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© InterÉditions, 2021
InterÉditions est une marque de Dunod Éditeur,
11 rue Paul Bert, 92240 Malakoff
www.dunod.com
ISBN : 978-2-7296-2216-9
■ SOMMAIRE
Onze ans déjà ! Onze ans que nous écrivions ce livre, fruit de notre
rencontre avec le génial Docteur Stephen Karpman. Depuis nous avons
animé des centaines de stages, conférences, séminaires et travaillé des
centaines d’heures avec lui pour simplifier, réduire à leur plus simple
expression utile les outils de self-défense relationnelle et d’assainissement
des relations.
De ce travail est né le KPM (Karpman Process Model®), modélisation à
l’usage de tous, des quarante ans de recherche et de pratique psychologique
de notre mentor. Et puis, avec sa bénédiction, nous avons poursuivi le
voyage et construit une boîte à outils pragmatique et souvent drôle à utiliser.
Car oui, comme le font les magiciens d’Harry Potter avec l’Épouvantard,
objet de toutes leurs peurs, nous avons pris le parti de l’humour et du plaisir
pour travailler notre self-défense émotionnelle et relationnelle pour en faire
un art.
La vie est un art, c’est notre conviction et notre signature.
■ Préface
Depuis bien longtemps, j’entends que mon Triangle Dramatique est connu
et utilisé dans le monde entier. Et, bien que conscient de l’effet qu’a pu faire
ma vision métaphorique des relations humaines, je n’ai jamais vraiment
mesuré l’étendue réelle de son succès.
C’est en 2006, si je me souviens bien, que j’ai décidé pour la première
fois de « googler » mon triangle (un verbe que j’entends de ci de là, ces
derniers temps).
J’ai alors tapé sur mon clavier « Triangle Dramatique » et quelle ne fut
pas ma surprise (presque ma terreur) de voir surgir plus de quinze mille
adresses de pages web ! Des gens dans le monde entier avaient repris et
développé sous forme d’articles, de livres, et même de séminaires, ma
mutine figure géométrique. Il existe même en France, un groupe de Rock
nommé « Drama Triangle ».
Ce que je découvrais en naviguant me rendait le plus souvent
humblement fier et heureux. Parfois aussi, la colère me donnait envie de
corriger des versions faussées, voire contradictoires trahissant le sens et les
objectifs de mon modèle.
Une fois que le dentifrice est sorti du tube, il semble bien difficile de l’y
remettre !
Peu après cette découverte sur Internet, je décidais de rassembler mes
notes et de partager quarante ans de recherche ininterrompue sur ce que le
monde avait décidé d’appeler le « Triangle de Karpman ». Il me fallait
montrer ce qu’il y avait sous le sommet de l’iceberg, partie que seuls ceux
qui avaient apprécié mon travail connaissaient. J’ai commencé par écrire un
premier article pour le Journal de l’Analyse Transactionnelle aux États-
Unis. Depuis, le désir d’écrire un livre sur le sujet me tarabustait. Après
tout, Charles Darwin a écrit son œuvre majeure au crépuscule de sa vie.
Pourquoi pas moi ?
C’est à peu près à cette époque que je rencontrais Jérôme et Pierre. Nous
avions, eux comme moi, la noble tâche d’intervenir en conférence à Hot
Springs, près de Little Rock dans l’Arkansas, à l’occasion du deuxième
Congrès Mondial de la Process Communication. Je venais présenter mes
travaux sur la version complète de mon modèle et ils présentaient les leurs
sur la santé émotionnelle et le modèle Process Communication®. Ils m’ont
approché dans la soirée, après mon intervention, pour réaliser une interview
vidéo à l’attention des coachs et formateurs français. Je commençais par
donner mon accord puis changeais d’avis.
J’avais remarqué qu’ils étaient venus avec un matériel vidéo sophistiqué.
Je me suis dit que ce serait sympa et intéressant de faire quelque chose de
plus excitant qu’une interview. Je leur suggérais de faire plutôt un clip de
présentation de mon modèle sur une quinzaine de minutes. J’étais curieux
de voir et entendre ça sur le format vidéo. J’avais aussi envie de me lancer
ce défi. Ils eurent l’air ravi et nous nous mîmes en tournage le même soir,
dans l’enceinte vide du lieu du congrès. Quel beau souvenir ! La mise en
scène était fort simple : je pris une craie blanche, m’installai devant un
tableau noir vieille école et improvisai pendant une vingtaine de minutes…
Une seule prise suffit pour tout mettre en boîte. Ce fut un moment de grâce.
C’est là notre première rencontre.
Le reste de l’histoire semble s’être écrit tout seul…
Ils sont tous deux repartis en France avec la bande vidéo. Je suis rentré à
San Francisco pour me remettre à la rédaction d’articles complémentaires
destinés au Journal de l’AT.
Trois mois sont passés. J’avais presque oublié notre tournage. Jérôme
m’a appelé chez moi. Il me dit que Pierre et lui avaient retenu mon histoire
de Google, et qu’ils souhaitaient m’aider à faire passer le message de leur
côté en Europe. Ils avaient en tête d’organiser un ou deux séminaires à Paris
avec moi pour des formateurs et des coachs. Je leur dis pourquoi pas, pour
plusieurs raisons, dont la principale, je l’avoue, était de voir Paris au
printemps et en profiter pour enfin visiter le musée Picasso ! Après une
semaine seulement, ils m’ont rappelé pour me dire que deux séminaires
n’allaient pas suffire vu le succès de l’annonce du projet dans leur cercle de
collègues. En informant leur seul réseau de proches, ils avaient reçu plus de
cent demandes de participation !
J’étais flatté et ravi. Nous avons confirmé et plus de cent personnes sont
venues nous voir. Nous avons dû refuser du monde. Et vous savez ce que
disait le Terminator : I’ll be back !
Nous avons monté nos séminaires, avec moi, qui amenais le bon vieux
matériau que nos participants croyaient connaître, le modèle du Triangle et
je l’ai enfin présenté tel que je crois qu’il doit être utilisé, développé et
enseigné. La surprise venait des évolutions que j’avais créées au fil des
années et, pour finir, les outils que j’avais imaginés pour aider les gens à
vivre leur vie hors de ce satané Triangle du Drame. Quel plaisir de travailler
avec Jérôme and Pierre ! Ils ont endossé bien mieux, bien plus, que le rôle
de co-animateurs pendant ces séminaires. Il leur arrivait d’attraper au vol un
schéma que j’avais gratté sur le paperboard, ou encore de relever, en la
notant, une blague, une idée que j’émettais, puis ils revenaient le lendemain
avec un exercice ou une expérience à tester immédiatement avec nos
groupes. Je trouvais cela passionnant parce que je n’avais plus qu’à laisser
les idées sortir comme elles me venaient. Et toutes ces choses que j’avais
imaginées et construites dans ma tête pendant des années, prenaient vie sur
place.
Depuis, j’ai écrit – je devrais dire compilé – une série d’articles
reconstituant toute l’histoire du Triangle. Mon histoire du Triangle et pour
finir, une fois de plus avec le soutien actif de Jérôme et Pierre, j’ai écrit mon
livre définitif sur l’ensemble de mes recherches1.
Dans les pages qui suivent vous trouverez la lecture respectueuse et
ludique que Jérôme et Pierre en ont faite. C’est une joie de lire leur
adaptation de mon modèle sous cette forme à la fois simple et pourtant si
riche. C’était bien l’idée à l’origine : mettre ces outils à la disposition de
tout un chacun, les rendre si simples qu’un enfant de huit ans pourrait les
utiliser, comme le suggérait mon vieil ami et mentor, le Dr Eric Berne.
Voici le plus important, amener tout cela dans la vie quotidienne.
Avec ce livre, le premier d’une longue série, j’espère, Jérôme et Pierre
vous apportent mon modèle dans le respect de sa forme originelle et son
intégrité. Ils l’ont rendu drôle et facile à appréhender. Alors, allez-y,
amusez-vous et libérez-vous des Triangles Dramatiques de l’existence.
Et à l’occasion, rendez-moi donc visite sur :
www.karpmandramatriangle.com
Stephen B. Karpman,
Le 14 février 2010, San Francisco
Cette lucidité dont nous parlons ici commence par deux évidences :
D’abord, ce que nous appelons « pièges » dans cet ouvrage sont la
plupart du temps, des comportements peu conscients, qui sont eux-mêmes
l’expression de motivations toutes aussi peu conscientes. Bien sûr, il arrive
parfois que certains de nos interlocuteurs soient de grands Joueurs qui
savent très bien ce qu’ils font lorsqu’ils le font. Mais, mais ils ne
représentent pas une majorité, fort heureusement. Ne cédons pas à la
tentation de juger trop vite ceux qui nous entourent lorsque nous les voyons
clairement agir avec un stratagème. Notre lucidité ne doit pas nous servir à
devenir des délateurs et des moralisateurs insupportables. Au contraire, elle
est là pour nous inciter à davantage de sagesse. Un léger sourire au coin des
lèvres se dessine lorsque nous commençons à repérer par-ci, par-là certaines
pratiques de communication correspondant à des manœuvres que nous
allons étudier. Un sourire mêlant distance et sérénité, pas celui de l’ironie.
Ensuite, avec ce livre entre les mains, rappelez-vous que nous sommes
tous des utilisateurs plus ou moins assidus des pratiques que nous allons
décrire ! Et oui, même nous, les auteurs de ce livre, écrire sur les pièges de
la mauvaise foi ne nous exonère pas de céder parfois (moins qu’auparavant,
nous l’espérons !) à certains raccourcis dans nos relations aux autres. C’est
une des bases de la lucidité que de s’inclure dans ce grand théâtre de la vie
sans être dupe.
Une des principales vertus de la lucidité sur soi-même réside également
dans le fait de connaître ses points de vulnérabilité. Parmi les pratiques
désagréables que nous allons décrire dans ce livre, certaines vous paraîtrons
plus supportables que d’autres. Pourquoi ? Difficile de répondre à cette
question sans poser l’hypothèse que chacun de nous a, dans son histoire,
des épisodes douloureux au cours desquels il ou elle a entendu ce genre de
formules, associées à un parent, un ex-conjoint ou un supérieur hiérarchique
coutumier du fait. En les entendant aujourd’hui, dans le temps présent,
l’effet produit est celui de recevoir une attaque sur un point sensible. Nous
appelons cela un hameçon dans la discipline que nous pratiquons. Un bon
déjoueur connaît les petites phrases, les formules et les attitudes qu’il
déteste. Il sait qu’il est plus fragile lorsqu’il les entend et qu’elles
représentent un hameçon dans lequel il est tentant, voire irrésistible de
mordre. Dans le cas présent, mordre voudrait dire, partir au quart de tour,
répondre sèchement et donc, s’énerver le premier. C’est-à-dire perdre la
partie !
En développant notre lucidité, nous apprenons à accroître notre niveau de
vigilance dans nos relations, qu’elles soient professionnelles ou
personnelles. C’est également une belle preuve de bonne foi lorsque le déni
d’évidence empoisonne les relations. Celui qui a déjà eu à subir la mauvaise
foi d’une personne qui refuse de voir une situation telle qu’elle est, sait
combien le déni de réalité est un puissant motif d’exaspération !
Alors gardons notre esprit en éveil et restons attentifs à ce qui se passe.
Les chapitres qui suivent seront non seulement l’occasion d’identifier les
six casse-pieds, mais aussi, sans attendre, l’opportunité de voir comment les
gérer lorsque la situation le réclame.
CHAPITRE 2
Pauvre Olivier. Lui qui pensait avoir une soirée de repos bien méritée…
Il y a de quoi avoir envie de tourner les talons et d’aller voir ailleurs ce qui
se passe, n’est-ce pas ?
Quand on vous dit que ce sont des pratiques désagréables, nous
n’exagérons rien.
Dans cet exemple, c’est le métier qui est utilisé comme étiquette, ici avec
une généralisation assez agaçante : « Même les médecins... » Parfois c’est
l’appartenance à un groupe ou la ville de naissance de la personne :
– « Ah ! tu es bien un Breton toi ! »
– « Arrête de faire ton Marseillais ! »
– « Tous les Espagnols aiment faire la fête ! »
Et oui, nous y voilà. L’attribution est dans la même gamme que la
stigmatisation et la discrimination. Pas si anodin alors !
Il existe donc toutes sortes de variantes de cette pratique d’attribution
d’étiquettes. Et bien souvent, nous en sommes victimes dans notre enfance,
lorsque nous sommes qualifiés par nos parents, nos tuteurs, nos
professeurs :
– « Il est très ceci, il est très cela… »
– « Oh mais c’est un garçon vous savez ! Les garçons c’est comme
ça. »
– « Qu’est-ce qu’il est difficile ! Alors que son frère est sage comme
une image. On ne l’entend jamais. »
Si vous avez conservé vos anciens livrets scolaires, vous lirez peut-être
des appréciations sur vos bulletins qui ressemblent à des étiquettes collées
par vos professeurs, ces mêmes étiquettes qui nous suivent parfois pendant
de nombreuses années.
EXERCICE EXPRESS
Bon c’est sûr, c’est plus long à faire et il faut y mettre davantage
d’énergie !
Inutile de dire que les bénéfices de cette conversation pour les uns et les
autres sont autrement plus évidents que les effets produits par les menaces
et les avertissements de la première version. Encore une fois, si l’intention
est positive, c’est l’habillage de cette intention qui permettra à Aurélien de
se rendre compte qu’il s’agit bien de conseils avisés.
Il existe une belle collection d’expressions contenant des menaces à
peine voilées :
– « Tu ferais mieux… »
– « Vous avez plutôt intérêt à… »
– « Je te préviens tout de suite, si tu ne le fais pas… »
– « Tu as de la chance que je ne m’en sois pas aperçu ! »
– « C’est à tes risques et périls. »
– « Il vaudrait mieux pour vous que… »
– « Je vous conseille de ne pas vous mettre sur ma route ! »
– « J’espère que… »
– « Je vous encourage vivement à me transmettre votre réponse
dans les plus brefs délais ! »
Derrière ces formules à l’emporte-pièce, il y a un message caché, un
sous-entendu grossier : « Il ne faudra pas venir te plaindre et dire que
personne ne t’avait prévenu ! ».
Les personnes qui pratiquent la menace sont souvent les mêmes qui
attendent leur moment pour lancer le célèbre : « Je t’avais prévenu ! » ou
« Je te l’avais dit ». Il y a dans ces petites phrases du quotidien un je-ne-
sais-quoi d’énervant et c’est bien pour cette raison que nous parlons ici de
sabotage de la conversation.
Lui : J’ai retravaillé sur les chiffres du budget. Je suis prêt à te les montrer.
Son N+1 : T’as intérêt à ce qu’ils soient justes cette fois ! Je ne suis pas de bonne
humeur…
Lui : (Plus aucune envie de montrer quoi que ce soit)
Elle : Allo maman, si tu es libre dimanche, ce serait chouette de venir déjeuner à la
maison. Tes petits-enfants te réclament !
Maman : Oui alors, je te préviens, je suis contente de les voir mais vous n’allez pas me
faire faire la baby-sitter. Moi je t’avertis, je suis fatiguée !
Elle : (Plus envie du tout de maman à la maison)
Et oui c’est aussi courant et banal que cela ! Rien de très grave au
demeurant. C’est la répétition de ces pratiques qui finit par éroder la qualité
des relations, y compris avec celles et ceux qui nous sont chers. Ce sont des
raccourcis qui n’apportent rien de très bon.
Voyez comment il serait facile de trouver des façons de dire plus
écologiques. Amusez-vous à reprendre les trois exemples ci-dessus et à
trouver des réponses plus élégantes. Voyez comme il serait simple de dire
les choses sans aucune menace.
EXERCICE EXPRESS
Énorme non !
Bien sûr Zoé regrette d’avoir lancé le sujet dont elle vient de se faire
dépossédée par un Nicolas particulièrement Enthousiaste. Le problème c’est
que cet épisode n’est pas un accident isolé. Nicolas est très enthousiaste sur
beaucoup de sujets ! Les barbecues ? Il en raffole et a plein d’histoires de
barbecues à vous raconter. La montagne l’été ? Il en est dingue et il a vécu
une aventure géniale l’été dernier. Le sport ? C’est sa drogue et il a une
connaissance sans limite des records dans différentes disciplines. Et ainsi de
suite.
Lorsqu’il est dans les parages, plus personnes n’ose lancer de sujet de
discussion car Nicolas s’en empare avec cette excitation désarmante dont
l’effet le plus visible est d’éteindre l’envie de ses interlocuteurs de parler
avec lui.
Ces quelques jours auront semblé très longs aux trois couples qui, nous
l’imaginons sans peine, ont poussé un très gros soupir de soulagement en
voyant la voiture des invités s’éloigner, tout en faisant au revoir, au revoir
avec beaucoup… d’enthousiasme !
■ C comme Cent pour cent (Hundred percent)
Pour boucler la présentation des six chercheurs d’embrouilles, nous avons
gardé ce petit bijou de sabotage pour la fin. Le mieux pour se donner une
idée de ce dont il s’agit, c’est de vous livrer quelques exemples de ces
formules du quotidien qui contiennent une de ces affirmations
caractéristiques du sabotage Cent pour cent.
• « Avec toi, de toute façon, on ne peut jamais discuter. »
• « Il faut toujours que tu dises le contraire. »
• « J’ai encore dit quelque chose qui ne fallait pas ? »
• « C’est à chaque fois la même histoire avec toi. »
• « Êtes-vous absolument certain de ce que vous avancez ? »
• « Décidément tu ne fais rien pour t’en sortir. »
• « Peux-tu affirmer à 100 % que c’est ce qu’il a dit ? »
• « Comme d’habitude, vous avez oublié l’essentiel ! »
• « Est-ce que tu pourrais, ne serait-ce qu’une fois, m’écouter ? »
• « C’est tout le temps le même problème ! »
La pratique du Cent pour cent est une des plus faciles à repérer tant il
existe d’expressions qui servent sa cause. Certaines de ses phrases semblent
posséder le pouvoir maléfique de taper sur le système de ceux qui y sont
sensibles.
Si, en faisant cette expérience de lecture, vous avez ressenti de
l’agacement, alors vous avez découvert que Cent pour cent est un hameçon
puissant dont il faudra vous méfier. Il y a ici un côté excessif avec toutes
ces formules qui ne font aucune place à la nuance.
Généraliser un comportement ou une situation est un point commun avec
l’Attribution. Lorsque certains reçoivent un 100 %, ils ressentent
immédiatement une injustice. Du coup, difficile d’avoir envie de discuter
avec une personne qui, par son manque de discernement, fait déjà preuve de
mauvaise foi. Voici deux exemples de l’effet décourageant de cette
pratique :
Alors toi, tu as toujours…
Nadia tape à la porte de son chef Patrick. Elle a une question à lui poser.
Patrick : Oui Nadia.
Nadia : Patrick, j’ai un petit souci sur un dossier. Hier, j’ai…
Patrick (lui coupant la parole) : Alors toi, tu as toujours des soucis avec les dossiers,
c’est systématique ! Bon, je t’écoute.
Nadia (à l’arrêt, le souffle coupé) : « Euh… bon, je vais me débrouiller, laisse tomber.
Et voilà, c’est simple, efficace et radical. Nadia n’a plus aucune envie de
demander de l’aide à Patrick qui vient de lui faire un 100 % bien chargé.
Peut-être que Patrick est agacé aujourd’hui, ou qu’il n’aime pas la façon
dont Nadia vient lui demander de l’aide. Peu importe les raisons, et peu
importe s’il a raison à 80 %. Il reste 20 % de mauvaise foi.
■ Principe 1 : l’Évaluation
Dans la plupart des cas, lorsque les enjeux ne sont pas si importants, le
simple fait d’ignorer le SALMEC, c’est déjà gagner. Par exemple, je veux
parler d’un sujet lors d’une réunion familiale et je me fais piquer mon sujet
par un SALMEC Enthousiaste. Bon, OK, je suis détendu, l’enjeu n’est pas
si sérieux. Je reste cool, je peux laisser passer ça. J’aurai bien l’occasion de
reparler de mon sujet plus tard. Et si plus tard, je subis un changement de
sujet, à moi d’évaluer les conséquences de ne pas parler de mon sujet.
Grave, pas grave ?
Sachons évaluer rapidement les enjeux avant de rentrer dans le jeu !
■ Principe 2 : la Dissociation
Dissocions nos émotions et le contenu de ce que nous voulons dire. Aucune
parade de cet ouvrage n’aura de bons résultats si nous avons mordu à
l’hameçon, c’est-à-dire si nous pratiquons nos gestes de défense sous le
coup de la colère, de la frustration ou de bien d’autres états émotionnels peu
propices à la maîtrise.
Une bonne nouvelle que nous avons déjà évoquée, c’est que le fait de
voir ce qui se passe, de nommer le phénomène est déjà une façon de se tenir
à distance émotionnelle du SALMEC. À force d’entraînement, nous
apprenons à nous désensibiliser progressivement et à ne plus réagir trop
vite.
■ Principe 3 : l’Expression
D’une manière générale, nous avons constaté qu’une des façons les plus
efficaces de neutraliser un SALMEC est de le dénoncer. C’est-à-dire de
décrire ce que nous voyons et de nous y opposer avec tact et fermeté. C’est
ici que notre lucidité nous sera d’un grand secours. Puisque nous
connaissons les rouages de ces pratiques, nous pouvons les dénoncer au
moment où elles se produisent ou les retenir mentalement pour les évoquer
le moment venu avec notre interlocuteur. Comment ce dernier pourrait-il
savoir que nous ne voulons pas qu’il agisse de la sorte si n’exprimons pas
notre ressenti. C’est du bon sens.
Voyons maintenant quelques pistes de réflexion pour affronter chaque
SALMEC.
Attribution (A)
• « Je vais d’abord te répondre en tant que personne avant de te
répondre en tant que notaire. »
• « Quand tu me demandes de parler en tant que spécialiste, est-ce
que j’ai un droit à l’erreur ? »
• « Avant d’être Anglais, je suis John, un gars sympa qui a des idées
bien à lui ! »
• « Tu viens de faire une généralisation en me rangeant dans une
catégorie. Pas cool ! »
• « Quand tu dis que c’est parce que je suis une fille, est-ce que tu
entends que cette formule est discriminante ? »
• « Tu dis que d’habitude je suis très optimiste. Aujourd’hui tu vois
une autre facette de moi. »
Menaces (M)
• « Je préfère recevoir un conseil de ta part qu’un avertissement. »
• « Merci de m’avoir averti. Qu’est-ce que tu recommandes ? »
• « Ce n’est pas nécessaire de me menacer pour me donner cette
information ! »
• « Quand tu me dis que j’ai plutôt intérêt à le faire vite, quel est le
risque sur lequel tu veux m’alerter ? »
• « Je me sens plus inquiet qu’averti. As-tu une suggestion pour
compléter ce que tu me dis ? »
• « Quand tu dis ‘j’espère pour toi que tu vas le faire’, est-ce que ton
but ici est de créer de l’anxiété ?
Enthousiaste (E)
• « Je vais retenir que tu étais très enthousiaste quand je t’ai parlé
de ce projet. »
• « Si tu as des objections, je préfère que tu les exprimes
directement. »
• « Tu as l’air d’apprécier ce que je propose. Y a-t-il un ‘mais’ à
l’horizon ? »
• « J’ai l’impression que tu es plus emballé que moi sur mon sujet !
Fais-moi un peu de place pour t’en parler, s’il te plaît. »
• « Il y a un phénomène que j’ai observé à plusieurs reprises. Je
viens avec une idée, je te vois t’enthousiasmer pour cette idée,
lancer le projet et, quelques jours plus tard, l’effet retombe et le
projet est arrêté. Difficile à vivre pour moi. J’ai besoin que nous
en parlions. »
Allez, rien que pour le plaisir quelques perles extraites de la vie quotidienne. À vous de
deviner le mix qui est proposé ;-)
– « Tu sais, je te vois toujours arriver avec tes gros sabots. Tu es tout le temps très
prévisible ! »
– « Je t’avertis, nous avons un sujet beaucoup plus prioritaire. D’ailleurs j’ai eu un appel
ce matin du Président et je vais vous raconter ce qu’il m’a dit. Bla bla bla… »
– « Bravo ! Excellente idée. Tu es bien un financier toi ! Après, je doute qu’on arrive à
faire passer ça aux actionnaires ! »
– « On est obligé d’aller manger tous les dimanches chez ta mère ? Je te préviens, à
14 h 30, je rentre pour le match de rugby. »
– « Ouais, je sais très bien ce que tu es en train de te dire. Tu raisonnes en Consultant et
tu crois qu’on ne va jamais y arriver ! »
Amusant non ?
Vous aurez l’occasion, dans la troisième partie de ce livre de vous entraîner dans nos salles
de dojo contre les SALMEC que vous rêvez de décourager.
Esquivez
Les six casse-pieds
• Évaluation : mesurer les enjeux avant d’intervenir.
• Dissociation : séparer les émotions et le contenu.
• Expression : dénoncer le sabotage.
1. Taibi Khaler, Docteur en psychologie, créateur du Modèle Process Communication.
CHAPITRE 3
■ Condescendant
■ Abrupt
Ne commence pas avec mes parents !
Sébastien et Mélanie sont mariés depuis cinq ans et sont les heureux parents d’une petite
Marion âgée de deux ans et demi. Chaque été depuis des années, le couple va passer
l’été dans la maison familiale de Mélanie, dans le golfe du Morbihan. Durant ces quatre
semaines de vacances, les deux premières se passent en compagnie des parents de
Mélanie qui partent ensuite faire leur voyage annuel au Canada dont ils sont tombés
amoureux il y a dix ans. Claude et Mireille, les beaux-parents de Sébastien, sont
intarissables sur l’été indien, la beauté des paysages, la gentillesse des Québécois, les
expressions et la façon de parler, etc.
Seule ombre dans ce magnifique tableau, Sébastien n’a jamais été le gendre idéal que
Mireille et Claude espéraient. Mais bon, comme Mélanie semble l’aimer et que
maintenant il est le père de la huitième merveille du monde, il faudra bien s’y faire. Cela
fait des années que le sujet est tabou entre Mélanie et Sébastien. Ils ont déjà eu quelques
sérieuses disputes à gérer et le couple a même vacillé pendant quelques mois il y a de
cela deux ans. Chaque année, avant le départ en vacances, Sébastien fait une tentative
pour aborder le sujet sereinement car il supporte de plus en plus mal les deux semaines
de cohabitation jalonnées de regards entendus entre Mireille et Claude, d’oublis
malencontreux (Oh vous n’avez pas été servi Sébastien ! Je vous laisse faire d’accord ?),
de réflexions maladroites ou, plus nouveau, d’utilisations à peine voilées de Marion pour
faire passer des messages à son Papa !
Voici ce que donne, la plupart du temps, ces tentatives de dialogue.
Sébastien : Mélanie, dans un mois nous partons dans le Morbihan. J’appréhende un peu
comme chaque année !
Mélanie (sèche) : Ah non ! Ça va pas recommencer !
Sébastien : Comment ça ?
Mélanie : Arrête un peu avec ça !
Sébastien : Est-ce que tu comprends que pour moi c’est important d’en parler ?
Mélanie (en se tenant la tête comme si elle avait subitement une énorme migraine) :
Non, non, non et non ! Arrête je te dis.
Sébastien (insistant) : C’est moi qui souffre de cette situation. Tes parents me détestent.
Mélanie (se redressant d’un coup abandonnant au passage sa migraine) : Stop ! Ne
commence pas avec mes parents. Tu vas te faire du mal tout seul !
■ Secret
Un grand classique
– Ça va toi ?
– Mmmh.
– Ça va ou pas ?
– Je ne sais pas trop.
– Comment ça, tu ne sais pas ?
(Silence.)
– Réponds-moi.
– Je ne sais pas quoi dire.
– Tu fais la tête ?
– Non.
– Pourquoi tu fais la tête ?
– Je ne sais pas !
Une torture !
Cette troisième attitude de blocage relationnel est caractérisée par la
décision plus ou moins consciente de ne plus donner d’informations sur ce
que nous ressentons, pensons ou faisons. Secret est une attitude de repli qui
permet de se croire à l’abri des intrusions. Au mieux, nous entretenons un
non-dit continu en limitant les échanges avec l’autre à quelques banalités
sans conséquence, nous obligeant à un contrôle permanent de ce que nous
disons ou montrons.
Lorsque celui qui est en face a besoin d’informations et de communiquer
de façon ouverte, le bouclier Secret devient très vite une façon de prendre le
pouvoir. Je suis celui qui détient une information dont tu as besoin et je ne
te la donnerai pas. Plusieurs excuses seront avancées par celui qui détient
l’information : Je ne peux pas te le dire, je suis tenu au secret, je ne sais pas
comment le dire, je préfère ne rien te dire, je ne sais pas si j’ai le droit de te
le dire, etc.
Résultat, le mur relationnel n’est plus fait de mépris ou de dureté mais de
silence.
Une variante très angoissante du bouclier Secret consiste à faire savoir à
l’autre que nous avons l’information qu’il attend mais qu’il ne l’aura pas.
Un exemple de rétention
– Que peux-tu me dire de ce qui se passe ?
– Je préfère ne rien dire pour l’instant.
– Allons, tu ne peux pas me dire ça et partir !
– C’est mieux que je ne dise rien pour l’instant.
■ Évasif
Le quatrième bouclier relationnel est l’attitude qui consiste à rester évasif
soit pour noyer le poisson et embrouiller l’esprit de l’intrus, soit pour
détourner son attention et l’occuper à autre chose. Une des pratiques
fréquemment utilisées pour cela est de ne donner que des informations
partielles et de ne jamais faire de réponse directe. Radical pour donner
l’illusion à l’autre qu’on lui a répondu.
Du coup, l’autre ne saisit pas la logique et se met à patiner en boucle
pour trouver les réponses qu’il attend. C’est gagné lorsque ce dernier
abandonne tout projet d’avoir une réponse claire.
Lorsque nous enseignons ce bouclier, nous entendons fréquemment des
personnes associer cette attitude aux codes du langage politique. Sans
tomber dans les attributions et les généralisations, il est vrai que certaines
interviews politiques sont de parfaites illustrations du bouclier Évasif.
EXERCICE EXPRESS
Pour se mettre au clair sur notre rapport aux boucliers CASE, nous allons emprunter à
Steven Karpman un outil qu’il affectionne particulièrement. Il s’agit d’une auto-évaluation
drôle et utile à faire à ses heures perdues. En français nous lui avons donné le nom de
CASOgramme !
Vous retrouverez cet exercice dans le Manuel Pratique du Karpman Process Model publié
chez InterÉditions.
Les deux graphiques ci-après sont là pour accueillir votre auto-évaluation.
Le premier concerne votre degré de sensibilité aux quatre attitudes. 0 % indique que vous
êtes quasiment insensible à cette attitude et qu’il y a très peu de chances que vous mordiez
à l’hameçon. À l’inverse, 100 % indique que vous ne supportez pas cette attitude et que
vous avez tendance à vous laisser hameçonner à chaque fois. La nuance est donc de mise
ici pour avoir un histogramme proche de votre réalité.
■ Principe 1 : la Distanciation
Oui, nous savons que ce mot est étroitement lié à la pandémie de 2020 et
aux fameux gestes barrières. Mais ici, nous allons plutôt nous concentrer
sur la définition suivante : Recul, détachement par rapport à quelque chose
ou à quelqu’un. Dans le domaine de la médiation, la distanciation est
décrite comme une attitude qui consiste à ne pas prendre pour soi ce qui
n’est pas soi. Cette neutralité est indispensable pour évaluer si nous avons
été trop intrusif ou si nous avons voulu aller trop vite. Nous devons aussi
prendre en considération que, en brandissant un des quatre boucliers, notre
interlocuteur est peut-être en train de nous signifier que nous nous sommes
approchés trop près de lui. Se mettre à bonne distance relationnel (et non
pas sociale !), est donc un premier geste d’apaisement.
■ Principe 2 : l’Acceptation
Un deuxième geste d’apaisement consiste à accepter que le moment est mal
choisi du point de vue de l’autre. Accepter, c’est ne pas insister et essayer
de passer en force malgré le signal fort que représente les boucliers CASE.
Accepter, c’est accueillir ce qui est sans se braquer et respecter le message
de notre interlocuteur, si maladroit soit-il. L’acceptation n’est pas un
principe facile à mettre en œuvre car nous avons notre propre agenda et
c’est aujourd’hui, ici et maintenant, que nous voulions parler de ce sujet si
important. Nous parlons donc ici de lâcher-prise mais pas de renoncement.
■ Principe 3 : la Transaction
S’il n’est pas question de renoncer, alors à nous de trouver la meilleure
transaction possible avec notre interlocuteur. Que pouvons négocier ? Le
sujet qui devra être abordé tôt ou tard, le moment idéal pour les uns et les
autres, l’objectif de cette conversation, la présence d’une tierce personne
comme médiateur, le découpage de la discussion en plusieurs étapes, les
règles du jeu et le respect mutuel. C’est dans cette négociation que pourront
être décrits le ou les boucliers qui ont été utilisés pour bloquer la
conversation et pour lesquels la vigilance sera de mise.
Repérez
Les quatre boucliers de la relation
Quatre attitudes défensives pour dresser un mur relationnel.
Un acronyme facile à retenir CASE :
• C pour Condescendant
• A pour Abrupte
• S pour Secret
• E pour Évasif
Esquivez
Les quatre boucliers de la relation
• Distanciation : mettre à distance l’attitude CASE pour éviter de prendre
les choses pour soi.
• Acceptation : accepter ce qui est et lâcher-prise provisoirement sans
renoncer.
• Transaction : négocier le Quand, le Quoi, le Où et le Comment.
AN + PF → R + D + MS + BN
Traduction :
Attrape Nigaud + Point Faible
→ Réponse + Déclic + Moment de Stupeur + Bénéfice Négatif
Une personne provoque plus ou moins consciemment un interlocuteur en
visant son point faible. Si ce dernier mord à l’hameçon et se laisse
accrocher, alors il formulera une réponse non réfléchie, souvent très
émotive. Dans le langage courant, des spectateurs pourraient se dire :
« Tiens, il n’aurait pas dû rentrer dans son jeu. »
Trop tard, en mordant à l’hameçon la personne qui répond vient de dire
quelque chose qui va lui retomber dessus ! S’ensuit un moment de stupeur
pendant lequel celui qui a lancé l’hameçon réplique à son tour et en tire un
bénéfice, le plus souvent psychologique et non conscient.
Là où Eric Berne avait entrepris de répertorier l’ensemble des Jeux :
Karpman, cherchait à en modéliser la mécanique à travers une
schématisation simple. Le Triangle Dramatique est donc avant tout un outil
d’observation et de compréhension du système des Jeux Psychologiques et
de leurs conséquences.
Nous avons longtemps pensé qu’il n’était qu’une infime partie du modèle
d’Eric Berne. En effet, le Triangle Dramatique de Steven Karpman est
présent dans la plupart des livres d’Analyse Transactionnelle où il fait
l’objet de quelques pages. La bonne surprise, en rencontrant Steven, est de
très vite découvrir que le Triangle Dramatique est un modèle à part entière.
Il peut se suffire à lui-même pour décrire, démonter et expliquer chaque
pièce de la mécanique des conflits, en partant de la mauvaise foi jusqu’aux
Jeux Psychologiques et aux manipulations en tout genre.
Steven Karpman vient d’identifier les trois rôles qui le rendront bientôt
célèbre à partir de l’analogie des trois feintes sportives. Dans le contexte
des relations humaines, on retrouve les mêmes ingrédients avec trois rôles
utilisés non plus par des joueurs de basket mais par des Joueurs de Jeux
Psychologiques.
Le rôle de Persécuteur
Nous retrouvons ici les comportements d’intimidation avec lesquels le
joueur cherche, par son verbal ou son non-verbal, à impressionner l’autre en
le dominant, en le menaçant, voire même en l’insultant. Sont répertoriés ici
toutes les remarques ironiques ou sarcastiques, les sous-entendus
dégradants, les attaques directes et indirectes, les formules indélicates et
violentes.
Victime d’un coup de boule
La finale de la coupe de monde de football 2006 fut le théâtre d’un drame dont les
rouages sont devenus un must pour illustrer le Rôle de Persécuteur dans toute sa
violence. La France et l’Italie sont opposées pour aller chercher le Graal. L’histoire
retiendra surtout le coup de tête de Zinédine Zidane envers un défenseur Italien et son
expulsion immédiate. En tapant le nom du joueur français sur Google, le moteur de
recherche propose même comme choix « Zidane coup de boule » ! Depuis, nous savons
que Marco Materazzi, le défenseur Italien avait tenu des propos dégradants visant la
sœur de Zidane. Une persécution invisible aux yeux de l’arbitre et des spectateurs, mais
qui a suffi pour que le joueur français dérape et Persécute son adversaire devant des
millions de témoins. Carton rouge ! Et voilà notre héros, notre Sauveur des Bleus, qui
finira au vestiaire triplement victime. D’abord, Victime des propos de Materazzi, puis
Victime punie et interdite de jeu jusqu’au bout de cette finale et Victime perdant le
match avec son équipe. Qui perd son sang-froid perd la partie !
Le rôle de Sauveur
Lorsqu’une personne joue le rôle Sauveur, elle se donne le rôle de
quelqu’un d’indispensable en imposant son aide ou en volant au secours des
autres avant même d’avoir vérifié qu’ils en aient besoin. Nous pourrions
ranger ici tous les conseils gratuits et inattendus, les initiatives zélées sans
concertation, les alibis et autres excuses donnés pour exonérer les autres.
À l’approche des grandes échéances électorales, nous voyons souvent
défiler dans les médias des candidats qui se posent en Sauveurs et qui, par
leurs promesses de campagne, nous font miroiter de grandes et belles
choses. Leur discours est bien souvent un vibrant hommage au Triangle de
Karpman ! Ils commencent par nous expliquer que nous sommes Victimes
d’un système qui n’est pas juste, d’un gouvernement qui n’a rien fait pour
nous et Persécutent avec véhémence ceux qui sont au pouvoir. Ils
promettent que, s’ils sont élus, ils nous Sauveront de cette situation. Une
fois élus, ils seront Victimes eux aussi des aléas de la vie politique et
n’auront pas toujours les moyens de tenir leurs promesses. Les électeurs les
détesteront autant qu’ils les ont soutenus jusqu’à ce qu’un prochain
candidat vienne se poser en Sauveur. Et le cycle recommence…
Quelques personnages célèbres dans le rôle de Sauveur
Dans le film Le dîner de con, il est intéressant de remarquer que celui que les spectateurs
considèrent comme jouant le rôle de la Victime, interprété par feu le grandiose Jacques
Villeret, adopte dans la plus grande partie du film le rôle du Sauveur. En effet, il est
invité par Thierry Lhermitte à un dîner de con. Le dîner de con est un thème de soirée
que Lhermitte et ses amis ont imaginé au cours duquel, ils doivent, tour à tour, inviter,
sans qu’il ne sache pourquoi bien sûr, un con de classe internationale. Il s’agit d’un
concours qui récompensera le plus grand con invité par ces odieux et obséquieux
personnages.
Jusqu’ici, le lecteur aura reconnu sans faillir que Lhermitte et ses amis ont donc opté
pour un rôle de Persécuteur.
Dans le film, la soirée est annulée, mais le con choisi par Lhermitte, François Pignon
(Villeret) vient quand même. Il est, certes, simple et gauche, mais pas plus con qu’un
autre.
Le film nous montre comment Villeret cherche, sans y avoir été invité la plupart du
temps, à aider Lhermitte dans ses problèmes conjugaux, amicaux et même fiscaux,
entraînant catastrophe sur catastrophe. Il alterne entre les rôles de Victime parfois et de
Sauveur, surtout. À la fin de l’histoire, les rôles sont inversés et Lhermitte se retrouve
persécuté par sa femme, son agent du fisc et par Villeret.
C’est un personnage de Sauveur ici bien sympathique qui s’avère, bien sûr à la fin, bien
moins con qu’il n’en avait l’air…
Rôle de Persécuteur
• « Tu ne vas pas me faire croire que tu vas arriver à rattraper ton
retard. »
• « Vous n’avez même pas la moindre idée de ce que vous
racontez ! »
• « Ah bon ? C’est votre façon de gérer les problèmes ? Vous ne
devez pas avoir beaucoup de clients, alors ! »
• « Ce n’est pas très malin de lui avoir dit ça ! »
• « Réfléchis deux secondes avant de parler ! »
• « Je viens de te dire que la vaisselle dans le lave-vaisselle était
propre. Et toi tu mets de la vaisselle sale dedans ! Pff. »
• « Si vous aviez écouté ce que je vous ai dit, vous ne poseriez pas la
question. »
• « Tu le fais exprès ou quoi ! Tu vois bien que c’est fragile
non ? Allez pousse-toi de là. »
• « Non, je ne répéterai pas. Je l’ai déjà dit trois fois, ça suffit ! »
• « C’est nul ! Ça ne veut rien dire ce que tu racontes ! »
Rôle de Sauveur
• « Laisse-moi faire, je vais lui parler. Je le connais bien. »
• « Tu n’y peux rien. Tu ne peux pas tout savoir non plus. »
• « J’ai dit à Maxime que tu ne pourrais pas y aller. Comme ça, tu es
libéré de cette obligation. »
• « Ne t’inquiète pas, je ne dirai rien… »
• « Un bon conseil. Ne t’en mêle pas. »
• « Heureusement que j’étais là pour te couvrir ! »
• « Moi je ne dis pas ça pour moi. C’est pour ton bien, c’est tout ! »
• « Baisse la luminosité de ton écran. Tu vas te faire mal aux yeux.
Si, je t’assure, il y a des études qui le prouvent. »
• « Ne t’en fais pas, tu viens d’arriver dans l’équipe. Ça marchera
mieux la prochaine fois ! »
• « Il vaut mieux que je m’en occupe. Moi je dis ça... »
Rôle de Victime
• « Décidément je ne suis bon qu’à dire des idioties ! »
• « Tu vois ? Il ne m’arrive que des ennuis… »
• « J’en ai marre. Je ne comprends rien à rien. »
• « Bon, voilà, je me retrouve le dernier informé ! »
• « Comment je fais, moi ? Je ne sais même pas comment marche ce
logiciel ! »
• « C’est foutu ! Si, je le sais, c’est foutu… »
• « Je me sens bête et je m’en veux. »
• « Les bons plans, de toute façon, ce n’est pas pour moi. Laisse
tomber, j’ai l’habitude ! »
• « Je voudrais bien m’en sortir mais je ne sais pas quoi faire ! »
• « Non, je n’ai pas pu parler. Les mots me manquaient… »
Les trente exemples que nous vous proposons ici illustrent le concept des
rôles Persécuteur, Sauveur et Victime. Dans chacune des propositions, vous
constaterez que le Joueur « joue » tout seul son rôle sans demander
spécialement de réponse à son interlocuteur imaginaire. Si, en lisant ces
phrases, vous avez l’impression que vous devez répondre quelque chose,
c’est probablement que vous vous êtes laissé accrocher par le rôle lui-
même.
Un rôle peut donc prendre la forme d’un hameçon puissant à cause :
• du contenu : ce qui est dit est faux, déformé, interprété, incomplet,
chargé de sous-entendus, etc. ;
• du ton de la voix : ironique, plaintif, agressif, cassant, moqueur,
complaisant, désobligeant, méprisant, etc. ;
• des mimiques : dubitatives, contrariées, inexistantes, grimaçantes,
arrogantes, suffisantes, hautaines, etc. ;
• des gestes : attaquants, menaçants, vulgaires, dédaigneux,
supérieurs, offensants, interdits, étouffés, etc. ;
• de l’attitude corporelle : abattue, nonchalante, fermée, raide,
apathique, belliqueuse, amorphe, etc.
Même s’il est impossible de retranscrire par écrit l’ensemble de ces
comportements non verbaux, prenons une des trente phrases comme
exemple :
« Si vous aviez écouté ce que j’ai dit, vous ne poseriez pas la question ! »
Cette remarque péremptoire n’est ni une question ni une ouverture de
dialogue et la personne qui la prononce n’invite pas son interlocuteur à
donner une réponse. Ce n’est qu’une remarque chargée de sous-entendus
accusateurs. Et pourtant, beaucoup seraient tentés de réagir au quart de tour
à cette remarque désobligeante. L’expérience démontre qu’aucune de ces
réactions n’aurait un effet positif sur la relation, bien au contraire.
Pourquoi ?
Parce qu’en réagissant au quart de tour à une formule émise depuis le
rôle de Persécuteur (comme Sauveur ou Victime), nous prenons le risque
d’émettre une réponse depuis un des trois rôles et ainsi d’envenimer les
choses.
■ Oui… Mais… !
Notre préféré… Il s’agit de subtilement « rendre » impuissante une
personne en lui soumettant une difficulté que nous rencontrons et qu’elle
s’est proposée de nous aider à surmonter. L’issue du Jeu présente une
alternative pourrie, soit gagnant/perdant (Persécution), soit perdant/perdant
(Tous Victimes). Nous pourrons lui reprocher son impuissance ou bien
constater que le problème est insoluble.
Issue 1
Robert : Mais qu’est-ce que tu me chantes là ! Elle est très bien Martine ? C’est toi qui
as un problème avec tout le monde. Laisse-moi tranquille !
Robert passe du rôle de Sauveur, à celui de Persécuteur. Le bénéfice pour Constant est
double. Il est maintenant Victime de Martine et de Robert. Cela va lui permettre de Jouer
avec d’autres personnes au Jeu Bitching, un Jeu qui consiste à dire du mal ou faire dire
du mal de quelqu’un par quelqu’un d’autre dans une alliance négative. L’impuissance de
Robert à l’aider prouve bien aux yeux du monde entier que son problème est réel. Il peut
donc continuer à chercher des personnes pour Jouer au rôle du Sauveur, et surtout
continuer à ne pas travailler comme il est supposé le faire avec Martine.
Constant peut maintenant boucler en beauté et passer du rôle de Victime à celui de
Persécuteur lors du tomber de rideau :
Constant : Ah ben dis donc toi, faut pas te demander un service. Quelle mouche t’a
piquée ?!
Issue 2
Robert : Écoute, je ne sais pas trop quoi te dire. Je suis embêté là. Je vais réfléchir, je
sais pas…
Ici, c’est Robert passe du rôle de Sauveur à celui de Victime impuissante. Notez au
passage que Robert qui ne demandait rien à personne est maintenant « embêté », ce qui
permettra à Constant de le Sauver à son tour.
Constant : Non ben merci quand même, c’est pas grave. Tu ne peux pas avoir réponse à
tout. Laisse, t’embête pas je vais trouver va !
Esquive éclair
Comment éviter de rentrer dans un Jeu de
« Oui Mais » ?
La première des choses à éviter est de chercher à Sauver une personne qui
se pose en Victime. Vérifiez, lorsque vous apportez votre soutien, que la
personne est en véritable demande et non en justification ou en complainte.
L’indicateur le plus simple est le mot « mais ».
Il est bien sûr acceptable d’apporter de l’aide et de la protection à une personne
vulnérable qui montre qu’elle est volontaire pour résoudre sa difficulté. Si vous sentez
que votre proposition est écoutée et appréciée, alors il ne s’agit sans doute pas d’un Jeu
« Oui Mais ».
Trop tard ! Sans l’avoir seulement imaginé, nous avons botté les fesses
de cette personne qui, maintenant, se sent très mal… par conséquent, nous
nous sentons mal, nous aussi.
Alors faut-il laisser l’intrus entrer ? Faut-il l’accueillir aimablement ? Pas
du tout. C’est la merveille de ce Jeu. La personne qui joue à la Victime est
pleine de ressources et il n’y a guère de parade à son Jeu. Lisez ceci :
Variante
– Je te dérange ?
– Pas du tout !
– Oh si, je vois bien que je te dérange, oh là là excuse-moi, je le savais. Pardon, pardon,
pardon…
Comme vous le voyez, c’est ici la personne qui joue le rôle de la Victime
qui décide de l’issue du Jeu…
Notre éducation induit une règle qui est non seulement fausse mais
génératrice de nombreux Jeux. Nous en parlons très souvent dans nos
séminaires avec nos stagiaires pour subtilement modifier des habitudes
prises depuis l’enfance et qui demeurent mauvaises. Cette règle serait que :
« Demander gentiment équivaut à demander poliment ».
Des phrases comme : « Ça me ferait très plaisir si tu pouvais… » ou
pire : « Sois gentil, passe-moi le sel » sont des phrases qui donnent
l’impression à celui qui les prononce d’avoir dit ou demandé gentiment.
Elles sont in fine très Persécutrices et menaçantes.
Dans le Jeu « Bottez-Moi Les Fesses », il suffira de demander gentiment
(c’est-à-dire en étant embêté de demander) pour pouvoir ensuite véhiculer
des émotions parasites comme la culpabilité et l’embarras. Aussi bien pour
soi que pour celui à qui nous adressons la demande :
« Oh là là j’aurais jamais dû te demander ça ! ».
Ici, tout le monde est perdant !
Esquive éclair
Comment éviter de rentrer dans un Jeu de
« Bottez-Moi Les Fesses » ?
Une des formules les plus simples est de répondre à côté ! C’est-à-dire ne
pas répondre à la phrase prononcée, mais plutôt en étant dans l’action qui
suit.
Par exemple à la question : « Je te dérange ? », répondez plutôt : « Assieds-toi je t’en
prie » ou « Je suis dispo pour toi à 14 h. Repasse à ce moment-là si tu as du temps ». De
cette manière, vous avez éludé le Jeu (déranger) et vous êtes passé à la solution, l’action.
Dans une entreprise, le dommage principal de ce Jeu est de laisser les gens dans la
confusion émotionnelle et l’embarras. Deux états contre-productifs, le plus souvent.
■ Battez-Vous !
« La chair est triste hélas ! Et j’ai lu tous les livres… » Ce vers terrible de
Mallarmé évoque l’ennui écrasant d’un homme désabusé. Dans la suite du
poème « Brise Marine », il souhaite fuir vers le ciel et les oiseaux… Si nous
le laissons faire, l’ennui peut parfois nous amener à de drôles de Jeux.
Battez-Vous en est un.
Le principe est de monter les gens les uns contre les autres. Le bénéfice
de ce Jeu est de détourner l’attention d’autrui sur la passivité ou le retard
d’activité. Un autre bénéfice serait d’occuper l’homme de Mallarmé qui n’a
plus comme plaisir que de voir les gens s’étriper pour rien !
Moi, je ne t’ai rien dit
Juste avant un séminaire stratégique, Frédérique, qui a pris beaucoup de retard sur ses
objectifs commerciaux préférerait sans doute que la sous-productivité dont elle a fait
preuve ne devienne pas un des thèmes mémorables évoqués lors du bilan d’activité. Une
semaine avant, elle croise Julia, responsable de la communication dans l’ascenseur qui
mène à l’étage de la direction générale
Frédérique : Salut Julia. Dis donc j’ai vu passer pour validation ton article pour le
journal interne. Je l’ai trouvé super…
Julia : Je te remercie. Tu as fait des modifications ?
Frédérique : Moi non…
Julia : Ah ! Y a eu des modifs ?
Frédérique : Un peu oui ! Enfin en tout cas des remarques ont été faites par André. Ce ne
sont pas mes affaires, mais il a un peu chargé ton article…
Julia : Ah bon ? Pourtant il était bien.
Frédérique : Il t’en a pas parlé ?
Julia : Ben non, et je l’ai vu hier…
Frédérique : Moi je t’ai rien dit hein !
Voilà déjà un feu d’allumé. Le lendemain, Frédérique croise André à qui elle lâche :
« Dis donc, elle a pas trop aimé tes corrections sur son article Julia, hein ! »
Il ne lui reste plus qu’à attendre que son Jeu porte ses fruits. André est bien sûr le patron
de l’équipe !
Pour bien préparer le séminaire, elle va aller de l’un à l’autre. Elle dira à Paul : « Ce
n’est pas ce que Jacques dit à ton sujet en tout cas ! »
Puis elle ira dire à Jacques : « Tu devrais aller voir un peu ce que Paul dit de toi dans les
réunions du CE. »
Elle émaillera ses informations de quelques : « C’est pas moi qui te l’ai dit », ou autres :
« moi, ce que j’en dis, hein ! ».
Le jour du séminaire, tout le monde est sur la défensive, et le moindre lever de sourcil
sera interprété : « Elle avait raison de me dire ça, Frédérique ».
Ça promet une ambiance chaude !
Esquive éclair
Comment éviter de rentrer dans un Jeu de « Battez-
vous » ?
La première des choses est de ne jamais accepter le principe « je ne t’ai rien
dit » et de demander au Joueur s’il accepte de redire ce qu’il nous a dit en
présence de la personne absente. Dans ce Jeu, l’absent a tort.
Dans une entreprise, le Jeu de Battez-Vous consiste en une stimulation de la compétition
négative. Il n’est pas rare que des managers passent par cette pratique pour la promotion
interne. Depuis leur siège de Joueur, il ne leur reste qu’à compter les points. Leur
décision constituera le coup de théâtre avec une personne dans le rôle de Victime qui
pourra blâmer son rival dans le poste sans mesurer le rôle joué par leur patron dans la
bataille pour la promotion.
■ Au Viol !
Avant toute chose, nous souhaitons apporter une clarification à propos du
nom de ce jeu. Lorsque la seconde édition de ce livre est sortie, nous avons
eu l’occasion de présenter nos travaux dans une association de Directeurs
des Ressources Humaines. À la fin de la conférence, nous étions conviés à
partager un buffet pour continuer la conversation de façon moins formelle
avec les membres de l’association. Nous avons alors été interpellés par une
dame au visage fermé qui souhaitait manifester son vif émoi par rapport au
mot viol que nous avions prononcé, d’après elle, sans précaution face à un
public dans lequel pourraient se trouver des personnes qui ont vraiment été
victimes d’un viol. Nous sommes restés interdits quelques secondes avant
de pouvoir dire quelque chose. À vrai dire, nous avons décidé, sans nous
concerter, de nous contenter d’écouter attentivement les doléances de cette
dame. Nous savions, qu’au vu de l’état dans lequel elle était, il aurait été
vain de lui expliquer que le nom des Jeux Psychologiques qu’Eric Berne
avait inventés n’étaient en rien un manque de respect envers les personnes
qui avaient un jour été de véritables victimes.
Nous prenons donc la précaution de l’écrire ici. Nous n’avons pas trouvé
qu’il était opportun d’aller jusqu’à changer ce nom il s’agit du nom
d’origine et c’est celui qui est utilisé par les thérapeutes certifiés en Analyse
Transactionnelle. Ce Jeu repose sur le principe de base de tous les Jeux
Psychologiques : trouver un moyen subtil d’amener l’autre à faire une
erreur qu’on pourra lui reprocher avec un air de ne pas y toucher.
La phrase du coup de théâtre la plus classique sera : « Mais qu’est-ce qui
te prend ? » ou mieux « Pourquoi tu t’énerves comme ça ? » La réponse que
nous avons tous entendue et qui, avouons-le, continue de nous faire bien
rire : « Mais je ne m’énerve pas, merde alors ! J’essaie te t’expliquer,
espèce de… »
Les avocats dans les affaires criminelles connaissent bien ce truc de
prétoire qu’il faut utiliser quand on veut faire la démonstration que l’accusé
est une personne violente malgré l’apparence qu’elle se donne. L’avocat va
chercher sur quelle corde invisible il pourra insister sans que personne ne
s’en rende compte. Il va venir user la patience de l’accusé pour faire monter
la pression. Il lui faudra bien sûr connaître ses points sensibles et quels sont
les meilleurs hameçons à distiller. Après quelques sous-entendus bien
choisis, voici que l’accusé sort de ses gonds et le visage bouffi de colère
hurle qu’il va casser la gueule à l’avocat et l’ensemble de sa descendance,
le tout, agrémenter de quelques insultes bien choisies.
L’avocat très calme, sans même adresser un regard au forcené, n’a plus
qu’à lâcher d’une voix blanche : « Je n’ai plus de question Votre Honneur.
Le jury appréciera le sang-froid de l’accusé ! ». Il marquera d’autant plus
de points si cette phrase ne laisse pas pointer l’ironie de manière évidente et
que l’accusé surenchérit dans les insultes. De l’art de rendre fou quelqu’un
en restant drapé dans une irréprochable dignité.
Allez, j’arrête de vous chahuter !
Lors d’un entretien très important pour défendre une proposition commerciale, Julien,
consultant en gestion des conflits, tombe sur un adversaire coriace : le directeur des
achats, Antoine, qui veut lui faire baisser son prix à la journée. Antoine est un excellent
Joueur de « Au Viol ! » auquel il ajoute généralement la stratégie de l’Attribution des
SALMEC parce qu’il s’est vite rendu compte que cela déstabilisait Julien.
Antoine : Vous qui vous dites Conseil en Communication, vous allez probablement être
excellent pour nous vendre votre projet.
Julien : Je compte davantage sur la qualité de mon offre que sur mon talent de
communicant pour vous convaincre.
Antoine (rieur) : Ah ! Pourtant en tant que spécialiste de la communication, vous devriez
vous enorgueillir de ce talent, non ?
Julien (digne) : L’orgueil est un péché capital, j’évite d’y céder !
Antoine : En tout cas, il semble que mes remarques vous déstabilisent. C’est étonnant
pour un pro de la communication comme vous !
Julien (piqué) : Mais qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
Antoine : Ah ! Eh bien, c’est vous qui devriez le savoir, c’est votre truc de lire dans les
comportements des gens.
Julien (très irrité) : Bon écoutez, je vois bien ce que vous essayez de faire, hein ? Alors
dites-moi tout de suite si vous voulez vraiment que je vous parle de mon projet ou si
vous avez l’intention de jouer avec mes nerfs… Je les connais les trucs d’acheteurs !
Antoine sait que l’intégrité est le point sensible de Julien. Et il passe son temps à sous-
entendre que son seul talent, c’est la vente. Julien s’est laissé embarquer et commet
l’erreur à son tour de faire le SALMEC ; ici, il fait de la lecture de pensée (je vois bien
ce que vous essayez de faire). Il fait une erreur. Maintenant le moment est bien choisi
pour Antoine.
Il va crier Au Viol !
Antoine (très gentiment) : Écoutez, je ne suis pas sûr de ce dont vous m’accusez, mais
vous me prêtez des intentions et un talent que je n’ai pas… Vous prenez les choses trop à
cœur mon ami. Bon allez j’arrête de vous chahuter, voyons votre proposition…
Julien va maintenant ramer pour garder son calme et sa crédibilité.
Esquive éclair
Comment éviter de rentrer dans un Jeu de
« Au viol ! » ?
Ici, il est indispensable de bien se connaître pour sentir en soi qu’une corde
sensible est touchée. Alors, il sera possible de mieux gérer la colère et la
frustration que le Jeu est censé provoquer si on s’y laisse prendre.
Dans nos séminaires, un des points clés pour apprendre à déjouer les pièges tendus par
les Joueurs est d’identifier ce que nous appelons les dérailleurs émotionnels. Ce travail
très personnel consiste à rechercher les thèmes, les situations, les personnalités, parfois
les mots, auxquels nous laissons le pouvoir de faire « dérailler » notre lucidité et
déclenchent des putschs émotionnels.
Avec ces quatre exemples de Jeux Psychologiques vous avez déjà de quoi
vous faire une idée des mécanismes qui font leur complexité. Nous
comprenons mieux pourquoi Eric Berne a eu le désir d’en décrire le plus
possible ! Et nous remercions encore Steven Karpman d’avoir trouvé une
martingale universelle pour analyser n’importe lequel de ces Jeux. Nous
pourrions prendre le temps d’en décrire bien d’autres tant ils sont
nombreux, comme le Jeu intitulé « Attrape-Moi Si Tu Peux ! »
Il semblerait que certains malfaiteurs aient un désir secret d’être arrêtés.
Ils jouent aux gendarmes et aux voleurs avec la vraie police en laissant des
indices pour tester la capacité de la force publique à les trouver et les mettre
hors d’état de nuire. Ils espèrent bien sûr être plus forts que leurs
poursuivants. Reconnaissons que c’est plus excitant comme ça. Rappelez-
vous, enfant, lorsque nous jouions à cache-cache et que le « chat » mettait
trop de temps à nous trouver… nous jetions un petit caillou à l’autre coin de
la pièce pour ressentir le plaisir du danger de la proximité de l’adversaire
tout en gardant l’impression de pouvoir sur lui. Nous avions même parfois
la possibilité de le leurrer et de le surprendre avec un Bouh J’t’ai Fait Peur !
Nous mettions alors fin à la partie en brisant les règles initiales. Était-ce
bien innocent ? Ou bien étions-nous déjà, bien jeunes, en train d’apprendre
les Jeux des adultes ?
Ce Jeu a même été mis en scène par Steven Spielberg dans le film
Attrape-moi si tu peux avec un flamboyant Leonardo Di Caprio poursuivi
inlassablement par Tom Hanks qui le prend au mot et finira par l’attraper.
■ Principe 1 : l’Identification
Prenez votre temps pour repérer de quel rôle il s’agit. Les parades que nous
allons vous proposer ont été étudiées pour correspondre à chacun des trois
rôles. Ainsi, en négligeant le principe d’identification, vous risqueriez de
choisir la mauvaise parade et de répondre à côté. Le travail d’identification
n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Parfois, le rôle est tellement évident
qu’il n’y a aucune difficulté à le repérer. D’autres fois, le rôle est plus subtil
et délicat à identifier. En fonction de notre sensibilité, nous confondons
parfois le rôle joué par notre interlocuteur avec l’impact de ce rôle sur nos
ressentis. Par exemple, si une personne me dit quelque chose comme :
« Laisse, je vais m’en occuper, c’est mieux ! », alors que le rôle joué est
celui de Sauveur, certains, se sentant persécutés, pourrait croire à un rôle de
Persécuteur.
■ Principe 2 : la Concentration
Lorsqu’une personne joue un rôle en face de nous, cette personne a
tendance à disparaître derrière le rôle joué. Ce qu’elle est, ses traits
habituels, sa personnalité, ses qualités, beaucoup de choses positives sont
masquées par le rôle joué qui prend désormais toute la place. Nous allons
focaliser notre attention sur le rôle sous ses formes verbales et non verbales
et c’est de cette façon que nous mordons à l’hameçon et y restons
accrochés. Un des principes fondamentaux pour devenir un bon déjoueur,
c’est d’apprendre à rester concentré sur la personne derrière le rôle.
Lorsqu’une personne joue un rôle, c’est un peu comme si elle avait revêtu
un déguisement. Il faut alors garder son attention concentrée pour éviter la
distraction et pour la reconnaître. Cet effort de concentration est souvent
payant car c’est ainsi que nous parvenons à séparer le rôle et tout ce qu’il
véhicule de désagréable de la personne elle-même.
■ Principe 3 : l’Intention
Avec ce que nous savons maintenant sur les trois rôles du Triangle
Dramatique, un des premiers réflexes qu’il serait légitime d’avoir, lorsque
nous voyons une personne jouer un rôle en face de nous, serait de supposer
que ses intentions ne sont pas très bonnes. Cependant, à moins de l’avoir
vérifié, nous n’en savons rien sur le moment. Et si nous partions plutôt du
postulat que l’intention de la personne derrière le rôle est peut-être plus
positive qu’il n’y paraît. Faisons, par principe, un crédit d’intention plutôt
qu’un procès d’intention en quelque sorte.
Le crédit d’intention est une façon de trouver un appui positif et de
l’utiliser comme un levier d’action pour formuler une parade, à la fois
élégante et efficace. Nous allons prendre le temps de détailler ce troisième
principe qui est un des moyens les plus efficaces d’esquiver un rôle et de
trouver une réponse adaptée. C’est à partir de ce principe que nous vous
proposerons un protocole de parades dans la seconde partie de ce livre,
dédiée à la bienveillance.
Une fois intégrés ces trois grands principes, nous commencerons par
deux actions de base qui méritent d’être testées avant de passer à un autre
type de réponse. Ces actions ont le mérite de demander peu de technique de
communication. En revanche, elles nécessitent un bon niveau de self-
control. Et, dans ce domaine, il n’y a pas de méthodes rapides. Chacun
utilise ses propres ressources pour gérer ses émotions, contrôler ses
réactions et se préserver. Certains, par exemple, utilisent des techniques de
respiration qu’ils ont appris à maîtriser avec leur expérience du sport de
compétition, d’autres sont des adeptes de la méditation et savent se
recentrer sur leur souffle dans les moments chauds. Peu importe la méthode
que vous utilisez, l’essentiel est que vous y trouviez votre compte. Les deux
actions que nous allons vous proposer sont, en apparence, très simples. En
apparence seulement car elles sont basées sur la stratégie minimaliste de la
non-réaction ! Cela peut paraître étrange, mais nous considérons le fait de
ne pas réagir comme une des stratégies les plus efficaces qui soit.
L’expérience nous a montré à maintes reprises qu’un Joueur à qui on ne
renvoie pas la balle est susceptible de se comporter de trois façons
différentes :
• La première est de s’arrêter de Jouer et de reprendre une
conversation normale, sans se donner de rôle.
• La seconde est d’aller chercher quelqu’un d’autre avec qui Jouer !
• La troisième est de continuer à Jouer avec une intensité plus forte.
Quel que soit son choix, nous aurons l’avantage. S’il s’arrête de Jouer,
nous n’aurons pas eu grand-chose à faire, donc une économie de moyens
pour un résultat optimal. S’il va chercher quelqu’un d’autre pour Jouer, la
voix est libre et le problème est réglé. Et s’il insiste, son Jeu sera encore
plus flagrant à décoder, donc plus facile à déjouer.
Ce qui est formidable dans cette histoire c’est que Patrick n’a justement
rien fait de spécial ou de visible. Ou plutôt si, il a fait quelque chose de très
courageux. Il a fait complètement abstraction des rôles joués par Christine
sans jamais l’ignorer, elle, en tant que personne. C’est ce qui s’appelle ne
pas rentrer dans le jeu de l’autre. Il a continué à s’exprimer calmement et
simplement, en suivant son plan de présentation. Du coup, c’est Christine
qui s’est un peu plus décrédibilisée toute seule auprès de son Président et de
ses collègues.
Et voilà le travail. Cette pratique ultra minimaliste est enseignée dans bon
nombre d’écoles de coaching. Comme Franck, il y a un espoir que la
personne qui parle s’entende Jouer un rôle et corrige d’elle-même son
discours. Ce non-interventionniste a de multiples avantages. Tout d’abord
celui de nous préserver de se laisser attraper par le rôle et de dire une bêtise.
Ensuite, l’autre a ainsi l’occasion de trouver la juste mesure de son propos.
Il peut corriger par lui-même les excès qu’il s’entend dire et soigner sa
formulation. Enfin, en ne faisant rien, nous évitons d’alimenter le Jeu de
l’autre.
Repérez
Les trois rôles du Triangle Dramatique
Trois rôles pour un terrain triangulaire de Jeux Psychologiques, le rôle de
Persécuteur, le rôle de Sauveur et le rôle de Victime.
• Rôle de Persécuteur : attaquer, intimider, ironiser, dégrader, menacer,
insulter, etc.
• Rôle de Sauveur : voler au secours, surprotéger, étouffer, excuser, etc.
• Rôle de Victime : se plaindre, s’auto-apitoyer, se dévaloriser, se décourager, etc.
Les rôles ne sont pas des personnes.
Les rôles véhiculent des comportements verbaux et non verbaux qui constituent des
hameçons relationnels.
Déjouer ces hameçons c’est éviter de rentrer dans des Jeux Psychologiques.
Esquivez
Les trois rôles du Triangle Dramatique
• Identification : de quel rôle s’agit-il ?
• Concentration : rester centré sur la personne derrière le rôle.
• Intention : dans la majorité des cas, il y a une bonne intention.
• Action de base no1 : ignorer le rôle et continuer à communiquer normalement.
• Action de base no2 : s’arrêter de parler et attendre patiemment.
L’Invitation active
Jean-Marc (Rôle Persécuteur invite Karim au rôle de Sauveur) : Non mais attends, il
nous prend pour des imbéciles ou quoi ? C’est lui le voyou malhonnête ! Il mériterait
qu’on arrête tout de suite le contrat. Et toi alors, tu ne dis rien ? Tu pourrais au moins
reconnaître que j’ai raison non ? Tu es de son côté ou du mien ?
Avec cette invitation plus que compromettante, la personne qui Joue cette
carte Sauveur Invite Sauveur, propose un accord de Sauvetage mutuel qui
ne présage rien de bon. Ce sont ces petits arrangements entre « amis » dont
nous ferions mieux de nous méfier. On pense tout de suite aux films mettant
en scène un parrain de la mafia qui vient rendre visite aux commerçants
pour les protéger de la délinquance, des braquages et autres risques
d’incendie. Une assurance tous risques en quelque sorte. En contrepartie, le
Parrain demande au commerçant de le Sauver des temps difficiles et de
l’aider à payer toutes ses dépenses !
Hameçon : Je le mérite
« Heu… J’ai encore été stupide. Tu vas être très fâché. J’ai fait une énorme bêtise et je
ne sais même pas comment te le dire. Si tu t’énerves après moi, c’est pas grave, de toute
façon… »
Bon, avouez que c’est tentant quand même ! Si celui qui reçoit cette
invitation à une petite tendance Zorro, genre un vieux fantasme du super-
héros qui vole au secours de la veuve et de l’orphelin, ce sera très dur de
résister. Comme disait Maître Yoda, s’engager une fois du côté obscur est
dangereux. Il le disait mieux que cela ! Nous comprenons ici le risque
d’accepter le rôle de Sauveur car, une fois accepté, nous prenons de gros
risques. D’abord nous avons intérêt à réussir les missions que nous confiera
régulièrement cette personne pour qu’elle continue à nous abreuver de son
admiration miséreuse. Ensuite nous devons nous attendre à recevoir un jour
le célèbre : « Tu m’as beaucoup déçu ! Moi qui croyais que bla bla bla. »
■ A pour Attribution
Une invitée dit : « Je voudrais reparler du cafouillage autour des masques
au début de la crise. »
L’invité qui a lancé le sujet lui répond avec une Lecture de pensée
Victime
« Je savais qu’en venant sur un plateau de télévision où vous êtes également invité, vous
diriez ce genre de chose. De toute façon c’est impossible d’avoir un débat intéressant
alors allez-y, racontez ce que vous voulez, ça m’est égal. »
L’animateur du débat tente une intervention qui ressemble
à une Lecture de pensée en mode Sauveur
« Messieurs, messieurs, s’il vous plaît. Nos téléspectateurs sont en train de se demander
à quoi rime cette émission si nous ne sommes pas capables de nous écouter. Je suis sûr
que vous alliez dire quelque chose d’intéressant sur les autres façons de gérer cette crise.
Je vous en prie. »
■ M pour Menace
L’animateur demande : « Comment parvenir à une immunité collective si
toute une partie de la population mondiale refuse de se faire vacciner ? »
■ E pour Enthousiaste
Le sujet de la réouverture progressive des restaurants est abordé en fin
d’émission par un des invités : « Moi je pense à tous ces restaurateurs qui
vont enfin pouvoir rouvrir leurs établissements. »
L’animateur du débat ajoute à la discussion une idée dans
le registre Enthousiaste en mode Sauveur
« Oui très bien, je suis ravi pour eux. Je me réjouis à l’idée de retourner au restaurant.
Mais enfin, est-ce que ce sera suffisant pour que ces pauvres restaurateurs survivent.
Certains émettent déjà des idées pour les aider davantage comme des exonérations de
charges. Moi je dis ça… »
Faites le choix
de la bienveillance
CHAPITRE 6
EXERCICE INTROSPECTIF
Cherchez dans votre mémoire des incidents relationnels que vous avez laissés traîner, voire
pourrir en espérant qu’ils se résolvent tout seuls ou qu’ils tombent dans l’oubli.
Vérifiez, s’il s’agissait d’un manque d’envie, de courage ou de mots pour le dire.
Pourquoi appelons cela une croyance ? C’est l’emploi du verbe être, ici,
qui est notre indicateur de risque. Si je dis que j’ai une capacité à résoudre
des problèmes par la créativité, ce n’est pas une croyance car je décris
quelque chose de vérifiable. Si je dis que je suis créatif, le verbe être me
définit plus qu’il ne me décrit. Si vous me dites que je ne le suis pas tant
que ça, vous attaquez ce que je suis… pas ce que je fais. Je vais
probablement me défendre.
Dites à un jeune enfant régulièrement qu’il est ceci ou cela… : « Tu es un
idiot ! Tu es très intelligent ! Tu es débrouillard ! Tu es trop gentil ». Il
finira par vous croire car il ne s’agit pas d’un feed-back (observation
factuelle et constructive) mais d’un compliment ou d’une critique qui ne
peuvent être ni bienveillants, ni constructifs puisqu’ils ne proposent rien :
ils définissent ! L’enfant placera cette description de ce qu’il est dans son
scénario, et fera son possible pour vous satisfaire et devenir ce qu’il est
supposé être.
Trois possibilités se présentent :
• Le restant de sa vie, il cherchera à devenir ce qu’il croit désormais
qu’il est (par exemple un idiot, ou nul en maths !).
• Le restant de sa vie, il croira qu’il est quelque chose sans l’être
nécessairement (par exemple très intelligent ou très gentil !).
• Le restant de sa vie, il se servira de ce qu’il est pour justifier ce
qu’il ne fait pas (débrouillard comme Julien).
Rappelez-vous, ses parents ont tant dit à Julien qu’il était débrouillard
qu’il les a crus. Cette croyance positive aurait dû lui donner des ailes, et elle
l’a sûrement fait, et pourtant elle a aussi eu des conséquences inattendues
sur son parcours de vie. Pendant des années, Julien n’a pas imaginé une
seule seconde qu’il avait besoin de faire des efforts, de mettre un coup de
collier. Il a donc parcouru son enfance en faisant le minimum et en
développant une seconde croyance, fille de l’autre : « Si ça demande des
efforts, ça n’a pas de valeur ! »
Bien malin qui saurait déterminer si une croyance est bonne pour
quelqu’un ou non. Le sujet n’est pas de valider, d’invalider, d’évaluer la
valeur de nos croyances mais plutôt de les identifier, de les reconnaître, de
savoir les verbaliser afin de mieux cerner leur impact et leur niveau parfois
de toxicité dans nos comportements et nos choix. Et, puisque la
bienveillance est un choix, une décision qui remonte peut-être à l’enfance,
cela vaut le coup d’examiner de plus près si, dans nos croyances, il y a des
éléments aidants pour accéder à la bienveillance ou au contraire, des freins.
Javert n’est qu’un personnage de roman, bien sûr et toutes nos croyances
ne mènent pas à d’irrémédiables tragédies. Certaines croyances peuvent
même nous aider à traverser les épreuves difficiles.
L’optimisme, par exemple, est une forme de croyance qui permet à un
être humain de surmonter les obstacles. La confiance en soi est, elle aussi,
une croyance qui donne des ailes dans des situations délicates. Finalement,
il s’agit, comme toujours, d’une question de dosage. Un excès d’optimisme
génère une béatitude dangereuse ; un excès de confiance en soi peut
provoquer des accidents graves.
Alors, sommes-nous les acteurs d’un scénario inconscient ? Enfants, nous
sommes naturellement dans une position de dépendance et de vulnérabilité.
Il y a beaucoup de choses que nous ne pouvons pas faire, tout simplement
parce que nous ne sommes pas encore assez grands pour les faire, ou bien
parce que nous ne savons pas comment les faire. Une mécanique interne se
met alors en place qui va conditionner pour le reste de notre vie la manière
dont nous allons affronter les problèmes.
L’enfant passe comme nous l’avons décrit plus haut, d’une posture
normale de vulnérabilité (je ne sais pas le faire) à une croyance Victime (je
ne saurai jamais le faire seul). Il cherche alors quelqu’un pour Jouer le rôle
de Sauveur dans son environnement direct. S’il n’en trouve pas, il va en
fabriquer un en interne. Une voix, une pensée, une croyance qui jouera le
rôle de Sauveur dans sa tête. Ce Sauveur s’appelle un Driver, en référence
au fait que cette croyance agit comme si elle prenait les commandes. C’est
elle qui dictera sa conduite à l’enfant. Ce chauffeur est un conseiller qui va
lui donner une instruction pour se Sauver lui-même. Ce conseiller interne
est inspiré de ce que les parents semblent apprécier et reconnaître plus
particulièrement chez cet enfant. Il y a cinq conseils clés que le Driver peut
donner à l’enfant pour se sauver ou sauver la situation :
• « Sois fort et cache tes émotions, tu verras, les gens seront
contents de toi. »
• « Sois parfait et fais mieux que bien, tu verras, les gens seront
contents de toi. »
• « Sois gentil et fais plaisir en faisant plus pour les autres que
nécessaire, tu verras, les gens seront contents de toi. »
• « Fais des efforts et montre combien tu te donnes du mal en vain,
tu verras, les gens seront contents de toi. »
• « Dépêche-toi, montre que tu vas vite, tu verras, les gens seront
contents de toi »
L’enfant obéit à son conseiller (qui joue le rôle de Sauveur interne) et
découvre le plus souvent que les gens ne sont pas plus contents de lui
qu’avant !
Alors il entre dans la peur et va passer à des attitudes plus drastiques pour
se sauver : il va attaquer quelqu’un. Lui-même la plupart du temps en
s’interdisant des choses. Dans le modèle de l’Analyse Transactionnelle,
nous appelons ces interdits des Injonctions. Là aussi, ce sont des croyances.
Celles-ci sont terribles et destructrices. Alors l’enfant est Victime de lui-
même et la spirale du Triangle Dramatique Interne est bouclée.
En résumé, cette boucle interne est un frein à notre propre bienveillance.
Je me sens mal, faute d’un Sauveur externe, je fais appel à un Sauveur
interne, le Driver. Ça ne marche pas, je me Persécute d’avoir échoué en
m’interdisant des choses, je suis alors Victime de moi-même !
Ces stratégies, dans un monde d’adultes, sont bien entendu inefficaces
car elles déclenchent, amplifient ou entretiennent un conflit.
■ Ça rapporte !
Le gain dans les Jeux est systématique car même les « perdants » gagnent…
Que gagnent-ils ? La validation de leurs croyances et de leurs illusions sur
eux-mêmes, sur les autres et sur la vie.
Si une personne a grandi avec la croyance que la vie est une jungle
impitoyable et que seuls les plus forts survivent, vous verrez cette personne
chercher à valider cette croyance en utilisant toutes les preuves qu’elle a
raison. Cette personne pourrait même aller jusqu’à vouloir Sauver les autres
en leur inculquant cette croyance et en faisant d’elles des adeptes du rôle de
Persécuteur qui vaut quand même mieux que celui de Victime ! Ce faisant,
elle attirerait dans son giron beaucoup de candidats au rôle de Victime. Et il
n’y aurait pas de meilleur partenaire de Jeu que toutes ces personnes à
Sauver qui se présentent comme plus faibles qu’elles ne le sont et qui, par
définition, alimentent la croyance de départ avec plein d’histoires à raconter
dans lesquelles elles se sont faites un jour avoir parce qu’elles étaient trop
gentilles.
Le principal intérêt, pour celui qui a une vieille croyance à valider, est
d’éviter de voir s’écrouler un pilier sur lequel il s’est appuyé pour prendre
beaucoup de ses décisions.
Les Joueurs gagnent aussi une illusion de pouvoir sur l’autre et sur les
événements. Les Joueurs accros, comme les Joueurs au casino, ont souvent
l’illusion de contrôler la situation… « J’arrête quand je veux, je me refais
quand je veux. » Le meilleur moyen de se voiler la face pour garder
l’illusion de pouvoir est le déni. Et le déni à lui tout seul serait l’objet d’un
livre entier !
Pourquoi une personne ferait-elle le choix de rester avec un individu qui
se comporte de façon toxique ? Parce qu’en lui trouvant des justifications,
elle peut s’enorgueillir de jouer le rôle vertueux du Sauveur. Et puis un jour,
quand elle le choisira, elle pourra changer de rôle et solder son carnet de
rancœurs en le Persécutant et en le quittant comme une vieille chaussette.
Le bénéfice sera que si elle s’est sacrifiée longtemps (gain du rôle de
Sauveur), elle ne donnera plus rien à ce malotru (gain du rôle de
Persécuteur) et que, maintenant, elle est toute abîmée et seule (gain du rôle
de Victime).
■ C’est excitant !
La poussée hormonale liée au frisson de peur, de colère ou de chagrin nous
traverse le corps et stimule, en chacun de nous, la force de vie. Un peu
comme si avoir mal nous rappelait que nous sommes bel et bien vivants.
Parfois, il est préférable de souffrir que de ne rien ressentir. On a découvert
que, dans les univers carcéraux difficiles, les prisonniers préféraient courir
le risque de la violence physique que l’isolement. Ne rien ressentir, ne rien
partager est insupportable pour la plupart d’entre nous.
C’est excitant aussi à cause de l’illusion de pouvoir sur l’autre dont nous
avons parlé. Le pouvoir ici est un pouvoir perdant bien sûr. Une personne
qui « fait la gueule » est bien sûr en position perdante et négative, et dans le
même temps constate les efforts et l’embarras dans lequel se trouve son
environnement, obligeant les autres à trouver une issue. C’est ce pouvoir
négatif qui constitue une pauvre victoire pour le Joueur. Les quatre
boucliers CASE que nous avons décrits dans la première partie de ce livre
sont à eux seuls des stratégies de pouvoir. Empêcher l’autre d’entrer dans
une relation intime en le méprisant (C), en le bloquant durement (A), en le
privant d’informations (S) ou en l’inondant d’informations inutiles (E).
Lorsqu’une personne est peu consciente des Jeux qu’elle Joue, l’excitation
n’est pas recherchée. Elle est plutôt la conséquence du Jeu. À l’inverse,
pour les Joueurs qui sont conscients de ce qu’ils font, l’excitation négative
du Jeu est non seulement recherchée mais également intiment liée à un
plaisir malsain de tirer les ficelles.
■ C’est addictif !
Si c’est excitant et que cela fournit une illusion de pouvoir, cela procure un
« rush » comme une drogue dure dont nous finissons par ne plus pouvoir
nous passer.
Il y a des gens qui ne peuvent plus s’empêcher d’agresser ceux qu’ils
aiment. Parce que ces derniers se prêtent au Jeu. Nous sommes pardonnés
par nos proches. Du coup, si nous avons besoin de nous sentir fort, il nous
reste à agresser un ami. Nous replongeons dans notre addiction, mais nous
avons notre rush et notre ami finira bien par nous Sauver en nous
pardonnant une fois de plus. Nous pourrons toujours dire que nous sommes
Victime de nos humeurs…
Ainsi observerons-nous que certains « Joueurs » ne peuvent plus se
passer de leur dose quotidienne de conflit par les Jeux du Triangle. Si ces
personnes ne font pas souvent l’expérience positive de la communication et
de la relation, elles compenseront volontiers par les Jeux.
La question que nous nous posons est moins de savoir comment dort Paul
McCartney « persécuté » par John Lennon que comment dort John Lennon
avec toute cette colère en lui.
Pourquoi nous réveillons-nous la nuit ? Quels démons laissons-nous
venir nous cueillir au milieu de notre sommeil pour nous empêcher de
retourner dans les bras de Morphée ? Pourquoi ne pouvons-nous arrêter ces
pensées, ces vagues d’émotions ? Pourquoi ces soliloques, dialogues
solitaires avec nous-même, dans la nuit, prennent-ils le pouvoir sur notre
raison ?
Pourquoi leur accordons-nous une place telle que notre vie diurne,
professionnelle ou personnelle s’en trouve altérée. La fatigue et la colère
non gérées ne sont pas bonnes compagnes pour la créativité, la performance
et, bien entendu, pour accéder à la bienveillance. Déjà qu’en temps normal,
lorsque nous avons bien dormi, il est difficile de lutter contre les trois freins
à la bienveillance que nous venons d’évoquer, pensez donc combien cela
devient insurmontable lorsque l’irritabilité liée au manque de sommeil s’en
mêle.
Dans la dynamique du Triangle Dramatique, nous produisons nos propres
insomnies en activant nos rôle internes de Persécuteurs, Sauveurs et
Victimes. Le Drame ne se joue pas avec un tiers, mais avec nous-même. La
raison de ce Jeu intérieur est extrêmement simple. Il y a quelqu’un à qui
nous n’avons pas dit ce que nous avions à dire. Alors nous nous le répétons
la nuit, tout seul.
■ Le racket de la colère
Il s’agit de notre rôle de Persécuteur interne qui vient nous défendre en
attaquant l’ennemi du jour ! Il suffit d’être tombé sur une personne à qui
nous n’avons pas osé dire que ce qu’elle nous disait ou faisait nous était
pénible et voici qu’à la faveur de la nuit, notre Persécuteur interne vient
fourbir la vengeance.
Le Racketteur Persécuteur peut nous aider à préparer la contre-attaque
avec des pensées du genre : « Quel salaud, je vais lui faire payer. Ah ! Dès
demain je vais prendre ma revanche… Je vais lui dire ceci, je vais lui dire
cela… il va regretter de m’avoir cherché… »
Il peut aussi nous botter les fesses en nous persécutant pour ne pas avoir
su nous défendre : « Quel idiot je suis ! J’aurais dû lui dire ça et puis lui
faire ça… ah ah j’aurais pu lui montrer… pourquoi je ne l’ai pas fait !
Vraiment je manque de courage … »
Vous l’aurez compris, le racket de colère n’est pas une solution pour
résoudre, analyser, évaluer une situation. Il vient consommer l’énergie de
l’émotion liée à la situation génératrice de colère sans soulager.
■ Le racket de la souffrance
Notre rôle Victime interne va se jouer dans le silence. Il s’agit ici de
souffrance physique ou émotionnelle (chagrin, peur, etc.) que nous allons
garder pour nous pour « ne pas embêter, ou gêner » les autres. C’est la nuit
et dans la solitude que les souffrances sont les plus aiguës. Il est nécessaire
de faire appel à la compassion d’autrui quand nous avons mal. Le rôle
Victime va venir nous interdire de chercher du soutien, du réconfort. Nous
allons nous complaire dans cette souffrance et étouffer nos cris sous la
couverture.
Ce Racketteur aggrave le sentiment d’isolement que nous pouvons
ressentir et accélère l’accès à la dépression. Cette dernière est, elle aussi,
souvent d’abord tue et amplifiée par ce silence. Cercle vicieux. « J’ai mal.
Je n’en parlerai pas parce que personne ne peut me comprendre. Ils ne vont
pas me croire, me prendre au sérieux. J’encaisse en silence, seul,
abandonné. » Ce dernier Racketteur est terrible car il entretient l’idée qu’il
ne faut parler à personne, comme si c’était vain, ou mal, ou ridicule de
demander du soutien.
Les personnes parfois apparemment les plus « fortes » peuvent être
terrassées par cet ennemi invisible, tapi à l’intérieur d’elles-mêmes. Un
monstre appelé FIDO : Fierté, Isolement, Découragement, Orgueil.
Que faire alors lorsque nous ne dormons plus ?
La solution est désarmante de simplicité, si nous constatons que des
« Racketteurs » nous tiennent éveillés la nuit, nous cherchons la première
occasion pour évoquer ce qui nous trouble avec les personnes concernées.
Idées clés
Les freins à la bienveillance
• Nous passons parfois plus de temps à valider nos croyances et nos
illusions qu’à bien veiller sur nous-même et sur nos relations.
• Nous trouvons parfois davantage de bénéfices que d’inconvénients à
Jouer à des Jeux Psychologiques car ça rapporte, c’est excitant et c’est addictif.
• Nous accumulons les rancœurs et les frustrations comme une collection de Timbres.
• La nuit, nous comptons parfois nos Timbres et laissons les trois racketteurs
nocturnes nous tenir en éveil et exercer sur nous le Racket de la colère, le Racket
du Bon Samaritain et le Racket de la souffrance.
CHAPITRE 8
Bruno repart avec son bénéfice final. Mais lequel ? Sarah ne le sait pas
mais cette scène est une démarche inconsciente de Bruno pour valider une
croyance de son enfance dont il ne parvient pas à se débarrasser. C’est vrai
qu’il est difficile pour elle de faire preuve de bienveillance sans connaître
cette information.
Donnons-nous la peine d’aller fouiller dans l’enfance de Bruno pour
comprendre ce qu’il a cherché à valider en créant inconsciemment cet
incident.
Mamans menteuses
Enfant, la maman de Bruno, qui était une femme joyeuse, rêveuse et enthousiaste, lui
promettait tout un tas de choses merveilleuses, comme de l’emmener dimanche au zoo
pour aller voir les ours, ou de regarder un film avec elle ce soir, ou encore de lui faire le
gratin de macaroni qu’il adore… Promis, croix de bois, croix de fer ! Mais à chaque fois,
dimanche arrivait et le zoo n’était plus possible, ce soir,
elle a du travail, alors le film une autre fois, les macaronis, elle a oublié d’en acheter…
Jour après jour, semaine après semaine, puis de mois en mois, le petit Bruno comprend
que maman ne dit pas toujours la vérité, elle ne tient pas toujours ses promesses. Après
lui avoir trouvé des excuses, le petit garçon n’en trouve plus. Il est saisi par une angoisse
terrible… « Ma maman est une menteuse ! »
Comment un petit garçon peut-il survivre si sa maman est une menteuse. Comment
avoir confiance ?
Une solution inconsciente se présente, une décision dit-on en Analyse Transactionnelle.
Le petit Bruno va, pour se défendre, décider qu’il ne sera pas une Victime solitaire. Il va
éviter de persécuter sa maman… il va alors décider de persécuter toutes les mamans
(donc sans doute la plupart des femmes) et décider ceci : « Les femmes (surtout les
mamans) sont des menteuses ! Tous les enfants sont Victimes des mensonges des
mamans… » et toc !
Ainsi est-il moins seul. Il ne lui reste plus qu’à éviter de faire confiance aux femmes le
restant de sa vie et il sera à l’abri. Plus cette croyance est arrivée tôt, plus il sera difficile
de la déloger à l’âge adulte.
Levier 2 : La solution à 10 %
Steven Karpman a également un principe simple pour relativiser et
dédramatiser les Jeux autour du Triangle : ce principe s’appelle la solution à
10 %. Il faut ici entendre le mot « solution » dans sa définition chimique,
c’est-à-dire un mélange dans lequel il y aurait 10 % d’une autre substance.
Un peu comme l’alcool dosé à 70 % ou à 90 % que l’on achète en
pharmacie.
Voici ce que dit cette règle qui comporte quatre volets.
■ Dans chacun des rôles joués, il y a au moins 10 % d’intention
positive
Nous retrouvons ici, sous une autre forme, un des trois principes utilisés
pour gérer les trois rôles. Prenons le temps d’intégrer cette règle dont nous
allons avoir grand besoin pour gérer les Jeux.
Le fait de considérer que la personne dans un rôle de Persécuteur, de
Sauveur ou de Victime a, quelque part, une intention positive, permet de la
voir sous un autre angle. Ce sera peut-être un bon début pour éviter de la
condamner trop vite. La compassion et la bienveillance ne consistent pas à
trouver des excuses aux comportements négatifs, mais bien à chercher un
point positif sur lequel nous pourrons prendre appui, le moment venu, pour
ne pas être embarqué dans une partie de Triangle.
Ainsi, un manager qui mène la vie dure à ses collaborateurs, pour qu’ils
progressent et deviennent toujours meilleurs. Bien sûr, son intention est
positive, mais son mode de management pourra être vécu comme
Persécuteur par son équipe. Les rôles de Sauveur et de Victime n’échappent
pas à cette règle et, s’il est aisé de voir chez la personne qui Joue le rôle de
Sauveur l’intention d’aider, il est parfois moins évident de voir l’intention
positive de la Victime, et pourtant…
Apprenons, avec cet aspect de la solution à 10 %, à accorder un crédit
d’intention à l’autre, plutôt que de lui faire un procès d’intention, certes très
tentant dans ce genre de situation.
Posture P+ à adopter
Afin de vous préparer à répondre, nous vous recommandons de prendre
un temps pour investir la posture P+ dans laquelle vous trouverez la juste
dynamique pour faire face au rôle de Persécuteur. Comme moyen
mnémotechnique pour se représenter ce dont il s’agit, nous allons garder
l’initiale P majuscule pour y associer trois mots porteurs d’énergie P+
positive.
• Adopter une Position stable et claire. Entendez ici prendre une
position au sens propre comme au sens figuré ! S’ancrer
fermement au sol ou se redresser sur son fauteuil est une bonne
façon, via le corps, de programmer l’esprit à se tenir droit. Ainsi,
votre position sur la situation gagnera en résonance.
• Faire preuve de Présence. Faites-vous entendre sans monter le ton,
mais avec des mots simples, des phrases courtes et un visage
concentré. Faire preuve de présence, ce n’est pas gesticuler,
s’avancer ou se manifester bruyamment, mais être là, exprimer
avec sérénité son propos.
• Se préparer à faire un Pacte. La posture P+ est le siège des
contrats, des accords sains et des pactes de non-agression. C’est
une excellente posture pour définir les règles du jeu, ce qui est
acceptable et ce qui ne l’est pas. À nous d’être au clair sur ce
point.
Posture S+ à adopter
De la même manière que la posture P+ permet de se positionner face au
rôle de Persécuteur, la posture S+ est un état d’esprit que nous devons
adopter pour faire face au rôle de Sauveur. Être conscient que l’intention est
probablement positive est une aide précieuse pour aborder le problème. Il
s’agit surtout de savoir utiliser le principal ressort psychologique du
mécanisme du rôle de Sauveur : le désir d’être remercié. Une bonne façon
d’accéder à ce levier est de s’appuyer sur des mots commençant par la lettre
S comme Sauveur, mais dans leur version positive.
• Reconnaître le Soutien proposé. Dans la majorité des cas, derrière
le rôle de Sauveur, il y a une offre de Soutien sincère. Cette offre
est peut-être un peu excessive ou intrusive, mais nous pourrions
déjà commencer par faire le tri de ce qui est utile pour nous ou
non dans la proposition.
• Utiliser l’offre comme Support. L’aide offerte par les personnes
qui jouent le rôle de Sauveur, si elle demande à être recadrée, est
peut-être un bon point d’appui pour une coopération constructive.
Si un collègue de travail nous dit : « Laisse, je vais m’en occuper
pour toi ! », nous pouvons peut-être rediriger cette énergie vers
une autre forme d’aide. Le rôle joué devient alors le Support
d’une alliance négociée et dans laquelle chacun est à son aise.
• Demander un Service. Puisque nous partons du principe que
l’autre est déjà dans l’intention positive de nous aider, c’est
probablement un bon moment pour lui faire une contre-offre !
Après tout, si nous ne voulons pas être Sauvés, nous avons peut-
être un besoin que notre interlocuteur ignore. À nous de le guider
sur la meilleure façon de nous aider. C’est le moment de lui
demander un Service.
Posture V+ à adopter
Lorsque nous investissons la posture V+, nous entrons dans un état
d’esprit plus empathique et nous sommes prêts à admettre que nous sommes
tous susceptibles de traverser un moment difficile sans trouver l’énergie de
demander de l’aide. Se plaindre au lieu de demander est un comportement
régressif souvent observé chez les enfants : « Papa ! J’y arrive pas ! » n’est
pas une demande mais une plainte (cela fonctionne avec Maman aussi !).
Pourtant, Papa accourt et résout le problème sans attendre qu’une demande
d’aide soit formulée. C’est un raccourci qui semble efficace sur l’instant.
Pourtant, prendre quelques secondes de plus pour aider l’enfant à
transformer sa plainte en un besoin serait un bon apprentissage. À défaut,
cet enfant devenu adulte retournera parfois dans cette vielle habitude qui
consiste à se plaindre au lieu de demander. Conscients de ces mécanismes
sous-jacents, nous recommandons de s’appuyer sur des mots positifs en V
pour rentrer dans la posture V+.
• Comprendre la Vulnérabilité. Nous sommes des êtres humains
avec nos forces et nos points de vulnérabilité. Lorsque l’autre en
face de nous se plaint, s’auto-apitoie sur lui-même ou se
dévalorise, nous sommes les premiers à vous dire que cela est très
désagréable. Se rappeler que nous avons sûrement eu, nous aussi,
nos moments de Victimisation, permet d’esquiver le rôle de
Victime et le cortège de comportements qui vont avec : le visage
défait, les épaules tombantes, le ton plaintif et tous les autres
signaux non verbaux qui agissent comme de multiples hameçons
en attente du poisson qui mordra dedans.
• S’appuyer sur la Volonté. Derrière le V de victime et l’apparent
défaitisme qui s’en dégage, soyons convaincus qu’il y a
certainement une part de Volonté de s’en sortir. Derrière le
« Papa, j’y arrive pas ! » il y a cet enfant qui veut attraper un jeu
de société sur une étagère trop haute. Il y a une telle volonté chez
lui de s’amuser avec son jeu qu’il se retrouve sur la pointe des
pieds, le bras tendu, essayant de toutes ses forces. Il lui suffirait
d’utiliser un peu de cette énergie pour formuler une demande
claire : « Papa, est-ce que tu peux m’aider s’il te plaît pour
prendre ce jeu ? » Se mettre en V+, c’est donc être confiant sur
l’idée que les personnes qui jouent le rôle de Victime ont, pour la
plupart, la Volonté de demander les choses et de trouver des
solutions à leurs problèmes.
• Se focaliser sur une Vision positive. Ceci est une gymnastique de
l’esprit. Encore une ! Une fois que nous avons habitué notre
cerveau à sublimer les lamentations des personnes qui jouent
Victime dans une version positive, nous tenons là une porte
d’entrée dans la posture V+. Notre collaborateur nous dit qu’il est
nul en informatique ? Tant mieux, il ne peut faire que des
progrès ! Notre associé nous dit qu’il en a assez de tout ? Tant
mieux, il était temps qu’il fasse un break pour s’occuper de lui !
Notre client nous dit qu’il n’arrivera jamais à utiliser le produit
que nous lui vendons ? Tant mieux, nous allons pouvoir passer
plus de temps avec lui pour lui apprendre et ainsi le fidéliser !
Bref, vous avez compris le principe. Entraînez-vous à voir le bon
côté des choses. Même s’il faut parfois se creuser la tête pour y
parvenir, le résultat est visible sur notre attitude. C’est une
composante de la posture V+.
Pour replacer les deux gestes de la parade l’un avec l’autre, voici
la séquence complète reconstituée
Daniel (rôle de Victime) : Heu ! Là moi, je suis paumé. Je ne comprends plus rien. Je ne
vois pas le rapport avec ce qu’on a vu ce matin ! »
Formateur (V+) : Merci Daniel de l’exprimer. Parfois, nos participants n’osent pas nous
dire tout de suite lorsqu’ils décrochent. Bravo pour ça.
À quel moment as-tu décroché ?
L’utilisation de ces trois parades décomposées en deux gestes chacune
constitue déjà une bonne base d’entraînement. Nous tenons à rappeler que
l’effet baguette magique n’existe pas dans l’art de déjouer les pièges de la
mauvaise foi et des Jeux Psychologiques. Il y a du travail pour parvenir à se
connecter instantanément aux postures positives PSV+ lorsque nous
sommes impliqués dans une conversation dans laquelle nos interlocuteurs
jouent des rôles.
Nous sommes convaincus que voir clairement ce qui se passe, la lucidité
dont nous parlons tant, est un élément fondamental de prise de recul, y
compris dans le feu de l’action. Certes, nous suggérons de commencer à
s’exercer avec des situations où l’hameçon et la réponse sont espacées dans
le temps. La communication écrite permet cette prise de recul. S’il est vrai
que nous sommes constamment sollicités par de multiples messages écrits
sur de non moins multiples réseaux et canaux de communication, aucun ne
nous oblige à répondre dans l’instant. Donc, utilisons aussi ces réseaux pour
nous entraîner à faire trois choses importantes : identifier les rôles, différer
nos réponses et utiliser les parades.
Et, rien ne remplacera un échange de vive voix et de bonne foi pour
résoudre un différend.
Si nous disons ici qu’il s’agit d’un bon début, c’est que, dans un Jeu, les
deux autres rôles sont joués en même temps que le premier par la personne.
C’est la théorie du Triangle Compassionnel, développée dans le Karpman
Process Model. Par cette approche, Steven Karpman nous dit que le rôle
joué le plus visible n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Si, par exemple, un Papa gronde sévèrement son enfant parce qu’il vient
de se faire exclure une semaine de son école, le rôle joué le plus visible est
le rôle de Persécuteur. Et nous compatissons ! Steven Karpman appelle ce
rôle, le rôle social. Mais, si une fois la crise passée, nous interviewions ce
père en colère, il nous dirait peut-être combien il se sent parfois démuni et
impuissant à éduquer correctement son enfant, montrant ainsi le rôle caché
de Victime. Probablement nous dirait-il aussi que derrière cette rude
envolée, il essayait de Sauver son enfant d’une dégringolade annoncée.
Dans ce cas, comme dans tous les autres, le rôle social (le plus visible) est
accompagné des deux autres rôles, moins visibles mais bien présents. Dans
le protocole complet de réponse aux Jeux Psychologiques, Steven Karpman
propose une approche systémique de la situation plus complexe et qui
demande de maîtriser déjà les parades fondamentales.
Comme vous l’avez compris, notre collaboration ne s’arrête pas à la co-
écriture de livres. Nous passons beaucoup de temps à former celles et ceux
qui en éprouvent le besoin à notre art de la self-défense psychologique.
Depuis quelques années déjà nous avons décidé de prendre le mot anglais
Drama au pied de la lettre. En effet, Drama en anglais signifie théâtre. Et il
est vrai qu’il existe une ribambelle de personnages à interpréter si l’on
combine les SALMEC, les CASE, les trois rôles et toutes les variantes qui
en résultent. Très tôt nous avons choisi de rassembler nos stagiaires dans un
vrai théâtre que nous utilisons comme un lieu de catharsis et de plaisir.
Jouer des rôles pour de faux, se laisser porter par le scénario écrit et
découvrir les ressorts psychologiques sous-jacents aux Jeux des Hommes.
Voilà le programme que se plaisent à suivre les personnes qui souhaitent
sortir des sentiers battus de la formation classique en salle. Incarner un
personnage, donner vie aux Jeux Psychologiques qu’il est prévu qu’il Joue
dans le scénario, et voilà que l’on finit par s’attacher au personnage en
question. Quoi de mieux pour développer de la bienveillance, du recul et
une certaine distance. Tout ceci n’est que de la comédie, le grand théâtre de
la vie !
Idées clés
Les leviers de la bienveillance
Nous Jouons tous, depuis l’enfance, et encore aujourd’hui.
La solution à 10 %, une formule pour trouver bienveillance et
compassion.
L’intention positive derrière chaque rôle, une clé pour formuler des parades efficaces et
bienveillantes :
• Rôle de Persécuteur : accepter la discussion et poser les conditions.
• Rôle de Sauveur : remercier pour l’aide et négocier le soutien attendu.
• Rôle de Victime : valoriser la vulnérabilité et identifier le besoin.
CHAPITRE 9
Les gourous des sectes sont par définition des personnes qui utilisent le
rôle de Sauveur à des fins personnelles et malsaines. Ils laissent entendre
que, sans eux, il serait difficile de s’en sortir, qu’ils sont le seul espoir et
font semblant de voler au secours de ceux qui n’ont rien demandé.
Ce mécanisme d’aliénation, sans être aussi grave, se retrouve parfois
temporairement dans certains comportements du quotidien. Par exemple,
lorsque des parents surprotègent leurs enfants, les empêchant ainsi de
grandir et de développer leur propre autonomie. Ou encore, certains patrons
qui profiteraient de la crise sanitaire et économique que nous traversons
pour se présenter comme la seule issue possible et étouffer toute tentative
de rébellion. « Estime-toi heureux que j’ai décidé de conserver ton
emploi ! Mais tu peux tenter ta chance si tu veux ! Tu es libre, je ne te
retiens pas ! »
Infect, non ?
■ Dénoncer le Jeu
Même si nous savons que notre interlocuteur est de mauvaise foi et qu’il y a
peu de chance qu’il soit prêt à reconnaître ses agissements, nous avons le
droit de lui signifier que nous ne sommes pas dupe et que nous voyons ce
qui se passe. Encore et toujours la lucidité au service de nos stratégies pour
déjouer les pièges de la mauvaise foi et des Jeux Psychologiques. Ce
faisant, nous faisons un pas de côté et nous modifions le cadre de la
discussion. C’est d’abord une façon de reprendre le contrôle de la situation.
C’est ensuite une façon d’éviter de s’agacer en répétant la même parade une
troisième fois et d’entendre pour la troisième fois en retour la réponse
Victime de votre interlocuteur.
Dénonciation du Jeu
Mélanie (dénonce le Jeu) : François, je te vois rester sur tes positions. Je te vois le faire
aujourd’hui avec moi et je te vois le faire depuis des mois. Je t’entends te plaindre et
dire que la vie t’accable. Je n’entends pas encore ta volonté de reprendre le dessus. La
plupart de tes amis se sont épuisés à te conseils, à te soutenir. Difficile d’inverser la
tendance si ta perception des choses reste aussi négative.
François (rôle de Victime no 4) : Ah d’accord ! Alors si toi aussi tu es contre moi… Je
croyais que je pouvais au moins compter un peu sur toi !
■ Reporter la conversation
Une des décisions les plus sages que nous pouvons prendre lorsqu’un Jeu
monte en gamme, c’est de jouer la montre. Cette mesure est davantage
destinée à nous protéger d’un dérapage et à nous éviter une entrée dans le
Triangle à notre tour. En effet, lorsque nous en sommes à la quatrième passe
d’armes contre un joueur du calibre de François, nous risquons de nous
faire prendre au Jeu de trois façons différentes.
La première serait de basculer en mode Persécuteur et d’attaquer l’autre
sans ménagement. Cette attaque donnerait alors au joueur l’occasion de
monter encore d’un cran dans la mauvaise foi et de nous reprocher notre
agressivité, lui qui essaie juste de s’en sortir et voilà comment on le traite,
et patati et patata… La seconde façon de rentrer dans le Jeu serait de
basculer en mode Victime, désemparée, ne sachant plus quoi faire pour
aider l’autre. Cet aveu d’impuissance donnerait alors un bon alibi au Joueur
pour confirmer que sa situation est bien celle qu’il décrit vu que : « même
toi tu n’arrives pas à trouver des solutions, alors tu vois bien, et blablabli et
bla bla bla. »
Le troisième piège consisterait à céder au Rôle de Sauveur et de
s’exténuer à prendre en charge l’autre, le porter, le couver, au point qu’il
finirait par prétendre un jour qu’il ne peut plus s’en sortir sans notre aide et
que surtout il ne faut pas l’abandonner parce que sinon il ne sait pas ce qui
arriverait de lui et tatati et tatata…
Reprenons avec la dernière réplique de François.
Idées clés
Quand la bienveillance échoue
Si l’intention est négative, faire deux tentatives avec les parades, puis :
• Dénoncer le Jeu.
• Reporter la conversation.
• S’éloigner sans tarder.
■ PARTIE III
Restez constructif :
Entraînez-vous
CHAPITRE 10
En aïkido
Nous retrouvons ce principe de prendre le contrôle de l’attaque en modifiant sa
trajectoire. Une fois tombé dans le vide, notre adversaire est beaucoup plus facile à
déplacer car nous utilisons la force de son élan. Il est possible de réorienter son énergie,
la plupart du temps en donnant une forme circulaire au mouvement. Ce qui est amusant,
c’est que cette forme circulaire, si on la dessinait, ressemblerait à un point
d’interrogation. Certains mouvements d’Aïkido font parfois aussi penser au chiffre huit
couché, qui symbolise l’infini.
C’est pour cette raison que les personnes qui assistent à une démonstration de cet art
martial y voient une forme de danse fluide et harmonieuse. Les chutes sont
spectaculaires car le maître utilise l’énergique cinétique (l’élan de l’attaque) pour
provoquer ce changement de direction et accentuer la spirale. L’adversaire est pris dans
ce tourbillon et décolle littéralement du sol, quels que soient sa taille et son poids.
En aïkido
Cette notion de distance tient une place centrale et fondamentale, comme dans l’étude de
tous les arts de combat. C’est la distance qui sépare et qui unit les deux protagonistes
lors d’une confrontation. La distance indique le niveau du danger. Inutile de s’exciter si
notre adversaire nous attaque de trop loin. Cependant, s’il s’est approché à distance de
frappe, à nous de gérer cet espace afin de préserver notre intégrité physique. Distance
qui varie en fonction de la nature de l’attaque : à mains nues, avec un sabre, un bâton. Le
pratiquant d’aïkido est toujours en recherche de la juste distance. Soit pour rendre
inefficace l’attaque de son opposant, soit au contraire, pour optimiser l’efficacité de ses
propres parades.
Idées clés
La technique de l’Édredon
Ajoutez de la technique à vos stratégies et vos parades avec cinq gestes de base pour une
communication constructive en commençant toujours par le premier :
• Geste 1 : Silence.
Poursuivez avec un ou plusieurs autres gestes dans l’ordre que vous jugez utile :
• Geste 2 : le questionnement.
• Geste 3 : l’accusé de réception.
• Geste 4 : la métacommunication.
• Geste 5 : le rendez-vous.
CHAPITRE 12
Salle d’échauffement
■ Exercice 1
Fiche consigne
Thème de la salle d’échauffement : Sous-entendus.
Objectif : Transformer les sous-entendus en communication claire.
Consigne : Réécrivez les phrases suivantes en explicitant les sous-entendus.
À VOUS
■ Exercice 2
Fiche consigne
Thème de la salle d’échauffement : Sous-entendus.
Objectif : Refuser les sous-entendus.
Consigne : Demandez une clarification.
À VOUS
Esquivez
Principes fondamentaux
1. Évaluation : mesurez les enjeux avant d’intervenir.
2. Dissociation : séparer les émotions et le contenu.
3. Expression : dénoncer le sabotage.
Technique de l’Édredon
1. Impératif : Silence.
2. Au choix : Question – Accusé de réception – Métacommunication – Rendez-vous.
■ Exercice 3
Fiche consigne
Thème de la salle d’entraînement : Affronter les six SALMEC
Objectif : Repérer de quel casse-pied il s’agit.
Situation : Réunion professionnelle.
Déclencheurs : Vous dites « Je souhaite exposer un cas client intéressant. »
Consigne : Cochez le SALMEC que vous identifiez.
RÉPONSES FAITES PAR LES AUTRES PERSONNES PRÉSENTES
À CETTE RÉUNION
■ Exercice 4
Fiche consigne
Thème de la salle d’entraînement : Affronter les six SALMEC.
Objectif : Construire votre parade.
Situation : Réunion professionnelle (suite).
Déclencheurs : Vous avez dit « Je souhaite exposer un cas client intéressant » et vous avez
reçu huit SALMEC lors du précédent exercice.
Consigne : Écrivez huit parades en vous appuyant sur les principes étudiés dans cette salle
d’entraînement et la technique de l’édredon.
Salle d’entraînement no 2
Affronter les quatre CASE
Votre matériel pour cette salle d’entraînement :
■ Exercice 5
Fiche consigne
Thème de la salle d’entraînement : Affronter les quatre CASE.
Objectif : Repérer de quelle attitude de blocage de la relation il s’agit.
Situation : En famille.
Déclencheurs : Vous dites « Je veux que nous parlions de notre relation qui se dégrade ».
Consigne : Cochez l’attitude CASE que vous identifiez.
2. « Tu sais les relations c’est compliqué ! Et puis, il y a plein de choses qui se mélangent.
Il y a des gens avec qui ça passe, d’autres non… Va savoir ! »
❐ Condescendant ❐ Abrupt ❐ Secret ❐ Évasif
6. « Bon ! Si tu insistes… Ce n’est pas vraiment le moment avec tout ce que j’ai à faire. Je
t’écoute, allons-y. »
❐ Condescendant ❐ Abrupt ❐ Secret ❐ Évasif
■ Exercice 6
Fiche consigne
Thème de la salle d’entraînement : Affronter les quatre CASE.
Objectif : Construire votre parade.
Situation : En famille (suite).
Déclencheurs : Vous avez dit « Je veux que nous parlions de notre relation qui se
dégrade » et vous avez reçu sept blocages de la relation.
Consigne : Entraînez-vous à construire une réponse à partir des principes étudiés dans cette
salle d’entraînement et de la technique de l’Édredon.
RÉPONSE FAITE PAR LA PERSONNE AVEC QUI VOUS VOULEZ
PARLER
Salle d’entraînement no 3
Affronter les trois Rôles
Votre matériel pour cette salle d’entraînement :
Repérez les trois rôles
Trois rôles pour un terrain triangulaire de Jeux Psychologiques.
• Rôle de Persécuteur : intimider l’autre, l’attaquer, le provoquer, le
secouer, insinuer, etc.
• Rôle de Sauveur : jouer les Zorro, couver, surprotéger, entretenir les
faiblesses, etc.
• Rôle de Victime : se plaindre, s’auto apitoyer, se décourager, se laisser aller, etc.
■ Exercice 7
Fiche consigne
Thème de la salle d’entraînement : Affronter les trois Rôles.
Objectif : Repérer de quel rôle il s’agit.
Situations : Quinze exemples choisis parmi la liste donnée dans le chapitre 5 sur les rôles.
Déclencheurs : Le rôle simple joué par votre interlocuteur (sans invitation).
Consigne : Cochez la bonne réponse
À VOUS
■ Exercice 8
Fiche consigne
Thème de la salle d’entraînement : Affronter les trois Rôles.
Objectif : Identifier quel enchaînement utiliser et construire votre parade.
Situations : Six autres exemples choisis parmi la liste donnée dans le chapitre 5 sur les
rôles.
Déclencheurs : Le rôle simple joué par votre interlocuteur (sans invitation).
Consigne : Cochez le bon enchaînement de parades et entraînez-vous à construire une
réponse à partir des principes étudiés dans cette salle d’entraînement et des premières
parades de base.
À VOUS
■ Exercice 9
Fiche consigne
Thème de la salle d’entraînement : Affronter les trois Rôles.
Objectif : Construire votre parade.
Situations : Neuf autres exemples choisis parmi la liste donnée dans le chapitre 5 sur les
rôles.
Déclencheurs : Le rôle simple joué par votre interlocuteur (sans invitation).
Consigne : Entraînez-vous à construire une réponse à partir des principes étudiés dans cette
salle d’entraînement et de la technique de l’Édredon.
À VOUS
Salle d’entraînement no 4
Affronter les neuf invitations à Jouer
Votre matériel pour cette salle d’entraînement :
■ Exercice 10
Fiche consigne
Thème de la salle d’entraînement : Affronter les neufs Invitations à Jouer.
Objectif : Identifier de quelle invitation il s’agit.
Situation : Aléatoire.
Consigne : Cochez la bonne réponse parmi les trois choix proposés
À VOUS
■ Exercice 11
Fiche consigne
Thème de la salle d’entraînement : Affronter les neufs Invitations à Jouer.
Objectif : Éviter de rentrer dans le Jeu.
Consigne : Cochez la bonne réponse parmi les quatre choix proposés.
VOTRE RÉPONSE
Fiche consigne
Thème de la salle d’entraînement : Développer encore sa lucidité, sa bienveillance et sa
capacité à construire.
Objectif : Tester son niveau de lucidité.
Situation : Auto-journalisme.
Consigne : Aller rencontrer des personnes qui vous connaissent et vous respectent et
interrogez-les sur vous.
VOTRE ENQUÊTE
Faites une enquête pour obtenir d’eux un feedback authentique. Demandez-leur de vous
parler aussi bien de vos défauts que de vos qualités.
C’est parfois une épreuve de recevoir des compliments, presqu’autant que d’accueillir les
critiques sans les rejeter. Voici un truc pour accepter l’une comme l’autre.
Demandez un exemple concret :
– « Tu me dis que je suis soupe au lait. Peux-tu me donner un exemple d’une fois où je l’ai
été ? »
– « Tu me dis que je suis quelqu’un de gentil. Peux-tu me rappeler un moment où tu as
trouvé que je faisais preuve de gentillesse ? »
Attention, veillez à transformer le verbe être par le verbe faire lorsque vous accueillez un
feed-back. Si l’on vous dit que vous êtes quelque chose, demandez toujours un exemple de
ce que vous avez fait dans ce domaine.
Votre quotient de lucidité va monter en flèche si vous prenez l’habitude de demander du
feed-back et de l’enrichir par des exemples concrets. Vous aurez une vision plus claire de
l’image que vous renvoyez et vous aurez aussi la possibilité d’agir sur ce que l’on vous dit.
Il est plus simple de changer ce que l’on fait que ce que l’on est !
■ Exercice 13
Fiche consigne
Thème de la salle d’entraînement : Développer encore sa lucidité, sa bienveillance et sa
capacité à construire.
Objectif : Exercer sa bienveillance.
Situation : Un ancien conflit relationnel.
Consigne : Munissez-vous de trois chaises et laissez-vous guider.
Nous commencerons par le plus difficile et vous pourrez ainsi par la suite appliquer la
méthode à des petites rancœurs comme à de graves malentendus.
Tout d’abord, choisissez une pièce agréable, lumineuse et aérée. Placez vos trois chaises en
triangle équilatéral comme si vous alliez inviter trois personnes à discuter assises. Espacez
les trois chaises suffisamment pour que chacun puisse étendre ses jambes. Sans vous
asseoir, faites maintenant la partie la moins plaisante de l’exercice.
Rappelez-vous d’un conflit relationnel avec une personne, ayant occasionné pour vous de
fortes émotions et qui vous laisse encore un peu (ou beaucoup) de rancœur.
Rappelez-vous la colère, la tristesse, la déception, le découragement.
Repassez-vous l’enregistrement le plus complet possible des pensées que vous avez eues à
l’égard de l’autre personne et faites l’inventaire de vos sentiments négatifs.
Maintenant, asseyez-vous sur une des trois chaises.
Sur la deuxième est assise de façon imaginaire la personne qui est l’objet de votre rancœur,
sur la troisième chaise est assise une personne lucide, bienveillante, constructive et
disponible pour entendre votre histoire. Elle est imaginaire aussi, bien entendu.
Respirez, prenez votre temps et exprimez de façon factuelle, à haute voix, votre point de
vue sur le conflit que vous avez vécu et exprimez vos ressentis sans attaquer l’autre.
Une fois que vous avez le sentiment d’avoir dit ce que vous aviez à dire, respirez
profondément et, lorsque vous serez prêt(e), asseyez-vous sur la deuxième chaise (vous
l’aviez senti venir, n’est-ce pas ?).
Vous êtes maintenant l’autre personne, celle avec laquelle vous avez été en conflit.
Vous allez le plus honnêtement possible exprimer à votre tour votre point de vue sur
l’événement et vos émotions sans attaquer l’autre non plus.
Si d’aventure pendant cette expérience l’un ou l’autre des participants virtuels au jeu des
chaises avait une question à poser à l’autre, n’hésitez pas. Faites-le !
Attention, jouez le jeu et changez de chaise pour répondre.
La troisième chaise est celle où vous vous rendrez pour terminer l’exercice et apporter le
point de vue de l’observateur. Il ne prend pas parti. Il constate le vécu de l’un et de l’autre.
Il dit ce qu’il a entendu d’important et aussi ce qui n’a pas été dit.
Son rôle ici est primordial car il n’est pas émotionnellement engagé comme vous l’êtes et
comme l’est sans doute la personne qui a déclenché la rancœur que vous ressentiez.
Une fois que vous avez bouclé cette séance (et après vous être assuré(e) que personne ne
vous a vu sinon vous passerez vite pour bizarre), vérifiez ce qui a changé dans votre
perception de l’incident déclencheur. Sans doute beaucoup plus que ce que vous imaginiez
avant de vous lancer dans cette étrange expérience.
■ Exercice 14
Fiche consigne
Thème de la salle d’entraînement : Développer encore sa lucidité, sa bienveillance et sa
capacité à construire.
Objectif : Tirer des enseignements constructifs d’un conflit.
Situation : Un ancien conflit relationnel (suite).
Consigne : Répondez aux questions suivantes.
Les occasions de pratiquer les exercices que nous vous proposons seront
nombreuses. Les manipulations inconscientes, la mauvaise foi, les Jeux
Psychologiques, les raccourcis mesquins, les feintes, les petites lâchetés
sont le lot du quotidien.
Nous avons parfois pris de mauvais plis dans nos relations, nous
abandonnant à la facilité. Nos grand-mères (et sans doute la vôtre) nous
disaient souvent : mon garçon, tu dois faire du sport. Pas pour aujourd’hui,
tu es jeune et beau (car nous étions jeunes et beaux, si si !) mais pour
demain !
Alors oui, c’est pour aujourd’hui et pour demain que nous devons nous
entraîner et pratiquer. Chaque jour un peu, pour être prêts lorsque les vents
souffleront et que la tempête de la mauvaise foi, et les humeurs qui
l’accompagnent, s’abattra sur nous.
Ce livre vous a invité à rencontrer les avatars de nos mauvaises humeurs.
Nous leur avons donné des noms pour les distinguer. Les SALMEC casse-
pieds, les trois rôles, et les quatre CASE qui s’en défendent… Votre
entraînement commence ici : donnez un nom aux Vilains que vous croisez.
Faites un pas en arrière, prenez votre souffle et proposez une parade !
Vous pouvez aussi prendre des partenaires pour vous coacher, vous aider
à affiner le geste, trouver un « tapis de sol » pour éviter de vous blesser si
vous chutez. Vous pouvez choisir votre terrain d’entraînement : le coaching
pour un accompagnement rapproché ou un séminaire pour une démarche de
groupe. Et, là encore, il restera une étape à franchir…
Nous constatons dans tous nos séminaires la même chose : nos
participants comprennent parfaitement les démarches, les concepts et les
exercices que nous leur proposons. Ils passent quelques jours avec nous
dans un état de grâce entre le rire et la lucidité. Les entraînements les
enchantent parce que c’est finalement assez drôle de décomposer tous ces
phénomènes et tout est clair !
Et pourtant, lorsque pointe la dernière heure et que nous demandons ce
qu’ils ont pensé du stage et ce qu’ils vont en faire, en voilà certains qui
nous disent : « Oh oui mais (notez au passage, le oui mais) dès demain le
naturel va me rattraper au galop ! On ne peut pas lutter contre le
naturel… »
Bien sûr que notre naturel est le plus spontané et c’est pour ça qu’il
s’appelle ainsi. C’est donc notre naturel, nos réflexes, nos programmes
internes, nos habitudes, nos mauvais plis qu’il faut changer. Et, bonne
nouvelle, c’est possible !
Comment ?
Commençons par tuer ce vieux mythe selon lequel le naturel serait le
plus fort. Ce serait comme dire : je suis plus fort que moi ! Amusant, mais
pas très logique.
Certes l’inconscient semble imbattable… alors travaillons sur le
conscient, l’ici et le maintenant… Nous devons nous entraîner. Nous
devons aussi croire en notre capacité à réussir. Le moyen pour cela est de se
donner dès le départ une permission importante : la permission de changer
et de réussir ; la permission de se lancer et de progresser même
maladroitement.
Procédez d’abord lentement, étape par étape. Apprenez à décomposer les
« gestes » pour les intégrer progressivement. Jusqu’à ce qu’ils deviennent
une seconde nature. Rappelez-vous vos premiers pas. Ce jour magique où
vous êtes passés de la position quatre pattes à deux pattes ! Ah eh bien oui,
le premier jour vous ne faisiez pas les fiers et même tombiez les quatre fers
en l’air… puis le lendemain et le surlendemain, de plus en plus dégourdis,
vous voici debout, sur le tabouret de la cuisine à chiper des sucettes à la
menthe… il était loin le jour des pas hésitants et de la déambulation
grotesque… aujourd’hui, en mettant un pied devant l’autre, le naturel est
devenu une évidence.
Communiquer peut-être aussi simple que marcher, aussi naturel ! Voilà
pourquoi nous parlons d’art martial.
Tous ceux qui ont, un jour entrepris d’apprendre le judo, le karaté,
l’aïkido, le kendo, la boxe française, ont découvert que l’entraînement passe
par la décomposition de chaque geste, répété des dizaines de fois, d’abord,
au ralenti. Et un beau jour, comme par magie, le geste complet se meut tout
seul dans l’espace, comme s’il avait toujours été là.
Commencez par apprendre le silence, pour écouter. Ensuite entraînez-
vous à écouter ce que dit l’autre et ce que vous vous dites. Ce n’est qu’après
que vous commencerez à expérimenter des options de réponse. Et c’est
après tout ça que vous pourrez aborder l’art de la maîtrise de soi.
Si vous n’êtes pas fan des arts martiaux, cette métaphore s’applique aussi
à la danse, à la peinture, finalement, bien sûr, tous les arts sont concernés.
Quant à nous, dans ces pages que nous avons écrites avec passion, nous
vous proposons de visiter un art de vivre.
Vivre en dehors des Jeux.
Un des aspects de ce que certains appellent le bonheur.
■ Les mots pour le dire
Merci Steve, pour ton humour joyeux, ton soutien indéfectible, ton génie
léger comme l’air et pourtant si modeste, pour la confiance placée en nous,
pour les heures passées à construire, lire, écrire, relire, dire et toujours, rire
avec nous. Steve, merci.
Merci Marie, ma sœur. Merci pour tes conseils et ton expérience de
Professeur de lettres modernes et tes encouragements.
Merci Delphine, ma meilleure amie, mon épouse, merci mes filles, mes
raisons de sourire à la vie, Géraldine, Mathilde et Lise, merci d’avoir
patiemment supporté nos heures de joutes verbales tout au long des trois
ans de cette belle aventure.
Merci Marie, mon épouse pour ton soutien et ton amour. Merci pour ta
patience pendant toutes ces heures d’écriture. Merci Lolla, mon petit ange,
née entre la première et la seconde édition et qui est venue encourager son
Papa avec ses jolis dessins.
Merci Melville, dit Shandan, pour tes illustrations dont nous sommes
fans !
Merci Jérôme d’être mon complice.
Merci Pierre d’être mon ami.
Pierre Agnèse, Steven Karpman et Jérôme Lefeuvre – Les vrais !
Couverture
Page de titre
Page de Copyright
Sommaire
Avant-propos à la troisième édition
Préface
Introduction - Découvrez un recueil d’outils de self-défense contre
la mauvaise foi et les manipulations du quotidien
PARTIE I - Soyez lucides : donnez un nom aux stratagèmes
que vous détectez
CHAPITRE 1 - Le premier qui s'énerve a perdu
Rester dans l'illusion ou affronter la réalité
Nommer pour agir
CHAPITRE 2 - Impossible d'en placer une ! Les six casse-pieds
Repérer les six casse-pieds
S comme Sujet (Subject)
A comme Attribution (Labelling)
L comme Lecture de pensée (Mind reading)
M comme Menaces (Threats)
E comme Exaltation (Enthusiastic)
C comme Cent pour cent (Hundred percent)
Que faire face aux SALMEC ?
Principe 1 : l'Évaluation
Principe 2 : la Dissociation
Principe 3 : l'Expression
Quelques répliques possibles pour désarmer un casse-pieds
Changement de Sujet (S)
Attribution (A)
Lecture de pensée (L)
Menaces (M)
Enthousiaste (E)
Cent pour cent (C)
S'entraîner à désamorcer les casse-pieds
CHAPITRE 3 - Nous n'avons rien à nous dire ! Les quatre
boucliers de la relation
Repérer les quatre boucliers
Condescendant
Abrupt
Secret
Évasif
Pourquoi brandissons-nous des boucliers ? prévenir
des intrusions
Que faire face aux boucliers relationnels CASE ?
Principe 1 : la Distanciation
Principe 2 : l'Acceptation
Principe 3 : la Transaction
Quelques répliques possibles pour neutraliser un bouclier
Parade au bouclier Condescendant
Parade au bouclier Abrupt
Parade au bouclier Secret
Parade au bouclier Évasif
S'entraîner à neutraliser un bouclier
CHAPITRE 4 - À quoi jouez-vous, bon sang ? Les trois rôles
du Triangle Dramatique
Aux sources du Triangle Dramatique,
des jeux et des hommes
Des feintes sportives aux rôles, les recherches de Karpman
Le rôle de Persécuteur
Le rôle de Sauveur
Le rôle de Victime
Les règles scientifiques d'Eric Berne
La validation du concept par le plus grand nombre
Repérer les trois rôles
Rôle de Persécuteur
Rôle de Sauveur
Rôle de Victime
Répondre aux rôles, c'est rentrer dans le Jeu
Oui… Mais… !
Bottez-Moi Les Fesses !
Battez-Vous !
Au Viol !
Que faire face à une personne qui joue un rôle ?
Principe 1 : l'Identification
Principe 2 : la Concentration
Principe 3 : l'Intention
Action de base no1 : ignorer le rôle et continuer
à communiquer normalement
Action de base no2 : S'arrêter de parler et attendre patiemment de retrouver
sa sérénité
CHAPITRE 5 - Association de malfaiteurs : Lorsque les Rôles
sont associés à d'autres vilains
Lorsque les rôles sont associés à des invitations : déclinez
poliment !
Rôle de Persécuteur invite rôle de Sauveur
Rôle de Persécuteur invite rôle de Persécuteur
Rôle de Persécuteur invite rôle de Victime
Rôle de Sauveur invite rôle de Sauveur
Rôle de Sauveur invite rôle de Victime
Rôle de Sauveur invite rôle de Persécuteur
Rôle de Victime invite rôle de Victime
Rôle de Victime invite rôle de Persécuteur
Rôle de Victime invite rôle de Sauveur
Les six SALMEC s'associent aux trois Rôles : dix-
huit variantes !
S pour changement de Sujet
A pour Attribution
L pour Lecture de pensée
M pour Menace
E pour Enthousiaste
C pour Cent pour cent
Les quatre Boucliers s'associent aux trois Rôles : douze
variantes de plus !
PARTIE II - Faites le choix de la bienveillance
CHAPITRE 6 - Résistez à la tentation des Jeux
Envie ou pas envie ?
Courage ou pas courage ?
Comment le dire, quels mots choisir ?
CHAPITRE 7 - Les freins à la bienveillance et à la compassion
Frein 1 : Les croyances et les illusions
Prendre conscience de son scénario de vie
Remettre en question son scénario de vie
Frein 2 : Les bénéfices des Jeux
Ça rapporte !
C'est excitant !
C'est addictif !
Frein 3 : Les collections de timbres
Frein 4 : Les insomnies et les racketteurs nocturnes
Comment mettre fin à ces insomnies ?
Le racket de la colère
Le racket du Bon Samaritain
Le racket de la souffrance
CHAPITRE 8 - Les leviers de la bienveillance
Levier 1 : Nous jouons tous
Des codes acquis très tôt
Pourquoi Jouons-nous encore à l'âge adulte ?
Levier 2 : La solution à 10 %
Dans chacun des rôles joués, il y a au moins 10 % d'intention positive
Dans chacune des idées émises depuis un rôle, il y a au moins 10 % de vérité
Il y a au moins 10 % de la population qui aurait agi de la même manière
Lorsque nous sommes dans un rôle, au moins 10 % de ce que nous disons
est faux
Levier 3 : Décrypter les intentions positives derrière
les trois rôles
Premières parades face aux rôles
Rôle de Persécuteur et parade associée
L'intention positive possible derrière le rôle : parler d'un sujet important
Posture P+ à adopter
Premier geste : accepter la discussion
Deuxième geste : poser les conditions
Rôle de Sauveur et parade associée
L'intention positive possible derrière le rôle : apporter son aide, se rendre
utile
Posture S+ à adopter
Premier geste : remercier pour l'aide proposée
Deuxième geste : négocier le soutien attendu
Rôle de Victime et parade associée
L'intention positive possible derrière le rôle : exprimer des difficultés
Posture V+ à adopter
Premier geste : valoriser l'expression des difficultés
Deuxième geste : identifier la nature du besoin
CHAPITRE 9 - Et si les intentions sont négatives : Fuyez !
Identifier les rôles de mauvaise foi
Rôle de Persécuteur : attaquer pour blesser
Rôle de Sauveur : créer un lien de dépendance
Rôle de Victime : rester dans l'impasse
Que faire lorsque les intentions sont négatives ?
Dénoncer le Jeu
Reporter la conversation
S'éloigner sans tarder
PARTIE III - Restez constructif : Entraînez-vous
CHAPITRE 10 - Choisissez l'énergie positive
Après l'entraînement sur la scène de théâtre
L'entraînement au dojo sur le tatami
CHAPITRE 11 - La technique de l'Édredon : amortir le choc
et renvoyer de l'énergie positive
Premier geste : Le silence est d'or
Second geste : questionner plutôt que répondre
Troisième geste : accuser Réception
Accusé de réception : je suis touché
Accusé de réception : tu es touché
Quatrième geste : Métacommuniquer
Cinquième geste : Le Rendez-Vous
CHAPITRE 12 - Le dojo de Jérôme et Pierre Senseï
Salle d'échauffement
Exercice 1
Exercice 2
Salle d'entraînement no 1 Affronter les six SALMEC
Exercice 3
Exercice 4
Salle d'entraînement no 2 Affronter les quatre CASE
Exercice 5
Exercice 6
Salle d'entraînement no 3 Affronter les trois Rôles
Exercice 7
Exercice 8
Exercice 9
Salle d'entraînement no 4 Affronter les neuf invitations
à Jouer
Exercice 10
Exercice 11
Salle zen Travail sur le trépied Lucide, Bienveillant
et Constructif
Exercice 12
Exercice 13
Exercice 14
Conclusion - Voilà, maintenant, vous êtes devenu(e) ceinture
noire ; vous savez envoyer la manipulation et la mauvaise
foi au tapis
Les mots pour le dire - Pour que nos filles aussi comprennent le
livre de leur papa
Pour en savoir plus sur le Triangle Dramatique
Bibliographie
Remerciements