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Nos 8-9
1955
(8' année)
France : 50 frs
Belgique : 10 frs
Suisse : 0,70 fr
uméro spécial
6 8 pages
Le soleil et le vent
au service de l'homme
la pluie artificielle :
espoirs et réalités
Une merveille : la
culture sans terre
L'Art fleurit en
LE CHAMEAU A LIVRE
plein Sahara
SON SEÎRET ¿voir p.iB)
VIEUX JOE
FAVEUR DE PLUIE'
Faire Éomber la pluie à volonté
a toujours été #ri rêve cher a
l'homme. Il s'e|t traduit par de
traditionnelles cérémonies. Au¬
jourd'hui encore, bien des tribus
" >qaf ^ f
primitives se tournent vers le
« faiseur de pluie » en période de
sécheresse. Mirrtúlee (de Thurra-
- f. x vjEs HI
bareè) - appelé plus familière¬
l>Ti ment Vieux Jóe, le Faiseur de
Pluie, est un aborigène austra¬
'»>/. lien qui continue à pratiquer les
sw rites anciens. Cette photo est
tirée du film « The Back of
Beyond » qui décrit la vie dans
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±^¿ les déserts de l'Australie.
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Le Courrier. N" 8-9. 1955
Le
Courrier NOTRE COUVERTURE
UNE fíNtlñt OUVERT! SU* II MONDE
Copyright Schmidt-Nielsen
3 EDITORIAL
4 LA TERRE A SOIF
6 A LA CONQUETE DU DESERT
par B.T. Dickson
14 95 SAVANTS AUSCULTENT L'infinie variété de la vie est un des sujets qui intriguent
...les sables le plus ceux qui aiment la nature, et surtout, les hom¬
mes de science qui consacrent leur existence à compren¬
17 AUTANT EN APPORTE LE VENT dre le monde. L'extraordinaire faculté d'adaptation des
par E. W. Goldlng plantes et des animaux aux conditions diverses de la vie ne
constitue pas le moindre aspect de son attrait. -D'innombra¬
20 L'ÉNERGIE SOLAIRE DOMESTIQUÉE bles générations, soumises au processus de la mutation, ont
par Gerald Wendt modifié peu à peu leurs habitudes, leur anatomie et leur
25 LE GÉANT DES PYRÉNÉES
physiologie afin de s'adapter à la vie des profondeurs de
l'océan, des sommets des arbres de la jungle, ou même du
par Daniel Behrman
sous-sol. Chaque espèce s'est merveilleusement assimilée à uh
28 LE CHAMEAU - FABLE ET RÉALITÉ type spécifique de milieu, mais en même temps, chaque espèce
est absolument inadaptée à la vie dans une autre ambiance.
par Bodil et Knut Schmidt-Nielsen
Gerald Wendt.
L'Unesco s'attaque
à un problème mondial
LA TE
par James Swarbrick
dans les zones arides est à peine moins route d'un certain nombre de
DANS LE « PAYS DE LA SOIF» du nord-est du Brésil, les habitants de Campiña Grande attendent leur tour de tirer de l'eau du puits. Chaque géné¬
ration creuse plus profondément pour atteindre la précieuse fraîcheur. (Voir dans le N" 2-1955 du «Courrier» l'article sur le «Polygone de la sécheresse».)
Le Courrier. N" 8-9 1955
Les régions arides, où qu'elles soient situées, et notam¬ jouer qu'un rôle minime dans le développement de nouvelles
ment dans les pays chauds, sont caractérisées par un zones de production ou la remise en valeur de vastes régions
ciel diurne d'un bleu intense, des distances immenses autrefois fertiles et stériles à présent. Je veux parler des
baignées d'une lumière qui miroite, une ' végétation clair¬ millions d'hectares des vallées du Tigre et de l'Euphrate, de
semée, une population animale et humaine encore plus rare l'Indus-Chenab et du Nil, et de la zone aride septentrionale
et des pluies irrégulières et peu abondantes qui n'atteignent de Ceylan où subsistent encore les restes d'anciens canaux.
pas 250 millimètres dans les années les plus favorisées. Et On estime par exemple, qu'en Amérique latine près de 6
cependant nous nous souvenons que de puissantes civilisa¬ millions d'hectares sont susceptibles de développement et
tions ont existé dans des zones arides traversées par de qu'on pourrait disposer dans le Moyen-Niger, pour -la cul¬
grands fleuves : le Tigre et l'Euphrate, l'Indus et le Nil.
ture, d'une région plus étendue que les terres productives
Quelle est donc en termes de superficie l'importance du d'Egypte. La remise en valeur de ces antiques régions et le
problème ? Il est difficile d'obtenir des chiffres précis sur le développement des nouvelles exigent que des institutions de
sujet, mais on estime généralement que la surface totale des recherche, des gouvernements et des organismes des Nations-
terres émergées est très approximativement de l'ordre de Unies, sans oublier les autorités financières internationales,
combinent tous leurs efforts.
cent millions de kilomètres carrés dont 10 % environ, soit
dix millions, sont maintenant cultivés sous une forme quel¬ Examinons à présent certains des problèmes qu'ont à ré¬
conque. Mais on estime à près de 25 millions de kilomètres soudre ceux qui sont chargés du développement des zones
carrés l'étendue des terres arides, soit
près d'un quart de la surface des terres
émergées. Cela revient à dire que la
zone aride est au moins deux fois et
demie plus étendue que les régions
actuellement sous culture.
par B. T. Dickson
En appliquant dans toute la mesure possible les connais¬ Les arbres révèlent le
sances techniques dont nous disposons aux régions actuel¬
lement improductives, on peut parvenir à accroître consi¬ temps qu'il faisait en 1736
dérablement la production alimentaire des exploitations
privées. L'Inde, par exemple, possède un système d'irrigation L'eau compte avant tout, pour des raisons évidentes, et il
très développé, et nulle part dans le monde, l'alimentation est indispensable de bien connaître les ressources en eau
d'une population aussi nombreuse n'est au même point tri¬ d'une région afin de les utiliser de façon rationnelle en
butaire de l'irrigation pour son alimentation : et pourtant vue du développement dé la production alimentaire, des usa¬
on évalue à 10 % seulement du débit général des fleuves de ges domestiques et industriels. Au désert, la moindre goutte
l'Inde les quantités utilisées à cette fin. d'eau est réservée à la conservation de la vie, alors que dans
Si nous en venons à examiner les possibilités qu'offrent les grands centres urbains nous n'avons qu'à tourner un ro¬
binet pour que l'eau coule à flot, encore que parfois certaines
les zones arides, on s'aperçoit que l'entreprise privée ne peut
restrictions soient imposées à l'usage que nous en faisons.
Dans d'autres pays, l'eau douce venant des grandes chaînes
de montagnes s'écoule pendant plusieurs milliers de kilo¬
M. B. T. DICKSON, botaniste australien, d'origine britannique, est une des plus
hautes autorités mondiales en matière d'adaptation des plantes et de biologie des mètres jusqu'à la mer et va former jusque dans l'océan une
terres arides. Il fait partie, depuis 1929, de la « Commonwealth Scientific and sorte de delta d'eau douce d'énormes dimensions.
International Research Organisation », en Australie, dont il a dirigé la « Division
of Plant Industry ». L'article ci-dessus est une version légèrement abrégée d'un rap¬
Quelle est l'origine de ces ressources, grandes ou petites ?
port intitulé « The Challenge of Arid Land Research and Development for the Benefit
of Mankind ». (Comment l'humanité peut bénéficier des recherches sur les régions C'est la pluie, et c'est le début de ce qu'on appelle
arides et de leur développement) présenté au colloque International sur les zones le cycle hydrologique. Une partie des pluies pénè¬
arides, organisé à Albuquerque, dans l'Etat du Nouveau-Mexique (U.S.A.), sous les
auspices de l'Association américaine pour l'Avancement des Sciences. Cet article sera
tre dans le sol, une autre s'écoule dans les cours
publié « in extenso » par l'Association dans le compte rendu général des réunions. d'eau, une autre partie encore s'évapore, une
tes qu'aux époques suivantes et le fait semble confirmé par
A LA CONQUÊTE des documents historiques faisant allusion à des récoltes
abondantes au cours du xvnr siècle.
Très aride.
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Le Courrier. N> 8-9. 1955
Afin d'évaluer les besoins d'une région en eau, où qu'elle se expériences pratiquées dans tous les puits ou forages, recon¬
trouve, il faut recourir à l'un des moyens qui permettent de naître les couches traversées, la qualité et l'abondance des
mesurer l'évaporation et l'exsudation ; si étrange que cela nappes, etc. Une enquête de ce genre doit permettre d'évaluer
puisse paraître, nous ne sommes pas encore parvenus ce¬ le volume total des réserves souterraines, de délimiter l'em¬
pendant à chiffrer avec exactitude les résultats que nous placement et la profondeur d'une source confinée ou de
fournissent les bassins d'évaporation. M. Thornthwaite, qui l'écoulement d'une source libre, ainsi que la région d'écoule¬
a consacré toute une vie de recherches à l'étude du climat, ment dans la nappe aquifère.
préconise, pour évaluer les besoins en eau d'une région, une
méthode qui permet, le niveau des pluies et l'importance de
Sous le Nil -. une rivière
l'évapotranspiration étant connues, de déterminer quelles
sont les quantités supplémentaires éventuellement nécessai¬ souterraine de 900 km
res pour l'irrigation.
Des réservoirs spécialement conçus, d'une superficie de 4 L existe sous le Nil une rivière souterraine d'environ-
mètres carrés et profonds de 70 centimètres, où certaines I 900 kilomètres de long, allant d'un point situé à 120 kilo-,
plantes peuvent être cultivées dans des conditions normales, mètres environ au sud de Louqsor, jusqu'à 100 kilomètres
ont été récemment installés sur un certain nombre de points, environ au nord du Caire. Selon Mohammed El Sayed Ayoub,
chaque réservoir étant entouré par une large zone-tampon ancien inspecteur général des Services du Contrôle du Nil, la
destinée à assurer plus de précision dans les résultats, mais largeur moyenne de ce fleuve souterrain est de 10 kilomètres,
leur nombre n'est pas encore assez considérable pour nous la couche de sable et de limon sur laquelle il coule est située
renseigner sur les différences existant d'une région à l'autre. à une profondeur qui varie entre 100 et 300 mètres, et le
Entre temps, Thornthwaite et ses collègues sont parvenus à volume des eaux en réserve peut atteindre près de 500 mil¬
la conclusion que le calcul de l'évapotranspiration potentielle lions de mètres cubes ; les eaux mettent près de cent ans à
atteindre la tête du Delta. On
prévoit, pour chaque année, l'em-
1 ploi de 1.400 millions de mètres
cubes pour le nouveau program¬
me d'irrigation, portant sur près
2 5 % DES de 10.000 hectares; un milliard de
TERRES SONT mètres cubes sont absorbés par la
végétation et près de 4 milliards-
DÉSERTIQUES de mètres cubes s'écoulent dans
le delta, inemployés.
25 % des terres émergées
La grande nappe aquifère si¬
sont désertiques ou semi-
tuée sous le Nil et le Nil lui-mê¬
désertiques, ce qui repré¬
me reçoivent leurs eaux de sour¬
sente 12.800.000 hecta¬
ces éloignées, mais s'ils étaient
res de terres improductives
tributaires des pluies locales pour
qui reçoivent une précipi¬
les infiltrations et les eaux de
tation d'eau annuelle Infé¬
surface, ils seraient à sec six
rieure à 25 centimètres.
mois par an.
La carte ci-contre montre
10
Le Courrier. N" 8-9. 1955
&m
...ET LE DÉSERT
FLEURIRA
Il
LE SOURCIER
MODERNE
Dans les études qui forment la base indispensable de ces 0° à 42° : le régime
acclimatations, on trouvera ample matière aux recher¬
de l'accordéon
ches sur la sélection et la génétique des espèces qui
semblent pouvoir s'adapter le mieux. Nous avons réussi, par
exemple, l'acclimatation de certaines espèces de trèfle, et il MLadell, directeur du Centre de recherches physiologi¬
se peut que le Trifolium hirtum, originaire de Turquie et ques des climats chauds de Nigeria, traitant de l'in-
maintenant acclimaté en Californie produise des écotypes. * fluence du milieu dans les régions arides, souligne les
écarts de température auxquels l'homme est soumis dans ces
Il est indispensable, évidemment, de savoir quels sont les climats, comme à Basra, par exemple, où la moyenne men¬
facteurs physiologiques qui permettent aux plantes déser¬ suelle minimum varie de 0 à 28° C. et la moyenne mensuelle
tiques et semi-désertiques de survivre pendant de longues maximum, de 19 à plus de 42° C. Dans ces conditions, la
périodes avec peu d'eau et dans des conditions d'insolation nébulosité est rare et la couverture végétale très clairsemée,
excessive, accompagnées de températures diurnes très élevées de telle sorte que le sol diffuse de la chaleur et que l'air
et de très basses températures nocturnes. chargé de poussières en diffuse encore plus. Quand les vents
Le colonel Omar Graz, directeur du Projet de développe¬ s'y ajoutent, le dessèchement du corps humain peut être plus
ment des régions désertiques d'Egypte, insiste, lui aussi, sur rapide qu'il n'est physiologiquement souhaitable. Ladell parle
la nécessité d'une connaissance approfondie des bases écolo¬ aussi de 1' « -acclimatisation » à la chaleur, par quoi il entend
giques, génétiques et physiologiques permettant la sélection les modifications physiologiques qui ont pour effet une amé¬
lioration du travail à la suite de l'exposition dans un milieu
des plantes et des animaux les mieux adaptés aux conditions
de la zone aride, *et il a souligné l'importance de la tolérance chaud, et il estime que l'homme peut vivre dans des condi¬
à la chaleur et de la capacité des animaux à maintenir leur tions plus dures que celles des régions les plus chaudes du
monde.
température en dépit de la chaleur ambiante, question sur
laquelle il nous reste beaucoup à apprendre. Les habitations des pays chauds doivent être bien conçues
fraîches pendant le jour et assurant la nuit une protection
Quel que soit le travail de recherche accompli dans l'un
suffisante ; les maisons de pisé aux murs épais et aux
des domaines que nous avons envisagés ou dans tous ces
étroites fenêtres du Proche-Orient, du Pakistan et de l'Inde
domaines, le résultat final qu'on se propose, c'est le bien de
en offrent d'excellents exemples.
l'humanité, et c'est pourquoi nous en arrivons à parler de
l'homme lui-même, de son bien-être et des conditions de son L'eau est indispensable à la vie, et il semble bien regret¬
existence. Un des aspects remarquables de la vie de l'homme table que les croyances ou les traditions religieuses empê-
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Le Courrier. N" 8-9. 1955
13
95 SAVANTS
auscu Itent es saoies bl
Une portion importante du territoire des Etats-Unis d'Amé¬
rique pays d'une si grande richesse agricole est déser¬
tique ou semi-aride. La vaste région qui forme le tiers
occidental du pays et qui s'étend sur près de 3.000 kilomètres
du nord-ouest au sud-est, et sur 1.500 kilomètres à l'est du Paci¬
fique, n'est arrosée, si l'on excepte quelques vallées fertiles au
nord-ouest, que par les torrents des hautes chaînes montagneu¬
ses qui la traversent. Les terres irriguées ont un rendement
prodigieux, mais elles ne couvrent qu'une très petite surface.
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Le Courrier. N° 8-9. 1955
(Photos Unesco.)
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SABLES BLANCS
li OCÉAN DE NEIGE
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« White Sands » (sables blancs), dans l'Etat américain du Nouveau Mexi¬
r que, offre sur 43 km. de long et 700 km2 de surface, d'immenses étendues
de dunes d'une blancheur de neige. C'est le plus grand désert de gypse
du monde. Il y a bien longtemps, des dépôts de gypse provenant des
o montagnes environnantes furent entraînés par des cours d'eau dans un
lac qui recouvrait alors la région. Le climat étant devenu aride l'eau de
ce lac s'évapora et le gypse, cristallisé, fut réduit en poudre par le
vent. Les photos I et 2 montrent les savants participant au congrès
d'Albuquerque sur la zone aride, gravissant les dunes comme de jeunes
garçons. Au cours de la même excursion, les experts visitèrent les ruines
des bâtiments religieux de Gran Quivira (photo 3) élevés en .1640 par
une Mission espagnole et abandonnés quinze ans plus tard à cause de la
sécheresse et des attaques des Indiens. On voit ¡ci Albert H. Reid, du
U.S. Forest Service de l'Etat du Colorado, et Pedro Armillas (il porte la
barbe) Professeur d'archéologie à l'Ecole nationale d'anthropologie de
Mexico. La dernière photo (n°'4) représente les savants examinant
« Elephant Butte », vestige d'un ancien volcan. Là est édifié sur le Rio
Grande un barrage de 60 km. de long qui irrigue 320.000 hectares.
15
95. SAVANTS
(Suite)
I i IW -
~9i\ \ j
(Photos Unesco.)
VOYAGE AU PAYS
DE LA MORT
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Le Courrier. N° 8-9. 1955
AUTANT EN
APPORTE
LE VENT
B ET CHEVAUX (VAPEUR). Lapuissance développée par une paire de boeufs ou un chameau en tirant d'un puits quelque 3.000 litres
par heure d'une profondeur de 9 à 12 mètres, ne représente qu'une petite fraction de cheval-vapeur. Une éolienne, même très rudimentaire, peut facile¬
ment faire le même travail si elle est actionnée par les vents modérés qui soufflent dans les pays d'Orient plusieurs heures par jour. (Photos E. VV. Golding.)
17
et agricoles. D'où tirer cette énergie ? voit aujourd'hui beaucoup plus loin que
On peut évidemment l'importer, mais le simple pompage de l'eau par des
Une énergie cela entraîne de gros frais. Pour les éoliennes, et l'on songe à produire d'im¬
besoins d'une population clairsemée, le portantes quantités d'énergie électrique
prodigieuse transport de l'énergie électrique que au moyen de générateurs actionnés par
le vent.
produirait une centrale lointaine a des
(Suite) chances d'être aussi coûteux que le Ces appareils seront probablement
transport de l'huile lourde qui alimen¬ assez semblables aux petites éoliennes
terait des centrales locales à moteurs à deux pales dont on 'se sert pour re¬
Diesel. Peut-être, dans un avenir dont charger les accumulateurs qui éclairent
nul ne peut préciser l'éloignement, des certaines maisons de campagne ; mais
centrales nucléaires relativement peti¬ les dimensions en seront bien plus gran¬
tes pourront-elles être expédiées « en des. En Grande-Bretagne et au Dane¬
colis » pour un prix qui en rende l'em¬ mark, on essaie actuellement des
ploi rentable ; mais même la plus petite machines dont la puissance va jusqu'à
d'entre elles sera presque certainement 100 kW ; d'autres ont été conçues en
trop grande pour les besoins d'une col¬ France et en Allemagne.
lectivité isolée. En tout cas, attendrons- L'énergie du vent est proportionnelle
nous de nombreuses années avant d'es¬ au cube de sa vitesse, de sorte que lors¬
sayer de mettre en valeur ces régions que cette vitesse est doublée, l'énergie
où, très souvent, l'eau indispensable se
trouve dans le sol à une assez faible
profondeur, d'où il suffirait d'un peu
d'énergie, quelle que soit l'origine, pour
la pomper et pour pouvoir ainsi irriguer
le désert ?
18
Le Courrier. N° 8-9. 1955
que qu'ils produisent. On économise équivalent à celui d'une paire de b rir à des charges telles que le pompage
ainsi le combustible qu'il aurait fallu ou le chauffage de l'eau, qui consti¬
brûler dans des centrales thermo-élec¬
Quelques chiffres fixeront les idées : tuent en elles-mêmes une accumulation
une éolienne de 10 kW, bien conçue et d'énergie, et réduire au minimum l'em¬
triques pour produire la même quantité
d'électricité. bien située, pourrait fournir annuelle¬
ploi des batteries d'accumulateurs.
ment de 15.000 à 20.000 unités d'énergie
Partout où il existe des réseaux de électrique, chacune de ces unités per¬ Des constructeurs de plusieurs pays
distribution d'énergie électrique suffi¬ mettant de pomper quelque 20.000 litres mettent actuellement au point diverses
samment étendus et des vents assez d'eau d'une profondeur de 15 mètres. machines ; mais leurs plans doivent re¬
forts (ou lorsque le coût du combustible Pour ce qui est du prix de revient, poser sur des données que seule peut
fournir l'observation locale. Il est d'ail¬
est suffisamment élevé) pour que l'ex¬ l'énergie éolienne est plus avantageuse
ploitation de l'énergie éolienne soit ren¬ que celle des moteurs à explosion (qui, leurs parfois possible de commencer la
table, ces puissantes machines pour¬ dans une région éloignée, pourrait coû¬ mise en . valeur d'une région à l'aide
raient jouer un rôle important. Mais, ter de 12 à 16 francs par unité, rien d'éoliennes rudimentaires, construites
dans les régions désertiques à popula¬ que pour le combustible), sauf si la avec des matériaux disponibles sur
tion clairsemée, des machines plus vitesse du vent est très faible. Mais, le place.
petites, d'une puissance de 10 à 100 kW, plus souvent, ce n'est pas avec l'énergie Il serait urgent d'avoir sur ces régions
ont toutes chances de rendre de plus des moteurs à explosion que l'énergie des renseignements météorologiques ;
grands services. Ces régions ne possè¬ éolienne se trouve en concurrence, mais mais les observations devront être fai¬
dent pas de grand réseau de distribution avec la traction animale : un groupe de tes dans des sites judicieusement choi¬
électrique ; et l'énergie éolienne devra quatre bmufs, avec deux hommes pour sis et présentées sous une forme appro¬
priée. Il importe d'être renseigné sur
la vitesse des vents au cours d'une an¬
née, sur la durée des périodes calmes,
sur les heures de la journée où le vent
s'élève, sur les tempêtes de sable et
autres particularités météorologiques
locales. Il peut arriver qu'en un site
où la vitesse moyenne du vent est fai¬
ble, il y ait dans la journée quelques
heures où le vent est parfaitement uti¬
lisable, les périodes calmes correspon¬
dant aux heures de nuit.
.
veau ; certains travaux agricoles peu¬
vent aisément se faire à mesure que
l'énergie est produite ; d'ailleurs (si
nous osons faire cette suggestion dans
un article qui traite des régions déser¬
tiques, où la matière végétale est si
précieuse) on disposera parfois de quel¬
ques débris inutiles pouvant servir de
combustible pour ces petites machines
à vapeur portatives qui viennent d'être
mises au point en Grande-Bretagne.
Ces machines pourront fournir la fai¬
ble quantité d'énergie nécessaire pour
les moments où il n'y a ni vent ni
y être employée seule ou, de préférence, les conduire, puise en une heure moins soleil.
conjuguée à l'énergie solaire, en vue de de la moitié des 20.000 litres d'eau dont
satisfaire les besoins de la population. il vient d'être question. En outre, ces Nous dirons en conclusion qu'il existe
Pour utiliser judicieusement ces deux bqufs coûtent cher à acheter ; ils ne souvent des ressources en énergie suf¬
sources d'énergie, on tiendra compte de peuvent travailler que pendant cinq ou fisantes pour satisfaire les besoins de
six ans, et chacun consomme annuelle¬ collectivités isolées et assurer la mise
leurs caractères propres.
ment de 10 à 15 tonnes de fourrage. en valeur de régions désertiques ou
semi-désertiques. On construit actuelle¬
Il semble donc évident qu'il faudrait
ment des machines de modèles appro¬
exploiter les ressources locales en éner¬
priés ; mais ce qui importe surtout en
gie éolienne et solaire. Mais cela exige
ce moment, c'est de choisir de façon
IL existe déjà au moins deux types que trois conditions principales soient
judicieuse les emplacements de ces
de générateurs éoliens d'une dizaine remplies. Il faut construire pour un
machines, de les installer intelligem¬
de kW ; il est intéressant d'exami- prix suffisamment bas des machines
ment, de prévoir dans le détail la com¬
îer quels avantages deux ou trois de d'un type approprié. Il faut installer
binaison de leurs divers usages.
ces machines, installées en un lieu fa¬ ces machines dans des sites favorables,
vorable, pourraient apporter à une col¬ pour en obtenir le rendement maxi¬
lectivité de 30 à 40 familles. Ces instal¬ mum. Enfin, il faut s'organiser de façon M. E.H". Golding est chef du Département de
lations pourraient fournir toute l'éner¬ à tirer de ce rendement tout le parti ¡'electrification rurale et de l'énergie éolienne
à l'Association britannique de la Récherche
gie nécessaire à l'éclairage, aux ventila¬ possible.
électrique, à Londres. C'est lui oui a dirigé la
teurs, aux postes de radio et aux petits Ni le vent ni le soleil ne permettent première installation à l'énergie éolienne fonc¬
tionnant en Grande-Bretagne (dans les îles
appareils ménagers ; elles pourraient de produire de l'énergie de façon con¬ Orkney). En 1951, il a accompli en Israël une
pomper toute l'eau nécessaire aux usa¬ tinue et l'accumulation est coûteuse. mission d'assistance technique sous les auspices
ges domestiques et actionner, en outre, Nous devons donc nous arranger pour de l'Unesco. En 1954, il a accompli une autre
mission à Haïti pour l'Organisation Météoro¬
pour les besoins de l'irrigation, plusieurs utiliser cette énergie à mesure qu'elle logique Mondiale, toujours dans le domaine de
pompes fournissant chacune un travail est produite. Pour cela, il faudra recou l'énergie éolienne.
19
L'homme a domestiqué...
L'ÉNERGIE
SOLAIRE
IE soleil est la source de toute vie sur la terre. Partout où face du toit d'une petite maison), est l'équivalent de 558 kilo¬
il y a de l'eau, les feuilles vertes utilisent l'énergie so- watts-heure d'électricité, à 66 kilogrammes de charbon, ou à
"^ laire pour donner des aliments et du combustible. Le 54 litres d'essence. Utilisée à un rendement de 5 pour cent
soleil produit ainsi chaque année des centaines de millions de seulement, la lumière solaire inondant une aussi petite sur¬
tonnes d'amidon, de sucre, et, moins directement, de graisses face fournirait 28 kilowatts-heure ou 38 chevaux vapeurs-
et de protéines pour l'alimentation humaine. Chaque année, heure de travail par jour. Comment résister à la tentation de
il fait pousser 10.000 millions de tonnes de bois. Au cours des chercher à utiliser cette énergie ?
époques révolues, il a fourni les nombreux milliards de tonnes
de végétation maintenant enfouis sous terre sous forme de On pourra sans doute un jour utiliser le soleil sur une
charbon. A cause du manque d'eau, ceci ne peut se produire grande échelle pour faire fonctionner des usines. Ce jour est
sur les terres arides. Cependant, il est possible d'utiliser le encore lointain, mais à l'heure actuelle les besoins des zones
soleil, cette grande ressource des déserts, sous forme d'énergie arides sont plus modestes : il y faudrait de petites machines
capable de remplacer le carburant, sinon pour produire de la destinées à pomper l'eau des puits et des courants souter¬
nourriture. rains.
La quantité d'énergie que représente la lumière solaire est Au cours du colloque sur l'utilisation de l'éner¬
colossale, et nous ne pourrons jamais en utiliser la totalité. gie solaire que l'Unesco a organisé à la Nouvelle- (Suite
La lumière qui tombe chaque jour sur cent mètres carrés de Delhi en octobre 1954, le professeur Farrington page 22)
surface plane (un carré de dix mètres de côté, environ la sur- Daniels, de l'Université de Wisconsin (U.S.A.),
MARMITES
SOLAIRES
Dans le Moyen-Orient, une « cui¬
sinière » solaire efficace et solide
20
Le Courrier. N° 8-9. 1955
21
GRACE AU SOLEIL :
SOUDURE ET VAPEUR
ENERGIE énonça ainsi le problème: « Contentons- est efficace,' mais présente une difficulté : il faut modifier la
nous de machines solaires qui transfor¬ position de la lentille à mesure que le soleil se déplace.
ment en travail utile de un à cinq pour
SOLAIRE cent seulement des radiations solaires
Quoi qu'il en soit, c'est à partir de ce principe simple que
l'Institut national de Physique de la Nouvelle Delhi, en Inde,
qui les touchent, mais insistons pour
(Suite) a mis au point un appareil destiné aux usages domestiques.
obtenir des machines simples et bon
Il s'agit d'une calotte métallique concave posée sur un pied.
marché, qui ne nécessitent pas de répa¬
Les rayons solaires, réfléchis par la surface polie, se concen¬
rations compliquées. » Une telle machine
trent sous un anneau métallique placé au centre de la calotte.
ne devrait pas coûter plus cher qu'un cheval, un buffle ou un
Une casserole pleine d'eau ou de riz, placée sur l'anneau,
chameau ; elle devrait durer autant que l'animal et libérerait
absorbe ainsi les rayons solaires qui frappent une surface
au bénéfice de l'homme la portion de sol utilisée jusqu'à pré¬
d'environ un mètre carré, et peut être portée à ebullition en
sent pour nourrir cet animal. En Inde, elle permettrait de
vingt ou trente minutes. Cette cuisinière solaire va être fabri¬
consacrer aux engrais les bouses de vaches utilisées à l'heure
quée en série, et devrait rendre de grands services en permet¬
actuelle comme combustible domestique. Dans toutes les
tant d'épargner un combustible déjà rare, notamment dans
régions arides, elle sauverait les buissons arrachés pour faire
les vastes régions arides de l'Inde.
du feu; si on les laisse croître, ils fixeront les dunes.
Un temps nuageux n'annihile pas nécessairement l'effica¬ Lorsqu'il faut obtenir assez d'énergie pour actionner une
cité des machines solaires, affirme le professeur A. E. M. pompe, il est .préférable d'employer de longs miroirs cylin¬
Bleksley, de l'Université de Witwatersand (Afrique du Sud). driques. Un tube de verre plein d'eau placé au foyer de ces
Le professeur fit à la Nouvelle Delhi une communication sur miroirs sert de chaudière. Selon les miroirs employés, il a été
les mesures faites, au cours des quarante dernières années, possible d'obtenir sous forme de vapeur une énergie de trois
sur la quantité de radiations solaires à des endroits et sous ou quatre kilowatts ; cette énergie peut être attelée à une
des climats différents. Il déclara aux participants du colloque: dynamo, et transformée en électricité capable de faire fonc¬
« Excepté le cas relativement rare d'un ciel complètement tionner un moteur, donc une pompe.
couvert par une couche de nuages noirs, la présence de radia¬
tions diffuses sert à compenser largement la perte de radia¬
tions directes due soit à des nuages fins ou dispersés, soit aux La nuit, la chaleur est mise en sommeil
quantités de poussière qui se trouvent dans l'atmosphère.
(Quoique la lumière solaire contienne beaucoup d'énergie, Au cours du même colloque, le professeur V. A. Baum, chef
elle ne peut être utilisée directement, car elle est extrême¬ du laboratoire héliotechnique de l'Institut énergétique
ment diffuse. Nulle part sur la terre, on ne peut utiliser direc¬ G. N. Krzhizhanovsky, de Tachkent, en U.R.S.S., pré¬
tement la chaleur solaire pour faire bouillir de l'eau. La plus senta un remarquable rapport. Il déclara que les savants
haute température qui ait été enregistrée (en 1922, à Aziziya, soviétiques avaient réalisé des réflecteurs composés d'un mi¬
Libye), était de 58 degrés centigrades, alors que l'eau ne bout roir parabolique de dix mètres de diamètre, capables de pro¬
qu'à partir de 100 degrés. C'est pourquoi il est nécessaire, pour duire 50 kg de vapeur par heure sous une pression d'environ
obtenir la température voulue, de capter les rayons solaires 8 kg par centimètre carré. Ces appareils ont été employés
sur une surface relativement étendue et de les concentrer en comme force motrice dans des fabriques de conserves, pour
un point donné : c'est ainsi que procèdent les enfants qui distiller de l'eau, faire fonctionner des réfrigérateurs, et pour
allument une feuille de papier avec une lentille. Ce procédé chauffer un laboratoire.
22
Le Courrier. N» 8-9. 1955
Des appareils semblables ont été également mis au point On peut également envisager l'emploi de batteries d'ac¬
pour transformer l'eau salée en eau douce. Un distillateur de cumulateurs; en principe, ce serait même l'idéal. Les batte¬
ce genre produit actuellement environ 1.100 litres d'eau pure ries au plomb employées dans l'industrie automobile ont
par jour, en ne consommant qu'une livre dé vapeur par litre. atteint un haut degré de perfection ; cependant, elles sont
C'est le procédé le plus économique qui permette de fournir encore trop onéreuses et demandent trop de soins pour être
l'eau nécessaire aux pâturages du désert de Kara Kour. Un employées communément dans les régions non industrielles.
seul distillateur a produit en un an 75.000 tonnes d'eau pure, « Mais, déclare le Dr. Daniels, employées avec une machine
et 12.000 tonnes de glace. solaire les batteries n'ont pas besoin d'être puissantes, ro¬
bustes, et de faibles dimensions ; elles n'ont pas à fournir un
Un des grands inconvénients de l'énergie solaire est son haut amperage, n'ont pas à être instantanément et complète¬
action intermittente. Il n'est pas possible de faire briller le ment réversibles. Si l'on peut ignorer ces servitudes des batte¬
soleil pendant la nuit, ni pendant les jours de forte nébulo¬ ries au plomb actuellement en usage sur les automobiles, il
sité. Si cela ne gêne pas sérieusement le pompage de l'eau est possible de mettre au point de nouvelles combinaisons
d'irrigation, la fabrication de l'électricité destinée à l'éclai¬ chimiques et de nouveaux types d'électrodes. En cas d'emploi
rage des villages et des maisons, l'une des tâches importantes généralisé, le coût de telles batteries ne serait pas le dixième
d'une machine solaire, nécessite évidemment la mise en de celui des batteries au plomb actuelles. »
réserve de l'énergie.
SOLAIRE
CETTE BATTERIE de miroirs solaires donne de la chaleur qui est utilisée pour procurer de l'énergie à des petits moteurs électriques ou à vapeur.
Conçue par le Laboratoire national de Physique de la Nouvelle Delhi, elle consiste en un ensemble de miroirs plats (à gauche) qui réfléchissent et concen¬
trent les rayons du soleil. Chaque miroir est fixé sur un support indépendant (à droite). Tous les miroirs peuvent être conjugués en un seul groupe grâce
à un dispositif automatique, afin de concentrer les rayons dans un seul faisceau. (Photos Bureau d'Information de Presse du Gouvernement de l'Inde).
plein de gravier ou de roche écrasée, qui, une fois chauffés elle est remarquablement efficace. Le courant est d'environ
par l'air, conservent la chaleur. La nuit, un courant d'air 25 milliampères par centimètre carré, ou 2,3 ampères par
frais traverse l'accumulateur, absorbe la chaleur des graviers, mètre carré à un voltage de 0,3 volts. Ceci indique un haut
et va chauffer la maison. rendement dans l'emploi de la lumière solaire, 8 % en
moyenne, jusqu'à 11 % dans certains cas. L'avenir de cette
Le chauffage de l'eau pour l'usage domestique s'opère de la
méthode de production directe d'électricité ne dépend que de
même façon : l'eau d'un réservoir étant chauffée par le cou¬
la possibilité de produire un silicium très pur à bas prix, ce
rant d'air chaud produit par la « trappe à chaleur » du toit.
métal étant bon marché sous sa forme courante.
Par exemple le village russe de Firusa, près d'Asshabad, dis¬
pose d'un collecteur de chaleur solaire d'une surface de Il apparaît donc, pour conclure, que l'utilisation de la
95 mètres carrés, qui peut produire en une journée 10,5 tonnes lumière solaire pour la production de chaleur et d'énergie a
d'eau à la température de 50" centigrades. été négligée dans le passé, sans doute parce que les recher¬
ches se sont poursuivies dans des pays hautement industria¬
L'énergie solaire pourra même, dans l'avenir, être utilisée
lisés, où le charbon se trouve en grandes quantités, et où la
de façon complètement nouvelle. En avril 1954, le laboratoire
lumière solaire ne peut guère rivaliser, avec lui.
des Téléphones Bell annonça la mise au point d'une batterie
solaire capable de transformer la lumière solaire en électri¬
cité sans passer par l'intermédiaire de la chaleur. Cet appa¬
GERALD WENDT, journaliste et écrivain scientifique américain, a occupé le poste de
reil emploie deux minces jetons de silicium très pur en
Chef de la Division de l'Enseignement et de la Diffusion de la Science au Départe¬
contact l'un avec l'autre. Ce métal ainsi raffiné coûte, à
ment des Sciences Exactes et Naturelles de l'Unesco. Ancien professeur de chimie à
l'heure actuelle, 292.000 francs le kilo. Même quand les jetons l'Université de Chicago, ancien doyen du Pennsylvania State College, il s'est consacré
sont très minces, une telle batterie coûte très cher ; elle n'est depuis plusieurs années à l'étude de la science et de ses conséquences sociales.
encore utilisée que pour fournir l'énergie électrique aux sta¬ Gerald Wendt était conseiller scientifique de la Radio des Nations Unies à la récente
tions d'amplification des lignes téléphoniques rurales. Mais Conférence atomique de Genève.
tional de Physique de la
Nouvelle Delhi, Inde. Les
techniciens Indiens mettent
Gouvernement de l'Inde).
24
Le Courrier. N° 8-9. 1955
Derrière les douves d'une sévère place forte du xvir* siè¬ il se servait indifféremment comme cendriers. Comme j'en
cle située dans le sud de la France, une équipe de montrais un :
savants français a réussi à transformer en une réalité C'est du quartz fondu au four solaire, m'a-t-il indiqué,
économique quotidienne ce rêve séculaire : exploiter l'énergie tout en y jetant une allumette...
solaire.
Le professeur Trombe et son adjoint m'ont ensuite expliqué
Nous sommes à Mont-Louis, ville des Pyrénées-Orientales comment, en 1946, ils avaient songé à utiliser l'énergie
qui se trouve près de la solaire pour produire
frontière espagnole, à les hautes températu¬
1.600 mètres d'altitude. res nécessaires au trai¬
Construite en 1676 par le marquis de Vauban, grand archi¬ Il y a maintenant à Mont-Louis vingt chercheurs, et
tecte militaire de Louis XIV, la forteresse de Mont-Louis n'a vingt-cinq autres au laboratoire parisien du professeur
guère changé depuis. On accède au laboratoire d'énergie Trombe. Les travaux sont financés conjointement par la
solaire en traversant un fossé sur un pont gardé par de Défense Nationale Française et surtout par le Centre national
grandes portes de bois garnies de clous, les mêmes qu'il y a Français de la recherche scientifique.
trois cents ans.
Nous faisons nos appareils nous-mêmes, m'a dit le pro¬
fesseur Trombe. Nous constituons une équipe qui a foi dans
Un grand homme mince, d'une bonne quarantaine d'an¬
l'utilité de ses efforts.
nées, chaussé d'espadrilles à semelles de corde, était juché au
sommet d'un échafaudage; je lui demandai où je trouverais Le professeur Trombe et M. Foex ont trouvé dans ce coin
25
LE GÉANT DES PYRÉNÉES
(Suite)
LA « GRANDE INSTAL¬
LATION » de 75 Kw
an, alors qu'à Meudon, il n'en avait que cinquante. Pour Un des mécaniciens du laboratoire a actionné devant moi
l'énergie solaire, nous a expliqué le professeur Trombe, ce le mécanisme pour me faire voir comment le miroir plan
sont les régions proches des tropiques du Cancer ou du pouvait se mouvoir. On aurait dit un grand animal aveugle,
Capricorne qui sont les régions idéales ; plus près de l'Equa¬ se tournant lentement pour adorer le soleil.
teur, l'atmosphère est trop humide.
Par la plate-forme située entre les deux miroirs, le profes¬
La première grande difficulté qu'ils orit dû surmonter en seur Trombe m'a mené rapidement dans le petit hangar qui
1949 était d'ordre financier : Pour fabriquer un miroir para¬ abrite le four. Le temps était couvert, mais je pouvais sen-,
bolique de 2 mètres seulement de diamètre, il faut 1 mil¬ tir la chaleur qui émanait du miroir.
lion 500.000 francs...; or le miroir parabolique employé actuel¬
Il faut faire attention ici, m'a-t-il dit, un jour ce
lement à Mont-Louis a plus de 10 mètres de diamètre !
miroir a brûlé le pardessus d'un visiteur très important.
Le professeur Trombe et M. Foex ont résolu ce problème
avec un budget modeste... et de riches ressources d'ingénio¬ Le four se trouve dans l'axe du miroir parabolique. Sous
sité. Leur miroir parabolique, le plus grand du monde, se l'action d'un bouton de commande, il s'est mis à tourner
compose seulement de 3.500 petits losanges de verre à vitre. rapidement. Le professeur Trombe m'a expliqué alors que
Chacun de ces fragments de verre n'a que 1,5 mm d'épais¬ la force centrifuge projette la matière minérale à traiter
seur et des vis réglables permettent de les gauchir, de contre les parois cylindriques du four et qu'ainsi se forment
manière à donner à l'ensemble une courbure parabolique. les « vases » que j'avais vus sur son bureau.
26
Le Courrier. N» 8-9. 1955
Naturellement, ce. n'est pas le cas, m'a fait observer le 1.000°C. Je ne vois donc pas pourquoi une centrale solaire ne
professeur Trombe, nous sommes un laboratoire de recher-. pourrait fournir de l'énergie pendant les heures de pointe de
ches et non une usine. Mais en exploitant le four commercia¬ la soirée, mais naturellement il faudrait un moteur auxiliaire
lement 30 jours par an seulement, nous fabriquons deux pour les jours sans soleil. La rentabilité de l'énergie solaire
tonnes de produits réfractaires et comme ils sont d'une très dépend de la possibilité de recourir à d'autres sources
grande pureté, il n'est pas difficile de les vendre. d'énergie.
Que réserve l'avenir ? Selon le professeur Trombe, Alors que je m'apprêtais à quitter Mont-Louis, le professeur
« l'exploitation de l'énergie solaire sera fonction des besoins Trombe et M. Foex m'ont montré un autre dispositif pro¬
mondiaux et des problèmes que posent les méthodes actuelles ducteur d'énergie qui a été, lui, nettement supplanté... A
de production d'énergie ». moins de quinze mètres du four à haute température et du
A Mont-Louis, comme ailleurs, on procède à des expé¬ plus grand miroir parabolique du monde, une porte s'ouvre
riences de chauffage des maisons par le soleil. On s'occupe sur une salle humide, où l'on distingue dans la pénombre une
également de produire de la réfrigération avec cette source roue de bois de 5 mètres de haut.
A 15 mètres du four,
le Puits des forçats
Le professeur Trombe est convaincu que l'énergie solaire
offre actuellement le moyen le plus économique de pro¬
duire les hautes températures nécessaires à certaines
opérations métalliques. La grande difficulté est de transfor¬
mer cette énergie en puissance motrice.
27
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(Copyright Schmidc-Nieken.)
RESPIREZ A FOND 1 Le chameau n'est jamais essouflé; il ne i-espire pas la bouche ouverte, même dans le torrlde Sahara et transpire si peu que sa peau
paraît toujours complètementsèche. Ici, M. Schmidt-Nielsen utilise un appareil spécial pour mesurer la consommation d'oxygène d'un de ses sujets d'expérience.
28
Le Courrier. N° 8-9. 1955
LE CHAMEAU
fable et réalité
par Bodil et Knut Schmidt-Nielsen
(Copyright Schmidt-Nielsen) On est surpris d'apprendre combien sont rares les connais¬
sances scientifiques que l'on possède sur cet animal dont
dépend la vie des populations de très vastes régions du globe.
Contrairement à ce que l'on croit généralement, le chameau ne possède de
réserve d'eau ni dans son estomac ni dans sa bosse ni dans aucune autre
Jusqu'à une date toute récente, la science était incapable de
répondre à de nombreuses questions aussi courantes que les
partie de son corps. S'il fait preuve, en effet, d'une résistance à la soif peu
suivantes :' Combien de temps le chameau peut-il résister à
commune, le chameau ne boit que quand il a soif.
la soif ? Pourquoi le chameau peut-il se passer d'eau dans
des conditions aussi difficiles ? Le chameau a-t-il dans son
(Photo Zôhrer)
corps une réserve d'eau ? Quel rôle joue sa bosse ?, etc.
Une meilleure connaissance du chameau et de ses fonc¬
tions organiques contribuerait pour une grande part à l'éva¬
luation des possibilités des terres arides et des programmes
de modernisation agricole. Des renseignements plus précis
sur les particularités qui permettent au chameau de subsister
dans le désert aideraient peut-être également à déterminer
les caractéristiques grâce auxquelles d'autres animaux,
comme les moutons et les bovins, peuvent supporter un cli¬
mat aride. Aussi était-il naturel que l'Unesco, entre autres
institutions, donne son appui à une expédition au cours de
laquelle des chercheurs de la Duke University (U.S.A.) se sont
efforcés de répondre à un grand nombre des problèmes non
encore résolus que pose le chameau.
29
(Copyright Schmidt-Nielsen)
CHAMEAU (suae)
VY
^r^WAMt
Si l'on pose la question : « Combien de temps un homme inquiétant. 'Nous en avons conclu que le chameau peut aisé¬
peut-il vivre sans eau ? », la réponse dépendra des circons¬ ment se passer d'eau plus de deux semaines en hiver, même
tances. Dans le désert, en été, il vivra peut-être un jour ou s'il est nourri d'aliments secs.
deux; mais dans un climat frais, il pourra résister plus long¬ Le chameau continue à consommer de l'eau pendant les
temps, peut-être pendant une semaine. En outre, si cet périodes où il est ainsi privé d'eau. Chez lui comme chez tous
homme dispose d'aliments aqueux comme le melon, il pourra les mammifères, la formation de l'urine exige de l'eau et la
subsister pendant plus longtemps encore. Il pourrait même respiration s'accompagne d'une evaporation d'eau par les
se passer complètement d'eau potable, s'il avait une pro¬
poumons.
vision suffisante de fruits juteux tels que pommes, oranges,
tomates et melons. Cette déperdition régulière d'eau s'est traduite chez notre
animal par une perte de poids correspondant à la quantité
Il en va de même pour le chameau; le temps qu'il peut d'eau utilisée. Il a continué à manger et, s'il avait eu de l'eau,
rester sans boire dépend des conditions extérieures, notam¬ il aurait gardé son poids normal. Au bout de seize jours, il
ment : quantité de nourriture absorbée et teneur en eau but une quantité d'eau correspondant à celle qu'il avait dé¬
de cette nourriture, charge portée, distance à parcourir, tem¬ pensée, ce qui lui rendit son poids précédent.
pérature, enfin race et état physique de l'animal. Il est donc
impossible de dire combien de jours un chameau quelconque Cette expérience ne nous a pas indiqué le degré de déshy¬
dratation auquel l'organisme du chameau est capable de
peut rester privé d'eau.
résister. Nous aurions pu la poursuivre pour trouver la
Il existe deux espèces de chameaux : celui à une bosse et réponse à cette question, mais nous avions d'autres problèmes
celui à deux bosses. Ceux que nous avons étudiés à Béni- urgents à étudier et nous avons décidé d'attendre l'été. Le
Abbès étaient des chameaux à une bosse, ou dromadaires. Le taux de déperdition d'eau serait alors beaucoup plus élevé,
chameau à deux bosses, ou chameau de Bactriane, vit dans et l'on obtiendrait en beaucoup moins de temps une grave
les déserts et les hauts plateaux de l'Asie centrale, tandis que déshydratation.
le chameau à une bosse se trouve dans les déserts torrides
Vers la fin du mois de juin, nous avons laissé sans eau
de l'Arabie et de l'Afrique du Nord.
pendant huit jours un chameau pesant 450 kilos. Au terme
de l'expérience, il avait perdu 100 kilos. Il était alors en assez
mauvais état par suite du manque d'eau; lorsqu'on lui donna
C'est un ruminant,
à boire, il absorba en dix minutes 103 litres d'eau. Cette
non un épargnant expérience montre que le chameau peut perdre environ le
quart de son poids d'eau, et boire en quelques minutes une
L'observation des chameaux nous a bientôt permis de quantité d'eau équivalente. Un autre chameau qui avait été
constater que ceux que l'on faisait paître l'hiver soumis, à la même époque, à une expérience plus poussée,
n'étaient pas abreuvés. Le fait n'a rien de surprenant fut laissé sans eau du 5 au 22 juin, soit pendant 17 jours. Vers
car s'il pleut, la végétation du désert
contient un volume d'eau considérable.
Nous avons examiné un certain nom¬
bre de ces chameaux que l'on amenait
à Béni-Abbès pour les livrer à la bou¬
cherie. Us étaient restés sans boire
pendant un ou deux mois, et l'on aurait
pu penser qu'ils étaient particulière¬
ment altérés; mais ce n'était pas le
cas. Ils ne manifestaient nul intérêt
pour l'eau qui leur était offerte. Cepen¬
dant, les pluies d'hiver sont très irré¬
gulières; dans les hivers secs qui em¬
pêchent la pousse habituelle de la
végétation nouvelle, il faudrait certai¬
nement abreuver les chameaux.
30
Le Courrier. N5 8-9. 1955
la fin de cette période, les deux animaux étaient en assez lière. Le chameau est un ruminant, et son estomac, comme
mauvais état, et ils avaient perdu leur appétit. Ils parais¬ celui de la vache et du mouton, est divisé en plusieurs par¬
saient maigres et efflanqués. Leur abdomen était creusé et ties ou compartiments. La première partie, qui est la plus
ramené contre la colonne vertébrale, leurs muscles étaient volumineuse, est la panse, où s'accumule le fourrage gros¬
contractés, leurs pattes décharnées semblaient encore plus sièrement mastiqué. Dans les parois de la panse du chameau,
longues que d'habitude. Dans cet état, ils auraient été inca¬ il y a certains alvéoles que l'on ne retrouve pas chez les
pables d'effectuer un gros travail ou un long parcours. autres ruminants, fait intéressant que l'on a rattaché à la
légende de la réserve d'eau. Cependant, le volume de ces
Ces deux chameaux avaient été exposés au vent et au soleil
petits alvéoles, dits « poches à eau », est si faible (5 à 7 litres)
brûlants du désert, mais on ne les avait pas fait travailler.
qu'ils ne sauraient contenir la réserve d'eau nécessaire pour
D'après cette expérience, il semble que, dans une marche couvrir les besoins d'un animal de cette taille.
d'été à travers le désert, même les meilleurs chameaux ne
pourraient pas être laissés sans eau pendant beaucoup plus La panse des chameaux renferme effectivement d'impor¬
d'une semaine. Toutefois, les facteurs qui entrent ici en jeu tantes quantités de liquide, mais cette caractéristique est
sont si nombreux que des recherches approfondies, faites commune à tous les ruminants. Toutefois, pour établir avec,
dans des conditions diverses, seraient nécessaires pour pou¬ certitude que le chameau ne met pas d'eau en réserve, nous
voir formuler des règles précises. avons analysé le liquide contenu dans l'estomac d'une dou¬
zaine d'animaux. Il s'agit d'un liquide vert, fétide et nau¬
On peut affirmer, malgré tout, que le hameau peut vivre séabond, qui n'a guère de rapports avec l'eau potable.
sans eau beaucoup plus longtemps que
les autres mammifères, y compris'
l'homme. Dans des conditions analo¬
gues, il est probable qu'un homme se¬
rait très affaibli et dans un état cri¬
tique, après une journée de voyage
dans le désert et qu'il mourrait de soif
au cours de la deuxième journée.
*f
15 :.''.. ..V
31
de I 00 kg en I 00 litres en
IL MAIGRIT IL BOIT 10 minutes
8 jours
la graisse de plusieurs animaux d'éléments solides et deux tiers d'eau. Seule une faible frac¬
CHAMEAU (suite) vivant dans des climats chauds tion de cette eau peut être perdue sans que se manifestent
se trouve rassemblée en un seul des symptômes graves. L'organisme réagit par un impérieux
endroit du corps, au lieu d'être désir de boire qui, s'il n'est pas satisfait, se transforme vite
répartie sur l'ensemble de ce¬ en une sensation de malaise, de gêne et d'irritation. Ces
lui-ci. Le boeuf zébu a une bosse sur les épaules et, chez le symptômes disparaissent rapidement avec l'absorption d'une
mouton à large queue, la graisse est accumulée sur la queue, certaine quantité d'eau ou de quelque autre boisson.
d'une taille énorme. Pour les Arabes, la bosse du chameau
est un mets de choix, si bien que, lorsque ces animaux sont
livrés à la boucherie, la bosse atteint souvent un prix plus L'homme qui transpire
élevé que la viande.
32
Le Courrier. N" 8-9. . 1955
Le signe du « bon
A H A R A
dans le sable, écri¬
tes en fils de
laine ou gravées
au burin sur le
cuivre ou l'argent.
(Copyright par
Jean Gabus.)
33
SAHARA (suae)
34
Le Courrier. N' 8-9. 1955 '
REPRODUCTION INTERDITE
35
SAHARA
sinon le pinceau tomberait tout seul de amulettes et par des décors symbo¬ d'une technique des bijoutiers maures :
leurs doigts ! », puis toujours du thé, liques. ces petits fils d'argent adroitement fa¬
les cinq verres maures, _ cette fois-ci à çonnés en « waou » jumelés (un U dont
Ils admettent tout cela, mais sans se
les extrémités s'achèvent en bouclette)
quinze heures, « parce 'qu'il fait trop poser trop de questions. Ce sont les réa¬
chaud ! ». à la pointe d'une aiguille et qui per¬
lités mythiques de la vie quotidienne,
mettent des compositions variées dési¬
les petits rappels' constants des sautes
Mais, de leurs mains de vieilles fem¬ gnées par le terme hassanya de
d'humeur du vent, de la terre, des ar¬
mes, des mains fines et sèches, demi- « nach ». Ici, loin des centres techni¬
bres, des objets, contre lesquels il est
mortes, elles tressaient aux lacets de possible de lutter en prenant un cer¬
ques traditionnels, la figure en croix
cuir sur les nattes les motifs du « rire est restée élémentaire. Ces incrusta¬
tain nombre de précautions aussi sim¬
de la jeune fille », des « ailes de la tions sont les unes en cuivre : « une
ples que celles de manger, boire et dor¬
tourterelles » et elles assuraient : protection contre les blessures », les au¬
mir. Us nous révèlent donc à travers
« C'est du bonheur pour la maison ! ». tres en argent : « la bénédiction de
leur art cet état de « symbiose avec la
Dieu ! ».
nature » dont nous parle Radcliffe-
Quand, dans le campement d'Ould
Brown. Leur religion, y compris sa Sur la garde, nous retrouvons les
Oumer, émir du Trarza, Meïmouna pei¬
part de magie, s'intègre à l'existence. petites appliques de cuivre habi¬
gnait sur un faro (tapis en peau de
mouton) des motifs symboliques desti¬ Un poignard de l'Adrar des Iforas tuelles protégeant contre l'influence
nés à maintenir la maléfique du fer. Elles
prospérité dans la mai¬ sont gravées de mo¬
son du maître, elle ne tifs touareg, dans le '
paraissait nullement style des « sourcils du
transfigurée par la diable » décorant les
36
Le Courrier. N" 8-9. 1955
37
SAHARA (suite)
OUBLIES DE DIEU
En plein cour du Sahara vivent les Touareg,
tribu d'origine berbère dont le nom, donné par
les Arabes, signifie « Oubliés de Dieu ».
Toutefois, les Touareg s'appellent eux-mê¬
mes Imshar ou nobles. Montés sur des méha¬
ris (chameaux blancs très rapides), les guer¬
riers Touareg peuvent couvrir des distances
incroyables, même pendant la saison la plus
chaude. Musulmanes, leurs femmes ne sont
cependant pas voilées, mais les hommes le
sont généralement, afin de protéger leur
visage contre le soleil et les vents du désert.
La photo ci-dessus à droite montre un noble
Targui du Hoggar (Touareg est le pluriel de
Targui), celle de gauche, une jeune fille de
la même tribu qui porte, peinte sur le visage
à l'occasion d'une fête, une croix d'Agadès
ornée de triangles verts. Le triangle est un
symbole destiné à écarter le « mauvais iil ».
Ci-contre, un Targui brandit un ériarme bou¬
clier appelé « arar » fait d'une peau d'oryx
(sorte d'antilope). Malgré son poids et son
encombrement, le Targui est très fier de son
bouclier. Il l'utilise non seulement comme
une arme, mais comme « brise-vent », et le
fixe à la selle de son chameau. Le bouclier
est décoré d'une croix de Saint-André et de
signes symboliques possédant les qualités
magiques pour éloigner les mauvais esprits.
38
Le Courrier. N" 8-9. 1955
39
Niger : Type de grand pendentif du Hoggar Mauritanie : pendentif de bois incrusté d'argent Mauritanie : Croix dite du Trarza
SAHARA (suite)
40
Le Courrier. N" 8-9. 1955
A Mederdra comme dans tout le Sahara, les A Oualata, en Mauritanie, des potières décorent les murs au doigt à l'aide d'une couleur, faite d'un
artisans expriment dans le travail des coffres mélange de terre ocre et de gomme. Le motif placé à droite et à gauche des portes d'entrée représente,
leurs joies et leurs peurs qui, pour le profane, au centre, la « Pierre des Ablutions », puis autour « La Chaîne », qui symbolise la protection de la
ne sont que cercles, ^triangles et courbes. maison et enfin quatre figures, les « Lampes de vie éternelle », c'est-à-dire des lampes à huile.
La potière kabyle trace elle aussi, puits ! », « Hâz ould el Routh : Un la cuisson de ses cruches et de ses mar¬
sur l'englobe de ses cruches ou de ses gras pâturage ! » et, il faut des yeux mites le travail de toute une se¬
jarres, une ligne brisée pour le serpent, de chameau affamé ou de poète pour maine ! ' s'efforce d'apaiser la viva¬
des points pour les traces d'une per¬ découvrir dans ce lieu les quelques cité des flammes sous des charges de
drix, des losanges pour un gâteau de boursouflures hérissées du hâz sous le balle de mil, de retenir ses savants
miel et un damier pour symboliser la sable ! échafaudages de crottes de chameau
« djamaâ », assemblée des hommes par de fines baguettes vertes, elle es¬
N'est-ce pas à des sentiments sem¬
libres, la « Landsgemeinde » des mon¬ quisse vite, elle aussi, sur le sable le
blables que nous obéissions quand, en¬
tagnes du Djurdjura et des Hauts-Pla¬ signe du « bon ».
fants, nous prenions possession des
teaux. Or, tous ces motifs, qui conservent
forêts, des rochers, des cascades, des
Les Mozabites tissent la maison, des champs par la seule magie des mots : leur sens de magie pure, d'appels, aux
le Grand-Fort, les Troglodytes, la dieux ou aux esprits, sur le sable, sont
peignes, des ciseaux, des serpents, des
Grotte du Chat Sauvage, le Petit Pré, les éléments fondamentaux des décors
scorpions, l'lil en forme de losange, le
l'Arbre Tabou. Des promeneurs pou¬ sahariens.
chiffre cinq, les doigts.
vaient passer dix fois, cent fois à tra¬ Et il semble bien que, si l'un des cri¬
Nous rejoignons encore les pensées vers nos propriétés, ils ne profanaient tères de l'art devait être l'expression
et les gestes des plus pauvres des rien, ne volaient rien, puisqu'ils du drame humain sous ses multiples
nomades sahariens, les Nemadi, quand n'avaient pas la clef de ces arbres, de formes, les Sahariens nous offrent un
ils cherchent à apprivoiser par des ces pierres. Ah ! s'ils avaient dit : Pe¬ art authentique.
mots la barrière dangereuse des dunes tit-Pré, Chat Sauvage ! ...
vives de l'Aklé et donnent à des lieux De plus, nous savions par le tifinar
Quand l'eau manque, que les cha¬ ou les caractères araoes du hassanya
de mort des expressions de tendresse :
meaux s'écroulent sur cette route de
« Nebket Naada » : la Dune Ronde, son que les artisans sahariens ne remplis¬
haute chasse des Nemadi, les femmes saient pas seulement des surfaces
sable si doux pour la nuit, une robe de
tracent une croix tréflée sur le sable.
gazelle ! », « Elmourich » : la Forêt ! cuir, bois ou métal de décors géo¬
C'est « Téréjanna », l'oiseau du Paradis métriques par pure tradition artisa¬
Il n'y a guère que trois épineux et
qui intercédera auprès du Prophète en nale, mais qu'ils en faisaient parfois
quelques touffes d'alfa ! mais ils ajou¬
faveur des chasseurs malheureux.
tent avec enthousiasme pour tant des messages personnels. Ainsi,
d'ombre et de miraculeuse fraîcheur : Et quand une potière de l'Azaouak ou ce court poème et cette explo- (Suite
« Nos chameaux y seront comme au dans le Hoggar observe avec inquiétude sion d'orgueil de Khadijettou page 65)
41
« Hydroponique » :
CULTURE
SANS TERRE
par J. W. E. H. Sholto Douglas
42
Le Courrier. N" 8-9. 1955
D,
moins de l'humanité sont sous-alimen- permet à des pays dont la terre n'est cheurs californiens qui réussirent brus¬
tés. Bref, le problème général du ravi¬ pas fertile de produire tout ce qu'il quement à obtenir des récoltes sans
taillement est toujours loin d'être faut pour nourrir leur population. employer la moindre parcelle de terre,
résolu, et il risque d'en être ainsi tant en faisant pousser ces plantes en plein
L'hydroponique est l'art et la science
qu'on n'appliquera pas en grand des air dans des solutions nutritives ou sur
de faire pousser des plantes sans le
méthodes nouvelles de production de support d'un sol, en les nourrissant au des supports inertes imbibés de telies
denrées alimentaires dans les pays où moyen de solutions chimiques. Ces solutions, donnèrent naissance à une
ces denrées manquent le_ plus. plantes peuvent pousser en l'absence
nouvelle méthode de culture.
La culture sans terre est, parmi ces de toute matière organique, pourvu
L'étude de la nutrition des plantes
nouvelles méthodes, une de celles qui simplement qu'on leur fournisse arti¬
remonte à des milliers d'années, bien
semblent appelées au plus brillant ave¬ ficiellement les éléments nutritifs
avant l'époque d'Aristote. L'histoire
nir. Bien des gens ignorent encore qu'elles puisent ordinairement dans
ancienne relate diverses expériences
qu'on peut aujourd'hui cultiver des le sol par leurs racines. Les principes entreprises par Théophraste (372-287
plantes vivrières en se passant entière¬ fondamentaux de la culture sans terre
av. J.-C), et nous possédons plusieurs
ment de terre arable. Connue égale¬ ne sont pas nouveaux : il y a, en effet,
écrits de Dioscoride sur la botanique et
ment sous le nom d'hydroponique près d'un siècle que les chercheurs y les questions connexes, qui datent du
terme tiré du grec et signifiant « tra¬ ont recours pour faire pousser dans premier siècle après Jésus-Christ.
vail de l'eau », par opposition à la géo- leurs laboratoires les plantes qui ser¬ Pourtant, le premier qui ait abordé le
ponique ou agriculture qui signifie vent à leurs expériences de physiologie,
problème d'un point de vue scientifique
« travail de la terre » cette méthode, mais, il y a quelques années encore, est J. Woodward qui, vers la fin du
qui consiste à faire pousser des plantes personne n'avait jamais songé à les XVir siècle, procéda en Angleterre à
sans se servir de terre est désormais adapter ou à les appliquer à la produc¬ des expériences sur la culture en milieu
entrée dans la pratique courante. De tion de denrées alimentaires destinées
aqueux afin de déterminer si les plan¬
nombreuses installations fonctionnent à la consommation familiale ou à la
tes se nourrissaient de l'eau ou des
avec un grand succès en différents pays vente. Les expériences de culture en particules solides du sol.
et dans des conditions climatiques milieu aqueux avaient même pour uni¬
extrêmement diverses. En rendant la que objet de permettre aux agriculteurs' Handicapés par le man¬
production de denrées alimentaires de tirer un meilleur parti de leurs ter¬ que de matériel, les cher¬
indépendante du sol, l'hydroponique res. Mais les succès étonnants de cher- cheurs d'autrefois ne pou-
CULTURE
TERRE (Suite)
SANS
Les petits pois poussent sur le balcon
vaient faire que peu de progrès. Mais expérimentale du gouvernement du les produits cultivés sans terre sont
la chimie moderne, qui s'est constituée Bengale, à Kalimpong (Inde), entreprit plus savoureux que ceux de l'agricul¬
au cours des . xvir3 et xvnr siècles, de rechercher une technique simple et ture ordinaire. Rien d'autre ne diffé¬
était appelée à révolutionner la recher¬ pratique, susceptible .d'être couram¬ rencie, de ce point de vue, la plante
che scientifique. Les expériences de sir ment utilisée. En 1948, elle put annon- nourrie de produits chimiques de celle
Humphrey Davy, inventeur de la lampe cer la mise au point du système ben¬ qui a poussé naturellement, et les ana¬
de sécurité des mineurs, lui permirent gali d'hydroponique, qui apportait des lyses n'ont pu déceler entre elles
de mettre au point une méthode de modifications notables à tous les sys¬ aucune différence quant à leur teneur
décomposition chimique au moyen d'un tèmes antérieurs. en vitamines. Des produits spéciaux
courant électrique. Les chimistes ayant une valeur alimentaire particu¬
Aujourd'hui, l'hydroponique est
découvrirent certains constituants lière par exemple, des tomates à
reconnue comme une branche de
encore inconnus de la matière et forte teneur en calcium et destinées à
l'agronomie. Ses progrès ont été rapi¬
purent désormais fractionner un corps l'alimentation des jeunes enfants
des, et les résultats obtenus depuis cinq
composé en ses éléments constitutifs. peuvent ainsi être obtenus à volonté.
ans dans divers pays au Bengale et
En 1842, la liste de neuf éléments esti¬
ailleurs ont prouvé sa valeur prati¬
més essentiels à la croissance des végé¬
que et les avantages très nets qu'elle
taux avait été dressée, et les découver¬
présente sur la culture normale en
tes des savants allemands Sachs et
pleine terre. Ses deux mérites princi¬
Knop (de 1859 à 1865) aboutirent à la
paux sont qu'elle donne des rendements
mise au point d'une technique de
bien supérieurs à ceux de l'agriculture
culture sans sol, en laboratoire. On
et qu'elle peut se pratiquer en des lieux
constata qu'en diluant dans l'eau cer¬
où l'agriculture et l'horticulture ordi¬
tains produits chimiques, on obtenait
naires sont impossibles. Ce n'est pas
une solution nutritive capable d'entre¬
seulement une entreprise rentable ; elle
tenir la vie végétale, si bien que, dès
permet aussi aux habitants des villes
1920, la préparation en laboratoire de
populeuses de faire pousser des légu¬
cultures sur cuves était normalisée, et L'ESSOR de la culture sans terre date
mes verts sur leurs appuis de fenêtres
les méthodes d'expérimentation bien du moment où cette méthode,
ou sur le toit de leurs maisons. Les
au point. ayant dépassé le stade du labora¬
citadins et les habitants des cités
ouvrières disposent souvent de balcons, toire, a été adoptée par des services
de cours et de trottoirs dont ils ne peu¬ gouvernementaux et des sociétés com¬
vent guère tirer parti. Grâce à l'hydro¬ merciales. La première grande instal¬
ponique, tous ces recoins peuvent être lation fut celle de la compagnie Pan-
aménagés de façon à produire réguliè¬ American Airways, qui aménagea un
rement quantité de légumes verts. Les hydroponicum au milieu du Pacifique,
'toits d'usines et les routes désaffectées sur l'île lointaine et désolée de Wake,
sont utilisables de la même façon. afin d'approvisionner régulièrement
en légumes verts les passagers et les
La culture sans terre peut être avan¬ équipages de ses avions. En 1945, le
tageuse, non seulement pour les habi¬ ministère de l'Air britannique entre¬
tants des villes, mais aussi pour ceux
prit des travaux préparatoires de
des campagnes. Les déserts, les éten¬ culture sans terre à la base aérienne de
IL n'en reste pas moins qu'en 1928 on
dues rocheuses et caillouteuses des
ne concevait guère la possibilité Habbaniyah, dans le désert d'Irak,
montagnes, les régions stériles peuvent ainsi que dans l'île aride de Bahrein
d'obtenir des récoltes sans terre,
devenir productives à peu de frais. H (golfe Persique), où se trouvent d'im¬
tant on mesurait mal l'importance des
n'est pas exagéré de dire que, pour le portants champs pétrolifères. Jus¬
découvertes faites. Cette année-là,
travailleur qui ne possède pas de terre, qu'alors, Habbaniyah, importante
Robbins, qui travaillait à la station
l'invention de l'hydroponique pourrait escale des lignes de communication
expérimentale du New Jersey, déclara
avoir des conséquences aussi impor¬
que l'horticulture dans le sable lui alliées pendant la guerre, devait faire
tantes que l'abolition de l'esclavage en venir par avion, de Palestine, tous les
paraissait possible tant sur le plan des
eut pour les esclaves. légumes nécessaires à la garnison.
recherches qu'à des fins commerciales.
Biekart et Connors, de la même insti¬
L'armée américaine possède un ser¬
tution, devaient lui faire écho peu
vice spécial d'hydroponique. Certaines
après. A l'Université d'Etat de l'Ohio,
de ces installations dont l'exploita¬
Laurie publia un compte rendu des Les produits chimi¬ tion a le mieux réussi sont . celles des
essais de culture auxquels il venait de
bases militaires, notamment celles de
procéder en serre avec du sable lavé. ques donnent un la Guyane britannique, d'Iwoshima et
De nouveaux progrès marquèrent l'an¬
de l'île de l'Ascension. Le commande¬
née 1929, celle où le professeur W. F.
meilleur goût. ment des troupes américaines au Japon
Gericke, de l'Université de Californie,
a commencé avec seize installations de
réussit à faire pousser des pieds de
deux hectares consacrées à la culture
tomate de 7 m 60 de haut. Même les
maraîchère ; certaines sociétés pétro¬
critiques les plus incrédules furent
MAIS ce ne sont pas là les seuls lières dont les puits sont situés dans
impressionnés. Un nouveau facteur
avantages des méthodes nouvel¬ diverses îles arides ou isolées des
venait soudain d'apparaître et commen¬
les : les plantes cultivées par l'hy¬ Antilles (notamment Aruba et Curaçao,
çait à faire sentir son influence dans
droponique poussent plus rapidement, au large des côtes du Venezuela) ont
le monde des agriculteurs et des agro¬
échappent, dans une très large mesure, trouvé dans la culture sans terre un
nomes. Une technique aussi nouvelle
aux maladies du sol, et donnent très moyen très précieux d'assurer de façon
devait forcément susciter un très vif
régulièrement des produits d'excellente régulière le ravitaillement de leur per¬
intérêt. La presse américaine la salua
qualité. En outre, la superficie des sonnel en légumes verts. Sur le terri¬
comme l'une des plus sensationnelles
cultures est très réduite et les mauvai¬ toire même des Etats-Unis s'étendent
inventions du siècle, et, emportée par
ses herbes pratiquement inconnues ; la de vastes hydropanicums commerciaux,
son enthousiasme, annonça la pro¬
normalisation des méthodes et l'emploi notamment dans l'Illinois, l'Ohio, la
chaine disparition de l'agriculture. Pré¬
de dispositifs automatiques permettent Californie, l'Indiana et la Floride. Les
tentions extravagantes que rien, à
de réduire la main-d' et les prix New Yorkais s'adonnent de plus en plus
l'époque, ne pouvait justifier. Heureu¬
de revient, et suppriment les travaux au jardinage sur les gratte-ciel. En
sement, des chercheurs compétents et
manuels pénibles. Comme de nombreu¬ U.R.S.S., en France, au Canada, en
diverses institutions scientifiques conti¬
ses plantes peuvent ainsi être cultivées Union Sud-Africaine, en Allemagne, et
nuèrent d'accorder à l'hydroponique
hors de saison, il en résulte naturelle¬ dans d'autres pays, l'hydroponique
une très grande attention.
ment une régularisation des récoltes ; retient l'attention des agronomes. Les
C'est grâce à la guerre de 1939-1945 de plus, la saleté et les mauvaises fleuristes anglais qui cultivent les
que l'hydroponique se répandit dans odeurs sont éliminées. Comme les bacs lets ont en partie abandonné la culture
de nombreux pays et'que les agronomes sont drainés, il n'y a plus d'eaux sta¬ en pleine terre pour la culture sans sol.
du monde entier commencèrent à aper¬ gnantes. D'autre part, l'hydroponique Des expériences ont même .
cevoir les immenses possibilités de la ne modifie nullement le goût des pro¬ montré que les pieds poussant Su;te
culture sans terre. En 1946, la station duits récoltés ; on peut même dire que sur lits de gravier donnaient page 46
44
Le Courrier. N" 8-9. 1955
Les hydroponicums (établissements où est pratiquée la culture sans terre) sont capables de produire des
UNE DES PLUS millions de tonnes de denrées alimentaires. D'immenses territoires pourraient ainsi devenir productifs, et
il serait même possible d'obtenir des récoltes dans les régions arides telles que le Sahara, les déserts d'Arabie
VASTES SERRES ou d'Asie centrale, les montagnes rocheuses du Japon et les territoires incultes d'Australie, du Canada et de
Patagonie. La photo de gauche montre la « ferme hydroponique » de Tokio, où des légumes sont cultivés dans
une immense serre de deux hectares, une des plus vastes du monde. Celle de droite représente un agronome
DU MONDE américain expérimentant la culture sans terre du soja à Beltsville, dans l'Etat de Maryland. (Photos USIS.)
C'est aux U.S.A. qu'est née et s'est développée plus que dans aucun autre pays la culture sans terre. Parmi les
L A I T U ES différents procédés utilisés, beaucoup sont inaccessibles au grand public, mais quand le matériel nécessaire
est abordable les résultats s'avèrent excellents. Ainsi, une grande partie de la récolte de tomates de Californie
ET TOMATES est obtenue par la culture sans terre. L'armée et l'aviation américaines utilisent cette méthode outre-mer pour
procurer des légumes frais à leur personnel. La photo de gauche montre des tomates cultivées à Hawaï et
qu'examine un aviateur; celle de droite représente des travailleurs agricoles japonais faisant pousser des
SUR GRAVIER salades à la «ferme hydroponique » de l'armée américaine à Iwojima, dans le Pacifique. (Photos USIS.)
45
CULTURE
SANS TERRE
(Suite)
i.
Il n'est pas sans intérêt de noter que Produits Meilleur rendement en agriculture Rendement hydroponique
l'hydroponique se pratique depuis
des siècles, sous une forme pri¬ Tomates 5.4 kg par pied (Etats-Unis) 12,5 kg par pied (variété Sutton's Majestic,
mitive, au Cachemire. Les visiteurs qui Université de Californie)
ont parcouru ce pays ont pu observer, 5 kg par pied (Royaume-Uni) 7,5 kg par pied (variété Stonor's M. P.,
flottant sur les lacs qui abondent dans Jealott's Hill Research Station, Grande-
Bretagne)
cette région, de légers radeaux de
4.5 par pied (Inde) 10,3 kg par pied (variété Best of All,
branchages recouverts de végétaux Hydroponlc Research, Inde)
pourris, sur lesquels les paysans font Moyenne à l'hectare : de 12,5 à 125 tonnes Moyenne à l'hectare : de 375 à 500 tonnes
pousser diverses plantes : trouvant là Riz 1.010 kg à l'hectare (Inde) 5.600 kg à l'hectare (semé à la volée)
en abondance eau et substances nutri¬ 3.360 kg à l'hectare (Italie, Japon) 10 tonnes à l'hectare (transplanté, Ben¬
gale-occidental)
tives, ces plantations sont très produc¬
Pommes déterre 74 tonnes à l'hectare (Californie) 160 tonnes à l'hectare (Dr W. F. Gericke,
tives. Une société commerciale s'est
Californie)
constituée pour introduire la culture 30-37 tonnes à l'hectare (Royaume-Uni) ; 175 tonnes à l'hectare (Station agricole
sans terre aux îles Bahama, tandis que 22 tonnes à l'hectare (Bengale) de Kalimpong, Inde)
les méthodes simplifiées mises au point Maïs 2.230 kg de grain à l'hectare (Bengale du 6.700 kg de grain à l'hectare (Bengale)
au Bengale se répandent rapidement Nord)
Laitues 10 tonnes à l'hectare (Bengale du Nord) 24 tonnes à l'hectare (Hydroponlc Re¬
dans l'Asie du Sud, les régions limitro¬
search, Inde)
phes, l'Afrique orientale et l'Afrique du
Betteraves 10 tonnes à l'hectare (Bengale du Nord ; 22,5 tonnes à l'hectare (Secteurs expéri¬
Sud. L'Australie et la Nouvelle-Zélande secteurs expérimentaux de Calcutta) mentaux de Calcutta)
portent également un grand intérêt à Haricots verts 103 kg par planche de 100 m' (variété 285 kg par planche de 100 m1 (variété
ces techniques nouvelles. En Inde, on naine, Canadian Wonder, Bengale du naine, Canadian Wonder, Hydroponic
Nord) Research, Inde)
trouve dans les grandes villes des mil¬
Choux-fleurs De 11,2 à 17 tonnes à l'hectare (Bengale) 36 tonnes à l'hectare (Bengale)
liers d'hydroponicums qui produisent
Trèfle Jaune De 5,6 à 8,9 tonnes à l'hectare (Bengale) 21 ,3 tonnes à l'hectare (Bengale)
des légumes pour une nombreuse popu¬
lation.
46
Le Courrier. N° 8-9. 1955
47
Le voyageur qui, parti de Karachi, sur la côte méridionale
du Pakistan occidental, se dirige vers Lahore, dans le
Pendjab, ou parcourt le plateau du Baloutchistan, est
frappé par l'immensité des terres stériles qui s'étendent,
monotones, à perte de vue. Les seules oasis dans ce désert
48
Le Courrier. N° 8-9. 1955
LES BERGERS
GUIDENT
LES EXPERTS
Le Service météorologique' se proposait de rechercher s'il mations de nuages cumuliformes, qui absorbent facilement
est possible d'augmenter artificiellement la pluviosité dans les substances employées pour provoquer la formation de
les régions arides et, dans l'affirmative, si une aussi vaste grosses gouttes.
entreprise serait rentable à long terme.
Deux expériences furent effectuées : l'une à Mardan en
M. Fournier d'Albe, expert français de l'Unesco depuis près juillet 1953, l'autre dans le Pendjab central pendant la mous¬
de trois ans, coopère avec le Service à l'étude méthodique de son de 1954. Les expériences de Mardan ont montré qu'on
ce problème. Il a commencé par faire prendre régulièrement, n'obtient aucun résultat en pulvérisant des solutions de sel
deux fois par semaine, des échantillons d'atmosphère au ras sur le sol, mais que la méthode qui consiste à ensemencer
du sol : à Karachi, Hyderabad, Lahore, Peshavar et Quetta. l'atmosphère à partir du sol au moyen de la substance
Ces échantillons furent analysés à l'Observatoire de géophy¬ hygroscopique la plus commune le sel ordinaire -pré¬
sique de Quetta en vue de déterminer la concentration natu¬ sente une certaine efficacité. M. Fournier d'Albe et l'équipe de
relle des particules hygroscopiques dans l'atmosphère du jeunes savants pakistanais qui travaillent sous ses ordres à
Pakistan occidental.
Quetta ont mis au point une nouvelle méthode qui permet
d'ensemencer directement l'atmosphère au moyen de parti¬
L'homme ne peut espérer influer que sur un seul des fac¬
cules de sel de la grosseur voulue.
teurs dont dépend la formation des nuages et la pluie. Il
n'est pas en son pouvoir de modifier les dimensions d'un
nuage ou d'en accroître la teneur en eau ; mais seulement
d'augmenter le calibre des gouttes en suspension dans le
Un milliard de particules par seconde
nuage, lorsque ces gouttes sont trop petites pour tomber sous
Des calculs précis ont montré que, pour atteindre la base
forme de pluie. On y parvient en « chargeant » le nuage de
particules hygroscopiques. Celles-ci forment des gouttes de du nuage, une particule de sel lancée du sol doit peser
quatre centièmes de millimètres de diamètre environ qui, entre un millième et un centième de microgramme. Il
absorbant les gouttelettes minuscules en suspension dans le
faut donc, pour obtenir un effet quelconque, réduire les grains
nuage, finissent par devenir assez grosses (un millimètre de
de sel à ces dimensions. En outre, le sel étant hygroscopique,
il faut le garder au sec pendant toute la durée de la prépara-
diamètre environ) pour tomber en pluie. C'est le principe de
ration, jusqu'au moment où il est lancé dans l'atmosphère.
« l'ensemencement » des nuages au moyen de particules
C'est pourquoi le broyage du sel fut effectué à Quetta, où
hygroscopiques.
l'humidité de l'atmosphère est très faible à l'époque où eut
lieu l'opération. Les moulins à sel ordinaires employés au
Pakistan convenaient à merveille pour réduire les blocs à des
Le sel ordinaire : extraordinaire
particules de la grosseur voulue. Le sel moulu fut placé dans
des bidons que l'on boucha hermétiquement.
Encore faut-il déterminer si le nuage manque effective¬
ment de particules hygroscopiques de dimensions suffi¬ La technique d'ensemencement mise au point est écono¬
santes. M. Fournier d'Albe, après avoir analysé la teneur mique, efficace et n'exige qu'un matériel de fortune. Le dis¬
en particules hygroscopiques de l'atmosphère du Pakistan positif adopté se révéla tout à fait satisfaisant. A l'aide d'un
occidental, a conclu qu'il serait vain d'essayer d'augmenter soufflet de modèle courant auquel est fixé un tamis métal¬
la pluviosité dans le Sind (province méridionale du Pakistan lique portant des charbons ardents, on introduit de l'air
occidental), où les noyaux hygroscopiques ne sont que trop chaud à haute pression dans le bidon contenant les
s parti¬
paru-
abondants et où le manque de pluviosité est dû à la faible cules de ssl. L'air chaud sort du bidon par un
épaisseur de la couche de nuages. Mais il n'en va pas de tuyau d'échappement entraînant les particules
même dans le Pendjab central et septentrional : là, les de sel auxquelles il imprime une forme ascen¬
noyaux hygroscopiques sont insuffisants, et il existe des for sionnelle suffisante pour qu'elles ne soient pas
49
A 10 ans l'arbre fruitier répondra à la question
emportées par les tourbillons d'air au torchis groupées sur les bords de la vallée, où des sources
ras du sol. Les essais ont montré que, d'eau potable jaillissent des roches calcaires. Le reste de la
EQUATION
grâce à cette méthode, le contenu population, trop pauvre pour s'acheter des vêtements chauds,
(suite) d'un bidon de particules de sel peut avait émigré vers les plaines au climat plus doux. Ceux qui
être projeté dans l'atmosphère en restaient labouraient des champs desséchés, dans l'espoir
moins de trois quarts d'heure, ce qui représente, mathéma¬ que les pluies saisonnières de février et de mars feraient ger¬
tiquement parlant, la projection de près de mille millions de mer la récolte.
particules par seconde. Le dispositif complet revient à 75 rou¬ Lorsque des puits tubulaires auront été installés pour pom¬
pies pakistanaises, soit 8.000 francs environ. per les eaux souterraines dont la présence a été décelée, il
Deux appareils installés, l'un sur le toit de l'Office météo¬ deviendra possible d'irriguer la vallée ; la population s'ac¬
rologique de Lahore, l'autre, sur celui de l'école secondaire de croîtra et, pour la première fois, disposera de ressources suf- ,
Jauharabad, dans la région du Thal (à quelque 300 km à Asantes pour s'habiller chaudement et se chauffer, ce qui
l'ouest-nord-ouest de Lahore), ont fonctionné de l'aube au rendra inutiles les migrations annuelles.
coucher du soleil, les jours de vent d'est, soit au total pen¬ Chaque soir, au coucher du soleil, après avoir fait leurs
dant 39 jours au cours des deux mois que durèrent les essais. observations, les sismologues rangeaient leur matériel, allu¬
' La station de Lahore était dirigée par M. A.M.A. Lateef, celle maient leurs lampes et s'installaient sous la tente devant une
de Jauharabad par M. S. I. Rasool deux jeunes savants collation bien méritée. On n'entendait plus que le bourdon¬
enthousiastes qui avaient travaillé sous les ordres de nement des groupes générateurs portatifs qui rechargeaient
M. Fournier d'Albe depuis le début de sa mission au Pakistan. les batteries pour les « sondages » du lendemain.
L'augmentation de la pluviosité dans les régions ensemen¬
cées permet de croire à l'efficacité de cette méthode. Les sta¬
tistiques montrent que la pluviosité dans les régions ense¬
mencées a été nettement supérieure à la moyenne des qua¬ 330 jours de soleil par an
rante dernières années, dans ces régions et dans les régions
voisines. L'expérience entière n'a pas coûté plus de Quatre semaines de recherches, sur toute la longueur de
5.000 roupies pakistanaises, y compris les traitements du per¬ la vallée, ont permis de dessiner avec précision le pro¬
sonnel et les achats de matériel et de fournitures. Cette fil de la couche souterraine et de déterminer les empla¬
méthode ne dépasse donc pas les possibilités locales. De nou¬ cements des puits tubulaires de façon à obtenir le meilleur
veaux essais sont prévus en 1955, à la même saison, pour rendement. Les sismologues et leurs explosifs ont cédé la
confirmer les résultats de 1954. On espère ainsi pouvoir place aux foreurs et à leurs machines. ''
mettre au point un programme régulier de production de Lorsqu'on a trouvé de l'eau, et installé le dispositif d'irri¬
pluie artificielle pour les régions arides du Pendjab. gation, il semblerait que la tâche des savants et des ingé¬
nieurs soit finie : il n'y a plus qu'à faire pousser les plantes.
Mais, partout dans le monde, dans les régions irriguées, on a
La profondeur se calcule au chronomètre tendance à gaspiller l'eau. Une matière si précieuse doit
être économisée jalousement.
La longue vallée qui va de Nastung, dans l'Etat de Kalat,
à une cinquantaine de kilomètres plus au sud, comprend Combien faut-il d'eau à un arbre fruitier ? C'est au savant
une succession de vergers verdoyants séparés par des de répondre. L'Observatoire de Quetta possède cent arbres
espaces stériles. Les vergers autour de Mästung sont arrosés fruitiers de vingt espèces différentes, soit cinq variétés par
par des sources souterraines profondes ; les champs plus au espèce. On mesure les quantités d'eau fournies à chaque
sud, sont à la merci d'une période de sécheresse. arbre : certains en reçoivent en abondance, d'autres très
peu. Chaque jour, on mesure et on compare la pousse et
Au début de février 1955, le service sismologique de l'Obser¬
l'état général des arbres. Ceux-ci ont maintenant trois ans.
vatoire, sous la direction de M. H.I.S. Thirlaway, expert de
Lorsqu'ils en auront dix, on pourra répondre avec précision
l'Unesco, s'est transporté avec ses instruments dans cette
à la question : « Combien faut-il d'eau à un arbre fruitier ? »
vallée pour déterminer, avec la coopération de la Geological
Ainsi, on pourra ménager et utiliser de façon plus ration¬
Survey of Pakistan, l'épaisseur des couches de gravier
nelle et plus économique les ressources en eau.
aquifère.
Avant la création de l'Observatoire de géophysique de
Cette haute vallée typique, large d'une dizaine de kilomè¬
Quetta, on n'avait jamais mesuré régulièrement au Pakistan
tres, avait été choisie pour servir à cette expérience sur la
la quantité d'énergie que représente le rayonnement solaire
suggestion de M. Chleq, de l'Administration dé l'assistance
à la surface de la terre. La section de physique atmosphé¬
technique des Nations Unies, qui dirigeait une entreprise-
rique, créée à Quetta par M. Fournier d'Albe et ses assistants
pilote dans la même région. Les travaux ont été financés par
pakistanais, a entrepris de mesurer cette énergie, à l'aide de
les autorités du Baloutchistan.
compteurs normaux. Les observations, commencées en octo¬
L'équipe de l'Observatoire, dirigée par M. Moiduddin bre 1952, se poursuivent encore. Elles ont déjà fourni des
Ahmed, et celle de la Geological Survey, conduite par données d'une valeur incomparable, la moyenne des jours
M. Mannan Khan, ont travaillé en coopération, sous l'auto¬ ensoleillés étant à Quetta de 330 par an. M. Shafi Ahmed, qui
rité de M. Thirlaway et de M. Chleq, pour explorer ce qui est s'est spécialisé dans ce domaine, a fait une première analyse
la ressource la plus précieuse du Pakistan : l'eau. de ces données. Celles-ci représentent une documentation de
base indispensable pour toute tentative sérieuse d'exploiter
La méthode employée courante en sismologie est
celle de la réfraction des ondes de choc. On enregistre à une
l'énergie solaire.
station centrale, au moyen d'appareils de détection spéciaux
placés à 30 cm de profondeur, les temps de propagation des
ondes provoquées par une série d'explosions se produisant à On construit son four comme sa maison
des distances comprises entre 90 m et 1,5 km eviron. Les
ondes se propagent à une profondeur qui augmente avec la
MA.M.A. Lateef a mis au point un prototype de four
distance. Ainsi, lorsque l'explosion a lieu à 300 m, les ondes se
solaire, à la fois économique et facile à fabriquer.
propagent à une quinzaine de mètres de profondeur.
C'est un paraboloide d'argile (on trouve de l'argile
Le temps de propagation varie suivant la nature du sous- molle au pied des collines qui entourent Quetta) qui est placé
sol ; il peut être mesuré en millièmes de seconde, l'explosion dans une caisse en bois, revêtue de plaques de fer-blanc poli.
étant enregistrée par la rupture d'un fil électrique enroulé Les aliments sont suspendus ou attachés à une barre, de
autour de la charge de dynamite. La profondeur de la couche façon à se trouver au foyer du paraboloide. Ce prototype,
aquifère est calculée d'après les temps de propagation. légèrement modifié pour répondre aux besoins locaux, sera
Entre 300 et 1.500 mètres de distance, les ondes enregistrées essayé au cours de l'été. Il existe déjà de bons fours solaires,
avaient été transmises par une couche rocheuse, située à une mais ils coûtent trop cher. Le but est d'arriver à ce que cha¬
profondeur de 120 à 180 mètres. La nature du terrain semble cun sache fabriquer son four, comme il sait construire sa
maison.
indiquer que cette couche profonde constitue le socle de la
vallée ; sur ce socle repose la couche de gravier aquifère que
l'on peut exploiter au moyen de puits tubulaires.
M. H.I.S. Thirlaway, séismologiste britannique, est membre du Département de Géo¬
Pendant près de quatre semaines, tous les jours, de l'aube logie de l'Université de Sydney. Depuis 1951, il travaille au Pakistan avec une équipe
au crépuscule, des explosions ébranlèrent à intervalles régu¬ de savants de l'Unesco qui coopère avec les autorités pakistanaises à la mise en
valeur des ressources naturelles du pays, tant au-dessus qu'au-dessous du sol. M. Thir¬
liers le silence séculaire de la vallée. C'était l'hiver, et quel¬ laway a pris une grande part à la création de l'Observatoire de Géophysique de
ques habitants seulement étaient restés dans les maisons de Quetta.
50
Le Courrier. N" 8-9. 1955
Un rêve millénaire...
PLUIE
SUR
MESURE
Une fusée est projetée dans les airs afin d'obtenir la dislocation
d'un tourbillon de grêle, l'obligeant à tomber en pluie avant
qu'il ne provoque de dégâts. Le schéma indique le processus
de l'opération qui tend à la formation, en partant de l'iodure .
51
PLUIE SUR
MESURE
En dépit de nombreuses expériences, dont certaines furent ter » l'eau que renfermaient ces nuages à tomber sur une
spectaculaires, aucune méthode dont l'application per¬ zone où le besoin de pluie se faisait sentir et où les proprié¬
mettrait à coup sûr de provoquer de la pluie n'a été taires acceptaient de payer le prix, au lieu de permettre aux
mise au point. Les périodes de sécheresse demeurent iné¬ nuages de poursuivre leur route et de répandre leur pluie
vitables et les zones arides sont toujours arides. Cela veut ailleurs. Des nuages orageux ont été également attaqués de
dire qu'il n'existe présentement aucune méthode dont l'em¬ façon à faire tomber l'averse plus tôt qu'il n'eût été normal
ploi serait, de façon absolument certaine, couronné de suc¬ et pour éviter que les manifestations orageuses n'entraînent
cès. Et, cependant, de nombreuses expériences sont encou¬ des inondations ou des chutes de grêle.
rageantes. L'Organisation Météorologique Mondiale, dont le Ces cas constituent quelques exemples de ce que l'on consi¬
siège est à Genève et qui est l'une des institutions spéciali¬ dère actuellement comme les conditions les plus promet¬
sées des Nations Unies, a estimé les résultats « non teuses en matière de pluie provoquée. Elles n'ont que peu de.
concluants » ; mais, dans un rapport préliminaire, publié en relations avec les zones où il pleut rarement. Le rapport de
1953, elle a préconisé « d'entreprendre, dans toutes les régions l'Organisation Météorologique Mondiale, basé sur l'étude cri¬
où il existe une possibilité de succès, des expériences nou¬ tique des résultats obtenus dans cinq zones du globe, ren¬
velles, scientifiquement préparées et rigoureusement contrô¬ ferme les mots suivants : « Les conditions météorologiques
lées ».
les plus favorables au déclenchement artificiel des précipi¬
Il est bien établi qu'il existe des limites au-delà desquelles tations doivent être recherchées dans les régions et au cours
tout espoir de provoquer de la pluie serait vain. Avant tout, des saisons où les précipitations naturelles sont les plus pro¬
il faut qu'il y ait des nuages, et il n'est pas du pouvoir de bables. »
l'homme d'en fabriquer. Il existe, d'ailleurs, de nombreux Les méthodes employées pour provoquer des chutes de
types de nuages peu épais et brumeux qui ne peuvent mani¬ pluie sont basées sur deux théories de la formation natu¬
festement pas donner de pluie, naturellement ou artificielle¬ relle de la pluie. La première s'applique, en général, aux
ment. De tels nuages ou encore un ciel clair et brûlant latitudes tempérées et aux latitudes élevées du globe. Ici, le
sont malheureusement caractéristiques des déserts, de sorte phénomène de la formation naturelle de la pluie au sein
que c'est là où l'on a le plus besoin de pluie que l'espoir d'en du nuage débute par l'apparition de cristaux de glace mi¬
provoquer est généralement le plus faible. nuscules dans la partie supérieure froide du nuage qui
En second lieu, les expériences qui ont semblé couronnées s'étend au-dessus du niveau de congélation. Dans certaines
de succès ont été faites sur des « cumulus » bourgeonnants conditions, il peut ne pas exister de cristaux de glace en
et développés en altitude, caractéristiques des orages, et sur nombre suffisant, et, en de tels eas, une introduction arti¬
quelques autres types de nuages qui produisent naturellement ficielle de cristaux de glace dans le nuage peut être un
de la pluie. Aussi l'effort principal a-t-il consisté à « inci- moyen de provoquer de la pluie. De nombreuses expériences
52
Le Courrier. N" 8-9. 1955
de pluie provoquée ont donc visé à produire des cristaux coup plus grosses que toutes les gouttelettes constituant ce
de glace dans des nuages de types choisis. nuage. Cela a été réalisé en répandant dans le nuage, soit
de l'eau, soit de très petites particules hygroscopiques (qui
Une méthode bien connue a consisté à « ensemencer » les
absorbent l'eau), telles que des cristaux de sel, qui, sur-le-
nuages avec une substance très froide, communément appe¬
champ, forment des gouttelettes d'eau.
lée carboglace, qui est, en fait, la forme solide ou congelée
du gaz carbonique. Les particules du carboglace tombent en Des résultats encourageants ont été obtenus au Pakistan.
traversant le nuage et laissent derrière elles un sillage d'air Dans la province de la frontière nord-ouest, près de la passe
très froid dans lequel les cristaux se forment spontanément. de Khyber, entre le 25 et le 31 août 1953, des jeeps de l'ar¬
mée de l'Air du Pakistan ont répandu une solution de sel
sur les routes partant de la ville de Mardan. On prévoyait
que le vent transporterait les particules de sel du sol à des
Une autre méthode consiste à introduire dans le nuage milliers de mètres dans l'atmosphère, où elles provoqueraient
de minuscules cristaux d'iodure d'argent. Ceux-ci res¬ la formation de gouttes dans les nuages chargés d'humidité.
semblent aux cristaux de glace du point de vue de la Des observateurs dispersés rapportèrent que, à la suite de
forme et de la structure, et, dans certaines conditions, ont un cette expérience, une hauteur de pluie de cinq centimètres
effet semblable à celui des cristaux de glace. L'iodure d'ar¬ fut relevée dans la zone située autour de Mardan.
gent peut être produit sous forme de fumée par des généra¬
En septembre de la nême année, des essais au cours des¬
teurs au sol ; il peut aussi être emporté par un avion.
quels la solution saline fut répandue directement dans les
La deuxième théorie de la formation naturelle de la pluie nuages, sous forme de fines gouttelettes, furent également
s'applique, en général, mais non exclusivement, aux régions effectués au Pakistan. Quatre des cinq vols exécutés demeu¬
tropicales, où il arrive très souvent que la partie supérieure rèrent sans résultat ; mais au cours du cinquième, l'avion
des nuages n'atteint pas la température de congélation. Ici, laissa derrière lui une succession d'averses tombant trente
le processus de formation de la pluie commence lorsque, ou quarante minutes après qu'il eut ensemencé chaque
dans le nuage, quelques-unes des gouttelettes sont tellement nuage.
plus grosses que toutes les autres qu'elles se meuvent de
façon différente au sein du nuage et, ainsi, entrent en col¬ A en juger d'après ces expériences, et d'autres similaires,
lision avec les plus petites. De cette façon, elles deviennent l'ensemencement des nuages par avion ne semble pas ren¬
plus grosses encore et ce jusqu'à ce qu'elles soient de dimen¬ table dans une zone aussi étendue que le Pakistan
sions suffisantes pour sortir du nuage sous la forme de occidental ; mais l'emploi du sel au sol est très
pluie. C'est pourquoi des expériences ont été conduites en prometteur. Ce que les météorologistes du Pakis¬
vue d'introduire, dans le nuage, des gouttelettes d'eau beau tan espèrent pouvoir réaliser, c'est « tirer » de
53
PLUIE SUR MESURE
(Suite)
54
LABORATOIRES
VOLANTS
56
Le Courrier. N» 8-9. 1955
de pluie. (Musée
de l'Homme, Paris,
copyright Draeger.)
57
LE MYTHE
DES
TROPIQUES
par
W. S. S: Ladell
Il n'y a que les chevaux qui suent; de l'importance. Les glandes sudori-
les messieurs transpirent et les pares commencent à fonctionner, à
dames sont luisantes. Aussi long¬ mesure que la sueur s'évapore par la
temps que l'humanité n'imitera pas le peau, s'élimine la chaleur dont on ne
cheval, il ne saurait y avoir de vie pro¬ pourrait se débarrasser ni par convec¬
ductive sous les Tropiques. Selon toutes tion ni par irradiation.
les indications que fournit la science, Tout ce qui empêche la déperdition
l'homme est un animal tropical. Les de chaleur par ces deux moyens
tests physiologiques n'ont jamais pu réduira donc la température à laquelle
prouver jusqu'ici que le noir soit en entre en jeu le mécanisme de la suda¬
rien mieux adapté que le blanc à la tion; par exemple, une circulation
vie dans les pays chauds; néanmoins, insuffisante de l'air sur la peau ou,
on voit subsister le mythe qui veut que
bien entendu, le vêtement. De même,
les Tropiques ne conviennent pas à lorsque s'accroît la somme totale de
l'homme blanc et que le séjour à ces chaleur qu'il faut perdre, la sudation
latitudes mine l'énergie physique et doit commencer plus tôt; cette chaleur
mentale de ceux qui sont nés dans les excédentaire peut provenir d'un travail
zones tempérées. Au mépris de cette musculaire (on produit deux fois plus
fable, on a pourtant peuplé avec succès de chaleur en marchant à trois kilomè¬
le Queensland et l'on compte dans les
tres-heure qu'en restant paisiblement
Etats du Sud de l'Amérique bien des
assis) ; elle peut aussi être . reçue de
régions prospères qui, en vertu de leur l'extérieur : par exemple, si l'on sta¬
climat, seraient qualifiées de « tropi¬ tionne au soleil quand la chaleur cau¬
cales » si elles se trouvaient situées
sée par la radiation solaire est
ailleurs.
supérieure à celle que produit une
C'est la paresse humaine qui est à promenade à trois kilomètres-heure, ce
la source de ce mythe. Comme les qui arrive.
autres animaux, l'homme produit de la
chaleur; plus il travaille et plus il en
produit. Dans les climats chauds, il
s'agit pour le corps de se débarrasser
de cette chaleur métabolique. Pour y
parvenir, les tissus superficiels s'échauf¬ A condition qu'il s'habille de façon
fent jusqu'à ce qu'ils atteignent la rationnelle, qu'il se tienne à l'abri
température interne du corps, et le du soleil dans un endroit aéré,
sang irrigue la peau qui, de ce fait, et qu'il n'accroisse pas en travaillant
devient rouge et brûlante. Ainsi la production de chaleur, l'homme peut
échauffée, la peau irradie de la chaleur d'ordinaire s'empêcher de suer; mais
vers le milieu plus frais qui l'entoure s'il doit mener sous les Tropiques une
et l'air frais qui caresse la peau absorbe vie productive, il lui faut accepter de
cette chaleur. suer; sur de vastes régions de la terre,
si les gens sont mal nourris, c'est (au
La déperdition de chaleur obtenue
moins en partie) parce que, de par son
par ces deux moyens suffit au début,
mais elle s'effectue plus difficilement à
tempérament, l'homme répugne à suer.
Cette même paresse d'origine physiolo¬
mesure que la température s'élève, et
gique conduit à des difficultés écono¬
quand celle-ci atteint 31 degrés centi¬
grades il faut que l'homme soit inactif
miques, à la saleté, à la maladie, créant
ainsi un cercle vicieux: car ce sont la
et nu pour se débarrasser de sa chaleur
saleté, la maladie et la sous-alimenta¬
métabolique. S'il fait plus chaud, la
température du corps augmente, et le
tion qui tuent, sous les Tropiques, non
point le climat.
troisième mécanisme , de refroidisse¬
ment, l'évaporation de la sueur, prend Les tests prouvent qu'un homme des
climats tempérés réagit mal au travail
dans les pays chauds lorsqu'il s'y essaie
pour la première fois : la dilatation
M. LADELL, physiologiste britannique, a consacré plu¬
sieurs années de recherches à l'influence du cadre
des vaisseaux sanguins superficiels
tropical sur le corps humain. Il est actuellement Direc¬ attire le sang d'autres régions du corps,
teur du Centre de recherches physiologistes sur le cli¬ ce qui accélère les battements du c
mat chaud, à Lagos, dans le Nigeria. M. Ladell est
Copyright et peut provoquer des vomissements ou
également « Senior Medical Resea'ch Officer » du Ser¬
l'évanouissement. La sudation est lon-
vice britannique de recherches coloniales.
58
Le Courrier. N" 8-9. 1955
gue à se déclencher, et n'est point Mais il voit autour de lui les autoch¬ velles et des potins; la nostalgie incite
abondante. Mais, avec l'entraînement, tones s'appliquer .à l'indolence, dormir à boire davantage, si bien que, presque
le corps compense la dilatation des aussi souvent qu'ils le peuvent, éluder à son insu, une communauté d'immi¬
vaisseaux par un accroissement du tout travail physique pénible. L'immi¬ grants se trouve bientôt atteinte d'al¬
volume sanguin, ce qui fait disparaître grant se dit alors qu'ils sont certaine¬ coolisme léger mais chronique et
ces inconvénients; bientôt l'homme sue ment mieux placés pour savoir com¬ contracte ainsi la « neurasthénie tropi¬
plus vite, et plus libéralement : il est ment il faut vivre; il se met donc, lui cale ». Il se pourrait que les meilleurs
« acclimaté à la chaleur ». Des tests aussi, à raccourcir ses heures de travail colons sous les Tropiques soient les
effectués sur des habitants des Tropi¬ et à faire tous les après-midi une lon¬ Musulmans, à qui leur religion inter¬
ques, tant en Asie qu'en Afrique, ont gue sieste d'où il se réveille plus abruti dit l'alcool. Mais il n'est pas besoin
montré, chose surprenante, que ces que revigoré pour reprendre sa journée. d'interdire les boissons alcooliques; il
gens réagissent comme les hommes suffit de reconnaître qu'il est naturel,
non encore entraînés des climats tem¬ qu'il est bon de boire de l'eau quand
pérés, plutôt que comme des individus on transpire, et que c'est là un signe,
« pleinement acclimatés ». non de faiblesse, mais de bon sens.
Il est rare, en effet, que l'indigène Le moyen de mener sous les Tropi¬
des Tropiques travaille dur à la cha¬ ques une vie productive est le même
leur; il préfère en prendre à son aise, En suant, l'homme perd de l'eau, que partout ailleurs : fuir la paresse.
se mouvoir lentement, et faire de fré¬ qu'il lui faut remplacer. Physio- Une communauté qui vit sous les Tro¬
quents petits sommes; il évite de suer logiquement, mieux vaut boire; piques doit être prête à travailler aussi
et réduit au minimum son activité on sue; mais comme on désapprouve dur qu'elle ferait dans un climat tem¬
agricole, vivant autant que faire se souvent celui qui boit quand il tra¬ péré, et ne pas craindre la chaleur.
peut,, comme Adam faisait au Paradis. vaille, c'est le soir que les hommes ont
Il faut enseigner aux gens des Tro¬
L'immigrant en pays tropical, parce à combler d'importants déficits en eau.
piques qu'ils ne sont pas comme le
qu'il travaille et s'amuse énergique- L'eau pure est une boisson bien terne,
bétail qui, faute de pouvoir suer suffi¬
ment, s'acclimate plus complètement; de sorte qu'on a tendance à combler le
déficit avec des boissons alcoolisées
samment, doit se reposer la moitié du
situation paradoxale : il travaille plus
jour pour éviter les coups de chaleur,
facilement à la chaleur que les natifs plus séduisantes; compatriotes et amis
quand ce serait au risque de se laisser,
du pays. se rassemblent pour échanger des nou
mourir de faim. Les hommes sont nés
avec des glandes sudoripares qui leur
permettent de travailler en sécurité à
la chaleur. Il faut avoir accompli le
gros du labeur journalier avant de
faire un somme. Que les communautés
établies dans ces régions deviennent
des sociétés complètement intégrées,
où l'isolement et l'ennui ne soient plus
le lot de chacun une fois achevé le
labeur quotidien, et où l'immigrant ne
soit plus séparé qu'exceptionnellement
de sa femme et de sa famille, alors que
c'est trop souvent la règle.
59
PARADOXE : UN DÉSERT
SATURÉ D'HUMIDITÉ
Texte et photos
par
Gonzalo
de Reparaz
EN PLEINE ZONE
caractéristique de la côte
sud du Pérou, non loin
d'Arequipa. Un Institut
de Recherches sur la
d'organisation au Pérou,
avec l'aide de l'Unesco,
dans le but de mobiliser
la science et de la techni¬
60
Le Courrier. . N" 8-9. 1955
La région côtière du Pérou, cette longue frange de plus de d'eau. Certains sont encore en usage; d'autres sont aban¬
deux mille kilomètres enserrée entre la Cordillère des donnés, comme les terres qu'ils irriguaient autrefois.
Andes et la mer, est une zone aride unique en son genre.
Des bouleversements tout récents en ont fait ce qu'elle est En réalité, cette civilisation n'est pas morte. Jamais les
actuellement, et ces bouleversements continuent. A Lima, le hommes qui cultivent les oasis fluviales de la côte péruvienne
nombre des tremblements de terre est en moyenne de deux n'ont cessé de travailler la terre de leurs lointains ancêtres.
cents par an, mais la plupart de ces séismes ne sont perçus Aujourd'hui encore, ces oasis constituent l'une des plus
et enregistrés que par les sismographes. Ils prouvent simple¬ grandes richesses du pays. Il est vrai que la zone côtière aride
ment combien la croûte terrestre est encore instable, jeune et n'est cultivée que dans une proportion de 3 %, soit en tout
en pleine évolution dans ces régions. un demi-million d'hectares. Mais leur rendement est extraor¬
dinaire, l'un des plus élevés du monde. L'exportation des pro¬
Cette étroite bande littorale qui court d'un bout à l'autre duits de ces oasis (coton, sucre et riz) a représenté en 1953
du pays est traversée par une quarantaine de cours d'eau cinquante et un pour cent des exportations péruviennes.
qui en font la richesse. Ces cours d'eau ont des caractéris¬
tiques communes, au moins dans une bonne partie de la côte; Le coton est appelé au Pérou « l'or blanc », et chaque
coupant la sierra au fond de vallées et de canons, ils s'épan- hectare de blé donne en moyenne une récolte de plus de
dent dans la brève plaine côtière, alimentant des zones bri¬ quatre tonnes par an dans la province d'Arequipa. Mais la
guées plus ou moins vastes. surface cultivée est insuffisante, il est
donc indispensable
d'exploiter au maximum la zone côtière en étendant les oasis
Vus du haut des airs, ils forment des rubans longs et jusqu'à la limite des possibilités et en tirant parti des régions
semi-arides grâce aux
techniques nouvelles de
travail des sols.
Dans le développe¬
ment de cette zone
côtière, les ressources
d'eau souterraine qu'u¬
tilisaient autrefois les
Indiens sont d'une im¬
portance primordiale.
Dans le Pérou méridio¬
nal, là où il n'y avait
que le sable et le dé¬
sert, les exploitations
agricoles ont surgi com¬
me des champignons
ces trois dernières an¬
nées. Ce sont les eaux
sous-jacentes qui ont
permis la plantation
d'un nombre considé¬
rable d'hectares de co¬
ton. Dans la pampa de
Los Castillos, près d'Ica,
quatre cents puits ont
été forés pendant la
dernière décade. Des
études plus approfon¬
dies de ces eaux sou¬
terraines sont néces¬
saires afin d'exploiter
plus complètement leurs
ressources. C'est pour¬
quoi l'Unesco a accordé
une bourse à un ingé¬
nieur agronome péru¬
vien pour qu'il puisse
UNE VALLÉE TYPIQUE de la zone aride du Pérou : le rio Ocona. Une de ces rivières côtières dont une partie des se spécialiser en Inde
eaux abondantes pendant certains mois de l'année se perd dans la mer, mais qui pourraient permettre d'agrandir et en Californie dans la
les riches oasis fluviales de la région. Des travaux sont actuellement entrepris dans ce but. Il y a des siècles, les Indiens recherche et l'utilisa¬
amenaient de l'eau dans cette région grâce à des centaines de km de canaux, dont quelques-uns sont encore en usage. tion des eaux souter¬
raines.
encaissés, quelquefois bordés de terrains cultivés adossés à Mais comment ces eaux peuvent-elles exister sous ces
chaque berge, s'élargissant dans la plaine. Mais il n'y a pas terres arides? Elles proviennent en partie d'infiltrations de
que l'eau des rivières. Il y a aussi l'eau souterraine, que les cours d'eaux descendant des Andes. Mais aussi, et dans une
Indiens ont connue bien avant l'arrivée des Espagnols. proportion non négligeable, des brouillards si épais qui carac¬
térisent une partie de la côte et qui, condensés, pénètrent
Les archéologues ont trouvé les vestiges d'une civilisation sous terre.
agraire complexe qui a permis le développement d'une haute
culture. Les de ses artistes, de ses ingénieurs hydro¬ La côte péruvienne, en apparence si uniforme, a plusieurs
logues prouvent toute l'étendue des talents des Indiens. C'est climats très différents. Dans le Nord, l'extrême sécheresse
grâce à ces ingénieurs qu'ont été construits, souvent dans les ambiante contraste avec l'humidité du sous-sol, ce qui per¬
conditions les plus difficiles, des centaines de kilomètres de met à une végétation steppique de s'étendre sur de vastes
canaux qui ont permis d'arroser les terres arides de la côte. étendues. Plus au Sud, surtout dans la partie centrale de la
Ces canaux allaient chercher de l'eau en pleine Cordillère des côte qui environne Lima, un ciel gris cache le soleil pendant
Andes, parfois à cent kilomètres et plus; en amont des cours plusieurs mois de l'année : on assiste alors au paradoxe d'un
pays sans pluie et très aride dont l'atmosphère est constam¬
ment saturée d'humidité.
Le professeur DE REPARAZ, géographe et cartographe portuguais, a consacré de
nombreuses années à l'étude de la climatologie et de la géographie économique de
I Amérique latine et de la péninsule ibérique. Il est le chef de la Mission d'assistance
technique de l'Unesco au Pérou. Le professeur de Reparaz est l'auteur de nombreux
ouvrages sur la géographie, la climatologie et l'économie latino-américaines et ibé¬
riques. Il a écrit également des livres sur l'artá l'histoire et la littérature de ces pays.
Plus avant vers le Sud, le tableau change une
fois de plus du tout au tout. Là, le soleil règne
en maître absolu et la sécheresse de l'air atteint
*
61
à cause de ces deux facteurs, courant superficiel et eaux de
DÉSERT SATURE D'HUMIDITE (suite) profondeur, que le climat de cette région subtropicale est
infiniment moins chaud qu'il ne devrait l'être normalement.
C'est à cause d'eux que la terre est aride.
un maximum. La « ville blanche » d'Arequipa, au pied de ses
Aride, mais non désertique, car la plupart des sols de cette
trois volcans éteints et couverts de neige, est la capitale de ce
zone côtière donnent des récoltes excellentes dès qu'un peu
royaume du soleil.
d'eau vient éteindre leur soif. Et beaucoup peut être fait
Dans chacune de ces trois régions si différentes, l'homme
pour transformer une bonne partie de cette zone aride en
lutte dans des conditions très diverses. Dans le Nord, les
région productrice.
, solutions seront sans doute les plus simples, car la dévia¬
tion des eaux des rivières voisines de la frontière de l'Equa¬ Enfin, c'est aussi à ces eaux exceptionnellement froides
teur offre de grandes possibilités. Pour arroser l'oasis flu¬ qu'est due l'extraordinaire richesse de l'Océan le long du
viale de Piuria, jusqu'alors toujours à court d'eau, on vient littoral. Peu de mers offrent le spectacle d'une vie compa¬
de dévier le Quiroz. Dès la première année, l'acroissement de rable à celle-ci, et les meilleurs témoins de cette abondance
la production du coton avait couvert les frais de construction sont ces oiseaux à guano qui fourmillent sur le chapelet
du canal, fait unique au monde. Plus au Sud, les rios Chan- d'îlots que l'on trouve tout au long de la côte.
cay, Santa et d'autres encore offrent également de vastes Sans la richesse inouïe, mais non inépuisable, de ces eaux,
possibilités. comment satisfaire l'appétit vorace des trente à quarante
Au bénéfice du rio San Juan, on a dévié, il y a quelques millions d'oiseaux (leur nombre varie avec les années), pro¬
années, l'eau de quel¬ ducteurs du précieux
ques lagunes de la Cor¬ engrais connu sous le
dillère, à plus de quatre nom de guano. La den-
mille mètres, qui se ' sité de la population de
ces îles minuscules est
déversaient auparavant 200.000 HABITANTS A L'HECTARE
dans le bassin de fantastique, si bien
l'Amazone. On va faire qu'à certains moments,
de même maintenant les oiseaux à guano,
pour le rio lea, travaux guyanes, piqueros et
d'Hercule qui permet¬ alcatraces ou pélicans,
tront d'étendre les oa¬ atteignent le chiffre
sis et d'accroître la pro¬ presque incroyable de
duction. deux cent mille à l'hec¬
tare.
Mais la réalisation de
62
Le Courrier. N" 8-9. 1955
of Science, et s'est joint à elle dans les mandes d'assistance des Etats mem¬
réunions internationales relatives aux avant tout aux besoins de l'hygiène.
bres pour la mise en huvre de projets Mais sur le quart du globe, les hommes
problèmes de la zone aride qui ont eu relatifs au développement de la zone
lieu à Albuquerque et à Socorro, Nou¬ manquent d'eau, et tous les problèmes
aride : un Institut de Géophysique a dont nous venons de parler sont pour
veau Mexique. Cette série de réunions été créé au Pakistan et un Institut eux question de vie ou de mort. Or il
avait attiré près de cinq cents savants
d'Hydrogéologie en Turquie. Une mis¬ est urgent de les résoudre, et tout ce
venus de vingt-huit pays différents, sion de l'Unesco est en train de créer
ainsi qu'un grand nombre de cultiva¬ que peut faire l'Unesco n'est que peu
au Mexique un Institut de recherche de chose en regard de la tâche à ac¬
teurs et d'hommes d'affaires habitant
sur la physique atmosphérique et complir.
les régions arides du Sud-Ouest amé¬ l'hydrologie, en vue de mieux utiliser
ricain. On est frappé, par exemple, quand
les pluies et d'en accroître le volume. Le
on voit que les savants et les habitants
L'Unesco participera en 1956 à une Pérou a demandé qu'on l'aide à créer
de la zone aride des Etats-Unis réunis
réunion mondiale sur l'application de un Institut de recherche pour l'étude
à Socorro ont voté plus de trente réso¬
. l'énergie solaire qui aura lieu à Phoenix des conditions du désert péruvien. Des
lutions pour demander qu'on intensifie
(Arizona, Etats-Unis). spécialistes ont été également envoyés la recherche et l'enseignement dans
a l'Institut des Recherches sur le désert
D'autres départements de l'Unesco
chacune des disciplines scientifiques
d'Héliopolis (Egypte), pour aider à en
intéressées. Tous ont souligné la néces¬
travaillent activement, eux aussi, à développer l'activité, et une enquête a sité d'appliquer les connaissances
éveiller l'intérêt du public sur les pro¬ été faite en Israël sur l'énergie éolienne. scientifiques déjà acquises à l'améliora¬
blèmes des régions arides. Le Service
tion des terres arides et à l'éducation
des Echanges de personnes accorde
Les villes sont des populations qui y vivent. Pendant
les ans un certain nombre de
que la recherche se poursuit active¬
bourses qui permettent à des personnes de grands déserts ment, ce serait déjà beaucoup que
originaires de ces pays de se rendre à
d'employer les moyens d'éducation et
l'étranger pour s'y former à de nou¬ Les habitants des grandes villes d'information dont on dispose à encou¬
velles techniques et procéder à des ignorent ce qui touche au dé¬ rager les habitants des régions arides
échanges d'informations, et rendre
sert, sans se rendre compte que à appliquer à leurs terres et à leurs
compte de leurs expériences. Le Dépar¬ leurs villes elles-mêmes ne sont que de communautés le fruit de ce travail
tement de l'Assistance Technique de grands déserts de pierre où tout ce qui scientifique,' et de marcher ainsi à la
l'Unesco, pour sa part, répond aux de se mange s'achète et où l'eau sert conquête du désert.
63
Nos lecteurs nous écrivent
...en toute franchise.
Pour Vont autre pays, renseignements l'Unesco, 19, avenue Kléber, Paris.
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Le Courrier. N" 8-9. 1955
SAHARA is««*)
Dans cette natte de Mauritanie, on retrouve Peau par un chemin zigzagant. La matière premiere est Que la sagesse des anciens soit en toi !
faite de tiges de graminées, d'alfa, soutenues très souvent par de fins lacets de cuir qui sont peints
Que les Peuples du Vide s'éloignent de
après le tressage. (Ces quatre photos sont copyright par l'auteur de l'article, Jean Gabus.)
[ton chemin 1
J'aime Touantine.
65
Latitudes et Longitudes...
construction des régions dévas¬ -A- PERSONNES DEPLA¬
Jl KADUCTIONS: L'Unesco nationale de la Musique
CEES. Un rideau de chiffres
contemporaine enregistrée » tées. On espère ainsi réduire
s'occupe de faire traduire dans masque souvent au monde les
et une « Collection univer¬ sensiblement à l'avenir les dom¬
les langues de grande diffusion vrais problèmes des réfugiés.
des ouvres d'écrivains contem¬ selle de Musique populaire mages causés aux biens et aux
enregistrée. » L'Anthologie personnes par les tremblements Il y avait vingt-deux millions
porains rédigées dans des lan¬ de réfugiés à la fin de la
est consacrée à des composi¬ de terre qui se produisent en
gues peu répandues ou difficile¬ deuxième guerre mondiale,
ment accessibles. Ces teurs de trente pays dont les Turquie environ une fois par an.
iuvres n'ont pas été encore puis vingt-neuf millions en
sont choisies par le Secrétariat
enregistrées ou sont mal re¬ 1952. Un groupe de sociolo¬
sur une liste établie et présen¬
présentées dans les catalo¬ * VOYAGES D'ETUDE : gues a tiré de cette masse
tée par le Pen Club internatio¬ amorphe de réfugiés et de
gues existants. Quinze horticulteurs ont
nal après consultation des cen¬
Quant à la nouvelle édition quitté Bâle le 28 août pour personnes déplacées l'image
tres locaux du Pen Club. En
un voyage d'étude de douse réelle d'hommes et de fem¬
1954, le choix a porté sur les de disques de musique popu¬
laire, les chants et les danses jours- en Allemagne et au mes qui sont parvenus à
littératures orientales. Les ou¬
y seront classés, non par Danemark. Ce voyage s'ef¬ prendre racine dans une nou¬
vrages retenus ont été les sui¬ velle vie. Les résultats de
vants : Kikyo, d'Osaragi Jiro pays ou par groupes ethni- fectue dans le cadre du pro-
l'enquête à laquelle ces- sa¬
(Japon); Yukiguni, de Kawa vants se sont livrés font l'ob¬
bata Yasunari (Japon); et 11 y
jet d'une nouvelle publica¬
avait une fois, de Diamalzadeh tion de l'Unesco intitulée :
(Iran). En 1955 et 1956, le Pen
« Personnes déplacées ».
Club présentera des ouvrages «CHRONIQUE DEL/UNESCO»
écrits' dans des langues euro¬ AOUT 1955 N" 2
L'Unesco a remplacé son
péennes de faible diffusion.
« Bulletin trimestriel » par
une « Chronique » qui paraît
+ PROTECTION
BIENS CULTURELS
DES
:
Chronique chaque mois en
français et en espagnol. Ce
périodique, dont
anglais, en
le premier
4jE CONGRES
FIQUE ARABE, qui vient de se
réunir au Caire, avait placé à
SCIENTI¬
l'action
et l'extension de la
gie scientifique en langue arabe.
Une étude préparatoire avait
terminolo¬
le premier pays à ratifier de l'Organisation, qu'elle déjà été entreprise par le Conseil
cette Convention adoptée le national égyptien de la Recher¬
se situe sur le plan interna¬
14 mai 1954. à La Haye, au che. A la demande du Gouver¬
tional, à l'échelon régional
cours d'une conférence inter¬ nement égyptien, un expert de
ou dans le cadre des Etats
gouvernementale convoquée l'Unesco a suivi les travaux du
Membres. Outre deux arti¬ Congrès et séjournera trois mois
par l'Unesco et qui entrera
en vigueur lorsqu'elle aura cles documentés sur l'un des en Egypte au titre de conseiller.
été ratifiée par cinq Etats. aspects les plus importants
La convention établit une
du programme en cours et
véritable « croix rouge » cul¬ * « POUR MIEUX COM¬
un compte rendu des publi¬
turelle qui assurera aux .u¬ PRENDRE LES AUTRES
cations récentes de l'Unesco,
vres d'art et aux édifices his¬ PEUPLES » est une nou¬
BULLETIN, MENSUEL
toriques des garanties analo¬ chaque numéro présente une
velle brochure publiée par
gues à celles qu'en accorde vue d'ensemble sur les déci-
l'Unesco. Elle offre un bilan
universellement aux hôpi¬ sions prises récemment, l'état des réalisations de l'Unesco
taux, aux ambulances et au d'avancement des travaux, les résultats obtenus. Prix de l'abonnement depuis 1947 dans le domaine
personnel médical en temps annuel (12 numéros): 500 f r. ; S 1.75; 10/6. Le numéro: 50 f r. ; des contacts entre les peuples
de guerre. des différents pays. C'est
$ 0.20; 1/-. On s'abonne auprès des agents généraux de l'Unesco
l'histoire du Service des
voir liste en page 64.
Echanges de Personnes de
l'Organisation, aspect du pro¬
gramme consacré aux échan¬
1^ O N G R E S MONDIAL ges d'étudiants et de mem¬
DES BIBLIOTHECAIRES : Le bres du personnel enseignant,
plus grand, et, dans tous les ques, mais en fonction de gramme de voyages d'étude et aux études à l'étranger
sens du terme, le plus important leur rôle dans la vie quoti¬ organisé pour les travail¬ (aujourd'hui, cent mille per¬
congrès de bibliothécaires et de dienne. Les deux collections leurs européens par l'Unesco. sonnes font des études dans
documentalistes qui se soit ja¬ seront éditées par la firme Cette année,' les voyages des pays étrangers). Les acti¬
mais déroulé se tient à Bruxel¬ d'étude de l'Unesco permet¬ vités entreprises par l'Unesco
française Ducretet-Thomson
les du 11 au 18 septembre, sous et ses compagnies associées tent à 1 200 travailleurs eu¬ en vue de faciliter ces échan¬
le patronage du Gouvernement du groupe Decca-London-Te- ropéens de toutes professions, ges internationaux com¬
belge et de l'Unesco. Le thème lefunken. La souscription répartis en 68 groupes, ap¬ prennent la mise à jour
du congrès est « Les tâches et donne droit à une réduction partenant à 17 pays, de se d'informations concernant les
les responsabilités des bibliothè¬ de 20 % sur les prix prati¬ rendre à l'étranger. Depuis bourses, les voyages d'études
ques et des centres de documen¬ qués dans chaque pays pour 1952, 3270 ouvriers et ouvriè¬ à l'étranger, les facilités de
tation dans la vie moderne. » voyage et les postes ouverts
les disques de longue durée res ont pu bénéficier ainsi
Il n'est plus question de voir si l'on s'adresse au Conseil des voyages d'étude de aux étrangers dans les divers
dans le bibliothécaire un vieil¬ systèmes d'enseignement. Ces
International de la Musique, l'Unesco.
lard studieux, penché sur de Maison de l'Unesco, 19, ave¬ informations sont mises gra¬
vieux manuscrits dans une piè¬ nue Kléber, Paris (16'). tuitement à la portée du
ce mal éclairée. Le bibliothé¬ public grâce à diverses publi¬
caire moderne est en effet sou¬ cations de l'Unesco dont la
vent de ceux qui montrent le plus connue, dans ce do¬
ET EINTURES D'AJANTA :
mieux la route de l'avenir. La maine, s'intitule « Etudes à
Un archéologue - photographe,
connaissance contenue dans les
R REMBLEMENTS D E M. David L. De Harport, vient l'Etranger ». L'Unesco elle-
livres et les périodiques ouvre même a offert près de mille
TERRE : Le professeur Taka- d'achever le relevé photographi¬
les portes du développement bourses au cours des huit
hiro Haghvara, de l'Université que intégral des fresques
scientifique, social, économique dernières années.
et intellectuel de demain. Tout
de Tokio, vient de mener à bien d'Ajanta. Après la parution d'un
la mission d'Assistance Techni¬ album en couleurs, publié par la
ce qui se dit, s'écrit ou se fait
que entreprise par l'Unesco à la New-York Graphie Society, en
aujourd'hui, sitôt enregistré, se
demande du Gouvernement turc, collaboration avec l'Unesco, et
trouve préservé à l'usage des
en juillet 1951. Ces quatres an¬ contenant 32 reproductions de A LA NOUVELLE DELHI
générations à venir par les bi¬
nées furent consacrées à la créa¬ certaines peintures de l'illustre le Gouvernement indien a déci¬
bliothécaires et les documenta¬
tion d'un Institut de Sismologie sanctuaire, l'Unesco et les auto¬ dé de construire un immeuble
listes.
à Istanbul et de trois stations rités indiennes ont décidé de réservé aux conférences natio¬
d'observation entièrement équi¬ faire procéder à un travail plus nales et internationales. Sa
pées, dont l'une à Istanbul mê¬ complet, d'ordre scientifique, qui construction aura pris fin avant
DISQUES C.I.M. : Le me. Sur la base des travaux en¬ permettrait de constituer de vé¬ la session de la conférence gé¬
Conseil International de la trepris par la mission, des archi¬ ritables archives photographi¬ nérale de l'Unesco qui doit s'y
Musique va publier prochai¬ tectes et des ingénieurs turcs ques d'Ajanta. M. De Harport ouvrir en novembre 1956. Cet
nement, avec le concours de procèdent actuellement à des a rapporté d'Ajanta plus de immeuble aura trois étages et
l'Unesco. deux nouvelles sé¬ études sur la résistance des ma¬ mille documents, dont l'Unesco mille personnes pourront pren¬
ries de disques de longue du¬ tériaux aux tremblements de prévoit notamment l'utilisation dre place dans la salle de con¬
rée : une s Anthologie inter terre et sur les plans de re- pour une exposition circulante. férences.
66
A NOS LECTEURS
Il y a près de deux ans, le Courrier de l'Unesco couvre même plus le prix de l'impression et les
a abandonné son ancien format allongé pour frais d'envoi. Une augmentation du prix de
adopter le format actuel de magazine. Depuis l'abonnement est donc devenue nécessaire. Tou¬
lors, la Rédaction n'a épargné aucun effort tefois, afin de permettre au Courrier de l'Unesco
pour améliorer la présentation et le contenu de toucher un nombre aussi grand que possible
des numéros successifs. De nouvelles chroniques de lecteurs, cette augmentation a été réduite
et rubriques ont été ajoutées, le nombre de pages au minimum.
a été augmenté et un papier de meilleure qualité A partir du Ier janvier 1956 le nouveau
est maintenant utilisé, tant pour la couverture prix sera de 400 fr. fr., 8/- ou S2.00 par an,
en couleur que pour les pages intérieures. De ou l'équivalent en monnaie nationale. Le prix
toutes les parties du monde, nos lecteurs nous du numéro sera de 40 fr. fr., 9d.' ou 20 cents.
ont exprimé leur satisfaction. La souscription et le renouvellement d'abon¬
Quoique le Courrier de l'Unesco soit une nements seront acceptés aux prix actuels à
publication sans but lucratif, le montant actuel condition d'être postés au plus tard le 3 I dé¬
de l'abonnement (300 fr. fr. ou 6/- par an) ne cembre 1955.
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/ >*Voir*Tiotré reportage page "25." (Fitoto *
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