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CHAPITRE

1 Topologie de Rn

1.1 Généralités
1.1.1 Distance. Normes
Définition 1.1.
Une distance d sur un ensemble E est une application de E ˆ E dans R` qui à tout
couple px, yq de E ˆ E associe un nombre réel noté dpx, yq vérifiant les conditions
(axiomes) suivantes : pour tous x, y et z de E et tout réel λ,
(i) dpx, yq “ 0 ô x “ y (séparation)
(ii) dpx, yq “ dpy, xq
(symétrie)
(iii) dpx, yq ď dpx, zq ` dpz, yq (inégalité triangulaire)
On appelle espace métrique un ensemble E muni d’une
distance d. On le note pE, dq.
Définition 1.2.
Soit E un espace vectoriel sur R. On appelle norme sur E une application de E
dans R` qui à tout vecteur x de E associe un nombre réel noté kxk et vérifiant les
axiomes suivants : pour tous x et y de E et tout réel λ
(i) kxk “ 0 ô x “ 0
(ii) kλxk “ |λ|kxk
(iii) kx ` yk ď kxk ` kyk

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L’espace vectoriel E, muni d’une norme est appelé espace vectoriel normé.
Lemme 1.1.
Soit E un espace vectoriel normé sur R. L’application de E dans R` qui à tous vecteurs x
et y de E associe le nombre réel dpx, yq “ kx ´ yk est une distance sur E. Cette distance
est appelée distance associée à la norme de E.

1.1.2 Normes et distances


usuelles sur Rn
Les éléments de Rn seront appelés vecteurs ou points. Soit x “ px1 , . . . , xn q un
vecteur de Rn . Les trois applications suivantes définissent chacune une norme sur
Rn :
(i) kxk8 “ sup |xi |
i
ÿ
(ii) kxk1 “ |xi |
i
b
(iii) kxk2 “ x21 ` ¨ ¨ ¨ ` x2n
La première est appelée norme sup (ou infinie), la dernière est la norme eucli-
dienne.
Lemme 1.2.
Les trois normes usuelles sur Rn sont équivalentes au sens suivant : Il existe des
constantes réelles C1 , C2 et C3 , dépendant uniquement de n telles que pour tout x de
Rn on ait :
kxk1 ď C1 kxk2 ď C2 kxk8 ď C3 kxk1
On notera k.k l’une des trois normes usuelles de Rn et d l’une des distances
usuelles associées.

1.2 Ouverts et fermés


Soient x, x0 et a des points de Rn , r ą 0 un réel.
Définition 1.3.
On appelle boule ouverte (res. fermée) de centre x0 et de rayon r, l’ensemble
des points x tels que dpx, x0 q ă r (resp. dpx, x0 q ď r. Dans R2 , on emploie la
terminologie disque ouvert (resp. fermé). On notera Bpx0 , rq (resp. B 1 px0 , rq) une
boule ouverte (resp. fermée) de centre x0 et de rayon r.

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On appelle pavé ouvert (resp. fermé) de Rn , le produit de n intervalles ouverts
(resp. fermés) de R.
Le cube ouvert (resp. fermé) de centre a et de côté 2r est l’ensemble des points
x tels que kx ´ ak8 ă r, (resp. kx ´ ak8 ď r).
On appelle voisinage du point x0 toute partie de Rn qui contient une boule
ouverte de centre x0 . L’ensemble des voisinages d’un point x0 sera noté Vpx0 q.
Une partie O de Rn est dite ouverte si elle est vide ou si chacun de ses points
est centre d’une boule ouverte contenue dans O. En d’autres termes, O est un
ensemble ouvert si, et seulement si, O “ H ou bien @x P O, Dr ą 0 :
Bpx, rq Ď O.
Exemple 1.1.
1. Une boule ouverte est un ouvert.
2. Dans R2
(a) L’ensemble des couples px, yq tels que |x| ă 1 et |y| ă 1 et l’ensemble
des couples px, yq tels que x ` y ´ 1 ą 0 sont des ouverts.
(b) L’ensemble des couples px, yq tels que |x| ď 1 et |y| ď 1 et l’ensemble
des couples px, yq tels que x ` y ´ 1 ě 0 ne sont pas des ouverts.
Théorème 1.3.
(i) Rn est ouvert
(ii) Toute réunion d’ouverts est un ouvert
(ii) Toute intersection d’un nombre fini d’ouverts est un ouvert
Théorème 1.4.
Les deux propositions suivantes sont équivalentes :
(i) O est un ensemble ouvert
(ii) O est vide ou bien O est voisinage de chacun de ses points
Définition 1.4.
Soit A une partie non vide de Rn . On appelle diamètre de A le nombre fini ou
infini
δpAq “ sup dpx, yq.
x,yPA

la partie A est dite bornée si son diamètre est fini.


Remarque 1.1.
L’ensemble A est borné si, et seulement si, A est contenu dans une boule ouverte.
Définition 1.5.
Une partie F de Rn est dite fermée si son complémentaire est une partie ouverte
de Rn . On notera F c le complémentaire de F .

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Exemple 1.2.
dans R2 , tpx, yq : |x| ď 1 et |y| ď 1u est fermé.
Théorème 1.5.
(i) Rn est fermé
(ii) Toute intersection de fermés est un fermé
(ii) Toute réunion d’un nombre fini de fermés est un fermé

1.3 Adhérence. Ensemble dérivé


Définition 1.6.
Soit A une partie de Rn . Un point x de Rn est dit adhérent à A si toute boule
ouverte de centre x rencontre A. En d’autres termes, x est adhérent à A si, et
seulement si, @r ą 0 : Bpx, rq X A ‰ H.
L’ensemble des points adhérents à A est appelé fermeture ou adhérence de A
et noté Ā.
Exemple 1.3.
dans R2 , l’ensemble A des couples px, yq tels que x ą 1 et x ` y ´ 1 ă 0 a pour
adhérence l’ensemble Ā des couples px, yq tels que x ě 1 et x ` y ´ 1 ď 0.
Définition 1.7.
Soit A une partie de Rn . Un point x de Rn est dit point d’accumulation de A si toute
boule ouverte de centre x rencontre A en un point autre que x. En d’autres termes, x
est un point d’accumulation de A si, et seulement si, @r ą 0, Bpx, rqXpA´txuq ‰ H.
L’ensemble des points d’accumulation de A est appelé ensemble dérivé de A
et noté A1 .
Remarque 1.2.
Un point x est un point d’accumulation de A si, et seulement si, toute boule ouverte
de centre x contient une infinité de points de A. Supposons qu’une boule ouverte
Bpx, rq contienne seulement un nombre fini x1 , . . . , xp de points de A autres que x.
Soit δ le plus petit des réels
dpx, x1 q, . . . , dpx, xp q. Alors la boule Bpx, δ{2q ne contient aucun point de A autre
que x.
Exemple 1.4.
Dans R, A “ r0, 1q Y t2u a pour adhérence Ā “ r0, 1s Y t2u et pour ensemble dérivé
A1 “ r0, 1s.
Proposition 1.6.
Soit A un sous-ensemble de Rn . Alors

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(i) A Ď Ā
(ii) Ā est fermé
(iii) A est fermé si, et seulement si, A “ Ā
Proposition 1.7.
Soit A et B deux sous-ensembles de Rn . Alors
(i) A Ď B ñ Ā Ď B̄
(ii) A Y B “ Ā Y B̄
(iii) A X B Ď Ā X B̄
(iv) Ā¯ “ Ā
(v) Ā est le plus petit fermé contenant A
Proposition 1.8.
δpAq “ δpĀq.

1.4 Intérieur et frontière


Définition 1.8.
Soit A une partie de Rn . Un point x de Rn est dit intérieur à A si A est un voisinage
de x. Autrement, x est un point intérieur à A si, et seulement si, il existe r ą 0 tel
que Bpx, rq Ď A.
˝
L’ensemble des points intérieur à A est appelé intérieur de A et noté A.
˝
La différence Ā ´ A est appelée frontière de A et notée Fr A
Proposition 1.9.
Soit A un sous-ensemble de Rn . Alors
˝
(i) A Ď A
˝ ´ ˝¯c
c cc
(ii) pĀq “ A et A “ A
Ň

Proposition 1.10.
Soit A et B deux sous-ensembles de Rn . Alors
˝
(i) A est ouvert
˝
(ii) A est ouvert si, et seulement si, A “ A
˝ ˝
(iii) A Ď B ñ A Ď B
˝ ˝ ˝
(iv) A Y B ĎA
Ŕ YB

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˝ ˝ ˝
(v) A
Ŕ X B“ A X B
˝
˝ ˝
(vi) A “ A
˝
(vii) A est le plus grand ouvert
contenu dans A
(viii) Fr A “ Ā X Ac

1.5 Ensemble connexe. Ensemble compact


Définition 1.9.
Soit A une partie de Rn . L’ensemble A est dit connexe s’il n’existe aucun couple
de parties ouvertes O1 et O2 telles que A Ď O1 Y O2 , A X O1 ‰ H, A X O2 ‰ H et
A X O1 X O2 “ H.
Proposition 1.11.
Tout intervalle de R est connexe.
Proposition 1.12.
Soit pAi qiPI une famille de parties connexes de Rn ayant une intersection non vide. Alors
A “ YiPI Ai est connexe.
Proposition 1.13.
L’adhérence d’une partie connexe est connexe.
Définition 1.10.
Soit A une partie de Rn . L’ensemble A est dit compact s’il satisfait à la propriété sui-
vante dite de Borel-Lebesgue : « de toute famille d’ensembles ouverts constituant
un recouvrement de A, on peut extraire une famille finie qui est un recouvrement
de A. » En d’autres termes, pour toute famille pAi qiPI d’ouverts tels que A Ď YiPI Ai ,
il existe i1 , . . . , ip P I tels que A Ď Ypk“1 Aik .
Remarque 1.3.
L’ensemble vide est compact. Toute partie finie est compacte.
Proposition 1.14.
Un ensemble A est compact si, et seulement si, de toute famille de fermés d’intersection
vide avec A, on peut extraire une famille finie d’intersection vide avec A.
Corollaire 1.15.
Soient A un compact et pFp q une suite décroissante de fermés vérifiant : @p, A X Fp ‰ H.
Alors
A X pXp Fp q ‰ H.

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Proposition 1.16.
Tout ensemble compact est borné
Preuve.
(i) Tout ensemble compact est fermé
(ii) Tout fermé inclus dans un ensemble compact est lui-même compact

1.6 Suites
Définition 1.11.
Une suite dans Rn est une application u : N Ñ Rn notée pup qpPN ou simplement
pup q, où up “ uppq.
Définition 1.12.
Une suite pup q d’éléments de Rn converge vers un élément x de Rn ou a pour
limite x, ce que l’on note lim up “ x ou simplement lim up “ x, si pour tout
pÑ`8
voisinage V de x, il existe n0 P N tel que p ě n0 ñ up P V . De manière équivalente :
lim up “ x si, pour tout ε ą 0, il existe n0 P N tel que p ě n0 ñ dpup , xq ă ε.
Une suite dans Rn est dite convergente si elle admet une limite dans Rn . Dans
le cas contraire, elle est dite divergente.
Proposition 1.17.
Si pup q admet une limite, elle est unique.
Proposition 1.18.
Une partie A de Rn est fermée si, et seulement si, toute suite à valeurs dans A a sa limite
dans A.
Définition 1.13.
On appelle valeur d’adhérence d’une suite pup q tout point x de Rn tel que
p@ε ą 0q p@N P Nq pDp ě N q pdpup , xq ă εq.
Proposition 1.19.
Soient pup q une suite dans Rn et Ap “ tum | m ě pu. Les assertions suivantes sont
équivalentes :
(i) a est une valeur d’adhérence de pup q
(ii) Il existe une sous-suite de pup q qui converge vers a
(iii) a P XpPN Āp
(iv) a est un point d’accumulation de A0 ou bien tm| um “ au est infini.

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Proposition 1.20.
Toute suite à valeurs dans un ensemble compact admet au moins une valeur d’adhérence.
Si elle est unique, alors la suite converge vers elle.
Définition 1.14.
Une suite pup q est dite de Cauchy si pour tout

p@ε ą 0q pDn0 P Nq pp, q ě n0 ñ dpup , uq q ă εq

Proposition 1.21.
Toute suite convergente est de Cauchy.
Proposition 1.22.
Toute suite de Cauchy dans Rn converge.
Proposition 1.23.
L’ensemble Rn possède la propriété dite de Baire : toute suite décroissante pFn q de fermés
non vides telle que lim δpFn q “ 0 a une intersection non vide.
Définition 1.15.
Une partie A de Rn possède la propriété de Bolzano-Weierstrass si tout ensemble
infini de points de A admet au moins un point d’accumulation appartenant à A.
Lemme 1.24.
Soit A une partie de Rn ayant la propriété de Bolzano-Weierstrass et soit
pOi qiPI un recouvrement ouvert de A. Alors il existe ε ą 0 tel que

p@x P Aq pDi P Iq pBpx, εq Ď Oi q

Proposition 1.25.
Soit A un sous-ensemble de Rn . Les deux assertions suivantes sont équivalentes :
(i) A est compact
(ii) A possède la propriété de Bolzano-Weierstrass
Corollaire 1.26.
Une partie A de Rn est compacte si et seulement si, de toute suite d’éléments de A on peut
extraire une suite qui converge vers un élément de A.
Proposition 1.27.
Tout pavé fermé de Rn est compact
Corollaire 1.28.
Un sous-ensemble fermé et borné de Rn est compact

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CHAPITRE

Fonctions de Rn dans
2 Rq

2.1 Limite. Continuité


2.1.1 Fonctions de Rn dans R
Définition 2.1.
Soit A un sous-ensemble de Rn . Soient f : A Ñ R une fonction numérique, x0 un
point adhérent à A et l un point de R. On dit que f admet l pour limite en x0 si
pour tout nombre ε ą 0, il existe un nombre α ą 0 tel que :

p@x P Aq p0 ă dpx, x0 q ă α ñ |f pxq ´ l| ă εq .

On écrit lim f pxq “ l.


xÑx0
On dit que f tend vers `8 (resp. ´8) au point x0 si, à tout nombre A ą 0, on
peut associer un nombre α ą 0 tel que :

p@x P Aq p0 ă dpx, x0 q ă α ñ f pxq ą A (resp. f pxq ă ´A)q .

On écrit lim f pxq “ `8 (resp. lim f pxq “ ´8).


xÑx0 xÑx0
Remarque 2.1.
De l’inégalité |l ´ l1 | ď |l ´ f pxq| ` |f pxq ´ l1 |, on déduit immédiatement que si f
admet l et l1 pour limites au point x0 , on a nécessairement l “ l1 .
Exemple 2.1.

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1. Sur R2 ´ tp0, 0qu, on donne
1`x`y sin y
f px, yq “ , gpx, yq “ p1 ` x2 ` y 2 q
x2 ´ y 2 y
Déterminer leurs limites en p0, 0q.
2. Sur R2 , on donne
$
& |y| expp ´|y| q, x ‰ 0
f px, yq “ x2 x2
0, x “ 0
%

(i) Soit ϕ la restriction de f à la droite ∆ d’équation y “ λx. Trouver la limite


de ϕ en p0, 0q.
(ii) Soit ψ la restriction de f à la parabole C
d’équation y “ x2 . Trouver la limite de ψ en p0, 0q.
Théorème 2.1.
(i) f admet l pour limite en x0 si, et seulement si,
|f pxq ´ l| admet 0 pour limite en x0 .
(ii) Si g admet 0 pour limite en x0 et s’il existe γ ą 0 tel que

p@x P Aq p0 ă dpx, x0 q ă γ ñ |f pxq ´ l| ă |gpxq|q ,

alors f admet l pour limite en x0 .


Lemme 2.2.
Soient f et g deux fonctions numériques admettant 0 pour limites en x0 .
(i) f pxq ` gpxq admet 0 pour limite en x0 .
(ii) @c P R, cf pxq admet 0 pour limite en x0 .
Théorème 2.1 (Opérations algébriques).
Soient f et g deux fonctions numériques admettant respectivement l et l1 pour limites en
x0 .
(i) |f pxq| admet |l| pour limite en x0 .
(ii) f pxq ` gpxq admet l ` l1 pour limite en x0 .
(iii) @c P R, cf pxq admet cl pour limite en x0 .
(iv) f pxqgpxq admet ll1 pour limite en x0 .
(v) f pxq{gpxq admet l{l1 pour limite en x0 , pourvu que l1 ‰ 0.

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Théorème 2.2.
f admet le nombre l pour limite en x0 si, et seulement si, pour toute suite pup q d’éléments
de A ´ tx0 u convergeant vers x0 , la suite pf pup qq converge vers l.
Définition 2.2.
Une fonction f : Rn Ñ R définie au voisinage d’un point x0 de Rn est dite continue
en x0 si lim f pxq “ f px0 q. Autrement dit, f est continue en x0 si
xÑx0

p@ε ą 0q pDα ą 0q pdpx, x0 q ă α ñ |f pxq ´ f px0 q| ă εq .

Exemple 2.2.
Sur R2 , on donne $
&0, si px, yq “ p0, 0q

f px, yq “ xy

% , sinon
x2 ` y 2
Les fonctions ϕ et ψ définies par x ÞÑ ϕpxq “ f px, 0q et y ÞÑ ψpyq “ f p0, yq sont des
fonctions d’une variable continues en 0.
La restriction g de f à la droite ∆ d’équation y “ λx (λ ‰ 0) est constante sur
∆ et on a @px, yq P ∆˚ , gpx, yq “ λ{p1 ` λ2 q. Donc g n’est pas continue en p0, 0q, et
˚

par suite f n’est pas continue en p0, 0q.


Corollaire 2.3.
f est continue en x0 si, et seulement si, pour toute suite pup q d’éléments de Rn convergeant
vers x0 , la suite pf pup qq converge vers f px0 q.

2.1.2 Fonctions de Rn dans Rq


Nous désignerons par dn la distance dans Rn et par Bn px, rq et Bn1 px, rq les
boules ouverte et fermée de centre x et de rayon r ą 0 dans Rn , respectivement.
Définition 2.3.
Soit

f :Rn Ñ Rq
x ÞÑ f pxq “ pf1 pxq, . . . , fq pxqq

une fonction de Rn dans Rq . Les fonctions fi de Rn dans R sont appelées fonctions


coordonnées ou composantes de f . On écrit f “ pf1 , . . . , fq q.
Définition 2.4.
Soit A un sous-ensemble de Rn . Soient f : A Ñ Rq une fonction, x0 un point

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adhérent à A et l “ pl1 , . . . , lq q un point de Rq . On dit que f admet l pour limite
en x0 si, à tout nombre ε ą 0, on peut associer un nombre α ą 0 tel que pour tout
x P A vérifiant 0 ă dn px, x0 q ă α, on ait dq pf pxq, lq ă ε. On écrit lim f pxq “ l.
xÑx0

Remarque 2.1.1.
1. De l’inégalité dq pl, l1 q ď dq pl, f pxqq ` dq pf pxq, l1 q, on déduit immédiatement
que si f admet l et l1 pour limites au point x0 , on a nécessairement l “ l1 .
2. De la propriété dq pf pxq, lq ă ε ô @i : |fi pxq ´ li | ă ε, on déduit immédia-
tement que f admet l pour limite en x0 si, et seulement si, pour tout i, la
fonction composante fi de f admet li pour limite en x0 .
3. De la remarque p2q, on déduit immédiatement que f admet l pour limite en
x0 si, et seulement si, pour toute suite pup q d’éléments de A´tx0 u convergeant
vers l, la suite pf pup qq converge vers l.
Définition 2.5.
Une fonction f : Rn Ñ Rq définie au voisinage d’un point x0 de Rn est dite
continue en x0 si lim f pxq “ f px0 q. Autrement dit, f est continue en x0 si
xÑx0

p@ε ą 0q pDα ą 0q pdn px, x0 q ă α ñ dq pf pxq, f px0 qq ă εq .

Cette dernière propriété est équivalente :

p@ε ą 0q pDα ą 0q pf pBn px0 , αqq Ď Bq pf px0 q, εqq .

Remarque 2.1.2.
1. f est continue en x0 si, et seulement si, les fonctions composantes fi de f
sont continues en x0 .
2. f est continue en x0 si, et seulement si, pour toute suite pup q d’éléments de
Rn convergeant vers l, la suite pf pup qq converge vers l.
Définition 2.6.
Une fonction f : Rn Ñ Rq est dite continue sur Rn si elle est continue en tout point
de Rn .
Propriétés 2.4.
Une fonction f : Rn Ñ Rq est continue sur Rn si, et seulement si, l’image réciproque par
f de tout ouvert de Rq est un ouvert de Rn .

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2.2 Différentiabilité
2.2.1 Dérivées partielles
Dérivée partielle d’ordre 1
Soient U un ouvert de Rn , pei q la base canonique de Rn ,
f : U Ñ R et a P U . L’application Ti : R Ñ Rn , t ÞÑ a ` tei est manifestement
continue :
kTi ptq ´ Ti pt0 qk “ |t ´ t0 |. Donc Ui “ Ti´1 pU q est un ouvert de R. Soit ϕi : Ui Ñ R,
t ÞÑ f pa ` tei q.
Définition 2.1.
f admet une dérivée partielle d’ordre 1 en a par rapport à la variable xi si ϕi est
dérivable en 0, autrement dit si

ϕi ptq ´ ϕi p0q
lim existe,
tÑ0 t
ou encore si
f pa1 , . . . , ai´1 , u, ai`1 , . . . , an q ´ f paq
lim existe.
uÑai u ´ ai
Notation 2.2.1.
La dérivée partielle d’ordre 1 de f en a par rapport à xi sera notée

Bf
paq , ou bien Bi f paq , ou encore fx1 i paq .
Bxi
Définition 2.2.
Si Bi f paq existe pour tout i, on dira que f admet des dérivées partielles d’ordre 1.
Remarque 2.2.
Soient f, g : U Ñ R. Si f et g admettent des dérivées partielles d’ordre 1 en a par
rapport à xi , alors
1. Bi pf ` gq paq “ Bi f paq ` Bi g paq
2. Bi pf gq paq “ g paq Bi f paq ` f paq Bi g paq
3. Si g paq ‰ 0, alors
ˆ ˙
f g paq Bi f paq ´ f paq Bi g paq
Bi paq “
g g paq2

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4. f continue en a n’implique pas que f admet des dérivées partielles d’ordre 1
en a.
5. Si f admet des dérivées partielles d’ordre 1 en a, f n’est pas nécessairement
continue en a.
Exemple 2.3. ` ˘
f : R2 Ñ R nulle en a “ p0, 0q et définie par f px, yq “ xy{ x2 ` y 2 ailleurs, admet
des dérivées partielles d’ordre 1 en a, mais n’est pas continue en a.

2.2.2 Applications différentiables


Soient U un ouvert de Rn , f : U Ñ R, a P U et h P Rn tel que a ` h P U .
Définition 2.3.
f est dite différentiable au point a s’il existe une application linéaire A : Rn Ñ R
et une application εa : Rn Ñ R telles que f pa ` hq “ f paq ` Ah ` khkεa phq et
lim εa phq “ 0.
hÑ0
Propriétés 2.5.
L’application A est unique
Définition 2.4.
L’application A est appelée différentielle de f au point a et notée f 1 paq ou fa1 ou
df paq.
Propriétés 2.6.
Si f est différentiable en a, alors elle est continue en a.
Remarque 2.3.
La réciproque est fausse. L’application f : R Ñ R, x ÞÑ |x|, est continue mais non
différentiable en 0.
Propriétés 2.7.
Si f est différentiable en a, alors elle admet des dérivées partielles d’ordre 1 en a.
Remarque 2.4.
n
ÿ
1
f paq h “ hi Bi f paq.
i“1
Propriétés 2.8.
Si f admet des dérivées partielles continues sur un voisinage de a, alors elle est différentiable
en a.
1. Une fonction constante f est différentiable et on a f 1 paq “ 0
2. Une fonction linéaire f est différentiable et on a f 1 paq “ f

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3. Une fonction bilinéaire f est différentiable et on a f 1 pa, bq ph, kq “ f pa, kq `
f ph, bq
4. Si f, g : U Ñ R sont différentiables, alors f ` g et f g sont différentiables et
on a
pf ` gq1 paq “ f 1 paq ` g 1 paq et pf gq1 paq “ f 1 paq g paq ` f paq g 1 paq

Fonctions de Rn dans Rq .
Soient U un ouvert de Rn , f : U Ñ Rq , a P U et h P Rn tel que a ` h P U .
Définition 2.5.
f est dite différentiable au point a s’il existe une application linéaire A : Rn Ñ Rq
et une application εa : Rn Ñ Rq telles que f pa ` hq “ f paq ` Ah ` khkεa phq et
lim εa phq “ 0.
hÑ0
Définition 2.6.
L’application A est appelée différentielle de f au point a et notée f 1 paq ou fa1 ou
df paq.
Propriétés 2.9.
f est différentiable
` 1 en a si, et seulement
˘ si, les fonctions composantes le sont et on a
1 1
f paq h “ f1 paq h, . . . , fq paq h .
Propriétés 2.10.
Si f : U Ñ Rq et g : Rq Ñ Rp sont différentiables resp. en a et en f paq, alors g ˝ f est
différentiable en a et on a pg ˝ f q1 paq “ g 1 pf paqq ˝ f 1 paq.

Matrice jacobienne et différentielle.


Définition 2.7.
Soit f : U Ñ Rq une fonction dont les fonctions composantes admettent des
dérivées partielles d’ordre 1. On appelle matrice jacobienne de f au point a la
matrice de genre pq, nq définie par aij “ Bj fi paq et notée Jf paq.
Définition 2.8.
Le rang de f en a est le rang de Jf paq.
Définition 2.9.
Si q “ n, le déterminant de Jf paq est appelé jacobien de f en a.
Propriétés 2.11.
Si f est différentiable en a, alors Jf paq est la matrice de f 1 paq par rapport aux bases
canoniques.

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Exemple 2.4.

1. Soit g : R Ñ Rn , t ÞÑ pg1 ptq , . . . , gn ptqq et soit f : Rn Ñ R. Si les fonctions


composantes gi sont dérivables en t0 et si f est différentiable en g pt0 q, alors
ÿn
1
f ˝ g est dérivable en t0 et on a pf ˝ gq pt0 q “ gj1 pt0 q Bj f pg pt0 qq.
j“1

2. Si ϕ est définie implicitement par l’équation :


f px1 , . . . , xn´1 , ϕ px1 , . . . , xn´1 qq “ 0, alors si f et ϕ sont différentiables, on a
Bi f ` Bi ϕBn f “ 0, 1 ď i ď n ´ ` 1. Pour f px, yq˘ “ exy ` y 3 ´ x2 ´ y 2 , on a
Bx f ` Bx yBy f “ yexy ´ 2x ` xexy ` 3y 2 ´ 2y y 1 “ 0.

2.2.3 Dérivée partielles d’ordre supérieur à 1


Soit U un ouvert de Rn , f : U Ñ R, a P U . On suppose que Bi f pxq existe en tout
point x P U .
Définition 2.10.
Si l’application x ÞÑ Bi f pxq admet une dérivée partielle d’ordre 1 en a par rapport
à xj , on dit que f admet une dérivée partielle d’ordre 2 par rapport aux variables
B2f
xi et xj notée Bij2 f paq ou paq ou encore fx2i xj paq. Lorsque i “ j, elle est notée
Bxj Bxi
2
B f
paq.
Bx2i
Remarque 2.2.1.
1. En général, f admet n2 dérivées partielles d’ordre 2.
2. On définit par récurrence les dérivées partielles d’ordre p comme étant les
dérivées partielles d’ordre 1 de la dérivée partielle d’ordre p ´ 1.
Notation 2.2.2.p
B f
On note paq une dérivée partielle d’ordre p par rapport aux variables
Bxi1 ¨ ¨ ¨ Bxip
xi1 , ¨ ¨ ¨ , xip
Remarque 2.5.
B2f B2f
En général paq ‰ paq. C’est le cas pour la fonction f nulle en a “ p0, 0q
Bxj Bxi Bx`i Bxj ˘ ` ˘
et définie par f px, yq “ x x2 ´ y 2 { x2 ` y 2 .
Théorème 2.12 (théorème de Schwarz).
Si f admet des dérivées partielles d’ordre 1 et 2 continues sur un voisinage de a, alors

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B2f B2f
paq “ paq.
Bxj Bxi Bxi Bxj

Formule de Taylor
Remarque 2.6.
Si f admet des dérivées partielles d’ordre p continues sur un voisinage de a, alors
on peut les noter
Bpf
paq ,
Bxα1 1 ¨ ¨ ¨ Bxαnn
où α1 , . . . , αn P N et α1 ` ¨ ¨ ¨ ` αn “ p.
Définition 2.11.
Soient a, b P Rn . On appelle segment d’origine a et d’extrémité b l’ensemble noté
par ra, bs et défini par ra, bs “ tp1 ´ λq a ` λb | 0 ď λ ď 1u.
Définition 2.12.
Une partie non vide A de Rn est dite convexe si @a, b P A : ra, bs Ď A.
Définition 2.13.
f est dite de classe C k si toutes les dérivées partielles d’ordre ď k sont continues.
Elle est dite de classe C 8 si toutes les dérivées partielles de tous ordres sont
continues. Elle est dite de classe C 0 si elle est continue.
Soient U un ouvert convexe de Rn , f : U Ñ R, de classe C p , a P U et h P Rn tel
que a ` h P U . On considère la fonction ϕ : r0, 1s Ñ R, t ÞÑ ϕ ptq “ f pa ` thq. ϕ est
de classenC p et on a : n
ÿ ÿ
1
ϕ ptq “ 2
hi Bi f pa ` thq, ϕ ptq “ hi hj Bij2 f pa ` thq,
i“1 i,j“1
n
ÿ
ϕpkq ptq “ hi1 , . . . , hik Bik1 ,...,ik f pa ` thq, 1 ď k ď p.
i1 ,...,ik “1

2.2.4 Etude de l’extremum local


Propriétés 2.13 (Formule de Taylor).
Il existe θ P p0, 1q tel que

p´1
ÿ 1 pkq 1
f pa ` hq “ f paq ` ϕ p0q ` ϕppq pθq
k“1
k! p!

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Définition 2.14.
Une application f : U Ñ R admet un maximum (resp. minimum) local en a s’il
existe un voisinage V de a tel que p@x P V q pf pxq ď f paqq (resp. f pxq ě f paq).
Propriétés 2.14.
Si f : U Ñ R admet des dérivées partielles d’ordre 1 en a et si f admet un extremum en a,
alors Bi f paq “ 0, @i.
Remarque 2.7.
La réciproque est fausse. Les dérivées partielles d’ordre 1 en a “ p0, 0q de
f px, yq “ x2 ´ y 2 sont nulles, mais f n’admet pas d’extremum en a.
Définition 2.15.
a est un point singulier de f si Bi f paq “ 0, @i.
Soient f : U Ñ R une application de classe C 2 , a P U un point singulier de f .
Alors on peut écrire, d’après la formule de Taylor,
n
1 ÿ
f pa ` hq “ f paq ` hi hj Bij2 f paq ` khk2 ε phq
2 i,j“1
n
ÿ
avec lim ε phq “ 0. L’application ϕ phq “ hi hj Bij2 f paq est une forme quadra-
hÑ0
i,j“1
n
tique qui est continue sur R et qui atteint ses bornes sur le compact
S n´1 “ th P Rn | khk “ 1u. ` Il existe donc
˘ m, M P R, c, d P S n´1 tels que
m “ ϕ pcq, M “ ϕ pdq et @h P S n´1 pm ď ϕ phq ď M q. On a @h ‰ 0, h{khk P S n´1
et ϕ ph{khkq “ ϕ phq {khk2 . On en déduit :
@h ‰ 0, pε phq ` m{2q khk2 ď f pa ` hq ´ f paq ď pε phq ` M {2q khk2 . Si ϕ est définie
positive, alors m ą 0 et si ϕ est définie négative M ă 0.
Propriétés 2.15.
Proposition Si ϕ est définie positive, alors f admet un minimum local en a, si ϕ est définie
négative, alors f admet un maximum local en a.
Propriétés 2.16.
Si f admet un minimum en a, alors ϕ est positive. Si f admet un maximum en a, alors ϕ
est négative.
Pour n “ 2, on a ϕ phq “ h21 r ` 2h1 h2 s ` `h22 t où r “ Bx2 f˘ paq, s “ Bxy
2
f paq, et
2 2 2
t “ By f paq, En posant u “ h1 {h2 , on a ϕ phq “ ru ` 2su ` t h2 . Ainsi l’étude du
signe de ϕ est ramenée à l’étude du signe du trinôme ru2 ` 2su ` t. Si s2 ´ rt ă 0,
alors f admet un minimum strict en a si r ą 0 et un maximum strict en a si r ă 0.
Si s2 ´ rt ą 0, alors f n’admet pas d’extremum en a. Si s2 ´ rt “ 0, on ne peut pas
conclure.

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Définition 2.16.
Une application f : U Ñ Rp est dite de classe C r si toutes les fonctions composantes
fi sont de classe C r .
Propriétés 2.17.
Si f : U Ñ Rp est de classe C 1 , alors elle est différentiable.

2.2.5 Théorème des fonctions implicites


Définition 2.17.

1. Une application f : U Ñ Rp est une immersion si f est de classe C 1 et si


@a P U , le rang de f en a est égal à n.
2. Une application f : U Ñ Rp est une submersion si f est de classe C 1 et si
@a P U , le rang de f en a est égal à p.
3. Une application f : U Ñ Rp est un étalement si f est à la fois une immersion
et une submersion.
4. Soient U et V deux ouverts de Rn . Une application f : U Ñ V est un
difféomorphisme si f est bijective et si f et f ´1 sont de classe C 1 .
Remarque 2.8.
f bijective et de classe C 1 n’implique pas f ´1 de classe
? C 1 . Par exemple f : R Ñ R,
t ÞÝÑ t3 est bijective et de classe C 1 , mais f ´1 ptq “ 3 t n’est pas dérivable en 0.
Théorème 2.18 (d’inversion locale).
Soient U et V deux ouverts de Rn , a P U , f : U Ñ V une application de classe C 1 et
telle que f 1 paq soit bijective. Alors il existe un voisinage ouvert U1 de a dans Rn et un
voisinage ouvert V1 de f paq dans Rn tels que f : U1 Ñ V1 soit un difféomorphisme.
Remarque 2.9.
Même si @a P U , f 1 paq est bijective, f n’est pas nécessairement un difféomorphisme.
Par exemple, pour f px, yq “ pex cos y, ex sin yq, on a @ px, yq P R2 , |Jf px, yq| “ e2x et
donc @ px, yq P R2 , f 1 px, yq est bijective. Cependant f n’est pas bijective.
Corollaire 2.19.
1. Si f : U Ñ V est un étalement, alors f est un difféomorphisme local , i.e.,
@a P U , il existe un voisinage ouvert U1 de a dans Rn et un voisinage ouvert V1 de
f paq dans Rn tels que f : U1 Ñ V1 soit un difféomorphisme.
2. Si f : U Ñ V est bijective, de classe C 1 et telle que : @a P U , f 1 paq est bijective,
alors f est un difféomorphisme.

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Théorème 2.20 (des fonctions implicites).
Soient U “ U1 ˆ U2 un ouvert de Rn ˆ Rp , f : U Ñ Rp une application de classe C 1 ,
pa, bq P U tel que f pa, bq “ 0. On suppose que pfa q1 pbq est bijective, où fa : U2 Ñ Rp ,
y ÞÑ f pa, yq. Alors il existe un voisinage W de pa, bq dans Rn ˆ Rp , un voisinage V de a
dans Rn , une application ϕ : V Ñ Rp tels que
1. ϕ est de classe C 1
2. p@x P V q ppx, ϕ pxqq P W q
3. b “ ϕ paq
4. px, yq P W et f px, yq “ 0 ô y “ ϕ pxq
` ˘´1
5. ϕ1 paq “ ´ pfa q1 pbq ˝ pfb q1 paq.

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CHAPITRE

3 Intégrale Multiple

3.1 Intégrale double


On appelle pavé de R2 une partie ∆ “ ra, bs ˆ rc, ds de R2 où a, b, c, d P R. Un
pavé de R2 est aussi appelé rectangle. Le réel positif µp∆q “ pb ´ aqpd ´ cq est
appelé mesure ou aire du pavé ∆. Un pavé est dit singulier si son aire est nulle,
i.e., si a “ b ou si d “ c.
Soient pa “ x0 ă x1 ă ¨ ¨ ¨ ă xn´1 ă xn “ bq une subdivision de ra, bs,
pc “ y0 ă y1 ă ¨ ¨ ¨ ă yp´1 ă yp “ dq une subdivision de rc, ds, ∆ij “ rxi´1 , xi s ˆ
ryj´1 , yj s. On appelle subdivision ou quadrillage de ∆ la famille p∆ij q.
L’intersection de deux pavés est soit vide soit un pavé.
Deux pavés sont dits quasi-disjoints si leur intersection est un pavé singulier.
Deux pavés sont disjoints si leur intersection est vide.
On appelle pavage de R2 toute famille finie de pavés de R2 deux à deux quasi-
disjoints. On appelle support d’un pavage p∆i qiPI que l’on note sup ∆i la réunion
iPI
des ∆i .
Une partie A deÿ R2 est dite pavable si elle est support d’un pavage p∆i qiPI . Le
réel positif µpAq “ µp∆i q est appelé mesure ou aire de A.
iPI
Soit A une partie bornée de R2 . On note m` pAq la borne inférieure des aires des
parties pavables contenant A et m´ pAq la borne supérieure des aires des parties
pavables contenues dans A. On dit que A est quarrable si m` pAq “ m´ pAq et la
valeur commune de ces deux bornes est appelée mesure ou aire de A et notée

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µpAq.
Soit A une partie quarrable de R2 . Soit ∆ “ ra, bs ˆ rc, ds le plus petit rectangle
contenant A. Soit f une fonction numérique définie sur A. A chaque subdivision
σ “ p∆ij q de ∆, on associe,

mij “ inf f px, yq, Mij “ sup f px, yq,


px,yqP∆ij px,yqP∆ij
ÿ ÿ
spf, σq “ mij µp∆ij q, Spf, σq “ Mij µp∆ij q
∆ij ĎA AX∆ij ‰H

Si f est positive, on dit que f est intégrable sur A si sup spf, σq “ inf Spf, σq “
σ σ
Ipf q.
Si f est intégrable, le nombre Ipf q est appelé intégrale de f sur A et noté
ij
Ipf q “ f px, yqdxdy.
A

Si f est négative, on dit que f est intégrable si ´f est intégrable et


Ipf q “ ´Ip´f q. Si f n’est pas de signe constant, on définit f ` pxq “ maxtf pxq, 0u
et f ´ pxq “ mintf pxq, 0u. Si f ` et f ´ sont intégrables, on dit que f est intégrable et
on a Ipf q “ Ipf ` q ` Ipf ´ q.
Soient ∆ “ ra, bs ˆ rc, ds un rectangle fermé, f : ∆ Ñ R, px, yq ÞÑ f px, yq une
fonction continue.
Théorème 3.1.
La fonction Φ : ra, bs Ñ R définie par :
żd
Φpxq “ f px, tqdt
c

est continue.
Théorème 3.2.
Soit f une fonction numérique continue sur un rectangle ∆ “ ra, bs ˆ rc, ds. Alors les
fonctions
żd żb
Φpxq “ f px, tqdt, Ψpyq “ f pt, yqdt
c a
sont bien définies et continues respectivement sur ra, bs et rc, ds. De plus :
żb żd
Φpxqdx “ Ψpyqdy.
a c

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Cette relation s’écrira :
żb żd żd żb
dx f px, tqdt “ dy f pt, yqdt.
a c c a

Preuve.
Soit żb żd
I“ Φpxqdx, J“ Ψpyqdy.
a c
Soit ε ą 0. La fonction f , continue sur le rectangle fermé ∆, est uniformément
continue sur ∆. Donc il existe α ą 0 tel que
|x1 ´ x2 | ă α, |y1 ´ y2 | ă α ñ |f px1 , y1 q ´ f px2 , y2 q| ă ε. Soit
∆1 “ rx1 , x2 s ˆ ry1 , y2 s un rectangle fermé inclus dans ∆ tel que |x1 ´ x2 | ă α et
|y1 ´ y2 | ă α. Soient
M “ sup f px, yq et m “ inf 1 f px, yq.
px,yqP∆1 px,yqP∆

Soient px, yq, pa, bq P ∆1 . On a f px, yq ´ f pa, bq ă ε. D’où


f px, yq ă f pa, bq ` ε, @px, yq P ∆1 . On en déduit M ď f pa, bq ` ε. Puis
M ´ ε ď f pa, bq, @pa, bq P ∆1 . Par conséquent M ´ ε ď m. Finalement M ´ m ď ε.
Soient maintenant pa “ x0 ă x1 ă ¨ ¨ ¨ ă xn´1 ă xn “ bq une subdivision de
ra, bs et pc “ y0 ă y1 ă ¨ ¨ ¨ ă yn´1 ă yp “ dq une subdivision de rc, ds telles que
xi ´ xi´1 ă α, 1 ď i ď n et yj ´ yj´1 ă α, 1 ď j ď p. Alors
«ż ff
ÿn ż xi ÿ ż xi yj
I“ Φpxqdx “ dx f px, yqdy .
i“1 xi´1 1ďiďn xi´1 yj´1
1ďjďp

Soit Mij la borne supérieure et mij la borne inférieure de f sur le rectangle


rxi´1 , xi s ˆ ryj´1 , yj s. Alors Mij ´ mij ď ε et
ÿ ÿ
mij pxi ´ xi´1 q pyj ´ yj´1 q ď I ď Mij pxi ´ xi´1 q pyj ´ yj´1 q .
1ďiďn 1ďiďn
1ďjďp 1ďjďp

De même p ż yj
ÿ ÿ ż yj „ż xi 
J“ Ψpyqdy “ dy f px, yqdx .
j“1 yj´1 1ďjďp yj´1 xi´1
1ďiďn
vérifie
ÿ ÿ
mij pxi ´ xi´1 q pyj ´ yj´1 q ď J ď Mij pxi ´ xi´1 q pyj ´ yj´1 q .
1ďiďn 1ďiďn
1ďjďp 1ďjďp

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D’où
ÿ
|I ´ J| ď pMij ´ mij q pxi ´ xi´1 q pyj ´ yj´1 q ď ε pb ´ aq pd ´ cq .
1ďiďn
1ďjďp

Par conséquent I “ J.
On appelle intégrale double de f sur ∆ le nombre I noté
ij
I“ f px, yqdxdy.

Théorème 3.3.
Soient ∆ “ ra, bs ˆ rc, ds un rectangle, C∆ l’espace vectoriel des fonctions numériques
continues sur ∆. Notons I∆ pf q l’intégrale d’une fonction f P C∆ . Soient f, g P C∆ , λ P R.
Alors
I∆ pf ` λgq “ I∆ pf q ` λI∆ pgq, |I∆ pf q| ď I∆ p|f |q. Soit k ą 0 tel que |f | ď k. Alors
|I∆ pf q| ď kµp∆q.
Théorème 3.4.
Soit f une fonction continue sur un rectangle ∆ “ ra, bs ˆ rc, ds. Soit
∆k “ rak , bk s ˆ rck , dk s, 1 ď k ď m des rectangles quasi-disjoints dont la réunion est ∆.
Alors m
ÿ
I∆ pf q “ I∆k pf q.
k“1
Théorème 3.5 (Intégrations successives).
Soit f une fonction continue bornée sur un ensemble ouvert borné D de R2 ; on suppose
que la frontière de D a une mesure nulle. Pour x fixé, on désigne par Dx l’ensemble des
réels y tels que px, yq appartienne à D ; pour y fixé, Dy est l’ensemble des réels x tels que
px, yq appartienne à D ; Dx et Dy sont des ensembles ouverts bornés dans R.
Dans ces conditions, la fonction
ż
x ÞÑ Φpxq “ f px, yqdy
Dx

est bien définie et intégrable sur l’ensemble ouvert borné dans R, projection de D relative-
ment à x, noté prx D, et vérifie l’égalité :
ż ż
Φpxqdx “ f px, yqdxdy.
prx D D

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De façon analogue, la fonction
ż
y ÞÑ Ψpyq “ f px, yqdx
Dy

est bien définie et intégrable sur l’ensemble ouvert borné dans R, projection de D relative-
ment à y, noté pry D, et vérifie l’égalité :
ż ż
Ψpyqdy “ f px, yqdxdy.
pry D D

Ces résultats sont résumés à l’aide des notations suivantes :


ż ż „ż  ż «ż ff
f px, yqdxdy “ dx f px, yqdy “ dy f px, yqdx .
D prx D Dx pry D Dy

Théorème 3.6 (Changement de variable).


Soient ∆ et D deux ensembles ouverts bornés dans R2 , images l’un de l’autre dans une
correspondance bijective associant un point quelconque px1 , x2 q de ∆ et un point pX1 , X2 q
de D par des égalités :
# #
X1 “ u1 px1 , x2 q x1 “ w1 pX1 , X2 q
X2 “ u2 px1 , x2 q x2 “ w2 pX1 , X2 q

où les fonctions w1 et w2 sont continues bornées sur D et y admettent des dérivées partielles
continues bornées relativement à X1 et X2 ; les fonctions u1 et u2 ayant les propriétés
analogues sur ∆. On suppose qu’en tout point de D le déterminant
Bw1 Bw1
Dpw1 , w2 q BX1 BX2
“ ‰ 0.
DpX1 , X2 q Bw2 Bw2
BX1 BX2
Alors toute fonction f continue bornée sur ∆ vérifie l’égalité :
ij ij
Dpw1 , w2 q
f px1 , x2 qdx1 dx2 “ f pw1 , w2 q dX1 dX2
DpX1 , X2 q
∆ D

Dans la deuxième intégrale figure la fonction composée de f par la transformation


pX1 , X2 q ÞÑ px1 , x2 q, application de D sur ∆.

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