Vous êtes sur la page 1sur 37

Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.

Chapitre 1er : Notions de base


1.1. Etude des réseaux

Le développement continu des ordinateurs, de plus en plus rapide et à grande capacité de


mémoire apporte un changement certain dans l’importance relative des différentes techniques
de calcul utilisés pour l’étude des grands réseaux.

Les solutions, quant à leurs rapidités et leurs précisions, dépendent du type d’équations de
réseaux utilisées. Ceci montre l’importance que l’ingénieur accordera à la formulation d’un
problème donné.

Dans ce chapitre, nous analyserons un certain nombre de théorèmes déjà connus dans l’étude
des circuits électriques.

1.1. 1. Equivalence des sources

Dans un certain nombre de problèmes d’analyse des circuits, un moyen de résolution


couramment rencontré est celui qui consiste à remplacer une source de courant constant en
parallèle avec une impédance par une source de tension constante avec une impédance en
série.

Soient les figures 1.1 a et b ci-dessous qui illustrent la situation que nous venons de décrire,
en supposant que Z L représente l’impédance d’entrée d’un réseau d’une part et que d’autre
part, ce réseau est supposé passif, c’est-à-dire que toute force électromotrice est en court-
circuit et que toute source de courant est ouverte.
IL IL

ZS
VL ZL IS ZS VL ZL

(a) (b)
Figure 1.1 : Circuits qui illustrent l’équivalence des sources

On peut écrire

- Pour le circuit (a) ayant une f.é.m. constante E et une impédance Z S , l’expression de la
tension VL aux bornes de la charge est la suivante :

VL = E − I L Z S (1.1)

I L étant le courant dans la charge.


Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.2

- Pour le circuit (b) ayant une source de courant, l’expression de la tension VL aux bornes
de la charge est la suivante :

VL = ( I S − I L ) Z S′ (1.2)

Les deux sources et leurs impédances associées sont dites équivalentes si la tension VL est la
même dans les deux circuits. Dans le cas où la charge Z L est la même, on aura le même
courant I L dans les deux cas.

En comparant les équations 1.1 et 1.2, on peut dire qu’il est possible de remplacer une source
de courant constant en parallèle avec son en parallèle avec son impédance par une source de
tension avec son impédance en série en parallèle en série, et vice versa, à condition de vérifier
simultanément les deux relations suivantes

E = − I S Z S′ (1.3)

Z S = Z S′ (1.4)

Ces deux égalités constituent la condition d’équivalence des sources qui sont branchées à un
réseau passif. En considérant le principe de superposition, on peut montrer que les mêmes
conditions sont valables même dans me cas où le réseau n’est pas passif. En effet, lorsque le
réseau alimenté est constitué d’éléments actifs, pour évaluer la contribution d’une source
d’alimentation, le principe de superposition stipule qu’il faudra ouvrir toute branche contenant
une source de courant, et court-circuiter toute source de tension à l’intérieur de ce réseau
alimenté. On voit donc que le réseau alimenté reste passif quant à la composante du courant
due à la source d’alimentation. Pour déterminer les composantes du courant dues aux sources
du réseau alimenté, la source d’alimentation sera soit court-circuitée, soit ouverte suivant que
l’on a une source de tension ou une source de courant.

Quelle que soit la source du réseau qui alimente, seule l’impédance Z S ou son équivalent Z S′
intervient pour la détermination de l’effet des sources du réseau alimenté. Ainsi, en appliquant
le principe de superposition, les composantes dues aux sources du réseau alimenté sont
indépendantes du type de source d’alimentation tant que l’impédance Z S , en série à une
source de tension est égale en valeur à l’impédance Z S′ en parallèle sur une source de courant
constant.

Ainsi, les mêmes conditions d’équivalence sont valables à tout réseau alimenté qu’il soit
passif ou actif.

1.1.2. Equations des nœuds

Les jonctions formées lorsque deux ou plusieurs éléments purs (résistance R , inductance L ,
capacité C , une source idéale tension ou de courant) sont connectés les uns aux autres par
leurs bouts sont appelés les « nœuds ».

La détermination systématique des équations des nœuds d’un circuit par l’application de la loi
de Kirchhoff pour le courant est la base de quelques excellentes solutions de problèmes de
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.3

réseau. Dans la pratique, seuls les nœuds majeurs (principaux), auxquels sont connectés au
moins trois éléments, sont pris en considération.

Soit à formuler les équations des nœuds pour le réseau de la figure 1.2 ci-dessous où deux
générateurs, connectés aux nœuds 1 et 3 au travers des transformateurs élévateurs, alimentent
une charge constituée d’un moteur synchrone au nœud 2.

1
a
4
3
c

2
b

Figure 1.2 : Schéma unifilaire d’un réseau

Lorsqu’on représente les impédances des différents éléments du réseau, on obtient la figure
1.3 qui se transforme en la figure 1.4. Lorsque les sources de tension et leurs impédances
séries sont remplacées par les sources de courant et leurs admittances shunts équivalentes.
Ea 1
0

Ec 4
3

Eb 2

Figure 1.3
I1 1

Y01 Y14
Y13
I3 3 4
Y34

Y03

I2 2 Y23
Y24

Y02

Figure 1.4
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.4

Soit Vi la tension au nœud i par rapport au nœud de référence, nous pouvons écrire
l’équation suivante au nœud 1

I1 = V1Y01 + (V1 − V3 ) Y13 + (V1 − V4 ) Y14 (1.5)

Au nœud 4

0 = (V4 − V1 ) Y14 + (V4 − V2 ) Y24 + (V4 − V3 ) Y34 (1.6)

En arrangeant ces équations, on a

I1 = V1 (Y01 + Y13 + Y14 ) − V3Y13 − V4Y14 (1.7)

0 = − V1Y14 − V2Y24 − V3Y34 + V4 (Y14 + Y24 + Y34 ) (1.8)

Des équations semblables à celles-ci peuvent être établies pour les nœuds 2 et 3 et, les quatre
équations peuvent être résolues simultanément par rapport aux tensions V1 , V2 , V3 et V4 .
Tous les courants des branches se déterminent aisément dès que l’on connait les tensions aux
différents nœuds. Une équation écrite pour le nœud de référence n’apporte aucune
information supplémentaire. En d’autres mots, le nombre d’équations de nœuds
indépendantes est inférieur à d’une unité par rapport au nombre de nœuds dans le réseau.

En observant les équations (1.7) et (1.8), on remarque que le courant circulant dans le réseau à
partir des sources de courant connectées à un nœud est égal à la somme de certains produits.
A chaque nœud, les facteurs de chacun des termes de la somme sont d’une part l’admittance
entre ce nœud et un nœud voisin, à ces termes positifs s’ajoutent des termes négatifs dont les
facteurs sont la tension à un nœud voisin, et l’admittance entre le nœud considéré et ce nœud
voisin.

La représentation standard sous forme matricielle pour un système à N équations


indépendantes est :

⎡ I1 ⎤ ⎡ Y11 Y12 Y1i Y1 j Y1N ⎤ ⎡ V ⎤


1
⎢ I ⎥ ⎢Y Y22
⎥⎢ ⎥
Y2 N ⎥ V2
⎢ 2 ⎥ ⎢ 21 ⎢ ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥⎢ ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥⎢ ⎥
⎢ Ii ⎥ = ⎢ Yi1 Yi 2 Yii Yij YiN ⎥ ⎢ Vi ⎥ (1.9)
⎢ I j ⎥ ⎢Y Yj2 Y ji Y jj

Y jN ⎥ ⎢ V j ⎥
⎢ ⎥ ⎢ j1 ⎢ ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥⎢ ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥⎢ ⎥
⎣ I N ⎦ ⎢⎣YN 1 YN 2 YNi YNj YNN ⎥⎦ ⎣VN ⎦

Sous la forme plus condensée, si l’on appelle [I ] , le vecteur des sources de courants
connectés aux différents nœuds, [V ] , le vecteur des tensions aux différents nœuds et, [Y ] , la
matrice symétrique d’admittances du réseau, l’équation matricielle (1.9) peut s’écrire de la
manière suivante :
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.5

[ I ] = [Y ] [V ] (1.10)

L’ordre des indices des éléments de la matrice d’admittances est celui de « effet-cause ». En
effet, le premier indice i , pour une admittance quelconque Yij , est celui du nœud auquel
s’exprime le courant tandis que le second, j , représente le numéro du nœud dont la tension
cause cette composante du courant.

Les éléments Yij sont appelés les admittances mutuelles entre les nœuds i et j et, Yii les
admittances propres au nœud i . Chaque admittance mutuelle est égale à l’opposé de la
somme de toutes les admittances qui aboutissent en ce nœud.

Il est courant de trouver dans la littérature des appellations telles que les admittances de
transfert au lieu d’admittances mutuelles et, admittances ponctuelles au lieu d’admittances
propres.

L’expression générale, pour une source de courant débitant en un nœud i d’un réseau
contenant N nœuds en dehors du nœud de référence est

N
Ii = ∑ Yij V j (1.11)
j =1

Une telle relation peut s’écrire pour chacun des N nœuds auxquels la tension est inconnue.
Cette équation ne s’écrit pas pour un nœud ayant une tension fixée. Dans l’exemple de la
figure 1.2, si les tensions sont fixées (en module et en phase) aux secondaires de deux
transformateurs, deux équations seules suffisent pour décrire le réseau. En effet, les deux
seuls nœuds où il est nécessaire d’écrire les équations des nœuds sont les nœuds 2 et 4 où les
tensions sont inconnues. Il n’est pas nécessaire de remplacer par une source de courant
équivalente, une source de tension dont l’une de ses extrémités est le nœud de référence. Ceci
pour la raison évidente qu’est la connaissance de la tension à l’autre nœud.

1.1.3. Elimination de nœuds

Il est possible dans l’étude des réseaux électriques, d’éliminer certains nœuds du réseau donné
sans perdre une quelconque information pour l’étude elle-même. L’application des calculs
matriciels des équations de nœuds permettent d’atteindre ce but. Les seuls nœuds susceptibles
d’être éliminés sont ceux par lesquels le courant ne peut ni entrer ni sortit (c’est-à-dire le
courant injecté est nul).

De l’équation matricielle (1.10), il est possible d’arranger le vecteur I tel que ses
composantes correspondantes aux nœuds à éliminer puissent occuper les dernières positions.
Ainsi en utilisant les techniques de partition des matrices, l’équation (1.10) devient

⎡ Ia ⎤ ⎡ K L⎤ ⎡Va ⎤
⎢ ⎥=⎢ ⎥ ⎢ ⎥ (1.12)
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢⎣ I e ⎥⎦ ⎢⎣ L ′ M ⎥⎦ ⎢⎣Ve ⎥⎦
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.6

I e est le sous-vecteur composé des courants entrant dans les nœuds à éliminer. Ce sous-
vecteur est nul.
Ve est le sous-vecteur composé tension correspondant aux nœuds à éliminer.
K est la sous-matrice composée d’admittances propres et d’admittances de transfert des
nœuds qui ne sont pas à éliminer.
M est la sous-matrice composée d’admittances propres et d’admittances de transfert des
nœuds à éliminer.
L dont L ′ est la transposée, est une sous-matrice composée uniquement des admittances de
transfert entre les nœuds qui doivent être éliminés et ceux qui ne doivent pas l’être.

La multiplication par bloc donne, à partir de l’équation (1.12)

I a = KVa + LVe (1.13)

I e = L ′Va + MVe (1.14)

Cette dernière relation peut s’écrire autrement étant donné que I e = 0 . En effet, on a

− L ′Va = MVe

Si l’on prémultiplie cette égalité par M −1 , inverse de la matrice M , il vient

Ve = − M −1 L ′Va (1.15)

En injectant cette valeur de Ve dans l’équation (1.13), on a

I a = KVa − L M −1 L ′Va (1.16)

Si nous appelons Ya la matrice d’admittances de nœuds non éliminés, on peut écrire


Ya = K − L M −1 L ′ (1.17)

C’est cette matrice qui nous permet de reconstruire un réseau tout en ayant éliminé certains
nœuds par rapport à son état initial.

1.1.4. Matrice des admittances – matrice des impédances : signification physique


et mesure des éléments

L’inverse de la matrice d’admittances Y telle que définie dans l’équation (1.10) porte le nom
de « matrice d’impédances » et, se note par le symbole Z .

Z = Y −1 (1.18)

Etant donné que la matrice d’admittances est symétrique, il en sera de même de la matrice
d’impédances. Un élément de la matrice Z sera appelé impédance ponctuelle (ou propre)
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.7

d’un nœud lors que ses deux indices sont les mêmes et, tout élément dont les indices en sont
pas les mêmes portera le nom d’impédance de transfert (ou mutuelle).

L’obtention de la matrice d’impédances, qui est très importante comme nous le verrons dans
la suite pour les calculs des défauts, ne nécessite pas une acquisition préalable de la matrice
d’admittances. Nous verrons, à la fin de ce chapitre, comment il est possible de déterminer
directement la matrice d’impédances. Nous allons examiner la signification physique et le
principe pour la mesure des différents éléments des matrices Y et Z .

1.1.4. 1. Matrice des admittances

Soit un circuit à N nœuds indépendants, nous savons de l’équation (1.11) que le courant en
un nœud i donné est

N
Ii = ∑ Yij V j
j =1

L’admittance ponctuelle en ce nœud i est

Ii
Yii = (1.19)
Vi Vk = 0 ∀ k =1, N et k ≠i

Cette admittance peut donc être déterminée en mettant au potentiel du nœud de référence tous
les autres nœuds à l’exception du nœud i considéré, et en calculant le rapport du courant Ii
injecté en ce nœud à la tension Vi au même nœud.

De la relation qui donne l’expression du courant au nœud i , nous pouvons également déduire
celle de l’admittance de transfert Yij entre deux nœuds différents i et j .

Ii
Yij = (1.20)
Vj
Vk = 0 ∀ k =1, N et i ≠ j ≠ k

On voit donc que Yij est le rapport entre l’opposé du courant qui quitte le réseau par le court-
circuit qui met le nœud i au potentiel de référence, et la tension V j .

On utilise l’opposé du courant quittant nœud i puisque ce courant I i est défini comme étant
positif lorsqu’il est entrant au nœud i . Comme on pouvait s’y attendre, l’admittance
résultante est l’opposé de l’admittance directement reliée entre les nœuds i et j .

Voici l’exemple d’un circuit à trois nœuds indépendants pour la mesure des éléments de la
matrice des admittances.
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.8

1 3

V3 I3
I1 I2

Figure 1.5 : Circuit pour mesurer Y33 , Y23 et Y13

L’expression du courant au nœud 3 est

I 3 = Y31V1 + Y32V2 + Y33V3

Si les nœuds 1 et 2 sont mis au potentiel de référence, que l’on prend égal à zéro pour la
simplicité des expressions, l’admittance propre au nœud 3 sera

I3
Y33 =
V3 V1 = V2 = 0

De même, on aura

I1 = Y11V1 + Y12V2 + Y13V3 et


I 2 = Y21V1 + Y22V2 + Y23V3

A partir de chacune de ces deux équations, on peut déduire les expressions des admittances de
transfert Y13 et Y23 .

I1
Y13 =
V3 V1 = V2 = 0

I2
Y23 =
V3 V1 = V2 = 0

1.1.4. 2. Matrice des impédances

Des équations (1.10) et (1.18), nous pouvons écrire la relation suivante

V =ZI (1.21)

qui est l’équation matricielle qui relie les tensions et les courants en fonction de la matrice des
impédances. Pour chaque nœud i d’un réseau à N nœuds indépendants, la tension vaut
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.9

N
Vi = ∑ Zij I j (1.22)
j =1

D’où les expressions des impédances ponctuelles et de transfert

Vi
Zii = (1.23)
Ii I k = 0 ∀ k = 1, N et k ≠i

Vi
Zij = (1.24)
Ij
I k = 0 ∀ k = 1, N et i ≠ j ≠ k

L’impédance ponctuelle en un nœud s’obtient en mettant en circuit ouvert toutes les sources
de courant à l’exception de celle qui débite au nœud considéré. Il est quasi impossible
d’espérer obtenir une quelconque relation entre l’admittance Yii au nœud i et d’impédance
Zii au même nœud étant donné que leurs modes d’obtention sont très différents l’un de
l’autre : court-circuit pour la détermination de Yii et circuit ouvert pour Zii .

L’impédance de transfert Zij entre les nœuds i et j s’obtient en laissant fermer la source de
courant qui alimente le nœud j et en ouvrant toutes les autres sources de courant.

Une réflexion analogue à la précédente, celle faite à propos d’une éventuelle relation entre Zii
et Yii , peut être faite par les impédances de transfert et les admittances de transfert.

L’équation (1.22) montre que lorsqu’on injecte un courant en un nœud i et que l’on laisse
ouvert toutes les autres sources qui alimentent les autres nœuds, la seule impédance à travers
laquelle passe le courant I i est bien l’impédance Zii .

Sous les mêmes conditions, on peut constater que pour tout autre nœud j différent de i , le
courant I i cause une tension V j qui vaut

V j = Z ji I i

Il est impossible de réaliser physiquement un circuit passif ayant de tel couplage


d’impédances, mais il s’avère nécessaire de saisir l’importance de la discussion ci-dessus ;
étant donné que la matrice Z des impédances est parfois utilisée pour l’étude des transits dans
les réseaux et, plus fréquemment encore dans l’étude des défauts.

Pour la mesure des éléments de la matrice des impédances, on peut se baser sur l’exemple ci-
après d’un circuit à trois nœuds indépendants.
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.10

1 3

V3 I3
V1
V2
I1 I2

Figure 1.6 : Circuit pour mesurer Z33 , Z 23 et Z13

L’équation de la tension au nœud 3 est la suivante

V3 = Z31 I1 + Z32 I 2 + Z33 I 3

Et comme les courants I1 et I 2 sont nuls, il vient que l’impédance ponctuelle au nœud 3 vaut :

V3
Z33 =
I3 I1 = I 2 = 0

Aux nœuds 1 et 2 on a

V1 = Z11 I1 + Z12 I 2 + Z13 I 3

V2 = Z 21 I1 + Z 22 I 2 + Z 23 I 3

De ces deux relations on déduit les expressions des impédances de transfert Z13 et Z 23 .

V1
Z13 =
I3 I1 = I 2 = 0

V2
Z 23 =
I3 I1 = I 2 = 0

1.1.5. Modification d’une matrice existante des impédances

Etant donné que la matrice des impédances est un outil important dans les problèmes
d’analyse de réseaux, nous allons examiner de quelle manière peut-on modifier cette matrice
des impédances existante en y ajoutant de nouveaux nœuds et/ou de nouvelles branches.

Il existe plusieurs types de modifications qui découlent d’un ajout d’une branche ayant une
impédance Zb à un réseau dont la matrice originale des impédances Z or est de dimension
N × N . Dans l’analyse qui suit, les nombres et les lettres h , i , j et k désigneront les nœuds
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.11

existants. La lettre p désignera par contre un nouveau nœud à ajouter au réseau existant afin
de modifier la matrice Z or en une matrice de dimension ( N + 1) × ( N + 1) . Examinons
quelques cas couramment rencontrés en pratique lors des études des réseaux.

1.1.5. 1. Ajout d’une branche au nœud de référence

Si Zb est l’impédance de la branche qui relie un nouveau nœud p au nœud de référence, il


est aisé de voir que cette seule jonction ne pourra rien altérer dans le réseau original si un
quelconque courant I p est injecté vers le nœud p . La tension au nœud p sera Z b I p .

L’équation matricielle qui décrit ce nouveau réseau est :

⎡ V1 ⎤ ⎡ 0⎤ ⎡ I1 ⎤
⎢V ⎥ ⎢ ⎢I ⎥
⎢ 2⎥ ⎢ 0 ⎥⎥ ⎢ 2⎥
⎢ ⎥ ⎢ Z or ⎥ ⎢ ⎥
⎢ ⎥=⎢ ⎥ ⎢ ⎥ (1.29)
⎢VN ⎥ ⎢ 0⎥ ⎢IN ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎣⎢V p ⎦⎥ ⎢⎣ 0 0 0 Zb ⎦⎥ ⎣⎢ I p ⎦⎥

On remarque que la multiplication de la nouvelle matrice des impédances par le vecteur


courant ne modifie en rien les tensions aux nœuds 1 à N du réseau avant la modification et,
donne la valeur attendue da la tension au nœud p .

Réseau original
sans le nœud de
référence 0
(nœuds 1 à N)
Zb
p
Ip 0

Figure 1.7 : Ajout d’une branche au nœud de référence

1.1.5. 2. Ajout d’une branche à un nœud existant

Soit un nouveau nœud p connecté à un nœud k existant par l’intermédiaire d’une branche
d’impédance Zb . Si l’on injecte un courant I p du nœud p au travers Zb , le courant total qui
rentre dans le réseau à partir du nœud k devient la somme du courant I k partant du nœud k
vers le réseau avant la modification et du courant I p .

La nouvelle tension Vk′ au nœud k sera l’ancienne tension Vk en ce même nœud augmentée
de la tension Z kk I p .

Vk′ = Vk + Z kk I p (1.26)
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.12

et la tension au nœud p sera supérieure à la nouvelle tension au nœud p augmentée de la


tension Z b I p

k Ik Ik + I p

Réseau original sans le


Ip nœud de référence 0 et
le nœud k
p Zb

0
Figure 1.8 : Ajout d’une branche à un nœud existant

V p = Vk + Z kk I p + Z b I p (1.27)

En développant le terme Vk par ses différentes composantes, on a :

V p = Z k1 I1 + Z k 2 I 2 + + Z kN I N + ( Z kk + Zb ) I p (1.28)

Cette relation nous donne les différentes composantes du vecteur ligne, qu’il faudra ajouter à
la matrice originale des impédances pour représenter la nouvelle topologie du réseau. Etant
donnée la symétrie de la matrice des impédances, le vecteur colonne contiendra également les
mêmes éléments. L’équation matricielle dans le cas d’une ajoute d’une branche d’impédance
Zb entre un nœud existant k et un nouveau nœud p sera

⎡ V1 ⎤ ⎡ Z1k ⎤ ⎡ I1 ⎤
⎢V ⎥ ⎢ ⎢I ⎥
⎢ 2⎥ ⎢ Z1k ⎥⎥ ⎢ 2⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢ Vk ⎥ = ⎢ Z or Z kk ⎥ ⎢ Ik ⎥ (1.29)
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢VN ⎥ ⎢ Z Nk ⎥ ⎢IN ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢⎣V p ⎥⎦ ⎢⎣ Z k1 Zk 2 Z kk Z kN Z kk + Zb ⎥⎦ ⎢⎣ I p ⎥⎦

Les N premiers éléments de la nouvelle ligne sont ceux de la ligne k de la matrice Z or et, les
N premiers éléments de la nouvelle colonne sont ceux de la colonne k de la matrice Z or

1.1.5. 3. Ajout d’une branche entre un nœud existant et le nœud de référence

Afin d’exploiter certains résultats précédemment obtenus, l’ajout d’une branche entre un
nœud existant k et le nœud de référence 0 se fera en deux étapes :
- Ajouter une branche d’impédance Zb entre un nœud existant k et un nouveau nœud
p ;
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.13

- Eliminer le nouveau nœud p en le mettant au potentiel du nœud de référence ( V p = 0 ).

La première étape est celle qui mène à l’équation matricielle (1.29). Etant donné que dans la
seconde étape nous réalisons un court-circuit entre le nouveau nœud p et le nœud de
référence, nous pouvons utiliser les résultats obtenus pour l’élimination des nœuds,
′ le nouvel élément qui remplace Z hi ,
notamment dans la relation (1.17). Si l’on appelle Z hi
on a

Z h( N +1) Z ( N +1)i
′ = Z hi −
Z hi (1.30)
Z kk + Zb

1.1.5. 4. Ajout d’une branche entre deux nœuds existants

Soit Zb l’impédance de la branche que l’on insère entre les nœuds j et k et I b le courant
qui parcourt cette branche du nœud k au nœud j .
j Ij I j + Ib

Réseau original sans


Ib Zb les nœuds k et j et le
nœud de référence 0.

k Ik I k − Ib

Figure 1.9 : Ajout d’une branche d’impédance Zb entre un nœud existants j et k

Nous pouvons écrire les équations de tensions aux différents nœuds du réseau.

V1 = Z11 I1 + ( )
+ Z1 j I j + Ib + Z1k ( I k − I b ) + (1.31)

Equation qui après réarrangement, devient

V1 = Z11 I1 + + Z1 j I j + Z1k I k + (
+ Z1 j − Z1k Ib) (1.32)

De même, pour les nœuds j et k , on aura


V j = Z j1 I1 + + Z jj I j + Z jk I k + ( )
+ Z jj − Z jk I b (1.33)

Vk = Z k1 I1 + + Z kj I j + Z kk I k + ( )
+ Z kj − Z kk Ib (1.34)

Le courant I b étant une inconnue, une équation supplémentaire est nécessaire pour résoudre
le problème.

Nous pouvons écrire l’équation de la différence de potentiel entre les nœuds k et j


Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.14

Vk − V j = Z b I b (1.35)

Ou encore

0 = V j − Vk + Z b I b (1.36)

En substituant les expressions de V j et Vk données par les expressions (1.33), (1.34) et (1.36),
on obtient

( )
0 = Z j1 − Z k1 I1 + ( )
+ Z jj − Z kj I j + ( )
+ Z jk − Z kk I k + ( )
+ Z jj + Z kk − 2Z jk + Z b I b
(1.37)

Si l’on appelle Zbb le coefficient du courant I b ,

(
Zbb = Z jj + Z kk − 2 Z jk + Zb ) (1.38)

En examinant les relations (1.32), (1.33), (1.34) et (1.37), on peut écrire l’équation matricielle
suivante :

⎡ ( Z1 j − Z1k ) ⎥⎤
⎡ V1 ⎤ ⎢ ⎡ I1 ⎤
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢V j ⎥ ⎢ ( Z jj − Z jk ) ⎥ ⎢Ij ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢ Vk ⎥ = ⎢ Z or ( Zkj − Z kk ) ⎥ ⎢ Ik ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢VN ⎥ ⎢ ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ( Z Nj − Z Nk ) ⎥
⎢IN ⎥
⎢ ⎥
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢⎣ 0 ⎥⎦ ⎢ ⎥ ⎢⎣ Ib ⎥⎦
⎣ j1(
⎢ Z −Z
k1 ) ( Z jj − Z1k ) ( Z jk − Z kk ) ( Z jN − Z kN ) Z bb ⎥

(1.39)

L’élimination de la ligne et de la colonne N + 1 dans la matrice des impédances se fera par la


méthode précédemment vue. Si l’on appelle Z hi ′ l’élément ( h i ) de la nouvelle matrice des
impédances après l’élimination de la ligne N + 1 et celle de la colonne N + 1 , on aura

Z h ( N +1) Z ( N +1)i
′ = Z hi −
Z hi (1.40)
Zb + Z jj + Z kk − 2 Z jk

Un autre cas envisageable est celui qui consiste à ajouter deux nouveaux nœuds joints par une
impédance Zb . Ce cas peut se ramener, par décomposition, à une suite de cas déjà examinés.
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.15

En effet, on pourrait joindre l’un des nouveaux nœuds, à travers une impédance Z x , à l’un des
nœuds existants ou au nœud de référence avant d’ajouter le second nouveau nœud.

1.1.6. Détermination directe de la matrice d’impédances

Nous avons vu comment déterminer la matrice Z des impédances après obtention de la


matrice Y des admittances et l’inversion de cette dernière. Cette procédure est très lourde à
suivre, surtout lorsque le réseau devient de plus en plus large.

Soit un réseau dont on connait toutes les valeurs des impédances entre les différents nœuds
voisins ; après le choix du nœud de référence, on peut écrire l’équation pour un nœud lié à ce
nœud voisin au travers d’une impédance Z a

V1 = I1 Z a

Nous avons ainsi obtenu une équation matricielle où chacune de trois matrices ne comporte
qu’un seul élément. On peut ajouter à ce nœud de référence un second qui le joint par une
branche d’impédance Zb . En appliquant les méthodes étudiées précédemment, on a
l’équation matricielle qui prend la forme suivante

⎡V1 ⎤ ⎡ Z a 0 ⎤ ⎡ I1 ⎤
⎢V ⎥ = ⎢ 0 Z ⎥ ⎢ I ⎥ (1.41)
⎣ 2⎦ ⎣ b⎦ ⎣ 2⎦
On peut ainsi continuer à utiliser toutes les techniques de modification d’une matrice existante
afin de reconstituer la matrice des impédances qui correspond au réseau initial.

1.1.7. Transformation étoile-triangle

La transformation d’un circuit triangle en un circuit étoile ou vice-versa est certes l’une des
méthodes de réduction des circuits la plus utilisée dans les problèmes d’analyse et de calculs
des réseaux.

Soient les schémas de la figure 1.10 ci-dessous

1 1

Z1
Z12 Z13

Z2 Z3

2 3 2 3
Z 23

Figure 1.10 : Transformation Y→ Δ

Les relations suivantes sont utilisées pour le passage d’un schéma étoile à un schéma triangle.
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.16

Z1 Z 2 + Z1 Z3 + Z 2 Z3
Z12 =
Z3
Z1 Z 2 + Z1 Z3 + Z 2 Z3
Z13 = (1.42)
Z2
Z1 Z 2 + Z1 Z3 + Z 2 Z3
Z 23 =
Z1

On notera l’élimination du nœud 0 lors du processus de transformation.

Pour convertir un schéma triangle en un schéma étoile, on fait appel aux relations ci-dessous :

Z12 Z13
Z1 =
Z12 + Z13 + Z 23
Z12 Z13
Z1 = (1.43)
Z12 + Z13 + Z 23
Z12 Z13
Z1 =
Z12 + Z13 + Z 23

La transformation Y/Δ peut s’étendre à un schéma en étoile ayant plus de trois branches
connectées en un point commun 0. En général, cette transformation conduit à des mailles
ayant une impédance entre chaque couple de nœuds, le nœud commun 0 étant éliminé.
1 1
j 2
j 2
Z2

i 3 i 3

Figure 1.11 : Transformation étoile-maille

Pour une étoile à N + 1 sommets dont le sommet 0, la relation pour l’obtention d’une
impédance entre deux sommets i et j du réseau maillé équivalent sera

Zij = Zi Z j Y0 (1.44)

N
1
Où Y0 = ∑Z (1.45)
k =1 k

Il faut cependant remarquer que le fait de l’existence d’un réseau maillé équivalent à chaque
réseau en étoile n’entraine pas nécessairement que chaque réseau maillé possède un
équivalent en étoile. Soit un réseau maillé tel que représenté par la figure 1.12 a, on peut
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.17

montrer que la figure 1.12 b n’est pas en général, l’équivalent en étoile du réseau maillé
précédent.
4 4

2 2
1 3 1 3

(a) (b)

Figure 1.12 : contre exemple de la généralité de la transformation maille – étoile

Supposons qu’un seul courant entre dans le réseau par le nœud 4 et sort par le nœud 1. On
peut dire que si le réseau de la figure 1.12 b est l’équivalent de la figure 1.12 a, alors les
nœuds 2 et 3 ne seraient pas en général, au même potentiel. Comme suivant les hypothèses
émises (entrée et sortie des courants), ces deux nœuds sont au même potentiel dans le réseau
en étoile, alors les deux circuits ne sont pas équivalents.

1.2. Systèmes triphasés déséquilibrés

En fonctionnement normal, les réseaux de transport et de distribution d’énergie électrique


fonctionnent dans des conditions très proches de la symétrie parfaite.
Les forces électromotrices des alternateurs sont, par construction, symétriques, les
impédances propres et les impédances mutuelles des différentes phases des alternateurs,
transformateurs, lignes aériennes et souterraines ont normalement des valeurs
approximativement égales. La partie importante de la consommation industrielle (moteurs
asynchrones et synchrones, fours, etc.) est, par son essence même, équilibré dans les trois
phases. Ce n’est pourtant pas nécessairement le cas pour les consommations domestiques et
professionnelles en basse tension pour l’éclairage, le chauffage, etc. Cependant
statistiquement, la répartition de ces très nombreuses consommations monophasées est telle
qu’au niveau des réseaux de distribution à basse tension et à haute tension, elles apparaissent
comme très proches de la symétrie.

Il convient cependant d’analyser un certain nombre de situations qui conduisent un réseau à


fonctionner dans ces conditions de déséquilibre. La plus critique de ces situations est celle
qu’entraine un défaut ou un court-circuit dans un réseau.

Afin de protéger le réseau contre de telles éventualités, il est nécessaire de déterminer


correctement les dispositifs de protection tels que les fusibles et les disjoncteurs. Pour cette
raison et bien d’autres, il faut calculer les courants et les tensions dans un réseau sous de telles
conditions de fonctionnement dissymétrique. Une première idée serait celle d’étendre tout
simplement l’approche de l’analyse par phase d’un système triphasé, en triplant ainsi le
travail. Malheureusement, il apparait qu’en adoptant une telle analyse, le travail aura plus que
triplé. Alors on fait appel à des méthodes de calcul polyphasé qui permettent une
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.18

transformation d’un système polyphasé déséquilibré à n vecteurs en un système polyphasé


équilibré à n vecteurs également.

Du point de vue mathématique, il y a une infinité de telles transformations. Nous étudierons


quelques transformations qui sont d’un usage aisé dans la pratique.

1.2.1. Transformation par les composantes symétriques (de Fortescue)

Dans son article1 publié en 1918, Frotescue montre comment un système triphasé de tensions
(ou de courants) arbitrairement déséquilibré, peut être transformé en trois ensembles des
composantes triphasées équilibrées. L’application de cette théorie à l’analyse des réseaux est
d’une application fondamentale. On peut transformer un quelconque réseau, arbitrairement
déséquilibré, en composantes symétriques, calculer ensuite la réponse du système par des
méthodes simples d’analyse des circuits, et, transformer enfin la réponse en variables
originales.

Cette approche est plus efficace que l’approche directe, mais beaucoup plus compliquée, qui
consiste à résoudre les problèmes des réseaux déséquilibrés en utilisant le système triphasé
original.

1.2.1.1. Expression des phaseurs originaux en fonction de leurs composantes


symétriques

Les observations faites ci-dessus à propos de la théorie des composantes symétriques


montrent qu’il est possible de transformer un système triphasé déséquilibré de phaseurs en
trois systèmes triphasés équilibrés dont :
- Le système de séquence directe qui consiste en un ensemble des composantes
triphasées équilibrées ayant la même succession de phases que le système original
déséquilibré. Les phaseurs de séquence directe sont égaux en module et possèdent un
déplacement angulaire de 120° entre chaque deux phases successives. Nous utiliserons
la lettre d en indice pour indiquer les composantes de ce système.

- Le système de séquence inverse qui consiste en un ensemble des composantes


triphasées équilibrées ayant une succession de phases opposée à celle du système de
séquence directe. Les phaseurs de séquence inverse sont égaux en module en
possèdent un déplacement angulaire de 120° entre chaque paire de phases successives.
La lettre i sera en indice pour caractériser les composantes de ce système.

- Le système de séquence homopolaire consiste en trois composantes monophasées


toutes égales en module et en phase.

Il est de coutume, lorsqu’on résout un problème par la méthode de composantes symétriques,


de désigner les trois phases du système par a, b et c, de telle manière que la séquence des
phases des tensions et de courants dans le système est abc. Ainsi l’ordre de phases des
composantes de la séquence des phaseurs déséquilibrés sera abc. Dans le cas où ces phaseurs
sont des tensions, ils seront désignés par Va , Vb et Vc et, leurs composantes symétriques
seront

1
C.L. Frotescue, « Method of symmetrical coordinates applied to the solution of polyphase networks », Trans.
AIEE, Vol. 37, Part 2, pp 1027 – 1140, 1918.
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.19

Vad , Vbd et Vcd pour la séquence directe


Vai , Vbi et Vci pour la séquence inverse et,
Va 0 , Vb0 et Vc 0 pour la séquence homopolaire

Puisque chaque phaseur original déséquilibré est la somme de ses composantes symétriques,
on peut écrire les équations suivantes

Va = Vad + Vai + Va 0
Vb = Vbd + Vbi + Vb 0 (1.46)
Vc = Vcd + Vci + Vc 0

Soit le système de phaseurs suivant

Vc
Vcd

8 Vad
4.9
36.9° 18.4°
4 Va
3

Vb
Vbd

(a) (b)
Vbi
Vci Va 0
33.8° Vb 0 1
143.1°
2.15 Vc 0

Vai

(c) (d)
Figure 1.13 : Système des phaseurs déséquilibrés (a) et ses composantes symétriques
(séquences directe (b), inverse (c) et homopolaire (d))

On peut montrer dans un sens que la méthode des composantes symétriques est semblable à
l’utilisation du principe de superposition dans un réseau, par le fait qu’un système est
remplacé par l’effet de trois systèmes déséquilibrés, leurs effets étant superposés les uns sur
les autres.

1.2.1.2. L’opérateur a utilisé dans la représentation des composantes symétriques

A cause du déplacement des phases des composantes symétriques de tensions et de courants


dans un système triphasé, il est souhaitable de disposer d’un moyen simple pour indiquer une
rotation de 120° pour un phaseur.
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.20

Nous savons que la multiplication de deux nombres complexes donne un autre nombre
complexe dont le module est égal au produit de deux modules, et l’argument est égal à la
somme des arguments. Ainsi, si un nombre complexe est multiplié par un autre de module
unitaire et de même phase θ , le nombre complexe résultant est un phaseur dont le module est
égal à celui du premier, tandisque sa phase est déplacée de θ par rapport au premier.

De la même manière que l’on définit l’opérateur j = 1∠90° dans les nombres complexes, on
définit également l’opérateur a qui cause une rotation de 120° dans le sens trigonométrique.
On peut donc écrire

a = 1∠120° = 1 e j 2π /3 = − 0.5 + j 0.866 (1.47)

Et en multipliant par lui-même, on peut obtenir le diagramme suivant des différentes


puissances de l’opérateur a .
a −a 2

a a3 = 1

a2 −a
Figure 1.14 : Diagramme de phaseurs des différentes puissances de l’opérateur a

1.2.1.3. Relations entres les composantes symétriques et leurs phaseurs originaux

Partant des relations (1.46), on peut réduire le nombre de quantités inconnues si l’on exprime
chaque composante de Vb et Vc comme un produit d’une certaine fonction de l’opérateur a
et une composante de Va . Il est possible en effet de vois que si l’on définit

Vbd = a 2 Vad Vcd = aVad


Vbi = aVai Vci = a 2 Vai (1.48)
Vb 0 = Va 0 Vc 0 = Va 0

Les relations (1.46) deviennent, après substitution des valeurs ci-dessus

Va = Vad + Vai + Va 0
Vb = a 2Vad + aVai + Va 0 (1 .49)
Vc = aVad + a 2Vai + Vc 0

Sous forme matricielle, on a


Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.21

⎡Va ⎤ ⎡1 1 1 ⎤ ⎡V ⎤
a0
⎢V ⎥ = ⎢1 a 2 ⎥
a ⎥ ⎢⎢Vad ⎥⎥ (1.50)
⎢ b⎥ ⎢
⎢⎣Vc ⎥⎦ ⎢1 a ⎥
a 2 ⎦ ⎢⎣ Vai ⎥⎦

Posons

⎡1 1 1⎤
⎢ ⎥
A = ⎢1 a 2 a⎥ (1.51)
⎢ ⎥
⎣1 a a2 ⎦

On peut démontrer que l’inverse de cette matrice est

⎡1 1 1⎤
1 ⎢ ⎥
A−1 = ⎢1 a a2 ⎥ (1.52)
3 ⎢ ⎥
2
⎣1 a a⎦

En prémultipliant les deux membres de l’équation matricielle (1.50) par A−1 , on a

⎡Va 0 ⎤ ⎡1 1 1 ⎤ ⎡V ⎤
a
⎢V ⎥ = ⎢1 a
1 ⎥
a 2 ⎥ ⎢⎢Vb ⎥⎥ (1.53)
⎢ ad ⎥ 3 ⎢
⎢⎣ Vai ⎥⎦ ⎢ ⎥
⎣1 a
2
a ⎦ ⎢⎣Vc ⎥⎦

Cette équation nous donne le moyen d’obtenir les composantes symétriques à partir de leurs
phaseurs non symétriques.

Pour simplifier l’écriture, dans les deux équations matricielles (1.50) et (1.53), on
remplacerait sans risques d’erreurs, les composantes Va 0 , Vad et Vai respectivement par V0 ,
Vd et Vi .

En développant cette dernière équation matricielle (1.53), on peut écrire d’une façon
développée, avec la nouvelle notation

1
V0 = (Va + Vb + Vc )
3
1
(
Vd = Va + aVb + a 2Vc
3
) (1.54)
1
(
Vi = Va + a 2Vb + aVc
3
)
L’équation (1.54) qui donne la valeur de V0 montre que les composantes homopolaires
n’existent pas si la somme des phaseurs déséquilibrés est nulle. Puisque la somme des
phaseurs de tensions composées est toujours nulle dans un réseau triphasé, il n’existe jamais
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.22

de composantes homopolaires pour les tensions composées, peu importe le niveau de


déséquilibre. Etant donné par contre, que la somme des trois tensions simples (phase-neutre)
n’est pas nécessairement nulle, les tensions des phases par rapport au neutre peuvent contenir
des composantes de séquence homopolaire.

Toutes les équations déduites jusqu’alors peuvent s’appliquer à tout ensemble de phaseurs
reliés entre eux.

A l’instar des phaseurs tensions, nous écrirons les relations suivantes pour les phaseurs
courants.

⎡ I a ⎤ ⎡1 1 1 ⎤ ⎡I ⎤
0
⎢ I ⎥ = ⎢1 a 2 ⎥⎢ ⎥
a ⎥ ⎢ Id ⎥ (1.55)
⎢ b⎥ ⎢
⎢⎣ I c ⎥⎦ ⎢1 a ⎥
a 2 ⎦ ⎢⎣ I i ⎥⎦

et

⎡ I0 ⎤ ⎡1 1 1 ⎤ ⎡I ⎤
a
⎢ I ⎥ = ⎢1 a
1 ⎥
a 2 ⎥ ⎢⎢ Ib ⎥⎥ (1.56)
⎢ d ⎥ 3⎢
⎢⎣ Ii ⎥⎦ ⎢ ⎥
⎣1 a
2
a ⎦ ⎢⎣ I c ⎥⎦

Dans un système triphasé, la somme des courants de lignes est égale au courant I n qui rentre
par le neutre. Donc

I n = I a + Ib + I c (1.57)

Mais comme on sait, des équations matricielles précédentes, que

1
I0 = ( I a + Ib + Ic ) (1.58)
3

On peut donc écrire

I n = 3I 0 (1.59)

En l’absence de chemin de retour pour le neutre d’un système triphasé, le courant I n est nul
et les courants de lignes ne contiennent pas de composantes de séquence homopolaire. Ainsi
lorsqu’on a une charge branchée en triangle, elle ne possède pas un accès de retour par le
neutre et, les courants de lignes parcourant une charge connectée en triangle ne peuvent
contenir des composantes de séquence homopolaire.

L’effet de la transformation par la matrice A sur une impédance peut être déduite.

Soit Z la matrice des impédances donnant les impédances propres et mutuelles sur les phases
et entre les phases, on peut écrire
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.23

⎡Va ⎤ ⎡ ⎤ ⎡ Ia ⎤
⎢V ⎥ = ⎢ Z ⎥ ⎢I ⎥ (1.60)
⎢ b⎥ ⎢ ⎥ ⎢ b⎥
⎣⎢Vc ⎦⎥ ⎣⎢ ⎦⎥ ⎣⎢ I c ⎦⎥

En utilisant les équations (1.50) et (1.55), cette relation peut s’écrire

⎡ ⎤ ⎡V0 ⎤ ⎡ ⎤⎡ ⎤ ⎡ I0 ⎤
⎢ ⎥⎢ ⎥ ⎢ ⎥⎢ ⎥ ⎢I ⎥
⎢ A ⎥ ⎢Vd ⎥ = ⎢ Z ⎥⎢ A ⎥⎢ d ⎥ (1.61)
⎢⎣ ⎥⎦ ⎢⎣ Vi ⎥⎦ ⎢⎣ ⎥⎦ ⎢⎣ ⎥⎦ ⎢⎣ Ii ⎥⎦
D’où

⎡V0 ⎤ ⎡ ⎤⎡ ⎤⎡ ⎤ ⎡ I0 ⎤
⎢V ⎥ = ⎢ A −1 ⎥⎢
Z ⎥⎢ A ⎥ ⎢I ⎥ (1.62)
⎢ d⎥ ⎢ ⎥⎢ ⎥⎢ ⎥⎢ d ⎥
⎢⎣ Vi ⎥⎦ ⎢ ⎥⎢ ⎥⎦ ⎢⎣ ⎥⎦ ⎢⎣ I i ⎥⎦
⎣ ⎦⎣

Si l’on définit [ Z A ] = ⎡ A−1 ⎤ [ Z ][ A] , on peut écrire


⎣ ⎦

⎡V0 ⎤ ⎡ ⎤ ⎡ I0 ⎤
⎢V ⎥ = ⎢ ZA ⎥⎢ ⎥ (1.63)
⎢ d⎥ ⎢ ⎥ ⎢ Id ⎥
⎢⎣ Vi ⎥⎦ ⎢⎣ ⎥⎦ ⎢⎣ Ii ⎥⎦

La définition de la matrice [Z A ] détient le secret de l’importance des composantes


symétriques. Pour des éléments typiques des réseaux, la matrice [ Z ] n’est pas diagonale, mais
peut posséder certaines symétries qui sont telles que la matrice [ Z A ] est diagonale (ou
approximativement diagonale), ce qui simplifierait fortement l’analyse de tels réseaux.

1.2.1.4. Expression de la puissance en fonction des composantes symétriques

Si l’on connait les composantes symétriques du courant et de la tension, la puissance


développée dans un circuit triphasé peut être calculée directement à partir de ces
composantes.

Nous savons en effet que la puissance apparente est donnée par

S = P + jQ = Va I a* + Vb Ib* + Vc I c* (1.64)

Où Va , Vb et Vc sont les tensions simples des différentes phases et I a , I b et I c les courants


parcourant les phases, l’astérix indiquant le complexe conjugué du vecteur concerné.

En notation matricielle, cette relation devient


Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.24

⎡ I a ⎤ ⎡Va ⎤′ ⎡ I a ⎤
* *

S = [Va Vb Vc ] ⎢⎢ Ib ⎥⎥ = ⎢⎢Vb ⎥⎥ ⎢⎢ I b ⎥⎥ (1.65)


⎢⎣ I c ⎥⎦ ⎢⎣Vc ⎥⎦ ⎢⎣ I c ⎥⎦

Si l’on introduit les composantes symétriques dans cette dernière relation, on a

1 ⎤ ⎡V ⎤ ⎫′ ⎧ ⎡1 1
*
⎧ ⎡1 1 1 ⎤ ⎡I ⎤ ⎫
0 0
⎪⎪ ⎢ ⎥ ⎪⎪ ⎪⎪ ⎢ ⎥ ⎪⎪
S = ⎨ ⎢1 a 2 a ⎥ ⎢⎢Vd ⎥⎥ ⎬ ⎨ ⎢1 a 2 a ⎥ ⎢⎢ I d ⎥⎥ ⎬ (1.66)
⎪⎢ ⎥ ⎪ ⎪⎢ ⎥ ⎪
⎩⎪ ⎣1 a a 2 ⎦ ⎢⎣ Vi ⎥⎦ ⎭⎪ ⎩⎪ ⎣1 a a 2 ⎦ ⎢⎣ Ii ⎥⎦ ⎭⎪
En observant que A′ = A et a* = a 2 , la relation matricielle de la puissance prend la forme

⎡V0 ⎤′ ⎡1 1 1 ⎤ ⎡1 1 1 ⎤ ⎡ I ⎤*
0
⎢ ⎥⎢ ⎥
S = ⎢⎢Vd ⎥⎥ ⎢1 a 2 a ⎥ ⎢1 a a 2 ⎥ ⎢⎢ I d ⎥⎥ (1.67)
⎢⎣ Vi ⎥⎦ ⎢1 a ⎥⎢
a 2 ⎦ ⎣1 a 2

a ⎦ ⎢⎣ Ii ⎥⎦

Puisqu’on peut montrer que A′ A* = 3[1] , [1] étant la matrice identité, alors il vient que

⎡V0 ⎤′ ⎡ I 0 ⎤
*

S = 3 ⎢⎢Vd ⎥⎥ ⎢⎢ I d ⎥⎥ (1.68)
⎢⎣ Vi ⎥⎦ ⎢⎣ I i ⎥⎦

Ou encore

(
S = Va I a* + Vb Ib* + Vc I c* = 3 V0 I 0* + Vd I d* + Vi I i* ) (1.69)

De ce résultat, on remarque qu’il n’existe pas de termes croisés (tel que Vd Ii* ) dans
l’expression de la puissance en fonction des composantes symétriques. Ceci est une propriété
essentielle pour la transformation de Fortescue si l’on veut construire des circuits équivalents
et faire l’analyse avec des techniques conventionnelles d’analyse de circuits. Le facteur 3 est
compréhensible dans la mesure où nous pensons en termes de 9 composantes (qui dérivent
des 3 phases a, b et c). Il est possible d’éliminer ce facteur en définissant la matrice A de
transformation avec un coefficient 1 , tel que le préfèrent certains chercheurs.
3

1.2.2. Autres systèmes de composantes

1.2.2.1. Composantes d’Edith Clarke

Les composantes d’Edith Clarke sont :


- La composante homopolaire V0
- La composante interphase Vα
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.25

- La composante bifilaire Vβ

Pour les tensions. Pour les courants, on aura respectivement I 0 , Iα et I β .

Ces composantes sont reliées aux valeurs de phases par les relations ci-dessous

⎡1 1 0 ⎤⎥ ⎡ ⎤
⎡Va ⎤ ⎢ V0
⎢V ⎥ = ⎢1 − 1 3 ⎥ ⎢V ⎥ (1.70)
⎢ b⎥ ⎢ 2 2 ⎥ ⎢ α⎥

⎣⎢Vc ⎦⎥ ⎢ ⎥⎢ ⎥
1 −1 − 3 ⎥ ⎣Vβ ⎦
⎣ 2 2⎦

Pour le vecteur courants et celui de leurs composantes on utilisera la même matrice de


transformation que dans l’équation matricielle ci-dessus.

⎡1 1 0 ⎤⎥ ⎡ ⎤
⎡ Ia ⎤ ⎢ I0
⎢ I ⎥ = ⎢1 − 1 3 ⎥ ⎢ ⎥
I (1.71)
⎢ b⎥ ⎢ 2 2 ⎥ ⎢ α⎥
⎢⎣ I c ⎥⎦ ⎢ ⎥⎢ ⎥
⎢1 − 1 − 3 ⎥ ⎣Iβ ⎦
⎣ 2 2⎦

Les relations explicitées des composantes s’obtiennent en utilisant l’inverse de la matrice de


transformation ci-dessus définie.

⎡ V0 ⎤ ⎡1 1 1 ⎤ ⎡Va ⎤
⎢ ⎥ 1 ⎢ ⎥ ⎢V ⎥
⎢Vα ⎥ = 3 ⎢ 2 −1 −1 ⎥ ⎢ b⎥ (1.72)
⎢Vβ ⎥ ⎢1 − 3 − 3 ⎥ ⎢⎣Vc ⎥⎦
⎣ ⎦ ⎣ ⎦

Comme dans le cas précédent, en remplaçant les « V » par les « I », on obtient l’équation
correspondante pour les courants.

L’avantage des composantes de Clarke est qu’elles sont obtenues directement par addition de
grandeurs proportionnelles aux vecteurs de courants et de tensions sans nécessiter
l’intervention d’opérateurs de déphasage, ce qui est très intéressant lors de l’emploi
d’analyseur de réseau à courant alternatif.

Les conditions suivantes s’imposent pour la diagonalisation de la matrice Z des impédances :


- Les impédances mutuelles Zij doivent être égales aux Z ji . Seul le système statique
pourra être diagonalisé. Le système de Clarke est donc mal adapté à l’étude des
machines tournantes ;
- Il peut exister une différence entre une phase et les deux autres identiques. Les
composantes de Clarke sont donc intéressantes si l’une des phases a une position
privilégiée par rapport aux deus autres.
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.26

1.2.2.2. Composantes Kimbark

Du point de vue tensions, la matrice de transformation est identique à celle du système de


Clarke. Les relations (1.70) et (1.72) restent donc valables.

Pour les courants, les équations matricielles suivantes sont utilisées

⎡ Ia ⎤ ⎡1 2 0 ⎤ ⎡ I0 ⎤
⎢I ⎥ = 1 ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎢ b ⎥ 2 ⎢1 −1 3⎥ ⎢Ix ⎥ (1.73)
⎢⎣ I c ⎥⎦ ⎢1 −1 − 3 ⎥ ⎢I y ⎥
⎣ ⎦ ⎣ ⎦

⎡ I0 ⎤ ⎡2 2 0 ⎤ ⎡ Ia ⎤
⎢ ⎥ 1⎢ ⎥
⎢ I x ⎥ = 3 ⎢2 −1 −1 ⎥ ⎢⎢ Ib ⎥⎥ (1.74)
⎢I y ⎥ ⎢0 3 − 3 ⎥⎦ ⎢⎣ I c ⎥⎦
⎣ ⎦ ⎣

1.2.2.3. Expression de la puissance

Soient [V ] et [ I ] les matrices colonnes du vecteur tension de composantes Va , Vb et Vc et


du vecteur courant de composantes I a , I b et I c .

La puissance apparente s’exprime par

S = [V ]′ [ I ]
*
(1.75)

Dans un système de composantes défini par la matrice de transformation [T ] , la puissance


dans ce nouvel espace s’exprime par

ST = [VT ]′ [ IT ]
*
(1.76)

où [V ] = [T ][VT ] et [ I ] = [T ][ IT ]

Donc S = [VT ]′ [T ]′ [T ] [ IT ]
* *
(1.77)

Il n’y a aucune raison pour que ST et S soient égales. Pour qu’il en soit ainsi, il faut que

[T ]′ [T ]* = [1] (1.78)

C’est-à-dire que la matrice [T ] soit orthonormée.


Lorsque [T ]′ [T ]* = [λ ][1] = λ [1] , les phaseurs composant [T ] sont bien orthogonaux et de
même grandeur, mais différente de l’unité. La puissance est dite pseudo-invariante dans la
transformation, en effet
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.27

S = λ ST

Dans le système de Fortescue, la puissance est pseudo-invariante ( λ = 1 3 ).

La matrice de Clarke n’a aucune propriété particulière. En la normant, on obtient le système


de Concordia. Dans le système de Kimbark, la puissance est pseudo-invariante ( λ = 3 2 ).

1.3. Les quadripôles

Un circuit linéaire, passif, bilatéral, à quatre bornes peut être représenté par un schéma en π
ou en T. Un troisième schéma équivalent en V, peut être mentionné ici.

1 Y12 1 Z1 Z2
2 1 Z12 2 2

Y1 Y2 Z11 Z 22 Z3

π V T
Figure 1.15: Schémas équivalents

L’impédance Z12 du schéma équivalent peut être considérée comme étant l’impédance
mutuelle entre deux lignes dont les impédances propres sont Z11 et Z 22 .

1.3.1. Matrice de transmission : définition

Un circuit à quatre bornes (quadripôle) peut être représenté par le schéma bloc de la figure
1.16, les paramètres complexes A , B , C et D définissant le réseau en termes de tensions et
courants à l’entrée et à la sortie de la manière suivante

V1 = AV2 + B I 2
(1.79)
I1 = CV2 + D I 2

I1 I2

A B
V1 V2

C D
Figure 1.16 : Représentation d’un quadripôle

De ces relations, on peut démontrer que AD − BC = 1 .

Ces paramètres A , B , C et D peuvent être obtenus à l’aide de mesures, et certaines


interprétations physiques peuvent être données :
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.28

- Lorsque la sortie du quadripôle est en court-circuit ( V2 = 0 ), les deux équations (1.79)


donnent

V1 I
B= , D= 1 (1.80)
I2 I2

Si la sortie est en circuit ouvert ( I 2 = 0 ), toujours des équations (1.79), il vient que

V1 I
A= ,C= 1 (1.81)
V2 V2

Pour un quadripôle donné, les mesures de ces paramètres peuvent se faire suivant ce
principe. Souvent, il est plus commode d’avoir un seul quadripôle au lieu de deux ou
plusieurs en série et/ou en parallèle.

1.3.2. Mise en cascade de deux quadripôles


I1 Ix I2

A1 B1 A2 B2
V1 Vx V2

C1 D1 C2 D2

Figure 1.17: Quadripôles en cascade

Pour les deux quadripôles en cascade, les équations matricielles sont les suivantes

⎡V1 ⎤ ⎡ A1 B1 ⎤ ⎡Vx ⎤ ⎡V ⎤ ⎡ A B2 ⎤ ⎡V2 ⎤


⎢ I ⎥ = ⎢C ⎥ ⎢ ⎥ et ⎢ x ⎥ = ⎢ 2
⎣ 1⎦ ⎣ 1 D1 ⎦ ⎣ I x ⎦ ⎣ I x ⎦ ⎣ C2 D2 ⎥⎦ ⎢⎣ I 2 ⎥⎦

Par substitution, on a

⎡V1 ⎤ ⎡ A1 B1 ⎤ ⎡ A2 B2 ⎤ ⎡V2 ⎤
⎢ I ⎥ = ⎢C D1 ⎥⎦ ⎢⎣C2 D2 ⎥⎦ ⎢⎣ I 2 ⎥⎦
⎣ 1⎦ ⎣ 1

De cette équation, on voit que la matrice de transmission de deux quadripôles mis en cascade
est égale au produit des matrices de ces quadripôles, la matrice de gauche étant celle du
quadripôle de gauche.

⎡ A0 B0 ⎤ ⎡ A1 B1 ⎤ ⎡ A2 B2 ⎤
⎢C = (1.82)
⎣ 0 D0 ⎥⎦ ⎢⎣C1 D1 ⎥⎦ ⎢C
⎣ 2 D2 ⎥⎦
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.29

1.3.3. Mise en parallèle de deux quadripôles

Lorsque deux quadripôles sont mis en parallèle, les paramètres du quadripôle équivalent sont
donnés par relations suivantes

A1 B2 + A2 B1
A0 = (1.82)
B1 + B2
BB
B0 = 1 2 (1.83)
B1 + B2
( A1 − A2 )( D2 − D1 )
C0 = C1 + C2 + (1.84)
B1 + B2

B2 D1 + B1 D2
D0 = C1 + C2 + (1.85)
B1 + B2

A1 B1
I2
I1
C1 D1
V2
V1
A2 B2

C2 D2
Figure 1.18: Quadripôles en parallèle

Si les deux quadripôles mis en parallèle sont donnés, non pas par leurs matrices de
transmission mais, par leurs schémas, un moyen pratique de déterminer le quadripôle
équivalent serait de construire le schéma équivalent en π pour chacun des quadripôles.
Déterminer ensuite les admittances correspondant à chaque élément. On déduira ainsi le
schéma en π du quadripôle équivalent par simple sommation des admittances en parallèle.

Y12′

Y01 Y02 ′ I2
I1

V2
V1

Y12′′
′′ Y02
Y01 ′′

Figure 1.19: Quadripôles en parallèle, quadripôle équivalent


Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.30

Si Y01 , Y02 et Y12 sont des admittances du schéma équivalent à la mise en parallèle, on aura

′ + Y01
Y01 = Y01 ′′
Y02 = Y02′ + Y02 ′′ (1.86)
Y12 = Y12′ + Y12′′

Partant de ces valeurs, il est aisé en utilisant certains principes d’analyse des circuits (ou
éventuellement des relations déjà établies) de retrouver les paramètres de la matrice de
transmission correspondant à cette structure.

1.3.4. Les paramètres de transfert (A, B, C et D) de quelques quadripôles

Tableau 1.1 : Paramètres de transfert de quelques quadripôles

Quadripôles A B C D

1 Z 0 1

1 0 Y 1

1 + Y2 Z Z Y1 + Y2 + Y1Y2 Z 1 + Y1 Z

1 + YZ1 Z1 + Z 2 + Y Z1 Z 2 Y 1 + Y Z2

1 Z Y 1+ Y Z

1+ Y Z Z Y 1+ Y Z
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.31

Quadripôles A B C D

Y2 1 Y1 Y2 Y1
1+ Y1 + Y2 + 1+
Y12 Y12 Y12 Y12

1.3.5. Détermination de la tension et du courant à la sortie

Soit T la matrice de transmission d’un réseau donné

⎡A B⎤
T =⎢ ⎥
⎣C D ⎦

Il est possible d’obtenir les expressions des paramètres (tensions et courant) à la sortie en
fonction de ceux à l’entrée. Il suffit pour cela de prémultiplier par T −1 , l’inverse de la matrice
de transmission, l’expression suivante

⎡V1 ⎤ ⎡ A B ⎤ ⎡V2 ⎤ ⎡V2 ⎤


⎢ I ⎥ = ⎢C D ⎥ ⎢ I ⎥ = [T ] ⎢ I ⎥
⎣ 1⎦ ⎣ ⎦⎣ 2⎦ ⎣ 2⎦

En effet, après cette prémultiplication, on a

⎡V2 ⎤ −1 ⎡V1 ⎤
⎢ I ⎥ = ⎣⎡T ⎦⎤ ⎢ I ⎥
⎣ 2⎦ ⎣ 1⎦

Dans cette relation

−B⎤
⎡T −1 ⎤ = 1 ⎡⎢
D
⎣ ⎦ Δ ⎣ −C A ⎦⎥

Où Δ = AD − BC = 1 est le déterminant de la matrice initial T .

Dans plusieurs livres d’analyse de circuits, on trouvera la preuve du fait que le déterminant est
unitaire.

1.4. Les grandeurs réduites

Les lignes de transport d’énergie électrique sont exploitées à des niveaux de tension qui sont
telles que le kilovolt (kV) devient l’unité la plus commode pour exprimer la tension. La
puissance quant à elle sera exprimée en kilowatts (kW) ou encore mieux en mégawatts (MW)
à cause de grandes quantités transportées. Notons que pour la puissance apparente S , on
parlera de kilovoltampères (kVA) et de mégavoltampères (MVA). Cependant, ces grandeurs,
comme bien d’autres d’ailleurs, peuvent être réduites ou normalisées. Cette opération est très
courante dans différentes branches du métier de l’ingénieur. Les grandeurs non-réduites
seront remplacées par leurs rapports aux valeurs de référence respectives, que l’on appelle
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.32

valeurs de base. Ces rapports sont exprimés en pour un (ou « per unit » en anglais) ou en
pourcent.

Les grandeurs exprimées en pourcent sont cent fois plus élevées que les mêmes grandeurs
exprimées en pour un.

Valeur en une unité donnée


Valeur en pour un = (1.87)
Valeur de base en la même unité

100 × valeur en une unité donnée


Valeur en pourcent = (1.88)
Valeur de base en la même unité

Supposons une tension de 220 kV est choisie comme tension de base pour une ligne, les
tensions de 198, 220 et 231 kV deviennent 0.9, 1.0 et 1.05 pour un, ou 90, 100 et 105 %
respectivement.

La méthode des grandeurs réduites en pour un ont un avantage sur celles des grandeurs
réduites en pourcent par le fait que le produit de deux valeurs en pour un est une valeur en
pour un, tandis que le produit de deux valeurs en pourcent doit être divisé par 100 pour
obtenir un résultat en pourcent.

Lorsqu’on choisit les valeurs de base pour deux des quatre grandeurs suivantes – tension,
courant, puissance et impédance – on peut en déduire les valeurs de base pour les deux autres
grandeurs restantes. Si l’on détermine, comme c’est le cas en général dans la pratique, les
valeurs de base de la puissance et pour la tension, il sera aisé d’en tirer les valeurs de base
pour le courant et pour l’impédance.

Nous allons examiner successivement le cas d’un réseau monophasé et celui d’un réseau
triphasé.

1.4.1. Réseau monophasé

Supposons comme valeurs de base S B pour la puissance et la valeur VB pour la tension, nous
noterons que la valeur de base pour la puissance reste la même peu importe le type de
puissance ( S B = PB = QB ), alors on a

SB
Pour le courant I B = (1.89)
VB

Pour les impédances, résistances et réactances

[ kV ]
2
V V2
Z B = RB = X B = B = B [Ω] = (1.90)
IB SB [ MVA ]
Pour les admittances, conductances et susceptances
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.33

IB S
YB = BB = GB = = B2 (1.91)
VB VB

Pour trouver les valeurs unitaires des différentes grandeurs, on pourra recourir aux relations
suivantes

- Puissance : S [ p.u.] =
S [ MVA ] (1.92)
SB [ MVA ]
- Puissance : V [ p.u.] =
V [ kV ] (1.93)
VB [ kV ]
La même règle est applicable à toutes les autres grandeurs qu’il s’agisse du courant, des
impédances ou des admittances.

Dans la résolution des problèmes d’analyse de réseaux les valeurs de base peuvent être
choisies arbitrairement.

Dans la pratique cet adverbe « arbitrairement » n’exprime pas correctement les aspirations du
planificateur des réseaux, car en fait, ces valeurs sont choisies telles que les valeurs réduites
qui en découlent restent dans un certain intervalle. C’est notamment le cas pour la tension
dont la valeur de base sera choisie de manière à ce que la valeur réduite en pour un reste
proche de l’unité. Les bases se puissance fréquemment utilisées sont 1, 10, 100 et 1000 MVA
suivant l’importance du réseau.

1.4.2. Réseau triphasé

Puisque les circuits triphasés se résolvent comme une ligne monophasée avec retour par le
neutre, les bases pour les quantités dans le schéma des impédances seront le kVA et le MVA
par phase et le kV entre phase et neutre.

Les données sont souvent fournies en puissance totale du circuit triphasé et en tension
Puissance : U entre deux phases. Cette habitude est susceptible d’apporter une confusion dans
la relation entre la tension de ligne (tension entre lignes) en pour un et la tension de phase en
pour un. Bien que la tension de ligne peut être prise comme tension de base, la tension
nécessaire pour l’étude d’un réseau schématisé en réseau monophasé sera la tension de phase
(entre phase et neutre). La tension de base au neutre est la tension de ligne de base divisée par
3 . Puisque ce rapport est le même que celui entre la tension entre lignes et la tension entre
phase et neutre d’un système triphasé équilibré, alors la valeur en p.u. de la tension entre
phase et neutre par rapport à la base de la tension simple est égale à la valeur en p.u. de la
tension composée au même point par rapport à la base de la tension composée si le système
est équilibré.

De même, étant donné que la puissance d’un réseau triphasé est trois fois supérieure à celle
d’un même réseau considéré comme monophasé, alors la valeur en p.u. de la puissance d’un
réseau triphasé par rapport à la base triphasée de puissance est égale à la valeur en p.u. de la
puissance du même réseau sous forme monophasée par rapport à la base de puissance par
phase.
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.34

UB
Pour la tension VB = (1.94)
3

V U U
Comme V p.u . = et U p.u . = et V = , il vient que
VB UB 3
V U 3 U
V p.u . = = = = U p.u . (1.95)
VB V 3 UB

Pour la puissance

S B(3)
S B(1) = (1.96)
3

On sait également que S (3) = 3 S (1) , d’où

S (1) S (3) 3 S (3)


S p(1).u . = (1)
= (3)
= (3)
= S p(3).u . (1.97)
SB SB 3 SB

Pour une impédance

( )
2
VB2 UB 3 U B2
Z (Y )
B = (1) = = (3) (1.98)
SB S B(3) 3 SB

Lorsque la connexion est un triangle, au lieu d’une étoile, on a

Z p( Δ.u). = Z p(Y.u). (1.99)

Z (Δ)
Cette égalité se déduit du fait que l’on sait que Z (Y ) = et que par définition
3

Z B( Δ ) = 3Z B(Y ) (1.100)

Pour le courant de ligne, on a

V S B(3) S (1)
IB = = = B (1.101)
VB 3UB VB

Les relations ci-dessus montrent que l’impédance de base et le courant de base peuvent être
calculés directement à partir de la puissance triphasée de base et de la tension composée.

On remarquera en plus la similitude qui existe entre les équations qui donnent l’impédance de
base (1.90) et le courant de base (1.89) pour un circuit monophasé d’une part et les équations
correspondantes pour un circuit triphasé : (1.98) pour l’impédance de base et (1.101) pour le
courant de base.
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.35

1.4.3. Changement de base

Dans certains cas, et c’est généralement fréquent, les valeurs réduites en p.u. des éléments du
réseau (machines, transformateurs, …) sont données par rapport aux bases qui sont les valeurs
nominales de ces éléments et qui ne correspondent pas nécessairement aux valeurs de base
choisies pour le réseau dans lequel sont insérés ces éléments. Pour le besoin de la facilité de
calculs, il est nécessaire de comparer toutes les grandeurs au même système de valeurs de
base.

Supposons qu’une impédance Z est exprimée en p.u. Z1 par rapport à une base Z B1 , quelle
sera la valeur de cette impédance en p.u., Z 2 par rapport à une seconde base Z B 2 ?

On sait que

Z S
Z1 p.u . = = Z B21
Z B1 U B1

Z S
Et Z 2 p.u . = = Z B22
ZB2 U B2

De ces deux relations, il vient que

Z S U2
Z 2 p.u . = = Z1 p.u . B 2 B2 1 (1.102)
Z B1 S B1 U B 2

Contrairement à ce que l’on serait tenté de croire, cette équation n’a aucune relation avec un
éventuel transfert de la valeur ohmique d’une impédance d’une côté à l’autre d’un
transformateur. Le grand intérêt de cette relation réside dans le fait qu’elle permet le passage
d’une valeur donnée en p.u. pour une base donnée à une autre valeur en p.u. correspondant à
la même valeur en unité conventionnelle, pour une autre base.

1.4.4. Impédance mutuelle entre deux lignes à des différents niveaux de tensions

Supposons que deux lignes triphasées de niveaux de tension différents fonctionnent ensemble
avec une réactance mutuelle X m telle que le montre la figure 1.20.

Ligne 1
S B , U B1 , I B1
Xm

Ligne 2
SB , U B2 , I B2

Figure 1.20 : Impédance mutuelle entre deux lignes à des différents niveaux de tensions

Il arrive souvent que la nécessité d’exprimer cette réactance en p.u. se fasse sentir. Il n’y aura
qu’une seule valeur de X m en p.u. qui sera utilisée pour les deux lignes.
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.36

En fonction des paramètres de la ligne 2, on aura

Xm Xm
X m 2, p.u . = = (1.103)
X B VB 2 I B1

Dans cette équation, on utilise le courant I B1 parce que le courant I1 est celui qui cause la
tension induite (mutuelle) dans la ligne 2. Alors

Xm V
X m 2, p.u . = I B1 i B1 (1.104)
VB 2 VB1

De même, en fonction des paramètres de la ligne 1, on a

Xm V
X m1, p.u . = IB2 i B2 (1.105)
VB1 VB 2

Ces deux dernières équations étant égales puisque la base de puissance est supposée la même,
on peut supprimer les indices dans 1 et 2 et écrire tout simplement

X m SB
X m , p.u . = (1.106)
VB1 VB 2

1.4.5. Avantages et inconvénients de représentation en grandeurs réduites


Lorsqu’on lit 0.05 p.u. comme valeur de l’impédance sur la plaque signalétique d’un
transformateur, ceci possède une réelle signification pour un ingénieur de réseaux. Il peut
reconnaitre en effet que si l’on fait parcourir ce transformateur par un courant de 1 p.u., on
observera une chute de tension de 0.05 p.u. entre l’entrée et la sortie. En général, cette chute
de tension est une grandeur vectorielle et, ne peut, en général, être égale au réglage de la
tension, sauf dans les cas spéciaux où le rapport entre la résistance et la réactance de la charge
( R X ) est égal au même rapport pour les paramètres du transformateur ( Re X e ). Le concept
d’impédance est ainsi fortement simplifié par le fait qu’il est étroitement lié à la chute de
tension relative.

Lorsque les machines sont de très mêmes rapports, les valeurs des impédances en p.u. sont en
général très proches, en tout cas, dans un intervalle très restreint et, souvent bien connu des
ingénieurs qui étudient ce genre de problèmes. Certains instituts de normalisation publient les
valeurs des limites acceptables des impédances réduites pour les différents équipements
(machines, transformateurs, …) des réseaux. C’est ainsi que, par exemple, pour un
transformateur monophasé à bain d’huile (50 Hz, 100 kVA, 30 kV), on s’attendra à avoir une
impédance de l’ordre de 0.05. Cette valeur augmente avec l’augmentation du rapport de la
puissance et/ou de la tension. En général, le rapport Re X e croît avec l’augmentation de la
puissance.

Les valeurs des réactances synchrones (en p.u.) des alternateurs, tombent de la même façon
dans certaines limites.
Transport et distribution de l’énergie électrique, cours 1.37

Dans le cas où l’impédance d’un dispositif est inconnue ou difficile à déterminer, une bonne
estimation peut être faite sans craindre une perte remarquable dans la précision. En plus, il est
aisé lorsqu’on donne une valeur en p.u, de détecter les valeurs grossièrement erronées.

Lorsqu’on utilise les valeurs en ohms des impédances dans un problème de réseaux, il s’avère
nécessaire de ramener toutes les valeurs d’un des côtés d’un transformateur à l’autre.

Lorsque le couplage est étoile-étoile ou triangle-triangle avec les mêmes indices horaires, la
transformation peut se faire tout simplement par une simple multiplication par un facteur qui
est fonction du carré du rapport de transformation.

Si par contre on a un couplage triangle-étoile, les valeurs ohmiques du côté étoile peuvent
passer du côté triangle en prenant un coefficient qui serait le rapport des tensions entre phases,
alors que dans le cas précédent, un simple rapport du nombre de spires aurait suffit.

En valeurs unitaires, tous ces problèmes que nous venons de citer n’existent plus lorsque ces
valeurs sont bien exprimées en fonction des valeurs de base suivant la théorie précédemment
vue.

Nous pouvons remarquer également que les valeurs réduites sur la plaque signalétique d’une
transformateur se calculent sur base du rapport du nombre de spires sur chaque enroulement.
Ce nombre ne change pas lorsque l’on change le type de couplage (de Y-Y à Δ-Y).
L’impédance en p.u. n’est donc pas affectée par une telle reconnexion des enroulements. Ceci
n’est pas le cas lorsqu’on considère les rapports des tensions entre phases, car on ne peut pas
dire lors d’un changement de couplage que les bases de tension entre phases restent les
mêmes.

Nous pouvons résumer les avantages de l’utilisation des valeurs unitaires de la manière
suivante :

- Les paramètres des dispositifs ont tendance à rester dans un intervalle suffisamment
restreint, de manière que toute valeur erronée est vite suspectée ;

- La méthode des valeurs unitaires permet, si le choix des tensions de base est bien fait,
d’éliminer les transformateurs parfaits parmi les éléments du réseau. Ceci n’est
certainement pas un petit avantage si l’on se rappelle que dans un réseau on peut
compter facilement de centaines, si pas des milliers de transformateurs ;

- De ce qui précède, on voit que la tension du réseau reste rapprochée de 1 en


fonctionnement normal.

Comme toute transformation, le système de grandeurs réduites possède des inconvénients :

- Dans un tel système, les éléments équivalents des circuits deviennent abstraits ;

- Certaines équations bien connues sont modifiées lorsqu’on les écrit en grandeurs
réduites. Des facteurs tels que 3 ou 3 sont soit éliminés, soit ajoutés par la
transformation.

Vous aimerez peut-être aussi