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Commentaire sur “Teen Town” de Weather Report

“Teen Town” de Weather Report est un morceau de Jazz Fusion, aussi appelé Jazz Rock,
un genre apparu à la fin des années 60, combinant l’harmonie et l'improvisation jazz,
avec le rock, la funk et le R&B. Les guitares électriques, amplificateurs et claviers
commencent à être utilisés par les musiciens jazz, particulèrement par ceux bercés par
le rock’n’roll. Miles Davis est le pionnier du genre grâce aux disques In a Silent Way et
Bitches Brew (1969).

En 1970, le claviériste Joe Zawinul fonde avec le saxophoniste Wayne Shorter et le


bassiste Miroslav Vitouš le groupe de Jazz Fusion Weather Report, d’abord groupe
d’improvisation free jazz, avec des penchants avant-gardistes vers les sons électroniques
expérimentaux de Zawinul. Jusqu’en 1986, le groupe sera toujours composé de Zawinul
et Shorter, accompagnés d’un percussionniste, un batteur, et un bassiste. Ce dernier
poste revient au virtuose Jaco Pastorius en 1976, qui apporte grâce à son charisme, un
succès planétaire au groupe en dehors de la sphère du jazz. Il devient coproducteur sur
l’album « Heavy Weather » sorti en 1977 qui comprend le standard de jazz « Birdland »
et quelques titres de sa signature dont « Teen Town ».

Le morceau instrumental met particulièrement en avant l’improvisation de Pastorius à la


basse, racontant une histoire autour d’un thème principal. Le thème d’entrée de 4
mesures est joué aux saxophones et introduit à la batterie, au groove plutôt funk et
énergique avec le charleston en contre-temps, et un afterbeat sur tout le morceau. La
basse intervient ensuite sur une grille de 32 mesures, et improvise dans un style jazz de
manière chromatique, mais en gardant des débits de double croche. La conversation
entre la basse en tant que voix lead d’improvisation et la batterie est évidente. Cette
dernière occupe l’espace laissé par la basse et la retrouve sur les mises en place
rythmiques. On entend le riff thématique de la basse après 8 mesures, sur une phrase
répétée comme un refrain à la fin. Il reprend le même concept avec une autre phrase
répétée à la fin du morceau sur son deuxième solo plus court. L’atmosphère spatiale et
flottante du morceau est apportée par le synthé Oberheim qui joue la grille et accentue
l’harmonisation à la fin du premier solo. Il intervient aussi sur le pont avec e riff de basse
en croche. Les saxophones sont assez discrets sur l’ensemble du morceau hormis
quelques interventions réponses ou en voix d’accompagnement, tandis que le jeu
invariable des congas présents sur tout le morceau donnent la couleur latine, qui ressort
davantage lors des moments calmes.

En analysant ce morceau on se rend compte de la variété possible des arrangements de


jazz fusion, en incluant typiquement des sections d’improvisation. A la batterie et à la
basse, Pastorius démontre sa polyvalence en tant que compositeur, au sein d’un groupe
qui est resté une référence du jazz fusion, avec des sons funky, électriques et nerveux,
incorporant des musiques natives du monde entier.

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