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20 LA TECHNIQUE MODERNE T. XIII.

--- N° 1

PHYSIQUE INDUSTRIELLE

ETUDE GRAPHIQUE DE LA DISTILLATION FRACTIONNEE INDUSTRIELLE (1)

La théorie des colonnes à distiller est asses complexe. Elle Conduit à des calculs difficiles et longs. Sans toucher
au point de départ de cette théorie, il est posible, ainsi que nous le montrons dans l’etude ci-dessous, de
remplacer les calculs par des constructions graphiques, qui permettent de résoudre un assez grand nombre de
problémes.
Seul le principe de la méthode est exposé ici. Mais cet exposé suffit pour permettre au lecteur de résoudre
facilement les différents problemès qu’il peut rencontrer.

I. – Classification des opérations de distillation.


Les opérations industrielles de distilalation peuvent se (1) Bibliografie- Sorel: Distillation et rectificación
grouper en deux grandes catégories, qui different l’une industrielle ,Paris , 1899; Chimie et Industrie ,fevrier,aout
et décembre 1920
de l’autretant par le but à atteindre que apr les
moyensemployés. Ce sont: Fig.1. – Schéma du dispositif d’ une colonne à
distiller.
1° La distillation proprement dite, qui s’attaque aux
liquides formés par le mélange de deux constituants
seulement ;
2° La rectification, qui comoporte en outre
l’elimination de constituants présents en faibles
proportions.
Nous ne nous occuperons ici que de la distillation
proprement dite.
II. – Description sommaire d’ une colonne à
distiller.
Les colonnes à distiller utilisées dans l’industrie sont
trop connues pour que nous entrions ici dans une
description détaillée.
Nous nous contenterons de préciser les expressions
que nous emploirons dams la suite. Cette précaution ne
nous semble pas inutile, la désignation des différentes
parties des appareils variant d’un constructeur à un
autre.
Le vapeur sortant de cette colonne pase dans un
Une colonne à distiller ordinaire reçoit le liquide à faisceau tubulaire refroidi, elle y subit une
traiter par un tuyau A(fig.1), appelé tuyau d’arrivée de condensation partielle: d’ où le nom de condenseur que
cetuyau partage la colonne en deux tronçons. nous donnerons à cet appareil. La vapeur qui s’est
liquéfiée retourne dans la colonne par le tuyau B et
Le tronçon infériur enléve au mélange à distiller le constitue le liquide de rétrogagation.
composant le plus volátil; nous lui donnerons le nom
de colonne d’épuisement. Le liquide recueilli à sa base La vapeur non condensée sort par le tuyau D et va,
est porté à l’ébullition soit par chuffage direct, soit, ce après liquéfaction complète, à l’éprouvette de tirage.
qui est le plus fréquent, par de la vapeur circulant dans
III. – Hypothéses fondamentals
un serpentin V ou injectée dans le liquide. L’excédent
de liquide s’écoule par le siphon S. Pou pouvoir étudier la marche d’une colonne à
distiller, nous ferons plusieurs hypothèses, savoir:
Le tronçon supériur de la colonne enrichit les vapeurs
en celui des constituants qui est le plus volátil; nous le
nommeronsn colonne de concentration.
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1° Qu’il n’y a aucun échange de chaleur entre mk , la masse de liquide tomabant par unité de temps du
l’apparcil et le milieu ambiant, en dehors du plateau de rang k dans le plateau de rang k - 1;
condenseur et du dispositif de chauffage V;
Mk , la masse de vapeur s’ élevant dans l’unité de
2° Que la pression régnante dans l’apparcil est la temps du plateau de rang k pour pénétrer dans le
pression atmosphérique, du haut en bas de la colonne; plateau de rang k + 1; p, le nombre de plateaux de la
colonne.
3° Que la vapeur qui pénètre par barbotage dans le
liquide d’un plateau a la même composition que celle
émise à l’ébullition par le liquide du plateau
inmmédiatement inférieur.
Lorsque nous aurons étudié d’une façon complète le V. – Equations fondamentales realtives au
fonctionement d’une colonne à distiller, nous verrons condenseur.
jusqu’à aquel point nos hypothèses sont légitimes et Toutes les équations que nous allons étre amené à
comment leur non-réalization modifie la théorie. écrire reposent sur la remarque qu’en regime normal, il
Enfin nous supposerons connues la composition de la n’ y a, dans aocune partie de l’appareil, ni
vapeur émise par un mélange donné en ébullition sous accumulation de matière, ni accumulation de chaleur.
la pression atmosphérique, la quantité de chaleur à Dans le condenseur, la masse totale de matière qui
l’unité de masse de ce mélange liquide pour la porter entre, Mp , est égale à la masse totale qui en sort, M ’ +
de la température d’ebullition (chaleur totale du liquide m’ , ce qui donne la relation
à cette température), la quantité de chaleur nécessaire
pour porter l’unite de masse de ce mélange liquide de Mp = M’ + m’ ; (1’ )
0°C à sa température d’ebullition et la vaposier
totalement à cette température(chaleur totale de la La masse du constituant le plus volátil qui entre, MpCp ,
vapour saturante à cette température). est égale à la masse de ce constituants qui sort, M ’ C’ +
m’ c’, d’où:
IV. – Notations
Mp Cp = M’ C’ + m’ c’. (1’’ )
Nous désignerons par des lettres majuscules toutes les
quantités relatives aux vapeurs, par des lettres Posons enfin
minuscules celles qui se rapportent aux liquides.
Mp
=¿K. (1’’’ )
Nous appellerons: M’
m la masse du mélange à distiller introuduit par unit à
de temps dans la colonne;
c, son titre en celui des deux constituants qui est le plus
volatil, c’est- à-dire la masse de ce constituants
contenue dans l’unité de masse du mélange;
ᵞ. sa chaleur totale à son entreé dans la colonne;
M’, la masse de liquide coulant à l’éprouvette dans
l’unité de temps ; c’est également la masse de vapeurs
qui sort par D; C’, son titre;
m’ et c’ la masse et le litre du liquide de retrogadation;
ᵞ, sa chaleur totale à son entrée dans la colonne;
provisoirement nous admettrons que le liquide de
rétrogadation rentre dans la colonne à sa tempéture d’
ébullition, done que ᵞ correspond à cette tempéture;
ck , ᵞk , Ck , I’k , les titres et chaleurs totales à la
température d’ ébullition des liquide et vapeur
surmontant le plateau de rang k , le plateau de rang 1
étant à la base de la colonne;
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c’1, titre de la vapeur émise par le liquide de titre C’1,


est une fonction de C’1 ; il en est done de même du
secod men¿mbre de la relaotion précedente. Nous
pouvons done intégrer les deux membres de la
relation. Les limites des intégrales sont données par le
fait qu’en haut du condenseur la masse M’1 est égale à
Mp est son titre à C p , qu’en bas ces mêmes quantités
sont M’et C’.
On a done:

Ou:

La relation qui lie c’1 à C’1 est, en général, complexe et


inexprimable par une formule simple. L’inégrale est
done difficile à calculer. On trouve sa valeur en
1
construisant la courbe donnant ' ’ en fonction de
C −c1
1
C’1, et en remarquant que l’intégrale représente la
Surface comprise entre l’axe des abscises, la courbe et
les ordonnées C’ et Cp . On a l’habutude de considérer
'
m
le rapport de rétrogadation ' ; nous poserons done
M
Fig.2. – Schéma explicatif de la théorie d’ une colonne
à distiller.

Le condenseur ne contient aucun dispositif de VI. – Étude du condenseur dans le cas de la


barbotage; sa construction est telle que nous pouvons distillation de l’alcool.
admettre que le liquide qui se forme est éliminé de
suite et soustrait à toute action ulrtériure de la vapeur Prenons comme exemple, comme nous le ferons
restante. Prenons dans le condenseur deux sections souvent dans la suite, le cas de la distillation de
planes infiniment voisines (fig.2). A travers la sections l’alcool. Les tables de Sorel(’)
supérieure passe la quantité de vapeur M’1 , au titre C’1
; à Travers la section inférieure pase la quantité de
vapeur M’1 - dM’1’, au titre C’1+ dC’1; enfin entre les
deux sections considérées se forme une masse dM’1 de
liquide au titre c’1 . En écrivant que le constituant le
plus volátil se conserve, on a:

De là nous tirons:
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Supposons que nous nous proposions d’obtenir de


l’alcool à 95°G.-L., c’est- à-dire titrant 0.925. Ce titre
est la valeur de C’1 et les surfaces à mesurer pour
obtener les differéntes valeurs de K sont limitées par
l’ordonnée variable d’abcisse 0.925 et une ordonnée
variable d’abscisse Cp. En donnant différentes valeurs
à Cp nous

Fig.3. – Courbes donnant la concentration C de la pase


gazeuse en fonction de la concentration c de la pase
liquide: I, pour les mélanges eau-alcool; II,pour les
mélanges azole-oxygène.
Nous doment les valeurs de c’1 connaissant C’1 et nous
permetant d’établir la courbe I de la figure 3.

Fig.5. – Courbes donnant la valeur de la rétrogadation


R en fonction du tire Cp des vapeurs sortant de la
colonne, pour obtener de l’alcool à 95° G. L.
Pouvons tracer la courbe représentant les variations
de R en fonction de Cp (fig.5).
L’examen de cette dernière courbe met en évidence le
peu d’ action qu’a le condenseur sur l’enrichissement
des vapeurs en alcohol(‘); pour des valeùrs très
grandes de la rétrogadation R, le titre des vapeurs qui
sortent de la colonne et celui du liquide obtenu à
1 l’éprouvette de tirage sont excessivement voisins. Par

Fig.3. – Courbe donnant ' ’ en fonction de C 1 exemple, pour obtener un enrichissement de 1° G.-L.,
C −c1
1 c’est-à-dire passer du titre 0.911 au titre 0.925, il fault
pour les mélanges eau-alcool. employer une rétrogadation égale à 7.
Possédant cette courbe, il est facile d’en déduire celle Il est de toute évidence que plus la rétrogadation est
1 ’ forte, plus la dépense de chaleur est grande, puisque
qui donne ' ' en fonction de C 1 (fig.4).
C1−e le liquide rétrogadé doit être vaporisé de nouveau.
Par raison d’économie, nous ne pouvons done
employer de rétrogadations efficaces au point de veu
(1)Sorel : Distillation et rectificación de l’enrichissement par le condenseur, et le vrai
industrielle,Paris,1899. travaiel de concentration doit se faire dans la colonne.
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Fig.6. – Schéma de la base d’une colonne à distillation


de l’air liquide. 1 ’
Fig.7. – Courbe donnant ' ’ en fonction C 1 pour
VII. – Étude du condenseur dans le cas de la
C −c1
1

distillation de l’air liquide. les mélanges azote-oxygène.

II ne faut pas se figurer que l’impuissance du La courbe II de la figure 3 nous donne C’1 en fonction
condenseur, au point de vue de l’enrichissement, soit pour les mélanges azote-oxygène. On en déduit la
générale; elle résulte de ce que, pour un liquide de titre courbe de la figure 7 représentant les variations de
alcoolique voisin de 96 °G.L., les vapeurs ont 1 ’
' ’ en fonction de C 1 (les titres sont exprimés par
sensiblement la méme composition que le liquide. C −c1
1
rapport à l’azote dans le mélange, ce corps étant plus
Pour un mélange quelconque. il n’en est pas forcément
volátil que l’oxigène ).
ainsiet le condeseur peut jouer un rôle directement
efficace dans l’enrichissement des vapeurs.
Nous prendons comme exemple la distillation de
l’airliquide.
On sait que, dans les appareils G. Claude, avant la
distillation, l’air est condensé dans un faisceau
tubulaire F1 (fig. 6), plaosé à la base de la colonne et
plongé dans l’oxygène liquide provenant de la
distillation. Ce faisceau fonctionne sensiblement
comme un condenseur et permet d’obtenir facilement
un gaz très riche en azote1.

(1) Barbet: Distillerie francaise ,1899.

Fig.8. – Courbe donnant la valeur de la rétrogadation


R en fonction du titre C ’ des vapeurs non condensées.
(1) En realite il n’ en est pas tout a fait ainsi.Le
faisceau est divise en deux parties : la premiere F ,
est parcourue parl’air dans le sens ascendant ; la
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seconde ,F2,dans le sens descendant.Les Entre les équations du groupe (3) nous pouvons
gouttelettes. éliminer Mn et mn+1. Nous obtenons ainsi
Dans cette distillation, la concentration à l’entrée du
condenseur est fixe: c’est celle de l'air atmosphérique.
Elle a pour valeur 0.75. En faisant varier la
rétrogadation, nous agissons sur C’. La relation qui
existe entre C’est R est représentée par la courbe de la
Supposons connu le titre du mélange qui se trouve
figure 8.
dans le plateau de rang n+1;cn+1 et γN+1 sont
L’ effet du condenseur est considerable déterminés.
comparativement à 3 permet en effet de passer du titre
Mp
0.75 au titre 0.99, c’est-à-dire d’obtenir de l’azote dépend de R; si nous nous fixons la valeur de R,
'
presque pur. m
cette quantité est done connue. Il en est de même pour
Cet exemple nous montre que le condenseur peut
participer directement au travail de concentration et r r
c’, γ’, Cp et p . n étant fonction de Cn , la relation (3tv)
qu’il est illégitime de séparer son étude de celle de la permet théoriquement de calculer Cn connaissant cn+1.
colonne.
Le calcul serait facile si rN était une fonction peu
VIII. – Rôle général du condenseur.
complexe de Cn ; mais il est loin d’en être ainsi,
Nous venons de voir que le condenseur peut ne pas notamment pour les mélanges de liquides qui se font
produire une variation sensible du titre de la vapeur avec mises en jeu de chaleur. On doit alors faire des
sortant de la colonne. Quel est done son rôle général? series de calculs longs, pénibles, dont l’intérêt
practique est facilement masqué. Nous allons voir que
Dans une colonne à distiller, les vapeurs qui s’élèvent quelques reamrques simples permettent de les éviter.
s’ enrichissent au contact du liquide qui descend. Ce
liquide ne peut se former dans la colonne, puisque les Traçons les courbes ∑ et σ donnant les variations de
échanges thermiques avec l’extériur sont nuls, ou tont r n en fonction de Cn et de γN en fonction de cn [ fig.9].
au moins très faibles. Le condenseur a pour but de
provoquer sa formation, autrement dit de fournir à la La relation (3IV), dans laquelle nous considérons rn et
colonne le liquide nécessaire au lavage des vapeurs. Cn comme variables indépendantes, représente une
ligne droite passant par les points Q et q de
Il remplit ce rôle dans tous les cas, et c ’est peut-être
coordonnées Cn , rn et cn+1 , γn+1 , points situés sur ∑ et
cette raison qui fait néliger à tort l’enrichissement
σ.
qu’il peut directement provoquer.
La droide Qq présente en outre la propriété très
IX. – Équations fondamentales relatives à la colonne importante de passer par point fixe P, de coordonèes
de concentration. C’, E, en posant:
Considérons (fig.2.)la partie de la colonne comprise
entre le pe plateau et le n+1e, ce dernier étant pris
dans la colonne de concentration.
D’où la construction suivante, excessivement simple.
Écrivons successivement que la masse totale de
matière qui entre dans cette partie de l’appareil est Pour trouver le titre dans le plateau de rang n
égale à la masse totale qui en sort, qu’il en est de connaissant celui dans le plateau de rang n+1, on
même pour le constituant le plus volátil et pour la marque sur la courbe σ le point q d’abcisse Cn+1, on
chaleur. On obtient ainsi le trois équations: joint Pq et l’intersection de oette droite avec la courbe
∑ donne le point Q d’abcisse Cn.
En opérant ainside proche en proche, on peut
déterminer le titre du mélange contenu dans chaque
plateau de la colonne de concentration, à condition de
X. – Construction graphique donnant de proche en connaître celui de l’un déux.
proche le titre du mélange contenu dans chaque
formées dans F , ne sont pas soustraites à l’action du gaz et subissent dans leur chute
plateau de la colonne de concentration.
un enrichissement dû á des échanges analogues á ceux qui se produisent dans une
colonne a distiller. Mais comme le contact entre le gaz et le liquide n’est pas intime ,
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par suite de l’absence de tout dispositif de barbotage , l’action de F , est intermédiare déterminer une valeur limite pou C n conaissant C’et R.
entre celle d’une colonne et celle du condenseur theorique que nous considérons. C’ est, en general, une donée du probléme : c’est le
Comme nous ne nous propons pas d’etudier dans ses détails la distillation de l’air
titre que doit avoir le liquide tiré à l’éprouvette. R seul
est done variable.
liquide et que nous voulons simplemente montrer qu’un condenseur théorique peut,
dans certains cas , étre efficace , contrairement á une opinión souvent admise , nous Traçons, sur un même graphique (fig.10), la courbe I
nous contenterons d l’assimilation du faisceau F , avec un condenseur ordinarie. représentant les variations de E en fonction de R et la
courbe II donnant les différentes valeurs du second
membre de (5) en fonction de Cn pour le titre C’ désiré.
Considérons une certaine valeur de R, par exemple
0.42 ; il lui correspond un point B sur la courbe I, dont
l’ordonnée donne E. la paralléle à l’axe des abcisses
mené par B rencontré la courbe II en A.

Fig.9. – Construction graphique relative à une colonne


à alcohol.
XI. – Titre ninimum dans la colonne de
concentration.
Fig.10. – Réseau de courbes relatives à une colonne à
Pour que la valeur de Cn ainsi trouvée soit aceptable, alcohol.
il faut qu’elle soit inférieure à Cn+1 ou cn inférieur à
cn+1. D’ abscisse 0.33. La figure montre que toutes les
valeurs de Cn supérieures à 0.33 donnent aui
Marquons le point q’ d’abscisse cn. Ce point doit être à deuxième membre de (5) des valeurs infériures à celle
gauche de q, ou ce qui revienta u même, le coefficient de E. Avec la rétrogadation considérée, le titre dans la
angulaire de la droite q’Q doit être inférieur à celui de colonne de concentration est donne toujours supériur à
qQ. 0.33. C’est un mínimum au-dessous duquel on ne peut
descendre avec la retrogadation considérée.
Ce qui donne l’ inégalité.
Nous ne rechercherons pas ici sous quelles conditions
le problème comporte une telle solution. Nous
indiquerons simplemente que:
Pour une rétrogadation donnée, il existe un titre
Ou en tenant compte des relations (3IV.) et (4), mínimum dans la colonne de concentration; dans les
cas exceptionnels où il n’en est pas ainsi, la
concentration est imposible.
XI. – Application de la théorie précédente aux
Le premier membre de (5) depend de C’ et de R, le colonnes à alcoool.
second de C’ et Cn. Cette inégalité permet doen de
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Les courbes de la figure 10 se rapportent à la étant pris dans la colonne d'épuisement (fig. 2).
distillation des mélanges d’alcool et d’eau en vue Ecrivons les mêmes relations que pour la colonne de
dóbtenir un titre de 0.925 (95° G.L.) à l’éprouvette. On concentration. Nous obtenons :
voit que la concentration est posible.
' e
M k +m + m=M p+ mk + 1 (6I)
Nous pouvons appliquer la méthode décrite pour
' '
déterminer le titre dans chaque plateau de la colonne M k Ck +m c +mc=M p C p +mk +1 c k+1 (6II)
de concentration. Nous connaissons le titre dans le pe ' '
M k Г k +m y +my=M p Г p +mk +1 y k+1 (6III)
plateau, puisque le liquide émet des vapeurs aun titre
Cp donné en fonction de R par la courbe de la figure 5.
XIV.- Construction graphique donnant de proche en
Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 11. Sur proche le titre du mélange contenu dans chaque
ce graphique, nous avons changé le mode de plateau de la colonne d'épuisement.
numérotage des plateaux, en appelant 1 le plateau
supériur de la colonne. Nous avons également exprimé Traitons les équations (6) comme les équations (3),
les titres en degrés G. L., qui sont plus familiers au c'est-à-dire éliminons entre elles les quantités … et …
lecteur que les titres pondéraux introduits dans la Nous obtennos la relation.
théorie.
On voit que plus la rétrogadation est forte, plus
l’enrichissement est rapide, et que c’est surtout aux
(C ¿ ¿ k−c k+1 )[M p ( Г p −Г k ) −m ( y −Г k ) −m´ ( y ´ −Г k )]¿
faibles et aux forts titres qu’il est lent.
¿ ( Г p− y k+ 1) ¿
XIII.- Équations fondamentales relatives à la
colonne d'épuisement.
C k) (6 IV ¿
Considérons maintenant la partie de la colonne
comprise entre le pe plateau et le k + 1 e, ce dernier

Au moyen de cette équation, nous pouvons calculer c k +1 simplement par une construction graphique analogue
à celle donnée pour la colonne de concentration.

En considérant les quantités affectées de l'indice


k+1 comme variables, l'équation (6 1v) représente une
droite passant par les points Q, et q, de coordonnées
C k Г k et c k +1 , y k +1, situés respectivement sur les
courbes ∑ . et σ (fig. 9). Cette droite passe de plus
par le point fixe P de coordonnées O, E, en posant :

C ´ y −E c
E 1= (7)
C ´ −c
D’où la construction suivante :

Pour trouver le titre dans le plateau de rang k+1


connaissant celui dans le plateau de rang k, on
marque sur la courbe ∑ . le point Q, d'abscisse C k ,
Numéro d'ordre des plateaux. on joint P.Q et•l'intersection de cette droite avec la
FIG. 11.- Teneur en alcool dans les plateaux de la courbe σ donne le point q, d'abscisse C k+1.
colonne de concentration en rétrogradation variant.
On opère ainsi de proche en proche et on a le titre du
Connaissant C h ´ , la relation qui lie c k et C k étant la mélange contenu dans chaque plateau de la colonne
même que celle qui lie c n et C n Le problème se d'épuisement.
résout
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PHYSIQUE INDUSTRIELLE

ÉTUDE GRAPHIQUE DE LA DESTILLATION FRACTIONNÉE INDUSTRIELLE


(Suite et fin) [1]
Dans la partie précédemment publiée de cet article (´), nous avons énoncé les principes sur lesquels repose l'étude
graphique de la distillation fractionnée industrielle et étudié les colonnes d'épuisement et de concentration. Dans ce
qui suit, nous allons examiner le fonctionnement de l'ensemble de l'appareil ; nous en déduirons les principales
données nécessaires à la construction des colonnes à distiller.
XV.- Titre maximum dans la colonne d’épuisement. Si nous nous fixons 7, ou ce qui revient au même la
température du liquide d'alimentation, nous pouvons
La valeur trouvée pour c k +1 n'est acceptable que si construire la courbe donnant les valeurs du deuxième
elle est supérieure à celle de c k . membre de l'inégalité (8) lorsque C k varié. A chaque
valeur de la température du liquide d'alimentation
En raisonnant comme pour la colonne de correspond une courbe. Nous obtenons ainsi un réseau
concentration, nous arrivons à l'inégalité tel que le réseau III de la figure 10.

L'examen simultané de ce réseau et de la courbe I


C´ C ´−c c k Г p −C k γ k nous donne immédiatement la limite supérieure du
E≥ γ+
c c C k −c k titre possible dans la colonne d'épuisement. Par
(8) exemple, à la rétrogradation 0,38 (point marqué B,)
correspond le titre maximum 0,28 pour un liquide
d'alimentation à 80° (point A).
Les variations de E en fonction de R nous sont déjà
connues (courbe I, figure 10)
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Une étude plus complète conduit à l'énoncé de la formées s'élèvent dans la colonne assurant ainsi le
propriété suivante : transport de la chaleur.

Pour une rétrogradation et une température du La dépense de chaleur dépend donc uniquement de
liquide d'alimentation données, il existe une la mas8e de liquide vaporisé à la base de la colonne
concentration maximum pour la colonne par le dispositif de chauffage V.

Appelons Mo la masse de cette vapeur formée dans


l'unité de temps ; nous appellerons ro sa chaleur totale,
qui est égale à r., si le chauffage n'est pas à injection de
vapeur, et différente de cette quantité s'il y a injection
de vapeur.
Si nous limitons la colonne à sa partie inférieure par
un plan passant immédiatement en dessous du premier
plateau et si nous considérons la portion de la colonne
comprise entre ce plan

d'épuisement ; dans les cas exceptionnels où il n'en est


pas ainsi, V épuisement est impossible. Numéro d’ordre des plateaux.
XVI.- Application de la théorie précédente aux Fig. 12.- Teneur en alcool sar les plateaux de la colonne
colonnes à alcool. d'épuisement, la dépense de vapeur variant.

Comme pour la colonne de concentration, les et sa partie supérieure, nous pouvons écrire les
courbes de la figure 10 ont été établies, dans le cas de équations (6) en y faisant k=0. Du groupe d'équations
la distillation des mélanges d'alcool et d'eau, en faisant ainsi obtenu, on tire très facilement, en admettant
les hypothèses déjà indiquées.
l'épuisement complet,
Nous avons déterminé, par la méthode graphique
décrite, le titre dans chaque plateau de la colonne M 0 (Г 0−γ 0 ) (C ´−c)(γ 0 −E0 ) E−γ 0 γ−γ 0
d'épuisement en supposant le liquide d'alimentation au d= = = −
mc C´ c C´ c
titre 0,04 (5° G. L.) et à la température de 60°. La
valeur choisie pour c, est 0,001; celles de R sont 3,2, (9)
4,5, 6. Ceci revient à donner au point fixe PI les
ordonnées 25,7 (courbe I, fig. 12), 16,9 (courbe II), 6,5 d représente la quantité de chaleur nécessaire pour
(courbe III), -4,8 (courbe IV).
obtenir à l'éprouvette l'unité de masse du constituant
L'épuisement est d'autant plus rapide que l'ordonnée le plus volatil.
de P. est plus faible, c'est-à—dire que, pour un liquide
donné, sa température à l'alimentation est plus basse et Cette quantité dépend de E 1 D'autre part, la
la rétrogradation plus forte. construction graphique indiquée pour obtenir plateau
par plateau le titre dans la colonne d'épuisement nous
XVII.- Dépense de chaleur montre que l'allure de l'épuisement est fixée lorsque
E. est fixé. Il en résulte que :
La chaleur nécessaire au fonctionnement de la
colonne est apportée à sa base par un dispositif Le fonctionnement de la colonne d'épuisement
convenable, que nous avons représenté dépend uniquement de la dépense de chaleur, pour un
schématiquement en V (fig. 1). Cette chaleur provoque liquide et un titre à obtenir donnés.
l'évaporation du liquide rassemblé à la base de la
colonne et provenant du plateau 1. Les vapeurs La construction graphique indiquée pour la colonne
de concentration montre que la concentration se fait
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suivant une loi qui est fonction seulement de la Si la rétrogradation est inférieure à 4,2, par exemple
position du point P, donc de R. Nous pouvons donc égale à 3,8 (point B, sur la courbe I), la construction
dire que : que nous avons indiquée nous montre que le titre le
plus élevé possible dans la colonne d'épuisement est
Le fonctionnement de la colonne de concentration
0,28 (point A.) et le plus bas possible dans la colonne
est indépendant de la dépense de chaleur et du titre du
liquide à traiter ; il dépend au contraire de la de concentration est 0,35. Les vapeurs au titre compris
rétrogradation. entre 0,28 et 0,35 ne pouvant se trouver dans une des
deux colonnes, les hypothèses faites sont
Ce qui peut encore s'énoncer : inadmissibles.

La dépense de chaleur dépend uniquement de Si la rétrogradation est supérieure à 4,2, cette


l'allure de l'épuisement, et pas de celle de la impossibilité ne se présente pas, le titre maximum
concentration. possible dans la colonne d'épuisement étant supérieur
au titre minimum possible dans la colonne de
XVIII.- Dépense minimum de chaleur. concentration.
Rétrogradation minimum.
La plus petite valeur de R admissible est donc celle
Nous sommes maintenant en possession de tous les qui correspond au point A, intersection de la courbe II
éléments nécessaires pour déterminer les et de la courbe du réseau III relative à la température
caractéristiques principales de la colonne la plus de 80°.
avantageuse pour un travail donné. Nous traiterons le
cas de la distillation de l'alcool, mais la méthode que Le même raisonnement est applicable pour toutes
nous indiquerons est applicable à tous les autres les températures du liquide d'alimentation. Nous
mélanges. pouvons donc énoncer que :

Nous supposerons que nous ayons à distiller un A chaque température du liquide d'alimentation
mélange d'eau et d'alcool, au titre de 0,040 (5 0 G. L.) correspond une rétrogradation minimum, donc une
et que nous voulions obtenir de l'alcool au titre 0,925 dépense de chaleur minimum ; lorsque la
(950 G. L.). température du liquide d'alimentation diminue, la
valeur de la rétrogradation minimum diminue.
Pour arriver à ce résultat, nous sommes maîtres du
nombre de plateaux de la colonne, du plateau d'arrivée Il nous reste à voir comment varie la dépense de
du liquide d'alimentation, de la température de ce chaleur minimum, lorsque la température du liquide
liquide et de la rétrogradation. Nous devons choisir ces d'alimentation varie. Pour cela, calculons cette
quantités de façon à réduire au minimum la dépense de dépense pour différentes températures. On obtient les
chaleur. résultats suivants :

L'examen de la relation (9) nous apprend que la


dépense de chaleur diminue lorsque, E 1 augmente,
donc, d'après (7), lorsque croît et E diminue.
Supposons d'abord •r fixe ; nous devons donc donner à
R la plus petite des valeurs compatibles avec les
conditions de marche des colonnes d'épuisement et de
concentration déduites des courbes de la figure 10.

Supposons que le liquide d'alimentation soit à la


température de 80°. Considérons l'intersection A de la
courbe II et de la courbe du réseau III relative à 80°. A La variation est importante : la dépense minimum
ce point correspond sur I le point B, pour lequel R est de chaleur dans la colonne varie presque du simple au
égal à 4,'2. double, lorsqu'on passe de la température ordinaire à
celle d'ébullition.
20 LA TECHNIQUE MODERNE T. XIII. --- N° 1

La colonne à distiller la plus économique étant


Mais cette conclusion n'est légitime que si le irréalisable, nous devons étudier comment varie la'
chauffage du liquide d'alimentation ne coûte rien, si dépense de chaleur avec le mode de construction de
par exemple il est obtenu au moyen d'échangeurs. S'il la colonne.
n'en est pas ainsi, la dépense de chaleur d doit être
augmentée de la quantité de chaleur nécessaire pour La formule (9) nous a montré que, si nous nous
réchauffer le liquide de la température ordinaire à celle donnons El, la dépense de chaleur est déterminée.
γ −γ ' ' Mais, d'après (7), nous pouvons choisir librement E
qu'il a en A (fig. 1), c'est-à-dire de en appelant
c ou y.
y" la chaleur totale du liquide à la température
ordinaire. Choisir E et E1 revient à choisir la courbe de
concentration et la courbe d'épuisement. Ce double
choix fait, et d sont déterminés. Reste à voir
La valeur de d devient comment il nous renseigne sur la construction de la
colonne.
E−γ 0 γ ' '−γ 0
d= −
C´ c Celle-ci étant supposée réalisée, les titres dans les
Cette valeur décroit lorsque la température du plateaux se répartissent suivant une certaine courbe
liquide d'alimentation décroit, puisque E décroît. Elle analogue à celle de la figure 13. Nous distinguons
est toujours plus grande que celle obtenue sans sur elle deux parties : la première, située au-dessus
chauffage préalable. du plateau recevant le liquide d'alimentation,
correspond à la colonne de concentration, l'autre
Nous avons donc intérêt à réchauffer le liquide située en dessous de ce même plateau correspond à
d'alimentation avant son entrée dans la colonne, à la la colonne d'épuisement. Ces deux parties ont un
condition que son chauffage ne nous coûte rien ; point commun, au plateau d'alimentation.
sinon il est préférable d'alimenter la colonne avec le
liquide à la température ordinaire. Ceci revient à dire que la • colonne considérée se
traduit par l'association d'une courbe de concentration
XIX.- Impossibilité pratique de la dépense de et d'une courbe d'épuisement. La connaissance de
chaleur minimum. chacune de ces courbes entraîne la connaissance de E
et E1.
L'abscisse du point A (fig. 10) donne le titre de la
vapeur émise par le plateau sur lequel le liquide
Inversement, si nous nous donnons E et E 1, les
d'alimentation arrive dans le cas de la rétrogradation
courbes précédentes sont déterminées. Toutes les
minimum, c'est-à-dire le titre le plus bas de la
colonnes qui correspondront une association de ces
colonne de concentration et le plus élevé de la
deux courbes telle qu'elles aient un point commun
colonne d'épuisement.
seront réalisables et donneront pour E et E 1 les
valeurs choisies. Nous voyons donc qu'à ces valeurs
Si nous cherchons, comme nous l'avons indiqué, le
correspond un nombre infini de colonnes.
titre dans chaque plateau de chacune des colonnes,
nous trouvons qu'il faut, dans chacune d'elles, un
nombre infini de plateaux pour atteindre ce titre.
Pratiquement, ce nombre devrait être très grand et la
colonne avoir des dimensions inadmissibles.

Il nous est donc impossible de nous mettre dans


les conditions de dépense de chaleur minimum.
Nombre minimum de plateaux pour des conditions de
distillation déterminées.

XX.- Nombre minimum de plateaux pour des


conditions de distillation déterminées
20 LA TECHNIQUE MODERNE T. XIII. --- N° 1

Les deux courbes que nous aurons à associer Etant données lea valeurs de la rétrogradation et de
doivent pouvoir la température du liquide d'alimentation, les
caractéristiques de la colonne ayant le nombre de
plateaux minimum sont obtenues en rendant le8
courbes d'épuisement et de concentration tangentes.

XXI. —Relation entre la dépense de chaleur et le


nombre de plateaux.

Numéro d’ordre des plateaux


Fig. 13.- Répartition des teneurs en alcool d’une
colonne à distiller mol réglée

avoir au moins un point commun. Autrement dit, le


titre minimum de la colonne de concentration doit
être égal ou supérieur au titre maximum de la
colonne d'épuisement. Nous avons étudié le cas de
l'égalité au paragraphe XVIII et nous avons vu qu'il
était irréalisable.

Nous devons donc choisir pour être associées deux


courbes pouvant se couper.

Supposons cette condition réalisée. Nous pouvons


imaginer
Numéro d'ordre des plateaux.
FIG. 14. Répartition des teneurs en alcool d'une colonne
ù distiller bien réglée.
que la colonne est construite de façon que les deux
courbes se coupent (fig. 13) ou qu'elles soient
tangentes (fig. 14). Dans le premier cas, l'alimentation
se fait au plateau de rang 8 à partir du bas et la colonne
a 26 plateaux. Dans le second cas, l'alimentation se fait
encore au plateau de rang 8, mais la colonne n'a plus
que 22 plateaux, — et la figure montre clairement que
c'est là le nombre de plateaux minimum que nous
puissions avoir dans le cas considéré.

D'où la règle pratique suivante :


20 LA TECHNIQUE MODERNE T. XIII. --- N° 1

Elle nous montre que la dépense de chaleur dépend


unique— ment de Et, donc de l'allure de Vépui8ement.

Comme il y a une infinité de courbes de


concentration associables à une courbe d'épuisement
donnée, le nombre de colonnes possibles
correspondant à une dépense de chaleur donnée est
lui-même infini. Notre choix doit naturellement se
porter sur la colonne ayant le plus petit nombre de
plateaux.

Supposons que nous nous ayons fixé Et, donc que


nous ayons choisi une courbe d'épuisement. Pour
trouver le nombre de plateaux de toutes les colonnes du liquide, c'est-à-dire que y a une valeur maximum à
possibles, nous devons, d'après la construction laquelle la seconde relation (9) fait correspondre une
indiquée dans le paragraphe précédent, placer la valeur maximum pour E. Nous voyons finalement
courbe d'épuisement sur le réseau de la figure M de que :
façon à ce que les axes des abscisses coïncident, et en A une dépense de chaleur donnée correspond une
faisant glisser la courbe d'épuisement le long de cet colonne bien déterminée ayant le nombre minimum de
axe commun, l'amener à être tangente successivement plateaux.
à chacune des courbes de concentration ; le nombre de
plateaux est connu immédiatement en lisant la
division de l'axe des abscisses de II sur laquelle est En utilisant les graphiques comme nous l'avons dit,
placée la division de l'axe des abscisses de la courbe on arrive facilement à la conclusion que, si l'on au
c
d'épuisement. mente la dépense de chaleur, le nombre de plateaux
minimum diminue ; car on doit à la fois augmenter E
Cette détermination graphique du nombre de et diminuer E1. Le tableau I donne quelques résultats
plateaux est très facile à faire en traçant la courbe obtenus en appliquant cette méthode au cas de la
d'épuisement sur du papier-calque. Elle nous montre distillation d'un mélange d'alcool et d'eau à 50 G. L.
que le nombre de plateaux nécessaire pour une
dépense de chaleur donnée va en diminuant lorsque la La courbe représentant les variations de la dépense
rétrogradation augmente. de chaleur en fonction du nombre de plateaux, tirée de
ce tableau (courbe qui n'est pas donnée ici), montre
Nous devons donc associer à la courbe qu'à partir de 25 à 30 plateaux on ne gagne presque
d'épuisement choisie• la courbe de concentration plus rien à augmenter leur nombre. Notre choix doit
correspondant à el plus grande valeur de R possible. donc se fixer sur ce nombre de plateaux, auquel
correspond une dépense de chaleur voisine de 2 000
Cette valeur est déterminée de la façon suivante : cal ou 3,7 kg de vapeur par kilogramme d'alcool
La relation (9) nous permet de calculer E. connaissant absolu distillé. Le problème est ainsi complètement
d ; ayant E la relation nous donne y, donc la déterminé.
température du liquide d'alimentation. Cette dernière XXII.- Cas où le liquide d'alimentation ne peut pas
ne peut dépasser la température d'ébullition être porté à l'ébullition.

TABLEAU I.- CARACTÉRISTIQUES DB Nous avons supposé que le chauffage du liquide ne


DIFFÉRENTES COLONNES A DISTILLER nous coûtait rien. Il n'en est pas toujours ainsi.
TRAITANT UN LIQUIDE A 50 G. L. ET
PRODUISANT DB L'ALCOOL A 950 G. L. Pour réchauffer le liquide d'alimentation, on peut
utiliser soit la chaleur qui se trouve dans le liquide
s'écoulant à la base de la colonne par le siphon S, soit
celle que perdent par condensation les vapeurs sortant
de la colonne. Nous ne vouIons pas entrer daHS le
20 LA TECHNIQUE MODERNE T. XIII. --- N° 1

détail de cette utilisation, ni discuter quel est le comment nous devons modifier notre théorie pour
procédé le plus avantageux. Nous dirons simplement tenir compte de l'inexactitude de ces hypothèses.
qu'il peut arriver que la quantité de chaleur dont on Supposons d'abord qu'il y ait des échanges de
dispose ainsi ne permette pas toujours de porter le chaleur avec le milieu ambiant. Les équations (3"') et
liquide d'alimentation à sa température d'ébullition. doivent être modifiées : le second membre, qui
Nous devons nous demander comment se trouvent représente la quantité de chaleur sortie de la portion de
modifiées nos conclusions. colonne considérée, doit être augmenté d'une certaine
Si le liquide n'est pas à sa température d'ébullition, quantité A, représentant la perte de chaleur par unité de
la valeur de qui figure dans l'équation (9') est temps dans le tronçon choisi. A dépend de la
inférieure à la valeur précédemment utilisée. La valeur température de la colonne et de celle du milieu
de E déduite de cette relation (9') est donc diminuée ; ambiant ; il varie donc avec le tronçon choisi. Ce
nous devons associer à la courbe d'épuisement choisie, terme A s'introduit dans les équations (3IV) et (61v), de
une courbe de concentration correspondant à une telle façon que ces équations représentent des droites
valeur de R plus faible, ce qui entraîne une passant, la première par le point de coordonnées C´,
augmentation du nombre de plateaux. AC ´
E+ la seconde par le point de coordonnées O,
Cette dernière pourrait être considérable, si l'on ne mc
voulait pas augmenter la dépense. Ainsi, avec C ´ γ −E c AC ´
l'exemple de distillation que nous avons choisi, il + . Ce ne sont donc plus des points
C ´−c mc
faudrait dépasser 50 plateaux pour maintenir une
fixes, puisque A est variable. Mais nous pouvons, avec
dépense de 2000 cal, avec un liquide d'alimentation à
une grande approximation, admettre que A est constant
60°. Si l'on conservait au contraire le même nombre
pour toute la colonne. Dans ces conditions, rien n'est
de plateaux (25), la dépense monterait à 2 600 cal.
changé dans nos constructions graphiques ; les points
P et Pa doivent être déplacés vers le haut de la quantité
Ces quelques remarques nous montrent l'intérêt
AC ´
énorme qu'il y a à réchauffer d'une façon convenable le
liquide d'alimentation.
mc

Nous avons supposé au début que le contact entre


XXIII.- Autres problèmes résolubles par la
la vapeur et le liquide était parfait. Il en est rarement
méthode graphique.
ainsi : le titre de la vapeur qui se trouve dans une
colonne au-dessus d'un certain liquide est en général
La méthode graphique, dont nous venons de donner inférieur au titre prévu par notre théorie. Les
le principe, permet de résoudre rapidement un nombre constructions graphiques subsistent, les positions des
très grand de problèmes, dont les solutions par les points P et P ne sont même pas modifiées. Seule la
méthodes de calcul ordinaires seraient laborieuses. courbe de la figure (3) doit être transformée de façon
Nous citerons par exemple la question suivante, qui se à donner un écart moindre entre le titre du liquide et
pose fréquemment : celui de sa vapeur.

Etant donnée une colonne à distiller existante, L'influence de la variation de pression dans la
trouver quelles sont les conditions à réaliser pour colonne est toujours négligeable.
pouvoir l'utiliser le plus économiquement possible à la
distillation d'un liquide pour lequel elle n'a pas été Enfin, nous avons, dans nos calculs numériques,
construite ; en particulier, doit-on modifier la position supposé que le condenseur ne refroidissait pas le
du tuyau d'amenée du liquide d'alimentation ? le liquide en dessous de sa température d'ébullition, et
condenseur sera-t-il assez puissant ? etc. nous avons pris pour γ la valeur correspondant a
c’dans les tables de Sorel. Il n'en est pratiquement pas
XXIV.- Influence de L’inexactitude des hypothèses ainsi, mais il est très facile de diminuer cette quantité
fondamentales de la perte de chaleur due au refroidissement du
Dans tout ce qui précède, nous avons supposé liquide.
réalisées les hypothèses fondamentales, que nous
avons énoncées dans le troisième paragraphe. Voyons La quantité A peut être évaluée d'une façon
suffisante connaissant la substance dont sont faites les
20 LA TECHNIQUE MODERNE T. XIII. --- N° 1

parois de la colonne et en prenant comme température


de la colonne la moyenne entre ses températures
extrêmes déduites de la connaissance de la
composition du liquide contenu à chaque extrémité.

Quant à la façon dont nous devons modifier la


courbe de la figure 3, aucune considération théorique
ne peut nous renseigner; nous sommes forcé de
comparer les résultats que donne la courbe théorique à
ceux obtenus avec une colonne du même type que
celle que nous devons étudier.

XXV.- Conclusions.

L'étude que nous venons de poursuivre nous a


conduit à des constructions graphiques réellement
simples. Elles reposent sur la connaissance de trois
courbes :

Celle représentant les variations du titre de la


vapeur émise par un mélange liquide de composition
variable,
Celle donnant la chaleur totale du mélange liquide à
sa température d'ébullition,
Celle donnant la chaleur totale de la vapeur à sa
température d'ébullition.

Ces trois courbes peuvent être facilement


déterminées au laboratoire ; elles ne nécessitent ni
technique compliquée ni matériel rare, mais seulement
un peu de patience.

En possession de ces éléments, l'étude d'une


colonne à distiller est facile et donne des indications
précieuses sur la façon dont elle doit être construite.
Nous n'entendons pas dire par là que les résultats que
l'on obtiendrait en appliquant rigoureusement les
conclusions tirées de' l'étude graphique se vérifieraient
parfaitement, ce serait méconnaitre la complexité des
phénomènes qui se passent dans les colonnes à
distiller.

Mais, en appliquant les corrections indiquées au


paragraphe XXIII, les résultats théoriques deviennent
assez voisins des résultats expérimentaux pour
permettre la détermination rationnelle de la solution la
plus avantageuse à donner à un problème de
distillati0!1 quelconque.

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