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CENTRE D’EXCELLENCE REGIONAL SUR LES VILLES

DURABLES EN AFRIQUE [CERVIDA - DOUNEDON]

MASTER VILLE DURABLE EN AFRIQUE AVEC POUR


SPECIALISATION « AMENAGEMENT URBAIN DURABLE »

METHODOLOGIE DE RECHERCHE EN MILIEU DURABLE

COURS

ANALYSE TYPO-MORPHOLOGIQUE

Enseignant :
AZIAKO Yawo (Marcel), Architecte
Juin 2023
I - CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE
Dans le cadre de ses activités pédagogique, le Centre d’Excellence Régional sur les Villes
Durables en Afrique (CERVIDA-DOUNEDON) a créé la Master Villes Durables en Afrique avec
pour spécialité « Aménagement Urbain Durable ».

L’un des enseignements dispensé dans ce doctorat est METHODOLOGIE DE RECHERCHE


EN MILIEU URBAIN. Il s’agit d’un cours pratique qui permettra à l’étudiant de maîtriser les outils et
technique de collecte et de traitement de données en milieu urbain.

Cette Unité d’Enseignement est une UE composite dont Analyse typo-


morphologique.

L’analyse typo-morphologique est suite à l’apparition de l’école Italienne


Muratorienne en référence à l’ouvrage de Serverio Muratori publié en 1959 et qui porte
sur la forme de la ville, ensuite va se réintégrer en France.

Trois grandes écoles morphologiques se sont développées autour de l’analyse


typo-morphologique, avec des approches plus ou moins similaires : l’école italienne,
l’école anglaise, l’école française, elles se distinguent surtout par l’usage qu’elles font
de l’enquête morphologique.
Elles s’intéressent à l’analyse des interrelations entre les éléments définissant le
tissu urbain :
le parcellaire (P),
le bâti (B),
l’espace libre (EL) (c’est-à-dire les places, carrefours, jardins, cours, …),
et leur agrégation en ilots.

Le présent cours doit répondre à la problématique suivante :


En principal : Quel concept et outil d’analyse et de lecture typo-
morphologique pourrait s'intégrer et participer à la composition d'un
paysage urbain écologique dans les perspectives d’une ville nouvelle et
durable en Afrique ?
Quelles structures physiques et spatiales des milieux bâtis des villes durables africaines ?
Quelle évaluation critique de la forme des tissus et organismes urbains ?
Quelles formes urbaines par les types d’édifices la compose et les articulations avec la
trame viaire ?
Quelle composition et aménagement des espaces publics, des places, des voiries par les
édifices pour les villes africaines ?
Ce cours pratique : Analyse typo-morphologique, permettra à l’étudiant en Master Villes Durables
en Afrique avec pour spécialité « Aménagement Urbain Durable », d’utiliser l’outil et la technique de
collecte et de traitement des données en milieu urbain, qui s’intègre et participe à la composition
d’un paysage urbain écologique.

II - OBJECTIFS DU COURS
OBJECTIF GENERAL :

Rendre l’étudiant capable d’utiliser l’outil et la technique de collecte et de traitement de données en


milieu urbain pour la conception d’un projet qui intègre le patrimoine africain et participe à la
composition du paysage urbain durable dans le nouveau concept de ville durable.

De façon spécifique, l'étudiant doit être en mesure de :


 Connaitre les structures physiques et spatiales des milieux bâtis ;
 Connaitre le processus de formation et de transformation des structures du milieu bâti ;
 Savoir caractériser les structures formelles des milieux bâtis ;
 Savoir reconstituer à partir de la forme urbaine existante les mutations successives d’un tissu
urbain ;
 Faire une évaluation critique de la forme des tissus et organismes urbains ;
 Identifier les structures à l’identité culturelle des lieux et les contraintes du sauvegarde du
patrimoine bâti et des paysages culturels ;
 Définir les mesures de contrôle des transformations du cadre bâti et d’encadrement des projets
d’intervention ;
 Maîtriser les outils et techniques de collecte et de traitement de données en milieu urbain ;

 Maitriser les formes urbaines par les types d’édifices la compose et les articulations avec la
trame viaire ;
 Maitriser la composition et aménagement des espaces publics, des places, des voiries par
les édifices.
II- CONTENU ET ORGANISATION DU COURS

Le présent cours dans son élaboration s'articulera autour de


quatre axes essentiels :

1. Notions de morphologie urbaine ;


2. Notions de typologie architecturale ;
3. Concepts et outils de l’analyse et de lecture typo-
morphologique ;
4. La typo-morphologie et le projet ;
5. Conclusion.
IV - METHODOLOGIE
Le présent cours s'organise selon les axes précédemment identifiés de la manière suivante :

1. LES METHODES
Les méthodes auxquelles nous feront appel, seront de trois ordres : la lecture (recherche),
analyse et le projet.
a. La lecture consistera à faire des recherches à la bibliothèque sur les thèmes spécifiques de
tissus urbains, morphologie urbaine, typologie architecturale.
La phase de recherche sera notée. Les étudiants vont :
 Recenser en général la composition et l’aménagement des espaces publics, des places,
des voiries par les édifices qui les caractérisent.
 Recenser et analyser les espaces publics, places et voirie par les édifices qui les
caractérisent en Afriques.
 Les caractéristiques et analyse typo-morphologique des villes africaines.
Les recherches se seront par des groupes de cinq (05) étudiants.
Chaque groupe va étudier deux cas (en Afrique et dans le monde) et ressortir les différences ou
les similitudes.
Le rendu sera en support numérique et sera exposé, chaque étudiant doit participer à la
présentation du travail du groupe. La note sera individuelle.
Ce sera la première note de ce cours.
b. Les croquis seront les expressions graphiques des connaissances acquises des recherches et
lectures.
Les croquis seront notés et sera un travail individuel. Ce sera la deuxième note de ce cours.
Le croquis portera sur les éléments caractéristiques les espaces publics, places et voiries.
L’étudiant fera un croquis à la main en mettant l’accent sur le choix d’éléments caractéristiques (la
trame viaire, édifices, monuments ou bâtiments considérables, …).

c. Le projet en tant qu'outil devra permettre de fixer les contours d'une proposition non figée et
immuable, mais capable d'évoluer avec le temps et l'espace, et s'adapter aux différentes
contraintes auxquelles sera soumis l'environnement urbain.
Ce sera l’aménagement d’un espace public, d’une place ou d’une trame viaire intégrant le
patrimoine africain et l’environnement.
Le sujet du projet sera donné à l’étudiant et le travail sera par des groupes de deux (02).
La note de cette étape sera pour le groupe.
La moyenne des trois phases se fera comme suit :
La moyenne des deux premières notes plus la troisième note sur deux.
2. DEROULEMENT DU COURS
Concernant le premier axe : NOTION DE MORPHOLOGIE URBAINE :
Cet axe mettra l’accent sur la définition et la compréhension de cette notion. Les éléments
caractéristiques seront définis (le tissu urbain : la voirie, le parcellaire, le découpage du sol, les
densités, les usages et les phénomènes qui en sont à l'origine: topographie, histoire, influence
culturelle, économie, règles d'urbanisme, contexte technologique ou encore énergétique).
L'axe 2 : NOTION DE TYPOLOGIE ARCHITECTURALE sera dispensé par un exposé résumant
les principes de la composition architectural et urbanistique. Les connaissances acquises à ce
niveau devront permettre à l’étudiant de s’approprier les grands principes de composition
architecturale et urbanistique qui définissent en général l’organisation d’un type architectural et
urbanistique.
L'axe 3 : CONCEPTS ET OUTILS DE L’ANALYSE ET LECTURE TYPO-MORPHOLOGIQUE,
permettra de :
 analyser du cadre bâti à différentes échelles ;
 caractériser la forme urbaine comme une entité dynamique et continuellement changeante;
 révéler une relation dialectique entre le cadre bâti, ses producteurs et ses habitants (culture);
 proposer que la forme urbaine ne peut être comprise que comme un produit du temps
(histoire);
 montrer que c’est une «histoire opérationnelle de la forme urbaine», une archive de la
production d’un cadre bâti (connaissance);
prérequis au design urbain, au projet architectural (outil).
L'axe 4 : concerne le projet, permettra à l’étudiant après une démarche de programmation et
d’aménagement appropriée de proposer un projet d’aménagement d’espace public, ou de
place ou de trame viaire.

V- RESULTATS ATTENDUS

L’étudiant produira dans le cadre de ce cours pratique, des supports écrits et graphiques
décrivant son projet d’aménagement urbain. Ce dernier doit, dans le souci de favoriser une
insertion harmonieuse dans le temps et dans l'espace, fixer les règles d’aménagement en
termes d'images qualitatives d'un point de vue architectural et urbanistique.
En ce qui concerne le projet, il s'agira de produire les éléments suivants :
V.1- DOCUMENTS GRAPHIQUES
- Plan de situation ;
Concernant l’aménagement :
- Plan de principes d’aménagement montrant la démarche d’aménagement et l’insertion à
l’environnement immédiat du projet (échelle 1/2500) ;
- Plan de masse ou plan d’aménagement (échelle 1/2500)
- Perspectives d’ensemble ;
Plan montrant la distribution et la typologie architecturale (échelle 1/1000) ;
V.2- RAPPORT
Ce dernier devra comporter les points suivants :
- l'analyse typo-morphologique du projet ;
- Le parti d’aménagement expliquant les principes de composition et d’intégration à
l’environnement ;
- Conclusion

VI - EQUIPE PEDAGOGIQUE

ENCADREUR PRINCIPAL TACHES PHASE D'INTERVENTION

AZIAKO Yawo Toute la durée du cours


cours
Architecte Axe1 ; 2 ; 3 et 4

VII - GROUPES DE TRAVAIL


L’étudiant en Master Villes Durables en Afrique avec pour spécialité « Aménagement Urbain
Durable » seront répartis en groupes de travail pour le projet et les exposés.
VIII - CALENDRIER
Activités Intervenant Echéance

Mercredi 21/06/23 cours 8h - 16h


Jeudi 22/06/23 Cours 8h - 16h
Vendredi 23/06/23 Devoir 8h – 12h
IX - BIBLIOGRAPHIE
Borie, A., & Denieul, F. (1984). Méthode d'analyse morphologique des tissus urbains traditionnels.
Caniggia. G. (1986) Lecture de Florence : Une approche morphologique de la ville et du territoire. Bruxelles : Institut Supérieur d'Architecture Saint-Luc.
Casanovas Boixereu, F. X. (2012). Manuel pour la réhabilitation de la ville de Dellys.
Convercité, L'agence de valorisation urbaine. (2006). “Campus de l’Université de Montréal et secteur adjacent : Étude typo-morphologique”. Chaire de recherche de Canada en patrimoine
bâti. Montréal : Université de Montréal.
Hassoun, K. (2009) « La morphologie », EUR-821 Méthodes d’analyse du cadre bâti. UQAM. Montréal.
Hassoun, K. (2009) « La typo_morphologie », EUR-821 Méthodes d’analyse du cadre bâti. UQAM.
Hillier, B. (2007). Space is the machine : A configurational theory
Mazouz, S. (2004). Méthodologie d'approche des sujets de recherche utilisant la méthode dite de la syntaxe spatiale. Cours Mastère en architecture. ENAU. Tunis : s.e.
Noppen, L. (2008). Cours VI. L’approche morphologique. EUR-8216 Méthodes d’analyse du cadre bâti 2008. UQAM. Montréal.
Panerai, P., Demorgon, M., & Depaule, J. C. (1999). Analyse urbaine. Marseilles: Parenthèses.
CANIGGIA, Gianfranco (1987) « Il recupero dei centri storici : primo capirne i valori. » Via (4),
dicembre 87. La récupération des centres historiques : d'abord en comprendre les valeurs. Traduit de l’italien par Pierre Larochelle.
CANIGGIA, Gianfranco (1986) Studio sui processi di formazione e di mutazione delle tipologie
edilizie : stato della disciplina, in : Consiglio Nazionale delle Ricerche (1986) Problemi del
restauro in Italia, Atti del Convegno Nazionale tenutosi a Roma nei giorni 3-6 novembre 1986.
Campanotto editore. Étude sur les processus de formation et de mutation des typologies du bâti : état de la discipline. Traduit de l’italien par Pierre Larochelle.
CANIGGIA, Gianfranco ; MARCONI, Paolo (1985) « Continuità tipologica e manutenzione
consapevole : metodi e tecniche per la mutazione fisiologica della città ». Restauro & Città.
Continuité typologique et entretien conscient : méthodes et techniques pour la transformation
physiologique de la ville. Traduit de l’italien par Pierre Larochelle.
CASTEX, J.; COHEN, J.-L.; DEPAULE, J.C. (1995) Histoire urbaine, anthropologie de l'espace.
Paris : CNRS Éditions, Cahiers du PIR/villes.
CASTEX, J. Histoire de la forme urbaine. pp. 77-135.
CASTEX, J.; CELESTE, P.; PANERAI, Ph. (1980) Lecture d'une ville : Versailles. Paris : Éditions du Moniteur.
CASTEX, J.; DEPAULE, J. Ch.; PANERAI Ph. (1977) Formes urbaines : de l'îlot à la barre.
Paris : Bordas. (Réédition : (1997) Marseille : Éditions Parenthèses)
CERVELLATI, P.L.; SCANNAVINI, R.; DE ANGELIS, C. (1977) La nouvelle culture urbaine : Bologne face à son patrimoine. Paris : Seuil, 1981.
COHEN, Jean-Louis « La coupure entre architectes et intellectuels, ou les enseignements de l’italophilie », In Extenso, no 1. École d’architecture Paris-Villemin.
CONZEN, M.R.G. (1960) Alnwick Northumberland. A study in town-plan analysis. London: George Philip and son.
CROIZÉ, Jean-Claude ; FREY, Jean-Pierre ; PINON, Pierre (1991) Recherches sur la typologie et les types architecturaux. Paris : L'Harmattan.
DEMIRI, Dina (1983). « The notion of type in architectural thought ». Edinburgh Architectural Research, Vol 10, 117-137.
DEVILLERS, Christian, HUET, Bernard (1981) Le Creusot, naissance et développement d'une ville industrielle. Paris : Champ Vallon.
DEVILLERS, Christian (1974) « Typologie de l'habitat et morphologie urbaine ». Architecture d'aujourd'hui, no 174.
ÉLEB-HARLÉ, Nicole (2000) Conception et coordination des projets urbains. Paris : Éditions Recherches.
1 – Notions de morphologie
La morphologie urbaine est l'étude des formes urbaines. La morphologie urbaine vise à étudier les
tissus urbains au-delà de la simple analyse architecturale des bâtiments et à identifier les schémas
et structures sous-jacents

La morphologie urbaine étudie les formes et les caractéristiques de la ville (la voirie, le parcellaire,
le découpage du sol, les densités, les usages), et les phénomènes qui en sont à l'origine:
topographie, histoire, influence culturelle, économie, règles d'urbanisme, contexte technologique
ou encore énergétique. Elle s'appuie sur les différentes échelles constitutives du monde urbain : le
bâtiment, l’îlot, le tissu urbain, la ville, l'agglomération. Elle est interdisciplinaire, entre histoire et
géographie urbaines, urbanisme et archéologie.

La morphologie urbaine s'inscrit dans la longue lignée des analyses morphologiques et


morphogénétiques, depuis Aristote jusqu’à Alan Turing; en passant par Goethe, d’Arcy Thompson;
ou encore René Thom.
Espace urbain dense

Ilot rue Froide/rue Demolombe


2 – Notions de typologie architecturale
A - LES DISPOSITIONS TYPES
1. l'adaptation au milieu
Chaque ensemble, jardin d'accueil, jardin d'agrément, bâti et édicule, est composé suivant l'art
des jardins pour les implantations sur de grands terrains de 1000 à 2500m², ou simplement
implanté, suivant le découpage des petites parcelles de 300 à 800 m² nées du découpage du
cadastre originel
Le caractère balnéaire est marqué par les aménagements de terrasses, de loggias et de
balcons, qui permettent une relation étroite avec un élément caractéristique de la zone, à
travers le jardin. Cette adaptation au milieu privilégie la vue sur mer sur l'ensoleillement,
comme en témoignent les nombreuses implantations vers l'Est.
De nombreuses villas ou édifices de l'époque néoclassique reçoivent un décor de façades
uniquement sur celles orientées vers un élément caractéristique de la zone, par opposition aux
façades orientées le mitoyen, qui sont traitées simplement et sans recherches particulières.
2. les volumes
L'architecture prend souvent l'apparence d'un habitat individuel, même lorsque la taille et le
programme relèvent de l'habitat collectif.
verticalité des volumes
Cette impression de hauteur des maisons est encore accentuée par le décalage en plan et
en élévation, qui fragmente la largeur de la façade par rapport à sa hauteur

Les ouvertures
3. l'ordonnancement
L'ordonnance des façades

4. les percements
Les ouvertures descentes de charges

5. les jardins

Les jardins et les espaces libres présentent souvent une grande variété d’essences
exotiques acclimatées parmi les plantations indigènes rurales
Les jardins présentent souvent des édicules, kiosques, pergolas … favorisant la vie
extérieure
B. ELEMENTS TYPES, DETAILS TYPES
1. Matériaux

2. Enveloppe, baies, éléments de décor

3. Couvertures, éléments de décor

4. Balcons, terrasses, oriels

5. Galeries, escaliers extérieur en façade

6. Marquises (Auvent)

7. Couleurs

8. Murs de clôture, portails, grilles, piliers

9. Rapport entre enceinte, jardin et édifice; recensement de la végétation existante


C. FAMILLES DE BATIMENTS
LES BATIMENTS ET ENSEMBLE DE BATIMENTS

Ensembles urbains

Bâtiments isolés

LES VILLAS

LES MAISONS et EDIFICES SUR RUE


Exemple de typologies de bâtiments
Le bâtiment “Faubourien”
• se caractérise par quatre ou cinq étages au dessus du
rez-de-chaussée, surmonté d’un étage en comble.
• La façade sur rue est constituée de pierre de taille de 45
à 50 cm.
• La façade sur cour est constituée de brique de 22 cm.
• Les refends longitudinaux sont au rez-de-chaussée en
pierre et en étage en brique de 22 cm.
• Les refends transversaux sont en moellons de 30 cm.

Les bâtiments “Modernes”


• les bâtiment sont en ossature en béton armé avec un
remplissage en blocs alvéolaires de 20 cm.
• Les refends sont en briques de 15 cm.
• Les murs mitoyens sont en maçonnerie de 50 cm.
3 - Concepts et outils de l’analyse et de lecture
typo-morphologique
Introduction et Rappel historique :
 La typo-morphologie s'intéresse à l'environnement urbain dans sa dimension physique, sa
matérialité. Elle traite de la forme et de la configuration physique des environnements urbains
(Convercité, 2006).
 Apparition durant les années 60 en tant que critique du mouvement moderne.
 Réaction aux disciplines de la planification qui tentent de gérer la production sociale dans l'espace
de manière quantitative. Ils agissent ainsi sur un espace abstrait et ignorent les réalités du terrain.
 Tendance à la revalorisation des tissus anciens.
Origine de l’approche

Les premières approches traitant de morphologie urbaine sont issues de la géographie urbaine, Les
premiers textes qui en parlent datent des années 20.
Les approches qui s’en réclament se fixent comme objectif la réintégration des dimensions spatiale et
historique dans les études urbaines

Origine et précurseurs de l’approche

C’est dans les années 50 que l’architecte et théoricien Saverio Muratori (1910–1973) a interrompu son
activité de concepteur/réalisateur ,pour se consacrer à la réflexion théorique et à l’écriture, persuadée
que le véritable problème se situait au niveau de l’idéologie globale de la planification.
Saverio Muratori est considéré comme le père de la typo-morphologie, il est le maitre à penser d’Aldo
Rossi, de Carlo Aymonino, de Vittorio Gregotti et de Gianfranco Caniggia dont nous verrons l’apport de
chacun dans le prolongement du cours.
Définition de l’approche
Selon le Pr. Saïd MAZOUZ
«La typo-morphologie est la combinaison entre la morphologie urbaine et la typologie architecturale»
C’est une méthode basée sur les relations dialectique entre la voie et l’édifice engendrant les parties
constituantes de la ville.
Selon Brahim BENYOUCEF. « analyse urbaine ». OPU; page 48.
«Une approche qui tout en considérant l'espace construit selon une vision systémique, où s'enchevêtrent
plusieurs composantes, considère l'espace construit à un degré précis, comme système autonome,
fonctionnant selon une logique et des mécanismes propres à lui. Il est considéré en tant que structure,
définie dans son domaine et circonscrite à l’intérieur de limites. Ses composantes sont liées entre elles grâce
à un réseau de voies hiérarchisées»

Nous pourrions donc pour résumer l'analyse typo-morphologique dire que c’est une approche récente de la
ville qui prend en compte son contexte historique et culturel, cette approche a été développée
principalement par les italiens, Muratori, Rossi, Aymonino, Grassi, Gregotti, Caniggia, en vue de resituer les
productions contemporaines dans leur contexte et dans une continuité avec l'histoire, en opposition à
l'urbanisme des CIAM.

L'analyse morphologique permet ainsi de comprendre la logique des pleins et des vides,
ainsi que l'armature des liants urbains.
Elle permet de comprendre la forme urbaine actuelle dans ce qu’elle exprime de son héritage
historique et de retrouver des filiations avec les formes anciennes.
En général on commence par l'analyse morphologique puis on continue avec la typologie (du général
au particulier).

Source: A. BORIE –F.DENEUIL: « Méthode d’analyse morphologique des tissus traditionnel ». P 1


Principes et objectifs de l’approche typo-morphologique

• Cette approche se propose d’étudier la matérialité des formes architecturales, urbaines et


territoriales concrètes et signifiantes et d'offrir aux disciplines du projet la capacité de les
contrôler (Malfroy, 1987).
• La typo-morphologie se fonde sur les principes des études de la morphologie, notamment
celle de la morphologie urbaine, et la morphologie sociale (E. Durkheim). Ecoles de la
morphologie, notamment britanique, italienne et française.
• 1. L'analyse typo-morphologique tente, en premier lieu de révéler la structure physique et
spatiale de la ville. Elle analyse d'abord, la forme du cadre bâti et de son évolution dans le
temps. Des lois peuvent être dégagées de cette analyse.
• 2. Elle établit ensuite, un rapport avec les producteurs de cette forme ainsi que les
habitants. Elle tente de reconstruire l'histoire de la forme urbaine.
• 3. Elle sert également de soubassement à la projetation architecturale. Outils de
dépassement du syndrome de la feuille blanche. Outil de fondation d’un discours pertinent
sur le projet. Objet de critique car, limitative du champs de créativité par le « simple » fait
de suivre des règles historiques.
l’Approche Typo-morphologique
Approche morphologique: Approche typologique:
(Forme et aspect extérieur général.)

Tend à l’identification des types, génériques, qui se Cherche à décoder ce qui est spécifique à une
raccordent en séries. Les séries et non les ville, à un cadre bâti.
exceptions ont une valeur géographique.
• Analyse micro
• Echelle macro • Quête des spécificités urbaines
• Types de villes • Référents internes
• Référents externes
l’Approche Typo-morphologique
Figures fondatrices de l’approche typo-morphologique

Selon Muratori il y a trois grandes lignes d’approche suivantes:

Le type ne se caractérise
pas en dehors de son tissu
construit.

Le tissu urbain à son tour ne se


caractérise pas en dehors de l’étude
de l’ensemble de la structure urbaine.

L’étude d’une structure urbaine ne se


conçoit que dans sa dimension historique.
1. MURATORI considère et pose l’analyse typo-morphologique
comme préalable au projet.
2. L’analyse typologique est la base de l’analyse urbaine.
3. La structure de villes ne peut se comprendre sans références au
temps historiques qui les ont façonnées.
4. S’insérer dans l’urbain ou y intervenir exige une connaissance
profonde de ce dernier et de sa syntaxe pour une couture
urbaine harmonieuse.
5. La ville traditionnelle diffère de la ville moderne de deux façons

o La relation de chaque bâtiment à la ville comme un tout


o La manière dont chaque édifice est composé.
Approche GIANFRANCO CANIGGIA (1933 –1987)

• la notion d’agrégat, pour lui cette notion exprime par analogie


l’hétérogénéité des échelles d’élément (pièces, bâtiments,
quartier, ville…) qui constituent les tissus construits.
• Il a catégorisé les éléments urbains dans une organisation
systémique modulaire hiérarchisée. A la base de cette
catégorisation, quatre éléments, correspondant aux quatre
niveaux de planification:
o l’édifice (projet architectural).
o le quartier (projet urbain de détail)
o la ville (urbanisme et structure urbaine)
o le territoire (aménagement et planification du territoire)
Chacun de ces éléments est une entité à part entière avec son
organisation, ses composantes et sa logique structurelle.
Approche GIANFRANCO CANIGGIA (1933 –1987)

• La forme urbaine s’appréhende via une analyse de la mutation


des types, à travers le temps
• L’analyse urbaine procède du particulier au général
• Se définit comme «typologue» et non comme «morphologue»;
réfute l’analyse morphologique.
• Met l’accent sur le cadre bâti (édifice) à l’échelle de la parcelle.
• Chaque objet construit doit être analysé dans son cadre de
référence
• La ville n’est pas un objet mais un processus qui génère puis
altère des objets, de façon progressive.
Approche GIANFRANCO CANIGGIA (1933 –1987)

Territoire

Ville

Quartier

Parcelle
Approche ALDO ROSSI (1931 –1997)

• Le cadre bâti est le révélateur des faits de société et peut


donc être analysé hors du cadre des sciences sociales
• Décrit et analyse le processus de transformation de la ville
qui est relié à l'histoire mais aussi à la mémoire des lieux.
• Met de l’avant la notion d’«identité d'un lieu». La notion
d'un endroit spécifique ou « locus » est un des thèmes
importants.
• Un des facteurs les plus importants dans la création de la
ville: la présence de structures et d'éléments naturels.
• Rossi formule l'idée de la ville «analogue», essayant de
cerner ce qui fait l'imaginaire historique sans cesse
reconstruit des architectures et des lieux
Approche CARLO AYMONINO (1928 -2010)
• La ville naît de la dialectique entre la typologie architecturale
et la morphologie urbaine.
• Décrit les petites constructions médiévales comme les
«servants» de la forme urbaine, des pièces définitoires d’un
tissu collectif.
• Les édifices modernes sont indépendants, «détachés» de la
forme urbaine. Le rapport entre typologie et morphologie ont
été inversés. L’édifice moderne crée sa morphologie, son
environnement individuel sans concourir à un assemblage
urbain cohérent.
• Accepte l’héritage moderne comme un fait donc: l’épisode
moderniste ne permet pas à l’architecte de fonder son projet
sur l’analyse de la ville ancienne.
Selon Aymonino Carlo «la forme urbaine est un processus continu,
et s’il est possible de la décrire ou de la caractériser à une période
précise, on ne peut négliger pour la comprendre l’étude des périodes
antérieurs qui ont conditionné son développement et l’ont
littéralement formé…»1
Pour lui, le tissu urbain est constitué de la superposition de trois
ensemble:
 Le réseau des voies.
 Le découpages fonciers.
 Les constructions.

1-Claire DUPLAY: « Méthode illustrée et création architecturale » Ed le moniteur, Paris 1985


Echelles de l’analyse :
• Tel que précisé précédemment, la typo-morphologie se développe sur l’étude
de quatre échelle du cadre bâti:
1. a. l’édifice,
2. b. le tissu ou le quartier,
3. c. la ville,
4. d. la région, ou le territoire.
• Les études typo-morphologiques s’accordent à ressortir l’autonomie des niveaux
d’échelle (compris comme des produits finis ) des faits urbains mais insistent sur leurs
interrelation « Oragnique ».
• Exemple donné par S. Malfroy (1987) pour caractériser l’édifice :
1. les éléments : les matériaux de constructions,
2. les structures d'éléments : les parois, planchers, couvertures, etc.
3. les systèmes de structures : dispositifs fonctionnels élémentaires comme les pièces, l'escalier, etc.
4. l'organisme des systèmes : l'ensemble autonome et cohérent destiné à un usage qu'est l'édifice.
• Possibilité d’extrapoler sur le niveau urbain.
Interdépendance des niveaux d’échelles :

• L’étude du fait urbain dans son intégralité : étude de l’interdépendance entre les échelles
architecturales, urbanistiques et territoriales.
• Introduction de la typologie architecturale à l’étude de la morphologie urbaine.
• Etude des faits urbains en distinguant deux composantes essentielles :
• 1. L’infrastructure : le site, la trame viaire et le parcellaire.
• 2. La superstructure : le bâti, les espaces libres.
• Autonomie de ces deux niveaux de lecture.

Autonomie relative des superstructures et des


infrastructures dans l’analyse typo-morphologique.
Source : Borrie et Danieul (1984)

• Nécessité d’étudier quatre systèmes dans le fait urbain :


• Le parcellaire, la voirie, le bâti et le non-bâti.
La Représentation de la forme urbaine

 Levés
 Différents plans
 Plans cadastraux
 Élévations
 Profils et coupes
 Ortho-photographies et vues aériennes et satellitaires
 Perspectives
 Maquettes
 SIG.
Outils de la lecture typo-morphologique
• Evaluations et comparaisons :
• Qu'il s'agisse de la morphologie urbaine ou de la typologie architecturale, la grille de
lecture des corpus considérés (voirie, bâti, parcellaire, espaces libres) étudie les
relations suivantes :
1. Relations topologiques,
2. relations géométriques,
3. relations dimensionnelles.

• Les relations topologiques :


Ce sont les relations de position (éloignement, proximité, chevauchement, interpénétration,
etc.), les rapports de communication (directe, indirecte, etc.). Chaque composant du corpus
est analysé à travers ses relations topologiques avec les différents éléments :
1. Le parcellaire est confronté aux trames qui le génèrent, ainsi qu'à la voirie,
2. la voirie est analysée en rapport également avec les trames ainsi qu'avec le
relief,
3. la voirie est analysée à travers la direction de ses composantes, ainsi que
par rapport à sa trame.
4. l'espace public est analysé en rapport avec sa relation avec les autres
espaces publics, relations de continuité ou de contigüité.
Les relations géométriques :
• Ces relations concernent les rapports de figures (ressemblance, similarité, échelle, etc.), ainsi que les
types de figure (régulières, déformées, composées, organiques) qui forment les composantes du corpus
à étudier : Le parcellaire est confronté aux trames qui le génèrent, ainsi qu'à la voirie,
• La voirie est analysée dans son rapport géométrique à la trame viaire elle même, ainsi qu’à son rapport
au site.
• Le bâti est analysé géométriquement en rapport aux autres éléments bâtis,
• La forme de l'espace public est analysée en termes de ses propriétés de direction
(obéissance/désobéissance), ainsi que par rapport aux relations entre ses propres figures
(identité/différence) .
Les relations dimensionnelles :
Elle concerne l'hiérarchisation dimensionnelle des parcelles, de la voirie, des rapports dimensionnels
entre les deux. Elle concerne également les relations dimensionnelles entre les différents éléments du
bâti, leur rapport dimensionnel avec les espaces publics ou le parcellaire. Les relations dimensionnelles
sont également liées à la question de la densité.

Lectures topologiques Lectures géométriques Lectures dimensionnelles


Lecture synchronique-lecture diachronique
La typo-morphologie s’attèle à étudier les formes urbaines dans deux dimensions historiques :
• Analyse des formes urbaines telle que présentes à un instant donné : lecture synchronique.
• Analyse de l’évolution des formes à travers le temps : lecture diachronique.

1.Analyse de l’évolution du Ksar


de Ghardaïa: Benyoucef (2010).
Morphologie urbaine-Typologie architecturale

La typo-morphologie a été pensée dans une logique d’une implication mutuelle du fait
urbain et du fait architectural, ce qui assure un rapport paradoxal entre:
• Exigence (urbaine) - liberté (architecturale),
• Général (urbain) – particulier (architectural),
• Public (urbain) – privé (architectural).

L’étude de ces dualités permet une traçabilité plus précise des implications mutuelles des
deux échelles (architecturale et urbaine) de la ville. Elle permet aussi à l’architecte,
producteur de la forme de voir par quel moyen, son écriture contribue à orienter le
développement de la ville.
La typo-morphologie et le projet

 Une des cibles et des objectifs de l’approche typo-morphologique est


d’offrir un argumentaire et un outil de contrôle de la forme dans le projet.

 Elle permet d’offrir les moyens pour des interventions :

1. A l’échelle du projet architectural

1. A différents niveaux de l’intervention urbaine.


1. A l’échelle du projet architectural :

o Rapport à la parcelle,

o organisation de l’ilôt,

o Accès et communication avec l’espace public,

o langage de façade,

o systèmes constructifs,

o types et distributions architecturales.


2. A différents niveaux de l’intervention urbaine :

o Parcellaires

o Espaces publics

o Tissus urbains et paysages

o Tracés urbains

o Fonctions urbaines

o Evolutivité dans le temps.


Quelles Œuvres :
En Tunisie
Figure 5. V. Gregotti, plan du quartier Zen à Palerme (1969) et perspective de l’espace public (source : www.urbanistica.unipr.it).
Avantages et inconvénients de la l’approche typo-morphologique
• Puissant outil de description de la forme,

• Objectif en ce qu’il mesure exactement des traces matérielles de l’activité


humaine,

• Démystifie des thématiques relatives au rapport au patrimoine, car il aide à


comprendre mieux les tissus urbains

• Outils jugé historisciste

• Ne saisit pas bien le « paysage »

• Trop souvent : lacunes de la recherche historique

• Difficulté de cerner une méthodologie précise du projet.

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