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REPUBLIQUE ISLAMIQUE DE MAURITANIE

Projet FIRST Project # C018


Modernisation du Système National de Paiement

***DRAFT***
Diagnostique des paiements de détails
Decembre 2017

1
Table des matières
INTRODUCTION..............................................................................................................................................................4
Contexte de l’étude.....................................................................................................................................................4
Méthodologie..............................................................................................................................................................5
I. FLUX DE PAIEMENT DE DETAIL (G2P, P2G, B2P, P2B, P2P, D2P)..........................................................................12
II. UTILSATION DES MOYENS DE PAIEMENT DE DETAIL...........................................................................................14
II.1 Espèce, Chèque, Virement...................................................................................................................................14
II.2 La carte................................................................................................................................................................15
II.3 La monnaie électronique.....................................................................................................................................16
III. DEFIS ET RECOMMANDATIONS POUR LA DIGITALISATION DES PAIEMENTS DE DETAIL................................18
III.1 Les Clients (Populations).....................................................................................................................................18
III.2 Les réseaux d’accès aux services financiers........................................................................................................21
III.3 Les Fournisseurs.................................................................................................................................................24
III.4 L’infrastructure...................................................................................................................................................30
III.5 Les grands facturiers et l’Etat.............................................................................................................................32
III.6 Politique et réglementation................................................................................................................................33
III.7 Développement de l’écosystème.......................................................................................................................33
IV. SCENARII DE MIGRATION DU CASH VERS LE DIGITAL......................................................................................34
V. ANNEXE.................................................................................................................................................................35
Annexe 1 : Fichier de calcul excel du diagnostic des paiements de détail.................................................................35
Annexe 2 : Liste des institutions rencontrées en réunions bilatérales durant la mission..........................................35

2
Liste des sigles et abréviations

ACH Chambre de compensation automatisée (Automated Clearing House)


ADSL Asymmetric Digital Subscriber Line
ARE Autorité de Régulation
BCM Banque Centrale de Mauritanie
CNP Conseil National des Paiements
ERP Entreprise Resource Planning
FMCG Fast-Moving Consumer Goods / Chaines de distribution de produits de grande consommation
FMI Fond Monétaire International
GAB Guichet Automatique de Banque
GIMTEL Groupement Interbancaire Mauritanien de Transactions Electroniques
IMF Institution de micro finance
MRO Ouguiya Mauritanien
SQSFD Supervision la Qualité des Services Financiers Digitaux
ONS Office National de la Statistique
OTM Opérateur de téléphonie Mobile
PIB Produit Intérieur Brut
PFE Portefeuille Electronique (Portemonnaie Electronique)
PME Petite et Moyenne Entreprise
PMI Petite et Moyenne Industrie
RIM République Islamique de Mauritanie
SMS Short Message System
STA Société de Transfert d’Argent
TPE Terminal de Paiement Electronique
UPI Union Pay International
USSD Unstructured Supplementary Service Data
G2P Gouvernement à Personne
B2B Business à Business
B2P Business à Personne
P2G Personne à Gouvernement
P2B Personne à Business
P2P Personne à Personne
D2P Bailleurs de fonds (Donors) à Personne

INTRODUCTION

3
Contexte de l’étude
L’économie mauritanienne est caractérisée par la dominance des espèces (cash) dans la plupart des échanges de
paiement de personnes à personnes ou de personnes à business, à laquelle s’ajoute une forte emprise du secteur
informel. Dans le cadre de la modernisation et de la sécurisation de la circulation fiduciaire, la Banque Centrale de
Mauritanie (BCM) a entrepris depuis 2014, d’émettre des billets de banque de la série de 1000 Ouguiyas sur un
substrat en polymère, complétant ainsi l’ancienne série de billets en coton dont la qualité est jugée faible. Les pièces
de monnaie, bien qu’en cours légal, ne sont pratiquement pas utilisées dans les échanges commerciaux (Source  :
BCM). Ainsi, la forte vélocité de la monnaie au niveau de l’économie mauritanienne, associée à la faible qualité des
billets de banque et la quasi non utilisation des pièces dans les échanges, entrainent des coûts d’émission de la
monnaie très élevés pour la BCM, estimés à 6 millions d’euros par an (Source BCM). La digitalisation des paiements
de détail permettrait d’apporter une réponse efficiente à la problématique de la gestion de la monnaie fiduciaire et à
la réduction de la circulation des espèces (cash) dans le secteur informel. Bien au-delà de la simple économie sur la
monnaie, la digitalisation des transactions serait un vecteur d’efficience économique, de croissance et d’emploi, de
plus les aspects paiements jouent un rôle moteur dans l’inclusion financière. En effet une étude menée par l’agence
Moody’s Analytics, dans 70 pays sur une période 5 années [2011 à 2015], montre que dans les pays en
développement l’augmentation de 1% dans l'utilisation des paiements électroniques produirait, en moyenne, une
augmentation de 0,02% du PIB, toutes choses étant égales par ailleurs.

Dans ce contexte, le diagnostic des flux de paiements de détail revêt un caractère tout particulier pour les autorités
de la BCM, puisqu’il permet de renseigner et d’orienter la politique de changement, de même que les stratégies
concernant les moyens de paiement électroniques, ainsi que les mesures d’accompagnement à cet effet. Au-delà de
la BCM, Le diagnostic des flux de paiements de détail constitue un exercice fort utile pour l’ensemble des acteurs
économiques que sont : l’Etat et ses démembrements, les entreprises, les partenaires au développement. En effet,
au plan national, le recensement par catégorie d’acteurs (Gouvernement, entreprises, personnes, bailleurs de
fonds), des flux de paiement (valeur, nombre) et par type de moyens de paiement (espèces, chèque, virement, carte,
monnaie électronique), permet de :

- dresser l’état des lieux des paiements ;


- comprendre et d’analyser les dynamiques des différents modes de paiement ;
- surveiller les changements qui s’opèrent au cours du temps ;
- formuler des orientations stratégiques pour la digitalisation des paiements de détail.

C’est dans ce contexte que s’inscrit un des volets de la mission de la banque mondiale qui s’est déroulée du 11 au 22
Septembre 2017 à Nouakchott. Dans le cadre de l’assistance technique de la banque mondiale à la BCM en vue de la
modernisation des systèmes de paiement, un diagnostic des paiements de détail a été conduit afin d’en dresser
l’état des lieux et de formuler des recommandations en vue de la transition vers leur digitalisation.

Le présent rapport, dresse en premier lieu un tableau général de différents flux de paiements de détail de
l’économie mauritanienne. En second lieu, il traite des défis liés à la digitalisation des paiements de détail et propose
des pistes de recommandations, principalement sur les problématiques ci-dessous :

- Les clients ;
- Les réseaux de distribution des services financiers en général et digitaux en particulier ;
- Les fournisseurs de services financiers digitaux ;
- L’infrastructure des réseaux de télécommunications ;
- Les grands facturiers et L’Etat
- Le cadre politique et réglementaire.

Enfin, le rapport propose des scénario de migration des paiements de détail vers la digitalisation.

Méthodologie

4
Le diagnostic des flux de paiements mené dans le cadre de la mission de la banque mondiale a porté sur les
paiements de détail. Les paiements de détails s’identifient typiquement par les montants engagés et présentent
souvent les caractéristiques ci-dessous :

- Un grand nombre de transactions de faible valeur pour l’achat de biens et de services ;


- La diversité des moyens de paiement usités comparativement à ceux utilisés pour les transferts de gros
montants.

Il se pose alors la question de définir quel est la limite à considérer pour la catégorisation des montants faibles. Afin
de définir un périmètre à la notion de paiement de détail nous considérerons dans cette étude qu’ils correspondent
à ceux dont le payeur ou le payé est une personne physique. Les différents moyens de paiements de détail qui
seront explorés dans le cadre du présent diagnostic sont :

- Les espèces (cash) ;


- Le chèque ;
- Le virement ;
- La carte ;
- La monnaie électronique.

Le présent diagnostic des paiements de détail a été conduit en deux phases. Une première phase d’inventaire des
flux de paiement de détail, suivi d’une phase de rencontres bilatérales avec les principaux acteurs de l’écosystème
des paiements de détail et de la finance digitale.
La phase d’inventaire a consisté en une collecte des paiements de détail par catégorie d’acteurs, par flux (valeur,
nombre) et par types de moyens de paiements. Les principaux flux explorés ont porté sur les catégories d’acteurs ci-
dessous :

- Gouvernement à Personne : G2P ;


- Personne à Gouvernement : P2G ;
- Business à Personne : B2P ;
- Personne à Business : P2B ;
- Personne à Personne : P2P ;
- Bailleurs de fonds à Personne : D2P.

Des questionnaires visant à recenser les flux de paiement de détail (valeur, nombre), par type (cash, chèque, carte,
virement, monnaie électronique), ont été envoyés deux semaines avant la mission, par le biais de la BCM, aux
différentes institutions que sont :

- La direction la supervision bancaire et la direction des règlements de la BCM ;


- Les différentes institutions étatiques (Trésor public, les impôts, etc…) ;
- La poste (Mauripost) ;
- Les institutions de prévoyance retraite et de sécurité sociale ;
- Les banques commerciales ;
- Les institutions de microfinance ;

Treize banques commerciales (parmi les seize que comptait la Mauritanie en fin 2016) ont répondu aux
questionnaires (représentant ainsi 80% de part de marché en termes de clients). Le but du travail de collecte a été de
servir de base de données pour renseigner une grille/matrice de paiements, détaillant les flux au niveau de
l’économie mauritanienne en termes de payeur et de payé (voir Tableau 1 ci-dessous).

Payé

5
  Gouvernement Business Personne (Individu)

G2P
Gouvernement Salaires et Pensions de retraite de la
fonction public

B2P
Business
Salaires payés par les entreprises
Payeur

P2G P2B P2P


Personne
(Individu) Taxes Achats de biens de Transferts d’argent
consommation Mises à disposition

D2P
Bailleurs de
Fonds Programmes de transferts d’argent
(filets sociaux)

Tableau 1 : Grille des paiements

La phase de collecte a été suivie par des rencontres bilatérales de travail et d’échanges avec les principaux acteurs
de l’écosystème des paiements de détail (voire annexe 2 : Liste des institutions recontrées en réunions bilatérales).

Les réunions bilatérales de travail et d’échanges ont permis de :

- Avoir un aperçu des réalités inhérentes à la société mauritanienne sur les paiements de détail ;
- Identifier les défis associés aux différents types de moyens de paiement (espèce, chèque, virement, carte,
monnaie électronique) ;
- Cerner les attentes et les enjeux, des différents acteurs, pour la digitalisation des paiements de détail ;
- Identifier les défis à la modernisation et à la digitalisation des paiements de détail.

Les résultats qui ressortent de cette étude sont donc basés sur les informations quantitatives et qualitatives
fournis par les intervenants rencontrés, soit une approche déclarative.

RESUME

6
LA MAURITANIE EN QUELQUES CHIFFRES

Population (Source ONS: 2016) 3 805 659


Pourcentage Population adulte : +15 ans (Source ONS : 2016) 57%
Taux brut de scolarisation l’enseignement fondamental (Source ONS : 2014)1 76,8%
PIB par habitant (Source FMI : 2014) 1 335 $
Population disposant de moins de 1$/jour (PPA) (Source : ONS 2014) 31%
Taux de bancarisation stricte : Banques (Source : BCM 2016) 14%
Taux de bancarisation élargi : Banques et IMF (Source : BCM 2016) 29%
Taux de pénétration de la téléphonie mobile (Source : ARE 2015) 101%

PRINCIPAUX RESULTATS SUR LES FLUX DE PAIEMENT DE DETAIL

Paiements par payeur


Paiements G2P
140.00 140.00
131.37
1.99
120.00 120.00

100.00 100.00

80.00 80.00

131.37 127.47
60.00 60.00

40.00 40.00

20.00 43.36 20.00

0.96 0.00 0.00


0.00 0.96 0.54 0.00
Gouvernement Business Personne Monnaie éle...
Espèces

Chèques

Virements

Digital Chèque Cash

L’analyse des flux de paiement de détail au niveau de l’économie mauritanienne montre :

 La prédominance des espèces (cash) dans les transactions de paiement effectuées par des personnes ;
 La plupart des transactions effectuées par les sociétés (Business) sont digitalisées sous forme de virements ;
 Une forte digitalisation des transactions de paiement de l’Etat aux personnes (individus) ;
 Le chèque constitue le moyen de paiement scriptural le plus utilisé ;
 Les cartes sont principalement utilisées pour les opérations de retraits au niveau des GAB ;
 Les transactions de transfert d’argent (mise à disposition) au niveau des banques portent sur des montants
relativement élevés [240 000 (MRO) à 2 000 000 (MRO)] ;
 Le mobile money peine à trouver ses marques dans le marché mauritanien ;
 Les transactions sur le mobile money portent en moyenne sur des valeurs inférieures à 50 000 (MRO) ;
 L’utilisation de la monnaie électronique est très peu vulgarisée, malgré quatre années d’activité.

ELEMENTS DE DIAGNOSTIC POUR LA DIGITALISATION DES PAIEMENTS DE DETAIL

1
Source : ONS 2014 (Enquête Permanente sur les Conditions de Vie des ménages : EPCV)

7
Une approche écosystème de la finance digitale permet de dégager 6 piliers essentiels que sont : les clients ; les
réseaux de distribution, les fournisseurs, l’infrastructure, les grands facturiers et l’Etat, la réglementation. Une
analyse selon l’angle de l’approche écosystème permet de dégager les obstacles au développement de la finance
digital ci-dessous :

 Une réticence des populations vis-à-vis des produits de la banque conventionnelle pour des considérations
religieuses ;
 Un niveau de pauvreté relativement élevé dans certaines régions ;
 Les réseaux de distribution des banques (agences, GAB) sont faibles voire mal répartis entre wilayas
(régions) ;
 Les réseaux de distribution des IMF sont très peu denses ; 
 Le taux d’équipement de la population en carte (débit et prépayé) est relativement bas ;
 Le réseau d’acceptation marchand par TPE est quasi inexistant ;
 L’activité de finance digitale est uniquement réservée aux banques (à l’exception de Mobicash) ;
 L’offre de finance digitale est très peu diversifiée (uniquement des services de première génération) ;
 L’absence de transparence et de comparabilité dans les conditions de fourniture des services bancaires sur
les moyens de paiement ;
 La prédominance d’acteurs non régulés (informels) sur les transferts d’argent de personne à personne ;
 Les commissions pratiquées par les acteurs du transfert d’argent dans l’informel sont en moyenne le double
de celles des fournisseurs du formel à montant transféré égal ;
 Toutes les banques ne participent pas l’interbancarité ;
 La plateforme du GIMTEL n’est ouverte/compatible qu’avec les TPE du fournisseur Ingenico ;
 L’absence de cadre réglementaire régissant l’activité de monnaie électronique et les réseaux d’agents ;
 L’absence de cadre réglementaire régissant l’activité de transfert d’argent domestique ;

Il existe toutefois des facteurs propices au développement de la finance digitale en Mauritanie

 L’engagement des autorités politiques et de la banque centrale pour développer la finance digitale ;
 Le projet de mise à niveau de la réglementation sur la monnaie électronique  dans le cadre de l’assistance
technique de la banque mondiale ;
 Un fort intérêt pour le mobile money de la part des opérateurs de téléphonie mobile ;
 La forte pénétration de l’internet mobile qui ouvre des perspectives pour l’innovation (QR Code, application
mobile, etc. …) ;
 L’existence d’une infrastructure de paiement à travers le GIMTEL ;
 Le déploiement de la fibre optique à l’intérieur de la Mauritanie avant fin 2019 à travers le projet WARCIP,
cofinancé par l’Etat mauritanien, la banque mondiale et la banque européenne d’investissement ;
 L’existence d’un grand nombre de paiements des personnes à l’Etat, actuellement effectués en espèces  et
pouvant être digitalisé ;
 La présence de grands facturiers pouvant servir de moteur pour l’adoption et le développement de la
digitalisation des paiements.

8
RECOMMANDATIONS POUR LA DIGITALISATION DES PAIEMENTS DE DETAIL

Recherche client et éducation financière inclusive

Conduire une étude/recherche quantitative et qualitative sur la


cartographie de la demande et de l’usage des services financiers et
digitaux par les populations qui mettrait l’accent sur les besoins et
les aspirations des populations.
CLIENTS Mener des campagnes d’éducation financière inclusive visant à
promouvoir la bancarisation et l’usage des moyens de paiement
digitaux. La campagne d’éducation financière devra également
veiller à créer/rétablir la confiance des populations envers le secteur
financier en général et les banques en particulier
Accorder une attention toute particulière à la transparence et à la
comparabilité des services / produits de la banque et de la finance
digitale, pour une plus grande vulgarisation de l’usage des moyens
de paiement modernes

Développer le réseau d’accès aux services financiers et le réseau


d’acceptation marchand

Définir une réglementation permettant aux banques et aux


institutions de microfinance de s’appuyer sur des correspondants
bancaires
Définir une réglementation sur la monnaie électronique autorisant
et encadrant l’activité des agents
Exonérer les TPE et les cartes, de taxes douanières, pendant
quelques années (le temps de développer le marché), afin de réduire
les coûts d’acquisition du matériel et d’équiper suffisamment la
LES RESEAUX D'ACCES AUX SERVICES FINANCIERS population en cartes à des prix abordables 
Impliquer l’autorité de régulation des télécommunications, afin de
s’assurer d’une couverture plus étendue du territoire en réseaux 2G,
3G, mais également de meilleure qualité 
Etudier les conditions tarifaires des transactions de paiements au
niveau des TPEs. En effet certaines banques imposent des
commissions aux marchands pour les paiements par cartes et ces
derniers ont tendance à répercuter les frais sur les clients, ce qui
constitue en soi une barrière au développement du paiement
marchand par cartes

Développer le marché de l’offre fournisseur de services de finance


digitale

Elargir le marché de la finance digitale à des acteurs non bancaires


et les Institutions de microfinance, ceci afin de faire valoir le jeu de
la concurrence et de l’innovation
Renforcer les capacités des acteurs de l’écosystème à travers des
formations sur la monétique et la finance digitale
Mettre en place un organe de Supervision de la Qualité des Services
Financiers (SQSF), en charge de façon générale de contrôler le
respect : des règles en vigueur dans le secteur financier, des plans
tarifaires et de la protection des consommateurs
LES FOURNISSEURS Sous réserve de résultats satisfaisants d’audits financier et
opérationnel et du respect du cadre juridique et règlementaire en
vigueur, donner à la MAURIPOST, dans le cadre du service universel
de la Poste, la possibilité de mettre en place une activité monétique
(réglementaire et technique), au même titre que tous les acteurs du
marché
Soutenir le développement des acteurs FINTECH (Finance
Technologique) en Mauritanie afin de promouvoir l’innovation
Favoriser le développement et l’adoption de solutions innovantes de
paiement, à moindre coût, tel que les applications pour mobile ou le

9
QR Code 
Promouvoir le développement de produits innovants ayant un
impact réel sur l’adoption de la finance digitale, à travers la mise en
place d’un concours «Awards de l’innovation» sur les
produits/services de finance digitale
Renforcer les capacités des réseaux internet mobile en mettant
l’accent sur la disponibilité et la qualité 
Demander aux opérateurs de téléphonie mobile (sous la superivison
de l’autorité de régulation) d’ouvrir l’accès à leur plateforme USSD
dans le cadre de la neutralité technologique des services de
télécommunications 
Formaliser progressivement les acteurs de transfert d’argent,
opérant actuellement dans l’informel, dans le cadre général de la
digitalisation des services de paiement de détail
Promouvoir et faciliter le développement des partenariats entre les
différents acteurs de l’écosystème des paiements de détails :
a) entre les différentes institutions financières elles-mêmes, b) entre
les institutions financières et les fournisseurs de solutions de
portemonnaie électronique, c) entre les fournisseurs de solutions de
paiement et les structures formelles détentrices de larges réseaux de
distributions (FMCG, Sociètés de transfert d’argent, etc…) pour la
promotion des produits qui repondent aux besoins des usagers (par
exemple des solutions : banque à portefeuille électronique,
possibilité de repayer un prêt/crédit via la monnaie électronique)

Moderniser l’infrastructure pour les moyens de paiement

Renforcer la couverture et la qualité des réseaux de


télécommunications 
Impliquer le Ministère de l’Emploi, de la Formation Professionnelle
et des Technologies de l’Information et de la Communication, en
charge de la mise en œuvre du projet WARCIP, dans la stratégie de
développement de la modernisation et de la digitalisation des
moyens de paiement 
Sous l’autorité de la Banque Centrale, mettre en place une
coopération avec l’autorité de régulation des télécommunications
INFRASTRUCTURE dans la stratégie de développement de la modernisation et de la
digitalisation des moyens de paiement  pour ce qui concerne le
développement du réseau
Héberger et superviser au sein du GIMTEL un centre de traitement
des incidents (incidents de transactions sur carte) avec des accords
de niveaux de relèves d’incidents (Service Level Agreement),
négociés entre banques 
Faire participer, de manière active, l’ensemble du système bancaire
au GIMTEL
Ouvrir la plateforme du GIMTEL à des fournisseurs de TPE autres
que Ingenico

Digitaliser les paiements des personnes vers les grands facturiers


et l’Etat

Mettre l’Etat au cœur du processus de digitalisation des paiements


de détail
Mettre à niveau les systèmes d’information et de gestion des grands
GRANDS FACTURIERS ET L'ETAT facturiers
Développer pour les grands facturiers des solutions de paiement
digitales « open » acceptant : la carte (TPE) et le mobile (mobile
money, les applications mobiles et le QR code)
Mettre à niveau les systèmes d’information et de gestion du Trésor
public
Interfacer le Trésor public au système de paiement national
Centraliser le système de gestion des différentes entités du Trésor
public

Mettre à niveau de cadre réglementaire sur les paiements digitaux

10
Mettre en place un cadre réglementaire sur la monnaie électronique
ouvert aux acteurs non bancaires et aux institutions de microfinance
Mettre en place un cadre réglementaire autorisant et encadrant
l’activité d’agents / détaillants distributeurs de services financiers
digitaux
Mettre en place un cadre réglementaire autorisant et encadrant
l’activité d’agents / correspondants, distributeurs de services
financiers bancaires (dépôt sur compte, retrait sur compte, transfert
REGLEMENTATION d’argent, …)
Adopter un outil ERP et créer une base de données des clients du
mobile money pour servir à la supervision de l’activité 
Créer une centrale des bases de données des clients bancaires,
microfinance et monnaie électronique

Créer un organe en charge du développement des paiements


digitaux

Mettre en place un Conseil National des Paiements (CNP) composé


de tous les acteurs concernés (BCM, Autorité de régulation des
DEVELOPPEMENT DE L'ECOSYSTEME télécommunications, banques, GIMTEL, ministère des finances, DGI,
Trésor, ministère des nouvelles technologies de l’information et de la
communication (NTIC), Opérateurs de télécommunications, etc…)
Définir dans le cadre du CNP une stratégie nationale de
développement de moyens de paiement électronique avec un
chronogramme des activités précis et une matrice de responsabilité
claire pour chaque partie prenante 
Créer un organe de Supervision de la Qualité des Services Financiers
Digitaux (Supervision de la Qualité des Services Financiers Digitaux)
hébergé au sein du CNP;

11
I. FLUX DE PAIEMENT DE DETAIL (G2P, P2G, B2P, P2B, P2P, D2P)

Tableau 2 : Grille des flux de paiement de détail


Les paiements du Gouvernement aux Personnes

Les paiements de la catégorie Gouvernement aux Personnes (G2P), regroupent les salaires des employés de la
fonction public et les pensions des retraités de l’Etat et concernent près de 125  000 personnes. Les paiements
recensés s’élèvent à 132,33 milliards MRO. Ils sont pour l’essentiel digitalisés et payés principalement par virement
(environ 99 % des paiements, en valeur). En effet la Mauritanie a adopté et mis en application le  DECRET n° 2000-02
du 15 janvier 2000 rendant obligatoire le paiement en monnaie scripturale de certaines créances sur l’Etat, les
collectivités locales et établissements publics. Ledit décret stipule en son article 2 : « le paiement par virement des
traitements, salaires et indemnités de toute nature, est obligatoire pour les dépenses supérieures ou égales à quinze
mille ouguiyas (15 000 MRO) ». Les seules dépenses de l’Etat en espèces (cash) recensées ici correspondent aux
bourses d’études allouées aux étudiants par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Il est à noter qu’il est prévu qu’à partir de 2018, que ces bourses soient payées sur un compte par virement.

Les paiements de Business à Business (B2B)

Cette section n’a pu être traitée faute de données sur les paiements au niveau du tissu économique  B2B: PME, PMI,
grands facturiers, opérateurs de téléphonie mobile et les banques.

Les paiements de Business à Personne (B2P)

Les paiements de la catégorie B2P correspondent : aux salaires payés aux employés par les entreprises du secteur
privé et les sociétés parapublics (ceux inscrits sous le régime de la convention collective du travail et qui dispose
d’une gestion autonome), les pensions des retraités du secteur privé, ainsi que les prestations sociales. Il ressort que
les paiements B2P recensés s’élèvent à 43,92 milliards MRO. Pour l’essentiel les paiements B2P sont digitalisés et
effectués principalement par virement pour une valeur de 43,36 milliards (environ 98,67% des paiements, en valeur).
Seule une faible proportion des paiements B2P demeure toujours payée en espèce (environ 1,23% des paiements en
valeur) et le chèque compte pour 0,07% des paiements en valeur.

Les paiements de Personne à Gouvernement (P2G)

Les paiements de la catégorie P2G recensés correspondent essentiellement : aux droits de timbres, les recettes
d’état civil et les cartes grises et le permis de conduire. Il apparait une prédominance des espèces (cash) dans les
transactions des personnes vers l’Etat, avec la totalité des paiements effectuée en espèces (cash) sur l’année 2016.
Les valeurs moyennes des transactions P2G se déclinent comme suit :
- Recettes de l’état civil (Extrait, Carte nationale d'identité et passeport) : 1340 (MRO) ;
- Carte grise et permis de conduire : 25 000 (MRO).
Ainsi les paiements P2G pourraient constituer une niche d’opportunité pour digitaliser les paiements au niveau de
l’Etat. De la même manière que les dispositions légales prises avec le DECRET n° 2000-02 du 15 janvier 2000 ont
permis une quasi digitalisation des paiements des salaires et autres indemnités payés par l’Etat, des mesures
similaires incitatives pourraient être prises dans le même sens pour la catégorie P2G.

12
Les paiements de Personne à Business (P2B)

Sont ici concernées, les transactions pour l’achat de biens de consommations et les services notamment : l’eau,
l’électricité, les télécommunications. Il est important de signaler qu’uniquement les grands facturiers ont été
analysés dans le cadre du présent diagnostic des paiements de détail eu égard aux flux importants des transactions
qu’ils agrègent et du nombre de personnes qui utilisent mensuellement leurs services. Il est à souligner, par ailleurs,
une absence de données statistiques sur les paiements des personnes aux petits commerces, PME et PMI et sur
l’informel qui constituent une proportion importante de la catégorie des paiements P2B. Le montant total des
paiements P2B s’élève ici à 104,01 milliards MRO. La grille de paiement fait ressortir que 98,2% des valeurs de
paiements P2B se font en espèce pour un total de 102,13 milliards (MRO). A l’analyse, il apparait que les grands
facturiers offrent une réelle opportunité de digitalisation des paiements tout en offrant la possibilité d’un impact de
masse au niveau de population. La digitalisation des paiements par les grands facturiers, sous réserve de mesures
d’accompagnements (mise à niveau des systèmes d’information et de gestion, disponibilité des infrastructures
réseaux, etc. …) pourrait servir de réel catalyseur à l’usage et à l’adoption des solutions de paiement digitalisées en
Mauritanie.

Les paiements de Personne à Personne (P2P)

Les paiements P2P concernent uniquement les transactions de transfert d’argent de personne à personne. Les
données recensées dans le cadre de la mission se composent essentiellement des mises à disposition au niveau des
banques et des transferts d’argent par mobile money. Le montant total des paiements P2P s’élève à 19,54 milliards
MRO. Les mises à disposition (cash à cash) constituent pour 98% des transactions en valeur et seulement 2% sont
opérées depuis et vers un portemonnaie électronique, (mobile money en mode, compte à compte). La proportion
des transferts d’argent de personne à personne qui est digitalisée est particulièrement faible. Par ailleurs les profils
d’utilisation des circuits formels de transfert d’argent ne sont pas les mêmes. En effet, les montants transférés de
personne à personne (cash à cash) à travers les mises à dispositions des banques sont assez élevés [240  000 (MRO) à
2 000 000 (MRO] en moyenne, contrairement au cas du mobile money ou ils ne dépassent guère 50  000 (MRO). Le
segment des paiement de détail P2P constitue un réel vivier / une grande opportunité pour la digitalisation des
paiements. En effet, selon les données du Global Findex sur l’inclusion financière pour la Mauritanie de 2014, 74,3%
des adultes (agés de plus de 15 ans) ont reçu au cours de l’année écoulée, des transferts d’argent en personne et en
espèce d'un parent ou d’ami vivant dans une région différente. Il est, par ailleurs, à souligner l’existence de circuits
parallèles et informels de transfert d’argent (cash à cash) très répandus en Mauritanie, très utilisés par les
populations, notamment pour l’envoi de petits montants et qui manifestement drainent d’importants flux financiers.
La vulgarisation des moyens de paiement digitaux au niveau des populations, ainsi que la densification des réseaux
d’accès des fournisseurs de services financiers, combiné au déploiement à grande échelle des réseaux d’acceptation
permettraient, le tout associé à une proposition de valeur attrayante, de capter/migrer vers le digital les flux
financiers très importants en circulation dans une économie du cash très informelle.

Les paiements de Bailleurs de fonds à Personne (D2P)

Ils couvrent exclusivement des transferts d’argent dans le cadre des programmes de filets sociaux en appui aux
populations démunies. Ces transferts monétaires se font principalement en espèces (cash). Des bailleurs tels que : Le
Programme Alimentaire Mondial, La Banque Mondiale, Action contre la faim ont eu à déployer des programmes du
type « cash transfer » en Mauritanie dans le courant de l’année 2016 touchant ainsi plus de 52 000 individus. En
2016, c’est près de 610 millions de MRO qui ont été distribués en espèces (cash) aux populations nécessiteuses
principalement en zones rurales. Des solutions innovantes peuvent être « designer » pour digitaliser les paiements
de transferts monétaires. En 2017, la Banque Mondiale s’est associée au GIMTEL dans le cadre du programme de
transferts sociaux ‘Tekavoul’ (Solidarité en Arabe) pour délivrer des «cash transfer» à des populations démunies en
zones rurales. Ces populations étaient équipées de cartes prépayées GIMTEL et de leur code PIN, et elles ont pu
grâce à des TPE réaliser les transactions pour percevoir leurs subventions. Ce genre d’initiative montre à bien à quel
point des populations mauritaniennes bien qu’illettrées peuvent s’adapter à l’outil digital.

13
II. UTILSATION DES MOYENS DE PAIEMENT DE DETAIL

II.1 Espèce, Chèque, Virement


Au niveau national, il apparait que les espèces constituent, le moyen de paiement le plus utilisé dans les échanges
entre acteurs économies en Mauritanie. Une analyse de l’ensemble des volumes de transactions, à la clientèle, au
niveau de 13 institutions bancaires sur les 16 banques que comptait la Mauritanie en 2016 (représentant au total
plus de 80% de part de marché en termes de nombre de clients) et la Poste, montrent que :

- les espèces constituent, en nombre, le moyen de paiement le plus utilisé par les acteurs économiques :
2,745 millions de transactions, pour une valeur de 1893 milliards (MRO) ;
- le chèque constitue le premier moyen de paiement scriptural utilisé avec 1,981 millions de transactions,
pour une valeur de 1148 milliards (MRO) ;
- le virement comptabilise 1,929 millions de transactions, pour une valeur de 1871 milliards (MRO) ;

Moyens de paiements de détail 2016

Transactions Caisse Valeur (Milliard MRO) 1 893


(Espèces /Cash) Nombre 2 745 147
Valeur (Milliard MRO) 1 148
Chèque (On-Us et Off-Us)
Nombre 1 981 153
Valeur (Milliard MRO) 1 871
Virements (On-us et Off-us)
Nombre 1 929 569
(Source  : Questionnaires de l’étude)
Tableau 3 : Flux des transactions au niveau du système bancaire

Au niveau interbancaire, le chèque représente, en valeur, 77% des échanges passés en compensation. Selon nos
échanges en bilatérales avec les différents acteurs, les chèques souffrent néanmoins d’un manque de crédibilité au
niveau des acteurs économiques du fait des incidents de paiement fréquents rencontrés avec ce moyen de
paiement. Ils sembleraient que les chèques ne soient acceptés en dehors du système bancaire que s’ils sont certifiés
ce qui est à l’encontre du principe de l’usage du chèque comme moyen de paiement. Il est donc important de
renforcer la crédibilité du chèque au niveau des systèmes de paiement à travers la mise en place des mécanismes de
contrôle et de supervision des incidents de paiement sur chèque, notamment par le biais d’une centrale des
incidents de paiements fonctionnelle. Les paiements par bon de virement semblent connaitre un recul, enregistrant
un repli de 3,6 % en valeur sur la période [2013 – 2016].

Valeurs traitées 2013 2014 2015 2016 Variation


en compensation [2013 – 2016]
Valeur Valeur Valeur Valeur
Nombr Valeur
Valeur Nombre (Milliards Nombre (Milliards Nombre (Milliards Nombre (Milliards
e
MRO) MRO) MRO) MRO)
Chèque
(exclus On-Us) 98 600 664,1 101 601 676,54 103 614 711,32 108 776 717,49 10% 8%

Traite 700 31,5 760 39,76 725 39,07 719 49,24 2,7% 56%

Bon de virement 24 000 165,0 23 571 166,69 21 420 161,07 19 095 158,94 -20% -3.6%

Monétique
Interbancaire  - -  -  -  - 7,15 - -
nationale
(Source  : BCM, rapport annuel 2016 _ pour les Chèques, Traite et Bon de virement)

Tableau 4 : Répartition des opérations de compense par type de moyens de paiement

14
Tableau 5 : Masse monétaire et ses composantes

II.2 La carte

En 2016, le taux d’équipement en carte de débit, relativement à la population bancarisée, est de l’ordre de 30%
(environ 120 000 cartes actives2 pour un total de 378 133 comptes en banque). Toutefois au niveau national
l’équipement en carte de débit demeure faible puisque moins de 6% de la population mauritanienne adulte (âgée de
plus de 15 ans) en est pourvue. L’équipement en carte prépayée est encore plus faible puisque moins de 1% de la
population mauritanienne adulte en dispose (environ 16 000 cartes prépayées). L’usage principal qui est fait de la
carte est le retrait au niveau des GAB (76 milliards de MRO en 2016). Les transactions de retrait interbancaire
comptent pour environ 9% (7,1 milliards MRO) de la valeur totale des retraits sur les GAB. L’utilisation de la carte
pour les paiements marchands demeure très faible est compte pour environ 3,47 milliards (MRO). Le paiement
internet est très peu vulgarisé avec environ 0,5 milliards (MRO). Toutefois l’utilisation de la carte prépayée pour le
paiement internet semble être plus répandue que celui de la carte de débit, vraisemblablement pour des raisons
liées aux risques plus élevés pour les paiements sur internet avec une carte liée à un compte en banque.

90

80 76.23

70

60

50

40

30

20

10
2.88
0.36 0.47 0.18
0
Cartes crédit: Cartes crédit: Cartes débit & Cartes prépayées: Cartes prépayées:
Transactions de Transactions de Cartes prépayées: Transactions de Transactions de
paiement paiement internet Transactions GAB paiement paiement internet
marchand marchand

Source : Données agrégées des 12 banques ayant répondu au questionnaire du diagnostic

Graphe 1 : Principales utilisation de la carte (valeur en milliards MRO)

2
Carte ayant effectué au moins une transaction depuis qu’elle a été émise (Source : GIMTEL)

15
3,000,000

2,570,654
2,500,000

2,000,000

1,500,000

1,000,000

500,000
157,304
7,050 14,169 9,895
0
Cartes de crédit: Cartes crédit: Cartes débit & Nombre de Cartes prépayées:
Transactions de Transactions de Cartes prépayées: transactions de Transactions de
paiement paiement internet Transactions GAB paiement paiement internet
marchand marchand

Source : Données agrégées des 12 banques ayant répondu au questionnaire du diagnostic

Graphe 2 : Principales utilisation de la carte (Nombre de transactions)

II.3 La monnaie électronique

Il n’existe pour l’heure pas de cadre réglementaire régissant l’activité d’émission de monnaie électronique.
L’opérateur de téléphonie mobile, Mauritel à travers son produit Mobicash, est le seul acteur non bancaire admis à
commercialiser une solution basée sur la monnaie électronique en partenariat avec la BCM (qui joue le rôle de
banque de cantonnement). Pour ce faire, Mauritel a bénéficié d’une autorisation provisoire délivrée par la BCM en
Avril 2013 et dont la validité finit en 2017. Mobicash est une solution de mobile money basée sur la technologie SMS,
qui permet de faire les opérations suivantes :

- Cash-In et Cash-Out ;
- Recharger le crédit téléphonique ;
- Transférer de l’argent ;
- payer des factures Mauritel.

Lancé en 2013, Mobicash a eu du mal à pénétrer le marché mauritanien, en témoigne le nombre de clients
enregistrés après quatre années d’activité, sans considérer le taux d’inactivité. Les deux services ayant connu un
développement sont le transfert d’argent et l’achat de crédit téléphonique. Mobicash connait un réel repli d’activités
depuis deux ans. Selon les managers de Mauritel, Mobicash est actuellement « un produit mort » qui rencontre de
réelles difficultés, notamment :

- Des problèmes techniques liés à la plateforme ;


- La culture du cash très imprégnée au sein de la société et des habitudes mauritaniennes ;
- La concurrence jugée déloyale, des acteurs du secteur informel proposant des services de transfert d’argent
chez l’agent en mode gré à gré « Over The Counter » et qui opèrent, pignon sur rue, sans être soumis à
aucune contraintes réglementaires (KYC, plafonds de transactions).

Une nouvelle équipe commerciale est en charge de relancer l’activité de Mobicash. Elle envisage de relancer le
produit sous une nouvelle appellation commerciale et en utilisant une nouvelle plateforme n’opérant pas sous SMS.

16
140,000 133,307
127,860
120,000

100,000

80,000

60,000

40,000 37,343
31,062

20,000

0
2013 2014 2015 2016
Source BCM
Graphe 3 : Evolution du parc d’abonnés Mobicash

500,000,000
450,000,000
400,000,000
350,000,000
300,000,000
250,000,000
200,000,000
150,000,000
100,000,000
50,000,000
0
2013 2014 2015 2016

Valeur des paiements des factures (MRO)


Valeur des achats Crédit Téléphonique (MRO)
Valeur des Transfert d'argent (MRO)
Source BCM

Graphe 4 : Activité commerciale de Mobicash

17
III. DEFIS ET RECOMMANDATIONS POUR LA DIGITALISATION DES PAIEMENTS DE
DETAIL

L’objectif de ce chapitre est de présenter les principaux défis au développement et à la vulgarisation de la


digitalisation des paiements de détails en RIM et de proposer des recommandations. Les défis ici présentés seront
explorés sous l’option d’une approche écosystème incluant les piliers que sont :

- Les clients (Population) ;
- Les réseaux de distribution ;
- Les fournisseurs ;
- L’infrastructure et l’Etat ;
- Les grands facturiers ;
- Le cadre réglementaire.

Politique et
Réglementation

Grands facturiers
Clients &
Etat
Développement
de l’écosystème

Réseaux de distribution Infrastructure

Fournisseurs

Diagramme : Ecosystème de la finance digitale

III.1 Les Clients (Populations)

La population mauritanienne est estimée en 2016 par l’ONS à environ 3,8 millions d’habitants, dont près de 57% est
âgée de plus de 15 ans. Selon l’ONS, en 2014 le niveau de pauvreté monétaire (proportion de la population disposant
de moins de 169 445 Ouguiyas par an soit environ 1$/jour) est estimée à 31%. Le taux de pauvreté extrême s’élève
à 16,6% de la population du pays (proportion de la population vivant en dessous du seuil d’extrême pauvreté qui
est fixée en 2014 à 126 035 Ouguiyas, moins de 1$). Les différentes régions du pays ne sont pas logées à la même
enseigne en termes de niveau de pauvreté. L’ONS classe les wilayas (régions) en quatre principaux groupes :

- Les wilayas très pauvres avec un taux de pauvreté supérieur à 40% de la population : le Guidimagha, le
Tagant, l’Assaba et le Brakna ;
- Les wilayas assez pauvres avec des indices de pauvreté compris entre 30% et 40% de la population : Hodh El
Gharbi, Gorgol, Adrar et Trarza ;
- Les wilayas où le taux de pauvreté est compris entre 20% et 30% de la population: Hodh El Chargui et Inchiri;
- Les wilayas où le taux est inférieur à 20% de la population : Tirs Zemmour, Nouadhibou et Nouakchott.

18
Image 1 : Incidence géographique de la pauvreté par Wilayas en 2014 (Source ONS)

Selon l’ONS, le tableau ci-dessous montre que pour éradiquer la pauvreté au niveau national, il faudrait augmenter
la dépense annuelle moyenne d’un pauvre de 51 000 (MRO). Pour un habitant de Guidimagha il faudrait un transfert
de 64 800 (MRO) et pour celui de Tirs Zemmour, il devrait être 22 600 (MRO).

Tableau 6 : Intensité moyenne et transfert moyen pour un pauvre selon les wilayas

Il est important de noter ici que bien que démunis, les populations pauvres effectuent des transactions et épargnent.
En effet, les résultats de l’enquête du Global Financial Inclusion (Global Findex) sur l’inclusion financière, pour la
Mauritanie de 2014, montre que parmi les 40% des adultes (agés de plus de 15 ans) pauvres 3:
- 44,1% ont emprunté de l’argent au cours de l’année écoulée ;
- 30,1% ont emprunté de l’argent au cours de l’année écoulée auprès de la famille ou des amis ;
- 45,5% ont reçus des transferts d’argent domestique au cours de l’année écoulée ;
- 31,8% ont épargné de l’argent au cours de l’année écoulée ;
- 10,9% ont épargné pour démarrer, développer une activité génératrice de revenu.
- 13% ont payé des frais de scolarité pour leurs enfants.

3
Le seuil de pauvreté fixé par l’enquête du Global Findex, pour la Mauritanie, de 2014 porte sur 2$/jour

19
La structure des dépenses moyennes des ménages a changé entre 2008 et 2014. En effet, on note entre 2008 et
2014, une diminution de la part de la dépense alimentaire qui passe de 57,8% à 47,9% (liée à la subvention de
l’Etat aux prix des denrées alimentaires les plus consommées par les ménages) et une augmentation des dépenses
allouées à l’éducation et à la santé. Les parts de l’éducation et de la santé sont respectivement de 5,4% et 4,8% en
2014 contre 1% et 3,8% en 2008. En 2014, le taux brut de scolarisation au niveau de l’enseignement fondamental a
atteint 76,8% au niveau national et celui de l’enseignement secondaire a enregistré une hausse de 13,5 points
passant ainsi de 30,5% en 2008 à 44,0% en 2014.

La plupart des dépenses des ménages se font en espèces (cash). L’espèce (cash) constitue le principal concurrent à la
digitalisation des paiements de détail en Mauritanie. En effet, au travers des séances de travail en bilatérale, les
principaux acteurs rencontrés ont mentionné que la culture du cash est très ancrée au sein de la société
mauritanienne. Toujours d’après les échanges en bilatérales, il ressort qu’une partie de la population est réfractaire
à la banque conventionnelle pour des considérations religieuses (l’intérêt/l’usure) et que le taux de bancarisation a
connu une progression significative depuis l’avènement des banques à caractère islamique. En effet, En 2012, la BCM
a mis en place de réformes afin d'offrir un nouveau cadre juridique spécifique aux produits de la finance islamique.
La Mauritanie comptait en 2016, 16 banques, dont 5 à caractère islamique. Ces deux informations montrent, si
besoin en est, que la composante sociétale et culturelle joue un rôle déterminant dans l’adoption des services
financiers et que par conséquent il est important de pouvoir en appréhender les caractéristiques. Des études
quantitatives menées sur la population, notamment l’Enquête Permanente sur les Conditions de Vie des ménages
(EPCV) menée par l’ONS en 2014 et qui traite de la pauvreté, l’éducation, la santé et l’emploi  ; ainsi que les données,
de la banque mondiale de l’enquête du Global Financial Inclusion (Global Findex) sur l’inclusion financieère, pour la
Mauritanie de 2014, permettent d’appréhender certaines des caractéristiques de la demande de la population
mauritanienne en termes de services financiers. Par ailleurs, il existe une certaine appréhension des populations vis-
à-vis des banques et d’aucuns considèrent qu’ils ne sont pas assez riches pour avoir un compte en banque et
d’autres voient le secteur bancaire comme risqué eu égard à divers incidents survenus dans le secteur bancaire. En
2007 La BACIM BANK est rachetée par ORABANK, en 2013 la GBM faisait face à des difficultés et en 2015, la BCM
annonçait, le retrait de l’agrément de la banque islamique Maurisbank, qui a vu le jour en 2013. Pour espérer un
succès de la modernisation des moyens de paiement de détail, il serait souhaitable que la stratégie visant à
promouvoir le développement de la finance digitale en Mauritanie soit définie selon une approche/démarche
centrée sur le client « customer centric ». Dans cette optique la composante tarification des services de finance
digitale devra être traitée avec une attention toute particulière vu le niveau de pénétration de la pauvreté au niveau
de la population.

1. Recommandations : Recherche client et éducation financière inclusive

- Conduire une étude/recherche quantitative et qualitative sur la cartographie de la demande et de l’usage


des services financiers et digitaux par les populations qui mettrait l’accent sur les besoins et les aspirations
des populations. Cette étude pourra mettre l’accent sur les déterminants/ les freins à la vulgarisation de la
finance digitale en Mauritanie.
- Sur la base des résultats de la recherche sur les clients, mener des campagnes d’éducation financière
inclusive visant promouvoir la bancarisation et l’usage des moyens de paiement digitaux. La campagne
d’éducation financière devra également veiller à créer/rétablir la confiance des populations envers le secteur
financier en général et les banques conventionnelles en particulier.
- Accorder une attention toute particulière à la transparence et à la comparabilité des services / produits de la
banque et de la finance digitale, pour une plus grande vulgarisation de l’usage des moyens de paiement
modernes.

20
III.2 Les réseaux d’accès aux services financiers

Les agences

La densité du réseau d’accès aux services financiers (agences) est à l’image de la densité géographique de la
population mauritanienne. En effet le pays comptait en 2016, 16 banques pour un total de 206 agences. La même
année, au niveau national, les densités moyennes d’accès au système financier se déclinaient comme suit :

- Densité des agences bancaires : 5,4 agences / 100 000 habitants, soit [9,6 agences / 100 000 adultes]
- Densité des agences IMF : 3,1 agences / 100 000 habitants, soit [5,4 agences / 100 000 adultes]
- Densité des agences de la Poste : 0,8 agences / 100 000 habitants, soit [1,5 agences / 100 000 adultes]

Ces chiffres de densité bancaires en progression sont encourageant comparativement aux moyennes en Afrique
subsaharienne mais inférieur au plan mondial, en 2015 :

- Densité des agences bancaires : 4,7/100 000 adultes (Afrique subsaharienne) ;


- Densité des agences bancaires : 12,5/100 000 adultes (au niveau mondial)

Graphe 5 : Densité mondiale de succursales bancaires / 100 000 adultes (Source : Banque Mondiale)

Les Guichets Automatiques de Banques (GAB)

En 2016, il y avait 305 GABs au niveau de la Mauritanie (dont 250 interconnectés au réseau du GIMTEL). La densité
moyenne de terminaux GAB se déclinait comme suit :

- Densité GAB : 8,1 GAB / 100 000 habitants, soit [14 GAB / 100 000 adultes]

Ces chiffres sont supérieurs aux moyennes en Afrique subsaharienne, mais largement inférieurs au plan mondial, en
2015, comme décrit ci-dessous :

- Densité GAB : 6,23/100 000 adultes (moyenne Afrique Subsaharienne)


- Densité GAB : 40/100 000 adultes (moyenne mondiale)

En 2016, les réseaux de GABs des 12 banques considérées dans l’étude ont traité près de 2,57 millions de
transactions pour une valeur totale de 76,23 milliards de MRO, soit une moyenne de 29 655 MRO par opération de
retrait. En moyenne chaque terminal GAB a traité près de 10 711 transactions par année.

21
Graphe 6 : Densité mondiale de GAB / 100 000 adultes (Source : Banque Mondiale)

Les Terminaux de Paiement Electronique (TPE)

Le réseau de TPE est quasi inexistant. En effet, en 2016, il y avait au total 97 TPEs pour l’ensemble de la Mauritanie.
La densité moyenne de TPE par habitant est de :

- Densité TPE : 2,6 TPE / 100 000 habitants, soit [4,5 TPE / 100 000 adultes] ;

Les TPE interconnectés au réseau du GIMTEL ont traité en 2016, 5580 transactions pour une valeur d’environ
798 millions de MRO, soit une moyenne de 143 000 MRO par transaction de paiement. Il est a noté que seul 5% des
paiements sur TPE (en valeur) sont effectués avec des cartes locales non brandées visa, ni MasterCard.

La faible vulgarisation des paiements par TPE s’explique par :

- Le faible taux de bancarisation ;


- Le faible demande : le taux d’équipement en cartes est faible (moins de 5,4% de la population adulte en
2016) ;
- La disponibilité réduite de la couverture des réseaux de téléphonie mobile (GSM, GPRS, 3G) ;
- Le coût élevé des TPE qui sont de 236 000 (MRO) soit : 200.000 (MRO) Hors Taxes + 36000 (MRO) (licence et
application) ;
- La fiscalité élevée sur les cartes (de l’ordre de 45%) ;
- La fiscalité élevée sur les TPE.

La couverture géographique

Les densités moyennes d’agences, de GAB et de TPE cachent de grandes disparités. En effet, le réseau d’accès
bancaire est concentré dans quelques wilayas (régions), souvent des pôles économiques (Nouakchott, Nouadhibou,
Tirs Zemour) laissant certaines zones peu couvertes (Hodh El Gharbi, Gorgol, Hodh Ech Chargui, Guidimaka). Ces
quatre régions disposent chacune d’une population supérieure à 280 000 habitants et sont les plus impactées par la
pauvreté. Par ailleurs, à l’exception de la région de Trarza, les zones de forte densité bancaire semblent
correspondre aux régions disposant d’une représentation de la BCM, puisque la banque centrale dispose d’agences
dans les régions de Nouakchott, Nouadhibou, Tirs Zemour (à Zouérate) et Trarza (à Rosso). Dans les zones les plus
densément couvertes, la densité des banques ou des institutions de microfinance ne dépassent pas 20 agences pour
100 000 habitants. La Poste qui dispose d’un réseau de 32 agences actives est présente dans toutes les Wilayas.

22
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Adrar

Nouadhibou

Tirs Zemour

Tagant
Hodh El Gharbi

Inchiri
Assaba

Brakna

Hodh Ech Chargui


Guidimaka

Trarza

Nouakchott
Densite banque (agence/100 000 habitants) Densite IMF (agence/100 000 habitants)
Densite Mauripost (agence/100 000 habitants) Densite TPE (TPE/100 000 habitants)
Intensités moyennes de la pauvreté en % de la population (2014)
Source  : BCM, Mauripost et données ONS

Graphe 7 : Densité de l’accès aux services financiers (agences, GAB, TPE) par Wilayas (Régions) _ 2016

2. Recommandations : Développer le réseau d’accès aux services financiers et le réseau d’acceptation marchand

Les réseaux de distribution/accès aux services financiers et d’acceptation marchand demeurent sous-développés en
Mauritanie, pourtant ils constituent l’épine dorsale en matière de finance digitale. Pour permettre la digitalisation
des paiements, des mesures d’accompagnement peuvent être prises, notamment :

- Définir une réglementation au niveau bancaire permettant aux banques et aux institutions de microfinance
de s’appuyer respectivement sur des correspondants bancaires (voire intermediaires en opérations de
banque avec une structuré allégée) ou des agents, afin de couvrir les zones « vides » et de densifier le réseau
d’accès, à moindre coût tout en rentabilisant plus facilement les investissements ;
- Définir une réglementation sur la monnaie électronique autorisant et encadrant l’activité des agents ;
- La non taxation douanière des TPE et des cartes pendant quelques années (le temps de développer le
marché), afin de réduire les coûts d’acquisition du matériel et d’équiper suffisamment la population en
cartes à des prix abordables ;
- Impliquer l’autorité de régulation télécommunications, afin de s’assurer d’une couverture plus étendue du
territoire en réseaux 2G, 3G, mais également de meilleure qualité ;
- Mettre en place des mesures rendant gratuites les transactions de paiement marchand au niveau des TPEs.
En effet certaines banques imposent des commissions aux marchands pour les paiements par cartes et ces
derniers ont tendance à répercuter les frais sur les clients, ce qui constitue en soi une barrière au
développement du paiement marchand par cartes.

23
III.3 Les Fournisseurs

En Mauritanie, la finance digitale en est aux balbutiements de sa phase de lancement. L’écosystème du côté de
l’offre est caractérisé par :

- L’absence de cadre règlementaire ;


- Une absence de transparence et de comparabilite des produits/services ;
- Un développement des services de téléphonie mobile ;
- Des opérateurs de téléphonie mobile et des banques intéressés par la finance digitale mais incertains pour
ce qui est de la rentabilité de l’activité ;
- Un réseau de petites banques commerciales ;
- Des produits du secteur formel adressant principalement les besoins des populations à revenus élevés ;
- Une forte emprise du secteur informel dans les transactions de personne à personne et de personne à
business.

Les banques

Le paysage bancaire de la Mauritanie a progressé de quatre banques sur une période de six années comme le
montre le graphe ci-dessous. La Mauritanie comptait en 2016, 4 banques par million d’habitants. Le secteur bancaire
est à la fois fortement fragmenté et concentré. Compte tenu de la taille modeste de l'économie formelle, il y a peu
de diversification de l’offre et la concurrence est concentrée sur un petit nombre de clients. La structure des crédits à
l’économie se caractérise par une domination des prêts aux ménages sur ceux au secteur privé (graphe  : Répartition
du portefeuille crédit des banques). Malgré l’augmentation du nombre de banques ces dernières années, la
concentration demeure élevée : cinq banques contrôlent 58 % du total des crédits et 71 % des dépôts, toutes les
autres banques sont petites, peu rentables, et ont peu de possibilités de se développer et de gagner des parts de
marché (Source : Rapport du FMI No. 16/115 sur la Mauritanie). En témoigne la petite taille du portefeuille de clients
des banques (voir tableau 7 du paysage bancaire ci-dessous). Dans ce contexte, pouvoir déployer des solutions de
banque à distance en s’appuyant sur la finance digitale, apparaitrait pour les banques de petites tailles, comme une
réelle opportunité pour gagner de nouveaux parts de marché, de réduire les coûts de déploiement de leurs réseaux
et d’améliorer leur rentabilité.

18

16

14

12

10

0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Graphe 8 : Evolution du nombre de banques en Mauritanie

24
Sur la base des questionnaires reçus de la part des banques, dans le cadre de l’étude, en Août 2017, le paysage
bancaire de la Mauritanie se composait comme suit :

Banque Comptes chèque Agences GAB


BMCI 93 267 38 43
BNM 42 479 32 30
BEA 30 029 8 5
SGM 28 556 11 25
ABM 26 871 24 29
BAMIS 25 781 10 37
ORA BANK 16 585 - 17
NBM 12 394 - 5
BMS 11 903 16 22
CHINGUITTY BANK 11 250 5 6
BIM 3 803 4 4
BCI 19 8474 15 17
GBM
QNB
BPM
BFI
IBM
BMI Agréée en 2016
Source : Questionnaires de l’étude
Tableau 7 : Paysage bancaire de la Mauritanie en Aout 2017 (sauf indication contraire)

Source : Rapport du FMI No. 16/115 sur la Mauritanie

Graphe 9 : Répartition du portefeuille crédit des banques (Juin 2015)

A l’exception de Mauritel, qui dispose d’une autorisation provisoire pour exercer l’activité de distributeur de
monnaie électronique sous le couvert d’une institution financière, seules les banques sont habilitées à proposer des
produits de finance digitale à la population. Ainsi, à l’image du taux de bancarisation, l’offre de services de finance
digitale est peu vulgarisée et diversifiée se résumant aux produits de première génération que sont :

- Cash-In ;
- Cash-Out , Retrait GAB ;
- Transfert d’argent (via mobile money, via GAB) ;
- Paiement de factures (accessoirement).

4
Nombre de clients en Juin 2015

25
Sur le plan tarifaire, il existe un certain manque de transparence au niveau des banques. En effet, certaines banques
ne semblent pas se conformer à la tarification en vigueur au niveau des transactions par virement et par cartes. Ci-
dessous sont listées un certain nombre d’écarts identifiés :

- Facturation au client en cas de virement au sein de la même banque ;


- Facturation au client en cas de transaction de paiement (chez un marchand) par carte de débit ou carte
prépayée au sein des banques membres de GIMTEL ;
- Facturation au client en cas de retrait sur le réseau GAB de la même banque ;
- Facturation au client de la transaction de retrait sur le réseau GAB des autres banques de la place d’un
montant supérieur aux tarifs négociés avec GIMTEL (Tarif pratiqué par le GIMTEL : 100 MRO +1% de la
somme retirée).

Par ailleurs, Il ressort des entretiens en bilatéral qu’au niveau des ressources humaines des fournisseurs de services,
il y aurait un manque de compétences sur la monétique, les systèmes de paiement et la finance digitale.

La Société Mauritanienne des Postes (Mauripost)

La Mauripost est une société parapublic qui a été créée en 1999 et dispose en 2017 de près de 12  000 comptes
d’épargne. La Mauripost est présente sur l’ensemble des wilayas (régions) du pays, notamment dans des localités
desservies ni par les banques, ni par les institutions de microfinance. La Mauripost dispose d’un réseau de 32
agences et 33 points de services gelés car inactifs selon le modèle classique d’agences. Toutefois le foncier sur lequel
repose les 33 agences gelées existe et appartient à la Poste. La Mauripost dispose d’un système d’information et de
gestion centralisé qui tourne sous Oracle et toutes les agences sont interconnectées soit par liaisons Asymmetric
Digital Subscriber Line (ADSL) ou via la 3G. Ainsi tout client de la poste peut effectuer ses opérations de guichet
auprès de n’importe quelle agence sur le territoire de la Mauritanie et les écritures comptables se feront sur un
système centralisé en temps réel. Mauripost a entamé des discussions avec la Poste de Tunisie pour le déploiement
d’une solution de paiement mobile basée sur la monnaie électronique (sous réserve d’en obtenir l’autorisation de la
part de la BCM.)

La téléphonie mobile

Trois opérateurs de téléphonie mobile (OTM) exercent en Mauritanie dans le cadre de licences d’exploitation 2G et
3G attribuées par l’autorité de régulation. Ainsi, le secteur de la téléphonie connait un taux de pénétration de près
de 101% en 2015, soit 3 642 919 abonnés actifs5. En 2016, l’ARE a entrepris un vaste projet de fiabilisation de la base
de données des opérateurs de téléphonie mobile en prenant décision d’interdire aux opérateurs de téléphonie
mobile d’activer sur leurs réseaux, des cartes SIM/USIM dont les utilisateurs ne sont pas identifiés et de procéder à
leur suspension à partir du 1er juillet 2016. La désactivation des puces dont les détenteurs ne sont pas
identifiés revêt une grande importance, à la fois dans une perspective «de gestion rationnelle des ressources en
numérotation et en matière de sécurité publique». La fiabilisation constitue également un élément crucial pour le
développement des solutions de finance digitale via le mobile (mobile money).

5
Selon l’ARE un abonné actif est celui qui a utilisé le système au moins une fois au cours des six derniers mois

26
Source : ARE, Rapport annuel 2015

Graphe 10 : Evolution du nombre d’abonnés à la téléphonie mobile

Depuis l’interconnexion de la Mauritanie au câble sous-marin en 2012, et l’augmentation de la bande passante vers
l’international, l’internet mobile a connu une progression accélérée passant de 131  510, à 1 173 619 abonnés en
2015, soit une croissance annuelle moyenne de près de 50%. Toutefois, la couverture du territoire sur la 3G n’est
que partielle puisse que les 13 capitales régionales sont couvertes mais le réseau n’est disponible que sur 20 des 52
départements.
1,400,000
1,200,000
1,000,000
800,000
600,000
400,000
200,000
0
2012 2013 2014 2015

Abonnés internet Abonnés internet mobile (3G, GPRS, EVDO et CDMA_1X)

Source : ARE, Rapport annuel 2015

Graphe 11 : Evolution du nombre d’abonnés Internet

Bien que la progression du nombre d’abonnés à la téléphonie mobile et à internet mobile soit remarquable, la
qualité des réseaux des OTM n’est pas au rendez-vous des normes de QoS 6 imposées par l’ARE dans le cahier des
charges des opérateurs. En 2016, l’ARE a mis en demeure les trois OTM, suite aux missions d’audit sur la QoS des
réseaux 2G et 3G des opérateurs de téléphonie mobile, au cours desquelles des manquements ont été notés dans
plusieurs villes et localités.

6
Quality of Service

27
Image 2 : Couverture territoriale de opérateurs de téléphonie mobile (Source : ARE 2015)

Source : ARE (2015)


Graphe 12 : Benchmark du taux de pénétration de l’internet mobile (2015)

Le niveau de pénétration d’internet mobile renseigne sur le taux d’équipement de la population en appareils mobiles
compatibles internet (smartphones et featured phones), ouvrant ainsi la voie à tout un éventail de possibles en
termes de potentiel d’innovation et de développement de solutions de paiement digitales « SIM agnostic »,
notamment : les applications, le QR code etc …

Au regard du potentiel du marché de la finance digitale, notamment pour ce qui concerne d’une part les revenus
directs (augmentation des transactions/clients, optimisation de la structure des coûts, augmentation des
transactions du type « electronic-only ») et d’autre part les revenus indirects (réduction des coûts de vente pour les
crédits téléphoniques achetés par mobile money, fidélisation client et réduction du taux de churn), la majorité des
OTM ont eu à magnifier leur expression de besoin à la BCM pour exercer l’activité de mobile money.

28
Les acteurs opérant dans l’informel

Les acteurs du transfert d’argent

Il existe en Mauritanie des acteurs de transfert d’argent agissant dans le secteur informel et qui ont pignon sur rue.
Selon l’avis de l’ensemble des acteurs rencontrés lors de réunions bilatérales, ces acteurs informels serviraient de
canaux de transfert d’importantes sommes d’argent (cash à cash) journalièrement. Cette niche de transfert d’argent
est une réelle opportunité de digitaliser les paiements de détail. Ces solutions de transfert d’argent informelles
seraient très utilisées par la population pour leur : forte capillarité, disponibilité et liquidité. Ils constitueraient ainsi
de véritables concurrents aux acteurs du secteur formel dans la mesure où ils ne sont soumis à aucune règle de
contrôle de leur activité. Par ailleurs, en analysant les commissions perçues par ces acteurs de l’informel pour des
transferts d’argent, il apparait qu’ils sont en moyenne deux fois plus chers que leurs contreparties opérant dans le
formel, notamment pour ce qui concerne :
- Les mises à dispositions de certaines banques ;
- Les mises à dispositions de Mauripost ;
- Le service de transfert d’argent de Mobicash.

Les marchands

L’économie marchande informelle est très développée en Mauritanie dans les transactions de Personne à Business
et de Business à Business. Le secteur informel (hors agriculture) emploi plus de 322 542 individus, soit 46,8% de la
population active occupée (source ONS: Enquête situation de l’emploi du secteur informel _ 2012). Selon cette
étude, les unités de production industrielle (UPI) dans l’informel sont principalement les activités de commerce
(54,3%) et les activités de transformation (15%). La plupart des marchands dans cette économie informelle évite
toutes formes de traçabilités de leurs transactions financières pour échapper à la fiscalité. Bien que L’article 96 du
code du commerce précise : « Entre commerçants et pour faits de commerce, tout paiement d’une valeur supérieure
à cent mille ouguiyas (100 000 ouguiyas) doit avoir lieu par chèque barré ou par virement », cette loi n’est que peu
appliquée.

3. Recommandations : Développer le marché de l’offre fournisseur de services de finance digitale

- A l’instar de certaines banques centrales des pays de la sous-région et d’Afrique de l’Est où l’activité de
finance digitale s’est beaucoup développée, la BCM pourrait élargir le marché à des acteurs non bancaires et
les Institutions de microfinance, ceci afin de faire valoir le jeu de la concurrence et de l’innovation.
- Renforcer les capacités des acteurs à travers des formations sur la monétique et la finance digitale.
- Mettre en place un organe de Supervision de la Qualité des Services Financiers (SQSF), en charge de façon
générale de contrôler le respect : des règles en vigueur dans le secteur financier, des plans tarifaires et de la
protection des consommateurs.
- Sous réserve de résultats satisfaisants d’audits financier et opérationnel et du respect du cadre juridique et
règlementaire en vigueur, donner à la MAURIPOST, dans le cadre de sa mission du service universel, la
possibilité de mettre en place une activité monétique (réglementaire et technique), au même titre que tous
les acteurs du marché.
- Soutenir le développement des acteurs FINTECH en Mauritanie afin de promouvoir l’innovation.
- Favoriser le développement et l’adoption de solutions innovantes de paiement, à moindre coût, tel que les
applications pour mobile ou le QR Code.
- Promouvoir le développement de produits innovants ayant un impact réel sur l’adoption de la finance
digitale, à travers la mise en place d’un concours «Awards de l’innovation» sur les produits/services de
finance digitale.
- Créer un incubateur technologique afin de promouvoir et d’accompagner le développement des fintech.
- Renforcer les capacités des réseaux de téléphonie mobile et de l’internet mobile en mettant l’accent sur la
disponibilité et la qualité.
- Demander aux opérateurs de téléphonie mobile d’ouvrir l’accès à leur plateforme USSD dans le cadre de la
neutralité technologique des services de télécommunications.

29
- Formaliser progressivement les acteurs de transfert d’argent, opérant actuellement dans l’informel, dans le
cadre général de la digitalisation des services de paiement de détail.
- Mettre en œuvre des mesures pour une application effective de l’article 96 du code du commerce.

III.4 L’infrastructure

Les infrastructures des réseaux de télécommunications

Les infrastructures ont connu un développement prometteur en Mauritanie ces dernières années. En 2012, grâce au
projet de câble sous-marin déployé le long de la façade atlantique de l’Afrique dénommé Africa Coast to Europe
(ACE), la Mauritanie se connecte à la fibre optique, lui offrant ainsi l’accès à une bande passante internet pouvant
atteindre jusqu’à 40Go. Malgré cette énorme capacité, la Mauritanie ne peut pas en tirer profit pleinement car la
connectivité reste entravée par l’absence d’un réseau de fibres optiques dans le pays. A part quelques tronçons
établies par l’opérateur Mauritel (Nouakchott – Nouadhibou, Nouakchott-Aleg-Kiffa et Aioun-Néma) et d’autres
entreprises non opérateurs (SNIM, SOGEM, SOMELEC), le reste du pays n’est pas équipé de fibres optiques. Ceci
constitue un réel frein au développement de la digitalisation de l’infrastructure des paiements de détail au niveau
national. Pour combler ce déficit, la Mauritanie a intégré le programme régional de connectivité internet en Afrique
de l’Ouest (WARCIP). Ce projet, d’une durée de 18 mois, dont le lancement est effectif depuis Septembre 2017 est le
fruit d’un co-financement de 51 Millions de Dollars $ réparti entre :

- la Mauritanie : 2 Millions de $ US ;


- la banque mondiale : 30 Millions de $ US ;
- la Banque Européenne d’Investissement (BEI) : 19 Millions $ US.

L’objectif du projet WARCIP est d’accroitre la couverture géographique des réseaux à bande passante de grande
capacité et de diminuer les coûts des services de communications sur le territoire de la République Islamique de
Mauritanie. Le projet WARCIP va permettre de déployer la fibre optique avant fin 2019 sur les tronçons ci-dessous :

- Nouakchott-Atar-Choum (531 km) ;


- Rosso-Boghé-Kaédi-Sélibaby-Kiffa (723 km);
- Interconnexion transfrontalière vers le Mali (53 km) ;
- Aioun-Nema (280 km) ;
- Boucle locale de Nouakchott.

Image 3 : Tracé des tronçons de fibre optique du projet WARCIP

30
Groupement Interbancaire Mauritanien des Transactions Electroniques (GIMTEL)

Le GIMTEL est un groupement d'intérêt économique créé sous l’impulsion de la BCM pour mutualiser les
investissements liés à la monétique et pour favoriser l’interbancarité. Seuls les établissements de crédit, institutions
financières ou organismes les représentants opérant en Mauritanie, peuvent demander leur adhésion au
Groupement. Le GIMTEL compte en Août 2017, dix-huit (18) membres y compris la BCM et Mauripost (la poste
n’ayant pas encore accepté la solution délégataire du GIMTEL). Parmi les 18 membres du GIMTEL, 16 banques de la
place sont opérationnelles. Deux banques (Banque Nationale de Mauritanie et la Société Générale Mauritanie) ne
sont pas encore membres de GIMTEL et donc ne participent pas à l’interbancarité. A ce sujet, la BCM a transmis des
injonctions aux deux banques précitées pour une affiliation au GIMTEL dans les meilleurs délais. Le GIMTEL a pour
objectif d’offrir une monétique par délégation pour les établissements de crédit n’ayant pas les leurs propres, de
mettre en œuvre l’interopérabilité des cartes et de développer l’infrastructure en GAB et TPE. Trois banques
mauritaniennes utilisent actuellement la solution délégataire du GIMTEL. Le GIMTEL assure l’interface avec VISA et
Mastercard, fournit des services de personnalisation des cartes et de surveillance des GAB, ainsi que le réseau
technique pour l’interopérabilité entre les GAB/DAB en interconnectant les banques membres. Une compensation
est aussi assurée par la solution du GIMTEL, les soldes de compensation étant réglés sur les comptes des participants
à la BCM. Le GIMTEL est l’acquéreur unique sur les TPEs. De même pour les TPEs, toute carte interbancaire émise par
une banque membre de GIMTEL peut faire un paiement sur le TPE d’un quelconque commerçant (sous réserve que
la banque accepteur soit membre du GIMTEL). Toute transaction qui passe sur GIMTEL répond aux standards de
sécurité7 et bénéficient d’un monitoring continu des opérations suspectes. La viabilité du modèle économique du
GIMTEL est en jeu sans une stratégie nationale de développement des paiements électroniques impliquant la
participation active de tous les acteurs du système financier. L’activité enregistrée au niveau du GIMTEL est passé sur
les 5 dernières années de :

- Transactions de retrait interbancaire : de 119 400 transactions en 2012, à 330 787 en 2016 ;
- Valeur : de 2,9 milliards MRO en 2012 à 7,1 milliards MRO en 2016 ;
- Transactions de paiement : 5580 transactions de paiement pour un montant de 798 millions MRO (pour
2016).

Ces volumes d’activité bien qu’encourageant et ayant plus que doublé sur 5 ans sont toujours insuffisants pour
assurer la pérennité du GIMTEL, dont la structure de facturation sur les retraits interbancaires est de : 100 MRO
+1%*(Montant retiré). Par ailleurs toutes les banques en Mauritanie ne sont pas membres du GIMTEL et ne
participent donc pas à l’interbancarité. Dans la poursuite de ses actions pour développer les systèmes de paiement
en Mauritanie, le GIMTEL a signé deux accords structurants pour la digitalisation de l’écosystème des paiements
marchands, notamment :

- un accord avec Union Pay International (UPI) lui permettant de devenir un acquéreur et un fournisseur de
services de traitement UPI aux institutions financières en Mauritanie ;
- un accord avec MasterCard lui permettant d’offrir la solution Masterpass QR aux fournisseurs de services.

Le système de monétique national peine de plusieurs maux. Sur le paiement marchand, la plateforme du GIMTEL
n’est pour l’heure compatible qu’avec les TPE du fournisseur Ingenico. Ceci constitue un frein au développement du
réseau d’acceptation et à la libre concurrence sur ce marché qui permettraient de réduire les coûts d’acquisition du
matériel. De plus, il existe une absence d’un centre de gestion des réclamations client pour les incidents sur les
transactions de retrait au niveau des GAB des banques confrères, membres de GIMTEL. En effet, lorsqu’un client
d’une banque A effectue un retrait sur le réseau GAB d’une banque B, autre que sa banque d’appartenance et que
par la survenue d’un incident son compte est débité alors que le client n’a pas pu disposer des espèces, alors la
gestion des réclamations se fait en bilatérale entre banques et il est courant qu’il s’écoule plusieurs mois avant que
le client ne recouvre ses fonds.
7
EMV, 100% des transactions sont online, conformité à la norme PCI-DSS.

31
4. Recommandations : Moderniser l’infrastructure des moyens de paiement
- Renforcer la couverture et la qualité des réseaux de télécommunications.
- Impliquer le Ministère de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et des Technologies de l’Information, en
charge de la mise en œuvre du projet WARCIP, dans la modernisation des moyens de paiement.
- Impliquer l’autorité de régulation des télécommunications dans la stratégie de développement, de
modernisation et de digitalisation des moyens de paiement.
- Héberger et superviser au sein du GIMTEL un centre de traitement des incidents (incidents de transactions
sur carte) avec des accords de niveaux de relèves d’incidents (Service Level Agreement), négociés entre
banques.
- Faire participer, de manière active, l’ensemble du système bancaire au GIMTEL.
- Ouvrir la plateforme du GIMTEL à des fournisseurs de TPE autres que Ingenico.

III.5 Les grands facturiers et l’Etat

Il existe en Mauritanie un certain nombre de grands facturiers qui agrègent mensuellement de nombreux flux de
paiements qui pour l’essentiel sont réglés en espèces. Il s’agit notamment de :

- Sociètés de télécommunications ;
- Société d’électricité ;
- Société de distribution d’eau.

Ces trois secteurs d’activités (sans la Société Nationale des Eaux) représentent environ 102 milliards (MRO) de
paiements effectués par des personnes, en espèces pour l’année 2016. Sur le plan des infrastructures ces sociétés
disposent pour la plupart d’un réseau de fibre optique qui leur est propre.

L’Etat représente également un grand agrégateur de paiements de détail, effectués par des personnes et réglés en
espèces. Le montant de ces paiements pour 2016 s’élève à près de 6 milliards (MRO) en 2016.

5. Recommandations : Digitaliser les paiements des personnes vers les grands facturiers et l’Etat

- Mettre l’Etat au cœur du processus de digitalisation des paiements de détail ;


- Mettre à niveau les systèmes d’information et de gestion des grands facturiers ;
- Développer pour les grands facturiers des solutions de paiement digitales « open » acceptant : la carte (TPE)
et le mobile (mobile money, les applications mobiles et le QR code) ;
- Mettre à niveau les systèmes d’information et de gestion du Trésor public ;
- Interfacer le Trésor public au système de paiement national ;
- Centraliser le système de gestion des différentes entités du Trésor public.

32
III.6 Politique et réglementation
La réglementation défini les conditions de base de l’offre. Dans le cadre de la modernisation des moyens de
paiement en Mauritanie les recommandations ci-dessous peuvent être énoncées.
6. Recommandations : Mettre à niveau de cadre réglementaire sur les paiements digitaux

- Mettre en place un cadre réglementaire sur la monnaie électronique ouvert aux acteurs non bancaires et aux
institutions de microfinance. L’appropriation du cadre réglementaire par les acteurs est un aspect important
du succès du développement de la finance digitale. Aussi, il serait souhaitable que le cadre réglementaire
soit élaboré de manière collégiale en impliquant tous les fournisseurs, notamment en sollicitant le
commentaire des acteurs de l’écosystème sur le texte réglementaire en cours de rédaction;
- Mettre en place un cadre réglementaire autorisant et encadrant l’activité d’agents / de détaillants
distributeurs de services financiers digitaux ;
- Mettre en place un cadre réglementaire autorisant et encadrant l’activité de correspondants / d’agents,
distributeurs de services financiers des banques et des institutions de microfinance (dépôt sur compte,
retrait sur compte, transfert d’argent, …) ;
- Mettre en place un cadre réglementaire réglementant l’activité de transfert d’argent domestique en mode
gré à gré (Over the Counter) via des réseaux correspondants / d’agents ;
- Mettre en place des mécanismes de supervision de l’activité de finance digitale, monnaie électronique,
notamment à travers des procédures de reporting périodique et l’utilisation d’outil Entreprise Resource
Planning (ERP) pour le suivi et l’analyse de l’évolution de l’activité ;
- Créer une centrale de données des clients bancaires et monnaie électronique (notamment dans le cadre de
l’outil ERP). Cette base permettrait :
 d’identifier la pluri-bancarisation (une personne disposant de comptes auprès de différents
institutions bancaires) ;
 d’identifier à l’avenir la pluri-digitalisation (une personne disposant de plusieurs comptes de
solutions digitales auprès de différents fournisseurs) ;
 de mesurer précisément les taux de pénétration de la banque et des services financiers
digitaux ;
 d’assurer une meilleure supervision et surveillance de l’activité digitale (monnaie
électronique)
 d’assainir le périmètre du chèque (ainsi une personne qui émettrait un chèque sans
provision d’une banque A pourrait être facilement signalé à la BCM, qui pourrait le tracé
dans le circuit bancaire pour éviter que l’incident ne se reproduise avec des chéquiers
d’autres banques) ;

III.7 Développement de l’écosystème


Il est souhaitable pour le développement de la finance digitale que l’ensemble des acteurs de l’écosystème soient
partis intégrantes et impliqués dès la phase initiale des réflexions en vue de la formulation de stratégies qui seront
mises en œuvre. Il est important de créer un cadre de concertation et d’échanges au travers duquel les besoins et les
prérequis pourront s’exprimer et ainsi augmenter les chances de réussite de la modernisation des paiements de
détail.
7. Recommandations : Créer un organe en charge du développement des paiements digitaux

33
- Mettre en place un Conseil National des Paiements (CNP) composé de tous les acteurs concernés (BCM, ARE,
banques, IMF, la Poste, GIMTEL, ministère des finances, Direction générale des impôts, Trésor, ministère des
nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), Opérateurs de
télécommmunications;
- Définir dans le cadre du CNP une stratégie nationale de développement des moyens de paiement
électronique avec un chronogramme précis des activités et une matrice de responsabilité claire pour chaque
partie ;
- Créer un organe de Supervision de la Qualité des Services Financiers Digitaux (SQSFD) hébergé au sein du
CNP pour la supervision de la qualité des services qui seront proposés à la clientèle. 

IV. SCENARIOS DE MIGRATION DU CASH VERS LE DIGITAL


Sur la base des résultats des flux de paiements, des éléments de diagnostic des paiements de détail identifiés et des
informations collectées en lors des réunions en bilatérales avec les différénts acteurs, durant la mission, cette
section s’attellera à proposer des scénarios de migration de l’espèce (cash) vers le digital. Pour ce faire des «  use
case » seront définis. Chaque use case sera identifié sur la base des quatre caractéristiques ci-dessous :

- un type de paiement ;
- un compte : compte bancaire ou un porte-monnaie électronique, à partir duquel le paiement est effectué ;
- un moyen de paiement : le virement, une carte débit-prépayée, le mobile qui sert à exécuter le paiement ;
- un canal/Réseau d’accès : un GAB, un TPE, le mobile, un réseau d’agents, pour lancer et autoriser le
paiement.

Les différents types de « use case », qui peuvent être identifiés en Mauritanie pour des scenarios de migration des
espèces (cash) vers le digital peuvent être recensés dans la grille des paiements ci-dessous :

Payé

  Gouvernement Business Personne (Individu)


Payeur

G2P

Réception de bourses d’études

Gouvernement Banque ; PFE

Carte débit ; Carte prépayée ; Mobile


(Mobile Money)

GAB
Agents/Détaillants (Mobile Money)
Business B2B B2P

P2G P2B P2P

Droits de timbres ; Vignettes Grands facturiers ; Marchands Transferts d’argent


Permis de conduire ; Frais de
scolarité

Personne Banque, PFE8 Banque, PFE Banque, PFE


(Individu)
Carte débit ; Carte prépayée ; Carte ; Mobile (QR Code) Carte débit ; Carte prépayée ; Mobile
Mobile (Mobile Money) Mobile (Mobile Money) ; Money

TPE TPE ; GAB


Mobile (Mobile Money) Agents/Détaillants (Mobile Money) Agents/Détaillants (Mobile Money)
Agents/Détaillants (OTC)9 Agents/Détaillants (OTC) Agents/Détaillants (OTC)
D2P

Programmes de transferts d’argent

8
Portefeuille Electronique
9
Over The Counter

34
Bailleurs de
Fonds PFE

Carte prépayée ; Mobile Money

TPE
Agents/Détaillants (Mobile Money)
Tableau 8 : Scénarios de migration des espèces (cash) vers le digital
Type du paiement 
Compte
Moyen de paiement utilisé 
Canal / Réseau d’accès aux services financiers digitaux

V. ANNEXE

Annexe 1 : Fichier de calcul excel du diagnostic des paiements de détail

Data Diagnostic
Paiement Detail Mauritanie.xlsx

Annexe 2 : Liste des institutions rencontrées en réunions bilatérales durant la mission

Autorité de régulation des télécommunications (ARE)


Banque Centrale de Mauritanie (BCM)
Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) 
Chambre de Commerce d’Industrie et d’Agriculture de Mauritanie (CCIAM) 
Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Public (DGTCP)
Direction du budget et de la solde
Groupement Interbancaire de Monétique et des Transactions Electroniques (GIMTEL) 
Mauripost 
Mauritel
Office Nationale de la Statistiques (ONS)
Société nationale d’électricité (SOMELEC) 
Attijari Bank Mauritanie (ABM)
Banque Al Wava Mauritanienne Islamique (BAMIS)
Banque pour le Commerce et l’industrie Mauritanie (BCI-Mauritanie)
Banque Mauritanienne pour le commerce International (BMCI)
Banque Muamelat As Sahiha (BMS)
Banque Nationale de Mauritanie (BNM)
Société Générale Mauritanie (SGM)

35

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