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LE DEVELOPPEMENT DE LA MONETIQUE

EN TUNISIE

L’intervention de monsieur Mohamed El Béji HAMDA, Gouverneur de la


Banque Centrale de Tunisie (BCT), lors de la Séance d’ouverture de la journée
d’information organisée par « Visa Business International » le 3 février 2000 a porté
sur « le développement de la monétique en Tunisie ».

Il a, à cet égard, rappelé que le développement des nouvelles technologies de


l’information et des télécommunications et la croissance économique continue ont
donné naissance à une « nouvelle économie » centrée sur l’Internet et une « nouvelle
société sur fond de mutations géopolitiques, culturelles et sociales ».

Signalant que ces changements de la sphère économique et financière ont


touché de près le mouvement des capitaux et notamment les systèmes de paiement, il
a indiqué que le développement de ces systèmes a toujours préoccupé la BCT.
Actuellement, la progression fait que la monnaie immatérielle bouscule la monnaie
physique. Ainsi, « Monétique, Gab, Dab, Terminal de paiement électronique, porte-
monnaie électronique… sont venus enrichir la terminologie bancaire et forment
l’ensemble des techniques permettant des transactions automatisées, et qui s’étendent
des simples retraits, aux achats de biens et services et aux applications les plus
diverses… » souligne-t-il.

Les cartes bancaires, a-t-il ajouté, sont aujourd’hui et plus que jamais répandues
à travers le monde. Cela est essentiellement dû au développement rapide du
commerce électronique. Ainsi, plus d’un milliard de cartes sont utilisées de par le
monde et le chiffre d’affaires des principales compagnies émettrices de cartes s’élève
à plus de 3.000 milliards de dollars.

Le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie a signalé que l’histoire de la


monétique en Tunisie remonte aux années 70. Elle s’est développée dans un premier
temps pour répondre à la demande d’une clientèle étrangère qui souhaitait payer par
le biais des cartes bancaires. Ce système était géré par les organismes internationaux
qui affiliaient les commerçants pour l’acceptation de cartes étrangères.
M. El Béji HAMDA a indiqué que l’utilisation des cartes bancaires pour le
paiement domestique reste marginale par rapport aux autres moyens et les porteurs
de cartes de paiement ne représentent aujourd’hui que 4% de la population
bancarisée. Il a, par ailleurs, précisé que les banques tunisiennes ont pris conscience
de ce retard et ont essayé de promouvoir la monétique et c’est ainsi qu’a été créée la
Société monétique de Tunisie. Cet organisme est chargé de la gestion du réseau et de
l’élaboration de la stratégie de développement de la monétique. Cela permet de réaliser
une économie d’échelle, de normaliser les supports et d’assurer une plus large
diffusion des cartes.
Le Gouverneur de la BCT a fait remarquer que pour le client, la monétique offre
une nouvelle prestation bancaire alliant permanence, diversité et proximité du service
à travers le réseau interbancaire. Les paiements par cartes bancaires procurent
également plusieurs avantages aux commerçants et diminuent les risques et les coûts
de gestion.

Quant aux banques, l’automatisation des transactions permet, a-t-il précisé, de


réduire les coûts, désencombrer leurs agences et redéployer leurs activités et leurs
personnel pour d’autres segments de services. Ainsi, l’exploitation d’une
infrastructure commune donne l’occasion aux banques de faire une économie
d’investissements coûteux.

Soulignant qu’au cours des dernières années, la Tunisie a connu un large


programme de mise à niveau du système monétique, il a relevé que cela a permis un
large développement du réseau des commerçants affiliés (qui a atteint 8.000).
D’autre part, le nombre de cartes émises a atteint 300 mille dont 70% de retrait et
30% de paiement. Il a signalé la nécessité de développer davantage les cartes de
paiement par une extension du réseau d’acceptation et de sensibiliser les
commerçants à adopter ce nouveau mode de paiement. Il a également suggéré aux
banques d’offrir à leurs clients les conditions optimales d’utilisation des cartes
(paiement et retrait) car c’est le meilleur moyen qui permettra un décollage réel de la
monétique en Tunisie.

Le Gouverneur de la BCT a par ailleurs noté que la monnaie électronique peut


agir sur les besoins d’encaisse des banques et sur l’actif de ces dernières. Cela
réduira sans doute les revenus correspondants au droit de seigneuriage.

Il a posé d’autres questions relatives à la surveillance des systèmes de paiement


et aux mécanismes de compensation et de règlement, à la sécurité des transactions, à
la lutte contre la fraude et à l’évasion fiscale à défaut d’un contrôle rigoureux des
transactions électroniques. C’est pour ces mêmes raisons qu’il est nécessaire, a-t-il
souligné, de trouver les solutions appropriées et d’élaborer un cadre réglementaire
juridique et technique équitable, transparent et sécurisant.

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