventions de l’État pour
réduire les inégalités sociales, professionnelles et régionales.
332
Chapitre 18 Redistribution des revenus
Définitions
• La protection sociale correspond aux institutions et aux mécanismes de prise en
charge collective des risques sociaux.
• Un risque social est un événement qui entraîne une augmentation des dépenses d’un
individu et/ou une baisse de ses revenus (ex. : maladie, perte d’emploi, accident…).
Lorsque l’État prend en charge la protection sociale, il est qualifié dans son acception
stricte d’État providence (Welfare State).
333
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
sociale rejoint le débat sur les inégalités dites « justes » ( chapitre 17) et peut être
interpreté de différentes façons.
CHIFFRES-CLÉS Critère d’optimalité au sens de Pareto. Un optimum de Pareto ( chapitre 5) est une
situation d’allocation des ressources dans laquelle on ne peut augmenter la satisfaction
En France, les 10 %
d’un agent économique sans détériorer celle d’un autre. Ce critère d’efficacité écono-
les plus riches
concentrent plus mique est cependant très contestable puisqu’il n’est pas question d’équité : une situa-
d’un quart des tion dans laquelle une minorité de la population concentre l’ensemble des richesses
revenus. En 10 ans, peut être considérée comme optimale au sens de Pareto.
les 10 % les plus Critère utilitariste (Bentham et Mill). Il s’agit de la recherche de la maximisation par
riches ont vu leur
l’État de l’utilité de la société entendue comme somme des utilités individuelles. L’uti-
pouvoir d’achat
augmenter 20 fois
lité marginale est considérée comme décroissante (l’utilité procurée par la dernière
plus vite que les plus unité consommée décroît quand la consommation augmente). Par conséquent, la redis-
modestes (Insee, tribution des revenus au bénéfice des plus pauvres peut accroître le « bonheur global »
Observatoire des de la population puisque l’utilité marginale ressentie par les plus démunis est supérieure
inégalités, 2013). à celle des populations les plus favorisées.
Critère égalitariste. Il repose sur l’égalité stricte des situations selon l’idéal de certaines
utopies philosophiques socialistes face aux excès de la propriété privée caractérisant les
systèmes capitalistes.
Critère libéral. Il insiste essentiellement sur l’égalité des chances, d’existence ou encore
sur la reconnaissance du droit de propriété. Les procédures doivent être justes et non
nécessairement les situations qui en résultent. Cette approche valorise notamment la
méritocratie, l’équité plutôt que l’égalité.
2. Un objectif de protection sociale
La redistribution permet de protéger les individus contre les risques sociaux.
3. Un objectif d’efficacité économique et de soutien de la demande
Ford, Beveridge, Keynes sont à l’origine de la conception de la redistribution comme
moteur de la croissance par le soutien à la demande (tab. 18.2).
Tableau 18.2. Redistribution et finalité économique
EXERCICE 2 • EXERCICE 3
334
Chapitre 18 Redistribution des revenus
335
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
336
Chapitre 18 Redistribution des revenus
État et
Union nationale pour l’emploi, l’industrie
Sécurité sociale collectivités
et le commerce (Unedic) et Pôle emploi
locales
•• Gestion des •• Unedic : Gestion d’aides
risques maladie, –– Gestion de l’assurance chômage, créée en sociales aux plus
vieillesse, inva- 1958 : allocation d’aide au retour à l’emploi démunis (ex. :
lidité, famille, (ARE) selon le principe de l’assurance RSA, pour les
accident de –– Gestion de l’allocation de solidarité spéci- départements)
travail fique (ASS) selon le principe de l’assistance
•• Recouvrement •• Pôle emploi :
des cotisations –– Calcul, versement des allocations chômage
par l’Urssaf et suivi des demandeurs d’emploi
Que ce soit la Sécurité sociale ou l’Unedic, ces organisations sont gérées paritairement
par les représentants syndicaux et les organisations patronales. L’État détient égale-
ment un pouvoir de décision via les décisions politiques, en matière de redistribution
et par la présentation des budgets sociaux votés par les assemblées. On parle donc de
gestion tripartite de la protection sociale.
Ces différentes organisations versent des prestations en espèces (elles compensent la
perte de revenu) et en nature (elles compensent les frais engagés). La sécurité sociale se
compose de quatre branches (tab. 18.6).
Accidents
Maladie et Veuvage
Famille de travail, maladies
maternité et vieillesse
professionnelles
337
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
Différents régimes coexistent au sein de la sécurité sociale : le régime général, celui des
indépendants, le régime agricole et les régimes spéciaux.
EXERCICE 2
Le régime général de la sécurité sociale est essentiellement financé par les cotisations
sociales salariales et patronales (55,8 % des recettes) suivies par la contribution sociale
généralisée – CSG (21,4 %). La part des impôts et taxes n’a cessé de croître, orientant le
financement dans une logique de plus en plus beveridgienne.
2. Les principales dépenses
Couverture des risques sociaux. Avec près de 759 Mds € en 2016, les dépenses de sécu-
rité sociale concernaient principalement la couverture contre le risque vieillesse-survie
(325,3 Mds €), la santé (249,9 Mds €), la famille (54,5 Mds €) puis l’emploi (44,5 Mds €).
Solde du régime général. Le régime général de la sécurité sociale connaît un déficit chro-
nique depuis de nombreuses années même s’il a nettement diminué au cours de la der-
nière décennie (fig. 18.3), passant de 28 Mds € en 2010 à 400 millions prévus en 2018. Les
comptes de la sécurité sociale ont connu un effet de ciseau avec :
––une pression à la hausse des dépenses sociales face au vieillissement de la population, à l’ac-
croissement du prix des dispositifs médicaux et au maintien du chômage à un niveau élevé ;
––une moindre augmentation des recettes face à une croissance économique atone et
une baisse de l’assiette des cotisations sociales liée au vieillissement de la population.
+ 0,8 + 1 + 0,8
Année 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17
–2,2
–4,8
–5,1
–7,8
–9,3 –9,4
–10 –10,8
–11,1 –12,6 –13,2
–15,4
–13,6 –17,5
–20,9
–23,5
–28,0
Taux de prélèvements
Part des dépenses sociales
Pays obligatoires
(% du PIB)
(% du PIB)
339
Partie 6 Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
Taux de prélèvements
Part des dépenses sociales
Pays obligatoires
(% du PIB)
(% du PIB)
340
Chapitre 18 Redistribution des revenus
•• Les règles de remboursement et de prise en charge par l’assurance maladie ont été
modifiées et durcies, se traduisant par une augmentation du solde à la charge de l’as-
suré (ex. : déremboursement, limitation des conditions d’accès à certains services
médicaux, ticket modérateur, franchises).
•• Les conditions d’obtention d’une retraite à taux plein sont aujourd’hui d’un âge mini-
mum de 62 ans et 43 annuités de cotisation (pour les personnes nées à partir de 1973).
La maîtrise des comptes sociaux a été renforcée par la mise en place en 1996 (renforcée
en 2005) d’une loi annuelle de financement de la Sécurité sociale (LFSS) qui encadre la
gestion paritaire de cette institution. Elle octroie aux parlementaires un droit de regard
sur les équilibres financiers de ses comptes.
3. Vers des prestations davantage orientée vers la solidarité ?
D’inspiration très bismarckienne au départ, la France a développé son volet solidaire par CHIFFRES-CLÉS
des dispositifs d’assistance s’adressant aux populations les plus démunies :
La protection maladie
•• Les « travailleurs pauvres » disposent de revenus de transfert complétant le revenu universelle représente
de leur travail. La prime d’activité à destination des actifs à faibles revenus, créée en 1,78 million de
2016, qui a succédé à la prime pour l’emploi et au RSA (remplacé par le revenu uni- bénéficiaire ; la CMU
versel d’activité) entre dans cette logique avec 2,6 millions de bénéficiaires en 2016. complémentaire,
•• L’Allocation personnalisée à l’autonomie (APA) à destination des personnes âgées, la 5,4 millions
couverture médicale universelle de base et la CMU complémentaire relèvent égale- (comptes de la
ment de cette logique. sécurité sociale,
2017).
4. Une extension du recours aux mécanismes de marché
Les dispositifs privés et volontaires de protection (ex. : assurances, mutuelles, c omplémentaires)
sont de plus en plus prégnants. En matière de retraite et de maladie, le recours au marché est
de plus en plus envisagé, voire encouragé (retraite par capitalisation, mises en concurrence
des prestataires de services de santé, mutuelle d’entreprise obligatoire depuis 2016 pour les
salariés du privé financée à 50 % par l’employeur).
5. Vers un revenu universel ?
Objet de nombreux débats (Piketty…) sur sa finalité et ses modalités d’application,
le revenu universel fait l’objet de tests dans de nombreux pays (Finlande…).
Définition
Quelle que soit sa dénomination exacte (allocation ou revenu universel), le revenu Le revenu universel
universel consiste en le transfert de ressources à tous les citoyens d’un pays, indé- en images :
341
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Évaluer Maîtriser Préparer
les savoirs les compétences l’épreuve
1 QCM
Pour chaque proposition, une ou plusieurs réponses sont possibles. Justifiez-les.
1. La redistribution des revenus :
a. est un préalable à la répartition primaire des revenus. ∙
b. s’appuie sur les revenus de transfert et les prélèvements obligatoires. ∙
c. se développe dans la 2e moitié du 20e siècle en France. ∙
2. Dans une logique keynésienne, les dispositifs de redistribution des revenus doivent :
a. bénéficier aux populations disposant de la propension marginale
à consommer la plus faible. ∙
b. bénéficier aux populations les plus démunies.
c. bénéficier aux populations disposant de la propension marginale
à consommer la plus élevée. ∙
d. jouer un rôle de stabilisateur automatique de la situation économique. ∙
3. Le modèle beveridgien de protection sociale :
a. repose sur un principe d’assurance sociale. ∙
b. est financé par l’impôt. ∙
c. propose des prestations sociales universelles. ∙
4. La France est un modèle d’État providence davantage :
a. socialiste. ∙
b. libéral. ∙
c. corporatiste. ∙
5. Le risque de chômage en France :
a. est géré par la Sécurité sociale. ∙
b. repose sur un principe d’assurance (ARE). ∙
c. est géré paritairement par les représentants syndicaux et les organisations
patronales. ∙
6. La sécurité sociale en France :
a. est essentiellement financée par des impôts et taxes. ∙
b. voit son déficit se creuser ces dernières années. ∙
c. voit sa gestion financière encadrée par les parlementaires. ∙
7. Le revenu universel
a. a été instauré en France. ∙
b. est accordé sous conditions de ressources. ∙
c. est une prestation s’adressant à l’ensemble de la population. ∙
342
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En vous appuyant sur vos connaissances, répondez aux questions ci-après relatives à l’annexe.
1. Précisez la signification, pour 2017, des données de la première ligne de l’annexe : 3 260
Lecture : les personnes
et 73 160. du 3e quintile de niveau
2. Identifiez les principaux risques sociaux pris en charge d’après l’annexe. de vie ont acquitté
en moyenne 210 €
3. Indiquez l’évolution du niveau de vie annuel français moyen avant redistribution et après d’impôt sur le revenu
redistribution pour l’ensemble de la population, pour les premier et dernier déciles de par an et par unité
l’annexe. Justifiez votre réponse. de consommation.
343
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
4. Au regard des données fournies, la redistribution verticale des revenus en France est-elle
efficace ?
Q1 à Q2 à Q3 à Total
< D1 < Q1 > Q4 > D9
Q2 Q3 Q4
Financement
– 130 – 270 – 700 – 1 150 – 1 720 – 4100 – 5 740 – 1 590
de la protection sociale
Prestations
2 070 1 760 850 560 330 140 100 730
familiales
1. < Q1 : 20 % des personnes les plus modestes, …, > Q4 :20 % des personnes les plus aisées ; < D1 : 10 % des personnes les plus
modestes, …, > D9 : 10 % des personnes les plus aisées.
2. Les cotisations sociales retenues ici sont les cotisations patronales famille car ce sont les seules non contributives. Les cotisations
des micro-entrepreneurs ne sont pas incluses car ces derniers s’acquittent d’un forfait social, ce qui ne permet pas de distinguer les
cotisations famille.
344
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Q1 à Q2 à Q3 à Total
< D1 < Q1 > Q4 > D9
Q2 Q3 Q4
Allocations
810 720 410 310 230 110 80 350
familiales
Autres prestations
1 260 1 030 440 250 100 30 30 370
familiales3
Prime d'activité
et minima 2 820 1 980 370 150 90 90 80 540
sociaux4
Niveau de vie (B) 10 020 11 560 16 300 20 810 26 290 45 040 56 430 24 000
Taux de
redistribution 207,4 72,0 3,0 – 4,5 – 9,9 – 19,8 – 22,9 – 7,4
(B-A)/A (en %)
3. Allocation de soutien familial, allocation d’éducation de l’enfant handicapé, prestation partagée d’éducation de l’enfant de la Paje,
complément familial, allocation de base et prime à la naissance de la Paje et allocation de rentrée scolaire.
4. Revenu de solidarité active, minimum vieillesse (Aspa), allocation supplémentaire d’invalidité, allocation pour adulte handicapé et
son complément et garantie jeunes.
En vous appuyant sur vos connaissances et sur l’annexe, répondez aux questions suivantes. Rendez-vous
MÉTHODE 1
Travail à faire
1. Définissez le concept de revenus universels (ou de base).
2. Identifiez les avantages attendus par la mise en œuvre de ce revenu universel.
345
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Le revenu de base se veut une réponse aux défis économiques, sociaux, écologiques
et démocratiques auxquels nos sociétés riches sont confrontées. Une idée forte, mais
non dénuée de dangers.
Le revenu de base, ou revenu universel, est à nouveau au coeur du débat. Deux
candidats l’avaient d’ailleurs placé au centre de leur programme lors de la dernière
campagne présidentielle en 2017. Le revenu de base se veut une réponse à de multi-
ples défis auxquels nos sociétés riches sont aujourd’hui confrontées sur les plans
économique, social, écologique et démocratique.
Distribué à tous
De quoi s’agit-il ? De verser à tous les résidents un revenu inconditionnel afin que
nul ne soit enfermé dans la pauvreté, dans une société où le progrès technique
permet de produire des richesses en abondance avec une quantité de travail réduite.
À la différence de prestations sociales comme le revenu de solidarité active (RSA) ou
la prime d’activité, ou des autres minima sociaux, le revenu de base n’est donc pas
versé aux seules personnes exclues de l’emploi ou ayant de très bas salaires, mais
distribué à tous, aussi bien à madame Bettencourt qu’à un sans domicile fixe.
Le premier avantage d’un revenu de base inconditionnel est d’éviter d’enfermer
les exclus de l’emploi dans un statut d’assisté puisque tout le monde en bénéficie.
L’aumône donnée par la société se transforme en un droit universel, lié à la citoyen-
neté. Un message qui peine cependant à être entendu aujourd’hui tant l’idée que
tout salaire mérite travail demeure forte, notamment chez ceux qui occupent des
emplois difficiles et mal rémunérés.
Les spécialistes du social avancent un autre argument pour défendre le revenu de
base : son automaticité met un terme au non-recours, c’est-à-dire le fait qu’au-
jourd’hui des centaines de milliers de personnes qui devraient toucher des minima
sociaux n’en bénéficient pas parce qu’elles jugent les démarches trop complexes ou
trop stigmatisantes. Toute personne qui a déjà étudié de près un dossier de demande
de RSA sait qu’être pauvre suppose un haut niveau de qualification…
Philippe Frémeaux, « Les dossiers n° 010 », Alternatives économiques, juin 2017
346
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
En pointe sur les questions sociales, la Finlande a testé l’intérêt d’une allocation
Annexe 2
347
DES SAVOIRS AUX COMPÉTENCES
Rendez-vous Vous proposerez une réponse structurée comportant une introduction, un plan détaillé
MÉTHODE 2 et une conclusion permettant répondre à la question suivante.
Travail à faire
« Quels enjeux pour la protection sociale en France ? »
348
SYNTHÈSE
Redistribution des revenus
Outils de redistribution
Prélèvements Transferts Services publics
obligatoires de revenus marchands
Formes de redistribution
horizontale verticale
(réduction des inégalités) (couverture sociale : protection
contre les risques sociaux)
Objectifs
de la redistribution
349
PARTIE 6 : CAS DE SYNTHÈSE
Déséquilibres sociaux : explications et enjeux
Insécurité sur le marché du travail (2016) Grèce : 22,7% OCDE : 4,9% Japon : 1,6%
France : 4,4%
Grèce : 47,9% OCDE : 27,6% Norvège : 13,8%
Stress au travail (2015)
France : 25,8%
Grèce : 16,0% OCDE : 10,9% Rép. tchèque : 5,8%
La qualité du revenu Taux de bas revenus (2015)
Inclusivité
France : 8,3%
d’activité est exprimée Corée (2013) : 61,0% OCDE : 38,1% Finlande : 21,4%
Écart hommes-femmes du revenu
en rémunération horaire de travail (2015)
brute corrigée des France : 34,6%
Écart de taux d’emploi des groupes Turquie : 47,1% OCDE : 24,7% Islande : 9,2%
inégalités en PPA (dollars
défavorisés (2016)
américains). France : 27,8%
350
PARTIE 6 : CAS DE SYNTHÈSE
L’OCDE a mis en garde mardi contre une polarisation croissante des marchés du
travail, source d’inégalités sociales, exhortant les pays à agir pour mieux répartir
les fruits de la croissance et faire barrage aux populistes. Dans un rapport présenté
à Berlin, l’Organisation de coopération et de développement économiques souligne
que la proportion des emplois moyennement qualifiés a chuté de 7,6 points de
pourcentage entre 1995 et 2015 dans ses États membres, tandis que la part des
emplois hautement et peu qualifiés augmentait respectivement de 5,3 points et de
2,3 points. « Les salaires bas et moyens stagnent et la demande d’emplois moyenne-
ment qualifiés baisse », indique le rapport.
Selon l’OCDE, dont la plupart des membres sont des pays développés, les progrès
technologiques sont les premiers responsables de cette évolution, et dans une
moindre mesure la mondialisation, souvent synonyme de délocalisations de
la production dans des pays à main-d’œuvre bon marché. Cette polarisation
s’est accompagnée d’un creusement de l’écart des revenus. « L’inégalité des reve-
nus est inédite en ce moment et met en danger la cohésion sociale », a déclaré
le secrétaire général de l’OCDE Angel Gurria, lors d’une conférence de presse.
Le revenu disponible moyen des 10 % les plus riches de la population est désormais
plus de 9 fois supérieur à celui des 10 % les plus pauvres, contre 7 fois plus il y a
vingt-cinq ans. Pour l’OCDE, le rejet de la mondialisation, qui s’est exprimé par une
montée des populismes dans certains pays, est largement lié à « l’incapacité des
politiques publiques existantes à promouvoir une croissance inclusive », qui profite
à une large couche de la population.
Une politique de l’emploi ne doit pas se focaliser uniquement sur les taux de
chômage et d’emploi, mais aussi sur la qualité de ces emplois (rémunération, sécu-
rité), sur une plus grande « inclusivité » (égalité entre hommes et femmes, inser-
tion des personnes défavorisées face à l’emploi) et sur une flexibilité du marché
permettant de résister aux crises ou s’adapter aux évolutions technologiques (avec
notamment une mise en valeur des formations continues), énumère l’organisation.
Si l’Allemagne, avec un taux de chômage au plus bas depuis la réunification, fait
figure de bonne élève, elle a beaucoup à faire en matière d’égalité des chances sur le
marché du travail entre les hommes et les femmes, a ainsi noté M. Gurria.
www.lefigaro.fr, 13 juin 2017
351
PARTIE 6 : CAS DE SYNTHÈSE
6
5
4
3
2
1
0
N
R
N
E
N
LD
C
U
R
E
A
K
E
A
T
N
P
L
N
A
L
SW
O
DN
CH
AU
CZ
GB
GR
HU
BE
PR
US
SV
DE
CA
ES
FR
SV
IR
IT
JP
FI
N
N
Taxer les robots : une solution pour compenser les futures pertes de revenus ?
Annexe 4
352
PARTIE 6 : CAS DE SYNTHÈSE
Automatisation : où en est-on ?
Annexe 5
Il faut taxer les machines ! L’idée est ancienne, mais elle a resurgi à l’occasion du
débat sur le revenu universel. Pour beaucoup de ses promoteurs, une telle taxation
serait un des moyens principaux de le financer. Leur raisonnement : comme l’auto-
matisation va inexorablement réduire l’emploi disponible, le fruit du « travail » des
robots doit permettre de nourrir demain tous ceux qui, à cause d’eux, ne trouveront
plus jamais de travail.
Mais où en est-on aujourd’hui de l’automatisation ? […] Pour produire 100 euros
de richesse dans l’année, il fallait en 1981 mobiliser des machines qui valaient en
moyenne 34 euros et des logiciels qui coûtaient 3 euros, soit 37 euros d’équipe-
ments de production, selon l’Insee. En 2015, il n’y avait plus besoin pour produire
autant de richesses que de 27,50 euros de machines et de 6,50 euros de logiciels, soit
34 euros d’équipements. Sur cette période, ce que les économistes appellent l’inten-
sité capitalistique de l’économie française a donc, dans l’ensemble, plutôt décru. On
utilise certes deux fois plus de logiciels qu’il y a trente-cinq ans, mais aussi moins
de machines. […]
Où se situe la France par rapport aux autres pays développés sur le plan de l’au-
tomatisation ? […] En matière industrielle en revanche, la Fédération internatio-
nale de la robotique estime le nombre des robots à 126 pour 10 000 salariés dans
l’industrie française, contre près de 300 en Allemagne et de 500 en Corée du Sud.
L’industrie hexagonale a donc plutôt décroché ces dernières années en matière d’au-
tomatisation, faute d’investissements suffisants.
353
PARTIE 6 : CAS DE SYNTHÈSE
Tout d’abord, les machines ou les logiciels qui permettent de supprimer des emplois
doivent eux-mêmes être produits. Cette substitution crée donc de nouveaux emplois.
De plus, la substitution capital-travail permet de produire à moindre coût. De ce fait,
les produits et les services en question peuvent devenir moins chers. Si les politiques
économiques menées par ailleurs maintiennent le pouvoir d’achat de la population
– une condition importante et pas toujours réunie –, ces biens et ces services pourront
être achetés en plus grand nombre, poussant ainsi l’emploi à la hausse dans les secteurs
concernés. Ou si ce n’est pas le cas, le pouvoir d’achat dégagé grâce à ces baisses de prix
permettra de développer d’autres activités, elles aussi créatrices d’emplois.
[…] Quelles activités pourraient prendre le relais de services automatisés avec la
révolution numérique ? Difficile à dire aujourd’hui, mais les besoins sociaux non ou
mal satisfaits restent nombreux et l’imagination des êtres humains pour inventer de
nouvelles activités ne connaît guère de limites.
Enfin, la hausse de la productivité liée à la substitution capital-travail a permis
aussi, et peut encore faciliter dans le futur, un mouvement historique de réduction
du temps de travail. Il en limite les impacts négatifs sur l’emploi tout en contribuant
à améliorer nos vies.
354
PARTIE 6 : CAS DE SYNTHÈSE
355
SUJET TYPE D’EXAMEN
DURÉE DE L’ÉPREUVE
4 heures Coefficient 1
PLAN DU SUJET
Le sujet se présente en quatre dossiers. Il comporte 10 annexes.
Moyenne Projections
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
2000-2009 2018 2019 2023
Chine 10,3 10,6 9,5 7,9 7,8 7,3 6,9 6,7 6,9 6,6 6,2 5,6
Pays
1,8 3,1 1,7 1,2 1,4 2,1 2,3 1,7 2,3 2,4 2,1 1,5
avancés
356
SUJET TYPE D’EXAMEN
357
SUJET TYPE D’EXAMEN
1 Chine 9 839
2 États-Unis 5 270
3 Inde 2 467
358
SUJET TYPE D’EXAMEN
La Chine, premier pollueur mondial, est-elle engagée dans une transition énergétique ?
Pendant des décennies, l’État chinois a privilégié une croissance économique rapide,
axée sur l’industrie lourde et alimentée par le charbon, au détriment de l’environ-
nement et de la santé de ses citoyens. Face à la crise environnementale majeure que
traverse le pays, les autorités ont décidé d’agir. Début 2018, la Chine a mis en œuvre
une nouvelle loi fiscale axée sur la protection de l’environnement.
L’investissement porte en priorité sur le renforcement du système de surveillance de la
qualité de l’air, de l’eau et des sols. Ensuite, la loi sur l’environnement renforce les sanc-
tions – peines de prison voire peine de mort dans les cas extrêmes – pour les pollueurs.
Cela concerne notamment les autorités locales qui deviennent responsables.
Tous les scénarios sont encore ouverts, les plus optimistes comme les plus pessimistes.
La résolution des problèmes environnementaux prend du temps. Or on note une véri-
table résistance des autorités locales. En outre, faire adopter comme une priorité la
protection de l’environnement à une population qui commence seulement à toucher
du doigt le mode de consommation occidental, c’est un énorme défi à relever.
Stéphanie Monjon, Pour l’éco, n° 4, décembre 2018
359
SUJET TYPE D’EXAMEN
360
SUJET TYPE D’EXAMEN
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2010
2015
Exportations Importations
Travail à faire
5. Analysez l’évolution des crédits en Chine depuis 2008. Caractérisez ce mode de finance-
ment et indiquez les conséquences de l’évolution des crédits.
6. Présentez le shadow banking en Chine, les causes de son développement et ses consé-
quences sur l’économie chinoise.
[…] La dette du secteur privé non bancaire en Chine a dépassé un nouveau seuil
historique au premier trimestre 2016, en représentant 210 % du produit intérieur
brut (PIB) national. Si l’on envisage la dette totale chinoise – concernant l’ensemble
des entreprises, des ménages et de l’État –, on arrive alors, fin 2015, à un niveau
d’endettement de près de 250 % du PIB, soit 22 000 Mds €, un équivalent de dix
fois le PIB français ! S’il est aisé de comprendre l’origine de la formation de cette
bulle de crédit post-crise financière des subprimes, il est en revanche plus hasardeux
de, prévoir l’échéance de son éclatement, destinée pourtant inévitable qui régit
361
SUJET TYPE D’EXAMEN
l’existence de toute bulle de ce type, ainsi que l’ampleur des incidences que pourrait
Annexe 9
avoir un krach bancaire chinois sur la stabilité monétaire et financière internatio-
nale et la croissance de l’économie mondiale, avec des banques chinoises s’effon-
drant sous le poids de l’accumulation de crédits non remboursables.
Poids des encours de crédits accordés au secteur privé non bancaire en % du PIB
chinois (Banque mondiale, 2015)
250
Les encours désignent
les prêts accordés 200
par les banques et
autres établissements
150
financiers, non arrivés
encore à échéance.
100
50
0
1990 1995 2000 2005 2010 2015
Source : Fonds monétaire internationnal, statistiques
financières internationnales et données de fichiers,
estimations du PIB de l’OCDE et de la Banque mondiale,
donnees.banquemondiale.org
[…] Ce sont des entreprises surendettées qui, dans un certain nombre de secteurs en
surcapacités productives (construction navale, charbon, sidérurgie, etc.), continuent
néanmoins d’être soutenues par le secteur bancaire public. Les autorités chinoises
veulent en effet éviter une dégradation de la situation sociale que ne manquerait
pas de provoquer un chômage massif, dans le cadre de restructurations dans les
grands conglomérats publics si elles laissaient s’opérer une pure logique de marché.
Résultat, le taux d’endettement des entreprises de 120 % du PIB en 2015 est donc
historiquement élevé, et sans commune mesure eu égard à ceux observés dans
les autres économies émergentes. Par ailleurs, le montant des créances douteuses
– susceptibles de ne pas être remboursées – possédées par les banques officielles repré-
senterait un équivalent de 7 % du PIB chinois et, selon le FMI, dans un tel contexte,
on devrait enregistrer une nouvelle progression du taux d’endettement des entre-
prises non financières de l’ordre de 20 points d’ici à 2019. La part des créances
pourries dans le total des prêts, actuellement de 5,5 %, pourrait quant à elle tripler !
[…] les autorités chinoises ne sont pas encore totalement dépourvues de marges de
manœuvre [….] en dépit de la baisse de leur montant depuis 2015, les réserves de change
chinoises […] sont donc toujours au-dessus du seuil minimal des 2 800 Mds $ recom-
mandé par le FMI. La Banque centrale chinoise est donc toujours bien armée pour lutter
contre des forces spéculatives éventuelles jouant la carte de la dépréciation du yuan
[…]. Enfin, les autorités de Pékin peuvent également utiliser l’arme du renforcement du
contrôle des changes, comme elles ont déjà pu le faire ces dernières années […].
Extraits de « Il était une fois une bulle de crédit en Chine »,
Yves Besançon, Idées économiques et sociales, 2017/2, n° 188, p. 61-63
362
SUJET TYPE D’EXAMEN
[…] Le taux d’endettement [des agents non financiers de la Chine] est désormais
comparable à celui d’économies – zone euro, États-Unis, Singapour, etc. – de niveaux
de développement nettement plus élevés. Sa progression spectaculaire depuis 2008
s’explique d’abord par le ralentissement de la croissance nominale.[…] La réduc-
tion de l’excédent extérieur est venue s’ajouter à la décélération de la croissance
nominale pour faire monter, à partir de 2008, le poids de l’endettement domestique :
cette réduction de l’excédent extérieur a été compensée […] par un besoin de finan-
cement encore accru des entreprises […] d’où une progression encore plus rapide de
leur endettement. […]
Que la montée rapide de l’endettement privé en Chine s’explique par la volonté des
autorités de soutenir une croissance en permanence freinée par l’accumulation de
dépôts auprès de son système financier ne retire bien sûr rien à son caractère inquié-
tant : distribuer rapidement une masse importante de crédits conduit fatalement à
de mauvais prêts.
À terme, les risques les plus préoccupants pourraient être ceux qui résultent d’une
mauvaise allocation durable des ressources que le système financier chinois mobi-
lise. De ce point de vue, créer de nouveaux canaux de financement, allant vers
des agents dont les besoins sont peu ou mal satisfaits, est devenu une priorité du
gouvernement. Développer le rôle du marché obligataire dans le financement des
grandes entreprises pourrait ainsi permettre de réorienter le crédit bancaire vers les
plus petites, celles du secteur des services en particulier.
Extraits de « Le système financier chinois : un développement difficile à maîtriser » de Anton
Brender et Florence Pisani, Revue d’économie financière, 2016, n° 123, p. 109-124
Depuis 2008, une part croissante des financements ont ainsi été accordés en dehors du
marché obligataire et du système bancaire traditionnel. Le premier étant embryon-
naire et les capacités de prêt du second fortement contraintes, un shadow banking est
devenu la « soupape » permettant de générer, en Chine cette fois, la quasi-totalité de
l’endettement nécessaire pour absorber l’épargne qui s’y accumule. L’intervention
de ce shadow banking était d’autant plus indispensable que l’épargne chinoise
est, pour sa plus grande part, dans les mains d’agents peu enclins à prendre des
risques. L’apparition de nouveaux canaux de financement a ainsi été une réponse
aussi bien aux besoins des petites entreprises, des promoteurs immobiliers, etc. qui
autrement n’auraient pu se financer, qu’à ceux d’investisseurs – riches particuliers
ou entreprises – à la recherche de placements plus rémunérateurs que les dépôts
bancaires. Le shadow banking a permis aussi à ceux qui empruntaient à relative-
ment court terme aux banques pour financer des investissements de traverser les
phases de restriction du crédit bancaire qui mettaient régulièrement leur trésorerie
en difficulté.
363
SUJET TYPE D’EXAMEN
Le système alternatif qui s’est développé a pris en charge, à l’instar des banques
mais avec des fonds propres bien moindres, une masse de risques financiers toujours
plus grande. Les estimations de sa taille varient. Le montant des ressources qu’il a
mobilisées approcherait, à la fin de 2015, 80 % du PIB selon Moody’s. Les banques
trouvent en outre auprès de ce système alternatif une part de plus en plus significa-
tive de leurs ressources avec pour conséquence un accroissement sensible du risque
de liquidité.
[…] Ce système bancaire alternatif a permis, depuis 2008, de mobiliser une partie
du potentiel d’épargne chinois pour financer l’investissement de petites entreprises
ou la construction d’infrastructures publiques, pilier de la politique gouvernemen-
tale de soutien de la demande intérieure. Sa croissance rapide ne peut bien sûr
qu’inquiéter. Les produits de placements, par exemple, qui y sont fabriqués – les
wealth management products – ont souvent une maturité très courte – inférieure
à six mois –, mais sont généralement investis dans des actifs plus longs et moins
liquides. Plus ce système grossit et plus il devient vulnérable à un changement de
perception du risque par les investisseurs. Conscientes de ces dangers, les autorités
tentent en permanence d’en contrôler le développement. [….]
Extraits de « Le système financier chinois : un développement difficile à maîtriser » de Anton
Brender et Florence Pisani, Revue d’économie financière, 2016, n° 123, p. 109-124.
Dossier 4. Argumentation structurée
Rendez-vous En vous appuyant sur vos connaissances, répondez, par un exposé introduit et conclu, à
MÉTHODE 2 la question suivante.
Travail à faire
« La Chine doit-elle craindre un retour du protectionnisme ? »
364
CORRIGÉ
DU SUJET TYPE D’EXAMEN
365
CORRIGÉ
DU SUJET TYPE D’EXAMEN
On constate une baisse de l’extrême pauvreté en Chine dans les dernières années ;
entre 2010 et 2016, le nombre de pauvres a diminué de 121 millions (en péridoe de
faible croissance démographique). Cependant, les inégalités de revenus ont augmenté
depuis 1978
Le constat est cohérent avec la première phase de la courbe de Kuznets ; les inégalités
augmentent avec le revenu moyen par habitant). On peut se demander si les inégalités
ont atteint leur paroxysme et si la deuxième partie de la courbe de Kuznets se vérifiera
à l’avenir (les inégalités devraient baisser).
Il ne faut pas négliger non plus les inégalités de patrimoine ; 1 % des plus riches (dernier
centile) détiennent 43,8 % du patrimoine global chinois.
2. Analysez les effets attendus des investissements de R&D et de capital humain de la Chine
notamment en matière de croissance potentielle.
Rappelons, en préalable, que la croissance potentielle est mesurée par le taux de varia-
tion du PIB potentiel entre deux dates (variation du volume de production de biens et
de services que peut atteindre durablement une économie en utilisant pleinement ses
capacités, mais sans créer de tensions inflationnistes).
Comme le montre l’annexe 6, la Chine investit massivement dans la R&D, soit la
recherche appliquée à l’industrie et aux services, pour développer des innovations
notamment en lien avec les nouvelles technologies et le développement durable. Elle
investit également massivement dans les études supérieures (universités), permet-
tant ainsi l’augmentation du nombre de thésards (annexe 6) et veut créer 40 centres
d’innovation industrielle (annexe 7), sources essentielles de capital humain (stocks de
connaissances valorisables économiquement chez les individus), d’ici à 2025.
Ces mesures devraient permettre une croissance soutenable dans une logique de déve-
loppement durable et de soutenabilité faible car basée sur le progrès technique, c’est-à-
dire l’innovation au sens de Schumpeter et de Solow.
Elles devraient également être vectrices d’une plus grande autonomie à l’égard des tech-
nologies étrangères », permettant de capter davantage de valeur de la chaîne de valeur
mondiale (désigne l’ensemble des activités productives réalisées par les entreprises en
différents lieux géographiques au niveau mondial pour amener un produit ou un service
du stade de la conception au stade de la production et de la livraison au consommateur
final).
La croissance potentielle issue du progrès technique, c’est-à-dire de l’ensemble des
innovations permettant d’améliorer le système productif, la création de nouveaux pro-
duits ou de procédés novateurs, devrait offrir à la Chine une montée en gamme ’de ses
produits finis à forte valeur ajoutée.
Enfin, comme l’ont démontré les théories de la croissance endogène, et particulière-
ment Romer, Lucas, Barro et Aghion qui insistent sur le rôle de la R&D (Barro), du capi-
tal humain (Lucas), de la connaissance (Romer et Aghion), les dépenses de R&D et de
capital humain sont à l’origine d’externalités positives qui créent un cercle vertueux de
croissance.
366
CORRIGÉ
DU SUJET D’EXAMEN
3. Présentez les dispositifs mis en place par l’État chinois pour limiter les émissions de C02.
Expliquez en quoi ces dispositifs s’imposent à la Chine pour préserver sa trajectoire de
croissance.
Premier pays émetteur de CO2 au niveau mondial (tableau de l’annexe 4), la Chine s’est
engagée, lors de la COP21, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à « se placer
à l’avant-poste de la lutte contre le réchauffement climatique » (annexes 4 et 5).
Les mesures prises par le gouvernement chinois visent à internaliser les externalités
négatives, allant de la fermeture d’usines polluantes à la création du marché de droits
à polluer, et en passant par la taxation des activités polluantes ou la subvention des
efforts en matière énergétique. On retrouve ici les instruments présentés par la théorie
économique : taxe pigouvienne, théorème de Coase. Ces dispositifs incitent les acteurs
économiques à intégrer dans leurs choix le coût social de leur activité (ici le coût social
de la pollution).
Pour la Chine, la question écologique est devenue un impératif national, pour des raisons
de santé publique (« la pollution est responsable de la mort prématurée d’un million de
personnes ») mais aussi économiques (la pollution atmosphérique ampute 0,66 % du
PIB du pays). En effet, les externalités négatives de production et de consommation
affectent directement les facteurs de la croissance économique (en premier lieu, la pro-
ductivité du facteur travail), et leur coût social pèse sur les dépenses publiques qui ne
peuvent plus être mobilisées pour la R&D ou l’investissement en capital humain.
Pour répondre à cet impératif sanitaire et économique, le gouvernement chinois a mis
en place une politique volontariste dans le secteur des énergies renouvelables, poten-
tiellement source de croissance endogène pour le pays.
367
CORRIGÉ
DU SUJET TYPE D’EXAMEN
par rapport à la période précédente, une véritable insertion de la Chine dans le com-
merce international et une large ouverture commerciale.
•• Les années 1994-2016. Depuis 1994, la balance commerciale de la Chine est excéden-
taire : elle exporte donc plus de biens et services qu’elle n’en importe. L’excédent était
particulièrement marqué avant la crise de 2007-2008. Après la crise mondiale, la part
des exportations et des importations dans le PIB a diminué mais la balance est restée
excédentaire.
•• crise des subprimes éclate en 2007 et atteint l’ensemble des pays du monde cou-
La
rant 2008. La Chine est le premier exportateur mondial de biens et le troisième impor-
tateur de biens. Face à la mise en place de politiques d’austérité dans les pays occiden-
taux, les Chinois ont cherché à limiter leurs importations. Parallèlement, la production
dans les pays partenaires de la Chine a été très touchée par la crise, ce qui explique le
poids décroissant des exportations dans le PIB chinois.
À court terme, la hausse des crédits bancaires a été favorable au maintien de l’activité et
de l’emploi dans les entreprises. À moyen et long terme, les effets d’une telle hausse des
crédits bancaires accordés aux agents non financiers ont été plutôt défavorables, avec :
•• Un risque inflationniste. Le financement monétaire génère des tensions à hausse sur le
niveau général des prix, favorable à court terme aux emprunteurs mais défavorables
aux prêteurs et, à long terme, aux consommateurs.
•• Le risque d’une crise bancaire et d’un krach financier. L’importance des créances « pour-
ries » et le risque de défaut de paiement des emprunteurs fragilisent les banques. En
cas de défaillance de celles-ci, la confiance des ménages envers les banques peut
s’éroder et entraîner une crise bancaire aux effets aussi délétères que ceux générés
par la crise des subprimes aux États-Unis et en Europe.
•• Le soutien artificiel d’un niveau d’activité et d’emploi au sein d’entreprises en surca-
pacités. Certaines entreprises du secteur industriel, comme la construction, sont sur-
dotées en capacité de production. Pour retrouver une certaine efficacité économique,
elles devraient se restructurer, se réorganiser, ce qui conduirait à des licenciements et à
une montée du chômage. La volonté louable d’éviter toute hausse du chômage et des
risques sociaux inhérents se réalise au prix d’un soutien à des entreprises peu efficientes
souffrant d’un excédent de capacités de production par rapport à l’activité réelle.
6. Présentez le shadow banking en Chine, les causes de son développement et ses consé-
quences sur l’économie chinoise.
Le shadow banking, circuit de financement parallèle, est composé en Chine d’organismes
financiers non régulés, opaques, adoptant des stratégies de prêts (aux emprunteurs)
et de placements (aux épargnants) à risque élevé, à la fois de défaut de paiement des
emprunteurs et de perte en capital pour les épargnants.
Les principaux facteurs explicatifs du développement de cette finance parallèle en
Chine sont :
•• Un marché obligataire peu développé et peu orienté vers le financement des entre-
prises.
•• Un système bancaire traditionnel accordant l’ensemble de ses capacités de crédit à
des grandes entreprises supposées peu risquées.
•• Des restrictions sur le crédit bancaire traditionnel. Des agents non financiers dis-
posant d’un profil de remboursement plus risqué (petites entreprises, promoteurs
immobiliers) se sont alors tournés vers les circuits parallèles. De la même façon, des
épargnants à la recherche de rémunérations plus élevées ont nourri ce système illégal.
•• Le développement d’un tel système a permis d’assurer le financement d’agents non
financiers qui n’auraient pas pu se financer par les canaux traditionnels (avantages
perçus). Cependant, il a renforcé le risque systémique du système bancaire chinois. En
finançant des prêts plus risqués que le système traditionnel, le shadow banking parti-
cipe à la dissémination des risques de défaut sur les créances à travers la titrisation et
peut, comme dans le cas de la crise des subprimes aux États-Unis et en Europe, favori-
ser la propagation d’une crise bancaire et financière (inconvénients perçus).
369
CORRIGÉ
DU SUJET TYPE D’EXAMEN
370
QCM et quiz
CORRIGÉ
Les justifications des quiz et QCM du manuel sont publiées dans un ouvrage séparé de cor-
rigés détaillés.
371
INDEX THÉMATIqUE
A Courbe Élasticité 19
Agent économique 13 de Kuznets 320 Élasticité-prix 65
Allocation de Lorenz 316 Empreinte écologique (EE) 42
des ressources 148 Création monétaire 119 Environnement 237
Asymétrie de l’information 85 Crise financière 130 Épargne 20, 35, 106
Atomicité 78 Critères de convergence 188 financière 21
Autofinancement 108 Croissance 219 non financière 21
économique 205 Équilibre
B endogène 171, 224 de sous-emploi 283
Balance commerciale soutenabilité 209 Emplois/Ressources 15, 16
des paiements 256 Crowdfunding 129 général 67
Banque 118 Cycle partiel 66
centrale 120 de vie 319 Externalité 41, 82, 256
Bien économique 206
collectif 84 Kondratiev 222 F
économique 2 Financement
environnemental 237 D besoin 100
libre 2 Défaillance capacité 100
Bien-être social 321 de marché 237 direct 108
Branche d’activité 43 Déficit public 104 externe 108
Budget Dépense publique 150 indirect 109
de l’État 150 Dépression économique 131 interne 108
européen 189 Dette publique 153 participatif 129
C Développement 206 Firme multinationale (FMN) 251
Capital humain 314, 319, 321 durable 207, 236 Flexisécurité 301
Capital-investissement 129 économique 206 Flux
Capitalisation boursière 124 humain 207 intrabranches 250
Capital-risque 129 Dotation factorielle 254 intrafirmes 251
Change Droit de douane 252 Fonction
risque 126 Dumping 190 de demande 65
taux 125 d’offre 64
Chômage 278, 282, 284
E Formation brute de capital fixe (FBCF)
classique 282 Économie 240 16
keynésien 282 circulaire 20, 240
Circuit économique 13, 14 d’agglomération 314 G
Cluster 259 de marché 62 Globalisation 250
Collectivité territoriale 149 d’échelle 254 Grappe
Concurrence 67 des fonctionnalités 240 d’innovations 222
imparfaite 78 normative 4 industrielle 259
monopolistique 80 positive 4
pure et parfaite 63 sociale et solidaire (ESS) 45 I
Consommation 17 Effet Indice
finale 16 de revenu 107 better life (BLI) 43
intermédiaire 16 de substitution 107 boursier 125
372
Index thématique
373
INDEX DES AUTEURS
374
TABLE DES MATIÈRES
375
Table des matières
376
Table des matières
377
Table des matières
378
Table des matières
379
Table des matières
380
Table des matières
381