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Chapitre II Cycle thermodynamique d’une machine frigorifique à compression de vapeur

II.1 Introduction
Si les systèmes de production du froid sont actuellement nombreux et variés, alors le
principe reste toujours le même, il s’agit d’extraire une quantité de chaleur Q 1 d’une source
dite source utile à un niveau de température T 1 et injecter une quantité Q2 à un autre niveau de
température T2.
Si T1 est inférieure à celle de la source gratuite disponible (à température T 2), d’après le
deuxième principe, un tel transfert reste impossible, l’apport d’une énergie est obligatoire.
Suivant la nature de cette énergie mise en jeu (chaleur, travail) on distingue deux grandes
catégories de machines frigorifiques:
• Machines à compression mécanique qui utilisent le travail comme énergie, elles
fonctionnent entre deux sources de chaleur. À titre d’exemple les machines à changement de
vapeur ou les machines à gaz.
• Machines à énergie thermique qui nécessitent un apport de chaleur comme énergie à un
niveau de température T3. Ces machines fonctionnent généralement entre trois sources de
chaleur (machines trithermes). À titre d’exemple les machines à sorption.

II.2 Machines frigorifiques à compression de vapeur

Ces machines dominent largement les techniques du froid soit dans l’industrie soit dans les
utilisations domestiques. Dans ce système, le fluide de travail est un fluide frigorigène. Il
change d’état alternativement entre les phases vapeur et liquide sans quitter l'installation de
réfrigération.
Le schéma de principe de ce type de machines est représenté à la (figure II.1).

Figure II.1 : Le schéma de principe d’une machine frigorifique à compression

Comme le montre la figure II.1, une machine frigorifique fonctionne entre deux niveaux de
pression, la basse pression ou pression d’évaporation (PE) et la haute pression ou pression de
condensation (PC). Elle comporte quatre composants de base :
 Un compresseur dont le rôle est d’assurer un mouvement continu du fluide
frigorigène et de le faire comprimer de la PE (état 1) a la PC (état 2).

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 Un détendeur (valve d’expansion) dont le rôle est de régler le débit du réfrigérant


circulant dans l’installation et assurer la détente du réfrigérant entre l’état 3 et l’état 4.
Ces deux organes maintiennent les deux niveaux de pression PE et PC dans le circuit
frigorifique.
 Un évaporateur placé dans l’enceinte à refroidir pour assurer l’épuisement de la
quantité de chaleur Qf qu’on appelle production frigorifique. Le fluide frigorigène, à
température plus basse que celle de la source froide, s’évapore en absorbant la chaleur
latente nécessaire de la source froide.
 Un condenseur placé dans le milieu auquel on désire céder la quantité de chaleur QC
qu’on appelle production calorifique. Le réfrigérant, à une température plus haute
que celle de la source chaude, se condense en livrant sa chaleur latente à la source
chaude.

II.3 Représentation du cycle thermodynamique de base (sur un diagramme T-s et P-h)

Les diagrammes principalement utilisées par les frigoristes sont :


1. Le diagramme température-entropie T - S
2. Le diagramme pression-enthalpie (sous la forme ln(P) - h))
Le but primordial de ces diagrammes thermodynamiques est de permettre le calcul des
quantités de chaleur et des travaux échangés par le système avec le milieu extérieur durant les
évolutions considérées.
II.3.1 Diagramme enthalpique : diagramme des frigoristes
Ce diagramme est également appelée diagramme de Mollier des frigoristes. Il est surtout
utilisé pour l'étude des cycles de réfrigération. Diagramme P – H

Figure II.2 : Représentation du diagramme du Mollier

Remarques : La pression est présentée sur une échelle logarithmique


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 Propriétés du diagramme enthalpique:

Figure II.3 : Courbes iso-paramétriques

 courbe de saturation : son allure diffère, mais délimite toujours les zones : liquide,
liquide + vapeur, vapeur,
 les courbes isobares sont horizontales,
 les courbes isenthalpiques sont verticales,
 les courbes isothermes sont pratiquement verticales dans la zone liquide, horizontales
dans la zone de saturation, puis descendantes dans la zone vapeur,
 les courbes isochores sont croissantes avec un point de réfraction.
 les isotitriques passent toutes par le point critique,

Le titre massique (titre de vapeur) est la masse de vapeur contenue dans l'unité de masse du
mélange.
Le titre de vapeur au point M qui partage les cordes AB dans un rapport constant peut être
calculé par la relation suivant:

H
Figure II.4 : Courbe isotitrique

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HM  H A
H M  (1  x) H A  xH B  x 
HB  H A

H M  H liq
x
H vap  H liq

On peut démontrer de même que :


S  Sliq
x M
Svap  Sliq

II.3.2 Propriétés du diagramme T – S

Figure II.6 : Courbes isoparamétriques

 la courbe de saturation identique celle du diagramme PV,


 les isothermes horizontales,
 les isentropiques (adiabatiques réversibles) sont verticales,
 les isotitriques passent toutes par le point critique,
 les isochores subissent une réfraction en traversant la courbe de rosée,
 les isenthalpiques ne subissent aucune réfraction à la traversée de la courbe de
saturation.

Remarque : les adiabatiques irréversibles sont des courbes inclinées vers des valeurs
croissantes de S, soit dS > 0.

II.3.3 Représentation du cycle thermodynamique de base


Le cycle frigorifique est composé des transformations suivantes :
 une compression isentropique
 une condensation isobare,
 une détente isenthalpique,
 une vaporisation isobare.

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Qc
Qc

Qf W

Qf

Figure II.7 : Cycle de base dans les diagrammes P- h et T - s

II.3.4 Bilan thermique du cycle thermodynamique de base


En considérant les variations des énergies cinétique et potentielle sont nulles, par définition,
l'enthalpie H = U + PV. Le premier principe donne alors Wmec + Q = ΔH
Où Wmec = représente le travail des forces autres que les forces de pression.
Démonstration
dU = δWp + δWmec + δQ
⇒ dU = - PextdV + δWmec + δQ
⇒ dU + Pext dV = δWmec + δQ
L'équilibre entre l'intérieur et l'extérieur entraine Pext =P et si P est constant
⇒d(U + PV) = δWmec + δQ
Donc d(H) = δWmec + δQ

Utilisons l'expression du premier principe soit :


 Bilan de l'évaporateur (W= 0, car l'évaporateur ne fournit aucun travail au fluide) :
Qevap = h1 – h4 > 0
 Bilan du compresseur : si la compression est adiabatique alors (Q = 0) :
wcomp = h2 – h1 > 0
 Bilan du condenseur (W = 0) :
Qcond = h3 – h2 < 0
 Bilan du détendeur W = 0, Q = 0
0 = h4 - h3

En sommant membre à membre ces équations il vient :


Qevap+W+ Qcond=0

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II.4 Représentation du cycle thermodynamique pratique

Un cycle de réfrigération à compression de vapeur pratique diffère du cycle de base de


différentes manières, principalement en raison des irréversibilités qui se produisent dans
divers composants. Les deux sources d'irréversibilités courantes sont le frottement du fluide
(qui provoque des pertes de pression) et le transfert de chaleur échangé avec le milieu
extérieur.

Figure II.7 : Cycle réel

 Avec pertes thermiques et sans pertes de pression

 Zone de surchauffe 8-1 (T1 > T8)


 Compresseur 1-2 compression accompagné d’une perte de chaleur
 Zone de désurchauffe 2-3 ( T2 > T3)
 Ligne liquide 4-5 T4 > T5

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 Représentation sur le diagramme P-h

Figure II.9 : Cycle réel dans les diagrammes P- h avec pertes thermiques

 Avec pertes thermiques et pertes de pression

Figure II.10 : Cycle réel avec pertes thermiques et pertes de pression

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II.5 Notion de fluides frigorigènes

II.5.1 Bref historique


Dans toute machine frigorifique évolue un fluide frigorigène. C'est un composé chimique
facilement liquéfiable, dont on utilise la chaleur latente de vaporisation pour produire du
froid.
Le premier fluide frigorigène utilisé fut l'eau dans un montage de laboratoire en 1755, puis
l'éther sulfurique en 1834 puis l'air en 1844, et puis à partir de 1930 une nouvelle gamme de
fluides frigorigènes fut mise au point aux Etats Unis d'Amérique, ce sont les
chlorofluorocarbones bien connus sous le sigle CFC. Ces derniers révolutionnèrent le marché
frigorifique.
II.5.2 Définition
On appelle fluides frigorigènes les composés facilement liquéfiables. Un fluide frigorigène
peut se définir comme une substance chimique dont la température d’évaporation à la pression
atmosphérique est inférieure à la température ambiante, autrement dit le fluide frigorigène
doit être liquide à cette ambiance.

II.5.3 CLASSIFICATION
Les fluides frigorigènes sont divisées en deux grandes familles que sont : les composés
inorganiques les composés organiques.
II.5.3.1 Les composés organiques
Les composés organiques sont des dérivés du méthane (CH4) et de l’éthane (C2H6).
Ils se divisent en trois sous familles :
 les corps purs
 les mélanges (de corps purs)
 les hydrocarbures
 Les corps purs
Les corps purs se regroupent en trois familles suivant leur composition chimique :
1. les CFC (chlorofluorocarbone) : complètement halogénées (y=0) (interdits dans les
nouvelles installations);
2. les HCFC (hydrochlorofluorocarbone) : CFC renfermant des atomes d’hydrogène
(interdits dans les nouvelles installations à partir du 1er janvier 2000), ils contiennent
du chlore non complètement halogéné; autrement dit certains atomes de chlore ont été
remplacés par des atomes d’hydrogène.
3. les HFC (hydrofluorocarbone) : sans atome de chlore (k=0).

La caractéristique principale d’un corps pur est qu’il se condense et s’évapore à température
et pression constante.
Nomenclature : Ces fluides ont pour formule chimique: Cx Hy Fz Clk
Leur désignation est basée sur la règle suivante : R X Y Z
R : Réfrigérant
Chiffre des unités « z » = nombre d’atomes de fluor (z= F)
Chiffre des dizaines « y » = nombre d’atomes d’hydrogène + 1 (y=H+1)
Chiffre des centaines « x» = nombre d’atomes de carbones – 1 (x= C-1)

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La valence du carbone étant de 4, la molécule sera complétée par des atomes de chlore si
nécessaire.
Les lettres minuscules qui succèdent figurent différents isomères du composé chimique
concerné.
Les espèces chimiques sont dites isomères si leurs molécules ont la même composition (les
mêmes éléments chimiques en même nombre) mais que leurs atomes sont liés de manière
différente. Il y a donc isomérie si deux molécules ont exactement des mêmes atomes mais
qu'ils s'enchaînent de manière différente.

Figure II.11: Atomes: C, H, F, Cl

Exemple :
Les désignations des corps purs R12, R22, R134a.

Désignation C H F Cl Formule
chimique
R12 C=1 H= 0 F=2 Cl=2 C Cl2F2

R22 C=1 H=1 F=2 Cl= 1 C H Cl F2

R134a C=2 H=2 F=4 Cl= 0 CH2 FCF3

R12 CFC
R22 HCFC
R134a HFC

A partir de la formule chimique des fluides frigorigènes ci-dessus, les dénominations de ces
fluides sont les suivantes :
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 le Dichlorodifluorométhane (CCl2F2) pour le R12


 le Monochlorodifluorométhane (CHClF2) pour le R22
 le Tétrafluoroéthane (CH2FCF3) pour le R134a
Ces appellations ne sont pratiquement pas utilisées en froid.
Cas particuliers:
Molécules comportant un ou plusieurs atomes de brome
La présence de brome est signalée par la notation Rxyz Cl(K) Br (d) où d est le nombre
d'atomes de brome qui remplacent autant d'atomes de chlore.
Exemple : R22B1 Bromodifluorométhane formule chimique : CHBrF2

 Les mélanges :
Les mélanges de fluides purs se regroupent en deux familles que sont :
1. les frigorigènes azéotropes (série 500) qui se comportent en phase de condensation et
d’évaporation comme un fluide frigorigène pur.
Exemple : R502, R507
Le R502 (mélange de 48.8% de R22 et de 51.2% de R115)
2. les mélanges zéotropes (série 400) qui ne sont pas des corps purs
Exemple : R404A, R407C, R410A
La suite de numéros de la série 400 est fixée par la société américaine des ingénieurs en
chauffage, réfrigération et climatisation ASHRAE. Chaque numéro caractérise une
combinaison des éléments du composé. Les lettres majuscules (A, B, C…) permettent de
distinguer la fraction des éléments du composé de même combinaison.
R407A (mélange de 20% de R32, de 40% de R125 et de 40% de R134a).
Les mélanges zéotropes se vaporisent et se condensent non pas à une température constante
mais sur une plage de températures (glissement dans les zones de changement d’état).

 Hydrocarbures (Série 600)


Si le numéro commence par 6, le fluide est un composé organique
Ex : R611 formiate de méthyle
Remarque :
- Pour un nombre d’atome de carbone égale 1,2, 3, la règle des frigorigènes purs est utilisée :
Méthane CH4 (R50), Éthane C2H6 (R170), Propane C3H8 (R290)
-Pour un nombre d’atome de carbone > 4, on utilise la série 600 Butane R600, Isobutane
R600a
II.5.3.2 Les composés inorganiques
La série 700 définit les fluides inorganiques. La règle consiste à rajouter la masse molaire du
fluide après le chiffre 7.
Exemples :
R-717 NH3 : M = 14 + 3
R-718 H2O : M = 2 + 16
R-744 CO2 : M = 12+ 32

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II.5.4 Les gaz fluorés et l'environnement


Les gaz fluorés contribuent à deux effets majeurs modifiant la constitution de l'atmosphère
1. L'effet de serre,
2. La modification de la concentration d'ozone.

Effet de serre Couche ozone


CFC oui Effet très important
HCFC oui Effet important
HFC oui non

II.5.5 Critères du choix du fluide frigorigène

 Critères thermodynamiques
 Efficacité :( h8-h6) / (h2-h1) et chaleur latente élevée

 Critères de sécurité et d’environnement


 toxicité,
 inflammabilité,
 effet sur la couche d’ozone,
 effet de serre.

 Critères technologiques, opérationnels et économiques


 masse volumique du liquide élevée = compacité,
 pression de fonctionnement : Pc modérée et Pc > Patm,
 propriétés aérauliques et thermiques : viscosité faible et conductivité thermique élevée,
 compatibilité (huile ; matériaux ; stabilité chimique et thermique),
 coût et disponibilité.

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