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, Jn2015 ^
V I I.
ARCHITECTURE.
EXPLICA TION.
Principe! généraux concernant les ordres ^ Le corinthien & le compofite , ap-
les principaux membres d'archite&ure. pelles les ordres délicats , la dixième par-
tie.
Nous donnerons feulement les or- Vitruve a refufé le nom d’ordre à ce
dres d’architedure , comme la partie dernier , à caufe de fon égalité de rap-
qui appartient le plus au goût de l’art port avec le corinthien , prétendant
comme la connoilîànce la plus indifpen- avec raifon que ce ne font point lesor-
fable pour acquérir les moyens de ju- nemens qui conftituent l’ordre , mais
ger delà beauté extérieure des édifices bien la différence du rapport de leur
en général , &
enfin comme la partie groifeur avec leur hauteur.
la plus nécelfaire dans des élémens. Ces cinq ordres font conformes aux
Mais pour leur application à des édi- mefures de Vignole, l’un des dix com-
fices particuliers , on peut confultcr là- mentateurs de Vitruve, celui qu’on &
delfus les auteurs d’architedlure ; on a fuivi en France le plus généralement.
ne trouvera ici que quelques planches Cet auteur donne au piédeltal A , fig. i
fur cefujet, qui ont été citées dans le le tiers de la hauteur de l’ordre II , &
texte , les autres que nous avons omi- à l’entablement C , le quart de B ; il
fes n’ayant été d’aucun ufage, conferve cette même proportion pour
tous les cinq ordres. Ce n’eft pas qu’on
N“. I. ne puilfe donner moins de hauteur à
l’entablement & au piédeftal ; par exem-
Des cinq ordres d'archite&ure.
ple , réduire A au quart , & C au cinquiè-
Cette planche préfente les cinq or- me de B , comme le propofe Palladio ;
dres d’architeclure , dont le dorique, ou enfin tenir l’entablement entre le
l’ïonique &
le corinthien font grecs quart & le cinquième, ainfi que l’enfei-
& les deux autres romains. gne Scammozzy. Mais ces différences
Ces cinq ordres font réduits ici à une de hauteur doivent fe déterminer félon
même hauteur, afin qu’on puidbrecon- l’application qu’on fait des ordres à l’ar-
noitre par leur diverfe groifeur , fur une chitecture, & la diverfitédes batimens
élévation commune , leurs dÜîerens où on les met en œuvre ; de maniéré
caraéleres; car il faut favoir que le tof- que c’elfà la prudence de l’architeêle de
can connu fous le nom à' ordre ruJHque., combiner l’effet que doivent produire
ne doit avoir de diamètre que la feptie- CCS hauteurs plus ou moins confidéra-
me partie de fa hauteur , y compris bafe bles, toutes trois pouvant également
&. chapiteau. réiilfir , favoir celle de Vignole , pour
,
Le dorique, connu fous le nom d’or- les dehors des grands édifices; celles de
dre f-Z/dr, la huitième partie. Palladio & de Scammozzy, pour leur dé-
L’ïonique , conlidéré comme ordre coration intérieure.
moyen, la neuvième partie. Le piédellal A , l’ordre B , & l’entable-
& ,,,,
ARC H 'I T E C T ü R E.
ment C , compofent donc les trois prin- diamètres que doit avoir l’ordre tofcan,
cipales parties d’une ordonnance d’ar- choifi de préférence dans cette planche
chiteclurej mais c’eld S qu’on appelle comme le moins compliqué de tous; en
l’ordVr proprement dit , y compris la bafe forte qu’il cftaifé de concevoir que ces
D, le fut E, &
chapiteau F: aiilîî
le fept dianietres établiffent la hauteur de
eft-ce cet ordre qui donne & alEgne au la colonne tofcane , qui par conféquent ï )J
piédeftal & à l’entablement leur vérita- a aulîi quatorze modules , le diamètre
ble proportion. étant de deux modules on conçoit en- ;
ARCHITECTURE.
lée antique ,qui fe décrit par les deux remarque dans l’architrave
les qu’il s’en
centres i, 7 j elle
ell moins ellimée que de l’ordre corinthien} quelquefois mê-
la moderne, à caufe de fa cavité infé- me, pour donner encore moins de
rieure , & de la vive arrête qu’elle for- faillie aux membres qui contiennent ces
me vers 4 } défaut qui ne la fait guere plates-bandes , on incline en-dehors la
mettre en oeuvre que dans l’intérieur furface de ces dernier es , comme l’ex-
des appartemens, ou dans les dehors priment les lignes ponéluées 1,2,?, &
feulement, lorfqu’on préféré le marbre comme 011 le remarque à l’architrave du
à la pierre , comme en ufoient les Grecs petit ordre intérieur de l’églife de l’ora-
& les Romains. Les lignes pondluées , toire à Paris.
qui indiquent la conftruchion de cette Les moulures^. 22 , 2? , P font O
moulure, nous difpenfent d’une plus appellées congés ce font des efpeces de
}
ple , le quart de rond convexe ^ , 4 , & fert auffidans les corniches des enta-
le quart de rond concave 7 , g de la^^. blemens & desbafes des colonnes ainli ,
ao, font tous deux tracés parles deux qu’-on en remarque plufieurs dans les
angles f, 6 d’un quadrilatère qui leur planches fuivaiites.
fert de foyer. Ces deux quarts de rond La moulure jig. 2f , ell une doucine
font delf inés aux décorations viriles 5 au comme celles des jig. 15 & 14, de la
contraire les deux courbes de la fig. 19 planche précédente , mais à laquelle on
I
décrites , favoir, celle f , f , par le fom- a ajouté un cavet g , pour procurer un
met ^ d’un triangle équilatéral 5 celles canal renfoncé au fophite d’un larmier
'
6,6, par le fommet 4 d’un triangle ifo- & former un liÜeau 7 fur le devant, ainli
I
cele, préfentant moins de folidité, ren- que nous l’avons expliqué en parlant du
dent ces moulures plus propres au ca- membre, fig. 10.
1 raélere moyen & délicat des ordres ïoni- Enfin la moulure fi(h 26 , eft une
i
que, corinthien & compolite. moulure compofée appellée hcc decorbiir\
'
Les moulures de la /19. 21 , font defti- elle eft tracée par deux courbures la :
;
nées aux architraves, aux chambranles première tracée par le fommet du trian-
des croifées , aux archivoltes aux im-
, gle équilatéral g} la deuxieme, par le
polies, & ne font autre chofe queplu- foyer y. Dans la partie inférieure de
I
R ^
\
les anciens ont ajoutés aux ordres d’ar-
chitecture : prefque tous ont varie fur
leur hauteur. Ici nous donnons ceux
On trouvera dans cette planche tou-
tes les mefures des moulures des piédef-
taux félon Vignole : néanmoins pu
VL^ deVignole, qui, comme nous l’avons peut les varier à l’infini , félon la ri-
remarqué, leur a établi le tiers de la cheife -ou lafimplicité de chaque ordre,
colonne, y compris bafe &, chapiteau. & félon leurs diverfes applications à
k Chaque piédeltal êlt compofé d’une ba- Tarchiteélure. Par exemple, nous ne
8 Je. A, d’un dez. K, & d’une corniche
C. Les deux membres A & C font or-
pouvons le dilîimuler, la corniche C
du piédeltal tofcan , fig. 27 , n’efi: guere
nés de plufieurs moulures adoities à fupportable; çHc elttrop pauvre &trop
((\
Texprclfion de chaque ordre. Qiieîquc- matérielle, comparaifon faite avec cel-
•> fois Ton enrichit le dez 13 d’une table. le des autres piédeltaux du même au-
,
I)
Il faut avoir attention, dans Tordre teur. D’ailleurs une corniche , pour
f( |: tofcan , de faire cette table -faillante être appellé'e. telle , doit étrjc compofée
de
,
ARCHITECTURE.
de trois membres , & celle dont nous une beauté de convenance qu’il ell bon
parlons n’en a que deux} ce qui la doit de conferver} aulfi fa richellepro-
lui
faire rejetter abl'olument. A l’égard des grellive avec la tofeane l’a-t-elle fait
moulures des autres corniches , elles préférer par plufieurs célébrés architec-
peuvent recevoir quelques changemens, tes : en forte que nous croyons que la
à la vérité , mais du-moins elles ont un bafe nommée attique doit être fublli-
caraélere convenable &
une dimendoii tuée feulement à l’ordre ionique, & ^
générale allez analogue à l’exprellion que, lorfqu’on la voudra faire fervir
de chaque ordre que leur piédellal fou- aux ordres corinthiens &
compolîtes
tient. comme elle feroit trop llmple, on lui
'* -
fiy. 27. Piédellal tofean. ajoùtera plulieurs baguettes, fans être
28. Piédellal dorique. obligé d’avoir recours à la multiplicité
29. Piédellal ionique. des feoties qu’on remarque dans les
?o. Piédellal corinthien. deux bafes des ordres dont nous par-
H- Piédellal compolite. lons. Autrement ces feoties , accom-
32. Socle. pagnées ordinairement de plufieurs lif-
teaux & baguettes , produiront trop de (i
N“. V I. petites parties , ainlî qu’on le peut ob-
ferver dans cette planche, dont l’échel-
Des bafes.
le de la bafe tofeane & celle de la bafe
Les bafes n’ont été introduites aux dorique font divifées en douze minu-
colonnes que lors de la conllruétion du tes , & celles des ordres ionique , corin-
temple de Diane à Ephefe. Les Grecs thien & compolite en ig.
avoient employé avant cette époque leur
ordre dorique fans bafes: mais dans la N“, VIL
fuite ils ne tardèrent pas à s’appercevolr
Des cannelures 8? des chapiteaux.
combien cet empâtement étoit nécelfai-
re au pied de la colonne. A juger des On a tracé fur cette planche , ainlî
moulures de la bafe ionique de cette que fur précédente, les cannelures
la
planche , la même que celle de Vigno- des fûts des colonnes dorique, ionique,
le qui la tient de Vitruve , & celui-ci corinthienne & compolite, l’ordre tof-
de l’antiquité, on doit reconnoitre que ean ne devant jamais avoir de cette ef-
toutes les parties de l’architedlure ont pece d’enrichillément, parce que la ca-
eu leur enfance , & que les moulures vité des cannelures ne convient point à
des bafes corinthiennes & compolîtes la rullicité de cet ordre } enforte que
n’ont guere été exécutées avec un plus lorfqu’on en veut orner la tige , on in-
heureux fuccès, principalement lorf- troduit des bolfages qui lui ajoutent par
qu’on les compare avec celle de la bafe leur relief un caraélere de Fermeté.
nommée aUique^ raife au jour par les Les cannelures de l’ordre dorique
Athéniens} bafe qui a été compofée 11 font à vive arrête, & beaucoup plus
judicieufement, que le plus grand nom- méplates que celles des autres ordres,
bre des modernes l’ont employée à tous dans le dellbin d’altérer le moins polfible
les ordres , à l’exception du tofean. la folidité de fa tige ; mais malgré l’opi-
Cette approbation générale de la bafe nion de Vignole à cet égard , qui la
attique , nous paroit néanmoins un tient de Vitruve, nous penfons que
abus. La bafe dorique de Vignole a cette vive arrête non-feulement efface
Architecture^ B
, ,
om
10 ARCHITECTÜ RE.
à l’œil la circonférence de la colonne l’idéede la coeftiire des dames de la
mais qu’elle lui procure une légéreté ap- Grece, à qui cet ordre féminin doit
parente qui ne peut aller avec fon ca- fa proportion, comme l’ordre dorique
ractère viril i caradlere que le lifteau mafcLilin doit la fienneà la proportion
qui fe remarque entre chaque cannelu- d’un homme robufte. Ce chapiteau
re des autres ordres , lui reftitueroit : nommé antique., différé de celui qu’on
auffi leplus grand nombre des architec- appelle moderne, en ce que fes deux
tes ont-ils obfervé ce lifteau à l’ordre parties latérales font dilfemblables j dif-
dorique. Au refté , les cannelures doi- parité qui a fait imaginer à Scammozzy
vent s’employer avec difcrétioh dans le fécond chapiteau ionique qui fc re-
les colonnes & les pilaftres. Cet enri- marque dans cette planche, appellé com-
chiftement femble ne devoir avoir lieu munément le chapiteau ionique moderne.
que lorfque les membres principaux de & dont plan du tailloir concave dans
le
l’ordre font ornés ; & dans ce cas il fes quatre faces autorife huit volutes
peut même être chargé de fculpture angulaires; au lieu que les quatre faces
pour plus de magnificence, & pour redlilignes du chapiteau antique n’en
procurer à l’ordonnance un plus par- peuvent recevoir que quatre , favoir
fait alfortiment, de maniéré que laba- deux fur chaque face principale, &
fe, le fût & le chapiteau ne falfent deux coullinets dans fes deux faces la-
qu’un feul & même tout qui donne le térales ainlî que Philibert Delorme l’a
,
ton au piédéftai , à l’entablement & aux exécuté au palais des Tuileries à Paris
dilîérentes parties de l’édifice. du côté des jardins.
Cette planche, qui a pour objet d’of- Le chapiteau corinthien eft regardé
frir les chapiteaux des cinq ordres avec comme le chef-d’œuvre de Callimaque,
le chapiteau ionique moderne, nous fculpteur grec ; chapiteau qui a été
porte à dire un mot en particulier de imité par tous les modernes , & qui n’a
leurs différentes moulures & ornemens. guere fouffert d’altération que par la
Le chapiteau tofcan, le plusfimple négligence de quelques artiftes; cha-
de tous , eft compofé d’un tailloir a , piteau enfin qui a donné naiifance à
d’une cimaife b , d’un gorgerin c , plus l’ordre qui porte fon nom , & qui eft
d’un aftragal d , mais qui appartient au appellé par Scammozzy, en faveur de
fût de la colonne. fon élégance, o- dre virqmaK Ce chapi-
^
Le chapiteau dorique eft compofe des teau eft compolede huit volutes a, de
mêmes membres , mais il eft plus orné deux raijigs de feuilles b, & de huit
de moulures; la proportion de fon or- caulicules c; fes feuilles s’imitent de
dre étant moins ruftique qu’au précé- l’olivier ou de l’acante , félon leur ap-
dent, il paroît convenable que la divi- plication à l’architcdfure. Les chapi-
lion de fes parties foient en plus grand teaux corinthiens de l’intérieur de l’égli-
nombre. fe du Val-de-grace paffent pour les plus
Le chapiteau ionique , couronne- eftimés de ceux qui fe voyent à Paris.
ment de l’ordre moyen, non-feulement Le chapiteau compofite , ouvrage
eft aufti compofé d’une plus grande des Romains , n’eft autre chofe que
quantité de moulures, mais il eft en- l’alfemblage des feuilles du chapiteau
richi d’ornemens «Sc de volutes qui, fé- corinthien &des volutes du chapiteau
,
[
de la dédicace du monumencoù on les à l’exception de de l’ordre dori-
celles
"
mec en œuvre. que, & quelquefois de la corinthienne
J
llfe fait encore d’autres chapiteaux & de la compofite, où l’on introduit
qu’on appelle compofcs, parce qu’ils con- des bas-reliefs de fculpture, des guir-
! tiennent divers attributs relatifs à la landes , &c. Les architraves au con-
guerre, aux beaux arts, à la marine, traire font ornées de moulures , mais
I
'
ikc. mais ces fortes de produdlions ap- avec cette dificrence qu’elles font mé-
partenant plutôt à la fculpturc qu’àl’ar- plates & feulement couronnées d’une
chitcélure , ne doivent jamais faire cimaife. Les plates-bandes des. archi-
changer de nom à l’ordre , comme l’ont traves fuivent la progrelfion des mem-
prétendu plulîeursartilles , qui, en fa- bres des corniches. Far exemple , l’ar-
veur de quelque altération q-u’ils ont chitrave tofean n’eft compofé que d’u-
faite à leur chapiteau , ont donné à ne plate-bande &
d’un lifteau ; la dori-
leurs colonnes ou pilaftres le nom d’or- que de deux & d’un lifteau l’ïonique,
, }
dre français ^ d'o' dre el'papnol , &c. com- de trois & d’une cimaife la corinthien-
;
12
ries-, Perrault, au corinthien du périf- mais être de cinq efpeces, pour fatisfai-
tyle du Louvre; Le Veau, aucompo- re au caraclere particulier de chacun
fite du ch iteau du Rinci; autant d’apo- d’eux confidéré léparément. Donnons
logies pour Vignole , & d’autorités lesdimenlions de leurs principaux mem-
pour les jeunes architeéles. Cependant bres , d’après les mefures de celles qui
il faut convenir que le plus grand nom- nous ont paru exécutées dans nos bâti- ))
bre, lorfqu’ils ont employé l’ïonique mens avec le plus de fuccès , fans &
& le compofite , ont préféré les enta- avoir égard à ce que nous en avons dé-
blemens de Palladio; exemple, l’ïoni- jà dit ailleurs.
que de la faqade de Verfailles du côté , Lebalultre, efpece de petite colon-
des jardins , le compofite du palais des ne, adonnélenomâlabalurtrade, ap-
Tuileries , &c. pui dont la hauteur ell ordinairement
Lorfqu’on ne peut employer les trois réglée entre deux pieds & demi, & trois \{f
membres de cet entablement quelque- ,
pieds un quart. Il n’en eft pas de même
fois on fupprime la frife pour ne com- ,
des baluftrades qui fervent de couron-
pofer alors qu’une corniche architravée; nement aux ordres d’architeélure , el-
mais cette licence n’ell bonne à mettre les doivent en apparence avoir le quart
en œuvre que dans la décoration d’un de la hauteur de la colonne , & en réa-
appartement & jamais dans les dehors,
, lité un demi-module de plus. C’eft fur
malgré l’ufage inconfidéré de plufieurs ces dernieres mefures que font delfinées
artilles à cet égard , un entablement les baluftrades de cette planche en- ;
13
trade a,h,Jtç. ff, réduite au quart tie. Les anciens & la plus^ande partie
de l’ordre , plus uu demi-module ; di- des architedles du dernier liecle, d’après
vifez cette hauteur u, h , eu neuf par- le fentiment de Vitruve & de VGgnole,
ties ; domiez-en quatre au fode D , qua- ont donné à toutes les hauteurs de leurs
tre au dez B , & une à la tablette C. ouvertures le double de leur largeur.
Pour trouver les dimeirGons du ba- Nos modernes ont penfé que cette hau-
lultre, divifez c,d en cinq , &
fuites la teur commune à toutes les ouvertures,
hauteur du picdouchc d’une de ces
e ne pouvoit aller aux cinq ordres , qui
parties ; enfuite divifez /, g en cinq chacun ont des proportions ditférentes ;
donnez une de ces parties à la hauteur en conféquenceilsont coufervé la hau-
du chapiteau h-, enfin divifez la hau- teur du double de l’ouverture, pour
teur i, k, entre le piédouche & le cha- les portes tofeanes, ce double & unfi-
piteau , encore en cinq , & donnez trois xieme aux portes doriques ce double ;
de ces divifions au col /, & deux à la & un quart, aux ioniques; &ce dou-
hauteur de la panfe m. ble & demi , aux corinthiennes & com-
La largeur du col aura la moitié de la pofites.
largeur de la panfe , & celle-ci le tiers La forme des ouvertures efl encore
de la hauteur du baluflre pour l’ordre unechofe elfentielle à obferver. Il s’en
corinthien , & les deux cinquièmes pour fait de quatre maniérés , favoir , de
la panfe du baluflre tofean , les autres furabailfées ,comme la porte ruflique;
par une moyenne arithmétique. de plein ceintre comme la porte tofea-
,
des baluflrades, elles doivent être pri- comme la porte ionique & la compo-
fes dans celles des ordres auxquels ap- fite. Mais il faut favoir que de ces qua-
partiendra chaque balullrade. Les con- tre formes d’ouvertures , le plein cein-
tours du çalbe , du col & de la panfe doi- tre & la plate-bande font les plus ap-
vent aufîi dépendre de l’exprelfion plus prouvées.
ou moins délicate de l’ordre ; autre- Après la proportion & la forme des
ment on parviendroit peut-être à faire portes , vient l’application de leurs or-
un bon baluflre, mais qui n’étant pas nemens. Ceux des portes rufliques ne
relatif à l’ordonnance dont il feroit par- doivent être que des bolfages a ; ceux
tie, offriroit un baluflre ou une baluf- des portes tofeanes , des refends a; les
trade tofeane fur une ordonnance co- portes doriques peuvent avoir des cham-
rinthienne , ainfi qu’on le remarque au branles a, &être couronnées d’attique
palais des Thiileries , ouune baluflrade b -y
les portes corinthiennes peuvent
corinthienne fur un ordre dorique, avoir des amortilfemens a , & être enfer-
comme on le voit au Luxembourg. mées dans une tour creufe, tel qu’on le
remarque à la porte de l’hôtel de Conty
N". X. à Paris , dent ce deffein efl une copie y
les portes corinthiennes peuvent avoir
Des portes,
pour enrichiffement des piédroits a , des
La proportion des portes, c’efl-à-di- aletes b , des impolies c , des archivoltes
.
îi>V^ *
C 'Vï?
^4 AKCHITECTUKE.
peuvent être ornées de chambranle a, ceux que nous citons, fans fonger que
d'amortiirement ê, & d’un fronton c, les croifées répétant à l’infini dans
fe
ainlî que fe remarque du rez-de-
celle un bâtiment ,vouloir multiplier la
c’ell
chauiîée de l’intérieur de la cour du Lou- médiocrité, que de négliger l’étude de
vre à Paris J autant de membres d’archi- cette partie intéreilànte de la décora-
teclure & d’ornemens qui peuvent fe tion.
varier à l’infini mais dont l’application,
, La croifée ruftique de cette planche
le relief &l’exprelîîon doivent fepuifer eft à appui plein; la tofeane odre un
dans les ordres , dans les entre-colon- balcon de fer placé ici pour faire fentir
nemens defquels ces ouvertures font or- l’abus de ce genre frivole , auquel on de-
dinairement placées. vroit toujours fubftituer une baluftrade,
comme à la croifée dorique , fur-tout
N*. XI. lorfque l’on eft forcé de foire defeendre
Des croife'es.
le bas de l’ouverture jufques dedùsle fol rn
des appartemens. La croifée ionique
Lescroifées doivent avoir les mêmes eft couronnée d’une mézanine , non
proportions que les portes, parce que que cette deuxieme ouverture foit tou-
toutes les ouvertures dans un batiment jours nécelfaire, mais pour en préfenter
doivent avoir les mêmes rapports les : un exemple. Les croifées corinthien-
ornemeiis font à-peu-près dans le mê- nes & compofites font à l’imitation de
me cas , mais leur forme doit différer, celles du Louvre, & offrent autant de
les ceintres furbailfés & les pleins cein- modèles qui peuvent fervir d’autorité
tres ne convenant qu’aux ouvertures mais qui, comme les portes, peuvent
des portes; & les arcs bombés les & fe varier à l’infini, félon l’application
plates-bandes femblant devoir être con- qu’on en veut foire dans l’architedlure.
facrés feulement aux ouvertures des
croifées. Certainement chaque membre N“. xir.
dans l’architecture porte un caraétere
Des niches S? des frontons.
établi par l’ufage , dont on ne doit s’é-
carter que par de bonnes raifons: ce- Les niches dans l’architedure tien-
pendant cette confideration a paru arbi- nent de la proportion des portes & des
traire à la multitude; d’où ileftréfulté croifées. Ce font des cavités prifes dans
qu’au lieu de faire de belles portes & l’épaiffeur des murs , deftinées à rece-
de belles croifées dans les bàtimens fran- voir des ftatues. Il s’en foit de deux efo
qois , on n’a plus fongé qu’à faire des peces; les unes quarrées par leur plan,
percemens dans les murs de face, fans & en plate-bande dans leur fommet,
égard à la beauté des formes, à la con- comme on le voit à la niche ruftique;
formité de l’ordonnance , & à la relation les autres, dont le plan eft. décrit par
que les vuides doivent avoir avec les un demi-cercle , & dont le fommet plein
pleins , dans la décoration des édifi- ceintre formeuncul de four, ainfique
ces. C’eft en pure perte, pour le grand le préfentent les autres niches de cette
nombre, qu’on remarque au Louvre, planche.
au Luxembourg , à la Sorbonne , des Il faut obferverque, foit que le dia-
delfeins en ce genre d’un goût exquis ; mètre des niphes foit grand, petit ou
on imite ceux des Tuileries , du palais moyen dans une même ordonnance de
royal &
tant d’autres fort au-delfous de bâtiment, il faut que toutes puilfent
, ,,
nous aparuaulli fort eifentieile, c’elf puis lequel nous avons apperqu plus d’u-
que des périlliles amènent à couvert ne fois l’incommodité que les grands
depuis l’entrée de l’hôtel jufqu’aux ap- éprouvent, de n’arriver pas à pied fec
partemens. D’ailleurs ces périlliles en dans l’intérieur de leur habitation ,
colonades donnent un air de dignité à avantage néanmoins qui fe rencontre
ces fortes d’habitations , qui les dülin- rarement dans les hôtels , mais que
gue des maifons ordinaires finis pour , nous confeillons à tous les propriétaires
cela leur donner la fomptuofité des pa- & aux jeunes architedes, comme un
lais des rois, qui fe manifelle non-feu- des points elfentiels pour ce qui regar-
lement par beaucoup plus d’étendue, de la commodité.
mais encore par des avant-cours, des Nous avons pris foin d’écrire le nom
places d’armes, &une infinité d’autres & l’ufage de chaque piece de ce plan , &
dépendances de leur rellbrt. Peut-être de défigner par la lettre A toutes celles
eut-il été bien aulfi d’obferver dans cette qui compofent l’appartement de parade
diftribution un porche , qui de la cour par la lettre B celles qui déterminent l’ap-
d’honneur eût fait defeendre les maîtres partement de fociété , & enfin par la
à couvert dans leur appartement j mais lettre C les deux appartemens privés
il s’agilToit de faire ici un grand hôtel de placés en ailes & donnant fur les jardins
7f toifes de largeur entre deux murs fleuriftes, aufti-bien que celui deftiné
mitoyens, & de l’annoncer par une pour les bains , rangé aulfi dans la clalfe
grande cour qui indiquât par fon afpedl de ces derniers. Toutes les autres pièces
le rang du perfonnage qui devoit l’habi- comprennent le département de la bou-
ter i en forte que les balTes-cours deve- che , des écuries & des remifes , avec
nant petites , ne pouvoient raifonnable- leurs dépendances j ce qui nous difpenfe
d’entrer
,
ARCHITECTURE. 17
tion d’un bâtiment de cette elpece. fuffifante pour la maifon d’un particu-
Nous n’avons donné ni la faqade du lier riche, qui retiré en province, y
côté du jardin, ni la coupe de ce bâti- jouit d’un revenu honnête & qui fe ,
ry^" -.1
Architecture, c
,,
18 ARCHITECTURE.
ce bâtiment. On remarque un caradere & qui fe rencontrent dans ce projet i
de Fermeté dans rordonnance de Fesia- conlidérations qui nous l’ont Fait préFé-
qades , qui n’a rien de peFant ni de de- rer à tout autre dans cette colledion ,
FalForti i caradere qui Fe Fuffit à lui-mê- parce que nous nous ferions fait hon-
me, & qui prouve bien l’inutilité des neur de l’av oit produit du-moins nous
:
ordres dans les habitations des particu- nous flatons qu’on nous faura gré de l’a-
liers. Si les architedes préfentoient tou- voir rendu public, comme un exemple
jours de telles produdions à leurs pro- utile, intérelfant &
capable de piquer
priétaires, ceux-ci n’auroient pas la ma- l’émulation des jeunes artilles.
nie de vouloir une décoration , qui
pour être plus riche , n’en eft pas plus N“. XVIII.
eftimée des connoiireurs. Des arcades Cette planche fait voir la coupe du
plein ceintre, un certain mouvement corps-de-logis fur la rue , l’élévation de
dans les plans, des baluftrades au lieu l’aile de bâtiment fur la cour , &
la dé-
de balcons , des ouvertures en rapport coration intérieure du cabinet en galerie
avec les trumeaux, de beaux cham- donnant fur le jardin. On
voit régner
branles, des reFends placés convena- dans cette façade le même caraétère que
blement, uneFculpture bien repartie, dans les élévations précédentes : unité
d’excellens profils , un bel appareil , Font recommandable comme le feul moyen
autant de beautés caradérilHqucs du de rendre un bâtiment de peu d’étendue,
relFort des bâtimeus dont nous parlons plus confîdérable en apparence.
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