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DOSSIER : 441303

Canada Carbon

Vous trouverez ci-joint un compte rendu par lequel la Commission vous


indique sa compréhension de la demande et son orientation préliminaire à
l’égard de celle-ci.

Pour toute question d’ordre général ou pour consulter le dossier, vous pouvez
consulter notre site Internet http://www.cptaq.gouv.qc.ca ou encore
communiquer avec le Service des communications et de l'information au
1-800-667-5294 ou vous présenter à la Commission, entre 8 h 30 et 11 h 30,
13 h et 16 h, et ce, du lundi au vendredi, sur rendez-vous seulement. Il vous
est également possible d’obtenir copie d’un document versé au dossier, après
paiement, s’il y a lieu, des frais déterminés par règlement.

Dans les trente jours de la date indiquée sur ce compte rendu, il vous est
possible, ainsi qu’à toute personne intéressée, de présenter des observations
écrites qui seront prises en considération par la Commission avant de rendre
sa décision. Pour ce faire, vous devez transmettre votre correspondance par
courriel à info@cptaq.gouv.qc.ca ou encore par courrier à l'adresse postale
mentionnée ci-dessous, en indiquant dans l'objet « Observations écrites » et
le numéro du dossier.

Dans ce même délai de 30 jours, vous pouvez également demander, par


écrit, une rencontre avec la Commission. Dans ce cas, vous devez
transmettre votre correspondance aux mêmes coordonnés en indiquant dans
l'objet « Demande de rencontre publique » et le numéro du dossier. Vous
recevrez ultérieurement un avis de convocation vous indiquant les
coordonnées de la rencontre. D‘ici la réception de cet avis, vous êtes priés de
préparer vos représentations à même les documents que vous déposeriez
pour la rencontre publique, et ce, 10 jours avant la tenue de celle-ci.

200, chemin Sainte-Foy, 2e étage 25, boul. La Fayette, 3e étage


Québec (Québec) G1R 4X6 Longueuil (Québec) J4K 5C7
Téléphone : (418) 643-3314 (local) Téléphone : (450) 442-7100 (local)
1-800-667-5294 (extérieur) 1-800-361-2090 (extérieur)
Télécopieur : (418) 643-2261 Télécopieur : (450) 651-2258
COMMISSION DE PROTECTION DU
TERRITOIRE AGRICOLE DU QUÉBEC

IDENTIFICATION DU DOSSIER

Numéro : 441303
Lots : 6 095 581-P, 6 095 603-P, 6 095 605-P
Cadastre : Cadastre du Québec
Superficie : 85 hectares
Circonscription foncière : Argenteuil
Municipalité : Grenville-sur-la-Rouge (M)
MRC : Argenteuil

Date : Le 12 octobre 2023

LES MEMBRES PRÉSENTS Élaine Grignon, vice-présidente


Me Jean Nobert, commissaire

DEMANDERESSE Canada Carbon

COMPTE RENDU DE LA DEMANDE ET ORIENTATION PRÉLIMINAIRE


(article 60.1 de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles)

LA DEMANDE

La demanderesse s’adresse à la Commission afin que celle-ci autorise l’utilisation à une fin
autre que l’agriculture, soit l’exploitation d’une mine de graphite d’une superficie approximative
de 85 hectares, correspondant à une partie des lots 6 095 581, 6 095 603 et 6 095 605 du
cadastre du Québec, circonscription foncière d’Argenteuil.

Dans un deuxième temps, il est également requis d’autoriser la coupe totale dans une érablière,
d’une superficie non spécifiée, incluse à la superficie visée par le premier volet.

LE PROJET

La demande comporte deux volets, soit l’exploitation d’une mine de graphite et la coupe
d’érables. La durée demandée est de 25 ans, soit 5 ans pour obtenir les autres autorisations
nécessaires et 20 ans pour l’exploitation.
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Selon la demanderesse, Canada Carbon, le projet aura des retombées économiques


importantes pour la Municipalité et pour la région. Un refus viendrait également mettre fin au
processus d’analyses environnementales et économiques, en plus de fermer la porte au
développement stratégique du marché des minéraux critiques et stratégiques dans le secteur.

Les informations qui suivent sont tirées des documents déposés au dossier.

Le volet 1 : l’exploitation d’une mine de graphite

Le site visé contient un gîte de graphite hydrothermal de très grande qualité. Il s’agit d’une
forme de graphite parmi les plus pures qui le rend utilisable dans un large spectre de produits
industriels, comme dans l’industrie de fabrication d’appareils de haute technologie informatique
et autres.

Les études de préfaisabilité et de faisabilité économique du projet de la mine seront produites à


partir des résultats d’analyses sur la composition en graphite de la roche-mère, permettant de
préciser la quantité de ressource disponible. Plus spécifiquement, le présent projet de mine se
situe à l’étape de l’étude d’impact et d’examen.

Selon le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF), un projet minier comporte
quatre étapes, soit :

1. l’élaboration du projet;
2. l’étude d’impact et examen;
3. la construction et l’exploitation;
4. la fermeture et la restauration.

La superficie visée

La demande porte sur une superficie d’environ 85 hectares qui comprend :


• une superficie d’environ 26 hectares qui sera occupée par trois fosses de graphite;
• une superficie d’environ 59 hectares qui servira à implanter les infrastructures
requises dans le projet minier et qui seront définies ultérieurement par un ingénieur
minier.

Les infrastructures à implanter sont les suivantes :

• voies de circulation sur le site;


• aires d’entreposage du sol et de la terre de découverte (mort terrain);
• aires d’entreposage des stériles miniers (roc);
• aire d’entreposage des résidus miniers (roche broyée);
• bassin de captation et de sédimentation des eaux de surface;
• usine de traitement du graphite.
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La recherche de sites

À la suite d’un processus d’analyse cartographique, de levées aéroportées, de forages et


d’échantillonnages, une recherche de sites avec des gisements économiquement viables a été
réalisée.

Selon cette recherche, 16 sites sont disponibles, mais seulement trois d’entre eux présentent la
qualité exceptionnelle du graphite trouvé sur le site visé. Les deux autres sites n’ont pas été
retenus en raison de problématiques qui limitent l’intérêt et leur potentiel de développement
(enclavés de territoires incompatibles avec l’activité minière).

État des lieux

La topographie du terrain visé est à la fois plane, vallonnée et escarpée, ce qui fait que
l’épaisseur de sol arable et de découverte est très variable. L’agronome Christine Ouellet évalue
l’épaisseur moyenne de sol arable (horizon A) à 20 centimètres.

Le site est totalement sous couvert forestier, à l’exception des chemins forestiers et des
affleurements rocheux. Le site comporte également plusieurs trous de mine profonds et des
haldes (amoncellement) de stériles miniers (roche retirée au cours du procédé minier pour
donner accès aux minerais) provenant des activités d’exploitation à ciel ouvert de la mine Miller
au début du siècle. La végétation naturelle s’y est installée depuis.

Selon les plans topographiques fournis, la profondeur des trois fosses se situerait entre 92 et
135 mètres. Le terrain réaménagé se situerait sensiblement au même niveau d’élévation que le
terrain naturel d’avant l’exploitation et aurait une pente suivant le relief naturel. Aucun talus n’est
prévu aux limites de l’exploitation des fosses.

Afin de minimiser l’impact au sol des aires d’entreposage des résidus miniers et des stériles, il
est prévu d’ouvrir et d’exploiter une fosse à la fois. De plus, une partie des résidus seront sortis
du site pour être valorisés comme amendement calcaire pour dégager de l’espace
d’entreposage sur le site.

Selon madame Christine Ouellet, agronome, la stratégie est de retourner tous les matériaux
inertes dans les fosses à la fin des travaux, afin de réduire l’empreinte carbone du projet. Il est
difficile de prévoir, à cette étape, le volume exact qui servira à remblayer les fosses pour deux
raisons : la première est qu’il y aura le volume du graphite retiré du roc, et l’autre est que le
volume des résidus sera augmenté en raison du foisonnement, c’est-à-dire l’augmentation du
volume résultant du concassage du roc. Par conséquent, il est prévu de remplir la totalité des
fosses avec les résidus. Si toutefois cela n’était pas le cas, le manque à gagner sera ennoyé
avec le temps.

La nappe d’eau n’a pas été retrouvée dans les horizons A et B. Cependant, elle a été observée
dans un puits d’exploitation d’une ancienne mine de graphite du début du 20 e siècle, à une
profondeur d’environ 4 mètres (400 centimètres). L’agronome Christine Ouellet précise toutefois
que la nappe est très variable dans les dépôts meubles et dans le roc. La profondeur peut varier
entre 1 et 45 mètres. Les mesures ont été prises en 2015, en 2016 et en septembre 2023.
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Le réseau de drainage périphérique établi en début du projet permettra, en tout temps, de


récolter les eaux de ruissellement et de fonte jusqu’à la fin de la restauration du site.

Étude hydrogéologique

L’étude Bilan Hydrique, proejt (sic) de mine de graphite Miller, Grenville-sur-la-Rouge (Québec)
de BluMetric Environnement inc. (17 mars 2023) fait état des conséquences pendant et après
l’exploitation de la mine, sur la disponibilité de la ressource eau pour les terres agricoles et
autres milieux environnants, en se basant sur les données historiques récoltées entre 2016
et 2020.

Présentement, selon les essais de pompages préliminaires réalisés en 2017, aucun lien n’a été
constaté entre les aquifères dans le socle rocheux et dans la couverture de mort terrain.
L’impact de l’exploitation de la mine sur les sols est minime et représente 1 % du ruissellement
de surface totale sur la région étendue autour du site.

Le volume d’eau annuel touché par l’exploitation de la mine est d’environ 343 000 mètres cubes
pour le bassin versant nord et 164 000 mètres cubes pour le bassin versant sud. Sachant que le
ruissellement de surface annuel pour le bassin versant de la rivière Calumet (NB) est estimé à
plus de 32 300 000 mètres cubes et le bassin versant du ruisseau Larose (EB) est de
12 500 000 mètres cubes, les auteurs de l’étude concluent qu’aucun impact sur les exploitations
agricoles potentielles alentour n’est anticipé.

Néanmoins, afin de planifier une gestion efficace de l’eau, une étude hydrogéologique
approfondie du site visé, en fonction de la disposition des infrastructures et des séquences de
minage, est prévue en phase de préfaisabilité.

Réaménagement du site

Le projet étant localisé en totalité en milieu forestier, le plan de restauration proposé vise à
réintégrer la forêt au terme de l’exploitation mettant en évidence le volet agronomique
strictement. Un plan de restauration plus élaboré sera éventuellement déposé à d’autres
instances de contrôle.

Plus spécifiquement, le programme de restauration comporte deux volets, soit l’aménagement


acéricole forestier des îlots boisés non impactés et le reboisement.

Au moment de la fermeture, la restauration du site prévue aux emplacements des


infrastructures est un reboisement avec des essences de feuillus favorisant la venue de
peuplements forestiers dominés par les érables.

Au-dehors des infrastructures, les arbres et le terrain naturel seront maintenus intacts afin de
favoriser l’ensemencement naturel des essences forestières indigènes.
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Un aménagement des secteurs qui resteraient naturels à l’intérieur du périmètre total du projet
est aussi proposé. Selon cette approche, des traitements sylvicoles seront faits sur un nombre
équivalent d’hectares d’érablières à ceux qui subiront un impact, afin de favoriser leur vigueur et
ainsi maintenir et voir même améliorer le potentiel acéricole du secteur à long terme.

Dans l’addenda au rapport Stratégie de réaménagement acérico-forestier d’un site minier à


restaurer et Stratégie d’aménagement acérico-forestier favorisant le maintien du potentiel
d’entailles de David Armstrong, ingénieur forestier (mars 2023), ce dernier précise que : La
superficie totale des infrastructures, et par conséquent celle des îlots boisés résiduels, n’étant
pas connue (hormis pour la fosse qui devrait occuper une superficie d’environ 26 hectares), ne
lui permet uniquement de spécifier qu’il est prévu d’aménager une superficie équivalente aux
superficies qui devront être défrichées (et ultimement restaurées) pour l’implantation des
infrastructures.

Tous les chemins seront restaurés, à l’exception des chemins forestiers présents actuellement.
Les bâtiments et infrastructures seront démantelés, les fondations seront rasées au niveau du
sol et tous les matériaux provenant du démantèlement seront traités selon les exigences du
Règlement sur l’enfouissement et l’incinération de matières résiduelles. Il est aussi prévu de
remplir la totalité des fosses avec les résidus. Si toutefois cela n’était pas le cas, le manque à
gagner sera ennoyé avec le temps.

Volet 2 : coupe d’érables

Les inventaires ont été réalisés le 20 octobre 2015 et le 10 mars 2016. Le site demandé est
composé de six peuplements d’érables. Selon monsieur David Armstrong, ingénieur forestier, à
long terme, les six peuplements possèdent un potentiel pour l’acériculture.

L’agronome Christine Ouellet recommande de déchiqueter, à même le sol, les souches et les
racines des arbres coupés, sur une profondeur de 20 à 25 centimètres, afin de favoriser le
compostage des matières ligneuses durant la période de mise en réserve du sol et aussi de
réduire l’espace d’entreposage des souches. Cette matière organique sera utile lors de la
restauration.

Selon elle, puisque les travaux miniers auront un impact sur le potentiel acéricole futur, à
l’endroit des infrastructures minières, le plan d’aménagement acérico-forestier combiné au plan
de reboisement acérico-forestier ont été élaborés pour créer l’effet zéro perte nette pour le
potentiel acéricole.
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LES RECOMMANDATIONS DE LA MUNICIPALITÉ

Deux résolutions municipales ont été transmises à la Commission.

Dans la première, la Municipalité de Grenville-sur-la-Rouge, par la résolution 2023-05-191


adoptée le 2 mai 2023, indique ceci :

[...]

QUE la municipalité prenne acte de l’incapacité pour la fonctionnaire désignée d’émettre


un avis de conformité ou de non-conformité sans les précisions ci-haut mentionnées et
réserve ses droits en conséquence;

QUE la municipalité réitère son opinion à l’effet que les renseignements et documents
soumis par Canada Carbon ne devraient pas permettre à la CPTAQ de se prononcer sur
une demande pour un usage autre qu’agricole avec exploitation et qu’au surplus, cette
demande demeure incomplète et plus qu’imprécise;

QUE l’absence de précision quant aux études de faisabilité qui seront menées,
comment elles le seront et en quoi elles sont nécessaires, militent pour le refus de la
demande d’autorisation pour un usage autre qu’agricole sans exploitation;

QUE la municipalité réitère que le projet de Canada Carbon causerait un préjudice aux
peuplements des érables inclus dans la superficie totale visée et que ce préjudice ne
sera pas compensé par une remise en érablière projetée;

QUE la municipalité réitère son opinion à l’effet que le projet aura un effet négatif sur les
ressources acéricoles existantes et en cours de développement tant sur le territoire de
la municipalité locale que dans la région et réitère ses inquiétudes quant à la ressource
en eau et autres impacts prévisibles;

QUE la municipalité informe la CPTAQ de son souhait que la demande de Canada


Carbon pour un usage autre qu’agricole soit refusée;

QUE la municipalité mandate Trivium Avocats Notaires Conseils afin de la représenter


devant la CPTAQ et de lui recommander toute démarche complémentaire nécessaire
aux débats potentiellement à venir devant la CPTAQ;

QUE soit transmise la présente résolution et la correspondance du fonctionnaire


désigné qui y est annexée à la CPTAQ avec le formulaire dûment complété.

[...]
Dossier 441303 page 7

Dans la deuxième, la Municipalité de Grenville-sur-la-Rouge, par la résolution 2023-06-282


adoptée le 22 juin 2023, indique ceci :

[...]

QUE la municipalité prenne acte de l’incapacité pour la fonctionnaire désignée d’émettre


un avis de conformité ou de non-conformité sans les précisions ci-haut mentionnées et
réserve ses droits en conséquence;

QUE la municipalité réitère son opinion à l’effet que les renseignements et documents
soumis par Canada Carbon ne devraient pas permettre la CPTAQ de se prononcer sur
une demande pour un usage autre qu’agricole avec exploitation et qu’au surplus, cette
demande demeure incomplète et plus qu’imprécise;

QUE l’absence de précision quant aux études de faisabilité qui seront menées,
comment elles le seront et en quoi elles sont nécessaires militent pour le refus de la
demande d’autorisation pour un usage autre qu’agricole sans exploitation;

QUE la municipalité réitère que le projet de Canada Carbon causerait du préjudice aux
peuplements des érables inclus dans la superficie totale visée et que ce préjudice ne
sera pas compensé par une remise en érablière projetée;

QUE la municipalité s’oppose à la coupe d’érables projetée;

QUE la municipalité recommande à la CPTAQ de s’informer auprès du gouvernement


provincial de la possibilité pour Canada Carbon d’installer son projet sur des terrains
faisant objet de claims existants à l’extérieur de la zone agricole, dans la mesure où la
demande ne concerne que des activités extractives en vertu du premier alinéa de
l’article 246 de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, comme le prétend Canada
Carbon;

QUE la municipalité réitère son opinion à l’effet que le projet aura un effet négatif sur les
ressources acéricoles existantes et en cours de développement tant sur le territoire de
la municipalité locale que dans la région et réitère ses inquiétudes quant à la ressource
en eau et autres impacts prévisibles;

QUE la municipalité informe la CPTAQ de son souhait que la demande de Canada


Carbon pour un usage autre qu’agricole soit refusée;

QUE la municipalité mandate Trivium Avocats Notaires Conseils afin de la représenter


devant la CPTAQ et de lui recommander toute démarche complémentaire nécessaire
aux débats potentiellement à venir devant la CPTAQ;

QUE soit transmise la présente résolution et la correspondance du fonctionnaire


désigné qui y est annexée à la CPTAQ avec le formulaire dûment complété.

[...]
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LE RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS AU DOSSIER

Après examen des documents versés au dossier, avec sa connaissance du milieu en cause et
selon les renseignements obtenus de ses services professionnels, la Commission constate ce
qui suit.

LE CONTEXTE ET LES PARTICULARITÉS RÉGIONALES

Géographique

Le site visé est situé sur le territoire de la municipalité de Grenville-sur-la-Rouge, laquelle fait
partie de la MRC d’Argenteuil et de la région administrative des Laurentides.

Plus précisément, la superficie visée est située à approximativement 241 mètres à l’ouest du
lac Ogilvy et au sud de la rivière Calumet, ainsi qu’à approximativement 1,4 kilomètre au nord
de l’autoroute 50, soit directement au nord de la ligne de transport électrique. On y accède via
la sortie de l’autoroute 50 vers le chemin Scotch en direction nord.

Agricole

Sur le plan agricole, la municipalité de Grenville-sur-la-Rouge comporte une zone agricole


couvrant une superficie de 11 331 hectares, alors que son territoire totalise une superficie
de 31 316 hectares. La zone agricole occupe donc 36 % du territoire municipal.

À l’examen des photographies aériennes prises en 2022, permettant d’apprécier le milieu


environnant dans un rayon d’environ 2 kilomètres autour des sites concernés
(échelle 1/15 000), on constate que le site visé s’inscrit dans un milieu agroforestier où les
terres boisées avec et sans érablières dominent le paysage.

Un îlot de terres cultivées se trouve à près de 1 kilomètre à l’ouest du site visé, de même qu’au
sud de l’autoroute 50. On observe également deux lieux d’élevage de bovins de boucherie à
l’ouest du site visé et deux fermes laitières au sud de l’autoroute 50.

Outre des résidences et des îlots déstructurés le long des chemins publics, peu d’utilisations
non agricoles sont présentes dans le milieu.

Selon les données de l’Inventaire des terres du Canada, le potentiel agricole des sols des lots
visés est majoritairement de classe 7 et, dans une moindre mesure, de classe 4. Les sols
classés 4 sont réputés renfermer un bon potentiel agricole parfaitement adapté pour les prairies
et les pâturages, alors que ceux classés 7, qui sont prépondérants, sont considérés comme
ayant un potentiel agricole très faible, voir inutilisable pour la culture de plantes fourragères
vivaces.

Selon l’étude pédologique des comtés D’Argenteuil, Deux-Montagnes et Terrebonne (1960), on


y retrouve principalement des sols des séries Larose (loam sableux) et Lakefield (loam sableux
fin). Ces sols sont peu profonds (lithique mince) et de peu d’intérêt pour la culture en champ.
On y retrouve un relief défavorable et une forte pierrosité.
Dossier 441303 page 9

Selon les données de Productivité forestière des terres du Canada 1967, le potentiel de
productivité forestière des lots visés est de classe 2 (50 %), 5 (30 %) et 3 (20 %). Les sols de
classe 2 présentent une légère limitation à la croissance d’une forêt commerciale, les sols de
classe 3 présentent des limitations modérées à la croissance d’une forêt commerciale et les
sols de classe 5 présentent des limitations importantes à la croissance de forêts commerciales.

Les possibilités d’utilisation agricole du site sont centrées sur l’acériculture et la sylviculture.

Le site visé est complètement boisé avec des peuplements d’érables couvrant plus de la moitié
de la superficie demandée, selon le 5e inventaire écoforestier du Québec méridional. Le site visé
est également ceinturé de superficies boisées avec et sans érablières.

La municipalité de Grenville-sur-la-Rouge est assujettie à l’article 50.3 du Règlement sur les


exploitations agricoles (REA) qui limite l’augmentation des superficies en culture selon la
désignation à l’annexe 3.

Selon la Cartographie des milieux humides détaillés du ministère de l’Environnement et de la


Lutte contre les changements climatiques de la Faune et des Parcs (MELCCFP), le site visé est
occupé dans la partie sud par un milieu humide de type tourbière ombrotrophe boisée (terre
noire supérieure à 30 centimètres), d’une superficie de 3,46 hectares.

Selon les informations transmises par l’officier municipal, l’établissement le plus près est situé à
une distance de 40 mètres du site visé. Il s’agit d’une cabane à sucre.

De planification régionale et locale

Le schéma d’aménagement et de développement révisé (SADR) de la MRC d’Argenteuil est en


vigueur depuis le 1er juin 2009.

La parcelle visée fait partie de l’affectation « agroforestière type 2 ».

LES AUTRES ÉLÉMENTS PERTINENTS

Décision rendue sur la propriété visée

La Commission s’est prononcée en 20211 sur la propriété visée, en autorisant, sous conditions,
la réalisation de travaux exploratoires nécessaires à la réalisation d’un dossier complet de
demande à la Commission, sur une superficie approximative de 57,88 hectares, correspondant
à une partie des lots 6 095 574, 6 095 577, 6 095 581, 6 095 603, 6 095 604 et 6 095 605 du
cadastre du Québec, circonscription foncière d’Argenteuil.

Selon le sommaire de rapport de suivi signé par l’agronome Christine Ouellet le 10 mars 2023,
toutes les conditions sont respectées.

1 Canada Carbon inc., no 427126, 14 septembre 2021


Dossier 441303 page 10

L’agronome précise toutefois que le sol arable et la terre de découverte ont été mélangés lors
de la restauration. Toutefois, cela n’a pas eu d’impact négatif sur la reprise de la végétation.

Les modifications législatives

Depuis la dernière autorisation rendue sur la propriété visée, des modifications législatives ont
été apportées à la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles2 (la Loi).

Plus particulièrement, le législateur, aux articles 3 et 12 de la Loi, demande maintenant à la


Commission de prendre aussi en compte le développement des activités et des entreprises
agricoles.

L’ORIENTATION PRÉLIMINAIRE

Pour rendre une décision sur cette demande, la Commission se base sur les dispositions des
articles 12 et 62 de la Loi, en prenant en considération seulement les faits pertinents à ces
dispositions.

Conformément à l’article 12 de la Loi, la Commission considère le contexte des particularités


régionales.

Au cas présent, ces particularités sont les suivantes.

La MRC d’Argenteuil est composée à 76 % (99 104 hectares) de forêts et 12 % de terres


agricoles. Plus de 51 % de la zone agricole de la MRC est sous-occupée. Cette forte proportion
prend en considération tous les milieux boisés n’ayant aucun plan d’aménagement forestier et
aucune production acéricole active3. Un des objectifs du Plan de développement de la zone
agricole (PDZA) est de favoriser la mise sur pied de projets agroforestiers et acéricoles.

Selon le PDZA, la Municipalité de Grenville-sur-la-Rouge est dans la grande affectation


« forestière » et tel que cité dans celui-ci : Le développement d’activités reliées à l’acériculture
constitue, lui aussi, un secteur à appuyer, particulièrement pour les municipalités de
Grenville-sur-la-Rouge et de Harrington où le potentiel de développement de l’acériculture est
très élevé.

Rappelons que le site visé, situé à Grenville-sur-la-Rouge, est entièrement boisé et que les
peuplements acéricoles occupent 64 % de la superficie demandée. Selon l’ingénieur forestier
consulté par la demanderesse, les six peuplements acéricoles possèdent un potentiel acéricole
futur.

En conséquence, la Commission constate que la demande est contraire aux objectifs du PDZA.

*****

2 RLRQ, c. P-41.1
3 Plan de développement de la zone agricole (PDZA) de la MRC d’Argenteuil, 14 septembre 2011
Dossier 441303 page 11

Dans son appréciation en regard de l’article 62 de la Loi, la Commission prend en considération


les critères d’évaluation suivants.

Le potentiel agricole des lots visés

Le potentiel des sols des lots visés (classe 7) est faible pour les cultures. Cependant, le
potentiel de productivité forestière des lots visés (classe 2) est considéré de très bon
puisqu’il présente une légère limitation à la croissance d’une forêt commerciale.

Les lots visés sont entièrement boisés avec des peuplements d’érables couvrant plus de la
moitié de leur superficie. Ils s’intègrent dans un milieu agroforestier homogène. Même si les six
peuplements acéricoles présents sur le site visé n’ont pas de potentiel acéricole dans
l’immédiat, ils sont tout de même propices à la production de sirop d’érable puisqu’ils possèdent
un potentiel acéricole futur, qui, de l’avis de la Commission, mérite d’être préservé.

Dans ce contexte, force est de conclure qu’une autorisation annihilerait tout le potentiel
acéricole des zones affectées durant les travaux, mais aussi pour les décennies suivantes, soit
le temps d’implantation nécessaire de la future érablière. Malgré un reboisement avec des
érables, les travaux demandés auront pour effet de retarder l’atteinte des conditions favorables
à la production sylvicole.

En l’espèce, la Commission ne voit pas l’intérêt de perturber un boisé ayant un potentiel


acéricole futur sans qu’une amélioration sylvicole ou acéricole notable en résulte. Elle juge donc
préférable de maintenir les lots visés dans leur état actuel.

Sur la base de ce critère, la Commission estime qu’elle doit refuser la demande.

Les possibilités d’utilisation agricole des lots visés

Malgré les vestiges d’une ancienne mine, les lots visés sont entièrement boisés et abritent
plusieurs peuplements d’érables sur la majorité de la superficie visée. Les possibilités
d’utilisation agricole des lots visés sont bonnes et centrées sur l’acériculture et la sylviculture.

À la lumière des informations transmises par l’agronome mandatée par la demanderesse, des
pertes permanentes importantes de superficie, propices à l’agriculture, sont à prévoir. En effet, il
est permis de croire qu’une superficie de 26 hectares, soit la superficie occupée par les trois
fosses, pourrait être réaménagée en étangs permanents. De l’avis de la Commission, le
reboisement des superficies perturbées par les activités d’exploitation de graphite, comme
proposé, ne peut compenser la perte définitive de superficie recelant aujourd’hui de bonnes
possibilités acéricoles et sylvicoles.

Sur la base de ce critère, la Commission estime qu’elle doit refuser la demande puisque les
travaux demandés auront pour conséquence de réduire les possibilités agricoles, acéricoles et
sylvicoles des lots visés.
Dossier 441303 page 12

Les conséquences d’une autorisation sur les activités agricoles existantes et sur le
développement de ces activités agricoles ainsi que sur les possibilités d’utilisation
agricole des lots avoisinants

Une exploitation acéricole est présente à proximité des lots visés. De fait, une cabane à sucre
est située à environ 40 mètres du site visé. La coupe d’érables suggérée par la demanderesse,
en plus de causer une perte de ressource acéricole sur le site visé, affectera aussi les
possibilités d’utilisation agricole des lots voisins et générera des impacts négatifs sur le
développement des activités acéricoles à l’intérieur de ces peuplements d’érables.

Sur la base de ce critère, la Commission estime qu’elle doit refuser la demande.

La préservation pour l’agriculture des ressources sol et eau

Les travaux d’exploitation sont perturbateurs. Ils ne sont pas sans conséquence sur la
ressource sol utile à l’agriculture.

En effet, le décapage et l’entreposage du sol arable causent souvent une perte de matière
organique, ainsi qu’un risque élevé de mélanger les horizons A et B, ce qui entraîne une baisse
de fertilité. Or, les érables ont besoin de sols fertiles pour une production acéricole abondante et
une bonne capacité de cicatrisation des arbres.

Si la Commission se fie aux informations transmises par l’agronome Christine Ouellet 4, malgré
une condition visant à enlever et à entreposer de manière séparée les différents horizons, des
mélanges de sol arable et de terre de découverte peuvent survenir. Ce risque s’accentue avec
la durée de l’exploitation, avec le nombre de fosses à exploiter et avec les différentes
manipulations de résidus, stériles, etc., inhérentes avec l’exploitation d’une mine.

En outre, aucune superficie vouée à l’entreposage de sol arable et de mort terrain nécessaire
au réaménagement n’est identifiée ou délimitée sur les plans proposés.

Cela dit, la Commission constate également que des études hydrogéologiques restent à faire.
L’agronome Christine Ouellet précise même que la nappe est très variable dans les dépôts
meubles et dans le roc. Donc, un doute quant à l’impact du projet sur la préservation de la
ressource eau propice à l’agriculture subsiste.

Devant autant de risques et d’incertitudes, la Commission estime qu’elle doit refuser la


demande afin de préserver les ressources sols et eaux propices à l’agriculture.

L’homogénéité de la communauté et de l’exploitation agricoles

Les lots visés font partie d’un milieu agroforestier homogène, où peu d’autorisations à des fins
autres que l’agriculture ont été accordées par la Commission depuis l’entrée en vigueur de
la Loi.

4 Sommaire du rapport de suivi agronomique, dossier 427126


Dossier 441303 page 13

Outre quelques intrusions résidentielles autorisées dans les années 90 et début 2000, les
seules utilisations non agricoles autorisées dans le secteur compris entre la zone non agricole
de Grenville-sur-la-Rouge au nord et à l’ouest des lots visés, l’autoroute 50 et la montée Wert,
sont une sablière-gravière dont l’autorisation est aujourd’hui échue5 et une carrière sans date
d’échéance6.

Faire droit à l’implantation d’une mine sur les lots visés aurait pour conséquence d’altérer à la
fois l’homogénéité de la zone agricole en déstructurant davantage l’intégrité de ce milieu, mais
aussi celle de l’exploitation agricole, notamment par la présence de fosses ennoyées qui
subsisteront vraisemblablement au terme des travaux.

Sur la base de ce critère, la Commission estime qu’elle doit refuser la demande.

*****

En somme, si les observations énoncées précédemment reflètent bien la situation, la


Commission, après pondération de l’ensemble des critères et en tenant compte de l’intérêt
général de protéger le territoire et les activités agricoles ainsi que le contexte et les
particularités régionales, considère qu’elle doit refuser les deux volets de la demande.

La superficie visée est illustrée à titre indicatif sur un plan produit par le Service de la
cartographie de la Commission, dont une copie est jointe à la présente pour en faire partie
intégrante.

Élaine Grignon, vice-présidente Me Jean Nobert, commissaire


Présidente de la formation

c. c. MRC Argenteuil
Municipalité de Grenville-sur-la-Rouge
Fédération de l'UPA Outaouais-Laurentides
CarbOne biodiversité inc.
Monsieur Denis Filion
Madame France Laflamme
132956 Canada inc.
9007-2224 Québec inc.
Deveau

5 Municipalité de Grenville-sur- la-Rouge, no 358734, 15 janvier 2009


6 Asphalte Béton Carrières Rive-Nord inc., no 341470, 19 décembre 2005
Dossier 441303 page 14

Les documents suivants sont versés au dossier :

• Accusé réception (dossier incomplet)


• Annexe au formulaire
• Corr/ Analyse (3)
• Corr/ Documents manquants (3)
• Corr/ Entre juristes (2)
• Corr/ Générale (reçue) (2)_
• Corr/ Juridique
• Corr/ Prolongation délai (2)
• Corr/ Service de l'information I(2)
• Courriel
• Formulaire de demande (4)
• Mun/ Résolution (3)
• Municipalité
• Orthophoto
• Plan ou croquis (2)
• Préséance (2)
• Titre de propriété (3)

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