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Revue Géographique de l'Est

Une méthode simple d'étude de la porosité des roches cristallines


Marcel Roubault, H. De la Roche, Alain Godard, P. Marchal

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Roubault Marcel, De la Roche H., Godard Alain, Marchal P. Une méthode simple d'étude de la porosité des roches cristallines.
In: Revue Géographique de l'Est, tome 1, n°3, Juillet-septembre 1961. pp. 223-233;

doi : https://doi.org/10.3406/rgest.1961.2406

https://www.persee.fr/doc/rgest_0035-3213_1961_num_1_3_2406

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REVUE GÉOGRAPHIQUE DE L'EST - NUMÉRO 3 - 1961

NOTES DE RECHERCHE

UNE MÉTHODE SIMPLE D'ÉTUDE DE LA POROSITÉ


DES ROCHES CRISTALLINES

Les auteurs qui ont étudié la désagrégation des roches cristallines,


et notamment P. Birot (1), ont souligné l'influence de la pénétration
par l'eau en tant que facteur essentiel de l'altération. Aussi est-il
parfois important de connaître la porosité, autant que la composition
pétrographique,
dans les socles. pour aborder le problème de l'érosion différentielle

Il existe plusieurs façons de caractériser la porosité d'un échan¬


tillon donné et plus particulièrement son aptitude à l'imprégnation
par l'eau. P. Birot s'est attaché à définir la profondeur moyenne
de pénétration de l'eau à partir de la surface de l'échantillon, après
une immersion dont la durée dépend de la nature de la roche (2).
Afin de suivre aisément cette pénétration, l'eau, additionnée
d'alcool, est colorée par du bleu de méthylène. En sciant l'échantillon
on Une
peut deuxième
mesurer laméthode
pénétration
utilisée
du avec
mélange.
diverses variantes dans les
techniques du Génie civil, consiste à réaliser une imprégnation par
l'eau
absorbée.
aussi complète que possible et à mesurer le poids de l'eau

néanmoins
La méthode
trois de
inconvénients
coloration qui
: a le mérite d'être simple comporte

1 — Il est toujours délicat d'apprécier objectivement la largeur


de l'auréole de pénétration car la bordure est souvent irrégulière.
est 2nécessaire
— Pour deque
faire
la varier
pénétration
la durée
soitd'immersion
visible danscartous
les différences
les cas, il
de porosité sont accusées. Cette deuxième variable rend l'inter¬
prétation plus difficile.
3 — En deçà d'un certain seuil, la pénétration est si infime
qu'elle échappe pratiquement à toute mesure ce qui rend difficile
l'applicationrelativement
cristallines de cette méthode
saines. à des comparaisons entre roches

Pour pallier les deux derniers inconvénients, il y aurait lieu


d'augmenter la vitesse de pénétration. De toute façon le colorant
ajouté à faible dose n'intervient pas. L'imbibition se faisant suivant

Dyn.1305-1307.
p. (!) 1950,
(2) P. Birot.
6, p. Note
Sur
271-276.
lasurdésintégration
le problème de
granulaire
la désagrégation
des rochesdescristallines.
roches cristallines.
C. R. Ac.Rev.
Se. Gêom.
1951,
224 C.R.P.G., NANCY

la loi qui régit la tension superficielle des liquides, il y aurait a priori


intérêt
ficielle. àL'alcool
user d'un
a bien
liquide
une densité
à faiblefaible
densité
mais
et sa
à forte
tension
tension
superficielle
super¬
est fort petite. L'eau a au contraire une tension très élevée. En
ajoutant un « mouillant » à la solution, on pourrait augmenter la
rapidité de pénétration, mais les résultats resteront toutefois imprécis

cation
ou Nous
même
aux
avons
purement
roches
donc
cristallines
qualitatifs.
été conduits
de laàseconde
rechercher
méthode
les possibilités
par imprégnation
d'appli¬

et mesure du poids absorbé. Soulignons tout de suite qu'il s'agit


d'une étude de la porosité ouverte de la roche c'est-à-dire de l'impor¬
tance
du milieu
des pores
rocheux.
ouverts
Plusieurs
permettant
modesuneopératoires
circulationsimples
de l'eauemployés
au sein
successivement seront analysés et commentés. La méthode finalement
proposée a été comparée à celle du porosimètre à air d'un usage
courant dans les recherches pétrolières.

I — ROCHES EMPLOYÉES

Les roches employées pour cette étude sont des granités de


diverses sortes — porphyroïdes, à grain grossier, à grain fin — et
des gneiss. Tous les échantillons ont été prélevés en carrière hors
des zones d'altération superficielle et peuvent en conséquence pré¬
tendre à la qualification de roches « fraîches » ou « saines » selon
une terminologie d'usage courant mais à la vérité très vague.
Avec la liste de ces échantillons, on trouvera ci-dessous quelques
indications sommaires sur leur aspect en lame mince, sous le micro¬
scope :
Provenance : Ecosse (Échantillons A. Godard)
G 99 — Granité écrasé — quartz et feldspaths limpides
mais fortement craquelés
G 105 — Gneiss à biotite — quartz et feldspaths limpides
légèrement craquelés
G 106 — Pegmatite — quartz et feldspaths limpides
G 108 — Gneiss à grain fin
G 109 — Granité équigranulaire à grain — feldspaths damoutirisés —
grossier quartz très craquelés
G 131 — Granité équigranulaire à grain — mouritisés
feldspaths irrégulièrement da-
grossier
quartz faiblement craquelés

Provenance : Pyrénées (Échantillons C. R. P. G.


PY 53 moyen équigranulaire à grain — feldspaths limpides sauf da-
Granité
mouritisation locale, quartz
craquelés
PY 54 — Granité porphyroïde — feldspaths limpides, quartz
craquelés
PY 55 — Granité porphyroïde — feldspaths damouritisés, quartz
craquelés
ÉTUDE DE LA POROSITÉ DES ROCHES CRISTALLINES 225

PY 99 — Granité équigranulaire à grain — feldspaths damouritisés irrégu-


grossier lièrement, quartz craquelés
PY 175 — Granulite à grain fin — feldspaths limpides ou à peine
damouritisés, quartz non cra¬
quelés
PY 182 — Granité équigranulaire à grain — feldspaths damouritisés irrégu-
grossier lièrement, quartz craquelés.

Les mesures ont été effectuées sur des plaquettes parallélépipé-


diques
1 cm d'épaisseur,
découpées à lela poids
scie, d'environ
des échantillons
10 cm2 deétant
surface
compris
et de entre
0,5 à
15 et 40 grammes.

Il — MÉTHODES EMPLOYÉES

A — Méthodes par immersion dans l'eau distillée


1) Premiers essais avec pesées effectuées à l'air libre
Résultats et critiques
suivantes
La première
: méthode expérimentée comportait les opérations

a) Immersion dans l'eau distillée : 7 jours.


ensuite
b) Séchage
laissé àsuperficiel
l'air libre sur
pendant
papierunefiltre
dizaine
de l'échantillon
de minutes. qui est
c) Pesée à l'air libre de l'échantillon posé dans un verre de montre.
24 d)
heures.
Passage de l'échantillon (dans son verre de montre) à l'étuve

e) Pesée de l'échantillon sec.


valeurs
Cette suivantes
méthode, : appliquée à quelques échantillons a donné les

N" de l'échantillon rapporté


Poids d'eau
à 100 gabsorbé
de roche

G 99 ......... 90 mg
G 105 ......... 77 —
G 106 ......... 520 —
G 108 ......... 43 —
G 109 ......... 382 —
G 131 ......... 264 —

L'examen de ces chiffres montre que les poids d'eau absorbés


sont loin
d'un échantillon
d'être ànégligeables
l'autre. et qu'ils diffèrent très sensiblement
Des essais de reproductibilité ont toutefois, démontré que le temps
qui s'écoule, dans le cours des opérations, entre le séchage superficiel
de l'échantillon et sa pesée, influe fortement sur les résultats. Des
226 C.R.P.G., NANCY

lectures de poids effectuées toutes les minutes sur des plaquettes


imprégnées d'eau, séchées superficiellement, puis laissées à l'air
libre sur le plateau d'une balance ont montré que l'évaporation
provoquait, dès les premières minutes, une perte de poids sensible.
Nous avons pu établir ainsi, point par point, les courbes de perte

Temps en minutes 9n

Fig. 1. — Perte de poids par évaporation a l'air libre


ÉTUDE DE LA POROSITÉ DES ROCHES CRISTALLINES 227

de poids par évaporation en fonction du temps pour un certain


nombre de plaquettes (fig. 1). Pour faciliter la lecture du graphique
les points n'ont été indiqués que pour l'échantillon G 140 et cet

exemple
tibilité
Cettedesmontre
évaporation
mesures.
queSi les
rapide
pesées
courbes
nuit
ne sont
ont
considérablement
une
effectuées
excellente
qu'après
àdéfinition.
la20reproduc-
minutes,

la quantité d'eau mesurée sera parfois inférieure au 1/3 de la quantité


d'eau réellement absorbée pendant l'immersion. En outre le coefficient
de variation n'est pas le même pour tous les échantillons, de sorte
qu'aucune correction systématique n'est possible.
2) Méthode améliorée avec pesées en enceinte fermée
Afin d'éliminer l'influence néfaste de l'évaporation, le mode
opératoire a dû être modifié. Aussitôt après le séchage superficiel
recouvert
qui fait suite
d'un
à l'immersion,
verre de montre.
l'échantillon
Dans al'enceinte
été placé sommaire
dans un bêcher
ainsi

q Temps en minuhes 20

................
a

b
30

Fig 2.a) —
en Perte
milieu fermé
de poids
— b)
parà l'air
évaporation
libre
228 C.R.P.G., NANCY

réalisée, l'évaporation est beaucoup plus lente et les condensations


sur les parois réduisent les pertes de vapeur d'eau.
La figure 2 permet de comparer les courbes de pertes de poids
par évaporation en enceinte fermée (a) et à l'air libre ( b ). Pendant
la durée normale d'une double pesée (1 à 2 minutes), la perte de
poids par évaporation, en enceinte fermée est inférieure à 1 mg et
par conséquent négligeable par rapport aux quantités mesurées
qui sont de l'ordre de 70 à 100 mg.
modeVoici
opératoire
les résultats
: obtenus sur quelques échantillons avec ce

N° de l'échantillon rapporté
Poids d'eau
à 100 g absorbé
de roche

PY 53 ......... 339 mg
PY 54 ......... 381 —
PY 55 ......... 566 —
PY 99 ......... 478 —
PY 175 ......... 288 —
PY 182 ......... 237 —
G 99 ......... 420 —
G 105 ......... 247
G 106 ......... 1 459 —
G 108 ......... 456 —
G 109 ......... 549 —
G 131 ......... 556 —

On notera que les valeurs sont nettement supérieures à celles


du précédent tableau, pour lesquelles l'évaporation conduisait à
une sous-estimation systématique des quantités d'eau absorbée. Les
mesures en enceinte fermée sont reproductibles avec une précision
suffisante
mis en évidence
pour laisser
entretoute
les divers
leur signification
échantillons.
aux écarts importants

3) Etude de l'influence de la durée d' immersion


Les expériences d'immersion ont été poursuivies pendant 21 jours
avec pesées quotidiennes, afin d'établir les variations de la quantité
d'eau absorbée en fonction du temps et de contrôler la signification
de la durée d'immersion de 7 jours choisie de manière empirique
au départ de ces expériences. Les courbes de gain de poids en fonction
de la durée d'immersion (fig. 3), obtenues en pesant chaque jour
les échantillons imbibés d'eau, montrent quelques crochets pouvant
provenir des pertes de grains (en principe rares) des dissolutions
ou des imperfections du séchage superficiel qui précède les pesées.
Nous n'avons reproduit que deux courbes parmi les plus typiques.
Les pentes des courbes d'absorption diminuent rapidement après
une période d'immersion de 5 à 8 jours suivant les échantillons.
Pour la plupart des échantillons le gain de poids se poursuit donc
après le 7e jour d'immersion, mais avec une vitesse plus faible, de
ÉTUDE DE LA POROSITÉ DES ROCHES CRISTALLINES 229

sorte que les erreurs aléatoires d'expérimentation ou de pesées


risquent
l'on veut demesurer.
l'emporter sur les variations dues aux phénomènes que
Une immersion trop prolongée comporte d'ailleurs quelques
risquesmesurés
écarts car des entre
phénomènes
le gain dedepoids
dissolution
au 7e jour
peuvent
et les intervenir.
gains de poids
Les
pendant les 14 jours suivants, rapportés à 100 g de roche, ne dépassant

l'importance
pas Une
cristallines
matériaux,
cas une
50 mgimmersion
durée
pour
saines.
il relative
conviendrait
optima,
un Pour
gain
de 7attribuée
fonction
de
jours
despoids
études
sans
paraît
moyen,
de
à doute
la
de
ladonc
porosité
nature
fissuration
au
deconvenir
7rechercher
e des
jour,
appliquées
grossière
échantillons
au
de cas
400
dans
des
àà ou
d'autres
500
chaque
roches
etàmg.
de
la

porosité diffuse. Avec des roches relativement poreuses, comme les

G 106 30

poids = 16g

20

G 109
pofds = 31 g-

Temps en jours 20 0 _
Temps en jours
.10

Fig. 3. — Poids d'eau absorbé en fonction du temps


230 C.R.P.G., NANCY

roches sédimentaires, la durée d'immersion nécessaire serait vrai¬


semblablement très inférieure à sept jours.
Ce délai de 7 jours qui est apparu indispensable dans le cas des
roches cristallines pour l'imprégnation par l'eau à la température
de la salle, peut dans quelques cas constituer un inconvénient. En
complète,
vue d'obtenir,
nous avons
dans effectué
un tempsune série
inférieur,
d'essais
unedans
imprégnation
l'eau à ébullition.
aussi

B — Méthode par ébullition


L'eau dans laquelle est immergé l'échantillon est amenée progres¬
sivement à ébullition. Après deux heures d'ébullition, l'échantillon
demeurera encore dans l'eau chaude pendant deux heures (1). Le
reste des opérations — séchage superficiel, pesées, dessiccation à
l'étuve — reste semblable à la description que nous avons donnée
plus haut. Cette méthode très rapide donne des résultats voisins
de ceux obtenus par immersion pendant 7 jours (2). De même
les dissolutions en cours d'expérience, lorsqu'elles existent, restent
très faibles et inférieures à 10 mg. Des essais d'ébullition prolongée
pendant 4 heures n'apportent pratiquement aucune variation notable,
compte tenu des limites de précision de la méthode; on se rapproche
toutefois des gains de poids obtenus par immersion.
GAIN DE POIDS EN MG RAPPORTÉ A 100 G DE ROCHE

Numéro de l'échantillon. Après


d'immersion
7 jours d'ébullition
Après 2 h d'ébullition
Après 4 h

PY 53 ......... 339 300


PY 54 ......... 381 362
PY 55 ......... 566 501 541
PY 99 ......... 478 400 423
PY 175 ......... 288 267
PY 182 ......... 237 172 199
G 99 ......... 420 349 362
G 105 ......... 247 168 203
G 106 ......... 1 459 1 577 1 560
G 108 ......... 456 419 596
G 109 ......... 459 548 568
G 131 ......... 556 493 514

C — Comparaisons avec les résultats donnés par un porosimètre


à air
Le porosimètre I. F. P. 50 de l'Institut Français du Pétrole
permet de mesurer le volume d'air remplissant les vides existant

des
culièrement
matériaux
(1)
(2)
Travaux
Voiretécarts
Les àdesceconstructions.
Publics,
poreuses.
semblent
sujet
et l'ouvrage
la encollection
Paris,
général
récent
Eyrolles,
négatifs,
desde Annales
R. 1959,
L'Hermite
sauf peut-être
de l'Institut
tome I.: Traité
dansTechnique
d'expertise
le cas desduetroches
Bâtiment
d'essais
parti¬
deset
ÉTUDE DE LA POROSITÉ DES ROCHES CRISTALLINES 231

dans une carotte de 20 mm de diamètre et de 25 mm de hauteur


taillée dans l'échantillon à étudier.
Les mesures ont été répétées 6 fois pour chaque échantillon.
Les résultats classés par valeurs croissantes sont indiqués
ci-dessous (volume des vides exprimé en cm3 pour 100 cm3 de roche) :

G 99 G 106 G 108 G 109 G 131

2,37 3,07 2,24 1,98 4,01


2,55 3,75 2,40 2,30 4,01
3,73 3,75 2,56 2,30 4,01
3,73 3,75 3,24 2,30 4,01
3,73 4,42 3,24 2,30 4,67
5,07 4,59 3,24 2,99 5,09

L'étalement des valeurs de la porosité pour un même échantillon


peut trouver son explication dans le mode de détermination de la
porosité
fait appelàà l'aide
plusieurs
du lectures
porosimètre
de hauteur
I. F. P.
sur 50.
une Cette
colonne
détermination
de mercure.
Ces lectures sont faites sur une règle graduée en mm avec une approxi¬
mation de + 0,5 mm. Il en résulte, dans le cas des porosités faibles
que lanous
sur détermination
avions à mesurer,
du volume
des solide
erreursde relativement
la carotte étudiée.
importantes
Celui-ci s'obtient en effet par addition d'un volume solide Vse
déterminé sur graphique par référence à un étalonnage initial et
d'un terme correctif dit de pression atmosphérique M (ho-hoe). Les
erreurs
Un volume
de lecture,
solide, sur
de l'échelle
l'ordre de
graduée,
7,5 cm3,
influent
sera déterminé
sur les deuxavec
termes.
une
approximation de ± 0,075 cm3, soit à 1 % près. Or, dans les roches
cristallines, les porosités sont de l'ordre de 2 à 5 % ; les erreurs
expérimentales sont donc loin d'être négligeables.
En conclusion, l'intérêt du porosimètre tient à ce que cet appareil
permet de mesurer un paramètre bien défini : la porosité vis-à-vis
de l'air. Toutefois, pour les raisons exposées ci-dessus, la mesure
de la porosité des roches cristallines est imprécise et la reproduc-
tibilité est finalement moins bonne que dans la méthode d'impré¬
gnation par l'eau.
Bien qu'une comparaison entre la porosité à l'air et la porosité
à l'eau soit difficile, les valeurs plus élevées des pourcentages de
porosité dans le premier cas semblent indiquer que les pores sont
plus aisément remplis par l'air que par l'eau. Il est en effet probable
que la tension de vapeur d'eau dans les pores contrarie le remplissage
total de ces derniers par l'eau.
Néanmoins, les méthodes par imprégnation d'eau, compte tenu
de leur reproductibilité, permettent de comparer entre elles les
porosités d'une série de roches grenues, ce qui est précisément le
but recherché. Des valeurs relatives pour lesquelles la marge d'erreur
est comparable, sont certainement bien préférables à des résultats
232 C.R.P.G., NANCY

peut-être plus proches de la porosité réelle mais peu comparables


entre eux. D'ailleurs, il ne faut pas perdre de vue, que c'est tout
de même la pénétration de l'eau qui est le phénomène essentiel dans
les processus d'altération chimique.

III — INFLUENCE DU MODE DE PRÉLÈVEMENT

Il restait un dernier problème à poser. Dans un échantillon


d'apparence homogène, la zone de prélèvement doit avoir une influence
sur les résultats. Les écarts à l'intérieur d'un même spécimen sont-ils
admissibles?

Quel rôle
Pour étudier
peutl'influence
jouer la de
forme
ces de
facteurs,
la plaquette?
deux échantillons ont
été débités en plaquettes de poids et de dimensions différents taillées
parallèlement les unes aux autres. Les deux sortes de plaquettes
ont été mises en expérience dans les mêmes conditions :

GAIN DE POIDS EN MG RAPPORTÉ A 100 G DE ROCHE

Numéro des plaquettes Poids


(g) sec Après
d'immersion
7 jours dAprès
'ébullition
24 h d'ébullition
Après 4 h

G 105 a .... 27,83 190 181 175


— b ..... 6,58 209 229 247
— c ..... 26,06 230 230 231
— d ..... 28,20 235 230 220
— e ..... 28,88 268 235 248
— f ..... 23,40 309 293 306
— g ..... 28,52 278 263 274
— h ..... 24,71 239 225 227
G 108 a ..... 41,52 410 404 383
— b ..... 14,78 470 486 470
— c ..... 22,34 430 402 408
— d ..... 26,24 427 419 397
— e ..... 15,97 475 466 438
— f ..... 26,82 438 460 429'
— g ..... 19,82 504 498 455
— h ..... 13,77 486 458 401

Il importe toutefois de souligner que les deux échantillons étudiés


sont assez homogènes et à grain fin, en particulier G 108 qui est
un gneiss psammitique. Avec un granité à gros grain ou une peg-
matite, les différences seraient probablement plus accusées.
Les gains de poids des différentes plaquettes, rapportés à 100 g
de roche, ne présentent que des écarts extrêmes de l'ordre de ± 50 mg.
Les gains de poids enregistrés dans la méthode par immersion ou
la méthode
de ces méthodes.
par ébullition sont équivalents compte tenu de la précision
ÉTUDE DE LA POROSITÉ DES ROCHES CRISTALLINES 233

CONCLUSIONS

Deux faits essentiels se dégagent de cette étude. Le premier


et le plus important est l'existence d'une porosité ouverte nullement
négligeable dans des roches cristallines apparemment saines et non
fissurées. Immergées dans l'eau pendant un certain temps, ces roches
semblent capables d'absorber, par simple imprégnation, des quantités
d'eau équivalant en moyenne à 10 litres par mètre cube. Pour les
mêmes roches, le volume des vides accessibles à l'air sous la pression
atmosphérique est de l'ordre de 20 à 40 litres par mètre cube, soit
2 à 4 % du volume total. Ces chiffres prennent toute leur signifi¬
cation si on les compare aux porosités des roches-magasins des
gisements de pétrole, souvent supérieures à 25 % en volume mais
abaissées dans les cas limites à 5 % en volume.
Les roches cristallines semblent donc capables d'emmagasiner
de grandes quantités d'eau qui joue, on le sait, un rôle important
dans l'évolution chimico-minéralogique des roches de surface et
dans les phénomènes d'altération ou de désagrégation.
Orientée essentiellement vers les techniques de mesures applicables
en grande série, cette étude montre d'autre part la possibilité de
déterminer
d'une roche avec
cristalline
une précision
vis-à-vis suffisante
de l'eau. laLes
capacité
méthodes
d'absorption
décrites
consistent à favoriser l'absorption de l'eau jusqu'au voisinage de
la saturation et à mesurer la quantité d'eau absorbée par deux pesées,
consécutives à l'imprégnation et à la dessiccation. Ces méthodes
sont relativement sensibles et permettent de comparer entre eux
des échantillons de faible porosité. Elles ne nécessitent pas d'appa¬
reillage compliqué ou coûteux. Elles paraissent donc à même de
rendre d'appréciables services pour les travaux de géomorphologie,
de géologie de surface et de géotechnique dans les socles cristallins.

Travaux
du Centre de Recherches Pétrographiques
et Géochimiques
sousdela l'Université
direction de M.
de Roubault
Nancy
avec la collaboration de H. de la Roche,
A. Godard, P. Marchal.

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