Commentaire Littéraire N°2 OE2 Le roman du Moyen-âge au XXIe siècle

Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, Mathias Enard, 2010 – Incipit

La nuit ne communique pas avec le jour. Elle y brûle. On la porte au bûcher à l’aube. Et avec
elle ses gens, les buveurs, les poètes, les amants. Nous sommes un peuple de relégués, de
condamnés à mort. Je ne te connais pas. Je connais ton ami turc ; c’est l’un des nôtres.
Petit à petit il disparaît du monde, avalé par l’ombre et ses mirages ; nous sommes frères.
Je ne sais quelle douleur ou quel plaisir l’a poussé vers nous, vers la poudre d’étoile, peut-
être l’opium, peut-être le vin, peut-être l’amour ; peut-être quelque obscure blessure de
l’âme bien cachée dans les replis de la mémoire.

Tu souhaites nous rejoindre.

Ta peur et ton désarroi te jettent dans nos bras, tu cherches à t’y blottir, mais ton corps dur
reste accroché à ses certitudes, il éloigne le désir, refuse l’abandon.

Je ne te blâme pas.

Tu habites une autre prison, un monde de force et de courage où tu penses pouvoir être
porté en triomphe ; tu crois obtenir la bienveillance des puissants, tu cherches la gloire et la
fortune. Pourtant, lorsque la nuit arrive, tu trembles. Tu ne bois pas, car tu as peur ; tu sais
que la brûlure de l’alcool te précipite dans la faiblesse, dans l’irrésistible besoin de retrouver
des caresses, une tendresse disparue, le monde perdu de l’enfance, la satisfaction, le calme
face à l’incertitude scintillante de l’obscurité.

Tu penses désirer ma beauté, la douceur de ma peau, l’éclat de mon sourire, la finesse de

mes articulations, le carmin de mes lèvres, mais en réalité, ce que tu souhaites sans le
savoir, c’est la disparition de tes peurs, la guérison, l’union, le retour, l’oubli. Cette puissance
en toi te dévore dans la solitude.

Plan :
Problématique: Comment Mathias Enard avec la métaphore du jour et de la nuit fait
l’opposition des désirs et des certitudes ?

I- La métaphore de la nuit
A- Représentation des désirs
B- La femme qui parle

II- Représentation des certitudes

A- Le métaphore du jour
B- un texte du registre epiditique
C-

III- L’opposition entre le jour et la nuit

A- L’hésitation entre les 2 côtés
B-
 C’est en 2010 que Mathias Enard publie son roman Parle-leur de
batailles, de rois et d’éléphants, cet extrait est l’incipit de ce roman. Cet
histoire se passe en 1506, alors que Michel-Ange devait achever le
tombeau du pape, il reçoit une mission inattendue de la part du sultan
Bajazet II qui le fait se déplacer à Constantinople pour construire un pont
sur la corne d’or. Mathias Enard profite donc de ce roman (didactique)
pour confronter l’homme de la Renaissance au monde ottoman et
employer le portrait de l’artiste au travail .Comment Mathias Enard avec
la métaphore du jour et de la nuit fait l’opposition des désirs et des
certitudes ? Nous allons premièrement voir la métaphore de la nuit, puis
la métaphore du jour et pour finir nous verrons l’opposition entre la
métaphore du jour et la métaphore de la nuit.

Dans cet incipit, Mathias Enard emploie une métaphore de la nuit

présente sur une grande partie du texte. Cette métaphore sert à
représenter les désirs et ces dangers desquels le personnage à qui
s’adresse le narrateur est effrayé et desquels il veut s'éloigner, ce qui est
un parallèle avec la nuit car, durant la nuit, nous sommes impuissants et
nous voulons nous en cacher. Le narrateur utilise le portrait de << l’ami
Turc >> du personnage auquel s’adresse le narrateur car il s'est laissé
emporter << c’est l’un des nôtres >>, il a cédé à ses désirs << avalé par
l’ombre et ses mirages. Je ne sais quelle douleur ou quel plaisir l’a
poussé vers nous, vers la poudre d’étoile, peut- être l’opium, peut-être le
vin, peut-être l’amour>>, dans cette citation, le narrateur plusieurs types
de désirs qui sont ici l’alcool, la drogue et l’amour qui sont des désirs
très populaires au Moyen-Âge. On a ici une métalepse avec le désir
comme cause et << Petit à petit il disparaît du monde >> comme
conséquence, cette figure de style montre les effets des désirs sur les
personnes au XVème siècle.