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DE TRADUCTION, D'ADAPTATION ET D'EXECUTION
RÉSERVÉS POUR TOUS PAYS.
Copyright 1939
BY AUGÉ, GILLON, ROLLIER-LAROUSSE, MOREAU ET CIe
(Librairie Larousse), Paris.
AVANT-PROPOS
Signes pausaux.
I. — LA VIRGULE
5. La virgule a deux rôles principaux :
1° Elle représente les petites pauses qui se produisent
entre des termes jouant dans le discours le même
rôle grammatical;
20 Elle représente les petites pauses qui séparent,
dans une phrase, certains compléments qui ne sont
attachés que d'une manière assez lâche aux termes
auxquels ils se rapportent.
6. Les termes jouant dans le discours le même rôle
grammatical, et que de petites pauses marquées par
des virgules séparent, peuvent être de diverses natures :
A. Un premier groupe comprend des phrases entières
juxtaposées, constituées de diverses manières :
1° Des verbes à un mode personnel, qui peuvent ou
non avoir leur cortège de compléments (propositions
coordonnées); ex. :
On m'a demandé un médecin intelligent, je vous ai
sous la main, je vous prends.
(Ed. Estaunié,
l'Ascension de M. Balesvre, III, 4, p. 158.)
Et il marchait, marchait, marchait.
(A. Giron,
les Cinq Sous dîlsaac Laquédem, I, p. 21.)
2° Des phrases sans verbe (phrases nominales) ; ex. :
Plus de larmes, plus de sanglots.
(J. et J. Tharaud,
la Vie et la Mort de Déroulède, p. 170.)
3° Des termes non verbaux, formant, accidentelle-
ment ou par essence, le centre d'une phrase (factifs),
seuls ou avec un cortège de compléments; ex. :
Pan, patatras, pan!
(L. Dauphin, l'Education musicale
de mon cousin Jean Garrigou, XV, p. 95.)
Je suis un berceau
Qu'une main balance
Au creux d'un caveau :
Silence, silence !
(Verlaine, Sagesse, III, 5; Œuvres, t. I, p. 271.)
Voici mon sang que je n'ai pas versé,
Voici ma chair indigne de souffrance,
Voici mon sang que je n'ai pas versé.
(Id., ibid., II, 1, p. 245.)
PÈRE UBU. — Est-ce bien vrai?
MÈRE UBU.
— Oui, oui!
(Alfred Jarry, Ubu roi, II, vi.)
B. Un second groupe des compléments de diverses
natures, que ces compléments soient formés de termes
simples ou de complexes.
Ces compléments sont principalement :
1° Les sujets (1) d'un verbe à un mode personnel, le
dernier membre d'un sujet complexe n'étant jamais
séparé du verbe par une virgule; ex. :
les plus braves, les plus sincères, les plus ardents,
les plus dévoués meurent nécessairement les premiers
(M. Maeterlinck, les Débris de la Guerre, p. 184.)
Michel-Ange, Titien, Léonard, Cellini, le Forum ro-
main avaient exalté le poète qu'il était.
(Ch.-H. Hirsch, Une lune de miel,
dans Une heure d'oubli, n° 58, p. 4.)
2° Adverbes ou équivalents :
SOUDAIN, je le vis tirer sa montre.
(Ed. Estaunié,
l'Infirme aux mains de lumière, II, p. 53.)
EN NOUS SÉPARANT, nous avions l'air de gens qui
achèvent une promenade accoutumée.
(Id., ibid., III, p. 57.)
QUAND VINT ENFIN L'HEURE DU DÉPART, Théodat
parut trouver toute naturelle mon escorte.
(Id., ibid.)
MON REPAS ACHEVÉ, Théodat se leva.
(Id., ibid., VII, p. 162.)
DE FOIS le coup de sifflet du pasteur éclata.
A AUTRE,
(F. Duhourcau,
la Demi-Morte, dans la Revue des Deux Mondes
du 1er septembre 1924, p. 43.)
MACHINALEMENT, la main de la reine se pose sur le
mâle poignet.
(J. Delteil, La Fayette, II, p. 43.)
7° Des incises :
3° Compléments indirects :
A quoi songe-t-il, SUR ce pont de vaisseau, entre cœur
et ciel?
(J. Delteil, La Fayette, III, p. 51.)
A huit heures, selon le RITE, il mande près de lui les
chefs principaux de l'armée
(Marie Gasquet, Sainte Jeanne d'Arc, p. 97.)
De Domremy, de Greux, de VAUCOULEURS, tous
ceux qui ont eu le moyen de faire trente lieues sont arri-
vés dans la ville du sacre et gîtent à l'auberge où sont
descendus les parents de Jeanne.
(Id., ibid, p. 105.)
La virgule qui précède sur, celles qui suivent respec-
tivement rite et Vaucouleurs ressortissent au § 8 A; les
autres au § 6 B.
4° Adjectifs :
Brune, grasse, vive, fraîche, saint Pacôme lui-même
l'eût aimée.
(Anatole France,
la Rôtisserie de la reine Pédauque, p. 27.)
Il y a aussi toute une morale, pratique, nette d'illu-
sions.
(H. Pourrat, la Grande Cabale,
dans la Nouvelle Revue française
du 1er septembre 1937, p. 464.)
Le sens de la sève serait le sens de ce concret, tout
verdissant, tout vivant, tout vif et riant, et le sens du
mystère :
(Id., ibid., p. 467.)
Ressortissent aux §§ 8 A et 8 B les virgules qui sui-
vent respectivement fraîche, morale, concret et riant;
les autres ressortissent au § 6 B.
Mais les groupes séparés par les pauses virgulaires
ne se montrent pas toujours d'une manière aussi simple.
Soit des passages comme :
— Je suis Henry, du moins, Reine, je suis son âme,
Qui, par sa volonté, plus forte que l'enfer,
Ayant su transgresser toute porte de fer
Et de flamme, et braver leur impure cohorte,
Hélas ! vient pour te dire avec cette voix morte
Qu'il est d'autres amours encor que ceux d'ici.
(Verlaine, Jadis et Naguère, la Grâce, 1.1, p. 400.)
Du moins est un ambiant isolé entre deux pauses vir-
gulaires; Reine est un autre ambiant, mais d'une nature
différente, car c'est un vocatif au lieu d'une locution
adverbiale comme du moins; la virgule située entre
moins et Reine ressortit donc au § 8 B et non au § 6 B.
La pause virgulaire qui suit âme a pour but de rendre
ambiante la proposition relative introduite par qui et
d'empêcher cette proposition de collaborer à la déter-
mination de âme, déjà déterminé suffisamment par
son Cette relative ambiante ne sera close que par
le point qui termine le passage cité; mais elle contient
dans- son sein .plusieurs compléments que caractérisent
des pauses virgulaires : le groupe qui commence après
qui et se termine après cohorte est le principal; ce
groupe contient lui-même un complément complexe
ambiant (épithète ambiante) ayant su transgresser toute
porte de fer et de flamme, et braver leur impure cohorte,
lequel complexe embrasse de plus les compléments qui
le précèdent : 1° par sa volonté, complément indirect
ambiant de transgresser; 2° plus forte que l'enfer, com-
plément particulier de volonté (épithète ambiante).
La dernière partie dudit complexe est précédée d'une
pause virgulaire que suit et, analogue à celles qui sont
décrites au § 7. De sorte que nous voyons ici des com-
pléments ambiants qui s'emboîtent les uns dans les
autres avec une succession de virgules ouvrantes et fer-
mantes : la virgule ouvrante qui suit qui n'a sa corré-
lative fermante qu'après cohorte, celle qui suit volonté
l'a dès après enfer.
De même :
C'était sa fortune domestique et son génie tutélaire,
cette Pauline qui, de son activité et de son courage, sou-
tenait la lourde maison pauvre et fastueuse, et qui, chez
elle, lingère, cuisinière, couturière, chambrière, institu-
trice, pharmacienne, modiste même avec un goût naïve-
ment tapageur, montrait dans les grands dîners et les
réceptions un imperturbable bon ton, un profil impé-
rieux et des épaules encore belles.
(Anatole France, l'Orme du Mail, pp. 86-87.)
le proposition principale s'arrête à tutélaire; à la
virgule qui suit ce terme, commence une première
subordonnée qui se termine après fastueuse, et qui est
suivie d'une seconde subordonnée qui ne se termine
qu'au point final. La première subordonnée a dans son
sein un complément ambiant (de son activité et de son
courage) ; la seconde en compte plusieurs : un premier,
locution adverbiale (chez elle), un second, groupe d'ap-
positions débutant par lingère et finissant par tapageur,
muni intérieurement de virgules du type § 6 B; la der-
nière subordonnée se termine par des compléments
directs, séparés par une virgule du type § 7.
Ce n'est pas d'hier que les philosophes chagrins ont
remarqué la facilité avec laquelle les femmes se sou-
mettent à la loi, en- apparence si dure, de la vie sociale,
qui les force à revoir ceux qu'elles ont aimés, quand
elles ne les aiment plus, avec le même sourire, la même
poignée de main et la même intimité.
(P. Bourget, l'Irréparable, p. 60.)
Virgule ouvrante après loi, virgule fermante après
dure, l'une et l'autre encadrant le complément en appa-
rence si dure, épithète ambiante de loi. Virgule
ouvrante après sociale pour isoler la relative ambiante
qui se prolonge jusqu'au point final. Cette relative
renferme elle-même une subordonnée ambiante mar-
quée par la virgule ouvrante qui suit aimés et par la
virgule fermante qui suit plus. La virgule qui suit sou-
rire ressortit au § 7.
Devant lui, dans une pénombre où flottaient des
odeurs de pharmacie et encore le relent fade que sème
la fièvre, les fenêtres fussent-elles ouvertes, un lit se
détachait très blanc, paré pour la visite.
(Ed. Estaunié,
l'Ascension de M. Baslèvre, III, 4, p. 155.)
La virgule qui suit lui est une virgule type §8 A sépa-
rant deux compléments ambiants : 1° devant lui; 2° le
complexe commençant par dans et se terminant par
ouvertes. Ce complexe ambiant englobe un autre com-
plexe ambiant les fenêtres fussent-elles ouvertes
qu'ouvre la virgule suivant fièvre et que ferme la vir-
gule suivant ouvertes. Mais cette dernière virgule ferme
aussi le complexe entier; d'où il résulte qu'elle a une
double valeur fermante et qu'une logique poussée dans
une abusive extrêmité pourrait conduire à prétendre
qu'il faudrait là deux virgules. Pour rester dans le
domaine de la réalité, la pause qui suit ouvertes n'est
pas plus longue que la précédente, et c'est légitimement
qu'on la représente par une seule virgule. Il faut remar-
quer toutefois que la langue parlée différencie ces pas-
sages par la mélodie. (V. § 15 la signification mélodique
de la virgule.)
Même remarque pour la virgule qui suit royaume
dans l'exemple suivant :
Sitôt qu'elle aperçoit le Dauphin Charles, à qui elle
apporte les clés de son royaume, Jeanne se jette à
genoux.
(Marie Gasquet, Sainte Jeanne d'Arc, p. 88.)
L'exemple suivant est particulièrement intéressant
par les virgules multiples qui séparent de son verbe le
sujet, celui de tous les compléments qui souffre le
moins d'en être séparé par autre chose que par virgules
ouvrantes et virgules fermantes en nombre égal :
Les deux bêtes, en proie à la chaleur, à l'épouvante, à
la faim, la nature en elles vidant à cette heure tout le
fond de son sac, toute malice bue, toutes voiles dehors,
mènent dans les cailloux craquants, dans l'herbe
fondue, fols et fumants, un train d'enfer.
(J. Delteil, La Fayette, I, p. 25.)
D'après ce qui vient d'être dit à l'occasion des exem-
ples précédents, l'interprétation de ce dernier est aisée :
il y a une ouverture générale de tous les compléments
ambiants marquée par la virgule ouvrante qui suit
bêtes, et il y a une clôture générale desdits compléments
marquée par la virgule fermante qui précède mènent;
les autres virgules précédant cette dernière ressortissent
au § 6 B, de sorte que la condition requise se trouve
réalisée.
L'exemple suivant ne fait pas non plus difficulté :
Cet ukase, rédigé, volontairement ou non, en termes
peu précis, prêtait à interprétation;
(G. Lenotre, Monsieur de Charette, IV, p. 167.)
En effet, entre le sujet cet ukase et le verbe prêtait,
il y a une épithète ambiante : rédigé en termes peu
précis, à l'intérieur de laquelle il y a un groupe adver-
bial ambiant : volontairement ou non; les pauses sont
marquées par des virgules ouvrantes et fermantes qui
s'annulent respectivement.
On voit donc, dans tous les exemples précédents,
l'application du système qui a été décrit. Il faut noter
toutefois qu'un complément ambiant débutant par une
voyelle et suivant que ou une locution conjonctive ter.
minée par que ne reçoit pas, après l'apostrophe que
prend que en cette position, la virgule ouvrante; ex. :
Une fois de plus il chercha des yeux sa chaloupe et
constata avec plaisir QU'AYANT laissé l'éperon rocheux
derrière elle, elle était de nouveau en vue.
(H. Melville, Benito Cereno,
dans la Nouvelle Revue française
d'octobre 1937, p. 621.)
Le complément ayant laissé l'éperon rocheux derrière
elle n'en est pas moins un ambiant, et la virgule qui
sépare les deux elle doit être interprétée comme une
virgule fermante.
10. Nous avons vu, § 8 A, que le sujet d'un verbe à
un mode personnel, lorsqu'il était séparé de ce verbe
par une virgule ne rentrant pas dans les cas décrits au
paragraphe précédent, était un sujet ambiant. En voici
un exemple :
Le menton et la lèvre supérieure d'Edmée tremblaient
convulsivement. LUDOVISE, n'arrivait pas à comprendre.
(Comte de Cpmminges, les Blérancourt, II, 2, p. 184.)
La pause qui suit le sujet ambiant est d'une nature
autre que celle dont nous nous sommes occupés jus-
qu'ici. Elle est d'une durée notablement moindre. C'est
ce dont on peut s'apercevoir facilement en examinant
des exemples où apparaissent côte à côte plusieurs
sujets ambiants :
Quatre cents tableaux, trois cents dessins, repré-
sentent l'ensemble de la peinture française depuis le
temps des Valois.
(L. Gillet, Chefs-d'œuvre de fart français, Revue
des Deux Mondes du 15 septembre 1937, p. 277.)
La pause qui suit dessins et qui marque la nature
ambiante du groupe des sujets est plus brève que celle
qui suit tableaux, laquelle ressortit au § 6 B. On peut,
pour la différencier, lui donner le nom de pausette.
Il serait naturel que la pause décrite dans les para-
graphes précédents et la pausette eussent des signes
graphiques différents pour les représenter. Notre écri-
ture ne comportant pas de signe spécial pour la pau-
sette, on se trouve obligé soit d'y employer aussi la
virgule, ce qui a pour inconvénient de faire représenter
de la même manière deux arrêts d'inégale durée, soit
de ne pas marquer la pausette, ce qui a l'inconvénient
de risquer de faire prendre le sujet ambiant pour un
sujet ordinaire.
Pareille confusion n'est toutefois pas possible quand
les substantifs sujets ambiants sont des pronoms singu-
liers de la première et de la seconde personne ou des
pronoms des deux nombres de la troisième personne
masculine. Ces pronoms ont en effet des formes diffé-
rentes : moi, toi, lui, eux, employés pour les sujets
ambiants, au regard de je, tu, il, ils, employés pour les
sujets intimement unis à leurs verbes; ex. :
il est allé leur montrer la croix de guerre qu'il
avait, lui, et qu'eux n'avaient pas.
(Capitaine Z..., l'Armée de la guerre, p. 196.)
Ma chérie, vous ne l'aimez peut-être pas, mais LUI
vous aime.
(A. Maurois, Climats, 1, 9, p. 73.)
Mettre une virgule après ces pronoms est superflu,
bien qu'on la trouve souvent dans les textes; ex. :
elle fit un pas vers la porte. Lui, bondit.
(G. Courteline, les Linottes, II, p. 49.)
Mais le même inconvénient du manque d'un signe
spécial pour la pausette se fait sentir après les pronoms
des première et seconde personnes du pluriel et après
les pronoms des deux nombres de la troisième personne
•
féminine, où les formes ne sont pas écrites différem-
ment : nous, vous, elle, elles. Aussi trouvons-nous la
même hésitation que pour les sujets nominaux; ex. :
Non, c'est sa belle-sœur qui est une Malichecq...
ELLE est une Martin.
(F. Mauriac, le Désert de l'amour, X, p. 198.)
La pausette ici exigée par le sens n'est point marquée
dans l'écriture.
Elle, est délicieuse dans sa robe blanche et légère.
(G. d'Houville, le Séducteur, p. 125.)
II. — LE POINT
13. Comme signe pausal, le point s'emploie là où il
y a dans la parole une grande pause terminant une
phrase.
Le rôle du point est moins varié que celui de la vir-
gule; en effet, séparant des groupes grammaticalement
indépendants les uns des autres, les pauses qu'il repré-
sente ne donnent pas lieu aux mêmes finesses que les
pauses virgulaires.
La grande pause est l'aboutissement normal d'une
période parfois longue; ex. :
Dans les diverses transactions parlées auxquelles il
me faut me livrer en vue de la commande et du paie-
ment dudit déjeuner portatif, comme d'ailleurs dans la
phrase ci-dessus, de ce douanier glabre, je retrouve
après quelque dix-sept ans, le belge, je veux dire le lan-
gage belge, étrange français, trop, beaucoup trop
moqué chez nous seuls, parisiens, parmi les français,
notons le fait en passant.
(Verlaine, Quinze jours en Hollande, II ; t. V, p. 205.)
Elle était sombre, austère, rigide, hargneuse, presque
ascétique, ennemie de tout ce qui excuse la présence de
l'homme sur cette terre, ravageuse, pillarde, incendiaire,
dévastatrice, nid de guêpes à côté d'une ruche d'abeilles,
menace et danger perpétuels pour tout ce qui l'envi-
ronnait, aussi dure à elle-même qu'à autrui, et possé-
dant un idéal qui peut paraître haut, si l'idéal de
l'homme est d'être malheureux et l'esclave satisfait
d'une discipline impitoyable.
(Maeterlinck, les Débris de la guerre, p. 118.)
Elle ferait avec sa fille un dernier tour dans Cher-
bourg et aux environs, afin d'emporter dans les yeux
une vision suprême de ce pays où elle avait connu le
bonheur, et même elle déjeunerait avec elle à cette
auberge Millet où le docteur l'emmenait, au début de
leur mariage, quand il était content de ses opérations
et de ses succès.
(H. Bordeaux, l'Intruse, p. 33.)
Dans tous les cas étudiés, les guillemets ont pour but
de reproduire dans l'écriture une modulation du lan-
gage oral. La chaîne phrastique est brisée, l'intonation
change; les guillemets ouvrants font passer à cette into-
nation nouvelle, les guillemets continuants la maintien-
nent, les guillemets fermants la font cesser et ramè-
nent, s'il y a lieu, l'intonation première. Le rôle général
de cet appareil mélodique est d'indiquer que le sujet
parlant ne prend pas la responsabilité de ce qu'il
énonce ainsi. La valeur mélodique des guillemets est
donc considérable.
20. Par contre, leur valeur pausale est faible. On
peut marquer un léger arrêt avant le changement d'into-
nation au cas où un autre signe de ponctuation n'accom-
pagne pas l'ouverture ou la fermeture des guillemets.
Les guillemets continuants ne représentent aucune
pause. Les guillemets fermants sont souvent accompa-
gnés d'un autre signe de ponctuation, principalement
d'un point. Ce point peut soit précéder, soit suivre les
guillemets. Il les précède au cas où la citation fait un
sens complet; ex. :
Mais il est loin de s'en alarmer. « Au contraire,
plus je vais, plus je vois que cette indifférence exté-
rieure me conserve pour la lutte des forces que la pas-
sion ne me laisserait pas. C'est encore de l'amour;
ayez l'air de fuir, on s'attache à vous poursuivre. »
Ainsi le vrai Berlioz émerge toujours des profondeurs
et regarde vers l'horizon.
(Guy de Pourtalès, Hector Berlioz,
dans la Revue des Deux Mondes
du 1er février 1939, p. 515.)
Buré la contemplait, et je l'entendis qui murmurait
comme un hommage et un remerciement à sa beauté :
« Tu nous venges. »
(Jean Guéhenno, Journal de vacances,
dans la Nouvelle Revue française
du 1er mars 1939, p. 403.)
Au contraire, quand la fin du passage est attribuable
à l'auteur citant et non à la citation, le point suit les
guillemets; ex. :
Dans une auberge de Passau, sur les frontières de
la Bavière, il écrit l'exquise introduction : « Le vieil
hiver a fait place au printemps ». A Prague, il se
lève au milieu de la nuit pour noter le chœur des
anges (G. de Pourtalès, Hector Berlioz, p. 539.)
le sectarisme des partis ét des individus à qui
l'idée qu'ils se font de la meilleure tactique et des plus
efficaces moyens de vaincre fait oublier la « cause
commune ».
(J. Guéhenno, Journal de vacances, p. 406.)
Des considérations analogues président au place-
ment de la virgule, du point et virgule, du point d'in.
terrogation, du point d'exclamation avant ou après
les guillemets fermants; ex. :
Le prophète jadis s'écriait : « Quel est celui-ci qui
arrive, les vêtements teints de la pourpre de Bossra? »
(Paul Claudel, le Pape Pie XI,
dans la Nouvelle Revue française
du 1er mars 1939, p. 370.)
« Si vous saviez à quel degré de crétinerie je suis
tombé ici », écrit-il à un ami de Pétersbourg.
(Guy de Pourtalès, Hector Berlioz, p. 545.)
III. — LE POINT D'INTERROGATION
21. Le point d'interrogation indique que le passage
après lequel il est placé doit se prononcer sur une
mélodie interrogative.
Voici d'abord des exemples simples, où nulle ques-
tion secondaire ne se pose :
A. Avec une syntaxe spécialement interrogative :
Pourquoi dès lors semblait-il chercher à l'éblouir?
(H. Bordeaux, l'Intruse, I, p. 28.)
Croyez-vous qu'en six jours vous pourrez soumettre
la ville?
(Marie Gasquet, Sainte Jeanne d'Arc, p. 93.)
Combien de fois ces pauvres yeux condamnés à se
fermer bientôt et pour toujours à la lumière, m'ont-ils
adressé une supplication qui me déchirait?
(R. Dumesnil, l'Ame du médecin, dans le Mercure
de France du 15 octobre 1937, p. 241.)
Faut-il armer nos bras? Ceindre le baudrier?
(M. Dufrénois, Jeanne d'Arc qui revient sauver
la France, Chinon, p. 41.)
B. Intonation indiquant seule le tour interrogatif :
LUCIENNE.
— Vous savez que vos amis...?
CASTELLON. — Je suis venu avec eux.
LUCIENNE.
— Et vous osez...?
CASTELLON. — Si j'ai forcé votre porte, c'est que
...
j'avais hâte de vous fassurer...
(X. Roux et M. Sergine, l'Enjôleuse, III, x.)
L'indication est plus nette quand les dernières
paroles de la réplique coupée sont suivies elles-mêmes
de points de suspension; la voix alors ne tombe pas et
le discours, après l'interruption, reprend avec la même
intonation; ex. :
"Or, à l'aide de quel subterfuge lui imposerez-vous
cependant cette médication salutaire, dont les effets
bienfaisants se sont affirmés des centaines, des milliers
et des millions de fois? En l'enfermant...
Ici, il s'interrompit, inclina du buste vers la table,
puis d'un doigt qui hachait la phrase :
— ... en l'enfermant dans des pi-lu-les!...
(Courteline, les Linottes, III, p. 81.)
En tout cas, il est parti... (Lucienne, qui n'écoute pas
ce qu'il dit et qui l'enlace.)... Et il est parti à l'heure,
nous étions furieux.
(X. Roux et M. Sergine, l'Enjôleuse, I, x.)
(1) Il a été procédé de la sorte dans plusieurs des exemples cités dans
le présent écrit.
Que de vers encore à détacher, que de pièces à donner
tout entières!
..........................................
Le soleil s'est levé rouge comme une sorbe.
..........................................
Elle a du sang plus vif que du sang d'hirondelle.
(Id.,ibid., p. 438.)
Il me prit un saignement de nez et je souffris ce que
je ne puis vous représenter.
Je suis hors de moi dès que je l'aborde.
(A. France, la Vie littéraire, Mme de la Sablière,
t. IV, p. 338.)
« L'histoire nous offre, à toutes ses époques, quel-
ques grands événements qui ont déterminé le sort et le
caractère d'une longue suite de générations la raison
même peut nous offrir ses données positives pour nous
conduire à travers le dédale incertain des faits. »
(J. de Crozals, l'Histoire, dans rHistoire
de la langue et de la littérature françaises
de Petit de Julleville, t. VIII, p. 507.)
Entre mille gentillesses un peu mièvres, jamais fades
et toujours étonnantes, nous vous prions d'admettre
dans cette rapide promenade quelques vers isolés
exprès pour vous tenter vers l'ensemblé :
..........................................
Cache-moi ton regard plein d'âme et de tristesse.
..........................................
.........................................
On ressemble au plaisir sous un chapeau de fleurs.
..........................................
..........................................
Inexplicable cœur, énigme pour toi-même...
..........................................
.........................................
Dans ma sécurité tu ne vois qu'un délire.
(Verlaine, les Poètes maudits ; Œuvres,
t. IV, pp. 52-53.)
Mais on trouve aussi de ces lignes de points dans la
prose, témoin l'amusant exemple suivant, où elles com-
mencent le récit :
..........................................
...............................................
disait l'oncle Heustache.
— Cela est évident, cher monsieur, répondait gra-
vement M. Tourniquet.
(L. Dauphin, l'Education musicale de mon cousin
Jean Garrigou, p. 1.)
Parfois, ces groupes de points ne représentent pas des
passages ayant réellement existé, mais c'est l'auteur lui-
même qui présente une de ses œuvres, à dessein non
complétée, à l'état de fragments; ex. :
(Fragments.)
................................................
...............................................
D'abord, ce n'était rien j'arrivais doucement,
; ;
Nous causions; nos regards se croisaient sans tourment.
(Paul Marrot, le Chemin du rire, p. 22.)
Pour endormir ma peine il n'est que ton étreinte.
................................................
................................................
Je m'étais composé comme un comédien,
C'estvrai! (Id., ibid., p. 23.)
Eh! peuvent-ils, ces vieux, mesurer mes ivresses,
A moi qui trouve au fond de tes moindres caresses
L'âme de Madeleine et la chair de Ninon?
................................................
...............................................
1874.
(Id., ibid., p. 24.)
Mais une telle disposition graphique n'a pas toujours
seulement le caractère d'un inachèvement sec. Il peut
équivaloir aux points de suspension proprement dits
quand ceux-ci ont le rôle de point d'orgue que nous
leur avons vu dans les exemples de Courteline (les
Linottes, p. 280) et de Mme Colette Yver (Princesses de
science, p. 97) cités plus haut; ex. :
On lui portait en secret une lettre,
Une lettre de lui, qui lui marquait peut-être
Un rendez-vous
Elle ne put la déchirer.
Marquis, pauvre marquis, qu'avez-vous à pleurer
Au chevet de ce lit de blanche mousseline?
(P. Verlaine, Jadis et Naguère; Œuvres, t. I, p. 409.)
Il faut bien que je trouve un enfer éternel, afin d'y
exhaler l'éternité de rage qui est en moi.
...............................................
...............................................
Dès l'aube, Albine reçut l'abbé d'Antinoé seuil des
au
cellules.
(A. France, Thaïs, p. 343.)
Un autre emploi des groupes de points est de mas-
quer un mot, que, par bienséance ou discrétion, l'auteur
ne veut pas livrer; ex. :
Et si j'avais l'verbe superbe
(Et l'assonance!) je dirais...
(Verlaine, Invectives, I; Œuvres, t. III, p. 375.)
Le plus souvent, la lettre initiale du mot figure dans
le texte; ex :
LE PRÉSIDENT.
— Vous avez proféré des menaces.
Vous avez crié : « Mort aux v...! » (Il ne dit que la pre-
mière lettre.)
CRAINQUEBILLE.
— Mort aux vaches, que vous voulez
dire.
(A. France, Crainquebille, II, i.)
Toi qui de vent te repais,
Trublion, ma petite outre,
Si vraiment tu veux la paix,
Commence par nous la f...
(Id., M. Bergeret à Paris, p. 332.)
B. L... avait 26 ans lorsqu'elle commença son entraî-
nement avec nous.
(Robert Desoille, Exploration de l'affectivité
subconsciente, p. 136.)
VIII. — LE TIRET
34. C'est également à proximité de la parenthèse
qu'il faut étudier le tiret, car, s'il a des emplois propres,
il en a aussi de communs avec la parenthèse.
Dans, les exemples suivants, les deux tirets représen-
tent respectivement la parenthèse ouvrante et la paren-
thèse fermante :
Cependant, pour éviter que plusieurs membres du
cabinet ne démissionnent avec M. Eden — MM. Elliot,
Ormsby-Gore, Morrison, notamment — M. Chamber-
lain leur déclarait que l'intention du gouvernement était
d'assurer d'abord le retrait des troupes italiennes
d'Espagne et des Baléares.
(Gilbert Comte, Accord anglo-italien et politique
anglaise, dans la Grande Revue d'avril 1938, p. 83.)
Et, comme elle voyait attendre le service, elle se
décida — car enfin il était un peu chez elle ici — à
l'avertir charitablement :
(Colette Yver, Princesses de science, p. 111.)
Dans ces passages, on peut considérer le double tiret
comme une variante graphique des parenthèses,
variante inférieure, car l'unité de la forme rend le signe
moins net.
Quand des parenthèses devraient se trouver incluses
dans d'autres parenthèses, on peut remplacer l'une des
paires de parenthèses par une paire de tirets; ex. :
Non, mais — et que ce soit, comme je l'avoue plus
haut d'ailleurs, en toute franchise, un peu à mon corps
défendant ou par une impudeur et une impudence très
préméditées (ce qui est au fond moins invraisem-
blable), — je couche dans son lit,
(Verlaine, Mes hôpitaux, IV; t. IV, p. 362.)
Nous avons vu, au début du paragraphe précédent,
les crochets remplir un emploi analogue.
Le tiret s'emploie aussi quelquefois seul pour séparer
nettement un groupe. Il représente alors un changement
d'allure dans le débit de la parole; ex. :
Et voilà comme je fus reçu à l'oral — donc, bache-
lier ès lettres à vie.
(Verlaine, Confessions, I, 11, p. 70.)
Il est maintenant le fils de feu lady Hore, — il a eu
le chagrin de perdre sa mère il y a deux ans.
(Verax, M. Hore Belisha, dans la
Revue des Deux Mondes du 15 mai 1938, p. 444.)
Agenouillé, il chatouille délicatement le trou, d'une
longue tige de graminée, il fouille, il farfouille... — et
quelque folle enfant, derrière lui, d'une paille lui cha-
touille l -'oreille. (J. Delteil, La Fayette, II, p. 40.)
La valeur des tirets dans le passage suivant est assez
difficile à définir :
Ce fut aux environs de .l'époque où se remuait en moi
la.manie des vers et de la prose (car je faisais aussi
d'étranges nouvelles sous-marines à la façon plutôt
d'Edgar Poe — car Jules Verne, d'ailleurs jamais très
haut coté dans ma curiosité, n'était pas encore inventé,
que je sache, — et de quelle façon, justes dieux! — et
des contes dont VHoffmann des Frères Sérapion se fût
réjoui passablement, tant il y était naïvement plagié)
que commença de grouiller dans mon... cœur l'amativité
dont j'ai parlé plus haut
(Verlaine, Confessions, I, 8, p. 78.)
A coup sûr, les parenthèses à forme différenciée
jouent ici le rôle de parenthèses englobantes. Mais
comment expliquer les trois tirets qui se trouvent à
l'intérieur du groupe parenthétique. Le plus probable
est que le tiret qui suit Poe et celui qui suit dieux! for-
ment une paire à valeur parenthétique. Voyez à cet
égard le début du paragraphe précédent, où des cro-
chets servent de parenthèses incluses dans une autre
parenthèse, et, au présent paragraphe, l'exemple tiré
de Mes hôpitaux : là des tirets servent de parenthèses
englobantes dans un passage où les parenthèses diffé-
renciées servent'de parenthèses englobées. Quant au
tiret qui suit sache, il est possible qu'il ait la valeur
de celui qui suit Hore dans l'exemple de Verax cité
plus haut. Mais il est également possible qu'il cons-
titue un troisième groupe parenthétique clos après
dieux, cas dans lequel le tiret subséquent aurait une
double valeur parenthétique semblable à celle que l'on
voit explicitée dans l'exemple de Mes hôpitaux :
......
invraisemblable), -
Tout ce qui est dit ci-dessus prouve qu'il est toujours
meilleur d'employer des signes non équivoques (un
ouvrant, un fermant dans l'espèce). Nous n'aurions
aucune hésitation si le passage de Verlaine que nous
sommes en train d'examiner était écrit soit :
Ce fut aux environs de l'époque où se remuait en
moi la manie des vers et de la prose (car je faisais aussi
d'étranges nouvelles sous-marines à la façon plutôt
d'Edgar Poe [car Jules Verne, d'ailleurs jamais très
haut coté dans ma curiosité, n'était pas encore inventé,
que je sache, — et de quelle façon, justes dieux!] et
des contes dont l'Hoffmann des Frères Sérapion se fût
réjoui passablement, tant il y était naïvement plagié)
que commença de grouiller dans mon... coeur
Soit :
(car je faisais aussi d'étranges nouvelles sous-ma-
rines à la façon plutôt d'Edgar Poe [car Jules Verne,
d'ailleurs jamais très haut coté dans ma curiosité, n'était
pas encore inventé, que je sache, — et de quelle façon,
justes dieux! —] et des contes dont VHoffmann des
Frères Sérapion se fût réjoui passablement, tant il y
était naïvement plagié)
Dans cette dernière manière d'écrire, il y aurait trois
groupes emboîtés : ( ......[
- - ] ).
Le tiret a encore un emploi parallèle à celui de la
forme fermante de la parenthèse dans les indications
qui servent à indiquer un classement. On comparera à
cet égard :
d) Déterminatifs appariés.
(J. Marouzeau,
f Ordre des mots dans la phrase latine, I, p. 56.)
1) L'examen des formes montrent que reor n'a été
réellement usité qu'à trois de ses temps :
(A. Yon, Ratio et les mots de la famille de reor, p. 22.)
I. — Groupe nilo-tchadien (30 langues).
(Les Langues du Monde, M. Delafosse,
Langues du Soudan et de la Guinée, p. 479.)
6° Tons musicaux. — Certaines langues négro-afri-
caines possèdent des tons musicaux à valeur étymolo-
gique
(Id., ibid., p. 474.)
Le tiret est alors, très généralement, précédé d'un
point, sans que pour cela il indique forcément une divi-
sion plus grande qu'une parenthèse de forme fermante.
Le principal emploi du tiret isolé est d'indiquer dans
un dialogue un changement d'interlocuteur; ex. :
Dunois, qui commande la garnison et n'y tient plus,
saute dans une barque et à l'aviron rejoint Jeanne.
— Etes-vous le Bâtard d'Orléans?
— Oui, et je me réjouis fort de votre venue.
— Est-ce vous qui avez donné le conseil de me faire
venir par ce côté du fleuve?
— Non, mais on a suivi l'avis des vétérans.
— En nom Dieu, le conseil de Messire est plus sûr
que le leur! Messire!... lequel à la requête de Saint
Louis et de Saint Charlemagne, ne veut pas souffrir que
les ennemis du royaume aient le corps du duc d'Orléans
et sa ville.
— Comment entrerez vous? le vent est contraire!
— Il va changer!
(Marie Gasquet, Sainte Jeanne d'Arc, p. 71.)
Brusquement M. de Peyrolles s'arrêta, fit mine de
me barrer le passage, et penché au-dessus de moi, avec
son charmant sourire un peu triste :
— Voyons, fit-il, veux-tu que je te dise, tout d'abord,
qui je suis et ce que je suis? Ce que je fais ici? Ce que
nous faisons tous?
— Mais très volontiers, monsieur, bien que je n'aie
pas besoin...
— Si! si! Tu as besoin d'une petite explication...
Viens t'asseoir... Où peut-on s'asseoir, Biscaran?
(Jean Martet, l'Enlèvement de Daphné, dans la
Revue des Deux Mondes du 15 mai 1938, p. 260.)
Dans cet emploi, le tiret est parfois accompagné de
guillemets; ex. :
Celui-ci s'était affaissé sur sa chaise et ne cachait
rien de son désespoir.
— « Je le savais », dit-il tristement, « depuis ma
maladie de l'année dernière, et pourtant je n'y voulais
pas croire. Que deviendront ma femme et ma fille? »
— « Je te croyais à ton aise? » interrogea l'autre.
— « Ah! ce n'est pas la question d'argent qui m'in-
quiète : mais notre bonne vie, notre vie si douce de
quinze années!... »
C'était pitié de voir cet homme, vigoureux d'appa-
rence, brisé ainsi par une douleur sans égoïsme.
(Paul Bourget, Céline Lacoste, p. 212.)
Il arrive aussi que, dans ce cas, les guillemets n'ac-
compagnent le tiret qu'au début de la conversation, le
changement de sujet parlant n'étant indiqué que par
un simple tiret. Ex. :
J'eusse souhaité d'abattre à mes pieds le misérable
d'un coup de canne ou de pistolet, plutôt que de lui
rendre le salut, courtois du reste, qu'il m'adressa, et de
répondre à son compliment de bienvenue.
« — Que vous m'eussiez rencontré voilà quelque vingt
ans, monsieur Fonsagous, ne pus-je m'empêcher de
dire, et ma tête ne tenait qu'à un fil.
— Il est vrai, monsieur le marquis, répliqua-t-il.
Mais j'eusse pleuré sincèrement votre jeunesse, fanée
ainsi dans sa fleur, et le malheur de ma vie privée
chaque jour de ses meilleurs enfants. »
(M. Boulenger, Souvenirs du marquis de Floranges,
p. 148.)
Nous avons vu au § 19 que les guillemets qui com-
mencent le dialogue pouvaient n'être accompagnés
d'aucun tiret.
Dans les écrits où le nom de chaque interlocuteur est
indiqué purement et simplement avant les paroles qui
lui sont attribuées, il est suivi d'un point et d'un tiret;
ex. :
TOTO.
— Invite monsieur à dîner.
MADAME.
— Tu m'ennuies!... Quant à vous, vous êtes
un malotru!
'
L'HOMME QUI VIENT POUR LE GAZ.
— Ah! c'est comme
çaP Des gros mots et pas de galette? Eh bien je vous
ferai couper la conduite!
(Courteline, Coco, Coco et Toto, Invite monsieur
à dîner! p. 54.)
Cette manière d'indiquer le sujet parlant est en con-
currence avec le procédé qui consiste à mettre le nom
au milieu d'une ligne et à commencer la réplique à la
ligne suivante; mais c'est une simple variante gra-
phique sans valeur pausale ni mélodique spéciale, des-
tinée à économiser du papier.
C'est également pour ne pas prendre trop de place
qu'on met un simple tiret là où le peu de rapport de
la phrase qui succède à l'autre ferait attendre un alinéa
(v. infra § 38) ; ex. :
MÉMENTO Les quatorze mois de démence dont
parle Pierre Lombard, et qui d'ailleurs continuent,
auront gravement compromis la magistrature de l'esprit
français. — L'ancien Ordre démocratique du docteur
Pineau reparaît sous le nom le Révolutionniste
— Le Journal des Débats continue à paraître légère-
ment transformé, six fois par semaine — Les nu-
méros de l'Espoir français, 38, rue de Liége, sont
toujours à consulter, si riches sont-ils de faits, de chif-
fres et d'idées.
(Henri Mazel, Revue de la quinzaine, Science sociale,
dans le Mercure de France du 15 janvier 1938, p. 381.)
Il faut aussi signaler la combinaison du tiret avec
des guillemets, à la façon de celle des parenthèses avec
les tirets et avec les crochets, lorsqu'il s'agit d'inclure
la citation textuelle des paroles d'un tiers dans la cita-
tion textuelle d'un des sujets parlants; ex. :
— Mais on les voit toujours ensemble.
— Justement, on les verrait moins. Ils ont toujours
l'air de dire : « Voyez, constatez, nous n'avons rien à
cacher. » Elle a même pris la fille du docteur pour sa
sœur cadette. (H. Bordeaux, l'Intruse, p. 105.)
Enfin, certains dictionnaires remplacent par un tiret
le vocable qui fait l'objet de l'article; ex. :
RÈGNE pouvoir, empire (long, court —; — pai-
sible, fortuné; heureux —; — orageux, etc.) ; genre
(- végétal, animal, minéral; — organique, inorga-
nique).
(Boiste, Dictionnaire universel de la langue française,
article règne, p. 610, col. 1.)
Cet usage est incommode. Mieux vaut écrire le mot
entier; ex. :
Qui suit immédiatement le douzième. Il est le trei-
zième. Le treizième siècle.
(Littré, Dictionnaire de la langue française,
article treizième.)
X. — LE POINT D'IRONIE
37. C'est également parmi les signes mélodiques
qu'il faudrait placer le point d'ironie si cette invention
saugrenue avait pris place parmi les signes de ponc-
tuation. C.-J. Millon (1) remémore fort à propos cette
imagination d'Alcanter de Brahm, qui fit couler
quelque peu d'encre il y a une quarantaine d'années, et
nous donne sur ce sujet des renseignements très intéres-
sants. Le point d'ironie était destiné à « mar-
quer une intention ironique ». C.-J. Millon en
donne le dessin ci-contre.
Le point d'ironie n'a pas réussi, et il méri-
tait de ne pas réussir. Toute la valeur fine
qu'on peut tirer de l'ironie réside dans sa dis-
crétion et dans son voilement. En marquer la présence
par un procédé graphique aurait quelque chose de
brutal et de choquant.
(1) Charles-Joseph Millon, la Ponctuation française, p. 38.
CHAPITRE IV
Moyens accessoires.
38. L'alinéa est un adjuvant du point. Il marqué que
la pensée exprimée précédemment est arrivée à un état
de complétude suffisant pour qu'on puisse s'arrêter un
temps plus long qu'après un point simple avec reprise
du texte dans la même ligne; ex. :
Même s'il était allé chez M"' de Lagny, il en revien-
drait sombre et insatisfait. Aussi décida-t-elle de l'at-
tendre.
Elle fit sa toilette de nuit et attendit.
(H. Bordeaux, l'Intruse, p. 156.)
Une scène est terminée. Geneviève vient de prendre
une résolution; une autre scène commence, qui décrira
la réaction des siens devant son attitude.
Pour qu'il y ait alinéa expressif, il ne suffit pas que
le texte ne soit repris qu'à la ligne suivante. Il faut
que le premier mot de la nouvelle phrase soit tracé un
peu en retrait du commencement des lignes ordinaires.
C'est ainsi que la parenthèse, tout en étant plus
isolée dans le passage suivant qu'elle ne le serait si elle
était purement intercalée dans la ligne après tête, ne
doit pas être considérée comme formant alinéa, non
plus que la reprise introduite par car qui la suit :
On voyait Paul Souday, Henri Quittard, Dauphin
Meunier, Maurice du Plessys, Franklin-Bouillon, alors
étudiant, montant et descendant le BouVMich avec un
monocle éblouissant sous la paupière et un « huit
reflets » sur la tête
(le contraire eût été piquant)
car le chapeau haute forme était aussi à la mode.
(Gaston Picard, Revue de la quinzaine, les Journaux,
dans le Mercure de France du 15 janvier 1938, p. 403.)
De même :
Dans un haute forme il ferait bon boire,
Mais dans mon galurin,
Voire,
11 ferait bon lamper du vin !
aurait dit Ponchon s'il n'avait dit beaucoup mieux.
(Id., ibid.)
Pour renforcer la valeur de l'alinéa, il n'est pas rare
que l'on saute une ligne; ex. :
Il s'accordait toutes les circonstances atténuantes,
mais se reconnaissait coupable de félonie. Son amour
était assez grand pour l'accepter.
Les choses parurent tout d'abord se passer à son gré.
(H. Bordeaux, flntruse, p. 178.)
Les accents.
42. Une loi phonétique importante de la langue fran-
çaise veut que la dernière voyelle de plein exercice
(pratiquement toute voyelle de la dernière syllabe, ou
de l'avant-dernière quand celle-ci contient un e dit
muet) d'un mot soit tonique.
Avant que l'on eût l'habitude de marquer régulière-
ment l'e tonique par un signe spécial, il y avait assez
souvent pour le lecteur quelque difficulté à savoir
quelle était cette tonique. Soit ces deux distiques :
Chascun estime loue et prise
Fille qui est quoye et rassise.
(Les Estrennes des Filles de Paris, Bibl. gothique,
fol. 3, recto.)
ragea
AVANT-PROPOS 5
La ponctuation a pour but de marquer les pauses et la
mélodie dans la langue 6
Ses indications sont imparfaites 7
Utilité d'une bonne ponctuation 8
CHAPITRE PREMIER
CLASSIFICATION DES SIGNES DE PONCTUATION
CHAPITRE II
SIGNES PAUSAUX
I. LA VIRGULE.
5. — Les deux rôles principaux de la virgule 12
6. — Virgules séparant des termes qui jouent dans le
discours le même rôle grammatical 12
A. Phrases entières 12
B. Compléments 13
7. — Suite de compléments dont les deux derniers sont
séparés par des conjonctions de coordination.... 17
8. — Les compléments ambiants 22
A. Compléments ambiants en tête de phrase 22
B. Compléments ambiants en fin de phrase 25
C. Compléments ambiants en cours de phrase.... 28
9. — Combinaison des deux genres de virgules 33
10. — La pausette, pause moindre que celle que la virgule
indique, manque de signe spécial
.............. 39
Pages
11. — La pausette dans les zeugmes; incertitude 42
12. — Le manque de signe spécial pour la pausette risque
de faire confondre une épithète et un attribut... 43
II. LE POINT.
13. — Le point 44
.
III. LE POINT ET VIRGULE.
14. — Le point et virgule 50
IV. VALEUR MÉLODIQUE DES SIGNES PAUSAUX.
15. — Valeur mélodique des signes pausaux 54
CHAPITRE III
SIGNES MÉLODIQUES
I. LES DEUX POINTS.
16. — Inventaire de l'emploi des deux points 55
17. — Caractère des deux points 61
18. — Valeur pausale des deux points 62
II. LES GUILLEMETS.
19. — Valeur mélodique des guillemets 63
20. — Valeur pausale des guillemets 74
III. LE POINT D'INTERROGATION.
21. -— Valeur mélodique du point d'interrogation 76
22. — Valeur pausale du point d'interrogation 79
23. — Plusieurs points d'interrogation se suivant immédia-
tement . 81
24. — Points d'interrogation sans texte 81
IV. LE POINT D'EXCLAMATION.
25. — Valeur mélodique du point d'exclamation 82
26. — Valeur pausale du point d'exclamation 87
27. — Plusieurs points d'exclamation se suivant immédiate-
ment 88
28. — Points d'exclamation sans texte 88
V. LES POINTS DE SUSPENSION.
29. — Points de suspension proprement dits ; leur valeur
mélodique 89
30. — Leur valeur pausale 97
31. — Groupes de points ayant d'autres rôles que les points
de suspension
................................
101
Pages.
VI. LES PARENTHÈSES.
32. — Les parenthèses 107
VII. LES CROCHETS.
33. — Les crochets 116
VIII. LE TIRET.
34. — Le tiret 119
IX. LE TRAIT D'UNION.
35. — Les deux genres de traits d'union; confusion possible. 126
36. — Signes semblables au trait d'union ou au tiret 127
X. LE POINT D'IRONIE.
37. — Un signe superflu, et qui n'a point réussi 128
CHAPITRE IV
MOYENS ACCESSOIRES
38. — L'alinéa 129
39. — Les majuscules 130
40. — Forme des caractères d'écriture; soulignage; ru-
brique 131
41. — L'astérisque 132
CHAPITRE V
LES ACCENTS