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THE LIBRARY

OF
Sarah Cooper Hewitt
presented in memory of
her father
Abram s. Hewitt
and her sister

Eleànor Garnier Hewitt

5^
LA THEORIE
ET
LA PRATiaUE
D U

JARDINAGE
OU L'ON TRAITE A FOND DES BEAUX JARDXItj;
apellés communémenc
LES T J RD I N S Ke^lcnill^ >
èc. nia d ùm
ET BE P KO PRETE '

DE PARTES^kii S, liii jBoJ Q^V^ti


Compofés
DE" Boulingrins, &c.
CONTENANT PLUSIEURS PLANS ET DISPOSITIONS
générales de Jardins 5 nouveaux Defleins de Parterres , de Bofquets ,
de Boulingrins, Labirinthes, Salles, Galeries, Portiques Se Cabinets
de Treillages , Terrafles Efcalicrs , Fontaines , Cafcades , & autres
,

orncmens fervant à la Décoration & Embéliflement des Jardins.

Par le sieur Alexandre le Blond.


JFËC LA MA^NiE RE DE DRESSER VN TERRAIN^
d'inventer des Dejjeins félon le lieu , &
de les y tracer é' exécuter fuivanS
,

les Principes de la Géométrie j é' l^ Méthode de plant'er élever en peu


de temstous les Plants qui conviennent aux beaux Jardins avec un nouveau ,

Traité de Fleurs ^
d'Orangers Comme auff celle de rechercher Us Eaux ^
i

de les conduire dans les Jardins d'y conftruire des Bajjins des F on taine s^
ii'vec des Remarques & Règles générales fur tout ce qui concerne l'Art du
Jardinage,
N 0 V FE L L E E' D l TI 0 N.

A PARIS,
Chez JEAN MAR lETTE më , faint Jacques,
aux Colonnes d'Hercule.
M. DCC XX 1 1.

AVEC PRIVILEGE DV RO L
VIS
SVR CETTE NOVFELLE
A
EDITION.
OM M E l'on n'a eu en vue dans cet Ouvrag€;>
que l'utilité' publique } on a profite des avis deplu-
fieurs perfonnes qu'on a recueillis avec foin. Les
uns ont trouvé qu'il y avoit trop peu de Planches
de Parterres , &que le Chapitre qui en traite n'étoit pas aiïes

étendu on y a fuple'e' par une nouvelle Planche qui en con-,


> ,

tient trois différents, avec leur defcription quelque augmen-


tation de difcours : Les autres ont dit , qu'il manquoit des
Gradins & des Efcaliers de gazon & qu'il n'y en avoit que
,

de pierre j la planche que l'on en donne en fournit fix exem-


ples. On a fait encore quelques objedions fur la régularité
des places oii l'on a renfermé les defleins de Jardins on a tâ-
:

ché d'y fatisfaire par «ne Planche de difpofitions générales


dans des emplacement des plus irreguliers Celle des Parter-
:

res comprend auffi des terrains biailés , de même que quel-


ques deiïeins trop réguliers que l'on a changé dans les dix
Planches de Bofquets , pour faire connoître de quelle manière
on corrige ces Biais: On a même ajouté une Planche de beaux
Boulingrins unede Paliflades extraordinaires , & une autre
,

de Portiques champêtres ou de verdure. Ces nouvelles Plan-


ches ionz au nombre de fix , qui ne font pas des moindres du
livre; elles renferment des deifeins trés-nouveaux en ce gen-
re, & généralement tout ce qu'il y a de plus à la mode dans
les Jardins de propreté. L'on a encore augmenté des agré-
mens dans pluficurs endroit^ des anciennes Planches , ce qu'on
remarquera facilement pour peu qu'on les confronte avec cel-
les de la i^^^ Edition.
A l'égard du Corps de l'Ouvrage , il eft augmenté de plus
d'un tiers , par quantité de remarques que des expériences
nouvelles &.des recherches exades ont fournies depuis , prin-
cipalement dans la troifiéme Partie; l'on y trouver^ de fuite 4
Chapitres qui n'ont point encore paru; Les deux premiers con-
âij
tiennent la culture des Orangers , des Jafmins èc des autres
Arbriffeaux de fleurs , avec la manière de les greffer , de les
élever de graine , de marcotte, ou de les choifir tout grands.
On voit dans les deux autres Chapitres tout le détail le
gouvernement des Fleurs qui fournilTent les grands Parterres
êc les Gradins des Amphitéâtres dans chaque faifon , ce que
beaucoup de gens ont demandé , vû que les Orangers les &
Fleurs font le principal ornement des beaux Jardins. Pour ce
qui eft de la quatrième Partie qui traite des Eaux , on avoic
eu deffein ( comme on l'avoit promis dans la première Edition)
de la refondre entièrement y & d'y ajoûcer neuf ou dix Cha-
pitres fort utiles fur l'origine des Sources nivellement
, le &
la jauge desEàux V fur les Machines hydrauliques , &g. mars
comme cela a paru pafler la portée ordinaire d'un volume,
6c qu'il auroit été & trop gros & trop cher on s eft refervé
,

de donner dans la fuite un fécond volume Ton y traitera à :

fond des Eaux ôc des Fontaines avec nombre de Piànches ,


,

matière curieufe & dont il n'y a eu jufqu'rci aucun bon Traité.


'

L'on a cru devoir divifer tout l'Ouvrage en 4 Parties j cela en


détache mieux les matières , & met chaque chofe en fa place»
On trouvera auffi pour la commodité, une Table exade de
tout ce qui eft contenu dans ce Traité. Pour contribuer au
goût que l'on a pour-les beaux Jardins ( perfuadé que Ion eft
p'refentement , que leur culture peut amufer les Grands fans
les avilir, à?exemple des Romains ) on donne non-feulemenc
la manière d inventer des defteins de Jardins , de les difpo- &
fcr ôc ordonner fuivant lafituation du Terrain , mais encore
celle de rétablir Ôc de remettre en état les anciens Plants dans
toutes leurs parties :ce qui peut; rendre un homme confom-
mé dans cet Art. Voilà les principales objeétions & les plus
raifonnables que l'on ait pu concilier , fans s'arrêter aux
idées bizarres de quelques Architecles.&; Jardiniers , quin'ap»
prouvent que ce qu'ils font eux-mêmes. Oh efpere que Tat-
tention que l'on a eu d'y répondre , joint à toutes les autres
additions , pourront être agreablesau Public. Pouvoit-on trop
faire pour mériter de nouveau le favorable accueil qu'il a
déjà bien voulu faire à cet Ouvrage.
T A
DES CHAPITRES
CONTENUS
'
'
"

DANS CET OUVRAGE-


PRE M 1ERE PARTIE.
Chapitre I. ^^Ervam d'Avert/Jjfemem. page L
C H A p. I L [>ela fituation du Terrain j & du choix
quon en doit faire,
P* 7
C fi A P. I î I, Des Dijpefitions CjST* Dijîrihutions géné-
rales des Jardins,
p- ^1
G HA P. IV. Des Parterres & Plates-bandes de dijfe-
rentes ejf eces*
p- 39
G H A p. V. DesJllées,Contre-allées&PaliJ[adesp,^i
G; H A p. VI. Des Bois Bofquets en gênerai, - p. 65
C h a>p. Vil Des BouUngrms oh renfoncemens de ga-
^on y des grandes Rampes Glacis, Ta-
lus^ O'Tapis de gd'/^onya'vec la manière
de Jemer&entretenir.p y
les plaquer
^
ChaP. VI ÎI. Des Portiques ^ Berceaux y Cabinets de
Treillage 0*de Ferdure^ FigureSy Vafe
& autres Ornemens fervant à la déco^
ration <9* emhéliffement des Jardins^
page 8^
i

S E C O ND E PART I E.

Chapitre I. 1 ^Réllminaire de quelques Pratiques de

JL Géométrie^ décrites fur le Papier^


avec la manière de les raporter fidèle-
ment fur le Terrain, page
C H A p. Il, De lamaniere de drejJerunTerram^tr de
foiitUer & tranfporter lesTerresip.ii^
CHA P. 1 1 1. Des différentes Terrafês cîT* Efcaliers ,

avec leurs phsjujles proportions.^ 131


Ch A P. I V. De la manière de tracerfur le Terrain ,
toutes fortes de Dejfeins,
P ^ 47
'
.

TROISIFME PARTIE.
Ch AP I TRE I. 1 "^t/ choix que l'on doit faire des Ar-
1 ^ J hres convenables aux Jardins de
Propreté^ & de leurs bonnes &
mau-
vaifes qualités, p. ï6o
C H A P. 1 li De la manière de planter toutes les diffe^

rentes parties d'un beau Jardin, p. 15? j

CH A P.- III. Du foin que l'on doit prendre des jeunes


Plants pour les bien élever'^ avec les
moïens de les garantir des maladies
infeêles qui les attaquent, p. ipo
CHA P, IV, Des Pepmieres y & du foin quon en doit
prendre y avec la manière (^.élever de
graine tous les plants quon emploie
dans les Jardins de Propreté p. 2,03
C A H P, Yé Des OrangerSy Jafmins ^GrenadiersyMjr-
thes ^ àf^ autres Àrbriffeaux dejîeurs

I
a-vet la méthtfde (tenele^er degraine,

de marcottes y ou choijir ces Arbres


tout grands ^ Umanien de les planter,

greffery&le tems ou ils fleurijfent.i^.n^


CH A p. VI. De h culture des Orangers y des au- &
tres Arhriffeaux deJleurs^a'vec le moïen
de rétablir les infirmes, p iié"
*
C HA p. V1 1. Desfleurs emploies ordinairement dans les
. Plates-bandes des Parterres , avec la

manière de les/emer y de les cultiver (S*'

multiplier, p-
Gha p. VIII. De la place convenable a chaquefleur dans
les Jardins, des difl'erentes décora-

tions iiesParterres ûivant les faifons.

QJJ A T R I FME P AR T .
I E,

Chapitre I. T^V E la recherehe des Eaux y & des

H différentes manières de les con-


duire da>ns les Jardins^ page^<^i
|: C H^^*.jJ J; :
Fontaines , Baflins , Cafcades d'Eau,
<^ de leur QonfiruHion^ p. 277
I

F IN DE LA TABLE.
AVIS AVXRELIEVRS
pour placer les Figures*
PREMIERE PARTIE.
LE S cinq grandes Planches cotées A , feront mifes tout
de fuite fuivant leurs chifres , vis- à-vis la page 3 8. Les
deux premières feront pliées pour être tirées hors du Livre
Les fept Planches de Parterres cotées B , feront placées tout*
de fuite fuivant leurs chifres , vis-à-vis la page 50. Les 5
premières feront pliées pour être tirées hors du Livre.
La Planche de Paliflades cotée fera placée entre les pages
& 63.
6i
Les dix Planches de Bofquets cotées C , feront mifes tout de
fuite fuivant leurs chifres, entre les pages 74 ôc 75-1-3.
feptiéme feramife en hauteur.
Les deux planches de Boulingrins , cotées D > feront placées
entre les pages 78 ôc 7^.
Les deux Planches de Portiques de Treillage 6c de verdure
cotées E, feront placées entre les pages po &
Ê""
S E C O NDE P A R T I

LEF quatre Planches de Pratiques de Géométrie cotées


S'
, feront pliées pour être tirées hors du Livre , feront &
mifes tout de fuite fuivant leurs chifres vis-à-vis la page 118.
La Planche de Terraffes cotée (? , fera pli ée pour être tirée
, hors du Livre , ôc fera placée vis-à-vis la page 138.
Les trois Planches d'Efcaliers dé pierre èc de gazon cotées H ,,

feront mifes tout de fuite fuivant leur chifres entre les pa-
ges 146 & 147. , .

La Planche cotée /pour être tirée hors du Livre


, fëra pliée
&regardera la page 150.
La Planche cotée K , fera pliée pour être tirée hors du Li-
vre , &
regardera la page 156.

Il%VXT Q^U A T R I F M E PARTIE.


me Partie. T APlanche de Cafcades cotée L , lera mile entre les
JL/ pages 200 251. &
LA THEORIE
PREMIERE PARTIE
Q^U I CONTIENT
A THE
DU
JARDINAGE
CHAPITRE PREMIER,
SERVANT
D'A VE R TIS S E MENT.
PRE'S avoir examine la plupart des Au-
teurs , qui ont écrit de l'Agriculture & du
Jardinage, l'on n'en a trouvé aucun, qui fe
foit étendu fur la matière qu'on a entrepris
de traiter. C'eft ce qui d'abord avoit pref-
que ôté le courage d'y travailler , ne pou-
vant efperer aucun fecours étranger. On
s'écarte aifément dans une route dont perfonne ne nous a
fraïé le chemin. Ainfi l'on peut dire fansvanité , qu'il v a
A
2 PREMIERE PARTIE, Chap. 1
du nouveau dans cet Ouvrage , & cela doit engager les Lec*
teurs à excufer les fautes qu'ils y trouveront i il pourra venir

dans la fuite quelque main plus habile , qui perfedionera ce


qu'on ne fait qu'ébaucher.
Le deffein de cet Ouvrage eft , d'écrire des Jardins qu'on-
peut appeiler jardins de piatjknce on d^; propreté , c'eft à dire
des beaux Jardins qu'on a foin d'entretenir proprement
& où l'on recherche principalement la régularité l'arran- ,

gement & ce qui peut flatter davantage la vuë comme font


5 ,

les Parterres , les Bofquets les boulingrins , ornez de Por- ,

tiques de Cabinets de treillage , de Figures


, de Fontaines ,> ,

Cafcades &c. On n'a rien négligé


,
pour s'inftruire de fon
fujet. La leclure de quantité d'Auteurs Lacins Italiens ,

Efpagnols & François , quoique bonne d'elle-même , n'y a.

pas fervi de grarid'-chofe. Nous n'avons parmi nos Fran-


*Boiccau, çois, ^ que deux ou Auteurs qui aient parlé des beaux-
trois
Jardins 5 mais ih n'ont fait qu'entamer &. qu'éfleurer , pour
ainfi dire cette matière j outre que les deileins qu'ils ont
,

donnés à la fin de leurs Livres , font d'un goût fort com-


mtm , &: ne font plus d'ufage prefentement. Les auires qui
taQuînti- ont écrit de l'Agriculture , ont apparemment crti cette ma-
*Lé Jardinier indigne de leur plume i les uns parlent de la Taille des
ïrançois.'"'" Arbrcs fruitiers, de la Culture des Jardins potagers , du Jar-
L^Liger.
jj^ Botaniflc, &; de la propriété des Simples , &c les autres :

«ierSoiitïii du ménage des Champs , du devoir d'un bon pere de famil-


le jardinierd'un Laboureur
le, & Fermier, de la Vigne & des Ven-
^J^filTour- ^^"g^^ >
^^^^e ' ^^^^^ ' ^ la .manière de fai-
nefort," rc la Cuifmc , &; toutes fortes de Confitures , en quoi l'on voit
la différence de cet Ouvrage , d'avec les leurs.
FkuJift'^'"'"
Lilbaut. La pafTion que l'Auteur a toujours euë pour TAgricul-
,Pe Serres, turc pour le Jardinage 5 le féjour de Verfailles & de Pa-
& \

ris dont les environs font autant de merveilles en ce genre >


, j

le plaifir qu'il s'eft fait de parcourir toutes leurs beautés, &


les foins qu'il a donnés à faire planter plufieurs beaux Jar-
dins , l'ont porté à faire des remarques de tems en tems >
la Nature qu'il a confultée tant de fois , la pratique du Ter-
rain , une longue expérience , ÔC le commerce qu'il a eu
avec plus habiles gens de la ProfefTion , ont pu lui ac--
les
quérir quelque lumière là-deffus 5 les fautes confiderabies ,<
LA THEORIE DU JARDINAÔE. 3
& dépenfes inutiles qu'il a remarquées en plufieurs
les
Jar-
dins , jointes à l'ignorance de la plupart des Jardiniers l'ont
,

enfin de'terminé à faire part au Public de Tes obfervations.


Il y a même lieu de s'étonner
^ , que tant de gens aïanc
écrit des Jardins Fruitiers &
Potagers , il ne s'en foit trouvé
auctm jufqu'à prefent , qui ait parlé à fond des fardms de
propreté y qui fans contredit , beaux & les plus
font les plus
nobles de tous j quoiqu en un * Auteur moderne qui
dife ,

tâche de donner la préférence aux Fruitiers & aux Potao-ers * ta Qaiag


:
tinye.
en effet, y a-t-il rien de plus agréable & de plus délicieux
,
<|u'un beau Jardin bien difpofé & bien entretenu rien donc
, ,

l'afpecl contente plus les yeux & donne plus de fatisfadion


,

aux gens de bon goût.


Ce n'eft pas^qu'on blâme les Jardins Fruitiers & Potagers,
ils ont leur mérite j l'on convient même qu'il en faut avoir,
que pour compofer un Jardin parfait, ils font auifi necef-
^
laires que les Parterres & les Bofquets ^-
Vcrfailîcs
y c....uc

3 nous avons des '

exemples décela dans les plus magnifiques Jardins o{i


, les Sx"'
Fruitiers & les Potagers font aufîj curieux à voir que le refte. ChannJiy
Cependant tous ces Potagers, tous ces Fruitiers, quelque
beaux qu'ils puillent être font toujours placés dans des lieux
,

écartés, & feparés des autres Jardins


preuve évidente qu'on
j

les croit plus neceffaires pour


l'utilité d'une maiibn
, que
pour en augmenter la beauté & la magnificence ce font :

de ces chofes qu'il faut aller chercher pour les voir &
, qui
d'abord ne fe doivent point prefenter à la viië d'un
beau
Jardin.
^
On fçait bien que tout le monde ne fera pas de cet avis ,
lur tout les perfonnes qui ont écrit des Fruits , êc
ceux qui les
aiment 3 ils font confiiler toute la perfeclion de l'Art
du
Jardinage , &
toute la beauté d'un Jardin , dans un Pota-
ger , dans un Fruitier planté en QLiinconce, & en de
lon(?s
Efpaliersj c'eil: où ils renferment &
bornent tous leurs delirs
en fait de Jardinage 3 ils comptent les Parterres les
, Bof-
quets & le refte pour rien Ils croïent même fous prétexte
:

qu'ils fçavent tailler un arbre fruitier , & dreffer


une plan-
che de potager , avoir une parfaite connoiilance des
Jar-
dins de propreté , dont la difpofition la culture font très-
différentes.
'
Aij
4 PREMIERE PARTIE, Chap. I.

On ne croit donc pas que cet Ouvrage pmiffe être fort


utile à ces fortes de gens 3 ils font infenfibles à toutes les beaii^
tés dont il traite &c l'intérêt chez eux l'emporte pardeflus
,

toutes chofes ils aiment mieux avoir un Jardin femblable à


:

une pleine campagne couverte de Pommiers > de Cerifiers


&;c:ou bien à un Marais rempli de légumes, que de jouir d'un
beau ôc d'un magnifique Jardin. Cet efprit de ménage heu-
reufement n'eft pas gênerai , & ne regarde point les perfon-
nes dont les penfées font plus nobles &: plus élevées & pour ,

lefqueîles en partie l'on a eu defTein d'écrire, a^fin de FaciliteE"


,

l'exécution de leurs belles idées èc de donner lieu à leur bon ,

goût de fe montrer au Public. On fe flate que ce Traité leur


fera de quelque utilité , &i leur fervira de guide , quand ils
voudront planter un beau Jardin. Il efl: toujours lûr qu'un ,

Jardin tel qu'onde propole dans les Chapitres fuivans , fera:

plus d'honneur à un.Particulier , que tous les plus


beaux Frui-
tiers &
Potagers du monde , qui font eonnoître que leut
Maître fonge plus au profit, qu'à toute autre chofe.
On fuppofe donc un Parti ctilier riche , curieux de Jardi- &
î3age , qui veut faire la dépenfe necelTaire pour planter im
beau Jardin. On le conduit pas à pas depuis le choix qu'il
doit faire d'un bon terrain, jufqu'à Pexecution dernière &
perfedion de fon Jardin , en l'inlfruifant de tout ce qu'il doit
îçavoir pour n'être point. trompé parles gens de la Cam-
5

pagne & par les Ouvriers qu'il emploiera dans les travaux»-
,

On lui donne les moïens de eonnoître les bons Plants,


de les bien planter & élever en peu de tems , la manière de
faire des Balîîns , des Fontaines jaillilTantes & d'en conduire ,

les Eaux dans fon Jardin 3 de conllruire des Terrafles s-


celle
des Efcahers , &c. &
fur tout de fe former un bon. goût à-
l'égard des difpofitions générales de Jardins & des delTeins ,

de Parterres , de Boulingrins de Bofquets , Treillages, Caf-,

câdes , &
a.utres ornemens convenables i ce qu'il connoîtra.
par les 3 2 Planches qui font inférées dans ce Volume..
.

On prétend auffi inflruire à fond ce riche Curieux de ce


qui regarde les Jardinages , enforte qu'il puiffe lui - même
drefTer un terrain , aligner & tracer fon Jardin avec fes do-
meitiques , fansêtreoWi^é d'avoir recours aux. gens dame-
tier. Mais il faut pour cela qu'il aime la. Campagne- ^l'AgriT--
LA THEORIE DU JARDINAGE. 5

culture, fciencefi agréable &rieftimée de tout tems parmi


les perfonnes les plus qualifiées , que plufieurs
Rois Prin- m. k Duc &
ces n'ont pas dédaigné après leurs travaux guerriers , d'y don- ^^^J^^^'-^^s
ner quelques foins. Les anciens fuT tout s'eniaifoient un fort ^ ^Zper.to^
''•"^ "^'^^''''^^
grand honneur..
Suppofé même que des afFaires , ou quelque Charge pu- f^lur^ri,
blique , ne permiffent pas à notre Curieux de s'appliquer lui- ^c. mil
même à planter & à élever fon Jardni , la ledure de cet Ou- Hift. ^
naj. I.

vrage ne laifleroit pas de lui être fort utile il leroit iùr , en


:

fuivant les préceptes qu'on y donne,,. de n'être point trom-


pé & de fçavoir à quoi s'en tenir quand il s'en treti en-
, ,

droit avec des Ouvriers touchant quelque Ouvrage qu'il a


deffein de faire. Il retiendroit dans le devoir fon Jardmier,
qui fçauroit que fon Maître a de la connoiffanee dans cet
Art j au lieu que quand ces fortes de gens voient , qu'au lieu
d'entendre le Jardinage , il n'en fçait pas même les prin-
cipaux termes ils ne font point de difficulté de lui en faire
,

accroire , èc fe mettre fur le pied de le reprendre , de &


rire quelquefois de fes demandes. Outre qu'un Jardin en
J^ff X»X
eft toujours mieux , quand il a. l'œil d'un Maître un peu nus 'viiUcum
Gonnoiileur.
^ 7ofel 'co\Z
un Particulier & que
_

C^oique l'on fe propofe ici d'inflruire ,


^^^^ iiî,°

ce foit en partie l'intention que l'on a eue, l'on compte cepen-


dant que cet Ouvrage ne fera pas moins utile aux Jardiniers
,

ôc aux gens de la Campagne qui la plupart n'ont qu'une


,

niauvaife routine & un- méchant goût en fait de deffein de


,

Jardinage 3 ils trouveront ainfi que les gens du métier, la.


vraie méthode d'inventer & de difpofer facilement tous les
deffeins de Jardins , félon les différentes fituations du Terraim
Ge Traité fervira auffi àinftruireà fond les jeunes Jardiniers^
& affermir: ceux qui ne font pas tout-à^ fait fi novices 3,
dans ce qu'ils fçavent de bon , &
à les fortifier éclairer
fur bien des chofes. C'efl ce qui a engagé à. écrire pour tout
le monde , &
à emploïer un ftiie fimple , convenable à la ma-
îdere, &
à la portée des Jardiniers 3 fuivant ce précepte
d'Horace.-
^
Ornari res ij}fa negM contenta âôcen:
,
|

U ne refte plus qu'à dire un mot touchant la divifion ds


ce Traité} donc les titres fe. trouvent ci-defTus dans la Table
A iij
g PREMIERE PARTIE, Chap. L
des Chapitres. Il eft divifë en quatre Parties , qui contien-
nent en tout vingt-deux Chapitres.
Dans la première Partie l'on apprendra toute la Théorie du
Jardinage, e'tant neceffaire , comme l'on fçait, d'être inftruic
de la Théorie avant la Pratique, qui n'efl: que la fuite 6c l'exé-
cution des confequences , &
des certitudes que l'on en tire.
Cette Théorie eft remplie de règles générales , de mefures de
de proportions des Parties d'un Jardin i elle eft appuïéepar
des Exemples & des delTeins affés bien iraagine's qui renfer- ,

. ment toute la délicatefle & le bon goût de l'Art du Jardinage.


L'on a expliqué ces deffeins par de petites defcriptions parti-
culières pour en donner une plus parfaite intelligence, C'eft
,

ce qu'on trouvera dans les huits premiers Chapitres.


La féconde Partie enfeigne la Pratique de tracer,ce qui eft
le plus de confequence à fçavoir, &
aaffi ce qu'on n'a point
encore donné au Public jufqu'à prefent, comme la manière
de dreffer un Terrain foit de niveau en pente douce , ou en
> ,

TerrafTes , &
d'y tracer &
exécuter toutes fortes de de/Teins
les plus difficiles i le tout démontré par des principes ôc des fi-
gures de Géométrie , ôc prouvé par quantité d'expériences
&
d'ufages, qui font des chofes de fait.
La troihéme Partie renferme la manière de planter & d'é-
lever en peu de tems , les plants les fleurs qui conviennent
aux Jardins de propreté.
Enfin la quatrième &: dernière Partie donne la méthode de
rechercher les Eaux , de les conduire dans les Jardins , 6c d'y
conilruire des Baffins , des Fontaines , & des Cafcades.
On peut dire certainement qu'il ne manquoit plus que ce
Traité pour la perfection de l'Agriculture àL du Jardinage >
les Fruits , les Potagers la Culture 6c le ménage des Champs
,

ont été traités plufieurs fois , 6c affés bien , pour qu'il ne foit
pas neceiGTaire d'en écrire de nouveau. Il n'y avoit que les
heanx Jardins de profreté , dont on n'a voit point encore parlé
affés amplement. On eflfûr en joignant tous ces difFerens
Traités enfemble, de fe rendre im parfait Jardinier, ôc de
pouvoir former un Jardin complet en toutes fes parties.
LA THEORIE DU JARDINAGE. 7

CHAPITRE II.

DE LJ SITVATION DV TERRAIN,
& du choix qu'on en doit faire ^

& la
LA {èrver
première ehofe
, en choififTant
, plus effentielle qu'on doit
ob-
un endroit pour planter un Jar-
din , eit la fituation & l'expofîtion du Terrain. C'eft de-là
que de'pend la réùffite d'une entreprife : car fi l'on fçait faire
un bon choix , les arbres deviendront beaux & grands en
peu de tenis , au lieu que fi Ton s'y trompe , tous les foins.
& toutes les depenfes qu'on poiirroit faire deviendront inu-
tiles.

Il eft prefque impoffible dans un iivauvais Terrain d'élever


un beau Jardin , quoiqu'il y ait des moïens pour améliorer
les Terres , ils font de grande dépenfe , fouvent il arrive &
que tout un Jardin , quand les racines des arbres onc
pe'rit

atteint le fond naturel du lieu q^nelque dépenfe que l'oa ,

ait fait d'y faire rapporter de bonne Terre.


Cette fituation elt de fi grande confequence , que tous les-
Auteurs qui ont traité jufqu'à prefent l'Agriculture j fe font
toujours fort étendus fur fa necelîité , fur le bon choix &
qu'on en devoir faire. L'on ne s'amufera point ici à citer tous
€es AuLcurs r on fe contentera feulement de rapporter ce qu'en 4*
pamear
dit Vitruve , en parlant de la fituation des Maifons de Cam- Archiieéier

pagne , il dit , ^ qu'il faut avoir égard dans la fituation d'une "
a'Auauftc-'
Maifon de Campagne à la région de l'air au climat , à la " ^
,.

commodité du lieu : qu'il faut choifir un endroit accefiible ,


"4*^

fertile , abondant de loi-même , & voifin de Rivières & de "


'

Ports capables de lui fournir toutes commodités des lieux


les ^ Trois eon-

cireonvoifins : qu'il faut fur tout qu'un qu'il ne


lieirfoit lain > '
quifer jwus^
doit pas être fitué dans un endroit bas & marécageux à , c rendre un
caufe de la corruption cauiée par l'haleine infeciée des ani- c.^»tafam,-
maux venimeux qui s'y engendrent > d'où naiflent quantité «
t PREMIERE PARTIE, Chap. IL
d'iiumeurs & de maladies qu'il ne doit pas auffi être fitué
:

dans un lieu trop élevé , afin d'être moins fujet aux brouil-
lards & aux grands vents qui ravagent renverfent tout 3&
& enfin que la Maifon ne doit point être tournée au Midi
ou au Coucliant , parce que le chaud afFoiblit les corps , &
* Liv. VII, „ le froid les affermit trop. Dans un autre endroit ^ il dit j
«h. IX,
»> que pour bien fituer une Maifon de Campagne , il faut con-
w sidérer en premier lieu , quelle expofition eil la plus faine ^

M Se tourner la Maifon de ce côté-là.

Vîtmdam
En effet , c'efl à quoi l'on doit le plus prendre garde. Quel
ejî autem défagrément feroit-ce de bâtir une Maifon de Campagne
quoA plerique
fecerunt aqusi,
& de planter un Jardin , dans un lieu qu'on ne pût habiter
caufn , vilUs que q^uacre mois de l'année , fans altérer fa fanté , comme il
in infimis V en a un 8:rand nombre Tâchons donc d'éviter ce dé-
vallibus mer~
gère, é'p^f*-
faut autant qu'il fera poffible , &
voïons quelles conditions
corum dierum font necefTaires à une bonne fituation.
l'oluptatem
Il y en a cinq principales j la première, une expofition fainC)
fnferre ha-
é'itatPfHm fa- la féconde, un bon terroir > la troifiéme, l'eau i la quatrième
luii. Palla- la viië d'un beau Païs j ôc la cinquième, la commodité du
dius de re m-
ftica litu I.
lieu.
tit, XVI. La première eft une expofition faine , c'efl à dire , un lieu
Rambouil- qui ne foit point fitué ni trop haut ni trop bas j trop haut,
let.
parcequ'un Jardin feroit trop expofé aux vents , qui font tres-
Dampierre.
Liancourt. nuifibles aux arbres j trop bas parceque rhumidité des lieux
,

bas & marécageux , caufe des humeurs des fluxions & plu- , j

Valus omni-
fieurs autres maladies 3 outre un mauvais air qu'on y refpire
modû vitanda
eft , cfuia Jîc- provenant des Crapauds , des Couleuvres des Serpens Se ,

cari confuevit autres animaux venimeux , qui s'engendrent dans les eaux
Aftate, & po- des Etangs &: des Marais.
fter fejîilen-'

tiam vel ani- C'efl ce qui doit nous déterminer à fuir les fituatioos
metlia hortis
des montagnes , & fonds & des vallées. Il y en a de
celles des
inimica qu&
générât. Co- deux autres f3rtes qui font infiniment meilleures , & c'eft
hîiiiella lib, 2.
celles-là qu'on peut appeller des fîtuations heureufes , com-
me la demi-côte & la plaine.
* On dit vuî- La fltuation de la ^ demi-côte efl tres-recherchée elle efl :

la des plus avantageufes pourvu qu'elle ne foit point trop roide,


,

que la pente en foit douce & imperceptible , où l'on puiffe


Rlî-COtC.

avoir beaucoup de plein pied & quantité d'eau car fi cette :

pente étuit trop roide, comme pourroic être un Jardin fitué


fur
LA THEOr^IE DU JARDINAGE.^ 9
l'on auroit le deTa^rëment
./'' d'une Monta2;ne I/o
fur la cror'^e
A/ ITT.
, F'^'''
pottio eli eut
. 1

de voir foLivent les arbres arraches


t
entraiîjes paries Tor- & i-^cu..-

rents & les Ravines , les terres d'enhaut s'ébouler fur celles pi^ni-

d'enbas les allées toutes eâtées , les murs abatus


, en un ;
^'Z.LT"'1"1!!!
mot on ne pourroit jamais jouir d un Jardin propre bien & fluenth per

entretenu , tandis qu'il feroitfujet à tant d'accidcns. Au Heu


difcvei^
•^f''"'*
- ^ ï M o r dérivât. Pal-
&
.
1

que il cette pente le trouve douce , imperceptible , lur laaius de Re


tout abondante en fources , elle vous donnera une expofition i""ft'ca lib. i;

toute des plus faines &


des plus agréables , le haut de la ^^'^Boyce/^*
Montagne vous mettant à l'abri des grands vents & des gran- traité du jar-

des ardeurs du Soleil vous fera joiiir d'iui air tempéré j les
,

eaux qui viendront du haut de cette Montagne rormeront ta Quinri.


dans vos Jardins des Fontaines des Canaux & même des , ,
ny<= Tome i.
Cafcades. Ces mêmes eaux après avoir fait leur effet, trou- j^"' ^* f^^*^

veront un écoulement naturel dans les vallées Perfonne :

n'ignore qu'un lieu en eft beaucoup plus fain , quand les eaux

•n'y font que pajffer fans


y croupir.- cela, s'entend des eaux
de pkiye comme des eaux de fontaine.
,

La fituation de la Plaine a de l'agrément , fon terrain


plat eft moins lalTant pour la promenade , &; de moindre
entretien que le Coteau: les murs de terralTe, les glacis , ôc
les Efcaliers n'y font point nécelTaires. Les ravines & les
pluyes n'y font aucun dégât , ce qui eft fort confidérable
dans un Jardin. On joiiit dans la Plaine d'un beau plein-
pied naturel d'un air encore plus pur que celui de la Côte:
,

des Campagnes de Rivières , d'Etangs


vaftes, entrecoupées
& deRuiffeaux de belles Prairies , des Montagnes couver-
,

tes de bâtimens &; de bois feprcfentent fans ceife à la vûë ,


,

êc forment un fond agréable & une perfpedive naturelle


,

qu'on nefçauroit trop eftimer , outre l'agrément de la pêche


& la commodité des Rivières pour voiturer toutes les cho-
fes dont on a befoin.
La plupart des gens font fort partagés fur ce choix, les
uns aiment mieux Coteaux les autres donnent la préfé-
les ,

rence aux plaines. On iailTe au Ledeur cette déeifion après ,

jkïi avoir rapporté tous les avantages de ces deux fîtuations.

On ajoutera ici ce que les Anciens faifoient au^ rapport de (

pluHeurs Atiteurs ) pour connoître fi un lieu étoit lain- Ils


^voient accoutumé de iu^er de la qualité de l'air, de l'eau
^ B
10 PREMIERE PARTIE, Ch A p. IL
& des Fruits d'un Pays , par la conftitution du corps des ani-
maux , qui y e'toient nourris j ils en eoniideroient les entrail--
les5 &
quand ils lestrouvoient gâtées corrompuës , ils con. &
jecluroient de là que celles des hommes deviendroient de
xiiême 5 s'ils venoient habiter ces mêmes lieux.
Il eftbon de dire ici , qu'en fait de Jardinage , l'on compte

quatre exportions différentes du Soleil 5 l'expoUtioa du Le-


vant 3 du Couchant , du Nord , du Midi. &
Qiiatre Et- L'expofition du Levant , eft celle où le Soleil luit depuis le
jufqu'àMidi.
fefents' du'
Soleil. L'expofition du Couchant , efl celle où le Soleil darde fes
rayons depuis leMidi jufqu'au foir.
du Nord ou Septentrion , eft celle ou le So-
L'expofition
leil femontre le moins , car il n'y paroît qu'environ deux
heures le matin , & autant le fbir aufîî eft-ce la plus mau- :

vaife expofîtion de toutes. Elle eft oppofe'e entièrement à


celle du Midi où le Soleil fe montre le plus ardent dans
,

toute l'étendue de la journée on la juge pour cette raifon


,

la meilleure des quatre , & la plus néceffaire de toutes pour


les Jardins.
Revenons à la féconde condition , qui eft un bon terroir
c'eft - à - dire , une terre fertile èc abondante d'elle-même.
Çe ne trouvé une expofition faine ,
feroit pas affés d'avoir
tournée au Midi, &
qui auroit tous les avantages dont on
a parié ci-devant, 11 cette expofition n'eft accompagnée d'im
bon fond de terre , &
d'un terroir fertile de lui-même , car
lans cela l'on pourroit craindre , que tout ce qu'on y plan-
tera ne languît pendant un tems , de enfin ne mourût i
c'eft à quoi l'on doit le plus prendre garde , fuivant l'inftruc-
tion qui fuit.
Pour connoître fi le fond d'une terre eft bon , il faut
diftinguer premièrement li c'eft un vieux Jardin ruiné qu'on
veuille remettre fur pied , ou ft c'eft ime place neuve qu'on
ait deftein ^de choifir Si ce n'eft qu'un vieux Jardin qu'on
:

defire replanter & regarnir j on fera fouiller la terre aux en-


droits ou l'on exécutera quelque deftein nouveau , foit Par-
terre , Boulingrin , ôcc. Et s'il fe trouve que la terre
Bofquet ,

n'y foit pas bonne


, ou bien qu'elle foit ufée , l'on fera fouil-
ler à deux pieds de profondeur par tout j l'on enlèvera la
LA THEORIE DU JARDINAGE. n
înanvaife terre, &
l'on y en fera rapporter de la meilleure
qui fe pailTe trouver aux environs, ou bien on fera feule-
ment retourner les terres , & l'on y
du fumier dans
jettera
le fond j ce qui eft d'une greffe de'penfe mais on ne peut
,

faire autrement c'efc ainli qu'on améliore les mauvais


:

Terrains. On eft quelquefois obligé de faire cette dépenfe


quand on achepte une Maifon de Campagne toute faite ,
ou qu'il nous en vient une par fucceiîîon. Voilà tout ce
qu'on peut faire pour réparer les défauts naturels d'un an-
cien Jardin. Si c'effc une place neuve qu'on ait deffein de
choilîr en pleine Campagne , où l'on puiite , pour ainfi dire ,
tailler en plein drap il y a beaucoup plus de chofes à con-
,

fîderer. On doit examiner d'abord ce qui couvre la terre


aux environs fi l'on y voit des Bruïeres , Serpolets , Char-
:

dons , & autres mauvaifes herbes qui croiffent d'elles-mê-


mes , on peut juger de là que le terrain eft fort mauvais j
& on le doit rebuter entièrement , fans craindre defe trom-
per dans ce jugement. On peut encore, s'il y a de grands
Arbres près de là remarquer s'ils font tortûs , mai faits ,
,

rabougris , d'un verd altéré , & pleins de mouffe ; s'ils font,


tels , on fera bien de quitter cet endroit , & d'en aller cher-
cher un autre loin de là. Mais fi ces Arbres fe trouvent
droits , élevés , vigoureux , d'un beau verd , s'ils ne font point
couverts de mouffe &
de vermine , &
que la terre foit cou-
verte de bonnes herbes , comme de pâturages &; autres, cela
doit engager ceux qui voudront fe fervir de ce Terrain , à
en exammer de plus près la qualité.
Pour cela 5 dans l'efpace à peu pi'ès qu'on aura deffein de
faire enclorre pour un Jardin , on fera faire cinq ou fix fouil-
les en différents endroits , comme aux extrémités dans le&
milieu , pour fonder la terre , &
par là en connoître la qua-
lité. Ces fouilles doivent avoir environ fix pieds de large,
fur quatre de profondeur. On fera vuider cette terre , en- ,

fuite avec la toife l'on examinera combien il y a de hauteur


de bonne terre , il s'en doit trouver trois pieds de hauteur
pour bien faire , ou pour le moins deux pieds.
^
La terre pour être bonne ne doit point être pierreufe , Qirsh'fczrc
ni difficile à labourer, il ne faut pas qu'elle foit ni trop fe- 5"'*^^
che ni trop humide, trop fabionneufè de trop légère , èc fur
Bij
11 PREMIERE PARTIE, Chap. II.
toLit elle ne doit point être trop forte , comme font les ter-
res franches & glaifeufes qui font les plus méchantes de tou-
tes pour
les Jardins.

^
A
l'égard de la couleur de la bonne terre elle doit être: ,

d'nn gris tirant fur le noir ; les terres blanchâtres ne valent


jamais rien. Il faut encore une qualité à la terre , c elf qu'à
rafped, elle n'ait point Tair trop fec ou trop humide , di
^l'-^-^" ^^'^'^^^"^'^^^^"moiteur tempérée.
» La Ouin
tinye.^
' Jardiniers Fruitiers ^ ajoutent à cela que pour con-
L. Liger. noître une bonne terre, l'on doit en confulter le goût &
^'^^^^^/ l^go^î^' en mettant une poignée de terre dans un
îmico^"'''
^ '
verre plein d'eau paiTant enfuite cette eau dans un linge
: :

Si vous trouvés en buvant qu elle ait un g@ût âpre &


la
amer ,^ les fruits & les légumes auront le même défaut.-
Pour l'odeur , il faut prendre un peu de terre dans la main
& la flairer , ce qui fera connoitre fa bonne ou mauvaife
odeur.
Ces deux dernières qualités regardent plutôt îesEruitiers.
&. les Potagers , que les Jardins de propreté où le goût , &
L'odeur ne font rien. Cependant, comme dans une belle
Maifon les Jardins Fruitiers & Potagers font néceffaires on ,

ne fera pas mal d'avoir encore égard à ces deux dernières-


^"''^^ités. Ricix n'eft de plus defagréable que de manger des-
îcs'^fruits°qm
croifleut aux fruîcs qui out uu goût âpre amer^ infipide & qui fentenc
, ,

enricons de |e choux OU le navet.


^^"^y'
La troifiéme condition qui eft l'eau ell: une des plus con- ,

fiderables de toutes outre qu elle eft fort néceilaire à la vie


:
5

elle l'eif encore à tant de chofes que (î elle manquoit dans


,

une Maifon de Campagne , ce feroit une très grande incom-


niodicé &
qui cauleroit la mortalité de tout ce qu'on
,
y
i pourroit planter. Le Jardinage demande quatre ehofes, le
Soleil , l'eau , la bonne terre , & le foin du Jardinier. On' en
pourroit encore ajouter une cinquième , qui feroit l'œil du
Maître , fans cela point de Jardin-, ce feroit une folie à qui &
^f«ï ni4tr^x
P^'^n^e^^^^ ^ J^^d^n d'une feLîle de ces quatre choies»
omùufn vïr- f-'^au fuF tout eft d'uue uéceffité indilpcnfaWe dans tous les
Jardins c'eft par les arrofemens qu'on remédie aux grandes
:
ff^ v'^*^
g^Sllfiiîmi^
fecherefe de l'Eté , qui brûleroient tous les plants fans le fe-
-m^rat^ cours de leau , qui tempère ces exceûives ardeurs.
LA THEORIE DU JARDINAGE. 13
On doit donc bien prendre garde dans le choix qu'on
fera d'un Terrain y qu'il s'y trouve aife'ment de l'eau , l'on en
voit la nëceffité , joint à la beauté qu'elle y ajoutera, en
formant des Jets d'eaux , des Canaux &; des Cafcades qui
, ,

font les plus beaux ornemens des Jardins^


Il ne faut pas auffi qu'il y ait une lî ffrande quantité d'eau

dans un Pays , ^ que les terres en loient noiees le trop n en ;


j^^^j ^ J^^^^
vaut rien pour les Jardins outre que cela rendroit ces lieux
, tiiiy, &c,
aquatiques ôc mal fains,. comme l'on a déjà, remarqué ci-
devant.
La quatrième condition que demande une. Iieureafe fitua-
tion , vue & l'afpecl d'un beau Païs elle n'eft pas 11
c'ell la ,
j

néceflaire que les précédentes , mais elle ell une des plus
agréables. Quel avantage y auroit-il de planter un Jardin
dans un endroit enterré où il n'y eût aucune vue Cette :

iituation feroit très-ennuïante & très-mal faine .-


les arbres
mêmes n'y viendroient pas fi beaux , étant trop ofFufquésr
il n'y a rien de plus divertiffant ni de plus agréable dans un
Jardin , qu'une belle vue , &
i'afpect d'un beau Païs. Le plai-
£r de décou vrir du bout dîme allée , ou de demis une terraf-
fe à quatre ou cinq lieu es à la ronde un grand nom bre de vil-
,

lages de Bois , de Rivières , de Coteaux de Prairies


, ,mi^
le autres diverfités qui font les beaux Païfages , furpafTe tout
ce qu'on eapourroit dire ici , ce font de ces chofes qu'il faut
voir pour juger de leur beauté.
La cinquième & dernière condition. , eft la commodité
du lieuqui doit être de quelque confidération pour un par-
ticulier j.par rapport à l'utilité qu'il en- peut retirer. On en-
vitruve Lit'
tend par La commodiré du lieu i- qu^me Maifon foit voifme viî. cki,
de quelque Rivière , pour y pouvoir apporter facilement
toutes les chofes néceflaires , & en rapporter les provifions
pour la Ville ,£€ qui eli; d'une grande épargne, quand l'on
les voiture par eau qu'outre cela elle, tienne à quelque Vil-
,.

lage, cardans les Maifons ifolées en pleine campagne , on


nejoiiitpas fi facilement des commodités de la vie, & des
fecoursnécelTaires en cas d'accident. 11 faut encore qu'une
Maifon ne foit pas éloignée d'une Forêt, pour avoir du bois
aifément que le chemin pour y aller foit beau en Hyver y.
,

eomrae en Ecé^que ce foit du pavé 011 bien des fables 5


B iij
14 PREMIERE PARTIE, Chap. II.
en un mot qu'on y puifTe voiturer en tout tems ce qu'on
,

aura de befoin. L'avantage qu'une Maifon aura d être fituée


proche d'une Rivière c'eft qu'elle aura au moins de bons
,

puits ,& peu profonds ( fi elle ne peut avoir des eaux de


:

lource ) &
l'on pourra par le moyen d'une pompe e'iever les
eaux, pour les conduire enfuite dans des baffins c'eft ce
,

qu'on expliquera plus au long dans la dernière Partie de


cet Ouvrage.
Ces deux dernières conditions ne font pas abfolument Ci
néceffaires que les trois premières , qui font indifpenfables
-,

& pour lefquelles on doit avoir beaucoup plus de circonf-


pedion. Cependant fi elles étoient jointes toutes enfemble ,
elles formeroieut une de ces fituations heureufcs , qui font
fi fort eftime'es de tout le monde.

Voila tout ce qu'on peut dire touchant la fituation d'un


lieu. Heureux font ceux qui peuvent trouver en un même
terrain tous ces divers avantages^ Suppofons donc, en finif-
!

fant ce Chapitre que quelqu'un ait fait un choix tel que


nous venons de le dire , ôc donnons lui les moyens de bien
difpofer fon Terram , pour former uu beau de un magnifique
Jardin. ,
LA THEORIE BU JARDINAGE. 15

CHAPITRE III.

DES DISPOSITIONS,
dijîrihutions générales des Jardins*

LA difpodtion &: la diftribution d'un Plan gênerai pour


être parfaites , doivent fuivre la fituation du terrain :

Car la plus grande fcience de bien difpofer un Jardin , eil:


de bien connoître examiner les avantages & les de'fauts
&
naturels du lieu , afin de profiter des uns , & de corriger les
autres , les fituations étant différentes à chaque Jardin.
La variété &; la diverfité de la compofition , outre une fage
diftributîon bien entendue & bien raifonnée , contribue ne
auffi beaucoup à rendre un Jardin parfait puifqu'au fentiment
,

de tout le monde les Jardins les plus variés font les plus eftimés
& les plus magnifiques.
C'efè à quoi ou un Deiîînateur de Jardins
un Architecte
doit principalement prendre garde quand il veut inuenter
>3

un beau Plan en fe fervant avec art & œconomie , des


,

avantages d'une Place & en corrigeant par fon induilrie


,

les défauts , & les inégalités du Terrain. C'eft avec


les biais
ces précautions qu'il doit conduire & régler l'impetuoflté de
fon génie en ne s'écartant jamais de la raifon & de ce
,

qui peut s'exécuter de mieux , fuivant la fituation naturelle


du lieu j à laquelle il doit toujours s'afTujettir &
s'accommo~
der.
UnArchitede efl quelquefois bien à plaindre , d'être o-
bligé de gêner fon génie & fon bon goût , en les foumettant
aux mauvaifes idées d'un particulier , fouvent entêté de fon
opinion cela fait gâter tous les jours de bons morceaux >
,

fans que les Critiques en cherchent la vraye caufe , fînon


qu'ils i'attribuënt toujours à TArchitede c'efl la maxime
:

générale quoiqu'inj ufte ? mais le prix de leur aveugle .cw-


plaifance.
PIlEMrEB.E PARTIE,
Chaï». III
UnPlan général peut devenir difficiles inventer, pa^
l'irrégularité d'une Place neuve , dans laquelle des chemins
tortus , &
des enclaves de maifonsvoi fines , afTujettiffentà des
formes bizarres , &
à des biais confidérables ce peut être :

auffi par la chute & rinégalité du Terrain , qui contraignent


à de certaines terraiïes , q^id partagent c|uelquefois fort mal
tout un Enclos.
On fe trouve encore gêné quand on veut rajufter un vieux
Jardin fans le ruiner entièrement il faut alors en lever le Plan
:

exactement , ôc exammer chaque pièce l'une après l'autre de-


vant que djC la condamner. On s'accommodera fur tout aus
Bâtimens aux Murs aux Baffins 6c Canaux déjà faits , à
, , ,

nioms qu'ils ne foient très-mai placés & fans vouloir trop ,

couper pour réformer tous les défauts d'un Jardin , on ne


,

corrigera que les plus elïentiels on coniérvera tout ce qui


:

fera pofTible principalement les Bois les Paliffades , ôc les


, ,

Allées de haute futaye qui font très- longues à s'élever , dc


,

qui doivent être regardées dans un rétabliffement , comme


une çhofefacrée à laquelle on ne doit jamais , ou très- peu
.toucher cela demande une main ménagère & entendue dans
:

cet Art j .& non de ces gens qui abattent 8c renverfent tout
pour pouvoir .exécuter leurs deffeins bizarres. On ne Voit que
trop de ces exemples.
Tout cela n'eft pas qu'on fe l'imagine j un beau Jardin
fi aifé
eft du moins auffi à inventerôc à diftribuer qu'un beau
difficile
Bâtiment, cela fait que la plupart des Architecîes, ôc de
ceux qui fe de Jardinage , ne
mêlent de donner des delTeins
réiiffifient pas toujours , la plupart formant des defiTeins en
Painqui ne conviennent pointa la fitug.tion dulieu , ôc dontle
îiieilleurell: pillé de côté ôc d'autre.
Une des principales raifons pourquoi ces gens-là n'ont
pas l'intelligence nécefifaire pour composer un beau deffeinj
c'eit que cette connoiflan.ce venant de plus loin qu'on ne
penfe , ils font dépourvus des qualités requifes à cette per-
îeclion. Il faut être un peu Géomètre , fçavoir P Architec-
ture 5 ôc la bien deffiner , entendre l'ornement connoître ,

la propriété Ôc l'eiFet de tous les plants dont on fe fert dans


les beaux Jardins inventer facilement 3 & avec tout cela,
,

^yoir une intelligence ôc un bon goût naturel, qu'il faut


s'êtrf
LA THEORIE DU JARDINAGE. 17
s*êtreformé parla vue des belles chofës parla critique des
,

mauvaises, par une pratique confommée dans l'Art du


Jardinage.
Jl n'y pas jufquà de pauvres Jardiniers, qui quittant la
bêche &le râteau , fe mêlent de donner des delTeins de Jar-
dins , oii ils n'entendent rien du tout tant pis pour ceux
:

qui tombent dans les mains de ces fortes de gens là qui


,

leur font faire beaucoup de dépenfes pour, planter un vilain


Jardin, car il -ne coûte pas plus d'exécuter un beau delTein,
qu'un mauvais: ce font toujours les mêmes arbres , les me-
mes plants qui ne font un méchant efBt que par leur mau-
,

,vaife difpoiîtion.
Un homme riche qui veut planter un beau Jardin , doit
faire trois chofes effentielles , choifîr en premier lieu une
perfonne , dont la capacité dans l'Art de Jardinage , foie
dej a prouvée par quantité de bons morceaux c'ell le moi en
:

d'éviter l'exécution de ces defleins fondés feulement fur le


caprice. En fécond lieu , il ne doit pas fuivre le train de
la
plupart des gens du monde , qui font exécuter des deffeins
avec une précipitation infinie , croïant par là fe donner plus
de relief , en imitant les travaux du Roi , une exécution fi
pronipte réiiffit rarement: on na pas le tems de digérer un
deiïein , & de le lailTer un peu meurir avant que de lexecu-
ter fouvent même on efl: obligé de le changer l'année
:
fui-
vante , faute d'y avoir fait allés de réflexion auparavant
j
c'ell ce qui arrive à ces fortes de gens qui fe font
un piai-
fir de changer & d'abattre ce qu'à peine
Ton a achevé >
depenfe terrible, joint au chagrin de ne pouvoir jamais joiiir!
Les Bâtimens font quelquefois du nombre de ces folies il :

doit donc iailTer un Plan gênerai expofé à la vue des


coo-
noilTeurs , & prendre leur avis là-deifus , (ans en négliger
aucun il en connoîtra par là le fort , & le foible , & il
:

pourra s'affurer d'une exécution permanente: Ton connoic


des défauts dans un deflein au bout de fix mois ,quon r
e
voyoit pas les premiers jours qu'on fe iaifîe ébloiiir par des
bagatelles. Enfin il faut qu'il le confuhe fur la dépenfe
qu'il
veut faire , pour proportioner la grandeur de fon Bâtiment
y
& l'étendue de fon Jardin , & confidérer que plus fon Jar-
dm fera grand , plus il lui coûceraà en drefler le terrain»
C
îS PREMIERE PARTIE, Chaî. III.
à planter , à exécuter tous les defleins , & à l'entretenir de
tout. S'il y a des Fontaines , les Baffins & les Pièces d'eau
* deviendront- plus grandes , les conduites plus longues ? ÔC
par conféquent coûteront infiniment davantage.
. Il vaut donc mieux fe contenter d'une e'tenduë raifonna-

' bien cultivée , que d'avoir l'ambition de vouloir de ces


tfi ^cuitVl^^-
gu-ms, fuhm Parcs d'un fî grand efpace dont les trois quarts font ordi-
,

m»2^nft4done-
naïremeut neVlisés. La vrave o;randeur d'un beau Jardin, ne
kdius de Re cloit guercs palier 3 o ou 40 arpens li n en tant pas davan- :

ruftica L. i.
j-^ge, ^ l'égard du Bâtiment, qui abforbe le plus fouvent
ïit.xxxiy,
moitié de la dépenfe , il n'eit pas né ceiTaire qu'il foit Pi
gr-apd ni fî magnifique , quoique bien des gens le piquent
d'avoir des Palais, & d'être mieux logés à la Campagne
qu'à la Ville. L'on peut dirè avec raifon qu'un Bâcimenc ,

de Campagne doit être proportionné à l'étendue du Jar-


din il feroit auffi peu convenable de voir un magnifique
:

Bâtiment dans un petit Jardin qu'une petite Maiion dans ,

un Jardin d'une vafte étendue ; ce font deux extrémités


qu'il faut éviter ôc faire enforte que le Bâtiment réponde
,.

au Jardin & le Jardin au Bâtiment» Cependant il vaudroit


,

encore mieux fe contenter d'une petite Maifon, accompagnée


d'un grand Jardin j parce qu'une Maifon de Campagne doic
différer de celle d'une Ville, où la grandeur des Bâtimens
eft plus nécelfaire que celle des Jardins , par rapport à une
Iiabitacion ordinaire , &à la valeur du terrain : on ne re-
cherche même la Campagne que pour y , avoir des Jardins
plus vaftes & plus magnifiques.
On maximes fondamentales pour bien
di/lingue quatre
difpofer un Jardin
première , de faire céder l'art à la
: la
Nature j la féconde , de ne point trop ofFufquer un Jardin 1
la troifiéme , de ne le point découvrir i & la quatrième >
s de le faire toujours paroître plus grand qu'il n'eit effective-
ment cela demande les quatre remarques fuivantes.
,

^^^^^ plantant un Jardin confiderer , qu'il doit plus ,


âe^M-lïon"
»rès-extraor- tenir de la Nature que de PArt , dont il ne doit emprim-
dinaires ,ccui ter que ce qui peut fervir à faire valoir la Nature. Il
y a
de ^chîmiiiy
desjardiusoù vous ne voyés que des chofes extraordinai-
& de Sceaux rcs , gêuées , hors du naturel , & qui ne font faites qu'à for-
;

très -naturels,
ce d'argent, comme font des Murs de terraiPe très-éievés^
LA THEORIE DU JARDÏNA GE.
grands Efcaliers de pierre , qui font de vrayes carrières
des Fontaines trop décorées , &
quantité de Berceaux , Ca-
binets , Portiques de Treillage ornés de figures , de vafes ,
dcc. qui Tentent plus la main de l'homme , que tout autre
chofe. Cette afFedadon n'a pas l'air naturel , & le doit cé-
der à noble limplicité des Efcaliers , Talus 5^ Rampes
la
de gazon de Berceaux naturels & des PallilTades {impies
,

fans Treillage , foiitenuës &


rehaulFées en certains endroits
par quelques figures &
autres ornemens de Sculpture. A
l'égard des parties d'un Jardin elles doivent erre fi bien
,

placées qu'on les croye faites & plantées naturellement où


,

elles font 5 par l'Auteur , pour ainfi dire de la Nature un :

Bois 5 par exemple , pour couvrir des hauteurs ou remplir


des fonds , fitué fur les ailes d'une Maifon un Canal dans : ,

un endroit bas , & qui paroiffe être l'égout de quelque hau-


teur voi fine , enforte que l'embelifTement & l'Art qu'on
y
a donné dans la fuite , cède entièrement à cette Nature.
C'eil une foible raifon de dire, qu'on doit plus elHmer ce qui
eil fait de mains d'hommes , par rapport aux grandes fom-
mes que ces travaux ont coûté que ce qui vient des mains
,

de la Nature , à caufe que la dépenfe en a été peu confidé-


rable l'un eil moins bien placé
: &
plus extraordinan-e , l'au-
tre moins furprenant &
dans fa vraye place.
On ne doit pas rendre les Jardins triftes' & fombres , en
lesofFufquant par trop de broufiTailles èc de couvert il faut ,

laifiTer régner de belles Efplanades autour du Bâtiment


, 6c
dans de certains endroits qu'il eft à propos de tenir décou-
verts 5 à caufe du bel afpeâ de la campagne c'elt pour cela :

qu'on ne met dans les Parterres, les Terra ifes, les Boulingrins,
Rampes, &c. que des petits Ifs & ArbrifiTeaux , afin que n'oc-
cupant point tout l'efpace de l'air, on j ouille d'une belle
échapée.
Préfentenient on tombe dans un défaut tout oppofé :

de trop découvrir un Jardin , fous prétexte de faire de


c'effc

grandes pièces il y a vingt Jardins confidérables autour


:

de Paris , manqués par cet endroit, &


où il eft inutile de
defcendre pour les vifiter on les voit tout d'un coup d'oeil
:

du Veftibule du Bâtiment , fans être obligé de fe laffer j


cela n'en eft pas plus beauî l'agrément eft d'arrêter la vue
Cij
20 PR-EMIERE PARTIE, Ce A P.III,
dans de certains endroits d'un Jardin , pour exciter l'envie
d'aller voir des pièces agréables , comme de beaux Bofquets
des Salles vertes ornées de Fontaines & de Figures. Ces
grandes pièces plates &
leurs grands ratifies dérobent , pour
,

ainfi dire la place des Bofquets


, du relief qui fait iop-
,

pofidon §c la variété des Jardins & peut feul faire valoir ,

tous ces morceaux unis : Cet ombrage fi nécefTaire étanu


ôté , ne permet pas de s'y promener en Eté fans être rôti
qui efl: un défaut des plus confidérables.
Ces Jardins fi découverts joiiifiTent ordinairement d'une
belle vue fort étendue , les murs étant en terrafl^e , n'y &
ayant rien qui bouche de toutes parts , mais c'efi juftement
ce qui les fait paroîtrc une fois plus petits qu'ils ne font
naturellement car étant comparés avec la Campagne voi-
:

fine avec laquelle ils fe confondent , ils ne paroifient pas


plus grands , pour ainfi dire , que la main , contre la maxime
fondamentale de faire toujours croire un Jardin beaucoup
plus grand qu'il n'efi: , foît en arrêtant le coup d'œil avec
adreue par des PalifiTades , des Allées , des Bois placés à pro-
pos , & contraints à une hauteur convenable à la vue 3 ou en
pratiquant des lizieres de bois contre les murs , pour trom-
per agréablement par l'étendue confiderable dont cela fait
paroître un Enclos.
La
proportion générale des Jardins efi: , d'être un tiers
plus longs que larges , &
même de la moitié , afin que les
pièces en deviennent barlongues plus gracieufes à l'œil ,&
une ou deux plus long que large , fait une place défa-
fois
gréabie n'étant qu'un boyau.
,

Voici à peu près les autres règles générales qu'on doit


fuivre dans les difpofitions &
difi:ributions des Jardins.
Il faut toujours defcendre d'un Bâtiment dans un Jardin
par un Perron de trois marches au moins , cela rend le Bâ-
timent plus fec & plus fain , &
l'on découvre de deffus ce
Perron toute la vûë générale d'un Jardin j ou une bonne
partie qui forme un aiped fort agréable.
Un Parterre eft la première chofe qui doit fe préfenter à
la vûë , il doit occuper les places les plus proches du Bâ-
timent , foit en face ou fur les côtés, tant par rapport à la
découverte qu'il caufe au Mùment , que par rapport à fa
LA THEORIE DU JARDINAGE. ii
beauté & à fa richefTe qui fe trouvenc fans cefTe fous les
,

yeux , & fe voyent de toutes les fenêtres d'une Maifon. On


doit accompagner les côtés d'un Parterre , de morceaux
qui le fafTent valoir. Comme c'eil: une pièce piate , il lui
faut du relief j tels que font les Bofquets & les PaliiTades.
Mais cela fe doit taire félon la fituation du lieu. L'on
remarquera avant que de les planter , lî 1 on joiiit d'une
belle vûë de ce côté-là , alors on doit tenir les côtés d'im
parterre tout découverts , en
y pratiquant des Boulingrins
& autres pièces plates, afin de profiter de cette belle viië,
& fe donner de garde de la boucher par des Bofquets à ,

moins que ce ne foit des Quinconces , des Bofquets décou-


verts avec des PaliiTades baflés , qui n'empêchent point l'œil
de fe promener entre les tiges des Arbres de découvrir la
,

belle vue de tous côtés.


Mais s'il n'y a point de vûë , & qu'il fe rencontre au con-
traire une Montagne , un Côteau , une Forêt , ou un Bois
,
qui par leur proximité en ôtent l'agrément , ou quelque
Village trop voifm , dont les Maifons préfentent un vilain
afped 5 on pourra alors border le Parterre de PaliiTades ôc de
Bofquets , pour cacher ces objets défagréables; de cette ma- '

niere l'on ne perd & Ton ne regrette rien dans la fuite.


Ne feroit-ce pas un grand défagrément d'être obligé ,
-A'"^ qne
après quelques années , d'arracher un Bois ou de le refeoer i'*"" f
^^'^

a une certame hauteur , parce quil a d abord ete mal pla- dins de Coa-
cé , ôtant la vûë qui eft la plus belle cliofe des Maifons de
Campagne.
Les Bofquets font Capital des Jardins
le ils font valoir
:

toutes les autres parties , Se l'on n'en peut jamais trop plan-
ter , pourvu que les places qu'on leur deftine n'occupent
,

jçoint celle des Potagers ac des Fruitiers


, qui font des cho-
fes néceffaires , une grande Maifon , & qu'il faut tou-
utiles à
jours placer près des baflécoars
, afin que la malpropreté
inévitable dans ces lieux , fe trouve toute réunie enfemble
g
par un mur qui les fépare d'avec les autres Jardins.
On choifit pour accompagner les Parterres , les defleins
de bois les plus mignons, comme Bofquets découverts à
Compartimens , Quinconces , Sales vertes avec des Boulin-
grins, des Treillages & dçs fontaines dans le milieu: Ces
Ciij
2i PREMIERE PARTIE, Châp. ÎIL
petits Bofquets font d'autant plus agréables , étant près d\xû

Bâtiment , que vous trouvés tout d'un coup de l'ombre fans


en aller chercher fi loin 5 outre une fraîcheur qu'ils commu-
niquent aux appartemens , qui eft ce qu'on recherche le plus
dans la grande chaleur.
Iia?cour°" à feroit bon de planter quelques petits Bofquets d'arbres
Ruei , & au verds afin que dans les plus grands froids de l'Hiver , on
,

Jardin du
cùt le plaifir de ioiiir de leur verdure. Ils feroient un bel
Koi , des bois rr r i-oa- /n oi» i i

verds , iSés ^^et , étant vus du Batnnent , ce 1 on peut en planter quel-


bc3ux,& crès- ques quarrés dans un beau Jardin , cela varie auprès des
autres Bois , qui par la chute de leurs feuilles , paroiffenc
tous nuds pendant l'hy ver.
On décore la tête d'un Parterre , de Bafîîns ou Pièces
d'eau, & au delTus d'une forme circulaire de Paliffades , ou
de Bois percée en patte d'oïe , qui mené dans de grandes
,

allées, èc l'on remplit l'efpace depuis le Baflîn jufqu'àla Pa-


lifTade , de petites Pièces de broderie ou de gazon , ornées
d'Ifs , de Caiffes &; de Pots de Fleurs.
Dans les Jardins en terraffe , foit de profil ou en face
d'un Bâtiment 011 l'on a une belle vûë i comme l'on ne
peut pas boucher la tête d'un Parterre par une Demi-Lune
de PalilTades , il faut alors pour continuer cette belle vûë ,
pratiquer plufieurs pièces de Parterre tout de fuite , foit de
Broderie de Compartiment à l'Angloife , ou de Pièces
,

coupées , qu'on féparera d'efpace en efpace , par des Allées


de traverfe en obfervant que les Parterres de broderie
,

foient toujours près du Bâtiment , comme étant les plus ri-


ches.
On fera Allée en face du bâtiment, & une
la principale
autre grande de traverfe , d'équerre à fon alignerrient 3 bien
entendu qu'elles feront doubles & très-larges. Au bout de
ces Allées on percera les murs par des grilles , ou des ouver-
tures , avec des foffés au pied , qui continueront les enfila-
des de le coup d'œil. On tâchera de faire fervir les grilles
& les percés à plufieurs Allées , en les difpofant en pattes
d'oïe , en étoiles , 6cc.

y avoit quelqu'endroit de terre naturellement bas


S'il

& marécageux , &C qu'on ne voulut pas faire la dpéenfe de


ie remplir, on y pourra, pratiquer des Boulingrins , des Pie-
LA THEORIE DU JARDINAGE. 23
ces d'eau , de même des Bofquets en relevant feulement les
,
Comme Us
^
Allées , pour les mettre de niveau avec celles qui en font s°cioul
proches , &
qui y conduifent.
Après avoir difpofé les maîtreffes Allées > & les princi-
paux Alignemens & avoir placé les Parterres & les Pièces,
,

qui accompagnent fes côtés & fa tête fui vaut ce qui con- ,

vient au terrain, on pratiquera dans le haut & le refte du


Jardin , plufieurs difFerens deifeins comme Bois de Haute- ,

Futaie , Quinconces Cloîtres , Galeries ? Salles vertes , Ca-


, I

binets , Labyrintes , Boulingrins Amphitéatres y ornés de ,


'

Fontaines , Canaux Figures ècc. Toutes ces Pièces diftin-


, ,

guent fort un Jardin du commun , & ne contribuent pas


peu à le rendre magnifique.
obferver en plaçant & en difiribuant les diiFe-
On doit
rentes parties d'un Jardin , de les oppofer toujours l'une
contre l'autre par exemple , un Bois contre un Parterre ,
:

ou un Boulingrin , ôc ne pas mettre tous les Parterres d'tm


côté &
tous les Bois d'un autre , comme auffi un Boulin-
,

grin , contre un BafTm , qui feroitvuide contre un vuïde, ce


^

I
qu'il faut toujours éviter en mettant le plein contre le vuide
>

& le plat contre le relief pour faire oppofition.
Il faut de la variété non feulement dans le deffein gene^
,

ral d'un Jardin , mais il en faut encore dans chaque iece l

féparée: Si deux Bofquets , par exemple, font à côté d'im-


Parterre , quoique leur forme extérieure leur grandeur &
f
foient égales ne faut pas pour cela répeter le même deffeln
,. il

I dans tous les deux, mais en varier le dedans. Il feroit défa- u Jsrâk
gréable de trouver le même deffein des deux côtés Tuiiienes
l'on peut dire qu'un Jardin ainfi répété ne peut palTer que
dc^fcôlX
pour un demi delîein c'eft une faute où l'on eft tombé quelque oklk
:
a
autrefois, & que l'on évite préfentement , perfuadéque l'on
eft, que la plus grande beauté des Jardins > eft la variété. Il
faut encore dans une Pièce en varier les parties féparées fi
,

un Baffin eft circulaire , l'Allée du tour doit êtreoetoo-one :

il en eft de même
d'un Boulingrin , 6c des pièces de gazoa
qui font au milieu des Bofquets.
On ne doit répeter les mêmes pièces des deux côtés que
dans les lieux découverts , où l'œil en les comparant enfem-
ble > peut juger de leur eonformicé , comme dans les
14 PREMIERE PARTIE, Chap.ÎII.
Parterresj les ,Boulingrins
Bofquets découverts à coffi*^
les
partimens , &
Quinconces au lieu que dans les Bofquets
:

Formés de PaliiTades &


d'Arbres de Haute-Futaïe , il faun
toujours en varier les defleins les parties détachées , qui &
néanmoins quoique diiFerentes , doivent toutes avoir un rap-
port ôc une convenance entre elles , de forte qu'elles s'ali-
gnent & s'enfilent l'une l'autre , pour faire des Percées , des
Pertes de vue , ôc des Enfilades très>^ agréables.
En fait de deiTeins , évités les manières mefquines , don-
nés toujours dans le grand &
dans le beau , en ne faifant
'
point de petits Cabinets &
Retours , des Balîlnets & des
Allées fi étroites , qu'à peine deux perfonnes s'y peuvent
promener de front il vaut HQÎeux n'avoir que deux ou trois
:

pièces un peu grandes qu'une douzaine de petites , qui font


de vrais colifichets.
i
Avant que d'exécuter un delTeîn de Jardin, on doit con-
fîderer ce qu'il deviendra vingt trente ans après , quand
ou
les Arbres feront groffis & les PaliiTadcuS élevées j un def-
fein quelquefois paroît beau & d'une belle proportion dans
le commencement planté , qui dans la fuite de-
qu'il efi:

vient trop petit &


ridicule on eft fouvent par là obligé à le
f .

changer , ou à l'arracher entièrement pour en planter un au-


tre.
On doit prendre garde dans générale la diftribution
d'un Jardin , à fi bien placer les Arbres des extrémités de
chaque Allée , qu'ils ne choquent point la vûë , en échan-
i crant les encoignures &
les angles de toutes les Pièces on ,

évite ce défaut &


l'on forme des carrefours plus agréables à
la vûë , &
plus commodes pour la promenade, que de trouver
des pointes &
des angles faillans qui font très-difiiciles fur le
terrain.
Il y a encore plufîeurs autres règles touchant la propor-
tion , la convenance , Se la place des différentes parties ôC
ornemens des Jardins que l'on trouvera dans les Chapitres ,

fuivans.
Après toutes ces règles générales , il faut diftinguer les
différentes fortes de Jardins qui fe peuvent pratiquer , lef-
quelles fe réduifent à trois. Le Jardin de. niveau parfait, I

les Jârdin en pente douce , les Jardins dont &


niveau h |
LA THEORIE DU JARDINAGE,
êc le terrain font entre-coupés par des chutes de terrafles
glacis ,,rampes
talus, ècc.
Les Jardins de niveau parfait font les plus beaux , tant à
caufe de la commodité de la promenade , que par rapport
aux longues allées & enfilades oii il n'y a point du tout à
,

defcendre ni à monter j cela les rend d'un moindre entre-


tien que les autres.
Les Jardins en pente douce ne font pas û agréables & R
commodes, quoique leur pente foit imperceptible, elle ne
laiffe pas de fatiguer & de laffer extraordinaircment, puif^
que l'on monte ou que l'on defcend toujours, fans trouver
prefque aucun repos. Ces pentes font fort fujettes à être gâ-
tées par les ravines , & font d'un entretien continuel.
Les Jardins en terraffes ont leur mérite & leur beauté
particulière , en ce que du haut d'une TerraiTe , vous dé-
couvrés toLtt le bas d'un Jardin , & les pièces des autres Ter-
raffes qui forment autant de difFerens Jardins , qui fe fuc-
,

cedent l'une à l'autre , & caufent un afpect fort agréable , èc


des fcenes différentes ces Jardins le peuvent difpucer à ceux
:

eeux de niveau pourvu qu'ils ne foient pas coupés par des


,

Terraffes trop fréquentes , Se qu'on y trouve de longs plein-


pieds , ils font fort avantageux pour les eaux , qui £e répè-
tent de l'une à l'autre mais ils font d'un grand entretien
:

.& d'une grande dépenfe.


C'eft feion ces différentes fîtuations , que Ton doit in-
venter la difpoûtion générale d'un Jardin , la diilribu- &
tion de fes parties cela efl: fi vrai , qu'un beau dcflein , qui
:

conviendroit fort bien i un Jardin uni , de niveau par- &


fait , ne vaudroit rien à exécuter dans un terrain coupé
de plufieurs Terraffes qui en rompent le niveau la con- &
tinuité.
Les cinq Planches fuivantes fourniffent des exemples de
toutes ces différentes fituations , & donnent l'idée de ce
que l'on y peut pratiquer de meilleur goût. Les deffeins en
paroîtront peut-être trop magnifiques, & d'une trop grande
dépenfe pour l'exécution auffi bien que tous les autres def-
,

feins de cet Ouvrage , mais on n'en prend que ce que l'on


veut , &c l'on trouve bien mieux fon compte dans un def-
fein çompofé & bien travaillé > que dans un deffein tout
D
%é PREMIERE P ARTIE, Ch A p. m.
(impie. L'on en peut donc détacher ce que l'on jugera i
propos. A l'e'gard de la magnificence, comme les Figures ,
Fontaines Berceaux
, &
autres ornemens , on peut les re-
trancher , ou bien pratiquer à la place des Baffins , & pièces
d'eau des ronds & tapis de gazon , qui ne laifTeront pas de
,

faire un bel efFet.


Qiioiqu'on ait déterminé la grandeur de ces Plans géné-
raux de 60, 30, 20, ou 10 arpcns , on pourra néanmoins
s'en fervir dans des terrains plus ou moins grands , en dimi-
nuant ou en agrandifTantles parties qui les com.pofent.
On dira ici, pour aider les perfonnes qui ne fçavent psts
îa Toife , & qui voudront fçavoir combien ces difpofitions
occupent de terrain , & chaque pièce en parcicuUer , qu'ils
n'ont qu'à mefurer avec le compas 3 o toiles fur l'échelle ,
& les porter enquarré fur le plan: ce fera l'étendue d'un
arpent parce que trente- toifes de tous, fens , c'eit-à-dire , mul-
,

tipliées par elles-mêmes , compofent 5)00 toifes quarrées , qui


eft le contenu d'un arpent. En lignes droites, il faut 100.
perches ou 3 00 toifes de long.
La première planche ofFre un des plus beaux defTeins ,
& des plus magnifiques qui fe puilFent exécuter. Il eft fait
pourfân terrain plat, & d'environ 50 à 60 arpens d'éten-
due. L'on fuppofe une grande avenue ,qui conduit à la grille
de Favant-cour , féparée par les murs de deux baffe-cours
fur ies ailes ^ qui font entourées de bâtimens fort réguliers 5
ils fervent d'un côté d'Ecuries , de Ménagerie , de Coulom-

bier , d'Etables , de Granges , ôc d'autres pièces convenables


à une baffe-cour 5 & de l'autre , de logemens pour les Do-
meftiques , d'une Chapelle , &
d'une longue ferre , en face
de l'Orangerie cette avant- cour vous mené dans la cour
:

du Château , qui n'en eft feparée que par un foifé rempli


d'eau. Le bâtiment eft eompofé d'un gros pavillon double
dans le milieu , avec des corps de logis qui viennent fe join-
dre aux deux pavillons des bouts , en face defquels font
deux petites Terrafles , d'oix vous découvrés fur la gauche ,
un parterre de compartiment , & au - à-tï^vis une pièce de
gazon , entourée de caifTes bc d'Ifs , avec des goulettes &
bouillons d'eau pratiqués dans le milieu. Au-de-là eft un
grand Potager fermé de murs, &
eompofé de éêdeux pièces
LA THEORIE DU JARDINAGE. 27
partagées en quatre avec des Baffins. Il eft terminé par
im long berceau , avec trois Cabinets en face des ailées Se
des Pavillons. Sur kr-droite , l'on y voit un pareil Parterre
de compartiment , avec un Boulingrin au bout , au - defTus
ce font des Tapis de gazon , coupés aux enfilades , avec des
goulettes ôc bouillons d'eau , ainfi que de l'autre côté. Ces
pièces font terminées par une double allée de caifTes d'ifs , &
& derrière par des niches de verdure , pour placer des bancs
& des figures. A
côté eft un Parterre d'Orangerie fermé
de murs ouverts par des portes de fer aux enfilades des
allées 5 il y a un Baffin au bout 5 avec des cabinets des &
nielles de verdure pour des bancs.
Pour entrer dans le grand Jardin , vous defcendés le Per-
ron du bâtiment, &
vous trouvés une grande allée de tra-
VQrie terminée par des grilles de fer ,
, &
en face une autre
grande allée double, qui perce d'un bout à l'autre du Jar-
din , auffi-bien que les deux qui font autour des murs de
l'Enclos. On voit d'abord quatre pièces de parterre j deux
de broderie , &
deux de compartiment , avec des Baffins
au milieu. Elles font accompagnées de deux Bofquets dé-
couverts, ornés de Boulingrins. Au deiTus de ces fix pièces,
on trouve une autre grande allée de rraverfe , formée par
des ifs , au milieu de laquelle eft le principal baffin. La tête
de ce parterre eft compofée de quatre petites pièces de ga-
zon, avec des traits de buïs & des ifs , & au^ defTus , d'une
demi-kme de PalilTades dont l'allée circulaire vient en-
filer celle qui fépare les quatres grandes pièces de parterre

devant le Château. Cette demi^iune eft percée en patte


d'oye , & fes enfilades font très- belles i elles vous conduifent
à d'autres Baffms , ôC dans des Cabinets tous diiFerens. En-
tre chaque allée , elle eft ornée de niches pour des figures
ce qui forme une belle décoration de tous les côtés. Ces
Bofquets font accompagnés de deux quinconces , ornés de
cabinets &
d'une falle dans le milieu avec des figures. Il fe
,

trouve encore une allée de traverfe , formée par les PalifTa-


fades &
les arbres de Bofquets , ou il y a deux Baffinsjdont
les jets s'enfilent avec les grands de l'allée du milieu. Au-
defliis font quatre Bofquets percés en croix de faint André
^

& tous difFerens. Le^ deux à droite de la grande allée , pré^!


iS PREMIERE PARTIE, CHAr.lIÎ.
fentent une falle ornée de Bancs Se de figures avec un Bou-
lingrin , &
une autre falle avec des gradins fervant d'am-
phitéatre de de teatre pour jouer la Comédie. Dans les
deux à gauche , Ton y voit une falle ovale avec un Bou-
lingrin dilferent de l'autre , &
une petite falle de Fontaines
qui font pratiquées dans les quatre milieux , fans interrom-
pre l'enfilade. Toutes ces pièces deviennent magnifiques
dans l'exécution > elles font féparées par des allées , qui s'en-
filent avec celles d'en-haut &
d'en-bas du Jardin foit par ,

des lignes droites ou diagonales 3 ce qui fait des percés, de


des enfilades très-longues.
Au delTus de ces Bofquets , efl un grand Canal tenant
toute la largeur du Jardin i il a dans fon milieu un group-
pe de figures , comme un Neptune avec des Tritons d'où
, ,

il fort un gros jet , & de


de plufieurs côtés. A l'enfi-
l'eau
lade de ce Canal , il y a des percés aux murs , avec des foffés
pleins d'eau , pour conferver la belle vue. Par de-làcefonn
deux grands Bois de haute-futaïe percés en étoiles , dont
les allées font doubles &: plantés d'arbres ifoiés , avec un
tapis verd régnant par tout , d'où elles prennent le nom
d'allées vertes. Au milieu de ces Bois font deux Ifles dif-
férentes , avec des figures & des Ifs. Au bout de la grande
allée & au deffus de ces Bois , on trouve un petit mur de
terralTe , d'où l'on découvre tout lepaïs d'alentour 5 il y a
un fofTé plein d'eau, qui règne le long de ce mur, & en
face de la demi-lune , au bout de la grande allée y l'on y a
pratiqué une Cafcade formée par trois m.afques & par des ,

nappes qui retombent dans une pièce d'eau ornée de deux ,

jets j dont l'eau vient du Canal èc fournit tout le folTé qui


,

efl dans la Campagne. Cette terminaifon eft des plus ma-


gnifiques , & fans parler davantage des belles enfilades d'un
bout du Jardin à l'autre , & de la convenance des parties >
joint à ce qu'on découvre dans toutes les allées des figures
des fontaines des percés , des grilles ècc. on peut convenir
, ,

que ce deffein a dequoi fatisfaire par fa difpoîition fa va- ,

riété , & par la diftribution de fes ornemens , èc defes eaux


qui viennent d'un refervoir hors du Parc.
La deuxième Planche donne l'idée d'un Jardin , qui n'eft
gueres moins beau dans fou efpece que l'autre. Il n'ell; pâi
LA THEORIE DU JARDINAGE. 19
à beaucoup près fi grand ne contenant que
, 2 5
arpens.Il

eft fitué dans un terrain coupé de terraflfes en face


du Bâ-
timent , qu'on fuppofe planté au milieu du Parc ou d'une
Campagne , où l'on a continué les enfilades d'allées à tra-
vers les bois èc les prez. On entre dans une belle avant-
cour , accompagnée de tapis de gazon , & de Barrières de
bois ,
qui vous mené du côté gauche dans un grand Pota-
ger , coupé en fix pièces avec un Baffin , &
du côté droit
dans une baffe-cour entourée de bâtimcns , d'où vous paf-
fés dans une autre cour , où il y a un abreuvoir & un Cou-
lombier à pied , avec d'autres bâtimens : on entre auffi par
la Campagne dans cette cour , qui eft une décharge de la
baffe-cour. Au deffus eff un Parterre d'Orangerie , avec un
Baffui , terminé par un Berceau de treillage , de forme cir-
culaire , orné de trois Cabinets derrière lequel on a pra-
,

tiqué un petit Bofquet très-mignon. Au bout de l'avant-


cour,vous trouvés une grande cour bordée de galeries, de
pavillons , &
d'un long corps de logis dans le fond qui ren-
dent ce Bâtiment fort régulier.
Vous defcendés par un Perron dans les Jardins , qui vous
préfentent d'abord une grande Terraffe toute découverte à
caufe de lavûë, &
remplie de deux pièces de Parterre de
broderie avec des plates bandes ifolées
, accompagnées &
de Boulingrins dont le fond eft enrichi de pièces de ga-
,

zon découpées. A côté font deux miroirs d'eau , fervanc


de refervoir aux fontaines pratiquées dans le bas du Jar-
din. On defcend de cette terraffe par les deux bouts , &
en face de l'allée du milieu , par un grand efcalier en fer
à cheval , orné de trois bouillons d'eau , qui font à niveau
de la première Terraffe , & qui font nappe dans le Baffin
d'en-bas. Sur la féconde terraffe, l'on trouve quatre Bof-
quets , dont deux font découverts à compartiment , & les
deux autres plantés en quinconce , ce qui n'interrompt
point la vûë. Les deffeins en font fort gracieux , ornés de
baffms ôc de figures. La grande allée du milieu , & les au-
tres font continués , & plantées d'ifs & d'arbres ifolés. Il
y
a un grand Baffm , avec un Champignon ôc des bouillons
d'eau en face de l'allée du milieu , 6c d'une allée de tra-
yerfe plantée de marroniers au- deffus des Bofquets. L'aliéç
36 PREMIERE PARTIE, Chaf.IIL\
du tour de ce Baffinfait avancer la TerralTe en forme cir-
culaire où font deux efcaliers avec des rampes des paii-
, , ,

liers & des perrons vis -à-vis des pattes d'oye


, qui font per-

cées dans le grand bois de haute- futaie qui eft en bas , ce


qui forme une demi-lune de charmille , décorée de figures
dans des niches. On defcend encore par des efcaliers pra-
tiqués à chaque bout de cette terrafTe.
Les deux rampes dn gra id efcaiier du milieu renferment
unBaffin, avec des bouillon) , qui tombent dans un autre
où il y a quatre jets qui font nappe dans un bafTm plus
bas 5 ce qui compofe la têce d'une Cafcade qui règne juf-
,

qu'au grand Canal d'en-bas. Toute cette eau coule par des
rigoles , & tombe en mouton-Mnt dans des baffins où il va.
des boiiillons d'éau à côté de ces rigoles font de petits
:

chandeliers qui fe répètent jufqu'au bas , auffi-bien que les


Baffins & les bouillons de cette Cafcade qui vient toute
,

fe rendre dans le Canal , où dans le milieu il s'élève un


grand jet d'eau. Il y a de petites Gondoles pour s'y pro-
mener. Ce Canal ferc auffi de clôture , & fépare le Jardin
d'avec le Parc. Le grand bois de haute-futaïe , qui accom-
pagne cette Cafcade , eft percé d'allées diagonales , ôc d'une
grande allée circulaire , où l'on trouve des carrefours , avec
des pièces de gazon. Ces diagonales vous conduifent par
des allées retournées d'équerre , dans quatre Cabinets tout
difFerens. Dans les deux à droite vous trouvés un grand
cercle entourré d'une PalifTade percée en arcade j avec un
,

Boulingrin octogone dans le milieu, & une falle longue cou-


pée de niches pour des figures , avec deux renfoncemcns
pour des coquilles & buffets d'eau 3 dans le milieu l'on voit
une pièce à l'Angloife , entourée d'une plate-bande de
fleurs. Les deux Bofquets à gauche font compofés d'und
falle verte , avec un rang d'arbres ifolés , & d'un cloître
à pans j formé par des arbres pliés en berceaux naturels s
le milieu eft rempli d'un Boulingrin , avec des ifs. Onob-
fervera que le niveau des allées de ces Bofquets , doit être
raccordé avec celui des grandes allées du milieu & des
côtés J qu'on fuppofe être en pente douce , à caufe de la
Cafcade.
difpolition générale de la troifiéme Planche repre^;
LA THEORIE DU JARDINAGE. 31
fente un Jardin une côte dont les Terrafles font
fitué fur ,

fur le côté à la différence du delTein précèdent où elles


,

font en face. Les Bâtimens en font fort fimples & il n'y


,

a point d'avant-cour ce deffein par là vient de moindre


j

de'penfe en exécution que les autres. La cour eft a^ecompa-


gnée de deux Pavillons avec une grande grille & d'une
, ,

baffe cour entoure'e de bâtimens, ou il y a un Coulombier


à pied & un abreuvoir ; derrière cette bisfTe-cour il y a ,

quatre pièces de Potager, avec un baffinau milieu. De l'au-


tre côté de la balfe-cour , efl: une petite TerralTe d'aligne-
ment au Pavillon d'entrée , & à l'encoignure du Bâtiment,
qui vous conduit le long de la cour dans le Jardin. En face
du Bâtiment , vous trouvés fur une longue Terrafle , fix pie-
ces de Parterre avec une grande allée dans le milieu , &
deux fur les côtés , avec des allées de traverfe pour féparer
ces pièces , dont deux font de broderie , deux de comparti-
ment avec un grand baffm dans le milieu , & les deux au-
tres font à r Angloife , entourées d'une plate-bande , cou-
pée , garnie de fleurs , d'ifs & d'arbrilTeaux. Le bout de cette
Terraffe eft terminé par une clair- voye, qu'on appelle autre-
ment un ah ah , avec un foffé fec au pied. De cette Ter-
raffe , vous montés par des efcaliers â chaque bout , en&
face du Baffin , fur une autre plus élevée , où vous trouvés
un grand bois percé en étoile , avec une allée circulaire , &
huit carrefours 5 dans le milieu il y a une pièce d'eau , avec
im jet , laquelle fert de refervoir aux autres Baffins d'en bas $
à côté eft une galerie verte, entourée d'arbres ifolés , de&
pièces de gazon avec des figures : cette galerie eft accom-
pagnée d'une grande allée double, auec un tapis de gazon au
milieu qui conduit vers leBâtiment.
A l'égard des Jardins d'en-bàs , vous defcendés de la Ter-
raffe en face du Bâtiment , par deux efcaliers qui vous mè-
nent fur une autre Terraffe remplie de deux BeulingrinSî
avec des Bafïïns ovales d'unBofquet découvert â compar-
,

timent , & d'un quinconce , ornés de figures de tapis de


gazon. Toutes ces Pièces font coupées d'allées qui répon-
dent à celles des Terraffes d'en-haut. Cette Terraffe eft fou*
cenuë par un talus de gazon , où vous trouvés trois efca-
liers tous difFerens , qui vous defcendeiit fur wie autre Ter^
31 PREMIERE PARTIE,Chap. lit
raiïe dont la moitié eft occupée par une grande pièce d'eau
,

ou Canal , avec un gros jet dans le milieu. Le refte du


terrain eft planté en bois d'un allés beau compartiment j
cette Terralle eft foûtenuë de même que l'autre par un
grand talus de gazon , avec un fofte au pied , dans la Cam-
pagne. Ces quatre Terraftes font bordées d'ifs , de caiffes
d' arbrifleaux , & font ornées de plulîeurs autres cliofes que
l'on connoîtra aifénient, fans quil foit befoin de les expli-
quer.
La quatrième Planche contient deux difpolîtions diffé-
rentes de petits Jardins , pour des Maifons particulières.
La difpofîtion de la première Figure peut s'exécuter dans
l'efpace de cinq à fix arpens j 6c cependant renferme tout ce
qu'on peut fouhaiter dans un auffi petit Jardin. On entre en
face du Bâtiment > dans une cour ornée de tapis de gazon
& d'allées, accompagnée fur la gauche d'une balTe cour »
derrière laquelle il y a une Pépinière. Sur la droite eft un
Potager fermé de murs. Le Bâtiment eft ifolé , par les&
deux grilles qui font à fes côtés , il fépare le Jardin d'avec
la Cour. C'eft un fimple corps de logis dont les façades fonc
,

différentes celle du côté de la cour fait avant corps dans


:

le milieu par un Pavillon avec un Perron au bas j la façade


,

du Jardin forme deux Pavillons à chaque bout avec des


Perrons. Sur les côtés ,11 y a des allées de traverfe termi- ,

nées par des grilles de toute la largeur. En face du Bâti-


ment fe préfente un parterre coupé en diagonales ou croix
de faint André , où l'on entre par les bouts ce qui a rap-
,

port aux deux Perrons des Pavillons. Sur les ailes de ce


Parterre il y a deux allées, qui viennent en face des grilles

de la cour , &
qui font terminées par des figures des ni^- &
ches , pratiquées dans la PalilTade du Bois ? à côté de ces
allées font deux Bofquets , l'un une falle verte avec un Bou-
lingrin ôc l'autre un Cioîcre formé par des Berceaux natu-
,

rels tous deux ornés de figures qui fe regardent. Au-deffus


,

de ces Boiquets on trouve une grande allée de traverfe ,


,

double &
plantée de marroniers , avec des ifs entre-deux :
elle vient rendre au grand Baffin qui eft au bout du Par-
terre , &
qui eft vu de toutes les allées , principalement de
h -grande allée double ? en face du Bâtiment , qui va d'un
LA THEORIE DU JARDINA GE. 33
bout à l'autre. Cette allée efl très-large , & eft percée dans
un Bois de haute futaie , ou l'on trouve dans le milieu un
grand cercle , où aboutilTent les allées d'une étoile prati-
quée dans ce bois , &
entrecoupée d'autres allées droites 3
avec quatre carrefours circulaires &
des diagonales qui
rendent aux deux baffins des bouts celui qui termine cette
:

grande allée eft à pans , &


eft vu de l'allée de traverfc du

bout. Toute cette enfilade eft terminée par une grande


grille au deffus de ccbaffin j & le long du mur , efî: un boïau
de bois tant pour le cacher que pour faire paroîcre le
, ,

Jardin plus grand. A chaque Angle il y a des niches &: des


figures qui font vtiës des allées du pourtour des murs 5
des allées diagonales du bois.
Dans la iéconde Figure l'on voit un Jardin un peu plus
,

magnifique , &: plus grand de la moitié. Le Bâtiment efl


pareillement ifolé ,mais c'ell un gros Pavillon double, aïant
quatre perrons, dont l'un eil: en face d'une cour qui le pré-
çede bordée de deux ailes de Bâtiment renfermant d'tm
, ,

coté un potager , 6c de l'autre une balTe-cour , d'où l'on


monte dans un endroit plus élevé , où il y a un réfervoir
buté pour donner plus d'hauteur aux fontaines du Jardin.
,

Ce réfervoir elf fourni par une pompe à Cheval que l'on ,

voit dans la balfe-cour. Les deux' faces des côtés ont la vue
l'une fur un parterre à l'Angioife & l'autre fur un Bou-
,

lingrin chacun d'un baîîîn. Ces deux pièces font ac-


> orné^>
compagnées d'allées doubler terminées par des foffés pour
,

jouir de la belle vue. Dans la principale façade du Bâti-


ment on voit un grand tableau ou parterre de broderie ,
î

avec deux allées garnies de cailles & d'ifs qui viennent ren- ,

dre aux Pavillons des ailes de la Cour. Sur les côtés du par-
terre , l'on trouve deux Bofquets l'un découvert à compar-
,

îiment l'autre planté en quinconce


, tous deux percés en
,

étoile &; ornés de figures. Au delTus de ces bofquets ou a ,

pratiqué à l'ordinaire une grande allée de traverfe termi- ,

née par des grilles , ôc découvrant le grand baiîin au bout


du Parterre.
On fuppofe au delîus de cebaffin& de cette allée qu'il
y une petite pente douce qui a obligé de foutenir le ter-
a
Tâ-ip parun petit mur j avec deux efcaliers en face des con«

.
-

E ,
34 ^
PREMIERE PARTIE, Ch A p.III.
tre allées du parterre. Ce mar ne règne que de la largeur
de la découverte du milieu & l'on defcend dans les Dois ,
,

par des rampes douces qui fc raccordent au niveau des au-


,

tres allées, Entre les efcaliers , il y a une petite Cafca de ,


formée par trois mafques , dont l'eau venant du baffin ,
fait une nappe dans le Canal qui tient toute la longueur
,

de la grande allée. Ce Canal eft cintré par le bout d'en-


haut , bi eil accompagné de deux ailées doubles , plantées
d'ifs à Tennlade de celle du Parterre 6c de deux bois de ,

haute futaye qui le renferaient fort agréablement , par la


variété ôc la richelTe de leur deflein.
Cette dil'polition , quoiqu'inférieure en grandeur & en
magnificence, à celles qui font contenuës dans les trois pre-
mières Planches n'eft pourtant pas la moindre de toutes
,

par fon heureufe diftribution , par les enfilades d'allées


qui fe trouvent dans le milieu des Bofquets & qui viennent ,

aboutir aux jets du Boulingrin & du Parterre à i'Angloife>


placés fur les ailes du Bâtiment. Toutes ces pièces font
bordées de grandes allées doubles , & de palliflades contre
les murs , qui font coupés aux enfilades des allées par des
grilles , & par des petits murs à niveau des allées avec des
foifés i tant au bout du Canal, que vis-à-vis les faces laté-
rales du Bâtiment , ce qui caufe une belle découverte.
Quoiqu'on fe fut flatté que ces quatre Planches de difpo-
fitions générales pourroient fatisfaire tout le monde , Von
a cependant été obligé d'en ajouter une cinquième , pour
répondre aux objections que quelques perfones ont faites,
que les deffeins qu'on a donnés dans cet Ouvrage étoienc
tous faits pour des places régulières que ce ieroit une : &
nouvelle diiiicolté de les ajufèer ou d'en inventer d'autres,
dans des terrains irréguliers coupés de difFerens biais. Cela
demande en effet de l'intelligence de de l'induftrie , la Plan-
che fuivante pourra contenter là-deifas. Il eft impoiTiblq de
voir des Places fi biaifées , & fi irrégulieres fur le terrain :

cela ne fe rencontre jamais en grand nombre fi : furtouc


avec des biais il finguliersde formes ima-
, ôc de toute forte
ginables ce qu'on a afFeébé ici pour ne rien lailTer à délirer
,

lâ-deffus. On trouvera encore dans la fuite des planches de


parterres & de bofquets , où Ton a pratiqué quelques biais,
pour le foulagemenc d'un chacun.
LA THEORIE DU JARDINAGE.
Cette planche eft compolée de deux petits Plans gene'-
raux, convenables à des particuliers. Celui de la première
Figure , eft d'environ 4 arpens , &
renferme d'auffi grandes!
Pièces, & aaffi re'gulieres qu'il fe puilTe , dans un terrain auflî
bizarre Se aulîî extraordinaire. L'ilTuë en ell; biailée par un
Bâtiment &
par un mur voifins , qui font des fujettionsfans
remède , aufquelles il faut s'alFujettir comme l'on peut. On
a ouvert audevant de la cour , une demi-lune , rachevéer
par des arbres de l'autre côté , avec un bouc d'avenue en
face j cela tient lieud'avanc-cour.
Il fepréfente d'abord une cour proportionnée au Bâtiment
qui eft un Pavillon double , avec mi toit en Manfarde. Les
deux portes de communication pratiquées dans les murs de
la cour, mènent d'un côté dans une petite balTe-cour , oà
l'on a ménagé des bâtimens aux deux bouts félon que le ,

biais l'a pu permettre , & de l'autre dans un Potager rai-


fonnablement grand , & ades bien placé par rapport à la ,

proximité des Bâtimens il ell coupé de


4 pièces irrégulie-
-.

res , avec un petit baffm au milieu , & tout fermé de murs.


On y entre encore par une grille en face de l'allée du ,

grand bois , pour continuer l'enfilade. En fortant du Bâti-


ment vous voyés un parterre à l'Ahgloife tout d'une pièce,
dont les bouts font ornés, l'un d'une coquille de gazon ou
de marguerites , l'autre d'un bairna enclavé dans le Parter-
re , la platé-bande en eft coupée , àc garnie d'ifs èc de
jfleurs.

Pour prolonger un peu le coup d'œil , on a ménagé deux:


petits quinconces de fnnettrie fur les ailes du parterre , l'un
bouche par un peu dégarni dans le fond le mur de clôture ,

trop proche du Bâtiment , Pautre n'ôte rien de la régularité


delà falie du grand bois: caria broulfaille du fond fe rapporte
aux autres côtés , l'allée de traverfe paralelie à celle Vers le
corps de logis , & à l'enfilade du baiHn du Parterre , avec
l'allée d'un bout à l'autre qui vient à la grille du Potager
,

coupent ce bois en quatre parties dont le centre eli occupé


,

par un tapis de gazon ocl:ogone,avec une figure vue de toutes


les allées, &
des failes pratiquées dans ce bois elles font :

affesbien variés, celle à côté de la grande ailée de face,


eftla plus grande , on a placé dans le haut une figure qui
( Eij
y6 PREMIERE PARTIE, Chap. ni.
fè voit de la grilledu bout &
de deffus le gradin qui eft
,

vis-à vis l'allée du bois de : côté de cette grande al-


l'autre
lée l'on voit
, une autre falle
différente , dont une fortie vient
auffi aboutir à cette grille , ce qui ouvre en cet endroit une
patte d'oïe auffi régulière que la place la peut donner. Les
bancs placés dans ces deux Salles enfîlentjes uns les grilles du
bout ôc le baffin du Parterre , les autres les deux figures , en-
forte que le coup d'œil y eft agréablement terminé par tout.
Il eft bon de faire remarquer ici l'adrelTe que l'on a eu
en difpofant ce Jardin & en corrigeant fes biais on a placé
, :

le bâtiment à un coin de l'on a biaifée la grande allée en,


,

face, afin de profiter de toute la longueur du terrain pour


cette allée qui dans tout autre endroit , fe feroit trouvée
plus courte i le baffin enclavé dans le parterre eft encore
pour gagner de la place à cette grande allée , qui feroit ra-
courcie , fi l'on avoit pris une allée autour d'un baffin ifolé.
Les murs d'en-bas font redrefles par les murs du Potager ôC
de la bafle-cour d'alignement au corps de logis , & ceux
d'enhaut par une Paliftade , avec du garni derrière, Dans
l'endroit le plus large Ion y a renfoncé un gradin de trois
,

marches de gazon , ornés de cailles ôc de pots de fleurs fur


lequel on a affujetti l'allée du grand bois, aboutilTante au
baffin du Potager, & cela pour décorer cette belle enfilade.
L'on a placé dans l'angle de cette palilTade un banc qui cor-
rige un peu le défaut du coude. Comme dans les petits
Jardins il ne faut pas percer toutes les allées d'un bout à
iiautre car on en verroit tout d'un coup l'étendue , l'on a
:

tâché autant qu'on a pu d'arrêter l'œil dans les falles , afin


de faire paroîcre ce Jardin beaucoup plus grand qu'il n'eft.
Iln'y a que deux allées qui aillent d'un bout à l'autre , 6C
deux autres de traverfe , toutes terminées par des grilles ,
avec les ailées du pourtour des murs à gauche , car del'au'
tre côté à droite, l'on a pou/Té les bois jufqu'au mur pour
le mieux cacher 6c faire croire ces languettes de bois beau-
,

coup plus fpacieufes. Le petit berceau dans le coin au def-


£us du Potager, eft encore placé là pour fauver le peu de
longueur de cette allée. Ces broulTailles groffiiîent certai-
nement l'idée que l'on a d'un Jardin , &
ne contribuent pas
peu à tromper les yeux.
LA THEORIE pu JARDINAGE. 37
La difpofition de deuxième Figure eft encore dans un
la
terrain plus petit & plus irre'gulier que le premier on con-
:

viendra néanmoins fi l'on veut rendre juftice, que le coup


,

d'œil n'y eft point bleffé dans aucun endroit , & qu'il s'y
trouve du grand dans l'ordonnance de chaque pièce. L'en-
trée en eft régulière en face du Bâtiment d'un côté c'eft
: ,

une baffe-cour d'où l'on pafte dans un Potager diftribué


,

aftes ingenieufement , les allées en patte d'oïe venant toutes


aboutira un baffin contre le mur j l'enclos du Potager re-
drefle tout ce terrain en échaudé. De l'autre côté de la
cour ï eft un petit parterre à l'Angloife avec une coquille
garnie de fleurs ou de marguerites dont l'afpeâ: eft- agréa-
,

ble des fenêtres du bâtiment, à l'alignement duquel & pour


fermer la baffe-cour &
le petit parterre , l'on a planté de
chaque côté quatre berceaux naturels en portiques qui font
des merveilles fur le terrain il y a un mur qui les ferme du
:

côté de la baffe- cour mais du côté du Parterre à l'An-


>

gloife , les portiques font ouverts pour y entrer , & viennent


le rendre dans une falle couverte naturellement , avec un
banc à l'enfilade. L'on a pratiqué deux forties du Bâtiment
fous chaque galerie de berceaux pour y venir prendre le
frais. On trouve encore en face de l'entrée du petit Par-
terre un grand banc dans une niche de verdure , renfoncée
dans ce boyau, de bois , qui fauve tous les biais de cet em-
placement.
L'efpianade en face du Bâtiment eft très-large , a caufe
de la décoration des portiques elle eft remplie par deux
:

grandes pièces de broderie répétées , avec deux plates-ban-


des ifoiées dans le milieu , le tout coupé de 5 allées les :

contre-allées fur les ailes font bordées par un rang de


maroniers plantés dans une plate-bande, avec des arbrif-
jfèaux de fleurs entre chaque arbre elles font terminées par
-

des figures dans des niches renfoncées dans le bois. La grille,


l'allée & le bafîîn du Potager , enfilent une de ces niches-
Au deffus de toutes ces pièces eft un bafîîn long cintré par
les deux bouts , avec deux jets c^m viennent aux contre- ai-
lles du parterre , & de l'allée double en face , au milieu dé
laquelle Ton a feméun tapis de gazon pour varier. L'allée
de traverfe ^d'aiieeds face fgnc percées par un foffé en
3^ PREMIEREPARTIE, Chap.IIL
ah ail pour jouir d'une plus belle vûë & pour conferfef
, ,

mieux le niveau de ces ailées que la place n'a pu permet-


,

tre d'alonger davantage j c'efl: une adreiîe qu'il ne faut pas


oublier dans ces fortes d'occafions non plus que de les con- ,

tinuer par des avenues dans la Campagne. L'allée de tra-


verfe outre l'enfilade des deux jets du baffin , ell encore
,

terminée à l'autre bout par un portique de treillage avec


un banc. Le biais a gauche de la grande ailée eft fauvé par
une languette de Bois ou l'on a ménagé un cabinet â l'en-
,

filade d'un des jets du baflin & qui fait fîmetrie avec la
,

diagonale du grand bois il y a encore une petite route qui


:

fort dans la grande allée 5 l'on en a retourné d'équerre le


bout avec un banc en face de l'allée qui traverfe le bois
,

pour prolonger autant qu'on peut ces fortes d'allées. Le


grand bois elf coupé d'une croix de faint André ou d'une
étoiile une des diagonales découvre le jet du Parterfe &
: ,

eft terminée par une figure dans l'angle du mur , l'autre


l'eft par les deux percés des murs toutes ces allées viennenc
:

rendre dans une grande falle ronde , où fe voit un boulingrin


d'une forme fingulicre. Dans les quatre quarés du bois ce font
de petits cabinets tous difFerens dont deux font remplis,

de tapis de gazon , & les autres d'arbres ifolés , avec des


bancs placés à propos. Au deiTus de ce bois comme il y a ,

une pointe qui auroit été défagréable étant toute rem- ,

plie on l'a dégagé par une allée circulaire & par deux pe-
,

tites pièces de gazon bordées d'ormes taillés en boules , avec ,

des ifs entre deux cela eff fort nouveau. Il fe forme une
,

patte d'oxe au bout & en face de la figure, qui eft vûë


des allées du pourtour aufquels on a aflujetti les percés des
,

murs. Le biais de ce côté qui eft un mur tournant eft rache-


, ,

té parunepalliftade brouftaiilée derrière: l'endroit le plus épais


^ ^^^^^ ^^^"-^ ^l'y placer un berceau de treillage , avec un banc
i\ a en tout
g piJ„s gene-
cu face des falles &ç de l'allée du bois,
raux,donton On ne fe plaindra pas que ces jardins foient trop magni-
fi^l'-i^^ l'^'y ayant rien de plus fmiple
'
tant pour la diipolition
,
^ou't' arfuite*^'

kge, eft dans èc la grandeur de chaque pièce que pour la décoration , foie
,

kCKap.4e ae. figures , fontaines portiques , batimens, &c. cela pourra


,

contenter les perfonnes qui ont trouvé les delîéins |>récédeiis


trop riches &: trop compolés pour des particuliers,,
/

»
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DLcjjûJ'itîonyencfalc dun -Ma^^^^^'^^^pfnift(jucJarcltn totf.tr de IZtve^azù
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LA THEORIE DU JARDINAGE. 3P

CHAPITRE IV.

DIS PJRTEHRES ET
Plates-handes de différentes efpeces»

L'Origine du nom de Parterre vient du mot Latin Dîaîon. 3^


Partirl & félon quelques uns , un Parterre lignifie une J'Acadéxnic

plate & unie.


Fxancoife.
Aire
Les compartimens & broderies des Parterres font tirées ;Menage 4

des figures de Géométrie , tant de lignes droites que cir- ,

culaires , mixtes , &:e 11 entre dans leur compofition difFe-


rens deffeins , comme rinçeaux , fleurons , palmettcs , feuilles

refendues , becs de corbin , traits, nilles , volutes nœuds j ,

nailTancc , agrafFes , chapelets , greines, culots, cartouches,


attaches, feuilles tronquées, dents de loup ou trefîles , pana-
'

ches , compartimens , guillochis ou entrelas , enroulemens,


maiîifs& coquilles de gazon , fentiers , plates-bandes , &:c.
Qneiquefois on y joint des defTeins de fieurs , comme des
xolettes , oeillets , tulipes , &c.
On y mettoit autrefois des têtes de Levrettes, de Griffons
& autres animaux avec leurs pattes &; griffes i qui faifoient
'
un fort mauvais effet , &
rendoient ces Parterres très-
lourds, y vA.,.,v:.'
"

On veut prefentenient des deffeins tout differens , l'on &


prétend que la broderie pour être belle , doit être légère,
bien entendue , & fansconfufion , ce qui fait tomber fou vent
dans un défaut oppofé à celui ou l'on étoit autrefois , c'eft
qu'à force de vouloir faire les Parterres légers on les fait ,

tour dégarnis , &


d'une broderie fi maigre ôc fi mince, qu'elle
ne figure pas affés fur la terre , &
qu'on eft obligé de h
faire arracher quatre ou cmq ans après les traits de buis fe
,

touchant & fe confondant l'un dans l'autre. Il faut dans ces


fortes de chofes un jufte temperammentj en évitant également
40 PREMIERE PARTIE, Chap. ÎV.
la trop grande légèreté , comme la trop grande pefanteur
d'ornemens.
Il eftbon de prévenir le Ledeur fur l'idée que certaines
gens veulent donner, que des Parterres font des Pièces très-
difficiles à inventer de que ces moineaux demandent plus
,

d'attention & de fcience que les difpolîtions générales. Quoi-


que l'on convienne que les Parterres font les plus riches ôc
,

les plus délicates parties d'un Jardin , ils ne font cependant


que les parties d'un
beau tout , c eft-à-dire d'un Plan gène-
ral. Il enferoit -de même de dire qu'une chambre eit plus,

difficile à inventer èc à décorer , que tout un grand bâti-


ment, dont elle ne fait que partie, Ainfî l'on doit regarder
les parterres comme peu de chofe pour l'invention en çom- ,

paraifon des difpofitions ôc des dillributions générales des Jar-


din.
Tous les Parterres font à peu-près femblables ,matière
la
s'en trouve épuifée dans ^ ou 6 delTeins , on retombe toujours
dans les mêmes traits , & la forme en eft prefqu'ordinaire:
mais les difpofitions générales font toujours différentes, c'eft
la fituationdu lieu qui les régie elles demandent chacune
:

un génie nouveau qui fçache s'affujettir à leur nature en


, ,

corrigeant avec induitrie leur défaut, & profitant d'un heu-


reux emplacement: une preuve de cela c'elc qu'il n'y a pas >

deux Jardins qui fe reffemblent auffi parfaitement que le


font deux parterres lans avoir affecté de les faire reifem-
,

hier,
Peutêtre -quela raifonpour laquelle ces perfonnes font
lin miilere de delfiner &: d'inventer un parterre , c'eil qu'ils
ne font capables que de cela, 6c qu'un plan gênerai qu'un ,

Bofquet décoré les feroient échouer facilement fembla- ?

bles en cela à un Peintre , qui ne fçauroit deffiner qu'une


tête , fans pouvoir achever la figure entière C'eft peut-
être auffi par un plus grand befoin que les particuliers ont
d'avoir un parterre , que d'autres pièces qui ne peuvent
trouver place dans leur petit jardin , qui par là leur
paroiifent inutiles, infiniment au deffous des Parterres.
A^ refte , quand tout un Jardin eft bien inventé , bien dif-
pofé , 6c qu'il n'y a que le Parterre qui faffe un maur
j^ïs effet i il eft ^ifé de le faire arracher , les mêmes buis
i-eferviroftt
LA THEORIE DU JARDINAGE. 41
referviront à planter le nouveau defTein èc cette dépenfe
,

eft peu confiderable. Mais il n'en eft pas de-mênie d'un


Plan gênerai ou d'un grand Bofquet quand ils font une fois
,

plantés , ils ne fe peuvent changer , fans de très-groffes


de'penfes. On voit donc par là de" quelle confe'quence ileft
qu'une difpolîtion générale foit bonne. Il fe trouve un grand
nombre de Parterres pafFables , & même de bons , mais il
y a peu de difpodtions générales parfaites & bien raifonnées
par rapport à la nature du lieu il femble que l'on y ait tou-
jours quelque cliofe à délirer.
Il y a de plufîeurs fortes de Parterres , qui fe réduifent
aux quatre efpeces fui vantes > fçavoir , les Parterres de Bro-
derie , les Parterres de Compartiment , les Parterres à l'An-
gloife 5 & ceux de Pièces coupées: il y a ^encore les Parterres
d'eau , mais ils ne font plus d'ulagepréfentement.
Les Parterres deBiroderie font ainft appelles , à caufe que
le buis dont ils font plantés imite fur la terre la Broderie.
Ce font les plus beaux & les plus riches de tous , on les ac-
compagne quelquefois de maffifs & d'enroulemens de gazon.
Leur fond doit être fablé, afin de mieux détacher les feuil-
les èc rinceaux de la broderie , que l'on remplit de mâche-
fer ou de terre noir.
Les Parterres de compartiment différent de ceux de Bro--
klerie , en ce que le deflein fe répète par fimetrie , tant en
haut qu'en-bas & fur les côtés. Ces Parterres font mêlés de
malTifs & de pièces de gazon , d'enroulemens & plates-ban-
des de fleurs , avec de la broderie en petite quantité , mais
bien placée ce m élange forme un efFet très-agréable à la
vûë. L'on en doitlabourer le fond, fabler le dedans des feuil-
les , & Ton met du ciment dans le petit fentier qui fépare les
compartimens.
Les Parterres à l'Angloifefont les plus fîmples & les moin-
(dres de tous. Ils ne doivent être compofés que de grands
tapis de gazon tout d'tme pièce , ou peu coupés , & entou-
résd'une plate-bande de fleurs , avec un fentier ratifié de
deux ou trois pieds de large , qui fépare le gazon d'avec la
plate-bande , ^ que l'on fable , afin de les détacher. On lui
donne ce nom de Parterre à i' Angloife , parce que la mode*
m vient d'Anglcterrç,
,

4î PREMIERE P ARTIE Ch a p. ÎIL ,

Les parterres de pièces coupées ou de découpé ne font


plus gueres à la mode cependant ils ne lailTent pas d'avoir
,

leur mérite. Ils différent des autres , en ce que toutes les


Pièces qui les compofent y doivent être coupées par fime-
trie , & qu'il n'y entre ni gazon ni broderie , mais fimple-
ment des plates-bandes bordées d'un trait de buis , qui fer-
vent à élever des fleurs , & par lemoïen d'un fentier un peu
large régnant autour de chaque pièce , l'on peut fe prome-
ner dans tout le Parterre fans rien gâter. On doit fabler
tous ces fentiers.
Les Parterres de Broderie , comme étant les plus beaux
doivent auiîî occuper les principales places, & les plus pro-
ches du bâtiment, ceux de compartiment les doivent ac-
compagner, & les Parterres à TAngloife fervent à remplir
de grands lieux & dans les Orangeries on les appelle
:

alors Parterres d'Orangerie. Les découpés font bons pour


de petits endroits où l'on veut élever des Fleurs , ce qui s'ap-
pelle auffi Parterre Fl eurifle.
Onpeut difpofér les Parterres de plufieurs façons feloo
,

îe lieu , fbit en les coupant en deux longues pièces répétées


avec une allée dans le milieu , ou en ne faifant qu'un feul
tableau de broderie , avec des allées fur les côtés ou hïm
:

en les coupant par des allées diagonales , en quatre pièces


qui forment une croix de faint André , quelquefois auiïî eiï
demi-croifée cintrée par un bout: on en verra des exem-
ples dans les Planches fuivantes.
La meilleure manière d'inventer un Parterre , c'eft de lui
donner une figure & une forme convcnAUc au lieu ôc aux
Bâtimens, en ne le coupant pas par exemple en deux pièces >
quand le terrain par fon peu de largeur ne pemiet que d'en
,

faire une feule car c'efb gâter la place 5 ou en difpofant foû


,

Parterre en croix de faint André , quand la fortie du Bâti-


ment eft dans les Pavillons , afin que chaque allée diago-
nale vienne enfiler les portes.
Comme la vraye place des Parterres eftprès du bâtiment
leur largeur doit être de toute la façade du corps de logis
& même à l'égard de leur longueur , elle ne doit
plus large :

jamais pauer une j uftc proportion pour le coup d'œil , de


manière quoi; en puiffe. découvrir toute la Broderie , &^
LA THEORIE DU JARDINAGE. 43
tons lesCompartiraens étant proche da Bâtinient cette :

longueur aura deux ou trois fois la largeur , car ils fe ra-


courciffent toujours affe's à la vue , & les formes un peu lon-
gues font mieux fur le terrain , que celles qui paroiffenc
quarrées. Les rinceaux ne feront pas fi longs afin que la ,

vûë ne perde pas tout d'un coup l'intention générale de la


Broderie , ainfl dans une grande pièce l'on coupera le def-
fein par des Cartouches , des Malfifs & Coquilles de gazon
pour interrompre cette grande longueur il faut toujours :

que la principale naiffance des rinceaux , des palmettes ,


&c. forte 5 avec quelque efpece de raifonnement , & fans
confulîon , des agrafFes des enroulemens & volutes des côtés,
ou des fleurons ôc cartouches du milieu iorfqu'il la faut :

chercher cela fait un mauvais effet.


Qiiand ces principaux traits font placés , le refte du ter-^
rain fe remplira de nilles , de graines , d'agrafFes , culots
adoflés contre les plates -bandes &: Cartouches 5 en forte que
-ne laiffant pas de grands vuides , le Parterre fe trouve efpa-
cé également par tout. Si l'on vouloit bien faire on y met-
croit peu de gazon , qui eft d'un entretien continuel. Dans
de petites pièces on peut faire au lieu de Maffifs gazonés ,
,

deux doubles traits de buis 3 dont le fentier foit de fabla


rouge j & le milieu de terre noire ou de mâchefer pour dé-
tacher, mais c'eft la manière de mettre beaucoup de gazon
préfentement , & il y a des gens qui ne trouveroient pas un
Parterre beau fans gazon c'eft une pure prévention , il y a
:

de beaux Parterres où il n'y en a point > d'autres où l'on eft


obligé d'en mettre abfolument , pour rompre la trop grande
portée desrainceaux.
Il faut remarquer qu'on ne laifïe plus monter le buis û.
haut préfentement , &
qu'on ne met plus de grands ifs 6c
arbrifléaux dans les Parterres , parce qu'étant très difFerens
des bois& des allées de haute-futaye , qui font le relief des
Jardins , ils doivent être plats , unis & dégagés comme des
lieux découverts j quand on y mettoit de-- ces grands ifs , un
Parterre reffembloit à un bois , ofFufqiioit la vûë , &
cachoic
ia beauté des Bâtimens , qui en font ordinairement voifîns.
Âinfi il ne monter ces
fautlaiifer if$ & ces arbriifeaux qu'4
crois ou quatre pieds de hauteur^
,,,

44 PREMIERE PARTIE, Chap.IV.


Les Parterres font encore très-difFerens des autres par-
ties d'un Jardin , en ce qu'ils font plus beaux dès le pre-
mier jour qu'ils font plantés que dans la fuite il n'y a que
le grand entretien & les foins continuels que l'on
y ap-
porte , qui puiflent faire éviter ce décroiffement de beauté :

car les buis en groffiffant font perdre la délicatefle du def-


fein , les terres gâtées par les ravines ne font plus de ni-
veau, les fables de couleur s'efFacenten fe mêlant avec la terre
dans le ratifTage & les gazons deviennent moùffeux. Il faut
,

donc entretenir le buis très-bas , le tondre proprement deux


fois l'année , fans que le contour en foit altéré par une main
mal adroite , que les fables foient fouvent renouvellés
pour marquer & détacher mieux la Broderie j êc fur tout
que les gazons foient fauchés & bordés chaque mois , &: ou-
tre cela changés tous les trois ou quatre ans. Voilà le mé-
,

rite des Parterres &


en quoi confifte leur principale beauté.
,

Ce ne font pas ordinairement les morceaux les plus négli-


gés dans un Jardin , ils font trop près des yeux du Maître
pour cela.
Les plates-bandes des parterres fervent à les entourer 6c
enclaver , afin d'empêcher qu'on ne les gâte en marchant
dedans. Elles leur fervent encore d'ornemens par les ifs , les
arbriffeaux &
iîeurs qu'on y élevé. On leur donne ordinai-
rement quatre pieds de large pour les petites, cinq à fix &
pour les grandes on les drefle toujours en dos d'âne , n'é-
:

tant pas agréables à la vuë quand elles font plates elles :

font bordées ordinairement d'un trait de buis , mais dans


les pièces coupées j on les entoure fuuvent de marguerites
ftatifées , penfées , mignardifes , &c.
Il y a de quatre fortes de plates-bandes. Les plus ordinai-
res font celles qui font continuées tout au tour des Parterres,
fans aucune interruption , qui font labourées eud'os-d'ane,
& garnies de fleurs, d'arbriffeaux ôc d'ifs.
La féconde efj^ece eft un^^plate-bande , coupée en com-
partimens d'efpace .en efpace par de petits palTages , on l'or-
ne aulTi de fleurs , d'arbriffeaLix , & elle eft en dos-d'âne.
La troiliéme efpece , font des plates-bandes tout-unies Se
yiates , fans amcune fleur ^ ayec Amplement unmalîîfdega-
LA THEOR.IE.DU JARDINAGE.^ 45
ion au milieu bordé de deux petits fentiers ratifies & fa-
,

blés. On les orne quelquefois d'ifs & d'arbriffeaux , ou bien


de vafes , de pots de fleurs pofés fur des dez de pierre , &
placés par fimetrie au milieu du mallif de gazon.
Les plates-bandes delà quatrième efpece font toutes nues.
& fimplement fablées , ainfî que dans les parterres d'Oran-
gerie: ce font les cailTes rangées parfîmetrie , qui remplif-
fenc ces plates-bandes qui du côté des allées font bordées
,

d'un trait , &


de l'autre par les tapis & pièces de
de buis
gazon du parterre. Quelquefois on plante des ifs entre cha-
que caifTe , pour rendre ces plates-bandes plus riches , èc
les parterres plus beaux pendant le teins que les caiiîes font
ferrées.
On voit aulîî des plates- bandes adoffécs contre des murs ,
bordées d'un trait de buis , & remplies de grands arbres ,
jcomme des tillots , marroniers , entre lefqucls on met des ifs,
des arbriffeaux &
des fleurs de la grande efpece.
On fait des plates-bandes droites , circulaires , & à pans,
dont on forme des volutes , des enroulemens , des maffifs &
autres compartimens.
Les Fleuriftes font encore des plates-bandes ifolées ou ,

le long des murs , qu'ils entourent de bandes de menuiferie


peintes en verd , ce qui efl: d'une tres-grande propreté. Ils
«'lèvent là-dedans des fleurs très-rares 5 mais & très-belles
c'eft ce qu'il ne faut pas rechercher dans les grands Par-
terres où l'on doit fe contenter de les bien garnir de fleurs
,

de difl^erentes faifons , qui fe fuccedent les unes aux autres ,


fans aucun vuide > comme on le verra dans la troifîéme
Partie.
On ne fait plus régner préfentement les places-bandes
fur le devant &
en face d'une Maifon , afin que les arbrif-
feaux &
les fleurs ne cachent point la broderie la naif- &
fance d'un Parterre , &: qu'on puiflTe mieux juger du delTein.
On y fait quelquefois fortir des feuilles , des palmettes ôc
des coquilles, qui jouent fur le fable 3 mais cela efl:fuj@t à
fe ruiner , n'étant point' fermé d'une plate-bande , qui em-
pêche de marcber delTus.
Les fentiers des Parterres ne font point faits pour maf-
clier j c'efl feulement pour détacher les pièces de compar-
F iij
46 PREMIERE PARTIE, Chap. IV*.
timens n'y a que dans les Parterres de pièces coupées
, il

où les rentiers étant plus larges , peuvent fervir à la prome-


nade.
Les ux premières Planches reprefentent en grand les
mêiTio, aeffeinsde Parterres que ceux qui font marque's en
,

petit ,dans la première Planche des Difpuiations générales >


Chapitre précédent.
La première Planche qui fuit , eft un grand Parterre de
broderie mêlée de maffifs de gazon , entourée d'une plate-
bande de fleurs garnie d'ifs , &
d'arbriffeaux. Ce delTein
quoiqu'il ne foit point coupé dans le milieu étant tout en-- ,

tier , efl ici répété de l'autre côté, avec une contre-ailée


d'arbriflcaux d'ifs &
êc un grand baffin au bout
, ce que :

l'on pratique quand la place eft un peu large. La volute que


l'on voit à l'un de fes angles paroîtra fans doute extraor-
,

dinaire mais quand on confultera le Plan generaLPigure 1 =


:

Chap. 3 e d'où on l'a tirée l'on verra le bon effet qu'elle fait:
,

avec la répétition de celle du Parterre de compartiment


à côté. L'on pourra retrancher cette volute angulaire , fi
l'on feferc de ce delTein pour une feule pièce, en y ajou-
tant quelque feuille , & en cintrant la te te pour former
une allée circulaire autour du baffin. Les maffifs èc les enrou-
îemens de gazon rejettent fort à propos toutes les feuilles
palmettes de cette broderie qui fe découvre aifçment par
.

l'interruption de la plate- bande îur le devant,


La féconde Planche fait voir un long Parterre de corn-
partirnent avec un baffin dans le milieu , entouré d'une
,

plate -bande coupée , ainfî que celles des côtés où viennent ,

fe joindre les enrouleniens des autres plate-bandes , qui


forment le compartiment, Le refte eft rempli de coquilles,
de pièces de gazon , &
aux deux extrémités de cartouches ,

de broderie qui font un mélange fort agréable. Il fort


,

encore de petites palmettes & des culots, de tous les en-


rouiemens des plates- bandes le fond de ce Parterre eft

fablé & les fentiers font en ciment. Il eft accompagné d^


,

deux allées d'arbrifleaiix ifoiés , Sç de quatre vafes aux en-


coignures.
Le Parterre de la troifiéme Planche eft des plus magnifi-
ques i il eft auiii de compartiment 5 mais il ne p€uç s'exe*
LA THEORIE DU JARDINAGE. 47
èuter que dans une grande place quarrée. Il eft compofé de
quatre cartouches de broderie dans fes faces , de co- &
quilles de gazon dans fes quatre angles le tout fablç de,

différentes couleurs , & de buis. Au mi-


bordé d'un trait
lieu efl un baffin entouré d'une plate-bande coupée garnie ,

d'ifs & d'arbriffeaux , avec des pots de fleurs pofés fur des
dez de pierre. Les plates - bandes du tour font interrom-
pues en face de chaque cartouche , & forment des volutes
dans les angles. On a fuppofé au bas de ce parterre , un
talus de gazon bof dé haut &
bas d'un rang de caiffes èc
d'ifs 5 avec un efcalier de pierre dans le milieu , orné de fi-
gures èc de vafes. L'échelle en fera connoître toutes les pro-
portions.
L'on voit dans la quatrième Planche un Parterre de bro-
derie coupé en deux pièces répétées & variées de deux fa-
çons. Il y a une allée dans le milieu , qui mené à un baffin
au deiTus duquel eft ime patte d'oïe percée dans un bois.
On pourra choifir de ces deux pièces celle qui conviendra
le mieux. L'explication des Parterres précédens doit affés
înftruire de ce qui les compofe.
La cinquième Planche repréfente un Parterre de brode-r
rie d'un goût très-nouveau. C'eft un grand tableau cintré
par un des bouts avec un baffin au-defTus. Le milieu eft
rempli de broderie, & de maffifs de gazon avec une plates-
bande autour , qui eft coupé dans toute la face d'en bas.
Il n'eft extraordinaire que dans fes extrémités. L'on
y voit
à l'une deux têtes de Dauphin , qui forment des enroule-
mens , d'où, les fcatîcrs & les maffifs prennent naiffance. La
face d'en-haut eft ornée d'un mafque de Griffon , avec des
ailes de Chauve fouris , formées par des côtes de gazon s
les feuilles de la broderie forment le nez , les yeux , les four-
cils la mouftache & l'aigrette deffus la tête de ce mafque.
,

Sa cravatte ou bavette eft exprimée parune coquille de ga-


zon. Les fables de différentes couleurs contribuent beaucoup
à détacher toutes ces petites pièces , qui font des merveilles
fur le terrain. Il y a déjadeux ou trois Parterres exécutés dan^
ce genre.
La fixiéme planche eft la plus remplie , clic contient trois
à^lïeias de Parterres de difeentes efpecesp celui de la pre-
,

4S PREMIERE PARTIE, Chap. IV.


îiiiere figure eft un parterre à l'Angloife, cefl:~à-dire, touf
de gazon , comparti en plufieurs delTeins , entouré d'une &
place-bande de neurs , çoupe'e en difFerens endroits , gar- &
nie d'ifs & d'arbriffeaux. Ce defTein pour n'être que de ga-
zon ne laiiïe pas c^'être a/Tés riche.
Le Parterre de la Figure eft de pièces coupées , ou d^e
découpé. Il efl: prefque quarré & cintré par le haut avec
,

un baffin j Tes angles font échancrés avec des ifs. Il eft


compofé d'un Ovale ralongé dans le milieu , & de car-
touches aux quatres coins , avec des volutes coquilles qui &
font toutes coupées en diiFerentes pièces , formant des pla-
tes'bandes ornées de fleurs & d'arbriffeaux , placées par il-
,

metrie. 'toutes ces pièces font entourées d'un trait de buis


& d'un (large fentier rati{ré qui vous conduit tout au tour
,

faiis rien gâter. Il y a encore de petits fentiers autour de


l'ovale , & des quatre cartouches qui doivent être fablés de
rouge.
La 3 e Figure fait voir ce qu'on peut faire de plus beau dans
un petit parterre d'Orangerie. Çeft un quarré long cintré
dans les deux bouts , où l'on voit deux ronds de gazon avec
des Figures : le miUea eft rempli d'tuie petite pièce d'eau. Ces
trois pièces font entourées d'un fentier 3c d'un trait de buis ,

qui forme avec celui du bord , des plates bandes s régnantes


auffi autour des ronds de gazon. Ces plates- bandes font fa-
blées ôc tout unies : elles font garnies d'ifs , entre lefquels
on place les caifTes d'Orangers , dejafmins , de Mirthes ,
de Lauriers , ôcc. qui doivept s'aligner fur les deux rangs
des côtés,
La 7^ ôc dernière pUnche renferme trois petits Parterres
convenables à des Jardins de Ville , dont on trouve des dif-
pofîtions entières & toutes différentes Les
. murs & les pla-
ces en font biaifées extraordinairemént , afin de faire voir
çomnient on peut corriger ces défauts dans de petits Jardins
où ils deviennent plus fenfîblesque dans de grands Jardins de
Campagne, L'on fuppofeque ces biais fonc caufés par l'aligne-
ment des rues , & que les Parterres font placés à la defcente da
Bâtiment. L'échelle leur eft commune.
La I Figure offre un Parterre d'un Compartiment très-
délicat ? avçc une Figure dgns le milieu > quatre .vafes à
au^
LA THEORIE DU JAPvDINAGE. 45
aux encoignures. Le biais des murs des côtés , eft rachecé
par des plates-bandes de fleurs», qui viennent mourir a rien
de part &
d'autre. A
l'égard de celui du fonds, on ya ajuf-
té un Portique de treillage des plus riches avec des bancs &:,

des figures en face de chaque trouvé un petit re-


allée. Il s'ell
tour qui faille alTés pour y avoir pratiqué une ferre pour des
fleurs , ou il l'on veut , une falle de bain ou une volière.
On trouve dans la 2^ figure une place fort irréguliere ,
èc ilïr des fens tout différents le coude que l'on voit au
:

bout efi: fauvé par une charmille brouilaiilée par derrière ,


qui fuivant r.inégaiité du mur , eft néanmoins coupée régu-
lièrement de piufieurs pans &
retours qui forment une falle ;
ôc dans la pomte un cabinet de verdure l'on y voit deux j

bancs avec une figure ifolée , qui font ailés bien le refault de; :

la façade du Bâtiment , &


la largeur fur le côté , ont donné
occajfion d'y planter une allée , pour gagner le biais de ce
terrain : il n'y a de l'autre côté qu'un rang d'arbres, der-
rière lefquels la place eft drefTée par le u-ait de. buis de
la plate- bande. La broderie de ce Parterre efl: fort mignone
& fort légère, on l'a accompagnée de deux bandes de ga-*
zon, ou font pofés par fimetrie lur des dez de pierre, des
v^^es de faïance remplis d'arbrifieaux & de fleurs de faifon^
-dontrafped: efl: fort agréable & moins commun que des ifs.

Le Parterre de la Figure efl tout d'une pièce , de me-


me que les deux autres le peu de largeur de ces empla-
,

cemens ne permettant pas de faire deux pièces le deflein :

en devient gracieux le dedans des enrouîemens & des fen-


j

tiers qu'on a fa if an (îi régner autour du Baffin doivent être ,

fables en rouge , pour fe d.ei.<i,Uier du fonds. Ce baffin efl en-


clavé exprès dans le Parterre j afin de gagner du terrain. Ou
a ménagé au-'deffus deux petites pièces de gazon entourées
de marronier^ , qui donnent un couvert fort agréable dans-
toute cette demi-lune occafionnée par la diipofition des
murs du fond. Les autres biais fur les a^les font redrelfés
par une paliflade delà hauteur des murs dans laquelle on ,

a pratiqué des renfonceraens pour des bancs ainfi qu'on le ,

voit en face du baffin & à la defc.entedu bâtiment: un de ces


bancs fe trouve defl'ous un petit berceau de verdure.
évitera de remplir de. marguerites ou de fiatiféesile
G
,,

50 PREMIERE PARTIE, Ch a p. î V.
dedans des palmettes & des
rinceaux de broderie , comme
la mode s'en efl introduite
prefentement cela eft oppofé au :

bon goût , èc ne convient qu'à des maffifs des fentiers , des ,

coquilles & cartouches pour varier , &


faire oppofition avec
ceux qui font gazonnés.
Il ne faut pas manquer de fabler
ces parterres de difFeren-
tes couleurs , c'eft ce qui en fait la beauté. L'on fe fervira
de cmient pour le rouge de terre noire, de limaille ou mâ-
,

chefer ou de charbon battu & pilé pour le noire &:


,
de fable ,

ordinaire ou de fablon pour le blane & le jaune.

^
Pour eonnoître fur les Planches les endroits qui doivent
être fables en rouge, en noir, & en jaune
3 l'onobferveraque
tout cequi eft pointillé marque le fable ordinaire
i & ce qui
eft exprimé par de petits points plus ferrés
comme dans les ,

fentiers autour des maffifs , eft de la terre rouge ou du ciment.


Le dedans des feuilles de la broderie , eftrempli de limaille
ou de mâchefer, ce qu'on connoîtra par des lignes croifées
Le gazon des maffifs & des coquilles, eft dif-
l'une fur l'autre.
tii^gué par des lignes droites entremêlées de petits points.
^

.
I ChaqueParterre a fon échelle particulière , qui fera ju-
\
l'étendue &
de la dimenfion de toutes les parties qui
! le compofent. On peut cependant en changer les proportions
en élargiffant , allongeant ou diminuant ces Parterres fui-
vaut la place qu'on aura mais cette augmentation ou di-
:

minution fe doit faire avec beaucoup de difcernement , 6c


ne doit pas être fort confidérable , comme de la moitié
par ce que cela changeroit tout le deiTein , & en altereroit
la grâce. Il faut là-delTus confulter l'v^ii de quelques gens
connoilTeurs Ôc de bon goat 3 car fouvent d'une bonne chofe
l'on en fait une fort mauvaife.
On croit que ces fept Planches, qui renferment douze
Parterres pourront fuffire pour donner l'idée de toutes leurs
,

On n'a pas voulu en mettre davantage à caufe


ïk fe roiï
veiu chez'T" g^^^^.^ i'ionabre de Parterres gravés qu'on a déjà donné
Sx Mariette, Public.
\
r
î^iafzche B - H '

3Tat-
.

e^'xcu^it^
^1
1

r
LA THEORIE DU JARDINAGE. 51

CHAPITRE V,

DES ALLKES CONTRE-ALLEES , ,

& Palijfades.

comme les rues d'ane


LE s

Ville
,
Allées dans les Jardins font
de communication
elles fervent d'un lieu à uiî
autre , & font comme autant de guides & de routes pour con-
duire par tout un Jardin. Outre l'agrément ôc la commodité
que les Allées offrent fans cefle pour la promenade , elles
font une des principales beautés des Jardins , quand elles font
bien pratiquées &
bien dreffées.
On diftingue de plufieurs fortes d'Allées , lés couvertes^
les découvertes ,les Allées funples Se les doubles
, les Allées

blanches &
les vertes.
Les Allées couvertes font celles qui font formées par des
arbres ou des Paliffades , qui fe joignant par en haut , empê-
chent la vue de découvrir le Ciel, &
par leur obfcurité
caufent une fraîcheur impénétrable aux ardeurs du SoleiL
On doit moins donner de largeur aux allées qu'on veut
couvrir qu'aux autres 5 il faut alors moins de tems aux ar-
bres pour s'aprocher &
fe joindre par en haut. Ces allées ont
ieur agrément dans les grandes chaleurs , puifqu'on s'y peut
promener à l'ombre , même en plein midi.
peuvent divifer en deux efpeces
Les allées découvertes fe
fçavoir les allées des Parterres , des Boulingrins des Pota- ,

gers 5 gcc. qui ne font formées que par les ifs ôc les buiffons
des places-bandes j ôc les * Allées , qui quoique plantées de
grandes paiilTades ôc d'arbres de haute futaïe ne lailfent , appelle^ suffi
^^^^^
pas d'être découvertes par enhaut , foit en arrêtant les pa- ^^i^^tV^
iiffades à une certaine hauteur , ou en élaguant les arbres des
deux côtés , en forte qu'on y puiiTe refpirer la douceur de
l'air,
'

^ C'eil une règle générale de découvrir les principales allées^.


Gi] \
'5^ PREMIERE PARTIE, C h A p. V.
comme les en face d'un Bâtiment, d'un Pavillon , de
allées
Cafcades , &c. 6c même il les faut tenir plus larges que les au-
très aSn que du bout d'une allée on puiffe voir une partie de
,
^

Ai^cdfsTui-
façade d'un Bâtiment ou autre bel afpect il n'y a rien de fi
:

lerics eft fi dcTagréabic dans une allée , quand vous êtes au bout , de ne
couverte,qu'i y^jj. q^'^ peiuQ la porte du veftibule d'un bâtiment. Il ne faut
peine decou- , .rr ^ • f , , r
vre-t'oti du /S-iiicr couvrir que les contre-aliees , pour former comme
tout, la porte <ieux berccaux de verdure , & les allées qui font dans des en-
'i^o^'^s de peu de conféquence , & ou il n'y a aucun point de
v-niolTccqui
cft très-défe- vûë confidérable.
allées fmipîes font celles qui ne font compofées qtre
^'-ntdêsmî-
ronnicrs qui de deux rangs d'arbres ou de paliffades à la diiTerence des
,

ont été mal Allées doubles qui en ont quatre , qui forment trois Allées
conduits,
jointes enfemble , une grande dans le milieu & deux de cha-
que côté 5 qui l'accompagnent , & que Ton appelle contre-
Allées. Les deux rangs du milieu doivent être plantés d'ar-
bres ifolés , c'eft-à-dire qui ne foient point engagés dans
,

quelque paliiîade , & autour defquels on puilTe tourner , &


les deux autres rangs doivent être garnis éc bordés de palii^
fades. Comme les allées doubles font eflimées les plus con-
sidérables , elles occupent auffi les plus beaux endroits des
Jardins.
On ne met plus d'ifs & de pièces entre les arbres ifolés
des allées doubles , car ils empêchent en quelque façon Is
pafTage i l'on fe contente d'en mettre entre les arbres planâ-
tes fur des terraiTes , â caufe du bel eiîet que cela fait d'en-
bas.
Les ne font autre chofe que des allées
allées blanches
toutes fabiées que au lieu que les
l'on ratilTe entièrement
,

allées vertes font prefque toutes femées en gazon , à l'ex-

îî fc voie ception des deux ienticrs ratilTés le long des palifTades elles :

beaucoup de fervent dans les endroits écartés pour épargner le grand en-

Jardins Êauts A l'cgard des noms & des figures airrerentes des allées , on
les peut tous renfermer dans ceux-ci Ailée paraielle, Allée
:
M-^doi/^^^
droite, Allée de traverfe , Allée tournante ou circulaire , Al-

lée retournée d'équerre , Allée diagonale ou de biais par rar


port au trait quarré.
On peut encore dillingaer de deux fortes d'Allées par 1^
LA THEORIE DU JARDINAGE. 53
jRtuâtion où. elles fe trouvent i les Allées de niveau > & les
en pente ou rampe douce. Rarement une Allée eft
A.lle'es
d'un parfait niveau , l'on y pratique toujours une petite
pente imperceptible pour écouler les eaux: cependant il s'en
trouve qui font parfaitement de niveau 3 comme les Allées
d'un Mail , & celles qui font au tour d'un Parterre ou d'une
pièce d'eau.
Les Allées en pente ou rampe douce font les plus ordi-
naires : elles doivent être drelTées de manière qu'on ne foit
point incommodé en fe promenant , par leur pente qui doit
être imperceptible •.
quand elle efl trop roide , elle blelTe le
coup d'œil , &
devient fort fatiguante en marchant. Cette
pente ordinairement ne doit jamais palTer trois pouces par
toife 5 de peur d'être gâtée par les ravines. C'elt la meil-
leure règle qu'on puille fuivre pour les bien drelTer néan- :

moins quand le terrain ne permet pas de la fuivre & qu'on ,

eft obligé de s'en écarter de beaucoup comme dans une


,

Allée qui defcendroit le long d'une Cafcade , alors on re-


médie à cette grande roideur par des arrêts 6c des marches Ainfi qu'on îe
de gazon pofés en zic-zac , appellées chevrons , que l'on JcCafcadeX
fait traveri'er l'allée d'efpace en efpace , ou bien par de pe- Sceaux,
îits arrêts faits de planches de bateau , qui n'excèdent pas
l'Allée de plus de deux pouces , lefquels retiennent les eaux
de les rejettent des deux côtés. C'eft par ce moyen qu'on
les peut entretenir propres.
On obiervera pour l'écoulement des eaux , de tenir îe
jLiilieu des Allées un peu élevé > afin que l'eau s'écoulant
des deux côtés > n'ait point le tems de gâter le niveau de
l'Allée cette eau par ce moyen ne deviendra pas inutile, elle
:

jervira à arrofer les paliirades , les plates-bandes & les arbres


des côtés. A l'égard des Allées de niveau 5 comme celle d'un
Mâ'û , ou des Ailées qui font très-larges , &
dont on ne peut
xejetter les eaux des deux côtés , on ell- obligé pour les égou-
ter 3 d'y conftruire dans le milieu des puifarts bâtis de cail-
loux & de pierres feiches.
On doit proportionner la largeur des Allées fuivant leur
îongueiu' 5 c'eft ce qui en fait la beauté. Nous avons eu d'ha- Is Ndtrg,-

biles gens dans le Jardinage, qui ont manqué à cette juile Bouticouj^
pro^oxtion eu donnant trop de largeur aux Allées par rap*
54 ^
PREMIERE PARTIE, Chap. V;
port à leur longueur. On
peut tomber dans un défaite
contraire , en faifant les Allées trop étroites Une Allée :

par exemple de loo toiles de long , qui n'auroit que deux


ou, trois toiles de large , feroit trés-defeclueufe , 6c ne
paroîtroit qu'un boyau , au lieu que cette Allée ayant cinq
ou de large , deviendroit très-belle & bien pro-
lîx toifes
portionée, fuppofé cependant qu'elle fût fimple? ainfi les
Allées de 200 toiles de long, auront fept à huit toifes de
largeur celle de 300 toifes , neuf à dix , & celles de 400 ?
:

dix à douze. Voilà à peu-près leur jufte proportion , à moins


qu'elles ne foient doubles , car en ce cas elles doivent pref-
que doublei'^n largeur.
Voici des obiervations qu'il efl: bon de faire au fujet de-
la largeur des Allées , bordées de jeunes PalilTades , qui par
leur hauteur , contraindront un jour , &: referreront trop la
vûc ce qui rendroit alors l'Allée trop étroire , ou bien ces
:

palilTades Se arbres des côtés , en groffilTant & épaiffijGTant ^


occuperont dans la fuite deux pieds de chaque côté chofe :

inévitable , & qui rétrécit encore confîdérablement une Al-


lée. Ce font ces petites rembarques qui doivent engager les
gens du m.étier , à confidérerce que deviendront les Allées
étant anciennes , & ne les pas regarder telles qu'elles font
d'abord , car un vieux plan eft bien différent d'un nouveau-
Un peu plus de largeur remédiera à tous ces petits inconve-j
lîiens.
On n'eft pas obligé à obferver toutes ces chofes pour la
longueur des Allées , qu'il faut prolonger tant qu'il fera pof^
fibie , elles ne peuvent jamais être trop longues.
La proportion doubles , cfl
la plus ordinaire des Allées
de donner la moitié de la largeur générale , à l'Allée du mi-
lieu , ôc de divifer l'autre moitié en deux pour les contre-
Allées , qui doivent fe rapporter à la grande: par exemple
à une Allée de huit toifes de large , l'on donnera quatre toi-
fes à l'Allée du milieu, èc deux toifes à chaque contre-
Allée , à une de douze toifes , fix pour l'Allée du milieu
troispour chaque contre- Allée , à une de feize toifes, huic
pour le milieu , èc quatre pour chaque contre-Allée. Sui-
vant ce calcul on peut tout au plus diminuer une demie
toife de largeur aux concre- Allées , quand on n'a pas alTél
LA THEORIE DIT JARDINAGE. 55
ou bien dans les Allées doubles en face d'un Bâ-
(déplace,
timent ou d'une Cafcade , en tenant l'Allée du milieu plus
,

large de ce qu'on diminue fur les contre- Allées afin qu'on


, ,

découvre plus aifément du bout de l'Allée la beauté de cette


vue.
On ne doit nullement approuver les Allées doubles, dont
les contre Allées fortant de cette règle font fi étroites qu'à
peine deux perfonnes peuvent s'y promener de front. Sur-
Ain fi que U
<[uoi l'on dira qu'il faut environ trois pieds de large pour un
grande Allée
homme ainfi dans la largeur d'une toife , deux perfonnes
: de maioniers
fe promènent de front fort à l'aife S>c par conféquent dans
du Liiseci-
,
bourg.
une Ailée de deux toifes de large quatre perfonnes mar- ,

chent fans fe toucher.


A l'égard des Allées de bofquets éloignés & du pourtour ,

d\m parc qui n'ont aucune enfilade ni alignement princi-


,

pal , il n'efl pas nécelTaire de les faire fi larges , comme étant


des endroits peu fréquentés, &
qui ne paroiffent pas tant à
la vûë-
Quelques perfonnes prétendent , que dans une Allée très-
longue, comme de trois à quatre cent toifes , on peut l'é-
largir de quelques toifes dans une des extrémités pour évi. ,

ter l'effet de la perfpedive qui en rétrécit la largeur confi-


dérablement , cela ne devient pas fenfible fur le terrain.
Le plu5 grand entretien d'un Jardin font les Allées
l'herbe y croifTant fans cefTe c'efl pourquoi le Jardinier :

doit avoir grand foin de les tenir toujours bien nettes 6c


bien propre. Il fe fervira de ratiffoire pour les petites Al-
lées , & d'une charrue pour les grandes : enfuite il les repaf-
fera avec le râteau , &
les baliera quand il s'y trouvera des
,

feuilles &: des ordures. Tout ce qu'il doit obferver dans cet
ouvrage , c'efl de choifir un tems qui y foit propre c'efl-à- ,

dire , un tems qui ne foit point trop fec


, parce qu'alors la
terre étant trop terme j il ne feroit que couper les herbes Les Kerfeeâ
dans la fuperficie , & en laiileroit les racines
en terre , qui
les
ficiles
plus
A
dif-
dé-
repoufTeroient encore plus vivement. Il ne faut pas auffique truire, font le

le tems foit trop mou , parce qu'en coupant les racines , la chien-dent &
le lizeron à
terre ou le fable qui en efl proche s'enleveroit aufîî , ce qui caufc des ion-
,

gâteroit l'Allée. gues racines


qu'elles pouf-
Pour éviter le grand entretien des Allées, qui ont beau- feat en lerrg.
5

5^ PREMIERE PARTIE, Chap. V;


coup de largeur , &
qu'on feroic trop longtems à ratifTef J
on y pratique des tapis de gazon dans le milieu ? qu'il faut
faucher fouyenc pour la propreté.
Quant à ce qui regarde la manière de bien drelTer les'
Allées & les mettre de niveau , l'on renvoyé le Ledeur ci-
après au Chapitre i de la féconde Partie , où ileneft parlé fort
amplement. On en fera autant pour la manière de planter
& d'élever les Arbres & les palilTades des Allées , dont il
ciï traité dans les Chapitres 2 & ? de la 3c Partie.
Venons à la manière de fabler &
de baçtre les Allées ;
qui eft le plus fur moyen de remédier aux herbes qui
y
croiffent , ôc d'empêcher les traînaffes de Taupes , qui fonc
les ennemies jurées des Jardins aufquelles on trouvera Is
,

fecret de remédier , aulFibien qu'aux autres infedes& ver*


mines , dans la 3^ Partie,
La meilleure manière de fabler les Allées, eftde faire une
aire de recoupe de pierre de taille, qui fe pratique ainfi ;
On met dans le fond des terres qu'on a ôtées , cinq à iîx
pouces de hauteur de grolTe recoupe, que l'on arrange 6c
que l'on bat groffierement ? on étend par defllis environ deux
pouces de menue recoupe paiTée à la claye , on bat le tout
,

à trois volées, e'eft à-dire trois fois , &


l'on arrofe à cha*
que volée 5 enfuite l'on répandra le fable que l'on battra en*
çore. Quand on met un lit de falpetre îur ces recoupes.
comme dans un Mail & dans les Jeiix de boule on les bat
i ,

huit à neuf volées fi l'on ne pouvpic point trouver de re-^


:

cotipe dans le Pays , on prendra des gravois des pierailles


que l'on arrangera dans le fond , avec un lit de terre par
(delTus pour faire corps , après cela l'oji jettera le fable que
l'on aura foin de bien battre auffi..
Cette manière de fabler & de battre les Allées , va à de
grandes dépenfes , & fait que dans lesMaifons particulières
on fe contente de bien battre la terre , ôc de répandre le fa*
ble par deflùs j enfuite les pluyes achèvent & contribuent
beaucoup à affermir ces Allées , ou l'on ne doit pas mettre
trop de hauteur de fablç, pour qu'elles ne foient pas û laf-
fantes , ni fi longtems à fe battre deux pouces de hauteur
,

font fuffifans.
CojîîiKp il n'j a point recoupa dans cçs Allées , 6c que
1^
LA THEOUIE DU JARDINAGE. 57
la terre eft fore proche du fable , les herbes y croifFent plu-
tôt que dans les autres joint qu'à force de ratilTer les ter-
, ,

res fe mêlent avec le (abîe & redeviennent pour ainfi dire, j

par ce mélange ^ de la pure terre.


Il y a de deux foi-tes de fable , le fable de rivière 6c le fable
de terre.
Le beau 8c le meilleur. Pour le
fable de rivière eil îe pkis
bien choilir, il le faut prendre un peu graveleux qui ne ,

foit ni trop fin ni trop pierreux , & fur tout un peu pefant,
afin que le vent ne l'enlevé pas û aifément. On palTe ce fa-
ble à la claye ou au gros fas , pour en ôter tous les cailloux
& le rendre plus beau.
Les Bateliers tirent le. fable de rivière avec des dragues
dans leurs bâtelets .mais tous les endroits de la rivière ne
, •

font pas propres à donner de beau fable l'on n'y trouve :

fouyent qu'un fablon fin & limoneux cela oblige a fonder ,

la rivière en bien des endroits, avant que d'en pouvoir trou-


ver de bon.
Le lable de terre , appelle ainfi , parce qu'on le tire des
terres fablonneufes , ne lailTe pas d'être bon , debienfabler &
les Allées : on s'en fert dans les Païs éloignés des rivières.
Ce que l'on au fujet des PalilTades , ne regar-
veut dire ici
de point la manière de
planter , dont on fe réferve à
les
parier dans la fuite. Il s'agit feulement ici de dire un mot
de leur beauté j & des différentes formes qu'on leur peut
donner.
Les Paliffades , par l'agrément de leur verdure , font d'un
tres-grand feco,urs dans les Jardins , pour couvrir les murs
de clôtures pour boucher & arrêter la vue dans de cer-
,

tains endroitsj afin de ne point découvrir tout d'un coup


rétenduë d'un Jardin , & pour corriger , racheter les biais
& les coudes des murs. Elles fervent encore à renfermer ,
à border les quarrés de bois , ôc à les féparer des autr es
pièces du Jardin , ce qui empêche d'y entrer que par les
Allées. -X

La forme la plus commune une grandedes Paliffades , eft


longueur & hauteur toute unie formant une muraille ou ,

tapiflerie verte , doiît toute labeauté confifte à être fort


garnie, fur tout par le pied , peu épailFe & bien tondue des
H
58 ^ PREMIERE PARTIE, Chap. V.
deux côtés à pie droit on les tond ordinairement en évantaiîs-
:
'

en rideaux èc en banquettes félon la nature du lieu. ,

Les eVantails & les rideaux ne font autre cliofe qué de gran^
des PalifTades très- élevées , qui, fervent à fermer à boucher &
des yûës &
des endroits défagréables , ou des féparations de
Jardin c'eft pour cet effet qu'on les appelle ainfi leur hau-
:
:

teur fera des deux tiers de la largeur de l'Allée , les Paliffades


fi hautes &
qui fortent de cette proportion , rendent les Al-
lées trop petites , ÔC par là défagréables à la vûë, qui y eft
trop relTerrée.
Sicependant on avoit deffein d'élever des Paliffades très-
hautes comme de
, à pieds on joindra les arbres de ,

haute-futaïe enclavés dans la PalilTade , avec la PalifTade


même en les tondant à pied droit devant & "derrière , de
,

forte que la Palrffade garnit jufqu'à 20 pieds , & l'arbre


forme le reâe. Et comme il feroit difficile de récéper par
deffus ces hautes murailles , on laiffera le bouquet des ar-
bres qui ne fait pas un mauvais effet. Il arrive quelquefois-
que CCS Paliffades fe dégarniffent par le pied , alors on
y
remédie en garniffant le bas avec du buis ou des ifs , fou-
,

tenus d'un petit treillage de 5 ou fix pieds de haut , ainfi


^ Veîfaiiîcs ,
qu'il fe voit dans beaucoup dejardins ^.
Mady pouj- Banqucttcs ce font des Paliffades baffes à hau-
,
S. Cloue, J> rr 1-
^^^^ aapui , qm ne doivent pas palier ordmairement 3 ou 4
• •
• -
1

&c.
pieds de haut elles fervent dans les côtés des Allées dou-
,

bles 5 où étant ainlî ravalées , elles n'empêchent point de


joiiir d'iine belle vûë entre les arbres elles deviennent dé- :

fagréables quand ellesn'ont que 2 pieds èc demi , & à 4 elles


font trop hautes , leur vraye mefure eft de 3 pieds & demi,-
L'on voit des Banquettes ornées d'efpace en efpace de pe-
tites boules échapées de la Banquette même , c'eft pour te-
nir la place des arbres qui font plantés dans les autres ces^ ;

fortes de Banquettes avec des boules fe mettent dans des


endroits où l'on ne peut pas planter de grands arbres & où. ,

il ne faut prefque rien pour accompagnement , à caufe de

la vue.
On peut encore pratiquer d'efpace en efpace des niches
& des renfoncemens dans les Paliffades , pour y placer des
bancs , des figures , des vafes des Fontaines > comme dan^
lA THEORIE DU JARDINAGE. 5^
ks bofquets & dans les bouts des allées ce qui fait le plus
,

grand mérite des PalifTades car alors leur verdure qui fert
,

de fond à ces figures , fontaines , &c , en relevé infiniment


la beauté , en les détachant , & les fait beaucoup valoir
par l'oppofition qu'elle y produit j mais dans les bofquets 6c
les endroits particuliers , comme les cloîtres , les galeries ,

les falles qu'on pratique dans les quarrés de bois , on perce


les palifTades en arcades & en portiques de différentes for-
mes j ces fortes de paliffades jfont encore un plus bel efFec
-que les autres. Voici toutes les formes les. plus belles &
les plus variées qu'on puifTe imaginer , fans fortir du bon
goût & de la pofiîbilité de l'exécution , on n'a pas voulu rif-
quer de donner ces morceaux d'invention , crainte qu'ils
rie paruffent trop extraordinaires à bien des gens , & même
impoffibles j on a mieux aimé en chercher des exemples exé-
cutés dans les Maifons Royales , &
dans les Jardins les plus
en réputation , que l'on a nommés exprès , afin qu'on les
puifTe aller vifiter fur le lieu pour fe guérir de fon incré-
dulité , & j uger de leur belle exécution.
Cette Plancherenferme fîx exemples dont le Ir efl à l'Ita-
lienne : la PalifTade eft tondue deffus de deffous , & laifFe
paroître les tiges des arbres à une hauteur convenable 5 l'on
s'en peut fervir à border une allée , ou quand on veut jouir
de la vue par deffus un Bois le deffous peut être planté en
:

quinconce, ainfi qu'il efl marqué ici ces fortes de Palilfa-


:

des font fort communes dans les Jardins d'Italie.


La 2 e Figure montre les arcades deLiancourt , où il
y
en a un grand nombre , cependant prefque toutes ferabla-
bles i elles entourent dans cet exemple un Canal & y font
un effet admirable par le miroir des arcades & des tru-
meaux dans Peau elles font plantées de tillots , dont la
:

tige découverte à 8 pieds de haut , l'arcade a environ 15


pieds , fans la bande de deffus qui a encore 2 ou
3 pieds de
haut: ces arcades doivent être peu épaiffes , au plus de deux
pieds & bien tondues régulièrement devant & derrière.
Les Paliffades delà 3e Figure font du Jardin de Chan-
tilli
: elles enclavent un grand cloître de verdure les tru- :

meaux en font garnis jufqu'au bas , ^ les arcades ne portent


pas de fond , mais fur une banquette à hauteur d'appui
»
fi ij
^0 PR-EMIEilE PARTIE, C h a r. V.
l'on â. fait desoQvercures aux. enfilades d'Allées. Au defTirs
de chaque trumeau , s*éleve un gros arbre,- foit tillot ou
orme, dont on laifle voir un peu de la tiee , le relie s'en^
tretient en grofle boule irréguliere c'eft-a-dire qu'on ne , ,

coupe que les branches qui s'emportent trop.


La 4e Figure eft de Trianon le deflein de ces arcades ,

eft fort inge'nieux


y ayant un cintre de verdure autour de
,

chaque arcade qui excède les trumeaux ce cintre efl: ce :

qu'on apelle Archivolte en terme d'Architedure entre deux :

cintres s'échape une boule d'arbre aflfés grofle , comme de


,

tillots: ou de marroniers dont les têtes font entretenues grof-


,

fîérement les trumeaux en font plus larges que ceux des au-*
,

très PalilTades, à caufe des têtes d'arbres qui fe logent entre


chaque arcade: il y a auffi une banquette, fur laquelle vien-
nent tomber toutes les arcades , hors dansl es enfilades d'Al-
lées OU' elles font ouvertes en forme de porte.
,

On voit dans la. 5* Figure un autre genre d'arcades qui


portent toutes de fond , c'eft-à-dire , toutes ouvertes en por-
tiques , les trumeaux n'ont que deux pieds de large , & for-
ment des montans en pilaftres par un , petit focle ep bas, & par
une Impolie à du cintre l'on a auffi taillé des
la naiflance :

Claveaux au delTus de chaque arcade, & de petites boules


régulièrement, tondues fur chaque trumeau. Les focks, Im*
;^oites & Claveaux làillent d'environ 2 pouces Cette Palif-
iade quoique. ifolée eft accompagnée d'un grand rideau de
, ,

verdure qui lui fert de fond , à la différence des autres ci^


deflus qui tranchent fur le Ciel.
Enfin la 6^ Figure repréfente la Paliflade d'un des Bof-
quets de Verfailles , nommé le Théâtre d'Eau 5 elle a quel-
que rapport à celle de Liancourt les trumeaux en étant ,

découverts À une certaine hauteur les arcades formées > &


de même, à l'exception des vafes ménagés fur chaque tru-
meau qui l'enrichiflent de beaucoup elle eft élevée fur une
, :

eftrade de gazon., cintrée dans le milieu elle a pour fond , &


ainfî que la précédente , un grand rideau de verdure le tout ,

eft planté en charmille > la magnificence Royale


y éclate
par les baffins &jets d'eau- pratiqués entre chaque arcade*
cela réveille infiniment cette belle verdure , mais on l'a mis
plutôt ici pour la reftemblance du' lieu que pour un exem-
ple à fuivre chés un particulier.
LA THEQRIE DU JARDINAGE. 61
'
On donne à toutes ces arcades pour jufte proportion de
leur hauteur , deux fois leur largeur, & pour plus de grâ-
ce encore , deux fois & demi plus elles font e'ievées 6c
:

mieux elles font ces arcades font belles à 15 pieds de haut


:

fur 6 ou 7 de large l'on élevé par deffus une corniche ou


:

bande plate de 2 à 3 pieds de haut , & les trumeaux auront


3 ou 4 pieds de large, plus ou moins, félon le deffein qui
réglera auffi la forme à la proportion des boules tondues
en forme de vafes s'il y a quelque corps faillant comme
: ,

i3n focle un Claveau , &c , ce ne doit être au plus que de deux


, .

ou 3 pouces».
Ces de'corations de verdure compofenr une efpece d'or-
dre d'Architedure champêtre , de même que l'on nomme
l'ordre ruftique d'une grotte , d'une cafcade il n'y a au-
:

cune difficulté pour les exécuter, ce que l'on connoîtra en*


core. mieux, quand on- parlera- dans la fuite de la manière
de. les planter mais il. y a de la fujettion
: &
de l'induftrieà
les conduire ôd à les bien élever pour leur faire prendre une
forme convenable 5 & c'eft en cela qu'on peut dire certai-
nement , que- l'art furpaffeda nature , qui efl: gênée ô^alTu-
jettie au génie du Jardinier. On fuit toujours l'intentionr
de celui qui en a donné le delTein qui les deftine à de cer-
,

taines figures , qu'elles n'acquièrent qu'avec le tems. Il eft


confiant que ces morceaux ont quelque chofe de furpre-
nant , & un air. de magnificence qui diftingue fort un Jar-
din ils conviennent principalement dans les grands terrains
:

où la conformité des Paliffades fatigue la vue , fi ellen'eft


réveillée par ces verdures extraordinaires , qui font en moin-

dre nombre par Tentretien continuel qu'elles demandent»,


tant pour les bois &
fils de fer , que parce qu'il faut tou-

jours palilTader , & les tondre quatre fois l'année , à la diffé-


rence des autrésPaliflades qui le font une ou deux fois tout-.
au plus.
Voilà ce qu'on peut faire de meilleur goût en fait de Pa-
& en même tems de plus riche & de- plus diftingue
liffades
dans le Jardinage. Autrefois on leur donnok mille formes ,.
*

Ti^oii!''^'
extravagantes , qui font encore fort en ufage dans les Jardins
^d'Italie&b d'Efpagnei l'on y formoit des hommes à che-
L^talTira,
y-al , des fangliers 3 des cerfs , des chiens , en un mot une chafle

tiiij
, ,

6z PREMIERE PARTIÊ,Chap. V.
entière. D'autres y tailloient des pyramides , des obelifques
& des boules , avec des enroulemens qui continuoient juC-
qu'au bout des PaliiTades. On en voit encore des exemples
aLoo. dans quelques anciens Jardins aux environs de Paris. Cette
HonflardicK,
SocfdicK ,
mode perfifte toujours en ^Hollande & en Flandre , où ces
î>

b Enguîcn defleins bizarres font plus en règne qu'en tous autres Pays :
Bruxelles
ce goût fmgulier ne regarde pas feulement les PaliiTades , les
les Fontaines & les autres parties
c s. James ,
Eofquets , les Parterres ,
Hamp con-
court,
de leurs Jardins s'en relTentent beaucoup les Angiois & les
:

d Yacobdal Suédois fuivent plus nos manières dans leurs Jardins î on leur
Droinlioltn»
a envoyé de nos delTeins , qu'ils ont aiTés bien exécutés 3 6e
de plus , ils ont fait venir des Architedes & Jardiniers Fran-
çois qui y ont laifTé de leurs produûions. Il fe trouve dans
t Straftourg. e l'Allemagne des arbres taillés & contraints
Savcrnc.
d'une manière
fort ingénieufe : l'on y pratique des falles élevées de terre
de 7 à H pieds que l'arbre même couvre par de{fus & des
cotés , avec des arcades percées autour. Le bas de la falle
eft plancheyé ôc foutenu par des piliers de charpente , ou par
des colonnes de pierre , avec des efcaliers pour y monter.
Le tronc de l'arbre traverfe la falle & fe termine au dclTus
en pyramides & en boules de diiFérentes formes. Le reftc de
leurs Jardins eft fort commun. On ne donne plus aujourd'hui
en France dans tous ces colifichets , quelques bien entretenus
qu'ils puiilent être , il y a toujours quelque chofe à redire.
L'on aime mieux une régularité plus fimple &c moins em-
brouillée , cela tient plus du noble de du grand.
LA THEOKÎE DÛ JARDINAGE,

CHAPITRE V î.

D E S ^ OIS ET BO S QVET^
en général.

(E CRapitre renferme tout ee qu'il y a de plus beau &


fde plus agréable dans un Jardin fçavoir , les Bois
: les &
Bofquets , fans lefquels on ne peut pas compter un Jardin-
pour beau, puiFqu'ils en font le plus grand ornement. Les
Bois font un fecours pendant l'Eté dans les grandes ardeurs
du Soleil, &c'eft dans ces lieux couverts qu'on peut fe pro-^
mener à l'ombre, même en plein midi.- A commencer depuis
les grands Jardins , où ils*y en rencontre toujours en quan-
tité , il n'y en a gueres de petit , qui n'ait un Bofquet ou quel-
que allée couverte.
On peut donc convenir que l'efTentiel d'un Jardin ce font les
Bois , d'où l'on conclura qu'une Maifon de campagne fansBois,
efl: défe6tueufe en une de fes principales parties.

On appelle Bofquet du mot Italien , un petit


Bois de petite étendue j comme qui diroit un Bouquet d©
verdure»
LesBois &les Bofquets font le relief des Jardins , fer- &
vent infiniment à faire valoir les pièces plattes , comme font
les Parterres & les Boulingrins. On leur doit deftiner des
places où ils ne cachent point
beauté de la vûë , car il ar-
la
rive fouvent qu'on eft obligé dans la fuite d'arracher ou d'é--
têter un Bois , par le regret que caufe la perte de cette belle
vue c'efl ce qu'on a déjà remarqué en parlant d^s difpofi-*-
:

tions générales de Jardin.-


Pour ce qui regarde leur forme &
leur deffein 5 on les peut
varier de différentes manières , en- tenant pour règle géné-
rale de les percer d'allées le plus qu'on pourra , de n'y point
faire trop d'ouvrages ôsL de retours , en confommant tout le
garni du bois , Se auiïï d'en faire trop peu , en laifTant de
,

6'4 PREiVIIERE PARTIE, Ohap. VI.


grands quarrés de bois tout pleins , fansaucun ornement.
Leur forme la plus ordinaire ell l'étoile la croifée ou Croix
,

de S. André' , & la patte d'Oïe : cependant on y pratique les


figures fui vantes comme
Cloîtres, Labirintiies , QLiincon-
,

ces , Boulingrins Cabinets , Chapelets Guilochis


, Sales , ,

Sales de Comédie Sales couvertes . Berceaux naturels dc


,

artificiels , Fontaines , Mes , Cafcades , Galeries d'eau ôc de


verdure , &c.
Il faut remarquer qu'on doit toujours faire
une belle pièce
dans milieu d'un Bois , comme une Sale de Marroniers ,
le
une pièce d'Eau ou cafcade 6c que dans ces fortes d'endroits:

on doit donner plus de largeur aux allées : fi les allés du


Bois ont quatre toifes de large , celles du milieu en doivent
avoir cinq ou fix Quand il y a une pièce d'eau , l'on ne
:

doit point faire d'allées doubles autour afin de découvrir ,

plus agréablement l'eau , ôc de rendre ces lieux plus aërés.^


moins marécageux.
y a des Bois de plufieurs natures qui fe peuvent réduire
Il

aux efpeces fuivantes les Forêts & grands Bois de liaute-


fix ;

futaïe les Bois taillis , les Bofquets de moyenne futaie à hau-


5

tes paliflades , les Bofquets découverts à compartiment, les


Bofquets plantés en quinconces , les Boids verds.
Les deux premières efpeces qui font les Forêts ou grands ,

Bois de haute-futaïe ^ & les Bois taillis , ne conviennent que


dans la Campagne ou bien dans un grand Parc de deux ou
,

trois lieuës d'étendue. Cependant pour ne rien oublier ,


nous en parlerons comme des autres Bofquets fuivans , qui
lontceux qui regardent le plus nos Jardins de propreté.
Les Forêts & grands Bojs de haute- futaie font ainfi appellés,
à caufede leur hauteur &de leur étendue confidérable. On y
compte au moins une lieuë ou plufieurs arpens de circuit ils :

font compofés degrandsarbr.es très-élevés de très - proches


l'un de fautre , qui forment une hauteur toulFuë &: fore
épaifle. Ces bois n'ont point de paliffades ni d'allées ratifiées,
ce ne font que des routes pour la chaiTe. Ils font ordinaire-
ment plantés en étoile , avec un grand cercle dans le milieu ,
où viennent aboutir toutes les routes. Ces Bois font brutes 6c
cliampêtres comme la Forêt de S. Germain en Laye, celle
,

de Fontainebleau , deSenlis , le Bois de Boulogne , de Vin-


cennes èic. , Les
LA THEOÎIÎB DU JARDINAGE. ^5
Les Bois taillis ne différent des Bois de haute-futaïe , que j

parce qu'on ne les laifle pas monter comme les Futaies , 6c >

qu'on les coupe rez terre tous les neuf ans , dont ils prennent
le nom de Taillis. On fait la divifion décent arpens de ces
Bois en neuf parties ,
que l'on
qui font de onze arpens ,

coupe chaque année de cette manière le Bois ne fe dégrade


: 1

& ne fe ruine point , un côté recroiffant pendant qu'on coupe 1

l'autre. L'on eft obligé d'y laiffer félon les ordonnances ,16
, \

Baliveaux par arpent , outre les anciens des autres coupes par :

fuccefTion de tems , cela fait d'un Bois taillis,une liaute-futaïe.


Les Bois de moyenne futaie à hautes palifTades , appellés
Bols Marmmtemx ,ou de Touche Se les trois autres efpeces
,

fui vantes , font ceux que l'on pratique dans les beaux Jar-
dins ce font véritablement les Bofquets de propreté
i
Oa :

les appelle moyenne futaie , parce que les arbres qui les compo-
fent ne parviennent jamais à cette grande élévation de la
haute-futaie j ils ne palfent gueres 3 o ou 40 pieds de haut.
Ces Bois font ornés de Sales , de Cabinets , de Galeries , de
Fontaines, &:c. Leurs quarrés font bordés dePaliffades ôcde
Treillao-es
, &
les allées en font bien dreffées ôc bien fablées
ce qui eft d'une grande propreté.
Les Bofquets découverts &; à compartiment , que quelques
gens appellent , Bof^sfcis parés , différent des autres Bois , en ce
que Tonne plante point d'arbres dans le milieu de leurs quar-
rés , pour former de la futaie ou du garni. L'on plante leurs
allées de tillots ou demarroniers j conformément au deffein ,
& l'on y met une petite paliffade réfepée à hauteur d'apui , '

d'environ trois pieds de haut qui dégage & découvre par


,

le deffous tout un Bofquet , & fait qu'en fe promenant , on


joiiit delà vue, à la différence des Bois ordinaires , où les

paliffades & le garni


viennent très-haut. Dans les quarrés de.
ces Bois , on pratique des compartimens £c des tapis de
gazon , avec un fentier ratiffé de deux pieds de large , re- ;

gnant par tout entre les pahffades èc les pièces de gazon. On I

les orne d'ifs &


d'arbriffeaux placés par fimetrie. Ces fortes
de deffeins font les plus beaux &
les plus riches j cefontpref-

que comme de vrais parterres , tenant de ceux à l'Angloife


& à compartiment , èc retenant quelque chofe du Bois. On
y fait des cabinets, des falles de des enfilades quife communi-
quent l'une dans l'autre. I
é6 PREMIERE PARTIE,Chap. Vr.
Les Bofquets plantés en quinconce ne font autre chofe que
plufieurs allées ou rangs d'arbres de hatite-futaïe , plantés m
échiquier , ou à angles droits , ou bien en lignes paralelles r
il n'y faut point de broulTailles-ni de paliffades. On les apelle

Quinconces , àcaufe de la conformité qu'ils ont avec la figure


du cinq des cartes à joiier 5 on ratiffe le deffous de ces arbres ,
ou on le gazonne, en ménageant feulement quelques allées
blanches dans le milieu, &: quelques petits cabinets & enfila-
des le tout fans paliffades j on doit voir de tous fens des al-
,

lées droites & bien alignées.


Les Quincorrces qu'on fait préfentement font très-difFé-
3

rens de ceux des Anciens , dont parle Vitruve qui étoient


,

très-femblables au cinq des cartes à joiier , en ce que les An-


ciens plantoient un arbre dans le milieu des quatre , ce que
l'on ne fait plus , parce qu'il fe rencontroit des allées plus
étroites les unes que les autres. On fe contente de planter les
Qtiinconces en lignes retournées d'équerre , qui forment un
échiquier ou trait quarré cela rend les allées plus régulières
i

& d'égale largeur par tout.


La fixiéme efpece , qui font les Bois verds font les plus
,

beaux de tous, par leur verdure continuelle pendant l'Hiver ,


comme pendant l'Eté j ils font plus rares dans les Jardins 5
le long-tems qu'ils font à croître pour former de la haute-
futaïe dégoûte fouvent de l'envie qu'on auroit d'en planter.
,

On trouvera dans les defTeins fuivans tout ce que l'on peut


fouhaiter en fait de defleins de Bois. On peut dire que cette
matière ell épuifée , 8c qu'on ne peut aller au-delà de l'inven'-
tion de ces dix Planches.
On a donné beaucoup plus de Planches de Bofquets que
de Parterres , par la raifon , qu'il y a un grand nombre de
Par terres gra v és, & fort peu de Bofquets.
La le Planche contient deux delTeins de grands Bois de
haute-futaïe , des mieux percés ôc des plus magnifiques.
Laie Figure repréfente un Bois percé en étoile double >
avec une grande Salle dans le milieu > ornée d'une pièce d'eau
avec trois Jets , & quatre autres Baflîns efpacés dans le Bois s
dont les Jets s'enfilent avec ceux de la pièce d'eau ces fon-
:

taines font un fort bel efFet , parce qu'en vous promenant , vous
découvrés dans les Allées au moins trois jets> dans d'autres
cinq , ôc vous voyés t9U5 ks fept dans l'Allée du milieu. Outre
LA THEORIE DU JARDINAGE. 67
ces orncmens , ce Bois eft percé li avantageufemenc , que de
quelque côté que vous tourniés, vous avés tou jours en face
au moins trois allées , qui forment une patte d'oïe dans iei
huit entrées j un peu plus avant , vous trouvés de petits ca re-
fours à quatre allées , &
dans les grands qui font ornés de baf-
fms & d'ifs , il y a fix allées aboutilTantes au centre 5 qui com-
pofent des étoiles. On a fait les huit allées principales plus
larges que les autres. Cette compofition ingénieufe rend ce
Bois des plus agréables , quoi qu'on n'y ait point pratiqué de
Cabinets ni de Galeries, ainfi que dans l'autre deffein à côté.
La 2 e Figure repréfente un autre Bois percé en étoile fimple
où fe voit pareillement une grande Salle dans le milieu ,
avec une pièce d'Eau ornée d'un gros jet vu des huit allées :
à peu près dans leur milieu , l'on trouve un grand ovale qui
vient le joindre aux allées de l'étoile dont on a coupé les
pointes^ pour former huit carrefours. On trouve encore en fe
promenant dans cet ovale d'autres allées qui conduifent dans
,

huit Cabinets ou Bofquets tous difFérens les uns des autres.


Le 1 Cabinet , a commencer par en bas à droite , efl: un grand
cercle de charmille coupé de niches pour des bancs & dés ar-
briffeaux au milieu eft un odogone renfoncé , qu'on apelle
:

autrement un Boulingrin. Le en remontant eft compolé de


trois petites pièces qui s'enfilent l'une l'autre , dont celle du
milieu eft un quarré long orné d'ifs , &; les deux des bouts
font de forme circulaire avec des bancs. Le 3*= Cabinet eft une
galerie d'eau compofée de fept bouillons , qui retombent dans
une rigole ou petit canal pratiqué dans le milieu. La paliftade
,

eft bordée defcabellons , de figures avec des ifs entre-deux ,


,

& il y a deux niches avec des bancs aux deux extrémités de


cette galerie. Le 4^ eft de figure quarrée , cintré dans les
quatre faces , avec une pièce de gazon dans le milieu , ôc qua-
tre ifs dans les angles. Le 5 « Cabinet enfuivant , eft une figure
à pans , qui forment un odogone irrégulier 5 il y a dans le
milieu un Boulingrin circulaire. Le 6= eft une galerie très-
difFérente de l'autre , en ce qu'elle eft formée par des arbres
en boule , ôc terminée par deux baiTms ovales avec des bancs.
Le 7e eft très-fimple i cen'eft qu'un quarré long cintré dans
les deux bouts , avec un tapis de gazon &
deux grands ifs
plantés au centre des portions circulaires. Enfin le S® Cabinet
éS PREMIERE PARTIE, Châp.^VI.
eft de figure quarrée , dont les angles font coupés à pans , &
dont le milieu eft rempli d'une pièce de gazon e'chancrée aux
quatre coins.
Ces deux Bois contiennent environ fept arpent ils ne con-
:

viennent que dans de grands lieux. On peut cependant les


exécuter en plus petit & en plus grand , ifelon k place 5 mais
plus ils feront grands , mieux ils feront , parce que les allées
ne fe toucheront pas fi près Tune de l'autre. L'échelle qui
eft commune à ces deux delTeins, en fera coiinoître toutes
les proportions.
La Planche contrent quatre deffeins de Bois de haute-
2^
futaïe , dont la forme eft barlongue , & dont l'étendue eft
d'environ fix arpens. Dans les trois premières Figures ce font
des Bois propres pour une grande enfilade , où il faut con*
fer ver une allée large dans le milieu , qui partage le defifein
en deux. On ne laifle pas cependant d'y trouver un tout fort
agréable ôc fort régulier-
Dans la ife Figure ce font de petites allées comparties en
guillochis , qui aboutifiTent à lîx Cabinets difFérens , ornés de
de berceaux de pièces de gazon , de bancs & d'ifs. Au milieu
,

de la grande allée , l'on a pratiqué une Salle à pans & une


,

Cela con- pièce d'eau avec un Jet. La plus grande partie de cette allée
vient àatis oc
terrains en-
n r -j ^ ji-
remplie par un tapis de gazon qui règne autour de la pièce
droits , tant d'cau. Ccs fortes d'allées vertes îbnt fort à la mode pre-
pour la va-
fentement.
pourfauverk Lcs allées de la 2c Figure font difpofées de manière , que
grand entre- lesCabinets des coins viennent fe rendre l'un dans l'autre 5
mais la fallc eft très - diiFérente des autres , étant cintré
dans fon milieu , & préfentant une patte d'oïe de chaque
côté , avec quatre piedeftaux pour des figures ou vafes. Les
allées de ces pattes d'oïe viennent aboutir chacune aux Jets
de la pièce d'eau où l'on en a mis exprès trois 5 cela rend
,

ces Allées circulaires fort agréables , tous ces Jets fe voyant


l'un après l'autre. La pièce d'eau eft d'un delTein fort parti-
culier j elle eft fituée au milieu de la grande allée plantée
d'arbres ifolés.
La compofition dela 3 e Figure eft un grand cercle , dans
duquel , & de la Salle du milieu , Ton a pratiqué
l'intervalle
deux Cabinets à pans , avec des pièces ovales de gazon j de
cette grande allée circulaire l'on entre par des coudes d'al-
LA THEORIE DU JARDINAGE.
lées ,dans des Cabinets qui font aux quatre coins du Bois :

oLi il fe trouve d'autres allées d'enfilade au Jet de la pièce


d'Eau , avec des bancs vis-à-vis , ce qui eft fort heureux. On
fort de ces Cabinets & de ces allées dans la grande du milieu
plantée d'ormes taillés en boules. Comme l'on
mi- voit à
La 4*= Figure efl un deffein entier fans enfilade dans le
lieu 5 il fe trouve percé par des allées diagonales qui for-,

ment quatre croix de S. André j au centre defquelles on a


pratiqué des carrefours & des pièces de gazon. Toutes les
allées viennent fe rendre dans une grande Salle , qui mené
dans quatre Cabinets difFérens , placés vis-à-vis l'un de l'au-
tre. Deux de ces Cabinets fervent de Salles de Bal j les autres
font ornés de gradins de gazon , avec des figures 6c des fleurs
dans le haut. On voit dans cette Salle une pièce de gazon
terminée par deux Baffins qui eft affés extraordinaire , ce-
pendant cela fait fort bien , parce que les allé-es diagona-
les viennent aboutir aux jets de ces Baffins.
On voit dans la 3^ Planche fix defleins de Bois très- va-
riés j.qul' conviennent à des places quarrées de quatre arpens
d'étendue.
Dans le Bois qui eft repréfenté dans la i^^ Figure Fon entrs
,

par les angles , où l'on trouve deux allées aboutiflTantes à des


carrefours circulaires , qui vous mènent dans une Figure à
huit pans. Cette figure eft difpofée de manière, que préfen-
tant quatre angles dans les carrefours , & les quatre autres
v.enant à des renfoncemens pour des bancs , elle allonge les
allées des entrées , en. forte qu'une perfonne affife fur l'un de
ces bancs, peut découvrir les deux allées des bouts fans
celle vîs-à-vis , qui avec trois autres allées en face des bancs,
vous conduit dans la pièce du milieu enrichie d'une Ifle & dg
quatre bouillons d'Eau , qui fourniftent lefoffédutour. Il y a
une figure au milieu de cette Ifle & un pont pour y aller.
La 2C Figure eft un Bois qui a douze allées pour entrées,
les droites enfilent la place du milieu & les Diagonales vien-
v

nent rendre à une piece de gazon circulaire entourée d'uns


,

double paliftade ifolée, percée vis-à-vis de chaque enfi-


lade.. Ces carrefours préfentent des patces d'oïe , d'où l'on,
pafle à une grande figure quarrée qui forme un cloître > les
angles en. font occupés par des niches avec des bancs. Les.
,

70 PREMIERE P ARTIE i Chap.VI.^


quatre allées du milieu vous conduifent à une pièce d'Eau
quarrée , dont les oreillons faiilent en forme de baftions. Il
s'élève du milieu un grand jet perpendiculaire, èc des qua-
tre coins ou oreillons , quatre autres jets obliques , formant
des berceaux.
Le Bois de la 3^ Figure eft le plus iîmple de tous aufîî peut-
,

on l'exécuter dans l'efpace de deux arpens , &


même d'un.
C'eft une fimple croix de S. André entourée d'un grand
,

oélogone , d'où par quatr(^ allées on vient rendre dans une


grande Salle circulaire , okjée d'un Baffin à pans d'un, &
rang d'arbres Se d'ifs ifolés , avec quatre niches pour des bancs.
La 4c Figure ofFre un defTéin bien plus compofé & d'une ,

invention aifés particulière. C'eft pareillement une Croix de


S. André qui vous mené dans un cloître i l'on trouve au mi-
,

lieu de chaque allée des renfoncemens en demi-lune , avec


des baffins 5 en face defquels il y a des allées qui vierinent ren*
dre à la pièce du milieu aalFi-bien que celles de la croifée.
,

La Salle du milieu eft de forme circulaire , coupée de huit ni-


ches pour des bancs entre chaque allée. Elle eft remplie d'un
,

grand Baffin odogone , où il y a une Ifle au milieu , avec une


figure entourée de caiffes de de pots de fleurs. L'eau de ce
baffin vient de la décharge des quatre autres.
La 5«= Figute n'eft pas tout à fait quarrée comme les autres
ce delTein n'ayant pas de grâce à moins qu'il ne foit oblong >
,

cela a obligé d'y pratiquer aux deux côtés des allées des pie-&
ces de gazon découpées. Ce Bois fe trouve percé de plulieurs
deffeins, comme d'un grand ovale , d'une lozange , èc d'une
croix de S. André , qui compofent tous cnfemble un afl^és
beau compartiment. On y trouve deux pattes d'oïe , huit
carrefours , ôC deux renfoncemens , avec des bancs. Les qua-
tre entrées des encoignures , Scies deux du milieu , viennent
aboutir à une Salle circulaire , ornée d'un baffin Se de niches
pour des bancs & des arbriiTeaux.
Dans la 6^ Figure l'on voit un Bois dont les entrées font
dans 1-e milieu pour la variété j elles font interrompues par
les quatre angles d'une grande lozange qui vous mené à des
Cabinets pratiqués dans les quatre coins du Bois , tousdifFe-
rens les uns des autres. Il y a de petits carrefours triangulai-
res vis-à-vis ces Cabinets lefquels ouvrent l'entrée d'un
,

cloître X d'où par quatre illuës , vous pafTés à la Salle du mi-


LA THEORIE DU JARDINAGE. 71
lieu qui ell à pans avec un baffin ovale. En face de ces quatre
,

petites ailées, on trouve des niches avec des bancs. Il eft hm-
tiie d'expliquer les quatre Cabinets des coins y on peut juger
de ce qu'ils contiennent , par ce qu'on a déjà dit , au fujet
de ceux qui fe font rencontrés dans les autres deffeins , ôc qui
ontété détaillés affés amplement.
La 4c Planche efl la plus remplie de toutes^^ 5 elle contient
dix Bofquets différens les quatre premières Figures font pro-
;

pres à des places oblongues , d'environ un arpent èc demi , ou


deux arpens d'étendue 5 fuivantes font voir ce
les fix autres
qu'on peut exécuter dans des languettes déterre des boyaux &
de Jardin. Ces bois font très-variés , & quoique fimples , ils
ne laiffent pas d'être bien percés & bien ouvragés. L'afpect
feul & l'échelle qui efl: au bas fuffilenc pour en donner toute
,

l'intelligence néceffaire.
Onfuppofe les places biaifes des Figures ire Se 5e de cette 4e
Planche , afin défaire voir comment onpeutlesrégularifer Se
J pratiquer des deffeins agréables. On prend d'abord dans ces
biais , la moitié de chaque ligne qui bornent la place, pour
placer les allées du milieu , foit en long ou en large les dia- :

gonales enfuice fe tracent d'un angle à l'autre, déterminent &


le centre de la Salle, qu'il faut ajufler au terrain, enforte
qu'elle foit bien brouffaillée par tout : le refte du deffein s'ac-
commodera au lieu pour les carrefours , pattes-d'oïe ,
, foit
entrées & autres allées. On ne doit pas s'erabarafTer , fi les
quarrés de Bois viennent de différentes forme & grandeur }
on ne juge de cela: que fur le papier, ces difFérencesne paroif-
fant jamais fur le terrain. Tous les deffeins ne conviennent pas
au même biais j c'efi: au bon goût & à l'expérience qu'eft re-
fervéce choix. Les Figures 3 ^ & 4c par exemple, yferoient
moins bien que la ir^i caufe des allées retournées quarrément
en forme de cloître , qui paroîtroient gauches dans un biais
auffi feniîbie que celui-ci. Le boyau de terre de la 5c Figure
n'oblige à aucune fujettion par ion biais on prendra feule-
ment la moitié de la largeur des deux extrémités pour l'allée''
du milieux & ce defTein que l'on nomme Chapelet, s'y accom-
modera de même que dans une place régulière.
Les deux Planches fuivantes , qui font la ^^dch ^«repré-
fenten-t des Cabinets & des Salons propres
à placer dans les
bois> en cas que les dcfleins de ceux qui y font > ne convieu-
72 PREMIERE P A RTIE Ch a , p. VI.
nemt pas aux places qu'on auroit , ou qu'ils ne pluiTent pas tant:
on pourra alors choifîr dans les douze figures qui font dansces
deux Planches. On a fait graver ces Salons un peu grands ,
pour les pouvoir planter d'après ces-defleins , fans être obligé
de les deflîner une féconde fois.
La Planche preTenteun Bofquet d'une autre nature que
les précédens j c'eft ce qu'on apelle un Bofquet de'couvert à
compartiment. On n'en a mis qu'un feul delTein fur la Plan-
^^^^ ' ^^^^ devenant plus grand, on pût mieux juger de
CcBof uet
contient tout ^a difpofitiou. Ce Bofquet eft croifé de deux alle'es , qui aboU'
au plus un ar- tifTent à uu Bafïïn formant un odogone irrégulier, de entouré
^"^^*
d'une falle ovale coupée dans ces quatre milieux , d'allées
,

qui vous conduifent à de petits cabinets & enfilades prati-


quées dans les quarrés de ce Bois 5 d'où par des bancs placés
avantageufement , vous découvrés le Jet du milieu. Les en-
tre-deux de ces cabinets font occupés par des pièces de gazon
comparties en volutes & en ronds ornés d'ifs placés avec fi-,

metrie. On tiendra les palifiades de ce Bofquet à hauteur d'a-


pui , afin de découvrir toutes les pièces du compartiment.
Il y a un quart du defiTein ou l'on n'a marqué qu'un fimple

trait pour la palifTade &; des O pour la place des arbres , afin
,

qu'on puifTe mieux l'exécuter fans embarras , ce quiferoit ar-


rivé , fi l'on avoit élevé en pcrfpecli ve les arbres les palifla- &
des , comme le refi:e du defl'ein.
On voit dans la 8*=Planche des pièces féparées , dont on
Comme l'on p^ut fc fervir dans le milieu d'un bois en cas que les defi^eins ci-
,

en voit dans dcfllisne plaifent pas tant. Ce font des falles plantées d'arbres
Trianoi"* ifolés avec des
, entre-deux.
ifs

La Salle de la Figure eft la plus magnifique. On la fup-


i^e

pofe au milieu d'un grand bois &


n'ayant que deux entrées :
,

cependant on en pourroit faire quatre félon le lieu , par le re-


tranchement des Cabinets des deux bouts 5 elle n'en feroit pas
moins belle. Son étendue eft d'environ un arpent & demi j
mais on peut l'exécuter dans un terrain plus petit de moitié.
On l'a orné de quatre bafiîns , qui s'alignent l'un l'autre, avec
des bancs pratiqués de manière , qu'ils font en face de chaque
allée 3 & enfilent les Jets des bafiîns. La pièce du milieu eft un
grand tapis de gazon , qui étant coupé à pans dans les quatre
angles , forme aux quatre coins de cette falle des octogones
que la Paliffade rachc ve. Le refte s'explique affés de lui-même.
La
LA THEORIE DU:JARDINAGE. 73
. La 1^ Figure eft encore une grande Salle différente de l'au-
tre , en ce qu'elle eft lîtuée dans une grande pièce de gazon.
On peut aufli la placer dans le milieu d'un bois. Cette Salle efl
un quatre' long cintré dans les deux bouts, 011 l'on a pratiqué
deux baffins oétogones au centre defquels viennent aboutir
,

les entrées diagonales de cette Salle. L'on a placé des figures


dans les deux bouts , ôc deux bancs à chaque angle de la Salle /
bordée lîmplement par le gazon & par des arbres , fans au-
cunes paliflades ni (entiers derrière.
La 3 ^Figure eft une petite Salle fortfimple entourée d*unc
,

paliftade à hauteur d'appui avec des arbres efpacés dedans


, :

Elle eft placée , ainli que l'autre , dans des tapis de gazon , qui
font diftingués d'avec la paliCTade par un fentier ratifié. Il y a
dans le milieu une figure à l'enfilade des allées & des bancs»
Dans la 4^ Figure l'on voit un bois planté en quinconce ,
avec une Salle 6c des Cabinets , qui compofent un comparti-
ment 3 ce qui paroîtra d'un goût fort nouveau ces fortes de :

defleins n'étant ordinairement eompofés que de grandes al- om-nf ^'^^^^^


lees paralieies plantées en échiquier , ians aucun autre orne- des Tuileries^
,

ment. Quoiqu'on ait pratiqué une Salle dans le milieu , avec


'

un baffin & des cabinets qui forment un Cloître , s'enfi- &


lent l'un l'autre , cela ne dérange cependant ri en du quincon-
ce, 6c n'interrompt point l'enfilade des arbres, dont on n'a
ôté que quelques-uns dans le milieu & dans les coins , pour
former cette Salle ôc ces Cabinets Le defTous de ce quinconce
eft gazonné dans quelques endroits, ce qui détache dc faic
valoir le ratiîTage des ailées & delà Salle.
La Planche donne l'idée de quatre morceaux de Jardin le Cloître
fort extraordinaires , &
cependant magnifiques dans leur
eft^un 'ki
efpece j on les appelle des Cloîtres. exemple""
La le Figure eft la plus fimple de toutes 3 c'eft un grand
quarré de gazon , avec une figure dans le milieu , entourée
a une double allée de charmille , percée dans les enfilades des
autres allées & des bancs. Ce Cloître eft dans le milieu d'un
bois i l'on y arrive par quatre allées diagonales, qui rendent
à des carrefours ornés de pièces de gazon,
La i^repréfente un Cloître de forme circulaire , fitué dans
un bois , avec un baifin odogone, entouré de berceaux natu-
i-els, e'eft- à-dire a formés par des arbres > que l'on plie l'un
74 PREMIERE PARTIE, Chap. VI.
autre. Les quatre allées qui y conduifent font aulîî cou-
vertes de berceaux , & il y a un petit fentier ratiiTé aux deux
côte's qui forment des contre-allées 5 c'eft pour détacher ces
bt rceaux d'avec la paliflade du bois.
On voit dans la 3 e Figure un Cloître des plus magnifiques :

Il diffère des autres , en ce qu'il eft au milieu d'une pièce de ga-


zon cependant on le peut placer auffi dans un bois. C'eft un
j

grand oétogone ralongé , couvert de berceaux de treillages


avec quatre Cabinets en face des allées qui y conduifent. Le
milieu de ce Cloître eft renfoncé l'on y defcend par trois
:

rangs démarches de pierre de taille, ou de gazon, fi l'on


veut. Le fond en eft orné par une pièce de gazon , ôc par qua*
tre petites fontaines en buffets , pratiquées fur les gradins ,
en face de chaque allée,
Figure eft un Cloître en galerie , formé par une paliC
ta mohic
cet Cloître eft f^de en arcades , ou par des Ormes en boules , avec de la char-
gravée en ar- mille au pied , tonduë en caifTes 3 ce qui imite alTés bien l'O-

l'ïmger. On y a placé des bancs de telle manière , qu'ils s'en-


trc^ni(^tic^cn
bouics , pour filent à travers les arcades &
les boules 5 c'eft pour continuer

ehoix'^" ^^^^P d'œil. On a pratiqué au milieu de ce Cloître , une


pièce à l'Angloife bordée d'une plate-bande coupée., ornée
Ces orne- d'arbrifTeaux & de fleurs , &
terminée par deux bafîîns , en-
Tonttnnlu- tourés pareillement de cette plate-bande,
veaux dans un Enfin la iQc Planche de ces Bofquets contient un defTeîn ,

bois, & y font


Labiriute en volute ou Spirale , au centre de laquelle eft
des merveUks. i„ rp j» o 11
' J ' ' • 1 1
un ballin accompagne d une Salle percée de nuit allées , qui
l

Le Labi- rendent à quatre carrefours , d'où infenfibicment vous paiîés


tinte de Ver- dans dcs culs de facs , ornés de cabinets, de berceaux de treil-

le chamiify^l ^^S^ » ^^P^^


gazon fontaines figures , ô^^c qui furprennent
, ,

font fort bien amufeut agréablement ceux qui s'y font égarés. La quantité
coupéj.
^ Ils
d'ailées & de détours différens quife rencontrent dans la corn-
lont ornes de ^. 1 ,y . . .
-i
,
^ < ,

tout ce que poiition de ce Labirmte, le rendent des plus embaraliants ,


l'Art peut] fans cependant lui ôter la régularité & la grâce du deftein. Il
* ^'^ ^ ^^-^'i-ine feule entrée, qui fert aulîî de fortie, où l'-on a placé
Nature
exprès un cabinet de treillage pour la rendre plus difficile.
Ce Labirinte demande un peu de terrain pour devenir beau
en executiouj ôc ne peut gueres fe planter dans une efpace moin-
dre de 7 à 8 arpens , fans cela les alléés fe toucheroient de trop
près ce qui en ôteroit l'embarras , ôc en même tems tout le
,

mérite.
.V,
Desse^in^s de. Cccbuxe^hs et\^çdons pour des boscf ue-tr.
5;

F"
t
Grande J'aie de 771 aro mers dans un bois Bois plante' ert cjuinconce avec des cahinetjr
1.4 4. ttî tJfrf

Qrande Scd^ de m aronierS hordee. de pieaes de^^a.2i on Petite Saie entourée de paiissades etcLe tapts de-^a^z^on-

À? Ta ire

AIa f ïeirte e.Xc iicL


\

I.
I
/
I
LA THEORIE DU JARDINAGE. 75

CHAPITRE VII.

DES BOVLINGRINS OV
Renfoncemens degaz^on, des grandesRampes ,
Glacis ^ Talus ^ &
Tapis de gaz^on j avec la
manière de les plaquer ^ femer , entretenir. &
LE terme de Boulingrin
Jardins de propreté' ,
eft un des plus ufîte's dans les
&
cependant celui qu'on entend
le moins 5 la plupart des gens n'en connoilTent pas la vérita-
ble iîgnifîcation, ni rétimologie.
L'invention 6c l'origine du mot de Boulingrin vient d'An-
gleterre. Plufieurs Auteurs le dérivent de deux mots An- Did.dePA.
glois i fçavoir de Boule , qui fignifîe Rond , &
de Grin , qui "J^^^"'
veut direprez ou gazon , peut-être à caufe delà figure ren- Diâ.dcDa-
foncée, qui eft le plus fouvent ronde &
couverte de gazon j
d'autres ont dit que le mot de Boulingrin a été donné à de purcticrc.
grandes pièces de gazon , où l'on a accoutumé en Angle-
terre de joiier à la Boule j pour cet effet , les Anglois ont
grand foin d'entretenir ces tapis de gazon bien courts ôc bien
unis.
Un Boulingrin en France eft fort différent de tout cela.'
L'on ne peut apeller de ce mot , que certains renfoncemens
& glacis de gazon qui fe pratiquent , au milieu de grandes
pièces & tapis de gazon , dans unBofquet, & quelquefois ac
toutes Tes
au milieu d'un parterre à F Angloife ce qui fait que bien des cfpcccs daas
:

gens confondent le parterre à i'Angloife & le Boulingrin ,


TuUafe^ '
croyant que c'eft la même chofe , à caufe que l'invention de /

ces deux pièces vient d'Angleterre , qu'elles font toutes


deux couvertes de gazon. Cependant on en doit faire la dif-
férence dans les Jardins , & ne pas donner indifféremment
ce mot à tout ce qui efl: gazon , ou improprement à d'autres
parties d'un Jardin , comme à de grands tapis de gazon qui
font dans des ^ofquets, à moins qu'Us ne foient renfoncés
'
.
K ij
,,

7^ PREMIERE PARTIE, C h a p. VIL


parce que c^xn eft que le renfoncement qui fait le Boulingr'n
On a exeeu- joint au gazon qui le couvre.
té de bcaui Le Boulingrin eft une des plus agréables pièces d'un Jardin,
Boulingrins a
quandjm/
il le trouve bien place
/»rien ne flate
i n'-
,
^
plus la vue. Sa
. i a
choifi.
figure renfoncée couverte d'un beau gazon bien uni & bien
,

verd entouré le plus fou vent, d'un rang de grands arbres ,


,

avec des arbrifleaux pleins de fleurs, le rendent dune jolie


compofition 3 outre le plaifir de pouvoir fe coucher fur les
glacis defon renfoncement , pendant la grande chaleur, &
d y être a 1 ombre.
Il y a de deux efpeces de Boulingrins , de fimples èc de
compofés les fimples font tout de gazon , fans aucun autre
:

ornement 5 6c les compofés , font coupés en compartiment


de gazon , mêlés quelquefois de broderie , avec des fen tiers
& des plates -bandes , ornées d'ifs ôc d'arbrilTeaux de fleurs.
On les fable de différente couleur , & on les accompagne
de figures &
de vaïës de, pierre , pour réveiller leur grande
verdure. On peut encore
, .

y pratiquer dans le fonds du glacis


un badin ou une pièce d'eau , pour les enrichir davantage.
Leur vray e place efl dans un endroit découvert , parce que
,

les Boulingrins ne cachent point la belle vue 3 cependant on


peut en placer dans le milieu des Bofquets , ainli qu'on le
verra dans les exemples fuivants.
Le Boulingrin que repréfente la première Figure , efl d'une
étendue bien plus confidérable que les autres il peut fe pla- :

cer au bout d'un grand parterre ou remplir un grand efpace


,

cju'on veut tenir entièrement découvert. C'eft un quarré long


dont les quatre iffucs en diagonales viennent aboutir à quatre
pièces de gazon rondes , où l'on a placé pour figures les qua-
tre Saifons. On a bombé les angles du talus afin de conti- ,

nuer l'allée circulaire autour des gazons & dans le fonds du


,

Boulingrin on y a pratiqué une grande pièce de gazon , qui


,

varie affés bien avec le refle. Toutes les allées ne font for-
mées que par les tapis de gazon , n'y ayant ni arbres ni palif-
fades, ni bois, comme dans les autres fui vans.
Le Bouhngrin de la féconde Figure , efl un.quarréprcfque
parfait percé en étoile au milieu duquel fe voit un oclogone
,

régulier qui a dans fon renfoncement une pièce circulaire de


gazon. Il ii'efl oruç que d'mitrait on boidurede buis,autout
LA THEORIE DU JARDIN AGE. 77
de chaque pièce de gazon , & d'un petit fentier ratifTé entre
deux. On a échancré différemment toutes les encoignures
des pièces de gazon & l'on a placé dans celles du milieu
,

feize ifs ou boules de buis. Ce Boulingrin eft accompagné de


deux grandes allées doubles plantées de marroniers.
,

La troifiéme Figure repréfente un Boulingrin afles bien


accompagné. C'efè un grand ovale renfoncé , dont le milieu
eft rempli d'une pièce de gazon coupée à pans pour la variété.
Ce Boulingrin eft entouré de grands arbres , comme de mar-
roniers ou tillots , efpacés régulièrement {ans interrompre ,

les enfilades des allées & des bancs


il faut toujours, à quoi
bien prendre garde. L'allée du tour eft odogone , formée &
par une paliiîade à hauteur d'apui , oii il y a des cabinets
des niches pour mettre des bancs. Derrière la paliflade font
des tapis de gazon, avec un fentier ratiffe de trois pieds de
large entre-deux , tant pour conferver la palilfade ôc borner
le gazon , que pour la coup d'œil.
grâce &; le
. On voit dans la quatrième Figure im Boulingrin pratiqué
dans le milieu d'un bois , où il fait allés bien , à caufe de la
découverte que l'on en a fait à travers les arcades de la palif-
fade. C'eft un odogone irrégulier, dont le renfoncement eft
orné d'une pièce de gazon ovale. Il eft entouré d'une allée
double , féparée d'une paliflade percée en arcades , avec des
boules ménagées fur chaque trumeau.
Les Boulingrins de la deuxième Planche font beaucoup
plus riches, plus compofés, & d'imeplus grande étendue que
les autres.
La je Figure donne l'idée d'un grand Boulingrin , donc
la tête échancrée de plufieurs formes qui varient alfés bien ,
eft ornée d'un buffet d'eau , adoffé contre le talus & com- ,

pofé d'une coquille de pierre ou de plomb doré , d'où il fore


un boiiillon d'eau , qui retombe en nape dans le baffin d'en-
bas , où il a deux jets pour accompagnement. Ce baffin eft
entouré d'une tablette de pierre de taille , pour faire oppoft-
tion au gazon. Le fond du Boulingrin eft rempli de deux
grandes pièces à l'Angloife , entourées d'une plate - bande >
ornée d'ifs 6c d'arbriiieaux bordée en dedans par le gazon
,

&. en dehors par un trait de buis ces pièces font terminées


-,

par un bout en volutes j 6c par l'autre en petits enroulemens


7^ PREMIERE P A RTIE Ch a
, VIF.
p.

ëc échancrures , qui quoique fimples ne laiiTent pas de bien


,

faire fur le terrain : il faut beaucoup de place pour exécuter


ce deffein & le fuivant.
On voit dans la Figure un grand Boulingrin tout des
plus riches i le fond en eft comparti en pièces de gazon, cou^
pées èc liées enfemble par de petits cartouches d'une broderie
très-legere. Le milieu eft occupé par un tapis verd , cintré dans
les bouts, &
entouré de même que lerefte d'un fentier bordé
de buis. On fera valoir toutes ces pièces par des fables de dif-
férente couleur pour les détacher: on remplira la broderie
,

de mâchefer i le fentier autour de toutes les pièces fera fable


de rouge , de tout le fond de fable ordinaire. Ce mélange de
,

couleurs fait des merveilles étant vu d'enhaut. Les deux


bouts de ce Boulingrin font cintrés en dedans , avec des pans
coupés aux encoignures ces cintres fur le haut peuvent con-
:

venir au bout d'un baffin pour conferver l'Allée du tour. Oa


auroit pii encore j pour rendre ce morceau parfait & des plus
magnifiques, faire un bafïïn à la place de la pièce de gazon
du milieu ou y mettre une belle figure.
,

Le Boulingrin de la 3^ Figure eft d'une forme plus quarrée


que les autres & cintrée différemment dans les angles le
,
:

fond eft découpé en quatre pièces femblables avec un ovale, ,

&:deux ronds de gazon dans le milieu il y a des palfages pour


:

conduire dans qui entourent toutes ces pièces i le


les allées
compartiment en eft ftmple ôc fablé de la même couleur 5
mais il eft rehaulTé infiniment par une belle figure dans^ le
milieu, & par quatre vafes de fculpture, pofés aux quatre coins
du fond. On le peut fabler de rouge dans les Pays où l'on
trouve facilement des terres rougeâtres cela fait très-bien ,
;

mais couteroit beaucoup en ciment.


Al'égard de celui de la 4*= Figure , il eft d'une forme très-
particulière , &
qu'on ne peut exécuter qu'en de certains en-
droits: fês bouts font cintrés en dehors &: coupés de plufieurs
pans de retours ,fon milieu eft orné d'un Jet dans une petite
pièce d'eau, bordée d'une tablette de pierre détaille , ôê
d'un fentier fable en rouge , pour détacher tout le gazon.
Des fix pièces qui l'entourent , les deux des extrémités font
odogones , à caufe des allées circulaires du tour. On a mis
quatre figures daos la angles d'en-liaat > pour varier
)
Bouiirt^r in Simplemervfrde^cizor^ Bouii

Boulingrin œveccies iy-^aiirs de huis Bv>uiln^rin dans un hois, entvuredime pciLisscide percée,er%çircaxies

3c Toiser
Afariette cjcctul

I
/
cL'arSrXiS'J'e^cu^cc ctrcle. Fleur

• .
.

'i' {<• 21? Tot^a^


J'/anch e 2.^ D .
,

LA THEOUÎE DU JARDINAGE. 75)


les quatre vafes placés fond du précédent. Les échel-
dans le
les feront juger de l'étenduQ 2c de la proportion de ces dif-
férens morceaux.
On obfervera en faifant des Boulingrins j de ne les point
trop renfoncer , car ce n'eft pas le mieux. Il fufEt de don-
ner un pied de demi de profondeur pour les petits Boulin-
grins , &c deux pieds tout au plus pour les grands.
A l'égard des Talus & Glacis qui compofent le revêtifle-
rnent des Boulingrins , c'efl-à-dire 5 qui en forment les ren-
foncemens 3 on leur donne fix à fept pieds de long pour les
petits 3 6c huit à neuf pieds pour les grands i on ratifie les
fond tout entier dans les petits Boulingrins , parce qu'il n'y
a point afFez de place pour y mettre des pièces de gazon j
mais dans les grands , on y en pratique de belles , & quelque-
fois de découpées. Alors onlailTe un ratilTage de trois ou qua-
tre pieds entre le talus & le gazon , ce qui fert à décacher ces
pièces l'une d'avec l'autre.
Les rampes , de gazon ^ ne différent
les tapis de les peloufes Ces tàm
çueres entr'elles , à moins que ce ne foit les rampes , qui font g"nd°"nom"
luppofées être de grands tapis de gazon en pente douce 5 breâMeudop,
comme celles qui accompagnent les côtés d'une Cafcade
ou qui fervent à raccorder deux inégalités de terrain. Pour
les tapis & peloufes , c'eft la même cliofe on les place dans
:

les cours & avant- cours des Maifons de Campagne , dans les
Bofquets , dans les Boulingrins , dans les Parterres à l'An-
gloife J & dans le milieu des grandes allées & avenues , qui
feroient trop longtems à ratifl^er fans cela.
Les Talus & Glacis font fouvent confondus & pris l'un pour
l'autre l'on y trouve cependant une différence , c'eft que le
:

Talus eft plus roide que le Glacis, qui doit être très-doux de
imperceptible à la vue. Venons à la manière de gazonner
toutes ces pièces.
La manière de gazonner eft différente , félon les lieux ah
l'on s'en fert : car on gazonne un tapis & une peloufe d'une
autre manière qu'un Talus & Glacis , ce qui fe réduit ou à wanï^als
femer le gazon , ou à le plaquer. terme ufiré ,

Pour femer du gazon dans une pièce , faites-la labourer


^''^jfW
d'un bon fer de bêche , enfuite dreffer & paffer au râteau fin , hm^àiiT^h^.
en ôcant toutes les mottes les pierres qui s'y poiirroleat ^««^^
Ëo PREMIERE PARTIE, Chap. VIÎ.
rencontrer , & répandes un pouce ou deux de bonne terre
par defllis , pour faciliter la graine de lever. Votre place
étant bien unie femés-y la graine très-druë , afin qu'elle
,

devienne épailTe courte & pailés enfuite le râteau pardef-


;

fus , pour enfouir &


couvrir un peu la graine qu'il ne faudra ,

pas femer par un tems venteux de crainte qu'elle ne s'en-


,

volât 5 au contraire, l'on choifira un tems calme , qui pro-


mette bien-tôt de la pluïe afin que cette eau plombant
,

la terre, &
enfonçant la graine, lui donne plus de facilité
à paroître.
La meilleure faifon pour femer eft à la
fin de l'Automne
les graines ne demandant que de rhumidité
de leur nature ,

pour croître , n'en manquent point dans cette faifon , non-


plus que le long de l'Hiver. Quand on attend à femer ces
graines à la fin de Février ou au commencement de Mars *
on court rifque de ne point voir fi-tôt verdir un tapis , Ci
l'Eté eft un peu fec , comme il arrive fouvent , à moins qu'on
n'ait le foin d'arrofer continuellement ou plutôt d'innonder ,

un tapis , ce qui eft d'une grande fujettion & d'une grande


• dépenfe.
Toute défaire de beaux tapis en les femant,'
la difficulté
çft d'avoir de bonne graine , que l'on doit examiner foigneu-

fement avant que de la femer. On fe fert de graine de petit


trèfle de Hollande, de Bas-prez , de Pinvain, d'Herbe à ciiat,
de Terrenuë &
de petites herbes fines qui relTembient à la
Civette. Il y a encore quantité d'autres graines , dont on ne
fçait point les noms , ôc où l'on eft fouvent trompé.
Une faut pas faire comme bien des gens , qui vont ramaf-
fer des graines dans un grenier à foin , de qui les fement in-
différemment , efperant par là faire venir de beaux tapis dq
gazon 5 c'eft en quoi ils s'abufent car ces graines montant
:

trop haut , &


faifant de gros tuyaux , ne fe garnilTent poine
du pied , & l'on
a beau les faucher fouvent , elles ne formenç
jamais de beau gazon: bien au contraire , ce ne font que des
touffes de méchaptes herbes qui diff^erent peu des prez de la
campagne.
Venons à manière de plaquer le gazon il faut en pre-
la :

choifir dans la campagne , tant dans les çhe-


xn'içx lieu l'aller

^jos, que fur le bord des pâturages prairies , où les mou-*^


tons
,

LA THEORIE DU JARDINAGE. Si
tons les vaches vont paîcre car ces endroits font les meii-
:

ieurs , l'herbe y e'tant très-fine de broute'e fort court. On


prendra garde dans le choix qu'on en fera , qu'il ne s'y ren-
contre point de chien-dent &
de mauvai fes herbes , que &
la terre ait un peu de corps. On lèvera ce gazon à la bêche,
^n le coupant par quarrés d'un pied environ fur tous fens , &
de deux ou trois pouces d'epaiflTeur , ç'en eftafTe'spourle tranf-
porter fans lerompre.
Pour plaquer ce gazon fur le terrain , tendes le cordeau
dans les lignes droites , fuivés la trace dans les circulaires Ôc ,

petits derfeins mignons , comme font les coquilles , les enrou -


iemens & maffifs des parterres. On creufera & enlèvera de
la terre le long de ce cordeau , de l'épaifTeur des quarrés de
gazon afin qu'il fe trouve à l'uni de la terre , ç'en eft la beauté.
,

L'on évitera la manière de certaines gens, qui le pofent fur la


terre fans en ôter defTous , ce qui relevé trop le gazon le &
déchaufie. On taillera avec un couteau ces quarrés de gazon
fuivant le cordeau &
la trace, en les arrangeant ôc ferrant
l'un dans l'autre , &
avec une petite batte ou maillet de bois
on lesbattra jufqu'à ce qu'ils foient bien prefTés 6c réduits au
niveau de la terre. L'on ne peut , pour ainfi dire trop battre ,

& trop enterrer gazon l'herbe de fon naturel s'élève tou-


le ,

jours afTés en pouffant. Quand les quarrés de gazon ne fe joi-


gnent pas bien on les garnit de terre ôc l'on y met de peti-
, ,

tes pièces pour boucher les trous ôc les fentes on rend parla
:

un tapis aufli beau ôc aufllimi que s'il étoit crû dans le lieu
,

même.
On obfervera qu'auffi-tôt que le gazon eft plaqué , il le faut

arrofer , afin que s'uniiTant plutôt à la terre , fur laquelle il


eft pofé , il prenne racine , ôc n'ait pas le tems de jaunir ôc
defe fecher , ce qui feroit à craindre , fi l'on manquoit à le
mouiller.
Le plus fur d'avoir de beaux tapis de gazon bien
moyen
unis ôc bien veloutés, eO: de les plaquer j cela vaut toujours
mieux que de les femer j mais quand on a de grandes pièces
à gazonner , comme coûteroient infiniment à plaquer
elles
toutes entières , on fe contente de les femer de graine choiiîe i
ôc comme l'on auroit de la peine à borner jufte ces tapis avec
de la graine , l'on en plaque les bords , de morceaux quarrés
,

Si PREMIERE PARTIE, Ckap. VIL


de gazon fui vant le cordeau tendu fur la trace , èc l'on en féme
lë dedans à l'ordinaire. *
Sir'on ne vouloit pas faire la dépenfe de plaquer les bords
d'une pièce de gazon , il faudroic femer beaucoup de graine
dans la trace afin que cela marquât davantage & plus vite.
,

Pour les petites pièces de gazon qui font dans les Parterres
,

.comme malTifs , coquilles , volutes pièces découpées , bor-


,

dures de baffins , &c. il faut toujours les plaquer , elles en


font plus belles s'exécutent plus proprement , éc s'en confer-
,

vcnt mieux.
Quand on veut regazonner quelque coquille ou quelque
enroulement dont le gazon eft ruiné , il faut enfoncer des
piquets aux extrémités , pour remarquer le plus que l'on peut
l'ancienne trace & enfuite enlever de terre le mauvais gazon
,

& le chien-dent. Quand la place fera bien nettoyée & rétablie,


l'on retrasdbera fuivant les piquets la coquille que l'on gazon-
jnera proprement.
Les Talus &Glacis font bien plus difficiles à gazonner que
les rampes , tapis &
peloufesj en ce qu'il faut plaquer le gazon,
de manière qu'il ne s'éboule point , &
conferver la ligne de
pente, fans faire de coudes & de jarets.
Les Talus &Glacis qui ne font pas confidérables par leur
hauteur , comme de cinq à fix pieds , tels que font ceux qu'on
pratique pour les petites terrafles &
dans les renfoncemens
des Boulingrins font les plus aifés à gazonner , on n'a qu'à
5

plaquer les quarrés de gazon , fuivant ce que l'on vient de


dire.
Il ne faut prefque jamais femer les Talus & Glacis , parce
que l'herbe n'y vient pas fi aifément que dans les tapis plats $
cependant û l'on vouloit les femer , on plaquera la bordure
d'en-haut & d'cn-bas avec des quarrés de gazon pour en-
,

tretenir les terres ôc les empêcher de s'ébouler 3 on en femera


le milieu très-dru , afin que la graine ne fe mette point par
pelotons.
Pour les grands Talus & Glacis , comme de quinze à vingt
pieds de haut , ils demandent plus de circonfpection dans la
manière de les revêtir de gazon , de crainte qu'ils ne s'ébou-
lent. Ils font conftruits par lits de terre Ôc de claïonnage 3 ain£
qu'il fera expliqué dans la fuite.
LA THEORIE DU JARDINAGE. S5
Le gazon donc on fe fert, doit être levé en forme d'un
coin de bois , &: non pas d'égale épaiffeiir , comme celui que
l'on plaque dans les tapis ordinaires. On apelle ce gazon , à
pointe ou à queue. Cette pointe de terre que l'on laifTe par
deflous , fert à l'afTeoir &
à l'entretenir de crainte qu'il ne
s'éboule. On plaque ce gazon le long du cordeau qui fuit le
principal trait , enforte qu'il touche par l'un des bouts ce cor-
deau , &de l'autre , les facines ou claïoniiages , obfervant
félon ^ quelques-uns que l'herbe foit tournée en deffous, ce
qui n'eft bon que pour les ouvrages de Fortifications , non RoKauit, O-
zanam Trai-
& ;

point pour les Talus des Jardins, lur lefquels on affit le gazon tez des Forti-
l'herbe defTus , en le plaquant fuivant la ligne de pente , ficûîioKS.
avec la précaution, de peur que ces gazons ne s'éboulent,
de les cheviller tous avec de bonnes chevilles de bois de
chêne ou d'aulne j pour les entretenir jufqu'à ce qu'ils ayenc
pris racine.
Les tapis &: les talus de gazon font une des principales beau-
tés des Jardins quand ils font bien entretenus ç'en eft toute
,
:

la difficulté quand même la graine feroit bien levée ,& l'her-


j

be très-druë ou que les gazons plaqués feroient repris & d'un


,

beau verd , cette perfeâion changeroit en peu de tems , il

l'entretien n'y écoit pas.


Cet entretien confiée à faucher fouvent le gazon , non pas
quatre fois l'année, comme le difent quelques"^ Auteurs , Daviicr , Die-
tion.de l'Aca-
mais au moins une fois le mois. Il y a même des endroits où démie Fraa-
l'onfauche legazontous les quinze jours. L'herbe s'en épaiffit çoife.

& devient plus belle , plus elle eft coupée. Elle doit être d'un
ras , qu'un brin, pour ainfi dire , ne paflepas 1-autre.Il faut
encore rogner de tems en tems , ôc borner le pourtour des
pièces de gazon fuivant le cordeau, ç'en eft toute la propreté,
parce que lans cela l'herbe courroit dans l'allée , inter- &
roraproit là forme 6c le deffein des compartimens.
La manière dont on entretient le gazon en Angleterre , c'eft Sorbicrc u
voysgs à'AU'
de le faucher très-fouvent , &
de le battre quand il eft trop glcccrre î pa-
haut , en y roulant deifus de gros cylindres ou rouleaux de ge 17.
bois ou de pierre , afin de l'affaiffer &
d'arrazer l'herbe de
bien près. On ne peur mieux faire que de ftdvre cette ma-
xime d'Angleterre , ou les tapis de gazon font d'une beauté
fi parfaite ? qu'à peine peut-on ici en approcher.

L ij
,

§4 PREMÎEEIE PARTIE, Chap. VII.


On peut dire, que fi les beaux gazons font d'un grand
ornement dans un Jardin , c eft auffi ce qui demande le plus
grand foin d'un Jardinier qui doit être prefque toujours après j
, c'efl une chofe nécefTaire & indirpenfable
niais enfin au lieu
,

que fi on les néglige les herbes venaru par touffes , ne for-


,

meront plus ces tapis unis & ras &: fe changeront en chien-
,

dent & mauvaifes herbes qu'il faudra entièrement ruiner


,

pour en plaquer ou femer de meilleures. On peut donc éviter


de changer tous les deux ou trois ans le gazon , par le grand
foin qu'on apporterra aie bien entretenir.
Quelques perfonnes prétendent, que pour avoir toujours
de beaux tapis de gazon bien entretenus , il faut tous les ans
dans l'Automne , y femer légèrement quelques graines , pour
les renouveller , & remplir les places qui ne font pas affés gar-
nies , ou qui font mortes. Cela peut être fort bon , pourvu
que l'on choififTe bien les graines qu'on y femera.
LA THEORIE DU JARDINAGE. «5

CHAPITRE VIII.

DES POKTîQjUESy BERCEJVX,


Cabinets de Treillage &
Verdure , Figures ,
de
Vafes^tî^ autres ornemens fervant a U décoration^
emhélijfement des Jardins,

QUoique de parler généralement de tou-


ïious venions
rtes les parties qui compofent un beau Jardin , nous ne
devons pas cependant oublier les choies qui contribuent à fa
décoration & à fon embélilTement. On fera dans cet endroit
fort circonfped 5 ne voulant point ici propoferdes exemples
hors de la portée des particuliers , qui pourroient trouver des
difficultés' capables d'en empêcher l'exécution. Ce font de
ces dépenfes Royales dont on veut parler , qu'il n'eft permis
qu'aux Princes , qu'aux Minières d'Etat , & aux perfonnes de
cette volée d'entreprendre.
Il n'eft plus à préfent ii fort à la mode de conftruire dans
les Jardins , des Portiques , des Berceaux &
Cabinets de treil-
lage i cependant on ne lailTe pas encore d'en faire dans quel-
ques endroits j il eft conftant que ces morceaux d'Archi-
tecbure , quand ils font bien placés > ont alfurément quel-
que chofede beau &
de magnifique i ils relèvent rehauf- &
fent infiniment la beauté naturelle des Jardins mais comme :

ils coûtent beaucoup à exécuter &


à entretenir , joint à ce L^HôtcUe
qu'ils fc ruinent facilement, on eft fort dégoûté de cette Condé.
mode. ^ ^ LotrSf''^'
de ces ouvrages dans quelques Jardins qui coû-
Il s'eft fait ,

toient jufqu'à vingt mille écus qui font à préfent prefque


.

tous ruinés , il n'y a que la quantité de fer qui les puilTe fou-
tenir long-tems.
On diltingue de deux fortes de Berceaux ou Portiques ,

les artificiels & les naturels.


Les Berceaux Cabinets artificiels fom faits tout de treil-.

L iij
Êê PREMIERE PARTîE,CHAf. VIÎÎ.
lage , foûtenus par des montans , traverfes , cercles , arboo-
tans 6c barres de fer. On fe fert pour ces treillages d'écha-
îas de bois de chefne bien planés ôc bien dreiTés , dont oîî
fait des mailles de à fept ponces en qiiarré , liées avec
fix
dn fil de fer. On fe fert auffi de bois de boilfeaa pour con-
tourner les moulures &
les ornemens des corniclies > dp
chevrons pour plates-bandes de les focles.
les larges
On compofe avec tout ce fer ôc ce bois , des Berceaux >
des Portiques , des Galeries , des Cabinets , Salons i Niches^
& Coquilles , ornés de colonnes , de piiailres , de corniches j
frontons , montans , paneaux ,
, confoles , eouronne-
vafes
mens , <iomes , lanternes ôc autres ornemens d'Architedu-
re. L'on doit fuivre dans ces delTeins une jufte proportions
en réglant un module & y raportant toutes les parties de
,

l'Ordonnance, comme fi c'étoit un bâtiment.


Il faux remarquer que les ornemens les plus riches ne
,

conviennent pas au treillage ils font trop difficiles à exé-


,

S!^* cuter avec du bois i il y en a de certains qui leur font afFedés


îonnes loni- oc qui tout partaicement bien en ouvrage. L on évitera de
^'^^^^ colonnes & Ton fe fervira toujours de pilallres , ou
,
?cs" d^*^^
Cabinet" de moutaus avec des paneaux. L'ordre Ionique eft celui
Treillage. qui convient le mieux aux treillages , & qui s'exécute plus-
facilen^ent.
On diâingue un Berceau d'avec un Cabinet , en ce qu'uiï
Bercead eft une grande longueur cintrée par le haut j en
forme de galerie 3 & qu'un Cabinet eft compofé d'une figure
q narrée , circulaire , ou coupée à pans , formant un falon qui
peut fe mettre aux deux extrémités , & au milieu d'un long
berceau.
Les Portiques font encore difFérens de tout cela c'eft l'en»
:

trée extérieure des Cabinets , Salons & Berceaux de treilla-


ge , qui eft ordinairement décorée d'un fronton , d'une belle
corniche , avec des pilaftres ou montans > c'eft auffi une lon-
gue décoration d'Architedure , placée contre un mur > ou
à l'entrée d'un bois, dont les faillies de les recours font peu
confidérables.
On fe fert ordinairement des Berceaux , Cabinets 5c Por-
, pour terminer un Jardin de
tiques de treillage Ville , &; en -

boucher le^ murs & les vues défagréables , en formant un


,,

LA THEORIE DU JARDINAGE. $y
bel afped par cette décoration , qui peut fervir auffi de fond
& de perfpedive à une grande allée. L'on en pratique encore
dans les Bofquets , dans les renfoncemens & niches des palif-
fades, pour des bancs &
des figures. On les couvre fouvent de
rolîers $ de jafmins , chevre-feiiilles , vignes-vierge , pour
y
pouvoir jouir d'un peu d'ombrage.
Il faut fur tout choifîr un bel amqrtiflement ou couron-
nement pour un portique &: pour un berceau de treillage ,
c'eft ce qui paroît le plus on en verra des exemples dans la
:

Planche fuivante , qui renferme toutes les différentes fortes


de treillage , & les plus belles décorations qu'on leur puifTe
donner.
La le Figure eft la plus magnifique & la plus compofée de
toutes c'en: un grand portique de treillage d'ordre Ionique
:

compofé de plulieurs pilaftres accouplés , qui foutiennent une


belle corniche , avec un petit focle au-deflus en forme d' At-
tique , orné de vafes , pofés à plomb fur chaque pilaflre. Dans
le milieu , c'eflun grand renfoncement couronné d'un cin-
.

tre formé de la même corniche, & de quelques bandes d'or-


nement. Le bas de ce renfoncement eft occupé par un baffin de
toute la largeur ,d'où il fort un bouillon de iîx à fept pieds
de haut d'entre deux enfans qui font portés fur des enrou-
,

lemens au deflus d'un gradin , dont l'eau en retombant , forme


une nappe circulaire î accompagnée fur les côtés de deux au-
tres bouillons. Aux deux extrémités de ce portique j font
deux niches circulaires , remplies chacune d'un chandelier
d'eau fait en gaine orné de trois mafques qui rejettent l'eau
,

dans le baffin d'en-bas. Tout ce treillage eft rempli de ronds


delozanges , de moulures , de bandes & autres ornemens
des plus riches y dont on connoîtra la proportion par l'é-
chelle. L'on en auroit donné le plan , û la grandeur de la
Planche l'avoit pu permettre. Ce Portique peut fervir de
fond à un Jardin de Ville , pu au bout d'une grande allée , où.
il formeront une belle perfpeélive i la nappe du milieu feroic

vu e de la grande allée 3 & les deux niches des bouts fe trou-


veroient en face de chaque contre-allée.
Le Portique qui eft repréfenté dans la le Figure eft moins
çonfidérable par fon étendue & la richeire ? il n'y a point d'or-
dre d'Architedure cependant il fera uii fore bel eÛçt eà
^
M Î^REMIERE PARTIE, Chap.
conviendroit pareillement pour
vin.
fond d'un
le
^

exécution. Il

Jardin , ou au bout d une grande ailée s en mettant un banc


dans fon renfoncement j il fervira auffi d'entrée dans un bois
en perçant l'arcade du milieu , comme l'on en voit une moi-
tié dans le delTein. Ce Portique ell: compofé de montans dc
paneaux de treillage, avec la même corniche que celle du
grand Portique. Son couronnement eft un grand cintre , fur-
monté d'un fronton triangulaire qui eft porté dans les bouts
,

par des paneaux & des confoles le bas eft orné de deux
:

îcabelons ou gaines , qui portent des bulles. L'échelle du


grand Portique lui eft commune , ôc donnera rintelligence
du refte.
On voit dans la Tc Figure un Cabinet de treillage propre
,

à placer dans un bofquet , ou au bout d'une allée découverte*


Sa figure à pans d'un deflein alTés lîngulier. Il eft décoré de
cft
paneaux fimples , &
d'un fronton circulaire , furmonté d'une
calote à pans , qui porte une lanterne percée à jour , auâî -bien
que le tympan du fronton.
La 4c Figure efi: une grande niche circulaire toute des
plus riches i fes montans font remplis d'ornemens , & cou-
ronnés d'une belle corniche cintrée, dont le fond eft occupé
par une coquille à côtes. On a placé dans cette niche un bu-
îet d'eau , çompofé d'un chandelier ou champignon . donc
la coupe eft portée par des dauphins des confoles i l'eau en
retombe par deux napes dans le balTm d'en-bas. Cette niche
conviendroit fort dans un bois , ou au bout de quelque ailée
qu'on ne pourroit percer plus avant.
Le Salon de la 5e Figure fert de porti<^ue & d'entrée à un
berceau long , dans lequel il eft pratique. Il eft fort fimple
dans fes ornemens ce ne font que deux montans , avec une
:

arcade ornée d'impoftes & d'archivoltes 3 le tout couronné


d'un fronton triangulaire , furmonté d'un dome cintré , &
ouvert par le haut.
On ne donne ici aucun deflfein de Cabinets de ftmple treil-
lage fans ornemens , cela feroit fort inutile ii l'on en v^uloît
:

exécuter quelques-uns , & qu'on les voulût orner d'une cor-


niche ou d'un beau couronnement , on en pourra choifir daug
les delTeins précédens , d'où on les peut détacher , pour le
placer fore âifément par tout. Lç
,

LA THEORIE DU JARDINAGE, ff
Les Berceaux naturels ou de verdure , appelle's champêtres
font fimplement formés de branches d'arbres , entrelaflees
avec art &: hiduftrie , tirées l'une fur' l'autre p^r des fîls de
fer , & cerceaux & perches
fouteîiuës par de gros treillages ,

qui compofent des Galeries Portiques , Berceaux , Cabi-


,

nets Salies Colonnades, Niches & Enfilades de pièces cou-


, »

vertes naturellement fans y employer aucun' treillage ap*


,

parent 3 leur place cft la même que celle des Berceaux arti-
ficiels ou de Treillage. L'on en va voir des exemples exécu-
tés à Marly 6ù dans quelques autres Jardins car on n'a pas:

voulu donner rien de génie dans cet endroit , ainfî que l'on
a fait ei-delFus dans les paliirades extraordinaires 5 cela eil
prouvera mieux la poffibilicé 3 il eil: fur que ces Berceaux Por- ,

tiques & Colonnades paroîcront encore plus- impraticables


que les paliflades percées en arcades 3 une Colonne de char-
mille eil un chef-d'œuvre &
un miracle en fait de Jardinage
au'flî eft-elle très-rar@=-
LaFigure repréfente la Colonnade de verdure des Jardins*
i<=

de Marly , au bas de la i^^ terrafle en defcendant du Châ-


,

teau vers la grande pièce d'eau elle borde une Salle verte'
:

entièrement couverte Se tondue par deiTus à caufe de 5^ U


vue 3 c'eil où étoit autrefois le baffin des carpes : cette Colon-=-
Bade efl d'abord fur une ligne droite enfuite elle retourne
,=

gn portion circulaire des deux côtés de la terralTe la fmié- :

trie Ô5 l'afped en font furprenants dignes d'admiration.


Les colonnes ont environ dix pieds de haut fur trois de tour,-
y compris un pied de'chaquebout pourles bazes chapiteaux ,

& filets qif on y voit. Le focle ou piedeftai a un pied & àemi


&; la corniche un' pied de haut. On a fait excéder de trois
pouces 3 lepiedellai &
la bande d'en-haut à chaque colonne
èc direclemenc au-delfus on a pratiqué des vafes d'une fîgurQ-
bien particulière. Pour lier chaque, colonne au bofquet ce ,

font des traveries ou poutrelles de verdure bien tondues en-


équariiîement 3 cela eil fi merveilleux , qu'il faut le voir pour
mieux le concevoir»
La 2^ Figure fait encore voirquelquemorceau de ces Jardins
enchantés 3 ce font les Portiques, Berceaux & Galeries de
verdure qui régnent. tout le long des aîles de Ja grande pièce,
faivanties douze pavillons enac Idqueis l'allée des boa-
M
,

PR.EMIËREPAR.TIE,Ch a p. VîH
ks , ces Portiques font iitués , rien n'eft plus ingénieux ni pltîs
arriilemenc exécuté. Il y en a deux rangs qui forment un
Berceau ou une Galerie , £^ ces arbres ibnt dans des plates-
bandes ornées entre - deux d'jfs
, de fleurs de faifon ^
les tiges des arbres font découvertes d'environ iix pieds de
îiaut 5c garnies de feuilles au delTus pour former ;un mon-
, ,

tant ou pilaftre jufqu'à l'arcade qui vient fe cintrer delfus.


On a échapé une tige &; un petit yafe.eatre^c^îîaque arcade :

ce qu'il y a de plus beau ^ c'efi; que ces Berceaux fe .croifenc


l'un fur l'autre par des arcs de verdure , & même fe i:etourf.
nent quarrément fans aucune confujion j le tout forme une
voûte fort longue &
toute verte ces cintres , ces bandes êc
,
:

ces montans font peu épais, &ont iDeaticoup de delicatefle,


chofe eacore très-remarquable , qu'on puifîe entretenir des
ormes dans cet état un fi long-tems j les jours qui regnenp
,dans le plat-fond contribuent à donner de l'air delTous ce?
Berceaux & à faire réfifter ces ai-bres dan^
, gêne la con^ U
trainte où on les tient toujours.
On 3 ^ figure un Portique ou décoration cham?-'
voit d^ns la
|)être, doçt l'exécution paroît d'abord alTés extraordinaire,
n'y ayant aucun treillage viiîble elle eft placée au bout d'une
:

grande allée double pour en terminer la vue plus agréable-


ment i le milieu eft une grande niche ciritrée avec un banc ei;t
face de la grande allée du milieu , S^il y a deux renfoncement
quarrés , avec des figures fur des piedeftaux en face de cha^
que contre-allée. Entre cette niche &: les deux renfoncemens
on a pratiqué quatre avant-corps de huit colonnes de ver-
dure , ifolées de la paliffade du fond 5 ces colonnes portent (m
des focles , &c ont leurs bazes & filets taillés en chamfrain $
les chapiteaux 6c filets d'en - haut font de même ^ &: portenc
une corniche qui règne par tout j elle fait relTautfur chaque
gvant corps , Se retourne en fronton triangulaire au-delfus
la grande niche du milieu ce de^^ein eft couronné par un at-
:

îique qui fuit la corniche fur les avant- corps de colonnes ,


au-delFus defquelles il fe trouve des boules toutes rondes. Le?
figures , les piedeftaux te le banc font de pierre de taille , pour
faire opposition,
Le Portique de Figure eft circulaire & occupé dans
la 4e
(an milijeu par un grand baiïïn i il reftemble ^çs ayx Porti??
ci entrée, ci un hcrceciLL

1 PlAnJte.:i^''^n
LK tHÈQRîE DU JARDIN A GE. 511

^ties de Mari y , liormis qu'il ne retourne &: n^ croife poiût


l'un fur l'autren'y ayant qu'un rang ifolé ce qu'il a de
,

Énguliêr ce foetde petites caiOes avec une tige , ménagées


,

à chaque pied des arcades entre lefquels il y a des ifs moulés.


Ces Portiques ont un fond- de verdure ainfi que l'on a vu à
,

Ik colonnade de Marly. Le
cabinet de verdure eft fort nou-
veau dans fon efpece trouve à Fenfilade de la grande
: il fe
allée aboutilTante au Jet , &
Ton pourroic en planter trois
autres, qui a^ec celui-là fe croiferoient furie baffin. Sa forme
eft quarrée joignanc d'une face le tour des Portiques , ôc
de l'autre la paliflade du fond enforte que de
, l'allée du pour-
tour on>^ paffe defîbus les quatre montans des encoignures
:

fe croifenc l'un^ fur l'autre par des bandes de verdure , qui


feiffent quelqae jour ^ntre- deux> , eomme aux Portiques de
Marly. La- décoration de fa façade en dedans , eft compofée
de dm'x grands montans qui portent fur desfocles , font &
couronnées d'une corniche en chamfrain , qui retourne en
cintre dans le milieu. Au-deffus de chaque montant r ce font
de grofles boules tondues en vaiès. On a orné ces montans
de deux grands vafes de fculpture , poiés fur des fcabelions
de pierre, pour relever un peu F Architeclurô champêtre.
Paffons maintenant aux autres orncmens , qui fervent à
la décoration & à rembelilFemcnt des Jardins & fans parler ,

de ceux de verdure , comme de pa^lifFades percées en arcades


de Salles de comédie & de bal de galeries vertes , dont
©n a trouvé des deffeins ei-deffus comme auffi des amphi-
r-

théâtres-, eflrades gradins


, efcaliers de gazon , que l'oo.^
verra dans la fuite 3 lefquels ornemens font les plus efléntiels
puifqu'iis fonc valoir tous les autres nous ne parlerons ici
:

qiie de ceux quileur font accefToires ,,tels que lesfuivans»-

Les fontaines font après les plants , le principal orncmens:


des Jardins ce font elles ^ui les animent par leurs murmureS'
5.

êc qui caufent de ces beautés merveilleufes , dont les yeux


peuvent à peine fe rafTafier. On les place dans les plus beaujE
endroits & les plus en vùë de tous côtés. S'il y a quelque pente
dans un Jardin on y pratique des cafeades, desbufFets deaii,
,

qui (e répètent par plufieurs napes , accompagnées de bouil*


ions & de jets. Quand l'eau fe trouve facilement on fait des
pièces d'eau ôc des canaux , qui font des morceaux enchantés
^1 PRE M î E R E P A K. T lE Chap. V î ÎL
,

dans un Jardin j On met defTus ces canaux de petits bâtimens


en gondoles dorées pour s'y promener , gç on les peuple de
quantité de poiiTons pour avoir k plailir de la pêche. L'on
,

met encore fur ces eaux pour l'ornement , des cygnes des ,

.canards & des oïes de différente couleur 5 ce qui eft fort agréa-
ble à la vue. L'on décore les fontaines d'un ordre ruitiquc
enrichi d'ornemens maritimes , avec des figures convenables
aux eaux.
terraffes étant bien fituées , font encore d\in grand
ïî «'y a point
de Jardin , ot\ Ornement dans les Jardins par leur régularité
, leur dé- &
les tcrralTcs
couvcrte fur tout quând ces rerraffes (ont bien bâties Se or-
,
loienc il belles / j i r i- n
^e^s de beaux eicaiiers , ou de belles rampes. On
^ i i
'

^u'i Meiidoh, y prati-


que quelquefois des voûtes , des grottes , des cafcades Se
bufets d'eau 5 avec un ordre d'Architecture , êc quantité
de figures dans les niches fur la tablette d en-haut l'on
:

&
met des vafes des pots de fleurs rangés par fimétrie.
Les Serres ou les Orangeries font de grands morceaux de
bâtiment, comme d^s galeries , qui par leurs façades aug*
mentent la beauté des Jardins j la nécelfité que l'on a d'en
bâtir , pour ferrer les orangers &
les autres caifies pendant
i'Hyver , demande ordinairement l'expofition du Midy ,
ce qui n'empêche point que l'on n'obferve de les placer le
plus avantageufement que l'on pourra , pour flatter le coup
d'œil 5 elles ferviront alors de galerie l'Eté pour fe promener ,

L'Orangerie Pendant la pluïe. L'on en pratique quelquefois fous les vou-


âeMcudon. tes d'une tcrrafTe , dont les arcades & les trumeaux forment
une alTés belle décoration de loin.
Les figures &: les vafes contribuent beaucoup à l'embé-
liiTement & à la magnificence des Jardins , &en relèvent infi^
niment les beautés naturelles. Il s'en fait de différentes for-
mes & de plufieurs matières , dont les plus riches font de
bronze de fonte , de plomb doré & de marbre 5 les moin-
,

dres font de fer, de pierre &; de ftuc. On diftingue parmi les


figures , les groupes qui font compofés au moins de deux
figures enfemble dans le même bloc , les figures ifolées , c'eft
i-dire autour defquelles on peut tourner, Se les figures qu'on
,

place dans les niches , qui ne font finies que par devant il y a :

encore lesbuftes termes , -figures à demi corps demi-nature


, ,

&: plus grande que nature appeliées Coloffales , poféçs fur


LA THSOÎIIE DU JARDINAGE. >3
'des piedeftaux , fcabellons , gaines , piedouches
focles , faiis ,

compter les figures d'animaux qui ornent les cafcades , auffi-


bien que les bas-reliefs &; les mafques.
^ figures repre'fentent toutes fortes de Divinités
Ces & de
perfonnages àe rantiquité , qu'il faut placer à propos dans
les Jardins en mettant les Divinite's des eaux comme Naïa-
j
,

des, Fleuves Tritons , au milieu des fontain€s


,
des baffinsj &
-& les Divinite's des bois comme Sylvaiiis> Faunes , Driadcs
,

dans les bofquets. On repréfente encore en bas-reliefs , des


Sacrifices Baccanales , Jeux d'enfans fur les vafes & pied-
,

^ftaux 5 qu'on peut orner de feftons, de feuilles, de moulures ôç


autres ornemens.
Les places ordinaires pour les figures & les vafes , font le
^ong des paliffades j en face & fur les cotés d'un parterre ,
<lans des niches & renfoncemens de charmille ou de treillage
faits exprès. Dans les bofquets on les place au centre d'une
étoile ou d'une croix de S. André, dans l'entre-deux des al-
lées d'une patte-d'oïe, au milieu des Salles ôc des Cabinets»
entre les arbres ou les arcades d'une galerie de verdure , ôc à
la tête d'un rang d'arbres ou de paliffades ifolées. On les
place encore au fond des allées & enfilades , pour les bien
décorer 3 dans les portiques les berceaux de treillage, dans

les baffins , les cafcades , &:c. généralement elles font bien par
tout, & l'on ne fçauroit en avoir trop dans un Jardins mais
comme en fait de Sculpture , il faut de l'excellent, auffi-bien
qu'en peinture &
€n poëfie , il convient mieux à un particu-
îier de fe paffer de figures que d'en avoir de médiocrement
,

belles qui font toujours défirer cette perfeclion 5 on doit laif-


,

fer cette dépenfe aux Princes aux Miniftres. &


&
On orne les bouts les extrémités d'un parc ,de pavillon!
de maçonnerie, appelles 5^/7w^^^fr^ , ou Pavillons de l'Au- Bdieve-
rore j un agrément pour fe repofer après une longue
c'eft deie tout de

promenade que de trouver ces fortes de Pavillons qui for-


,
?e?°"jjrïn!
ment un bel alpect de loinj ils fervent auffi de retraite pen- haursde Mar-

dant la pluÏ€. Le mot de Belvédère eft Italien & fignifie Bel , jy > & d^ns le

-vue qui eii donne tort a propos a cesi aviiions qui pour
, ,

l'ordinaire étant élevés fur quelque hauteur ^ découvrent


commandent tout lePaïs d'alentour.
Les Perfpedives ÔC les Grotes ne font maintenant prefque
M iij
, ,

94 ^
l'REMiER.'E partie,cha?. vrrr.
plus à la mode , far tout hs Grottes qui font fort fu jettes k
le gâter. On les plaçoit ordinairement au bout des altees
deffous des terraÔes. A
l'égard' des perfpedi ves i elles fervent
ta perfpedi.^^^ cacher les murs de pignon , & les murs du bout dune al-
tive de Ruëi léc , qu OU ne peut percer plus loin. Elles font une belk'
étoit 11 bien J ' '
o v r a
peinre
"^coration , ôc
i

tres-lurprenants par leurs perces trompeurs.-


, que
ics oifeaux ve- On Ics peint à huile , ou à frefque . Se on les couvre par en-

feTuîêtccon. * P^"*^ ^^^^ rejette l'eau de la pluye qui cou-


tre le mur, Içroit fans ceia le long dui mur gâteroit la peinture en-
eroïant paffer tierement.
ïr," od Ton' ornemens très- neceffai'res dans les enfî-
grilles font des
avoit peint le lades d'alle'es pour en prolonger la vûë ,
, découvrir bien
du Païs. On fait préfentement des claires - voyes appellées j
des ah ah , qui font des Ouvertures de murs fans grilles de .

a ni veau des alle'es , avec un folTé large & profond au pied


revêtu des deux côtés pour foûtenir les terres , & empêcher
qu'on n'y puiffe monter > ce qui furprend la vue en apro--
chant fait crier ^^,dont ils ont pris le nom j ces for-^
tes d'ouvertures bouchent moins la vue que les barreaux des»
grilles
Les cailTes & les pots de fleurs fervent encore
d'ornemenr
aux Jardins. On Caife , des Orangers
élevé dans ces des ,

Jafmins , des Grenadiers Mirthes , Lauriers , &c. qui fe pla-


,

cent avec fîmetrie dans les parterres d'Orangerie , le long


des Ter rafles , ou à côté des Parterres , & qui forment des
allées on y met entre*deux , des pots êc vafes de faïance rem-
:

- plis de fleurs de toutes les faifons , que l'on place auffi fur des
gradins , fur les tablettes des murs de terrafle , & à la defcente
des efcaliers ou fur des dez de pierre dans les plates-bandes-
,

6c bordures de gazon.
Les Bancs outre la commodité qur'ils offrent fans cefle
dans les grande Jardins , où l'on n'en peut jamais trop met-
tre par le grand befoin que l'on ena en fe promenant , font en^
core un ailés bel effet quand ils font mis dans de certaines
,

places qui leur font delèinées , comme dans des niches ou


renfoncemens en face des grandes allées & enfilades , dans
les Salles & Galeries des Bofquets on en fait de marbre , de:

pierre de taille & de bois qui font les plus communs & donE
,
,

U y a deux efpeces, les bancs à dplîîer qui font les plus beaux
LA THEORIE DU JARDîNAGE. 55
que l'on tranfporte THy^er, & les fimpies qui ibntfceUés
,€11 plâtre dansia terre..

On remarquera paCTerune couleur à huile, foie


qu'il faut
^^erte ©u autre , fur tout ce qui eft expofé à lapluye dans un
Jardin , M
qui fe peut aife'ment pourrir , comme font les
Treillages , les Bancs , les CailTes les Gradins &c. c'eft non-
, ,

feulement pour leur confervation , mais encore pour une plus


^grande propreté.
On ne donnera point de Planches de tous les ornemens
dont on vient de parler , comme de chofes appartenantes plus
à r Architedure qu'au Jardinage ,
,
&
dont on n'a parlé ici que
fpour dire les endroits des jardins ou il convient le mieux de
:ies placer.

^JM J^E LA PREMIERE PARTIE.


,

SECONDE PARTIE
Q^U I C O NT I E NT
LA PRATIQU
En
JARDINAGE
ce qui regarde la manière de Tracer.

CHAPITRE PREMIER.
PRELIMINAIRE: DE ^ELQVES-
PratJques de Geomeme^ décrites fur le:'p.4pkr , avec
la manière de les. raporfer fidèlement fur le Terrain,

En'eft pas affés' d'avoir parle dans la première;


Partie , de tout ce qui compofe un beau ardin ^

& voir le choix qu'on en doit faire


fait par ,

les exemples que nos defleins en donnent i il


faut enfeigner preTentement la manière de
mettre en pratique & en exécution ces bel-
,

les idées , qui ieroient autant d'énigmes fans ce fecours. En^


efFet i tout ce que l'on a die dans les Chapitres précédens ^
n étant
,

LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 5?7


îi^'étanc à proprement parler Théorie de cet Ou vrag;e
, que la
tous ces Chapitres ne feroient d'aucune utilité fans ceux des ,

trois Parties fuiyantes qui en renferment la Pratique La :

1 heoriti niente Jmza la fratka , dit l'Italien. C'efl: ou manquent


ia plupart des Autetirs qui s'étendent très-amplement fur la
^

fpéculative d'une Science, de ne parlent que très- peu ou j

point du tout de fa pratique i ce qui rend leurs Ouvrages de


^eu d'utilité, &: fait regreter letems que l'on a paile à les lire,
îkns en pouvoir tirer aucun fruit.
La manière de tracer fur le Terrain , confifle plutôt dans
une grande pratique, que dans une profonde fcience line :

faut fçavoir que quelques règles de Géométrie pratique pour ,

s'y rendre très-habile en peu de rems. L'expérience la pra- ,

tique du Terrain & une certaine routine, y font plus nécef-


,

faires qu'une longue reflexion dans le cabinet Cependant


, :

iî l'on négligeojt de s'inftruire de ces règles , 6c qii'«n travail-

lit d'abord fur le Terrain , avant que d'avoir defliné furie


papier , ou du moins avant que de connoître la manière de
rapporter les figures du papier fur le Terrain , on courroie
rilque d^ fe tromper fouvent. On ne dit point qu'il faille fe
rendre habile Géomètre pour être capable de tracer fur le
,

Terrain cela eft hors de la portée d'un Jardinier j fî cela étoic


,

nécelTaire, un Jardin feroit long tems en friche, en atten-


dant que fon Maître fe fût rendu habile dans une fcience , oii
la vie de l'homme fuffit à peine.
On ne veut pas même impofer à un Jardinier la néceffité
de lire un Traité de Géométrie pratique quoiqu'il y en ait ,

de fort bons & de treV courts"^. On lui a épargné cette peine , •''Le P. Par^
en recherchant dans cette fcience , tout ce qui peut avoir ^^^^ '
^^"^

rapport aux defleins de Jardinage dont on a compofé ces ,

Préliminaires, ouElemens de la manière de tracer réduite ,

aux vingt Pratiques fuivantes.


Pour trac^jr fur le Terrain on fe fert de plufieurs inftru-
5

mens j les plus ordinaires font le Graphomettre ou demi-


Cercle & l'Equerre ou Cercle parfait.
j

Le Graphoraetre ou demi-Cercle efi: ordinairement de ,

cuivre , &
doit avoir depuis un demi-pied , jufqu'à 1 1. à i
5.
pouces de diamètre. Plus il eft grand plus on a de facilité
,

i s'en ferWr, Ce demi-Cerçlç eft di vifé eni 8 Q degrés, qui ^ft


.

N
5)8 SECONDE PARTIE, Cha^. t
la moitié du Cercle parfait en yéo. On ie mec fur degrés-
quart du Cercle, pour former un angle droit fe retourner &
d equerre.^ Il a deux règles , lune immobile qui lui fert de
baze , & l'autre
mobile appelle'^e Alhidade , qui par le moïen-
d'un clou rivé dans fon milieu ,.fe meut autour de centre , èc
fert à prendre les ouvertures d'anglesXes deux règles font ter-
minées par des pinules ou vifieres élevées en angles droits , qui
dirigent & conduifent le raïon vifuel. On remplit ordiliaire-
ment le milieu de cet inftrument y d'une BoufTole pour orien-
ter les plans. Le demi-Cercle eft montéîur un genou , par le
moïen duquel on le trouve fur tout fens ,
y ayant une visqui
ferre & dclferte ce genou tanç que l'on veut. Onlepol^fur le
Terrain , en fourant dans ouvertures au-deilous da
les trois
genou , appellées douilles, trois piquets ferrés par le bout d'en-
feas^j que l'on enfonce en terre. En voici la figure.
Les petits demi-Cer-^
des font montés fur un;
genou , qui n'a qu'une
douille , & par confé-
^uent où il ne faut qu'u»
feul piquet , que l'on po-
fe jufte furun point pris
fur le Terrain, Pour le»
grands demi - Cercles
qui ont un pied triangu-
laire , comme il feroit
difficile de les pofer j u-
fur un point déterminé r il y a un plomb qui pend par def-
fous , cela fait connoître quand il ellprécifément fur le point
€H queftion.
L'Equerre ou Cercle parfait , qui eft un inflirunient dont
on fe fert beaucoup dans le Jardinage & dans l'Arpentage y
diiFere de beaucoup des Equerres de Maçons & autres Ou-
vriers. C'ell: un Cercle parfait coupé en quatre parties égales^
par deux traverfes ou règles immobiles tenantes au Cercle
qui forment la figure d'une croix,, ainfi qu'on le voit dans la fi-
gure fui vante. Aux quatre extrémités de ces. traverfes & au
centre 3 il y a des pinules ou vifieres qui fervent à fe retourneir
,

d'équerre à angles droits.. Cet inûrument n'ell ordinaire-


, ,

lA JPRATIQUE^DU JAR.DÎNAGE. 5^
mtnt que de fer on en : néanmoins de cuivre.
fait 11 eft monté
fur une finiple doiiille fans genou , ou
l'on fourre un piquet, quand on s'en veut
ferviir fur le Terraino Cette Equerre ell:
appeîiée fimple 5:parce qu'il n'y a point
&
de degrés divifés fur fon Cercle, qu'el-
le n'a -point d'aliiidadeou règle mobik.
iC'eil pour cela qu'on ne peut prendre
4'ouverfure d'angle avec cette Equerre,
qu'elle n'eft propre fur le terrain, qu'à
.aligner de grandes lignes droites , &à
former des angles droits. Ce défaut lui

fait préférer le demi-Cercle qui eft un


inftrument bien plus parfait 5 il fert non-feulement à lever 6c à
ïtraccr-des plans , .mais encore à pluiieurs belles opérations de
4^eom,etrie.
On porte fort commodément ces inftrumcns en Cam-
|>agne dans des étuis g)^ on lie les piquets ôc les jalons en-
;>

semble.
,On fe fertencore fur le Terrain , de la Toife , du Cordeau
jde Jalons & de Piquets i ce qui eft fi néceflaire dans le Jardi-
^lage 5 qu'on peut dire que leur ufage eft journalier, n'y aïanc
prefque point de jour dans l'année * qu'un Jardinier ne loic
^obligé de fe feryir des uns ou des autres.
La Toife -eft un bâtoii bien droit , &; long de fix pieds de
îloi s dont la diviUon eft marquéjq par de petits clous un
:

pied de Roi efl divifé en 1 1 pouces , le pouce en 1 2 lignes


la ligne en i z points. La Toife règle la longueur & la lar-
geur des allées ,&c fert à prendre de grandes mefures , comme
}fi pied fert a prendre les petites.
,On fe fert auffi d'ime chaînette de trois ou quatre Toifes
.de long avec des piquets j elle efb beaucoup plus îure dans les
-grandes mefures , que la Toife,
Le cordeau n'eft autre chofe qu'une petite corde ou ficelle, on rcgîe
que l'on tortille autour d'un bâton j & que l'on défile félon la ordinaire-

longueur néceffaire s l'on remarquera que pour empêclier' gue"îr'du Cor-


,qu'il ne s'alonge, il faut le mettre en double & y faire des dean de ly à

nœuds de quatre pieds en quatre pieds on y fait auffi des


j

;boucles aux extrémités , pour les paffer dans les Jalons,


N ij
ïoo SECONDE PARTIE, Châp. I.

comme quand on veut tracer un cercle , un ovale


> une de^
mi-lune ,&c.
Comme le Cordeau eftfujet à quelques inconvenlens , qut
font de s'alonger ou de fe racourcir félon qu'il efl: plus ou moins
tiré 3 de diminuer de beaucoup quand il eft moiiillë , &C de
s'e'cendre quand il vient à fécher. On pourra fe fei-vir de fil de
fer bien mince, de cordes faites d'écorces de Tillot , ou de
'
branches de Viooie liées enfemble j ce qui n'efl point fujet à
s'alonger ni à racourcir.
On dit, tendre ou bander le cordeau , quand l'aïant attaché
a deux jalons , vous le tirés tant que vous le pouvés , en obfer-
vant que le cordeau ne foit ni lâche ni forcé j c'efl-à-dire j
qu'en pinçant la corde , elle touche également- par tout fans
trouver de terre ou de bute j qui l'élevé , la force la con-
traigne tant foie peu.
Les jalons & les piquets font de {impies bâtons
, quon choi*

ilttoujours les plus droits qu'il fe peut cela facilite à bien ali-
,

gner. On les égLiife par un bout pour les ficher en terre , &:
l'on unit plane l'autre par defTus , ce qu'on appelle la tête
du jalon.
Les jalons ne différent des piquets , qu'en ce qu'ils font
plus grands & qu'ils doivent avoir cinq à fix pieds de haut j
,

au lieu que les piquets n'ont que deux pieds tout au plus & ,

le plus fouvent moins.


Les termes de jaloner , aligner , mirer, bornoïer , lignifient
tous la même chofe j c'eft quand celui qui aligne, met i'œrl
fur la tête d'un jalon pour dreifer delTus tous les autres de la
,

même ligne i cela fe fait en fermant un œil &


n'ouvrant que
,

celui dont on fe fert pour aligner: cette action s'appelle ligner


de mire , ou raïon vifuel.
Il arrive que quand on met l'œil fi près du jalon , on ne

peut pas fi bien remarquer le défaut des autres parce que le ,

raïon vifuel s'écarce toujours > il faut donc fe placer un peu


au-defilis du jalon environ à trois ou quatre pieds, & en fe
,

baillant à fa hauteur fermant un œil , mirer avec celui


qui efi: ouvert, fuivant la tête du premier jalon & de ceux
qui feront pofés dans le milieu & à l'autre extrémité , tous
les autres jalons , de forte qu'ils fe couvrent tous , ne pa- &
roiflént qu'un feul, y en eut-il trente fur le même aligne-
ments
LA PRATIQUE DU JARDINAGE. i®ï
pas néceilaire que les jalons foient enfonce's d'e'gale
Il n'eft
hauteur dans l'alignement qu'on fera , ceia n'eft eflentiel que
dans le nivellement ainfi quand un jalon en excederoit un
:

autre d'un demi-pied , cela ne feroit rien j il fuffit qu'ils Te


couvrent bien l'un l'autre.
On a encore befoin fur le Terrain d'un inftrument appelle
Traçoir qui eft un grand bâton droit
, &ferré par le bout d'en
bas , dont la pointe efl: triangulaire ou aplatie en langue de
cliat i c'eft avec le Traçoir qu'on forme &qu'on deffine toutes
les figures des Jardins j en un mot > c'eft le porte-craïon du
Traceur furie Terrain.
Il faut pour tracer tendre un cordeau d'un jalon à un au-
,

tre, & fuivre avec le Traçoir ce cordeau fans cependant le


,

forcer & le contraindre en aucune manière. Dans les grands


alignemensilefl à propos de ficher de petits piquets d'efpace
,

en efpace far la trace , de crainte qu'elle ne s'efface j &


aulfi
pour ladiftinguer de loin.
Quand on trace l'on doit enfoncer un peu avant leTraçoir,
,

pour rendre la trace plus large & plus creufe j Ton repaffe plu-
iieurs fois le Traçoir dans la même trace ôc quelquefois la
,

main en travers ,pour la marquer davantage , de peur que


les vents èc les pluies ne l'effacent.
On ne doit jamais relever les jalons , que la Trace ne foie
bien marquée fur la terre , .& l'on en doit toujours laifferdeux
au moins fur chaque alignement tant pour fervir à planter
,

les arbres que pour reprendre de nouvelles mefures , s'ilétoit


,

jiéceifaire dans la fuice^


On appelle fe retourner d'Equerre { terme fort ufité dans la
manière de tracer ) quand fur une ligne droite tracée avec le
demi-cercle , ou avec le cordeau , l'on y fait tomber une au-*
tre ligne d'à-plomb , appellée perpendiculaire , qui forme un
angle droit ou ligne d'Equerre J que les Ouvriers nommeoc
le trait quarré.
. Il fautavoir la précaution en traçant , d'avoir près de foi
mi petitcordeau de trois ou quatre toifes de long , pour pren-
dre les petites mefures & faire les petites opérations j comme * cette E-
auffi d'avoir une grande * Equerre de bois pour former les «3"^" |?
*
petits retours qui fe rencontrent dans lesdeffeins , où il efl: inu. fofcm tous
tile de fe fervir du der^-cçrcleou du cordeau pour fe retoyr- ie* ouviws,

ner d'EquerrCi N
iij
"
foi SECONDE PARTIE; Chap. î.^
Quand dans pratiques fuivantes vous lires , traeês ctm
les
ligne far la far
'^^ pratique , é'c- cela fîgnifie s que c t&
la

la même ope' ration que l'on a déjà faite dans la 3 e ou 5 e pra-


tique ci- deffus , oà Ton aura recours pour éviter les redîtes.
On les a chiiFre'es exaclement dans cett^ intention.
Il eft à propos de dire ici une chofe , avant que d'entrer
dans les pratiques fuivantes , cela afin de ne point efFraïeir
un Jardinier, d'apprendre à tracer, parles difficul-
<jui defire

tés qui lui furviendroient , loir au fujet.du deflein qu'il çroi-


îoit indifpenfabiement néceffaire pour fçavoir tracer , foie
par la grande peine qu'il fe formeroit , poiir concevoir 3c
mettre en ufage toutes les Figures fuivantes.
On dira au fujet de la première difficulté , pour tous les
Jardiniers & gens de la campagne en gênerai, qu'il n'efl pas
néceffâire qu'ils fâchent deffiner , mais feulement qu'ils doi-
vent avoir l'intelligence d'un plan , 4e manière qu'en leuf
donnant tout delfmé , ils fâchent le rapporter fidèlement
fur le Terrain > ce qui fe fait par ]e moïeii d'une petite ligne
4oubîc , divifée par toife , qu'on appelle l'Echelle du plan , ôC
qui ell toujours au bas du papier. -Comme toutes les parties
d'un deffein font faites fur cette Echelle , & que c'efl: une
règle infaillible pour les rapporter juftes fur le Terra in, de la
;fuivre exactement ? le Jardinier n'a qu'à examiner jcette
Echelle , & regarder en combien de toifes elle eft divifée.
Pour cet effet , il faut qu'il ait un compas , avec lequel il
mefurera toutes les parties de fon plan, une règle pour pro-
longer les lignes^ &: les centres qu'il faut trouver fur le papier,
,& les mefurant fur la divifion dé fon Echelle , il faura com-
bien de toifes elles ont en longueur &
en largeur. Il aura be-
jÉbin encore d'un petit Inftrument? qu'on appelle un Rappor-

teur , tel que le repréfente la Figure de la page fuivante ç'eft :

pour prendre les ouvertures d'angles. On applique le Rappor-


teur fur un des côtés de l'angle, &: comptant de fon centre,
la quantité de degrés , depuis fa bafe jufqu'à l'endroit où l'au-
tre côté de l'angle vient couper fa circonférence , on les chif-
frera fur le papier, &
on les rapportera fidèlement fur le Ter.
rain de pareille proportion , en ouvrant le demi-cercle êc
pofant l'alhidade fur un pareil nombre de degrés, parce que
|e Rapporteur efl divife en auant de degrés , que le grançj
LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 1^3;
'^emi-Cercle dont on fe fert pour tracer fur le Terrain.-
A l'égard de la féconde diffi-

culté , qui eft la grande peine


qu'un Jardinier fe formeroit par
avance , pour concevoir les pra-
tiques fuivantes 5 on peut l'af- #
fûrer , que s'il veut les lire fans
prévention , pour peu qu'il ait
de jugement , & qu'il s'y appli-
que , il ne trouvera rien de difficile 5c hors de la portée d'un
bon efpritr On a tâché de réduire toutes ces Pratiques à un
petit nombre , & à les mettre dans un ordre naturel & aifé 5
outre que Ton a évité les longs détours & les termes afFedés
âla Géométrie , qui auroient pu lui femblcr barbares. En un
mot y on n'a eu d'autre application que de fe faire entendre
des Jardiniers , & qu'à leur rendre facile & palpable une chofe
qui d'elle-même paroît difficile. Ce n'eft donc point pour les
<jeometres que l'on écrit , ni pour les gens éclairés dans cette
snatiere , à qui les termes & les chofes les plus difficiles , font
devenues familières par l'étude 3 c'eft Amplement pour les
gens de la Campagne > & pour quelques curieux de Jardi-
nage»
Après G€ petit avertiCement, on peut palTeraux Pratiques
fuivantes qu'on fuppofe être deffinées fur des rouleaux de
,

papier , appellés Plans & Tefpace à côté être le Terrain fur


,

lequel elles font rapportées exadement &


de pareille propor-
tion , c'efl-â dire 5 réduites du petit au grand. Elles font con^
tenues dans les quatre Planches à la fin de ce Chapitre.
On jugera par ce Parallèle du Papier avec le, Terrain , dur
rapport qu'il y a entr'eux. On peut dire certainement que ces
Pratiques renferment tout ce qu'un Jardinier doit fçavoir d«
Géométrie y pour pouvoir tracer toutes fortes de figures (us
k Terrain , quelques difficiles qu'elles puiiTent être-
5

rbî SECONDE PARTIE, Chkv: î;

PJRJLLELE DV PJPIER
avec le Terrain ^ en ce qui regarde la manière
de tracer ^ réduit a 1.0. Pratic^ues,

PREMIERE PR ATI Q^UE,


Tracer une ligne droite far le Terr/ii» , avee le Cordeau.

TîgW I. Soit La ligne droite ^ ^ , que l'on fappofe ici être de douze
^lAâcHi I.
toifes, onmerL7reraexa,â;ement cette longueur fur le Terrain
de en 5 , où Ton plantera deux jalons , puis tendant un
cordeau de l'un à l'autre Ton marquera avec leTraçoir cetcç
,

ii^gne fur le Terrain , en fuivant le çordçau fans le forcer.

RIM A R QJJ E.

Cette Pratique ne peut fervir qu'à une diftance d'environ


1 1à I 5 toifes à caufe de la difficulté qu'il y a de tracer au
,

îong d'un cordeau, une plus grande ligne.

SECONDE PRATIQ^UE,
tracer me ligne droite far le Terrai}^ , avec des piquets ^

Suppofant que trouvée fur Ie~


la ligne qu'il faut tracer foit
plan, de I GO toifes de long , comme la ligne ^ ^ il faut planter ,

lur le Terrain un jalon vers une des extrémités de cette ligne,


ïic. II. comme en A y &
un autre' à l'extrçmité B dîilans de i oq ,

toifes l'iîn de l'autre, Se en aligner un troifîéme vers le milieu


icomme en C , enfuite divifés la grande longueur de ^4 en 5 j
, en affés de parties , pour que cljacune n'ait pas plus de i î à 1
toifes de long j Se tendant un cordeau d'un jalon à l'autre,
vous tracerés cette ligne en plufieurs fois , fuivant la Pratique
frecedente. Enfuite vous pourrés ôter les jalons qui ont fervi
à l'alignement , ôc mettre des piquets de diilance en diilancç,
ppur retrouver plus aifément la trace.

TJsOisi-î'me
LA PHATIQJJB DU J ARDIN A GE. I05

TROISIEME PRATIQ^UE.
Prolonger fur te Terrain une ligne droite.

On fuppofe en cette Pratique que la ligne que l'on doit


prolonger , eft l'alignement d'un mur , ou d'un bâtiment
comme a k \\ faut ie mettre vers l'extrémité oppofée à celle
f i

que l'on doit prolonger , comme vers A , Se faire planter au-


delà de l'encoignure B un jalon comme en C, en telle forte
que ce jalon ne s'écarte point de la ligne A S, vers 1> ni
vers E , 6c l'on tracera ia ligne B Cpar L'une des Pratiques fré^
eédentes i félon la Iono:aeur de cette ii^ne.

Q^UATRIE'ME PRATIQ^UE.
Tracer avec le Cordeau , une ligne droite qui foit d'équerre ou per-^
fendicuUite k une autre ligne droite tracée.

Soit la ligne droite CD tracée fur le terrain , 5c le piquet


^planté au point 5 d'où perpendiculaire doit être élevée :
la
portés de part & d'autre du point i?, environ fix ou huit toi-
fcs, plantés
y deux piquets comme F èc G , puis paffant les
boucles des extrémités du cordeau , dans les deux piquets , F i g. I V.
P èc G , on tirera k boucle du milieu du cordeau vers H,
/i/ & G H foient
en forte que les deux côtés du cordeau i^"

tendus également. On plantera un jalon en H, au devant


de la boucle , c'eft-à-dire dans l'angle que formeront ces deux
lignes & tendant un autre cordeau de M en H , on tracera
la ligne H E qui fera perpendiculaire à la ligne CD , ^ fem-
blable à celle du pian a b.

PREMIERE REMARQJJE.
Pour l'exécution de cette Pratique & des fuirantes il faut ,

prendre un cordeau de 5 à 20 toifes de long , faire une boui-


1 . .

cle à chacune de fes extrémités , puis le plier en deux , Ôc ten-


dant également les deux bouts , faire une troifiéme boucle au
milieu.
Seconde REMARa.uE,
Cette pratique fe peut faire en traçant des portions de
O
>

ïo6 SECONDE PARTIE, Ch A p. I.

•F I c. I V. Cercle des deux piquets F 'Se G diftans e'galement du point


par le moπn d'un petit piquet attache' au bout 'dci Cordeau >
ce qui formera des fections en H , &
dans rendroit où elles
fe couperont, appelle interfeccion., on y plantera le jalon > H
d'où l'on tracera jufqu'à celui S. la ligne perpendiculaire H
Cette Pratique peutauffii fervir à toutes les fuivantes.

CINQ^UIEME PRATIQJJE,
Tracer avec V Jnjîmment , une ligne perpendiculaire, h une Ugn€
droite tracée.

Soit la ligne droite A B tracée fur piquet


le terrain, & le
C plante au point, d'où la perpendiculaire doit être élevée,
î I c. V. iiinfi qu'elle eft marquée fur le plan , ^3.vab pofés le demi- :

cercle fur fon pied , bien à plomb au defTus du piquet C , ali-*


gnés enfuite fa bafe vers le piquer A , ou vers celui B , par
le moïen des pinules qui font fur cette bafe , vous retour- &
nant d'équerre, mettés l'alhidade fur 510 dégrés, faites &
planter-un piquet comme vers D , que vous àlignerés par les
pinules de cette alhidade , à unei diftance proportionnée à la
longueur ique doit avoir cette perpendiculaire : Vous trac§-
rés enfuite cette ligne du piquet D , à celui C , par la ic 0» le
Tràtique , cette ligne fera perpendiculaire ou d'équerre à la
ligne tracée A B.

SIXIE'ME PRATIQ^UE.
Tracer aves le Cordeau , une ligne perpendiculaire à l*extremié
d'une ligne droite tracée,

Aïant fur lepapier la ligne a b perpendiculaire à la ligne


b c, qu'il faut tracer fur le terrain pour y parvenir, de l'ex-
:

trémité A de la ligne tracée A B > melurés , fuppofé dix


"toifes, &; plantés- y un piquet comme C ,prenés un cordeau
double d'environ dix à douze toifes , paffés les deux boucles
-des extrémités dans les piquets A & C, tirés la boucle du mi-
lieu vers Jî, & plantés-y un piquet , retirés enfuite la bouche
du piquet A , palTés dedans un autre piquet , & tendant le
bout de ce cordeau jufqu'à ce que vous fbïés d'alignement avec
les piquets £ôc comme au point G> pUnco-y ce piquet
LA PRATIQUE DU jARDfNAGE. T07
Se tendes un autre cordeau du piquée A à celui la ligne
^ A fera perpendiculaire à la ligne d B.
R E MA R QJJ E.

On peut élever cette perpendiculaire à l'extrémité d'une


ligne par le moïen du demi-cercle , en le pofant à plomb
au-deffus du piquet d'une des extrémités , Si alignant la bafc
vers l'autre extrémité > &
l'alhidade étant pofée fur le dé-^
grés, l'on opérera comme e»U Pratique 5^'

SEPTIE'ME PRATIQJJE.
Tracer avec le Cordeau , une ligne f ardlele a me ligne
droite tracée.

Soient les deux lignes parallèles fur le plan , a b, èccd dif-


cantes Tune de l'autre de 12 toifes , 64 que la ligne droite F i c vli» CD
foit tracée fur le terrain. Elevés à chacune de fes extrémités PlancmeU*
Ç & Z> une perpendiculaire , /^w^??^ la Pratique précedentCt
portés fur chacune la longueur de 1 2 toifes , comme ici de C
en E , S>c de D en F ,èc tracés du point E à celui F la ligne £ F»
^lle fera parallèle à la ligne CD.
HUITIEME PRATIQJLTE. X
Tracer avec le demi-cercle , une ligne parallèle k une ligne
droite tracée»

Soient ( comme en la précédente Pratique ] les deux lignes


parallèles fur le plan , ab &
fuppofées diftantes l'une de
,

l'autre de 5 o toifes , & que la ligne A B foit tracée fur le ter-


rain , à laquelle doit être tirée une parallèle à la même dif- Fig. V ilî-
tance de 50 toifes. Du point Cpris à volonté fur la ligne A B;
élevés avec l'Inftrument une grande perpendiculaire , Fr/î-
tiquè 5 e tranfportés enfuite l'Inftrument au point -O éloigné
du point C, de la diftance de 5 0 toifes , dirigés la bafe vers le
piquet C , & l'alhidade étant fur 5>o dégrés, alignés par fes
pinulcs , un piquet vers f 8c un vers F , ôc tracés la ligne EF^
far la leou Pratique., félon la longueur que cette ligne- con^.
tiendra fur le plan.

o ij
,

iqS seconde partie, Cha?. I.

R E MA ^•

Quand on aura plulîeuïs lignes à tracer parallèles à une ,

même ne faudra que porter les diflances des unes aux au-
, il

tres foit (don U Praùcjue 7^ , en élevant des perpendiculai-


,

res aux extrémités ou fuivant celle-ci en fe retouniant d'é-


, ,

querre avec le demi-cercle à chacun des points mefurés fujf


,

k. grande perpendiculaire du milieu.

NEUVIEME PRATIQ^UE
Tracer avec le cordeatt j m mgle é^al a un /ingle marqué
fir le fapkr,

Mefuris fur le plan une longueiir a volonté comme ici ,

de huit toifes. Faites avec le compas, du point de l'angle


un arc tel que b r qui joigne les deux côtés de cet angle ôc ,

F I à, IX. mefurés la diftance des deux points b ôcc , fuppoiée de qua-


tre toiles j qui eft ce qu'on appelle la corde de Tare & é'

Mefurés enfuite fur une ligne tracée fur le terrain huit toi- ,

fes comme de ^ en B , Se prenant un cordeau de quatre


,

toiles dont la boucle fera pa(réc dans le piquet , 6c un de


,

huit toifes, dont la boucle fera pareillement paflée dans le


piquet B , on les joindra enfemble au point C où l'on plante- ,

ra vm piquet j après quoi l'on tracera la ligne C B qui for-


mera avec la ligne tracée A B , l'angle égal à celui ASC
4uplan.
DIXIEME PRATIQ^UE.
Tmcer av-eel^Infirtment un angle égal à m an^le marqué
,

j^urleflm„


Mefurés langîe marqué fur plan avec le Raporteur , en le
plaçant fon centre furie point ^ fa bafe le long de la ligne &
F f 6. X. ^ ^ ^ comptés combien il fe trouve d-e dégrés depuis c jufqu'à
di comme 30 dégrés, rccenés ce nombre pour rapporter k
fidèlement fur le terrain , en fuppofant la ligne  B tracée
& le point B celui d'oti doit être tracé L'angle égal à celui du
Plan. Pofés le centre du demi- cercle bien à plomb aur-deÛ us
du point B ^ alignés fa bafe fur le piquet A , pofés i'alJai-î &
,,,

LA Ï>IIATIQI7E^ DU JARDINA GË. lof


4Îa(le au po';ntC, far Je même
degré que vous avez trouve
furie papier avec le Raporteur 5 par les pinules de l'alhidade
vous fere's planter un piquet vers D , Se tracerés la ligne B D
far celle des deux fremtere s Pratiques , la plus convenable à la
dillance qui fe trouvera de B en D.

ONZIEME PRATIQ^UE.
Tracer Avec le Cordeau , m triangle égal a un tria?$gle marqué
fut le pian.

Soit fuppofé le trian'^kabc; mefurés chacun de fes côtés


& pian , tracés enfuite la bafe A B trouvée ,
les chiftres fur le
^ ^ ^ ,

par exemple , de l o toifes j prenés , fuivant la mefure des


deux autres cotez , un cordeau de 1 1 toifes de long , pafTés-
en la boucle dans le piquet ^ ôc un de 5? toii'es , dont vous
,

|)alTerés la boucle dans le piquet B, joignant leurs e^tre^ &


îiiités comme en C, plantés-y un piquet, tracés enfuite les
deux lignes &
c -5 c, ôc le triangle fera fembia- ABC
bie à celui du plan.

P R E M I E R E REM A R E.

SI le triangle a voit lès trois côtés égaux , que Ton nomme


Equilateral fau droit feulement prendre
, il deux cordeaux
dont la longueur fjit égale à celle de la bafe , aux extrémités
de laquelle y auroit deux piquets où l'on en pafleroit les
il

boucles &
joignant par le haut les deux bouts de ces cor-
,

deaux enfemble , & Ton planteroit un piquet où ils fe croifes»


foient, & l'on iraeeroit enfuite ces deux lignes.
Seconde R e m a r qjj e.
grand , qu'on ne pût le
Si le triangle fe trouvoit tellement
tracer avec cordeau, il faudra raefurer un des angles,
le
comme celui 4 avec le Raporteur , fuppofé de 50 dégrés , &
le côté ab de 100 toifes , &
^ de i lo toifes. Après avoir
tracé fur le terrain la ligne A 5 de 100 toifes , par la t^-fra^ ^ i «•

nque j placés le demi-cercle au point A , en alignant fa bafe


fur le point 5 , &
mettant ralhidade fur 50 dégrés 5 vous
âlignerés par les pinules, des jalons vous mefureres lio &
joifes du piquet A j Vous planterés à cette diftance le jaloa
:uo. SECONDE P A R Tî E , Chaf. I;
Ci duquel vers celui B , vous tracerés k
ligne C ^, qui £or-i
mera avec les lignes^ C A B le triangle propofé.
DOUZIEME PRATÎQJJE,
Tracer un quarré long appelle Parallelagramme ReÛmgîe.

Après avoir mefure' la longueur ^ , ôc la largeur ^ e dm


quarré long décrit fur le papier , &: les avoir cotte comme de
1 5 de 8 toifes , il faut tracer la ligne ^ i? de 1 5 toifes, ôc
élever à une de les extrémités comme A , une ligne perpen-
fctc Xii. Jiculaire de 8 toifes de long comme de en S , ^tar la 6c
,

». TTT PrAHme. Attachés enfuite un cordeau de l ^ toifes de lon^


*
au piquet C, oL un de 8 toiles au piquet B y croiles-les par
les extrémités en D , ou vous mettrés un piquet , tracés &
les lignes A D C D , elles formeront avec A B B C io^
quarré long A B C D.

Première R e ma bl ct,u e.

Si le quarré long de beaucoup plus grandi


fe trouvoit
que celui-ci , l'on élèveraavec l'Inftrument , deux perpen-
diculaires aux extrémités de la ligne A B , jUwant U remar"
que de la 6c Pratique , & l'on fera chacune de ces deux per-.
pendiculaires , égale à la largeur du quarré long.

Seconde R e a r qjj e»

Pour trater un quarré parfait, la Pratique eft la même


que celle ci-delTus , à l'exception qu'il faut que les deux per-
pendiculaires foient tracées auffi longues que la bafe du
quarré.
TREIZIE'ME PRATIQJJE.
Tracer avec le Corde m , une figure irréguUere de quatre côtés*

Suppofé la figure irréguliere ah c dy du point ^ & de l'in-^


tervalle, acy décrivés avec le compas un arc comme 3 ôc-

du point h èc intervalle hdy faites un autre arc comme df 5


mefurés les longueurs de^^ fuppoié de 2 5 toifes yac de neuf,
,

^ de onze toifes ^ & les cordes des â;rcs ou diftances de ce


é^ io toifes , àcfd de 14 toifes. Tracés fur le terrain la ligne
1

la: PRATIQUE DU JARDINAGE, iif


oubafe A B de toifes de long , portés de\4 en E neuf toi- Ti». Xllï.
fes , &
de ^ en F II toifes Plantés deux : piquets aux points
E & F, puis prenant un cordeau, de neuf toifes attaché au
piquet Ay^ un de i o toifes attaché au piquet £ , & on les.
eroifera par leurs extrémités au point c , où l'on plantera
un piquet On fera une femblable opération de l'autre côté^
:
-

comme au piquet B , oii l'on attachera un cordeau 4e 1


toifes , & un de 14 au piquet F, qu'on fera croifer pareille-
ment par leurs extrémités au poijntD, & traçant les lignes
^ C yCD ècD B ^ elles formeront avec la bafe ^ ^ le qua-
drilatère propofe.

QUATORZIE'ME PRATIClUE.
Tracer avec VJnfirumem , une figure irréguliere de quatre côtés»

Nous fuppofons que abcd eft con-


la figure quadrilatère
;ldérablement plus grande que la précédente , comme fa bafe
a b longue de 100 toifes , le côté a c de zo toifes ôc celui ,

h d de 30. Méfurés avec le Raporteur , les deux ouvertu-


îcs d'angle qui font fur la bafe^^ 5 fuppofés ici l'angle a
de 6 o dégrés, & celui i de 100, chiffrés exaderaent tou-
tes cesmefures fur le plan , &
tracés fur le terrain la ligne
ou bafe A B de 100 toifes de long y par la zc Pratique , pla-
ces enfuite le demi-cercle au piquet A faites-y un angle de ,

60 dégrés, c'eft-à-dire , égala l'angle cdn papièr,


^i^^'^^w
U 10^ Pratique y donnés à fon côté A C toifes félon ie
plan piantés-y le piquet c faites de même au piquet -B un
, :

angle de 100 dégrés i donnés à fon côté ^ 30 toifes , plan-


tés un piquet en D , d'où vous tracerés jufqu'au piquet C ,
la ligne D c, Se elle formera avec les lignes C j D B ec , ,

la bafe A B une figure quadrilatère irréguliére


, fembla- ,

ble à celle du plan.

. R E MA R QJJ JE.

Toute figure de plufienrs côtés telle qu elle foîr régu^ ,

liére ou irréguliére , efi; appellée Poligone. Elles prennent leur


nom du nombre de leur côtés , depuis le quarré jufquà k
Pigure de 1 2 côtés } a^^rès iaqtîtlie les PoligoBes n'ont pltîs
'

«deftora particulier.
tii SECONDE PARTIE, Cha>.1
Le Poligone de 5 côtés's^appelle Pentagone,
celui de 6 . ^ . . . Hexagone»
de 7 . . Heptagone.
de 8 . . Octogone.
de s ' • Ennéagone.
de I o . - Décagone.
de 1 1 . , . . . Ondécagone.
& de 1 2 Dode'cagone.

QJJ I NZ I E'M E P R A T I QJJ E.


Tracer avec le Cordeau, ufi Poligone tel qté^ilfoit.

Soit le Poligone régulier a de cinq côtés appellé Penta-


gone j de fon extrémité ou angle fupérieur ^ , deux li-
tirés
gnes-aux extrémités b c de fa baie , qui formeront le trian-

gle abc. Mefurés une de fes deux lignes feulement , la


^ chiffrés fur le plan , l'autre lui étant égale. Tracés enfuitc
fur le terrain le triangle C Z> femblable à celui a b c àix

K XV P^pjer,/?^/- U Pratique. Prenés deux cordeaux égaux à


^^Çq j) 2 , paffés-en les boucles dans le piquet c D , Ôç
les faites croifer , ils vous donneront le point G. Tranfportés
ces deux cordeaux aux piquets c ôc £ , ôc les faites pareille-
ment croifer ils vous donneront le point F , où vous plante*
,

rés un piquet auITi-bien qu'en G. Tracés les lignes DG^G Cy


C F ^ F £, elles vous formeront avec la bafc D £ , un Pen-
tagone régulier femblable à celui a du plan.

REMA R QJJ E.

Pour tracer tel autre Poligone que ce folt il faudra le ré- ,

duire en triangle comme en la figure précédente , & ra-


porter eniliite chacun de ces triangles l'un après l'autre fur
Je terrain dans le même ordre qu'ils font fur le papier i ce
,

qui entendre auffi-bien pour les Poligones irréguliers,


fe doit
que pour les réguliers , la différence étant que dans les Poli-
Jones réguliers les triangles font égaux, 2c dans les irrégiï-
erà' ils font inégaux.
S I I Z I e'm £
lA PRATIQUE DU JARDINAGE. 113

SEIZIEME PRATIQUE.
Trader avec l'Irsfimment tel FoUgone que ce foh.

O B s E R. V AT I O N.

"Cejrte Pratique fc peut faire de deux difFérentes manières :


mt il peut arriver que la baie du Poligone foit tracée fur le

îterrain , ou que ïon ait un point fixé où fon centre doit être
|>Iajcé.
pREMiEKE Opération.
Soiî ia ligne ^ C tracée , égale à un des côtés de l'Odo-
gGne y fuppofé de 1 5 toifes quatre pieds i mefurés fur
a pa- k
"fÏQX avec le liaporteur , un des angles
formé par la rencontre p j g. xVt
de deux des cotés de l'Odogone , comme cb b i, c'eft ce ^
qu'on apelle l'angle du Poligone i placés fur le terrain le demi
.cerple au point B , où vous ïerés un ai^gle égal à celui de l'O-
f^togone qui .eft de 135 dégrés , fuivant la Table ci-delTous 5
,

donnés^à fon côté BI^i^ toiles quatre piedsjqui eft la longueur


,de la bâfe h c du plan j faites la même opération aux points
1 HG F E B y ok vous mettrés des piquets , & tracés les cô-
;tés de ce Poligone d'un piquet à l'autre , ce qui le rendra ré-

gulier ,§c femblable à celui a du papier.


S E c o N D E P E R A T I o N. O
Si l'on a feulement le .centre de l'Odogone déterminé fur
le terrain j comme le piquet A , il faudra tirer fut le plan des

lignes du centre a à tous les angles du Poligone i prenés la


loHgueiîr d'une de ces lignes apellées raïons comme ^ i , les
autres lui étant égales , &
toutes fuppofées de jo toifes j en-
fuite meliirés fur le plan avec le Raporteur , l'angle formé xVt,
jpar la rencontre de deux de ces lignes ou raïons j au centre a ,
.comme ^bèz se qui eft de 45 dégrés fuivant la Table > àc eft
apellé l'angle du centra,. Pofés fur le terrain le demi - cercle
au centre ou piquet J , &
marqués de fuite huit angles de 45
.degrés , p^r U 10^ Pratique 5 fur chaque ligne de fes angles
:niefurés depuis le piqueM 2 g toifes , 6c plantés-y des piquets*
Trace's enfuitedes lignes d'tm yiquet à l'autre , elles forme-
ront un Odogone régulier fembiabie à celui du plan.
Première R e m a r qjj e,
CQmîiûg il arrive quclQuefois quo» fe trouve embarrafF*!
.

114 SECONDE PARTIE, Cha^. t


en traçaat un Octogone , parce qu'une de fes pointes fe pre^'
fente devant une allée au lieu d'une de fes fàces , voiei ce
,

qu'on doit faire pour le redrefTer^


On fuppofe d'abord la ligne milieu K L tracée fur îe terrain,'
& le Centre A déterminé d'oii au lieu d'ouvrir l'Inflru- ,

ment de 45 dégrés qui eft l'angle du Centre de lOcbogone,


,

on ne l'ouvrira que de la moitié 2 2 dégrés 7 ,& l'on arrêtera


par un piquet le Raïon A B d'une longueur convenable à la
,

grandeur qu'on voudra donner au Poligone j l'on reportera


cnfuite de l'autre coté , la diftance du piquet ^ à la ligne milieu
X Zjcn fe retournant d'équerre, ce qui déterminera le piquet
C & toute la face du Poligone que Ton achèvera par l'une des
deux opérations précédentes»
Onpeut redreffer de cette manière tous les Poligones rego»
liers dont le nombre de côtés efi: pair , en prenanr le demi-
,

angle de leur centre.


Seconde Remar qjj e.
Pour rendre cette feiziéme Pratique commune à tous les
Poligones réguliers , même pour le triangle & lequarré juf-- ,

qu'à la Figure de douze côtés ou Dodécagone , l'on aura


recours à la Table fui vante , où font compris les angles du
Poligone &ceux du centre y & il fuffira de mefurer ou l'un
des côrés du Poligone , ou la ligne tirée de fon centre à l'urs
de fes angles , c'eil a- dire le raïon.

Nombre des degrés de Nombre des degrés de


ISfoms d€S Tolîzones,
l'^njs^le du ?oligone. Fmtgie du centre.

Triangle . •
60 I 2 0.-
Qaarré . . .

Pentagone . 108 72.-


Hexagone . . 110
... . 60.
Heptagone .... izS f
Odoffone ^35-
. 45,
Ennéagone .... 1 40 . 40»
Décagone ... 144 . 36.
2
Ondécagone 147 . . . . . -j-

Dodécagone ..'.'...,.150 . 50,


LA PRATîQtJE DU JARDINAGE, itf
TrOîSIE'mE R.EMAR QJJ E.
A l'égard des Poligones irréguliers , on pourra fe fervir
;Hes moyens enfeignés dans cette Pratique, foiten lesdivifant

en triangles , d'un point ou centre pris à volonté au dedans


d'iceux , dont on mefurera avec le Raporteur tous les an-
gles , &tous les rayons tirés aux angles du Poligone , aufquels
on donnera fur le terrain les mêmes
ouvertures &; longueurs
trouvées fur le plan , ou bien en mefurant chaque angle du
Poligone avec le Raporteur , enfuite fes côtés comme oa
vient de dire ci deffus,.

DIX-SEPTIB'ME PRATIQJJE.
Tracer un Cercle juf le Terrain:

Suppofanc que le piquet A


(ok le centre du cercle que
fon veut tracér 5 plan la diftance du centre a
mefurés fur le
à la circonférence , comme depuis a j ufqu'à h , fuppofée de Cix ^
°"
toifes , qui e{h le demi-diametre ou raïon } paffés la boucle ^ ^
d'un cordeau de ftx toifes de long au piquet J , & mettés la ^i-anch. iv^
Tpointe du traçoir dans une boucle qui doit être faite à l'autre
.extrémité Promenés le cordeau èc Le traçoir tout autour
du centre jufqu'à ce que vous rejoigniés l'endroit d'où
,
-

vous ctes parti comme B par ce moyen vous tracerés entié-


î

rerçent votre cercle eîî obfervant que le cordeau foit tou-


,

jours également tendu fans que rien ne f arrête , tenant


toujours le traçoir dans une même difpofition fans écarter
fa pointe j outre cela faites tenir le piquet ^ du centre , par un
homme qui Pentretienne dans fon à plomb , de crainte qu'en
bandant trop le cordeau , on ne le fit obéir , ce qui rendroic
.le cercle plus grand que celui du plan,
KEM 4. K QJJ
;|IÎ de comprendre que Paplication de cette Prati-
efl aîfe
,que peut fe faire, pour tracer des demi ou quarts de cercle
Je généralement telle portion circulaire que ce loir.
piX-HUITIE'iME PRATIQUE,
Tmcer uri Ov^le furie Terrain,.

PGvsIe « fur le papier 3 dont ie grand diamètre feule-


Pij
11^ SECONDE PARTIE, Chap. Î.

ment ell déterminé de 1 1 toiTes î tracés fur le terrain la ligne


A B de IX toifes de long, & la partagés en trois parties éga--
les , où vous planterés des piquets comme aux points C ô£ !>'
Prenés un Cordeau de la longueur de D B oiï de C jf , avec
lequel vous tracerés légèrement deux cercles > dont les cen-
XVIII. très feront aux piquets C & Z> lefquels cercles fe croiferonc
,

aux points £ &; i^", où vous planterés deux piquets , £c les


C D E F feront les quatre centres de l'Ovale. Attachés
points,
un cordeau an piquet i^, qui rafe & eiEeure celui D , alignés
le fur les piquets F ôc l'étendés jufqu'à ce qu'il coupe'
la circonférence d'un des deux cercles , en un point où vodS^

planterés un piquer comme en G > faites la même opération^


de pour planter le piquet H fur la eireonfé--
l'autre côté ,

rence, de du centre F fans changer le cardeaiî- , tracés Tare


G H
, jufqu'à ce que vous rencontriés les piquets G & H,
Changés le cordeau & le raportés au piquet où vous pra-'
tiquerés la même chofe , pour planter les piquets/- &/
tracer Tare / I & joignant ces deux traces aux deux portions'
:

circulaires des extrémités A Sc B , vous effacerés le refte de


marqués par des points > qui fe trouvent au d^à^m
ces cercles
de l'Ovale , qui demeurera feul apparente

DIX-NEU VIE'ME PRATIQUE.


Tracer m Ovale dont deux diamètres joknt déurminù
^ les

Jurle papier^

Soît l'Ovale grand diamètre eû de to CGîfef


ah câ dont ^ le
& le petit de i z y chifFi és fur le papier- Tracés fur le terraira
la ligne j^-P de 20 toifes de long, qne vous terminerés paf
des piquets divifés4a en deux parties égales comme aupG.'nf
j

E 5 (or lequel vous éleverés h perpendiculaire C D de


ii toifes
de long , par la 4c Pratique ^ en portant fix toifes de chaque
côté du point E 5 prenés enfuite une des moitiés £'cde cette
perpendiculaire avec un cordeau que vous tendrés fur le
grand diamètre ^ 5 y en commençant à l'une de fes extré-
mité^ , comme depuis le point B vers F 1 divifés Fcfpace qui
refte depuis F jufqu'au point milieu E r en trois parties égales>

reportés fur la même ligne une de ces parties ,


au-delà du
point F j comme en G Prenés la diftance qu'il y a depuis
:
k
point (? , jufqu'au point milieu H , portés-ia de l'autre côte
LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 117
feomme depuis le point E jufqu'à celui H i plantés-y des pi-
quées que vous alignerés fur ceux des extrémités A 5 , 6c &
de ces deuxpiqde£s (7 &
^, tracés les deux triangles Equila-
térauX HIG ôc H LG , fuivant U
iis Remarque de Ux 1 e PrML

^ue, Prolongés enfuîte les côtés de ces triangles , par des li-
gnes indéterminées , que vous tracerés légèrement comme
j H N^ I G M quatre points G
y 6cc. les feront les H7X
centres , d'où vous tracerés l'Ovale de cette manière. PaiTcs
la boucle du cordeau dans le piquet G , étendés-lejufqu'au
piquet de rextremitéS ,& tracés une portion circulaire j uf-
qu'aux lignes indéterminées ^
êc P , qui arrê teront la trace.
Reportez enfuit© ce cordeau de la même longueur à l'autre
côté oppofé , &
paffes-en îa boucle dans le piqueté , d'où
TOUS tracerés une autre portion circulaire , avec la même
obfervàtion d'arrêter la trace à la rencontre des lignes indé-
terminés N
UO. Fichez de petits piquets dans la fedion de
ces lignes ^ comme aux
quatre points p 0. Prenez en- M N
fuite un cordeau plus long , paffés-en la boucle dans le piquée
j , ajuftés-le de longueur au point D , ôc tracés l'arc , NDM
jufqu'à ce que vous trouviés la trace , ÔC les piquets des por-
tions circulaires 5 où k traçpir doit rentrer juile» Achevés
de tracer la circonférence de l'Ovale en reportant la boucle ,

du cordeau de l'autre côté , Se la pafTant dans le piquet L ,


d'où vous décrirés pareillement Tare Ces deux arcs OCP i

qui fe joindront aux deux portions circulaires , fermeront


entièrement l'Ovale , après quoi l'on effacera les lignes qui
n'ont fervi qu'à la conftrudion , afin qu'il ne refte que la feule
trace de l'Ovale , qui fe trouvera proportionné ôc femblablc
à celui du plan , qu'on fuppofe avoir été tracé par la même
Pratique, dont on fe fert ordinairement furie papier»

R E MA R OJJ £-
Qu^nd on â deux Ovales à tracer l'un dans Tautre , comm^
pourroit être l'allée ovale autour d'un balTm ovale , après
avoir tracé le premier of aie du baffin > ^utvant pattqut
pécéàmu , l'on n'aura qu'à alonger les lignes des^fe£l:ions ,

de la largeur qu'on veut donner à & l'allée , des mêmes Cen-


tres tracer k fécond Ovale, qui doit être paralelk au pre-..
rig SECONDE PARTIE, Chap. î,

yiNGTIE'ME ET DERNIERE PRATIQ^UE;


Tracer fur le Terrain un Ovale apellé communément
/'Ovale du Jardinier.

Si l'on veut tracer un Ovale à volonté, fans avoir aucun


plan , ou que l'on en ait un fur le papier , tel que l'Ovale ^
dont diamètres ne foient point détermines par 4es chif-»
les
fresj A B , que vous terminerés
tracés fur le terrain la ligne
,
par des piquets , &
prenés-y une longueur à volonté enviroa
du tiers , comme depuis^ jufqu'à Reportés cette même c
longueur depuis l'extrémité B jufqu'en B , plantés deu:ç &
piquets fixes &
fbables à ces deux points C & i) , qui feront les
deux centres de l'Ovale. Prenés un cordeau fans boucles ,

tournés-le autour du piquet t) , & l'étendés en double jufqu'a


f\ a- XX. l'extrémité ^,011 vous joindrés les deux bouts par une bou-
cle dans laquelle vous pafferés le traçoir, Promenés & faite?
,

aller ce traçoir d'^ en V. , d'£ en V , d'/ en G , &c, en prenanç


garde que le cordeau foit toujours bien tendu également , 6ç
qu'il gli0e &: tourne librement à i'entour des deux piquets C
T>. Continués toujours à faire marcher le cordeau le &
traçoir , jafqu'à ce que vous rejoigniés le piquet A d'où vous
exiés parti j 6c par les difFérens triangles que le cordeau, fpj-»-
mera fucceffivement, en s'alongeant pu en fe racpurcilfant^
il tracera l'Ovale fans être changé , fuivant la plus ordinaire
méthode dei> Jardiniers , pe qui lui a fait donner ce nom.*
R EMA R QJ-T E,o

du Jardinier, par 4 points


Si l'on vouloit faire paflier l'Ovale
donnés fur le terrain , il ne s'agit que de trouver les deux cen-
tres onfuppofe que ces 4 points font Jes extreniités des deux
:

diamètres^ B , F H il faut avec le cordeau prendre la lon-


,

gueur B K ovf. ji K moitié du grand diamètre , èç la porter


^

îi*. XK- à l'extrémité F ou H" du petit diamètre, & de -la comme


centres décrire avec le tr^içpir des arcs de cerGle,,coupants la
ligne J B aiix points D &
C , qui feront les deux centres ou
foïers d'oij. Ton tracera l'Ovale , fui-vant U frauciue précédente.
On ne donne point
4® 4émonftration d.e toutes ces
ici
Pratiques 3 elles font a0es connues des perfonnes un peu ver-
fées dans la Géométrie A l'égard des Curieux & des Jardi-
:

niers qui s'en ferviront , ils doivent être persuadés qu'ellç^


font certaines Ôc fondées fur de bons principes,»
J
. té.'
I
LA PRATIQUE DU JARDINAGE,

CHAPITRE II,

t) E LA MANIERE DE
drejjer un Terrain , ^ de fomller

tranjforter les terres.

QU AN D on choix d'un terrain ,


ailrà^ fait qu'oiï
en aura de'terminé l'étendue pour l'enclorre de murs ,
on travaillera à le dreffer > &
à le mettre le plus de niveau
qu'il fe pourrai Comme les terrains fur lefqueCs on fe propofe
de travailler , fe trouvent prefque toujours ine'gaux èc irré-
guliers 5 on ell indifpenfablement obligé , ou de les dreffer
fuivantleur pente naturelle > ou de les mettre parfaitement
de niveau.
On apelle dreffer un terrain fur fa pente naturelle , lorf-
qu'en fuivant la fituation du lieu fans enlever de terre ,
,

ni en raporter coniidérablement , on ne fait qu'en remplir


les cavités , & en arrafer les buttes , en forte que le terrain fc
trouve égalé & dreffé par tout fuivant fa pente.
Dans les Jardins fecs & pierreux , il faut donner très-peu
de pente y afin de profiter de toute l'eau du ciel èc des neiges
fondues i mais dans les terrains humides > un peu plus de
pente fert à les égoûter & même dans les terres noyées 3
,

on fait des faignées & des canaux tout au tour > pour les def^-
fécher , & par là les rendre fécondes.
On apelîe mettre un terrain parfaitement de niveau , lorf-^
qu'on le dreffe par le moyen d'un inftrument apellé Niveau 3
avec tant de précifion , qu'il ne refte aucune pente dans tout©
fon étendue.
Il fe trouve rarement des terrains qu*on puirfe mettre par-

faitement de niveau outre leur fituation ordinaire qui eft


:

toujours inégale & un peu en pente , la dépenfe qu'on feroic


obligé de faire ponr enlever les parties trop élevées d'un liea
pour les tranfporter dâQs les bâlTes , empêche qu'on ne reclier-
îlo SECONDE PARTIE, Ch A?. ÏT;
cîie cette perfedion de niveau. L'on aime mieux les dreffef
fuivant leur pente naturelle , qu'on rend douce impercep^^ &
tibieà la viië , &
peu laffante pour la promenade 5 ce qui çil
d'autant plus utile que cette pente fert d'écoulement aux
ravines &
aux eaux de pluïe j &
que s'il y a des baflins , ils fe
de'chargent les-uns dans les autres , font toiijours plans ,
On a fait
cette obfcrva- leur eau fuperfluë s'e'coulera par là , fans être obligé de faire
lion en gref-
fant le Jardin
des puifarts pour les perdre. Cependantcomme l'on eft obligé
4cs Tuileries. quelquefois de mettre certaines parties d'un Jardin bien de
niveau , comme les Allées autour d'une piepe d'eau ou dCuji
mail j on en donnera ici la Pratique.
Onfe de plufieurs inftrumens pour niveler fur leter^^
ferc
rain , leur nombre
ei]; infini , puifque chacun en invente.àf^

manière. A entendre parler la plupart des gens, il n'y a au-


cun niveau dejufte que celui qu'ils ont inventé, &dont,il^
confeillent l'ufage i l'excluf^on d.e tous les autres : comme
dans le Jardinage l'on ne s'amufe point à tous ces rafînemens
& que l'ufage k la facilité d'un niveau eft ce qu'on doit le
plus confiderei: , on n'en propofera que deujs: , le Niveau d'eati
& le Niveau ordinaire.
Le Niveau d'eau eft le meilleur & le plus jufte auffis^eis
,

fert-on pour prendre les hauteurs & les pences confîdérables ^


fur tout par raporr aux eaux que l'on veut conduire dans un
Jardin» C'eft pour cela que nous n'en parlerons point ici ; l'on
réferve à en démontrer l'ufage dans la ^ Partie de cet Pu-
yrage qui traite des Fontaines & de la conduite des Eaux-
,

Le Niveau ordinaire ou comniunj quoiqu'infériei^r & moin$


jufte que l'autre , ne laiije pas cependapc de l'être affés pour
mettre de niveau tout m} Jardin entier. C'eft de ce Niveau
qu'on ordinairement dans le Jardinage , l'ufage en eft
fe fert
fort aifé , &
la facilite d'en trouver par tout fait qu'on s'en
fert plus volontiers que d'un autre.
Pour eistî-

Hoître fi cette
Cet Inftrumentn'eft autre chofe qu'une Equerre ou Niveau
Equerre eft femblable à celui dont fe fervent les Maçons & autres Ou-
bonne après , vriers 3 cGinme cette Figure le démontre ici. Plus .cette Equer-
l*avoir pofée
d'un côté , le re eft grande Se mieux on opère Cependant a trois pieds de
:

plomb jufte longueur pour ci^aque branche , elle devient luffifamment


dans J'entail.
grande. Ç^oique l'ufage en foit fort: commun , on à jugé à
le , on la te-
tourae de propos de îe mettre ici pour i'inftruftion des Curieiix èt des
ieun^
,

LA PRATIQUE DU JARDINAGE. i.t


jaunes gens, qui veulent le perrcdionner dans le Jardinage , voir fi le

en y corrigeant de méchantes pratiques qui fe font introdui-


tes parmi les Jardiniers ,& en
P^°^"J^
^"^""^^ ^™'|
j«=

y ajoutant des particularités me.


peu connues , &qui tendent à une plus prompte plus par-
faite exécution.

Mais avant que d'en veniràTufagede ce Niveau furie ter-


rain , propos de faire lesobfervations fui vantes.
ileft à
Les mots de dreffer , unir , égaler &planer , s'emploient
également pour fignifier l'adiondepaffer la herfe ou le râteau
fur la terre , afin de l'égaler & unir par tout.
On apelle plomber la terre , quand en la battant avec de
gros rouleaus de bois , ou en marchant &c piétinant defllis ,
on l'afFermit de manière , qu'elle ne puifle s'afFaifTer 6c bailler
davantage-
Pour aligner niveler ou tracer il faut être au moins trois
, ,

ou quatre perfonnes enfemble , les uns pour porter les jalons


ks changer & remuer félon la volonté du Traceur ou Nive-
leur, les autres pour tendre &
changer le cordeau. L'on
obfervera qu'il ne faut point parler en travaillant , fur tout
^lans les grandes d iftan ces , où la voix fe perd facilement,
comme eft difficile de s'entendre de fi loin , on aura des
il

lignes dont on conviendra enfemble , & l'on fera connoîtrc


avec la main tout ce qu'on voudra dire. Par exemple fi en ,

dignant un jalon fur une ligne, & qu'il verfe du côté gauche,
il faut montrer avec la main en la menant du côté droit
,

que ce jalon doit être redrelTé du côté droit > comm.e auflî
en haulTant ou baififant la main , fignifier qu'il faut baiffer ou
haulTer un jalon Ceci effcun exemple qui peut fervir à tout
:

ce qui fe peut faire entendre par figncs.


,

1^1 SECONDE PARTIE, Chap. îî.


faut faire choix d'un jour propre à niveler , comme Mti
Il

tems calme , fans trop de chaud ni trop de froid > fans vents ,
fans pluïe &
fans grand foleil • toutes ces chofes nuifent fort
à- la vue par Içs réfradions qui caufent bien des différences >
,

en abaiffant ou élevant le raïon vifuel. Un tems un peu fom-


bre & couvert eft le plus favorable pour bien niveler , caries
Il a des jalons en paroiffent mieux , §cks yeux diftin^uent plus faci-»
y
aiveauz a Lu* i i n i /• ^ • o x
^gjjçj^
lement les objets éloignes.
On met ordinairement du linge , du papier ou de la carte
^ur la tête des jalons , enks fendant peu m &
y faifant entrer
ce^ papier ou cette carte , cela facilite la vue , & la foulage
très-fort furtout dans un long alignement. Quand le papier
,

Se le linge ne paroilTent pas alTés , on fait tenir par un homme ,


\m chapeau derrière le jalon alors le blanc du papier par
}

l'opolîtion du noir du chapeau paroîtra bien plus , ôc par ce


i:fâoïen le Bornoïeur pourra diftinguer facilement toutes les
'têtes des jalons. -

Jl eft de très-grande conféquence dans le nivellement que ,

îes têtes des jalons foient bien aplaties &: d'égale hauteur
car la ligne de mire doit pafler par delTus toutes les têtes , &•
•ks-rakr uniment-, ce qui règle le niveau delà fuperikie
des terres.
On apelle butter un jalon
, quand étant fîchéen terre , il Cs

trouve être trop haut à la mefure requife , comme ii un jalon'


a voie fix pieds hors déterre, & qu'il ne dût en avoir que qua-
tre ou cinq ielatî le nivellement 5 alors ©n y fait aporter de
la terre dont on fait une butte au pied , jufqu'à ce qu'il foit
à la hauteur nécetTaire j de même , quand un jalon eH: trop
bas , on le fait décharger du pied,> en ôtant de la terre jufqu'à
ce qu'il foit de hauteim
à remarquer que quand onparlera défaire une rigole
Il eil
* Les Ou- -un raïon ou repaire ^ ^ ce n'eft pas d'ouvrir la terre , comme
lémemTSn! P^^^^ planter d^^s palilTades, ^e qui fe doit plutôt apellerune-
faire une .lief- tranchée , mals c'eil de faire aporter des terres le long d'un

cordeau tendu d'un jalon à un autre j pour former une rigole


qui fert à dreffer un terrain inégal. Ces rigoles doivent avoir un
GU deux pieds de large i l'©n marche fur la terre pour la plom-
ber ^ eitfuite on la pafle au râteau fin ùfqu'à ce que le cordeau
j
j
souche 6c eiflewre la fuper^îcie de la terre également par tout
LA PRATIQJITE DU JARDINAGE 12^3
-
fans être forcé. Ces rigoles quelquefois fe coupent en terre
ferme , quand le terrain eft trop haut , non- feulement dans
un païs plat mais encore fur les talus
, & glacis j alors on tend
un cordeau > & l'on coupe les terres , jufqu'à ce qu'il touche
égâlemenr par tout.
On fe de petits piquets que Ton enfonce re z -terre , &
fert
à tête perdues aux pieds des jalons>en pofant defTus la mefure
regk'e , & les mettant juftes à cette hauteur , quand on ne
veut point butter ou de'charger les jalons , cela eft arbitraire.
Ces petits piquets fervent à retrouver les mefures , en cas que^
les grands jalons foient démarés , ou qu'on les ate volontai-
rement par rapport à l'embarras j on pofe le cordeau delTus »
en le tendant d'an piquet à l'autre , pour faire des, rigoles ou
repaires,
C^and le terrain eft trop inégal & trop raboteux on com«
,

mencera avant toutes chofes i le labourer à la , charruë pour


couper les mauvaifes Jjerbes j enfuite l'on y palTera la herfe
partout , pour arrafer les buttes & remplir les cavités. Cela
fervira encore à rendre la terre plus maniable , tant pour la
remuer &
tranfporter , que pour y enfoncer les jalons pi-
quets necefîaires.
Il ne rcfte plus , avant que de pafler aux Pratiques du Ni^
vellement, qu'à parler de la manière de fouiller de tranf-
porter les terres.
Quand on & couper des terres pour faire une
veut fouiller
Terraffe , un Talus
creuferun Boulingrin , un Canal , &c.
,

on fe fertde befoches , de pioches , de houës & de pelles,


l'on a des hommes qui vont derrière ceux qui fouillent , &
qui ne font que charger les paniers , les hottes &
les broiiet-*
tes. Pour avancer dans ce travail, iuppofé que l'on ait de gran-*
des hauteurs à couper, onfappe avec la pioche au pied de cet-
te hauteur & l'on creufe un peu avant en delTous , avec cette
,

précaution , de ne point marcher fur le haut de la terre , de


crainte qu'elle ne s'éboule ôc ne blelTe ceux qui travaillent aa
pied. Quand on a un peu avancé de creufer tout autour ,
on fait retirer les hom.mes de deifous , ôc l'on monte fur le
haut des terres > où Ton enfonce quelques morceaux de bois ,
& fe mettant quatre ou cinq hommes à pefer deffus , vous
faites tomber de grands qumieis de. terre tout d'un coup.
îH SECONDE^PARTÏE, Ch A p. IL
L'expérience a conoître que cette manière avance forr
fait
l'auvrage. Qiiand on rencontre des roches 6c des carrières ,.

on fe fert de poudre à canon pour les faire faute'r en l'air en ,

gliffanc cettepoudre , dans des fentes pratiquées dans le ra-


dier , ou bien mettant au pied quelques petits barils de pou-
dre , ou l'on met le feu par des amorces ôc traînaffes j c'elt
ce qu'on apelîe miner.
On doit iaiffer des buttes apeilees témoins , en fouillant les
terres , juiqu'à ce que l'ouvrage foit entièrement fin; cela^ :

fert à toifer la vuidange des terres &


àpayerlesTerraffiers
,

qui ne laifTent pas fouvent que de tromper , en relevant ces


témoins par les terres dont ils les chargent par delFus On
paye ces Terra iîiers à la toife cube , qui doit avoir fix piedâ
de tous iens , &
contenir en tout 2 1 <^ pieds cubes , au lieu que
la toife quarrée n'a que 3 G pieds eri fuperficie.
Venons à la manière de tranlporter les terres , qui eft une
ehofe des plus nécellaire à fçavoir on remarquera qu'il faut
:

toujours les porter le plus près qu'il fe pourra , ces travaux


étant très4ongs d'eux mêmes , d'une dépenfe inconceva-
ble , pour peu que le trajet foit long.
On peut tranfporter les terres de quatre façons différentes ,
dans des tombereaux tirés par des chevaux , 'dans des paniers
mis fur des ânes., & dans des brouettes ou des hottes fervies par
des! hommes. La meilleure des quatre eft fans doute celle qui
Ta le plus vite & qui coûte le moins j c'eft la dilicultéde la.
bien connoicre.
Les deux premières manières font à préférer , quand lelieir
où l'on tranfporte les terres eft fort éloigné > quand il efl pro-
che , les hottes & les brouettes conviennent mieux elles :

embaraffent moins l'atelier que les tombereaux & les ânes.


Les tombereaux à un cheval , contiennent environ a ou 1 2. î

pieds cubes déterre, Avaient chacun 5 à 6 voyages d'un âne


qui porte 2 pieds cubes dans fes deux paniers , mais quelque
fupputation qu'on fafle , les Eombereaux coûteront toujours
un peu plus.
Lorfque la diilance n'eft ni fort éloignée fort proche , m
Ion peut fe fervir également des ânes comme des brouettes
,

& des hottes, & même la manière d'employer des ânes pa-
roic la meilleure 5 en voici la raifon,.
,

LA PRATIQUE DU JARDIN AGE ïif


Toutes ies hottes 6^ brouettes contiennent environ un pied
cube de terre les paniers que portent les chevaux & les ânes
,

contiennent environ la même quantité déterre i mais comme


une âne a deux paniers il porte le doulrk de terre à la fois 5
,

ainfi un voïage d'âne en vaut deux d'un hotceuroubroûetteur


& ne coûte pas plus quoiqu'il faille une femme ou un petit
,

garçonpoLir le conduire. Il y a encore une bonne rai fon pour


les préférer c'ell: que les ânes & les bourriques ne s'amufent
,

gueres , ils font accoutumés à un certain pas , qui quoique


lent , nelaiffepas d'avancer l'ouvrage , parce qu'il continue
du matin au foir fans autre , interruption que celle qu'on leur
donne pour manger.
Si l'on veut fe fervir de Broûettears ou de Hotteurs iî ,

faudra abfolument avoir des gens prépofés pour les faire hâ-
ter , c'eft ce qu'on apelie des Piqueurs , qui ont foin de les
empêcher de fe parler & de s'amufer enfemble , furtout &
qu'ils ne s'embarraflent point l'tm l'autre, en leurfaifant faire
difFerens chemins pour aller & venir. Les Broiietteurs fe re-
laïent cinq ou (ix , &
même plus félon la longueur du che-,

min , en fe donnant les brouettes pleines 6c reprenant les vui-


des c'eft un afîés plaifant manège à voir.
:

La Situation des lieux afTujettit à l'une de ces quatre maniè-


res 3 de force qu'on ne peut plus choiiir , comme fcroit une
defeente un peu roide fur un Coteau , où il faut abfolumene
des Hotteurs , les tombereaux les autres y devenant pour
lors fort inutiles.
PREMIERE PRATI QU E.
Brejer u»e lign^ de niveau fur le Termitt,

Suppofé que le lerrain fe trouve dans une lîtuation plate ^


comme feroit une
plaine, qu'on
6c
voulût le mettre
parfaitement de
niveau , voici ce
faut faire :

idfo Choififfés à l'une


vSi. des extrémités du
térrain , l'endigit qui lerale plus mà comme /l , oh vous
,

,.n6 ^
SECONDE PARTIE. Châ?. ÏI.
'

iicîierés deux jalons de cinq à fîx pieds de haut , dont les tê-
tes foient bien aplaties , pour mettre deffus une règle de
Maçoa de huit à dix pieds de long , qui fera bien droite &
fans cambrure. Pofés lur le milieu de cette règle , votre mi*-
veau , comme on le voit à l'extrémité ^ $ enforte que îçr

plomb qui eft au bout de corde, attachée au haut


la petite
de ce niveau ? le trouve jufte, & fe repofe dans les deux en--
tailles faites exprès dans l'angle , 6c dans la traverfe de cet
Inftrument. Si votre niveau haufTe plus d'un côté que de
l'autre , du côté qu'il haulTera , enfoncés le jalon jufqu'à CQ.
qu'il foit à la même hauteur que l'autre j réglés ainfî ces deux-
jalons en les liauiTant & baillant , jufqu'à ce que le niveau
,

foitjufte. Enfuite ôtés le niveau de delTus la règle , mettés-


vous à l'extrémité J , & mirant tout du long de la règle »
faites pofer des jalons de diftance en diftance fur toute U
longueur de l'enclos 3 comme depuis A jufqu'à B , ôc les faites
enfoncer ou relever de manière , que leurs têtes paroilTenc
jufles à la hauteur delà règle , & n'excèdent point la ligne,
de mire D D. Mefurés enfuite le jalon de l'extrémité B ,
dont la hauteur fera , par exemple de fix pieds m'efurés- :

pareillement l'un des deux jalons qui foutiennent la règle


,

à l'extrémité A , donc la hauteur ne fera que de la moitié de


l'autre, c'effc- à-dire de trois pieds. Remarqués la différence
de ces deux hauteurs , qui efl de trois pieds divifés cette dif- :

férence en deux , qui fera un pied & demi: faites enlever un


pied &c demi de terre à l'extrcmité ^ , & la faites porter à.
l'extrémité B mais prenès garde que dans ces remuemens
:

de terre , l'on ne démare vos jalons & votre règle , qui doi-
vent encore vous fervir. Vous ferés fur par cette opération
d'avoir la ligne CC bien de niveau , étant parallèle à la ligne
de mire DD, Laraifoncn efl:, queles jalons aï ant fix pieds de
h^ut à l'extrémité B , & n'en aïant que trois à l'extrémité ^ >
en baifîant le terrain d'un pied & demi en ^ , & le hauflfanç
d'autant en 5 , ils fe trouveront avoir quatre pieds dçnû
égalemen^pa r tout. '

SECONDE fELATIQ,UE.
jDrejfer ^ unir le Terrai» , fuivmt me Itg^^e de niveatti

Poux dxeffejg mm^çmQm la ligne die niveau CC a, aj^rq^.,


^

LA'*R7Af IQtfE DU JARDINAGE. îûf


avoir fait porter en gros de l'extrémité >^ a celle B
les terres
pTcnés un bâton bien droit , mefurés à l'extrémité , run II.
des deux jalons qui foutiennent la regk , dont la hauteur eft
fuppofée de quatre pieds & demi , y compris l'épaifleur de
la règle, Coupés ce bâton de cette longueur julle , ce fera
ï«ie mefure portatiye pour tous les autres jalons , en la pré-
fentant par la tête

^ _j de cette manière.
"•• •—
•if -T- Prenés ce bâton
préfentés - le te
long du jalon B
qui n'aura , fup-*
pofé 'que trois
de haut
mettés ce jalon à quatre pieds & demi ^ enle faifantdéchar^
ger du pied , jufqu'à ce qu'il foit à cette hauteuro Reportés
vôtre mefure au jalon qui étant plus haut qu'il ne faut,
c'eft- à-dire , ayant plus de quatre pieds êc demi , vous le fe-
rés butter , en y faifant apportef-dê la terre au pied , que
vous battrés & plomberés , de peur qu'elle ne s'aFailTe.
Ayant mis pareiileroenî ce jalon de hauteur convenable,
vous palTerés aux autres , & par les exemples difFérens de
ces deux jalons ^ vous les réglerés tous de même , en faifanc
butter ceux qui auront trop de hauteur , & faifant décharger
du pied ceux qui n'en auront pas affés. Cela fait , vous pren-
drés un cordeau de 1 1 à 1 5 pieds de long , que vous atta-
cherés aux pieds des jalons 5 .&£ & que vous cendrés le
,

plus que vous pourrés j & en cas que les jalons B & £ , foient
trop éloignés pour votre cordeau de 1 5 pieds , vous aligae-
rés un autre jalon entre-deux qui fera de la même hauteurj
,

^nfuite vous ferés apporter de la terre , ou en ferés couper


de long de ce cordeau , pour y faire une rigole ou repaire.
Faites-en autant de j alon en jalon , en reportant le cordeau
Se y pratiquant des rigoles de l'un à l'autre i c'eft par ce moyeu
que vousaurésla ligne CC bien dreffée de parfaitement de
«eiveau.
,

îi8 SECONDE PARTIE,CHAr. H;


TROISIEME PRATIQ^UE.
Drejpr tout un Terrain entier quelque grand qttil pit »

& le mettre de niveau.

La rigole A B étant bien dreffée , fuivmt les deux TritU


ques précédentes jalon A doit être confîdéré comme im^
mobile , & doit fer vir pkifieurs fois à faire la même opéra-
tion , pour ache-
ver de drefîer en-
tièrement le ter-
rain 5 ce qui fe
pratique ainfi :
On fiche fur la
ligne A E [q ja-
lon C, à peu près
à la même di-
ftance du jalon
immobile 4,qu'-
eft pofé celui D ,

dont il ne doit
être éloigné que
de troisou qua-
tre pieds tout au
plus.On pofeen-
lui te la règle &
le niveau lur les
jalons A ôc C 3 àc "pour vérifier Ci cette opération cft jufle ;
l'on reporte en travers la règle &
niveau fur les jalons C
le
èc D 3 ce qui forme un triangle j avec les deux lignes A B
&
& A £ , vous doitperfuader de la juflefle des deux nivel-
lemens ,s'ilsfe raportent à ce troifiéme.Enfuite^/ïr/^ 4c ^f^-
tjque , vous jalonerésia ligne A E , d>C Par la ic vous la dref-
ferésbien de niveau , en y faifant une rigole. Pofés un autre
jalon comme en F y environ à la même diftance du jalon
immobile A, que font pofés les jalons c: &: Z) , & pareille^
ment à trois pieds du jalon D. Pofés-y le niveau pour drelTer
la ligne AG ^Qn vérifiant la juftelTe de l'opération , comme
nous venons de dire , c'eft-à-dire , en reportant le niveau
î ; IR ATJQ VIT T JARDINA CT.
fur les jalons , D& de la même
F, DreiTés cette ligne ,

iliariiereque vous avés fait la ligne A E. Continués de drefler


des lignes & de faire des rigoles de cette manière dans toute
,

i'étenduë du terrain en obfervant que ces lignes foient à peu


,

près à mcme diflance les unes des autres que celles qui iont ,

déjà faites cela étant exécuté avec toute la précifion necef-


:

faire 9 vous achevés de dreiTer entièrement le terrain , en fai-


fant tenir un cordeau par deux hommes qui le traîneront ,

bien bandé , en travers d'une rigole à une autre , ou plutôt


d'un Jalon à un autre , au moïen de quoi vous ferés arrafer les
buçtes ôc remplir les cavités entre ces rigoles , en paffant le
ïateau par tout. Mais comme vers les extrémités des lignes
B EGf , les rigoles fe couveront quelquefois trop écartées ,

pour que le cordeau puilTe fe tendre commodément d'un


bout à l'autre , vous remedierês à cet inconvénient , en plan- ? ï «. III.

tant le jalon H entre les deux rigoles A E A B, enforte ^


qu'il s'aligne par la tête fur deux jalons pofés fur ces lignes,
comme fur ceux / ôc A'. Mettes le jalon H à la hauteur des
autres , & y attachant un cordeau an pied , vous le traînerés
>

de tous les côtés > .en raportant 011 enlevant des terres fé-
lon le befoin j & vous ferés fui vre le râteau ,^çe qui dref-
^

fera l'efpace compris entre les jalons J K E B M. Faites-en


de même pour drelfcr les places d'entre les autres rigoles ,
& par-là vôtre terrain quelque grand qu'il foit , fera imi
,

4drej(Ié également par tout

Dans un grand Jardin comme la dépenfe


, feroit fort gran-
tde de le drelTer par tout fuivant cette Pratique , l'on le con-

t-ente de drelTer & d'unir les places découvertes , qui doivent


fervir aux Parterres j Salles , Galeries , Cabinets , &c. l'e- A '

gard-de-celks qui font dcitinées pour les boi^jon drthef*^


k-rn^e nt les ajlées J . ^
les 1 cures t n laifîantjies quarrés JèL-s.^
-
-

lieux des bois » inégaux 52 naturcllemenr comme ils fe trou-


went.
q^U ATÏ^IE'ME PRATIQUE.
^
' " ' " " '
jyréffeP um fnrraip Wr^h^ IMê dPMêî^.^^^
'
J
r^o SECONDE P ARTIE, C«a ^. îl.
Baturellement > ôc qu'on ne veut pas faire la dépenfe de re-
muer toutes les terres,, pour les mettre parfaite nient de ni-^
veau j l'on peut dreffei* ee terrain fur fa pente naturelle , en-
forte néanmoins que cette pente foit li douce & fi impercep-
tible qu'on ne s'en apperçoive pas en fe promenant comme
, ,

pourroit être la pente d'un demi: pouce ou d'^un pouce par


toife, fuîvantla longueur de la côte. Voici comme il faut
s'y prendre. Fichés un jalon fortant de terre de quatre pieds,
de haut , à l'endroit le plus élevé du terrain comme en ^ , y-

oii vous unir és ex-


près une petite „,.."^ f[
Flg.lHf
place. Fichés - en-
un autre de pa-
jfi lle hauteur à
l'ejxtremité B , qui
eft fuppofe l'en-
droît le plus bas
du terrain i alignés plufîeurs jalons fur les deux; pofés en; A
& en^ & , planter de manière qu'en les bornoïanr
les, faites ,.

d'^i en B y leurs têtes n'excèdent point la ligne de mire ois


raïon vifuel I> D.. Prenés enfui te ua bâton ou mefure porta-
tive de quatre pieds de long , préfentés-la fur tous les jalons
mettés-les tous à la hauteur requife de quatre pieds j en les
faifant butter ou décharger félon le befoïn. Faites enfuîte une
rigole en pente d'/^ en B , comme il eft dit àms la 2^ Pratique ^
vous ôterés par là les ferpentemens & eorrigerés l'inégalité
du terrain , qui fera bien drelTé fur la ligne de pente CC

PK £ M I E R 1 Kï. MAR G^U 1.

; veut dreiïèr tout le terrain entier fur une pente


Si Ton.
douce l'on fera
> k
même opération plulîeurs fois: dans toute
fbn étendue , &
l'on pratiquera par des rigoles avec le cor-
deau , ce que nous venons de dire (^a?is la Pratiq^ue frécédente^.
avec cette di:fférence , que les rigoles doivent être en pente-

S B C. Q nD E REM ÎL,QjJ E^ ^

Il ne faut pas oublier de dire ici , que la place deHinée pour

m Parterre après avoir été dreffée fuivant ce q^ai vient


,

&
é'ètre dit ? d^miide e«cojrè-ufl^ fafon > c'eft d'épierrêr
LA PRATIQUE DU JARDINACE. 131
de pafler à la claïe les terres de deffus , & de les unir enfuite
au râteau fin : fans cela elle ne feroitpas propre à être mailléej
j8c à tracer les rinceaux de broderie.
Voilà la meilleure manière de niveler &
de drefTerîes ter-
res , c'eft la plus facile & la moins embaraflante dans l'exé-
cution. On n'y voit point les mauvaifes pratiques obfervees
par ceux qui nivelent ordinairement, entr'autres ^ celle de
le coucher le ventre par terre , 6c de faire Ouvrir un trou pour (yQj^* ^pigl
s'affeoir ou s'agenouiller à la hauteur de la règle. 1^4. tome i.
Nous venons de donner la pratique de drelTer les Ter-
rains fîtués dans une plaine , & fur une pente douce il ne :

îîous refte plus qu'à parler de la manière de dreffer un Ter-


rain lîtué fur une montagne ou demi-côre , ce qu'on ne peut
faire que par le moyen des Terrafles , comme l'on va voir
dîQs le Chapitre fuivant.

Rij
L

,131 SBGOMDE EARTIE, Ch A p.irL

£k êÈ>f'^^ ffe rîf5 fîft s®i r& M% ^ ^


C H A P I T R. E 1 1

DES D I FF E R ENT ES TERRJ SSES^


'Ù^ Ejcaliers ^ avec leurs plus jupss proportions^

C'^i'E
s T ici où grande dépenfe des Jardins r
confifte la plus
^Sc c'efl à cjuoi l'on doit le plus
prendre garde j quand on
fe trouve indifpenfablement oblige' par la trop grande pente^ ,

d'un terrain d'en foûtenir les terres par des terralTes. On ne


,

peut difconvenir , que les tranfports & les remuëmens- de


terre ne coûtent infiniment Ces de'penfes exceffives
, : four- &
des qu'on ne connoit prefque pas , quoique tres-confidera-
bles , font cependant celles qui font le moins d'bonneur à
leur maître. L on s'imagine quand on voit un terrain bien
drefle j des terrafTes bien de niveau &. bien- foûtenucs que:
cela devoit être ainfi difpofé naturellement? en forte que
pour fçavoir ce que c'eft que ces travaux, ii faut les avoir vu.
faire car à peine s'en apperçoit-on quand ils font faits. On.
:

ne peut donc avoir trop de cijjconfpedion & de ménageraent


dans ces fortes d'Ouvrages , potir éviter les erreurs & les-
tromperies qui s'y font tous les jours.
FicuRïï. Quand il fe rencontre un terrain dont la pente eiV fort,
roide , comme pourroit être celle du coteau , que l'on ^
veut rendre praticable pour un Jardin , on peut le difpofer
de trois manières dijSrerentes.
FiG. î I. La première , en. faifant des terraffes & fou-terrafTes , c'eft-
à-dire , les unes fur ks autres , à différentes iiauteurs , dont
on foûtient les terres par de bons murs de maçonnerie,
féconde en pratiquant de même des terraflTes j qui fe
,
i 1 c. III.
ibûtiendront d'elles-mêmes fans aucun mur , par le moïea
des talus & glacis que l'on coupera à chaque extrémité des
terrafTes.
La troifiéme manière > c'eft de ne point faire des terrafTes
en lignes de longs plein-pieds entre-deux j mais
droites ,ni
feuleaaent de trouver des pallicrs ou repos à differeotes hau-
,
,

L APK ATIQUE DUJARDINAGE. . 133


teurs , & des rampes douces & efcaliers , pour la communi-
cation avec des eltrades, des gradins des volutes venuga-
, , ,

dins talus & glacis de gazon placés &:'difpofés aveclimétrie,


,

ce qu'on appelle des amphitéâtres. On orne ces amphitéâtres,


d'arbriffeaux , d'ifs & charmilles à hauteur d'appui avec ,

des vaies des caifTesêc des poES de fleurs pofe's fur des dez de
, ,

pierre. Les figures èc les fontaines n'y doivent point être ou-
blie'es comme faifant la perfedion de ces pièces , dont la
,

diverlice' , tant dansl'arragement , que dans ce qui les com-


pofe forme un efFec cres-agréable aux yeux ainfi qu'on le
, ,

voit dans ce Deifeiii»


r De ces trois manières celle qui coûte le moins ell celle ,

des tâlusj & la plus magnifique eft celle des amphitéâtres ,


en forte que les murs de terraffe peuvent tenir le milieu en
tout on choifira celle qm conviendra le mieux à la fituation-
:

du lieu à la dépenfe qu'on voudra y faire^


,

L' Architeéle , ou celui qui dtînnera le deffein du Jardin


doit examiner avec exaditude la pente & le ferpentement
d'un coteau en lever èc deffiner côrreâement le profil
afin que |)rofitant des avantages de la fituation, de diUribuant
fes terrafles avec œconomie difcernement il ne faille pas 5

beaucoup remuer de terre, il fera en forte que ce qui fortira


des endroits trop élevés, puiffefervir à raporter de rehauiler
les endroits trop bas 5 ce qui fe doit faire avec un tel ména-
gement 5 que les terrafles étant achevées ) on ne foie point
obligé de raporter ni d'enlever des terres.
On fuivra ici le même ordre que dans les Chapitres préeé-
dens , en expliquant quelques termes , & faifant des obferva-
rions neceffaircs , avant que d'entrer dans les Pratiques de
la conftrucliori des terrafles. Les obfervations qui font
dans
ces trois Chapitres , quoique feparées om tant de raporc ,

entr'elles , qu'elles^ peuvent également fervir par tout com-


j

me elles auroient été trop longues tout de fuite j l'an a tâché


de les mettre dans leur vraie place , & de choifir celles qui
c©nvenoieiu le mieux L la matière de chaque Chapitre.
Les terrafles ne doivent point être trop fréquentes ni fi ,

proches l'une de l'autre > c'eft-à-dire , qu'il en faut faire le


moins qu'on pourra i & par le moxen des plein-pieds qu on
pratiq^aera les plus longs que k terrain le peut perme ttre ^
Riij
154. SECONDE P A R TI E, Chaï». Ilf.
on évite le défaut d'entafTer terraffe fur terrafle , il n*y a
Mcaionqm ^ j^j^ un Jardin que de defcendrc
pj^j défagréabie dans
ttt un beau , * n
r •
r
lieu cft un des OU de montcr continueiiement ians trouver prelque aucun
plus laflants repOS.

y^aiîr*
^ appelle plein-pied de terre compris entre-deux
, l'efpace
terraflfes c'eft à-dire la plate «forme foutenuc par les murs,
,

ou talus des terrafles , ce qu'on nomme Terre -plein en terme


de Fortification.
Quand on dit prendre le profil d'une montagne, ceft en
niveler exactement la pente , & ep^ chiffrer toutes les ftations
fur le plan , pour en avoir le ferpéntement & les courbures ^
aufquelies on doit s'ajufter dans la difpofition générale d'un
Jardin.
On apelle marquer en contre-bas , qui eft un terme fort
ufité parmi les Ouvriers , quand on commence à compter'
du haut d'une perche en tirant vers le bas, pour marquer"
quelque mefure comme l'on dit au contraire marquer en
:

contre-haut quand on commence du bas vers le haut.


,

On fe fervira dans"les opérations fui vantes du même nU»


veau , & on le pofera de la même manière qu'il vient d'être
enfeigné dans le Chapitre précédent il en eft de même du
:

cordeau & du râteau , pour unir &


égaler les terres , en fai- •

fant des rigoles ou repaires.


faut ajouter à l'ufage des jalons
Il des piquets , celui des &
grandes perches de quinze à vingt pieds de haut , parce que
les jalons feroient trop courts , pour niveler par ftations lïfe

petite d'une môntagne. L'on dreflèra ces perches de bouc


avec un plomb, &roii attachera au haut un carton \>\.%u€
coupé à l'équerre.
L'endroit ou l'on pofc le mveau pour faire l'opération dU-
nluellement , s'appelle ftation , de fotte qu'un coup de ni veswi
eft compris entre deux ftations.
Une ligne d'arrêt , en fait de ter ra-fo , eft l'eadroit our fa
vient terminer la câriae du mur , ou le talus d'une terïafe
Les Terra^ers appellent Fondis , un endroit très -créa'*
qui eft à remplir- Pâté eft une b-urte qu'il faut ârrazer :

Pour ks termes de Débki 6C- de Rembki y l'oia fe dti pr!^*\

mier , dans l'évaluation des terres pour igâifier qu'il faut eft
.

'
hxjsx de quelque endroj^j; > ê£.-di* fécond , poa* marquer qm'oa *
\
LAPR.ÂTIQJJEDU JARDINAGE. 155
éok remplir quekpe cavité : l'on dit alors , ce Déblai fera '

pour ce Remblai.
Il faut obiérver de laiffer toujours une petite pente imper-
ceptible fur les terrafles pour l'écoulement des eaux , com-
me d'un pouce t)U demi pouce par toife , félon la longueur de
prend toujours fur la longueur , ôc
la tecrafle. Cette pente fe
jamais lar la largeur.
Il vaut beaucoup mieux couper les talus en pleine terre ,

c'eft-à-dire > en terre ferme > que de les conftruire de terre


raportée avec du elayonage , ils s'en confervent beaucoup
mieux , étant ainfi naturels , 6c coûtent moins à faire cepen- :

dant quand on ne peut faire autrement , on fe fert de clayo-


nages & de fafcines ce que l'on trouvera dans ce Chapitre.
,

PREMIERE PRATIQUE.
Couder un Catem fur fa kngueur > en terrâmes feutenucs far des
' mms de wafmnerie.

Soit le perron du bâtiment A haut du coteau >


, fitué fur le
d'où, l'on veut faire commencer première terraHe mefu-
la ;

résfur le profil , Fig, la longueur de cette terralTe , chi- ï


^ i <>• "î?»

frée de 3 o toifes faites tenir par un homme au bout de 3 o toi-


:

fes , comme en 5 , Fig. y une perche un peu longue , où

vous mettrés du carton ou du linge à l'extrémité d'en-haut.


UnilTés une petite place au pied du bâtiment comme en A ,
& pofés-y le niveau pour drefler une rigole , comme il a été
enfeigné ci-deiTus dans U i « Pratique du chap. -précèdent avec :

cette remarque , de faire defcendre ou haulTer la perche qui


en B , jufqu'à ce que la tête ou bout d'en-haut fe trouve à
l'alignement des autres têtes des jalons . c'eft-à-dire , n'ex-
cède point la ligne de mire E. Vous drefferés cette perche
bien d'à plomb , &
la ferés felier en plâtre avec des mpilons
a.u pied , de crainte que fa pefanteur ou les vents nela faffent
tomber , ne fuffifant pas de l'enfoncer en terre comme l'on
feroit des jalons. Prenés la hauteur d'un des jalons qui foutien-
nent la règle fur laquelle on a pofé le niveau en
y compre- .

nant auifi l'épaiiTeur de ladite regfe, laquelle hauteur e£k


fuppofée de quatre pieds mefurés en contre-bas quatre pieds
:

furlaperche B y ajoutés ce qui fera, nécelTaire pour U


peate q^ui eft fuffifaïue ici de 1 pouces rcekfaiten tout cin<|
5
î3^ SECÔNOE PARTIE, Chap. ÎIÎ
pieds trois pouces,. Ce
point marque' avec du charbon fur la
perche de'terminera la ligne de niveau &
de'pente de la ter-
ralîe, Mefurésenfuite la hauteur que doit avoir la terraffe fui-
vant le profil , Ftg qui eft chifreeà 1 5 piedsdehaut. Mar-
qués en-core en contre-bas fur la perche depuis le point
i3oir,j I
5
pieds & ,faites décharger ou butter le pied de la per-
che , juftea cette hauteur. Unifiés pareillement iine petite
plac€ a.u pied de la perche B , comni« vous avés fait en A ,
jpour
y pofer le niveau j faîtes drefTer une autre perche en C
a la diitance qui f^ra marquée fur le profil , & par cette pra»
tique réitérée à chaque ftation , jufqu'au bas D , vous dref-
ferés toutes les lignes de vos differens niveaux.

R E M A R Q^U E.

Cette opération étant faite , ne vous donnera qu'une feule


ligne fur la longueur de la côte , & à Tune de fes extrémités 5
ainfî pour achever de la drefTer entièrement, il faut y joindre
la Pratique fuivante.

SECONDE PRATIQUE.
Drejfer entièrement un Coteau far fa largeur en le coufmt en
ierrs^es joûtenuesfar des murs de maçonnerie*
Suppofé l'opération précédente faîte depuis le haut de Ja
coline A oii efl le bâtiment jufqu'au bas D , -en autant de
,

dations qu'il y aura de terraffes ; ilfauten faire autant à l'au-


F I .t (VI.
tre extrémité.. F, en dreffant une ligne de niveau d'^ en
F , qui fera à peu près paraiiele au bâtiment. On pofera le
niveau fur la ligne A F\ en fichant un nouveau jalon pour
fuporter la règle , 6c fe fervant de c^lui de lencoignure A ,
jufvant la 30 Fr^ti^ue on dreHera eefuite
du chap. précèdent ;

«ne rigole d'A en F, l'on plantera en F un jalon qui fera ,

bien bornoïé fur la hauteur de celui qui eft A rextreraité


A jpour pofer la règle &
le niveau comme on le voit en jF,
& enfuite Ton fera en defcendantla côte depuis F julq'uà/,
autant de flations ^u'on en a déjà fait depuis l'autre extré-
mité v^jufqu'à D , en pbfervant toujours de faire ks ter-
ralTes des mêmes longeurs 6c largeuiis , autant que fau efe-
pourra & de drefler à chaque ftationiine ligne de niveau
4€ travers m
travers d'une perche à l'autre , comme de B
LA PR.ATIQTJEDU JARDINAGE. 137
QnGidtCenHydc D en J i ce qui réglera le niveau de
c haque plein-pied. Celafait , on unira ces terrafles dans toute
leur ëcenduë par le moïen des rigoles 6c repaires qu'on fera
,

dans ie milieu , & de travers en trarers , qui fe doivent cous


jours rapprter au niveau des deux lignes aes extrémités A
êc F t frivam la Pratiq^ue du chap. précédent,

REMA R QJJ E.

On ne pourra terminer la ligne d'arrêt des terraffes


, qu'a-

j>rèsque les murs feront bâtis alors on comblera la tranchée :

jufqu'à l'uni de la terre. L'on gardera ces vuides pour le der-


nier ouvrage , afin d'y emploïer les terres que Ton pourra,
avoir de reite.

TROISIEME PR ATI QJJE.


Côfiper un Côte^n fur Ja longueur , e?t taraff^s Joâ$cm'è$ far âss
talus (jr glacis de gaz>on.

ne veut pas foûtenir les terralTes par des murs , à


Si l'on
caufe de j & que l'on fe contente de couper les
la dépeni'e
terres en talus qui elt la féconde manière de rendre pratica-
ble le coteau A , Ftg, i^j pofés votre niveau au pied du bâti-
ment A^juivant la ^Pratîq. de ce chapitre^Fîg. 5e méfurés fur
i
;

k profil Fig. ïc , la longueur de la première terraife, chi-.


,

frée de 30 toifes j portés cette mefure , du pied du bâtiment


A , & plantés un jalon à l'extrémité comme en B c'eftoii fe ,

terminera l'arrête du premier talus. Faites tenir une perche à


fîx pieds delà , qui eft la pente du talus fuivant le profil , com-

me enC 5 bornoïés-la juile ftir les autres jalons , mettés-la


bien d a-plomb ôc la faites feller , ainfi que nous l'avons déjà
dit. Marqués en contre-bas fur cette perche , la hauteiu- des
jalons , l'épaiffeur de ia règle
pente pour l'écou-.
, ôc la petite
kment des eaux i & diminuant
le tout fur la hauteur de la
perche faites-y unie marque noire: ce point déterminera
,

la ligne de niveau de la terralFe j après quoi vous drefferés unç


rigoTe^'^ en B, Reportés en contre-bas fur la perche depuis
cette marque , la hauteur que doit avoir la terraile que l'on ,

fuppofe être de 10 pieds i buttés ou déchargés le pied de la'


perche , jufqu'à ce qu'elle fe trouve jufte à cette hauteur , &
îendanc uxj cordeau du pied de ia perche c\ qui détermine
S
SECONDE PARTIE, Chap^ ÏII.
le bas du au pied du jalon d'en haut B , qui en deW-
talus ,

:
mine l'arrête , vous ferés couper à la bêche ce talus , en fai-
fant une rigole ou repaire fuivant le cordeau i après quoi vous
reporterés le niveau en .c , enD &c. ou vous ferés toujours
,

a même opération jufqu'au-bas de la montagne


Q^UATR.JE'ME PRATIQ^UE.
Drejjir e-itîieremtnt un Cortm fur fa largeur , en k cot^pam în tef'^

^^.^es foÛMms par des talus glacis de gMsuon.


Pour couper tout le coteau A mi'iûm , Se le drefTer entie-
lopération ci^deffiis étanE faite par profil depuis k.
^^^^"^"î^^^^ 3
F iG viiî
|)atim€nc A jufqu'au bas du coteau E , il la faut recommencer
pareillement à l'autre extrémité F , en dreffant une rigole de
niveau & A en F comme L^mafait dam U le Pratique de ce cha-
,

pitre. L'on pofera le niveau en f > & Ton fera les mêmes fta-
tions d"F de G" en H d'H en / jufqu'ait bas , comme
en (7 , ,

l'on a déjà fart de ràutre côté depuis, /f jurep'en E „ en ohfer-


yant toujours les mêmes longueurs & largeprs de- plein-pieds
de dreffer à chaque ftation une rigole bkn de niveau de-
travers en travers. Cela fait avant que de couper les talus
, j..

àr&ilés entièrement toute retendue de vos plein-pieds , fea-


vantla ^^e Pratiqua du chap. précédent.
A l'égard des, talus , pour les bien couper & drefler fur leur
iigne de pente , il faut fur la ligne X L qui détermine la ligne
P î ®, ViTïw d'arrêt du premier talus , aligner des. piquets de deux toifes
en deux toîfes „ & en mettre en pareil nombre &: à même di-
ftance fui la ligne M
iV , qui termine le pied do^ talus ten- :

des un cordeau de hauten bas, d'un jalon a fon oppofc,& fai-


tes une rigole ou repaire d'un pied de large fuivant le cordeau,.
Coupés la terre ainfî par rigoles , en tendant le cordeau de
piquet en piquet.. Pour dreifer ce talus qui ell entre- cou-
pé par des rigoles , faites ce qui eif marqué à la féconde
terrafle comme en o palTés la boucle du cordeau dans xm.
piquer, il n'importe lequel, traînés & promenés ce cordeau de
tou5 fens , & d'in^e rigole à un autre , en faifantfuïvre un hom-
me qui coupera & arrafera à la bêche , les endroits où il y au-^
ra trop de terre , en fuivant exadement le cordeau fans le for-
cer ainli donnant communication d'une rigofe à une autre
:

i'oB unira ôc aplanira tout le t^us avec le râteau-


.l'ian ch c G Paqz JSS
.
LA PRAT IQJJE DU JARDI-NAGR 13^
Premier e fi. e mar e.

Ton ne pouvoic pas couper le talus en terre ferme la fi-


Si ,

tuation du terrain ne le permettant point,on fera apporter des


terres pour drelTer des rigoles environ de 11 pieds en i z pieds.
On plombera ces terres i & on les drelTera fuivant le cordeau ,
jufqu'à ce qu'il foitbien garni de tous côtés fans être forcé j
enfuite l'on fera remplir de terre les vuides d'entre les rigoles >
& l'on dreflera ce talus fur toute fa longueur , de la même
înaniere que nous venons de dire.

Seconde Rem a r cyj, e.


Quand le de long on
talus n'excède point fept à huit pieds ,

pourra au lieu de cordeau , fe fervir d'une grande régie de


hiaçon bien épailfe , qui ne puilTe point fe cambrer. On cou-
chera ôc l'on promènera cette règle fur le talus qui fera drelTé
dans toute fon étendue fuivant cette règle , pourvu que les
bords de la terre d'en-haut & d'en-bas foientbien drelTés de
,

niveau. Cette Pratique efl fort bonne pour les petits talus des
terraiTes & des boulmgrins.
On ne donnera point ici de Pratique particulière pour dref-
fer un coteau en amphithéâtre ,elle feroit allés inutile parce
,

<]ue ces morceaux étant compofés de terrafles , de talus Se


glacis de gazon on n'aura qu'à fuivre ce qu'enfeigneiit les'
,

Pratiques précédentef^".
Si les talus ne font point coupés en terre ferme , 6c que les
terres rapportées dont on les veut former,ne puiflent feîbûte-
nir d'elles-mêmes ils demanderont alors beaucoup plus de
,

travail dans leur conilrudion , car on fera obligé de fe fervir


• de claïonage & de fafcinesen la manière fuivante.

Aprèsavoir mis delaterre unpîed de haut, en commen-


çant parle bas , il faut mettre deflus' un lit dé fàfcines , ou
cM'onage de fi x pieds de large, rangés l'un contre l'autre ,
6c faire en forte que le Fros bout on râcine re2;arde la face du
talus , cc Vienne aboutir a un pied près du re^fCLiuement ou ;

mettra enfûite un lit de teri^ par deffus , de l'on condnucra


de mêmejufqu'en-ltaut. -

Lesmeiileures fàfcines êc d a ïes font fiai tes de b^ns verd 3

comme de branches ôc perches d:e faulc , à xiaufe queprenanî


SECONDE PARTIE , CH^^»f;:in.
racines facilement j elles fe lient mieux à la terre. Il eftboit
de leur laiiTer les racines , quand elles ne font "point incom-
modes parce qu'elles jpetivenii ferjir à entretenir cette iiaifon.
î

On afîit le gazon deffus ce elaïonage > eo; le couvrant aupa-


ravant d'un demi pied de terre.
Pour la proportion des talus , on. leur donne ordinairemenç
les deux tiers de ieurhaeteur pour nèuQ point trop roides 1
,

quelquefois on ne leur donne que la moitié,, ou le tiers de


leur hauteur , fur tout aux y a des gens qui les
petits talus. Il
font d'une pente égale à leur hauteur , d'autres, qui leur don-
nent celle d'ime ligne au-deffous de la diagonale de leurquar^
ré , parce que l'humidité tombe toujours en bas , que le &
haut devient aride pendant l'Eté , ce qui fait fécher& mou-
rir le gazon..
On doit
examiner la qualité de la terre , Cm laquelle oia
élevé des talus de gazon fi les terres font fortes, j fi elles om
5,

du corps & delà liaifon elles fe foûtiendront prefque d'elless»


,

mêmes , & lix pouces p|r pied de hau; , fuffiront pour bien
entretenir le talus a au lieu que fi ces terres font mouvantes
& fabloneufes , on donnera au talus neuf pouces par pied.
A l'égard des murs de terraffe , l'on doitauffi avant que de
les bâtir confulter le fond naturel de la terre
, car on doÎE :

aimrer la maçonnerie fur la terre ferme èc (m le bon fond.


Dans les terres fabloneufes., mouvantes &c marêcageufes , on
fait des grils de cbarpente , des plates-formes racina-iix ?

pilot,is ,. on alTure la fondation, des murs..


fur lefquels . •

^ LsL proportion du fruit & empâtement des murs doit être


{bivant leur hauteur ^ à caufe de la pouffée des terres^ Pour les
grands, murs , on leur donne de talus le cinquième ou fixié-
me de leur hauteur , c'efl- à-dire deux pouces par pied j pour :

les murs de 12 à 15 pieds de haut^j un neuvième & depuis. j.

15 jufqu'àio un huitième, |^ppy,r les petits murs, de iixàfept


pieds de haut > vm douziénie & ainû des autres leur épaif-
, :

feur fe donne auffi à proportion de leur hauteur delà qua« &


lité des terres..
Pour en venir aux efcalîers.> on îes doit placer avantageurt
fement comme au bas d'tme allée de parterre ou en face
,

des principatix alignemjens >. & jamais dans des endroits per-
dus. Il eft bon d'en trouver de diUance en diilance , pour
LA PRATIQ^UEDU JARDIN AGE. 14.1
n'avoir pas la peine d'aller chercher fi loin à defcendre. On
les conftruit ordinairement de marches de pierre de taille 5
cependant on en fait de gazon , qui étant bien entretenus font
fort agréables à la vue.
On doit obferver que les efcaliers & perrons foient très-
doux & peu nombreux en marches leur nombre doit être :

impair , & ne pas palier dans une rampe 11^15 marches


fans un paillier ou repos de deux pas de largeur & auffi long ,

que le perron. Chaque marche peut avoir 15 à pouces de


giron , fur cinq à fix de haut compris trois lignes de pente ,
,

que doit avoir chaque marche |)our l'écoulement des eaux 5


,

qui fans cela pourriroientles joints de recouvrement.


Les rampes douces fans marches doivent être prifes de loin
afin d'éviter une trop grande roideur 5 elles feront foutenuës
par des murs de terraUe ou glacis de gazon j & pour empê-
cher que les ravines ne les gâtent , on y met d'efpaceenefpace
des arrêts de gazon ou de bois , pour rejetter les eaux des
deux côtés.
Les deux premières Planches donnent des exemples de tou-
tes fortes d'efcaliers de pierre , convenables aux beaux Jardins.
La première de ces Planches , contient quatre efcaliers exé-
cutés dans les Maifons Roïales , dqnt la décoration & la
beauté fe peuvent confulter fur le lieu j on en a donné l'éle-
yation & le plan avec l'Echelle , pour pouvoir juger de leur
proportion.
La I « Figure eft un grand efcalier des Jardins de M* le
Duc d'Orléans à Saint Cloud , qui defcend du Château aux
Gafcades.
La Fig,ure eft un petit efcalier du Jardin du Luxembourg
à Parisj dont le plan eil fort ingénieux > il eft fitué dans le
milieu des terralTes , vis-à-vis le baffin.
La 5^ & 4^ Figure , reprefentent deux efcaliers du Jardin des
Tuiileriesà Paris. Le grand eft fitué au bout di| Jardin 3 en
defcendant de la terrafîe du coté de la rivière , vers la pièce
d^eau odogone &
le petit eft fur la terraffe du côtédu
Manège.
La:a^Planche contient Jfept differens Efcaliers > qui n€ font
pas encore exécutés. Le grand diffère des autres en ce que ,

l'on y monte par les deux-bouts , comme on le voit par loa


SECONDE PARTIE, Ch a p. IIL
plan & fou élévation, fig. i^. Au deiTus des perrons, vous
trou vés des païUiers &
une rampe qui vous conduit fur la ter-^
raffe d'en-haut. La compoiition en eft affés particulière , &
quoiqu'ornés de fimples paneaux elle ne laiiTepas d'être en-»
,

richie dans le milieu d'un beau bas-relief &: de corps, de re-


,

fend Cet Efcalicr ne convient qu'à une place , dont le milieu


:

fera occupé par un parterre ou autre pièce, avec des allées


aux deux côtés , qui viendront aboutir aux deux perrons.
Dans la i* &la 3 e Figure , font deux Efcaliers à langle d'u-
ne terrafle 5 l'un eft de figure odogone & l'autre forme un
,

quarré parfait On les fuppofe à la pointe d'un bois , avec un


:

banc dans l'échancrure &


deux allées en terrafîe qui vien-
,

nent former cet angle. Ces Efcaliers ont une defcenteen face
de chaque allée , & vous y trouvés un grand paillier des &
perrons , qui vous mènent dans le bas.
, On voit dans la 4c Figure un Efcalier d'un goût fort nou-
veau qu'on peut placer au bout d'une patte-d'oïe percée dans
un bois , fa forme ell: ovale Ôc en face de chaque ailée il y a
,

des defcentes avec de petit talus de gazon


, bordés d'une ,

tablette de pierre qui en interrompent la rampe. L'on a placé


,

par fimétrie des ifs dans le haut. Ces trois defcentes vous mè-
nent fur un grand paillier ovale d'où par d'autres marches
,

circulaires , vous defcendés dans les autres Jardins.


Dans les trois Figures fuivantes , ce font de petits Efcalierç
fort fmiples , dont l'un efl pratiqué au milieu d'un talus de
gazon, Fig. 5 e l'autre efl: un Efcalier en fer à cheval , F^g. ée,
avec une fontaine dans l'entre -deux des rampes , le tout ac-
compagné & à la defcente d\in bois auffi-bjen que le petit
5

Efcalier qui eftrepreienté dans la F/g. 7e. ,


Voilà pour ce qui regarde les Efcaliers de pierre il s'agit :

prefentement de ceux de gazon qui forment des Amphitéâ--


,

tres des Eftrades, des Gradins , &c. comme on le va voir dans


la 3^ Planche.
Les Amphithéâtres conviennent à régularifer un coteau ou
une montagne qu'on ne veut pas couper par de hautes terraf-
,

fçs & trop fréquentes pour la commodité de la promenade f


IesËftradei> &
les Gradins feront bien placés au bout d'une àl-
iée & dans les niches renfoncées d une paliflade comme il ,

^'cn pratique dans les bofquets décorés. LesEfcaikrs ac Mar-


,

LA PR A TÎQUE DU JARDIN AGE 143


ches de gazon fervent de defcente dans les talus &: glacis qui
foûtiennent lesterrafTes 3 mais on ne peut jamais en conftruire
dans des murs de maçonnerie où il faut abfolument des efca-
,

liersde pierre , au lieu que dans un talus de gazon > on peut


y mettre des marches de pierre de taille , pour de'tacher un
peu la grande verdure cela fait un contrafte agre'able.
,

La première Figure fait voir un Amphitëâtre de gazon à


la defcente d'un bois , &
à la tête d'un grand Canal la place
:

d'en, haut eft bordée en partie d'une paliffade, avec des ni-
ches ou» font des figures en Terme elle eft remplie par un
, :

grand baflin avec un jet , qu'on découvre de l'ailée du milieu


&de celle de maronniers plantés le long delà terrafîe. Cette
efplanade eil foûtenuë d'abord par un petit mur de maçon-
nerie , couvert de treillage & d'ifs j ce mur fait avant- corps
dans lafacedel'amphitéâtre j il eft interrompu par les deux
rampes douces tournantes qui defcendent dans les allées d'en-
bas , ou elles viennent fe terminer en volutes rachevées par
le contour de la pièce d'Eau , avec un if pour en marquer le
centre. L'on a placé au haut de la terraffe , un banc dans le
milieu , &des ifs plantés par fimétrie il y a un paillier au
:

pied du mur jufqu'aux trois marches de gazon , après lefquel-


les on trouve encore un autre plein-pied joignant le talus qui
fauve toute la pente jufqu'au bord de l'eau. Les deux murs,les
marches & le talus de gazon, avecles trois pailliers fe décou-
,

pent&fe varient affés bienjc'eft ce tout enfemblequi compofe


un Amphitéârtre 3 on l'auroit enrichi, de vafes de de pots de
fleurs fur chaque paillier > fans lornement d'en-bas qui l'em-
bellit alTés 3 e'eft une petite Cafcade ou bulFet d'eau , compo-
fe dans l'a vant-corps du milieu 3 de deux jeunes Tritons avec
leurs conques d'où fortent trois bouillons , tombant dans un
petit baffin qui fe décharge en nape dans la pièce d'eau 3 fur les
cotés & aux deux bouts , ce font quatre chandeliers ou cham-
pignons d'eau qui retombent encore en nape dans cette pièce.
L'on a pratiqué entre deux chandeliers , des rochers fuants ^
c'eft-à-dire , où il y a un bouillon au haut qui fe brife fur des
rocailles à fleur d'eau. Ce buffet eft fourni par le grand bafîin
au defTus , dont la pente eft affés forte pour cela. Le terrain
au delà des rampes eft coupé en terraffes & fou-terraffes ^ fou-
tenues par des talus de gazon s hormis le mur d'en- haut qui
règne tout du long.
144 SECONDE PARTIE, Ch a p. ÎII.
L'Amphitëatre queprefenre la z« Figure convient dans un
chdroic ou ia chute n'elt pas fî roide comme feroicia rampe
,

d'un petit coteau , afin que la pente d en-bas foit rachetée


par un grand boulingrin en rampe on n'y pourroit pas exé^
:

cuter un Canal pareil à celui du deflein précèdent , car le ni-


veau de l'eau obiigeroit à faire la chute d'en-haut bien plus
roide y la tête de cet amphitéâtre forme une faile quarrée ,
entourrée de portiques &: de berceaux naturels , dont l'efFet efi
admirable d'en^ basi elle eft remplie d'un baffinquarré e'chan-
cré dans les angles avec un jet d'Eau. La de'coration du fond
eft re'hâude'e par des figures entre chaque arcade. On a fou-
tenu les terres en face du baffin par un mur coupé de plufieurs
&
paneaux de corps de réfend j dans celui du milieu il y a deux
coupes fournies par un gros bouillon d'eau , lefquelles retom-
bent en napes dans un baffin afiTés grand j qui occupe toute
la place entre les murs de terrafles ôcla naiflance des Rampes
tournantes : ces coupes font enrichies de rocailles , &
font
un bel efFet de loin , elles font accompagnées de deux Jets
fur les côtés, dont l'eau vient du réfervoir au-deflus ; les ram-
pes retournent d'abord quarrément , & enfuite forment une
portion circulaire 3 ellesfont foûtenuësd'un côté par des murs
de terrafie , à la différence de celles du premier amphitéâtre
qui le font par des talus de gazon : de l'autre côté c'eft le ter-
rain en pénte d'un bois de haute-futaïe , caché par une ban-
quette de charmille avec des boules , qui fait un petit retour au
bout pour entrer fous les berceaux entourés du même bois ;
on a mis des chevrons de gazon en zigzac , pour rompre le. cou-^
rant des ravines , & les rejetter dans les bois des côtés. Ces
deux rampes viennent rendre fur un grand plein-pied revêtu
d'un talus de. gazon , qui fait avant-corps audevant du baffin
& des deux allées des rampes , ou l'on a pratiqué des mar-
ches & efcaliersde gazon. On y oit des ifs fur le haut du glacis'
avec des vafesde faïence, pofés fur des dés de pierre , il &
y a quatre belles figures à l'extrémité des rampes. Le bas eft
rempli par deux grands tapis de gazon en rampes bordés ,

d*allées ^Sv d'ifs. On les peut fuppofer dans une boulingrin en


continuant les talus tout autour. , ou bien en faifant venir à
rien dans les bouts , les côtés de ces talus. On remarquera
que ks plein-pieds font plus grands & plus larges que dans;
l'autre
,

LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 145


raiîc re delTeiri , parce qu'il y en a moins, & que les chutes font
plus precîpite'es.
Les deux Figures fui mantes font des morceaux bien difFërens
des premières en grandeur & en magnificence , ce ne font que
de petits gradins Ôc eûrades de gazon fans aucun mur , donc
l'un [F^^. 3 e] convient à décorer le bout d'un^allce, &
lui
fervir de perfpeèlive il eft renfoncé dans un bois avec un
:
treil-
lage qui vient fe terminer fur le haut. On monte par trois
y
marches de gazon pratiquées dans le premier talus y de ce
plein-pied on un glacis qui mené fur un autre
paffis fur où ,

ou banquette de gazon , au-deiTus c'eft uiï


l'on trouve unfiege
grand plein-pied ovale bordé de la paliffade du bois. Le
gradin delà 4e Figure peut convenir à la même place mais à ,

ca^fe de la paliffade qui monte delà même hauteur fur cha-


que gradin , il eft fait pour mettre dans le renfoncement d'-un
Bofquet ou l'on en pratiqueroit un autre vis-à-vis , car ces
lortes de gradins renfoncés fe mettent à la place des
bancs-
C'eft un glacis à pan, qui mené fur le premier pailiier, au def-
fus duquel on voit un vertugadin ou elfrade de trois marches
qui fervent au (fi deileges pour s'alTeoir, le giron en eft fable
pour varier d'avec l'aiitre. L'on enrichit ces gradins decaif- ,

£es, d'ifs y de pots Se de vafes de fayance remplis d'arbriffeaux


,

'&de fieurs defaifon, dont le mélange des couleurs réveille'


infiniment la grande verdure de ces pièces.
Les deux dernières Figures font de fimplcs cfcaliers de ga«
:2on convenables à des endroits où l'on veut flatter le coup
,

d'œil comme à la defcente d'une terralTe foutenuë par un


talus de gazon. Celui de la 5e Fig» eft double
y ayant un petit
,

talus au-delTus du grand pour appuyer la fou-terralTe. L'on'


delcend du haut par deux rampes fablées qui mènent fur un-
pailiier ovale , d'oùpar par trois marches circulaires vous allés
fur ia fou-terraffe où trois autres marches de gazon vous-
,

mènent dans le bas. L'autre efcalier {Fig. 6^] eft fingulier .en
ce que fes rampes font coupées de marches de grolfe char--
pente peintes en verd ou en blanc , 6c fablées fur leur giron
cela fait alTés bien & ne lailTe pas de durer. Ces marches font
affemblées fur des limons de bois , tournans en forme de ban-,
quexce , avec des dés de pierre dans le bas pour y mettre des,
vafes. Le milieu avance en glacis de gazon , &
le bas çft orné
d'un grand tapis verd bprdé d'jfs & d'arbrilïeaux ainfi c^ug ,
SECONDE PARTIE, Chaî, lîL
le talus d'enhauc.-On voit au fond de cette terrafle une gfaû«
de palillade qui fe renfonce en face del'efcalier cela a donné ,

lieu d'y mettre un banc avec un rond de gazon &L un vale


,

de fculpturedans le milieu.
JDans la conftruclion des efcaliers & des gradins de gazon $
on emploie pour leur donner plus de durée de fortes planches ,

de bateau , avec des pieux ou pilots enfoncés aux encoignures j


des piquets des deux cotés des planches pour les entretenir
de champ. On brûle a demi tout ce bois c'eft-à-dire > on le ,

noircit dans le feu , pour le rendre plus dure , ôc qu'il refifte


davantage en terre 5 il fe pourroit peindre ou goudronner »
cela le conferveauffi. L'on ne met ces planches que pour foii-
tenir la fuperfîcie des pailliers , pour former les dés des en-
coignures , car les marches de gazon fe plaquent fur la terre
même fî l'on n'aime mieux les former toutes avec des plan-
,

ches que l'on revêcit de buis de bois j ordinairement la pre-


mière pouiTée des terres fe foutient par des murs dans les am-
phithéâtres mais les petits gradins éc les marches n'ont pas be-
,

foin d'autre foutien que la terre même &c l'herbe qui y prend
racine , à moins que ce nefoit des terres fabloneufes ou glai-
feufes j qui n'ayant point de corps de foutien , fe remuent
fouvent , alors on conftruic ces pièces avec du çlayonnage 3

comme l'on a déjà vû.


On donne une petite pente imperceptible fur toutes ces
marches pour l'écoulement des eaux toujours vers le gazon
,

pour l'arrofer. Dans les rampes qui font trop roides &c qui
peuvent être gâtées par les ravines -pn les eroife de bandes
,

de gazon , qui rejettent les eaux des deux côtés. A l'égard


des efcaliers de charpente > ou faits de bandes de mentiiferie ,
on les peint en verd & on remplit le giron , de gazon ou de
,

recoupes bienbatuës qu'on aura foin de garantir de la ravine


qui dégrave le fable d'avec le bois On fe fervira toujours de
gazon plaqué dans ce qui eft un peu roide , pour la durée &
des marches dont le giron n^eft pas gazonné , il faut un petit
letour defTus pour conferver l'arrête de la marche.
On doit l^attre ces pièces vertes totttes les années au Prin-
tems J cela les ralfure ôc les fait durer bien davantage on les :

bornera on les taillera chaque mois aux cizeaux , caria faux


n'y feroit rien > fans cet entretien l'herbe devient trop haute
U corrompt toute la grâce du deffein.
,

LA PRATIQUE DU JARDINA GE. i^f

CHAPITRE IV.

DE LA MANIERE DE TRACER
fur le Terrain toutes fortes de dejjeins,

ne pas d'avoir donné toutes


faffit les Pratiques précé-
ILdentes pour l'inftrudion des Jardiniers , quoiqu'elles foient
bonnes en elles-mêmes & très-faciles dans l'exécution néan- ^

moins comme ce ne font que des chofes détachées , on pour-


roit objeder , que c'eft encore une nouvelle difficulté de les
fçavoir coudre enfemble pour compofer un tout c'ell: - à- :

dire , que ce feroit un nouvel embarras , quand on auroit à (

iracer une difpofîcion générale de Jardin. C'efl ce qui a dé- î

terminé à donner ici la manière de tracer un plan général,


où il fe rencontre toutes les différentes parties qui compofent
un beau Jardin. On efpere par là donner la perfection à cet
Ouvrage , en rendant un homme capable de tracer & d'exé-
cuter fur le terrain les deffeins les plus difficiles. ;

On fuppofe que cet homme aura bien examiné conçu &


toutes les Pratiques qui font dans le Chapitre i"^ de cette
Partie , & les aura éprouvé & tracé fur le terrain l'une api-ès
l'autre, ce qu'on a déjà nommé les Elemens de la manière de
tracer. Donnons-lui maintenant les moyens d'appliquer en ge^
neral toutes ces parties détachées , ôc les mettre en ufage
dans une difpofition générale de Jardin , comme il fe voie
dans la Planche fuivante.
Le terrain étant drelTé & tout préparé à tracer , faivant
ce qui vient d'être enfeigné dans les premiers Chapitres de'
cette le Partie & le deflein de la difpofition générale du
5

Jardin étant auffi afrêté , nous fuppoferons le bâtiment fini


& achevé auffi bien que les murs de l'enclos , n'étant point
,

de notre fujet de traiter de T Architecture.


On propofe ici pour exemple une difpofition générale de
Jardin j où il fe rencontre des Parterres , des Bolquets , des.:

T ij
14^. .SECONDE PARTIE, Cha p. ï\r.
Boulingrins , des fontaines > ^c. en im mot tout ce qui peu£
former un beau jardin , comme il fe voie dans cette Plan-
che , ou ce plan eft fuppofé deffiné fur ua rouLea^u de papier^,
^ ^
Fig. le.

La Figure à côté , ou font marques de fimples traits, eâ


pour reprefenter le terrain , ôc ce qu'on doit faire pour
y tra~
cer & raporter fidèlement toutes les parties du petit plan;,
c eft-à-dire les placer &
mettre en mafle.
Onoblërvera que pour raporter fidèlement fur Te terrain;
toutes les parties &
mefures de ce plan , il faut fuivre exacte-
ment celles qu'on trouvera avec le compas , fur l'Echelle qui
eft au bas de ce rouleau de papier ce que nous avons,
: déjà
remarqué dans le Chapitre ir de cette féconde Partie.^
Quand on lira Pratiques ci-après yfmvmtU 4c, ^ e j
dans les
ou Pratique
i cela s'entend des Pratiques qui font dans le
Chap.. 1er de cette Partie , &
non pas de celles qui font dans
les. le ^
Chapitres préccdens.
^Pour en venh à la Pratique de tracer for le terrain ce plan
général , on commencera; à prolonger la façade du bâcimena
-^^Fig. 2e paf des. jalons, qu'on pofera de diftance en dif-
tance des deux côtés , d'alignement au bâtiment > comme •

eftlaligneS B juivantU
3^ Pratique mefurés avec le com-

,

pas fur l'Echelle du plan , combien il


y a de toifes depuis le
bâtiment A jufqu'au parterre C , vous trouverés que cette
allée de traverfe a cinq de large 5 portés cette mefure
to.tfes
à la du pied du bâtiment , & mettés un.
toife furie terrain,
t)iquetau bout camme en D. Prenés le milieu de la façade du
bâtiment A , plantés-y au devant la perche E , ÔC mefurant
pareillement le milieu de l'autre façade dans la cour^plamés-y
une autre perche commet , en les alignant l'une fur l'autre-
à travers le Veftibule pofés enfuite le demi-cercle , fuivant
:

ce quel'on aditci-deffus , àk' place du piquet D , de manière


que les pinules de fa bafe s'alignent fur les deux perches E E„
Prolongés par des Jalons la ligne milieu (? G , vous retour-&
nant d'équerre en mettant l'alhidade fur 5>o dégrés , {muant
5= PrMîque^ alignés. plufieurs jalons d'un bout à l'autre, qui
TOUS donneront la ligne -F. Mefurés furie plan la longueur
que doit avoir le parterre C, qui cft de 18 toifes, prenés en-
€ore la moitié de la largeur de la grande allée de traverfc:.
,

LA PRATIQ_UE DU JARDINAGE. 145


HH , qui a cinc|.toires ce fera deux toifes de demi ,
de large ,

qui jointes à 1 8 que le parterre C a de long , font en tout 2 o


toifes &
demi. Portés cette longueur à la toifefur la ligne mi-
lieu C? en commençant à l'endroit D , où vous ave's pofé
C ,

rinftrument,&aïant fixé un point à 20 toifes &; demi en delà


comme en / , plantés- y un piquet 3 ce fera de ce point apellé
centre, que vous tracerés tous vos principaux alignemcns
vos maîtreffes allées &: les cercles du balîjn &
de fon pour-
tour. Reportés l'inftrument qui eft en £> à ce centre / , fur
lequel vous le poferés bien d'a-plomb > mettés fa bafe d'ali-
gnement aux deux perches E £ près du bâtiment, S: aux
piquets de la ligne milieu G G i Alignés defTus plufieurs jalons
d'un bout du Jardin à l'autre , environ jufqu'au point K , èc
mettant l'alliidadedu demi- cercle fur 50 dégrés , retournés-
vous d'équerre pour l'allée de traverfe HH
> où vous aligne-

rés pareillement des jalons d'un bout à l'autre. Ces aligne-


mens vous donneront les lignes milieu de vos grandes ailées,
& portant par les deux bouts deux toifes &
demi de chaque
côté de ces lignes milieu , fichés-y des jalons , &
fur ceux-là
alignés^en d'autres , de cette manière vos allées auront cinq
toiles de large fuivant le plan,
Océs enfuite l'inftrument , &
an centre 7 plantés un bout
de perche , que vous enfoncerés un peu avant à la place du
piquet : mefurés au compas fur le plan , le diamètre du balîîn ,
de fix toifes 5 prenés un cordeau de trois toifes de long , qui
eft le demi diamètre , palTés^en la boucle dans cette perche/,
& tracés ce cercle rfawa^i la ly^ Pratique, Tracés enfuitedu
même centre/ l'allée d'en bas L du tour du baffin , qui eft la
portion circulaire du parterre C , & ralongeant le cordeau à
la mefure requife , tracés l'allée du pourtour d'en.haut pour
former la demi-lune MM,
Terminés cette demi-lune MM
aux rencontres des allées , par des jalons que vous mettrés
d'alignement aux autres &
dans la trace delà demi-lune , ce
qui marquera les quatre encoignures 0 0 0 0, Prenés enfuit©
fur le plan , la largeur du parterre C y de 10 toifes i portés de
çhaque côté de la ligne milieu G G , cinq toifes , & tracés ces
deux lignes , par la 1^ Pratique , qui avec celle d'en-bas F^
& la portion circulaire L , vous enclaveront 6c borderont la
place deftinée pour le parterre C. Il faudra enfiiite porter de-
T iij
,

I50 SECONDE PARTIE, Chap. IV.


puis cette trace , largeur des allées P F , de trois toifes
la &
demie, & aligner les jalons de ces allées , fur ceux des encoi-
gnures 0 0 de la demi-lune , &
à la rencontre des deux allées
de traverfe H. H
ôc F F , plantés des jalons aux encoignures
qui borderont de ce côté les bofquets
Pour terminer vos grandes allées meiurés furie plan com-
,

bien de longueur l'allée en face du bâtiment doit avoir depuis


la demi-lune M
Mfiiipofé de 30 toifes de long: portés à latoi-
fe cette longueur , depuis les encoignures 00 de la demi-lu-
ne , &
terminés-la parle piquet Koii vouspoferés le demi-cer-
cle en alignant
, fa bafe fur la ligne milieu , & fur les jalons de
perches I G G E vous retournant d'équerre, vousaligne-
ôc
rés des jalons des deux côtés fur toute
la largeur , qui vous
donne' ont la ligne d'équerre if R ; mefurés enfuite proche du
bâtiment^ , la longueur de l'allée de traverfe FF, depuis la
ligne milieu tirée fur le plan 5 cette longueur fera trouvée de
16 toifes pour chaque côté j portés fur le terrain , depuis
la ligne milieu ou perche E xè toifes de chaque côté. Al-
lés- vous-en à l'autre bout , du piquet K portés pareille-
ment fur la ligne R R 16 toifes de chaque côté terminés ces :

longueurs par des jalons , & alignés-en plufieurs autres delTusj


fur toute la longueur de ces deux côtes 3 ce qui vous donnera
les lignes S S dcTT, &; vous terminera & enclavera les pla-
ces defHnées aux bofquets .^^j au bois r & au boulingrin Xy
dont vous arêterés les encoignures par des jalons. Les allées
du pourtour des murs fe traceront après cela fort aifement
en portant à la toife dans les deux bouts depuis les aligne-
mens R R , S S ècT T , \x largeur dont elles feront trouvées
fur le plan , étant parallèles aux lignes tracées. A l'égard des^
deux quarrés de potagers Z Z qui font aux côtés de la cour,
ileft inutile de dire que pour les tracer, on n'a qu'à prolonger
les alignemens S S TT &c. pour la longueur de pour latr
,

largeur porter depuis la trace de la ligne de traverfe B B y


,

la quantité de toiles dont ces potagers feront trouvés furie


plan on en aura par ce moïen les quarrés fans difficulté.
:

Première R e m a r qjj e.

Quoique l'on donne ici pour exemple un plan d'nne forme


bien quarrée , néanmoins lî l'on avoic un Jardin i tracer oal
..J...-J.. .-J--J. .~J -l-.-J-K-A-~l --J-
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H A J -!
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Pota^e^r
X
LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 151
il fe trouvât des biais , comme ceux delà 5 e Planche des Dif-

pofitions générales Partie le , l'on n'y auroit aucune nouvelle


difficulté , (înon d'ouvrir le demi-cercle , & le mettre fur le
même degré , que le Rapporteur auroit fait connoitre j en
prenant fur le papier les ouvertures d'angles.

Seconde R e m a r cl.u e.

Après avoir tracé entièrement un Jardin il faut ôter tous,

les jalons & piquets inutiles , comme ne faifant qu'embrouil-


ler, Si ne laiffer que ceux qui font nécelTaires j par exemple
dans les bofquets ^^i^/^. 2* il n'en faut laifTer que quatre
aux encoignures.
Voilà la meilleure manière & la plus expeditive de tracer
un grand Jardin ,en trouvant d'abord les principaux aligne-
mens , toutes les lignes milieumettant en maff e toutes les
, ôc
parties différentes marquées fur le plan. Il ne refte plus qu'à
donner la manière de tracer le dedans de ces pièces ce que ,

l'on va voir dans les trois Pratiques fui vantes j la première


pour tracer un Parterre , la féconde un Bofquet , & la troi-
fîéme un Boulingrin, qui font les trois principales parties
d'un Jardin &les plus difficiles à tracer. On a pris pour def-
feins ceux qui font marqués dans le plan général deffiné fur
le papier , Ftg. i« , comme le Parterre C , le grand Bofquet
F ôc le Boulingrin X , on les a raponé en grand dans
cette planche , qui les reprefente toujours deffinésfur des
rouleaux de papier , avec la pratique de les tracer fur le ter-
rain qui y eft jointe.

PREMIERE PRATIQJJE.
Tracer u» Parurre fur le Tmain,
La place étant bien unie & bien préparée , comme nous
avons dit ci- delTiis Chap. le de cette Partie , il faut
dans le
mailler fur le papier , le deffein du Parterre C Fig. « en le , 1

fé parant par des lignes tirées au craïon, qui formeront en


fe croifànt de petits quarreaux d'environ trois pieds fur tous
fens, félon 1 Echelle du plan. Ne vous embarraffés pas s'il
refte au bout de la divifion une demi-maille ou quart de maille
parce qu il en reliera autant furie terrain. Pour bienfeire, il
154 SECONDE PARTIE, Chap. IV.
celle ^. L'on en fera autant de C en D , d'£ en F , de (J en
Q / en , en y mettant des petits piquets : de cette manière
on prendra telle mefure, ôc en aufTi grande quantité qu'il fera
neceffaire pour trouver exadement îe contour de chaque
,

feiiille. Il y a moins d'embarras que de repajGTer cent fois d'un

côté à l'autre , pour prendre avec la toife ou le pied malgré les


quarreaux quantité demefures nécefTaires & même l'on ne
, ,

rapporte jamais fi exactement cette moitié de defTein. Il efl:


fur que ces cordeaux ne peuvent point vous tromper dans la
polîtion d'une figure pourvu que les piquets du milieu foient
,

bien enfoncés & qu'on ne démare point les bouts croifés


,

qu'on tient avec la main , cela efl tres-effentiel pour l'égalicé


des triangles.

SECONDE PRATIQ^UE.
Tracer un Bofquet fur te Terrain^

Les lignes du pourtour duBofquct V^Vig, 3^, étant tracées


furie terrain , &
les encoignures AB CD
terminées par des
piquets. Pour tracer les deux allées apellées diagonales A D
& C^ des jalons des angles A B c D y Fig. 4^ , alignés-en
,

d'autres ftir toute la longueur, ce qui vous donnera les lignes

milieu de vos allées > &


à l'endroit où elles fe croifer ont com-
me en G plantés-y une perche qui fera le point milieu i me-
,.

furés enfuite la largeur de ces allées fur le plan fupofé de deux


toifes5 portés aux deux bouts une toife de chaque côté de la

ligne milieu >&: mettés-y des jalons fur lefquels vous aligne-
rés le bord de vos allées.Après cela mefurés à la toife les
deux largeurs du bois AB ÔCCD & les deux longueurs A C
,

^ B Dy en commençant des piquets des angles ôc marqués- ,

enjufte les milieux haut & bas , parles jalons E E àc F F ^


prolongés ces alignemens par d'autres jalons fur toute la
longueur &; la largeur. A l'égard de la Salle du milieu , qui ell
un quarré long ou parallelogrammei mefurés fur le plan , Fîg.
3^ , combien il y a de toifes depuis le point milieu delà pièce
deau , jufqu'au centre des -portions circulaires, cette lon-
gueur fera trouvée de cinq toifes fuivant l'Echelle ? portés fur
le terrain ^ Fig.^'i , fur l'alignement E £ de depuis le point mi-
lieu , cinq toiies de chaque côté , ôc fîchés-y des piquer
. ,

LA PRATIQUE DU JARDIN AGE. lyj


comme H èc I , deux centres d'oii vous tracerés
ce feront les
toutes vos portions circulaires > pofe's le demi- cercle fur un
de ces piquets conmie en H , en mettant fa bafe fur l'aligne-
,

ment du ipilieu EGÉydc fon alhidade fur 5)0 de'grés , pour


vous retourner d'e'querre & pour tracer la ligne K K j au
,

delTus de éette ligne vous porterés de chaque côté la largeur ,

des allées du pourtour de la pièce d'eau trouvée de deux ,

loifes & demi fur le plan pour tracer la ligne N N. Otés l'inf-
,

trument , prenés un cordeau paflés-en la boucle dans le ,

piquet f/j & tracés la portion circulaire 0 fuivant le diamè-


tre trouvé fur le plan en arêtant votre trace à la rencontre
,

de la ligne K K par des piquets qui formeront les oreillons


,

de la pièce d'éau portés enfuite fur la ligne milieu E G E ^


i

depuis la trace de la portion circulaire 0 la largeur des allées


du pourtour de deux toifes & demi mettés-y un piquet ,

& ralongeantie cordeau à cette longueur, tracés du même


centre H la portion circulaire P de la Salle jufqu'à ce que ,

vous rencontriés la trace de la ligne N N y oh vous mettrés


des piquets qui détermineront les oreillons de la Salle. Vous;
poferés enfuite le demi-cercle à l'autre bout, comme au cen-
tre / , en faifanr la même opération pour tracer les lignes
d'équerre L L , di M
Ai , èc reportant le cordeau dans le pi-
quet /jvous tracerés les portions circulaires ,^_J^ R des mêmes
longueurs qu'à l'autre extrémité. Cela fait vous porterés fur
les lignes K K èc L L depuis les piquets H / de chaque &
côté , la moitié de la largeur de la pièce d'eau , qui eil de deux,
coifes &
demi , où vous mettrés des piquets , d'où vous por-
terés encore la larg-eur des allées du pourtour, Jalonés toutes
ces lignes d'un bout à l'autre , tracés-les en tendant le cordeau
de piquet en piquet , &
les terminant par des jalons , d'aligne-
ment aux bords des deux allées diagonales D ôcC B ^ cela
achèvera de former la pièce d'eau la Salle du tour. & l'é- A
gard des renfoncemens èc des niches pour les bancs & les figu-
ïres , on fe fervira de i'équerre de bois pour en tracer les re-
..cours^ l'on iuivra les mefures marquées fur ie plan Fig. 3e.

R £ MAR QJJ £

On doit en traçant une pièce d'eau ou de gazon cintrée


par les bouts 3 remonter un peu ie centre de quelque pouce j
•i5^_ SECONDE P A RTIE, Chap. ly.
cela fait toujours mieux en ouvrage , auffi-bien que de faire
les oreillons de ces pièces forts petits étant crès-délagréables.
,

à la vûë } quand ils font trop grands^

TROISIE'ME PRATIQ^UE.
Tracer un Boulingrin Jur U Terrain^.

On fuppofele Boulingrin marqué X fur ie pian ,

tracé en oélogone fur la fuperficie de la terre ,


juivmt U 1 6^
Fratiqt^e , ainiî l'on n'a plus befoin manière de le- que de la
renfoncer. Plantés des piquets aux huit angles de roélogone,,
fig. , enforte qu'ils excédent tous également la- fuperficie
delà terre , comme d'un pied de liaut j en fup'ofant que cette
fliperfieie fera bien dreffée de niveauc Remarqués fur l'E-
ehelle combien les talus doivent avoir de largeur d'angle- etr
angle , par exemple de fix pieds mettés plulieurs piquets k ,

Taventure à huit à neuf pieds en dedans de ceux des angles^


Hs ferviront à faire creufer la terre tout autour fans en en- ,

lever vers les bords que l'on doit conferver pour couper les'
,

talus en terre ferme c'eft ce qui eft exprimé par le ferpen-


,

tement a a a a. La plus grande partie de votre terre étant en-


levée ifelcnce quona ditdms lechap. , & aïant dégroffi le
talus tout au touF , c'efl-à-dire Taïant coupé à peu près-de-
,

puis les piquets d'en-hautj jufqu'au ferpentement aaaai pour


unir & égaler parfaitement le fond du Boulingrin , enfoncés;
des jalons vis-à-vis de chaque angle , di à huit à dix pieds de
dîflance , qui s'alignent fur les piquets d^ ces angles & qui ,

fe trouvent d'égale hauteur. Vous méfurerés fur ces jalons-


en contre bas un pied qu'ont de hauteur les piquets des an-
,

gles , & vous y ferésune marque avec du charbon:. Joignés -y


ce que vous voulés donner de renfoncement au Boulingrin ,
fupofé de deux pieds. Vous ferés butter ou décharger du
pied ces jalons fuivant le befoin , de manière qu'ils aient en
tout trois pieds de haut. Enfuite vous attaeherés un cordeau-
au pied d'un des piquets des angles comme en H & fur la , ,

marque noire faite furie jalon K vis-à-vis , vous y att acherés


l'autre bout du cordeau Vous mefurerés delfus ce cordeau
:

bien tendu , fix pieds qu'a la largeur du talus d'angles en an-


gles 3 au bout defquels fix pieds vous ferés tomber un à-plomb
Le même Parterre C maiUe^ettrctcé^Jur le
Le B oscjuetV etr le B oiiîuKjrtn X
terrauz desstnes J'ur le papi
papier •

Le Pctrterre C d.ejjirLc ct-

7 '7

/ 3. 3 ^ ô 6 TcLjes

S lo (àTocses

JLe rrteme Bosquetry^ et le menie BoxLlmçrii^y^.


traces J'ur te te.rratn

4A
J
4g 7»

J-
4-^
J

4 :j 4 j.

i4
J 4-:

F4.
4'' •
J : : i

1--44-.-
4^:»4 J
..--'M A
':
\ J

.4. .4,4
LA PRATÎQJJE DU JARDINAGE 157
|ufques dans fond
en faifant arrazer ôc drefTer les terres
le ,

pour y planter un piquet à tête perdu ë. Faites la même opéra-


tion aiîxfept autres angles du Boulingrin y aïant ainfi trouvé
ëc arrête' par des piquets, les huit angles d'en- bas , tendes
l'e cordeau d'angles] en angles , 6c trace's le fécond odogone

du fond. Cela fait , vous alignere's des jalons par tout , donc
ks têtes s'ajuftent à la hauteur des jalons & despix^uets des
angles d'en-haut , comme on le voit par les jalons B c D E F
G 5 que vous mettre's tous à la^ hauteur de trois pieds. Vous
tendres un cordeau de l'un à l'autre jufqu'aux jalons d'en-
bas , &
par des rrgales vous unire's tout le fond de ce Boulin-
grins y foi'vmitU le Pratique âu chap. le. A
l'égard de la ma-
nière de couper &
de drefTer le talus, on aura recours à la 4c
Fv/^fique , (inx remarques du chap. précédent*
Quand on entendra bien ces trois Pratiques , qu'on au- & ^

ra tracé fur le terrain ce Parterre , ce Bofquet ce Boulin- &


grin on- en tracera après fort aifément une grande quantitéi
,

ear quoique les defleins foientdifFerens , cela fe raporte tou-


jours à la même méthode. Ainlî un Jardinier qui aura un
Parterre ou un Bofquet à tracer n'a qu'à confulter la Pra-
,

tique de tracer un Parterre , un Bofquet , &c. en fuivant


exadement ce qui y eft enfeigné ,.il en viendra facilement
â bout^
On ne parle point
de tracer un Potager , un Bofquet
ici
en Qj-iinconce , un Parterre à l'Angloife
, &c. ces fortes de
deffeins feront fort aifés à tracer , quand on aura bien prati-
qué ce que l'on vient de dire au fujet de defleins plus com-
pofés & par conféquent beaucoup plus difficiles à raporter
,

fur le terrain.
Il faut remarquer que dans les grandes meHires St aligne-
mens , on doitmefurer parles deux bouts , & jamais dans le
milieu , cela efb plus exad,.
Quand vous rencontrerés fur le Terrain , de l'erreur avec
le pian.du-pâpier , ce qui arrive afles fouvent , il faut vérifier
& examiner toutes les mefures l'urne après l'autre , pour fça-
voir oii-l'on aura manqué, &
fi l'on ne peucle trouver Se que

l'erreurfoit peu confiderable on la partagera en deux j oa


,

ne s'apperçoit jamais de cela fur le Terrain j quelque cir-


,
confped qu'on puiffe être , il eft prefque impolfiblc d'éviter
ees petites fautes. V iij
.

15S SECONDE PARTIE, Châp. ly.


S'il naît quelque difficulté dans la Pratique touchant le
d,emi cercle j la toife , lecordeau , ©li fur quelque terme
qu'on n'entende point , on aura recours aux trois Chapitres
précédens.
Il ne fera pas hors de propos, avant que de finir cette Partie,
dédire de quelle manière on peut retrouver le centre d'un
cercle , d'un odogone ceux d'un ovale &c. dont les mefu-
, ,

res ont été ôtées en plantant. On a fouvent befoin de ces Pra-


tiques, quoique l'on ak un Jardin neuf, foit pour changer de
tems en tems le gazon des pièces rondes , des bordures de
Baffins j des Boulingrins & des grands tapis cintrés par les
bouts , foit pour faire d'autres changemens dans de vieux Jar-^
dins.
Onfe fert d'une même prat:que pour un Boulingrin rond ,
Bc pour une pièce circulaire ôc. plate elle confifte à prendre
:

le milieu des allées qui y aboutiffent , y mettre des jalons , ôc


dans l'endroit oii les deux alignemens fe croiferont , planter
un piquet qui fera le centre cherché. S'il n'y avoit que deux

allées fur le même alignement , on prendra exadement le


milieu du diamètre de la pièce , c'en fera le centre*
Pour regazoner le pourtour d'un balîin rond , on palTe le
cordeau fur l'ajoutoir du jet , ôc on le plie en deux cela fert ,

à tracer cette circonférence qui eft parallèle à celle du balîin:


il fe rencontre quelquefois des figures au milieu d'un baiîîn ,

ce qui caufe un peu d'embarras quand l'ajoutoir eft enclavé


dans la figure,maison n'a qu'à ficher un bâton dans cet ajou-
toir &
y paifer le cordeau
L'odogone , l'ovale , fe retracent facilement par les métho-
des ci-defTus enfeignées , en obfervant de les faire palier par
les mêmes points où ils palToient auparavant , afin qu'ils fera*
portent aux pièces voifmes. A
l'égard des grands tapis de ga--
zon cintrés par les bouts , des pièces à l'Angloife coupées en
compartiment on les retracera en fuivant les piquets qu'on
,

aura eu la précaution d'enfoncer tout au tour , avant que d'ô-


ter le gazon comme il a été àit ci-devant fage S 5 & fi ces
, 2.

pièces font trop ouvragées , on peut le redeffiner furie papier,^


& les mailler fur la terre , comme on fait les parterres.
Il n'y a de difficultés dans toutes ces pièces , que lorfqu'il
rencontre un piedeJftal qui en ocjpupe le centre , cela ne
LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 1^5;
fait rien dans l'odogone , car au lieu de le tracer de l'angle du
centre , on le tracera de l'angle du Poligone. L'ovale ne don-
iieroit auffi aucun embarras T^e^ deux centres étant de hors
un piedeftal placé au milieu on le tracera prefque tout au
,

tour , l'on achevera le refte à l'oèil j mais dans les pièces où On peur
îlfe trouve des cercles , au centre defquelles font des figu- ^"
J'/'Y^ jf^^^é
res, on ne laiiTeroit pas d être fort embarralTé fans les deux mvom^^^lkl
,

moïens fuivans. Le premier , en fe fervant d'un cerceau de «ntres en ,

bois afles fort pour pleïer difficilement, que l'on liera au tour
li^f^yllTâc
du piedeftal , de manière qu'il affleure fes quatre carnes vous gîoj piquets :

y àttacherés un cordeau convenable à la ° grandeur du cercle, ^?


cfacine, quand
,
r r A
' • 1
11 /-
ùC vous teres loutenirle cerceaupar un. homme en telle forte on ks trace
,

,
1

qu'il tourne facilement au tour du piedeftal , & qu'il foit à peu "^^is à la ion-
près parallèle de même que le cordeau à la ligne de terre >
, ,
f uctfpour'if-
vouspafTerésletraçoir à l'extrémité du cordeau > &c vous tra- lenc ca terre,
cerésainfî votre cercle dans une juftefTe fuffifantedanslaPra-
tique,car on ne prétend pas que cela foit dans toute la rigueur
Géométrique. Dans un Boulingrin on tracera les deux cercles
parallèles l'un après l'autre. On fupofe que le piedeftal foie
circulaire ou un quarré parfait , qui font les figures les plus
ordinaires j un Redangle cette pratique feroit inu-
fi c'étoit ,

tile. Le fécond moïenne peut fervir qu'en cas qu'il


y ait des
arbres ou une palifTade au tour d'un rond de gazon alors on ,

portera de chaque arbre ou du pourtour de la palifïade , la


même diftancede pied en pied , ens'alignant toujours à peu
près au milieu du piedeftal , comme le centre , l'on fichera &
de par où doit palTer le cercle, que l'on tra-
petits piquets
cera le plus précifément qu'il fe pourra à l'œil i cette mé-
thode n'eft jamais fi bonne que l'autre , étant fujecte à des
jarets J mais imperceptibles fur le Terrain.

FIN DE lA SECONDE PARTIE,


^

TROISIEME PARTIE
Q.UI CONTIEN T
LA PRATIQUE
JARDINAGE
En ce qui regarde la manière de planter.

CHAPITRE PREMIER.
DZ/ CHOIX ê^VE VON DOIT FAIRE
des Arbres convenabUs aux Jardins de Profreté
& de leurs bonnes &
maavaifes qualités*

E n'eft pas peu de cliofe que de fçavoir bien


,

-choifirlesArbres,&: ksPlants dontoi^ doit fe


fervir dans les Jardins. Les plus habiles con-
noilTeurss'y trouvent fouvent trompe's mal-
gré leur expérience: cependant il y a des mar-
1 ques afles certaines , pour fçavoir diftinguer
les bons Plants d'aveclcs mauvais 3 c'elt ce qui le verra à la fin
de ce Cliapitre , oii l'on referve à en dire tout ce que i on peut
fouhaiîer «
L A PRATIQlUE DU JARDINAGE, i^î
iiaiter , pour pouvoir faire un jufte difcernement de leur
bonté.
On appelle tous les arbres qui fervent communément dans Nous avôas
les Jardins de propreté, de deux fortes de noms , les Sauvages encore ks ar«
brcs &
& les Aquatiques.
feaux de flcuc
^^^^
arbrif-

Les Arbres SaLlvages font ainfi apellés , à caufe que de leur '^^^t on pir-
nature ils croifleiit Sans les bois &
les forêts , comme le Chef- icn dans la
ne , l'Orme , le Châtaignier , le Charme , &c.
LesArbre^Aquatiques , qui font en bien plus petit nom-
bre , fe nopîfiient ainlî , parce qu'ils fe plaifent dans l'eau , &
qu'ils-y^ croilTencmieux qu'autre parti tels font leTremble, le
Peuplier, l'Aulne, &c.
Avant que d'entrer dans le détail de tous les Arbres fui vans,
îl eft bon d'expliquer ce que c'eft que Bouture , Jettons ou Re*

jettons &
Marcotte. Quand on dit qu'un Arbre vient de Bou-
ture , c'eft-à-dire , qu'on n'a qu'à en couper une branche , en
aiguifer le bout 6c la ficher en terre , elle prendra racines &:
produira un arbre de la même efpece Au lieu que jettons ou:

rejettons font des brindilles &


rameaux qu'un Arbre pouiïe du
pied, & que l'on levé tout enracinés quand ils ont un peu de
, * Cela s'â-
îbrce C'eA à proprementparler des racines éclatées du maî- pelle fevrer u-
;

ne marcottp,
tre pied. Marcotter autre chofe que de choifir au pied
d'un arbriHeau , des rejettons & Ces.defci'ip-
des branches pendantes qu'il tions ne
fonc
faut éplucher. de manière , que ce qui doit être en terre foit point fines
entièrement dépouillé de feuilles, &: fans les couper, on les fu'vamiaBo-
^^"'^"^ ^"^^
couche cinq ou fix pouces avant dans la terre pour leur faire a d'autres' ob-
,

prendre racines Celles qui font troproides feront arrêtées jets que ceux
:

de l'Agricul-
avec des crochets de bois j &
la féconde année on^ lesfépare ture,elles
fonc
du corps de l'Arbre , pour les replanter ailleurs. faites feule-

Venons maintenant à la defcription de tous ces difFérens ment pour


donner l'idée
Arbres , en après l'autre, ôc en parlant de
les Ipécifiantl'un "e chaque ar-
leur bonne ôc mauvaîfe qualité ce qui eft elTentiei de bien
, ,
bre , par ra
port à Ta pro-
connoître , pour en faire un bon choix i commençons par
pricté dans les
le Chelnc. beaux Jardiîis,

LeChesnecII:, pour ainfî dire le Roi des Arbres. ,


Le Chesne.
C'elfc un des plus beaux que la terre produife , il eft fort long-
tems à croître 5 mais auiii c'eft celui qui dure le plus. Il jette
un pivot en terre prefqu'auffi long que le brin qu'il pouffe
dans l'air, qui le garantit contre les grands vents. livienc
X
-

^kÔÏSIFME P AïITîE,,Ch A p. L
tiroiciSc haut. Soii bois eft fort dur très-rechcrcké peut
&:
les bâtimens. Sa feiiilie eft belle & donne beaucoup de cou-
vert. LeChefne les forêts 8c dans les bois,
eft plus fro^pi^e dans
qu'à former des ailées bien droites 3 îl eft un peu fujet aux ha--
netons & autres vermines. Sonfruic que l'on àpelle du gland j
îTefeme ou fe pique enterre j c'eft par- là qu'il fe perpétue.
Ce fruit fert encore à nourrir ôc engraiffer des Porcs.
L'Oa me. L' O
r m e eft encore un des plus beaux Arbres qu'il y ait/
On
ditdelui &:duChefne, qu'ilsfontcent ans à croître, cent
^ns en état , & cent ans à dépérir: On peut juger par-là qu'il
xiure très-longteras. Il monte droit & très-haut , fon feuil-
lage eft petit , mais fort toufFu
j fon bois eft fort dur Se très-

propre pour le Charonnàge


fon écorce eft un peu rabotéufe.
,

* L'Orme croît bien plus vîte que le Chefne , 6c il eft plus efti^
mé pour planter des Allées 8c des Bofquets. C'eft un de ceux
'qui eft preféntc^ment le plus à la mode , quoique bien des
'gens n'en veulent poin't planter , parce qu ils difent que l'Or-
'me eft trop gourmand, étendant fes racines trés-loin , en
quantité prefque à fteur de terre > ce qui peut ufer le
, ôc
"terrain d'alentour Il eft fort fujet à la chenille
: aux vers-t &
îl produit de la graine , &
vient de rejettons aux pieds dés
grands Arbres.
L'YfREAu , L' Y
p R E A u , qui n'eft autre chofe que l'Orme à larges
ou L'i M p I-
feuilles, appellé communément l'Orme femelle eft fort
,

• recherché pour les belles allées , on le nomme Ypreau , à


fort inccrtai- caufe originairement des environs de la Vilte
qu'il vient
ne, de croire d' Yprcs en Flandre. Sa feùille eft très-large, 6c bien plits

Snr i^nfîn!
maie ^
bcHe que ccllc dc POrmc ordinaire i fon bois vient droit,
ont leur
nr i« r -i a r a
lon ccorcc èit toït clairc 6c tort unie il croit très -vite j aurn
-

Se femelle ;

'^'^^^"'^"^^ P^^
'^^^'^^"^ Pautte Orme. Il donne de la graine,
AmelfrTV^t
ïorr^ Partagés ^ poufFe dcs bôutufes j les hanuctoiis 6c les chenilles s'y atta-
_ii-dcffus , ce chént beaucoup.
vf"' i
ecttequeftton
Le
,
Châtaignier eft
ti
un Arbre des
> /r / -i
plus confidé-
^ -m
indécifc juf- rables par raport a ion revenu : Ils eleve tres-naut, mais il fie
qu'à prcfein. {q plaît pas par tout. Son écorce eft belle 6c claire 5 il forme
Le chataj. un ombrage par fes larges feuilles il eft plus propre à
bel :

€HîfK. ;
planter des bois que des allées , à moins que ce ne Ibit dans
la Campagne ou dans quelque Parc , que l'on en plante aux
endroits écarté* Sou bois eft blanc 6c fe plie faciiemeut. On
:
LAPRATICJJjE DU JARDINAGE. 16^
s*en fert à faire des cerceaux Son fruit qui eft la Châtaigne
:

eà eflimé , &
d'un gros profit j on en mange quantité & ii ,

y a des Païs ou l'on en fait du pain. Cet Arbre dure affés iong-
tems & n'eftfujet à aucune vermine. L'on prétend même
j

que la Charpente faite de bois de Châtaignier , ne fe ppurriq


jamais. On feme la Châtaigne comme le Gland.
L E Ti L L E u L ou T I L L o; T cft un des Arbres de* Le TittEi'^&
plus recherchés pour planter des allées & desbofquets:ra feuil-^
T
le fa tige , fa tête , fon écorce , tout en eft beau il jette dam
, :

l'Efté des flcuTS dont lodeur eft fort agréable j fon boisn'ell
pas des plus eftimés , étant du bois blanc , aulfi s'en ferc-oii3
peu dans les ouvrages , cependant on fait des cordes à puits-
^vec fon écorce. Cet Arbre ne fouffre aucune infecbe j mais,
il Ce verfe & fe creufe aifément, & par-là
il n'eft pas d'une Ion-)

gue durée. y en a une


Il efpece apellée Tillot d'Hollande ,
qui eft la plus eftimée à caufede fon large feuillage Il pro-, :

duit de la graine, &


vient aifément de marcottes.
LeMarronie
J
' T J \ r
r b'Ind e, àpellé ainfi, parcequ'on r „
T
^• r .^. 1,/A LE MfAR.O-
aporte des Indes des Marrons , qui en ont muitipiie l elpece nur d-in-
cn f rance , eft un des plus agréables Arbres à la vue. Sa; tige °" Cha-
'

droite, fon écorce unie fa tête régulière , fon beau feuillage,


,
J/cheV^a'^.
fes fleurs en piramides le font rechercher plus qu'aucun a,u-
tre. Il n'eft bon qu'à former des allées,étant un trés-mauvaîs
arbre pour planter des quarrés de bois. Il ne s'élève pas bien
liant , mais il eft fort droit , fon bois eft tendre ,cafTe aifé-
ment & n'eft propre à aucun ufage, pas même à brûler, noir-
ciftant dans le feu j ainlî cet Arbre n'eft d'aucun raporc.
Son fruit n'eft bon qu'à plantera on dit cependant qu on a
trouvé le fecret depuis peu d'en faire de la poudre pour les
cheveux L'on prétend encore qu'il guérit les chevaux pouf-
:

fifs , d' où il a pris le nom de châtaignes de cheval. Tout le

mérite qu'a le Marronier d'Inde , c'eft de croître fort vite i


auffi eft-il de peu de durée , & fort expofé aux hanetons qui
,

le dépouillent entièrement de fes feuilles


y juiqu'à. laifter fa
tête toute nuë. ^

Le He
s t r e ou F o V t eau
î efl: epcore un bel Ar-;. Lb Hestï^e

brejileft des plus droirs^fon écorce eft unie ^ Iwfante/afeûil- <^ ^""î^Aa,
le quoique petite , eft trés-belle i fon bois eft dur & s'em.pioïe.

à quançué 4 ouvyagçs.Ce^tAïbre çll tçés-g:ropre à former d)^^


Xij"

/
Uj. TK O I S I F M E P ARTIE Ch , a f. L
alléesjdes paliflades &
des bois j mais il eft trés-fujec aux &a«
netons èc aux chenilles. Il produit un fruit apellé Faine, que
l'on mange, 6c qui a le gout de noifette? l'on en fait de l'huilej.
&
quelquefois du pain dans les tems de famine x l'o^n feme de:
ce fruit pour avoir de fon efpece.
LeGhakmi. Le
C h a r m e a beauœup de conformité avec le Hef-
tre , fon bais, fonéeorce , fa feuille étant fort femblables il :

eft propre comme le Heftre , à former des allées^, des palifla-


des &c des bois, mais furtout des paliUadesokil eft emploïé plus,
qu'aucun autre plant Aloi-s il change de nom , & on l'apelle
Chamiille , qui n'eft autre chofe que de petits Chai-raes d'en-
viron deux pieds de haut , êc gros par en bas comme le petit
doigt ilneraporte point de fruit , mais quantité de graine
j

qui trés-longue à leverjfon bois eft des meilleurs à brûler..


eft
Cet Arbre eft difficile à la reprife , excepté dans les Païs frais,
& fort recherché par les chenilles &
lesbanetons.
^' ^ ^ ^ 3^ un me'rite particulier , e'eft qu'il vient
ITras-ïb y

à l'ombre & aux pieds des grands Arbres. Il croît aftés haut,
mais un peu tortu f fon bois eft fort dur & vaineux , & l'on-
s'en fert pour faire des meubles & des inftrumens demufiquey
fon écorce eft fore raboteufe, fa feuille eft d'un verd pâky êc
n'eft pasft belle que celle du Heftre &: de la Charmille; On.
l'emploie à garnir des bois , Se. à planter des paliffades , pre- &
fentement c'eft l'Arbre le plus à la mode j fa graine leY0
promptement. Il eft un peu fu jet aux hanetons.
M ÎRB3NE.
LEpRESNEeftle moindre de tous ces Arbres, ce n'eft'
pas qu'il ne vienne beau &
droit , mais fon peu de verdure &
fon ombre mal faine le font emploïer rarement dans les Jar-
dms 5 à moins que ce ne foit dans les bois > fa feiiille eft ex-
trêmement petite & d'un verd pâle , Ibn bois eft fort uni &
fàns.nœuds , ce qui le fait emploïer à quelques ouvrages il- :

donne de la graine qui levé fort vite , les mouches cantari-


des s'y attachent particulièrement.
it^coMo^
2V S,
Li Sycomore s'élève aftes haut ffbn bois eft fort
tendre & étant rompu lait comme le Figuier j
iljette du
il eft propre à fort peu de ehofe
fon écorce eft afîés belle ,
;
&fa feuille qiùreMemble à celles des vignes eft fort large:
U dure trés-peu &
meurt facilement 5 la meilleure qualité
^^iUit y c'êft ck ciQitre fore vite ^
par tout- Cet Arbre eft
LA PRATÏQ^UE DU JARDINAGE. 1^5
fi de vermines,qu'iln'eft pas de
fort attaqué par toutes fortes
grande recherche dans les Jardins 5 il produit beaucoup de
graine qui tombant d'elle-même, croît auffi facilement que
,

les méchantes herbes» •

f .

L £ B o u L £ A u eft un des moindres Arbres quoiqu'il , Le Bell II AU.


monte afles haut. Son bois efl blanc, &: n'eft propre qu'à
faire des balais &. autres bagatelles j fon écorce eft blanchâtre
& raboteufe. donne peu d'ombrage , fes feuilles étant ex-
Il
trêmement petites & fembkbles à celles du Peuplier.CetAr-
bre fert de première ?erdure auPrintems, &: ne IbufFre au-
cune vermine , c'eft ce qu'il a de meilleur > mais il fe verfe
aifément. On eft en quelque conteftation pour fçavoir, fi c'eft
tin Arbre aquatique ou fauvage parcequ'il vient
également
,

bien dans les Pais fecs & himiides 3 il graine beaucoup.


L'A c A C I A , apellé TAcacia commun de l'Amérique, L'ACACÏA.
a été autrefois fort en vogue. Il ne s'élève pas bien haut , fon
bois eft dur & raboteux , fon feuillage petit , donnant
peu
d'ombrage èc fes branches pleines de piquants. Tout le mé-
,

rite que peut avoir l'Acacia , dont on plantoit autrefois


quan-
tité d'allées &
de berceaux, c'eft qu'il croit fort vite , pro* &
duit dans le Printems des fleurs d'une odeur fort agréable.'
Mais comme il elVfort fujet à fe verfer , que fon écorce eft
raboteufe , & fa feuille trés^petite, Fon n'en faitprefentemenc
nul cas. On a coutume de l'écêter de tems en tems , ce qui
lui caufe encore un grande difformité.Cet Arbre graine, ainfi
que tous les autres.
L £ PL A T A N E OU P L A N E ell im Arbre des plus eu- LePi ATANE
rieuxjîl n eft pas fi. commun enFrance, qu'en Italie & enEfpa- OU F i. A K £.
gne , la raifon eft , que de fa nature il aime les Pais chauds.
Le Platane devient trés-beau , fort droit donne beaucoup-
d'ombrage i fon bois eft dur &: blanchâtre ^ auffi-bien que
fon écorce qui eft fort unie fa feuille reffemble à
:
celles
du Sycomore j il vient de graine en France , mais affés dif-
ficilement.
LETR E M B L E auffi-bieu que les troisArbres fuivans,>
-,
Le Tm-mh-
eftde la nature de ceux quife plaifent dans l'eau c'eft-à-
,

dire , des Arbres aquatiques ; H vient haut ôc droit


fon j bois
blanc ôc léger fert à plufieurs ouvrages fon écorce eft unie
:

& blanchâtre ; fes feuilles font rondes , -d'un verd pâle


,

X ii^
1Ô6 TROISIE'ME PARTTE,Chap. I.
rrembfe toujoars au moindre vent , d'oix il a pris le nom
de Tremble. L on en plante de belles allées autour des
étangs ac canaux s il croît fort vite, & vient de jettons de &
marcottes.
L'AiTiKE ou L' A
u L N E ou L E V
E R N E s'élcvc trés-haut trés- &
vrViKNB. jroit i Ton bois eft à peu près femblable à celui du Trem.ble,
&
fa feuille à celle du Coiidrier j fon écorce eft fort unie
U
de couleur noirâtre. L'on s'enfert dans plufieurs ouvrages
,
m^is particulièrement à conduire des eaux , en le creufant
en forme de tuïaux j il vient pareillement de boutures & d4
marcottes.
Li Peu- Le Peuplier
diffère peu de ces Arbres. Son bois
ffusK. blanc , facile à fendre ,
eft &
n'cft prefque d'aucun ufage j
fon écorce eft unie &
blanchâtre, ainfi que fes feuilles^
qui font larges, gluanteç & d'un verd poli 3 il croît auffi de
bouture. -
lê Sauie. L e s a ù l e ne montepas bien-haut , c'eftle moindre ^
de tous les Arbres j fon bois eft blanc &
propre à faire des
paniers & des perches fon écorce eft fort vilaine, fes feuilles
j

trés-petites , longuettes , &


d'un verd altéré. Le Saule el^
fort fujet à fe creufer ^c à verfer , auffi ne dure-t-il guère j oa
l'étête tous les trpisouquatreans. Il croît de boutures j apeU
lées Fiançons , qu'on plante au bord des ruifléaux , & dans
les lieux marécageux.
Les Arbres aquatiques ont un mérite qui les diflingue„
fort des fativages 3 c'efl de n'être fujets à aucune vermine »
par une raifon phyfique & naturelle qui , qu'ils font
,

d'une nature fi froide , que les infectes n'y peuvent faire leurs
CÊltfs.

On nomme en général tous les Arbres dont on vient dépar-


ier , bois de haute- futaie jluivans ne font que des arbrif-
les
feàux , dont on fe fert dans un bois , pour faire du garni 3c
de la broulTaille au pied des grands arbres.
L' E
Blanche
p I « E
,
L'E PiNE BLANCHE,autrement dite
, l' u b e- A
apeliéc vul- P I N E ou l' Au
B E p I N , eft un arbriffeau des plus con-
gairement. lîderablesjtant à caufe de fes fleurs qui rendent une odeur tré^^
Noble Epj»
fuavè, que parce qu'il attire leRoffignoljqui eft iemufiçien 1©
NE.
plus agréable des bois.Cet arbriffeau croît facilement: Il eft ar-
mé de piquans fort aigus & par cet endroit trés^ propre à plan-
LA PRÂTIC5UE DU JARDINAGE, 1^7
tërdes haïes vives , dontil défend l'aproche pâr fes pointes j

fes feuilles font dentelées &


d'un fort beau verd.L'Epine blan-
che efttrés-fu jette aux chenilles , elle vient de graine ordi-
nairement.
Le Coudrier ou Nois:etier ^
^^^
eft encore
un des plus beaux arbriïFeaux pour garnir des Bofquets ^ fon r.^ ou

bois efc fortclairj &


jette quantité de branchages i fa feuille Noi«exi£*.
eft belle & très -large , furtout celle du NoLfeder franc
, dont

le fruit efl: le plus feme ce fruit apellé Noifette


eftimé : l'on
qui en perpétue l'efpece ou bien oïi en fait dés marcottes.
,

On attribue à cet arbriflcau des |)ropriétés admirables pour


plufieurs fécrets , comme pour découvrir les eaux les vdls' ^ ,

&C aflTalîînats , les tréfors csichés , mais cela n'eft pas fore fur.
Le Marsault eft aquatique^ fauvage , & monte l e Ma k-
alTés haut. 11 a le bois blanc , la feuille ronde & d'un verd « * u l t.
clair il fe multiplie de marcottes & de jettons.
,

L'O s 1ER eft un arbriiTeau aquatique , qui ne s'élève


pas bien haut. Son bois eft menu & fortpliant. Il elî: propre
à faire des paniers > des hottes & quantité d'autres ouvrages,
qui le rendent d'un bon revenu parce qu'on le coupe fou- ,

vent fes feuilles relTemblent à celle du Saule il vient de


:

boutures & de Marcottes.


li y a encore des arbres & arbrilTeaux de plufieurs efpeces
,
dont la defcription particulière meneroit troploinj c'efl pour-
quoi l'on fe contentera de les nommer en général 3 tels font
l'Alifier ,1e Mirabolanier le Cormier , le Cornouiller
, le ,

Figuier , le Mûrier blanc , Sureau , Sanguine-, Fufin , Meri-


fier , Azerolier , ôcc. dont la plupart fe perpétuent de leurs
fruits.
Onfefert auffi pour garnir les bois , des plants de Char-
mille, d'Erable , d'Ormeaux Chefneaux Châtaigniers, que
, ,

l'on refepe par la tête, afin d'en faire de belles * toufFes Se fe- * ^« ]âtâu
-pées de broulTailles.
«rtouffis*'
11^ ne refte plus qu'à parler des arbres & arbrilTeaux qui ne <les rochécs.'
de leurs feuilles en Automne, confervant
fe dépouillent point
leur verdure dans les plusgrands froids de l'Hyver ce qui ,

leur donne le nom de bois ou arbres verds. Voici ceux que


l'on emploie ordinairement dans les Jardins.
L'If eft un des plus beaux arbrijOTeauxverdsi il devient fi l'Îj.
1^8 TROISIE'ME PARTIE, Chap. L
grand ôt qu'on veut » en un mot de toute forte de for-
fi petit
mes , e'tant fujet à la tonture. Son bois eft fort dur , fon feuil-
lage treVgarni & d'un verd fonce des plus agréables à la vue.
Il eft propre aux paliiTades , comme auffi à garnir les plates-
bandes des Parterres. On prétend que fon ombre ell fore ,

dangereufe &
mai faine. Il donne de la graine qui eft très-
long teras à lever , il vient auffi de marcotte.
*Fi»M/« eft
P
c E A , appelle vulgairement E p i c i a, reflemble
I-E I

dormire fu6 pour le bois & la feuille j mais il s'e'leve bien plus
affés à l'If ,
-jj^m. ^ ^
jfftm.
devient ni fi beau ni fi garni que l'If. Il ne convient
U PicEA. jans les bois & dans les grandes ailées doubles , où on le
place entre les arbres ifolés. On ne met plus de Picea prefen-
tement dans les Parterres , parce qu'ils s'élèvent trop hauts,,
&
qu'ils font fujets à fe dégarnir du pied. Le Picea produit
de la graine , qui n'efi: pas fi longue à fortir de terre que celle
de l'If.
S A le plus haut & le plus droit de tous les ar-
p I N efi:
X.E Sapim.
bres. Son blanc & léger , mais il elt trés-roide j c'efi:
bois efi:

ce qui le fait emploïer pour les mâts de vaifl^eau l'on en fait :

auffi des planches qui fervent à quantité d'ouvrages if es feuil-


les reflferablent à celles de l'If, il n'efi: propre que dans les bois
& les forêts furtout dans les lieux élevés. Il donne un fruic
,

écaillé de figure piramidale , apellé Pemme de Sapin , qui en


\ renferme la graine.
LbPin. LEPiNefi: très différent du Sapin , quoique bien des
gens les confondent. Il s'élève trés-haut &L affés droit. Il eft
trés-rameux par en haut ôc tout nud par le bas. Son bois efi:
,

,
rougeâtre & pefant , fes feuilles font étroites longues pi- , &
quantes , fonécorceeft noirâtre èc fort raboteulé. L'on en
tire une refine propre à faire du goudron pour les vaiffeaux.
Cet arbre aime les lieux élevés , auffi-bien que le Sapin. Son
fruit eft apellé Pomme
de Pin , ou fe trouve la graine.
•Ee Cyprb's. Le Cypre's eft untreVbel arbre , fort élevé naturelle-
ment. Il eù touffu depuis fon pied jufqu'à fa cime qui fe ter-
mine en pointe. Son bois eft fort dur & de bonne odeur fon :

feiiiilage qui eft d'un verd blanchâtre , eft fort épais j il eft
également propre à former des ailées & des palifi^acies. Ses
fruit s'apelientPomnies de Cyprès , & renferment fa graine. Il
eft" un peu long à élever aux environs de Paris.

Le

/
/
,

LA PRATIQUE DU JARDINAGE i^^


Lé CwiSNE-'
Le Ghesne - vERD ou Yeuse refTemble aflez à un viR a.
Pommkr ou Poirier : fa hauteur efl moindre que celie du
Chêne ordinaire, &
Ton bois eft difFerent mais iès feiiii- :

les & fon gland font femblables , à l'exception qu'elles font


plus petites , &
d'un verd blanchâtre. Cet arbre eft bon.
à former des allées : le gland qu'il rapporte en perpétue
i'eipece. jVj, j -/^^

Les fui vans ne font que des arbriffeaux & arbafles , dont,
on fe fert pour former des paliflades ôc du garni dans les
bois verds-
Le H o u X
pour un des plus beaux arbriffeaux Le Hourjt
palTe
verds qu'on puifle voir , il monte affés haut, &fa verdure eft^
luifante Se très-agréable fon bois eft verdâtre on en fait des
: ;

baguettes & houlfînes. Ses feuilles font dentelées & garnies


dépiquants, quelquefois panachées j il vient de graine.
;
Le Genevkier ou Genièvre s'élève affés il fent :
gbn*-
très-bon: fon bois eft fort dur , fes feuilles font petites & vrier.
piquantes , il produit de la graine.
Phileria ou Phillyrea, appelle commune- le PHiia-
Le
ment Fi l ari a eft un arbrilleau fort garni & des plus re- m*. "
»

cherchés pour fon bois eft noirâtre, fes feiiilles


les palilTades :

relTemblent à celles de l'Olivier , mais font plus courtes &


d'un alTés beau verd. Il croie facilement , même à l'ombre ,
il graine de fe marcotte auffi.

La Sabine ou Savinier monte beaucoup pour un


*
arbriffeau : fon tronc eft gros , fon bois fort dur i fes feiiilles
reffemblent à celles du Cyprès. Elle fe multiplie de femencç
& de marcotte.
L'Al ATE rne relTemble par fes feuilles à l'Olivier, elles l'Aiatbsi-
font d'un verd foncé ^ affés épaiftes
en eftgrifâtre : le bois
il eft très-propre à faire des palilTades & vient de marcotte.

Le Bu 1 5 ou Bou s eft l'arbrifleau verd le plus en ufage


i
Bu«.
& le plus neceifaire dans les Jardins.Jl y en a de deux fortes :

le Buis nain appellé Buis d'Artois dont les feiiilles font fem- ,

blables à celles du Myrrhe ^ mais plus vertes ^ plus dures. Il


fert à planter la broderie des parterres , les bordures des &
plates-bandes ^ .oji le iioa^me Buis nain , parce, que natu-

rellement il ij€ croît pas beaùcoup- La féconde efpece eft le


BjLiis dç ,^ois qui s élevé bien plus h.auî &• a les feiiilles plus
Y
,

170 TROISIEME PARTIE, Chap. I.


grandes que l'autre , ce qui le rend propre à former des pa-
liiïades ôc des touflPes vertes pour le garni des bois i on en voit
de panachés il vient à l'ombre , mais il lui faut beaucoup
:

de tems pour acquérir un peu de hauteur: fon bois ell: jatt*


nâtre & très - dur. On en fait quantité de petits ouvrages y
comme des peignes , des boules , &c. Ces deux efpeces de
Buis donnent delà graine mais ils viennent ordinairement de
»

boutures.
Il une chofe à l'avantage des arbres 8c arbrif-
faut dire
feaux verds qui eft que la dureté de leurs bois ôc de leurs
,

feuilles , les garentit de toutes fortes d'infedes ôc de vermi-


nes.
L'utilité qu'on peut tirer des arbres verds regarde plus la ,

Médecine [ qui en compofe plulieurs remèdes ] que l'ufage


qu'on en fait dans le commerce , foit pour les bâtimens ou- ,

vrages ou chaufage , ainfi que font les premiers arbres donc


on a parlé au commencement de ce Chapitre. C'eft pour
Faux-bourg cette raifon que tous ces arbres verds fe trouvent en grand
S. Victor. nombre au Jardin du Roi ^ pour lesplantes medecinales.
Voilà tous les arbres &
arbrifTeaux dont on fe fert ordi-
nairement dans les beaux Jardins. On a tâché de renfermer
dans leur courte defcription , une idée générale de chaque
arbre en parlant de fon élévation , de fes feuilles , de ion
,

bois , & de l'ufage qu'on en fait , de fa propriété dans les Jar-


dins , les vermines aufqu elles il eft fujet , la manière dont &
il perpétue fon efpece cela peut déterminer fur le choix
;

qu'on aura à en faire. L'on va cependant dire ici ceux qui


paroiffenc les meilleurs , &
dont on confeilie l'ufage dans les
Jardins.
Les arbres dont on fe fert ordinairement pour former de
belles allées ,font les Ormes , les Ypreaux , les Tillots èc les

Marroniers d'Inde Les allées d'Ormes & d' Ypreanx étant


:

bien dreiTées viennent très-hautes d'un beau feuillage 5c du-


,

rent fort long-tems Les allées de Tillots font auffi très-bel-


:

les furtout quand ce font des Tillots d'Hollande. Ces ar-


,

bres comme l'on fçaic , s'élèvent beaucoup , ont l'écorce


,

unie j une verdure agréable & produifent quantité de fleurs


dont l'odeur efè très-douce j outre qu'ils ne font fujets à au-
cune vermine. Cefçnt ces trois efpeces d'arbres que l'on con-
,

LA PRATIQJLrE DU JARDINAGE. 171


fcille d'eniiployer préférablement auMarronier d'Inde, qu»i^
qu'il foit fort à la mode. L'on ne peut difconvenir que ieMar-
ronier ne foit beau confiant qu'il vient très ~ droit
j il efl &
d'une belle tige , qu'il a l'écorce polie , la feiiille grande &
& belle mais toutes les ordures qu'il fait continuellement
:

xians les parla chute de fes fleurs au


alle'es , Printeras , defes
écalles & de fes marrons en Efté & de fes , feuilles au com-
rnencement de l'Automne , en diminuent bien le mérite :

joint à cela,qu'il efl: très- fu jet aux hannetons & aux chenilles >
qui le dépoiiillent tout nud pendant l'Eilé j que fon ombre
à ce que l'on pre'tend eft très-mal faine , , qu'il ne s'élève que
médiocrement haut , qu'il dure très-peu » &, qu'il cft d'ua
fort mauvais raport. i

Dans les avenues en pleine-Campagne, l'on employera des


Ormes ou des Châtaigniers & dans le^ terres humides , de$ j

Peupliers , des Trembles &c. ,

On obfervera de ne point placer d'Ormes û près des Pota- ,

gers des Fruitiers des Fleuriftes parce que leurs racines qui
, , ,

courrent fur terre la fechent promptement , & les fruits ôc


,

auroientde la peine à s'y élever comme il faut. On


les fleurs
plantera à la place , des Tillots des Marroniers , dont les &
racines occupent moins d'efpace.
La véritable manière de bien choifîr les Ormes , les
Ypreaux les Tillots les Marroniers & généralement
, , , tous
les arbres ci-defTus nommés , confifte dans les trois Obfer-
vations fuivantes , qui renferment tout ce qu'on peut dire fur
çe fujet,
La première, c'efl: d'examiner fî un arbre efl: droit , d'une
belle tige , d'une écorce unie claire , fans aucune moulTe,- &
s'il a des racines bien garnies bien chevelues , s'il efl: bien &
arraché fans être éclaté ni ofiFenfé dans les groflfes racines.^
On ne fe trompera point de croire qu'un arbre ainfl condi-
tionné efl: très - bon , ayant toutes les qualités requifês pour
devenir un jour fort beau. Mais il il éioit tortu , bas, rabou^
gri j d'une écorce galeufe .& pleine de moufle , de qu'il eû t des
racines rompues & .éduéss oix bien trop dégarnies de che- .9

velu , iln'y a aucun doute que cetarbrie.ne vaut rien & on ,

doit k rebuter entièrement. On peut fe fl^ hardiment à cette '

.
'
-"r:-- -
_Y .ij .
t-ji TROISIEME PARTIE , Chtap. t
Obfervation qui eft la plus efTentielle de toutes , & qui tien-
dra lieu de règle générale pour tous les plants imaginables.
La féconde chofe de confequence àobferver dans le choix
des arbres , e'eft de les prendre dans un terrain plus mauvais
que celui où on les veut planter la raifon eft que les ar-
:

bres goûtant cette meilleure terre > en reprennent plus faci-


lement , en deviennent plus gros plus droits , croiflent &
infiniment plus vite ^ outre qu'ils ne font point couverts de
piouffe. Au lieu que fi ces arbres viennent d'une bonne terre
& meilleure que celle où on les a plantés > ils langurlfent »
deviennent tortus Se rabougris , pleins de mouffe > enfin ils
meurent &: femblent regretter , pour ainfi dire, leur pre-
mière nourrice,
La troifîéme Obfervation, c'eft de ne point trop s^arrêter à la
groîTeur des arbresi car j'eftime mieux un arbre d\me groffeur
médiocre , que tous les gros qu'on recherche avec tant d'era-
preffement , &
l'on eft plus ailuré de fa reprrfe y quand il a
environ lix à fept pouces de pourtour , que quand il efl; fi fort.
On voit plus mourir de ces gros arbres quelque précautioa ,

qu'on y prenne , que de ceux qui font de la grofTeur dont jé


parle.
A l'égard des paliffades, les plants les plus eflimés font la
Charmille le Hêtre & l'Erable qui pour être bons doi-
, , ,

vent avoir l'écorce claire & unie, & la racine bien chevelue.
On les doit prendre dans une pépinière où ils foient ëleve's
,

de graine 5 l'on connoit aifément


que le plant vient de pépi-
nière , quand il eft droit 6c clair, Se que ion pivot n'eft point
crochu, car les plants de Charmille & d'Erable que l'on ar-
jache dans les bois, ne valent rien à replanter > n'étant que
des boutures Sc traînafTes de racines , ce que les Jardiniers
appellent de la Croffette à caufe que les racines ont la figure^
,

d'une crofle.
.
Le plus beau de ces trois plants au ^entîment de tout le
monde, c'eft la Charmille mais à moins qu'elle ne fort pian-,
:

tée dans un terrain frais & fort aéré peine à s'éie-'


, elle a de la
Ter: l'Erable au contraire vient fort bien partout, à l'ombre^

comme en plein air y le défaut qu^il a , eft d'être un peu fujer


â jaunir. v:! ,^ •
:
'
^

LesPIanisqui çonvieîïnent le jjueuxauxPortîquesj Coon-


,

LA PRATIQUE DU JARDIN A GE. 173


ïiades , Arcades , Trumeaux Cabinets & Galeries de ver-
dure , font le Charme le Tiilot & l'Orme. Le génie du
,

Charme difpofé a faire des paliiTades , étant rameux juf-


,-qu'aupied , & demandant à avoir la tête caupe'e, fujette lans
cela à périr. Le Tiilot naturellement fe plie & prend quelque
figure qu'on veut j il forme par la quantité de fes petits ra-
^ïiieauxun branchage très-toufFu. Mais ^ l'Orme mâle cft pré-
férable à tous les deux capable de toutes fortes de formes * Tout ce
,
y
venant fort vue moins fujet à fe dégarnir & à mourir que la qu'il y a de
,
plus beau
p.^s ^cau aà
XDharmille & moins caiïant que le Tiilot plus aifé encore i
, ,
Mariy ; eft

reprendre dans toute forte de te»-rain. Tout le défaut qu'a


^cs^&dc TU *
l'Orme , eft d'êcre de plus grand entretien que les autres poui* lots.
^ '

la tonture car il pouffe continuellement des brindilles qui


:

s'échapent du contour des Arcades , de l'a - plomb des Pi- &


laftres.
Pour les quarrés des Bois que 1 on veut élever en liaute-
futaye , tous les arbres ci-deflus nommés peuvent être em-
y
ployés; cependant ceux qui font les plus effimés font le Ciief-
ne , l'Orme , le Châtaignier, le H être & le Charme , lefquels
s'élèvent très-haut forment un beau couvert & font d'uri
,

bon rapport. Pour planter du garni & de la broulFaille au pied


des grands arbres , la Charmille , l'Erable , le Noifetier , le
Tiilot & l'Epine blanche font les meilleurs plants & ceux ,

qui forment les plus belles touffes 3 cependant tous les plants
en gênerai y font propres.
Dans les lieux bas & marécageux on plantera des Trem- ,
,

bles , Peuplieirs , Bouleaux 6c Aulnes comme les meilleurs ,

pour former une futaye & de belles a liées 3 pour garnir , on &
fe fervira^ d'Ofiers
Saules , Masfaults , Coudriers , Scc.
,

Pour ce qui regarde les bois verds , le Cyprès , le- Sapin


le Pin , le Picea &
le Chefne verd doivent être choifis pour
former les allées & la futaye du dedans , comme étant ceux
qui s'élèvent les plus hauts &: les plus droits. On plantera les
palifTades avec des Ifs, Btiis , Phileria , Cyprès 3 & la brouf-
faille avec du Genévrier, Sabine , Laurier Alaterne
,Houx ,

& les autres arbres verds dont on a parlé ci delfus.


Tous les arbres & arbriffeaux verds, pour être bons , doîv
vent être d'un verd foncé & très-vrf, tirant fur le noir, fans
être akerés ni jaunâtres , car c'efc M leur Maladie.- Ils fe k-
Y iii
174 TR.OISIE'AiÉ P AR.TIE, Chap. L
vent en motte dans des manequins, où l'on prendra garde
qu'ils foient au moins depuis un an ou deux , ce qu'on appelle
vieux enmancquinés , c'eft une précaution qui ne fera point
inutile , pour les faire mieux reprendre.
LeBuis qui fert à planter les PaiilFades eft le Buis de Bois j
,

on prendra un peu haut & fort avec de bonnes racines


le ,

J^ien chevelues Pour le Buis nain dont on plante la broderie


:

"des Parterres , il faut qu'il foie fort jeune , bien chevelu


,
point trop fec, &
que la feiiille enfoit petite 6c très- délicate,
c'eft la plus recherchée. Si l'on fait cette obfervation en le
choifilTant , on ne fera point obligé d'arracher un Parterre
tous les cinq à ûx ans , par la hauteur où monte le Buisjquoi-
qu'on aitfoin de le tondre fouvent-
Nous n'avons point déterminé la nature des terres conve-
nables à chaque efpece d'arbres, comme ont fait la plupart de
ceux qui ont écrit de l'Agriculture: car en gênerai une terre
médiocrement bonne leur convoient à tous , cela n'efl pas de iî
grande confequence que pour les fruits , les légumes & les
fleurs > voici cependant les arbres qu'il eft à. propos de planter
dans chaque terrain. Le Charme & le Hêtre fê mettront
dans une terre fraîche j l'Orme , l' Ypreau , l'Erable , le Til-
lot , le Marronier , le Bouleau & le Sicomore dans un Pais fec>
leChefne & le Châtaignier dans des terres fortes , le Peuplier,
le Frefne , l'Aulne , le Tremble & le Saule dans une terre hu-
mide.
On apelleun lieu planté d'Ormes, un Ormoïe j planté de
Ghefne, une Chenaïe, de Châtaigniers , une Châtaigneraie ,
d'Ofiers, une Oferaïe , & d'Aulne , une Aulnaïe , de même
qu'on apelle une Cerifaïe ou une Saulfaïe , un lieu planté de
Cerilîers & de Saules.
,

LA PIIATIQJJE DU JARDINAGE. 175

CHAPITRE II.

DE LA MANIERE DE PLANTER
toutes les di^erentes -parties d*un heaujardin,

TOuT
dens ,
ce que nous avons dit dans les Chapitres précé-
neiervira de rien , li l'on n'y joint ce que ren-
ferme celui-ci de lefuivant , dont l'utilité de la ne'ceffité font
alTés connues de tout le monde. L'on aura beau avoir bien
dreffé , bien tracé un Jardin & avoir fait choix de beaux
,

arbres, toutes ces peines deviendront inutiles , H l'on ne fçait


la vraye manière de planter , & les foins qu'on doit prendre
des jeunes plants pour les élever comme il faut.
La manière d'élever les arbres d'une belle hauteur & en peu
de tems , dépend de deux chofes du bon plantage & du foin
,

qu'on en doit avoir félon les diverfes faifons de l'année. Voïons


dans ce Chapitre ce qui regarde la manière de bien planter ,
& remettons à parler dans le Chapitre fuivant des Êins que
demandent les arbres.
Le plantage eft différent , fuivant les parties différentes
qui compofent un Jardin que nous allons parcourir toutes ,
,

pour fçavoir comme il les faut planter. Commençons par les


Parterres.
Un Parterre étant tracé fuivant ce qui a été dit ci-deflfus
dans la Partie , & le Buis étant bien choifi , commcon l'a

remarqué dans Chapitre précédent > la


le terre bien prépa-
rée èc bien drelTée prenés un plantoir
i &
une bêche (qui font
les deux outils dont on fe fert le plus dans le Jardinage ,) dc
après avoir rafraîchi les racines du buis , en avoir coupé &
un peu du chevelu , vous enfoncerés le plantoir environ d'un
demi-pied , en fuivant exactement la trace du deffein retirés :

le plantoir , &
écartés un peu le côté en dedans de la trace
pour rendre l'ouverture plus large j enfuice vous arrangerés
,

TROîS I FM E P A R TI E Chap.
, II.
dans cette ouverture , les racines du buis que vous cnfonce-
rés jufqu'au collet , c'eft-à-dire , qu'on ne voye Sortir de la
terre que fes feuilles: après cela l'on donne deux ou trois
coups de plantoir en terre, tout autour de ce que l'on vient
de planter , ce qui fait rapprocher la terre rebouche en- , &
tièrement la petite rigole. Le Buis étant ainfî enterré , on le
borne avec le dos du plantoir , ou avec les mains & on lui ,

donne la forme & le contour qu'il doit avoir fuivant le def-


fein ,'en plombant bien la terre tout au tour , de peur qu'il ne
s'évent€.
Il faut fe fervir du plantoir par tout excepté dans les gran-
,

des longueurs &: grands traits de buis , comme font les plates-
bandes &
les grands rinceaux de broderie , ou l'on peutfe fer-
,

vir de la bêche j alors on tend un cordeau fuivant la trace


d'un bout à l'autre , l'on ouvre une rigole à la bêche , & Ton
y arrange le buis que l'on recouvre enfuitede terre i cela va
bien plus vite qu'au plantoir.
Le Parterre étant ainfi planté , on labourera à la bêche
l'endroit deftiné pour les plates-bandes , où l'on fera apporter
du terreau mêlé avec de la bonne terre , que l'on dreffera en
dos-d'âne 5 enfui te l'on efpaccra & marquera avec des piquets
les places où il faut planter les Ifs & les arbrilfeaux fuivant le
delTein , & l'on y fera faire des trotis félon lagrolTeur de ces
Ifs Nous avons dit dans le Chapitre 4e de la i^e Partie , que
les grands Ifs & arbriffeaux n'étoient plus d'ufage prefente-
ment , parce qu'ils ofFufquoient trop la vue j ainfi ces Ifs de-
vant avoir tout au plus quatre à cinq pieds de haut, les trous
feront fuffifamment grands à trois pieds d'ouverture en quar-
ré , &c deux pieds de profondeur. Ces trous étant faits , vous
ferés apporter un If à l'un des bouts de la plate-bande , vous
coupcrés fon manequin & en découvrirés la motte , dont
,

vous rafraîchirés les petites racines qui pafferont j jettés un


peu de bonne terre au fond du trou & pofés votre arbre ,

dans le milieu que vous mefurerés exadement j aflurés - lè


un peu en jettant de la terre deffus ôc le comblant à moitié ,
,

plantés un autre If fur la même ligne à l'autre bout , & en


ayant ainlî planté deux , vous efpacerés Scalignerés tous, le*,
autres deffus. .
'
-
.!

Dans les plates-bandes oii efpace pour J'ordinaîfe Içs Ift


de
,

LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 177


1 1 pieds en 1 1 pieds , & l'on met un arbrifTeau entre-deux»
mais on eft oblige de fortir de cette règle > quand les plates-
bandes font coupées ou font en compartiment i alors c'efl
le deiïein qui vous règle , & vous affujettit à de certaines pla-
ces.
On obfervera dans les plates-bandes tournantes circu- &
laires } de planter les Ifs dans le milieu , à diftance égale les
uns des autres , & le plus droit qu'il fe pourra à la vûë i c'efl -

le plus fur moyen , n'y ayant aucun alignement à prendre Ôc ,

le cordeau n'y pouvant fervir de rien. On trouvera dans cette


Partie les fleurs qui y conviennent avec leur Culture.
,

Voilà toute la difficulté des Parterres , qu'il ne faut tondre


que la féconde année qu'ils font plantés , pour laifler prendre
terre au Buis & fe fortitîer. Alors on revifîte un Parterre d'un
Les boHS
bout à l'autre, & l'on regarnit de Buis , les endroits où il en- Jardiniers pac
manque. L'onfefert de grands cifeauxpour la tonturedes la tonrurc
Parterres, qui doivent être ferrés de près fans altérer le def- racommodcnt
fouvcnc la tra-
fein dans les plates- bandes
: traits de Buis en ligne droite , ce d'unParter- .

l'on tendra un cordeau pour les tondre. re,cn lâchani


quelques en-
Le tems le plus propre pour tondre un Parterre eft le mois droits & CQ ,

de Mai. Les beaux Parterres font tondus deux fois l'année , ferrant de
diredement après les deux Sèves. Si la terre étoit «h peu feche prés d'autres >
cela fait tour-
11 faudroit arrofer le Buis la première année qu'il elt planté , ner un Rin-

aiîn de faciliter fa reprife. ceau les mal- :

adroits au
Les allées & contre-allées qu'on plantera d'Ormes , de contraire ef-
Tiliots, deMarroniers, ôcc. étant tracées jon y efpàcera de tropient tout
12 pie-ds en i z pieds des piquets qui marqueront la place de un Deffein.
,

chaque arbre. Cette diilance eft pour garder un milieu entre Quand on
ceux qui ne donnent que neuf pieds d'arbre en arbre ce qui , .

^"s^t^ous^^ii
n'eft pas affés, & ceux qtimrdonnent 1 5 & 1 8, ce qui eft trop faut faire mct^.
aulFi j à I z pieds la diitance eft raifonnable & plus ufitée que "
^^l^^^^^f'
les deux autres. Dans les avenues .6< les allées plantées en plei- "
res de deffus ,

ne Campagne , l'on efpace les arbres à 1 8 pieds & quelque- Se celles du


fond , afin
fois à 2 4', pour ménager le revenu des terres fur lefqueileson
qu'en plan-
plante ces arbres. De cette manière l'on jouit du deuus ÔL du tant les arbres
vous cou-
délions. Il faut entourrer d'épines mortes ces arbres pour les les
vriez de la
gar^îutir des beftiaux & des gens
_ malins. ,
terre de def-
On fera chaque piquet des trous de quatre pieds en
faire à ^""s » qui eiî u
quarré, èC de trois pieds de profoiidew.. Si kfonddela terre ?au|jc"7erc i
,

lyS TROISIEME PARTIE, Chap. II.


les combler ;
elc bon VOUS VOUS eti Tervirés mais fi la terre vous paroïc
, ,

rcnn-T"^'
"^^'^ ^ féche
, vous en ferës aporter de meilleure, ou vous
s'abo^uflenV* preEfdrés de celle de defllis , dont vous jetterés un bon demi-
pied de hauteur dans le fond du trou. Vous pourre's y mettre
encore un lit de feuilles ou de gazon retourné, fi vous en pou-
vés trouver aifc'rnent , avec un demi pied de terre pardeuus,
cela fe confomme &
vaut dans la fuite du fumier. Cette pré-
paration remplie un pied de hauteur des trois qu'on a donne
,

aux trous Les deux pieds rellans fuffi{ent pour planter l'ar-
:

bre.
1 Avant que de planter vos arbres , il les faut refeper à huit
i ou neuf pieds de haut en leur coupant la tête à moins qu'ils
, ,

ne foient leve's en motte comme on le dira ci- après.


,

On tâchera pour la régularité de mettre tous ces Arbres à


même hauteur > en les coupant fur une mefure commune.
Il les faut encore rafraîchir par les racines en otant l'extré- ,

mité du chevelu & les racines éclatées Scbrifées , ce qu'on


,

SL^elle h ah lier un arbre. Cela fait , vous pol'erés la racine de


l'arbre dans le milieu du trou , vous étendrés bien tomes les
petites racines & les garnîrés de terre avec la main , en pre-
nant garde qu'il ne s'y trouve deffous des pierres ou des vui- ,

dcs , apellés C^i/fj , qui mettent les racines en l'air, 6c les em-
pêchent de fe lier à la terre. Votre Arbre étant bien garni
vous le ferés combler enderement de terre , en faifant abat-
tre la Berge autour du trou > la terre en eft toujours meilleure
& plus fraîche que celle de deffous , outre que cela agrandit
le labour j enfuite vous plomberés l'arbre en marchant deffus.
Outre les piquets qui marquent les trous , il faut encore
aligner 3 ou 4 jalons fur la même ligne &
qui foient fichés
entre les places deftinées aux Arbres , afin de pouvoir quand
les trous îont faits &
tous les piquets ôtés , planter deux ou
trois arbres fuivant ces jalons , c'eft-à-dire , un arbre à cha-
que bout &
un dans le milieu de la ligne > vous pourrés en-
fuite faire ôter tous les jalons étant alors inutiles. Ces trois
arbres vous ferviront pour aligner tous les autres de la même
rangée. Ceci eft une règle générale pour planter toutes fortes
d'arbres , en augmentant ou diminuant la grandeur des trous
félon leur force.
Aux arbres nouvellement: plantés , après avoir plombé les
,

LA PRATIQ_UE D U JA RDIN AG 175? E.


terres,faites jetter le lendemain 3 ou 4 arrofoirs d'eaux félon
la force de l'arbre , cela fait des merveilles pour faire def^r
cendre les terres, & leur donner de la iiaifon il feroit dange- :

reux de mouiller les arbres fur le champ crainte de faire du ,

mortier , ou de trop faire pancher les têtes.


Les perfonnes qui veulent avoir un beau Jardin & en peu
de tems , fans fe foncier d'un peu plus de dëpenfe fe fervent ,
,

d'arbres levés en motte j ils gagnent par-là cinq ou fix années 1

d'avance , parce que ces arbres étant levés avec une motte '

<i€ terre qui couvre leurs racines , fe plantent tout de leur


hauteur fans rien couper 5 au lieu que les autres arbres dont
1er racines font découvertes n'aïant pas allés de force pour
,

nourrir leur tête l'on eft obligé de leur abattre en lesrefe^


, ,

pant à huit ou neuf pieds de haut comme Ton vient de dire. ,

On voit par-là, qu'un particulier en plantant des arbres en


motte , gagne le tems qu'il faut à ces arbres pour pouffer une
autre tête, outre qu'ils en font infiniment plus beaux, ne mon-
trant point kur reprife , comme ceurque l'on étêre. J'ai fait
planter des Ormes en motte de 3 o pieds de haut Se gros com-
me la CLiiiTe, qui ont repris à merveillej par cemoïen on plan-

te des arbres tout grands > ce qu'on ne faifoit pas autrefois , Sc


l'on jouit d'un Jardin dix ans plutôt par cette invention mer-
Veilleufe. niersontécnt
faut bien fe donner de eardc de fuivre l'opinion de quel-
Il

ques * Jardmiers
-' i

qui prétendent qu on peut planter hardi-


5 I 11- ^^^^^f
fruitiers, flont
, ont fait
ment un arbre tout de îa hauteur 3 fans y rien couper ians & quelque expc-

qu'il y ait une motte de .terre à fa racine. Ces gens -là pour ap- fous
puier leur opinion , difent que cette motte de terre refferrant ce preVscc ,
i's^prétendcns
trop les racines qu'on eft obligé de couper courtes , cela les
empêche .de faire leur fonâ:ion & de s'étendre il vigoureufe- auffi"es en

ment i au lieu que les racines d'un arbre étant découvertes.^ «roue , fur la

toutes de leur lonj^ueur ^ on ks arrange & on les garnit de ^^^"'piantcr


terre beaucoup mieux outne qu'étant ainfi raouvées de tous
> fans motte

côtés, elles ont plus de facilité à pouffer & à fe lier


à la terre. Oimes &
T > .
,5 > r r les autres ar-
Ceitune opinion que 1 expérience a^xait tou vent trouver ^.^^^ des jar-
faufl^s & qup ionne confeiiie nullement de {uivre,:car quand dins de pro-

ks arbres n'ont point dfi terre au pied, ou que la motte s'eft la c^u^'ute k s
caffé^ en les apportant , ils font en trés-grand danger de mou- cftprefqueia-
connue.
riri iâ févene pouvant pas d'elle-même ayoir aflés de force
,

ïSo TKOISIE'ME FA RTIE Ch ap. ÎI.


pour monter jufqu'au haut de l'arbre , & pour nourrir fa tête j
fi elle n'efl: aidée par cette motte de terre , qui eft la même oh

Von a élevé l'arbre , &


qui nourrit &
entretient fes racines y
}ufqu'a ce qu'elles ayent la force de percer dans la nouvelle
terre d'alentour. Ou donnera dans le 4® Chapitre fuivant , la
fnanïere de lever les arbres en motte.
Pour planter les paliffades , on tendra un cordeau fuivant
îa trace ou la rangée d'arbres , s'il y en a , &: l'on ouvrira à la;

bêch-e une tranchée ou rigole d'mi pied de profondeur , en-


prenant garde de eonferver un de fes côtés fa-RS l'ébouler , §i
d'ouvrir cette rigole en dedans de l'allée ce qui vaut tou- ,

jours mieux pour le plant. Cela fait? agenoùillés-vous du ge-


nou gauche au bord de la rigole ôc prenés le plant brin à brin
,

après en avoir un peu rafraîchi l'extrcmité des racines , efpa-


cés-le de deux ou trois pouces félon fa groffeur , & acôtés-le*
contre la terre , qui fera coupée à pied droit d'un des côtés de
la rigole ; foutenés le plant avec k revers de la main gauche,
& de la droite jettes de' la terre fur les racines , jufqu'à ce-
qu'elles foient couvertes.. Prenés garde que le plant foit bien
drelTé & bien accommodé l'un dans l'autre après cela com- :

blés la rigole , & plombés la terre avec les pieds.-


Les palifTades plantées fî fortes &. hautes., comme de ix:
à fepc pieds , ne font pas lî fûres à la reprife , que la jeune
Charmille qui efl: infiniment meilleure les Jardiniers ont
:

la méchante coutume de refeper une Charmille à fleur de-


terre ce qui lui nuit beaucoup &
l'empêche de devenir
,

droite , ne faifant alors que des chicots qui s'épanoûifTent de


€Ôtés & d'autres. J'ai fait l'expérience d'une Charmille ain£
rognée , & d'une autre qii'on avoir lailTé toute de fa hauteur,
& j'ai trouvé que celle qui n'avoir pas-été rognée, étoit mieux

venue & bien plus droite que l'autre ^quoique dans le même
terrain»
Orï doit laiiTer un
peu de place derrière les palifTades, quarré
©n les plante contre un mur , en partie pour la paliflàde, afin^
qu'on la puiffe labourer & tondre par derrière , & en partie
pour le mur qui s'ea conferve beaucoup mieux & plus long-
îems.
Comme il n'y a rien, de plus difficile à faire v^r dam uir
Jardin ? que les paiiÛkdes 3, elles demandem l:feaucoiïp plus-
,

LA PRATIQUE DU JARDINAGE. iSr


'd*attention que le refte. Pour
élever belles
les les faire du- &
rer long-tems , il faut les expofer hors d'un bois au grand
air , &
outre cela qu'il n'y ait point d'arbres plante's dedans
fur tout des Ormes j à moins que la paliflade ne foit refepéc
à lo ou 1 2 pieds de haut, &
que 1 on n'élague beaucoup les ar-
bres au deffus. Si au contraire elles font plantées dans un bois
de haute-futaïe, ou fous des Marroniers , elles crèveront bien
vite , & ne s'y feront élevées que pendant que les arbres
étoient jeunes , ou i la faveur d'un bon terrain frais. On peut
cependant élever de belles paliffades dans un bois;, en. obfer-
vant ce qui fuit.
La manière ordinaire en plantant des bois , eft de border
les allées par des Ormes, des Tillocs, des Marroniers,
&c. avec
delà Charmille ou de l'Erable aupred pour former la palif-
fade néanmoins fi l'on vouloit s'épargner le chagrin infiil-
:

iiblede la voir mourir dix ou douze ans après parce qu'elle ,

s'étouffe fous les grands arbres , on


y remedieroiten plantant
les bordures d'un bois de Charmilles feules fans aucun ar-
,

bre , & laiiFantpar derrière une liziere de 7 à 8 pieds de large


|
'

régnante tout au tour , c'eft- à-dire , une clairière fans futaie


ni broulTai lies entre les paliifades &
Alors elles jouif-
le boi's.
fent d'uri grand air des , d^ux côtés &
fe mainîiennentiong.
rems en état , cela n'ôte point la futaïe , car les bois s'éle vant.
pardeflus, forment de loin des feuillages fort agréables. Cette
place vuide fert encore à labourer commodément les paiif-
fades &à paflTer l'échelle double pour les tondre par derrière,,
l'on obfervera qu'il faut couper à pied droit les branches qui
s'échapentdu bois , afin qu'elles ne dérobent point cet efpace^
d'air fi néceffaire à lapalilTade ^.en tombant deffus & l'ofRif-
quant.
Il faut avouer cependant que ces fortes
d'allées font plus
long-tems à fe former & adonner du couvert que les autres,;
ou les arbres marquent dés la féconde année l'on peut
dans ;

lin grand Jardin , avoir des allées plantées de l'une de de i'ati»


tre m^iere , afin de s
y pouvoir promener! l'ombre à toutes^
ks différentes heures du jour.
Voici une autre pratique fort fimple de planter les
^ allées^
éun bois, quieft d'ifoler les rangées d'arbres des deux
côtés.
&i 3- 0U4 pieds derrière, planter les brauffalHes des
quarréss.
Z iij,
x8i TROISIEME
PARTIE, Cha?. ÏI.
de bois en alignement de manière
, qu'étant tondues à pied-
droit 3 forment des efpeces de paiiffades qui à la vérité
elles ,

ne font jamais fi belles ni fi garnies que les autres mais qui


:

dureront bien davantage êc fans demander grand entretien.


,

Ces fortes de paliflades font toujours un fond uni ôc verd qui


ne laiire pas d'être fort agréable à. la vue.
Venons à la manière de planter les portiques êc les déco-
rations champêtres qui font compoiés de colonnes , de tru-
meaux j de montans ou pilailres faillants , &c. Choifîffés dans
une pépinière des Ormes hauts & menus , rameux le long de la
tige toujours des maies à caufe de leur petite feuille ferrée
,

& toufuë , qui fe tond mieux que la femelle , plantés - les


fans leur couper la tête & avec toute leur ramiîle j fi c'eil:
pour quelque trumeau un peu large vous en mertrés plu-
,

lîeurs 6c il c'eft pour une colonne cherchés un arbre bran -


, ,

chu tout au tour j que vous conduirés ôc élaguerés dans l'in-


tention d'une «olonne , le faifaiit ramiller de tous côtés , &
proiStant avec adreiTe de toutes les branches pour former cette
rondeur. Il faudra le dépouiller à 3 ou 4 pieds de haut, afin
de le faire monter &: l'on garnit lë bas de la colonne , de
,

charmille & d'ormeaux, pour faire labafe & le focle. Au


defTus de la colonne on formera du même arbre fon chapi-
teau , àc pour la corniche & l'entablement on £e fer vira de
branches échapées de la palilTade du fond, que l'on tirera
avec des fîls de fer , pour les attacher fur des perches traver-
fantes d'un bout à l'autre , & portées par d'autres perches ou
montans de bois , fur lefqaelles on attachera toutes les petites
branches de l'Orme deftiné à former le trumeau ou la colonne,
en les contraignant avec de l'ofier à prendre le fens que l'on
veut. Ces branches tirées artiflement & bien entre-lailées les
unes dans les autres j cachent & recouvrent ces perches , &
compofent des colonnades toutes vertes , avec des corniches
& des entablements , faillants d'un pied & plus , s'il eil nécef-
faire.
Ces colonnes fe plantent prefque toujours ifolées , afin de
pouvoir paffcr le cifeautout au tour pour les tondre. Pour les
piedefbaux , ils peuvent être ifolés ou non , cela ne fait rien
à leur conftrudion. Les chapiteaux, bafes, &corniches fe tail-
lent en chanfrain à l'extrémité des colonnes ou des pilaftres >.
LA PRATIQUE DU JARDINA GE. 183 ^

au deflTiis defc^uels on pratique des boules 6c des vafes de ver-


dure , formés par le bouquet de l'arbre qui fait la colonne ou
le trumeau , ou bien par des brins de charmille tirés de la pa-
li/Tade. L'on détache ces vafes de leurs boules & de la corni- Les' ArcKi-

che par une petite tige d'un pied ou deux , félon la hauteur
,
^'^jf"^*^'^/^
du Portique à caufe de l'eiFet de la perfpedive.
, chofc dan; les

Pour les palifTad es percées en arcades, il elles font ouvertes Bâcimcas.

)ufqu'en bas dans le deflein on tracera fur terre une ligne ,


,

où l'oû^rcndra la largeur des ouvertures , & l'on marquera


celle des trumeaux ou pilaftres que l'on fera ouvrir en rigoles
pour y plàtiter le plan defliné. Si au contraire elles font en-
clavées uile banquette 011 elles viennent mou rirjc'cft-à- dire,
cv

qu'elles ne defcendentpas jufqu'à terre, à l'exception des por^


tes, on fera faire une rigole tout du long fans referve ô: l'on ,

y plantera la charmille en,obfervant pour jouir plutôt, d'en


mettre delà plus haute dans l'endroit des trumeaux , ou bien
d'y planter un Tillot ou un Orme afin de former prompte^
3

ment la corniche &


le vafe d'en-haut , qui font toujours les
plus longs à venir. On foûtiendra ces jeunes plants avec des
treillages groffiers , fur lefquels on paliiTe promptement les
branches , jufqu'à ce qu'ils foient affés élevés pour être cein-
trés& former l'arcade , autour d'un cerceau attache aux
deux montans du treillage.
Les Berceaux, les Cabinets 6c Galeries de Verdure fe plan-
tent de même que les Portiques & les Arcades , à la difFeren-
ce feulement qu'il faut deux rangs de Portiques à 4 piliers
pour compofer ces galeries j alors les Ormes plantés aux 4
piliers fe croifent fur des cerceaux dans le haut , & par leur
branches tirées avec des fils de fer & contraintes fur ces cer-
ceaux , forment des voûtes vertes fort agréables , étant per-
cées à jour.
On tond ces ArcadcsjColonnes, Portiques, & Cabinets pref-
que tout aux cifeaux , hormis les corniches & les trumeaux»
que l'on tond au Croifant > en ménageant quelques brapehes
pour en garnir les vuidesron aura une mefure de bois pour con-
tourner les colonnes, une pour les ceintres, 6cune autre, pour
tailler les corniches, bafes & chapiteaux
en chanfrain toutes :

ces mefures feront taillées fuivant le delTein qui a fervï à leur


première eonftrudion. Ces morceaux étant une fois devenus
,

iH TROISIE'ME P ARTIE, Ch A p. IL
forts , fe foiitiennent alors d'eux-mêmes fans aucun entre-
tien des treillages , qui n'ont fervi qu'à les e'iever Se a les faire,
monter.
On obfervera que fi Ton nefe fert que de grande charmille
pour former ces décorations fans aucun arbre on la doic ,

planter très-ferre'e &


fort garnie pour l'empé cher de trop grof-
îîr. Si l'on
y employé des arbres , il ne les faudra plier qu'a-
près la féconde ou la troifiéme année qu'ils font plantés 6c
bien repris , fans cela l'on pourroit trop ébranler leurs racines
& les empêcher de fe lier à la terre-
Pour les Boules d'Ormes en manière d'Orangers on choi- ,

fîra des Ormes bien droits dont la âge aitfix à fept pieds de
,

haut , & l'on taillera en boule de trois pieds environ de dia-


mettre , la tête de ces arbres. Si ces boules d'Ormes font ac-
compagnées de leurcailfe , l'on plantera au pied des arbres des
brins dë charmille que l'on tondra quarrément de tous côtés
>
ou en manière de pots avec des anfes pour faire croire que la ,

caiffe &L l'arbre ne font qu'un.


La choie la plus elfentielle à remarquer dans k plantage ,
c'eft de ne point mettre du fumier dans les trous où vous vou*
lés planter des arbres , fous prétexte de les fumer: car fi vous
mettés le fumier trop bas , devient inutile
à caufe que fon
il ,

fel ne tombera pas fur mettés un peu


les racines , & fi vous le
au deflus , il pourrira le tronc de l'arbre ,
y engendrera des
vers &
fechera la terre, ce quin'efl que trop capable decau-
fer la mortalité aux jeunes plants.On ne doit mettre dans ces
trousque de la bonne terre neuve ou bien un lir de feuilles ,

ou de gazon comme nous venons de dire j & pour garantir


,

des grandes chaleurs de l'Eilé , les arbres nouvellement plan-;


tés on étendra tout au tour de leur pied fur la fuperfîcie de
,

la terre , environ un demi pied d'épais de bon fumier peu con-


fommé , parce qu'alors il ciï plus rempli defels d'efprits vé- &
gétaux , que les pluyes ^ les arrofemens feront fondre furies
racines des arbres.
Si vous avés des trous & des rigoles à faire dans des terres
rapportées, fabloneufes, & méchantes d'elles- mêmes, foit pour
planter des palilTadesou des rangées d'arbres , il faut faire de
bonnes tranchées d'un bout à l'autre fans interruption , de
quatre pieds de large & de trois de profondeur & , y faire
apporter
LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 1S5
aporter de la bonne terre pour en remplir la tranchée l'on :

pourra planter hardiment les arbres dans cette terre , (ans cela
ils n'y feroient que languir.
A l'e'gard des Bois &
des Bofquets on en diftingue de Cix
,

fortes , a e'te' dit ci-deiTus dans le Chapitre 6^ de la


ainfi qu'il
l'c Partiej fçavoir lesForêcs& les grandsEois dehaute-futaïc,
les Bois taillis , les Bofquets de moïennefutaïeà hautes palif-
fades 5 les Bofquets découverts &
à compai-timent , les Boij
plantés en quinconce èc les Bois verds. Il eft bon de les par-
courir l'un après l'autre , en diftinguint les différentes ma-
nières de les planter.
Les Forêts & les grands Bois de haute-futaïe
fe femenc
ordinairement <le différentes graines & fruits. Onfe contente
dans les terres deftinéespourle Bois s d'y fairâ donner un la-
bour , &
d'y femer du gland , d^ la châtaigne , &c. comme
on fait le bledjou bien l'on fait piquer du gland en terre defîx
pieds en fix pie ds fuivant des traces faites A la befoche , ce
,

qui va très- vite, &fait que les arbres fe trouvent un jour efpa-
ccs plus régulièrement*
La meilleure méthode de pknt-er les Bols , c'eft d'avoir du
plant enraciné i pour lors il faut planter ces jeunesplants à fix
pieds de diftan ce l'un de l'autre , &
obferverfur tout de ne
leur point couper Ja tête , car cela les empêcheroit de monter
'& de former un jour une belle futaie.
Les Bois taillis fe plantent ou fe fement de la même façon
que les Bois de haute-futaïe 5 mais avec ces deux différences,
que l'on ^efpace les plants , ou qu'on pique les fruits à trois
piedsl'un de l'autre, & que l'on coupe le haut du jeune planer
pour leiaire pouffer en branches & s'écarter en buiffon. On
doit.couper ordinairement les Bois taillis tous les neuf ans , &
les prendre rez- terre fur les vieilles fouches qui repouffent in-
continent après.
Les Bofquets de moïenne futaie à hautes paliffades, deman-
dent plus de foin dans la manière de les planter. Après avoir
faitlabourer la terre , l'avoir améliorée en cas de befoin ,
avoir tracé exadementle deffein du Bois , vousplanterés les
Allées , Salies , Cabinets, &c, comme nous venons d'enfpi-
gner dans ce Chapitre en parlant des Allées. Vous planterés
de même les Paliffades , en f^iv^ni; exa^tçment les contours
,

TROISIE'ME PARTIE, Chap. IL


& retours du deffein , &
en faifant ouvrir des rigoles , ainfî
<ju'il vient d'être die ci-defTus. Pour remplir le milieu du Bois

donc il s'agit ici , faites des traces au cordeau à la diftance de


fix pieds l'une de l'autre , que vous ferés ouvrir en rigoles ,
de la largeur àc profondeur d'un fer de Bêche 5 plantés-y du
plant d Ormeaux Châtaigniers , &c. à trois pieds de diftan-
,

ce. Après que le plant fera planté & recouvert entièrement


femés entre chaque rigole ou piqués du gland , de la châtai-
gne Se de toutes fortes de graines i cela formera du garni Se
de la brouffaille , & les rangées du plant enraciné formeront
un jour de la futaie, par les foins qu'on prendra de l'élaguer,
& de le conduire trés-haut.
On obfervera encore pour garnir un Bois plus vite & en
avoir plûtôtduplaifir, déplanter du plant un peu fort dans les
quarrés, Se de marcotter les longues branches traînantes à ter-
re, au lieu de les couper j cela avance bien plus que de femer du
gland , comme l'on fait pour planter les grands Bois Se les
taillis.

Les Bofquets découverts Se à compartiment font très diffe-


rens des fucaïes & des taillis, en ce que le milieu de leurs quar-
rés eft vuide de Bois , & rempli feulement de pièce de gazon
à compartimens , que l'on femera ou plaquera dans la même
intention qu'il eft marqué dans le deflein,&: fui vaut ce qui en
a été dit dans le Chapitre je delà i^'^Partie. Al'égard des Al-
lées & des Paliffades de ces Bois , ell^s fe planteront toujours
à hauteur d'apuiêc en banquettes à caufe de la vue. ,

Les Quinconces fe plantent comme les Allées > n'étant efFe-


étivement autre chofe que des rangs d'arbres , & plufieurs al-
lées parallèles , qui s'alignent & s'enfilent l'une dans l'autre 5
l'on prendra garde feulement en plantant ces Bois , de fe bien
retourner d'éqaerre , Se que les arbres foient droits , s'enfi-
lent d'angle en angle , Se fe raportent jufte l'un à l'autre, c'en
êft la beauté. Il ne faut ni paliiTades ni broulTailles dans ces
Bois , ainfi il eft fort aifé de les planter. On y feme quelque-
fois fous les arbres , des pièces de gazon , en y confervant des
allées ratifiées..
Les Bois verds fe plantent de la même manière que les au-
tres 5 il n'y a pas plus de difficulté > l'on aura recours au Cha-
pitre précédent , pour faire choix des arijjres qui convien-
,

LA PRATIQUE DU JARDIN A GE. 187


nenc le mieux pour planter les Allées , les Paliflades &; les .

Quarrés de ces Bois.


Comme il n'y a rien de plus long à croître qu'un Bois , il

où on le veut planter , en examinant


faut confulter le terrain
par des en plufieurs endroits le fond naturel
foiiiiles faites ,

de la terre, & regardant les herbes qui la couvrent. Si la terre


fe trouve humide , & qu'elle foit couverte de rofeaux ôc de
joncs , on y plantera des arbres aquatiquesj il elle eft feche

les arbres appelles fauvages y conviendront mieux i car 011,


doit toujours regarder ce qui peut plaire au naturel de la terre»
autrement les Bois feront long-tems à s'élever.
On voit par-là la différence qu'il y a des Bois avec les Par-
terres &
les Boulingrins , qui fontplus beaux dés le premier
jour qu'on les a plantés que dans la fuite , au lieu qu'un Bois
dans ù. jeuneife n'a rien que d'imparfait , étant privé de cet
ombrage qui fait tant de plaifîr dans les Jardins i on lui fou-
haite toujours un peu d'ancienneté.
Quand on aura à regarnir d'anciens bois dégradés , foit dans
leurs quarrés ou dans leurs lifieres & bordages plantés d'arbres
& de Paliifades , on aura plus de peine à y taire venir quelque
chofe , que dans un jeune plant j car les arbres meurent faci-
lement fur une futaie , quand même on choilîroic l'efpecela
moins délicate, L'on n'y pourra élever que des broulfailles
de Lilas Sureau , Sycomore , du Buis èc de l'Ormiile , & fî.
,

Ton veut abfolument y planter quelques arbres il faut percer ,

au deffus un jour perpendiculaire , pour leur donner de l'air :


car fans cela les arbres viendront rabougris, & étant ofFufqués:
mourront. La terre confufe de racines & ufée entieremen^^
eft peu propre encore à faire reprendre de jeunes plants ainîî ;

l'on aura foin de faire des trous un peu grands ôc profonds


.de les vuider de leur mauvaife terre 5 & de les remplir de la;
meilleure que l'on aura , c'elf-à-dire , une terre neuve frar^ &
che. L'on marquera ces arbres avec de la paille ou de l'oiîer^
afin de les diftinguer des autres , & d'en prendre foin dans
i'Efté. En faifant les trous , prenés garde d'endomager quel-
ques groffes racines voifmes cela feroit mourir de grands ar-
,

bres , &
par-là vous dégraderiés encore plus le Bois.
Pour ce qui regarde le tems de planter les arbres , il vauc
mieux en générai^s'y prendre avant i'Hy ver , dans les mois de
^ " Aa ij
î88 TROISIEME PARTIE, CiïAP. IL
Novembre & de
Décembre, qu'au commencement du Prîn-
tems , comme au Mois de Mars. Les arbres 6c leurs racines
ont le tems pendant FHy ver , de s'accoutumer à la terre & de
la goûter en attendant la feVe , outre que les pluyes 8c les nei-
ges fondues trempent àc humedent les racines ) ce qui les lie-
à la terre. Les arbres n'ont point tous ces avantages lorf- ,

qu'on les plante après l'Hyver étant mouvés ôc tranfportés


,

trop près du tems de la fève , ils ont plus de peine à s'accou-


tumer à une nouvelle terre , & à produire auffi-tôt des ra-
y
cines. '

On obfervera que dans les Païs fecs , il convient mieux


planter avant l'Hyver , afin que les arbres nouvellement plan-
tés j profitent des pluyes Se neiges fondues, dont ils ont grand
befoin , pour tempérer cette fécherefle naturelle. Il ne faudra
pas aulfi planter Ci avant , parce que les eaux , tant de pluye
que des arrofemens , feroient imbibées en terre avant qu'elles
puffent defcendre jufqu'aux racines j au lieu que dans les ter-
res Humides , il faut attendre le mois de Mars , ou la terre
s'étant déchargée de cette grande humidité de l'Hyver, fera
j)luspropre à la reprife des jeunes plants. Dans les Pays ma-
tîîîy ,
récageux on levé les vannes des Canaux &
des Eftangs , pour
y pouvoir planter , fans cela l'eau feroit dans les trous des ar-

bres , on plantera atitaat profondément que le niveau de l'eaiî


le pourra permettre.
On choilira toujours un tems fec pour planter, parce que
la terre étant bien feche, fe gliffe mieux autour des racines ,
fansy laiffer aucun vuide & qu'il ne s'y fait point de mortier^
,

qui eft fort nuifîble à la reprife des arbres.


Quelques perfonnes prétendent , qu^on doit faire une ob^
fervation en plantant un arbre , qui eil de le tourner à la mê-
me expofîtiondu Soleil où il étoic avant que de le déplanter î
ceian'efl bon tout au plus que pour les arbres fruitiers, & pa-
roi t une de ces difficultés inutiles , ou l'on ne doit j amais s'ar-
rêter.
Quelquefois quand il fe rencontre un arbre dont la tige a
quelque coude , l'on obfervera en le plantant de tourner ce
coude à l'oppofite du Soleil du Midi qui l'attire à lui , & pa-r
,
ce moyen le redreiTe. Sans cela on dort toujours tourner un
arbre fur le fens qu'il paraît le plus dïok fur fon alignement.
LA PRATIQUE DU JARDINAGE, ite,
Il peut furvenir une autre difficulté , qu'il eft bon d'e'clair-
cir. Voici en quoi elle confifte Quand un defTein eft tracé
:

furtout celui d'un Bois , où il y a des allées tournantes , dont


les arbres ne peuvent s'aligner l'un fur l'autre , l'on fe trouve
fort embarraffé , après que le trou eft fait &
le piquet ôté j de
planter un arbre fans aucun alignement &
mefure qui puif-
fent vous régler.
Pour fe tirer de cet embarras avant que de faire le trou Se
d'oter le piquet , pofés-en quatre autres , qui s'alignent en
croix fur ce piquet du milieu j qui eft celui que l'on doit dé-
placer j ainfi qu'il fe voit dans cette Figure» L'on prendra
garde de planter ces piquets un peu
loin de l'endroit où l'on doit faire
le trou ,afin qu on puifTe jetter les
L
terres qui en fortiront , fans cou-
vrir ces piquets. C'eft par ce moyen
que vous retrouverés la placede .

*-..„—...
votre arbre j en le mettant direde-
ment dans le milieu du trou , en
force que les quatre piquets s'ali-
gnent & fe crorfent fur l'arbre , de
|
même qu'ils faifoient fur le piquet
que vous avés ôté.
Après avoir donné la Imaniere de planter toutes fes diiFé-
rentes parties d*un Jardin , paiTons maintenant aux foins que
l'on doit prendre des j eunes plants pour les bien élever.
ï5?® TROIS IFME PARTIE, Chap. IIL
€eJWS**«*J^«^^ÇeJW fieJW s*? &^

C HA P I TR E 1 1 T.

DV SOIN E r ON DOIT
prendre des pUnts pour les bien élever , avec les

moyens de les garentir des maladies O* injeêles qui les

attaquent.

Ton veut avoir en peu de tems de la fatisfadion des ar-


SIbres dont on aura planté un Jardin , c'efl: fans doute en
leur donnant les foins qui leur font nécefTaires , félon les dif-
férentes faifons de Tannée , cela demande à la vérité beaucoup
d'attention mais auffi l'on eft agréablement récompenfé dç
,

fes peines , par le plaifir de voir avancer promptement fe&


propres ouvrages. Sans cela on a le chagrin de voir mourir
& fecher furie pied la plupart des arbres d'un Jardin outre
, ,

la dépenfe confidérable de replanter tous les ans , fans jamais


pouvoir joii.ir.
Les foins qu'on doit prendre des jeunes plants conj(îftent en,
trois chofes , dans les labours , dans les arrofemens , & dans la
manière de les conduire pendant les premières années.
Le plus nécelTaire de ces trois foins efl le labour > dont il
faut quatre par an , deux grands labours , & deux petits que
Ton appelle binages. Le premier grand labour fe fait à l'entrée
de l'Hyver & le fécond au commencement du Printems.
,

Les deux petits fe font l'un à la S- Jean d'Efté , l'autre dans &
le mois d'Août.
La raifon de ces diïFérens labours & des différenstems auf«
quels on les doit faire , ç'efi: qu'à l'entrée de l'Hyver les ar-
brès n'étant plus en fève, il n'y a point de danger de leur don-
ner un grand labour ^ c'eft-i-dirc j un. profond laboori outre
que cela coupe la trace des taupes >& la racine des mauvaifes
herbes , cela donne encoire pauage aux pluycs aux neiges &
fréquentes en cette faifoUjce qui trémpe la^ terre très- avant.
Voilà pour le premier grand labour. A l'égard du fécond qui
fe fait au commencement du Printçms 3 comme dans le mois
,

LA PRAT IQUE D U J AR.DIN A G E. i^t


cle Mars on ne
, rifque rien de donner un labour un peu pro^
fond à la terre , qui ne travaille pas alors fi vigoureufement >
& qui ne craint point encore la grande chaleur.
Les deux petits labours apellés binages , c'eft - à - dire , fé-
conds labours , doivent être moins profonds que les autres ,
parce qu'ils font faits pendant les deux fèves , où il y auroit du
rifque à fouiller la terre trop avant * &
par-là d'e'vanter les
racines 3 ou en couper le chevelu. Il ne faut dans les binages ,
que peler & ratifTér la fuperficie delà terre , de crainte que la
chaleur ne pénètre jufqu'aux racines, & feulement pour cou-
per les herbes qui pouffent en abondance dans cette faifon ,
,

comme auffipour donner entrée aux rofées du matin ôc au)c


pluies, qui facilitent beaucoup la feve.
On dit ordinairement que pour avoir bien foin d'un bois ,
il le faut entretenir comme une vigne, où l'on ne foufFre ja-

mais d'herbes.
Les arbres ifolés, c'eft-à-dire , qui ne font point engagés
dans une paliffade , dans un bois ou une plate-bande , ôc au-
tour defquels on peut fe promener , feront labourés de qua-
tre pieds en quarré j êc les palifFades de deux pieds de large
par derrière , l'allée ratifiée leur fervant de labour parde vaut.
On fc fert pour les grands labours de houës &
de bêches
& pour les petitsde binettes , de ratiffoires &
ferfoiiettes ,
quand l'herbe eft trop grande , avant que de labourer , on la
fait arracher à la main ce qu'on apelle farder.
.

Pour faire ces labours utilement ôC les donner à propos , il


faut confulter la qualité naturelle de la terre car un tems
:

propre pour labourer les terres légères & feches , ne le feroic


point du tout pour les terres fortes & humides i ainfi comme
les terres légères & feches ont befoin d'humidité , pour cor-
riger leur trop grande chaleur , on les labourer a un peuavanc
lapluïcou incontinent après , afin de procurer un prompt
écoulement aux eaux qui pourroient fe perdre ailleurs par
trop de retardement. Au contraire , on labourera les terres
fortes & humides , dans les plus grandes chaleurs , dont elles
ont plus befoin que d'eau j ce qui empêchera encore ces ter-
res defe gercer & dcfe fendre.Ces labours étant faits de cette
manière & avec ces obfervations , entretiennent la terre bien
plus longtems fraîche , & en valent infiniment mieux pour les
Plants.
i9t TROISIEME PARTIE, Ch A p. II î.
Les arrofemens font le fécond foin qu'on doit prendre des
jeunes Plants ils fervent ainfi que les labours à difToudre, & a
j

faire agir les fels^ de la terre qui fans cela refteroient en mafTe.
,

Si nous avons dit dans le Chapitre fécond de la première Par-


tie ,que Peau eft trés-nécelTaire dans un Jardin , c'eft fans
doute pour cette jeunelTe , qui fécheroit fur le pied fans ce
fecours. Les arrofemens doivent être fre'quens & abondans:
Car étant petits, ils ne fervent qu'à altérer davantage la terre,
femblables à une goûte d'eau Jette'e dans un grand feu, qui
en irrite encore la £âme-
L'heure la plus propre pour arrofer eft le matin ou le foir ?
pendant k
grande chaleur du jour on ne doit arrofer que
dans les bois & les lieux à l'ombre.
llfaut obierver une chofe avant que d^arrofer, qui eft de
couvrir le pied des arbres &
des paliffades , avec dugrand fu-
mier ou de la litière , que l'on étendra fur la fuperficie de k
t€rre , ainfi qu'on a déjàLes arrofemens en font bien
dit.
meilleurs j l'eau palfe à travers ce fumier, commeparun cri-
ble , ne fait point de mortier & la terre étant par le moïen
,

de ce fumier à Pabri des raïons du Soleil , en conferve plus


longtems fa fraîcheur.
Comme ce fumier feroit vilain à voir dans une belle allée
on l'enfouit à fleur de terre , & l'on fable Pallée par defîus
cequi paroît auffi propre , & eil delà même utilité pour
l'arbre.
Onfe pour les lieux proches j mais quand
fert d'arrofoirs
il faut porter Peau un peu loin , on remplit un petit tonneau

comme un quarteau , que l'on mené fur une brouette aux


endroits néceflaires j il faut environ deux arrofoirs ou deux
féaux d'eau à chaque arbre , félon qu'il paroît altéré. L'on
connoît cela quand k terre fe fend , & boit l'eau prompte-
,

j
ment. On creufera un cerne ou petit baffin au pied de l'arbre
:
pour fer vir d'entonnoir à l'eau qui couleroit fans cela autre
i
part.
On peut encore fe fervir de longues goutieres de bois ou
de rigoles cimentées, pour conduire Peau d'un baffin ou d'un
puits , le long d'une allée , avec des tonneaux enfoncés en
terre d'efpace en efpace pour recevoir ces eaux ,
y puifer &
dans le befoin i mais cela n'ell: gueres propre dans un Jardin ,
'
à moins quecene foit dans un Potager. A
LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 1^5
A &
rangées de jeunes Plants dans
l'égard des paliiïades
un bois il faut leur donner de l'eau j tant qu'ils en auront
,

befoin, en creufanc auparavant une petite rigole tout du long,


pour faciliter l'écoulement de l'eau.
Le troilîéme foin eft de conduire &
d'élaguer les jeunes
Plants cela ne demande qu'un peu d'intelligence , pour dir
:

ilinguer dans un arbre qui a plulieurs branches qui le rendent


difforme , celle qu'on doit laiffer pour l'éleyer un jour trés-
bcau & très- droit.
On doit tenir pour règle générale, qu'un arbre de haute*
futaie î pour être eftimé beau , ne doit avoir qu'un jet mon-
tant , de tige , comme de vingt à
qu'il doit être trés-haut
trente pieds, fans fourchas ni branches j après cela on lui
laiffe former fa tête comme il veut. Au
contraire , quand la
tige d'un arbre eft trop baffe , les fourches en font défagréa- Telsfoatle*
bies a la vue , que quand l'arbre a plus d'un mon-
aulFi-bien j^arron'crsde

tant : caril refferable alors à un Pommier, ou à ces Chanr Jéed«Tui!ie-


deliers deNoël en fept branches.
tortillés ries, qui ont
prefque tciis
Si ce font des arbres étêtés que l'on veut conduire , on
ce défaut.
les épluchera la première année , en ôtant avec la main tous
les petits boutons qui font le long de la tige , afin que la
feve monte &
fe réiiniffe toute en haut, pour former une
nouvelle tête. La féconde année de leur pouffe l'on choifira ,

parmi toutes ces branches , celle qui fera la plus forte la &
plus droite fur le pied de l'arbre , c'eil^à-dire , qui y tombera
le plus à-plomb , ôc l'on coupera fans réferve toutes les
autres.
Lorfqu'on fe trouve embarrafTé dans le choix d'une bran-
che n'y en ajantpas de bien droite fur l'arbre , il en faudra
,

lailTer deux jufqu'à l'année fuivante , que Ton coupera la


moindre. H arrive quelquefois qu'on eit obligé de laiffer
trois branches fur un arbre , quand celle du milieu qu'on doit
élever comme la plus à plomb fur le pied , fe trouve la plus
foible de toutes , & fou vent un peu verfée. Alors on paffe un
bâton à' travers ces branches , pour contraindre &: dreffer
celle du milieu. Après cel^ion en pêle l'ecorce tout autour ,
environ de deux pouces de large , à l'endroit dou elles for-
tent du maître brin a pour en arrêter la feve qui n'eft portée
4e cette mai>icr^ que dans la branche du mUieu. Les deux
Bb
\h TROISIEME partie, Ch a p. m.,
autres branches meurent , ôc quand celle du milieu fe peut
foûtenir d'elle-même, on les coupe tout- à- fait : ainfi des trois
i>rancliesqu'on avoitlaiffé d'abord > il n'en refte plus qu'une
feule bien droite,
'
Laraifon pour laquelle il ne faut laifTer qu'une feule bran-
che à un arbre ,c'efl: qu'il s'en porte mieux , en devient plus
gros, plus beau , & croît plus vite cette branche aïant elle
:

feule toute la nourriture 6c la feve i au lieu que quand il fe


trouve quatre ou cinq branches furie même arbre cette feve ,

étant partagée en quatre ou cinq portions > rend ces branches


plus foibles 6c moins élevées. J'ai conduit de cette manière des
Ormes été tés , qui en cinq ou fix ans ont formé une tête belle.>
droite ôc de quinze à vingt pieds de haut.
Quand on plante des arbres fans leur couper la tête , com-
tne ceux qui font en motte on ne leur laiffe qu'un petit bou-
,

quet en haut , afin que l'arbre aïant peu de branches 6c de


charge la racine puifTe plus facilement nourrir fa tête.
,

La meilleure manière de bien élever & dreiferdes allées ,


eO: de ne point épargner deux chofes La première, de met^
:

On attache tre des perches à chaque arbre pour les conduire fans cela , .

G€s perches
avec de l'o-
lesarbres verfent , leur tête devient tortue & eft fort expo-
iier , ou en-
fée à être éclatée par les vents. La féconde , c'eft de faire
core mieux groffierement des treillages de petites perches liées avec de
arec du fil de
fer , en met-
l'oiler, pour foûtenir &élever les palilfades un peu fortes ,

tant entre la qui fàqs ce fecours , ne fe dreffent jamais bien fur leur pied i
perche & l'ar- cela va^urément à quelque dépenfe , mais elle eft indifpen-
bre ,du foin ,
des copeaux fable.
de bois ou do Pourredi^efTer de vieux arbres qui verlentoti qui font tor-
cuir accora-
tus , &c que Bien des gens abattroient par ia difformité qu'ils
modcs de tel-
le façon , que aportent dans i^n Jardin , on a trouvé un expédient , qui eft:
le fil

puiffe point
de fer ne de les tirer fur ^eur fensavec un trifeil des cordages , juf- &
endommager qu'à ce qu'ils fôient droits & enfuite avec de gros fils de fer
,

î'aibfc. les contraindre & les attacher fur d'autres arbres voifins les
plus commodes à les entretenir dans cet état. On met du euir
entre les boucles du iSide fer , crainte qu'il n'écorche l'arbre
& ne le coupe. Si l'arbre àwit un coude confiderable , qu'a-
vec le trùeil on n'eût pû redreffer, on y mettroit une pièce de
bois en étrefiUon , qui arc-bouteroit contre le coude di- &
léclemen; dans l'endroit , avec un morceau de cuir entre
,

L A PR. ATIQ_UE DU J A R D IN A G E. 15)5


l'arbre & que l'on acraehera avec de grands clous
rëtrefiUon,
de peur qu'il ne gliflfe. Cet are-boutant doit refier pendant la
feye qui par fonfuc nourricier rend un arbre plus capable
,

que dans tout autre tems de prendre la nouvelle impreilion


,

qu'on lui veut donner j cela n'empêche pas qu'il ne faille en-
core fe fervirdu truëil pour faire revenir la tête de l'arbre à
l' à-plomb du pied, & l'eut retenir avecimfîl de fer comme dans
la première manière. Quand ce ne font que de jeunes arbres
droits qui verfent feulement on enfonce des piquets rez-de
,

terre , pour en contraindre les racines , après les avoir tiré


avec des cordages. Il y a de certains arbres , qui par leur grand
âge ou leur grande difformité font prefque impoffibles à
, ,

redreller , ainfî l'on aura plutôt fait en cette occalion de ici


abattre , & d'en planter d'autres à la place.
Les jeunes paliUades la féconde année de la pouffe après ,

avoir été regarnies dans les brèches , fe prennent de près des


deux côtés , c'efl-à-dire , par derrière èc par devant , en les ,

tondant aux cifeaux , c'eit le moyen de les faire monter 6c


élever droites. Il ne faut jamais toucher au montant , en les
refepant par deffus pour les mettre d'égale hauteur car cela :

les empêche de pouffer fi droit & fî vite outre que ce n'efi nie^s"folY
,

point une difformité à du jeune Plant de le voir plus haut à accoiituir.és à
un endroit qu'à l'autre. On s'attend bien que ce fentiment ne ^°'^?" '^^'^^^
lera pas goûte de quantité de Jardniiers qui ne s attachent eux par pro-
qu'à leur vieille routine de toujours couper & mafficrer verbe, qu'ils
,

les arbres , mais on efl perfuadé que les gens raifonnables fe- k"cêtrrTair
ront plutôt de cet avis que du leur ^ qui n'efl fondé que fur père s'il étoiî ,

une ancienne 6c mauvaife pratique.


Il n'efl à propos de refeper une palifTade par deffus , que
quand on n'en veut faire qu'une banquette à hauteur d'appui
ou bien quand la palifTade e.fi parveiiuë à vingt ou trente
pieds de haut î ce qui empêche qu'elle ne fe dégarniife dix
pied, & la rend reg.ulierpîient plus belle > étant toute coupée
à la même haLite,ur„
Poqrbjeri'CJatretenir les Paliffades , on ne les doit pas laif-^

fer monter fi haut , crainte qu'elles ne fe dégarniffent. Il les-

fauc tondre &


les ferrer de près avec le çroilfant , par le
moyen de grandes échelles doubles 6c chariots rouians , tanj
par le deffus que par les dçux côtés , & toujours le plus court
Vo ij
I

19^ TR.OISIFME PARTIE Chat. III. ,

& le plus ferré qu'il fe pourra n'y a rien de plus vilain que
, il

devoir une palifTade trop épaifTe, joint à ceque cela la ruine


en peu de tems. Dans les Jardins bien foignés on tond les pa-
liffades deux fois l'année, en Juin & au commencement de Sep-
tembre , après la pouiïe de chaque féve mais ordinairement ,

on ne les tond qu'une fois , ôc cela dans le mois de Juillet en-


çre les deux fèves.
Les arbriffeaux des Parterres comme les Ifs , Houx Ro-
, ,

fiers 5 Chèvrefeuilles &c. doivent être labourés & arrofés


,

de tems en tems. On les moule en boules ôc autres figures :


en les tondant avec les cifeaux j & pour les bien entretenir ^
il les faut ferrer de près ôc tondre deux ou trois fois par an
,
afin qu'ils confervent mieux la belle forme qu'on leur a don-
né.
Dans les quarrés de bois où vous voulés élever de la futaïe,
ayés l'œil fur les jeunes plants , &
après leur avoir laiffé pren-
dre un peu de force , vous les émonderés avec la ferpette ,
en ne leur lailTant qu'un jet montant vous en laiflerés d'ef-
,

pace en efpace quelques-uns des plus mal faits fans les éla- ,

guer & dont vous pourrés marcotter les branches , pour


,

brouflailler le bois
Enfin quand un bois eft parvenu à la hauteur de vingt à
trente pieds , on fe fert d'une ferpe , ôc l'on monte fur une
échelle , pour élaguer les branches inutiles , avec la précau-
tion de les couper le plus près qu'il fe pourra du tronc de
i'arbre , ôc un peu en glacis , ce qu'on appelle en pied de biche,
afin que l'eau puifie couler defîus fans pourrir l'arbre. li ne
faut pas que cela falfe de la peine d'éclaircir d'abord un bois
& de lui ôter un peu de couvert dans les premières années y
cardans la fuite les arbres en deviendront plus hauts , plus
droits ôc infiniment plus beaux.
On aura la précaution en élaguant les arbres , de ne les
point entamer de tous côtés , parce que ces pla^^es donnant
peu de paffageà la féve par l'écorce que l'on cou^e la peu- ,

vent arrêter &


fécher la tête , ou la faire geler dan!^ THy ver.
Ainfi l'on fera ces playes petit à petit ôc d'année eh année ,
en montant toujours ces arbres d'étage en étage, ei;i forte que
toutes les playes ne foient pas fraîches en même tenis, ôc qu'il
n'y ait que les nouvelles à jour iles dernières fe ferônt recou-
yertes pendant l'année.
LA PR-ATIQJlTE DÛ JARDINAGE. 15)7
Le vrai tems pour élaguer un peu avant les arbres eft
î'Hyver ou bien au commencement du Printems afin que
, ,

les grandes playes qu'on leur fait , ne foient pas fi expofées à


la gelée, & paillent fe recouvrir plus On plaque facilement.
fur ces grandes playes de la bouze de vache ou des morceaux
de gazon pour les garentir de l'ardeur du Soleil , û l'on &
voit que l'eau commence a y caver, ce qui pourriroit l'arbre
dans la fuite , l'on y clouë des plaques de fer blanc ou de
plomb , avec de la mouffe entre-deux.
Outre tous les foins dont on vient de parler , il faut avoir
encore celui de vifiter les arbres de tems en tems , & de les
guérir des maladies , infectes &
vermines qui les attaquent.
Voici les moyens d'y remédier.
Les maladies des arbres proviennent ou du fond naturel de
la terre ou de leur propre défaut & mauvaife conftrudion ,
,

ou bien de la guerre que leur font les animaux , infedes 6c ver-


mines , qu'on peut appelier véritablement les ennemis jurés

d'un Jardin.
Les maladies qui viennent du fond naturel de la terre > font
très-difficiles à guérir , comme feroit un terrain rempli de tuf
& d'argiiie dans fon fond.On a beau changer Ta terre de trois
pieds de haut par tout > &
y en faire apporter tout de la meil-
leure , quand la racine des arbres a une fois atteint ce mauvais
fond , on les voit languir , jaunir, diminuer d'année en an-
née , èc enfin mourir. 11 n'y a aucun remède en ce cas , finon
d'éviter dans le choix qu'on fera d'une lîtuation , les terrains
qui feront ainfi compoiés.
Si le terrain ou l'on a planté des arbres ell trop fec , on
y
peut remédier 3 en déchauiîant les racines dun arbre , & les
regarnilTant de bonne terre neuve bien fraîche fi le terrain :

fe trouve au contraire trop humide , il faudra pareillement


déchâuITer l'arbre &
remplir le trou de fumier de cheval
peu confommé , pour donner de la chaleur à cette terre ,
avec la précaution de ne pas trop approcher ce fumier des
racines.
Les maladies qui font eaufées par la mauvaile conftrudion
des arbres , & par leurs défauts naturels , fonc prefque auiîi
fans remède : car fi l'arbre eil défectueux dans fes racines ou
dans fa tige , l'on fera beaucoup mieux de lerejetter , 6c d'ea
198 TROISIEME PARTIE, Chap. IIÎ.
planter un autre mieux conditionne'. Si cependant les mala-
aies arrivoient à un arbre après être planté , Se qu'on ne le
vît point attaqué d aucun mal extérieur , il faudra le faire
déchaufler & vifîtcr fes racines , afin de fçavoir s'il ne s'en
trouve point quelques-unes de pourries ou de rongées alors :

on lès coupera jufqu'au bois vif, pour les rafraîchir & les
obliger de pouffer de nouveau chevelu. Quelquefois auiîi
cela provient de la négligence qu'on aura eu en plantant un
arbre , de ne pa^ bien garnir de terre toutes fes racines , &
de
lailTer des cavités ou des pierres lur quelques-unes , ce qui les
empêche de fe lier à la terre , &
fait extrêmement pâtir un
arbre. On peut faire cette opération en tour tems , hormis
pendant les deux fèves & auffi-tot on remplira le trou de
,

terre neuve , de crainte que les racines ne s'éventent.


Si le mal ne provient point des racines que Ton aura trou?
vées en bon éîat , &
que cependant l'arbre pâtifle , il faut le
décharger par la tête d'une partie de (es branches , ou arrofer
fa tête pour le raviver cela le foulage beaucoup.
,

On oblèrvera de plus , que dans les endroits où il fera mort


deux ou trois fois de fuite des arbres d'une même efpece il ,

faudra en changer: La terrç étant ufée pour cette efpece , de-


vient une terre neuve pour une autre. Comme fipluiieurs Or-
mes étoient morts de fuite à la même place il faudroit y met-
,

tre des Tillots , des Marroniers ou autres efpeces.


Quand ce font des qu'on veut regarnir , on doit
palilTades
pbferver la même chofe. Ainfi une palillade cie Charmille
fera regarnie d'Erable de Hêtre ou d'Ormeaux par la même
,

raifon car il elfplus difficile de faire venir des plants dans des
:

brèches & endroits morts, que dans une place neuve.


Si l'on avoit déchaulTé une palîlTade malade , & qu'on n*y
eût trouvé aucune maladie que la vieillelTeou une terre ufée >
l'on peut y remédier en ravalant une palifTade à quatre à cinq
pieds de haut , ou en la ferrant avec la ferpe ôc approchant de
près des deux côtés jufqu'au maître brin , ce qu'on appelle fer-
piller une paliflade j cela lui donnera de la vigueur pour pout-
îer de nouvelles branches. On peut encore faire des tranchées
des deux côtés , à deux pieds de diliançe de la paliflade , de
peur d'endommager les racines, vuider ces tranchées de leur
mauvaife terre, & les remplir de la meilleure di de laplus i^'aîf
che qu'on pourra trouver.
LA PRATIQJJE DU JARDIN A GE.
199
Les arbres ont encore des maladies parcicalieres & extérieu-
res , comme des chancres , de la moulTe &la jaunifTe.
On ôte les chancres avec la pointe d'un couteau en cou- ,

pant toute la partie atteinte de ce mal , jufqu'au bois vif, 6c


ion remplit cette plaïe avec de la bouze de vache , qu^on fait
tenir parle moïen d'un linge & d'une corde liée à l'arbre.
Comme le chancre gagne fort vîte , il le faut ôter fitôt qu'il
paroît , car il fait mourir la moitié d'un arbre 6c fouvent tout
entier.
La mouiïe nuit extrêmement aux arbres j cc^k comme une
gale qui les empêche de groffir ôc de devenir beaux ilfauc :

pour la faire tomber , grater avec des couteaux de bois ou de


groffes brolTes , les endroits où il y en a , ou bien prendre de
la pailleou un torchon , dont on frotera la rige. L'on fera
toujours cet ouvrage après la pluïe , ou le matin après la ro-
fée car alors la moufle fe détache plus aifément que dans un
3

tems fec , ou en frotant trop fort , on pourroit écorcher l'ar-


bre. L'on prétend que la moufle vient du tuf que les racines
rencontrent.
La jaunifle & la langueur d'un arbre proviennent ord inai-
rement de quelque piqûre de vers , à moins que l'arbre ne foit
à demi-mort. On le déehauflèra & Ton coupera jufqu'au
vif les racines endomagées , que Ton rjecoiivrirapromptemenc
de la meilleure terre ; par ce raoïen la feve i>'y portera de nou-
veau , nourrira & fortifiera ces endroits. On pourroit encore
avant que de déchaufler un arbre, y jetter du jus de fumier
de porc , qui étant naturellement frais, fait réverdir tout un
arbre. Ce remède eft moins dangereux que l'autre.
A l'égard des maladies qui arrivent aux arbres par la guerre
que leur font les animaux , infeâ:es & vermines > elles ne font
pas fans remède;
Les arbres ont pour ennemis principaux, iesLapins, lesMu-
lots , les Taupes , les Chenilles , les Hanetons, les Fourmis,
Cantarides , Limaçons , Taons , Turcs , & quantité de vers
dont nous ne favons point les noms. Les infeâ:es qui s'atta-
chent aux Orangers 6c aux fleurs , fe trouveront dans la fuite.
Les Lapins détruifent entièrement un Jardin , quand ils y
trouvent entrée i ils broutent &
rongent les jeunes bois , les
paliflTâdes 6v les potagers , 6c coupent tout a fleur de terre 5 ,
1^00 TROISIE'ME P A RTIEJ, C h ap. IIî.
le refte îneurcinconninenc après, leur dent & leur morfnre
étant trés-dangéreufes. On s'en peut garentir en bouchant
avec des fils de fer
, ouvertures
les des murs &
les grilles par
où ils pourroientpaffer i &
s'il y a des terriers dans le Jardin
,

il faut les détruire par le moïen des Furets , ou en leur tendanç

des pièges.
Le Mulot efi: une efpece de Souris qui foiiit la terre comme
là Taupe & coupe entre-deux terres tout ce qu'il rencontre.
,

Il fe prend avec des fouricieres ou d'autres pièges comme


,

des terrines pleines d'eau , on répand de la


fur lefquelles
où il fe vient noïer i on l'amorce par des
paille d'avoine, &:
morceaux de lard ou de fromage que l'on met dans ces
pièges.
Les Taupes font les animaux qui ravagent le plus un Jar-
din: elles nuifentnon feulement aux jeunes plants , en foule-
vant la terre & mettant leurs racines à jour , mais encore par
leurs trainaiTes , elles gâtent les allées & les tapis de gazon.
On peut les attraper de plufieurs façons i premièrement , en
jettant dans leurs trous , du chanvre de la poirée ou de la
,

fiente de cochon dont l'odeur, à ce qu'on prétend , les fait for-


tir, Secondement , en les guetant fuivant la coutume des Jar^-

diniersj à différentes heures du jour , ôcles tirant à la bêche ,


mais cela eft bien long & fait perdre trop de tems , car le
moindre bruit qu'entend la Taupe , qui eft naturellement
fort fubtile , elle s'enfuit. Le plus fur moïen de les attraper
c'efi: d'avoir des inftrumens en forme de boîtes ou fourreaux

apellés des Taupieres , faites de branches de fureau que l'on


On peut faire creufe & que l'on fend en deux. On rejoint ces pièces enfem-
aifémcnt fur \)\q paruu petit cercle de fer. Ces boïces ont environ un pied

Tion, de'^pa- ^^^^ ^"-^^ dçux pouces de diamètre > elles font fermées par
rdUcs boîtes, undes bouts , bL l'autre eft celui par où entre la Taupe , qui
fait remuer un petit crochet retenant un relfort qui le lâche
aulE-tôt & l'empêche de fortir. De cette manière on les prend
toutes en vie. L'on doit enfoncer .ces boîtes d'un demi-pied a-
vant dans les traînalfes des Taupes. ,

Les Chenilles fe détruifent en coupant pendant l'Hy ver


les feiiilies où elles s'attachent par paquets , avec des cifeaux
fur les arbres bas , fur la fucaïe avec des crochets de fer
& cifeaux attachés, à une longue perche, que l'on a pelle
Echeniiioirs *
,

LA PRATIQUE DU JARDIN AGE. loi


Bchenilloirs j & quand ces paquets fonn à bas , il les fauc «oncontioît
auflî-tôt brûler .On grande
doit faire cette recherche avec affés cette ma-
exaditude pendant i'Hy ver , parce qu'en ç^tte faifon on aper-
^oit ces paquets plus aifément , les arbres étant dépouil-
lés de leurs feuilles j mais on a beau faire , on en laifTe toii-f
jours quelques-uns, qui fufïîfent pour empoifonner tout ua
Jardin.
LesHanetons font les plusaifésà exterminer on étend
pour cetefFet un drap deflbusles arbres où ils s'attachent , &
jpn fecouëra fortement pour les faire tomber. On les por-
les
tera auflî-tôt dans le feu ou dans l'eau , de crainte qu'ils ne
reviennent. Il ne faut pas fe contenter de les écrafer dans
les allées , car la terre obéïlTant au pied , on n'en écrafe que
trés'peu i & ils volent fur les arbres incontinent après. La
pluie leur eft fort contraire , auffi-bien qu'aux Chenilles.
Les Fourmis nuifent fort aux arbres , quand elles s'y adon-
nent unefois. On leschaffe en répandant au pied de l'arbre
de la fcieure de bois bien menue , parce que fentant cette
poudra remuer fous elles , elles fuient ôc craignent de s'apro-
cher. On fefert aulîî de vafes pleins d'eau avec du miel, que
l'on porte au pied de l'arbre, ce qui les attire les noïe j ou &
bien l'on met delà glu à la tige , pour les empêcher de mon-
ter. Il y a encore un autre fécret , c'eft de jetterdans l'endroit
. de laFourraiiliere un os à demie décharné,qui dans un inftanc
^ fera couvert d'un million de ces infedesj on le retire auflî-tôtj
on le trempe dans l'eau pour les noïer , enfuite l'on rejette cet
os qui fe retrouve couvert dans le moment, par ce manège &
on les ruine entièrement. Elles fe peuvent encore brûler avec
de la paille ou de hi cendre chaude répandue deffus la Four-
niilliere.
Les Cantarides font des mouches qui s'attachent au haut
des arbres , principalement aux Frefnes. Elles le détruifent en
verfantou jettant furie haut des arbres , par lemoïen d'une
petite pompe, de l'eau ou l'on aura fait bouillir delà rue.
Les Limaçons aiment les jeunesboutdns d'un arbre , & par
leur glaire lui nuifent beaucoup. On les prend aifément à la.
main , &c on les va chercher le matin & le foir, furtout après
un tems de pluie , c'eft alors qu'ils paroilTent en plus grande
, abondance , il les faut écrafer promptenient.
Ce

>
loi TROISIEME P ARTIE, Chap. III.
Les Taons font de gros vers qùi vivent en terre , êc qui ron-
gent les racines des àrbres aux pieds defquels on
, fouillera;
]pouf lés chéfrchfcr -êc les Mefr tn mênie-tenïs. On remplira en-
luitele trou de terre neuve, après avoir taillé plus court lesr
racines èïidomagées par ces iniede s , 'qui s'attachent fur tous
a la jeune Cliatrïïïlle.
LesTurcs font de certains vers blancs quipercentics arbres?
les ptcotefnt& courrerrt entre rëcoïce èc 'le tfonc de l'arbre $
c'eft un irifeâre dès plùs dangereux il n^en veut pas feulement
,

aux jeunes plants, mais les plus grands arbres âehaute-futaïe


ne s'èn peuvent 'garantir. Ces vêts fucent la feve & rarrêtent
entièrement. Il fkut pour les exterminer , fans perdre de
rems faire décïiàufFer Farbre, & peler toute la fuperficie de
,

foh écotce > jufqu'à rendroft endomagë par ces infedesr alors
on les àperçôit dafis leurs trouS , d'où il les faut tirer , ou les
ccrafer dedans avec quèlquc fer pointu , fans ceJa montant
toujours de leur naturel, ils attaqueront Farbre ailés fortement
pour le faire moui'ir la féconde année.
On voit encore d'autres efpcces de vers , dont les noms font
inconnas, qui nes'âttachent qu'aux feuilles des arbres, &
qui les picojent comme de la den telle > on les détruira de mê-
me que les Cantarides.
LA PUATIQJJE DU JARDINAGE. 205

CH AP IT R E I V.

DES P EPINîERES ET SOIN


qu'on en doit prendre , avec la manière d'élever de
graine ^ tous les Plmts, qnen employé d^ns les Jardins
deProfretê,^

CE fi
Ciiapicre
l'on
ne fea pas un des moins utiles de ce Traité j
conficiére l'épargne U commodité qu'une Pepir
piereofFre fans cefle à fon Maître. Une marque
de fon utilité >
c'eft que toutes les grandes Maifons en font ordinairement
i)ien pourvues , comme d'une chofe très-nécelTaire indif- &
penfable dans les Jardins d'une grande étendue. :

Le plus grand fecours qu'on tire d'une Pépinière, c'eft que


lorfque quelque arbre meurt dans un Jardin , on le peut choi-
£r chés foi , &
le trouver dans fa Pépinière , fans être obligé
de forcir pour l'aller chercher ailleurs , quelquefois bien loin
avec tout cela l'acheter cher les arbres qui font élevés,
:

lians le même terrain en reprennent bien mieux , & viennent


toujours plus beaux , leurs racines n'ayant pas le tcms de s'é-^
venter & defécher, dans l'intervalle de tems qu'on eft à arr^j^
cher un arbre pour le replanter auffi-tot.
Cefi: un accident qui n'arrive que trop fouvent aux arbres
qui viennent de loin , dont les racines s'éventent ou font ge-
lées & foufFrcnt beaucoup dans les tranfports de là fuit pour :

Tordinaire la mortalité de la plupart des jeunes Plants.


On place ordinairement les Pépinières dans des endroits
écartés comme au bout d'un Parc^ Ce n'eft pas qu'elles ne
foient agréables à la vûë par le foin que l'on en prend , &
qu'on n'ait du moins autant de plaifir à regarder une Pépi-
nière que l'on en a à voir un Potager ou un V erger mais com-
,
r

me les Pépinières ne permettent pas d'y pratiquer des allées


dans les dedaAs pour s'y promener , qu'on ne peut y mar-
Ccij
TROISIE'ME PARTIE, Ch a f." IY. :

cher fans gâter le labour , cela fait qu'elles ne font que con-
tenter la viië , ôc que ne pouvant fervir à la promenade , on
lesplace ainfi à l'écart-
En fait de Pépinière on n^en a jamais trop , c'efl - â - dirr
qu'il en faut toujours avoir plus que moins un quarré :

deux ou trois , félon la grandeur du Jardin fuppofé que :

Ton en ait trop dans la fuite l'on trouv^ aifément à s'm


,

de'faire & l'on en retire beaucoup de proit.


,

La place deftine'e pour une Pépinière étant arrêtée &tra-


céefur le terrain, il la faut préparer aiafi : examinés fi la terre
efhbonne & fi elle a
, profondeur requife , fuivant ce qui z-
la
été dit amplement ci , dans le Chapitre fécond de la^
dtfllis
première Partie , où l'on aura recours pour éviter les redites.
Comme il fepourroit faire que cette terre ne fe roi t pas bonne-,
& qu'rl feroit difficile de changer la £tuation de la Pépinière i
il faudra tâcher de l'améliorer. Si la terre fe trouve uféejl'on

ènfera apporter de meilleure j fi elle eH trop maigre, on la


fera fumer , & fi elle eft, on la fera effondrer ô£
pierreufe
épierrer, en pafi!ant les terres à la claye. L'on ne doit pas
manquer à ces obfervation^ & à ces amandemens
car fans ,

cela toutes les graines &


tout le petit plant que vous y mettriés
languiroit &
ne profiteroit jamais alîéspour former de beaux
& grands arbres > capables de remplacer un jour les endroits
morts d'un Jardin.
Suppafons donc que cette terre folt ainfi améliorée , fui vanr
le befoin qu'elle en aura il lui faut donner un labour pour
,

HÎiir les terres &: les préparer à recevoir le plant. Vous tra-
cerés enfuite de deux pieds en deux pieds des rigoles , en ten-
dant le cordeau d'un bout à l'autre , &: ferés ouvrir ces rigo-
les dWfer de bêche c'eft-à-dire > d'un demi-pied de pro-
,

fondeur.
Semez enfuite vos grarnes dans ces rigoles &: recouvrés- ,

les de terre, en prenant garde qu'on ne marche pas deffus.


Si vous avésdes fruits , comme glands , marrons d'Inde , châ-
taignes , dcc. vous pouvés fans ouvrir des rigoles , en lui vant le
cordeau faire un trou avec le plantoir de pied- en pied , & y
jetter dedans un maron ou un gland , & enluite vous rebou-
cherés le trou , en y coulant de la terre avec le même plan-
toir 5 ç'çft ce qu'on appelle piquer des fruits en terre. Cette ^
,

LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 105


.matîierede planter va fort vite, & ne laiflepas d'être bonne.
Si l'on ne s'en veut pas fervir pour les fruits , on pourra ouvrir
des rigoles , & les femer dedans comme les graines-
Il faut toujours avoir une petite précaution qui ne laifTe pas
d'avoir fon utilité j c'eft de ficher des petits bâtons aux deux
bouts de chaque rigole j afin de reconnoître les rangées du
plant , & les diftinguer d'avec les herbes quand on viendra
j,

à farder ou à labourer la Pépinière.


Le vrai moïen d'avoir une belle Pépinière , c^eft de la bien
entretenir i cela demande un peu de foin & un peu defujcttion,
mais par le profit qu'elle fera un jour , on doit pafler par
delTus toutes ces peines: Il n'y faut jamais foufFrir d'herbe,
ainfi on la doit labourer quatre fois l'année , farder aufli-&
tôt que l'herbe paroi t.
Pour connoître les tems les plus propres pour le labour, on
aura recours au Chapitre précédent , où l'on donne la maniè-
re d'entretenir les bois. Dans les grandes féehereffes , on y
donnera un peu d'eau pour foulagcr ces jeunes plants , qui
,

font encore trop tendres trop foibles pour pouvoir réfifter


d'eux- mêmes aux grandes ardeurs du SoleiL
Il faut remarquer que les plants qui viennent de graines ,
étant femés confuféraent dans les rigoles , doivent être rele-
vés la féconde année , pour être replantés à un pied l'un de
l'autre, dans d'autres rigoles î fans cela ils deviendroient trop
drus , fe nuiroient les uns aux autres , ôt on ne les pourrok
lever commodément dans le befoin.
On peut comparer le tranfport de ces arbres , a ce qu'on
apelle Bâtardiere en fait d'arbres fuitiers , que l'on levé au
bout de deux ans de la Pépinière pour les replanter & élever
,

dans la Bâtardiere > l'on confeiileroit cependant une chofe


en cas que l'on en voulût prendre la peine > ce feroit quand
le plant eft devenu un peu fort, comme la féconde année ,
de l'éclaircir & de le dégarnir , en arrachant plufieurs petits
plants d'entre ceux qui font les plus forts > enforte qu'ils fe
trouvent efpacés au moins de pied en pied. Il faudroit avant
que de fe mettre à cet ouvrage , faire farder la Pépinière ,
afin de mieux diftinguer le plant. C eft une grande peine af-
furément , mais aulîi votre plant ne fera point relevé la fe-
to^ TR:6rsrFME PARTIE, Chap. IV.
conde année pour être replanté ailleursjêc en profitera mieux",
aïant déjà pris terre.
Si l'on voLiloit élever des Pépinières en peu de tems ,
au lieu de les fcmer , on les plantera tout à\m coup de
plant enraciné , Se un peu fort. Ce ne feroit pas une groflTe
dépenfe , le millier de ces jeunes plants coûtant très -peu
de chofe. L'on gagneroit de cette manière les deux an-
nées que les graines font à lever , 2c à former de pareil
plant j & l'on ne feroit point obligé de le relever deux ans
après , pour le replanter ailleurs , ou bien d'avoir la peine
de l'éclaircir comme l'on vient de dire. Cette manière de
planter une Pépinière , eft la meilleure qu'on puiffe fui-
vre. " " '

Supofé que vous aïés commodité d'avoir du jeune


la
plant 5 comme Ormeaux , Châtaigniers
, Tillocs , Marro-
niers &c.
, ouvrés des rigoles de deux pieds en deux pieds .»

arrangés -y votre plant lui vaut le cordeau a un pied de ,

diftance l'un de l'autre , &


jamais plus éloignés ; car plus
les plants font près , mieux ils fe conduifent l'un l'autre.
Recouvrés enfuice les rigoles , Sc plombés les terres , de
crainte que les racines ne s'éventent. Il faut bien fe don-
ner de garde de réféper ce plan a fleur de terre , comme
font bien des gens 5 c'eft une fort mauvaife coutume > il ne
faut que rafraîchir les racines du plant , en coupant le petit
bout.
Quand vos plants font devenus un peu forts dans la Pé-
comme à l'âge de trois ou quatre
pinière, ans j il faut com-
mencer a les conduire &
élever de cette manière. Eplu-
chés tous les petits boutons &
branchettes le long de la tige
jufqu'en haut , 6c choilîlTés parmi toutes les branches , celle
qui fera la plus droite fur le pied de l'arbre j enfuite fans
rien couper , cafles le bout des branches inutiles , & les tor-
tillés de manière au tour de la bonne , qu'elles fervent à
l'entretenir ôc à la bien dreffer. Quand ces branches tor-
tillées font plus grofles que celle qu'on veut élever , de peur
qu'elles n'emportent toute la feve , il les faut peler tout au
tour environ de çrois doigts de haut , ce qui en arrêtera la
"
nourriture.
On conduira ainfi tous les ans , le montant de ces jeunes
,

LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 207


arbres de plus haut en plus haut s en cherchant de nouvelles
branches pour les tortiller au tour &Teiitretenir droit , &
en coupant avec la lerpette toutes celles qui font au deffoos
jufqu'au pied. C'effc par ce moïen qu'on fera monter ces
jeunes plants hauts & droits &
, qu'on aura le plaifir d'avoir
un jour de trés-beaux arbres ; pourvu comme nous avons dit
,

dans le Chapitre pre'ce'dent , qu'on ne leur laifle qu'un feul


montant.
Quand il y a dans une Pépinière quelques arbres qui pan-
chent , il les faut redrelTer en les pallant ôc tortillant avec
ceux qui font proches afin que l'un pour l'autre ils fe fou-
,

tiennent & fe dreifent en grolîîffant. Le tems de la feve


eft le plus propre pour cet ouvrage , les arbres pliants aifé-
ment en ce tems-Ià , fans être fujets à fe cafTer. Les cou-
des & les zigzae qui fe rencsntrent le long d'une tige fe ,
On peut kxrer
raccommodent en groffiflant On peut les aider, en fendant
:
Jiardimenc les
par filets , ces cavités que la feve en fe gonflant groffit & rem- arbres vers la
Touffaints,
plit peu à peu.
c'eft-à-dire
Ces arbres aïant atteint l'âge de fept à huit ans , devien- quand la fetiil-
nent gros environ de fix à fept pouces , de quinze à vingt le commeuce
a fe détacher
pieds de haut 5 pour lors ils font en état d'être mis en place & à tomber.
dans le Jardin fi l'on en a befoin pour regarnir quelques
, Il n'y a alors
aucun danger,
places vuides. Il ne les faut pas tirer fi-tôt de la Pépinière ,
la feve ne tra-
pour leur laiiTer le tems de profiter , & de devenir beaux :
vaillant prcf-*

Qiiand on en voudra prendre quelques-uns > on les lèvera en que plus.

motte de cette maniere-


Après avoir fait choix des arbres que vous voulés pren-
dre dans là Pépinière , ôc les avoir marqué avec del'ofier , ou
de la paille , faites-les déchaulTer tout au tour, en laifTant un
cerne ou motte de terre au pied de Tàrbre. L'on prendra'
garde d'endomager les racines , ô£ de donner de trop groflcs
fecoLiffes à la motte , de peur de l'ébouler 3 ce qui doit faire
emploïer des Jardiniers adroits, de crainte qu'en voulant en-
lever un arbre 5 ils en perdent deux ou trois à l'entour ? vrai
m.oïcn de ruiner bien-vîte la Pépinière. Ces arbres ne font
pas difficiles à lever , leurs racines étant prefque à fleur de
terre.
Pour bien lever avec fuccès des arbres en mott'e , il faut
obferver £ la terre a naturellement un peu de corps 6c de
jtoS TROïSIE*ME PARTIE, Chap. IV.
Quand on foû tien , comme pourra lever
font Ics tcrrcs forces j on les
«hetera des
commencement du Printems , de même qu*avant l'Hyver
arbresen mot- ., ,. r r ^ j ^ • ' \ i

tc.l'on exami- n n importe la terre te ,


,
louuenara également dans ces deux i

nera fi la terre faifons. Mais Cl la terre eft trop légère & trop mouvance ,
cft'^namrTie !
ce qu'on apelle FeuU , c'eft-à-dire , qu elle n'aie aucun fou-
&ia même qui tien , comme fout Ics tcrrcs fabloneufes , il faudra aporter
^" un peu de circonfpedion dans cet ouvrage- Comme la terre
carfouvcnt'ci . peut foûtenîr d'elle-même pour former la motte en quef-
fe
le eft apiiquce tlou , OU déchaufTera l'arbre avant les gelées , en faifanc une
pour tromper-
j^^^j-j-g pjg^ , &
on le laiîlera là fans l'enlever ,
j
ufqu'a ce que la gelée venant à donner fortement fur cette
motte , elle l'afFermiffe de manière , qu'on puifTe tranfportcr
cet arbre fans craindre d'^n rompre la motte. Cet ouvrage
doit être fait avant l'Hyver , à caufe de la gelée , ces forces
de terres ne permettant pas de Le faire au commencement du
Printems.
Si la motte d'un arbre étoit grofTe de trois ou quatre pieds
de tour , comme il arrive quand les arbres font forts , on
renfermera cette motte dans des manequins faits exprès :

Sans cela il feroit affés difficile de pouvoir mener ces ar-


bres au lieu deftiné , fans courir rifque d'ébouler la terre de
la motte.
On doit toujours faire des mottes les plus grofles que
l'on peut pour renfermer plus de racines , & s'il y a moïen
en levant l'arbre de referver de longues racines pendantes
,

hors de la motte , il faut en profiter i elles fervent beau-


coup a fa reprife , quoiqu'elles ne foient pas couvertes de
terre. L'on rafraîchit feulement ces longues racines par le
petit bouts , &
on les étend dans le trou , en les garnif-
lanc de terre à l'ordinaire. De cette façon on profité de
tour.
Avant que d'enlever un arbre d^ la Pépinière l'on doit ,

avoir préparé l'endroit oii on le veut planter , en y faifant


un trou de grandeur U
de profondeur proportionnée à fa
force. Si l'arbre n'eil point d'une grolï'eur extraordinaire ,

ni trop garni de la tête


, deux hammes le porteront faci'-
lemenc fur un bar ou civière pendant qu'un troifiéme le. ,

foûtiendra & l'entretiendra tout droit avec les mains ,


,

mais fi cet arbre émit irpp gros, que la motte eut un


^rani
LA PRATIQ^UEDU J A HD IN A G E. 105^
.igrand circuit & que la tête fut bien garnie comme iom
, ,

les gros arbres que l'on plante chës le RLoi j alors pour le
tranfporter , il faudra une machine faite exprès qui eft corn- ,

jne une cfpece de cheûre ou traîneau , où l'arbre eft un peu in-


cliné &furporte' par la tête , de crainte que les branches ne fc
-caflènt. Il y a encore une machine plus commode, qui eft com-
me uneefpece de cliarette avec deux grandes vis 6c des chaî-
,

nes pour élever & fufpendre la motte de l'arbre , l'entretenir


fans le fatiguer dans le tranfport , & le defcendreenfuite dans
le trou. Onfait tirer ces machines par deux chevaux , &plus
js'iljen eû: befoin.
Nom ne parlerons point de la manière de planter ces.
arbres, nous étant affés étendus fur ce fujet dans cette Par-
tie. IlfautfeHlementremarquer que pour bien garnir de terre

le pourtour delà motte , on


y gliflera plufîeurs fois le bout d'un
bâton. Venons maintenant aux graines &
aux fruits des ar-
bres convenables aux Jardins de^propretéjdifons en quel teras
on les ramafTe , comment on connoît leur bonté, de quelle
manière on les conferve pendant l'Hyver , & quelle eft la fai-
fon la plus propre pour les femer dans la Pépinière.
Nous avons de plufieurs efpeccs de graines , comme celle
d'Orme , de Tillot , de Siconiore , de Frefne , de Charme >
d'Erable , & de Bouleau , qui produifent des arbres du même
nom j ce font les plus en ufage dans nos Jardins.
Outre cela , il y a de cinq fortes de fruits 5 le Gland , le
Marron d'Inde , la Châtaigne , la Faine & la Noifette , qui
forment le Chêne , le Marronier d'Inde , le Châtaignier le ,

Hêtre , & le Noifetier ou Coudrier. Toutes ces graines & ces


fruits ffi ramaffent pendant les mois d'Odobre , isfovembre&
Décembre , hormis la graine d'Orme qui fe recueille au mois
de May 5 qm ie doit femer en mêmê-tems , à la diiFerence
ides autres graines»
Pour connoître ii les graines ont les qualités requifes pour
^êtrebonnes examinés û elles font groifes , rondes , pleines
,

.endedans ôc d'un verd vif 8C non altéré. Elles doivent


^€tre fraîches èc de la même année qu'on les veut femer.
Ce font là les marques les plus afsùrées de leur bonté:
Au contraire , h ces graines étoient plates , vuides en de-
dans, un peu vieilles ôc d'un verd fec , elles ne vaudroient
D à
zlo TROISIE'ME P A HT lE, C h a P. IV.
rien du tout pour femer , & ne leVeroient jamais , étant
incapables <le végétation , & d'agir félon les ordres de k '

nature.
A l'égard des cinq eCpeces de fruits , qui font le Gland ^
le Marron d'Inde , la Châtaigne , la Faine & la Noifette ^
on les choifîra gros, unis , clairs ôc pleins , fans être ri-
dés ni piqués par les vers , ou rongés par. les mulots y tous
ces fruits doivent toujours être de la même armée qu'on
a deffein de les femer.
On dira ici en pafTant une cliofe à l'égard du Gland
c'eft de le femer tout d'un coup dans les Bois > fans le
mettre auparavant en Pépinière , le Chêne étant de fon
naturel tres-difîîciie à la reprife , à caufe de fon pivot i ce-
pendant fi l'on en a en Pépinière , ôc qu'on le veuille re-
planter , il faudra bien fe donner de garde d'en couper le
pivot , parce que le Chêne ne profite plus tant , 6c ne pouiTe
que de foibles branches toutes rabougries.
La faifon la plus propre pour femer les graines les &
V fruits en queftian, cil à la fin du mois de Février , ou au
commencement de Mars. Cette faifon eft plus favorable
aux graines que l'entrée de l'Hyver , ou elles font expo-
,

fées à pkifieurs accidens , comme à pourrir moifir par &


la trop grande humidité de rFlyver,,à 2;eler dans les for-
ces gelées qui pénètrent tres-avant en terre , ou enhn a
être mangées par les mulots , ou par les oifeaux qui les ti-
rent de terre. Voilà des raifons affés fortes pour préférer de
les femer plutôt au commencement du Printemps > qu'à la
ûii de l'Automne. Rien ne peut empêcher de fuivre cette

^
méthode , que l'embarras où l'on feroic de les conferver pen-
dant l'Hyver , ce que l'on va expliquer.
.
Qiiand on voudra femer il faut choifir un temps doux ,
point venteux , 5c qui promette dans peu de la pluïe afin ,

laQaîaEinie de plomber les terres qui auront reçu les graines , & que
° ^^"^ ^^^^^ facilite luie plus prompte fbrtie. L'on ne
Li'vit^ parle
ampiemcnt & doit nullement s'arrêter aux Pleines-lunes, ni aux Decours
bien fur
fort
^^^^^ femer, étant une vifion toute des plus o-randes &, un
vrai conte de bonnes gens du tems paile > l expérience nous
a fait voir que ç'écoit une pure rêverie ? qu'il faut entière-
ment rejetter.
,

LÂ I^HATIQJJE DU JARDINAGE, m
Pour conferver les graines pendant l'Hyver on ehoi- ,.

iira un endroit fec , tel qu'un Grenier , où l'on étendra les


graines , que l'on aura foin de vifiter de tcms en tems , &
de remuer comme l'on fait le bled , ou bien on les ren-
fermera dans desfachets pendus au plancher d'un lieu pa-
reillement fec & aëre'.
Les fruits , comme le gland , la châtaigne , bec. fe con-
fervent tout d'une L'on prend plufieurs
autre manière.
manequins ,
on met un peu de fable ;
au fond defquels
enfuite l'en y met les fruits par rang ou par lit , c'eft-à-
dire un lit de châtaignes un lit de fable i & l'on remplît
,
,

ainfi les manequins en les couvrant de fable par deflus.


,

Ces fruits fc confervent fans fe gâter & germent dans le ,

fable pendant l'Hyver pourvu , comme l'on a dit , qu'ils


,

foient dans un lieu fec & un peu chaud, s'il fe peut. .

On portera ces manequins fans les défaire, dans l'en-


droit deftiné pour le plant , & l'on prendra garde , quand
on retirera ces fruits pour les planter , de rompre le germe
ont pouflfé dans le fable , car cela les retarderoic
<]u'ils

beaucoup.
On ne doit pas oublier ici de parler des arbres verds
comme étant trés-recherchés & très-néceflaircsdans les beaux -

Jardins.
L'If , le Picea & le Houx font les plus confidérables de
tous , &
ceux dont on fe fert le plus. Ils produifent une pe-
tite graine rouge que l'on ramafife étant mûre, que l'on &
feme de la même manière , que les graines des autres ar-
hrQs dont nous venons de parler. Toute la différence qu'il
y a , c'ell: que ces graines font bien plus long- tems à lever ,
furtout celle de l'If qui eli la plus tardive j auffi demandent-
elles une meilleure terre , &f€mblable à celle qu'on préparc
pour les fleurs & les Orangers.
Sil'on fomoit ces graines dans la terre ordinaire , où
l'on fait les Pépinières des autres arbres , elles auroient beau-
coup de peine à lever, &
les arbres verds qui ^ourroient

y venir , feroient très-longs avant que d'être en état d'être


placés dans les Jardins , 6c de donner aucun plaifir à leur

Maître. L'on peut en faire des planches féparées femblables à


celles d'un Potager,
Ddij
arii TRO ISTFME P ARTIE Ch a , p. TV..
Ces graines étant levées , on aura grand foin de les tenir'
propres fans aucune herbe , de les labourer &
arrofer fouvent^
L'If &
le Houx font les plus longs à croître i lePicea vient bien
plus Vite.
Le encore un des arbriffeaux des plus en ufage
Buis eft'

& dont on ne fe peut paiTer abfolument dans les Jardins >


étant propre également aux Parterres Se aux, PalifTadcs. On :

€n élevé de graine que Tôn peut- fémer. dans de bonnes ter-


res j mais le moïen d'en avoir promptemenî , c'eft d'arra*
clier de vieux Buis 6c de le replanter en l'enterrant prefque
tout à- fait , pour le faire repoufTer du colet , ôc par-là vous
a.vésdebeau & jeune Buis, en coupant le chevelu & les raci^
nés du vieux;
A régard des Ciprèsi Pins , Sapins ôt Chênes" verds , on-
ramaffera leurs fruits dans le tems , &
on les femera à l'or-
dinaîre , en obiervant toujours que ce foitdansla meilleure
terre, &
d'en avoir grand foin i ces. arbres étant toujourj
beaucoup plus longtems & beaucoup plus difficiles à croître
que les auxres i iln'y a que l'excellence - terre qui puilTe les han-
ter de venir.
Quand le^ arbres & arbrilTeaux verds font parvenus à ene^
certaine hauteur , on commence aies former fui vant fon in*
tention , en les tondant avec des cifeaux , e» boules en pî4 .

rami des 5 ôcci.


Comme tous les arbres verds aiment naturellement les
Païs chauds, d'où nous les avons aportés , que le climas &
dek Erance eft bien difFerem de celui des Indes,, pour le
dégré de chaleur il vaut mieux les éiever deboutures
/, de &
marcotres j,que d'enfémer la graine qui^fou vent manque. L'on
peut faire ces marcottes au pie4 des grands Ifs &^ des Picea
se qui réiillit fort bien Car au bout de deux ans , on lèvera
:

ces marcottes bien enracinées, & on les plantera en Pepi^


niere.. Pour les avancer d'avantage l'on,, fendra les branches
comme on fait à l'œillet , le bois en étant très -dur à percer.:
L'on peut même acheter du petit piant qu'on élèvera chés
:

f©y. Tous ces moïens gagnent beaucoup de tems.


Les autres arbres verds , comme le Phikria ,1e Genévrier „
l'AlacerBe , Ja Sabine , ôcc s'élèvent de là même manière que.
les précédt^is 3 mais ils cxoiiTent bien plus promptemenc
,

LA PRATIQJJE DU JARDINAGE. 213

G H A P I T R E V.

D E 5: O K A n G E K S JJ S M I N S
, ^
Grenadiers y. Myrthes &* Jrhrijfeaux de
autres

fleurs ^ avec la méthode d'en élever de graine y dt


Marcottes , ou de choi/tr ces jirbres tous grands ^
la manière de les planter y grever , & le tems ou ils-

Q fleurirent.
U© I E GC CHapitre Se les trois fiiîvans n'aient:
qrxj
pas Tair de nouveauté, qu'a le refte de l'Ouvrage ( cette
matière aïant déjà été traitée plufieurs fois & amplement )
©n a cru néanmoins devoir en parler ici , par une rai fon très-
naturelle Perfonne n'igpore que les Orangers ,Jes Jafmins
:

les Grenadiers , joints aux fleurs de faifon, contribuent beau-


coup à rornement des Jardins, &par conféquent feront ici:
comme dans leur centre L'on efpere même rendre en cela
:

quelque fer vice au public a en lui évitant de lire de longs.


* Traités remplis de grandes liftes , fans les éclairciffemens * Nôumu<
.

neceflaires , & en le détrompant de tout ce qui s'eft gjiflé de rangers "cil


myfterieux & de mauvais fur ce fujeti On fera furpris qu'une troniers &c. ,

matière 11 embrouillée jufqu- à prefent, & dont tant de gens


fefont. encore un pHantôme j paroiffe ici fi fmiple fi aisée &
connourTmu- :

Quoique le fujet ne foitpas neuf, peut-être la manière dont te forte d'o*


51 eft traitéparoîtraaffés nouvelle 5 l'on y_ a joint la précifion "ofers*
&c'
à la généralité,- Traité de te

Pour fe- conformer a la métHode que Fona fui vie au fujet ^"'^"^^
f t r j Orangers pal?1

des arbres lauvages-, an commencera , avant que de parler Quimimerfl.


delà culture des Orangers & des autres arbres de fleurs, Tomci,,,
par faire un& petite defcription de chacun en particulier , en
^ecifiant leurs différentes efpeees ,leur nom , leur qualité èc
propriété dans les Jardins j la manière dont ils fe perpétuent
eeux qui confer vent leur verdure dans L'Hy ver ou qui fe
dépouillent i &
ceux qui reftent en pleine terre , ou qu'on eft;
abligé de ferrer. '
Dd iij;
214:; T.K.OIS IE' ME P ARTIE,Chap. V.
lis fe diftingnent en Arbres , en Arbriiïeaux & en Arbuftes,
à la hauteur de huit à dix pieds ce font des arbres , audefTous
ce font des A
rbriffeaux, autrement àxtFriiteXi 5c les Arbuftes
ou fous- ArbrifTeaux n'ont qu'un pied ou deux de tige.
L' O R. A JM-
L'Oranger ell fans contredit le plus beau de tous les
GB R. arbres de fleur : fon bois uni , fes grandes feuil-
fa tige droite ,
On met â les luifantes , fes belles fleurs , fes fruits exquis , fa tête regu-
Trianon des
Orangers dans lierç &
d'un trés-beau verd j tout en eft admirable i l'on en
des fcaui gar- diflinguc de plufleurs fortes , comme le Citronier ou Balotin ,
nis de fer ,
<^ue

l'on enfonce Limier ou Limonier , le Bigaradier , le Cédrat , le Riche-


le
en terre , ce
, le Poncyre
dépoiiille le Pomier d'Adam ,1a Bergamotte,
,

qui les fait


l'Oranger delà Chine 6cc leurs difFe'rences font peu confî-
,
croire plantés
en pleine ter- derables : elles ne confiftent qu'en ce que les uns font des ar-
re. Il y en a bres de tige , & les autres des nains ou buiflbns , ou parce que
non- feulement
le fruit des uns efl: doux & celui des autres plus aigre j ils con-
,
en bniflons y

dans le par- fervent tous leur beau feuillage l'on feroit trop heureux
,

terre du petit
aux environs de Paris , où le Jardinage efl: fort en règne fl ,
Jardin duRoi
mais encore l'on en pouvoit mettre en pleine terre, pour former des allées
en paîiffades ,
qui couvrent
& des bofquets i il s'en voit ainfl en Efpagne , en Portugal
les murs. On
en Italie & dans quelques-unes de nos ^ Provinces ou le degré
les retire l'Hi- de chaleur efl: allés confidérable, pour les exempter d'être
ver pour les
renferme's l'Hy ver , comme l'on efl: obligé de faire ici. Les
ferrer avec les
autres caiffes. Orangers viennent de Pépins renfermés dans le cœur du
+ La Proven- fruit ils
font d'une très-grande
: durée.
ce & le Lan-
guedoc.
Le Grenadier n'cit pas à comparer à l'Oranger en
L B G R. B- toutes manières fon feiiillage eft petit , longuet & ne ie con-
, ,

>J A D I B K.
ferve pas l'Hy ver j la tête &; la tige enfontalTés belles d'une ,
^''llyaàVer-
liiîles des O- écorce blanchâtre & peu unie j les fleurs font d'un rouge très-
rangers .qui ;vif. On en compte principalement de deux efpeces celui à ,
ont prfes de
2.00 ansj com-
fruit, ôc celui à fleur , qui eft le plus eftimé quand il eft pana-
me le gratid ché il eft plus délicat que l'autre , & fe ferre dans l'Hy ver ^
:

Loiiis les
,
mais le Grenadier à fruit eft afles vigoureux pour refifter en
Bourbons &c.
qiai font enco- pleine terre l'on fait beaucoup de cas des Grenades ces ar-
: :

re îrès-vigou- bres fe multiplient de jettons & de marcottes-


reui.
Lfi MYMHfl.
Le Myrthe n'cft regardé en France que comme un
arbrifleau; il s'en élevé peu d'afles forts pour former un ar-
bre cependant il y en a d'une belle tige fa feuille eft d'un
: :

verd très-luifant , fes fle-«rs font blanches à peu près comme


r Aubépine , fon bois eft grifâtre^ fort uni , il a un mérite au-
LA P RA TIQ^UE DU J ARDÎNAGE. 115
deffus de tous les autres , qui efl que Tes feuilles fcntent une
odeur fort agréable mais il eft le plus délicat de tous les ar-
,

bres , fans excepter l'Oranger. On en diflingue de cinq ou


lîx fortes le Myrthe commun , le double le panaché
, le , ,

Myrthe à cent feuilles , le Myrthe de la grande & de la petite


efpece. Ils s'élèvent tous en caife & gardent toujours leur
feiiillage. Le Myrthe fe perpétue de graine > de jcctons de ,

marcottes & aufli de boutures.


Le L aur I er effc un fort bel Arbre & le plus varié de t e L a

tous dans les Cui efpeces que l'on en connoît. 11 yen a qui con- « i * ^*

fervent leur verdure commele Laurier franc , le Laurier-thim,


le Laurier-cerifc &
celui d'Alexandrie, qui peuvent toujours
refter en terre principalement les deux derniers d'autres
, :

qui fe dépouillent à demi , comme les Lauriers- rofes rouges


& blancs , &
celui à fleur double , qui font affés tendres à la
gelée pour demander à être ferrés. On élevé dans des caifFes
les Lauriers francs &
les Lauriers-thim prefque toujours en
âfrbres de tige le Laurier-cerife s'emploie aux paliffades ,
: &
celui d'Alexandrie fe tond en boule pour remplir une plate-
bande leurs feuilles font d'un beau verd-luifant ,
: fentenc &
un goût aromatique , particulièrement celles du Laurier franc:
leur fleur eft d'un blanc jaunâtre , d'une odeur trés-forte i &
celle du Laurier d'Alexandrie vient en grapes , &le Laurier-
thim fleurit deux fois l'année, A l'égard des Lauriers-rofes
6c de ceux à fleur double , on les élevé en grofles touflPes for-
tantes de la caille , leur feuille ne fent rien èc n'efl: pas d'un fi

beau verd que les autres leur fleur reifemble à larofe com-
:

mune. Le bois des Lauriers eft un peu grifatre & fort uni. En
gênerai les Lauriers fe multiplient de boutures jdc jeitons dc
de marcottes. Ils durent fort long-tems.
Le Jasmin eft un Arbrifleau des plus agréables êc ls Jasmïm.
dés plus variés dans en eft verd &: fort ra*
les fleurs : le bois
meux i la feuille très mignone d'un verd clair , les fleurs ,

blanches, d'autres jaunes , Se quelques-unes mêlées de rou-


ge il y en a de plufleurs fortes. Le Jafmin commun , celui
:

d'Efpagne , de Virginie , des Indes , & le Jafmin-jonquille j


les plus beaux pour les fleurs&la tige font ceux d'Efpagne&de
Virginie , qui craignant le froid , fe ferrent l'Hyver & gar-
dent lu^tt feuille. Pour le Jafniin-jonquille , il refte en pleine
ij6 TROISIFME P ARTIE, Ch a p. V,
terre, ainfi que le commmi^u'on emploie aux paliflades 3î
pour couvrir des berceaux de en tom^
treillage i les feiiilles
bent l'Hy ver. On a de l'efpece du Jafmin commun jon- &
quille par les boutures les marcottes &
pour les autres ils le ,:

grefFent fur du commun.


1b RojiïR. Nous avons de RoÇer le ^Commun
plufieurs efpeccs de ,

le panaché , celui d'Hollandeou à loo femlles^, le Rofier


de Virginie , de Gueldres Mufcatsou de Damas , & le Ror
,

lier de tous les mois. Les plus beaux de ces Rofiers font ceux
à cent feuilles yle$ panachés &; ceux de tous les mois , apellés
,ainfi , parcequlls fleuriffent 7 à 8 mois de V.innée.} le bois en

,eft verd & fort garni de piquants , la feuille oblongue raïée ,

^ dentelée , les fleurs agréables par leur fenteur , ordinaire-


ment rouges ^ hors .celles de Gueldres ôc Muicates qui font
blancjhes
, ne différent que parce qu*elles font dou-
les autres
bles ou panachées ; tous les Rofiers fe dépouillent j mais ils
font afles vigoureux pour demeurer en pleine terre on les :

€leve en ,arbrifleaux , en banquettes & l'on s'en fert pour


couvrir des treillages. Les boutures & les marcottes en don«
nent tant que l'on veut.
ItaAs. L £ L A s rend une odeur fort agréable & trés-douce
I

il a le bois blanc , la feuille longue de pointue , Ôc les fleurs ,

difpofées en longues grapes , de couleur bleuâtre ou blan-


jchâtre nous en avons deux différents , le Lilas commun &
:

celui de Perfe j qui perdent leurs verdures dans le froid , mais


refl:ent toujours en place. Le Lilas de Perfe ne vient pas fi
haut que le commun il ell plus mignon dans fa feuille & dans
: ,

fes fleurs il fert d'arbriiTeau dans les parterres.


: Les jettons
que les Lilas pouflent à leur pied =enp.erpetuënc refpeGe.
la^îBKmr. Les Genests font encore des arbriffeaux trés.agréa-
,

bles dans un parterre , fur to,ut celui d'Efpagne


bien diffé-,

rent du Geneff-jonquille . leur bois forme des verges longues


xoutes vertes , femblablesau Jonc haut ôi : Elles s'élèvent
fans beaucoup de feuilles , leurs fleurs font grandes , de cou-
leur jaune .doré , odoriférantes j ils le perpétuent feulement
de graine.
i^AirsiA L'A L THE' A FRVTEx , qui figm€e un Arbriffeau , s'a-
faGvi^u-V^^^^ auffi Guimauve Roïale-i on l'emploie dans les places-
jTÊ KoïAn, bandes j ibn bois eft jaunâtre^ fes feuilles reffemblent à celles

de
'
LA PRATIQUE DU JARDINAGE n-j
de la vigne, en forme de clochettes, tantôt
les fleurs font
Manches , tantôt couleur de chair 5 ilfe dépouille & ne fort
point de terre , on l'élevé ordinairement de graine.
Le Chevre-feuille eft fort commun, c'eft cepen- CMErRc
dant l'Arbriffeau qui fent l'odeur la plus fuave , il fe tient fi cap^is»-
haut & lî bas que l'on veut) puifqu'on s'en fert à couvrir des mum,
berceaux , des murs , & à former des boules dans les par-
terres i il y en a une efpece qu'on apelle Romain , qui eftplus
vif en couleur , & d'une feiiille plus déliée. Son bois eft rou-
geâtre , de nature à être palifle , fes feuilles font rondes ôc
blanchâtres , fes fleurs difpofées en tuïauxde couleur blanche
tirant fur le jaune & le rouge. Sa feuille tombe l'Hy ver , pen-
dant lequel il demeure en terre j il produit beaucoup de jet-
tons.
Le Seringal eft un d'une odeur afles bonne
arbufl:e SfiRtH--
°*'*
mais très- forte 5 fon bois eft rouge, fes fleurs blanches , fa
feiiille petite & pointue , d'un verd brun j il refte en place &
^erd tous les ans fa feuille , on s'en fert à cacher des murs ôc
a former des buiffons j il fe marcotte aifément.
Le T r o e s n e eft le moindre de tous ces arbriffeaux on en ^« Troe»-!
:

fait pourtant des boules &


des paliflkdes aflTés belles. Il a le bois tr^vn!
blanc &
uni , les feuilles oblongues , étroites &
d'un verd
pâle , les fleurs blanches qui ont peu d'odeur. Cet ArbrifTeau
s'élève de graine ainfl que de marcottes.
Le Cyt I su s eft auflî apellé Trifolmm , à caufe de fes Cm&v»
^
feuilles rangées trois à trois , ôc relTemblantes au Treffle j elles ^
font petites , rondes &
d'un verd agréable Le bois en eft
:

rougeâtre la fleur jaune , il ne fort point de terre , mais il


,

quitte fa feuille ainfl que le Troëfne ilfert uniquement dans


,

les parterres , & vient de marcottes & de jettons.


Le Romarin eft robufte , & fe met tant en caifles qu'en Roma-ï
pleine terre , il ne fe dégarnit point l'Hy ver Son bois eft ^'^"v
:

grifâtre & garni de petites feuilles longues ôc étroites , d'un


verd brun pardefllis ôc blanc par deflbus , elles Tentent un goût
aromatique, fes fleurs tirent fur le bleu pâle d'on en marcotte
l'on en feme.
Le Co lut e a eft un petit Arbufte très- agréable pour fes le coi»-
belles fleurs de couleur de pourpre i il ne s'élève pas bien
haut Son verd eft pâle , fa feuille petite & en ombelle comme
:

Le
TîlOîSIE'ME P ARTï^m
ttîAP. V.
eeile de l'Acacia j elk ne tombe point THyver dans la rerréi
fon bois ell d'un verd mêlé de rouge fa forme eft pyrami- ,

dale , il produit de grolTes coifes qui en renferment graine. k


L'Arbre L'Arbre DE Jude'e eft fort recherché par raport à
ôi^oljvnïs
^^^^^^ rouges, il vient affés haut très -gros : Son &
bois ell rougeâtre , &
fa feiiille relTemble à celle de l'Abrico-
tier : Il refifte fort bien en pleine terre , mais fes feuilles tom-
bent 5 il fe multiplie de graine &
de marcottes.
Lh Bague- B A G UE N A u D I ER monte alTés , néanmoins il fe
NAUoiER. peut tondre en boule: Son bois eft clair , fes feuilles font
petites rondes & d'un verd blanchâtre , fes fleurs jaunes
,

fes fruits nommés Baguenaudes , font d'une couleur verdâtre

èc font creux ,de manière qu'en les crevant ils font quelque
bruit il fe dépouille & refte en pleine terre ortie marcotte :

ordinairement.
Lb lentis* '
Le L EN n sque eft tantôt grand , tantôt petit , cepen^-
dant prefque toujours Arbriffeau Sons bois eft grifâcre , fes
:

feuilles relfemblent à celles du Myrthe , toujours vertes ôC


d'une odeur ailés forte , les fleurs éc les fruits en font rou ges^
& drfpofées en gfapes il eft trop tendre pour fuporter en
:

pleine terre les rigueurs de l'HyTer. Il fe multiplie de mar-


cottes & de jet tons,
L' Am omum eft un Arbufte agréable le bois en eft brun :
ou^'s o l"
la feiiille longue d'un verd noir , la fleur blanche , les fruits
rouges & ronds comme des Cerifes , il garde fes feuilles & fes
fruits dans la ferre , &ne fe dépouille qu' au Printemps. On
en a de l'efpece par le moïen de la graine.
Le Léo Kir- L E L E o NU R u S ne s'éleve pas bienhaut il a le bois gri- :

XV S;
fâtrcj la feiiille longue , étroite la fleur rouge , il fe dépoiiille
,

& eft alfés délicat pour vouloir être ferré l'Hy ver il croît de :

boutures & de marcottes.


L'Emrrus. L'ëme ru s a les fleurs jaunes , le bois verdâtre la feiiille ,

•U Sytom.
CACA.
à peu près comme le Jafmin commun du même verd i il &
fbrmp des boules qui reftent en terre &
fe dégarniiTent l'Hy-
ver. Les jettons &
marcottes en dannent de l'efpece.
La BinssoM Le Buisson-ar-dent eft un ArbrilTeau qui ne vient
A
°"
f*^^
^^^^ haut Son bois eft net ôc garni de piquants , fa feiiille
:
p I
*
T A.
" eft à peu prés comme celle du poirier. Ses fruits rouges qui
fubfiltent ea Hy ver , & qui le font paroître de loin comme
,

LA PRATîQtTË t)U JARDINAGE, iïs»


plein de fea , l'ont fait nommer Buiflbn ardent : c'eft dans fes
fruits que l'on trouve fa graine.
La plupart de ArbriHeaux ont encore d'autres efpeces
ces
du même nom , étant d'une grande famille 3 tels font le So-
lanum, le Colutea, le Cytifus, &c. On a feulement marqué
ici les efpeces que l'on trouve le plus facilement, & qui em-
béliffenn davantage les Jardins.
y a encore certains ArbrifTeaux étrangers qui fleuriflent,
Il
&dont la culture eft fort difficile 5 comme ils fervent peu à
l'ornement; de nos Jardins , &
que les Curieux les recherchent
plutôt par raport à leur rareté &
à la Botanique , qu'à une
vraye beauté , nous les pafferons fous iîlence.
Il eft quellion maintenant de donner la méthode d'élever
tous ces Arbres , foit de graine , de marcottes , de boutures
Se de jettons , ou bien de les choifir tout grands , avec la ma-
nière de les planter &
de les grefFer.
On élevé en France l'Oranger de graine ou de pépin,
comme auffid'Arbres envoyés des Pays chauds.
Pour les élever de pépin
, on prend la graine des Oranges
les plus mures &
les plus belles j on la fcme au mois de Mars
dans de longues caiflcs ou dans des pots remplis de terre pré-
parée j dont on trouvera la compofition dans le Chapitre fui-
vant. On met ces pépins de trois doigts avant dans cette terre
& à trois pouces de diftance l'un de l'autre Quand il en levé
:

trop , on les épluche , en arrachant les plus prelTés , afin que


les autres profitent davantage Ces pépins au bout de deux
:

ans, forment des Sauvageons , qui font bons à replanter fé-


parément dans des pots de terre , &
au bout de 5 ou 6 ans fe
peuvent grefFer: On fupofe qu'on aura le foin de les labou-
rer fou vent , de les nétoyer des mauvaifes herbes , 6c de les
arroferde tems en tems j comme auffi d'enfoncer les pots ou
ils font , dans des couches chaudes pour les avancer. L'Hyver

on retire de terre ces pots &


on les porte dans la ferre.
L'autre manière d'élever les Orangers va bien plus vite ea
France j les Arbres qu'on envoyé de Gènes , de Lilbonne &
de Provence ayant déjà plufieurs années , il ne s'agir plus que
de les fçavoir bien choifir. Ces Arbres arrivent ordinairement
dans les mois de Mars, Avril & May , les uns fans motte ôc
fans tête , les autres enmotés &
garnis de branches de &
E e ij
TROISIE'ME PARTIE, Chap. V.
feuilles , en font envelopées , crainte des gelées
les racines
blanches fréquentes dans cette, faifon.
&
Aux Orangers étetés fans motte l'on ehoifît la tige la
plus droite & la plus élevée
qu'il fe peut , fans s'arrêter à la
groffeur qui vient dans la fuite. Les racines en doivent être
bien conïervées fans écorchure dans le tranfport, un peu
fermes & d'un verd jaunâtre , qui ne tire point far le noir ou

le jafpé , qui eft une très-méchante marque de leur état pré-


fent , & très-afTurée
de leur prochaine mort. On en coupera
l'extrémité pour connoitre fi elles ne font point trop feches
ni trop humides. Après cela l'on racourcit toutes leurs racines
& on les met tremper quelques heures avant que de les plan-
ter dans de grands pots que l'on enterrera entièrement dans
,

une couche , pour faciliter leur reprife. Ils referont là pen~


dant l'année , jufqu'à ce qu'on les ferre l'Hy ver > & le Prin-
tems fuivant on les replantera dans des caiffes proportionnées
à leur grofTcur , fans rien couper de leur motte i on les cultive
cnfuite comme les autres Orangers.
Il eft certain que les Arbres enmottés , garnis de branches
& de feuilles font à préférer > pourvu que cette motte de
terre qui couvre leurs racines foit naturelle j en remuant on
peu on s*aperçoit fi elle cft fuposée , car la terre
la tige ,

apliquée tombe promptemcnt j on les prendra toujours


d'une tige droite élevée , & &
d'un choix de branches à for-
mer un jour une tête bien ronde les racines qui excédent la
:

motte & les branches feront d\in verd jaunâtre ^ l'écorce


d'un humide ternperé &
plein de feve i les feuilles doivent
être fermes, caflantes & relevées, c'eftune marque de vi-
gueur 5 quand on les voudra planter , on rafraîchira les raci-
nes qui excédent la motte , l'on ôtera les petites branches
' confufes , &
l'on racourcira les grolTes qui font mal placées^
ou quatre pouces du
j.ufqu'à trois corps de l'Arbre , pour les
obliger à poufler de nouveaux j ets vigoureux 6c mieux placés >
cnfuite l'on trempe la motte un moment dans Teau , & après
l'avoir laifie égouter on plantera l'Arbre dans une cailTe
,

convenable à fa grolfeur , de la même manière que l'on ren-


cailTe les vieux Orangers. On le placera dans un lieu aëré>.
Mis peu exposé au SoleiL
. Il y a de certains. Orangers à qui Tonne demande point de
,

tige
LA PRATIQUE DU JARDINAGE,
comme leji nains, ceux en buifTons, ôc les petits
m
Orangers
de la Chine 5 cependant l'Oranger de tigeell toujours le plus
noble èc le plus beau. Il ne faut pas prendre tous Arbres gref-
fés j les Sauvageons connus parleurs piquants deviennent fou-
vent plus beaux , font toujours plus vigoureux & plus élevés
que les Orangers greffés j leur défaut eft d'être d'une verdure
plus jaunâtre que les autres , & de raporter peu de fleurs
par confequcntpeu de fruit. On choifïra auiîî pour la variété
quelques Citroniers & Limoniers , qui fe connoiflcnt à la
feuille , où il manque un petit cœur au bout , comme l'on
en voit aux autres Orangers.
Venons à la manière de grefFer ces Arbres à laquelle on ,

eft indifpenfablement obligé > les Sauvageons fans cette opé-


ration , ne raporteroient jamais beaucoup de fruit, ni quan-
tité de belles fleurs , femblables en cela aux autres Arbres
fruitiers , qui ne produifent jamais de gros fruits & exquis >
s'ils ne font greffés des meilleures efpeces.

On grefFe ordinairement un Oranger fur un Oranger , un


Citronier , fur un Citronier On peut grefFer encore un Ci-
:

tronier , un Limonier fur un Oranger , mais cela ne réûiîîc


jamais fî bien & fait fou vent a^vorter un arbre. Cette grefFe
,

fe fait en écufTon ou en aproche qui font fî généralement


,

(Connues qu'on n'en devroit point parler ici 3 mais comme il


,

faut écrire pour tout le monde , & qu'il y a quelques petites


diflPerences dans la difpofîtion de l'ecufTon , nous la donne-
rons plus fuccintement qu'il fera poffible.
le
On apelle fujet ou franc , le Sauvageon fur lequel on aplique Par le raoyea
la greffe , &
l'on apelle greffe ou rameau , la. branche de l' Ar- Rameau &
'
bre dont on veut avoir de l'efpece j l'écuffon eft une pièce en- fe œ^-
levée furl'écorce de la branche en forme de triangle , dont munique ks
le nom vient d'un écuffon d'armoirie , avec lequel il a quelque jj*
^^^^^^^
reifemblânce. L'aproche ne s'apelle ainfi que parce que l'on rares d'un
, ,

aproche un arbre d'un autre pour l'y pouvoir greffer. Royaume à


L'inflrument avec lequel on greffe , nommé greffoir , efl ll'^onnc
pc'ur
couteau pointu à manche d'y voire , dont le bout qui ex- taire par l'a-
cede la lame eft aplati en forme d'une fpatule de Chirur- p^^o^i^f C^efë -
-t une des plu»-
gieri' ^=11" inven-
^ ,

Pour greffer en écuffon , on coupe fur un Oranger , des ra-


S^iwiturs^
meaux de l'année dernière ou il fe trouve de bons y eux formés
Le iij
iii TROISIFME PARTIE, Chap. V.
au Printems , & l'on en ôtc toutes les feuilles. Il ne faut qu'un
œil à chaque grefFe , ainQ l'on en peut prendre plufieurs fur
une même branche. L'on commence à tailler fur le rameau ,
l'écufTon en forme de triangle & Ton ménage dans le milieu
,

l'œil & fa petite branche. L'on enlevé proprement cet écuf-


fon , avec le couteau du greffoir , & on laifle à l'endroit de
l'œil un peu plus d'e'paifleur de bois que dans le refte enfuite ;

l'on choifit fur le Sauvageon apellé le fujet à grefFer, un endroit


uni entre deux yeux 5 on fait une ineifionen travers , & l'au-
tre en long qui fe rejoignent de la longueur environ d'un
,

pouce £c demi , 6i de l'épaiifeur feulement de la peau ou l'é-


On met deux corce de l'arbre 3 l'éculTon étant tout prêt , & le tenant dans

«iSm'ême^tH
bouchc par le bout de la petite branche , l'on détache avee
gc des deux le manche du greffoir la peau de l'incifion faite fur le Sauva-
côtés , qu'une ^eon 6c l'ou v fait entrer l'écuffon par la pointe , en forte
même ligatii- *^ j-i , t i • a j
t i> / /•
i

re peut cou- ïl S y cole bien cC que les cotes de i ecorce ie recouvrent


,

vrir, afin que entièrement hors l'œil cela fait


i pi-encsde la grolTe filafTe
,

l'un man-
fi
j^j. j-^j. ^^^^ enfemble , bien ferré & le plus proprement
^
que l'auttc y ^
, r —r a- rr i« r-S
en laillant toujours palier i œil. On coupe un
i -i
fupiéc. qn il le peut ,

mois après cette filafTe , fans cependant l'ôter afin de donner ,

c'cft une
pafl"ao;e libre à la feve , qui fans cela poufferoit des iecs
choLe admi- r b j/r jl"'/r
rabie que la lauvagcons au-delious de 1 eculion tfop relierre,
(T '

fevc foit con-


Cette pratique efl: ordinaire dans tous les arbres que l'on
'
fer'dans ur greffe j uiais dans les Orangers , il y a une circonflance con-

corps écran- lidcrable , c'eft le renverfement de l'éculTon i c'eft-à-dire ,


^ que cet éculTon doit avoir la pointe en enhaut , en obfervant
produire ac T f ^ .

fonefpcce, en quaud OU le taulc que 1 œil le trouve toujours dans la même


,

abandonnant f^tuation , le bouton & le jet dreffé vers le ciel j l'incifion fur le
qVeîirnour- fujctdoit auffi être coupée difFéremment, fçavoir la fente de
liffoir depuis travcrs , en bas comme un , x
renversé , à caufe de l'eau qui
qadqacsan-
g^j-j-eroit plus aifénicnt par la grande ouverture large qui

d'ordinaire aux arbres fe fait en haut , & qu'on fera fur les
Orangers pour cette raifon par le bas. Cette eau pour peu
qu'elle pénétre devient mortelle à la greffe.
On greffe en écuflon dans le mois de May à œil pouffant,
c'efl-à-dire dans la feve , alors on racourcit fur le champ la
,

bi^anche du fujet à trois pouces prés de l'écuffon , afin que la


feve s'y porte toute entière, &
le faife pouffer plusprompte-
ment On greffe encore en écuifon dans les mois de Juillet j
:
LA PRATIQJJE DU JARDINAGE. 225
Août & Sepcembre à œil dormant, èc l'on ne coupe point fur
lechamp la branche du fauvageon on attend au mois de ,

May fuivant qui eft le tems de la fève.


La greffe d'un Oranger en aprochejfe fait à fordinaire Ccfîe ma-
fans aucune difFercnce j elle fe pratique également dans les
nière de gref-
fer n'eft pas
deux fèves c'eft-à-dire , dans le^ mois de M ai & d'Août. On
, ,
agréable, fai-
aproche du Sauvageon la caifTe d'un autre Oranger , dont la fant utî mé-
branche eil allés longue pour fe lier enfemble , & qui eft dif- chant effet
dans la déco-
pofée à être grefFée de cette manière L'on coupe ce Sauva^
:
ration des Jar-
geon par la tête fur laquelle l'on fait une fente pour y apli-
,
dins , par \x
proximité de
quer la branche de l'Oranger , dont on fouhaite de l'elpece :
deux caiiTes ^
cette branche s'entaille & fe fend en long par la moitié ce qui , on les doit
toujours met-
forme un bout long d'un pied environ que l'on éguife pour ,
tre à l'écart.
le faire entrer dans le milieu de l'entaille de même que l'on , Il ne faut

fait à la greffe en fente f l'on peut encore faire entrer cette point d*œil
dans rcndroiç
greffe dans l'entre-deux du bois &
del'écorce quand le fujet , de Paproche •
eft bien vieux , comme à la greffe en couronne , dont elle ne il
y en a affés

diffère qu'en ce qu'elle fe fait d'une branche aprochée. On tout du long


de la branche.
lie cette greffe avec de la groffe fîlaffe le plus ferme qu'il fe
peut pour l'entretenir contre les vents , 6c l'on couvre le tout
avec de la cire &
un peu de linge , ce qu'on apelle poupée oit.
emmailloter la gnffe , cela dure jufqu'à ce qu'elle paroiiT©
prife en pouffant vigoureufement i enfuice l'on coupe la bran-
aprochée à l'endroit dek greffe que l'on recou vre de cire
che ap
verte.
La deux manières de greffer conlîfle en
différence de ces
ce que la branche de l'arbre doit être jeune de deux ou trois
an5 pour y pouvoir greffer en écuifon au lieu que l'arbre doit
,

être fort & un peu âgé pour greffer en aproche.


Les Grenadiers les Myrthes , les Laurieres-thims & francs'i
le Romarin , l'Arbre de Judée, le Baguenaudier, le Lentifque»
fe choififTent d'un belle tige formant une tête agréable ^
bien garnie dans fa rondeur- Les branches les racines fe- &
ront d'un verd vif. Ces Arbres font ordinairement enmotés ^
à moins que l'on n'en prenne des boutures ou des marcottes.
Les Lauriers- rofes & cerifes , celui d'Alexandrie , le Buif-
fon ardent , ne veulent point de tige , leur beauté confîfle k

être trés-garnis depuis le pied jufqu'à la tête , foit qu'ils foient


eapalilTades ou en eaiffes. Il en eîtde même des Rofiers, Li-
,

TROISIEME PARTIE, Ch A p. V.
las , Genefts ,Golutea , Chevre-feùille , Romarin, Seringals

& Jafmins communs , qui ne font que des Buiflbns tondus en


boule ou en pyramide.
On choifîra l'AlteaLeonurus , le Syturidaca , le Cyti-
, le
fus , leTroëfne, l'Amomum &le Jafmin d'Efpagne avec une
petite tige d'environ deux .pieds de haut pour foutenir leur
tête. L'on fera une recherche exa£le dans leurs branches 8c
leurs racines , pour en connoître l'état prefent > & l'on obfer-
vera les mêmes chofes qu'aux Orangers , pour les planter dans
des caifTes , dans des pots ou en pleine terre.
La meilleure manière & la plus prompte d'élever tous ces
arbres , des pieds d'une nature baffe & fort
eft d'en choifir
rameufe, de les enfoncer en terre jufqu'au milieu des branches,
& d'en coucher tout autour les ramilles pour en faire des
marcottes ces mères en donnent une plus grande quantité ôC
:

en moins de tems qu'aucun autre moïen on peut fans cela ti- :

rer des jettons ou racines éclatées que les arbrifleaux pouITent


naturellement àleur pied , & que un peu
l'on a foin de lever
forts &
bien enracinés. On fait encore des marcottes de
branches que l'on couche dans la caifTe même au mois d'Avril
ou que l'on peut faire paffer dans le trou d'un pot élevé à la
Jiauteur de la branche. Il faut environ fixmois à ces marcot-
tes pour être bien reprifes. On excepte de cette méthode le
Jafmin d'Efpagne qui fe greffe toujours , le Geneft d'Efpagne
le Colutça , l'Amomum , le Piracanta ôc l'Altea ïrutex qui
ne s'élèvent ordinairement que de graine.
Il eft aisé de voir parce que l'on vient de dire , qu'il y a peu
de ces arbres qu'on foit obligé de greffer i les marcottes Ôc les
jettons redonnent fùrement des mêmes efpeces , qui comme
de bons enfans ne perdent aucune qualité de leur merc voici :

néanmoins ceux qui fe peuvent greffer.


Les Grenadiers & les Myrthes panachés fe greffent fur des
communs en écuffon ou en aproche , pour en avoir de race
panachée. Les Jafmins d' Efpagne Se de Virginie ne pouffant
point de jettons qui en perpétuent l'efpece , demandent à être
greffés fur du Jafmin commun , foit en aproche ou en écuffon,
il n'importej ne peut pas même en faire des marcottes,
l'on
hors, du Jafmin commun dont on en fait beaucoup. Pour
avancer les greffes du Jafmin d'Efpagne > il faut planter les
marcottes
LA PRAf IQUË DU JARDINAGE, itf
marcottes de Jafmin commun un an devant dans des pots
cela fait mieux reprendre la grefFe que l'on couvrira de cire. ,

, L'on choifît le fujet clair, uni, fans aucun nœud bien ,

enraciné & gros comme le petit doigt on le coupe jufqu'au ,

dernier œil d'en-bas afin que la feve étant moins diffipée al-
leurs, y paffe entièrement. LesRofiers fc peuvent encore gref-
fer; Qj-iand on veut par exemple avoir de l'efpece de celui
d'Hollande, des panachés, ou des Rofiers de tous les mois , on
grefFe de ces efpeces en éculTon fur des Rofiers communs. Lafaifonour

Il faut encore fçavoir le tems auquel ces Arbres Arbrif- & f"*trou-
féaux font en fleurs , afin d'en pouvoir profiter pour la déco- vente» âeuts,^
ration des Jardins i en les y plantânt à propos. Tout dépend
de la variété , ainfî l'on oblervera que les Arbriffeaux que l'on
plantera dans les parterres , ne foient pas feulement de diffé-
rente efpece , mais qu'ils fleurirent auiîî dans des tems difFe-
rens il en faut pour diverfifier qui portent des fleurs dans le
:

Printems , dansl'Eflé, dans l'Automne, Ôc même dans i'Hy-


ver, pendant qu'ils font ferrés.
On voit en fleur au Printems , le Laurier-Thim , celui
d'Alexandrie , le Lilas commun , le Chevre-feiiiile, le Serin-
gai , le Rofier des mois de Gueldres , celui d'Hollande à
.,

roo feuilles , le Romarin , le Trifolium , le Jafmin-jonquil-


le , leGeneft d'Efpagne , le Cytifus & le Syturidaca.
Dans l'Eflé fleuriffent, l'Oranger , le Citronier le Limier ,

èc autres efpeces le Grenadier, leMyrthe , le Laurier- franc,


,

le Laurier rofe le Troëfne , le Jafmin commun , le Colutea,


,

le Lilas de Perfe , l'Arbre de Judée , le Rofier des mois & le


Baguenaudier,
L'Automne nous prefcnte les Jafmins d'Efpagne & de Vir*
ginie , le Laurier-thira , l'Altea Frmex , les Rofiers des mois,
les Rofes-mufcates , le Buiffon-ardent , F Amomum & le Co-
lutea.
Ceux qui fleuriffent l'Hyver & qui fervent à embellir la fer-
re en formant des eftrades & des amphithéâtres , pour cou-
vrir les murs , Jafmin d'Efpagne , leLau-
font l'Oranger , le
rier-thim , le Lentifque , le Colutea , l' Amomum , le Leonu-
rus & le Myrthe panaché accompagnés de plufieurs plantes
'

vivaces & autres , comme le Piment ou Poivre-long , la Gi-


roflée , FAloës, le Geranium-trifte, le Talafpic vivace, 6cc,
E £
£-1^ TROISIEME PARTIE, Cha?. VL

mm.
CHAPITRE VI.
DELA CVLTVKE DES ORANGERS
CF* des autres ArhriJJeaux defleurs; ^vec le moïen
de rétablir les infirmes»

O revenu prefentement de Terreur où Von


de gouverner les Orangers & les
étoic fur la difficulté
autres Arbres & Arbriffeaux de fleurs , dont certaines gens
avoient fait une chimère , pour fe faire croire plus fçavants.
*\\ faut dans On éleve bien de ces Arbres ^' en Angleterre , en Hollande >
Suede & dâus Ics autrcs Païs du Nord , où le froid efl bien
Serres d4"
P^^^ g^ud & plus loug qu'cu Fraucc i ainfî il ilous efl; encore
'
comme àtT
Serres d^Hy- plus aîfé que dans ces climats , de les entretenir fans beaucoup
de peine , convaincus que nous fommes qu'une culture géné-
rale convient à toutes leurs efpeces.
Plufieurs chofes contribuent à la confervation & à l'entre-
tien des Orangers : une bonne ferre , la compofition des ter-
res , le rencaillement , l'expofition dans les Jardins , la ma-
nière de les tailler , l'arrofèment , lafaifon de les ferrer ôc
fortir , la manière de les gouverner dans la ferre , & enfin le
nioïen de lesgarantir des infedes qui leur font la guerre :

Examinons chacune de ces conditions en particulier.


LA Sbr. On peut dire certainement , qu'une bonne ferre eft la chofe
iiE DB SES la plus effentielle pour la durée des Orangers ôc des autres
Qi^ALinz. Arbres que le froid oblige de ferrer. On doit en premier lieu
l'expoferau Midy ou au Levant , & éviter de k bâtir au Cou-
chant ou au Nord parle peu de chaleur ô^les mauvais vents
,

qui viennent de ces côtés-là La grandeur de la ferre fera pro-


portionée à la quantité d'Arbres que l'on a a ferrer , enfortc
qu'ils n'y foicnt point trop entaffés : quand elle efl; un peu
élevée , l'on arange les petits Arbres entre les grands fur des
echafauds ôc des gradins de bois , cela épargne une grande
longueur de bâtiment j elle doit toujours être affés élevée
pour ne pas gcner les Arbres , foit en place , foit en les eii-
,

LA mATÏOjJE DU JARDINA ÔE.


trant ou forçant on percera la ferre dans la face la mieux
:

expofée , d'une grande porte & de pluficurs hautes fenêtres


qui donnent encrée au Soleil dans les tcms doux. Il y aura
trois chaffis l'un devant Tautre , pour empêcher le froid de pé-
nétrer par ces ouvertures j le premier en dedans , fera de pa-
pier colé des deux côtés > on metcera en dehors un contrevent
de bois , &
entre-deux un bon chaffis de vitrage , le tout fer^
mant jufte , ôc outre cela bien calfeutré avec du foin dans les
grands froids. Les murs feront conftruits folidement d'envi-
ron deux pieds 6c demi d'cpaifTeur , au moins de deux pieds
tSc le côté du Nord plus épais que les autres , comme le plus à

craindre pour gelée j ils feront tous couverts d'une natte


la
de paille. Comme
l'humidité &
le froid peuvent provenir
également de la couverture d'en haut, &
du bas ou fol de la
terre > que des côtés , on aura grand foin de bien couvrir la
ferre j un plat-fond cintré fans
fi c'ell greniers au deffus , on
garnira l'entre-deux du lambris & de la tuille, de paille de- * C'eft ce
laïée avec de la terre j s'il y a des chambres ou , des greniers
*
Jçj°"g^^^ç^^'^
on lesremplira de foin , &
l'on en fermera bien les fenêtres.
A l'égard du fol ou plancher , il doit être fort fec batu en &
recoupes ou en falpêtre , d'un pied de haut , on le tiendra un
peu élevé, oudu moinsau rés-de-chaulTée du dehors i car
quand il faut y defcendre, outre l'incommodité qui s'y trouve
pour le tranfport desOrangers,cela caufe encore de l'humidité
au pied des murs. Cette rai fon doit faire rejetter les ferres
fouterraines , comme les caveaux , d'autant qu'elles ne peuvent Serre da jar-

Les ferres adolTées contre une dinduRoi.


joiiir desraïons du Soleil.
montagne ou fous les ^ ^ voûtes d'une terralTe , 8c qui font ex-
f^y^^^
pofées au Soleil de l'autre côté , font excellentes. failles & de
Pour remédier au manque de chaleur de ces climats-ci , on Meudon.
fait un mélange de terres convenables à la nature de l'Oran- la Com?»
ger , lefquelles étant enfermées dans une caille pénétrée de,
^^J^^^^^
tous côtés de l'ardeur du Soleil acquièrent un degré de cha-
,

leur aprochant de celui que ces Arbres ont natu reliement dans
les Païs chauds oii ils relient toujours en terre.
, > si
ce k
La meilleure compofition eft un tiers de terre neuve grafle mier ecoit
& forte , fans être glaifeufe , laquelle étant remplie de fels fera moias^ coh-

poulTer de beaux jets s un tiers de* crocin de mouton bien rou tr©î
confommé pendant 3 ou 4 ans > pour donner delà chaleur à bniiam.
,

ii§ TROIS IFME PARTI E,Chaf.VÎ.


la terre,& on y mêle un
tiers de terreau de vieille couGÏiepouif
donner de la légèreté. L'onpaiïera toute cette terre à k claie
pour répierer. Ce mélange eft meilleur que celui où il entre^
beaucoup plus de drogues comme des curures de mares
,

de la fiente de pigeon -, de la poudrette , du marc dr vin &c. ,

Il eft non feulement bon pour les Orangers


, mais encore pour

tous les autres Arbres qu on encaifTe Se pour les fleurs qu on


met dans des vafes de faïance.
Li RiN- On indirpenfablement obligé de rencailTer un Oranger ;
efl:
CAI$S£M£Nr
quand la caifle qui le
renferme ne vaut plus rien , ou qu'elle,
ell trop petite pour contenir (es racines ou bien que l'Arbre
>
ne travaille pas affés vigoureufement , la terre étant ufée à
4emi ou entièrement,
y. &
par là dénuée desfels necelTaircs
il la végétation.
. ne font qu'à demi ufées , & que la caifle fois
Si les terres
encore afles bonne pour durer l'année & plus on fe conten- ,

tera pour foulager l'Oranger , de lui donner un demi rencaif-


fement c'eil- à-dire , de tirer avec k houlette tout autour
,

de la motte fans endomager les racines , les terres ufées , ôi


en remettre fur le champ de nouvelles , qu'on aura foin de
bien plomber. Mais fi les terres font entièrement ufées &c que
la caiffe foit pourrieou trop petite par raport à l'Arbre , il le
faut rencaiffer de nouveau en cette manière.
On choilira une cailTc proportionnée à la grandeur de
Le» Gaiffes
doivent êrrc
l'Arbre , faite du meilleur bois de chêne , on k
goudronera
toujours plus en dedans , & on k peindra en dehors de deux couches à
pcîitesque l'huile , foit en verd ou en jaune pourk faire durer plus long-
,
grandes afin ,

«jue relîcrraat
tems. On prépare cette nouvelle caifTe par un lit déplâtras
un peu Jes ra- mis au fond , tant pour empêcher les racines de defcendre Se
cines de I'At-
bre , fa tête fc
de percer le fonds de la caiife , que pour k
garantir de pourri-
fortifie & en ture , en donnant parla , paflage à l'eau fuperfluc des arrofe-
devienne plus mens enluite on remplit la caille à demi de terre préparée,
,
kllc.
qu'on fait plomber par un homme qui marche un moment
dedans jon jette un peu de terre- meuble par deffus, pour pou-
y
voir placer k motte de l'Oranger qu'on tire de la vieille caifTe
en k rompant de tous cotés j on retranche cette motte tout
autour èc en delTous , environ de k moitié , 6c l'on coupe les
racines & les chicots qui s'y rencontrent > crainte de k pour-
s'mrQ i vous pknterés cette motte bien dans le milieu , de k
LA PR.ATIQJJE DU JARDINAGE. 119
eaiffe & d'à-plomb pour le coup d'œil , & vous éleverés l'Ar-
,

bre trois pouces au deffus des bords de la caifle , car les arro-
fements êc les terres qui fe plomberont dans la fuite, ne le font
que trop defcendre. Cette terre fera retenue avec des plan-
ches & dofes de bois , jufqu à ce qu'elle foit afFailTe'e à niveau
de la caiffe. Il faut bien plomber les terres autour de la motte
pour affurer l'Arbre contre les vents , & faire enfuite un petit
cerne au pied de latige , pour recevoir l'eau qu'on jettera auf-
fîtôt qu'on aura planté , afin de plomber les terres & les faire
defcendre plus vite.
Le rencaiflement fe fait ordinairement au fortir delà ferre,
avant la grande pouffe , de jamais à la fin de l'Automne , à
caufe de la proximité de l'Hy ver , à moins qu'il n'y ait une
neceffité indifpcnfable.
On apelle improprement la ferre une Orangerie, l'on ne de-
, L'exposi-
vroit apeller de ce nom que l'endroit du Jardin où l'on range ns°]ARD'l«s
les caiifes pendant i'Efté de même qu'on apelle une Cerifaïe
,

une place remplis de Cerifiers. L'expofition des Orangers


dans les Jardins demande quelque intelligence , il eft certain
que s'il mal placés 6i trop expofés aux vents s'ils fe-
étoient
roicnt bien tôt gâtésj on leur doit deftiner un lieu à l'abri des

vents du Nord par le moïen de quelque bâtiment , d'un bois


,

ou d'une palilTade épaijîe ou bien de quelque mur , fans ce-


pendant leur ôterle Soleil qui leur eft lînecefTaire.
L*akran»
On range les caiffes en les alignant au cordeau , tant celles cbmeny.
qui font ifblées , que celles qui le placent dans les plates-ban-
des des parterres d'Orangerie entre les Ifs, Dans les tournans
on les rangea l'œil le mieux que l'on peut , à moins qu'on ne
les puiffe mettre far quelque centre au co rdeau , on les dreife
en mettant des tuiUes ou carreaux delTousles pieds delà caiffcs
pour les empêcher d'efoncer trop avant en terre , d'y &
pourrir l'ordinaire eft de placer une petite caiife entre deux
:

grandes pour en garnir le deffus on peut auffi pour la beau-


, :

té , entre-mêicr des pots ôc des vafes remplis d'ArbrilTeaux &


de belles fleurs de faifon on connoît le bon goût d'un jardi-
:

nier dans cette décoration , où la régularité ne doit point em-


pêcher une agréable confufion qui les fade paroître en beau-
coup plus grand nombre qu'ils ne font efFecbivement. R.E DE ÎbS
. £n taillant un Oranger > on ne doit envifager qu'une belle TAiii««.
Hiij
230 THOISIFME PARTIE, Chap. VI.*
forme, une tête fort ronde, des branches bien placées &. qui le
garnifîent également de tous côtés fans trop fe foncier de fleurs
ni de fruits , cela rend la taille des Orangers beaucoup plus faci-
le que celle des autres arbres fruitiers , où. l'on demande plus
de que de bois & l'un & l'autre enfemble. L'on taille ces
fruit ,

arbres au fortir de la ferre , un peu avant la grande pouiîe


,
-afin que les branches qui relient profitent de toute la
feve :

leur tête doit être proportionnée à la tige , à la grofleur du


pied , &
à la grandeur de la cailTe , on l'entretiendra en boule
en coupant toutes les branches pendantes & qui s'échapenc
de ce contour agréable > elle ne doit point être confufe Se trop
chargée de bois , enforte que toutes les branches en dedans
fe dilHnguent aifémenti quand un arbre a du vuide dans fa
rondeur on ravalle quelque vieille branche voifine , qui
,

dans peu pôuflera des jets qui regarniront la place , ou bien


on en confervera quelques-unes dans léur longueur , fans
rien couper pour les faire venir au bord y on s'attachera fur-
tout à monter la tige le plus haut qu'on poura , en coupatit
les étages de branches de defîbus fort prés de la tige 6c en
,

pied de biche, pour écouler les eaux on couvrira de cire verte


j

-
toutes ces plaies , cela empêche que l'ardeur du Soleil ne les
altère.
faut encore pincer
Il &
ébourgconner les Orangers dans
les deux pouffes , en ôtant avec les doigts les jets foibles , con-

On.apellc ftis"^ & mal placés i comme branches qui s'emportent


auffi les

Tou^iîions'^"
trop cnfortc qu'il ne relie qu'un feul jet
, vigoureux à &
lefqTis attir
chaquc poulTe. On ne doit pas s'embarralTer dans tous ces
rent la punai- pincemçns dc jettcr bien des fleurs à bas l'arbre s'en portera ,

mieux èc pouffera plus vivement j la trop grande quantité de


fleurs ôc de fruits fait fou vent avorter un «arbre , ainfi même
fans pincer, on eft obligé d'ôter le trop de fleurs, &denelaif-
fernoiierde fruit qu'à proportion de fa grofleur 5 ou é Oran- ,

ges fur les moindres , & une douzaine environ fur les gros j on
obfcrvera que les arbres étêtés ne doivent point être pincés
la première année , parcequ'on a befoin de toute la longeur
des branches , pour former promptement une nouvelle tête.
î^'arrose' Les Orangers veulent peu d'eau , mais donnée à propos ,
MBMT. jj y^LK mieux leur laifTer avoir un peu foif que de les noïertrop

fouvenc. On connoît le befoin qu'un arbre a d'être arrofe


LA PRATIQUE D U J A RD I N A GE 251
quand font molaiTes , qu'elles baiffentou fe fan-
fes feuilles
"*
^^^^^^
nenc , connoît
cela fe encore quand les terres fe fendent j ^0^" f!irc
mais il ne faut jamais attendre cette extrémité , ainfil'on ar- fleurir an o-
refera les Orangers une fois la femaine avec médiocrité, fcvTJ'Â^Jfj
^
*

hors dans les temsdela pouffe &


de la fleur ( qui arrivent en en foiipou-
'^ Caif-
Mai &:Tuin ) qu'on les mouillera deux fois la femaine i les Sau- ^^^'"
r ^ rr r
1
le, d un pou- 1

vageons feront arroles encore plus rarement li on les veut ce de terreau,


faire fleurir quand on entrera les Orangers dans la ferre
:
^o'^A-
^°"
&^
qu'ils y feront placés , on leur donnera Une bonne mouillure vent mais :

& abondante , tant pour raffurer la tige ébranlée dans le par ce moïc»
tranfport , que parce que cette eau fert pour tout l'Hyver :

on pourra au mois d'Avril mouiller les Arbres qui fe fannent, avorter^ unAe-
& cela quand on ouvrira les portes &
les fenêtres de la ferre»
Dès que les Orangers font fortis &; mis en place dans les Jar- Dans les
dins , il leur faut donner un amplemoûillure pareille à celle
fJn^cHcs^'
de l'entrée dans la ferre j l'on prend même des chevilles de commeàver-
fer pour percer la motte en plufieurs endroits afin que l'eau ^^'^'^s, , y s il

^ ,
. oes machines
I

I

puilie pénétrer plus avant pour raviver toutes les racinesj aans faites exprès
les grandes fécherelTes , on ne fera pas mal de mouiller la tête pour arrofcc
d'un Arbre pour la reverdir on donnera auffi un petit labour l^M-'^^"'^^*
:
Gaifies.par le

r\ u j M r J 1
tous les mois aux Orangers , hormis quand ils lonc dans la moïcn d'un
l •

* tonneau éIc-«
ferre.
Lafaifon la plus propre pou^'-entrçr les Orangers dans la !air*,*^& de**"
ferre eft à la my-Odobre quand les nuits
, &
les matinées coiu- ^eus tuyaux
mencentà devenir plus froides , & à faire craindre des gelées ^f^^^^ ^°-î'
capables de gâter ces beaux Arbres, Le tems pour les lortir lent les Caif.
^"
eft ordinairement à la my-Mai oii il n'y a plus de forces g^e-
,

lees , enlorte que les Orangers lont 7 mois enrermes ôc 5 pius commo-
dehors j c'eft la douceur du tems qui doit régler cette entrée t^e^quc de fc
& cette forcie > quelquefois quand les matinées font fraîches,
("^^l'^
«iar^o"

& fujettes à des gelées blanches , à la my-Mai , l'on attend


^^^^^
encore une huitaine &: plus à lesfortir , pour les garantir des oh lbs ssnt-
inconveniens de même que fi le temseft beau en Octobre , rs^ei 3=0^-
,

l'on retarde leur prifon de quelques jours Alors on aproche •

les Orangers de la ferre pour être pkis en état de les entrer


,

promptement au premier froid» Dans les années pluvieufes


on fortirales Orangers de mei Heure heure que dans les an-
nées feches & venteufes , ainh que dans les Jardins bas &
marécageux , on les fortiraplus tard que dans ceux q^uifons,
1^1 ^
TROîSIE'ME PARTIE, Cha p. V I.
élevés : où le vent diffipe les gelées , c'ell; à la prudence du Jar-
dinier que toutes ces chofes font remifes.
On obfervera qu'on doit toujours ferrer & fortir les Oran-
gers par un beau tems , ôc qu'auffi-tôt qu'ils font entrés dans
la ferre , l'on ne doit pas fermer les portes &: les fenêtres j mais
les laifTer ouvertes jufqu'aux premières gelées , afin que les
Orangers fortant du grand air ne foient pas renfermés iî vite i
il en eft de même pour les fortir en les accoutumant petit à
.

petit à l'air par l'ouverture des fenêtres & des portes au


,

commencement d'Avril , fans cela un contrafte fi fubit leur


feroit grand tort.
_ _ , On tranfporte les Oraneers d'une fur des moïenne force
SPORT. civières , ou lur des traîneaux portent en-
5 deux hommes les
core facilement , avec de grolTes cordes attachées à des cro-
chets qui embraffent les«4 piliers de la caiffe les grands A r- :

bres fe mettent fur des chariots bas tirés par des chevaux.
La manière de gouverner les arbres dans la ferre , regarde
AE^DE^Goo- principalement la chaleur étrangère où il faut avoir recours
AER.NHR lEs pQur empêchcr les froids excefiifs d'y pénétrer , ce qui peut
Orangers
arriver , quelque bonne que Ibit une ferre ,
*
quelque bien &
SiRRB. calreutrees que loient les portes les renetres cependant il & :

ne faut y faire du feu que le moins & le plus tard qu'on peut >
une chaleur naturelle eft toujours meilleure aux arbres. On
connoît quand il eft necelfaire d'y faire du feu , par de petits
godets pleins d'eau que l'on met en plufieurs endroits de la
ferre , furtout contre les portes &
les fenêtres On en placera ;

auffi quelques-uns fur le bord des cailfes j c'eft par ce moïeii


qu'on connoît le degré de froid fi l'eau ne fait que prendre ,

fans geler il n'y faut point de feu , mais fi elle gêie &. prend
entièrement , alors on fera du feu continuellement tant que
cela durera.
Cette chaleur doit être modérée , car le trop de feu nuijc

fort aux Orangers 5 une cha-


la difficulté confifte à trouver
leur égale & tempérée , fans caufer beaucoup de fumée qui
fait tomber les feuilles. Ordinairement on fe fert de poêles
ôc de terrines de fer où l'on met du charbon bien allumé ,
avant que de l'entrer dans la ferre , l'on place ces braziers à
l'entrée delà porte, aux bouts & au milieu des ruelles ou des
allées que forment les cailTcs 3 en prenant garde de ne les pas
mettre
LA PRATICitÎE DU JARDINAGE, 235
mettre deffous les branches de quelque Oranger qui enTeroic
dépouillé furemem d'autres condamnant l'inégalité du feu
:

de charbon qui e£k d'abord ardent , enfuite très - foible ,


, &
peut par fa fumée délTecher rhumidité de la féve , fi nécef-
îaire à la confervation des feiiillcs , employent des poêles cou-
verts appellés Poêles d'Allemagne , qui jettent la fumée en de-
hors par le moyen d'un tuyau de fonte on les entretient de oafair rare- :

bois modérément , & par l'expérience de la durée d'tme cer^ ™ent du kw


tainc quantité de boisson les renouvelle fans interruption. l!r%iXpï'
Un peut encore le lervir de lampes lulpenduës au plancher , fous des ter-
au milieu &
dans les coins de la ferre , principalement près des
'l^l^ll^^^^
portes &; des fenêtres par ou le froid vient ordinairement* aïMLdôii%T-
La chaleur qui en réfuite eft douce , continuellement égale ^f^'^
& uniforme i vous la renou vellés à l'heure jufte , fans crainte
[e'^^^roêirts'^^
tle celTation de chaleur , par l'épreuve de la durée d'une lampe qiiand tout eft
qui vous re^le de manière que vous fçavés quand elles doi- }^ "Y
^ c '

vent toutes hni-r r on mettra plus ou moins de ces lampes à grands froid*
I -1
^ C3"e dans les 1 \

proportion de la capacité de la ferre & on les élèvera un l^'^^ y ^Hu- j

peu haut , crainte que leur fumée n'endommage aucun


^lanferbc
arbre»^ defeudechar-
II que le feu des lampes eft plus égal qu€ celui du
efl certain s ciou^;
î^t 11
,^ "jp^ &à Sceaux
GiiarDon aUume mais comme on n eit point encore exempt parce que les
. ,

de la fumée les paeles d'Allemagne entretenus de bois mo- Septcs fant des
,
rea.
derémentjfembient de voir être à préférer on s'en fert prin- aecSdJ j.

€ipalement en Angleterre en Hollande en Suéde > en Alle-


, ,

magne , &;c..

On prendra garde d'aprocher fî prés des murs les Oran-^


gers ,, tant à caufe de la gelée que pour
pouvoir vifiter
, les
de tems en tems 3 on les rangera en allées tirées au cordeau

& on les élèvera fur quelque gradin ou billots de bois de peur ,

de l'humidité; Ton pourra mettre contre les murs les Gre-


nadiers» U. les Lauriers.
Dans les grandes plu y es & dégels comme le tems eft fort ,

doux on aura foin d'ouvrir quelques fenêtres cela donne


, ,

de aux arbres on pourra moiiiiier un peu ceux qui en;


l'air j-

ont befoin ainfî que les fleurs empotées qui fe peu vent fordr'
,

pendant quelques heures.


Comme l'Oranger demande naturellement beaucoup de
propreté , tant dans fes feuilles que dans fon bois il imt j

G 2:
,

2 34 TROISIEME PARTIE, Chap. VI.


'

avant que de les fortir ne'toyer avec de petites broiTes toutes


,

les branches de les feuilles , ôc en ôterle couvain despunaifes


les toiles d araignées &
les autres ordures > cela eft effentiel

pour fa confervation, ,

'

Ce n'eft pas alTez d'avoir rqraedie' au £roid èC vents qui mx


Moyen de nuîfent âux Orangers y il faut encore donner le moyen de les

t\*d^h^i^' garentir des infedes qui leur font la guerre qui les endom- &
sscrBs.
'
niagent confidérablement , tels font la punaife , les fourmis
les perce-oreilles.
Les punaifes ne font pas beaucoup de tort d'elles - mêmes
à un Oranger , fmon de le rendre mal- propre par le couvain
qu'elles font en Automne fur les branches confufes qu'elles
rencontrent en volant j ce couvain relTemble à des taches de
rouffeur , &
étant parvenu le Printems fui vant à la grolTeur
d'une lentille , il éclot , &
par là multiplie le nombre des pu-
naifes qui
j
produifentenfuite d'autres couvains. Si l'on a bien
foin de tailler le bois inutile dans la tête d'un Oranger , li &
l'on nécoye foigneufcment fes branches par tout , les punaifes
n'y feront guère d'ordures.
'Les fourmis ne font attirées fur les Orangers que par le
couvain des punaifes 3 ainfi lorfqu'on a bien foin de l'ôter , on
eft garentide la perfécution de fes infedes , c'eft le meilleur
remède: l'on peut encore lier du coton autour de la tige , ou
la froter de craïe blanche , qui ice qu'on prétend , les empê-
,

che de monter. La fourmis mange la fleur d'Orange , & fait


un amas de faleté fur les feuilles.
Les perce-oreilles font plus difficiles à détruire , ils picot-
cent toutes les feuilles. On les prend dans des cornets de pa-
pier placés i différents endroits de l'arbre j l'on met auffi de
petits vafes de tçrre , de plomb ou de fer - blanc
pleins d'eau

fous chaque pied de la cailTc pour les faire tremper dedan s


cela empêche ces infedes ainfi que les fourmis de monter le
long de la L'on voit quelquefois des vafes ronds de
caille.

deux pièces que l'on rejoint enfemble autour de la tige , de


manière que ces vafes embraient cette tige , & ne laifTent au-
cun jour entre, après l'avoir garni entre-deux de filaiTe, de
coton ou de moulTe d'arbre , on remplit d'eau ces vafes , ôc
quand k perce-oreille , qui naturellement craint l'eau , en
aproche , il s'en retourne fur fes pas fans rien endommageir
,

LWPR ATIQJJE DU JARDINAGE. 135


Les Grenadiers les Lauriers ,
, Myrches les Jafmins
les ,

&c, fe culciventd^ même que les Orangers dont l'éducation ,

peut fervir demodelle a tous les Arbres encaiffés ou empotés Cuituks


à quelc^ue petite diiFerenee près , comme on valeremar- ^^^^^"^^^
quer.
Le Grenadier demande plus de nourriture & une terre ,

plus fubftancielle que l'Oranger > on met moitié de bonne


terre neuve & moitié de terreau , & par-là on empêche fes
fleurs de tomber iî vite il veut beaucoup d'eau
j comme de
deux jours l'un , ôcveut êtrefouvent labouréi onlùi donnera
outre cela un demi-rencailTement tous les deux ans , ôc l'on
faupoudrera la fuperficie de la caiiTe > de deux ou trois pou-
ces de terreau j fa tête doit être ronde & trés-touftu ë fans ,

autre précaution pour la taille , que de pincer les branches


qui s'emportent trop.
LeMyrthe n'a rien de particulier, finon qu'il demande pltTS
d'eau 5 6c un peu plus d'attention que l'Oranger , étant beau- .

€oup plus délicat.


Les Lauriers-francs ,les Lauriers - eerïfes
&les Lauriers-
rofes ont toujours foif
, on ne leur peut jamais donner trop
d'eau j on les changera aulTidetems cn tems^de terre j tail- k
le en eft ordinaire.
Les Jafmins en gênerai demandent deux tiers de bonne ser-
re & un tiers de terreau i onceux d'Efpagne tous les an5
taille

à la fin de Mars , en coupanx toutes les branches à un œil près


de l'endroit oii ils forte nt de la tige de même qu'on fait aux
,

Ofiersî. c'eft pour les faire fortifier du pied & pouffer plus vi-
goureufement. Il veulent de l'eau ampiemént-êc fou vent.
Les Rofîers fe plaifent fort dans une terre légère & fa-
bloneufe , la culture en eH générale , excepté le Rofier de tou*
les mois., qui fleurit fept à huit fois par an ^ & qui éxige de-
certains foins, fans lelquels il ne porte qu'une fois comme
les autres! ces-foins, confident parexemple à le tailler rés-de
terre; çn- Septembre , pour avoir de nouveaux jets au Prin-
tems I on les taille encore à la fin de Mars en aproehant ces
,,

nouveaux jets jufqu'aux yeux- près- la tige y enfin on les tail-


lera après chaque pouffe , en coupant les branches au deffous
des nœuds où étoient les fleurs après qu'elles feront paffées^>
e'eil par cette quancké de taillç que i'ort. oblige ce Rofier à ,
'

. ,

G g ij
'
'-^a
^3^. TR.OISIFME P ARTIE, Chap. Y I.
fleurir toujours pour avancer cette fréquente fleuriiron , on
j

répand undoigt de terreau fur le pied deTArbre j & l'on ar-


rofe par dcflus pour en faire tomber les fels fur les racines.
Le Geneft , l'Altea , Je CheTO-feuilie-, le Trifolium ,
leSeringal , &c. demandent une terre îiatureile arrofe'e ,

fouvent & entretenue de labours j on les tond en paliiïades


£n arbriffeaux , d'autres en bouies pour le Leonurus , l'A- :

momum , le Colutca , le Lentifque , ils font plus de'licats j ils


demandent la terre des Orangers & kur propre culture.
On obfervera en taillant tous ces Arbres, & pour entretenir
leur rondeur 5 de couper le bois qui paroît ufe' & mal placé ,
ainfi que celui qui séieve au delTus de la tête & qui s'empor»
te de tous côtés. l'^r ? f >?

Ces Arbres peuvent être empotés aiféraent , c'eft-à-dire


les petits caries grands (oufFrent trop dans la contrainte de
,

leurs racines , qui fe récorvillent dans les pots & les vafesrCet
cmpotement fe fait comme le rencailTement. On garentit
ces vafes des fecouiTes du grand vent , en les arrêtant daiis
les endroits fort expofés , par des fils de fer attachés à des
piquets enfoncés rés-de terre. L'on doit arrofer les Arbres
empotés beaucoup plus fouvent que ceux qui font en cailfe j
ileft aifé d'en connoître la raifon j les pots étant de moindre
confifténce font plutôt pénétrés des raïonsdu Soleil , &par
,

conféquent let terres plutôt fechées&: mifes en maffe. On les


doit ferrer aux premières gelées avec les caifTes , fans cela la
gelée les feroit fendrct
L'expofition de tous ces Arbres fera la même que celle des
'

Orangers, cependant on en peut placer par tout i comme ils


craignent moins les mécliants ven ts , on les ferre un peu plus
tard, &
on les fort aulTi plutôt que lesOrangers. Ces Arbres fe
reffententdanslaferrejdu feu que l'on fait pour lesOrangers>
& Ton aura foin de les arrofer quand ils fe On ne
fanneront.
s*aperçoit pas qu'ils foient fujets à lapunaifeni à aucune ver^
mine , on les •nétoïera néanmoins de leur poufliere &; mal-
propreté : fvà ii^s^h
- J
Les Arbres qui refient toujours en terre , & qui font un peu
délicats , fe couvriront l'Hy ver avec de la litière , ou avec

iEsj*(n^- Il ne refte plus Hiainteoaiit après avoir parlé des Arbres


LA PRATIQUE DU JARDINA GE. m?
qui font en fanté , & qu'on fupofe tels par la bonne culture
qu'on leur a donnée, qu'à dire comment on peut remédier aux
infirmes pour les rétablir èc ramener dans leur premier état
de beauté' i c'eft ce qu'il y a déplus difficile & déplus de con-
fequence en fait d'Orangers , cela demande beaucoup de
jugement pour en bien di-ftinguer la caufe.
Les maladies des Orangers proviennent d'une raauvaife
ferre d'un rencaiiTement défedueux
, d'une terre ufée de, ,

quelques racines pourries , de trop de ieu^ dQ trop de froid ou


<le trop d eau qu ils ont enduré , d'une mauvaife taille des 5

Infectes & vermines qui les font dépouiller ou enfin des vents ,

& de la grêle qui caffent leurs branches , &: broui(rent leurs


feuilles.
Si rôt qu on voit un Oranger lan^uiffant , on doit le feparer * On apeîlc

1 '^^1 V ^ ^ju. 1' • / \ 1' L. J • • '^^^ endroit .

des autres &; le mettre a part dans un ^ heu qui loit a i abri du i-^nfirmerie.

Soleil qui pouroit brûler 6c jaunir bien-tôt la nouvelle pouffe.


,

On le laiffe-là jufqu'à ce qu'il foit rétabli entièrement, ce qui


quelquefois ne iairfe pas d'être long ces infirmes demandent
:

beaucoup plus d'attention que ceux qui font en fanté.


Il n'y a point de remède contre une mauvaife ferre fînon ,

d'en bâtir une autre pour y ferrer l'année fuivante les Oran-
gers malades à Tégard d'un rencaîffement défedueux on
: ,

ne perdra point de tems pour rencaiffer l'arbre de nouveau ,


c'eA le vrai moïen de le rétablir.
La terre eû lachofe la plus confiderable àexaminer , com-
me le fondement de toutes chofes 3 fi elle paroît ufée entière-
ment, on décaiffera l'Arbre tout à fait i mais on la croît en- fi

core afifés lionne , l'on fe contentera de lui donner un denii-


rencaiffemeiît j on regardera fes racines en le décaififant , &
s'il s'en trouve de pourries ou de mortes, on les taillera juf-

qu'âuvif enfuite , l'on retranchera moitié de la motte , en la


ierrant des côtés & du defîbus , pour l'obliger à faire de nou-
velles racines capables de rétablir fa tête.
Le trop de feu qu'on leur a fait, le froid qu'ils auront en-
duré en les fortant trop vite ou en ne les ferrant pas ailés- top,
,

la trop grande charge de bois qu'on leur a lailTé , la faleté des


branches , &la perfecution des infectes & des vermines font ,

des marques évidentes de l'ignorance de celui qui les gou- ^

¥«rixe. Tous ces accidens 3 s'ils ne dépouillent pas l'Oranger ?


238 TROISIEME PARTIE, Cs ap. VI.
font au moins mourir une partie de fes branches alors on efl :

obligé de l'écêter. Quand on en eft quitte pour quelques bran-


càes mortes ou défechëes , on les rogne courtes j ufqu au vif >
& on n'en laiÏÏe qu'a proportion du pi^d > car la charge doit
être à peu près égale à k nourriture.
On ne doit point faire de difficulté d'abattre tout d'un
coup ce qu'rl faut pour n'y pas revenir les années fuivantes
,

FArbre s'en portera mieux hc fe rétablira plus vite. Qtiand on


raprochera les branches près de la tige l'on doit tâcher de ,

referver les plus grolTes & tailler les menues , quoiqu'elles


donnent quelques feuilles ou des fleurs, jufqu'àmême dé-'
poûiller tout un Arbre pour le foulager. Lorfqu'un Oranger
languifTant pouffe des jets vigoureux jufqu'au milieu de Tes
Tieillesbranches Se proche du corps il faut ravaler ces fortes ,

de branches remplies de jets foibîes jufque-!à , pour profiter


de la vigueur de l'Arbre déclarée à cet endroit. Cesjecs font
d^abord jaunâtres & langoureux, mais ils deviendront verds,
dès que les racines £e feront fortifiées affés pour nourrir ces
nouvelles pouffes.
Onaura foin furtout de tenir Tes nouvelles branches très-
nettes de tous infectes &: ordures , d'en ôter la fleur , de n'y &
laiffer nouer aucun fruit. Qu;'efb- ce qu'on peut demander
a. des Ai-bres malades, que du bois & des feuilles ? c'efl: encore
^ beaucoup quand ils repondent a notre attente.
Pour les branches rompues par les vents & , les feuilles^
broùies par la grêle , l'on fe contentera d ôter ces feiiilies ,
& de branches rompues , c'efl: lefeul remède ileft
tailler les :

inutile de rencaiffer pourcela un Oranger qui n'a nullement


foufFert dans fes racines 3 s'il étoit ébranlé on le rafermiroit ,

en jettant de là terrefraîche dans les fentes. Une bonne ex-


pofition dans les Jardins met à l'abri d'une partie de ces. aeci-
dens.
On avertit fantfe donner patience dans le rétabliffe-
qu'i:î

înent de ces arbres infirmes j un Oranger eft quelquefois deux


ou trois ans-fans pouffer ni branches ni racines , o^uoique bien
foigné, & nouvellement reneaiffédansde bonne terre, dedans
ime caiffe qui n'efl; ni trop grande ni trop petite. Pourvu que
cet Arbre paroiffe verd dans Ça. tige & dans fes branches , il

îiefaut point ie changer : avec le tems il fortira de cette létar-


LÂ PRATIQJJE DU JARDINAGE. 13^
gie , Se poufTera après plus vigoureafemenc qu'un autre*
X^and un Oranger eft encaiffé depuis quatre ou cinq ans fans
poufferque quelques feuilles jaunâtres , il demande abfolu-
ment à changer de terre l'année enfuite , fans attendre à le
faire qu'il foit tout-à-fait malade, il fautprévenir cet accident
de crainte que l'Oranger ne fe dépouille dans l'année du ren-
caifTement félon l'ordinaire: cet ouvrage fait à propos devan-
cera la maladie future.
Les Grenadiers , Jafmins, Lauriers &
les autres Arbres ci-

>deffus nommés , n'ont point de maladie particulière qui ne fe


raporte à celles de l'Oranger , ainfion peut y apliquer tout ce
qui vient d'être dit.

On ne peut rien ajouter d'elîentiel à la culture de ces Ar-


bres j & ce Traité , quoique petit, renferme tout ce qui les
regarde 3 tâchons dans celui des fleurs qui va fuivre , de coa-:
Server la même étendue avec k même précifion.
140 TROISIEME P ARTI E , Chap. VIî.

C H A P I T R E V . I I.

DES F LE Z/K S E MPL O Y ETE^


ordinairement dans les PUtes- bandes des Parterres
itiJec la manière les ^emér ^ de les culti'ver
multiplie n
* 0 fanB^s "^TENONS aux fleurs qni garnrfTem Tes Pkres - bancfes.
Gentes , qui~
bus h&c naf-
des Parterres dans chaque faifon , & tâchons de nous
cunturin hor- tirer des erreurs & des caprices de la plupart des Fleuriftes y,
t!S , Nf.mina?
à qui ii ne manque que l'idolâtrie des ^ Orientaux^ On fçaic.
Juvenaî. Sar.
ly. verf. lo.
aiTe's que Tamour qu'ils portent à leurs oignons, eft au-delà de
tout ce qu'on en peut dire cette ardeur eft un peu ralientie-
:

* Les Anciens
preTentement en France , mais elle eft. encore très - violente;
Egyptiens a-
doioienc les dans les Pays- bas.
l-entilles , les La euriofite' en fait de fleurs , roule principalement fur les
Fèves , &
les
Tulippes , les Anémones , les Renoncules les Oreilles d'Ours
Oignons- ,

Diodpre de & les Oeillets. Les Curieux ne font guère de cas de nos au-
Siffle t li'v. r.-
tres fleurs, qui, quoique moins variées dans leurs efpeces, ne
leur cèdent en rien pour la vivacité des couleurs ,1a belle for-
me , l'odeur la durée ôc lagrement qu'elles, fourniflent aux.
,

Jardins : ce font ces^Tulippes , ces Anémones , &c^ qui leur


demandent tant de foin & tant de peine ,,pour avoir le plaifir
de les voir durer douze oru quinze jours au plus. Qi^i'on s'ima -
gine un homme myûerieux , toujours inquiet , toujours crain-
tif , qui fe relevé la nuit dans les gelées pour couvrir Tes fleurs
qui laboure , arrofe &
farcie fes Plates -bandes eontinuelie-
ment, quienpafTe les terres au crible fin , & les prépare dif-
féremment pour chaque efpece , qui fait un mémoire écrit
par ordre de plates-bandes avec les noms & portraits de
fes ,

chaque fleur , qui auffi-tot que les fleurs font paiîées., levé leurs
oignons & les ferre dans des boîtes tiroirs ehacim dans &
fa câfe & en enveloppe d'autres dans du papier, & qui par-
>

defTus tout cela garde fes fleurs comme un tréfor & n'en lailTe ,

aproeiiec
,

LA PR ATIQUE DU JARDINAGE. 241


aprocher qu'avec des yeux jaloux, on aura une idée véritable
d'un grand Fleuriftei c'eft parla que ces Curieux parviennent
à un Ci grand entêtement de leurs fleurs qu'ils ont efl;imé un ,

oignon deTulippes jufqu'à cent piflioles & plus, & même pour
rendre leurs beaux oignons uniques , ils ont fouvent la malice
d'en écrafer les caïeux.
Evitons cet égarement s'il fepeut
, & donnons des règles
, Les grands

certaines , une culture fimple oppofe'e à tous leurs grands


èc
Curieux &
les
Fleuriftes de
mi (leresjipour avoir fans tant de foin de belles fleurs de chaque profcffion ne

faifon & des plates-bandes garnies fans aucun vuide pen-


,
trouveront
pas ici Icnr
dant huit mois de l'année 5 c'eïlce qu'on doit rechercher uni- compte dans
quement dans les grands qui deviendroient fort à les rai Tons
Parterres ,

charge ôc d'un entretien continuel , s'ils demandoient autant que l^on a de


combattre
de foin que les Fleuriftes en donnent à leurs planches. Une leur doéltine
terre un peu amandée , une expofltion abriquée , un foin gê- &dans la fira-
plicité de cet-
nerai , font tout ce qu'on demande ici , cela fuffit pour faire
te culture fi

tout réiiffir. oppofée à la


On tâchera de débrouiller autant que l'on pourra cette leur.
quantité de noms bizarres donnés à la même fleur , & qui
* Traité â-
font énoncés féparément dans les * Catalogues des Fleuriftes.
nonyme des
Ces grands noms ne fervent de rien &
ne font qu'étonner pleurs , à la
,

la plupart des gens j la nature eft fi variée dans fes produc- fin Tome
z de la Quin»
tions , qu'à chaque efpece nouvelle qui fe forme , chacun fe
tiaie-
croit obligé d'y donner un nom , fouvent le fien , une petite Gulture des
vanité y contribue plus qu'une néceffité indifpenfable. Ainfi Fleurs pat
Morin.
cette quantité de noms s'accumule tous les jours parmi les Le Jardinîcr
Curieux , jufque-là qu'ils connoillent fouvent une fleur fous Flcurifle &
Hiftoriogra-
un nom , fans la connoître fous un autre.
phe.
Les proviennent de deux chofes, de plantes ou raci-
fleurs Traité de la
Bes, d'oignons 5 cependant leur origine vient de femence manière de
femer les
ou de graine: car tous les oignons & la plupart des plantes apor- Fleurs , &c.
tent de la graine , quoique la nature leur ait donné une autre
manière de fe multiplier par leurs caïeux , ou par les marcot-
tes, boutures & talles qu'on tire de leur pied , ainfi c'eft au
difcernement du Fieuriièe que font refervées toutes ces difFe-
tes productions.
On diftingue les plantes , en flbreufes ou ligamenteufes
en bulbeufes , ^ en li^neufes ou boifeufes.
H h
TRO I S IE^ME P AU TIE Cha p. VIL ,

menues ou de petits liga-


Lesfibreufes n'ont que des racines
mens , comme l'Amarante
Balfamine , dcc. , la

Les bulbeufes font des oignons compofés de plufieurs en»


Yelopes , &
peaux , comme la Talippe , la Jonquille , 6cc.
Les ligneufes ou boifeufes ont leurs racines , leurs branches
& leur tige, d'une confiftence ailés dure pour former du boisy
comme les arbres & les arbriiTeaux donc on vient de parler.
On divife les Plantes fibreufes en vivaces ou perennelles 5
& en annuelles > les plantes vivaces font celles qui eraignene
peu la gelée , &
fe eonfervent pendant quelques années , les
annuelles ne durent que l'année , leur délicateffe ne pouvant
refifter à la rigueur de l'Hy ver..
Les Fiantes bulbeufes ou les oignons ne fe diilinguent pas
en tant d'efpeces > ce nom eft emploie en gênerai pour toutes
liormis à quelques-unes , donc l'oignon elt £i fingulier qu'il
reflTemble à des pattes 6c à des griffes d'animaux c'eft delà, :

que les pattes d'Anémones les griffes de Renoncules ont &


pris leur nom.
Avant que d'entrer dans unplus grand détail touchant les
plantes & les oignons , il eft à propos de dire les différents
endroits où l'on élevé les fleurs , &
la compofition des terres
qui leur font convenables , fans obferver tout le rafinement
des Fleuriftes.
On élevé des fleurs fur des couches, fur des planches, dans
des pots & dans les plates-bandes mêmes des Parterres.
5

La plate-bande en gênerai, eft une grande longueur de


terre, étroite & bordée ordinairement de buis > dont les terres
font tenues en labour de relevées en dos-d'âne ou de carpe >
On confond ^'eft où l'oH tranfporte en motte les fleurs élevées fur les coiv-
fouvem la ches. On en a vu toutes les différences dans le Chap, des Par-
terrcs , Part. î«.-
^i«e
f are tnde
an e,
planche cft auffi une grande longueur plate étroite &
les Eicun-
£^ aucun bord que celui du fentier , les terres en font labou-
res entourcnï -
,^ a ^ , / , , • ' i

kurs plan- rces faus être relevées que de deux ou trois pouces également,
ches de bri-
,
partout au - dcffus dcs fentiersâc des allées , comme font les^
îc plate , ou planches d un Potager.
de bois ,
ne La couche cft fort différente de tout cela , elle neft conf-
voulant pas
planter du
y grande litière ou fumier de cheval entaffé pro-
^ ' •
• / r \ / i rr J
un aem$
\ ^

huis qui iéchc prement ôc tripe eniembie i on y répand par deiius


, .

1A^PR.ATIQJJE DU J ARD IN AGE. 141


|)ied d'épaiffeurde terreau , le touc monte à la hauteur de 3
^"d?
à 4 pieds au deffus de la fuperfîcie des terres» ieiir largeur eft chiea-dcnt;
de 4 à s pieds & d'une longueur proportioxince , ainfi que ils mettent

doit être celie des planches. phtras au


Les pots dont on veut parler ici font ordinairement dfi terre fond de la ter-

ïouffc
^ , ,
, & deceux de faïance qui contribuent
tre's- différents
. j ,^
_ ,. , , ,
pécher 1 oi-
a la décoration des Jardins , comme il a ete remarque aans ^^^q^ ae s*ca-
la première partie , ceux-ci fervent e'tanc remplis de bonne s
(onc^t &
de fe

terre à élever des oignons de Tulippes , d'Anémones , de


,
g^plcii oi-
Tubereufes & des fleurs de faifon , qu'on tient eu referve pour core les traî-

43ouvoir regarnir les endroits vuides des Plates-bandes on y "^^'-'^ •


,,
^ r 1 ' taupes. Quelle .

|>eut iemer des graines, mais ordinairement on aime mieux fujeccion i

lever les fleurs en motte de delFus la coucke , & les em|poter un ^


peu grandes. Ces pots fervent encore à ferrer i'Hyver îes fleurs cote des eou-
Sc les plantes qui craignent le froid.
^^^^eVon^Tel-
Avant que de planter ou de femer dans les on met
pots j ?e"fourdes
un peu de gravier ou au fond , de plâtras mais elles ne pour réeoulement
des eaux on les remplit de terre préparée , femblable à celle
;

des Orangers , &


on la plombe , afin que les bords ne s'afaif- celles-ci.
-fent pas tant on élevé la terre de deux doigts audefllis des Dans les pots
,

bords j & l'on met l'oignon avant de trois doigts £ c'efl de là un peu grands :

graine , l'on en f^me une pincée , qu'oia recouvre d'un pouce ^^^^^^^ ^
de terreau.
Pour avancer les fleurs empotées , on les enterre jufqu'au
bord dans des couches chaudes , Ôc l'on ne levé point les pots
que la fleur ne foit prête à paroître j quand elles font en place
on a foin de les mouiller plus fouventque les autres fleurs ,
qui font en pleine terre.
La terre des Plates-bandes & des planches , doit être un peu
amandée , & foncée de deux pieds de bas j fi elle eft ufée l'on ^
jj

prendra la terre neuve des allées &: iéntiers voiflns , que l'on Tuiippes ^ 'It
recomblera avec cette mauvaife terre. On palIe ces terres à la ncmoncs Re- ,

claïe pour les épierrer on les fume aufii tous les trois ans , qui
,
Jon'^u"es^e^
eft le tems que l'on tire les oignons & les pla.ntes , pour en ôter mandent un
le peuple en voiià toute la pi:eparation. On obfervera de ne P^" plus de
:

rien mettre dans les Plates-bandes que le fumier ne foit bien dans^îcuTter-
,

confommé èc bien mêlé avec la terre , ,pa,r deux ou trois la- re comme on ,

^^^'^^
boiirs -5 fans cela les oignons êc les plantes feroient bien-tôt
Liliij
244^ TROISIEME P A R TI E , Chap.VIÎ.
brûlées. Ce fumier a le tems de fe façonner depuis le mois de
Juin que l'on tire les oignons,jufqu'à ce qu'on les replante en
Septembre. L'on tiendra les Plates-bandes les Planches &
bien nettes de pierres &
de méchantes herbes , qui emportent
toute la fubftance de la terre. On les labourera fou vent , ôc
Pon faupoudrera le deiTus de terreau r cela rend les terres
plus légères.
Dans les terrains de fumier
himiides vous mettrés un tiers
de cheval , un tiers de fable & l'autre tiers , de la terre natu-
,

relle de la plate bande , afin de deflecher un peu ces terres


& les rendre plus amandées. Dans les Païs fecs vous y mé- ,

lerés deux tiers de terre fraîche ou à la place du fumier d&


, ,

Tache qui eft naturellement frais l'autre tiers fera de la terré


,

du Païs , le tout fâupoudré d'un pouce de terreau j un demi-


pied de hauteur de ce mélange , fuffit pour élever les fleurs.
Les couches font neeeffaires pour élever les graines des
plantes délicates Se qui craignent la gelée r elles font d'une
grande utilité dans un Jardin , par k terreau qu'elles produi-
lent , quifertà poudrer les Planches les Plates -bandes , & à

garnir les caifo & les pots j en un mot on ne s'en peut gueres
paffer dans tout ce que l'on plante.

Il faut tou-^
On commence à faire les couches au mois de Mars elles :

jours avoir un doivent toujours être expofées au plus grand chaud. s'il &
endroit rcfcr-
peut contre un mur ou dans une meloniere renfoncée 5 on
vé pour élever
des Fleurs fur laiffepafTer leurgrande chaleur pendant une quinzaine,avanc
souche , & en que d'y rien femer , enfuite l'on faupoudrera d'un pouce de
planches, cela
&rc de Pepi- terreau les graines que l'on y feme , & cela dans l'cfpace que
peuvent couvrir des cloches de verre: ces- cloches garantirent
les graines des froidures du Printemps , étant échauffées
du Soleil , les avancent de beaucoup : fi le froid étoit un peu
fort , on couvrira ces cloches avec de la litière.
Les couches ne durent gueres bonnes qu'une année 3 la fé-
conde , on les réchauffe , en rempliiTant les fentiers entre les
couches de bonne litière chaude > e'eft ainfi que Ton remédie
,

aux vieilles couches ou à celles qui font trop froides^


Qu'on ne s'arrête nullement à la Lune pour femer ni pour
planter on en a déjà averti': laifTons ces vifions aux bonnes
,

gens nôtre fieele efl trop éclairé pour donner dans ces cou-
,

ses. On' doit ch.oilir feulement un tems- commode x ^ difpofé


, ,

LA PRATIQUE DU JAR.DIN A GE. 245


à la pluie qui fervira à enterrer
, les graines 6c à les faire ger-
mer plûtôc.
Commençons par les plantes annuelles y c'efl-àdire qui fe
Les graines
communiquent tous les ans par leur graine ou femence, & trop dures &
diftinguons celles qui fe fement fur couche, d'avec celles qui un peu gro{- (

fes fcronc ,

fe fement en pleine terre. trempées un


Les graines fe recueillent toujours aux plantes les plus for- jour avant que
tes , &
aux pieds les plus vigoureux , & d'être fcmées^
par deffus tout cela cela les atten-"
aux fleursde la plus belle couleur j elles dégénèrent toujours drit 8c les fait

ainii on ne peut les choifîr trop bien gonfler fans


âlTés , on remarquera
:
,

cela elles fc-


que les fleurs doubles en gênerai ne grainenc jamais , excepté roient long*
r Amarante , la Rofe-d'Inde le Pied- d'Alouette , le Pavot
,
temi & le?ef

le Cryfantemon &c l'Oeillet double. Ne laifles que le maître-


brin ^ux fleurs choifies, &coupés toutes les autres tiges , afin
que la graine refervée ait toute la nourriture, ôc meurifle plus
furement^
Les graines font dans leur maturité & en état d'être cueillies
grakîc dè
quand la cofle qui les renferme efl feche & prêtre à s'ouvrir , Giroflée fcfé-
de manière que lagraine va s'envoler. On eftfûr de leur bonté «le aufÏÏtôt re-
ciieillie, afia
quand en les mettant dans un vafc plein d'eau , elks vont au que celles qui
fond. Il y en a qui le fement au Printemps , d'autres en Au- feront dou-

tomne les unes fur couche , & les autres en pleine terre j
y.
bles ,

rent avant
fe décla-

celles, que l'on attend à femer au Printemps , fe confervent l'hyvcr , & fc


l'Hyver dans des fachets pendus au plancher de quelque lieu paiffent fer-
ler pour lo
fec. Printcms
Les Plantes annuelles qui fe fement. fur couche au Prin»- fuivanîv
temps font , :

La Girofllée double. Le Tricolor blanc êc noir.


La Rofe-d'Inde.. Le Sain-Foin d'Efpagne.
L'Oeillet-d'lnde. La Balfamine panachée.
TîLa Belle-de-Nuit > ou!Mer- Le Stramomum , ou. Pomme-
du Pérou.
veille Epineufe.
L'Amarante. Le P^lma chrifii ,,ou^ Ricmus.,
Le Cryfantemon , ou grande Le Bafilic»
Pâquerette. L'Ambrette > ou Char don- be-
Le FoiubiUs on grand Lifc-
y. .nit.^^-' /vi
,
j,

ron. La Capucine ^ pii;,:CreirpB


Le Palfe- velours , ou Qneuë d'Inde. , ;
:

de Renard- '"'il
onfem^a« H<î
TROISIEME PARTIE, Châp.VÎÎ.
Printemps Lcs graïiies que l'on feme m
Printemps en pleine terré
tant fur con- c'eft -à-dlre 5 fur Planches & dans
les Plates-bandes des Par-
,

^^l'^^s , font les mêmes ^ue l'on feme en Automne il n'y :


itVa'tcs.ban!
des . les fleurs aura quc la force gele'e , ou une inondation de Rivière qui
d^Eté dcd'AM*
puiiTent retarder à les femer au commencement de Mars , car
li vaut toujours mieux le taire en Automne. L on aura fom

d'éclaircir èc de farder les fleurs fémées, quand elles font trop


drûës c'eft-à-dire , en arracher quelques-unes d'entre celles
,

qui font en place i ces fleurs font ;

Le Pied-d'Aloiiette. ! Le Âîujci^ula , ou Attrape-


^
Le Pavot double. i mouche.
Le. Talafpic annueL 1 Le Coqueiico double.
Le Soucy double. |
L'Immortellc,ouElichryfum..

Il n'y a pas tant de difficulté à femées en


e'iever les fleurs
pleine terre & en pots , que fefement fur couche ^
celles qui
îerquelies aïant environ 3 pouces de hauteur , s'accoutument
peu à peu à l'air , en élevant les cloches fur des fourchettes de
bois dans les nuits chaudes on levé tout-à-fait les cloches
:

& on les remet le matin fur les fourchettes , & cela pendant
l'efpace d'un mois 5 lorfqueles fleurs font trop ferrées fur les
L'Amiraiir coudïes ell'es ne s'élevent pâs fi bien j ainfi quand elles ont
"

^itquis un peu de force , an les replante en rang pendant un


tf'i'nde ^i?
Tricoior la tênis pluvieux , fur d'autres couchcs nouvclles , pour les hâter
,

Eaifamins, & empêcher de monter fl haut= Quand le plan efl: un peu


fieurTd'Au- fort , on doit bien moiiiller les couches. On peut en élever
tomne veulent quclques-unes fur des planches faute de fécondes couches,
être piquées
couvrc CCS cndrolts de paillafTons la nuit pendant la o-elée,
5 ou ^ fois fur r
c -1 r 1 '

les couches & on ks


. dccouvre ie joui- dans le boieil i ces couvertures iont
1

pour s'élargir foutenuës fur des fourchettes de bois , de crainte qu'elles ne


davantaee du , ^ .

pied, & ne. touchcut a ricn.


pas monter Ci £es fleiii'f S oût aflcs d'élcvation êc de-beauté un mois ou deux
après pour être cran fplantées dans les parterres j& xlans les
,

vafes , alors on les levé en motte avec la houlette , on les


l^tlll "ue^
JeVfieurs'^ont porte douccment dans -les Plates-bandes oà <orn leur.pëpaie ,

au pied les
, ^d^^rous pr^portionués à leur motte. On prendra garde en
fouffHr 'dans f^ifaut ces trous à la bêche de , fiJe point coîui'per.d'43igHon ni
le traniport dc pfentë^s^Voifi-nes , &
déplacer ces fleurs dans les intervales
6 les fait '
YuiJes qui v fout deftinls dans les Plates*band:cs.
L A PRÂTIQJIE Dtl J ARDI NA GE 147
Les Fiantes 6c racines vivaces , font :

Le Muffle-dc Lion , ou Antkî* : Oeilletsfîmpks & doubles.


rinum.
'

Campanelle , ou Clochette.
La Girofle'e jaune. Violette de Mars.
Talafpic vivace. Penfée.
Oculu^s chrifii , ou Ajler - ^m- Coquelourde.
Oreille-d'Ours.
Oeillet d'Efpagne. Phafeole , ou poids des Indes.
Mignardife. La Fleur de la Paffion , ou
Statifée. Grenadille.
Sain-foin d'Efpagne^ Marguerites, ou Plaquettes*
Hépatique, Tournefol Soleil, ou Hélio-
,

Primevers. trope., [..jl f:^

Ancolie. Jafée "des Indes,


Matricaire; Julienne fimple.-
Véronique. Julienne double > ou GirofleV
Valerienne. d'Angleterre.
Rofes-tremieresi Croix de Jerufalem > ou de
Muguet. Malthe.
Camomille. Géranium Couronné.
©eillets , ou Jacintes des Poè- Oeil - de - Bœuf , ou Buftal-
tes , autrement dits 5 Com- mon.
pagnons.-

Ces Plantes ordinairement ne viennent point de graine 3


quoiqu'on en pourroit élever quelques-unes: on fe contente
d'en élever de Marcottes , de talles , 6c auffide boutures, com-
me la Julienne , la Giroflée jaune , l'Oeillet de Poëte ôc les
Marguerites elles fe lèvent tous les ans en Automne pour les
3-

* Cela s'â-
marcotter , 6c ^ couper les talles ou le peuple qui font à leur
pelle , dét^V
pied: comme elles font trés-vigoureufes , elles fe remettent 1er KHC Plaaw
en pleine terre aulfî-tôt qu'on les a détallées.
Les Marcottes , Talles , Boutures , fleurilTent fou venr dès
la même année 5-nmis ordinairement il leur faut deux ans
pour fe fortifier 6c produire de belles fleurs 5 on les élevé iur
des planches en Pépinière , 6c même on les peut mettre tou©
d'un coup en place. L'on obiervera que les boutures mifes ea
pleine terre j feront ombragées pendant 5 ou 6 jours avec des^
î4« TROISIEME P A R TI E, Chap. VII.
paillaflbns crainte de trop de Soleil qui les faneroit 5 celles
,

qui font en pots , fe mettent à l'abri. On plante ces boutures


a trois doigts de terre, en I aillant toujours deux ou trois
yeux dehors j on les éguife en flûte par le bout qui entre en
terre.
A l'égard des talles èc racines qu'on fepare
du maître-pied
on le fait avec un couteau ou coin de bois quand elles font
trop fortes , & que la main ne fuffit pas. Il faut à chaque
talle pour être bonne à replanter , qu'il y ait un œil au
,

moins & des racines. On recouvre enfuite avec de la cire


,

d'Efpagne les grandes plaïes qu'on a faites en les fëparant.


Les Plantes bulbeuîes , c'elt-à-dire , les Oignons , font :

Les Tulippes Printanieres Sc '


Les Anémones limples èc à
tardives. peluche.
Les NarcilTes communs & dou- Les Renoncules de Tripoly.
"
blcsv- L'Iris bulbeux.
Les NarcilTes de Conftanti- Jacintes.
nople. Couronne-Impériale.
Les Jonquilles limples & dou- Martagon.
bles. Tubereufes.
Lys-flame, ou Oranger. Crocus , ou SafFran.
Lys blanc. Ciclamen.
L'Hemerocale, Baffinets , ou Boutons-d'or.
Pivoine , ou Pione.

Les meilleurs Oignons font les plus gros & les plus faîns ,
c'eft-à-dire ceux qui n'ont aucune rongure ni tache il n'y a
, j

que l'efpece inconnu ë qui en fait toute la différence le mé-

rite. On diftingue parmi les Oignons , les Tulippes comme ,

les plus confiderables , ôc ce que nous en dirons , fuffira pour


tous les autres Oignons en gênerai comme ceux de Jonquil- ,

les de NarcilTes Jacintes Lys &c. qui n'ont rien de par-


, , , ,

ticulier dans leur culture, & qui ne fe puiife raporier aux


Tulippes-
Les Tulippes fe partagent en plufieurs clafTes , en Printa-
nieres 5 en medionelles en tardives qui fe diftinguenr par ,

les faifons où elles fleuriffent , en Tulippes de couleur qui font


celles dont on recueille delà graine î èc en panachées ôc bor-
dées , qui font les plus belles. On
, ,

LA PRATIQUE DU JARDIN AGE. 14.9


On apelle Tuiippe de coiilcor , celle quimarque de plu-
fleurs couleurs pleines & nettes fans interruption ni mélan-
ge , Tuiippe panachée eft une Tuiippe de couleur qui
la
eft raïée ôc bordée de plufieurs autres couleurs qui la pana-
chent- Celle qui revient tous les ans nettement panachée , fc
nomme Tuiippe parangonnée.
Les Panachées fe diltingucnt encore en paltots en moril- ,

lons, en agates en marquetrines j il y aoucre cela les Tulip-


,

pes, afpées , les doubles, les raïées celles qu'on appelle Mon- ,

tres , Dragons , Veuves Bofuel , & de quantité d'autres ,

noms que chacun leur donne à fa fantaide comme l'Impéra- ,

trice la Triomphante
, la Junon &c. , ,

On eftime en gênerai les Tuiippes quand elles font d'une ,

couleur nette & aiicunement broûiliéesrOn


fatinée, fans être
leur demande le fond bleu Scies étamines noires ou violettes ,
les bizarres & celles qui s'éloignent le plus du jaune & du rou-
ge font les plus recherchées quelquefois elles dégénèrent :

furtout celles que l'on feme , d'autres travaillent à fe chan-


ger en mieux & c'eft ce qu'on apelle Tuiippe de hazard. On
,

met ces hazards à part pour fe reditier , 6c quelquefois ils


donnent de trés-belles Tuiippes au boutde deux ans. Les
panachées un peu brouillées fe nétoïent fouvent l'année fui-
Yante..__ -s

Les Tuiippes ordinairement durent en fleur douze ou


quinze jours,à moins qu'on n'en ait planté en différends tems,
pour en avoir plus longtems elles aiment la terre fabloneufe :

êc légère elles font fi.robuftes qu'elles ne craignent point la


; ,

Jonquil-
2:eléei néanmoins pour conferver les belles, on ne lailTe pas de
P ,
^ 1 I ' r 1 1 1 • 1
les ont cela de
leur donner quelque légère couverture dans les grands rroids, particulier

On les plante à la mi-Septembre jufqu'à la fin d'Odobre^ à 5 qu'elles veu-

pouces à peu près l'un de l'autre fuivant le cordeau, & tou , pl^J couchées
jours au Bord des-Plates bandes on les enfonce en terre envi- : en les pian-
"'^
ron % ou 4 doiçts dans des trous faits avec un plantoir arondi
110 r^-

par le bout ex non pomtu, parce que les Oignons étant pôles au
1
'
'•

pêche Poi-
g^ion de trop
fond du trou , fe trouvent uniment fur la terre ou ils fe peuvent s'aionger,^ qui

lier fans aucun vuide entre-deux , au lieu que ces trous étant ffuJ^Lesîons
creufés en pointe , lailfent en delTous des cavités capables de oignons de
Joi^q^^iies
pourrir l'oiçnon ou de retarder l'effet des fleurs 5 il y a des
,

gens qui enroncent 1 oignon a la main , qui elt une tres-me- ronds.

I i
250 TROISIEME PARTIE, Ch ap. VII.
chante pratique , car onpeut écorcher & blefler un oignon
par la rencontre de quelque pierre , ou bien en écraier le
germe. L'on mouille les oignons en tems fec quand le bou-
ton fort de la f anne , cela Êcilite la fortic des belles fleurs.
Les Tulippes fe multiplient de graines &de caïeu^x , les
graines fe prennent aux Tulippes de bonne couleur 3 il ne faut
pas laliFer grainer les panachées ni les autres belles Tulippes >
dont on doit couper les tiges après que la fleur eft paflee > loi-
gnon s'en porte mieux , & la nourriture qu'il auroit fallu pour
la tige & la graine , fert à fa confervation &à le faire groffir.
Les belles On lèvera les oignons tous les trois ans au plus tard, il y a des
Tulippes ra- Ficuriftes Qui leslcvcnt tous les ans , du moins tous les deux

tein roujours ^"^^ ^^^s le terme de trois ans elt 1 ordinaire pour toutes les
à part , fc le- fleurs. La raifon de cette levée eft , que les oignons naturelle-

rcmenrtous^"
^^^^ s'cnfonccnt d'cux-mêmes en terre , & fe perdent quel-
les ans. quefois. Si on laifToit les oignons plufieurs années fans les le-
ver , on en perdroit beaucoup & la beauté des fleurs dimi-
' nueroit au lieu que quand les oignons font replantés de tems
eh tems les fleurs fé relTentent de ces remuêmens , & d'une
,

nouvelle terre fouvent labourée famée.


La faifon la plus propre à cet ouvrage eft depuis le com-
mencement de Juin julqu'à la fin de Juillet, pendant un
tems doux & fec , quand on voit la tige & la fanne des oi-
gnons fefécher, on fe fervira de houlettes ou de déplantoirs,
pour les tirer adroitement de terre , en prenant garde de rien
couper.
Les oignons étant tirés , on les étale fur quelque plaî>
cher pendant huit à dix jours , pour fe reflLiïer de i'humidiné
des terres 5 enfuite on les met dans des fachets , dans des
boîtes , 6c encore mieux dans des paniers pour avoir plus
d'air.
On attendra jufqu*au tems convenable à replanter ces
oignons , pour les examiner , les éplucher , les nétoïer, ôc
couper julqu'au vif les endroits pourris &
rongés par les infe-
ctes 5 c'eft afin d'empêcher que les oignons ne foulFrent dans
leur dépoiiilie en le gâtant l'un contre l'autre , pour peu
,

qu'ils s'aprochent dans les paniers. Oh décache alors avec


la main les caïeux , ce qu'on apelle , fevrer un oignon de fa
mere.
,

LA PRATIQUE DU JARDINAGE. ^51


Pendant les trois ans que
oignons reftent en terre,
les
les caïeux ont le ceras de fe former & de fe fortifier , de
manière qu'une partie fait des oignons portant dés la mê-
me année 5 ceux qui ne font pas aflez fores , fe plantent
dans une planche en pépinière , qu'on cultive bien àc donc
ôn levé de tems entems quantité de fleurs portantes.
On remarquera que les oignons qui n'ont point de robe,
comme ceux de Lys , de Martagon , Hemerocale , Iris
Couronne Impériale , Crocus , &c. referont toujours en ter-
re i on les lèvera feulement pour en ôter les caïeux > ôc on
les replacera auffi-tôt.
Les pattes d'Anémone &
les griffes de Renoncule font des
cfpeces d'oignons , qui fe tirent tous les ans , à la différence
des autres qui ne fe lèvent comme I on a vû , que tous les
trois ans. Ces pattes & ces griffes , fans cette précaution ,

feroient fort expofées à pourrir & à dégénérer elles fc ,

choififfcnt comme les oignons , & fe conTérvenc de même


dans des paniers après les avoir étendues quelques jours fur
,

un plancher pour les laiffer efforer. Avant que de les re-


,

planter on les nécoïera de leur pourriture , de l'on en dé-


,

tachera les caïeux.


Les Anémones & les Renoncules demandent une terre par-
ticulière femblabie à celles des Tulippes, moitié terre-neuve ,
l'autre motié de fable & de terreau , pour compofer une
terre féche & légère j cela efl fort bon aulTi pour les belles
Jonquilles 5 tlles ont encore une fîngularité qui leur efl af-
fedée, c'eft de vouloir être toutes feules dans une place fans ,

aucune mélange d'oignons ni de plantes. On les plante dans


les mois de Septembre & d'Odobre , demême queles autres
oignons j enfuite on les faupoudre de terreau i elles ne veu-
lent gueres d'eau , ôc elles ne craignent que les fortes gelées i
pendant lefquelles on les couvrira de paillaiTons ou de grande
litière j on
tirera ks belles auffi-tôt que la fîeur fera paflée #
& que leur fanne jaunit.
Nous avons des Anémones fimples , de nuancées de ve- ,

loutées ou à peluche , de doubles , de bizarres lullrées & ,

de panachées qui font les plus belles 5 on voit pareillement


des Renoncules fmiples d'une couleur 5c de deux couleurs ,
4e doubles d'une couleur de deux couleurs & de pana-
li ij
2^2 TRO IS lE^ME PARTI E,Ch:ap. VII.
chées qu'on ellime toujours plus que les autres. Elles fe mul-
tiplient en réparant les petites pattes & griffes qui viennent
autour de la grande j 5c après les avoir detache'es , on les
plante en pépinière fur une planche de même que les caïeux>
hormis celles qui font fortes , & peuvent porter l'année fui-
vante i l'on en peut élever âuffi de graine.
La graine d'Anémone s'apelle Bourre j à caufe qu'elle
tient fi fort qu'il la faut mêler avec de la terre pour la dé-
tacher j avant que de la pouvoir femer. Celle de Renoncule
reOfembie affez à la graine de Giroflée , mais elle eft un pea
plus épailTe. On la recueille toujours aux Anémones ôc aux
Renoncules li mples de bonne couleur.
Il eft inutile de dire que les pattes
, & les griifes comme
les caïeux , confervent la qualité de l'oignon dont on les
détache 5 &; que pour en avoir de différente efpece en
quantité , l'on en élevé de graine que l'on garde jufqu'au
mois d'Aouft, pour la femer fur une planche bien préparée
Il y a des ^" manière fuivante. Uniiîez d'abord la terre avec une
gens qui fe- bagucttc , fcmez à claire- voïe vos graines & faupoudrez-les
ment dans c3e
tcrrcau 5 nc les couvrcz d'abord qu'à demi pour les re-
fcs.pourêrre tenir, ùC recommcnccs a lemer la-delius j laupoudres encore
piusfûrs delà
cette fecoude femence , jufqu'à ce qu'elle foit couverte entie-

delà graine, remeut cnvîron d un pouce d epailleur.umfles enluite la terre


avec la baguette , couvrés la planche de grande paille' légè-
rement , crainte du Soleil & arrofés par delfus. Au bouc de
,

1 5 jours ôtés cette paille fous laquelle la graine doit être le-
vée, foignés de bien farder cette planche pour tenir vos grai-
nes nettes , &
couvrés-les dans les fortes gelées de l'Hy ven
La féconde année quand les graines qui forment des pois ,
ont pouffé léur féconde fanne , Se qu'elle eft féchce , on les
tire hors de terre , on les confervc dans du fable , 6c on les
replante l'Automne fuivante fur une autre planche neuve ce ,

qui les avancera beaucoup à fleurir car il faut quatre ou cinq


,

ans au moins à ces graines , pour être en caïeu , patte griffe, &
formant un oignon portant fleurs.
Cette pratique fervira pour femer les graines de Tulippes
Narcilles Jonquilles , Jacintes &c. ainfi pour éviter les re-
, ,

dites, on reviendra à cet endroit.


Il j a de certaines fleurs qu'il efl: plus à propos d'élever de
LA PRATIQJJE DU JARDINAGE. 255
caïeux que de graines comme la Tulippe l'Anémone , la Re-
,

noncule les Narcifles , ôcc. des plantes qu'il vaut mieux auffi
,
* L'OeiîIct
marcotter ou détaller, comme l'Oeillet ,1a Julienne, l'O-
Ce marcotte
reille- dOurs , &c. elles en deviennent infiniment plus belles toujours On :

& font plus fures.Le Caïeu ou la Marcotte ne donnent qu'une le fend & i'on

couclae les
feule fleur qui tiendra toujours fans beaucoup dége'nerer , de
,
branches tout
la beauté' de la plante ou de l'oignon qui l'a engendré ainfi ,5
autour. Oiî
peut encore
c'ell; un fur moïen de conferver l'efpece des belles Tulippes
l'oëillctoa-
panache'es , des Anémones doubles à peluche des Renon-, ner.

cules doubles de deux couleurs , des juliennes doubles des ,


L'OrciHc
à 'Ours eft la
Oreilles-d'Ours panachées , ôcci au lieu qu'une plante qu'un , fleur la plus
oignon qu'on a laifTé grainer en peuvent donner une grande changeante
en couleur 8c
quantité dont la beauté eft fort incertaine le plus louvent de
, ,
Ja plus variée
niauvaifes efpeces fort à rebuter quelquefois auffi de tres-
, que nous
belles & de très- variées dans les couleurs. Ces graines don- aïons.

nent leulement des Tulippes , des Anémones & Renoncules


iimples de couleur fantaique ôc de hazards y en un mot qui
,

peuvent travailler en bien ou en mal.


On ne doit prefque referver que les fleurs panachées & les
doubles , & cjuelques (impies tant pour en avoir de la graine,
,

que parce que leur mélange fert à faire valoir la beauté des
doubles j qui font toujours plus délicates 5c plus tendres que
les- autres , & par confequent demandent un peu plus d'at-

tention.
Les fleurs en gênerai exigent de certains (oms , tant pour
les élever , que pour les multiplier. Celui de les vifiter tous les On fe fervïra

matins à la rofée , n'eft pas un des moindres j on lesnetoïe d^arrofoirs à


goulot , au
par- là des infectes qui les attaquent lur tout des limaces pu-
,
, Jicu de ceux a
naifes perce-oreilles &: toiles d'araignées, qui gâtent toutes
,
pon:\iTie per«
ces de plu-
leurs belles couleurs Elles font d'une nature trop foibie pour
:
fîeurs trous ?

y pouvoir refifter d'elles-mêmes. ils lavent


On remarquera qu'il faut arrofer les fleurs auffi-tôt qu'elles moins la tige

& les fciiiUes


font plantées & les entretenir d'eau dans la fuite 5 l'on prend d'une fleur
pour cet ouvrage le marin ou le foir , le foir vaut encore qui par fa dé-
licatelTc potir-
mieux que le matin parceque la fraîcheur s'entretient plus
,
roit être fanée
long-tems lanuit dure jufqu'au lever du Soleil les naiflantes
. auffi rôt par
demandent peu d'eau feulement pour plomber les terres en
,
le soleil. Il ne
lui faut de
les plancant j mais quand les fleurs font devenues fortes , il l'eau qu'au
leur faut beaucoup d'eau j il y a prefque toujours pour cet pied.

li ii]

I
154 TR.OISIFMEPARTIE,Chai>, VIL
effet un baffin dans les Parterres fleiirirces Se dans lesmelonie-
res où l'on élevé ies fleurs.
On doitgarentir les fleurs nouvellement plantées , de trop
de Soleil 5 ou 6 jours en couvrant avec des paillal-
pendant
fons celles qui font en pleine terre , &
mettant à l'ombre les
fleurs empottées.
^ Les Plates-bandes de fleurs veulent être fardées de tems en
tems &
trés-nettes de toutes ordures, la terre en fera tenue en
labour propre &: fou vent rafraîchi 5 dans les orages qui rava-
gent les fleurs , on aura foin de relever avec de petites baguet-
tes celles qui feront batuës & renverfées, comme auffi celles qui
font montées trop haut & font trop foibles pour fe foutenir.
Il eft abfolument neceflaire pour la beauté ôc la conferva-

tion des fleurs d'obferver ce qui fuit. Quand on s'aperçoit


,

qu'une fleuratropdc caïeux ou trop de peuples enforte que ,

les fleurs font très-petites ôc en trop grand nombre il les £auc ,

déplanter dans Tannée pour les fevrer , en détachant les


caïeux & feparant le peuple qui eft au pied , fans cela les
,

Plantes avorteroient &: periroient à la fin.


Il faut encore tâcher de n'aprocher jamais les Plates-bandes

de fleurs , fi près d'un bois , d'une grande palifîade & de hautes


allées d'Ormes ou de Ti Ilots , dont les racines délTéchent tou-
tes les terres d'alentour & les ufent entièrement. Si l'on ne peut
leur donner une autre place par raport à la fîtuaiion du ter-
rain 6c à la difpofition du
, , on fera faire tous
deifein les cinq
à ans une tranchée dans le milieu de l'allée attenant la
fix
Plate-bande , ôc l'on coupera à trois pieds de bas toutes les
racines &
les traînafifes de ces arbres car fans cela les fleurs
:

ne réuflîroient point ne feroient &


pas long- tems à mourir.
Parlons maintenant de la place convenable à toutes les
âeurs , &
des difl^erentcs décorations qu'elles forment dans
chaque faifon de l'année.
LA PR ATIC^UE Dtr JARDINAGE. 255

CHAPITRE VIII.
DE LA PLACE COMITE M J BLE
à chaque Fleur dans les Jardins , des différentes
décorations des F art erre s fuivant les Saifons.

CO MM
autres ,
E
il y a des Fleurs plus hautes les unes que les

on en a fait trois clalTes différentes j les Fleurs


de la grande efpece , celle de la moïenne , 6c les bafles ou
naines Cette diftindion eft fort nécelTaire pour ne les pas
:

mêler confufe'ment les unes avec les autres 5 car les hautes
étoufFeroienc indubitablement les bafles > & les moïenncs
en feroient altérées y ainli l'on doit aporter quelque ordre
en les plaçant dans les plates^bandes.
On prétend que la vraïe place des Fleurs efl: fixée par
rexpoiition qui leur convient le mieux, qui eft le Levant i
cependant on ne peut pas toujours leur donner cette ex-
pofition dans les parterres, dont les places font deflinées
de manière à ne pouvoir être changées par raport aux bâ-
timens. Cette obfervation n'eft, bonne que pour les petites
planches des Fleuriftes qui élèvent des fleurs rares , car
dans un grand Parterre cela devient inutiles 3 il faut que les
fleurs rcnveloppent de tous côtés Ôc viennent en différen-
tes fltuations à caufe de la fimétrie , furtout dans les décou-
pés dans les Parterres de compartiment.
Pour arranger les fleurs dans les Plates-bandes qu'on fu-'
pofeêtre bien préparées ôc bien drelTées , on tracera en gril-
le des traits en longueur de 4 à pouces de difl:ânce , re-
5
croifés par d'autres, le tout tiré au cordeau. Les Plates-
bandes de 6 pieds de large , pourront contenir 4 rangs
d'oignons de chaque côté , c'eil-à-dire , 8 en fout > mars
dans les Plates-bandes de 3 à 4 pieds , 1 rangs de chaque
côtéfuffifenr, parce qu'on y doit conferyer des places dans'
2^6 TaOISIE'ME PARTIE, Chap. VÎIÎ.
le milieu pour & les plantes t^u'on tranfporce dans
les fleurs
les faifons. On
arrange fur térire les oignons en échiquier à 4
ou 5
pouces l'un de l'autre , cnfuice on les plante dans le
même ordre.
Quand on a 4 rangs de chaque côté on peut faire les ,

deux proche-du trait de buis tout de Tulippes qui s en- ,

fonçant de leur naturel, en font empêchées par une terre


plus ferme près du buis, que dans tout le refte de la plate-
bande j les deux autres feront mêlés de Narciffes de Ja- ,

cintes. Voila les trois efpeces d'oignons de fleurs moïennes


qu'on plante dans Lorfqu'on ne peut avoir
les Parterres.
que deux rangs d'oignons , par raport au peu de largeur
de la plate-bande , il y en aura un de Tulippes & .l'autre de
Narcifles ôc de Jacinthe ou bien l'on peut mêler les oignons
,

enfemble c'efl:- à-dire une Tulippe , une NarcifTe une ja-


, , ,

cinte l'une après l'autre , ce qui ne fait pas mal. On peut


auffi mêler les fleurs de Printems 6c d'Efté pour profiter de
la place ; toujours les oignons avec les oignons &les plantes ,

avec les plantes. :

On remplit vuides du milieu des Plates-ban-


les grarîas
des 5 par le moïen des Ifs moulés des Arbriffeaux de fleur
taillés en boule , fans cependant rien gâter , car ces Arbuftes
font entretenus petits par le moïen d'une tonture fréquente.
On met encore dans ce milieu les plantes des fleurs de
, .

moïenne taille comme le Muiîlede Lion le Crifantemon


, , ,

la Rofe-d'Inde, l'Oeillet de Poë te , PAmarante , &:c. &; les


gros oignons, de Lys , de Couronne Impériale de Marta- ,

gon, &c. Il ne faut jamais mettre de plantes fur les bordu-


res qtii font refervées pour les oignons en les plantant 6c en les
labourant , on rifqueroit d'en couper beaucoup.
Ge milieu feroit auffi la vraïe place des Fleurs de la grande
efpece , comme l'on faifoit autrefois 5 mais elles font fi déf-
agréables à la vûç par leur hauteur qiu ofFufque tout un
Parterre , qu'on les en doit bannir entièrement , ainfi qu'on
afait les grands "Ifs 6c les Arbriffeaux. CesFleurs fontlaRofe-
tremiere , Pyramidale , Foluhilis , Fleur de
la Gigantine , la
la PalTion Tournefol , Capucine Phafeole , 6cc. qui de-
, ,

mandent à êtrefoûtenuës par des bâtons auiqiiels on les at-


tache. Ces grandes Fleurs conviennent mieux à couvrir des
"
murs >
,,

LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 257


murs , fe paliflTant bien contre le treillage , foit dans une
Cour ou dans un petit Jardin de ville , ou à mettre en touf-
,,

fes entre les rangs des arbres ifolez.


A
l'égard de la troifîéme efpece de Fleurs qui font les baf-
fes ou naines , elles ne font aucun effet dans les grands par-
terres , étant couvertes & étouffées par les autres elles ne fontj

propres que dans de petites plates -bandes & pièces coupées


où elles ne foient point mêlées avec les moyennes ni les hau-
tes Fleurs telles font l'Oreille-d'Ours , la Violette de Mars
:

lesMarguerites, Pensées, Baflînets, Hépatiques, Primevers,:


Ciclamen , Crocus , Mignardife , Statifée, Camomille, donc
on peut faire encore des bordures , des fentiers , des tapis &
entiers émaillez de Fleurs.
Les Anémones , les Renoncules , & les Jonquilles font du
nombre des Fleurs bafles i elles veulent auflî être feules dans
-quelque pièce coupée & tapis émaillé , ou dans les volutes
de la nailfance d'un grand parterre. On leur fera une place
vuide de tous autres oignons & plantes, elles occuperont&
entièrement la plate-bande tant dans le milieu que fur les
bords.
La Giroflée double , l'Oeillet, la Tu bereufe , fe mettent
rarement en pleine terre j elles s'élèvent bien mieux dans
des pots Se des vafes de fayance , où l'on peut auffi mettre
(des fleurs de faifon , comme des Amarantes , des Tricolor

Balfamines , &c. pour fournir dans toute Tannée.


Il eft aisé de voir, que les fleurs moyennes font les plus
recherchées, celt-à-dire, celles qui s'élèvent à un pied &;
~ demi ou deux au plus , elles marquent fort bien de loin , &
ne gâtent nullement la vûë ce font aufîî celles donc nous
:

avons un plus grand nombre.


Sans s'arrêter à nommer les fleurs qui fleuriffent dans cha-
que mois , ou à en faire de grands ^ Catalogues , où elles * uoim,
font répétées la plupart durant plus d'un mois nous les dif- , * Is Jar«lï-

tinguerons par les faifons où elles fleuri (Tent , defquelles 'P^^-"^'*^^

nous exclurons i'hy ver , comme l'ennemi le plus cruel aux


fleurs. Nous aurons donc le printems , l'eflé & l'automne & ,

ces trois faifons donneront lieuaux trois décorations de Heurs


dont on embellit les parterres pendant l'année , c'efl-à^dire ,
que les parterres changent trois fois dans une année , formant
• K s.
TROISIE''ME PARTIE, Cha p. Vm.
trois diiTérens afpeds ou fcénes de fleurs. Ainfî il y a la dé-
coration du Priiitems , la. décoration, de l'Ellé „ & celle de-
l'Automne.
La de'eoratîon du Printems eft la plus gaye & Pune des-
plus agréables aux yeux j mais elle eft de peu de dure'e par-
la délicatelTe de fes fleurs. La de'coration d'Efté eft la plus;:

riche & la plus eonfiderablc par la quantité & la divcrfité^


de fes fleurs. Celle de l'Automne eft la plus belle & la plus,
durable , quoiqu'elle foit prefque dénuée d'oignons & de:
fleurs qui croiJlent nacurellement dans les plates-bandes.-

p^r cetârti-
Ou pourroit avoir des décorations plus fréquentes par le
Êce les Par- moyeu dcs pots ,en changeant tous, les mois les. parterres
B "^^îan"^'
^ garnilTant de fleurs, empotées , que l'on: enterre dans,
çeoicnt autre- l^s platcs-bandes jufqu'au bord des pots j ce qui furprend;
ifois de fleurs & trompe
de manière , que l'on croiroit ces fleurs élevées^
^'^»l?c
ze jours.
en pleine
x
terre j. mais cela eft fort extraordinaire & d'une
grande depenle.
*onen â ^1
Y ^ encore une autre de'^eoratiô'n de fleurs qui ne re-
marqué les garde point les parterres, c'eft celle des théâtres de fleurs,,

fes fi"ufcTde
"-^^'
S confifte que dans le mélange des pots, avec les caifles ,.,

îa ic'^sc de la OU dans- l'arrangement qiie l'on en fait par fimetrie , fur desi
Partie.
gradins & eftrades de bois ou de gazon. Toutes les fleurs y
conviennent alTez' principalement l'Oeillet laTubereufe >,
l'Amarante , 4a Balfamine , le Tricolor , Se la Giroflée. Ces
gradins & ces amphithéâtres de fleurs changent félon, les fai-
fons , de même que les Parterres»,
Il ne faut point s'arrêter dans le choix des- fleurs, à leur

rareté , à leur cherté , &: à la bonne odeur qu'elles exha-


lent.. La rareté 6i la cherté ne font pas toujours ce qui rend
une fleur belle , & l'odeur n'eft pas ce qu^on doit recher-
^les Plates- cher dans les grands parterres.,, dont les plates-bandes pour-
être eftimécs belks , doivcnt être bien garnies, toute l'an-
Tuiikrie*^^
font fort bien ^sc fans interruption., ni aucun vuide l'abondance des fleurs,,
:

garnies en leur duiée , la varicté la flmétrie , le mélange émaillé de


,
îout cems^,
{-oLues fortcs de couleurs , ce font les vrayes beautez de noss
.

.
fieurs com- plates bandcs , & tout ce qu on doit lounaiter dans un.
grand Parterre.. L'on conviendra que les fleurs communes
^^'^Il"»^
d'cscmpiede marquent fouveut plus de loîn quc Ics doubles. Ainlî il faur
ce qu'ofl dit avoîr des unes & des autres des rouges& blancjhe&da-&
ici.
,

LA PRATIQUE DU JARDÎ NÂ GE 159


chaque efpeee pour faire opofidon. Si l'on a cependant quel-
ques belles fleurs rares , on les peut élever féparément dans de
petits endroits , comme pièces coupées & plates-bandes de
<iuelque petit parterre de fleurs. Venons à nos décorations 6c

-à nommer de chaque faifon.


les fleurs
Dans le Printems les oignons plantés & les graines fe-
mées en pleine-terre dans l'Automne précédente, fournirent
les plates-bandes j l'Efté d'autres oignons ôc les graines fc-
îîiées au Printems en pleine terre , &: d'autres fur couche
•que l'on tranfporte en May , fournifTent de même les Par-
terres 5 rAutorane il y a peu d'oignons , mais beaucoup de
àeurs femées fur couche &: fur planches dès le Printems
Se que l'on porte tout enmotées i dans les plates-bandes en
Juillet.
Vous aurés pour première décoration au Printems , c'eft-

i-dire pendant les mois de Mars d'Avril & de May


,
, , , peu
déplantes , mais beaucoup d'oignons , comme
Tulippes hadves de toutes I Jacintes de toutes fortes.
pîir2s'*r&
fortes. I Iris bulbeux & autres. GMPfBs.
Anémones fimples èc doubles Narciffes fimples de doubles,
à peluche
* '
Narciffes daConftandnople.
Renoncules de Tripoly. Ciclamcn printanier.

Jonquilles fimples doubles. Couronne Impériale.


Baffinets , ou Boutons d'or. Safran, ou Crocus printanier.

Greilles-d'Ours. doubles. PiAMTsssc


Racines.
Hépatiques. Primevers ou Paralyfe.
Penfées. Violettes de Mars.
Giroflées doubles. Marguerites > ou Plaquettes.
Giroflées jaunes , fimples & Muguet.

La Décoration de mois de Juin ,


l'Efté qui contient les
de Juillet & d' Août
, , eft moins abondante en oignons ,
mais
auflîelle efl trés-riche en plantes &en racines.

Tulippes tardives. j
Pivoine ou Pione.
,

Lys blancs. j
Hemerocales , ou fleurs d'un
jour, PAlTfiS.
Lys orangers 5 OU Lys-flame. j

Martagons. j
Tubereufes.
K k ij
i6o TIIOISIE'ME PARTIE, Chap. VIIL
Pï.AMTE3 & Véronique. Oeillet d'Efpagne.
i ACINES. Campanelle ou Clochette.
, ou Jacinte des Poètes,
Oeillet,
Croix de Jerufalem ou de autrement Compagnons..
Malthe. Ancolie.
Oeillets de diverfes efpeces. Matricaire.
Mignardife. Vallerienne Grecque.
Sain' Foin d'Efpagne^ Coquelico double.
Coquelourde. Camomille.
Jacée des Indes. MitfcîpuU y ou Attrape-mou-
Girol^ée jaune. e£ie.
Talafpic annuel. Cryfantemuti > ou grande Pâ-
Pavot double. querette.
Pied d'Alouette» Muifle de Lion, ou Anthiri-
Balfamines. num.
Soleil , Tournefol , ou Helio- Immortelle ou Elichryfum.
,

trope. Bafilies iimples &


Panachés.
Julienne fîmple. Oeil de Bœuf, ou Buftalmon».
Julienne double , ou Girafflée |
Statifee.
d'Angleterre.
j

L'Automne comprend les mois de Septembre d'Odobre ,

èc de Novembre il y a peu d'oignons dans fa décoration


, ,

mais quantité déplantes.


OiSNONf. Tubereufe. Ciclamen automnal.
Crocus , ou SafFran automnal.
B'lantbs 8c AjierAmcus ou Oculus chrpjH. Balfamine panachée.^
ClKiiS.
Palma chriffi , onÂkims* Stramonium, ou pomme épi-
Soucy double. neufe.
Belle-de-nuit , ou Merveille Cryfantemum ou grande
du Pérou. Paqeerette.^
Amarantes de toutes fortes. Anthirrinum , ou Muffle de
PalTe- velours , ou queue de Re- Lion.
nard. Géranium couronné.
Tricolor blanc & fîoir. Talalpic vivace.
Rofes d'Inde. Tournefol , ou Soleil vivace.
Oeillets d'Inde. Ambrette , ou Charbon bé-
Vallerienne. nît.

Quoique Ton ait exclus lafaifonderHyverpouries fleurs?


LA PRATIQ^UE DU JARDINAGE. z6t
néanmoins , comme dans les petits Jardins de ville que Ion
habite en ce tems ,on fouhaice quelque fleurs , malgré la ri-
gueur des mois de Décembre , de Janvier &
de Février , voî:-
ci celles qu'on peut avoir.

Anémones lîmples. Crocus Printanier,


Ciclamen hyvernal. NarcilTes lîmples.
Jacinte d'Hyver. Perceneige , ou Leigoyon.
Prime vers. Hépatiques. Plantes 8s
|

Il y a encore bien d'autres fortes de fleurs qui font de peu


de conféquence , & qui ne fervent qu'à embarafler l'efpric
d'un particulier , ou bien à grolFir les Livres des Fleuriftes j on
n'a mis ici que les fleurs les plus belles Ôc les plus connues d'un
chacun , afin que la culture & la recherche en foientplus ai-
fées. L'on a encore marqué les difFerens noms qu'on leur a H y a des
fleurs qu'on
donnés , pour en laiffsr une idée pks diftinde.
r\ ^ peut taire
Un • 1 i> A A r
peut avoir dans 1 Automne , des Anémones & Jes Re- fleurir piu-
1

noncules , Il on les a plantées un peu tard , & même l'on ^«i^^rao'sJe


peut dire en gênerai, qu'on eft fur d'à voir prefque d^ toutes
^ZùZrZ
les fleurs en les femant à difFerentes fois & à un mois l'une de g" quand i»
l'autre, ce qu'on peut encore obferverpour bien garnir & four-
f/j^' ^^^^
nir chaque faifon. Maïs quoiqu'on puifFe femer & planter les ic*'Muffle°Se
mêmes fleurs dans difl^erens tems pour en avoir pendant toute '

l'année, ilefl: certain qu'elles ne viennent jamais fi belles,


que dans la farfon qui leur eft afFedée. Il y a cependant quel- Giiofléc, &e,
ques fleurs , quoique de la même efpece , qui ont un génie
difFerent i car l'une eft hâtive ou printaniere , l'autre tardive
ou automnale, comme le Crocus & le Ciclamen , dont il y en
A un printanier , Ôc l'autre automnal.
Comnie il eft impoffible d'éviter quelque dégarni dans les
décorations de fleurs foit d'un oignon mort ou d'une plante
,

qui n'a pas repris , on doit avoir des referves de toutes les
fleurs , tant en pots que fur des planches , pour regarnir &:
remplacer les vuides de chaque failbn. Il n'en faut pas quan-
tité,mais c'efl:une chofe efl^entielle d'en avoir. On verroit des^
plates- bandes vuides en certains endroits fans ,
y pouvoir re-
médier de l'année , faute de cette precaution-

liN DE LA TRO IS lE'ME lAKTlB.


QUATRIEME PARTIE
QUI CONTIENT
UN TRAITE' SUCCINT
DES EAUX
ET DES FONTAINES
C HA P I TR E P R E M I E R.
DE LJ RECHERCHE DES EAVX,
des dijj'erentes manières de les conduire
dans les Jardins,

Aqn» natrix 0mm e de FEaudans les


la néceffité d'avoir
emnium Vif- Jardins eft indifpenfable, (uiyant ce que nous
guliorum ,
avons dit dans le Chapitre i^dela le Partie,
diverfes fin-
gfdis ufus ms- il ne fera pas hors de propos d'en parler dans

ce Traité , fuccinclement que le peut


le plus
permettre une matière auffi ample > qui &
demanderoit feule un Traité particulier.
Les Eaux des Fontaines &
de§ Baffins viennent ou de four-
ces naturelles , ou de machines qui élèvent les Eaux i parlons
premièrement des fources ôc de la manière de les trouver»
LA PRATIQIJE DtJ JARDINAGE. ^
zC3
Si Ton de quelque montagne ou côtean , l'on eft
eft voifin
prefque £ûr d'y trouver des £ources à moins qne ce ne foit ,

un Pays fec & fabloneuxj on examinera premièrement les


herbes qui €ou vrent la terre , û ce font des Rofeaux , Gref-
fons , Baumes fauvages , Vitez , Argentine , Joncs & autres
àerbes aquatiques y ce fera une marque alTure'e qu'il y a de
l'Eau dans ces endroits , pourvu que ces herbes y croiirem
bien d'elles-mêmes.
Vitruve Lîn-
On peut connokre les fources cachées > en fe couchant 8. Chap. t..
avant le lever du Soleil , le ventre contre terre , ayant le Le P. Kirc-
menton appuyé , &
long de la Campagne > fi
regardant le
l'on voit en quelque endroit une vapeur humide s'élever en
ondoyant > on pourra y faire fouiller.
D'autres difenc que des nuées de petites mouches , qui vo-
lent contre terre à un même endroit, font des fignes certains L'Art (îes^

qu'il y a de l' Eau , ou bien qu'on n'a qu'a enfoncer de longues Fontaines àw
P. Jean Fran»
terrieres de £er qur étant retirées > font juger de ce qui eû
,.
fois Jefuite;,
,

compris fous la terre.


On obfervera que les^ endroits oii feront ces herbes , ok &
l'on verra s'élever des vapeurs , ne foient point humides dans Pialkdîus»..

kur fuperfîeie , comme feroit un marais car il feroit inutile :

d'y faire fouiller , ces- Eaux ne provenant point de fources , &


n'étant que des amas de pluyes Ôc de neiges fondues. On a été
fort longtems trompé par certaines gens , qui prétendoient
trouver des Eaux par le moyen d'une baguette de Coudrier ^
,

apellé Dtvinaiom , qui étoit une grande abfurdité 5 cepen-


dant elle a eu , &
a encore des Sedateurs > mais en petit Vallemonr,.
Phyfi^ue. o6à-
nombre,- cuke.
Sanss'arrêter aux fentiraens des A.nciens l'expérience nous
aprend , que le feui afped du terrain fuffit pour faire connoi-
tre y a de l'eau dans un endroit ,.
s'il en examinant la fitua-
tion ôc la nature des terres,
La fituation la plus heureufepour les fources eft lamy-côte ,

commandée par beaucoup de hauteurs voiflnes , qui devien-


dra en ce cas l'égoût de toutes. les fources, eaux de piuye ôc
neiges fondues dii'persées dans ces terrains élevés. Pour ce
qui eft d^ la nature des terres , on les doit trouver de eouleuî?
blanchâtre ouverdâcre, comme font les terres glaifeu^es, ief-
quelles par ie fommet d'une montagne , ôcpar k- moyen des-

\
1^4 QUATRIEME PARTIE , Chap. L
eatix qui s'y gliflent remuent & font poufsées à m y- côte
, fe
ce qu'on diftingue aife'ment par les iits aparens de crayon ôc
de glaife.
Il y a encore plufieurs manières de cliercher les fources
cachées , mais on les pafTera fous filence , auffi-bien que plu-
iîeurs Obfervations fur l'Origine des Sources , fur les Machi-
nes Hydrauliques , fur le Nivellement , Jauge des Eaux,
la
&c. ou l'on travaille préfentemenc , & donc on pourra faire
parc au Public dans la fuite.
On ordinairemenc la recherche des Eaux dans les
faic
mois d'Aoûc , Septembre &
Odobre , à caufe qu'en ce tems
la terre étant déchargée de toutes fes humidités, eft plus
féchc ^ & que toute l'Eau qui s'y trouve , fe peut apeller
Source.
Supofons donc que vous ayez trouvé de l'Eau en pluficurs
endroits d'une montagne , faites faire des puits ou puifarts de
dîllance en diftance , tant pour connoître la quantité d'Eau ,
que pour en fçavoir la profondeur jufqu'au lit de glaife ou de
tuf qui la retient , lequel lit il ne faut jamais percer , de crainte
de perdre la Source, Cherchés toujours les endroits les plus
élevés , afin de prendre la Source dans fon origine , que les &
Eaux venant de plus haut s'élèvent davantage dans les Jar-
,

dins. Faites faire un^e communication d'un puits à l'autre par


des pierrées bâties a pierres iéchcs pour laiiTer cranfpirer les
Eaux & ramaifer les pleurs des hauteurs voiiînes. Choififfés
,

un endroit de terre un peu plat , pour y raflémbler toutes ces


Eaux dans un Réfervoir, d'où, vous les conduirés par des
tuyaux , aux places deftinées pour les Fontaines 5c Jets d'Eau ;
êc pour connoître quelle hauteur auront ces Jets, provenans
de l'endroit où vous devés faire le Réfervoir, vous nivelle-
rés cette côte félon la pratique fui vante.
On ne donnera ici que l'ufaged'un Niveau apellécommu-
riémenc , le Niveau à Eioles , le plus jufte & le plus fimpie
dç tous.
un grand Tuyau de fer blanc d'un pouce de grolîeur
C'eft
de trois ou quatre pieds de longs , comme J a tjig-i. foû-
î:enu dans fon milieu par les liens de fer 5 £ , & par la doiiiile
C f qui ferc à ficher un piquet quand on veut s'en fervir. Sur
,

LA PRATIQUE DÛ JARDINAGE. 1^5


ie defFus de ce tuyau aux deux extrémités & dans le
> milieu
on foude trois
autres bouts de
tuïauqui fe com-
muniquent l'un,
"autre comme D
ËF, ^ l'on mec
dans chacun de
ces tuyaux , les
fioles de verre
g h f , à peu près
du même diamè-
tre : ces Fioles
font ouvertes par les deux bouts. On les joint avec de la cire
-OU du maftic à les trois tuyaux ^ en forte que l'Eau remonte
dans ces Fioles , fans fe perdre par aucun endroit.
La perfedîon qu'on a donne'e depuis peu à cetinftrument,
eft que tuyau du milieu E qu'on a ajouté, étant hors de
le
l'alignement de ceux des deux bouts D ôc F,àcen étant écarté
environ de deux lignes , fert de pinules 6c dirige beaucoup
mieux le rayon vifuel.
Pour en venir à l'ufage de ce niveau il faut fupofer la
,

montagne ^ , Ftg. 2. page fuif. au fommet de laquelle on


a ramafsé des Eaux dans le Réfervoir 5 que l'on veut con-
duire au bas de la montagne comme en C, pour y faire
jouer une Fontaine. Voici la pratique de niveler cette mon-
tagne.
Pofés le niveau am haut de la montagne J , comme au bord
duRefervoir 5i metiés-le le plus droit qu'il fera polTible, ÔC
pointés-le vers le bas C 011 vous devés faire le nivellement.
Prenésde l'eau où vous mêlerés du vinaigre , afin qu'elle de-
vienne colorée , & fe puiffe diftinguer de loin empliffés-en
:

le tLiyau de manière que l'Eau remontant dans les trois Fio-


les , il y refte un peu de vuide par delTus. Laiffés repofer l'In-
ftrument jufqu'à ce que l'Eau ne balance plus j ayés même la On peut fe
fervir aufîî
précaution de couvrir avec du papier l'ouverture des Fioles ,
d'une double
de peur que le vent ne caufe quelque agitation à l'Eau. Pre- toife,fclon la
nés enfuite une longue perche , au bouc de laquelle il y ait manière des
îngeuicms.
un carton blanc bien équari j faice,s-la tenir par un homme à
Ll
xU QUATRIE'ME PARTIE, Ghap. L
quelque diftance du Niveau > comme en X> , en la faifanc

haufler ou baifler , jufqu'à ce que le haut du carton fe trouve


jufte à la ligne de mire H
, qui fe dirige ainfi. Mettes- vous à
quelque diitance du Niveau , pofës l'œil , ôc alignés- vous fur
la furface de la liqueur comprife dans les trois Fioles , qui
conduira votre rayon vifuel > fuivant lequel vous fere's arrê-
ter la perche à la hauteur jufte. Cela fait , vous prendrés la
hauteur qu'il y a depuis de l'Eau du ReTervoir^j
la fuperficie
jufqu'à la liqueur comprife dans les Fioles , que vous diminuë-
tés & marquerés en contre-bas fur la perche , dont la lon-
gueur fera feulement comptée depuis cette marque , jufqu'à
l'uni de l'endroit où elle eîl fichée. Ayés un papier où vous
chifFrerés cette première ftation du nivellement , & les autres
fuivantes. Faites ôter cette perche, & à l'endroit D où étoit
ion pied , reportés le Niveau que vous établirés comme vous
venés de faire, pour une féconde opération , & enfuite par
plufîeurs fbations de !> en £ , d'£ en F , à' F en G > vous vien-
drés aboutir à l'endroit C où doit être la Fontaine jailliffante.
Vous fuputerés toutes les mefures chiffrées , que vous ave's
marquées fur votre papier à chaque ftation, & les joignant en-
femble , vous en aurés la fomme , & fçaurés au jufte ce qu'il
a de pente depuis le fommet B jufqu'au bas c , & de com-
ien de pieds le Jet s'élèvera , l'Eau remontant toujours pref-
que aufîi haut que fa Source.
La force & la hauteur d'un Jet d'Eau , peut diminuer envi-
ron d'un pied par loo toifes , c'eft-à-dire , que plus les Jets
feront proches des Réfervoirs > & plus ils iront haut.
,

LA PRATIQUE DU JARDmAGE. 1^7


Les Eaux naturelles ne fe pouvant trouver dans un Païs
plat & fec, on a recours aux Machines Hydrauliques , qui
élèvent les Eaux des Rivières, des Etangs , des RuiflTcaux i
comme auffi celles des Puits & Citernes, dans des Refervoirs
& lieux élevés , pour les defcendreenfuite dans les Jardins.
Ces Machines font prefentement fort en ufage , & beau- L*Art des

coup de pens les préfèrent aux Eaux naturelles , par raport j"",/,"

à la quantité d'Eau qu'elles fourniffent , 1 la proximité des çois.pag.ixo.

R efervoirs &C au peu de longueur des conduites i ce qui coûte


infiniment moins que d'amener des Eaux pendant une lieuë *
joint à ce qu'elles mettent la Source dans laMaifon , par &
là épargnent le chagrin continuel de voir crever les Tuïaux
d'une conduite , parla malice des Païfans, qui prennent ce
plaiiîrpour mortifier un Seigneur. On ne doit point au flîapre-
hender qu'on vous coupe ôc détourne l'Eau , d'où nailTent
fouvent de grands procès , ou qu'enfin la veine de terre & lit
de glaife changent de fituation, ^ faflfent perdre la Source en^
tierement.
On peut élever l'Eau par difFerentes Machines i première-
ment ,par la force des Pompes à bras &
à cheval. Seconde-
ment en fe fervant des deux Elemens , de l'Air ôc de l'Eau,
pour faire tourner des Moulins.
Les Pompes à bras , c'eil à-dire , qui font mouvées k force
de bras d'homme (ont les moindres Machines , par raport
,

au peu d'Eau qu'elles fourniffent , &: à la fatigue qu'il Faut


qu'un homme ait fans ceffe de lever les bras , pour faire mar-
cher le balancier. Aiiffi ne s'en fert-on que pour avoir un peu
d'Eau pour arrofer , ou pour donner de l'Eau dans des auges
de cuiiine & d'écurie au lieu que les Pompes à cheval , c'ell-
:

à-dire , qui font ménées par un cheval , font d'une grande


utilité , ôc fournilTent beaucoup d'Eau en peu de tems. U y a
de ces Pompes qui donnent plus d'Eau en une heure de tems
qu'une Source n'en ameneroit en quatre jours c'eft une chofe -,

de fait , joint àTagrément qu'elles ont , qu'on les peut placer


dans tous les puics.
On dillingue encore de deux fortes de Pompes,la Foulante
^ l'Afpirante , dont la diJF^^nce eil affgs c^navië t9\it le

monde. ^ '
.
- '
f ;
-

- La î€ manière d'élever les Eaux par les Moulins qui vcnç


Llij
îé8 Q.U A TRI FM E P A R T I E , Ch a p. I.
par le moïen du Vent ou de l'Eau , effc infinimenc meilleure;.
Ces Machines fournifTenc prefque toujours de l'Eau , pour &
aiti-fi dire jour ôc nuit j mais auffi c'eft une dépenfe bien
plus confiderable , &» qui ne con-vient pas à toutes les fitua^
tiôhs.
'^^'^ ''-H; h y? oîr.io I
ui'-u ItaL ..
.
?.'i.'}^^:î.'rM; A *

Il faut être proche de la Rivière mi de quelque- Ruiïïeau ,

pour de Moulins à l'Eau qui refîemblenc par l'extè-'


fé fervir ,

rieur aux Moulins à Bled &: n'ont de différence que dans la


,

eompofition du dedans. Il y a de ces Moulins qui moulent du


Bled j & montent de l'Eau quand on. veut , en deGroGhant la-
manivelle 5 mais dans les endroits e'loignés. des Rivteres 6c
Ruifleaux comme pourroit être un lieit élevé fur quelque
,

coteau les Moulins à Vent y font des merveilles, les Vents


,

étant fort fréquens dans ces fortes de fîtuations- Ces Moulins


reffemblent auflî beaucou p aux Moulins à Vent ordinaires f
mais ils ont une plus grande commodité , c'eft de fe mettre
d'eux-mêm€s au Vent, parle moïen d'une queuë en forme
de gouvernail qui fe tourne de tous fens. Ils font un peu
,

plus rares que les Moulins à l'Ëau, n'aïïint encore été exécutés
'^verfaiiles qu'en quatre OU cinq endroits , cependant leur réiiffire ô£
dln^!^ÂJgenI ^^^^ bouté font de fûrs garands dans l'executioa qu'en
Yïiie , Cha- voudroit faire un particulier..,
tiilon, Sic.
Qj^. pg^j^ gjj, gênerai que les Macliines Hydrauliques

fe réduîfent prefque toutes au Pifton,& qu'elles ont beaiTcoup


de raport à celles des- Anciens , furtout à celle de Ctefibius
Liv. X. ch.
Jqj^j. parle Vitruve.
L Après avoir parlé des raoïens de rechercher les Sources r
& d'élever les Eaux, il faut dire quelque chofe touchant
les Refervoirs j avant que de palTer à la manière de les con^
duire- j r

On ne peut diftinguer que de deux fortes de Refer-


voirs 5 ceux qiii font fur Terre , & ceux qui font élevés en
l'Air.
Les Refervoirs qjui font fur terre ,font ordinairement des
Pièces d'Eau ou Canaux glaifés , oùl'on ramalTe des Sources
èc qui contiennent plufieurs milliers de muids d'Eau. On leur
donne beaucoup de profondeur pour leur faire contenir da^
vantage d'Eau , & qu'ils ne fe vuident pas fi vite, oture que
-cela donne plus de charge aux eonduites , Si fait aller- ks:
LA PRATIQUE DÛ JARDINAGE. i^^
Jets plus haut. Quand on peut placer dans fon Parc
les &
chés foi , cela n'eft que mieux > fans cela on les fait de-
hors en pleine Campagne , en les entourant de murs. Dans
les Jardins en pente , les Baffins d'en-haut fervent de Ré-
fèrvoirs. aux- Pièces d'Eau- d'en-bas > ce qui ell un grand
avantage.
Les ReTervoirs éleve's en l'air , ne font pas a beaucoup près
d'une fi grande capacité , les plus grands tiennent au plus ,

€inq à lix censmuids d'Eau & font trés-rares de cette gran-


,• '

•deur. Ils ne contiennent pour l'ordinaire que loo ou 200


\
niuids. La difficulté de les foûtenij: y Ix dépenfe du plomb '

-dont on les conflruit , ne permettent pas de les faire auffi


grands , que ceux qui font fur terre. On les élevé fur des
Arcades.ou. Piliiers de pierre de taille ^ fur iefqtiels on pofe de [

groffe charpente pour foûtenîr le fond êc les côtés qus l'on ,

a foin de revêtir de fortes, tables de plomb fondées enfem-


ble. Les fondemens & la charpente de ces Réfervoirs doivent
être trés-lblides pour pouvoir porter la grande charge de
,

i'Eam-
On voit plus de ces Réfervoirs élevés , que des autres , à
caufe qne ceux, qui: ont des. Machines Hydrauliques , n'en
peuvent guéres conftruire fur terre , par la iîtuation plate de
leur Terrain.
H preTentement de conduire les Eaux de ces Réfer-
s'agit
voirs jufques dans les Baiîîns , pour y faire jouer des Jetsv,,.
,

des Boiiillons d'Eau &: des Cafcades.- ..j

Les Anciens avoient trois manières de conduiix les Eaux»,,


par des Aqued-acs fôûterrains , par des tuyaux de plomb & v'mmtVm;
par des tuyanxde grés ou de poterie , ces trois manières font ^- chap. 7*
encore préfentement en ufage , èc i'on^ n'y en a ajouté que
-deux qui font les tuyaux, de-^boi s & ceux de fer.
)

Les Aqueducs foûterrains doivent être bien bâtis de pierre:


de taille &
couverts en deffus par des voûtes ou pierres.
|)lates apellées malles , afin que le Soleil ne donne point
fur l'Eau s'il fe rencontre du roc , on taillera, la voûte de- \

dans., &
quelque montagne empêche le pafTage , on la
Cl

percera oti- i on fera pafler l'Aqueduc tout autour en pra-^ ,

tiquam des foupiraux-de 50'toifes en 50 toifel,. pour don^


ner- un. peu d'air à.d'Eau. Les fonds 6c vallées apellées.
LA uf^
170 Q^UATRIFME PARTIE, Chap. I.

?w qui interrompent le Niveau d'une conduite , feront rem^


plispar des Blocailles &
maflifs de Maçonnerie , ou par des
Arcades ôcTrumeaux , comme on voit l'Aqueduc d'Ar-
ciieil.

On fait couler l'Eau dans ces Aqueducs, de différentes fa-


çons , dans des Tuïaux de grés ou de plomb dans des Auges ,

de pierre de taille , c'eft la manière la plus ordinaire ou dans ,

des rigoles faites de chaux &; de ciment ou de glaife dans les,

Païs ou elle eft commune. Il fe rencontre quelquefois natu-


rellement des veines de gravier , de tuf ou de glaife , où l'Eau
coule fans fe perdre. L'on doit toujours pratiquer deux petits
feiiciers des deux côtés de ces Auges , afin qu'on y puifle mar-
cher quand il eft nécelfaire 3 èc outre cela on donne un pe-
tite pente imperceptible à ces Auges , pour faciliter un plus
prompt -écoulement à l'Eau.
Ces fortes d'Aqueducs ne conviennent qu'à ramaffer des
Sources Ôc les amener dans un Refervoir , car les Eaux n'y
,

étant pas. reiferrées , comme dans des Tuïatix , elles perdent


la pente ôc la force qu'elles doivent avoir , pour s'élever en
l'air.
Les Tuïaux de plomb font les plus commodes pour con-
duire les Eaux. On les peut faire defcendre j monter & tour-
ner fans que cela nuile à l'Eau qui y coule. Il y en a de deux
j

forces de moulés & de fondés. Les tuïanx moulés font jettés


,

dans un moule , de la longueur qu'on veut , ordinairement


de 1 2 pieds de long j on les fait plus épais que les fondés ,
.crainte des foufflurcs jmeilleurs &c plus eflimés
auflîfont ils

mais ils coûtent davantage à caufe du poids. Les tuïaux fou*


dés ne font autre chofe que des tables de plomb que l'on cour-
be , ôc que Les plus gros tuïaux de
l'on foude fur la jointure.
plomb ne palTent point lîx pouces de diamèt re , les plus pe-

tits vont à _9 ligues j on les emboite & on les joint l'un dans
l'autre par des nœuds de foudure. Ils fontfujeisà fç crever..Ôc

à fe miner dans les terres pleines de chaux. ;"r j'^vi é


.
'
«7: !

Les tuïaux de grés ou de poterie , qui étoit la troifiérac ma-


nière de conduire lesEaux chés les Anciens, eft celle qui
coûte le moins j mais aulFi celle <:|ui eft le plus d'entretien. Ges
tuïaux font d'une compofition de terre cuite pareille à celle ,

dont on fait les pots &les tetrincs. On encadre ks tronçons


,

LA PRATIQUE DU JARDIN AGE. iji


qui font de deux ou trois pieds de long l'an dans l'autre , &
l'on met du maftic à feu avec de la filafTe à leur jointure fur
l'ourlet. Quand ces Tuïaux fervent à conduire des Eaux for-
cées, on les entoure d'un maffif ou chemife de ciment de cinq
à fix pouces d'e'pailfcur j ce qui les conferve quelque rems ,
pourvu qu'on ait la précaution premièrement > de lailTer fé-
cher une conduite plufieurs mois avant que d'y mettre l'Eau
afin de donner le tems au ciment de durcir , & fecondement Arcliîteéburé

d'alTiirer ces Tuïaux qui font très fragiles , fur des maffifs & ^'^^^^^^^'j^g''

fohdemens de Maçonnerie de , p^r qu'ils ne s'afFaifTent. Ces jjx?pag. Jîl


Tuïaux font plus propres à condftre des décharges de Baf-
fins , que des Eaux jaillilTantes , aufquelles ils ont bien de la
peine à refifterlongtems Ils font fujets aux queues de Re-
:

nard , qui font des racines d'arbres fort menues , qui paflant
par les pores du grés , ou par le nœud du maftic qui fe pour-
rit enterre , fenourrilTentdans l'Eau viennent fi groffes & &
fi longues , qu'elles bouchent entièrement le Tuïau. J'en ai
trouvé de cinq à fix toifes de long. Ilya des gens qui préten-
^

dent que les queues de Renard viennent de la filafle qu'on


met dans les nœuds de maftic, ou bien de quelques graines
qui entrent avec l'Eau dans la conduite.
Les Tuïaux de grés ont un mérite particulier pour les
Fontaines d'Eaux pour boire Parce qu'étant verniflespar de-
:

dans , le limon ne s'y attache point ,& l'eau s'y conferve


mieux & plus fraîche que dans les autres tuïaux > outre qu'-
elle n'acquiert point de mauvaife qualité en ylpalTanc, comme
dans le plomb , le fer & le bois.
Les deux manières de conduire les Eaux , que nous avons
ajoutées à celles des Anciens , font par tuïaux de boi^ &
de fer.
Pour faire des conduites de tuïaux de bois , on prend de
gros arbres comme des Chênes Ormes , Aulnes
, les plus
> ,

droits que l'on peut , &


que l'on perce de trois ou quatre Les Eaux
pouces de diamettre. On les afure par un des bouts , on les Lianeourt, de
&J
fait fréter & cercler de fer par l'autre , pour les pouvciir em-
deS'rances
boiter l'un dans l'autre & ces jointures font recouvertes de & en partie
,

poix. Ces fortes de tuïaux ne font bons que dans les Païs ma- "/'esdechan-
recageux ôc humides naturellement > car dansles Païs fecsils conduites ^ac
fe pourrifTenc bien vite. «^^^ «in ^is»
272 CtUATRIFME PARTIE, Chaf. î.
Les tuïaux de fer font jettes en moule èc en fonte , & font
d'un grand ufage prefentement , il y en a de deax fortes , à
Manichons & à Brides on n'emploie plusqtte de ceux de Bri-

des comme les meilleurs. Les tuïaux de fer ont les bonnes qua-
lités de ceux de plomb , durent plus , & coûtent quatre ou
cinq fois moins. Il s'en fait jufqu'à 8. pouces de diamettre
i :

chaque tu ïau ordinairement a trois pieds & demi de long & ,

à chaque bout il y a des Brides que l'on joint ferre enfem^


ble , par des viz Ôc écrouës, entre lefquelles on met des ron-
delles de cuir ôc du maftic à froid. Dans les endroits mal-ai-
fés , on y met des rondeliefe croifants de plomb i comme auflî
dans les coudes robinets , foupapes , on eiî; obligé d'y racor-
,

derdes bouts de tuyaux de plomb.


Ce n'ell pas affés d'avoir parlé des Refervoirs , & des dif-
férentes manières de conduire les Eaux il y a encore une
,

chofe de confequence qu'il ne faut pas oublier , c'eft la pro-


portion 6c la grolTeur que doivent avoir les conduites 6c les
tuyaux par raport aux Jets que l'on veut faire jouer. C'ell: de
,

là que dépend la beauté des Eaux j aiililTantes car fi les con-


:

Les Fontai- duites font trop menues ou quelles fourniflent à trop de


,

ïiicrs apelient
ces petits Jccs
Baffins , fans avoir leur jufte proportion , elles ne formeront
des Piffotie-, que des petits Jets foibles &: peu nourris outre que ces con-
:

duites font fujettes à s'engorger aifément & à crever , par


res.

ce que Les vents y étant trop refferrés n'en peuvent prefque


for tir.
Voici la plus jufle proportion que l'on doit donner aux con-
duites par rapport aux Jets d'Eau. Elles doivent être en rai-
,

fon quadruple des ajutages, c'ell-à-dire que le diamètre


,

des conduites doit être quatre fois aullî grand que celui des
Traite du ajutages, afin que la colonne d'Eau foit proportionnée, &:
mouvement queia vîtelTe dans les tuyaux foît égale , joint à ce qu'il fe fait
«les Eaux par

Mariette
trop de frotement dans les petites conduites par raport aux
,
, je.
Partie p. 540. gros ajutages èc au bord
, des petits ajutages par raport aux
,

grolles conduites j des exemples éclairciront ce qu'on vient


de dire.
Pour faire jouer un Jet de quatre à cinq lignes de groffeur
c'eft-à-dire, dont l'ajutage foie percé de quatre à cinq lignes
de diamètre , qui font en fuperficie 1 2 lignes ôc , il faut une
conduite d'un pouce &
demi de diamètre i pour un Jet de fix
à
,

LA PRATIQ.UE DU JARDINAGE. 275


afept lignes , ilune conduite de deux pouces pour un
faut i

Jet de huit à neuf lignes, une conduite de trois poucosi Ôc pour


un gros Jet d'un pouce defortie j une conduite de quatre
pouces de diamètre. Pour faire jouer encore un Jet plus gros
comme de 1 6 à 1 8 lignes ou une Gerbe il faudra une groflfe
, ,

conduite de fix pouces de diamètre. L'on ne parlera point des


conduites qui vont à un pied & à 1 8 pouces de diamètre ,
elles coûtent de fi groffes fommes , qu'elles paroiffent hors de
la portée des plus riches Particuliers.
y a de plufieurs fortes d'Ajutages ou Ajoutoirs commç
11 ,

àes Gerbes , des Pluies Soleils ,Eventails & de quantité


, ,

d'autres formes que l'on donne à l'Eau i mais les plus ordi-
naires Ajoutoirs pour former un Jet , font élevés en Cone Sc
n'ont qu'une feule fortie ce font auffi les meilleurs , ne fe
:

-bouchant pas fi fouvent que les plats qui font percés de plu-
Heurs trous ou fentes placés à l'oppofite l'une de l'autre , ou
que ceux ou l'on a foudé plufieurs autres petits Ajutages pour
former une gerbe.
On prétend que les Jets d'Eau vont mieux , quand les Ajou.
toirsfont percés d un feul trou un peu-gros fur une platine ,

que quand ils font élevés en Cone parcequil fe


,
fait moins de
^
frotement 5c de reliftance au bord. 557!
A l'égard des Conduites plus elles font groffes , mieux les
,

Eaux vont c'eft l'ame des beaux Jets d'Eau , qui pour être
,

bien nourris , doivent avoir une conduite continuée de la


même grofleur depuis le Refervoir , jufques fous l'Ajutage
fans aucune diminution j cela fournit davantage d'Eaj.i &
donne plus de charge au Jet , qui fans cela fe trouve étranglé
& referré de trop loin.
Il y a des gens qui ont uneopiniontoute contraircjils s'ima-
ginent qii'on doit tenir une Conduite de 100 toifes de long ,
plus groffe dans les 50 premières toifes depuis le Refervoir >
que dans les 5 o dernières jufqu'à l'Ajutage , où ils prétendent
qu elle doit diminuer environ d'un pouce de diamètre j afin ,
difent-ils,que l'Eau commence à être forcée refferrée un peu
de loin dans cette conduite jqui doit toujours venir en dimi-
nuant jufqu'à la fortie de l'eau: c'eft une opinion des plus mau-
vaifes en fait de Fontaines 3 il fuffit de contraindre & de for-
cer l'Eau dans la fouche ou colonne du Jet , & dansPajoutoic
Mm,
QUATRIE'ME PARTIE, Chaf. L
fans pour cela qtie la conduite dminuë de graveur cela eft § :

vrai , qu€ deVifant l'ajutage leau n'a plus la même hauteur^


,

ni la même force , &


ne fait pour aînfi dire que baver.
Nous n'avons qu'un feui cas , où les conduites doivent di-
jninuer de diamètre > c'eft quand elles font treVlongues ,
comme de trois à quatre cent toifes j alors on met de trois
fortes de groATcm-s de tuïaux j fans cela par le grand chemin
^ue l'eau a à faire dormiroit , pour ainlî dire ,
, elle per- &
droit beaucoup de fa force ces différentes grolTeurs la r^
:

veillent &
lui redonnent fa même hauteur. Par exemple
tians une grolIe conduite de 500 toifes de long, on mettra
les 100 premières toifes de huit pouces de diamètre , les 100
autres defix pouces , &
les 100 dernières de quatre pouces ?^
mais dans les conduites de 00 ou 150 toifesjil faut continuer
?

le même diamètre , dans ioute la longueur ju{ques fous l'a-


jutage.
Quand on aura plufîeurs Jets à faire joîier dans un jardin î;

par exemple cinq ou fîx , il n'eft pas necelTaire de tirer dw


Rcfervoir cinq ou fix conduites , c'eft-à-dire , autant de con-
duites que de Jets, ceferoit une dépenfe fuperfluë. On fait
feulement 4ieux ou trois conduites, fur lefquelleson foude des
tuïaux plus petits ( apellés Fourches ©u Branches ) pour four-
nir tous ces Jets cela dépend de la proportion qu'on leur
;

donne. Il dort paffer moins d'eau dans tous les petits tuïaux
^nfemble que dans le gros , enforte que ne prenant pas toute
l'eau , le gros force les petits , c'ell pour équivaler ks frote-

Cet exem-
meqs &
donner de la vivacité' à l'eau t par exemple , pour
ple fera juger faire jotier trois jets d'eau , chacun de îix à fept lignes de
des aurres; & diamètre , chaque branche félon la raifon quadruple , dont
fi les jets fonî

(3c différente
on a parlé cy-defTus aiiroit deux pouces de diamètre , & il y
groffeur & pafferoit quatre pouces d'eau , ainfi dans les trois enfemble ce
par confé-
feroit II pouces , il faut dont que la maitreffe- conduite ait
«jucnt les
fourches on , 4 pouces de diamètre , ou ilpaiïera 1 6 pouces d'eau , c'eft-a-
n'aura qu'à dire , qu'elle forcera d'un quart les trois autres. De cette
fupputer leur
capacité to-
manière la force fubfiftera jufques dans la dernière faignée y
tale & faire & ces jets jo lieront tous enfemble fans s'alrerer l'un l'autre
toujours la
groiîe de ma-
& aller plus bas. On continue la même groffeur de la maî-

aierequcUeles rreffe-conduite jufques vis-à-vis les balîins , où la diftributioâ


force de quel- fe fait dans les branches^
que choh.
LA PRATIQUE DU JARDI NA G £175
On obfervera qu'à l'entrée d'une conduite , c'eft-à-dire ,
-à la fortie du Reicrvoir , elle ait deux pouces de plus de dia-
mètre , comme fur une conduite de quatre pouces , on met-
tra une foupape &
ouverture de fix pouces au fond du Refer-
voir , afin que cette entrée étant plus grande , ferve d'enton-
noir à l'eau , pour fortir plus promptement donner plus de&
charge au Jet,
Les conduites étant parvenues jufqu'aux baffins , on. fera
un regard , pour y mettre un robinet de cuivre , ou de groffeur
convenable au diamètre de la conduite , en prenant gard«
que par trou ovale de [a eanelle ôc du boiiTeau , il paflè au-
le
tant d'eau que par l'ouverture circulaire du tuïauj nous avons
de plufieurs fortes de robinets, comme à tête quarrée , à bran-
cîies ou à potence > à deux &
trois eaux.

Il faut fonder une rondelle , ou colet de plomb un peti


large autourdu tuïau à l'endroit où il
, pafle dans le corroy
du Baffin afin que l'eau étant ainfi arrêtée par cette pla-
,
-

que ne fuive point le long du tuïau pour tâcher à fe


, ,

perdre.
On doit toujours faire pafler tuïaux à découvert , fur
les

le plafond d'un Baffin, h jamais ne les enfoncer dedans,


pour pouvoir mieux remédier aux fautes qui furviennent.
On fondera fur la conduite un tuïau montant , apellé SoU'
Se , au centre du Baffin, qui eft l'endroit où doit être le
Jet , 6c au bout de cette Souche l'on fondera encore l'é-
,

crouë de cuivre, fur lequel fe vifTe l'ajutage. A deux pieds


environ de la Souche , l'on coupera le tuïau & on le bou-
chera par un tampon de bois avec une rondelle de fer
chafTée à force au bout du tuïau , ou par un tampon de
cuivre à vis j que l'on y fondera. L'on peut dégorger une
conduite , quand il y a des ordures , en ôtant ces tam»
pons.
Evités toujours dans les conduites les coudes , les jarrets
& les angles droits ou équerres , qui diminuent la force de
l'eau. Quand
vous ne pouvés faire aller une conduite bien
droite , bc qu'il y a un tournant indifpenfable , prenés ces cou-
des d'un peu loin , pour en diminuer la roideur.
&
Dans les conduites un peu longues fort chargées,on met
d'efpace en efpace des ventoufes , ou foupapes renverfées ,
Mm ij
27^ ' QlJATîlIFME PARTIE, Chaf. L
pour le foulagement des tuïaux ôc pour la forcie des vents f
,

& quand après une pente roide , les conduites fe remettem:


de niveau, il faut dans cet endroit fouder un robinet pour
arrêter cette charge j fans cela le tuïau ne refifteroic pas
•iongtems.
On enfoncera toujours les conduites un peu avant en terre
comme de deux ou trois pieds à caufe de la gele'e , & crainte
,

des voleurs.^ 11 les faut faire pafTer dans les Alle'es & jamais
,

dans les Bois, dans les Parterres, &:c. afin qu'on en puifTe
mieux connoître les fautes , & les racoramoder plus aifemenc
fans rien déplanter. Quandles conduites paffent fous des ter-
on doit faire une petite voûte le lang du tuïau;, pour le
ralTes,
pouvoir vifiter de tems en tems. La poulFée des murs & les
terres qui travaillent fans celTe dans ces endroits , ruineroienc
infailliblement les tuïaux , s'ils n'étoient garantis par la
voûte..
LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 1-^7

CHAPITRE IL
D E S F O N TA I NE S , B J S SINS y

Cafcades d^Eau & de leur ConJiruBion.

&
LE s Fontaines
font le principal ornement
les Eaux font l'ame des Jardins ,
i ce
en
font elles qui les ani-
&
ment , & pour ainfi dire les font revivre. Il confiant qu'un
effc

Jardin , quelque beau qu'il foit , s'il n'y a point d'eau paroît ,

trifle ^ morne , àc manque dans une de les plus belles, par-


ties.
La diftribution des Eaux dans un Jardin , eft ce qu'il y a de-
plus difficile : elle demande du génie &: de
pour l'induftrie ,

faire enforte qu'une petite quantité paroifTe beaucoup, ôc que


ne prodiguant pas les eaux dans desRoquailles &petitsBairms
(
qui font de vrais Colifichets on la ménage pour des lieux)

néceffaires , où elle falTe un bel effet , en formant de gros


Jets bien nourris. Il feroit àfouhaiter , que les parcies d'un
Jardin fuffentbien pratique'es , 6c les Ailées percées avanta-
geufement pour les eanr.
On doit prendre garde dans cette diftribution que les- ,

Fontaines foient difpofées de telle manière , qu'elles fe puif-


fent voir prefquc toutes enfemble 3 & que les Jets. d'eau s'en-
filent c'en eft la beauté
, cette répétition caufe tm embarras'
;

agréable à la vue , qui les croit en plus grand nombre qu'ils,


ne font efFe6bivement.
On diilingue les eaux en pluiîeurs manières il yen a de: ,

naturelles ôc d'artificielles „ de jailliflantes & de plates, de


vives & de dormantes.
Les eaux naturelles font celles qui fortant de terre d'elles:
mêmes fe rendent dansun Refervoir & font joiier les Fon-
, ,

taines continuellement au lieu que les artificielîés font


:

élevés dans un Refervoir , par le raoïen des Machines Hy»


drauliques , ainfi qu'il a été expliqué dans le Chapitre pré-
cédant.
Ou apelle eaux jaiMantes , celles (^ui s'élevant en V^Jm
Mm u'i,
i7S QtTATRIE'ME PARTIE Chap. II. ,

au milieu des Baflîns forment des Jets des Gerbes


, , , des
Boûilionsj&cà la différence desEaux plates , qui font fimple-
ment des Canaux , Etangs , Viviers & Miroirs d'eau , fans
aucuns Jets ce qui n'eft pas d'une grande beauté dans un Jar-
5

din , parce que ces eaux étant toujours tranquilles & dans
le même état > n'animent point les Jardins comme les Fon-
taines jaillifTantes qui leur donnent la vie , &c'efl: principale-
ment de ces dernières , qu'on dit qu'il y a de belles eaux dans
un tel endroit.
Les eaux vives font courent fans ceffe, & les plus
celles qui
ce mouvement continuel les
belles de toutes par leur clarté j

rend faines 6c trés-nettes 5 telles font les eaux des petites Ri-

Ainfi que
vières ou ruiffeaux , dont on fait des Canaux &
Pièces d'eau
le Canal de
dans les Jardins On met de:ce nombre les Fontaines qui vont
Chantilly.de jour ôc nuit.
Berny de
,

Liancour,€c-
Les eaux dorma:çtes font les plus défagreables de toutes ,
lui de Cou- elles deviennent faleSv verdâtres ôc toutes couvertes de mouf-
rances , de fe ôc d'ordure , n'ayant point de mouvement , ainfi que dans
Taiilay de i

les Baffins qui jouent rarement ou dans les marais 6c étangs ,


,

Villaccrf ,
&
;

elles font fujettes àfe corrompre à fentir mauvais pendant


l'Efté.
On ne peut fixer de vraies places pour les Fontaines & les
Baffins , ils font un bel effet par toutj fi l'on en pouvoit pla-
cer à chaque endroit> cela n'en feroit que mieuxjmais comme
la dépenfe en eft confiderable , & que quelque quantité d'eaa
que l'on ait en referve , elle n'y pourroit fuffire , on a beau-
coup de ménagement pour leur nombre.
On place ordinairement un Baffin au bout ou dans le mi-
lieu d'un Parterre, en face d'un Bâtimenti c'eftunlieu où l'on
ne manque jamais, d'y en confiiruire, auffi bien que dans un
Potager , mais quand on peut en pratiquer dans les Bofquets >
c'eft un double agrément , les eaux y étant comme dans leur
centre outre que la verdure des arbres leur fert de fond
, , &
fait valoir la blancheur de l'eau , leur gazoiiillement ôc leur-
murmure frapent davantage l'oreille par le repos 6c l'écho
qui régnent dans les Bois.
Il ne faut point mettre les Fontaines fi près des Bâtimens
parce que dans l'Efi:é il s'élève de l'eau des vapeurs fi corrom-
pues, qu'elles peuvent communiquer à l'Air une lUâlignité
,,

LA PRATIQ^UE DU JARDIN AGE. 275)


capable de nuire à la famé , joint à ce que ces vapeurs caufent
une hi-midité tre's-grande aux murs d'un bâtiment, qui peut
gâter les Peintures 6c les meubles du dedans. On a encore
l'incommodité d'entendre la nuit croafler ks grenouilles , les
crapaux , &e. Ce font toutes ces raifonsqui empêchent pré-
fentement d'entourer ks Maifons de Campagne de ioffés
d'eau , comme l'on fai foi t autrefois , &
que l'on a mis àfecou
comblé entièrement ceux deplufieurs* Châteaux. * s. Maur.
La forme & la figure des Baffins font ordinairement circu- Rambouilleî,

lairesj cependant il y en a d'odogones , de longs , d'ovales


,

dequarrés, &c. Qiiand ces Baffins pafTent une certaine gran-


deur , on les âpelle Pièces d eaux j Canaux , Miroirs , Viviers
Etangs & Refervoirs.
Pour la grandeur des Baffins , on dira en gênerai qu'on ne
peutjamaispécher en grandeur > plus ils font grands mieux
ils font j au lieu que l'on peut pécher eupetiteife ce quieft ,

très -difforme > il y a deux extrémités qu'il faut éviter égale-


ment 5 comme défaire un petit Baffin dans un grand lieu, ou
de confommer la meilleure partie d'un endroit dans une
grande Pièce d'eau» On laifTe cette j ulte proportion au difcer-
nement de PArchitede , ou de celui qui donnera des Delfeins
de Jardinage.
Beaucoup de gens prétendent que la grandeur d'un Baffin
doit être proportionnée à la hauteur du jet, afin , dï{ent-ils
que l'eau poufiée en l'air quoiqu'agitée parle vent nepafîe
,. ,

pas lesbords du Baffin , &


y retombe toute fans moiiiilcr l'al-
lée du tour» C'efl en quoi il fe trompent Car pour peu qu'un
:

Jet foit élevé , quoique dans un grand Baffin ,le vent enlèvera-
toujours l'eau , ôr la portera très loinj c'eft une expérience
incontefiable : L'on convient avec eux qu'il eflauffi défagrea-
* Comme
Me de voir un. petit ^ Jet menu dans un grandBafîîn, que d'en petit
le
Jet dii
voir ^ ^ un très gros & trés-élevé dans un petit Baffin. Il faut grand Baïïift
qu'il ait autant que l'on pourra quelque forte de convenan- du Palais-
y Roïal.
ce entre le Jet &
le Baffin j mais on ne peut déterminer de j uf-
te proportion de la grandeur des Baffins , par raport aux Jets
* * Comme
celui du fé-
cela dépend de la chute &
de la force des eaux , ou del'ef- cond Parîcrre"
vis-à-vis de
pace que le terrain peut permettre de prendre pour les Fon- la principale:
taines. façade de
A l'égard delà profondeur qu'on doit donner aux Bafïïns
aSo QUATRIEME PARTIE, Chap. II.

l'ordinaire eft dei 5pouces ou deux pieds tout au plus:


à 1 8 ,

. cette hauteur eft fuffifantepour y puifer avec les arrofoirs , ôc


pour garantir le fond d'un baiîin dans les grandes gelées. On
leur donne plus de profondeur , quand ils doivent fervir de
Refervoirs , ou qu'on y veut nourrir du poiffon , comme il fe
pratique dans les grands Baffins , Canaux &
Pièces d'eau
ôc pour lors ils doivent avoir quatre à cinq pieds de creux j
c'eit affés pour y contenir beaucoup d'eau de referve , pour
que le poiflbn s'y élevé comme il faut , &
pour y porter un Ba-
teau en cas qu'on ait deflein d'y en mettre un car l'on eft ;

obligé d'y en avoir un quand il y a desjcts dans le milieu d'un


Canal, pour aller dé vifter l'ajoutoir , &
ôter les ordures qui
empêchent l'eau de faire fon efFet.
On obfervera furtout en fait de profondeur , de ne pas
pafler quatre ou cinq pieds , foit que ce loit un Canal ou Re-
fervoir jy a du danger qu'il le foit davantage , comme de
il

huit à dix pieds 5 on a vu arriver tant d'accidens de perfonnes


qui font tombés en fe promenant , dans des Baffins trés-creux
& qui s'y font noïées, qu'en vérité l'on doit y faire un ferieufe
réflexion & tâcher qu'une chofe faite pour le plaifir l'or-
, &
nement d'un Jardin , ne puiffe pas dans la fuite caufer aucune
peine.
* Les Fon- Pour conftruire un Baffin , il faut bien prendre fes mefures
^^^^ vcut le fâire bon ôc qu'il tienne bien l'eau. "^^On ne fau-
,
f!m rqu'un
Baflîn doit te- roitavoîr trop de circonfpedion dans cet ouvrage j l'eau de
nir l'eau com-
c un pot.
nature cherche toujours à couler, ôc par fa pefanceur fa &
çj^3^j.gg Baffin , eft fujette à palier par la moindre pe-
tite fente , qui croît toujours de plus en plus. Si l'on manque
Ainfi qu'au à bien faire cette OU vragc du premier coup il eft trés-difficile
,

go!!^"quî^c°ft
^'y revenir; car il y a des Baffins ou l'on a travaillé à plufieurs
dans le Par- reprifcs , faus pouvoir prefquc y faire tenir l'eau
, faute d'à-
voir été bien fait d'abord. Ce , outre qu'il demande
travail
ais
îais ou
R^ial^*'
.
j^e^Licoup de foin ôC d'habiles Ouvriers , exige encore l'em-
ploi de bons matériaux j ce qu'on expliquera dans la fuite.
Mais avant que de dire comment on conftruit les Baffins, il
fautdiftinguer les différentes manières dont on peut fe fervir.
Nous en avons de trois fortes , les Baffins faits avec de la
glaife J avec du ciment , Se avec du plomb.
Commençons par les Baffins deglaize , comme les plus en
ufage. La
LA PRATIQ^UE DU JAUDIN AGE. i8i
La place étant tracée fur le terrain » il faut avant que de
la faire fouiller , reculer & agrandir cette trace de quatre
pieds au delà, c'eft-à-dire, agrandir le diamètre de quatre
pieds de chaque côté, qui font huit pieds en tout. Le Bafljn
îi'en déviendra pas plus grand pour cela , parce que cette
augmentation de quatre pieds fera remplie ôc occupée par
/ les murs & les corrois du pourtour. On creufera aulFi pour
/ le fond ou plat- fond d'un baffin deux pieds plus bas que la
,

profondeur qu'on lui voudra donner Ces deux pieds de


: Il y a âc$

touille feront pareillement occupés par le corroi de glaize , Fontainiers


qui
qui doit avoir i 8 pouces d'épaiffeur , de ks autres fix pouces nentne don-
que quitté
feront pour le fable & pavé qu'on met deffus la glaize. En *e pouces d'é-
voici un exemple. L'on veut faire un baffin de fix toifes pailTeur de
glaize au cot".
de diamètre, il faut faire l'auverture des terres de fept toifes loi du plat-
deux pieds de diamètre , & fi l'on veut lui donner deux pieds fond quoi- ,

qu'ils don-
de profondeur d'eau 5 l'oncreuferaquatrepieds de bas. Ainfî nent
S pou- I

le baffin étant achevé reviendra toujours à la grandeur & ces au corroi


,

hauteur requife de fix toifes d^ diamctre, & de deux pieds du tour. C'ell
pour trouver
éc creux. quelque épar-
On fouillera ces terres à pied droit , & on les tranfportcra, gne dans la
quantité de s
fuivant ce qui eft enfeigné ci-defTus dans le Chapitre fécond de glaizes qui en-
la 2 ^ Partie. Cette fouille étant faite &
la place bien nette , il trent dans le
plat - fond
faut y bâtir deux murs, renfermer la glaize entre-deux, afin
d'une gra ndc
que parce moïen leseaux ne la délaient point, qu'elle fe con- Piecc-d'E au.
fèrve fraîche , & que les racines des arbres voifins n'y pénè-
trent pas û aifément.
Elevés contre la terre, c'eft-à-dircadofFés lemurX Fig.i,
p^g. fm^v. d'un pied d'épaiffeur , depuis le bas de la fouille juf-
qu'à fleur de terre i. vous le bâtirés de moilons , libages
,
cailloux , il n'importe , avec du mortier de terre , qui n'eft
autre chofe que de la terre que vous délàïerés en mortier 5 ce
mur eft apellé Mur de Terre , à caufe qu'il n'eft bâti que
pour foûtenirla poulTée des terres d'alentour , & afin que la
terre ne défeche pas fuôt les glaizes.
Ce mur étant élevé tout autour de la pièce , Ton
y fera
aporterde la glaize que l'on jettera dans le fond on la &
préparera au travail &
au manîment , en y jettant de l'eau de
tems en tems , & la labourant 1 ou 3 fois fans fouffrir au-
y
cune ordnre. Votre glaize préparée, faites -la étendre ac jet-
Nn
iSi C^UATRIFME PARTIE, Chap. r.
rer par pellerée , & enfuice pécrir & marcher petit à
petit à
pieds nuds de pouces de hauteur
i 8 &
de fept à huit pieds
,

environ de large tout au pourtour de ce mur j Ton n'e'tend


la glaize de 7 à 8 pieds de large , que pour mettre deffus la
place-forme & racinaux fur leiquelson bâcit le fécond mur B
apellé le Mur de Douve n'e'tant pas néceffaire d'e'tendre
,

d'abord la glaife dans tout le plat-fond d'un Baffin^ Mcfu-


xési 8pouces depuis le mur de terre, & laiiTant cette intervale
pour le corroi de glai-
Elcvatîon desMurs ze C, il faudra bârir
en
ïiq.I &Conois d'unBaf-
delà le mur de Douve
,

o D , qui doit avoir au


moins 1 2 pouces d'é-
pailleur : & comme
l'on ne potîrroit pas
bâtrr folidement ce
mur , Cl on le fondoic
fur la glaize ,il eftbe-
Plan de la conftru- foin d'y pratiquer une
plate- torme avec des
chhe,
racinaux, ce qui fe fait
ainfu Prenés du che-
vron de trois pouces
d'e'paiireur,ou bien des
planches de batteau é-
pâiflfes de deux bons
pouces , & de fix de
large i enfoncés - les à
fleur de glaize de trois
pieds en trois preds ,
en forte qu'elles débordent on peu le parement du mur en
dedans le baffin c'eft ce qu'on nomme les R.acinaux D Fig.: .
,

Mettes enfuite deflus de longues planches de batteau , donc


deux jointes enfemble, ferontcle la largeur du mur, que vous
cioùerés ou chevillerésfur ks Racinauxic'elt ce qu'on apelle
la Plate £orme EFig. 1, Cet ouvrage fait ^ on pofe delTus
la première affife du mur de Douve B qu€ l'onéleve de la ,

hauteur de l'autre , & de 8 pouces d'épaiffeur pour le moins,


i

car dans les Pièces d'eau un peu grandes & profondes , çom»
,,

LA PRATIQUE DU JARDINAGE. iSy


me.iily a be aucoup de charge d'eau & de longs pans de mur
on donne deux pieds d'e'paifleur au mur de Douve , qui s*eii
conferve plus long-tems ainfî que la pièce.
On n'élèvera d'abord le Mur de Douve qu'à moitié de fa
lîauteuj^, fupofé qu'il dut avoir fix pieds , ce feroit de trois
pieds qu'on l!éleveroit,parce qu'il feroit trop difficile de jerter
& pétrir les glaizes dans le fond du corroi , fi ce mur étoic
élevé de toute fa hauteur. On remplira de glaize l'efpace C,
F^g.i' compris entre les deux murs , apellé le Corroi , jufqu'à
la hauteur du mur qu'on achèvera de bâtir au niveau de l'au-
tre , &l'on continuera de pétrir les glaizes pour élever le Cor-
roi c à fleur de terre.
Pour travailler au Plat- fond F , Fig z on remplira de glaize
.

toute l'étendue de la pièce, pour y faire un corroi de iS pou-


ces de haut , en recommençant a pétrir les glaizes que vous
avez d'abord étenduës au delà desRacinaux,& les liant avec
celles du Plat-fond qu'on couvrira de fable de cinq à fix
pouces de hauteur , comme l'on voit en G , Ftg.i. ce qui con-
fervera la Corroi , ôc empêchera le poilTon de fouiller. Au
lieu de ce fable , l'on peut y mettre du pavé j mais cela coûte
infiniment.
Si le Baffin eft dans un Bois , ou proche de grands ar-
bres , faudra bâtir le mur de Terre avec du mortier de
il

chaux &
fable , afin d'arrêter pour quelque-tems les raci-
nes des arbres , qui cherchant la fraîcheur de la glaize pour
s'y nourrir , fe fortifient de plus en plus &
abattent à la
fin les murs dans l'eau. Il faut encore pour la confervation
des Baffins faire tous les fix à lept ans , des tranchées aufiî
,

profondes que le corroi du Plat - fond autour des murs àc


,

dans le milieu des allées , fans trop aprocher du Baffin ôc


de la PalifTade , crainte de les endommager i c'eft pour cou-
per toutes les racines qui pourroient gagner le corroi de
glaize.
Pour bâtir le mur de Douve l'on choifira de bons moilons
,

qui ne s'écroutent & ne fe délitent point dans l'eau , ou bien


des cailloux , des pierres de montagnes 6c de meulière , qui
rendent un ouvrage de longue durée , mais qui n eft pas de la
propreté des moilons piqués. On pofe de tems en tems des
pierres qui tiennent toute la largeur du mur > c'eft à-dire,
Nn i
j
$H dUATRIE^ME PARTIE, Ckap.1L
qui font le parement des deux côtés ee qu'on apelle
,

Farpmj cela Mtient le mur &


rend plus folide. Le mo^^
le
tier qu'on doit emploi" er dans la conftruaion
de ce mur,
pour être bon doit être compofë de fable delaïé avec de la
,

chaux , dont la dofe eft un tiers^ de cbaux , deux tiers de &


fable,
Ondemanderapeutr^être pour quoi le mur de Douve 5,
ne prend pas de fond ,
Elévation desMurs comme lemurdeTer-
&Corrois d'u.Baf^
re .En voici la raifonr
iin de elaize. ç- ^ •
rr '
° oi ce mur etoit allure
fur la terre , comme-
l'autre mur l'eau fe
perdroit , & l'ouvrage
de devien-
derrière
droit inutile , parce
que le Corroi F da
Plan de là conftru. Plat -
fond ne fe lie- ,

«lond^unBaffinde roit point


avec celui
C des cotes , & que
les glaizesne feroient
point corps enfemble
ce qui en fait toute
la confe'quence , & re-
tient l'eau dans l'an-
gle du mur. C'ell
pour cela qu'on effc
obligé de bâtir & d'af-.
furer ce mur fur des
ÉLacinatix & au dèffus de la glaize , afin de
Plate- formes
laiiïer delfous une communication du Plat- fond avec les.
côtes.
La véritable marque de la bonne glaize eft qu'elle foit
ferme & point fabloneufe qu'elle s'alonge & file en la rom-
,

pant, & qu'elle paroilTe gralle en la maniant. Il n'importer


quelle fbit rouge ou verdâtre , la couleur n'y faifant rien *.

elle s'achète à la toife cube , qui compofe en tout zi6 pieds


cubes. La toife cube doit avoir de tous fens une toife quarrée ,
«|iïi fait 3 6 pieds en fuperficie. La glaize n'eft. cliere que par
LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 255^
^
les voitures & tranlports y a des Païsoù elle ne coûte qu'à
j il

tirer ,& oix-il ¥ en a trop d'autres où la faut faire venir


> , il

de loin & avec de grands frais.


Les Baffins de ciment font conftruits d'une manière bien
différentes l'on recule la trace du Bafliri , & l'on agrandit le
diamètre mais un peu moins qu'aux Baffins de glaize > il ne
,

faut qu'un pied neuf pouces d'ouvrage dans le pourtour , ô£


autant dans le plat-fond , ce qui eft luffifant pour retenir
l'eau. Ainlî pour un Baffin de lîx toifes de diamètre , il fauE
faire une foiiille de fix toifes trois pieds &
demi , & creufer
mi pied neuf pouces plus bas que la profondeur qu'on veuc
donner au Baffin.
Commence's par élever &
adolTer contre la terre coupée
à pied droit , le mur de
Conftrudion d'un Baffin de Ciment, jnaçonnerie ^ Fig.
,

d'un pied d'épaiffeur , qui


prendra de fond fera &
bâti de moilons & libages.
avec du mortier de chaux
& fable. Ce mur étant
fait tout au pourtour, on
eommèncera le maffif du
fond d'un pied d'é-
paiffieur, & conllruit des
mêmes matériaux & mortier que le mur a i enfuice l'on
adoffiera contre ce mur ou ckemife de ciment C de
le maffif
neuf pouces d'épaiffisur
y comprenant
, l'enduit & parement»-.
Ce maffif fera fait de petits cailloux de vigne mis par lit , &.
de mortier de chaux & ciment , qu'il ne faudra point épar-
gner , fi l'on veut faire un bon ouvrage. Tous ces cailloux ^ Les Fonraâ'
nicrs difenc y
ne doivent point fe toucher l'un l'autre > au contraire ils doi- inettre des
vent un peu s'éloigner , êc regorger ^ de mortier de tous cailloux à

eôtés. bouia de ci^


tneaî=.
Quand ce maffif aura environ huit pouces de large , qu'il &
fera continué dans toute l'étendue du plat- fond D , il faudra
enduire le tout avec du mortier plus fin , c'eft-a-dire , avec
du ciment paffé au fas, avant que de le délayer avec la chaux^
& unir cet enduit avec la truelle. Cet ouvrage demande une
grande fujétionpouroter ks pailles & les ordures qui peuvcm
M- il' ni
28^ QUATRIE'ME PARTIE, Chap. Iî.
fe rencontrer dans le mortier qu'on fera dont la dofe eft ,

deux de ciment & un bon tiers de chaux. -line faudra


tiers >

pas faire ce mortier en jettant quantité d'eau , de peur de dé-


graifler la chaux j il fe doit faire à force de bras.
On choifira un tems chaud pour travailler aux Baffins d«
ciment la pluye y étant trés-contraire. Quand le Baffinfera
,

fini , il faudra pendant quatre ou cinq jours de fuite, froter

l'enduit avec de l'huile ou du fang de bœuf, de peur qu'il


ne fe fende & ne fe gerce 3 enfuite dequoi on y mettra l'eau
promptement crainte du haie.
Le ciment a la vertu de durcir de telle manière dans l'eau
que la pierre & le marbre ne font pas plus durs j car il fait un
corps folide qui ne le ruine jamais.
Les Baflins de plomb font un peu plus rares dans les Jardins,
par raport à la grande dépenfe & au rifque où ils font d'être
,

volés. Il faut agrandir la trace d'un pied feulement de chaque


côté , &faire l'ouverture plus creufe d'un demi-pied , que
la profondeur qu'on veut donner au Baffin j par exemple ,
un Baffin de fix toifes de diamètre aura lîx toifes deux pieds
de fouille , &
un pied ôc demi de creux fi l'on ne le fait que
d'un pied de profondeur.
On donne un pied d'épaifleur au mur A , Fîg, 4^ , des
côtés , afin de mieux foû-
Conftruaion d'un Baffin de plomb, je^ir les terres quoiqu'on
,

ne donne qu'un demi-pied


lia. m de haut , à l'aire ou plat-
fond B. On bâtit ces murs
de moilons avec du mor-
,

tier tout de plâtre , par-


ce que la chaux mine le
plomb , & fur ces murs 6c
maffifs , on alTurera les ta-
bles de plomb C C , qui fe-
ront jointes l'une à l'autre avec de la foudure.
Qtiand on fait un Baffin dans des terres raportées ou mou-i
vantes , il faut foûtenir le mur de terre de fîx pieds en fix pieds,
par des arcs boutans ou éperons de maçonnerie , dont i'em-
patement ait autant de largeur par le pied , que l'éperon a de
hauteur, amfi ^vion le voit àms la Figure 5c. ^^ige juivéti^te.
,

LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 28-7


L'on pourroit craindre fans cette précaution , que le Baf-
fln ne s'afFaifât entièrement. Si le
fond n'étoic pas bon , on fera des
grils de charpente , des plates-
formes & pilotis , fur lefquels on
aflurera le plat-fond.
Il eft bon de remarquer qu'en
faifant le plat-fond d'un Baffin
on doit laiffer une petite pente
d'un côté, afin de donner un écou-
lement depuis un boutjufqu'ài'au-
tte , pour vuider entièrement le
Baffin & le néttoïer quand on
veut parle moïen d'une foupape>
,

& décharge de fond. /


A l'égard du bord & de la fuperficie d'un Baffin , il le faut
tenir bien de niveau , enforte que l'eau couvre également
tous les murs, & qu'il s'entretienne toujours bien plein j ce
qui eft d'une grande beauté à une pièce d'eau , ôc de grande
conféquence , pour conferver les differens Baffins dont on
vient de parler. Dans un Baffin de glaize , Teau n'étant pas
afles haute , la glaize du corroi du pourtour fe féche & fait
perdre l'eau , e'eft pour cela qu'on met tout autour fur les
corrois & murs , une bordure de gazon de la même largeur ,
afin que le Soleil ne puifle pas fi facilement en attirer l'humi-
dité. Si c'eft un Baffin de ciment , l'enduit des côtés fera fujet
à être garé par la gelée , & à s'écrouter 3 fi c'eft un baffin de
plomb , le Soleil le fera bouffer & écarter les foudures >
car le plomb craint plus la chaleur que la gelée , l'eau &
enfuite fe perdra j à quoi l'on a beaucoup de peine à remé-
dier.
'

On doit pour les décharges des Baffins , foit de fond ou


de fuperficie , obferver de les faire plus groffes que peti tes >
étant trés-fujettes à s'engorger, nonobftantles crapatidines
que l'on met au devant. On conduit ces eaux de décharge
dans des pierrées , ou dans des tuïaux de grés , quand
ce n'eft que pour les perdre dans les pu farts & cloaques >;
i

mais quand elles fervent à faire jouer des Baffins plus bas. y,
ilfauty employer des tuïaux ordinaires...
aSS '
QUATRIEME PARTIE , Chap. lî.

Ces grofTes décharges, outre qu'elles ferment a tenir les


alle'es du tour d'un Baffin propres & fe'ches elles font encore
,

très-néceflaires à fa confervation car lorfque l'eau pafle


:

par defTus les bords, elle de'trempe les terres fermes fur lef-
quelles on avoit afTuré l'aire 6c les fondemens d'un Baffin ,

êc en afFaiffent fouvent le niveau.


De ces trois manières de faire des Baffins dont nous venons
de parler celle qui coûte la moins eft fans doute la giaize ,
,

où il faut avoir recours dans les grandes pièces d'eau pour ,

l'épargne. Mais e'eft auffi la plus fujette de toutes , étant


très-facile à fe fécher & à le fendre œ
qui oblige de la rema-
,

nier de tems en tems celle qui coûte le plus c'eft le plomb ,


:

à caufe de fa pefanteur &c de la foudure qu'on y employé. La


troifiéme qui eft le ciment eft préférable à toutes par fa du-
,

rée j elle peut tenir le milieu pour la dépenfe entre la glaize ôc


le plomb il n'y a jamais que l'enduit qui puifTe fe gâter 5 cela
>

eft fî vrai , que j'ay fait racommoder des Baffins de ciment


qui avoient été 10 ou 12 ans fans eau , & qui fe font trouvés
fort bons après les avoir fait repiquer juiqu'au vif , 6c en-
,

duire de nouveau.
On obfervera que la glaize dans les Pays humides fe ,

conferve mieux que dans les Pays fecs. Le ciment convient


mieux dans les terrains arides &c fecs , & où. les glaizes fonc
rares parce que de fon naturel il aime la fécherefle & la
,

chaleur. Pour le plomb on l'employé par tout, mais avec


beaucoup de ménagement il fert plus à faire des tuyaux >
:

que des Baffins , à moins que ce ne foit de petits Baffins fur


des terralTes , dans des cafcades &
autres lieux où l'on ne
veut pas fouiller profondement , crainte de faire mourir de
beaux arbres.
li y a des Pays où il ne faut ni glaize ni ciment pour faire
des Baffins , les terres tenant l'eau naturellement. Ce font
des efpeces de terres franches qu'il ne faut que délayer &c
,

couler dans une tranchée de trois pieds de large , après avoir


fait un revêtiffement du coté de l'eau pour retenir ees terres,
par un mur de maçonnerie de deux pieds de large , qui ferc
de mur de Douve.
On fe fert encore eiiLangîiedoc 6c enProvencê d'une efpece
de
LA PKATIQUE DU JARDINAGE. iS^
'és terre apellée Poz,z.olane , laquelle a la vertu de fe durcir y'f™^= P*'"''^

r n °s cette terre-
dans 1 eau , & de durer rort longtems j c elt de cette terre
1 > 1

Liv. t. chapr
dont on conftruit les Baffins : On la mêle avec de la chaux ,
^î.

&on l'emploie comme le ciment à quoi on la peut comparer >

faifant prefque le même mortier^


Dans les endroits où il y a beaucoup d'eau de ponte > Ton
peut outre des Baffins & pièces d'eau y pratiquer encore des ,

cafcades , des goulettes , des buffets d'eau ôcc. tant dans les ,

allées , que dans les efcaliers & rampes j rien n'eft plus agréa-
ble ni plus commode 5 les Baffins d'en haut fournilTent ceux
d'en-bas , &de l'un àl'autre ils fe font jouer par des déchar-
ges de fond ou de fuperficie.
Les Cafcades font compofées de Napes , de BufFcts , de
Mâfques ou Dégueuleux de Bouillons , de Champignons ,
,

de Gerbes , de Jets , Moutons Chandeliers , Grilles , Cier~>, ;i

ges Lames , Croifées & Berceaux d'eau.


,

On les accompagne d'ornemens maritimes convenables aux


'Caux , comme de glaçons de rocailles , de congélations pé-
, ,

trifications j coquillages j feuilles d'eau , joncs & rofeaux imi-


tant le naturel qui fervent àrevêtirle parement des murs 6c
,

bordures des Baffins. On les orne de figures , dont le naturel


ell d'être dans l'eau , comme de Fleuves , de Naïades ois
Nymphes des eaux, de Tritons, de Serpens , Chevaux ma-
rins Dragons Dauphins , Grifons Grenouilles , aufquels
, , ,

on fait lancer àc vomir des traits & torrens d'eau. Voilà à peu
près ce qui entre dans leur compofition.
A l'égard de leur fituation de leur différence & , les Cafca-
des n'en peuvent gueres avoir d'autres, que celle d'une pente
douce en rampe , ou par chute de perrons efcaliers de &
pierre , ou de talus & glacis de gazon on diftingue ces gran-
:

des Cafcades d'avec les petites , qui fe pratiquent , foit dans


une niche de charmille ou de , foit dans le milieu
treillage
d'un fer à cheval d'efcalier , foit enfin à la tête d'une pièce
d'eau, ainfi qu'on en voit des exemples dans la Planche fui=
vante , que nous allons expliquer.
La première Figure reprefente une Cafcade toute des plus
lîmples, & des plusaifées à exécuter dans la maifon d'un par-
ticulier. Elle eft fuppofée fur une pente ou rampe douce , au

Oo

i
1^0 ^
QUATRIEME PARTIE, Chap. îL
bout d*un bois percé en patte-d'oïe , dont les allées viennent
aboutir à un Baffin rond, où il y a un gros jet y & pourfournir
, davantage d'eau à la tête de'eette Cafcade , l'on aura quel-
ques décharges de Baffin au-defTus , qui viendront fe rendre
à gueule-baye dans ce même Baffin. Cette tête eft entre deux
efcaiiers de pierre ornés de quatre figures
, elle eft for-
,

mée par trois Mafques ou Dégueuleux jettant de l'eau dans-


,

des coquilles qui font napes dans le Baffin , avec deux gros^
jets qui l'accompagnent. De la largeur de ce Baffin , & de
celui d'en-bas, on a pratiqué une pelouze de gazon bordée
de deux allées j oii l'on a mis des chevrons ou arrêts degazons
en zigzac pour rejetter les ravines des deux côtés. Ces>
,

ailées font plantées de Marroniers & d'Ifs entre deux , &


derrière la petite contre- allée , on a fait régner des bois,,
afin de renfermer cette Cafcade , &
lui faire un fond de
verdure. L'eau fort de cette tête ôc du premier Baffin par
une rigole , & vient fe rendre dans un fécond Baffin , oii elle
fait nape5 il y a deux petits Baffins au-delTus, avec des boûil'^
Ions qui font auffi nape dans ce Baffin. L^eau enfuite coule
,

dans une autre rigole, au bout de laquelle il y a un petit Baf-


fin avec un bouillon , qui fait avant- corps &
forme une nape
dans un autre baffin plus bas. Le refte de cette Cafcade effe
une répétition j ufqu'au grand baffin d'en-bas , qui reçoit tou-
tes ces eaux , & qui eft orné de deux gros jets , outre les trois
petits au deffus qui font napes fur napes dans ce baffin. Il y a
dans la paliflTade deux figures pour l'accompagnement de tou-
tes ces eaux.
La féconde Figure eft beaucoup plus m-agnifique Se plus-
compofée j elle eft ménagée far une pente douce , coupée d'ef-
caliers , perrons , palliers & petits talus de gazon. Sa tête eft
un grand baffin octogone d'où fort un gros champignon,
,

d'eau faifant nape dans ce baffin : la coupe en eft foûtenuë


par des Dauphins qui jettent de l'eau. Il y a encore quatre
bouillons placés avec fimetrie dans ce baffin dont les eauxfe
,

déchargent par une nape foùtenuë par des Tritons &: Dau-
phins qui ornent K tête de cette Cafcade. Ces eaux enfuite
trouvent un repos dans des baffins , &
le répètent par plu-
Heurs autres napes , jufqii' à la grande d'en-bas qui eft delà
j
•1
,

LA PRATIQUE DU JARDINAGE. ^
191
largeur du grand baffin , qui reçoit toute l'eau , ôc
ou il y a
des jets ou
troisgrôs jets , dont deux répondent à l'enfilade

chandeliers des côtés, &


le troifiéme eft dans le milieu.
&
Comme ces napes ces baflîns (croient trop unis trop nuds
&
Caicade de
fans jets , on a accompagné les côtés de cette
qui lont
deux rangs de petits balTips apellés Chandeliers ,

point les
pratiqués fur chaque pallier. Ces jets n'empliffent
baiTios , qui ont dans leur milieu une crapaudine &un tuiau
fournir aux autres , c'eft-à-dire , le
premier
de décharge pour
àc ainli
jet fournit au troifiéme, le fécond au quatrième ,
de cha-
des autres : car en fourniflant les deux premiers jets
a
que rangée , l'on en fera joiier un cent tout de luite. Il y
vis-
de gazon entre cesbalFuis , qui fc trouvent
<le petits talus
noir
à-vis des efcaliers , ce qui eft marqué en petit quarre
&
des vales
fur la tablette de pierre, font des dez pour mettre
cote i
& des pots de fleurs , dont il y a trois rangs de chaque
haut jul-
proche la paliffade eft un talus continué depuis le
Cette
qu'en-bas, qui eft coupé à la rencontre des efcaliers.
bois car
Cafcade eft fituée comme l'autre au milieu d'un ,

c'eft-là prefque toujours qu'on en pratique j la


verdure des
l'ornement des
arbres &: des gazons , la blancheur des eaux ,
figures & vafes y faifant un mélange 6c une opofition des plus
agréables à la vûë. ^ ^

La troifiéme Figure eft un grand Buffet propre à mettre a


la tête d'une pièce d'eau , dont lecôtéd'en-hautferoit
fou-
cenu d'un petit mur de terralfe L'on juge par l'élévation , du
bel efFetque cette Cafcade feroit i par le plan , delà place
qu'elle occupe. Dans baffm à niveau d'en-haut , qui eft le
le

premier gradin , il y a cinq gros jets d'environ 12 pieds de


haut. Ce baffm fait un avance en forme de quarré long
échaneré dans les encoignures , &
l'eau de ces jets forme des
napes furie devant , qui font interrompuës par des rocailles
placées dans l'entrc-deux de ces jets. Dans les échancrures on
voit encore des rocailles , & fur les côtés il y a deux
napes.

Ces rocailles ne font ici placées que pour faire opofition ,

ÔC fervir de fond à 10 bouillons d'eau qui font dans le


,
fé-

cond baffin ou gradin , lequel varie alfés bien avec le pre-


mier. La nape en face eft continuée d un bout à l'autre j
25)2 ^
QUATRIETVTE PARTIE, Chap. II.
& fe répand dans k pièce d eau. Il y a encore deux napes
affés larges far les côtes & ne fe trouve des rocailles que
, il

dans les encoignures Ce BufFec eft orné dans le haut de deux


,

groupes d'enfans , qui fuportent des paniers de fleurs & qui ,

font pofés fur des focles au-defTus de la tablette de la terraffe 1


dans le bas il eft accompagné de deux figures de Nymphes
des eaux , portées fur des Dauphins qui vomifFent d© Teau paj:
les narines.
On voit dans la quatrième Figure l'élévation d'un petit
BuiFet d'eau ou Cafcade , ménagée dans le milieu d'un efca<-
lier en fer à cheval. Sur le plein-pied de ia terrafTe eft unbaf-
fin cintré par le bout avec un gros boiiillon ou gerbe d'eau-,
,

qui fetrouve en face d'un autre efcalier plus haut & d'une
,

grande allée de bois , le long de laquelle eft un canal qui


fournit l'eau de cette Cafcade. Ce gros jet retombe dans le
balTm d'en- bas , par une nape foutenuë de deux jeunes Tri-
tons & de trois Dauphins qui bavent dans ce même balTin.
Cette cafcade eû accompagnée de deux jets^fur les côtés î

les murs de h terraffe &; du fer à chevat font ornés de pa-


neaux , de bandes de rocailles , de glaçons & pétrifications
saillies dans la pierre de taille.
La cinquième Figure efi: propre pour le fond d'une allée ,
Oïl a troBYC
an {îxiéme
ou au bout de quelque enfilade i elle efi: pratiquée dans
(dcffcin diffé- une niche , ou renfoncement d'une palifTade :c'eft une
rent de 6af-
grande coquille élevée dans le bout d'un baffin , & foûte-
cades dans
Ja difpofî- Buë deconfoles &; feiiilles d'eau 3 au milieu eft une figure
ïion générale de Venus fur un pied douche porté par deux Dauphins
Ch. 5. Par.i.
une Cafcadc
qui jettent de l'eau. Il y a deux bouillons fur les côtés de
en Buffet cette coquille j dont l'eau retombe par napes dans le bafiîn
dans ia plan-
d*en-bas.
che des Porti-
ïiqucs de On peut faire les baffinsde ces cafcades en glaize ou en
Treillage ,
ciment , avec un tablette de pierre de taille régnante par
Ch. 8. Par. i.
& deux autres tout. Pour les petits bafilns des Chandeliers , on les taillera
Buffets dans & creufera dans une feule pierre les rigoles & goulettes fe-

celle des Am-


ront aufiî creufées dans la pierre: ou bâties de cailloutages
phitéâtres &
ifcaliers de &; mortier de ciment. On pourroit encore faire tous ces
gazon , Chap, bafiîns & rigoles en plomb , mais cela coûteroit beaucoup ?
3, Par. 2^.
Se êfl foit fujet à être volé.
LA PRATIQUE DU JARDINAGE. 2^5
A régard des napes , elles feront foûtenuës par des mars
hkn bâtis , & afin qu'elles faflent un bel efFet , & qu'elles
ne fe de'chirent point , on les fera couler fur des tables de
plomb , ou fur des tablettes de pierre bien unie , pofées &
bien de niveau. Les figures dont on orne les Cafcades peu-
vent être de marbre de bronze de plomb doré ou bronze ,
, ,

ou au moins d'une pierre bien dure car pour les ouvra-


:

ges dans l'eau, l'on ne fçauroit emploïer de trop bons ma-


tériaux.

FIN DE LA ^VJ TRIE MB


ET DEJ^NIERE PARTIE.
A P P R O B A r I O N,
Ï'Ai lu pat ordre de Monfeigneur le Chancelier un Manufcrît intitulé ; La, Thème
& i* Pratique du Jardinctge ; & je crois que l'imprefïïon de cet Ouvrage fera
fort utile au Public. FaitàParisce i je Décembre 1708.

Signé HATA R. T.

PRIVILEGE D V ROI.
LOUIS PAR t A SRACE DE Dieu Roi DE Francs it DE Navarre A nos amez Se féaux Cou-
:

feillers,IcsGens tenant nos Cours dcPati«iHent,Maîtrc desKequêtcs ordinaires de nocreHôtelj,


Grand Confeil , Prevêt de Paris , Baillifs , Seneciianx, leurs Lieutenans CiviJs, autres nos Jufti- &
cicrs qu'il appartiendra Salut- Notre bien-ame' Jean Mariette Marcliand Libraire à Paris,
:

Nous ayantfait expofcr qu'il défîreroit donner au Public l'Impreûîan d'un Livre intitulé : La
Th'corie ^ Prancjut du, ^ardina^ei enrichi de Tailles douces , s'il Nous 'plaifojf lui accorder nosLet^
très de Privilège fur ce neceflaires : A ces causes . Nous lui avons permis permettons par ces &
prefentes d'imprimer ou faire imprimerledit Livre , en telle forme marge , caradlerc , aii & , &
tant de fois que bon lui femblera , de le vendre ou faire vendre pa,r tout aotre Royaume , pen«
dantle tcms de quinze anne'es confecutives à compter du joui ,
date des prefentes& Faifonï :

de'fenfcs à tous Imprimeurs


, Libraires &
autres perfomies de quelque qualité Sf. condition qu'î-
elles foient , d'imprimer imprimer , contrefaire , vendre , ni débiter , ledit Livre fous
, faire
quelque prétexte que ce puifTe itrc, m^me d'impreflîon étrangère , lans le confentement par
écrit dudit expofant, ou de fes ayans caufe à peine de confifcation des Exemplaires contrefaits >
dequinzc cent livres d'amande contre chacun dçs contrevenants , dont un tiers à Mous , un tiers «
l'Hôtel Dieu de Paris , l'autre tiers audit Expofant, &
de tout dépens , dommages , intérêts : &
A la charge que ces Prefentes feront enrcgiftrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté
des Imprimeurs , & Libraires de paris , &
ce dans trois mois de la date d'icelles que l'im- <

preflîon dudit Livre fera faite dans notre Royaume , non aillei^s , & ce en bon papier , & &
beaux caraftercs , conformémejît aux Reglemens de la Librairie , &
qu'avant de l'expofer en
vente , il en fera mis deux Exemplaires dans notre Biblioteque publique , un dans celle de notre
Château du Louvre, & un dans celle de notre trés-chcr &
féal Chevalier Chancelier de France
le fieur P helipeaux Comte de Ponchartrain , Commandeur de nos Ordres , le tout à peine de nul-
lité des Prefentes ; Du contenu defquelles
vous mandons &
enjoignons de faire joiiir i'Espofant
ou fes ayant caufe pleinement &
paiiiblcment , fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble o«
empêchement. Voulons que la copie defdites Prefentes qui fera imprimée au commencement
ou à la fin defdits Livres, foit tenue pour duëment fignifiée , &
qu'aux Copies collationnées pat
l'un de nos amés & féaux Confeillers Secrétaires , foi j foit ajoûtce comme à l'OriginaU
GoMMANBONS au premier notre Huiffier ou Sergent , de faire pour Fexecution d'iccUcstous ade*
requis & neceffaires , fans autre permiffion , nonobfiant Clameur de Haro , Chartre Normande
Lsttres à ce contraires
Car tel est notrb plaisir.. DonnéàPaiislc dix-huitiéme ^"our
:

de Mai, l'an de grâce mil fept cent neuf, &


de notre Rcgnc le foixante fepticmc. far te &
Roi en fou Confeil.

Signe BELLAYOINE.
^S'P^ /»'• le
negifire No 2 de U Cgmmunautt des Imprim$urs Libraires , de Paris , page 4«2.
ivo 904. c,nf(,rméme„t aux
Re rltmtns , & mtmment à l'Arrêt du ConjtH du 13 At^t 17OJ. A P4«
Signe' , L, SevestrE, Syndic
,

TABLE
DES MA TIERES
CONTENUES DANS CE VOLUME-
A ment il faut réleycr , 24^. Sa faî»
CACIA. Sa forme & fon fon propre, 260
mérite. i^îf Jtnbrem.¥hms 2452^0
Ajutages yOM Ajoutoîrs pour for- AmomwnSts fruits,fes feuilles
mer un jet d'eau , de combien de fon bois &
fa graine , 218
fortes 275 , Quels font les meil-
, Ancolie Fleur, 247 & 260
leurs , ihid, Anémones fimple & à peluche
^(sterne. Ses feuilles , fon bois, 251. Comment confervenc
elles fe

idt5>. Comment il faut l'élever, 211 hors de terre, ilfid,De leur graine,
Allées dans un Jardin. Leur uti- 25.1. Leur place dans un Jardin ».
lité, 51. Comment on doit les faire,, 257. Leur faifon , 255? 26^1
22.2 3.(^ /«îx/.Adrelfe pour profi- Aijuedms , z6^. Différentes fa-
ter de la longueur du terrain pour çons de faire couler l'eau dans les^^
Une^//fV,3 5.Dîverfes fortes à^Al- A<^ueducs . 27© 271 fuiv. &
lées, ibid. Règles qu'on doit obfer- Arbres & Arbrijfeaux , qui con-
ver pour la pente des^//m.5 3 .De ferventleur verdure enHyver, 167
la larg:eur d^s Allées, 55.^* fuïv.'De
leur longueur, 5 4. L'entretien des
&Jmv^
Arbres, Du choix que l'on doit
Allées, 55.Moïen de l'éviter, 55. faire des Arbres convenables aux-
5 é'.Maniere de bien dreffer \ts Al- Jardins de propreté, 160. fuiv. &
lées y ihid. & 119. & fidv. Manière Des Arbres fauvages i<?i. Des ,

de les fablerôd de les battre, 5 Les aquatiques,t^i«/.Avantage des Ar-


Arbres dont on fe fcrt ordinaire- bres Se Arbriffeaux verds,i70.Gb-
ment pour former de htViQS Allées^ fervations à faire furie choix de ces'
i'jo.& /«tV. La meilleure manière Arbres y 171. 172. Du tems de les
de bien élever &
drefifer dQsAlléeSy planter , 187& fmv,Du. foin pour
les élever, 190& fuiv. Expédient
Altea Frutex , ou Guimauve pour redreffer les vieux^r^w,i 94
Roïale. Son bois , fes feiiilles , fes 195. De leurs maladies, & les
leurs & fon ufage , 216^ moïens d'y remédier , 197, 1580
^aranteoSâ grainCi 24.5 .Com- Du choix des Arbres q^u'on doic
prendre dans une pépinière, &lcs
T A BLE Bercemx, ou Portiques, 85. Des
moïens de Icsbien lever en motte, naturels & artificiels 85. 85. Leur ,

ZOJ& fulv.20^& /«fV.Des graines compofition S6. En quoi ils dif-


,

& desfruitsdes/^r^mconvenables férent d'un Cabinet tbid. L'ufage ,

aux Jardins de propreté 2io^ , & des Berceaux, 86. 87. Exemple de
fmv. Des Arbres & Arbrijfeaux de divers Berceaux de treillage,87d'
fleurs , rmv.DQsArbres em- fhiv.
motés, 2 20. Manière de grefler les Bols. Leur utilité dans un Jar-
udrbres èi.ArbrlJfeaHX de fleurs. iii din , 67. Voïés Bopjnets. Six ef-
& fmv» Saifon où ils font en fleur, peces de Bois , (^4. 65. DifFerens
225 deiïeins de Bols reprefentés en dix
Arbres de Judée. Son bois, & fa Planches, 66 6-j &
fmv. La meil-
feuille , 218 leure méthode de planter desBols^
Arcades. PalifTades percées en
Arcades, 183 Bouleau Arbre. Son bois , fon
Des bons Arrofe-
Arrofement, ccorce & fa feiiille , 16^
mens & du tems de les faire, i pa
, Boulitigrlns. L'origine de ce mot
Anîhirrimm , ou muffle de 75. Différentes efpeces de Boulin-
Lyon , fleur. grlnSydc leur figure, 75 7<^ fuh» &
Adne. Son bois & fes ufages. Leur place , j6. Leur agrément
ï66 /^fij'. Manière de tracer un Bodln^
B grinimit terrain, 156^ 157
fulv.
BAgHcnaudier , ce que c'eft.Son Bopjuets. Sont l'ornement d'un
bois , fa feuille, fa fleur & fon Jardin ,21. 23. (^3. Leur place ,
fruit. 218225 ibid. Leur différente forme & def-
Malfamne panachée. 245 160 fein , 53. 64. Bof^uets parcs. 6^5,
Bancs. Leur place dans un Jar- Tracer un Bop^uet for le terrain ,
din. 5>4 95 15 2é* y«if. Manière de pla,nter un
BafiUc. 245 2(^o Bofcjueu î/85 18^
BaJfin.Sa place dans un Jardin. Branches.Du choix de laBranchs
278. Sa forme & fa figure , 279. d'un arbre , 15» 3. Pourquoi il n'en
Sa grandeur & profondeur, 279. faut laifler qu une , 194. Cas au-
Des B^Jfms de §\a.[zQ , zZi & quel on "en doit laiffer plufieurs
.

ftiv. Elévation des murs & corrois


d'un Baffm de glaize , 182. 284 Buts, Arbrifieau. De deux for-

Plan de confliruâion âCxinBaJfm de tes ï6^. Propriétés de l'une 6c


,

glaize, ibld Conftruâion d'un^^/- de l'autre efpece . ibid. fulv. &


y;«de ciment ,285. Conflirudion Manière de planter le Bnis , 175
d'un Baffm de plomb , 2 %6 175
Bajfmet , 248 259 Bmjfon- Ardent , Arbriffeau.Son
Belle- de nuit , 2 45 2 6'o bois , fa feiiille & fes fruits , ai8
Mm^iffrf. Ce que c'eft , ^5
c
d,,

DES MA tîe:ies.
Cênflans, Ses Jardins, îi
CoifHelico double,fleur,i4d' 160
C>4^/«fff de verdure , 185 CoçfueloHrde , fleur. 247 z6o
C««/?<?i de fleurs , ^4 Cordeau, pp. 100. Tirer avec le
Camomille 247 %6q y fleurs Cordeau une ligne droite fur le ter-
Camfanelle , fleur, 247. t6o rain , 104 & fuiv, Voïés Ligne,
Camarides , petits animaux , & Tirer avec le Cordeauun poligone^
le moïen de les détruire ibid, , 112. Voïés Poligone,
CapHcine , fleur , :2,45 Coteau. Couper un coteau fur fa
Cafcades Leur fituation &c. longueur^n terraffes, 15 5 fuiv, &
a85>. Figures de pluficurs Cafcades, Voïés Terraffes,
ihid . &
fmv. CoMc^^.Plantesquife fement fuî
Centre. Nombre des dégrez de couches^ 24f
l'angle Centre. 114 CoWrtfr.ouNoifetler. Son bois,
Cfre/<? parfait , 98. pf , Tracer un fa feuille &
fon fruit , 1 6j
Cercle fur le terrain , 115 Couronne Impériale , fleur , 248
Chantilly. Ses Jardins naturels & 25P
î(8 Crejfon-d^ Inde fleur.
, 245
Chardon- if enlt , fleur ^ 145. 2'6'o Crocus , fleur. 248 259 26't
Charme, Son bois & fes proprie- Croix de Jerufalem , fleur, 247
tez , 16^ 2^0
CharmWe.Son mérite, Tj i Com- . Cryfantemon ,ÛQur, 245 i6o
ment elle doit être pour être bonne. Cyprès y Arbre. Son bois , fon
il>id. feiiillage &
fon fruit. i6S
Châtaignier, Son écorne, fes feiiil- Cyttfus, Son bois , fa fleur & fa
leS fon bois & fon fruit , 16i feiiille. 217225
Châtaignier de cheval 1^5
Chenilles Le moïen de
,

les dé-
D
truire , 200 DElflay. Ce que c'eft. 154
Chefne , Arbre. Sa beauté , 161. Demi-cercle. Ce que c'efl: Sç ,
Son bois fon fruit & ï6% fon ufage. p8 p^
Chefne, verd , Arbre , En Dejfein, Manière de tracer tou-
quoi il dififere du Chefne. ordinaire, tes fortes de Dejfeins pour un Jar-
ibid, din 1 47 ^ fuiv.
Chevre-feUille t Arbriffeau. Son Difpjltion d'un Jardin ,15 &
bois , fa feuille &
fa fleur, 2 1 7.2 2 5^ fuiv.yo'iésJardi», Les règles qu'on
Sa culture , 23 doit fuivre , 20 fuiv, De qu'elle
Ciclamen ûtuv 248. 25p. 2^0 confequence eft la DlJpoJitiGn d'un
Clochette 247. i6o
, Jardin 40. 4s
5. Clond, Ses Jardins naturels

Colonades vertes , 182 EAux, Leurs fources , & la ma-


Cûlntea , Arbriffeau. Son bois , nière de les trouver, 2d2.26'|
fa feiiille & fa fleur, 217. Fleurit Tems auquel on fait la recherche
en Efté , 225. Sa culture. 23^ des EauXi & fuiv. Machines
différentes pour éîevcr
TA
VEaUy i4j
B LE
Eleur de la Paffion. 247
& fuiv. Des refervoirs, z^S.Trois Eigure & ftatuës de bronze.font
manières de conduire les Eanx , les plus belles , ^2. Figures d'efpc-
^69. Eaux jailliflantes , ou Jets- €es différentes, 92, 93. Leur place
é EauXj 271. La jufte proportion dans un Jardin. 5)5;,

que l'on doit donner aux conduites Figure y Difpofition. Tracer avec
par raport aux Jets à' Eaux , lyi, lecordeau xxueFïgure irreguliere de
i73 .Diftribution desf^w^ï'dansun quatre côtés , no. Tracer avec
Jardin 277, Eaux naturelles &
,
rinftrument une figure irreguliere
Emx jailliflan-
artificielles /i^i*?. de quatre côtés , m. Voies Poli'
tes & plates 277, 278. Eaux vi^
, gone.
ves & dormantes. 268 Fendis, Ce que c'eû^ 134
jE;^^^^, Son bois fa feiîille &
,
L'ornement des Jar-
F<?»/^i«i?/.

fia fleur, 118 215, dins 91. Leur place dans un Jar-
,

Ejine- blamhe^, ou Anbeflney A r- din ,ibid. & 278


brifleau. Son bois , fes feuilles , & Forêts. Bois. ^4-
-fies fleurs.. t^6 i6j Fourmis, Divers moïens de les

Erable Arbre. Sa feuille fon


, , détruire. 201
ccorce , fon bois , fon mérite , Frefne , Arbre. Son bois & fes
feuilles.

Efcalier d'hn J ardin. Sa place ,


FrMzVj pour femer, lo^ & fuiv.
140 Des marches d'Un Efcalier ». Futaie, Bois de haute & moïen-
Î41 .Figures reprcfentans plufieurs Futaie» ^4
Efcaliers de pierre , 14.1 fuiv. & G
Efcaliers de gazons , 142 143 &
piiv.
G de verdure.
Alertes i 83

de fa graine , 80. Le
Gaz^on.
tems & l'art de le lemer , 75). 80..
fXears, D'où elles proviennent, Manière de plaquer le Gazjtriy 80,
24Î .Maniered'éleverdesF/É-Mrf, 8 c Moïen fûr d'avoir de beaux
.

U42 245 153 Lieu refervé pour les Si.Du Gaz^on à pointe, ce
élever 244. Tems propre
.
244, ,
que c'eft, 85. Comment on entre-
245 Celles qui fe femenr fur cou-
. tient un Gdz.on. 83
che au Printems 24i5. Celles qui
,
Geneft. Son bois & fes fleurs ,

fe fement en pleine terre , 2435. 21^. 225. Sa culture. ^^«^


F/^Hrs qui viennent de graine, 24,5 Genévrier , ou Genièvre , Arbrif-
& [hw. Celles qui n'en viennent feau. Son bois , fes fetiilles , fon
pas , 247. De ia place convenable odeur. 169
à chaque Eleur dans les Jardins j. Géranium couronné , fleur , 247
26"©
25 5 Fleurs duPflntems ,25 8.2 5.9»
.

WkHn de l'Efté, 2 55^* Emrs d'Hy- Giroflée d'Angleterre. 247 x6o


ver , Fleurs qu'on peut faire Giroflées doubles ^ 24:5 . ^ 5 % Giro-

ftturir plufîeurs mois de fuite,2 <îi. flée isivine,. 247^5^-


îiaiaifoa de chaque Elenr». ^^ % G lacis de Jaidwi 7P 8 a
1 ,
. ,,

D E s M A T I E R E S.
(Smnes, Qualités requifes pour Jardin^iS.i^.io.La. proportîo»
être bonnes zop. La îaifon & le
, à'anJardin pour la longueur&lar-
tems propre pour les femer, 210. geur , 20. Règles générales qu'ats
Moïen de les conferver, 2 1, Grai- doit fuivre dans les difpofitions &
nes qui fe fement auPrintems,245 diftributions des Jardins , 20. &
Celles qui le feraent en Automne, fuiv. Trois différentes fortes de
Jardins qui fe peuvent pratiquer
Greffe. La manière de gnffer les 24. Jardins de niveau, 25. Jardins
Arbres, îîi.L'inftrument avec le- en pente douce , ibid. Jardins ea
quel on greffe , il;id. Le tems ds terraffes ,25. Quels font les plus
greffer ^ iiz & fuiv. beaux , 25 d* fuiv. Exemples de
Grenadiers, Son feîiîllage, fa tête différents Jardins graves en cinq
& fa tige ,214. Deux efpeces de diverfes Planches ,25 z6 & fuiv.
Grenadiers j ibid. Son fruit , 214. De la manière de planter les diffé-
Sa culture,2 3 5.Maniere de le gref- rentes parties d'un Jardin, 175 17^
fer Saifon où il eft en âeur & fuiv,
a2 5 Jafée des Indes , fleur. 247 2 (fo
Grenaille , fleur. 247 Jafminy Arbriif&au. Son bois, fa
^ri//« , de Jardin. 5)4 feiiille , fa fleur, fes différentes ef-
G rotes, P4 peces,! 5. Tems où il eft en fleur,
1

H 225. Sa culture. 255


jauniffe d'un Arbre. Sa caufe Se
HAnetons, Comment on lés fon. remède; 19^
extermine. 201 Jets-d'em , 272. La proportion
Héliotrope , fleur. 247 des tuïaux par raport au JetSyiji»
BemerocaU , fleur. 248 259 273 Manière de faire fervir une
.

Hépatique , fleur. 247 Conduite à plufieurs Jets , 274.


ii/^yïrf' , Arbre. Son écorce , fa Voïés Eau,
feiiille fon bois, fes propriétés ,
, Jf, Arbriffeau. Son bois & fa
161 16^4 feiiilie, 1^7. 168. Son ufage, 176'.

Houx , Arbriffeau, Son bois & Le lieu & le tems de le planter


fes feuilles. 1 6^ iêfid.

I Immortelle , Fleur. 24^ i6q


Impérial y Arbre. Ses feiiiUes »

248 259 26*1 fon bois fon écorce fa graine


JAcintes, , , ,

Jalons. Ce que c'efl:. 100 1 01 i6z


Jardins. Jardinage, Combien la fîmp]es& doubles,248
Jornsfuilles

fçience du Jardinage efl: noble Sc bulbeux fleur,


Iris 248 259
,

agréable, 5 .L'utilité de ce traité du Arbre de Judée. Son bois fa ,

Jardinage. ihidSo. divifion, 5. Qua- feiiille , & fes fleurs. 218 225
tre eypofitions différentes duSoieil Julienne fîmple-, fleur. 247 i6o
en fait de Jardinage , 10. Des dif- Julienne double , ibid.

pofitions & diftributions des Jar-


dins ^ 1 5 .Vraie grandeur d'un beau
,

TABLE
Mr^p de Lîon , fleur. 247 z^©
Muguet , fleur. 247 25 9
Juney, Son bois & fa feuille Mulot , Animal , 200. Manière
jii 5. Six efpeces de Laurier , de les prendre ,

îhU. Sa culture , 23 5. Lafarfon où Mufcipinla , fleur, 1:^6 160


il eft en fleur. 2^5 Myrthe , Arbrifleau. Sa tige, fa
Lemiffue. Son bois, fa feuille & feuille , fes fleurs , 214. Diverfes
là fleur , &
fon fruit, 218. 225. Sa fortesde Myrthe 215. Sa culture, ,

culture, z^(^ Manière de le greffer , 22 3.


235.
Leomms. Son bois , fa fciiille Saifon où. il eft en fleur, 225.
fa fleur .21 8. 225. Sa culture. 25^
Ligne. Manière de tirer une ligne
droite fur le terrain avec le cordeau,
104. ou avec des piquets , ibîd.
N Arcifi:s

247. 250. Narcijfes de


bles
Conftantinople.
,

248 & 259.


communes
ÎsT
& dbu>

Manière delà prolonger, 105. Tra-


cer avec le cordeau une ligne droite Niveau, Ce que c'efl:,i 20. Deux
qui foit d'équerre ou perpendicu- fortes de Niveau , ibid. Son ufage »

laire à une autre ligne droite tra-


m& fuiv. Le tems propre pour
2,Lamaniere dele
cée o 5,
, I Tracer avec l'in-
ftrument une /«^w perpendiculaire m&
»iw//(rr,i2

Niveau
fniv. D'relfer
Ç\iï le , 125. Dref-
terrain
une ligne
faire,
de
à une ligne droite tracée , 106,
Tracer avec le cordeau une liane
fer & unir le terrain fuivant une
perpendiculaire ligne de Niveau» iz6 127
à l'extrémité d\^
ne ligne droite tracée , ibid,TmcQï Niveau à fioles, 2^4
avec Jecordeau^unc ligne parallèle Noifetier , Arbriffeau, Son Bois,

à une ligne droite tracée. fes feuilles , fon fruit,. v6'j


1
07
Lilas. Son bois , fa feuille fes , 0
fleurs. ^ 2i<^225 Culus-Chrifti , fleur. 247 r6o
Z/jWp« , animal, loi. Manière Oeil-de-bœuf, 247 léot
de les détruire , ibid, Oeillet d'Efpagne , 247. Oeillet^
Lys^flame^ fleur, Lys^ ou Jacinthe des OeiU
Po'ctes, ibid.
blanc, ibid» /tffj'Cmples & doubles ,^47; i6o^
M Oeillet- d'inài. 245 i66
Oignons de fleurs.Maniere de les
Marguerites , fleur. 247 259 planter , 243. Différentes elpeces
A^artagon ,ût\xr. 248259 248. Les meilleurs Oignons,. 248.
Matricairt , fleur. 247 260 Or^??7^fr.,Sâ tige ^ fon bois , fes
^^rf^y^/^/^ ..ArbriiTeau. Son bois feiiilles , fes fleurs & fes fruits ^
& fa feiiille,. i^y 214. Diverfes fortes d'Orangers »,
Meudon, Stîjzîàïm,. lè ibid. Leur graine leur durée , &
Mignardife , fleur. 247 160 214. Le moïen de les élever, 21 9^
Moulin à eau &
t vent , 2.^8 220. Manière de les greffer, 22 ij,
La manière d'élever les eaux par 222. Le tems qu'ils font en fleur ,
les MoHÏmr. nS^ 2(S8 22,5. De la culture des Orangers ».
des arbresg, 2 2^1 De la ferre des Orangers , ^
,

DES MA T 1 E R E
de tracer, 104 &/uiv.
S.
de leurs qualités , /^îV. Compofi-
tion des terres ,227. Manière de Parterre. L'origine du nom d©
rencaiflèr des Orangers , Leur Parterre, Terrain qu'il doit occu-
expofition dans les Jardins, lap» per , zo. Comment on décore Isî
Leur arrangement , \hiâ> & fniv, tête d'un Parterre it. 3 9. D'où, ,

L'arrofement , 13 o. La faifon de font tirées les broderies les com- &


les ferrer & fortir, 15 i .Leurtranf- partimens des Parterres , thld, Def-
pDrt î3 1 La manière de gouver-
,
feins differens qui entrentdans leur
ner XtiOrangers dans la ferre, »'5i. compofîtion , 3,5>, Comment doit
135,, Moïen de les garantir des in- être la broderie des Parterres pour
feâ:es,t34. Des maladies des être belle , il^id. Quatre fortes de
OrangerK, 137. Moïen de réta- Parterres 41 , . Parterres de brode-
blir les infirmes 13 6, i 5 7.
, fuiv. & ries pourquoi ainfî apellés ikid.
, ,

La longueur deleursaialadies,i.3 8 Parterres de compartiment. Par-


Oreille-d'ours, fleur.Changeante terres à l'Anglolfe , Ihîd. Parterres
en couleur ,& très- variée , 2,^.7 de pièces coupées, ou de découpé?,
4z. De la difpofition dcsParteres ,

Orme , Arbre. Son bois , fon tbid. Leur vraie place ,


41^ Leur
, fa durée,
fciiiiiage 1 6^ largeur & leur longueur , ibid. &
Ovale, Manière de tracer un y«i«.On ne met plus de grandsAr-
Ova/e fur le terrain, 115. de tracer briffeaux.& Ifs dans les^ Parter-
un Ov^le, dont les deux diamètres res , pourquoi , 43-. Les Par-
foient déterminés fur le Papier , terres font plus beaux le premier

116, 117. de tracer furie terrain jour qu'ils font plantés , que dans
un Ovale apellé- communémeiît
,
la fuit€ , & pourquoi , 44. Tracer
duj^dinier. ïi8 ViVï Parterre fur le terrain ,151^
jmv. Manière de planter un Par-
P terre Comment il
,175. i'j6. faut

P AHJfades.De leur beauté des


différentes formes qu'on peut
& letondre , & en quel tems 177,
Fleurs empîoïées dans un Farter--
leur donner , 57. Six exemples
de re, î4o, &
juiv. Des différentes
différentes Palijfades , reprefentés décorations àt^ Parterres fuivant
dans une Planche , 5^ & faiv. Les lesfaifonsi 255:
iplants les plus eflimés à l'égard des PifJfe-veloHyS y fleur- 245 5.50
i?<î/i/?4iîf«,i7SiLamanieredeplanter Pii?f , en terme de Jardinage ,
des P alidades , 180, La difficulté ce que c'eft, 134;
de faire venir les Palijfades dans Pavot double. *4^ i^a
un Jardin ,180, 181. La manière Penftes ,
fleurs,. 147 2r-59

de les tondre , .i5>5 . Le moïen de Pente, Dreffer un tcrraia fur une


bien entretenir d^s P alidades ^ 1^5 ligne de Pente^- \ï%
15).^. & de les regarnir. 198 Pépinières, Le fecouTS qu'on en
Palma-Chrljîi »45 zfSo
, fleur. retire ,105. Leur place , ibid, D«
Parallèle du papier avec le ter- choix du terrain d'une Pépinière i,
.

miflî^en ce qui regarde la manière §c de la manière de la préparer v


T A B L E
2,04. Le moïen d'avoir une belle Pomme- éptnenfe
^

, fleur. a45
Pépinière, i 05. Pour élever des Pé- Pompes à bras & à cheval ,267,
pinières en peu de tems , zoô". Pompes foulantes ôcafpirantes, z6j
Pour redrefler leis arbres d'une Pe- »58.
fmiere , 107. Ce qu'on doit faire Pùrtlejiues de Jardins ce que ,

avant que d'enlever un arbre de la c'eft, 85 fuiv. Portiefues de toute


Pépinière, 208 xop forte, &
fmv, jnf/fft'a pi.Voïés
PerfçeEitves & leur utilité. 95 94 Berceauy Des plans qui convien-
Peuplier , Arbre. Son bois , fon nent le mieux aux orti^ues » i Ji,
écorce , fes feiiilies. 1 66 175. La manière de planter des
Phafeole , fleur. 247 Portiques. iSj^
Phileriat ou Filaria, ArbrifTeau. Primevère t ^QUU a47 »59
Son bois , & fes feiiilies. 169
Plcea, Son boisj, fa feiiille , fon
* QVeHè-de-Renard y fleur, 245
ufage. 168
Quinconces , 66, 75 , Manière
Pied-d' alouette , fleur. i^6 %6o
Pin
de jts planter. \%6
Arbre. Son bois fon écor-
ce I
,

fes feiiilies , fon fruit , & fa


,
R
graine. 1^8 RAcines vivaces. 447
Pivoine t fleur, 2,48 159 Rampes, 79
plantage De la manière de plan- RemhUy, Ce que c'efl:. 134
ter toutes les différentes parties Renoncules de Tripoli. 243 x5 9
d'un beau Jardin , 175 & fkiv.LQ ^tf/^r-yo/r/d'eaux.Dcux fortes de
tems & de planter des ar-
faifon Refervoirs, a68 ^59
bres. 187 188 Romarin, Son bois , fa feiiille ôc
Patane , ou plane , Arbre. Son fa fleur. a' 7 ^^%
bois fon écorce & fafeiiiile. 1^5
, Rofe-d'Inde, ^45 i5©
Plantes vivaces. 147 Rofes- tremieres, 147
plants. Du foin que l'on doit Rofîer, Ses différentes efpeces &
prendre des jeunes p/<i«^f, ipo 151 fleurs , 5. la 5 Sa culture.
2 1 . 455
& fuiv. Ruël,L^ fituation de fes eaux. 1
Plates- handes. Leur ufage futi-
lité, 44. Quatre fortes de Plates^
bandes, ihid. &
fuiv. Fleurs em-
S Jhlne \ ArbrifTeau. Son bois&
ploïées ordinairement dans les-P/^- fes feiiilies. i6^
ns-bandes des parterres , a^o & Sable de rivière de terre. 5 7 &
Sain-foin d'Efpagne. a45 ^47
i»o/;^tf«<f. Manière dé tracer avec i6o
lecordeau unpoligo-ne tel qu'/l foit, Sapin , Arbre. Son bois, fa feuil-
ii% Tracer avec rinfl:rument tef le , fon fruit, fa graine
fes ufa* &
poUgone que ce foit, 113. 114. ges , 1^8. Différent du Pin ibid,
Noms des poUgones » 114. Nom- Seeat^x, Sa fituation fes Jar- &
bre des dégrés de l'angle du Palî- dins. 18
gm* 114 Semensc ,femer. Voies Grain fn
,

DES MA T 1ERE
cnrcj'r/î/tfjfoutenuës par des
S
- SerwgalSon bois , fa feuille , &c murs
fâ fleur, ii7.zi 5. Sa culture. 256 de maçonnerie ,156. Couper un
Stf>'?-edesO rangers, & leurs qua- coteau fur fa longueur , en Terraf-
lités, 2i6, & piiv. Voies Oranger, fes foûtenuës par des talus & glacis
Situation d'un Jardin, Quelle elle de gazon , 157. DrelTer entière.,
doit être, 7. fuiv. Les cinq con- & ment un coteau fur fa largeur , en
ditions qui font n'éceflaires à une le coupant en Terrajfes , foutenucs

bonne Jîtuation > S & fuiv, juf^uà par des talus & glacis de gazon ,
14. 5f>«<2?/<?« d'une allée. 52.55 138 15^
SoHci double , fleur. 160 Terre. La manière de fouiller &
Statifée ,
fleur. 247 i6o tranfporter les Terres, 125
Stramonium ^ fleur. 245 i6o 7"£)ïy^. Ce que c'efl:. 97
Sycomore , Arbre. Son bois ,fon Tournefol ^ Ç^QUT, 2472^0
écorce & fa feuille. 164 lé^j Tracer. Ce qu'il faut faire pour
^

bien Tracer. i©r


T Traçoir, loi
TAlllis, 6j Treillage, Voies Berceau,
Tatafpic a.nnvit\. 24(^260 Tremkle , Arbre. Ses felillles »

TaUfpic Yivace,. 247 2 do fon écorce , fon bois & fes pro-
priétés.
Ta/us,^ 7P 82 1(^5

Taonu Gros vers» 202 TVkV»^/*?. Tracer avec le


cordeau
Taupes, 200. Manière de les
un Triangle égal à un Triangle mar-
prendre, ibïd. qué fur le plan. 109
Tilleul i ou Tilloî, Sa feiiille , fa Tricolor blanc & noir. 245 i6q
tige , fa tête, fon écorce, fes fleurs TnfoUum^ Son bois , fa fleur &
& fon bois. \6i fa feuille. 217 225
TVrr^ îwd'un Jardin de propreté, Troèfne , Arbriffeau, Son bois ,
quel il doirêtre,7. Sa fituation, 7. fa feiiille & fa fleur. 21 7 22 5

&fuiv. Le moïen de connoître fi, Tubereufe y^ç.\X!. 24.825p.


VLnTerrain efl; bon, i o. c^,4iî;. Com- T Hilleries, Jardin des Tuilleries ,

ment l'améliorer , & qualités re- & fa fituation. 23


quifes à une bonne terre,! i & fuiv,. Tulippes de différentes claffes ,
Dans choix d'un 7erramJ\\ faut
le 248. 25 Les plus belles , 24^;
qu'il s'y trouve aifément dé l'eau Leur durée , 245). Leur culture <k
I 3 .Comment corriger unTerrain^ multiplication. 250
15 . Manière de dreifer un Terrain^ Turcs. Sorte de vers* 20 i
1 15?, & fuiv, ThUhx pour conduire des eaux,
Terrajfes différentes , 15 2. Elles 273 &
fniv. htxxx groffeur. & pro-
ne doivent point erre trop fréquen- portion ihid,^

tes 1 3 3
, 154. Couper un coteau
.

fur fa longueur , en Terrajfes fou-


W
tenuës par des murs de maçonne- VAlerlenne » ûeuTo 247 2 d^o

rie,! 3 5 .DrefTer entièrement un cô- F^W^, Arbres verds,i 67. L'a-


ttau fur fa largeur , en le coupant vantage qu'ils ont,& i'ufage qu'on
TA BLE D: S MATIERES
rhlette dQ Mars,
ea peut tirer , 1 70. Les propriétés ^47
ûe chaque cfpece d'Arbre d'Ar- & Folukilis t £eur. 145
briffeaux f^erds y 175. Qualités
qu'ils doivent avoir pour être Y
bons. ^ ï75 '^74
Verne ,t
Arbre.Son écorce » fon YTrea» , Arbre. Pourquoi ainfî
bois & fes feiiilles. 166 apeHé , i6%. Son bois
, fa
VeronieiHe , fleur. 2^47 2 (fp feuille , &c. ihid»

J^iN DE LA TA BL DES MATIERES.

De l'Imprimerie de J e a n-B a p r i s te Lames £


'4 *

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