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ARRONDISSEMENT
Pierrefonds — Senneville
Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine
Direction du développement urbain
Division du patrimoine et de la toponymie
ARRONDISSEMENT
Pierrefonds — Senneville
Étude réalisée par le Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine
Cette analyse du patrimoine urbain a été réalisée par la Division du patrimoine et de la toponymie sous la direction de Jean-François Gravel,
chef de division. Le travail a été effectué de janvier 2003 à mai 2004 dans le cadre de la préparation du Plan d’urbanisme de la Ville de
Montréal, qui a été adopté par le Conseil municipal le 23 novembre 2004. L’équipe du projet comprend, pour l’évaluation du patrimoine bâti
et la recherche historique, Julie Boivin, Elizabeth Bonner, Anne-Marie Dufour, Guy Lafontaine, Christiane Lefebvre et Pierre-Paul Savignac,
architectes, et Denise Caron, historienne. La recherche et l’écriture pour le patrimoine archéologique ont été réalisées par Claire Mousseau,
archéologue, avec la collaboration de Françoise Duguay, François Bélanger, Anne-Marie Balac et Christian Roy, également archéologues.
De plus, Gisèle Trépanier, conseillère en aménagement, et Nicole Halpert, chargée de communication, ont participé à la révision des textes
tandis que Ginette Bouchard, secrétaire d’unité administrative, a procédé à la saisie de texte. Finalement, nous tenons à remercier nos
collaborateurs des directions de l’aménagement urbain et des services aux entreprises des arrondissements.
Remerciements
Rendus cartographiques :
Division des politiques et du Plan d’urbanisme
Révision linguistique :
Sylvie Poulin
Conception graphique et mise en page :
Marie Violaine Lamarche
Photographies :
Ville de Montréal, Bibliothèque nationale du Québec, P. Fauteux, D. B Webster,
Ministère de la Culture et des Communications du Québec
Ce document fait partie d’une série de cahiers qui ont été réalisés pour chacun des 27 arrondissements de la Ville de Montréal. Les différents
cahiers d’évaluation du patrimoine urbain peuvent être consultés sur notre site internet à l’adresse suivante : ville.montreal.qc.ca/patrimoine
ISBN 2-7647-0445-3
9 1. CADRE MÉTHODOLOGIQUE
9 1.1 Introduction
9 1.2 Le cadre bâti d’intérêt patrimonial
9 1.2.1 Approche, étapes et résultats
11 1.2.2 Critères de sélection
14 1.3 Les tracés fondateurs d’intérêt patrimonial
14 1.4 Le patrimoine archéologique
14 1.4.1 Le caractère spécifique de ce patrimoine
16 1.4.2 La démarche générale d’acquisition de connaissances et de conservation
17 1.4.3 L’approche méthodologique et l’identification du patrimoine
archéologique au Plan d’urbanisme
19 1.5 Nouvelles perspectives
21 2. HISTORIQUE
25 3. É VA L U AT I O N D U PAT R I M O I N E U R B A I N
49 4. R E C O M M A N D AT I O N S
53 BIBLIOGRAPHIE
A VA N T- P R O P O S
Le repérage du patrimoine urbain dont nous faisons C’est la première fois que l’on entreprend un tel travail
état ici a été réalisé dans le cadre de l’élaboration du pour les 27 arrondissements de l’île, travail qui suppose
Plan d’urbanisme de la Ville de Montréal, qui a été non seulement l’examen de nouvelles thématiques et
adopté par le Conseil municipal le 23 novembre 2004. l’établissement de collaborations avec les arrondisse-
ments de Montréal, mais aussi une harmonisation
Le chapitre 2 de la première partie du Plan d’urbanisme des visions et des représentations que les arrondisse-
formule différentes orientations d’aménagement ments ont de leur patrimoine. Par exemple, dans
pour Montréal et comprend une section sur le patri- certains cas, seul le patrimoine du Régime français
moine bâti, archéologique et naturel. Le repérage était privilégié; ailleurs, on n’avait jamais considéré
des secteurs et bâtiments d’intérêt patrimonial et des que le parc immobilier plus récent puisse avoir une
secteurs d’intérêt archéologique contribuera à atteindre valeur patrimoniale. Ce repérage connexe au Plan
l’objectif de conservation énoncé dans le Plan. Il a été d’urbanisme constitue donc une chance unique de
mené par la Division du patrimoine et de la topo- faire converger des visions différentes et d’envisager
nymie en collaboration avec la Division des politiques le patrimoine de l’ensemble des arrondissements de
et du Plan d’urbanisme du Service de la mise en Montréal dans une perspective commune.
valeur du territoire et du patrimoine, de janvier 2003
à mai 2004. En ce qui a trait aux sites archéologiques
recensés, la liste a été mise à jour en mars 2004.
ARRONDISSEMENT 7
de Pierrefonds-Senneville
1.
1.1 Introduction
CADRE MÉTHODOLOGIQUE
ARRONDISSEMENT 9
de Pierrefonds-Senneville
Si ce repérage fondé sur l’expérience spatiale prend 13) Préparation des cartes et listes finales.
largement appui sur un travail d’observation sur le 14) Identification de quelques bâtiments et secteurs
terrain, il n’aurait pu être achevé sans l’étude de d’intérêt patrimonial exceptionnel qui se démar-
sources documentaires. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un quent à l’échelle montréalaise (les incontournables).
processus linéaire, voici les principales étapes suivies
Tout au long des différentes étapes du projet, les résul-
par la Division du patrimoine et de la toponymie :
tats du travail ont été bonifiés par les connaissances
1) Préparation de critères de sélection. des professionnels des arrondissements et de divers
2) Rencontre avec chacun des 27 arrondissements pour comités rattachés à la préparation du Plan d’urbanisme.
exposer la démarche et les critères de sélection.
Les résultats du repérage du patrimoine urbain se
3) Visite du territoire de chacun des arrondissements
présentent sous forme de listes de bâtiments et de
avec les professionnels concernés.
cartes définissant des secteurs d’intérêt. Il est important
4) Recherche et étude de la documentation existante
de comprendre que ces deux éléments ne peuvent
pour chacun des arrondissements :
être dissociés l’un de l’autre – ils sont complémentaires.
– inventaires, études patrimoniales, études typo-
Ainsi, on a inclus dans les listes tous les bâtiments
morphologiques, monographies, dépouillement
exceptionnels de chacun des arrondissements, mais il
de périodiques, bases de données (Service des
était impossible d’inscrire tous les bâtiments intéres-
immeubles, Communauté urbaine de Montréal,
sants, étant donné leur trop grand nombre. Nous nous
Fondation du patrimoine religieux, etc.) ;
sommes donc limités à nommer individuellement les
– cartographie ancienne et photos aériennes.
bâtiments qualifiés d’intéressants qui se trouvaient
5) Collecte d’informations thématiques :
à l’extérieur de secteurs d’intérêt. Ces deux outils
– inventaires (les églises, les écoles, etc.),dépouille-
doivent donc être interprétés en complémentarité.
ment de périodiques (le patrimoine moderne, etc.);
– consultation d’un expert en patrimoine industriel. Le système d’identification des secteurs utilisé dans
6) Élaboration d’un historique et d’une bibliographie le document correspond à celui des cartes. Le premier
pour chacun des arrondissements. chiffre correspond au numéro d’arrondissement. Il est
7) Analyse de la documentation et détermination suivi de la lettre E pour les secteurs de valeur patri-
préliminaire des territoires et immeubles d’intérêt moniale exceptionnelle, de la lettre I pour les secteurs
pour chacun des arrondissements. de valeur patrimoniale intéressante, de la lettre N
8) Travail sur le terrain : repérage en voiture et à pied pour les secteurs industriels d’intérêt ou par la lettre U
avec la collaboration de certains arrondissements. pour les secteurs urbains d’intérêt. Le deuxième chiffre
9) Photographies et report des données spatiales correspond au numéro du secteur.
sur des cartes.
10) Vérification de la cohérence du traitement des L’échéancier de réalisation du Plan d’urbanisme,
secteurs d’intérêt qui chevauchent plusieurs les ressources disponibles ainsi que l’état actuel des
arrondissements. connaissances sur les différents bâtiments et lieux
11) Catégorisation des secteurs et immeubles d’intérêt d’intérêt ont été déterminants quant à la méthodologie
patrimonial (exceptionnels et intéressants). adoptée. Ces contraintes inévitables ont constitué un
12) Rédaction de courts textes résumant l’intérêt défi de taille pour la production de ce document qui
patrimonial de chacun des secteurs sélectionnés. est, malgré tout, une base solide à partir de laquelle
on pourra amorcer une réflexion plus poussée sur la
protection du patrimoine montréalais.
1 Ces critères sont issus du document de travail Guide de gestion des 3 Conformément au document de travail Citation et constitution de sites
études patrimoniales préparé par la Division du patrimoine et de la du patrimoine préparé par la Division du patrimoine et de la toponymie
toponymie de la Ville de Montréal en 2001 et révisé en 2003. de la Ville de Montréal en novembre 2003.
2 Ces critères sont inspirés du Guide d’évaluation des biens culturels et
des districts historiques de la Ville d’Ottawa, 1987.
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LES IMMEUBLES D’INTÉRÊT PATRIMONIAL turale ainsi qu’à son lien particulier avec la trame
urbaine. Les critères utilisés sont les suivants6 :
Les immeubles d’intérêt patrimonial ont été sélectionnés
sur la base des critères suivants4 : – la valeur historique et sociale d’une industrie dans
le développement de l’arrondissement, de la ville
– leur capacité de témoigner d’un thème ou d’un ou même de la province et du pays ;
événement historique ; – l’intégrité du complexe (ancienneté, évolution
– leur qualité architecturale (forme, usage, technologie architecturale, évolution technologique) ;
constructive) ; – le procédé de production particulier;
– leur participation à la qualité de la vie urbaine et du – le lien avec les voies de transport ;
paysage. – le lien avec le développement des quartiers ouvriers ;
Cette notion de patrimoine est englobante et corres- – l’insertion dans le paysage urbain.
pond aux nouvelles tendances véhiculées par les
chartes internationales en matière de conservation. Finalement, tous les immeubles d’intérêt patrimonial
Outre l’architecture monumentale, elle inclut donc ont été qualifiés comme suit7 :
l’architecture vernaculaire, le patrimoine moderne, le – Exceptionnel : un bâtiment ancien par rapport aux
patrimoine industriel, etc. autres bâtiments de l’arrondissement construits aux
Dans les cas du patrimoine moderne et du patrimoine mêmes fins et(ou) qui affiche des caractéristiques
industriel, nous avons jugé utile d’utiliser des critères inhabituelles ou remarquables quant à son architecture
spécifiquement adaptés à ces réalités. (par rapport à des bâtiments comparables) et qui n’a
pas subi de modifications extérieures importantes.
Patrimoine moderne : Des bâtiments peuvent être De plus, il sert souvent de point de repère ou est
considérés comme faisant partie du patrimoine reconnu comme un témoin historique important.
moderne s’ils ont été construits entre 1930 et 1975 – Intéressant: un bâtiment qui n’est pas nécessairement
et qu’ils illustrent les caractéristiques de cette époque plus ancien que ceux construits aux mêmes fins dans
relativement5 : l’arrondissement, qui affiche certaines caractéristiques
inhabituelles ou remarquables par rapport à des
– aux conditions sociales, économiques et politiques
bâtiments comparables mais dans une moindre
changeantes ;
mesure que dans la catégorie précédente, et qui
– aux progrès technologiques rapides ;
peut avoir subi quelques modifications.
– aux nouvelles façons d’exprimer les formes et de
répondre aux besoins fonctionnels.
4 Ces critères sont issus du document de travail Guide de gestion des 6. Ces critères proviennent de l’Évaluation du patrimoine industriel : critères
études patrimoniales préparé par la Division du patrimoine et de la généraux, document préparé par Archémi pour le compte de la Ville de
toponymie de la Ville de Montréal en 2001 et révisé en 2003. Montréal en 2003.
5. Ces critères sont issus du Plan du réseau des lieux historiques nationaux 7. Ces critères sont inspirés du Guide d’évaluation des biens culturels et des
du Canada : La commémoration du patrimoine bâti canadien de l’ère districts historiques de la Ville d’Ottawa, 1987.
moderne préparé par Parcs Canada en 2001.
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Plusieurs de ces chemins se sont transformés en
1.3 Les tracés fondateurs d’intérêt autoroutes et boulevards, d’autres ont conservé un
patrimonial potentiel évocateur du Montréal rural ancien, et
quelques-uns se sont fortement urbanisés.
Sur l’île de Montréal, l’organisation du territoire
remonte dans certains cas au XVIIe siècle. De cette Parmi ces tracés fondateurs, nous avons sélectionné
organisation naissent les voies de circulation qui sont les tronçons qui présentent un intérêt patrimonial
souvent les marques les plus anciennes du Montréal parce qu’ils relient toujours des bâtiments parmi les
agricole qui prévalait avant l’urbanisation. En effet, plus anciens de Montréal ou qu’ils sont bordés de
dès 1663, les sulpiciens deviennent seigneurs de l’île bâtiments d’intérêt patrimonial. Ces tracés servent
de Montréal. Ils planifient alors le territoire pour l’ouvrir en quelque sorte de fil conducteur pour la com-
à la colonisation. Pour cela, l’île est divisée en côtes – préhension du territoire. Ils permettent, entre autres,
chacune, dénommée par les sulpiciens, désigne un d’expliquer la présence d’un paysage rural ou de
ensemble de terres pouvant compter quelques bâtiments anciens d’intérêt patrimonial qui apparais-
dizaines de concessions et représentant une unité de sent autrement un peu perdus dans la trame urbaine
territoire. Les terres individuelles sont des bandes actuelle. En reliant différents éléments isolés, ces
parallèles étroites et longues. Pour chaque côte est tronçons leur confèrent une importance accrue.
prévu l’emplacement d’un chemin. Cela donne une
idée du mode d’occupation du sol du système
seigneurial mis en place sous le Régime français.
Le système des côtes constitue la structure de base
1.4 Le patrimoine archéologique
du peuplement de l’île sur laquelle s’appuiera tout 1.4.1 Le caractère spécifique de ce patrimoine
développement postérieur.
Le patrimoine archéologique est «... la partie de notre
En raison de l’insularité de la seigneurie de Montréal patrimoine matériel pour laquelle les méthodes de
et de la présence du mont Royal, ce système de côtes l’archéologie fournissent les connaissances de base. Le
présente toutefois une organisation originale. En patrimoine archéologique englobe toutes les traces de
effet, si dans la vallée du Saint-Laurent les côtes l’existence humaine et concerne les lieux où se sont
intérieures sont parallèles au fleuve, ce n’est pas exercées les activités humaines, quelles qu’elles soient,
nécessairement le cas à Montréal. C’est ainsi que, sur les structures et les vestiges abandonnés de toutes
l’ensemble de l’île, le réseau routier qui dessert ces sortes, en surface, en sous-sol ou sous les eaux, ainsi
côtes présente une configuration propre. Ce réseau que le matériel qui leur est associé. Le patrimoine
primitif, clairement illustré sur la carte de Jobin de archéologique est une richesse culturelle fragile et non
1834, montre l’ensemble des tracés fondateurs qui renouvelable».9
serviront par la suite d’épine dorsale au développe-
ment des quartiers. Grâce à cette carte, on comprend
bien la structure du réseau des chemins à son
apogée, à l’époque où l’île de Montréal était encore
très fortement rurale.
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d’autres occasions, ne font état que des préoccupa- En milieu urbain ou aménagé de longue date, la
tions des classes dirigeantes, des autorités, de l’élite. démarche suivie consiste, au moyen de l’analyse
L’archéologie pare à ces lacunes car elle étudie les des cartes anciennes, des documents d’archives, des
traces concrètes laissées par les différents occupants. données environnementales et des données archéo-
En milieu urbain, l’archéologie étudie en outre l’évo- logiques acquises, à caractériser la séquence d’occu-
lution de la forme urbaine et des formes concrètes, pation et le processus d’aménagement du territoire.
dans l’espace et dans le temps, pour idéalement Il s’agit de confronter les caractéristiques géographiques
accéder aux fondements de la culture. aux caractéristiques culturelles des sociétés ayant
habité ou pu habiter un territoire, et de comprendre
Les recherches archéologiques menées à ce jour sur l’île dans quelle mesure les occupations successives ont
de Montréal documentent une séquence d’occupation structuré le milieu d’origine et affecté les vestiges
s’étirant sur plusieurs millénaires et associée à la d’occupations antérieures. Cette étape est celle de
présence de groupes aux horizons culturels et temporels l’étude de potentiel archéologique. La seconde étape
fort diversifiés : campement amérindien, halte, carrière consiste, en fonction des résultats de l’étude de
préhistorique pour l’extraction de la pierre, lieu de potentiel archéologique, à procéder à une évaluation
sépultures amérindiennes, noyau initial de Ville-Marie, sur le terrain afin de vérifier la localisation précise,
lieux de fondation, forts et missions, bourgs anciens, la nature et le degré d’intégrité des ressources archéo-
moulin seigneurial, lieux de culte, cimetières (catho- logiques en place. Il s’agit de l’inventaire archéolo-
liques, protestants et juifs), complexes institutionnels, gique réalisé par des forages, sondages et tranchées
anciens faubourgs, villas, marchés publics, dépotoirs, exploratoires.
complexes agricoles, complexes industriels, ouvrages
de génie civil, etc., et les formes du paysage ancien de Selon la nature des découvertes découlant de l’inven-
l’île de Montréal : terrasses, collines, ruisseaux, rivières, taire archéologique, plusieurs avenues sont envisa-
lacs, tourbières. geables selon la valeur scientifique, didactique et
symbolique du site et du contexte. Dans le cas d’un
site archéologique de grand intérêt, il pourra être
1.4.2 La démarche générale d’acquisition de nécessaire d’assurer en priorité sa conservation in
connaissances et de conservation situ. Une réserve archéologique est souvent garante
de la mise en valeur de ce patrimoine. La plupart des
Le site archéologique constitue le fondement concret interventions archéologiques à Montréal surviennent
de la démarche de conservation et de mise en valeur dans le cadre de projets d’aménagement du territoire.
du patrimoine archéologique. La valeur intrinsèque du Les mesures de protection du patrimoine archéo-
site archéologique, tout comme l’intérêt de procéder à logique peuvent alors entraîner la conservation inté-
son investigation, doivent être évalués en fonction grale in situ de certains vestiges, la mise en valeur
de critères relatifs à sa signification, et non pas in situ de vestiges, la relocalisation du projet d’amé-
essentiellement relever de considérations touchant nagement, une modification du projet d’aménagement
sa grande ancienneté ou le caractère plus ou moins ou encore une fouille archéologique préventive sur
monumental des vestiges qu’il recèle. les sites d’intérêt de façon à assurer une récupération
maximale d’informations.
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LES BIENS CULTURELS À STATUT archéologiques. La qualité de préservation du milieu
physique, la densité des témoins archéologiques en
La notion de bien culturel intègre, d’une part, les sites sous-sol et(ou) hors sol et leur capacité de con-
archéologiques et les biens archéologiques classés et, tribuer à la connaissance constituent des facteurs
d’autre part, les sites historiques classés et les monu- qui rehaussent le niveau d’intérêt accordé à un
ments historiques classés ou reconnus, l’arrondisse- endroit particulier. Le secteur d’intérêt archéologique
ment historique du Vieux-Montréal, l’arrondissement « à fort potentiel » est un territoire où des mesures
historique et naturel du mont Royal, l’arrondissement de protection des sites éventuels sont nécessaires.
naturel de Saraguay, les monuments cités et les sites
du patrimoine. Tous ces biens ont fait l’objet d’un Pour chacun des 27 arrondissements de l’île de
examen à partir de la documentation disponible afin Montréal, l’identification des secteurs qui présentent
de déterminer leur intérêt archéologique et, en con- un intérêt archéologique constitue une étape préalable
séquence, la nécessité d’une protection du patrimoine à la protection des éventuels témoins archéolo-
archéologique sur ces propriétés. Seuls les grands giques. Cet exercice, qui est d’ailleurs une première
ensembles à statut sont cartographiés, les autres sur le territoire montréalais, est basé sur l’examen et
biens culturels étant présentés par arrondissement. l’évaluation de multiples sources documentant les
aspects environnementaux et culturels de ces terri-
toires. Cette étape permet également d’identifier les
LES SECTEURS D’INTÉRÊT ARCHÉOLOGIQUE milieux qui doivent dans l’avenir faire l’objet d’une
ET LES SECTEURS D’INTÉRÊT ARCHÉOLOGIQUE étude de potentiel et d’un inventaire archéologique.
À FORT POTENTIEL Les secteurs ont été ciblés en fonction :
Le secteur d’intérêt archéologique est un territoire – du cadre biophysique et des qualités d’accueil de
susceptible de renfermer des sites et des vestiges populations d’un territoire, depuis plusieurs millé-
des périodes préhistorique, de contact et historique naires; ce cadre a été documenté à partir d’études
eu égard à ses caractéristiques géomorphologiques, géologiques et géomorphologiques ainsi que par
biophysiques, archéologiques et historiques. l’examen de cartes topographiques et de photogra-
Des études plus poussées doivent y être réalisées phies aériennes anciennes afin de déterminer la
afin d’évaluer précisément la qualité de préservation proximité d’un axe de communication hydro-
du milieu physique. La probabilité de découverte graphique ou terrestre, l’élévation des terrasses, les
de témoins archéologiques demeure à ce jour difficile types de dépôts de surface, les concentrations de
à estimer si l’on considère l’environnement et son ressources alimentaires de même que l’approvi-
degré de perturbation moderne. Il est donc nécessaire sionnement en eau potable et autres éléments ;
que les citoyens collaborent en communiquant toute – du contexte historique et de l’urbanisme moderne
découverte de vestiges dans les secteurs d’intérêt pour déterminer leur capacité à fonder un lieu de
archéologique. nature archéologique et à le préserver; ces contextes
ont été documentés à partir de monographies
Le secteur d’intérêt archéologique à fort potentiel historiques et par l’examen des cartes des XVIIe,
est un territoire dont l’évaluation du contexte bio- XVIIIe, XIXe et XXe siècles et des photographies
physique ainsi que des caractéristiques géomor- aériennes de 1947, 1948 et 1949, de même qu’à
phologiques, archéologiques et historiques démontre partir d’études sur les parcs-nature de l’île de
une forte possibilité qu’il recèle des vestiges Montréal, les propriétés institutionnelles, les biens
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de Pierrefonds-Senneville
2. HISTORIQUE
ARRONDISSEMENT 21
de Pierrefonds-Senneville
Senneville possède encore aujourd’hui un caractère Pierrefonds
bucolique et pittoresque, bien que son territoire soit Pierrefonds contraste avec Senneville autant par le
traversé par l’autoroute Transcanadienne. Si la pre- nombre de ses habitants que par son développement
mière activité économique de Senneville a été le typique de ville de banlieue de l’après-guerre.
commerce des fourrures, aucun commerce n’est Pierrefonds longe la rivière des Prairies sur plus de
maintenant toléré dans ce secteur uniquement rési- 20 kilomètres et la vieille route, l’actuel boulevard
dentiel ou agricole de l’arrondissement. Les grands Gouin, suit la rive, où d’anciennes maisons de ferme
domaines, des clubs de golf et une partie de subsistent toujours. Des carrières y sont en exploitation
l’Arboretum Morgan permettent à Senneville de à partir de la fin du XIXe siècle; l’une d’entre elles
conserver de grands espaces verts privés. De faible a fourni la pierre pour la construction des écluses
densité, une population de moins de mille habitants de Carillon. Faisant partie à l’origine de la paroisse de
occupe le territoire. Quoique Senneville compte Sainte-Geneviève, le secteur Pierrefonds est agricole
surtout de grands terrains ou même des terres, un jusque dans les années 1960, alors que les terres sont
développement de banlieue s’y construit au sud de la vendues pour le développement domiciliaire. C’est à
Transcanadienne après la Seconde Guerre mondiale. ce moment-là que la nouvelle ville de Pierrefonds
(1958) connaît une vague importante d’urbanisation,
laquelle se poursuit jusque dans les années 1980. La
population, d’à peine 1 500 personnes en 1951,
s’élève à près de 55 000 en l’an 2000. Sur ce terri-
toire bien desservi par les autoroutes, on trouve des
maisons unifamiliales, des centres commerciaux à
proximité, des églises de différentes dénominations
religieuses, de nombreuses écoles, des parcs de
quartier et des équipements sportifs qui comptent
parmi les caractéristiques des banlieues de l’ouest de
l’île. En 1985, la Communauté urbaine de Montréal
inaugure le parc-nature du Cap Saint-Jacques – la
population a désormais accès à cet immense espace
vert où des voies cyclables, des pistes de ski de fond
et des sentiers pédestres sont aménagés, ainsi qu’à
des plages.
ARRONDISSEMENT 23
de Pierrefonds-Senneville
3.
3.1 Mise en situation
É VA L U AT I O N D U PAT R I M O I N E U R B A I N
ARRONDISSEMENT 25
de Pierrefonds-Senneville
Ville de Montréal
Évaluation du patrimoine urbain
André Jobin, Carte de L’île de Montréal, 1834, BNQ
L’accession récente d’une large partie du secteur La conservation et la mise en valeur du patrimoine
Senneville (en amont de l’autoroute Transcanadi- de l’arrondissement semblent relever de considéra-
enne) au statut de Lieu historique d’importance tions applicables à la fois en milieu urbain et en
nationale conféré par le gouvernement fédéral milieu rural. Au-delà des considérations usuelles en
témoigne de son caractère unique sur l’Île de regard du patrimoine bâti, le maintien de la vocation
Montréal et, plus largement, au pays. Le caractère des terres agricoles, la culture des vergers et la
exceptionnel de ce secteur qui sera plus ample- préservation des boisés et des rives qui caractérisent
ment décrit plus loin réside dans l’intégration du les secteurs exceptionnels de l’arrondissement ren-
bâti et des paysages variés sur un large territoire. voient à plusieurs des enjeux du Plan d’urbanisme
« L’environnement patrimonial » de ce secteur est un et nécessitent une harmonisation.
écosystème fragile. Son intégrité et sa cohérence
remarquables sont tributaires d’une approche de
conservation soigneuse des détails des bâtiments,
des aménagements et des éléments de paysage.
3.2 Résultat de l’analyse
Si le patrimoine de Senneville est généralement en 3.2.1 Les tracés fondateurs d’intérêt
excellent état de conservation, il est toutefois sujet patrimonial
à quelques menaces. Les actuels propriétaires des
Dans le secteur de l’ancienne municipalité de
grandes demeures bourgeoises ne disposent pas
Pierrefonds, le boulevard Gouin (comme une partie
nécessairement des moyens financiers pour en assurer
du boulevard Lalande) est un tracé fondateur à l’in-
l’entretien; on envisage dans certains cas de subdi-
térêt patrimonial variable. Ce tracé fondateur parcourt
viser les lots (surtout en rive), ce qui entraînerait
l’arrondissement d’est en ouest à partir d’Ahuntsic-
une densification de ce secteur très convoité; les
Cartierville, longe le Bois-de-Liesse et les grandes
bâtiments principaux subissent parfois d’importantes
propriétés institutionnelles, se prolonge sur le boule-
modifications; les bâtiments secondaires disparaissent;
vard Lalande et son développement résidentiel des
certains aménagements paysagers d’époque sont
années 1950-1960 ainsi que la berge de la rivière des
aussi grandement modifiés.
Prairies pour enfin rejoindre le boulevard Gouin Ouest.
Par ailleurs, l’extrémité est du chemin de Senneville Passé l’Anse-à-l’Orme, le boulevard Gouin devient
présente les mêmes caractéristiques et est soumise le chemin de Senneville et suit la rive du lac des
aux mêmes pressions que le boulevard Gouin à Deux-Montagnes tout en structurant le lotissement
l’extrémité ouest de Pierrefonds. De plus, Senneville des terres.
comprend un ensemble urbain domiciliaire d’intérêt
L’intérêt du tracé fondateur tient principalement
(secteur des vétérans). Le patrimoine architectural de
à son importance historique, à son caractère pit-
Senneville est presque exclusivement résidentiel.
toresque et à la concentration de bâtiments d’intérêt
L’ancienne municipalité ne comprend que très peu
patrimonial le long de son parcours. L’intérêt excep-
de bâtiments civiques et institutionnels. On y retrouve
tionnel du tracé se confirme aux extrémités est et
aussi un petit secteur industriel récent (Domtar et
ouest de l’arrondissement. Entre ces deux pôles, les
Bio-Research) en partie désaffecté dont l’intérêt
caractéristiques patrimoniales du cadre urbain ont
réside davantage dans sa localisation à proximité
presque entièrement disparu : le bâti d’intérêt patri-
de l’Arboretum Morgan et dans les attributs naturels
monial surgit ponctuellement parmi des station-
du site que dans son architecture.
ARRONDISSEMENT 27
de Pierrefonds-Senneville
nements, des terrains vacants, des garages, des centres
commerciaux et autres bâtiments récents. Le même
constat s’impose en regard des éléments de paysage.
ARRONDISSEMENT 29
de Pierrefonds-Senneville
2.E.4 GRANDES PROPRIÉTÉS DE SENNEVILLE boisés, étangs, vergers, murets de pierre, portails,
maison de gardien – en retrait ou visibles du chemin
De l’autoroute Transcanadienne à la limite de l’ancienne de Senneville. Les ruines du fort Senneville (1692) et
municipalité de Senneville, entre le lac des Deux- l’ancien moulin rénové par Edward Maxwell vers 1898
Montagnes et l’Arboretum Morgan, on trouve une se trouvent dans ce territoire
grande concentration de résidences du début du
XIXe siècle qui, avec la végétation, les éléments de Bien que la plupart des édifices les plus imposants ont
paysage et le tracé du chemin de Senneville en font été construits en fonction d’une utilisation saison-
un secteur pittoresque de qualité exceptionnelle non nière, le secteur comprend aussi des résidences de
seulement à Montréal, mais au Canada. l’après-guerre et des demeures contemporaines qui
lui donnent un caractère suburbain mais qui pour-
Ce secteur, qui a conservé son lotissement original, suivent la tradition d’intégration du bâti au paysage.
présente une grande concentration de maisons rési-
dentielles de la haute société montréalaise de la fin Le caractère du lieu est en grande partie attribuable
du XIXe siècle et du début du XXe siècle ayant à l’exceptionnelle intégration des bâtiments aux
appartenu à plusieurs personnages influents dans paysages très diversifiés, complexes et raffinés sur un
l’histoire de Montréal. Les Forget, Angus, Morgan et vaste territoire, œuvre d’émulation entre des person-
Abbot, pour ne mentionner que ceux-là, ont confié nages ayant joué un rôle de premier plan dans l’his-
la conception de leurs résidences à des architectes et toire de Montréal et des concepteurs ayant apporté
des architectes paysagistes de prestige (Maxwell, une contribution majeure au développement de
Findlay, Hyde, Nobbs, Olmsted, Todd, Rose). Le bâti y l’architecture au Canada.
est pour la plupart implanté du côté du lac et éloigné
du chemin. Souvent de style Arts and Crafts ou Shingle
Style, les résidences agencent des volumes nets et des
toitures importantes de façon plus ou moins complexe
avec leurs revêtements de pierre taillée ou de moellons,
brique, bois, stuc et toitures en bardeaux de cèdre
qui témoignent « … [of a] sophisticated nostalgia for
a rustic way of life and for the rural craft industry »
(Friedman, 2000).
ARRONDISSEMENT 31
de Pierrefonds-Senneville
2.E.6 VILLAGE CREVIER
2.E.5. PHILLIPS
2.E.7 HABITATIONS RÉCENTES
Ce petit secteur regroupe les maisons de l’avenue
Ce secteur est situé de part et d’autre du chemin
Phillips et celles à l’intersection du chemin de
de Senneville, entre les ensembles urbains d’intérêt
Senneville. Quelques bâtiments datent de la première
(développement domiciliaire de l’après-guerre et
moitié du XXe siècle et auraient été destinés au per-
Senneville Lodge) et le lac des Deux-Montagnes.
sonnel œuvrant au service des propriétaires des
Le secteur constitue une unité de paysage
grands domaines du village. Plusieurs maisons ont
homogène. Il regroupe très majoritairement des
été construites après 1950 et quelques-unes avant
constructions récentes bien intégrées à leur envi-
1900. Elles s’érigent sur de petits lots bien paysagés
ronnement et dont l’implantation s’ajuste au tracé
avec peu de recul de la rue. Les bâtiments modestes
du chemin de Senneville, sur un lotissement hérité
ont généralement deux étages, avec un toit plat ou à
du régime seigneurial.
deux versants couvrant un simple carré recouvert de
brique, de bardeau ou de clin de bois ou de vinyle.
Plusieurs affichent des éléments décoratifs (bardeau,
colonnes, porches, consoles, etc.) et sont peints de
couleurs vives (bleu, jaune, mauve, vert, fuchsia, etc.).
Il y règne une atmosphère de village.
2.U.1 CLOVERDALE
2.U.2 BELVÉDÈRE
ARRONDISSEMENT 33
de Pierrefonds-Senneville
2.U.3 SENNEVILLE LODGE
ARRONDISSEMENT 35
de Pierrefonds-Senneville
292, chemin de Senneville D. Les immeubles de valeur
patrimoniale intéressante
294, chemin de Senneville
Maison Eustache-Rouleau Seuls les immeubles de valeur patrimoniale intéressante
situés à l’extérieur des secteurs de valeur patrimoniale
296, chemin de Senneville
définis dans le présent document sont inclus dans la
Maison Lalonde
liste qui suit :
297, chemin de Senneville
ARRONDISSEMENT 37
de Pierrefonds-Senneville
2.E.4
2.E.4
2.E.4
2.E.4
2.E.4
2.E.4
boulevard Jacques-Bizard
boulevard G D
2.U.2
2.U.2
2.U.2
2.U.2
2.U.2
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ouin Ouest
boulevard e Pierrefon
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2.E.4
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2.U.3 2.E.1
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2.E.1
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2.E.6
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2.E.6
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es
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autoroute 13
ou
boulevard Saint-Charles
te 2.E.2
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2.E.2
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2.E.7 40 2.E.2
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2.U.1
2.U.1
2.U.1
2.U.1
Division du patrimoine et
0 500 1000 m de la toponymie
7.U.5
7.U.5
7.U.5
7.U.5
7.U.5
7.U.5
10 décembre 2004
3.2.3 Le patrimoine archéologique peu d’incidence sur la localisation du cadre bâti
ancien, car elles longent l’axe longitudinal des terres;
Le territoire de l’arrondissement de Pierrefonds- la bordure de la côte Saint-Charles est quant à elle
Senneville, où se trouvent des terrasses de 15, 30 utilisée pour l’implantation de résidences et de
et 50 mètres d’élévation, a pu être habité par les dépendances rurales.
groupes amérindiens de la période préhistorique, soit
depuis environ 4 000 ans avant aujourd’hui – d’abord
par les groupes nomades de la période archaïque, qui
utilisent les terrasses et les berges pour établir des
campements de chasse et de pêche, puis par des
groupes semi-sédentaires de la période sylvicole, de
3 000 ans avant aujourd’hui à 1534, des pêcheurs-
chasseurs-cueilleurs-horticulteurs vivant dans la vallée
du Saint-Laurent. Ce sont ces groupes que Jacques
Cartier rencontre lors de son second voyage au
Canada, en 1535. Cartier note d’ailleurs dans ses
écrits la présence de campements amérindiens sur le
pourtour de l’île de Montréal. L’importance de ce lieu
pour les Amérindiens réside dans sa localisation à la
confluence de plusieurs cours d’eau qui constituent
les routes traditionnelles de transport.
ARRONDISSEMENT 41
de Pierrefonds-Senneville
A. Les secteurs d’intérêt Jacques LeBer, après en avoir obtenu la permission des
archéologique à fort potentiel sulpiciens, fait ériger sur ses terres un moulin fortifié de
bois (1686). La présence du moulin constitue un atout
en faveur de la colonisation de l’endroit par des censi-
taires, puisque les Iroquois multiplient les attaques
2.AP.1 ET 2.A.1 ZONE CÔTIÈRE
contre les avant-postes français de l’ouest de l’île. Le
La bordure de l’île de Montréal comprend les rives mais premier moulin est d’ailleurs brûlé lors d’un raid en
également le tracé du chemin sur son pourtour et les 1691. Le moulin de Senneville est rebâti en pierre en
terres qui le bordent. Ces emplacements peuvent avoir vertu d’un marché de construction passé par LeBer en
été utilisés au cours des périodes préhistorique et his- 1700. Trois ans plus tard, LeBer fait construire un fort
torique selon divers choix d’établissement, en fonction de pierre composé d’une maison, de quatre bastions
de l’époque et des populations concernées. d’angle et d’une enceinte entourant la cour. Il s’agit du
fort Senneville, aujourd’hui site archéologique BiFl-002.
Berge et îles On retrouve à l’extérieur du fort, outre le moulin à
Les avancées de terres, les baies et les îles correspon- farine, une grange et une étable de bois. Le fort est
dent à des environnements particuliers propices à érigé sur la terrasse riveraine de l’actuelle pointe Abbott,
l’exploitation des ressources par des activités de chasse ce qui correspond au 168, chemin de Senneville, tan-
et de pêche. Quand ces formations se trouvent de plus dis que le moulin se trouve sur un promontoire situé
situées au point de confluence de plusieurs axes de un peu à l’est du fort, au 176, chemin de Senneville.
communication hydrographique, les probabilités d’y
retrouver des vestiges de campements amérindiens Mis à part le fort et le moulin, le territoire de Senneville
préhistoriques ou d’occupations européennes des XVIIe a abrité de nombreuses occupations rurales à partir du
et XVIIIe siècles croissent de façon importante. Ce fait XVIIe siècle et jusqu’au XXe siècle, sans toutefois donner
est d’ailleurs démontré par le nombre de sites naissance à un noyau villageois, les résidants utilisant
archéologiques répertoriés dans les arrondissements plutôt l’église et les commerces de Sainte-Anne-de-
voisins. Ce sont les berges et les îles qui sont ciblées; les Bellevue. La plupart des terres sont bordées en façade
modifications effectuées au cours du XXe siècle, parti- par le cours d’eau, mais les résidences rurales et les
culièrement l’ajout de remblais, ont souvent eu pour dépendances se trouvent fréquemment en bordure du
conséquence de favoriser la protection des vestiges chemin de Senneville. Au cours de la seconde moitié du
archéologiques. XIXe siècle, le chemin de fer est prolongé jusque dans
l’ouest de l’île, ce qui amène la bourgeoisie anglo-
Fief et fort Senneville phone montréalaise à construire des villas en milieu
Le fief de Senneville est concédé en 1672 à Michel- agricole. Certains optent toutefois pour l’acquisition
Sidrac Dugué, sieur de Boisbriand. Il y établit un petit de fermes tout en laissant l’exploitation des terres à
nombre de colons, mais ses intérêts sont principale- des agriculteurs.
ment orientés vers les activités de traite. Le fief est
vendu à Jacques LeBer en 1679, sans mention de bâti-
ments. Jacques LeBer est alors associé à Charles
LeMoyne, qui lui cède sa part du fief en 1683. LeBer
devient ainsi le seul à avoir des droits sur ces terres. À
cette date, il semble qu’un magasin de bois soit présent
sur le fief, aux fins d’activités commerciales avec les
Amérindiens ; sa localisation demeure indéterminée.
Boulevard Gouin
L’utilisation agricole du territoire de Pierrefonds
remonte au XVIIIe siècle, alors qu’il fait partie intégrante
de la côte Sainte-Geneviève, laquelle comprend égale-
ment le village de Sainte-Geneviève et, en partie,
Roxboro. Il n’y a pas d’ancien noyau villageois, le bourg
étant à Sainte-Geneviève. Les terres ont front sur la
rivière des Prairies et sont traversées par le boulevard
Gouin, où sont construites les maisons et les dépen-
dances, comme l’illustrent les maisons anciennes tou-
jours en place. On y retrouve la maison Charles-Richer
dit Louveteau (1830), au 12679, boulevard Gouin
Ouest, la maison Joseph-Théorêt au 14784, boulevard
Gouin Ouest, la maison Jacques-Poudrier dit Lavigne
(1834), au 20752, boulevard Gouin Ouest. Une autre
résidence, dite le Petit fort, construite vers 1750, aurait
été dotée de meurtrières; elle est située à l’est du Cap
Saint-Jacques, au 19530, boulevard Gouin Ouest.
ARRONDISSEMENT 43
de Pierrefonds-Senneville
2.AP.2 PARC-NATURE DU BOIS-DE-LIESSE B. Les secteurs d’intérêt archéologique
Le ruisseau Bertrand présente la caractéristique d’avoir
favorisé l’apparition de milieux humides aujourd’hui
protégés à l’intérieur du parc-nature du Bois-de-Liesse, 2.A.1 ZONE CÔTIÈRE
dont une partie se trouve également sur le territoire
Voir texte 2.AP.1
d’Ahuntsic-Cartierville, de Saint-Laurent et de Dollard-
Des Ormeaux–Roxboro. Ces milieux humides sont
propices aux activités de chasse et de pêche par les
groupes amérindiens de la période préhistorique, soit 2.A.2 ARBORETUM MORGAN
environ 4 000 ans avant aujourd’hui. Ce territoire tra- L’Arboretum Morgan est une réserve boisée accessible
versé par le boulevard Gouin se prolonge jusqu’au bord au public, administrée par l’Université McGill. Deux
de l’eau et peut également abriter des vestiges de la terrasses d’une élévation de 50 mètres au-dessus du
période historique. Le territoire de ce parc-nature recèle niveau de la mer sont localisées au nord de l’au-
un potentiel archéologique. toroute 40. Compte tenu de la qualité de drainage
du dépôt de surface, l’emplacement a pu être utilisé
par des groupes amérindiens au cours de la préhistoire
pour des camps de transit ou d’observation. L’élévation
du lieu lui confère un potentiel archéologique
amérindien préhistorique ancien puisque ces terres
ont rapidement émergé des eaux après l’épisode
d’invasion marine de la mer de Champlain.
ARRONDISSEMENT 45
de Pierrefonds-Senneville
D. Les biens culturels à statut
2.AP.1
2.AP.1
2.AP.1
2.AP.1
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0
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boulevard Jacques-Bizard
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boulevard G 2.AP.1
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D
ouin Ouest
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2.AP.1 boulevard e Pierrefon
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boulevard Saint-Jean
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autoroute 13
ou
boulevard Saint-Charles
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2.AP.2
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2.AP.2
Le patrimoine archéologique
Arrondissement de Pierrefonds-Senneville
Division du patrimoine et
0 500 1000 m de la toponymie
11 mai 2004
4. R E C O M M A N D AT I O N S
ARRONDISSEMENT 49
de Pierrefonds-Senneville
– de favoriser la prise en compte des vestiges
présentant une grande valeur archéologique 4.2 Générales à l’échelle montréalaise
dans la conception et la réalisation des projets de
construction ou d’aménagement urbain, notamment Nous recommandons :
par l’adaptation des travaux ou l’intégration des
vestiges. – de développer des outils de protection et de mise
en valeur, incluant la citation en vertu de la Loi
– d’assurer la protection et la mise en valeur des
sur les biens culturels du Québec, pour les
aménagements urbains, des parcs et des espaces
immeubles qui possèdent une valeur patrimoniale
publics.
élevée à l’échelle montréalaise, comme certaines
– de préserver et de protéger le couvert végétal, maisons rurales et villas, institutions (ex. : écoles,
qui contribue beaucoup au caractère de plusieurs églises), services municipaux (ex. : bains, casernes,
secteurs patrimoniaux répertoriés, de favoriser les complexes civiques), etc.
plantations et de protéger de façon générale le
– de développer des outils de protection et de mise
patrimoine naturel, ainsi que de préserver et mettre
en valeur, incluant la création de sites du patri-
en valeur le caractère champêtre des secteurs où
moine en vertu de la Loi sur les biens culturels
l’on retrouve encore des paysages agricoles.
du Québec, pour les sites qui possèdent une
– de protéger les perspectives d’intérêt patrimonial valeur patrimoniale élevée à l’échelle montréalaise,
telles que les vues sur le centre-ville, le mont Royal, notamment certains noyaux villageois, ensembles
les plans d’eau, les places publiques, les monuments institutionnels, grands domaines, grands gestes
commémoratifs, certains bâtiments ou clochers, etc. urbains et architecturaux, etc.
– de préserver la spécificité de la trame urbaine – à partir des critères de sélection établis pour l’évalua-
montréalaise, qui découle des tracés fondateurs et tion des bâtiments et des secteurs susceptibles
des caractéristiques naturelles, et de préserver d’avoir un intérêt pan-montréalais, de développer un
la grille orthogonale (incluant les ruelles des plan d’attribution de statuts patrimoniaux en vertu
arrondissements du centre) ainsi que les plans de la Loi sur les biens culturels du Québec, de
d’ensemble et grilles particulières de certains fixer des critères d’évaluation pour les interventions
arrondissements; de contrôler les subdivisions sur les bâtiments et territoires protégés par le volet
cadastrales afin de préserver le rythme des rues et municipal de cette même loi, d’élaborer des outils
de sauvegarder l’échelle du bâti. de protection et de dresser un plan directeur pour
la mise en valeur de chacun des sites du patrimoine.
– de développer des outils de promotion et de mise
en valeur des tracés fondateurs à fort potentiel, – d’élaborer pour le public, les employés municipaux
aux fins de la protection de leur caractère. et les élus des activités et des outils de sensibili-
– de développer un plan stratégique pour les artères sation à l’égard du patrimoine.
commerciales principales (vitalité, affichage,
rénovation, éclairage, mobilier urbain, etc.) qui
tienne compte de la dimension patrimoniale des
lieux et de concilier les opérations de travaux
publics avec les préoccupations patrimoniales.
ARRONDISSEMENT 51
de Pierrefonds-Senneville
– d’évaluer l’intérêt pan-montréalais des secteurs et Secteur Senneville
des bâtiments d’intérêt patrimonial exceptionnel – de documenter (recherche et relevé photographique)
en vue de procéder à la création de sites du patri- le secteur des vétérans, dont on prévoit la démolition.
moine et à la citation de bâtiments en vertu de la
Loi sur les biens culturels du Québec. Il est – d’évaluer l’intérêt pan-montréalais des secteurs et
notamment recommandé de documenter, afin de des bâtiments d’intérêt patrimonial exceptionnel
les citer, plusieurs maisons rurales du boulevard en vue de procéder à la création de sites du patri-
Gouin Ouest, dont certaines présentent indéni- moine et à la citation de bâtiments en vertu
ablement un intérêt patrimonial métropolitain. Par de la Loi sur les biens culturels du Québec, et
ailleurs, un inventaire et une analyse plus exhaustive notamment :
des propriétés institutionnelles déterminerait si cer- • de créer un « Site du patrimoine du village de
taines d’entre elles devraient accéder au statut Senneville » englobant les grands domaines et
mentionné précédemment. peut-être aussi les habitations du personnel au
service des grands propriétaires.
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Cote : G1144 M65G475 H6 1879 CAR p. 47-62.
ARRONDISSEMENT 53
de Pierrefonds-Senneville
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ARRONDISSEMENT 55
de Pierrefonds-Senneville