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HORS

SERIE
NOVEMBRE 2015

INTERBANK
PAYMENT INTERVIEW
ORDER AND PIERRE PETIT
REMOTE LE MAGAZINE DE L’INDUSTRIE BANCAIRE
directeur général adjoint
infrastructure de marché
SETTLEMENT ET DES MOYENS DE PAIEMENT et paiements, Banque
Which migration ? Centrale Européenne

L’EUROPE
DES
DANS LES
CARTES
« STARTING-BLOCKS »
éditorial

Quelle globalisation du
marché des paiements ?
ANDRÉA TOUCINHO, rédactrice en chef

L’européanisation du marché des poursuit actuellement dans le sens de l’ouverture, avec notam-
paiements a-t-elle encore un sens ment l’adoption de la DSP2 et l’étape 2 du SEPA qui sera franchie
dans une réalité terrain qui se veut en février 2016 avec la migration des instruments de niche, nul
désormais mondiale ? Une question doute qu’elle connaîtra une nouvelle impulsion courant 2016
centrale à l’heure où, parallèlement à avec le déploiement des offres nord-américaines et la migration
la poursuite de l’harmonisation du des pays hors zone euro, prévue pour l’automne 2016.
marché européen des paiements – Autre élément non négligeable : les évolutions liées à la stan-
adoption de la DSP2, étape 2 du dardisation de l’acceptation cartes, qui connaîtront une nouvelle
SEPA – l’écosystème est marqué par avancée en 2016 et 2017 sous l’effet du Cards Stakeholders Group
une réalité transfrontière renforcée (CSG), avec une interrogation en suspens : l’existence d’un sche-
par les acteurs du Web et l’émer- me carte européen face aux schemes internationaux et aux sche-
gence de solutions de paiement in- mes domestiques qui perdurent dans certains pays d’Europe –
ternationales, à l’image de la mon- Multibanco au Portugal, Pago Bancomat en Italie, etc -. De quoi
naie virtuelle qui suscite actuellement confirmer que si l’année 2016 est primordiale pour l’Europe des
de nombreuses réflexions notamment en raison des potentialités paiements, elle marque également une étape décisive dans la glo-
du blockchain. C’est d’ailleurs l’un des sujets qui sera évoqué à balisation du marché avec une réalité mondiale qui se veut de
l’occasion de la matinée-débat « paiement et international : plus en plus prégnante. Ce hors-série Point Banque consacré à
quelles perspectives en 2016 ? » organisée au sein du salon Cartes l’Europe des paiements fait le point sur ce tournant décisif qui
Secure Connexions, à Villepinte. caractérise actuellement un marché en profonde mutation.
Si le marché des paiements n’est plus soumis à une logique
nationale, son européanisation apparaît de plus en plus primor- Si l’européanisation du marché des paiements
diale face à des acteurs émanant de part et d’autres du Globe se poursuit actuellement dans le sens de
avec des business models attractifs – Apple, Alibaba, Amazon, l’ouverture, avec notamment l’adoption
etc. Une situation qui semble d’ailleurs avoir été intégrée par cer- de la DSP2 et l’étape 2 du SEPA qui sera
taines entités financières et des acteurs institutionnels à l’image
de l’Euro Retail Payments Board (ERPB) qui œuvre depuis plus franchie en février 2016 avec la migration
d’un an à la construction d’un marché des paiements européen des instruments de niche, nul doute qu’elle
avec pour sujets de réflexion prioritaires le paiement mobile P2P, connaîtra une nouvelle impulsion courant
le paiement sans contact et l’instant payment, qui fait actuelle- 2016 avec le déploiement des offres nord-
ment l’objet de nombreux travaux (lire interview page 12). Mais américaines et la migration des pays hors
ce n’est pas tout. Si l’européanisation du marché des paiements se zone euro, prévue pour l’automne 2016

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HORS SÉRIE POINT BANQUE 3


Auriga : des outils pour
réinventer l'agence bancaire
sur fond de gestion omnicanal
Dans la restructuration des réseaux Il convient, en effet, d’éviter l’effet «gad- fonctionnalités confiées aux automates
d’agences, selon Auriga, quel rôle res- get» d’un outil intervenant à la marge et une «appli» installée sur les tablettes
pectif tiennent les automates et la tech- du processus client, avec une faible va- du personnel de l’espace libre-service
nologie dont dispose le personnel face leur ajoutée. Ou encore éviter l’outil in- qui peut intervenir en temps réel pour
au client? trusif, celui auquel le conseiller est tenu assister le client ou proposer des services
D’abord le constat: même s’il est avan- de recourir sans pouvoir s’adapter au adaptés à son profil et ses préférences.
cé que d’ici cinq ans, une agence sur contexte client. Concrètement, cela im- En Italie, une bonne part des automates
quatre est amenée à disparaître (selon le plique de repenser le parcours client, de bancaires proposent des menus person-
cabinet Score Advisor), le canal agence jouer l’omnicanal «sans couture», d’or- nalisés selon le profil client. Il suffit dans
reste essentiel dans la relation bancaire, chestrer la relation entre les divers ou- certains cas d’ajouter une touche pour
ne serait-ce que pour sa contribution à tils, de garantir ainsi que le client puisse que le client y retrouve ses transactions
hauteur de 60 à 70% du chiffre d’affaires amorcer une opération sur un canal, la préférées. Comme sur le mobile ou sur
des banques. De plus, en large majorité poursuivre sur un second, la finaliser internet. Les nouveaux automates «hy-
(77%), les clients se disent satisfaits de sur un autre encore. Même chose pour brides» étendent le champ des possibles
la relation avec leur conseiller bancaire le personnel en agence, qui équipé en (opérations semi-automatisées) pour
(baromètre institut BVA, juillet 2014). conséquence, peut à la fois conjuguer tout ce qui était auparavant du ressort
Jusqu’à présent, 2% des agences fer- l’assistance au libre-service et le conseil des guichets, ainsi que l’accès à de nou-
maient chaque année (Score Advisor). personnalisé. Tant du côté du client que veaux services. Le canal automate peut
C’est dire l’importance et l’accélération du conseiller en agence, l’offre logicielle ainsi être vu comme autant de points
de la transformation imposée à ce canal, d’Auriga est précisément conçue pour de contact client dont les fonctionnalités
pierre angulaire des ventes et du service. assurer cette orchestration. Grâce à leur s’adaptent aux attentes du client. Vous
Le credo d’Auriga face à ce défi technolo- flexibilité et leur modularité, les solu- avez dit marketing ? Les automates de-
gique et organisationnel se résume en un tions logicielles articulées au sein de la viennent potentiellement des vecteurs de
mot: l’intégration. C’est-à-dire mettre suite WWS (WinWebServer), et pour cross-selling. Et les personnels d’agence,
fin à la gestion en silos pour migrer vers les agences, autour de WWS Branch, as- affranchis de certaines tâches de routine,
une véritable gestion omnicanal où la surent la gestion centralisée, le partage peuvent se positionner en acteurs de pre-
relation client est supportée par diffé- des mêmes données, et la communica- mier plan du service personnalisé.
rents équipements. Ou encore adapter et tion entre les outils supportant le multi-
intégrer les outils – automates ou équi- canal.
pement du conseiller – afin d’interagir
rapidement et de personnaliser autant Comment se décline cette gestion multi-
que possible le service aux clients. Inte- canal ? Quelques exemples ?
raction à laquelle ceux-ci ont pris goût Il n’y a sûrement pas de modèle unique.
avec la banque digitale qu’elle soit mobile Les banques peuvent jouer au contraire
ou sur Internet. la carte de la différenciation. Cela passe,
par exemple, par la mise sur pied de
Concrètement, au-delà de l’aménage- zone de self-service et self-service assis-
PUBLI-INFORMATION

ment de l’accueil en agences comme té, grâce auxquelles toutes les opérations
on le voit ici et là, avec force bornes, ta- de routine peuvent être automatisées et/
blettes, écrans d’affichage dynamique ou traitées à distance. Certaines banques
etc, comment peut se manifester cette
vraie gestion omnicanal ?
font le choix d’introduire de l’inno-
vation à petits pas. Avec de nouvelles www.aurigaspa.com

« Repenser le parcours client, jouer l’omnicanal «sans couture»,


orchestrer la relation entre les divers outils: tant du côté du
client que du conseiller en agence, l’offre logicielle d’Auriga est
précisément conçue pour assurer cette orchestration. »

4 POINT BANQUE HORS SÉRIE


sommaire

HORS 16 Enquête TIP et télérèglement :


SERIE
NOVEMBRE 2015
une migration de créancier

6 temps forts 20 I nvestigation Interbank


payment order and
12 interview
Pierre remote settlement migration
Petit,
directeur
concerns creditors
général
adjoint
infrastructure 24 Dossier L’Europe des cartes
de marché et
paiements, dans les “starting-blocks”
Banque
centrale
européenne (BCE) 29  Case European card market
14 interview in the starting-blocks
Pierre Petit, deputy
director
general market
infrastructure and
34 Etude World Payments Report
payments of the
European Central 2015 : la carte de paiement
Bank (ECB)
au coeur du marché
38 tribune
d’expert

HORS SÉRIE POINT BANQUE 5


temps forts paiement

Apple Pay fait ses


premiers pas en Europe
un futur proche. Apple s’est donné pour
objectif d’atteindre les 1,5 million de ter-
minaux compatibles avec Apple Pay d’ici
à la fin de l’année. Notons qu’aux Etats-
Unis et au Royaume-Uni, quatre por-
teurs de l’Apple Watch sur cinq (environ
80 %) règlent des achats avec le paiement
sans contact Apple Pay, selon le cabinet
Wristly. 9 % préfèrent payer avec leur
iPhone 6 ou 6 Plus. Wristly estime que
le taux d’adoption d’Apple Pay par les
détenteurs de la montre connectée est
susceptible d’atteindre 95 %, tandis que
5 % du public demeurerait réfractaire.
Selon les statistiques d’Apple, deux mil-
lions d’Apple Watches ont été vendues
depuis son lancement, en avril dernier.
Un millier de personnes ont été sondées
dans le cadre de l’enquête de Wristly. Les
précédentes études réalisées outre-At-
lantique montraient que 15 % à 20 % des
paiements par Apple Pay sont effectués
depuis un iPhone. Ce qui confirme que
la montre connectée d’Apple a la préfé-
rence du public pour l’usage d’Apple Pay.
Apple Pay a été lancé aux Etats-Unis il y
Apple Pay a fait son entrée sur Express. D’autres banques promettent à a presque un an. AD

l le marché britannique en juil-


let dernier et se fait progres-
sivement une place dans les offres des
leur clientèle un accès à Apple Pay dans

banques. Actuellement, le paiement mo- Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni,


bile sans contact d’Apple a pour parte-
naires outre-Manche HSBC, First Direct, quatre porteurs de l’Apple Watch sur cinq
NatWest, Nationwide Building Society,
MBNA, Royal Bank of Scotland, San-
(environ 80 %) règlent des achats avec
tander Bank, Ulster Bank et American le paiement sans contact Apple Pay.

Les commerçants américains testent


leur paiement mobile CurrentC
Aux Etats-Unis, le paiement mo- conception du projet de paiement mobile paiement mobile, pendant une certaine

l bile mis en place par les commer-


çants a débuté ses premiers tests
publics, rapporte PaymentWeek.com.
CurrentC. L’Ohio sera le premier Etat où
les tests de CurrentC débutent, à Colom-
bus. Il a pour ambition de faire de l’ombre
période. Cet accord vient d’expirer. Mais
il avait déjà reçu des coups de canifs, cer-
taines enseignes ayant prêté main-forte
Le consortium Merchant Customer Ex- à Apple Pay et aux autres paiements mo- au déploiement d’Apple Pay. Désormais,
change (MCX) a été fondé il y a trois ans biles. Samsung Pay devrait également les membres du MCX sont officiellement
par des enseignes de distribution amé- se lancer sur le marché américain cet libres d’accepter Apple Pay, Samsung Pay,
ricaines, dont Walmart, Shell et Target, automne. Les enseignes partenaires du Android Pay et autres alternatives. AD
afin de développer leur propre paiement MCX s’étaient engagées à ne pas favori-
mobile. Ce partenariat a débouché sur la ser le déploiement des autres systèmes de

6 POINT BANQUE HORS SÉRIE


paiement temps forts

Google lance Android


Pay aux Etats-Unis
Google a lancé le 10 septembre vembre 2013) ou des versions suivantes. Google souligne : « Nous allons continuer

l 2015 son système de paiement


mobile sans contact Android
Pay aux USA. Il est d’emblée accepté par
L’utilisateurs enregistre ses cartes de paie-
ment dans l’application, puis peut ensuite
régler ses achats auprès des terminaux
à ajouter des options, des banques et des
magasins à notre application au cours des
prochains mois, ce sera encore plus facile
plus d’un million de points de vente en traitant les paiements sans contact NFC. de payer avec un téléphone Android ». Le
magasins, notamment chez McDonald’s, Android Pay accepte les cartes Visa, Mas- lancement d’Android Pay outre-Atlan-
Macy’s, Office Depot, Disney, Foot Loc- terCard, Discover et American Express, tique intervient un an après celui d’Apple
ker... L’application d’Android Pay peut c’est-à-dire les produits de la majorité des Pay, et précède le lancement de Samsung
être téléchargée sur tous les smartphones banques et institutions financières amé- Pay aux USA. AD
Android compatibles NFC, disposant de ricaines. La liste des enseignes et établis-
l’OS KitKat 4.4 (déployé à partir de no- sements partenaires devrait s’allonger.

Samsung fait équipe avec Gemalto


pour préparer le déploiement
de Samsung Pay en Europe
Samsung s’appuiera sur l’offre gnétique sécurisée, deux protocoles déjà en Chine. Le lancement sur le marché

l Allynis Trusted Service Hub de


Gemalto, dédiée aux banques,
aux institutions financières et aux entre-
disponibles chez de nombreux commer-
çants. Samsung Pay a déjà été lancé en
Corée du Sud cet été. Il s’appuie également
sud-coréen a été précédé d’une phase-test
d’un mois. Samsung Pay est accepté à la
fois par les terminaux fonctionnant avec
prises pour accompagner le déploiement sur l’expertise de la startup LoopPay dont la transmission magnétique sécurisée
de services mobiles. Cette plate-forme il a fait l’acquisition cette année. Samsung (Magnetics Secure Transmission, MST),
assure un déploiement des offres mobiles a lancé son paiement mobile Samsung et les terminaux sans contact NFC. Cela
en intégrant les paramètres de sécurisa- Pay en Corée du Sud, parallèlement à lui procure un avantage concurrentiel en
tion, y compris la tokenisation. Assurant deux nouveaux smartphones, le Galaxy Corée du Sud et sur les prochains mar-
un accès à plus de 100 millions de cartes à Note 5 et le S6 Edge Plus. Le lancement de chés qu’il souhaite conquérir. Pour utili-
puces NFC, elle sert aussi de relais avec les Samsung Pay aux Etats-Unis a été effec- ser Samsung Pay, le consommateur doit
opérateurs de téléphonie et les prestataires tué le 28 septembre 2015. Samsung pré- enregistrer sa carte de crédit, de débit ou
de services. Samsung Pay fonctionne à la voit également de déployer son paiement de fidélité dans l’application. AD
fois avec le NFC et la transmission ma- mobile au Royaume-Uni, en Espagne et

HORS SÉRIE POINT BANQUE 7


temps forts paiement

Frédéric Maistre, Visa Europe :


« Orange Cash compte 35 000 clients à ce jour »
Le déploiement d’Orange Cash repose
sur des partenariats avec les commer-
çants. Comment évoluent-ils ?
La solution peut être utilisée chez tous
les commerçants équipés en technolo-
gie sans contact mais Orange compte
beaucoup sur ses partenaires à savoir
Etam, Relay, Picard ou encore Paul, qui
s’ajoutent à McDonald’s et Ikea qui pro-
posent des bons plans aux clients, pour
encourager l’usage.
clés comme l’Europe de l’Est où deux
Quel bilan tirez-vous de l’utilisation tiers des transactions de petits montants
d’Orange Cash à Caen, Strasbourg, Nice sont réalisées en mode sans contact, et
et Rennes, où la solution a été lancée il y le Royaume-Uni où le métro de Londres
a plus d’un an ? enregistre plus d’un million de trajets
Le sans contact a été adopté par les Fran- quotidiens réglés avec des cartes sans
çais. Plus de 20 millions de cartes Visa contact Visa. Cela confirme l’adoption
sans contact sont en circulation à ce jour massive de la technologie, adoption qui
et chaque mois, le nombre de transac- suivra en France où nous observons une
tions augmente de manière significative. réelle dynamique. De quoi présager un
De leur côté, les commerçants ont sur- avenir prometteur pour le paiement mo-
tout observé le démarrage du paiement bile sans contact, d’autant que, comme l’a
mobile, sans obstacle particulier. 10 % rappelé Orange, les clients passent trois
Suite à l’annonce, par Orange et des clients Orange éligibles sur ces villes heures par jour sur leur smartphone et

l Visa le 19 octobre, du déploie-


ment national d’Orange Cash,
Frédéric Maistre, head of mobile propo-
se sont équipés du service Orange Cash,
les retours sont encourageants sachant
que l’objectif est que l’utilisateur effectue
le mobile banking est la deuxième appli-
cation la plus téléchargée et utilisée après
la météo. Le mobile est aujourd’hui perçu
sition Visa Europe, s’exprime sur l’évolu- un premier paiement. D’où le partenariat comme un compagnon de tous les jours
tion de la solution et la situation du sans avec les marchands. par les Français et son utilisation est en
contact. constante croissance. Ainsi en moyenne
Réfléchissez-vous, à l’instar d’autres en- les Français consultent leur mobile 150
Après un déploiement progressif par tités financières, sur une convergence fois par jour.
écosystème, Orange Cash amorce au- entre Orange Cash et d’autres services
jourd’hui un virage national. Pourquoi ou modes de paiement comme les tran- Comment réagissez-vous aux ambitions
cette stratégie ? sactions à distance via V.me en passe de d’Orange sur le marché des paiements ?
La solution Orange Cash n’a pas changé devenir Visa Checkout ? Quid des objectifs d’Orange Cash en
depuis le lancement à Caen, Strasbourg, Nous sommes pour l’instant à un stade termes d’utilisateurs ?
Nice et Rennes, hormis quelques amélio- de réflexion sur ce sujet. Nous réfléchis- Orange déploie systématiquement des
rations portant en particulier sur l’ergo- sons bien évidemment à des évolutions cartes SIM NFC et 60 % des nouveaux
nomie du produit et l’intégration des pre- possibles en termes de services via des clients Orange sont éligibles. De quoi
miers retours clients. Orange a insisté sur discussions avec Orange et d’autres ac- laisser présager que les objectifs d’Orange
la partie marketing pour le lancement na- teurs. Cash seront atteints. A noter que l’offre
tional mais la solution repose sur le même compte 35 000 clients à ce jour.
périmètre à savoir du paiement mobile Quels sont les derniers chiffres de Visa
sans contact prépayé et les paiements sur sur le paiement sans contact ? L’initiative Orange Cash pourrait-elle
Internet via génération d’une carte vir- 23 millions de cartes sont en circulation susciter des lancements similaires dans
tuelle. C’est notre partenaire, Orange, qui en France et 463 000 TPE sont équipés, d’autres pays européens ?
gère le cycle de vie de ces produits et nous soit 320 000 commerçants. Plus d’un mil- Orange propose déjà un service similaire
pensons que le déploiement national in- liard d’euros a été dépensé avec des cartes en Espagne où le telco est très bien im-
tervient au bon moment dans la mesure sans contact Visa au cours de ces douze planté. Concernant les autres pays, cela
où il s’agit d’une période où l’acceptation derniers mois. En Europe, plus de 3 mil- dépendra du niveau de maturité sur le
du sans contact bénéficie d’une excel- lions de TPE Visa sont déployés et 143 paiement mobile sans contact.
lente dynamique au niveau national, un millions de cartes Visa sans contact sont
an après les premières expérimentations en circulation. Nous observons une réelle PROPOS RECUEILLIS
d’Orange Cash. adoption notamment dans des marchés PAR ANDRÉA TOUCINHO

8 POINT BANQUE HORS SÉRIE


technologies temps forts

PayPal étoffe ses services


lie, Espagne, Pologne, Suède, Belgique,
Norvège, Danemark, Pays-Bas, Suisse
et Autriche. Cela s’ajoute au lancement
de la nouvelle fonctionnalité PayPal One
Touch en France. Selon l’opérateur, elle
ouvre la voie à une nouvelle génération
de paiement en ligne. Cette technologie
permet aux personnes disposant d’un
compte PayPal de payer en toute sécuri-
té les commerçants, sans avoir à ressai-
sir d’identifiant, de mot de passe ou de
données de paiement. Pour bénéficier
du système One Touch, il suffit de vé-
rifier que l’option permettant de rester
connecté pour des achats plus rapides est
sélectionnée lorsque le paiement est ef-
fectué grâce à PayPal. « One Touch est le
principal changement intervenu en plus
de 10 ans dans le shopping en ligne. Ce
système accélère et sécurise les paiements
sur les sites marchands, via le web mobile
et les applications mobiles - tous types de
paiements et plates-formes confondus
- pour une expérience d’achat toujours
plus fluide », affirme Bill Ready, vice-pré-
sident senior et directeur de la division
marchands et commerce de nouvelle gé-
Actualité chez PayPal. La socié- ces dettes ne sont pas réglées, c’est parce nération chez PayPal. Déployée dans un

l té a lancé cet automne PayPal.


Me, un nouveau moyen pour se
faire rembourser simplement et rapide-
que l’argent est un tabou dans beau-
coup de pays et qu’il n’est jamais évident
d’aller réclamer son dû à un mauvais
premier temps sur les applications mo-
biles, PayPal a transposé la technologie
One Touch sur le Web afin que ses clients
ment par ses proches. Grâce à ce nouveau payeur. Le service PayPal.Me peut être puissent payer en un clic partout et tout le
service, les utilisateurs ont dorénavant utilisé à travers le monde entre particu- temps. Lancée aux Etats- Unis, au Cana-
la possibilité de récupérer leur argent en liers mais aussi pour des entreprises. Il da et au Royaume Uni, où elle est utilisée
envoyant un lien PayPal.Me personna- est disponible dans 18 pays : États-Unis, par plusieurs millions de personnes, One
lisable avec leur nom. Unique, sécuri- Allemagne, Royaume-Uni, Australie, Touch est aujourd’hui disponible dans 13
sé et immédiat, il fonctionne par SMS, Canada, Russie, Turquie, France, Ita- nouveaux marchés dont la France. JC
e-mails, messages instantanés mais aussi
via les réseaux sociaux ou les blogs.
Une récente étude PayPal a montré que Le service PayPal.Me peut être utilisé à travers
le montant des dettes entre particuliers le monde entre particuliers mais aussi pour
à l’échelle mondiale s’élevait actuelle-
ment à plus de 51 milliards de dollars. Si des entreprises. Il est disponible dans 18 pays.

Société Générale et BNP Paribas testent


la carte à cryptage dynamique d’OT
Dans le sillage du groupe BPCE, avec code de sécurité dynamique se fera format et les fonctionnalités de la carte,

l c’est au tour de Société Générale


et BNP Paribas d’expérimenter
la carte avec code de sécurité dynamique
en collaboration avec Oberthur Techno-
logies. Concrètement, les trois chiffres du
cryptogramme sont remplacés par un
par exemple le sans contact, restent in-
changés. La technologie OT Motion Code
est destinée à combattre le phishing. Elle
d’Oberthur Technologies. Cette solution petit écran intégré qui affiche un nouveau rend impossible la réutilisation des don-
protège en premier lieu les transactions code toutes les heures, réduisant ainsi la nées qui deviennent obsolètes. JC
en ligne. L’expérimentation de cette carte fenêtre d’opportunités des fraudeurs. Le

HORS SÉRIE POINT BANQUE 9


temps forts technologies

Ian Jacobs, W3C : « L’adoption du


wallet sur Internet rendra le paiement en ligne
aussi facile que le OneClick d’Amazon »
l’expérience client et d’améliorer la sé- Y aura-t-il un bénéfice pour les sites
curité puisque de nombreux internautes e-commerce ?
n’achètent pas sur Internet par peur qu’on Bien entendu. Aujourd’hui, nous savons
leur dérobe leurs données bancaires. C’est que c’est un véritable défi pour les sites de
la raison pour laquelle le W3C va propo- vente en ligne que de proposer de nou-
ser des API standards pour le paiement velles options de paiement en raison de
en ligne afin de doper l’usage des wallets. trop nombreuses solutions propriétaires.
Cette initiative est lancée par un groupe Grâce à nos API, cela coûtera moins cher
de travail dont l’objectif est de créer des d’intégrer des instruments de paiement,
standards afin de simplifier l’expérience même si pour l’heure, il est encore dif-
utilisateur au moment du checkout. Le ficile de chiffrer précisément les écono-
but recherché est de rendre les paiements mies que cela représente. Ce dont nous
plus faciles et plus sécurisés en tirant les sommes sûrs, c’est qu’il y aura moins de
leçons d’acteurs tels qu’Amazon, Uber, lignes de code à écrire en Javascript pour
PayPal et bien d’autres. L’acheteur donne assurer l’intégration en question. Le W3C
une fois ses données bancaires à des ac- veut que tous les schèmes soient acceptés
teurs connus comme les distributeurs de et que l’accès soit facile. Le site marchand
wallets. Il est vraisemblable de penser que affichera les wallets qu’il accepte. Le
dans la plupart des cas, ces données ne se- browser sera le médiateur de la transac-
ront pas envoyées sur le réseau. Le wallet tion car il connaît les wallets que possède
sera donc l’occasion de simplifier l’achat l’internaute. L’étape de l’authentification
en ligne sans avoir à donner ses données de l’internaute par la banque ne change-
sensibles à cinquante cybermarchands. ra pas. Autre avantage, il y aura plus de
Elles ne seront stockées qu’une fois, loca- choix. Le browser aidant dans la sélection,
Le W3C va lancer sous peu des lement. Cela sera encore plus facile que de on s’attend à une expérience utilisateur

l API standards pour le paiement


en ligne au travers d’un groupe
de travail constitué à cet effet et financé
donner de telles informations à de nom-
breux sites.
plus simple. L’offre pourrait devenir plus
riche sans pour autant devenir plus com-
plexe…tel est notre espoir. L’ensemble de
en partie par l’Union Européenne par Quand tout ceci deviendra-t-il disponible ces processus s’appliqueront aussi aux bit-
le biais du projet HTML5Apps. Tous les pour les internautes ? coins et aux crypto-monnaies. Je rappelle
sites de vente en ligne sont concernés par Au niveau du planning du W3C, les pre- que les standards que nous proposerons
cette initiative. Dans cette interview, Ian mières API seront disponibles en principe favoriseront le paiement par l’utilisation
Jacobs, en charge des activités de paie- en mars 2016. Les premières implémenta- d’un large éventail de méthodes de paie-
ments au W2C, remet en perspective le tions interviendront au mois de novembre ment existantes et futures : cartes de cré-
problème des paiements en ligne. 2016, date à laquelle nous souhaitons que dit et de débit, paiement mobile, service
les versions béta des browsers offrant ces de tiers de confiance (PayPal, dépôt fidu-
Qu’est-ce qui a poussé le W3C à lancer fonctionnalités soient également dispo- ciaire, etc.), bitcoins, etc.
une telle initiative dans le domaine des nibles. Cette étape sera suivie d’une phase
paiements ? de test concernant l’interopérabilité des Qu’en sera-t-il en termes de sécurité ?
Le constat de départ est que les wallets ne différents wallets. Nous estimons qu’il Nous savons qu’il y aura des problèmes
font toujours pas l’objet d’une adoption en faudra environ deux ans pour que tout techniques à résoudre afin de sécuriser
masse. Le manque d’interopérabilité en ce nouvel environnement soit largement encore plus les paiements. L’usage de la
est la raison majeure, problème d’autant interopérable dans les browsers. L’inté- tokénisation devra être plus largement ré-
plus crucial qu’on compte de très nom- rêt des internautes pour les solutions de pondu. Le groupe de travail sur les paie-
breuses offres de wallets au sujet desquels wallets grandira lorsque ces technologies ments en ligne aura pour but d’optimiser
les utilisateurs se posent encore beaucoup seront également disponibles sur Inter- le processus de commande jusqu’au chec-
de questions. Leur intégration est loin net, pas seulement sur l’environnement kout et ainsi faciliter et mieux sécuriser les
d’être parfaite, notamment dans le monde mobile, ce qui est le cas aujourd’hui. Avec paiements en ligne. Les API offriront une
du mobile. Leur absence dans le monde le temps, on pourra sophistiquer le choix plus grande sécurité des transactions, plus
du commerce physique n’arrange en rien des instruments de paiement avec des al- d’options de paiement, aussi bien pour les
la situation. Au W3C, nous pensons que gorithmes de sélection plus élaborés, ce sites marchands que pour l’utilisateur.
les wallets pourront être très utiles, et que qui permettra une automatisation plus
leur intégration dans le browser aidera à poussée alors qu’aujourd’hui, ce proces- PROPOS RECUEILLIS PAR JO COHEN
leur diffusion. D’où l’idée de simplifier sus de sélection est entièrement manuel.

10 POINT BANQUE HORS SÉRIE


interview

Pierre Petit (BCE)


« L’arrivée des acteurs du Web constitue
un défi pour le secteur financier européen »
Pierre Petit, directeur général adjoint infrastructure de marché et paiements, Banque
centrale européenne (BCE), s’exprime sur l’évolution du marché des paiements en 2016.

Quels sont selon vous les points cen-


traux de cette directive qui influeront sur
le marché européen à court et moyen
terme ?
L’un des éléments essentiels de la DSP2
est l’ouverture de la concurrence à de
nouveaux acteurs non bancaires offrant
des innovations dans le domaine des
paiements en ligne. La nouvelle directive
leur offre un droit d’accès aux comptes
des particuliers via les banques, tout en
garantissant la sécurité. Ces nouvelles
entités seront soumises à des réglementa-
tions et des critères de sécurité identiques
à ceux des banques. À ce titre, nous pen-
sons que la DSP2 a trouvé le bon équilibre
entre concurrence et sécurité. Autres
nouveautés : la directive couvre toutes les
monnaies et plus seulement l’euro ; elle
couvre aussi les transactions avec les pays
hors de l’Union européenne, limite le sur-
charging au bénéfice du consommateur,
et renforce la coopération entre autorités
nationales.

L’un des aspects qui suscite des débats


L’actualité réglementaire du marché des deux initiatives importantes pour le sec- et réflexions est le règlement relatif aux
paiements est marquée par l’adoption teur. Plus généralement, la DSP2 consti- commissions d’interchange. Comment
imminente de la DSP2. Comment la BCE tue un élément essentiel vers un cadre une autorité européenne comme la BCE
a-t-elle travaillé sur ce projet ? juridique harmonisé en Europe afin de envisage-t-elle cette mesure ?
La BCE a coopéré étroitement avec la créer un marché unique des paiements. La BCE ne s’est jamais prononcée sur le
Commission européenne à l’élabora- L’objectif est qu’il n’y ait plus aucune dif- niveau de l’interchange. Ce n’est pas de
tion de la DSP2. Cette dernière doit être férence entre un paiement effectué à l’in- notre ressort. Mais si l’on souhaite créer
adoptée d’ici à la fin de l’année. Les États térieur d’un pays et un paiement réalisé un marché intégré des paiements par
membres auront alors deux ans pour entre deux pays européens. En outre, cette carte, il n’est pas normal que l’interchange
transposer le texte en droit national. La directive confère à l’Autorité bancaire eu- soit différent d’un pays à l’autre. La notion
BCE se réjouit de cette évolution qui ren- ropéenne (European Banking Authority d’intégration nous tient à cœur. De plus,
force la concurrence sur le marché des – EBA) un mandat pour développer des il est important, à ce stade, de donner des
paiements. La création de services d’ini- normes communes de sécurité. La BCE certitudes au marché sur la question de
tiation de paiement et l’introduction de collabore avec l’EBA à la concrétisation l’interchange. La nouvelle règle est là et il
services d’agrégation d’informations sont de ces normes. faut l’appliquer.

Où en sont les réflexions et les travaux


sur la DME3 ?
« La BCE a coopéré étroitement avec la Les règles relatives à la monnaie électro-
nique devaient être revues en 2012. Il y a eu
Commission européenne à l’élaboration du retard dans certains États membres. La
Commission européenne doit publier un
de la DSP2. Cette dernière doit être rapport d’incidence. Mais, à ce stade, on ne
adoptée d’ici à la fin de l’année. » sait pas si la directive va être revue ou pas.

12 POINT BANQUE HORS SÉRIE


interview

Comment réagissez-vous à l’arrivée lesquels nous voulons établir un cadre


des Gafa sur le marché des paiements ? européen. L’ERPB ne traite pas les sujets
L’européanisation du marché que vous liés à la sécurité, qui incombent à l’EBA
défendez a-t-elle encore réellement un en coopération avec la BCE. La priorité
sens dans ce contexte transfrontière ? sur ce point est l’authentification forte et
Du point de vue de la BCE, il est im- la sécurisation de la communication entre
portant que les citoyens européens bé- tous les intervenants, notamment les third
néficient de services de paiement sur un party providers (TPP), qui constituent un
marché intégré et unique, où un paie- réel enjeu dans le cadre de la nouvelle di-
ment entre la France et l’Allemagne, par rective. La tâche est de développer à la fois
exemple, est aussi peu onéreux et prend un cadre juridique européen et des règles
aussi peu de temps qu’à l’intérieur d’un de sécurité claires et efficaces.
même pays. Pour cela, il convient de créer
un marché concurrentiel avec des règles Quelles sont vos prévisions sur les ten-
de sécurité efficaces. L’innovation est dances du marché des paiements euro-
bien évidemment quelque chose que la péen en 2016 ? La migration des moyens
BCE soutient, qu’elle vienne des banques de paiement de niche – TIP et télérè-
ou des non-banques, d’Europe ou d’en glement – en février 2016 s’ajoutera à la
dehors de l’Europe. L’arrivée des acteurs migration des pays hors zone euro à l’au-
du Web, de ces nouvelles technologies tomne 2016. Comment envisagez-vous
venues des États-Unis, constitue un défi ces étapes ?
pour le secteur financier européen qu’il L’année 2016 sera consacrée aux débuts
est important de relever. Pour le consom- de la transposition de la DSP2 en droit
mateur, ce qui compte, c’est que les solu- national, en évitant au maximum les
tions soient simples, efficaces et sécuri- disparités entre États membres. Sur ce
sées. C’est notre objectif à nous, Banque Comment évoluent les travaux de cette point, la Commission européenne et
centrale européenne. Mais les services organisation ? Comment s’articulent les l’EBA ont un rôle certain à jouer. Il faut
venant de pays non européens doivent se échanges avec les autres instances eu- aussi avancer sur le dossier de l’instant
plier aux règles européennes. À ce propos, ropéennes telles que l’EBA ? payment pour développer des solutions
il convient de distinguer les fournisseurs Le passage du Conseil SEPA à l’ERPB européennes. Les solutions nationales
de services technologiques des presta- constitue une étape très importante, car sont bonnes mais ne suffisent pas. Il fau-
taires de services de paiement (PSP). Ces nous passons d’un conseil où on parle dra suivre également l’incidence du règle-
derniers sont soumis à la directive DSP2, à un conseil où on agit ! Concrètement, ment sur les commissions d’interchange
tandis que les premiers ne le sont pas. En l’ERPB est un organe de haut niveau qui et des innovations en cours sur l’activité
revanche, les exigences de sécurité s’ap- développe une stratégie sur l’européani- des paiements par carte bancaire. Enfin,
pliquent à tous. sation du marché des paiements. Parmi il faut surveiller la migration des produits
les différents travaux, l’instant payment de niche, qui doit être finalisée en février
Toujours sur le volet transfrontière, com- est l’un des sujets les plus importants du 2016. Ce n’est pas simple, car certains
ment percevez-vous l’émergence de la moment. L’idée est de développer une so- souhaiteraient conserver leurs outils na-
monnaie virtuelle ? lution paneuropéenne pour les paiements. tionaux. Autre migration à surveiller d’ici
La BCE a été la première banque centrale Le marché européen des paiements que l’automne 2016, celle des pays hors zone
au monde et la première autorité publique nous voulons développer doit permettre euro vers les nouveaux standards de la
à rédiger un rapport sur la monnaie vir- l’émergence de solutions réellement eu- zone euro. Plus généralement, il sera in-
tuelle en 2012. Nous l’avons récemment ropéennes. Nous envisageons le dévelop- téressant d’observer comment le cadre
mis à jour. Et pour cause : c’est un sujet pement d’une ou plusieurs solutions eu- législatif et les innovations vont affecter la
important pour la BCE, qui a développé ropéennes qui s’ajouteraient aux solutions répartition des paiements entre les diffé-
une double approche. D’un côté, nous nationales. L’ERPB a une vraie discussion rents instruments et les différents acteurs,
partageons les doutes qui existent sur sur ce sujet impliquant tous les acteurs du anciens et nouveaux.
l’avenir à long terme de ces monnaies côté de la demande – consommateurs,
virtuelles comme moyens de paiement. grandes entreprises, PME, … – et de
D’un autre côté, la technologie utilisée l’offre. Les deux autres sujets actuellement
par certains acteurs, en l’occurrence le à l’agenda de l’ERPB sont le paiement mo- PROPOS RECUEILLIS
blockchain, est révolutionnaire, car elle bile P2P et le paiement sans contact pour PAR ANDRÉA TOUCINHO
permet de transférer des valeurs d’un
compte à un autre très rapidement sans
tierce partie. La BCE, comme la Banque
d’Angleterre, a lancé des recherches sur le « Le passage du Conseil SEPA à l’ERPB
potentiel du blockchain.
constitue une étape très importante,
Une nouvelle instance, l’ERPB (Euro
Retail Payments Board), a été créée en
car nous passons d’un conseil où on
2014 en remplacement du Conseil SEPA. parle à un conseil où on agit ! »

HORS SÉRIE POINT BANQUE 13


interview

Pierre Petit (ECB)


“The arrival of the Internet companies poses a
challenge for the European financial sector”
Pierre Petit, deputy director general market infrastructure and payments of the European
Central Bank (ECB), talks about the trends in the payments market in 2016.

individuals’ accounts via the banks, whilst


ensuring security. The new entities will be
subject to the same regulations and secu-
rity criteria as those applying to banks. In
this respect, we think that the PSD2 has
struck the right balance between competi-
tion and security. Other new features are:
the Directive covers all currencies and no
longer just the euro; it also covers the tran-
sactions with the countries outside the
European Union, limits surcharging in fa-
vour of the consumer, and strengthens the
cooperation between national authorities.

One of the aspects giving rise to debate


and discussions is the regulation on in-
terchange fees. How does a European
authority like the ECB view this measure?
The ECB has never expressed an opinion
on the level of the interchange fee. This
does not fall within our remit. But if we
The current regulatory situation with re- the creation of a single payments market. want to create an integrated card pay-
gard to the payments market is charac- The objective is that there should no lon- ments market, it is not normal that inter-
terized by the imminent adoption of the ger be any difference between a payment change fees should be different from one
PSD2. How has the ECB been involved in made within a country and a payment country to the next. The concept of inte-
this project? made between two European countries. In gration is very important to us. Moreover,
The ECB has closely cooperated with the addition, this Directive gives the European it is important, at this stage, to give some
European Commission on the preparation Banking Authority (EBA) a mandate to certainty to the industry on the question
of the revised Directive on Payment Ser- develop common security standards. The of interchange fees. The new rules are
vices (PSD2). This Directive has to be adop- ECB is working with EBA on developing there and they need to be applied.
ted by the end of the year. The member these standards.
states will then have two years to trans- Where are the discussions and the work
pose the text into national law. The ECB is In your opinion, what are the key points on the Electronic Money Directive 3 up to?
pleased with this development which stren- of this Directive which will influence the The rules relating to electronic money
gthens competition in the payments mar- European market in the short to medium were to be reviewed in 2012, but there
ket. The creation of payment initiation ser- term? was a delay in some Member States. The
vices and the introduction of information One of the essential elements of the PSD2 European Commission has to publish an
aggregation services are two important ini- is the opening-up of competition to new impact report. However, at this point, it
tiatives for the industry. More generally, the non-bank players offering innovations is not clear whether the Directive will be
PSD2 is an essential step towards a harmo- in the field of online payments. The new reviewed or not.
nized legal framework in Europe to enable Directive gives them the right to access
What is your reaction to the arrival of the
Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon)
on the payments market? Is the Euro-
« The ECB has closely cooperated peanisation of the market that you are
advocating still really meaningful in this
with the European Commission on the cross-border context?
From the ECB’s point of view, it is im-
preparation of the revised Directive portant that the citizens of Europe bene-
on Payment Services (PSD2). » fit from payment services provided on

14 POINT BANQUE HORS SÉRIE


interview

a single and integrated market, where a


payment between France and Germany,
for example, is as inexpensive and takes as
little time as one within the same country.
For that to happen, it is necessary to create
a competitive market with efficient rules in
terms of security. Innovation is obviously
something that the ECB supports, whether
it comes from banks or non-banks, or from
within Europe or from outside Europe.
The arrival of the internet companies and
of these new technologies from the United
States poses a challenge for the European
financial sector which needs to be taken
up. For the consumer, what counts is that
the solutions should be simple, efficient
and secure. This is also our objective at the
ECB. But the services from countries out-
side Europe have to abide by the European
rules. On this point, a distinction should be
made between technology service provi- themes. The idea is to develop a pan-Euro- be followed by the migration of non-euro
ders and payment service providers (PSPs). pean solution for payments. The European countries in autumn 2016. What do you
The latter are subject to the PSD2, whereas payments market that we wish to develop think about these steps?
the former are not. This said, the security has to allow the emergence of truly Euro- 2016 will see the beginning of the transposi-
requirements apply to all of them. pean solutions. We see the development of tion of the PSD2 into national law, avoiding
one or several European solutions in addi- as much as possible disparities between
Still on the cross-border theme, what is tion to the national solutions. The ERPB Member States. In this respect, the Euro-
your take on the emergence of virtual is having a real dialogue on this subject pean Commission and EBA have a role to
currencies? with all of the players on the demand side play. Progress on the instant payment dos-
The ECB was the first central bank in the – for example, consumers and businesses sier also needs to be made to develop Eu-
world and the first public authority to – and those on the supply side. The two ropean solutions. The national solutions are
draft a report on virtual currency schemes other topics currently on the agenda of the good but not sufficient by themselves. In
in 2012. We have recently updated it, and ERPB are person-to-person (P2P) mobile addition, the impact on bank card payment
for good reason: it is an important subject payments and contactless payments, for business of the Regulation on interchange
for the ECB, which has developed a dual which we want to establish a European fees and of the innovations under way will
approach. On the one hand, we share the framework. The ERPB does not deal with need to be monitored. Lastly, the migration
doubts about the long-term future of these subjects relating to security, which fall to of niche products, which needs to be com-
virtual currencies as a means of payment. EBA in cooperation with the ECB. The pleted in February 2016, also needs to be
On the other, the technology used by some priority here is strong authentication and monitored. This won’t be simple as some
of the actors, for example the blockchain, secure communication between all those would like to keep their national instru-
is revolutionary, because it enables the involved, in particular the third-party pro- ments. Another migration to be overseen
transfer of value from one account to ano- viders (TPPs) – this is a real challenge wit- between now and autumn 2016 is that of
ther very quickly without the involvement hin the framework of the new Directive. non-euro countries to the new euro area
of a third party. The ECB, like the Bank The task is to develop, at the same time, a standards. More generally, it will be inte-
of England, has initiated research into the European legal framework and clear and resting to see how the legislative framework
potential of the blockchain. efficient security rules. and the innovations will affect the distri-
bution of payments among the different
A new body, the ERPB (Euro Retail Pay- What are your predictions about trends in instruments and the different market par-
ments Board), was created in 2014, re- the European payments market in 2016? ticipants, both old and new.
placing the SEPA Council. How is the The SEPA migration of niche payment
work of this body going? And how are ex- instruments – such as the TIP (interbank
changes with the other European bodies, payment order) and télérèglement (re- COMMENTS COLLECTED
like EBA, taking place? mote settlement) – in February 2016 will BY ANDRÉA TOUCINHO
The transition from the SEPA Council to
the ERPB is a very important step, because
we are moving from a council where one
talks to a council which acts. More specifi- « The transition from the SEPA Council
cally, the ERPB is a high-level body, which
is developing a strategy on the Europeani- to the ERPB is a very important step,
sation of the payments market. Among the
different work streams, instant payments
because we are moving from a council
are currently one of the most important where one talks to a council which acts. »

HORS SÉRIE POINT BANQUE 15


enquête

TIP et télérèglement
Une migration de créancier
Loin d’être aussi complexe que la migration du virement et du prélèvement,
cette seconde étape pour les produits de niche télérèglement et TIP, n’est pas pour autant
dépourvue d’enjeux importants dont le premier concerne la continuité des encaissements.
L’un de ses grands paris repose aussi sur une modernisation de ces moyens de paiement
qui passera sans doute à terme, par leur dématérialisation. Mais il n’en demeure pas
moins que cette migration est davantage celle des créanciers que des banques.

ment et encaissement paraissant au profit du SDD, les banques


chez Tessi : « Cette vo- s’en sont naturellement senties désenga-
lumétrie d’un peu plus gées, observe Pierre Charara. Le groupe
de 100 millions de TIP de travail « TIP SEPA » a donc permis de
par an pour un mon- réaliser un SEPA core one-off pour se rap-
tant d’environ 38 Md€, procher au maximum du fonctionnement
est très concentrée au- actuel du TIP ». De sorte que l’on peut dire
près des grands créan- avec Thierry Caye, DGA pôle solutions et
ciers qui craignaient technologies chez Tessi que cette migra-
que leurs abonnés tion est davantage « l’affaire des créanciers
résistent au prélève- que des banques » sauf pour « certains
ment en substituant établissements comme la Banque Palatine
le TIP au chèque ». pour moderniser l’encaissement de ses
Ces grands créanciers clients administrateurs de biens », ajoute-
sont Orange, Engie t-il. Ainsi, le consentement du débiteur
ex-GDF Suez, EDF ou sera demandé par le créancier à chaque
encore les administra- opération par la signature d’un document
teurs de biens. Chez normalisé, dont le format est très proche
Orange par exemple, de celui aujourd’hui utilisé pour le TIP. Et
l’utilisation du TIP conformément aux règles du prélèvement
concerne un million SEPA, les créanciers devront désormais
de paiements. « Un vo- gérer les mandats signés par les débiteurs,
lume assez faible chez qu’ils devront conserver notamment en
nous qui encaissons cas de contestation des opérations. « Ces
Le 1er février 2016, c’est parti, la 25 millions de factures par mois mais qui différences sont mineures et c’est une mi-

l bascule de la seconde étape du


SEPA sera accomplie. Une migra-
tion beaucoup moins sous pression que la
concerne tout de même 5 % de nos clients »,
note Jean-Georges Bardon, directeur de
la facturation et du recouvrement chez
gration dont l’ampleur est bien moindre
que celle de 2014 où le client sera sollicité
au minimum », remarque Jean-Philippe
première, surtout pour les banques. Et pour Orange. De sorte que le premier enjeu de Gauthier.
cause, la mise en place des deux principaux cette migration est de continuer à encaisser Concernant le télérèglement, deux solu-
moyens de paiement, SDD et SCT, a déjà été car TIP et télérèglement cesseront d’exister tions de remplacement ont été établies, en
accomplie. Cette fois, ce sont les produits de au 1er février. « L’un des objectifs des grands fonction de la nature du débiteur. Lorsque
niche qui sont dans le viseur de l’Europe créanciers est de ne pas perturber le client ce dernier est un particulier, le télérègle-
des paiements, le TIP et le télérèglement. alors que le second enjeu sera d’ouvrir sur ment sera remplacé par un prélèvement
Ces moyens de paiement ne représentent l’innovation en offrant un meilleur service SEPA Core, dans lequel le consentement
en France, qu’une faible volumétrie. « As- grâce à la transformation des processus peut être donné par voie télématique.
sez peu utilisé, le télérèglement l’est surtout d’encaissement, en offrant par exemple, la Lorsque le débiteur est une entreprise, le
dans la sphère publique pour les impôts et possibilité de payer sur son smartphone», créancier peut choisir d’utiliser le prélève-
les encaissements de la protection sociale », explique Florent Labey, associé du cabinet ment SEPA interentreprises. « Cette fois,
précise Jean-Philippe Gauthier, responsable de conseil Althéa. plus qu’une migration, il s’agit véritable-
du marketing des moyens de paiement à La ment d’arrêter deux moyens de paiement
Banque Postale. Les volumes du TIP sont PASSER DE MOYENS DE PAIEMENT dits « de niche », observe Florent Labey.
un peu plus importants et représentent 3 % À DES MOYENS DE PAYER Ils sont en effet assimilés par le législateur
sur l’ensemble de la volumétrie des moyens Ainsi, la solution de remplacement du TIP européen à un prélèvement et nous pas-
de paiements. Pourtant comme le signale se fonde sur l’utilisation du prélèvement sons dans cette migration d’un moyen de
Pierre Charara, consultant moyens de paie- SEPA Core. « Ce moyen de paiement dis- paiement à un moyen de payer ».

16 POINT BANQUE HORS SÉRIE


enquête

Christian Martinez, directeur des professions réglementées


de l’immobilier à la Banque Palatine
« Les enjeux sont importants puisque nos clients administrateurs
de biens gèrent tous les mois 4,5 millions de TIP »

Quels sont vos enjeux de paiement car il permet de grande lisibilité pratique, une
remplacement du TIP ? régler ou non la somme efficacité opérationnelle
Pour nous, les enjeux sont demandée. Par contre, si le et surtout d’ouvrir vers le
importants puisque nos client se fait prélever, il ne e-paiement. Le flashage
clients administrateurs de décide plus du tout. Nous de ce Datamatrix va faire
biens gèrent tous les mois avons opté pour le SDD one- basculer le client sur un
4,5 millions de TIP. Cette off car nous voulions que le portail de paiement via le web
profession réglementée client final garde le contrôle ou un mobile, où lui seront
est de surcroît une cliente sur son paiement. D’autre proposées différentes formes
importante de la banque part, dans le cadre de la loi de règlement de sa créance :
Palatine puisqu’elle Alur 2015, chaque syndicat prélèvement, carte bancaire,
représente 40 % de parts de de copropriété doit avoir un virement ou SEPAmail.
marché. Nous devons donc compte individualisé dans
trouver un substitut au TIP lequel seront tracés les Votre objectif est donc
pour leur donner les moyens encaissements afin qu’ils d’ouvrir sur tous les
d’assurer la poursuite de leurs moyens de paiement. Nous arrivent bien sur les bons moyens de paiement ?
modalités d’encaissement devons aussi trouver une comptes. L’information doit Oui tout en assurant une
et de règlement des pérennité à certains services être matérialisée à l’intérieur grande sécurisation, c’est
charges de leurs clients. que nous proposions à nos même du TIP SEPA. Nous pourquoi le Datamatrix
clients. Pour le TIP chèque par avons donc choisi de est essentiel. Il permet
Par quoi avez-vous décidé exemple, nous avions mis en supprimer la ligne optique une sécurisation dans
de remplacer ce TIP ? place, une offre qui permettait pour la remplacer par un le processus et dans
Nous avons opté pour une de payer avec plusieurs Datamatrix à l’intérieur duquel l’affectation des sommes
solution SDD core one-off chèques lorsque le loyer était se concentre l’information. payées par le locataire. La
qui va permettre de traiter payé par deux personnes. loi Alur nous a permis de
les prélèvements au cas par Comment ça fonctionne ? réfléchir à un produit bien
cas. Donc, nous gardons le Le TIP possédait une Toute l’information est adapté à ce métier. Nous
TIP papier stricto sensu pour certaine plasticité ? encapsulée à l’intérieur d’un devons dématérialiser
conserver une pérennité dans Oui, le TIP peut paraitre code Datamatrix : le numéro et profiter de l’échéance
la chaine d’encaissement désuet mais c’est au contraire du compte, la somme règlementaire pour essayer
et le second impératif est un outil extrêmement référencée. C’est une avancée d’amener les clients vers
de s’ouvrir sur de nouveaux précieux de maitrise du importante qui permet une une dématérialisation.

CAPITALISER LES cise Jean-Philippe Gauthier. De son côté, aussi de réinternaliser la chaine de trai-
STRUCTURES DU SEPA la Banque Palatine a réuni les éditeurs de tement chez le créancier alors que le TIP
Puisqu’il s’agit d’un SDD, certains créan- logiciel pour leur présenter ses réflexions était confié à un prestataire de service.
ciers ont choisi de ne pas se convertir au sur la transformation du TIP. La banque C’est un enjeu car l’entreprise créancière
TIP SEPA au premier février et de trans- a en effet, choisi de laisser la porte ou- va pouvoir centraliser complètement ses
former le TIP et le télérèglement en SDD verte à l’innovation et à la dématériali- prélèvements et avoir ainsi un meilleur
Core. Orange a décidé d’abandonner sation en remplaçant la ligne optique du regard sur ses encaissements. Elle pour-
complètement le modèle télérèglement. TIP par un Datamatrix qui va renfermer ra enfin capitaliser les infrastructures
Malgré tout, les banques se préparent et des informations enrichies. « Depuis SEPA pour le prélèvement. « C’est une
les commerciaux de la Banque Postale février, nous communiquons avec nos opportunité de promouvoir les innova-
par exemple, vont rencontrer les créan- clients administrateurs de biens d’une tions qui vont être les plus efficaces pour
ciers sur le terrain pour les accompa- façon intensive car c’est une profession les créanciers et dans cette optique, elles
gner dans la mise en œuvre de la phase qui est très impactée par leur relation se stigmatisent surtout dans un objec-
test. « Les tests seront beaucoup moins avec les éditeurs de logiciels et les pres- tif de dématérialisation des volumes
importants que lors de la précédente tataires de service », explique Marc Aziz, d’échanges de factures, signale Florent
migration car pour la partie moyens de chef de produit « moyens de paiement » à Labey. L’obstacle à la dématérialisation
paiement, le traitement reste inchangé la direction du marché des entreprises de que constituait le TIP a été détourné
avec l’utilisation du prélèvement », pré- la Banque Palatine. Le TIP SEPA permet grâce au TIP SEPA ».

HORS SÉRIE POINT BANQUE 17


enquête

Alexandre Stervinou, chef du service de la surveillance des moyens de paiement


scripturaux à la Banque de France et secrétaire du Comité national SEPA
« La bascule des créanciers de la sphère publique et sociale
est un enjeu fort de cette deuxième phase de la migration »

SEPA interentreprises sociale est un enjeu fort de créanciers de la sphère


pour remplacer leurs cette deuxième phase de publique et sociale.
télérèglements à destination la migration, notamment
des professionnels, et en raison de l’importance Y aura-t-il un délai
l’intervention du législateur des sommes collectées transitoire supplémentaire
pour les dispenser, dans pour la trésorerie de l’État. comme pour la première
ce cas, de procéder à la Tout aujourd’hui concourt phase de la migration ?
signature de nouveaux à ce que cette migration, Aucun délai transitoire
mandats de prélèvement. qui viendra donc achever supplémentaire n’est prévu
la migration au SDD et au au niveau européen. Il faut
Quel a été le rôle de la SCT, soit un réel succès. rappeler que le contexte du
Banque de France ? remplacement des produits
Dans ce contexte, la Où en sont les banques de niche est très différent
Banque de France est dans cette migration ? de celui de la migration
La Banque de France a intervenue pour proposer Les principaux travaux à en 2014 du virement et
accompli un travail important à l’ensemble de la Place un mener par les établissements du prélèvement national
pour la migration du mécanisme de transmission bancaires portent sur au format SEPA. Ainsi, les
télérèglement de la sphère d’informations permettant le démantèlement des volumes d’ordres concernés
publique. Comment se sont aux établissements bancaires filières de traitement des par cette seconde phase de
déroulés ces travaux ? de constituer leurs bases produits de niche, ainsi que migration sont bien moindres,
La Banque de France et, plus de mandat de prélèvement sur la mise en capacité de même si les montants
largement, l’ensemble du SEPA interentreprises recevoir des prélèvements véhiculés peuvent être très
Comité national SEPA, se pour les créanciers de la SEPA interentreprises. Ce importants. De plus, alors
sont particulièrement investis sphère publique et sociale. dernier point est essentiel que toutes les communautés
pour le remplacement des Ce mécanisme est déjà et la Banque de France a de l’espace SEPA étaient
télérèglements émis par les en fonctionnement, sans particulièrement œuvré concernées par la première
principaux émetteurs de la problème technique majeur. cette année pour s’assurer phase de la migration, le
sphère publique et sociale, que les établissements non remplacement des produits
à savoir la DGFiP, l’ACOSS, Pourquoi avoir conçu un encore prêts se mettent en de niche ne concerne lui
l’AGIRC-ARRCO et la DGDDI. processus différent pour ordre de marche et puissent que les communautés
Ceci est lié à la conjonction la sphère publique ? traiter, dès la fin du mois qui ont fait le choix de
de deux éléments : le Le bon déroulement de d’octobre, les premiers maintenir ces produits
choix par ces créanciers la bascule des créanciers ordres de prélèvement jusqu’au 1er février 2016.
d’utiliser le prélèvement de la sphère publique et SEPA interentreprises des

DES ENJEUX DE réseau bancaire. « Le client peut alors ont déjà demandé de prévoir des moyens
DÉMATÉRIALISATION consulter la facture jointe à la demande de paiement électroniques, signale Thierry
Plusieurs solutions alternatives existent au de règlement sur son application ban- Caye. D’autres préfèrent conserver pour
TIP SEPA, des plus innovantes aux plus caire, poursuit Jacques Vanhautère. S’il en l’instant la ligne optique, mais prévoient
simples, la plus basique restant la solution accepte le montant, il valide le paiement d’intégrer le Datamatrix sur leur TIP
chèque. Pour le futur, l’application Rubis directement dans l’application sans devoir SEPA, permettant ainsi le paiement via
(Règlement Universel Bancaire Immédiat saisir d’informations complémentaires ». mobile ». Enfin, le TIP est très lié à la
& SEPA) de SEPAmail lancée en juillet Les données transmises avec la facture facture et cette migration peut accélérer
dernier, fait parti de l’ensemble de solu- permettront à sa banque d’émettre un le passage à la facture électronique. Tout
tions dont disposent les créanciers. « Ce virement référencé, se réconciliant en au- dépendra de la vitesse à laquelle, le débiteur
n’est pas un nouveau moyen de paiement tomatique dans les systèmes du créancier. adoptera celle-ci. Mais l’élan est donné
mais c’est un nouveau moyen de payer le De même, le groupe de travail TIP SEPA par les pouvoirs publics car le recours
créancier », prévient Jacques Vanhautère, a généré la spécification de deux formats. à la facture électronique va devenir la
directeur général de SEPAmail. Il s’agit L’un garde la ligne optique alors que l’autre norme à l’horizon 2020 pour les marchés
d’une solution dématérialisée de présen- la remplace par un Datamatrix qui permet et contrats publics. Reste aux mentalités
tation de facture qui permet au créancier d’ouvrir vers le paiement électronique. d’évoluer. VÉRONIQUE PIERRON
de transmettre la facture au client via le « La plupart de nos clients créanciers nous

18 POINT BANQUE HORS SÉRIE


investigation

Interbank payment order


and remote settlement
migration concerns creditors
Though much less complex than the migration of transfers and direct debits,
this second phase for niche products interbank payment order (TIP) and remote
settlement (télérèglement) has high stakes. The first concern is the continuity of cashing
systems. The bigger issue is the switch of these means of payment without prospect
to paperless. Nevertheless, this migration concerns creditors more than banks.

EDF or other property managers. At


Orange, for example, interbank payment
order is used for one million payments.
“This is relatively small for us since we
receive payment for 25 million bills per
month, yet it still concerns 5 % of our
clients,” remarks Jean-Georges Bardon,
director of billing and debt recovery at
Orange. In fact the biggest issue in this
migration is how to continue cashing,
since interbank payment order and re-
mote settlement will not exist after 1st
February. “One of the large creditors’
aims is not to upset the customer. The
second objective will be to innovate by of-
fering an improved service thanks to the
transformation of the cashing process.
For example, they can offer payment by
smartphone,” explains Florent Labey, as-
sociate at the consulting firm Althéa.

FROM MEANS OF PAYMENT


TO MEANS OF PAYING
So the solution for replacing interbank
payment order is based on the use of the
SEPA core debit. “This means of pay-
ment was already disappearing because
of SDD, and the banks were naturally
non-committal,” observes Pierre Cha-
rara. The “TIP SEPA” working group
has therefore allowed the production of
On 1st February 2016, the se- curity contributions,” explains Jean-Phi- a one-off SEPA core in order to get close

l cond phase of SEPA will come


to fruition. This migration will
happen under much less pressure than
lippe Gauthier, marketing manager for
means of payment at La Banque Postale.
Interbank payment order’s volumes are
to the current interbank payment order
functions”. Thierry Caye, Deputy MD
of solutions and technologies at Tessi,
the first, especially for the banks, since a little larger, representing 3 % of the to- remarks that this migration is “more the
the two principle means of payment, SDD tal. However, Pierre Charara, means of concern of the creditors than the banks”
and SCT, have already been set up. This payment and cashing consultant at Tessi, except for “certain establishments such as
time, interbank payment order and re- points out: “This volume of just over 100 Banque Palatine when modernising their
mote settlement are the niche products in million interbank payment order per year cashing system for property management
the spotlight for the European payments amounting to €38bn, is very concentrated customers”. Thus the debtor’s consent
system. In France, these means of pay- at large creditor organisations who fear will be required by the creditor for each
ment represent a minor volume. “They that their subscribers might prefer to re- operation with the signature of a standard
are little used. Remote settlement is only place TIP with cheques”. These large cre- document whose format will closely re-
used for payment of taxes and social se- ditors are Orange, Engie ex-GDF Suez, semble that currently used for interbank

20 POINT BANQUE HORS SÉRIE


investigation

Christian Martinez, director of regulated property


management at Banque Palatine
“The stakes are high because our property managers deal with
four and a half million interbank payment orders a month”
What are the challenges of old-fashioned but in fact it This is a major step
interbank payment order’s is a very valuable payment towards practical legibility,
replacement for you? management tool, because operational efficiency and
For us, The stakes are one can decide to pay the above all progress towards
high because our property sum demanded or not. e-payment. Scanning the
managers deal with four However, if a client pays Datamatrix will take the
and a half million interbank by direct debit, he/she no client to a payment portal
payment orders a month. longer decides. We have via the web or mobile phone,
Moreover, this regulated chosen the one-off SDD where different types
profession is an important because we wanted the of payment are offered,
part of Banque Palatine’s end client to keep control of such as debit, bankcard,
customers with 40 % of payments. In addition, within transfer or SEPAmail.
market share. Therefore the framework of the 2015
we must find a substitute Alur law, each association So your objective is to adapt
for TIP to give property of property owners must to all means of payment?
managers the means of the continuity of the cashing hold a separate account Yes, whilst ensuring a
ensuring the continuity of chain. The second priority in which cashing can be high level of security. The
their cashing functions and is to adapt to new means traced to ensure that money Datamatrix is essential for
the payment of property of payment. We must also enters the correct account. this. It means security in the
charges to their clients. preserve the continuity of This information has to be process and in the allocation
certain services that we on paper even within TIP of sums paid by the tenant.
What will replace interbank offer our clients. In the SEPA. So we have decided Following the Alur law, we
payment order? case of the TIP cheque to replace the optic line with have thought about which
We have decided upon for example, we have set a Datamatrix inside which product is best adapted to
a one-off SDD core up a system whereby the information will be held. this profession. We must
solution that will enable the rent can be paid with switch to paperless, and
the treatment of debits several cheques if it is How does that work? take advantage of the new
according to each case. being paid by two people. All the information is regulations to try and bring
Therefore, we are keeping contained inside the our clients over to paperless.
the paper version of Did interbank payment Datamatrix code: the
interbank payment order order have some flexibility? account number, and the
strictly speaking to preserve Yes, it can be considered as amount with reference.

payment order. In conformity with the payment,” observes Florent Labey. “The in the means of payment part the treat-
SEPA debit rules, the creditors will have European legislator now considers them ment is the same as with the use of debit,”
to manage debtor mandates, and keep as a debit and a means of payment has adds Jean-Philippe Gauthier.
them in case of any dispute regarding a been replaced by a means of paying.” Meanwhile, Banque Palatine has
particular operation. “The differences are brought together software publishers to
small. The migration is on a much smaller CAPITALIZING SEPA STRUCTURES present their ideas about interbank pay-
scale that of 2014. We will keep customer Since it consists of SDD, some creditors ment order’s transformation. The bank
involvement to a minimum,” remarks have chosen not to convert to TIP SEPA has chosen to give free rein to innovation
Jean-Philippe Gauthier. Two replacement on 1st February, but rather to transform and paperless by replacing the TIP optic
solutions have been established for remote the interbank payment order and remote line with a Datamatrix that will contain
settlement, depending on the nature of settlement into SDD Core. Orange has extra information. “Since February, we
the debtor. If it concerns an individual, decided to abandon remote settlement have been communicating intensively
remote settlement will be replaced by a altogether. Despite this, the banks are get- with our property management clients
SEPA core debit, for which consent can ting ready and salespeople from the likes because their business is very affected by
be given by viewdata. For businesses, the of Banque Postale will meet creditors in relations with software publishers and
creditor can choose to use SEPA inter-en- the field to assist them with the test phase. service providers,” explains Marc Aziz,
terprise debit. “This time it’s more than a “The test will have much less impact than means of payment product manager in
migration; it’s the end of niche means of during the previous migration, because the business department at Banque Pa-

HORS SÉRIE POINT BANQUE 21


investigation

Alexandre Stervinou, deputy head at Banque de France – payment


oversight division and secretary of the national SEPA committee
“Changing the systems of creditors in the public and social
sector is a big challenge in this second phase of migration”
debit to replace the phase of migration. Changes public and social creditors.
electronic payment orders must happen smoothly
for businesses; and the especially because the Will there be an extra
intervention of the legislator sums collected for the State transitional period as
to then exempt them from Treasury are very large. for the first phase?
the requiring signature for Everyone is now working At a European level, no
new payment mandates. together to ensure that this extra transitional period is
migration, which will end up planned. I remind you that
What has been the role of with the migration to SDD replacing niche products is
the Banque de France? and SCT, is very successful. a completely different kettle
In this context, the Banque de of fish to that of the 2014
France has offered all parties How are the banks dealing migration of transfers and
The Banque de France done an information transmission with the migration ? national debits to the SEPA
a lot of work on the migration mechanism. The mechanism The main tasks for banks format. The volumes of
of remote settlement in the allows the banks to create are the dismantling of the orders in this second phase of
public sphere. What has been their mandate base for SEPA channels that manage niche migration are far fewer, even
included in this project? inter-enterprise debits for products, and the building if the sums transmitted can
The Banque de France and creditors from the public and of capacity to receive SEPA be considerable. Moreover, all
in a wider sense the whole social sector. It is already inter-enterprise debits. This the communities in the SEPA
national SEPA committee, functioning well, without any second point is essential. So area were involved in the
have worked hard to replace major technical problem. the Banque de France has first phase. The replacement
the ’Telepayments’ issued made special efforts this of niche products only
by public and social bodies: Why create a different year to ensure that those concerns communities
DGFiP, l’ACOSS, l’AGIRC- process for the public sector? establishments that are not that have chosen to
ARRCO and DGDDI. There Changing the systems yet ready get moving forward, maintain those products
are two major factors: the of creditors in the public so that from October they can until 1st February 2016.
decision of creditors to use and social sector is a big manage the first SEPA inter-
the SEPA inter-enterprise challenge in this second enterprise debit orders from

latine. TIP SEPA also allows the creditor the Rubis application from SEPAmail, line, while the other replaces it with a
to internalize the payment management launched in July last year, is one of the Datamatrix that gives access to remote
chain again; interbank payment order solutions available to creditors. “It’s not a settlement. “Most of our creditor clients
had been entrusted to service providers. new means of payment but it is a new way have already asked us to prepare electro-
This is a challenge since the business will of paying the creditor,” warns Jacques nic means of payment,” points ou Thierry
be able to completely centralize its debits Vanhautère, SEPAmail General Mana- Caye. “Others prefer to keep the optic line
and thus control cashing more closely. ger. It consists of a paperless method of for the moment. However, they can fore-
Furthermore, SEPA infrastructures for presenting a bill from the creditor to the see the integration of the Datamatrix in
debits could be capitalized. “It’s an op- debtor via the banking network. “The their TIP SEPA, which would also allow
portunity to promote the most efficient client can then see the bill attached to the mobile payments.” Interbank payment
innovations to creditors which could have payment demand on his/her banking ap- order is in fact closely linked to billing and
been condemned for their paperless bil- plication,” continues Jacques Vanhautère. this migration can accelerate the switch
ling ambitions”, points out Florent Labey. “If the amount is acceptable to the client, to electronic billing. Everything will de-
“TIP SEPA is a solution to this interbank he/she approves the payment within the pend on how quickly the creditors adopt
payment order issue”. application without having to enter extra this solution. The public authorities have
information”. With the data transmitted already given it the green light, because
THE STAKES OF PAPERLESS with the bill, the bank can issue a transfer electronic billing will become the norm
SOLUTIONS with references that will be automatically by 2020 for public offers and contracts.
There are several alternative solutions reconciled with the debtor’s systems. All it needs is for the mindset to change.
to TIP SEPA, ranging from the most At the same time, the TIP SEPA wor-
innovative to simplest. The most basic king group has produced specifications VÉRONIQUE PIERRON
solution is still the cheque. In the future, for two formats. One preserves the optic (TRANSLATION MATT TEMBE)

22 POINT BANQUE HORS SÉRIE


dossier

24 POINT BANQUE HORS SÉRIE


dossier

L’Europe des cartes


dans les « starting-blocks »
L’arrivée du standard ISO 20022 va modifier le paysage de l’acquisition
des paiements par carte pendant que la globalisation du traitement des
transactions active une course à la taille critique des acteurs.

HORS SÉRIE POINT BANQUE 25


dossier

Malgré les nombreux obstacles la culture du paiement propre à chaque elle est associée. Le solde du compte est

l qui restent encore à lever, la Com-


mission Européenne s’acharne
à faire du marché des paiements par
pays. « Le Français paie plus avec sa carte
bancaire Visa ou MasterCard alors que
le Néerlandais fait plus appel à la solu-
interrogé à chaque paiement et le mon-
tant est prélevé immédiatement.

carte bancaire un espace européen uni- tion du virement en ligne à partir de son CAP SUR LES STANDARDS
fié à l’instar de ce qui s’est fait au niveau compte bancaire via iDeal ou encore que ISO 20022
des virements et de prélèvements avec le l’Allemand reste attaché au paiement C’est dans ce contexte que se dessine
SEPA. Afin de ne pas fausser le jeu de la par cash », explique Gilles Braban, head l’Europe des paiements avec l’harmoni-
concurrence, la différenciation des cartes of sales France de la division payment sation en cours de l’acceptation, secteur
émises par les nombreuses banques eu- services d’Ingenico. Cette hétérogénéité où les attentes sont devenues pressantes.
ropéennes reste de mise, même si toutes prédomine sur le terrain puisque la plate- La mise en œuvre de standards com-
voguent sous pavillon EMV et si de forme multicanal d’Ingenico Payment muns pour les paiements par carte est
nouvelles normes de sécurité logique et Services pour les paiements en ligne ne considérée comme une étape importante
physique ont été dictées par l’organisme propose pas moins de 150 moyens de de la mise en œuvre du marché unifié des
PCI à destination des personnalisateurs paiement incluant les cartes de débit et paiements en Europe. Il est vrai que l’hé-
de cartes. Toutes les cartes en circulation de crédit, les cartes cadeau, les cartes pré- térogénéité coûte cher aux commerces,
respectent les nouvelles exigences de PCI/ payées, les paiements de type OneClick, un constat dénoncé par la Commission
PC. Elles sont utilisées différemment aux PayPal, etc. « Les paiements en ligne par Européenne qui s’élève également contre
quatre coins de l’Europe puisque chaque cartes bancaires représentent 85 % des la confusion dans laquelle cette situation
pays conserve à la fois ses spécificités transactions en ligne en Europe », précise plonge les consommateurs. « Les stan-
techniques et ses spécificités culturelles. encore Gilles Braban. Les attributs des dards européens en matière d’accepta-
Une carte produite au Royaume-Uni sera cartes diffèrent aussi d’un pays à l’autre. tion des paiements par carte pêchent de
différente d’une carte produite en Turquie Exemple : la carte Eurochèque qui prédo- nos jours par leur manque d’harmoni-
ou en Pologne. Celle produite en France mine Outre-Rhin est une carte de retrait sation », confirme William Vanobber-
répond aux exigences CB 5.2 du Groupe- et une carte de paiement, mais pas une ghen, secrétaire général du consortium
ment des Cartes Bancaires. Par ailleurs, carte de crédit. Elle génère une autorisa- nexo qui regroupe l’ancienne EPASOrg
l’usage de la carte reste intimement lié à tion de prélèvement sur le compte auquel A.I.S.B.L, le consortium OSCar et le

26 POINT BANQUE HORS SÉRIE


dossier

groupe de travail CIR. L’objet de nexo est ans », rappelle au passage William Va- américaine dédiée aux standards dans le
de produire des normes correspondant à nobberghen. En raison de son caractère secteur financier. « Fournir de manière
l’état de l’art et répondant aux exigences obsolète, nombre d’experts de l’industrie isolée une quantité impressionnante de
du marché international des paiements estiment que la norme ISO 8583 n’est nouveaux contenus pour les DAB auprès
par carte alors que pour l’heure, chaque plus adaptée aux paiements par carte de d’ISO 20022 aurait constitué une tâche
pays européen a ses propres standards, nouvelle génération. D’où l’émergence considérable », reconnait Richard Du
ce qui complexifie et rend plus coûteux du standard international ISO 20022 qui Vall, président d’IFX. Les deux associa-
la centralisation et l’unification des paie- définit une plate-forme commune pour tions ont donc uni leurs compétences et
ments par carte pour tous les commerces le développement de messages électro- leurs expertises complémentaires afin de
qui opèrent à l’international. L’accepta- niques et constitue, à ce titre, un standard concevoir et de développer un contenu in-
tion s’appuie sur une série de règles, de universel de messages à destination de novant pour les standards ISO 20022. Ce
pratiques opérationnelles et de standards l’industrie financière. Compte tenu de la contenu novateur bénéficiera à l’ensemble
nationaux qui diffèrent selon les pays. A mondialisation croissante des échanges, des acteurs de l’industrie des DAB, dont
ce sujet, une étude intitulée « Mieux ap- les avantages clés de cette normalisation les banques, les installateurs de DAB, les
préhender les bénéfices issus de l’adoption mis en avant par les commerces sont constructeurs de DAB ainsi que les édi-
des standards nexo » - commanditée par nombreux : ils comprennent notamment teurs de logiciels pour DAB. Une spéci-
nexo auprès du cabinet conseil internatio- un déploiement plus rapide, des écono- fication unique pour toutes les mises en
nal Edgar, Dunn & Company - détaille mies de coûts ainsi qu’une plus large in- œuvre de ces équipements est ainsi mise à
les bénéfices que les commerces sont en dépendance vis-à-vis des acquéreurs. Ce disposition de l’industrie. « Certaines or-
droit d’attendre de standards monétiques standard international ouvert et libre de ganisations n’ont pas attendu la diffusion
communs. Une telle normalisation glo- droits permet par exemple l’achat cen- officielle de ce standard pour mettre en
bale permettrait de réduire les coûts de tralisé de terminaux de paiement au plan œuvre ces spécifications communes au
20%, mais aussi d’accélérer la mise sur européen et non plus national. Il favorise sein d’un environnement opérationnel »
le marché de nouveaux produits. Les bé- une diminution des frais de traitement précise William Vanobberghen.
néfices seraient encore plus substantiels bancaires ainsi qu’une accession à une
pour les grands remettants européens. plus large indépendance vis-à-vis des ac- LE PROCESSING SE PRÉPARE
Précisons que l’étude de s’appuie sur la quéreurs et des fournisseurs de solutions AU PLAFONNEMENT DE
mise en œuvre des standards nexo dans de paiement. C’est un véritable levier de L’INTERCHANGE
le contexte de l’acceptation des paiements compétitivité. « Un marché européen Avec l’arrivée imminente de la directive
par carte par de grands commerces. Les uniforme des paiements par carte et in- européenne DSP2 et les changements
standards nexo en question - ratifiés se- teropérable apportera des retombées éco- attendus au niveau de l’interchange, no-
lon la norme ISO 20022 - fournissent nomiques, ouvrira le secteur, favorisera tamment pour les opérations transfronta-
un ensemble cohérent de spécifications la concurrence, améliorera la cohérence lières, le marché du processing des tran-
pour l’acceptation des paiements par et accélèrera le rythme d’innovation en sactions par carte est appelé à devenir un
carte afin de remplacer les standards et matière de paiements », explique William marché européen où quelques acteurs ont
les protocoles de paiement existants mis Vanobberghen. L’ISO 20022 préfigure un déjà anticipé ce changement d’échelle.
en œuvre de manière unique dans cha- nouveau paradigme de la monétique, une C’est le cas des britanniques WorldPay
cun des pays européen. « Bon nombre promesse tenue puisque le premier stan- et Barclays ainsi que d’acteurs de stature
d’entre eux sont des dérivés de la norme dard ISO 20022 a été officialisé début sep- mondiale déjà bien implantés comme
ISO 8583, qui est largement utilisée par tembre par l’Autorité d’Enregistrement First Data ou Global Payments. Ce qui est
les banques et les commerçants pour les de l’ISO. Il est issu de la collaboration sûr, c’est que la fin des obstacles à l’acqui-
transactions par carte depuis près de 30 de nexo et de l’IFX Forum, l’association sition transfrontalière, avec notamment

EPAS est intégré à la norme ISO 20022


Partie prenante de la norme vigueur dans les différents en XML. La mise en œuvre des acteurs de la monétique
ISO 20022 dédiée aux pays européens (ZVT du SEPAFast et d’EPAS va et, notamment, aux
paiements par cartes, le en Allemagne, CB2A en permettre aux commerçants commerçants en simplifiant
standard EPAS (Electronic France, etc.). Développé de disposer d’une solution l’acceptation transfrontières
Protocol Application par le Groupement Cartes unique qui s’appliquera à de la carte » confirme
Software) s’affirme comme Bancaires, le protocole CB2A l’ensemble de l’Europe, d’où William Vanobberghen. Le
une brique essentielle de en vigueur actuellement des perspectives de coûts consortium prépare des
l’Europe des paiements qui en France ne sera plus de mise en œuvre plus solutions de chiffrement et
se met en place. Soutenu supporté d’ici deux ans. raisonnables ainsi que des de tokenisation désormais au
par le consortium nexo, Son caractère obsolète est services à valeur ajoutée cœur du standard PCI DSS.
EPAS sera la relève d’une une évidence pour tous les basés sur des interfaces
trentaine de protocoles acteurs de la monétique. communes : « Cette initiative
d’échanges incompatibles en Plus moderne, EPAS est bénéficiera à l’ensemble

HORS SÉRIE POINT BANQUE 27


dossier

les transactions transfrontalières. Les


transactions par cartes sur automates ou
distributeurs de billets, ainsi que les tran-
sactions avec des cartes American Express
ou Diners, ne seront pas soumises à ces
nouvelles règles. L’impact d’un tel décou-
page n’est pas du gout de certains acteurs,
notamment des banques. Les appréhen-
sions sont nombreuses. Ainsi, la distinc-
tion entre transactions domestiques et
transfrontalières serait incompatible avec
l’objectif de création d’un marché unique
si l’on en croit David Stephenson, res-
ponsable des affaires internationales au
GIE Cartes Bancaires. Elle sera selon lui
« préjudiciable aux plus petits acquéreurs
et trop favorable à Visa et MasterCard ».
Elle ne règle pas non plus la question des
paiements de petits montants, un frein
à la généralisation de l’usage des cartes
sans contact dans les commerces. Le
GIE Cartes Bancaires craint par ailleurs
que les conditions réservées aux transac-
tions transfrontalières ne déséquilibrent
brutalement les modèles économiques
des schèmes nationaux, sans compter les
le plafonnement des commissions multi- revenus, comment augmenter les volumes effets pervers de la nouvelle réglementa-
latérales d’interchange, le déploiement du tout en continuant de faire cavalier seul tion : « Demander systématiquement au
protocole EPAS au niveau des TPE et le face aux pressions de ce marché, tel est la titulaire de la carte de choisir la marque
mouvement de centralisation de l’acquisi- question à laquelle doivent répondre les du système de paiement avec lequel il veut
tion en cours dans la plupart des enseignes acteurs français, cantonnés pour l’heure payer, engendrerait un certain nombre
internationales, vont créer une véritable à accueillir les flux d’autres banques ain- d’effets pervers et indésirables tels qu’une
concurrence parmi les acteurs de l’acqui- si que de grands remettants. A terme, de augmentation du coût d’utilisation et d’ac-
sition, y compris les banques. Cette mu- nouvelles alliances sont incontournables. ceptation des cartes en Europe, un renfor-
tation représente un véritable défi pour la Rappelons que le plafonnement de l’in- cement du duopole MasterCard/Visa et
dizaine d’acteurs français présents sur ce terchange est l’aboutissement d’une longue enfin une atteinte à la souveraineté euro-
marché. Si Crédit Agricole Cards & Pay- bataille dont les prémisses remontent à péenne et aux droits des ressortissants de
ments (CACP) peut faire figure de leader 2007 et qui trouvera sa conclusion avec l’Union européenne ».
hexagonal, sa position au plan européen l’entrée en vigueur fin 2015 du nouveau Grands gagnants dans cette affaire : les
est loin d’être celle d’un leader. La muta- règlement. La Commission Européenne enseignes de la distribution. Elles traitent
tion s’avère pour le moins ardue pour les justifie ce plafond en rappelant que l’inter- d’importants volumes de transactions
acteurs français : « Sous l’effet conjugué change représente en Europe quelques 10 en France et en Europe. Carrefour repré-
et corrélé des nouvelles technologies, des milliards d’euros, somme prélevée chaque sente à lui seul plus de 600 millions de
nouveaux acteurs et des nouvelles régula- année sur les consommateurs si l’on transactions par an dans l’hexagone. Ces
tions, la position des banques et leurs bu- considère que les commerces intègrent enseignes pourront faire jouer la concur-
siness models sont remis en cause », ex- dès l’origine les frais d’interchange à leur rence. « Sur le modèle de ce qui se fait aux
plique Jean-Charles Ricomini, software prix de détail. Concrètement, la directive Etats-Unis, le commerçant pourra présé-
strategy & design, payments & cards chez prévoit de plafonner les commissions lectionner le schème par lequel il préfère
Sopra Banking Software, éditeur engagé d’interchange à 0,3 % maximum du mon- faire la transaction par un simple système
dans la fourniture de solutions pour le tant de la transaction si le paiement est ef- de préférence sur le terminal de paie-
secteur des paiements. Le défi est d’autant fectué par carte de crédit et à grosso modo ment » précise Régis Massicard, payment
plus difficile à relever que les acteurs du 0,2 % maximum s’il est effectué par carte strategic director chez Ingenico Group,
processing sont engagés dans une course de débit. Conscient des bouleversements leader mondial des terminaux de paie-
à la taille, une course à la baisse des coûts, à venir, le Parlement Européen a accepté ment, présent depuis quelques années sur
une course à l’international sans oublier le principe d’une période transitoire de le front des services. Le porteur de la carte
la nécessaire course à l’innovation. La cinq ans pour les transactions purement pourra ensuite changer cette présélection.
priorité numéro un se situe bien enten- domestiques. Durant cette période, le L’arrivée prochaine du protocole euro-
du au niveau des volumes. Carlo Bovero, plafond de 0,2 % s’appliquera seulement péen EPAS, standard de connexion du
responsable monétique du groupe BNP à la valeur moyenne annuelle de toutes TPE au serveur, permettra au marchand
Paribas, confirme « que le paiement est les transactions concernées. Passé ce dé- de changer plus facilement d’acquéreur et
avant tout un enjeu de volume ». Alors lai de cinq ans, l’interchange à 0,2 % par de mettre ces derniers en concurrence au
que les commissions vont faire baisser les transaction sera appliqué, comme pour niveau européen. JO COHEN

28 POINT BANQUE HORS SÉRIE


case

European card market


in the starting-blocks
The arrival of the ISO 20022 standard will transform the sector of card payments
purchasing, as the globalisation of the transactions management market has triggered
a must-win race involving industry players already dashing to bring in new volumes.

Despite the ongoing challenges, tion are bound by PCI/PC requirements. each country. “The French pay more with

l the European commission is de-


termined to unify the bank card
payments market, both transfers and
Yet they are used in various ways accor-
ding to each European country, with
their different technological systems and
their Visa or MasterCard. The Dutch pre-
fer online transfers from their accounts
via iDeal. The Germans prefer cash,” ex-
debits, using the SEPA system. To avoid cultures. Cards produced in the UK can plains Gilles Braban, head of French sales
distortion of competition, the differences differ from those produced in Turkey or at Ingenico Payments Division. These
between cards issued by various Euro- Poland. Those issued in France are bound variations are all important because the
pean banks remain an issue. All these by the CB 5.2 requirements of the Grou- multi-channel Ingenico Payment Ser-
cards are part of EMV and depend on pement des Cartes Bancaires (French vices for online payments offers more
the normal security parameters imposed Bank Card Group). than 150 means of payments including
by the PCI, in the case of card personali- The use of cards by individuals is clo- debit and credit cards, gift voucher cards,
sation. In principle, all cards in circula- sely linked to the payments culture in prepaid cards, and others such as One-

HORS SÉRIE POINT BANQUE 29


case

Click, PayPal. “Payments by bank cards EPASOrg A.I.S.B.L, the OSCar consor- 20022 – provide a raft of specifications
make up 85 % of online payments in Eu- tium and the CIR working group. Nexo’s for card payments that would replace
rope,” adds Gilles Braban. Card functions aim is to create state-of-the-art systems the current protocols, and would create a
also differ from one country to another. that address the demands of the interna- single system for all European countries.
For example, the the German Eurochè- tional card payments market. For the mo- “Many of them are derived from ISO
que is a very popular cash withdrawal and ment however, each European country 8583, which has been widely used for card
payment card, yet it is not a credit card. has its own standards, which complicate payments by banks and businesses for
Amounts are debited directly from the and increase the cost of the centralisation nearly thirty years now,” recalls William
relevant account. The balance is checked and unity of card payments for all inter- Vanobberghen. Many industry insiders
and adjusted immediately upon payment. national businesses. Payments are accep- consider that ISO 8583 is out of date and
ted according to a set of rules, operatio- no longer relevant to the new generation
TOWARDS ISO 20022 STANDARDS nal practices and national standards that of card payments. Hence the arrival of ISO
Within this context, Europe is working differ from country to country. A recent 20022, which defines a common platform
towards an integrated system that is still study, ’Understanding the advantages for the development of electronic mes-
ongoing, and in need of a rapid solution. of the nexo standards’, commissioned sages and therein a universal standard for
The implementation of common stan- by nexo from international consultants the financial industry. Considering the
dards for card payments is considered as Edgar, Dunn & Company, lays out how growth of globalisation and therefore in-
an important step in the development of businesses could profit from common ternational instructions, there are nume-
a unified European payments market. electronic banking standards. A general- rous advantages of these new norms for
The variations in the market are a cost to ly adopted solution could not only reduce businesses, including faster implementa-
businesses, and this has been criticised standard costs by 20%, but also assist new tion, reduced costs and greater flexibility
by the EC due to the confusion it can product launches. This would work even with regards to purchasers. Open and
cause for consumers. “European card better for the larger European concerns. liberal international standards would
payments systems can be criticized for The premise of the study is that the new allow the purchase of a European-wide
a lack of harmony,” confirms William standards would be taken up by large payments terminal network, rather than
Vanobberghen, general Secretary of the businesses for their card payments. The a national network. This would reduce
nexo consortium that includes the former relevant nexo standards – ratified by ISO bank handling fees and mean more inde-

30 POINT BANQUE HORS SÉRIE


case

pendence with regards to purchasers and


suppliers of payments solutions, driving
stronger competition. “An across-the-
board and inter-operable European card
payments market will bring economic
benefits, opening up the sector, promo-
ting competition, improving coherence
and accelerating innovation in pay-
ments,” explains William Vanobberghen.
ISO 20022 prefigures a new paradigm for
electronic money, and concrete steps have
already been made since the first ISO
20022 standard was rubber-stamped in
early September by the ISO Registration
Authority. It is the product of collabora-
tion between nexo and the IFX Forum,
the American association for financial
industry standards. “It would have been
very complex for us alone to supply such
a considerable amount of new content for
ATM’s in line with ISO 20022,” confirms
Richard Du Vall, President of IFX. There-
fore the two associations combined their
skills and complementary expertise to
create and develop innovative standards
for ISO 20022. This new content will
benefit all stakeholders in the ATM in- sactions processing market is gearing up business in the market. Crédit Agricole
dustry: banks, ATM installers, manufac- to become a European market, and cer- Cards & Payments (CACP) may be the
turers and software publishers. Indeed, tain businesses have already prepared for clear leader in France, but its position is
unique specifications for setting up these this change of scale. These include British relatively weak on the European stage.
machines will be available to the industry. concerns WorldPay and Barclays, along- Indeed, the mutation is proving rather
“Certain organisations have not waited side worldwide networks such as First hard for French businesses: “With the
for the official notice of standards. They Data and Global Payments. The disappea- inter-connected effect of new technolo-
have already integrated the common spe- rance of obstacles to cross-border acquisi- gies, new market players and new regula-
cifications into their operational environ- tions, and especially the limits being set on tions, the position of the banks and their
ment,” explains William Vanobberghen. multi-lateral interchange commissions, business models have been brought into
the roll-out of EPAS protocol at the EPT question,” explains Jean-Charles Ricomi-
PROCESSING PREPARES FOR level, and the tendency for the centralisa- ni, software strategy & design, payments
THE LIMITS OF INTERCHANGE tion of acquisitions at most international & cards at Sopra Banking Software, a pu-
The PSD2 European Directive is immi- firms, will all create genuine competition blisher committed to providing solutions
nent, as well as the expected changes to among the big acquisition players, inclu- to the payments sector. The challenge is
the level of interchange, in particular for ding the banks. This mutation presents even greater since these processing com-
cross-border operations. The card tran- a real challenge to the numerous French panies are involved in a race to increase

EPAS becomes the ISO 20022 norm


Taking advantage of the protocols existing in money stakeholders. The all payment stakeholders,
ISO 20022 norm for card different European countries more modern EPAS is in especially businesses, as
payments, the EPAS (ZVT in Germany, CB2A XML. The implementation it will simplify the cross-
(Electronic Protocol in France, etc.). The CB2A of SEPAFast and EPAS will border authorisation of
Application Software) protocol, developed by give businesses a single cards,” confirms William
standard is a pillar of the the Groupement Cartes European-wide solution. Vanobberghen. The
new European payments Bancaires and used This will lead to more consortium is now preparing
system. Supported by the currently in France, will be reasonable set-up costs and encoding and tokenization
nexo consortium, EPAS will redundant in two years’ time. extra-value services based solutions at the core of
take the place of around This obsolescence is not on common interfaces: the PCI DSS standard.
30 incompatible exchange questioned by electronic “This initiative will benefit

HORS SÉRIE POINT BANQUE 31


case

Diners cards, will be exempt from the


new rules. The impact of such divisions
is to the disliking of certain industry
stakeholders, especially the banks. They
have expressed numerous concerns. For
example, the distinction between domes-
tic and cross-border transactions will be
incompatible with the creation of a single
market. According to David Stephenson,
in charge of international business at GIE
Cartes Bancaires, the distinction will be
“detrimental to smaller purchasers and
too favourable to Visa and MasterCard”.
Furthermore, it will not solve the issue of
small sum payments, that are an obstacle
to the general use of contactless cards in
shops. Le GIE Cartes Bancaires also fear
that the special conditions for cross-bor-
der transactions will upset the balance
of national economic system models, a
problem exacerbated by the pernicious
effect of the new regulations: “Asking the
card-holder to systematically chose his/
her preferred payments system brand will
engender a certain number of undesirable
effects: an increase in the cost of card use
and authorisation in Europe; the stren-
gthening of the MasterCard/Visa duo-
poly; and finally an attack on European
sovereignty and the rights of EU citizens.”
The big winners in all this will be the
large retailers that manage large volumes
their size, reduce costs, and operate on fees amount to tens of billions of Euros of transactions in France and Europe.
an international scale, not to mention to in Europe. This sum is paid each year by Carrefour alone manages more than 600
improve innovation. The top priority is consumers, since businesses include the million transactions a year in France.
naturally that of volumes. Carlo Bove- original interchange fees in their retail These retailers could raise the stakes of
ro, in charge of payment at BNP Paribas prices. In real terms, the directive sets an competition. “If you look at the US mo-
group, confirms “that payment is above interchange commission upper limit at a del, a shopkeeper will be able to select the
all about volumes”. With lower commis- maximum 0.3% of the transaction sum a preferred payment system via a simple
sions decreasing revenues, the French for credit card payments and at a maxi- function on the payment terminal,” ex-
payments industry, currently restricted mum of around 0.2% for debit card pay- plains Régis Massicard, payment strategic
to welcoming flows from other banks ments. The European Parliament is aware director at Ingenico Group. The card-hol-
and the large remitters, is faced with the of the upset this will cause, and has accep- der could also change this system selec-
issue of how to increase volumes while ted the principle of a transitional five-year tion. The upcoming arrival of the EPAS
withstanding pressure from the market. period for purely domestic transactions. European protocol, the standard for
New alliances will become essential. During this period, the 0.2% limit will connection from EPT to server, will al-
The upcoming limits on interchange only apply to the annual average amount low business owners to change purchaser
are the product of a long battle that of all the relevant transactions. After the more easily and therefore create EU-wide
started in 2007 and will conclude with the five-year period, interchange at 0.2% per competition between them. JO COHEN
application of the new rules in late 2015. transaction will apply, as for cross-border (TRANSLATION MATT TEMBE)
The European Commission has justified transactions. Card transactions at ATM’s,
the new limits by the fact that interchange and those made by American Express or

The upcoming limits on interchange are the product of a long


battle that started in 2007 and will conclude with the application
of the new rules in late 2015. The European Commission
has justified the new limits by the fact that interchange
fees amount to tens of billions of Euros in Europe.

32 POINT BANQUE HORS SÉRIE


étude

34 POINT BANQUE HORS SÉRIE


étude

World Payments Report


2015 : la carte de paiement
au cœur du marché
La carte de paiement reste le fort vecteur de croissance du marché des paiements dans
le monde. C’est l’un des constats relevés par le World Payments Report de Capgemini
et Royal Bank of Scotland (RBS) qui analyse chaque année la situation du marché des
paiements dans le monde. Etat des lieux en 2015 avec Christophe Vergne, leader of the
global cards and payments centre of excellence, Capgemini Global Financial Services.

HORS SÉRIE POINT BANQUE 35


étude

cash qui a été déclarée notamment dans ment mobile à distance – wallets – ou en
les pays nordiques n’a pas d’incidence sans contact commence à prendre le relais
massive sur les espèces en circulation qui consolidant la croissance mondiale.
continuent à croitre à un rythme soutenu.
A noter que nous avons souhaité, pour le Toujours en termes d’innovation, les
rapport 2015, quantifier les marchés gris, autorités européennes s’interrogent ac-
équivalant au shadow banking dans le tuellement sur les potentialités de l’ins-
domaine du paiement, qui échappent à tant payment. Quelle est la situation de
la réglementation bancaire dans de nom- cet instrument dans le monde ?
breux pays. Nous l’estimons à hauteur de L’instant payment fait effectivement l’objet
10 % du marché officiel. Une quarantaine de nombreuses initiatives dans le monde
de milliards de transactions supplémen- émanant de l’industrie et encouragées par
taires aux statistiques officielles. Il s’agit le législateur. Il s’agit d’un réel levier et vec-
notamment de PayPal hors Europe – teur de transformation pour les banques
puisque l’entité a le statut de banque au dans les prochaines années. Le recense-
sein de l’UE – ainsi que la monnaie vir- ment des principales initiatives en la ma-
tuelle et certains wallets à l’image de celui tière a permis de démontrer que certains
de Starbucks qui repose sur du prépayé pays qui ont mis en place ce système ont
non bancaire. C’est un marché consistant bénéficié d’une croissance accélérée de
et les banques doivent se montrer vigi- tous les paiements digitaux. C’est notam-
lantes, comme les régulateurs, pour ne ment le cas du Royaume-Uni avec Faster
pas perdre des opportunités. Payment, implémenté il y a dix ans qui a
atteint plus d’un milliard de transactions
Comment évolue le paiement par carte en 2014. En Suède, Pologne et Danemark,
dans le monde ? Quid des innovations des initiatives ont vu le jour, tout comme
liées au paiement mobile ? en Hollande avec un projet prévu pour
La carte de paiement reste le fort vecteur 2018. Au niveau paneuropéen, l’ERPB a
de croissance du marché des paiements commandé une proposition pour fin juin
dans le monde. La promotion de cet ou- avec une entrée en vigueur prévue pour
Le World Payments Report fait état des til est visible dans toutes les régions du 2017. Hors Europe, Singapour a démar-
différentes pratiques en termes de paie- monde. Dans certains pays, comme la ré, et l’Australie et les Etats-Unis via la
ment dans le monde. Quelles principales Russie et l’Inde, nous passons d’une étape Réserve Fédérale ont également entrepris
différences pointez-vous entre les ré- liée à la création d’une infrastructure à des initiatives. L’intérêt est capital pour les
gions en 2015 ? une phase de nouveaux équipements banques : il s’agit de s’inscrire dans l’évo-
Je commencerais plutôt par vous indiquer porteurs et commerçants. Sur ce point, lution du monde, marquée par le temps
l’élément commun à toutes les régions du j’aimerais attirer votre attention sur la réel. De plus, cette innovation peut contri-
monde, à savoir une plus forte demande Chine qui se détache de tous les pays par buer au déclin des espèces et du chèque et
en services de paiement, avec la carte de son taux de croissance et devient ainsi s’avère pertinente pour des professions ca-
paiement qui tire la croissance en s’adap- le quatrième marché des paiements au ractérisées par des paiements réalisés hors
tant à l’évolution des modèles opératoires, niveau mondial. Tous les Chinois sont horaires classiques de type transporteurs.
et en particulier en bénéficiant de la crois- équipés de cartes de paiement – recensées L’instant payment s’adresse à des niches
sance du e ou du m-commerce selon les au nombre de plus de 2 milliards – et les qui permettent aux banques de fournir de
régions. Cela s’ajoute aux travaux liés au échanges avec China Unionpay (CUP) nouveaux services de paiement et de com-
remplacement du chèque, avec une dé- fonctionnent bien. Le pays cherche désor- pléter un certain nombre de services qui
croissance de l’utilisation de ce moyen de mais à accroître son réseau d’acceptation existent déjà à base de carte.
paiement qui s’observe de façon accélérée et l’ouvre aux investisseurs étrangers.
dans les trois derniers grands pays utilisa- Concernant les innovations liées au paie- 2016 sera une autre année importante
teurs France, Royaume-Uni et Etats-Unis. ment mobile, nous observons une pre- pour l’Europe des paiements avec l’adop-
Autre constat : un retour de la croissance mière vague d’acceptation et d’usage du tion de la DSP2 et deux autres étapes
du virement et du prélèvement notam- paiement mobile visant à remplacer une liées au SEPA. Où en est l’Europe des
ment en Europe après la migration SEPA. infrastructure locale déficiente. C’est no- paiements selon le World Payments Re-
Nous n’avons pas, cette année, de statis- tamment le cas du Kenya avec mPesa. port en 2015 ?
tiques sur les espèces, mais la guerre au Dans les pays les plus matures, le paie- Outre la migration du TIP et du télé-
règlement que vous mentionnez et qui
concerne surtout les impôts, l’année est
marquée par l’adoption de la DSP2 qui
« La carte de paiement reste le fort vecteur sera suivie de deux ans de transposition.
De quoi confirmer que de l’eau aura coulé
de croissance du marché des paiements sous les ponts d’ici aux effets réels. A no-
ter que l’un des points importants de ce
dans le monde. La promotion de cet outil est texte concerne les données fournies à des
visible dans toutes les régions du monde. » tiers, élément qui va fragmenter encore

36 POINT BANQUE HORS SÉRIE


étude

la chaîne de valeur. Ceci dit les banques « Les Gafa sont familiers
ont anticipé et ont accru leurs investisse-
ments en innovation. Quitte à acquérir avec les technologies, et leurs portefeuilles
un certain nombre de start-ups, de quoi
supposer que nous verrons prochaine-
clients massifs en font des locomotives
ment éclore des nouveaux services à va- du changement. Cependant,
leur ajoutée. le paiement ne se résume pas à poster
Comment analysez-vous l’arrivée des un message sur un réseau social. »
Gafa sur le marché des paiements et la
globalisation inévitable qui en découle ?
Ces structures représentent-elles une
menace pour les acteurs européens ? pondre en offrant une palette étendue de sujet stratégique, qui suscite également
Les Gafa sont familiers avec les technolo- services répondant à de multiples situa- des réflexions sur la gestion du risque.
gies, et leurs portefeuilles clients massifs tions de paiements. Parmi les évolutions réglementaires im-
en font des locomotives du changement. pactantes : le règlement communautaire
Cependant, le paiement ne se résume pas Quelles sont vos prévisions sur l’évolu- sur les commissions d’interchange qui
à poster un message sur un réseau so- tion du marché des paiements mondial devrait avoir un effet sensible sur les re-
cial. Les Gafa font beaucoup de choses et en 2016 ? venus des banques émettrices en Europe
tendent à effrayer certains acteurs mais, Deux types d’impact sont à observer à ainsi que le passage à EMV aux Etats-
en dépit d’une certaine puissance finan- moyen terme. D’une part, nous observe- Unis, également prévu en 2016.
cière et technologique, ils restent caracté- rons l’apparition de non banques et une
risés par une faiblesse de nouvel entrant : plus grande fragmentation. Cela condui- PROPOS RECUEILLIS
ils ne couvrent que certaines situations de ra à une remise en cause des business mo- PAR ANDRÉA TOUCINHO
paiement et les banques, qui apparaissent dels encouragée par les évolutions régle-
comme plus légitimes, ont matière à y ré- mentaires. Le paiement constitue un vrai
tribune

DSP2 et règlement interchange :


un agenda numérique
pour l’Europe des paiements ?
MONICA MONACO, Founder and managing director, TrustEU Affairs

Pendant que le règlement inter- paiement par carte quel que soit l’environnement dans lequel
change devient applicable au ni- « l’opération de paiement par carte » a lieu, et donc dans les
veau national dans les 28 pays environnements offline, online ainsi que mobile. La neutralité
membres – applicabilité des règles technologique est l’un des principes clés du cadre réglemen-
« steering » et des informations au taire européen des communications électroniques et le concept
bénéficiaire sur les transactions in- apparaît également dans le règlement sur la protection des
dividuelles de paiement cartes de- données proposé par l’UE et dans la proposition de directive
puis juin 2015, applicabilité des européenne sur la sécurité des réseaux d’information (la direc-
caps de l’interchange ainsi que des tive NIS). La neutralité technologique signifie que les mêmes
règles relatives aux licences des dé- principes réglementaires sont applicables indépendamment
cembre prochain – la DSP2 a été de la technologie utilisée, pouvant favoriser la sur-réglemen-
voté en session plénière au Parle- tation des nouveaux marchés émergents et déterminant donc
ment européen la deuxième se- un ralentissement du processus d’innovation, si les entreprises
maine d’octobre, laissant un grand réagissent à la pression réglementaire sur des nouvelles solu-
laps de temps entre l’application du tions de paiement en reportant les investissements, comme
règlement interchange et de la DSP2. Les deux propositions lé- une étude de 2011 de l’OCDE l’explique bien. Malgré la portée
gislatives avaient été conçues comme un paquet unique par le relativement large de la DSP2 et du réglement interchange, l’at-
régulateur européen en 2013. Les standards techniques que tention des régulateurs européens se porte en même temps sur
l’ABE (Autorité Bancaire Européenne) s’apprête à écrire sur des nouvelles solutions de paiement comme les paiements ins-
certains aspects des deux propositions semblent encore plus tantanés, évaluant des aspects tels que le laps de temps d’exé-
retarder l’entrée en vigueur complète de ces normes qui, cution des opérations de paiement, la disponibilité des fonds
compte tenu du nombre de dispositions sur lesquelles les Etats ainsi que l’accès en temps réel aux informations sur l’état du
membres disposent d’une certaine flexibilité, ne parviendront paiement, comme c’est actuellement le cas au sein de l’Euro
peut-être pas a créer un véritable marché unique pour les paie- Retail Payments Board de la BCE. L’Europe a-t-elle un agenda
ments en Europe. numérique pour l’Europe des paiements? Oui, à en croire la
En même temps, des nouvelles entités comme les « fournis- DSP2 qui l’évoque, mais rien ne semble plus incertain.
seurs de paiements tiers » (third party providers - TPPs) créés
par la DSP2 pourront fournir leurs services par l’intermédiaire
de l’infrastructure de la banque qui héberge le compte aux
clients car la DSP2 force les banques à accorder à des tiers l’ac- La neutralité technologique
cès à leurs comptes clients. On ne sait pas dans quelle mesure signifie que les mêmes principes
la sécurité pour les banques et les consommateurs sera touchée
par cet accès, mais on sait déjà que des banques elles-mêmes réglementaires sont applicables
pourront approcher les clients des banques concurrentes en indépendamment de la
tant que « fournisseurs de paiements tiers ». Rien n’assure donc
plus à la banque qui héberge le compte client que c’est elle qui technologie utilisée, pouvant
doit s’occuper des opérations à effectuer à partir de ce compte, favoriser
révolutionnant le modèle des revenus liés aux comptes clients
dans la banque et modifiant quelque peu le paysage des paie- la sur-réglementation
ments en Europe. des nouveaux marchés
En outre, l’application du principe de neutralité technolo-
gique fait que le champ d’application du règlement interchange émergents et déterminant
s’étend aux applications paiement par carte présentes dans les
« wallets ». En lisant attentivement l’article 1.1 du règlement, il
donc un ralentissement du
semble bien que le règlement soit applicable aux opérations de processus d’innovation.

38 POINT BANQUE HORS SÉRIE

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