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Bonjour,

C’est avec une immense déception et le cœur lourd que je me retrouve à écrire cette lettre pour
témoigner de mon désespoir, ainsi que celui de toute une communauté, par rapport à la dernière
décision prise par le gouvernement québécois : interdire les salles de prière sous prétexte que « l’école
n’est pas un lieu de prière ». Cet argument enfantin, vide de sens et dénué de toute réflexion, me
déprime et me fait sérieusement questionner la compétence de nos politiciens qui dirigent la province."
Permettre aux étudiants de pratiquer ce qui est élémentaire pour eux n’est en aucun cas contraire à la
laïcité. Je tiens à rappeler la définition de ce fameux concept dont tout le monde prétend porter si
fièrement l’étendard et que nos dirigeants utilisent pour annihiler la vie spirituelle de la future
génération. Selon Le Robert, la laïcité est le principe de séparation de la société civile et de la société
religieuse. En d’autres termes, c’est la liberté de conscience et le droit de manifester ses croyances dans
les limites de l’ordre public. Nos établissements scolaires ont le devoir et l’obligation de répondre à tous
les besoins de la jeunesse québécoise pour assurer leur évolution et épanouissement. Et cela inclut
parfois l’aspect spirituel et religieux qui définit le sens même de l’existence de certains. Sans compter le
fait que c’est une source d’apaisement, de réconfort et que des études claires le démontrent. Entre
autres, une recherche menée par Christiane Bergeron-Leclerc, professeure à l’UQAC, prouve cela. Elle
mentionne ce qui suit : « Le spirituel vient améliorer le bien-être de manière très marquée ». Ces
quelques génuflexions et prosternations sont-elles si agaçantes pour la chambre d’assemblée ? Le
gouvernement québécois se tourne-t-il tellement les pouces au point de vouloir interdire une pratique
durant 5 à 10 minutes dans une pièce isolée et n’entravant en rien le fonctionnement des établissements
scolaires ? Je le dis avec conviction : oui, l’école n’est pas un lieu de culte. C’est un lieu pour assurer le
bien-être de ceux qui la fréquentent et cela englobe toutes les sphères de la vie d’un individu. Dans ce
cas, pourquoi avons-nous des cafétérias ? L’école n’est pourtant pas un restaurant ! Pourquoi avons-
nous des gymnases ? L’école n’est pourtant pas un parc ! Pourquoi engage-t-on des infirmières, des
psychologues, des psychoéducateurs, etc. ? Tout simplement, parce que ce sont des besoins humains et
essentiels pour l’éducation d’une personne. De même, accommoder des étudiants qui, par dizaines,
expriment un besoin qu’ils considèrent important est essentiel.

Également, l'argument selon lequel il faudrait accommoder toutes les communautés religieuses est une
preuve claire du manque de sensibilité à la réalité sur le terrain et d’éducation par rapport aux autres
religions Depuis quand un groupe d'élèves chrétiens a-t-il réclamé un local de prière ? Est-ce qu'un
groupe d'hindous a déjà demandé un local de recueillement ? Cela ne s'est jamais produit et cela est
simplement dû à la nature des pratiques de ces différentes confessions. Les chrétiens ou les hindous
n'ont pas besoin d'un lieu d'adoration de manière régulière. Et si tel était le cas, ils l'auraient exprimé.
Quant aux musulmans, c'est le cas. Les cinq prières quotidiennes effectuées par les croyants musulmans
sont un devoir religieux qu'ils doivent fièrement assumer. L'Assemblée nationale a-t-elle résolu tellement
d'enjeux majeurs dans lesquels notre société est plongée qu'elle crée maintenant des problèmes
inexistants, comme vouloir accommoder toutes les confessions religieuses ? Je me pose de réelles
questions à ce sujet.
Vivant au Québec depuis mon plus jeune âge, en tant qu'homme de confession musulmane appartenant
à un groupe de minorité visible, je suis fier de dire que je n'ai jamais ressenti de discrimination et je salue
notre peuple pour cela. Que ce soit au niveau du travail ou à l'école, je me suis toujours senti écouté et
respecté. J'irais même jusqu'à dire que j'ai souvent ressenti de l'intérêt et de la curiosité de la part de
mes concitoyens pour ma différence et je crois que cette ouverture d'esprit est une valeur fondamentale
de la société québécoise. Mais lorsque j'allume la télévision, que je regarde les nouvelles et que je vois
que ce genre de question enflamme la scène politique, je me demande si ceux qui sont aux commandes
connaissent vraiment leur peuple.

Dans l’espoir d’ouvrir les yeux à mes concitoyens

Mohamed Wafi

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