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WERRIE – CIMETIERE DE JETTE

© Ph. Vanaert, 2017-2020


JETTE

Rivieren reçurent le comté de Jette, sous le nom de "Jette-


Saint-Pierre". Suite à un mariage, ce domaine, alors
appelé Comté de Jette Saint-Pierre, est devenu la
propriété de Paul-Philippe de Villegas. Jette fut reconnue
en tant que commune indépendante en 1841.
Pendant tout ce temps, Jette est restée un village de
campagne dont le centre était constitué du Miroir et de la
place Cardinal Mercier. L’aménagement de la ligne de
chemin de fer Bruxelles-Termonde, en 1858, et de la
première gare à Jette, en 1861, a mis le développement de
la commune sur les rails. La voie ferrée a formé une
barrière entre le Nord et le Sud de la commune. Quelques
passages ont permis d’éviter que les deux parties ne
soient totalement séparées l’une de l’autre. Il existait
même une connexion avec l’ancienne usine à gaz, où se
dressent actuellement les bâtiments Esseghem, et le
chantier de l’hôpital Brugmann conçu par Victor Horta.
La place Cardinal Mercier s’est transformée en un lieu de
rencontre, accueillant de nombreuses activités culturelles
sur et autour du kiosque.
Après la Seconde Guerre mondiale, on a assisté à une
Le nom de Jette renvoie à la rivière qui jouxtait deuxième vague de constructions qui a fait évoluer Jette
l’implantation et tire son origine de "gatwa", l’ancienne vers sa forme actuelle. Cette évolution s’est réalisée au
dénomination d’une rivière sauvage. La première détriment de quelques bâtiments remarquables de la
évocation date de 1095, sous l’appellation Jetta. Au commune : la villa Guyot et le château Tircher furent
Moyen Age, Jette et 9 autres villages, dont notamment ainsi perdus.
Molenbeek et Ganshoren, furent placés sous une même
administration. Fin 1659, les seigneurs du château de
AVENUE CHARLES WOESTE

Le comte Charles Woeste (1837-1922), originaire


d'Elberfeld en Prusse rhénane, était un avocat et homme
politique qui obtint la nationalité belge en 1841.
Il fut membre de la Chambre des représentants de 1874 à
1920, ministre de la Justice du 14 juin 1884 au 22 octobre
1884. Il est nommé ministre d'État le 15 novembre 1891
et est créé comte le 23 mai 1914. Il est également fait
bâtonnier de l'ordre des avocats à la Cour de cassation en
1890.
Son père était un ambassadeur de Prusse en Belgique et
un protestant convaincu, mais Charles Woeste fut
catholique conservateur. Il fut l'homme fort du
catholicisme politique dans le dernier quart du XIXe
siècle et conserva une très nette influence jusqu'à la
guerre 1914-1918. Il s'opposa durement au "daensisme"
et au Christene Volkspartij, un mouvement démocrate
chrétien flamingant, fort à Alost sous la direction de
l'abbé Daens (prêtre catholique flamand très engagé dans
les mouvements de progrès social, et ensuite dans la vie
politique belge de la seconde moitié du XIXe siècle, cela
malgré les réticences et opposition de sa hiérarchie.)
Au n° 183 de l'avenue, une maison Art Déco surnommée la "Maison blanche" (Withuis), demeure de l'écrivain et poète
Jef Mennekens en 1927. La demeure de style Art Déco est due à l'architecte Joseph Diongre. Elle a été une des toutes
premières constructions dans cette artère. A la droite du porche, une plume dans un encrier; sur la porte d'entrée, les
initiales "JM".
JEF MENNEKENS

Né à Herentals le 16 décembre 1877, décédé à Jette le 26


mars1943), ce Flamand libéral a été greffier et plus tard
secrétaire municipal de Molenbeek-Saint-Jean (où une
place lui a été dédiée). Il a été très actif dans la vie
culturelle bruxelloise, notamment dans le domaine du
théâtre amateur. Dans les années 1920, il collabore
étroitement avec le Royal Land Jewel (concours de
théâtre amateur).
Mennekens a écrit (également sous le pseudonyme de Jan
van Dieleghem), des pièces de théâtre, de la poésie et de
la prose pour adultes, mais aussi des contes de fées, des
poèmes, et des pièces de théâtre pour jeunes et
(vulgarisation ou non) des œuvres de nature
administrative et juridique. En 1943, après une lutte de
pouvoir à la mairie de Molenbeek, il est abattu par un
tireur d’élite. Son poème "Credo" (1922) comprend un
poème, une ode à Gand.
JOSEPH DIONGRE

Joseph Diongre est un architecte belge né le 1ᵉʳ août 1878


à Bruxelles et décédé le 3 mars 1963 à Uccle. Il est
l'auteur de nombreuses œuvres architecturales dont
l’Institut national de radiodiffusion, place Flagey à
Ixelles, et la maison communale de Woluwe-Saint-
Lambert.
Lorsqu’il amorce sa carrière, Joseph Diongre sera
fortement influencé par son bagage académique et une
grande attention portée au dessin de façade, qui lui vaudra
la reconnaissance des édiles communaux de Schaerbeek
et leurs concours annuels de façades. Malgré
l’essoufflement de la période faste de l’Art Nouveau au
début du XXe siècle, l'architecte continuera sans difficulté
à composer des projets originaux. Cette originalité, il la
doit à une double influence, d’une part classique
(l’Académie) et d’autre part Anglo-saxonne (Arts &
Crafts, Berlage). Cette phase éclectique de sa carrière va
prendre fin avec la Première Guerre mondiale, non sans
être sous-jacente à ses travaux ultérieurs.
Dans l’après-guerre, Joseph Diongre prendra part à la
reconstruction du territoire belge, en participant à la
conception d’un grand nombre d’immeubles de
logements sociaux et de cités sociales et -jardins, ou
encore en participant à un concours pour une ferme
modèle.

Maison communale de Woluwe Saint-Lambert


Cité à Molenbeek

NOTRE-DAME DE LOURDES

Au début du XXe siècle, des répliques de la grotte de Lourdes ont fleuri partout en Europe, à Bruxelles y compris. La
plus célèbre de ces répliques est celle de Jette (rue Léopold Ier), où fut construite la paroisse Notre-Dame de Lourdes en
1913.

La grotte est une réplique à taille réelle de celle de Lourdes. On trouve d’ailleurs, sous une image de Marie, une pierre
provenant de la vraie grotte. L’autel est un cadeau du roi Albert Ier. Dans le vaste jardin, de petites chapelles ont été
construites, avec les quinze stations du chemin de croix. Le Christ s’élève au-dessus de tout cela, sur une croix haute
de 6 mètres.
PLACE CARDINAL MERCIER

Au n°1, l'ancienne maison communale est due à l'architecte Jules Van Ysendyck (disciple de Viollet-le-Duc) et érigée
entre 1899 et 1901. Elle est de style néo-Renaissance flamande. Le bâtiment est aujourd'hui occupé par la justice de
paix (dont l'adresse est le n°11).

LA GARE DE JETTE

Située au n° 22 de la place Cardinal Mercier, elle est l'œuvre de l'architecte Franz Seulen, inaugurée le 15 novembre
1892. Elle est de style éclectique. Seulen est également l'auteur de la gare de Schaerbeek, Anvers Sud et Tervuren
(démolie en 1964).
MÉMORIAL DU GÉNOCIDE ARMÉNIEN

A gauche de l'église Saint-Pierre, une stèle a


été inaugurée le 10 mai 2015 pour
commémorer le génocide arménien perpétré
en 1915. Le texte est écrit en anglais, en
français, en néerlandais et en araméen : "A la
mémoire des plus de 500.000 victimes
araméennes du génocide ordonné par les
dirigeants ottomans de 1915". Au bas, le
drapeau des Araméens.

EGLISE SAINT-PIERRE

Cet édifice néo-gothique de la place Cardinal Mercier abrite un orgue magnifique qui fait la renommée de l'église et
attire férus de musique et instrumentistes. De style néogothique, l’église Saint-Pierre fut dessinée par l’architecte
Charles Demaeght et construite entre 1878 et 1880. Elle abrite du mobilier ancien, comme des fonds baptismaux en
pierre qui datent de 1597 ou des confessionnaux du début du XVIIIe siècle. L’orgue ne fut installé qu’en 1898 mais il
reste, aujourd’hui encore, l’incontestable joyaux de cette église.

En 1896, l’administration ecclésiastique charge Adrien et Salomon Van Bever de construire un orgue dans la nouvelle
église Saint-Pierre. Un choix évident car l'entreprise "Van Bever Frères" qu'ils gèrent ensemble depuis 1880 réalise des
instruments qui correspondent parfaitement à la tradition romantique d'alors. Les deux frères ont appris leur métier
avec Hippolyte Loret et le célèbre organier parisien Cavaillé-Coll.
L’orgue de l'église Saint-Pierre possède deux claviers, un clavier de pédales et 32 registres et est inauguré le 4 avril
1898. Grâce au savoir-faire des frères Van Bever et au dévouement sans faille de nombreux autres à leur suite,
l'instrument suscite toujours l'admiration plus de 100 ans après sa construction. Il est notamment à l'honneur chaque
année au cours d'un festival d’orgue organisé qui rassemble au printemps des organistes d'horizons variés.
Originaire de Kortenberg, le fabricant d’orgue Jean-Pierre Draps, qui a poursuivi la tradition Van Bever, est
actuellement responsable de l’entretien de l’orgue et de sa restauration phasée.

LE CIMETIÈRE DE JETTE

Comme beaucoup de cimetières à Bruxelles, on peut admirer dans celui de Jette quelques monuments remarquables et
des sépultures de personnages célèbres.
Cimetière français

Sépulture de Jef Mennekens

Pleureuse en bronze de la sépulture Cool-Boon Monument dédié à Ferdinand Lenoir "chef de division
administration des Chemins de Fer de l'Etat fusillé par
les Allemands à Gand le 14 février 2015 pour services
rendus à la Patrie"

Monument aux morts 1914-1918, inscription


"leur souvenir nous émeut" Monument aux martyrs 1940-1945
PLACE ARTHUR VAN GEHUCHTEN

Arthur Van Gehuchten, né à Anvers le 20 avril


1861 et décédé le 9 décembre 1914, est un
biologiste, neuranatomiste, neurologue, enseignant
à la Faculté de médecine de l'Université catholique
de Louvain.

L'HÔPITAL BRUGMANN

Inauguré en 1923, cet hôpital pavillonnaire a été financé à l'origine grâce au mécénat de Georges Brugmann
(banquier bruxellois). Son architecture est due à Victor Horta.

Sa structure pavillonnaire, dans un parc de 18 hectares, correspond à une architecture hospitalière originale et
inhabituelle (tant à l'époque qu'aujourd'hui). Le CHU Brugmann est le dernier hôpital général en Belgique a
encore conserver cette structure. L’implantation des bâtiments est symétrique et sépare les fonctions et les
départements de l'hôpital. Dès 1996, des études ont été menées dans le but de moderniser et rationaliser
l'hôpital, tout en conservant l'aspect patrimonial de l'architecture d'Horta.

Vue aérienne prise le 5 novembre 1923


C’est en 1906, à l’instigation de ses amis Maurice Frison et Max Hallet, tous deux fraîchement arrivés dans
l’administration des Hospices, que Horta se voit confier l’élaboration d’un Hôpital général pour la ville de
Bruxelles, d’une capacité de 1400 lits et susceptible d’extension ultérieure. Plutôt que de rénover les anciens
hôpitaux Saint-Jean et St-Pierre situés en agglomération, le Conseil des Hospices a opté pour une démarche
originale : la réalisation d’un nouvel hôpital extra muros qui répondrait mieux aux dernières exigences en
matière d’hospitalisation.
L'entrée en 1923
Le Conseil destine des terrains qu’il possède à Jette-Saint-Pierre, héritage de l’ancienne léproserie Saint-Pierre
(XIIe siècle) et de la confrérie Saint-Eloy, arrondis de quelques expropriations.
«Dominant la vallée de la Senne, tout en étant cependant abrité du vent du nord par des collines qui s’étagent
au-delà, l’emplacement proposé permettra, grâce à son ampleur et aussi à sa déclivité, de distribuer les
pavillons de façon que les malades retirent un maximum d’avantages de leur transfert en dehors des quartiers
déshérités et surpeuplés qu’ils habitent pour la plupart. La surface en est suffisante pour que des rideaux de
verdure puissent être établis, qui canalisent les courants atmosphériques au bénéfice de la ventilation naturelle.
En même temps, ces plantations, si elles sont bien comprises, pourront ménager vers les parcs environnants et
vers la ville les points de vue qui permettront aux hospitalisés de jouir, soit de l’isolement le plus complet, soit
du rapprochement, par la pensée, du centre d’activité que représente la capitale, sans que le bruit puisse en
arriver jusqu’à eux. » (Conseil supérieur d’hygiène, 28 février 1907).
Horta analyse la répartition des hôpitaux dans les faubourgs et les probabilités d’extension de la population vers
la commune de Jette, stimulée par de nouvelles installations maritimes. Il examine l’orientation du site par
rapport aux vents dominants et la situation sanitaire vis-à-vis de l’agglomération, et tout cela considéré, en
conclut également à l’excellence de la proposition.
Celle-ci ne fait pourtant pas l’unanimité auprès de la Faculté de Médecine et du corps médical qui considèrent la
décentralisation comme un obstacle à la dispense des cours et des visites. Ils s’opposent également à la
proposition d’Horta de développer l’hôpital selon un système horizontal, articulé d’une série de pavillons et
jardins implantés selon des critères rationnels.
Aux antipodes de cette théorie, les médecins concernés prônent le schéma de distribution vertical, mieux adapté,
selon eux, aux exigences médicales et à la gestion. Cette disposition ne se justifie selon Horta uniquement
lorsque la surface disponible à l’implantation fait défaut : "La verticale est obligatoire dans des centres comme
New-York ou Londres ou même Paris; elle concentre les services mais plus ou moins au détriment du bien-être
des malades."
Le projet initial est défini sur ces principes, suivant une capacité de 1286 lits et présenté en juillet 1907.
Seulement, le Conseil communal (sur les instances de la Faculté de Médecine) décide le maintient d’un hôpital
de 400 lits en ville pour la facilité des cliniciens et ceci, combiné à la disponibilité du legs, a pour effet de réduire
les proportions du projet. Un second plan dressé pour 1095 lits est jugé encore trop dispendieux. Le nombre de
lits, ramené d’abord à 632, est finalement fixé à 700. Horta veut alors revoir ses plans, mais ce désir ne trouve
pas grâce aux yeux des responsables. Ceux-ci gomment simplement un certain nombre de pavillons et
l'implantation initiale est conservée. De grands vides sont ainsi créés qui accueilleront plus tard, sans toucher à
la structure originelle du parc, les bâtiments érigés pour répondre aux nouveaux besoins.
Salle commune dans un pavillon
Le style Art Nouveau s’estompe au profit d’une image davantage épurée et rigoureuse, plus à même de répondre
aux dimensions du projet. On retrouve quelques traits caractéristiques à cette esthétique dans les dessins
d’implantation des routes, des clenches de portes, des seuils de fenêtre et de pierres d’assise, dans la présence de
larges cages d’escalier lumineuses et ouvertes ainsi que dans la composition d’ensemble de certaines entrées.
L’hôpital est le dernier produit de cette facture. Œuvre charnière, sa réalisation est contemporaine à celle du
Palais des Beaux-Arts de Bruxelles de tendance Art Déco. Les deux esthétiques auront donc coexisté pendant
cette période dans l’œuvre d’Horta.
L’architecte conforte l’horizontalité de ses bâtiments à l’aide de jeux de bandeaux en maçonnerie polychrome,
soulignés des corniches et embases. Il rythme l’ensemble de séquences serrées d’ouvertures verticales. Un soin
tout à fait particulier est apporté à la réalisation des cheminées, omniprésentes sur tout le campus.
Sur base d’une composition symétrique, l’implantation des bâtiments fait apparaître, outre le souci de séparer les
fonctions, l’attention apportée à l’orientation. Les pavillons bénéficient tous d’espaces ensoleillés, distribués en
patios, terrasses et même toiture-terrasse.
De l’ensemble de la composition se dégage le net souci du rapport à l’individu et de l'échelle humaine. En
contraste évident par rapport aux caractéristiques monumentales et impersonnelles de ce type d’institution, ces
préoccupations nous renvoient directement aux concepts sociaux et urbains des cités-jardins de l’époque.

La construction
La reine Elisabeth et Victor Horta lors de l'inauguration
En 1978, la motrice standard 1247 (déclassée) a été placée sur le site de l'hôpital comme outil thérapeutique du
service de revalidation. Elle y est restée une dizaine d'années.

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