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Mémoire de D.E.S.S. en
ANALYSE ET POLITIQUE ENVIRONNEMENTALES
Réalisé par :
RAZANAKOTO Georges François Thierry
Mémoire de D.E.S.S. en
ANALYSE ET POLITIQUE ENVIRONNEMENTALES
Réalisé par :
RAZANAKOTO Georges François Thierry
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
RESUME ANALYTIQUE
METHODOLOGIE
INTRODUCTION……………………………………………………………………………...........1
I.1- La production de maïs motif principal de la déforestation dans la région des Mikea ...…...7
II.1.3- La nécessité de résoudre la pauvreté dans les zones de provenance des migrants..18
II.3- Les conditions d’efficacité pour la gestion de la forêt des Mikea. ….…………..……...20
CONCLUSION…………………………………………………………………………………….28
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
Tableau 02 : Coût à l’hectare et à la tonne pour le producteur ayant moins de 10 Ha mais utilisant
une main d’œuvre salariée.
Tableau 03 : Coût à l’hectare et à la tonne pour le producteur ayant moins de 10 Ha mais utilisant
une main d’œuvre familiale.
Tableau 06 : Taux d’évolution des bénéfices sur un hectare par rapport à la première année de
culture
Tableau 08 : Liste des espèces de Mammifères avec les noms vernaculaires et le statut CITES
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier ici toutes les personnes ou institutions ayant contribué de près ou de
loin à la réalisation de ce mémoire, notamment :
Vos soutiens et conseils ont été un grand apport pour la réalisation de ce mémoire,
Mesdames et messieurs je vous adresse toute ma reconnaissance et mes salutations les plus
sincères, MERCI.
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
RESUME ANALYTIQUE
« La déforestation en forêt Mikea et la gestion durable des ressources naturelles », tel est le thème
de ce mémoire. Le travail traite du problème de la déforestation en forêt Mikea.
Depuis des décennies, les ressources naturelles à Madagascar ont connues une très forte
dégradation. Ceci est du fait de la pression que l’homme effectue sur la ressource. En effet, étant encore en
développement, la majorité de la population vit de l’agriculture et dépend de l’exploitation de la ressource
naturelle pour sa subsistance. L’utilisation de la ressource a totalement modifié l’aspect de la couverture
végétale du pays.
La partie du Sud-ouest de Madagascar est une des zones qui abrite plusieurs des espèces
endémiques de la grande île. Plus précisément dans la région de Tuléar dans la forêt des Mikea. La forêt
des Mikea est une forêt dense sèche caducifoliée au peuplement riche et pluristratifié. Jusqu’au début des
années 1970, la forêt des Mikea s’étendait sur environ 120 kilomètres du Nord au Sud et sur 20 à
25 kilomètres d’Est en Ouest. Elle était peu utilisée, sauf par un peuple de chasseurs-cueilleurs, les Mikea.
Mais le « hatsake » a diminué considérablement cette surface forestière. Le « hatsake » est un système de
culture sur défriche. Dans cette zone de l’île, il est essentiellement accompli pour la culture du maïs.
Le début du hatsake dans le sud ouest correspond à la mise en œuvre du slogan des années 1975
(« la terre à celui qui la travaille ») et au développement rapide du maïs à partir des années 1980. Ce
développement est dû à la demande massive de l’île de la Réunion ainsi qu’au manque de contrôle de
l’État. Le maïs devient alors une culture commerciale. Pour ce faire, comme il n’y a pas de stratégie
d’intensification agricole, la culture sur défriche brûlis est alors la manœuvre adoptée par les autochtones.
Ce système de culture ne requiert pas beaucoup d’effort mais qui est rentable, en outre il a beaucoup
d’impact sur l’avenir de la ressource et celui de la population locale. En effet, même si des revenus
conséquents peuvent être tirés de l’exploitation du maïs, les dommages sur l’environnement sont énormes.
Cette pratique culturale a été possible face à la défaillance du rôle de l’Etat qui a permis l’accès libre aux
ressources. La problématique principale défini pour le travail est : « Quel mode de gestion permettrait
d’atténuer le processus de déforestation et aboutir à la viabilité des ressources naturelles
renouvelables ? »
La gestion durable de la ressource semble être une alternative aux problèmes qui existent dans la
forêt des Mikea. En effet, la forêt possède des valeurs qui sont encore inexploitées ou mal exploitées de la
population locale. De cette valeur, nous pouvons affirmer que la forêt peut très bien subvenir aux besoins
de la population locale sans être saccagée. La gestion durable de la ressource permettrait alors d’améliorer
le niveau de vie de la population locale. En effet, elle maintiendrait la capacité de régénération de la
ressource ainsi que son rôle écologique. Elle pourrait aussi apporter à la population locale une source de
revenu durable si les filières sont biens structurées. Mais des mesures et conditions sont à retenir pour la
mise en place de cette gestion.
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
METHODOLOGIE
Le phénomène d’exploitation massive des forêts est rencontré à Madagascar. Une des zones qui
présente cette caractéristique se trouve dans la région sud ouest de la grande. Nous parlons ici de la forêt
des Mikea. En effet, dans cette partie de l’île les ressources subissent des pressions qui ne cessent
d’ampleur et à un rythme hallucinant. Par contre, cette même zone abrite une diversité biologique unique
au monde par l’importance de son endémicité. D’un autre côté, la population de la zone, Mikea, vivent
dans une pauvreté extrême.
Par ces multiples problèmes de gestion de la ressource et cette pauvreté, notre mémoire s’est focalisé
dans cette zone. La problématique auquel nous avons voulu répondre est : « Quel mode de gestion
permettrait d’atténuer le processus de déforestation et aboutir à la durabilité des ressources naturelles
renouvelables ? »
Afin d’apporter une réponse à cette question, l’étude a été organisée comme suit.
Des recherches bibliographiques ont été effectuées au préalable pour mieux cerner le problème de
gestion des ressources naturelles. Ce travail s’est concrétisé par la revue des théories de l’économie de
l’environnement. Pour ce faire, des consultations d’ouvrages ont été réalisées. Pour avoir les informations
requises nous avons navigué sur internet ainsi que bouquiné les ouvrages qui ont été à notre portée. Il
convient de noter ici qu’il est encore difficile de trouver à Madagascar les œuvres des théoriciens récents.
Des visites de terrains ont été réalisées du mois d’octobre jusqu’à la fin du mois de décembre 2006.
Pour mener les études, des visites ont été effectuées dans la région des Mikea. Ces recherches personnelles
ont pu être accomplies durant mon stage au sein du Centre d’Economie et d’Ethique pour l’Environnement
et le Développement de Madagascar (C3EDM) qui a effectué des études dans la zone. Les recherches du
centre concernaient principalement l’élaboration des modèles de gestion durable des ressources naturelles
pour le programme environnemental phase III (PE III). Afin de collecter les données nécessaires, des
enquêtes ménages, filières et institutionnelles ont été réalisées. Nous avons pu rassembler des informations
qualitatives et quantitatives par ces visites. Les données chiffrées étaient obtenues à partir des enquêtes
directes, et les informations qualitatives par des guides d’entretien lors des « focus group1 » et des
entretiens personnels. Le traitement des données quantitatives a été fait sur Excel.
Ces fiches d’enquêtes et guide d’entretien peuvent être consultées dans la rubrique des annexes de ce
mémoire.
1
Animation d’une réunion de discussion avec les acteurs locaux.
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
INTRODUCTION
Madagascar est une île de l’océan Indien située à l’Est de l’Afrique. Elle a une superficie
totale d’environ 586 760 km² (FTM2). Avant elle était connue sous l’appellation « île verte ». Ce nom
qu’on lui a conféré reflète l’étendue de sa couverture végétale. En effet, Madagascar est une île dotée
d’une diversité biologique unique au monde par son abondance et son endémicité. Depuis quelques
décennies, l’île verte est devenue « île rouge ». Cette nouvelle dénomination nous donne une image de
la dégradation des ressources couvrant la grande île. Certes, une dégradation hallucinante de la
végétation peut à elle seule expliquer cette modification de l’état du couvert végétal de la grande île.
En effet, Madagascar est un pays où les ressources forestières sont soumises à de fortes
pressions. Ces dernières sont majoritairement d’origine anthropique. Le constat est que les ressources
ne cessent de diminuer et ce phénomène ne cesse de s’accélérer. Ceci est alarmant car la déforestation
touche à peu près 200 000 ha (Christine Aubry et al) de forêt chaque année. Cette tendance pose un
problème car il y a une détérioration progressive des ressources forestières et donc de la biodiversité
aussi. Ces dégâts sont rencontrés un peu partout dans l’île.
Une nouvelle initiative a été prise par le Gouvernement. Aussi, la loi N° 90.033 du 21/12/90
portant Charte de l’Environnement Malagasy (CEM) a été promulguée, Charte contenant les principes
généraux de la Politique Nationale de l’Environnement soit :
La mise en œuvre de cette loi se traduit par la mise en place du Plan d’Action Environnemental
(PAE) composé de trois programmes de cinq ans environ chacun. L'objectif principal est de
2
Donnée obtenue par renseignement auprès du FTM
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
- mise en place du cadre juridique et institutionnel, et des outils nécessaires pour la gestion de
l’environnement,
- lutte contre les problèmes d’urgence dans les régions et les zones où les impacts économiques
négatifs sont les plus marqués
Cette phase insiste sur : - meilleure considération des dimensions sociales et culturelles
(organisations traditionnelles, coutumes) afin de les valoriser dans une perspective durable ou de les
faire évoluer dans ce sens. - meilleure considération du processus de décentralisation par une
responsabilisation plus accrue des décideurs locaux et par la prise en main de la gestion des ressources
naturelles par les communautés locales concernées.
Le PE 3, a été formulé sur la base des résultats obtenus durant les deux premières phases du Plan
d’Action Environnemental. Il entend consolider les acquis des phases antérieures en visant
essentiellement la conservation et la valorisation des ressources naturelles pour permettre une
croissance économique durable et une meilleure qualité de la vie de la population.
La durabilité forte rejoint le courant de la « deep ecology » qui définit le développement durable
comme le maintien intact de l’ensemble de ressources naturelles (Taylor, 1986 ; Rolston, 1994, cité par
Andriananja, 2006). « La durabilité forte, elle, part du principe que le capital naturel détermine le bien-
être de l’homme et devient un facteur limitant de la croissance. Elle nécessite donc un non décroissance
dans le temps du stock de capital naturel et partant, elle met en avant le caractère écologique de la
durabilité. La non décroissance du capital naturel se justifie, pour les adeptes de la durabilité forte, par
les limites aux possibilités de substitution entre capital naturel et capital physique et par le risque non
négligeable d’irréversibilités et d’incertitude (préconisant alors une politique liée au principe de
précaution) en cas d’exploitation intense des ressources naturelles. » (Bertrand Hamaide, 2004).
« La durabilité faible, fréquemment baptisée règle de Hartwick ou parfois règle de Solow, grâce
aux études de ces deux économistes à ce sujet, rend possible la substitution entre le capital naturel et le
capital physique. Autrement dit, la réduction de capital naturel, utilisation d’une ressource épuisable
par exemple, peut être compensée par un accroissement du capital physique de la même valeur. Ce qui
permettra de garder le stock de capital constant et partant, la possibilité de créer dans le futur au moins
autant de biens et services. » (Bertrand Hamaide, 2004). Vu autrement, la durabilité faible propose de
maintenir la dotation en capital et de vivre avec le flux de revenus.
D’après ces distinctions, le cadre de la durabilité faible semble nous offrir un terrain d’analyse
auquel nous pourrions trouver le consensus entre conservation et développement de la communauté.
Dans la suite de notre travail le terme développement durable sera pris au sens faible. Le
développement durable doit donc être un objectif pour les pays où surexploitation des ressources
naturelles et pauvreté coexistent. Cette situation est présente à Madagascar et nous avons choisi le cas
de la forêt des Mikea pour mieux comprendre le problème. Ci après un bref aperçu de l’environnement
des Mikea.
La forêt des Mikea est un massif forestier de 3100 km² et elle est un des « hot spots » de la
biodiversité de Madagascar (Andriananja, Raharinirina, 2004). La région des Mikea est délimitée par la
basse vallée de Manombo au Sud, la rivière de Befandriana au Nord. A l’Est, elle est délimitée par le
couloir naturel d’Antseva où est tracée la route nationale 9 et par le canal du Mozambique à l’Ouest
(George, 2002).
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
Les habitants ou utilisateurs de la forêt des Mikea peuvent se diviser en trois grands groupes : les
tompon'ala3 ou lampihazo4. Ils sont considérés comme étant la première vague de peuplement de la
forêt. Leur origine et la preuve même de leur existence font encore aujourd'hui l'objet de plusieurs
recherches ; certains les qualifient d'êtres invisibles. Selon la coutume locale, les chasseurs doivent
demander leur bénédiction et leur apporter du tabac en échange d'une bonne chasse.
La deuxième vague de peuplement, qui donne naissance aux Mikea que l'on rencontre
aujourd'hui, date du XVIIème siècle et était constituée d'abord, de fugitifs, fuyant l'autorité de la
dynastie Andrevola qui gouvernait alors le peuple Masikoro. Puis, pendant les périodes coloniale et
néocoloniale, la forêt dite des Mikea a reçu plusieurs groupes d'individus fuyants les oppressions mais
aussi l'application de certaines lois et réglementations. A force de vivre dans la forêt, ils se sont
progressivement confondus à cette dernière. Cette deuxième vague vivait essentiellement de tubercules,
de miel et d'animaux sauvages. Certains groupes ont formé des petits hameaux sur la lisière forestière
et jouent le rôle d'intermédiaire avec ceux qui sont restés en forêt. Cette deuxième catégorie de Mikea
se caractérise par: 1) le respect du lignage fondateur et de son chef, 2) les activités de subsistance
basées sur la chasse et la cueillette, 3) la notion de propriété commune de la forêt, et 4) la pratique du
bilo5 et le soro6.
Le troisième groupe de Mikea apparaît dans les années 80, avec le phénomène migratoire lié à la
culture spéculative du maïs. Au cours de cette période, la forêt accueille des gens d'origines diverses,
venus pour s'enrichir par la culture de maïs.
Aujourd'hui, l'usage désigne par « Mikea » tout habitant de la forêt, qu'il soit saisonnier se livrant
à la culture sur brûlis du maïs, ou « permanent » vivant de chasse et de cueillette. Si l'on s'en réfère à la
définition des populations autochtones de la Directive Opérationnelle 4.20 de la Banque Mondiale, le
groupe dit Mikea comprend des sous-groupes qui ont une identité culturelle et sociale distincte
caractérisé par : a) une dépendance considérable envers les produits de la forêt pour leur subsistance, b)
une production où la subsistance occupe une place importante, c) un mode de vie étroitement lié à
l'existence de la terre et la forêt et d) une situation de forte pauvreté selon les indicateurs sociaux et
économiques de pauvreté généralement utilisés.
La culture de maïs sur brûlis ou « hatsake » évoquée ci-dessus est une pratique dévastatrice
des ressources dans la forêt des Mikea. En effet, « avec le “boom du maïs” des années 1980, le hatsake
(culture sur abattis-brûlis) a provoqué un recul considérable de l’espace forestier. Les dégâts sont
flagrants et la déforestation suit une progression géométrique. Sur les périodes 1949-1967, 1967-1986,
3
Maîtres de la forêt
4
S'appuie sur l'arbre
5
Rituel de guérison
6
Sacrifice d'animal ou offrande de miel et de tubercules
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
1986-1996, les surfaces boisées dans la forêt des Mikea sont passées respectivement de 1490 km² à
1481 km², de 1481 km² à 1401 km² et de 1401 km² à 1236 km² » (Razanaka et al, cité par Andriananja,
2006). Avec l’exploitation de la forêt, de nombreuses espèces sont menacées telles les hazomalany,
kapaipoty, katrafay, malamasafoy. Pour la faune les espèces touchées sont par exemple les sifaka,
varika, akohoala7. Des mesures devront être prises pour renverser cette tendance destructrice de la
ressource. Il faut gérer d’une façon durable ces ressources. Les raisons pour mettre en place ce système
de gestion durable des ressources naturelles renouvelables sont : La gestion des ressources naturelles
constitue un défi à relever dans la mesure où ces ressources ont été récemment soumises à de graves
pressions dues aux défrichements massifs d’origines anthropiques. Du point de vue de la diversité
biologique, la forêt et la faune encore existantes constituent un patrimoine précieux pour la nation, mais
sont également gravement menacées. Du point de vue économique, elle devrait permettre à la
population dans la zone d’améliorer leur revenu par la valorisation de ces ressources. Donc de lutter
contre la pauvreté.
Face à ces divers problèmes, une question principale mérite alors d’être prise en compte. « Quel
mode de gestion permettrait d’atténuer le processus de déforestation et aboutir à la viabilité des
ressources naturelles renouvelables ? »
Le mémoire a été structuré comme suit afin de répondre à cette question :
o Une introduction que nous venons de parcourir et qui retrace l’état des ressources
naturelles renouvelables à Madagascar, la politique environnementale ainsi que la situation actuelle des
ressources naturelles dans la forêt des Mikea.
o Un premier chapitre qui examine la déforestation de la forêt des Mikea. Il explique la
logique qui entretient la déforestation. La section I.1. étudie la production du maïs qui est reconnue
comme motif principal de la déforestation. Elle nous informe sur les techniques de production de maïs,
le marché de cette dernière et le rendement décroissant de sa production. La section I.2. analyse les
facteurs déterminants l’accès à la ressource en exposant le rôle et la défaillance de l’Etat dans le
contrôle. L’abus des droits d’usage conférés aux populations locales y est relaté. La section I.3. étale
les manifestations et stratégies élaborées pour approcher la ressource. Elle revient sur le phénomène de
migration qui permet de rejoindre la forêt et se focalise sur les modes d’appropriation des terres. Cette
section explique aussi les stratégies foncières qui se sont développées et la ruée vers ce bien devenu
rare.
Le deuxième chapitre traite des dispositions pour gérer la forêt. La section II.1. présente la
nécessité de mettre en place une résolution de la pauvreté dans les zones de provenance des migrants.
Une revue des modes de gestion des ressources naturelles renouvelables sera abordée dans la section
7
Pour les noms scientifiques et familles des espèces, se référer à l’annexe
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
II.2. afin de choisir le mode de gestion qui serait acceptable pour les Mikea. La section suivante II.3.
expose les conditions d’efficacité et la dernière section (section II.4.) émet les aspects de cette gestion.
o Une partie conclusive qui rappelle les points essentiels et développe les limites de la
gestion. Elle révèlera aussi les enseignements qu’on a pu tirés de ce mémoire.
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
La dégradation et la surexploitation des ressources dans cette forêt sont la conséquence de cet
accès libre dans la zone des Mikea. Cette déchéance se traduit par la déforestation massive dans la
zone. L’objectif principal de ce déboisement est de pouvoir produire du maïs. En effet, l’évolution de
cette culture a considérablement affectée l’état de la ressource.
Nous aborderons en premier lieu, une analyse de la filière maïs qui est le motif principal de la
déforestation. En second lieu nous évoquerons les facteurs déterminants l’accès à la ressource. En
dernier lieu nous aurons les différentes manifestations de cet accès libre.
I.1- La production de maïs, motif principale de la déforestation dans la région des Mikea
Une des productions agricoles accélérant la déforestation de la surface boisée en zone Mikea est
principalement la maïsiculture. En effet, l’évolution croissante de la demande en maïs a
considérablement détérioré l’état de la ressource.
Le développement de la production de maïs dans la région de Tuléar est lié au boom du marché
du maïs des années 80. Ce boom est associé à la hausse de la demande de maïs et l’augmentation des
importations de l’île de la Réunion pour l’élevage porcin. Le maïs devient une culture de vente et, c’est
sur la défriche de forêt qu’il va le plus souvent être installé. Bien que terre domaniale au regard de la
loi, la forêt est appropriée par les autochtones : des villages pionniers sont fondés, abandonnés, recréés
plus loin au fur et à mesure de la progression vers l’ouest du front pionnier.
8
La saison sèche est comprise entre le mois d’avril et le mois de Septembre
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
La première année, un défrichement incomplet est réalisé. Dans le sens que certains arbres ne
sont pas abattus et ceux qui le sont ont leur tronc coupé à 1,20 m du sol selon Milleville et al (1999,
p67). La raison de cette défriche est :
La récolte est effectuée à partir du mois d’Avril. Le rendement évolue et est maximum à la
deuxième année (2t/ha en première année, 2,5t/ha la deuxième). Cette production diminue
progressivement au fil des années pour arriver à 700kg/ha en cinquième année de culture (Estelle
George, 2002).
Ce que nous rencontrons souvent c’est que les parcelles abandonnées sont cultivées en manioc
ou en arachide car ne nécessite pas de terres arables. Mais ces cultures sont destinées pour
l’autoconsommation et ne requièrent donc pas toutes les parcelles disponibles. Le reste non utilisé est
laissé en friche et constituera par la suite des savanes qui serviront par la suite de parcours pour le
bétail. Mais, il semble qu’après une dizaine d’années, il y a possibilité de refaire du hatsake sur la
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
parcelle avec la régénération des arbres. Mais la prolifération des adventices et la baisse du rendement
apparaissent plus vite (2 à 3 ans seulement) et donc nécessite un nouvel abandon.
Il est alors évident que de nouvelles surfaces boisées seront défrichées pour cultiver à nouveau.
Pour avoir aussi un volume de production assez important, le défrichement d’une surface plus vaste est
adopté.
Le marché du maïs permet aussi d’apprécier la part de responsabilité de cette culture dans la
déforestation. En effet, le marché reflète la réalité existante ainsi que des stratégies des producteurs
pour obtenir le plus de profit.
Les produits sont écoulés sur le marché local (consommateurs de Tuléar), le marché national
(provenderies, brasseries et le Programme Alimentaire Mondial) et le marché à l’exportation (l’île de la
Réunion).
a) La commercialisation du maïs
Nous pouvons recenser les sociétés d’exportation à Tuléar qui exportent tous vers l’île de la
Réunion, les grands collecteurs nationaux et les petits collecteurs.
La collecte du maïs auprès des producteurs est réalisée par deux types de collecteurs : collecteurs
indépendants et commissionnaires. Les lieux de collecte sont souvent les marchés villageois, dans les
villages producteurs et à la ville de Tuléar. Les collecteurs indépendants sont ceux qui ont leurs propre
fonds de trésorerie. Les commissionnaires sont ceux qui utilisent la trésorerie de leurs clients et qui
sont payés à la commission.
Le prix du maïs au producteur connaît une fluctuation importante au cours de chaque campagne
et le long de l’année. Au début de la récolte (mars à mi-juin), le prix est relativement bas. Ceci est dû à
l’abondance de l’offre sur le marché. De mi-juin à octobre, les prix commencent à augmenter pour
inciter les producteurs qui stockent à vendre leurs marchandises. Le mois d’octobre au mois de mars,
les prix flambent car c’est la période de soudure dans la région.
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
Le prix résulte de la confrontation entre l’offre et de la demande d’un bien ou service sur le
marché. Aussi est il intéressant de voir la formation du prix au niveau de la demande et de l’offre pour
le cas du maïs.
• Au niveau de la demande
La concurrence entre les différents collecteurs durant la campagne de collecte entraîne la hausse
des prix. En fait, la présence des collecteurs indépendants est l’origine de cette hausse car les
producteurs peuvent vendre aux plus offrants. En effet, les commissionnaires des entreprises
exportatrices ne peuvent que répercuter le prix dicté par l’exportation. Mais le prix est aussi affecté par
le nombre de collecteur présent sur le marché ainsi que l’offre disponible sur ce même marché.
Le prix le plus important est dit « rendu Tuléar ». Il est le prix directeur du marché durant la
période de collecte. Fauroux (1999) l’a défini comme étant « le résultat d’une entente entre les
différents exportateurs de Tuléar ».
• Au niveau de l’offre
Souvent, la bonne production généralisée dans la zone entraîne une tendance à la baisse des prix
aux producteurs. En effet, lors de la campagne de 1999-2000, le prix a connu une chute libre du fait de
la bonne production. Le rendement a doublé durant cette campagne à cause des conditions climatiques
exceptionnelles.
Le fait que les producteurs ne peuvent eux aussi stocker, affecte le prix sur le marché. Certes,
n’ayant pas les moyens pour entreposer la marchandise afin d’attendre une hausse contraint les paysans
à écouler leurs produits à moindre prix. Ceci est dû au manque de financement pour subvenir aux
besoins quotidiens. L’insécurité en monde rurale décourage aussi les paysans à garder leurs
productions.
L’existence de ces collecteurs intermédiaires diminue alors les profits que pourraient dégager la
production du maïs auprès des producteurs. Mais comme tout exploitant, les producteurs recherchent le
profit maximal. Or, ils ne peuvent décider des prix, c’est sur la quantité produite qu’ils vont agir. Pour
atteindre ce but, ils essayent tous d’augmenter leurs productions. Or, le seul moyen, dans la zone, d’y
parvenir est l’accroissement des surfaces à cultiver. Augmenter les surfaces à cultiver nécessite la
déforestation d’une parcelle supplémentaire. Cette stratégie se rapproche du raisonnement à la marge
de « Hotelling ». Ce raisonnement stipule que « Tant que le profit marginal est positif, il faut produire
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
plus ». Ayant donc cette attitude, les producteurs ne cessent de défricher pour avoir plus d’espace
disponible pour la culture.
Nous avons pu constater que par rapport aux dépenses engagées, le bénéfice obtenu de la culture
de maïs est attrayant. En effet, lors des visites effectuées, les paysans affirment que la culture de maïs
rapporte sans engagement de beaucoup de dépense. Mais d’après les analyses des bénéfices, on peut
avancer que les gros producteurs9 dégagent un bénéfice plus élevé que les autres. Ceci est dû à sa
situation financière assez stable et lui permettant d’adopter une meilleure stratégie de vente de sa
production.
Un autre constat est qu’il y a la baisse tendancielle des bénéfices d’exploitation d’une même
surface au fur et à mesure que la terre vieillit. Ceci justifie l’abandon de la terre après 4 ans de culture
de maïs par les producteurs et favorise le défrichement de nouvelles parcelles qui sont en situation de
libre accès.
Nous pouvons en tirer que la culture de maïs sur défriche brûlis est avantageuse pour les
producteurs, d’où son développement.
Le faible coût de production est accessible pour toutes les classes de producteurs.
Le bénéfice dégagé est très avantageux par rapport aux travaux effectués durant les
premières années de culture (1ère et 2ème année).
La diminution des rendements, donc du bénéfice au cours des années de culture qui est
aisément compensée par de nouveaux défrichements.
En conclusion, le rendement décroissant de la production accélère le défrichement.
I.2- Les facteurs déterminant l’accès à la ressource
La possibilité d’exercer des pressions sur les ressources a des origines diverses. Nous allons voir
en premier lieu le rôle de l’Etat dans cet accès.
La situation de libre accès aux ressources naturelles qui existe dans la forêt des Mikea reflète la
situation du droit foncier malgache. En effet, selon Bertrand et Razafindrabe (1997), les problèmes
environnementaux s’expliquent par les caractéristiques foncières de Madagascar.
9
Ceux qui produisent sur une surface de + de 10 Ha (Tableaux en annexe)
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
Normalement, l’Etat est propriétaire des terrains non immatriculés, mais la politique foncière
n’a pas vraiment fonctionné. Les facteurs évoqués sont les problèmes de communications de la
politique d’immatriculation, l’absence de moyen pour mener les démarches administratives ainsi que la
lenteur de cette dernière.
Traditionnellement, la gestion foncière repose sur la communauté. Les ressources naturelles sont
considérées comme le don du « Zanahary », donc appartenant aux ancêtres. Et ce sont les chefs de
lignage qui en sont les gestionnaires. Ce sont des conventions collectives ou « Dina » qui permettent
d’officialiser et d’organiser la gestion des espaces. Par conséquent, la plupart des Malgaches occupent,
de fait, des terres qui appartiennent à l’Etat, sans en avoir l’autorisation.
Les populations locales ont alors su tirées profit de cette défaillance de contrôle à l’avantage de
leurs gestions foncières traditionnelles. L’accès aux ressources était alors accordé selon les
organisations que les collectivités ont élaborées et adoptées elles-mêmes. Les ressources naturelles
étant la source de subsistances et le garant de l’existence des communautés. Nous pouvons penser qu’il
est possible que la population locale amenuise les règles qui gèrent l’accès aux ressources.
L’Etat n’ayant pas suffisamment les moyens pour effectuer les contrôles perd la maîtrise de
l’accès à la terre. Ce sont souvent les communautés qui décident alors du mode d’accès à cette dernière
et à leur guise.
« Les forêts sont le domaine de l’Etat. Depuis le décret de 1930, des droits d’usages ont été
accordés aux populations riveraines de la forêt. Il permet d’accéder de manière gratuite mais
conditionnelle à la ressource forestière, afin de satisfaire les besoins locaux de la collectivité rurale. En
revanche, tout prélèvement à titre commercial, réalisé dans les forêts qui ne peuvent être soumises à
l’aménagement et à l’exploitation par coupes régulières, suppose l’obtention d’un permis d’exploitation
(spécifique du type de produit exploité) délivré par les Services des eaux et Forêts ». Milleville et al
(1999, p.58),
Ces droits d’usage, étant conditionnels, ne permettent pas aux collectivités locales de produire
plus car limite les surfaces exploitables. Cette conditionnalité se résume souvent par des prélèvements
limités dans la forêt. Or ceci a un impact dans leur mode de subsistance qu’on essaie d’interdire. Par
conséquent, la collectivité ne respecte pas ces droits d’usages mais les ont enfreints pour survivre.
Les droits d’usages étaient définis pour limiter la dégradation de la ressource. Ils stipulaient une
interdiction de prélèvement excédant ce qui était accordé. Or cette quantité admise était seulement pour
assurer le besoin minimum de la communauté. Aucune autre mesure d’accompagnement n’a été
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
La région des Mikea était seulement habitée par les « Mikea » ou « peuple de la forêt » au début.
Ce peuple vivait principalement de la cueillette et de la chasse et d’une agriculture peu développée sur
de petites parcelles. La région même a connu une importante migration de différentes ethnies attirées
par le développement de la commercialisation du maïs. Ce sont entre autres les Mahafaly, Masikoro,
Betsileo, Merina, Tandroy…. L’arrivée massive de ces ethnies a amplifié l’extension et l’augmentation
des surfaces cultivables aux moyens des hatsake. Comme la région est presque totalement recouverte
de forêt, c’est dans cette zone que va se poursuivre l’extensification agricole.
Nous parlons ici d’extensification agricole car la majorité de la population dépend directement
ou indirectement de l’agriculture pour leur sécurité alimentaire et leur subsistance. En effet, pour
augmenter la production, on a deux facteurs possibles : l’augmentation de la surface à cultiver ou
l’augmentation du rendement. Or l’augmentation du rendement suscite l’emploi de méthodes et de
semences améliorées10 que les ethnies ne maîtrisaient pas. De ce manque technique, la solution de
facilité adoptée était l’augmentation de la surface cultivable.
Pour augmenter la surface cultivable en forêt, il fallait défricher. Une des ethnies immigrantes
dans la zone était réputée pour la pratique du défrichement et des cultures sur « abatis brûlis », les
Mahafaly. Cette ethnie a importé ce mode de culture dans la région.
Les autochtones qui étaient les propriétaires terriens ne savaient pas encore les procédés et les
modes de pratique du « hatsake ». Ces derniers ont engagé les Mahafaly pour cultiver leurs terres.
Plusieurs formes d’ententes étaient alors observées entre les Mikea et les Mahafaly dans l’exploitation
de la forêt. Au début le métayage au 2/3 puis au 1/2 était l’accord pour que ces nouveaux arrivants
cultivent la terre.
10
Stratégie d’intensification agricole
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
la production revenaient au détenteur de capital naturel (terre). Le tiers restant revenait au celui qui a
travaillé la terre (capital travail). Mais le métayage au deux tiers n’a pas duré assez longtemps car en ce
moment nous rencontrons souvent une forme de métayage au demi. Le mode de partage de la
production reste le même mais c’est la proportion qui a connu une évolution au profit des travailleurs.
Au fur et à mesure des années, les Mikea ont assimilé le mode de production sur « hatsake ». Les
migrants n’ayant pas encore de parcelle définie vivaient des produits du métayage. Pour s’implanter
définitivement, il fallait que les nouveaux venus soient en possession de surfaces pouvant être
exploitées et qui sont productives. Pour avoir accès à la terre, des stratégies ont été adaptées, que ce soit
par les propriétaires ou par les nouveaux migrants.
Généralement, l’appropriation des terres peut être illustrée comme suit. L’accès à la terre se fait
par le défrichement et la mise en culture de la portion de forêt attribuée. Quand la terre retourne en
friche, le droit de hache entraîne pour le défricheur et ses descendants un droit d’usage à long terme
(Blanc-Pamard, 1999). L’ancienneté accorde aux fondateurs une autorité sur les terres. Ce sont les
« tompon-tanà », les premiers occupants, les autochtones qui ont fait le nécessaire pour obtenir la
protection des esprits de la nature, propriétaire des lieux. Ils ont ouvert des champs en forêt, ont établi
des villages et acquis un droit sur des portions de forêt (C. Blanc-Pamard, 1999, p 4).
En effet, des rites sont effectués par le défricheur avant chaque défriche d’un nouveau bloc de
forêt. Ce sont des règles que chacun sait qu’il doit suivre pour pouvoir entreprendre ses activités en
forêt. Pour les migrants, ils trouvent des accords avec le clan fondateur pour pouvoir défricher. Il doit
respecter les coutumes qui règlent son installation et son intégration. Apport d’un bœuf et de cinq litres
de rhum rouge pour sacrifice et bénédiction. Mais il existe aussi d’autres façons d’y accéder. Soit par
lien de parenté tissé avec les membres du clan (par « ziva », alliance de sang « fati-dra »), par alliance
matrimoniale, par l’achat, la location ou le métayage. Mais ces droits d’accès à la terre entraînent une
dépendance des migrants vis-à-vis des autochtones. Les nouveaux venus doivent respecter les
coutumes qui règlent leur installation et leur intégration. « Dans tous les cas, le bénéficiaire n’a qu’un
droit d’usage et reste dépendant de son allié hôte » (C. Blanc-Pamard, 1999, p 5).
Les étrangers ont la possibilité d’appartenir au village par le « hatsake » et peuvent envisager par
la suite de défricher de plus grande surface de forêt à partir du front de défrichement qu’on lui a
attribué.
afin de valoriser leur privilège de premier occupant. Ceci a pour objectif la consolidation du territoire
en forêt. La stratégie est différente selon qu’il s’agit des fils ou des filles.
Pour les fils, la stratégie matrimoniale est de prendre «des femmes de la forêt» comme épouse.
En effet, un jeune homme autochtone suivant la forêt a intérêt à se marier avec une femme Mikea
propriétaire de forêt.
Pour les filles, la manœuvre est de les garder au village et en les mariant avec des immigrants au
village comme les Mahafaly, Tandroy ou Tanosy. Normalement, comme il est courant dans les
coutumes c’est la femme qui doit suivre son mari. Dans le cas étudié, cette tradition n’est plus en cours
car c’est l’homme qui suit la femme quel que soit le cas maintenant.
L’ancienneté d’installation qui confère aux fondateurs une autorité sur les terres fait que les
étrangers vont par le mariage accéder à la terre, permettant aux filles des fondateurs et à leur
descendance de rester sur place, mais les fondateurs doivent veiller à garder un patrimoine forestier
nécessaire pour pouvoir donner leurs sœurs et leurs filles en mariage. Le mariage des fils avec des
femmes Mikea permet de multiplier les défrichements à la périphérie lointaine, le mariage des filles
avec des étrangers d’intégrer ces derniers dans le territoire avec leur descendance.
Comme évoqué ci-dessus, l’appropriation des terres pour le défrichement est régie par le droit
coutumier que par des règles légales. Mais les habitudes commencent à changer et l’autorité
coutumière locale à être bafouée. De nouvelles stratégies sont alors adoptées par les producteurs de
maïs sur « hatsake » du fait de la fin proche (rareté) de la forêt.
Les paysans se sont attribué des blocs de forêt qu’ils défrichent progressivement au cours des
campagnes. Les blocs sont généralement des bandes plus ou moins parallèles et le front de
défrichement indique le sens dans laquelle l’exploitation avance sur sa portion réservée. L’exploitant
sait que normalement, son front de défrichement ne risque pas d’être défriché par d’autres exploitants.
En effet, chacun connaît et respecte les blocs de forêts appropriés (Milleville et al, 1999, p.40).
Initialement, les premiers venus se sont partagés la forêt entre eux et chacun est libre de partager ou
non son bloc et à qui il veut. Au préalable, il faut que le nouveau venu ait fait une demande de
défrichement au gardien de la forêt. Mais aucune superficie n’est bien définie par le gardien. Si un
accord a alors été livré, l’exploitant peut défricher ce qu’il veut selon ses moyens et la parcelle que le
« tompon-tanà » lui a attribué.
Selon Milleville (1999, p.40), « les nouveaux arrivants viennent généralement seuls. Ils
s’intègrent dans le village en demandant directement des terres de forêt au clan fondateur ou en
demandant des terres de pâturage pour quelques bêtes. Ce n’est qu’une fois installés qu’ils cherchent de
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
grandes surfaces, ramènent l’ensemble de leur troupeau. Le but de l’exploitant migrant n’est pas
seulement de disposer d’une vaste superficie cultivable pour lui-même et ses descendants, mais aussi
d’en faire profiter des parents venus le rejoindre ». Certes, il est plus facile d’arriver dans un village où
l’on a de la famille.
Aujourd’hui, la forêt est de plus en plus rare alors que les personnes voulant exploiter cette
dernière augmentent. En effet, du fait du taux de natalité assez élevé et aussi de la venue massive des
migrants, la demande en parcelle de forêt est en hausse depuis quelques temps. Le but maintenant est
alors de s’approprier le plus de terre possible pour le futur avant que les autres ne le fassent.
Normalement, comme déjà évoqué, il n’est pas possible de se placer devant le front de défrichement
d’un autre exploitant. Mais selon Estelle George (2002), il existe désormais des tactiques de
défrichement pour accroître sa surface et limiter le développement de celle des autres. En effet, certains
se placent un peu plus à l’ouest sur la tête de front d’un autre exploitant et fixent alors la limite
d’extension de la zone réservée au premier. Une autre tactique est de cesser d’avancer dans le bloc déjà
acquise et de faire un nouveau défrichement dans une autre parcelle. Ceci afin d’acquérir le plus de
parcelle possible pour une assurance pour le futur. La loi est donc celle du plus entreprenant qui impose
leurs décisions à ceux qui n’osent pas ou n’ont pas les moyens financiers.
Les stratégies élaborées sont l’acquisition des terres en forêts d’abord. Ensuite, défricher le plus
possible pour être le plus productible. Ces manœuvres sont exécutées afin de s’assurer d’avoir des
terres où produire pour le présent et d’en réserver pour le futur. En effet, n’ayant pas d’autres
patrimoines à léguer à leurs descendants à part la forêt et les ressources naturelles, les collectivités
intensifient le défrichement.
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
Avant d’entamer le mode de gestion de la forêt, il est nécessaire de considérer en premier lieu les
facteurs qui incitent les autres ethnies à migrer dans la zone. Ensuite, nous allons aborder les modes de
gestions de ressources naturelles renouvelables. Après nous identifierons les conditions d’efficacité de
la gestion et enfin, nous exposerons les principes de ce modèle qu’on a choisi.
Les migrations dans d’autres horizons sont souvent expliquées du fait que les gens espèrent y
trouver plus de profit et une vie meilleur que celle qu’ils ont dans leur localité d’origine. En effet, il y a
un avantage plus attrayant dans la zone d’accueil. Dans le cas étudié ici, c’est le développement et
l’essor du marché de la maïsiculture qui attire les gens. Il y a donc un problème à résoudre au niveau
des régions de provenance des migrants.
La raison la plus pertinente qui pousse les personnes locales d’une zone donnée est la pauvreté
qui sévit dans sa localité zone. Cette pauvreté peut être due à cause de différentes caractéristiques
climatiques, édaphiques et orographiques de la zone. En effet, certaines zones sont infertiles ou peu
fertiles du fait des carences et de la coexistence de ces facteurs. En conséquence, la population qui y vit
ne peut produire convenablement pour assurer leurs besoins élémentaires. Certes, dans les zones avec
des conditions difficiles pour l’agriculture, la vie serait plus rude et les efforts nécessaires à fournir
pour avoir une même productivité qu’ailleurs sont plus forts. On peut citer par exemple la région de
l’Androy d’où viennent la plupart des migrants autour et dans la forêt des Mikea.
Certes que toutes les zones n’auront pas les mêmes facteurs naturelles. Et il est vrai que chaque
zone a sa potentialité et qu’on peut très bien exploiter afin de développer cette dernière. Mais parfois
les interventions dans ces zones n’ont pas porté leurs fruits car les projets ne répondaient pas à l’attente
des populations locale et étaient inadaptés à la réalité locale. Ceci entraine le non suivi des consignes et
techniques proposés par les techniciens et que la population continue à perpétuer leur mode de
production d’antan.
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
La réticence des populations locales aux nouvelles techniques constitue aussi une des causes de
la défaillance des encadrements. En effet, souvent les nouvelles techniques exigent beaucoup plus
d’engagement et d’effort afin qu’elles puissent réussir. Les paysans n’ayant pas les moyens nécessaires
s’abstiennent et restent ancrés dans les modes de production ancestrales.
De ces faits, la population, avec leurs anciennes modes de production qui est confrontés à une
rude réalité climatiques et autres facteurs n’arrivent pas à subvenir à leur besoins quotidiens. Ils sont
alors condamnés à vivre dans la pauvreté si des mesures ne sont pas prises. Mais certains d’entre eux
préfèrent partir et espèrent bâtir un avenir meilleur ailleurs, d’où la migration. Les destinations sont
alors les zones où l’accès est facile et où ils peuvent produire plus que dans leur zone d’origine. Une de
ces destinations est la zone sud ouest autour et dans la forêt des Mikea car c’est encore une terre fertile
et où on peut pratiquer la culture de maïs qui connaît un développement économique du fait de la
hausse de sa demande.
II.1.3- La nécessité de résoudre la pauvreté dans les zones de provenance des migrants
La résolution de la pauvreté est une priorité pour essayer de stabiliser et de retenir les
populations d’une localité dans leur zone. Cette résolution doit être axée sur les besoins essentiels de la
population, notamment l’autosuffisance alimentaire en premier lieu. C’est donc le développement de
l’agriculture dans la zone qui est une des solutions. Mais face aux rigueurs climatiques et édaphiques
qui peuvent exister en certaines zones, le développement d’autres secteurs pouvant générer des revenus
complémentaires sont aussi plus que nécessaires. Ces secteurs peuvent être le tourisme, l’artisanat etc.
Une intervention est donc primordiale car elle permettrait de résoudre la pauvreté dans la zone
concernée. Elle diminue aussi les pressions que peuvent subir les ressources naturelles dans les zones
de destinations d’où la diminution de la déforestation.
Une des solutions à la déforestation est donc la résolution de la pauvreté dans la zone de
provenance des migrants. Mais des mesures doivent être prises dans les zones de destination où se
trouvent les ressources convoitées. Dans ces zones, c’est le mode de gestion de la ressource qui est
important à mettre en place. Les théories regorgent de mode de gestion de ressources naturelles. Dans
la suite, nous allons parcourir quelques modes de gestion et d’en tirer celui qui pourrait être adéquat
pour la gestion autour et dans la forêt des Mikea.
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
• On a la location gérance où le gérant peut être une association ou une entreprise privée qui
loue les biens publics pour fournir des services d’utilités publiques.
• La concession est un autre mode de régulation. Pour celle-ci, le concessionnaire doit verser
une partie des bénéfices à l’administration ou à la communauté de base selon un cahier de charge bien
défini. Ici c’est le concessionnaire qui tire le plus de profit par l’exploitation de la ressource.
• La privatisation est aussi une forme de réglementation. Elle attribue la ressource à une
entité privée après vente de cette dernière. Au sujet de ce mode de réglementation, le privé propriétaire
n’a qu’un souci, tirer le plus de profit possible de la ressource. Mais la propriété privée peut conduire
au saccage des ressources lorsque le capital est mobile. En effet, la recherche d’efficience conduit à
détruire plus vite et à déplacer l’investissement.
Le mode de gestion qui pourrait s’adapter à la situation de la forêt des Mikea est la suivante. Une
gestion qui assure la régénération des ressources naturelles dans la zone, ceci afin de pérenniser
l’existence de la ressource. La gestion devrait aussi pouvoir générer et dégager beaucoup plus de
revenu aux populations locales par rapport au mode actuel. En voulant intégrer les collectivités locales
dans la gestion, le mode de gestion qui pourrait satisfaire à cela est alors la gestion communautaire.
Cette gestion requiert en effet la participation de la collectivité de base. En effet, la gestion
communautaire des ressources naturelles ne peut être durable que si les communautés locales soient
engagées dans la gestion. Et « il est aujourd'hui amplement démontré que ressource commune n'est
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
nullement synonyme d'accès libre et que de nombreuses ressources en propriété commune ont été et
sont gérées de façon viable à long terme » (Berkes et al. 1989).
Mais comme les collectivités n’ont pas assez de connaissances sur la gestion des ressources, des
conditions devraient être suivies.
En effet, la participation des collectivités à l’élaboration des règles est indispensable. Ceci pour
que l’ont tien compte de leur vision ainsi leurs attentes seront prises en considération. Cette démarche
est recommandée car ainsi, on peut avoir un peu plus d’attention sur ce que la population locale attend.
Et que s’ils prennent part à l’établissement des règles, ils seront tenus de les respecter. C’est cette
acceptation des règles qui est la plus importante dans la mise en place des règles de gestion. Il s’agit ici
de trouver un consensus entre le légitime et le légal pour qu’ils soient efficaces et efficients. En
conclusion, les règles de gestion doivent être établies avec la communauté.
Certes, si les membres de la communauté n’ont pas le même objectif à propos de la ressource et
de leur avenir, il serait difficile de mettre en place un système de gestion. Ces membres devront donc
constituer un groupe homogène. Ceci faciliterait aussi de régler les conflits qui pourraient surgir au sein
de la société. La gestion des conflits est requise pour éviter l’apparition d’externalités négatives à la
gestion. En résumé, les intérêts des membres devraient être convergents.
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
C’est un point primordial car il garantit l’adhésion des communautés dans la gestion. En effet,
comme c’est la base de leur subsistance qui est en cause, il faut des mesures attractives à la population
locale pour l’adopter.
Pour mettre en place ce modèle d’exploitation rationnelle nous nous sommes référés aux idées
du « modèle de quotas d’exploitation dans un modèle à génération imbriquée ». Ce modèle fut
développé par Pierre-André Jouvet et Gilles Rotillons pour pallier aux lacunes du modèle de Gordon et
Schaffer concernant les ressources marines. Le modèle est fondé sur des quotas d’exploitation
transférable. Ci après la description du modèle.
Ce modèle est établi sur des permis d’exploitation échangeables. Il a surtout été développé pour
les ressources marines mais son effectivité sur les ressources terrestres est plus que probable. En effet,
ce sont les mécanismes de base du modèle qui seront retenus pour l’appliquer aux ressources
forestières.
Pour ce modèle donc, le plus important est d’abord d’inventorier les ressources dans la localité
où l’on veut asseoir la gestion. Quand on a déterminé le stock de ressource, on peut procéder à
l’émission des permis de capture échangeables. Le nombre de ces permis va dépendre du taux
admissible de capture. C’est un système de quotas individuels transférables qui est semblable à une
taxe par unité de capture. Ces permis seront mis en vente par un régulateur et suivra la loi de l’offre et
de la demande sur le marché. Les externalités pouvant surgir des ressources ou des comportements non
coopératifs des acheteurs sont internalisés par le marché de revente de ces quotas individuels
transférables. Mais les auteurs (Pierre-André Jouvet et Gilles Rotillons) qui ont élaboré ce modèle ont
insisté sur une condition particulière. « L’utilisation du système de quotas individuels transférables
n’est utilisable par un régulateur que si son équilibre de long terme appartient à un sous-ensemble du
stock de la ressource ».
D’après les bases de ce modèle, nous allons définir les conditions pour la mise en place de
l’exploitation rationnelle de la ressource dans la forêt des Mikea.
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
C’est l’étape la plus importante pour pouvoir exploiter rationnellement une ressource. Il faut
alors faire un recensement des ressources avant son exploitation. Ceci a pour but d’identifier les
espèces pouvant se régénérer et qui peuvent être exploitées. Après l’identification des espèces
exploitables, on procède au tri des espèces qui sont commercialisable ou non. Ce sont les espèces
commercialisables qui feront alors l’objet de l’exploitation. Mais ce choix portera principalement sur
les espèces qui possèdent des valeurs pouvant avoir une influence sur le revenu des membres de la
communauté. En d’autres termes, l’exploitation de ces espèces abondantes et porteuses augmentera le
revenu de chaque membre par rapport à l’ancien mode d’exploitation.
Ce taux admissible d’exploitation est défini après la détermination du stock exploitable. En effet,
après l’estimation du stock, nous serons en mesure de faire ressortir la quantité à exploiter pour chacun
des producteurs. C’est avec ce taux qu’on réglementera l’utilisation de la ressource.
Il faut qu’il existe un marché où écouler l’espèce à exploiter. Ce marché est le garant de la
commercialisation du produit. Ce marché devra entre autres avoir les caractéristiques suivantes :
• Il ne doit pas être sujet à de grandes fluctuations. Ceci afin d’avoir une stabilité des prix.
Il ne doit pas y avoir beaucoup d’écart entre les prix aux producteurs et les prix de vente sur le
marché. C’est pour qu’il y ait une certaine redistribution équitable des bénéfices.
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
Souvent, la filière est contrôlée par quelques acteurs dans la zone seulement. Cette structuration
vise alors à l’organisation de la filière qui a pour but de permettre aux localités de base de maîtriser la
filière. De cette maîtrise, la communauté devrait avoir les connaissances nécessaires sur les
caractéristiques des produits. Elle doit aussi avoir un pouvoir de décision et d’influence sur la fixation
de prix des produits. Cette organisation permettrait alors aux filières de générer plus de valeur au
niveau local. Ainsi il faut :
• Mettre en place un système de gestion pouvant maintenir un niveau de production
soutenable par rapport à la productivité de la ressource sans diminuer les valeurs ajoutées,
• Développer un système de gestion pouvant augmenter à la fois la valeur ajoutée des filières
tout en contribuant à régénérer de façon pérenne les ressources en question.
Dans cette rubrique, nous verrons entre autres les critères de durabilité de la gestion dans le
contexte de la zone. Les moyens nécessaires pour élaborer la gestion ainsi que les principes de gestion.
Pour élaborer ces modèles, il faut tenir compte des points suivants pour s’assurer de leur
effectivité :
II.4.2.1- Le diagnostic des intérêts des parties prenantes
Dans cette phase, il est question d’identifier les acteurs impliqués dans la gestion de la ressource.
Il faut aussi tenir compte de ceux qui sont susceptibles d’avoir une influence sur les décisions à prendre
au sujet de la ressource, déterminer leur importance et leur influence ainsi que leurs intérêts.
Cette analyse des parties prenantes comportera d'une manière générale trois étapes et permettra
d'identifier et de faire participer les principales parties prenantes autres que les Mikea (Vezo, Masikoro,
etc.) vivant dans et autour de la forêt des Mikea :
Cette phase consiste à récolter des informations techniques permettant une meilleure
compréhension de l’écosystème. Dans cette étape, il faut principalement obtenir l’inventaire des
espèces qui composent l’écosystème. Il faut avoir des informations sur le dynamisme de régénération
du stock disponible. Ainsi, on peut connaître les espèces valorisables. Cette étape requiert
l’intervention des scientifiques spécialistes dans le domaine.
L’objectif ici est de comprendre la signification de la ressource par les communautés ainsi que
les valeurs qu’ils attribuent à cette dernière. Les perceptions des ressources comprennent les différents
usages économiques, les représentations socioculturelles et les fonctions écologiques de l’écosystème.
Cette étape peut être effectuée avec l’analyse de la valeur économique totale de la forêt selon les
collectivités de base. C’est par des entretiens individuels et par une approche « focus group » auprès
des acteurs que l’on peut avoir les informations.
Il s’agit de comparer les bénéfices nets actualisés du régime actuel et de le comparer avec ceux
du modèle préconisé.
Cette analyse peut se faire à partir des différents procédés de formules comme suit.
Les coûts totaux représentent l’ensemble des coûts évalués monétairement supportés par la
communauté pour l’exploitation de la ressource.
Il faut noter que les valeurs retenues doivent être actualisées pour que la comparaison ait un sens.
Les taux d’actualisations à utiliser peuvent être le taux directeur de la banque centrale, le taux
d’inflation moyen, le taux des usuriers sur place ou le taux des établissements de microcrédits dans la
zone.
Pour le calcul des bénéfices nets du modèle on raisonne aussi de la même manière que
précédemment. Mais ce calcul comporte des limites, la différence est qu’il faut tenir compte que les
recettes et coûts sont estimatifs. Il y a aussi l’incertitude sur les aléas naturels qui pourraient fausser les
prévisions sur la régénération et la fixation des taux exploitables de la ressource.
Dans cette section, nous exposerons le plan organisationnel de la gestion ainsi que les moyens
pour mieux valoriser la ressource.
L’équipe de direction comprendra aussi un organe consultatif avec des membres qui doivent
pouvoir assurer la légitimité de l’équipe de direction auprès de la communauté. Ainsi, cet organe
consultatif aura obligatoirement comme membres les autorités traditionnelles et/ou des notables et/ou
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
des chefs d’églises, etc. selon les contextes. Outre les conseils qu’il pourra apporter, l’organe
consultatif sera le principal garant de la légitimité auprès des membres de la communauté gestionnaire,
des orientations de gestion et des activités relatives de l’équipe de direction.
Pour une meilleure valorisation des produits et afin d’augmenter les revenus des membres de la
communauté gestionnaire des ressources naturelles, les principes ci après sont à adopter :
Ecourter les filières autant que possible en éliminant les intermédiaires. Les modèles auront alors
le double avantage d’augmenter le poids de la communauté gestionnaire dans les filières. Ce qui
devrait se traduire par une certaine capacité de la communauté gestionnaire à négocier des prix plus
intéressants. D’accroître aussi les revenus des membres de la communauté gestionnaire des ressources
grâce à l’obtention de tout ou partie des revenus des anciens intermédiaires.
Eviter autant que possible d’écouler sur le marché des produits bruts. En d’autres termes, il
faudrait créer le plus de valeur ajoutée possible au niveau même de la communauté. Il faut donc
commercialiser des produits finis.
Avec ces principes, nous pouvons déjà affirmer que la gestion peut contribuer à l’amélioration
des revenus des communautés. Ce mode de gestion permettrait aussi d’assurer une pérennité de
l’existence des ressources.
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
CONCLUSION
L’étude réalisée nous a permis de cerner les facteurs et causes des problèmes liés à la gestion de
la ressource naturelle autour et dans la forêt des Mikea. On a pu en ressortir que c’est le libre accès à la
ressource qui est la cause de la dilapidation et de la surexploitation de la ressource. Cet accès libre se
manifeste aussi en territoire Mikea et que la conséquence de cette accès est la dégradation hallucinante
de la ressource. Cette dégradation se manifeste surtout par la déforestation qui est une pratique devenue
courante dans la zone.
La défaillance de l’Etat dans son rôle de contrôle d’accès aux ressources naturelles est identifiée
comme un des facteurs qui a facilité ce libre accès. L’autre facteur reconnu était l’abus du droit d’usage
que l’on a conféré aux localités de base.
Face à cette faiblesse du contrôle de l’Etat, des manifestations et des stratégies d’accès et
d’appropriation des terres se sont alors développées. Une de ces manifestations est la migration dans la
zone et qui ne cesse d’accroître les pressions sur les ressources. La pratique de la déforestation est
surtout attribuée aux nouveaux venus car cette pratique n’était pas le mode de vie des Mikea. En effet,
les Mikea, au début, ne vivaient que de la chasse, la cueillette et d’une agriculture sur de petites
parcelles non boisée. Une fois installés, les nouveaux arrivants étaient alors une menace pour les
autochtones de la région. La course à la conquête de terre est amorcée. Il fallait alors garder le plus de
superficie possible ainsi que d’essayer de s’en approprier de nouvelles. Et c’est ainsi que s’est
développé le mode d’appropriation des terres par l’alliance matrimoniale par exemple. Cette motivation
de s’approprier des terres a même modifié culturellement les habitants dans la zone. Comme la
tradition Malgache le veut, c’est toujours la femme qui doit suivre son mari lors d’une alliance. Mais
comme la forêt était considérée comme la première source de subsistance dans la région, ce n’était plus
le cas. En effet, quand la femme possédait des terres, et surtout, les femmes Mikea, on suivait ces
femmes pour avoir accès à la forêt.
Quand un producteur est installé, des stratégies foncières étaient aussi employées pour
augmenter la surface de production. La ruée vers la conquête de terre commence alors car celle-ci
devient un bien rare à cause du mode culturale. En effet, la culture sur défriche brûlis ne permet pas à
la terre d’être cultivée durablement. La production connaît une baisse tendancielle du fait de la
paupérisation du sol, d’où la recherche de nouvelles surfaces à cultiver.
La déforestation s’est d’autant plus amplifiée lors du boom du marché du maïs dans les années
80. En effet, le mode de culture du maïs dans la zone était sur défriche brûlis localement appelé
« hatsake ». La technique de cette culture était facile à pratiquer. Elle ne nécessitait non plus beaucoup
de dépenses mais générait un bénéfice attrayant, d’où son développement. Mais cette façon culturale
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
aggravait et accélérait la destruction de la ressource. C’est pourtant la conséquence car le défriche sur
brûlis enlevait au sol toute sa fertilité. Ceci entraînait la baisse du rendement du sol plus vite (4 à 5
ans). La production diminuait par conséquent et pour le maintenir à un niveau assez élevé, le nouveau
défriche était la solution la plus facile. Le prix du maïs n’était pas aussi assez bon au niveau des
producteurs. Cette situation les encourageait alors à produire plus pour avoir le maximum de revenu
possible. Et c’est toujours l’attitude adoptée car les producteurs n’ont pas connaissances des techniques
d’intensifications agricoles.
La défaillance du rôle de l’Etat, les stratégies d’appropriations des terres et le marché du maïs
ont alors accéléré la déforestation dans la zone des Mikea. C’est pour cela qu’on s’est posé la question
de savoir quel mode de gestion permettrait d’atténuer le processus de déforestation pour aboutir à la
durabilité des ressources naturelles.
Une résolution de la pauvreté dans les zones de provenance des migrants est primordiale du fait
qu’ils constituent la première source de pression sur la forêt. D’un côté, ceci permettrait aux
populations des autres localités de vivre et d’assurer leur besoin quotidien dans leur région même.
D’une autre côté, la résolution de la pauvreté dans ces régions diminuerait la pression sur la forêt des
Mikea et par conséquent diminuerait aussi la déforestation.
D’après ces analyses et constats, le mode de gestion préconisé autour et dans la forêt des Mikea
est alors une gestion qui pourrait assurer la pérennité de la ressource. Mais cette gestion doit aussi
permettre à la communauté d’augmenter leur revenu. La communauté doit donc faire partie des
gestionnaires pour en tirer des revenus. C’est pour cela que la gestion proposée est une gestion basée
sur la participation des communautés.. Et on sait aussi qu’une gestion ne peut être durable sans
l’engagement des communautés locales.
• D’établir les règles de la gestion avec la communauté. Ceci afin que les attentes de ces
derniers soient prises en comptes et pour qu’ils respectent les règles définies.
• Les membres de la communauté ne devraient pas être trop nombreux et doivent avoir des
intérêts convergents vis-à-vis de la ressource. Ceci afin qu’on puisse facilement gérer les conflits qui
peuvent survenir et de mieux définir les objectifs.
• De mettre en place des incitations économiques pour que la communauté adhère à la gestion
afin qu’elle y voit des intérêts. Comme incitations, on peut citer par exemple l’exploitation des
ressources encore abondante dans la zone par la population locale et leur mise en marché selon des
contrats fait avec des collecteurs.
La gestion durable des ressources naturelles face à la déforestation en forêt Mikea.
Pour que ce modèle de gestion soit effectif, il faut aussi une structuration de la filière
pour que la collectivité maîtrise le marché des produits. Mais des critères et des conditionnalités sont à
respecter pour que la gestion soit opérationnelle.
• Il faut pouvoir effectuer un bon diagnostic des intérêts des « stakeholders », pour mieux
comprendre la situation et adopter les possibilités de solutions adéquates,
• Faire une analyse scientifique minutieuse de l’écosystème qui n’est pas une tâche facile vu le
manque de moyens à Madagascar,
• Du point de vue écologique, la régénération peut être un peu plus lente du fait des facteurs
climatique, édaphique et orographique de la zone.
• Du point de vue économique, les comportements des agents peuvent ne pas obéir à la
rationalité économique au sens néoclassique. Ceci est lié à l’imprévisibilité du comportement humain.
Une des enseignements, qui est capital, qu’on a pu tirer de cette étude est qu’aucun modèle de
gestion des ressources naturelles renouvelables ne peut être valable pour différentes zones. En effet, du
fait de la diversité biologique et écologique, de la différence des cultures et traditions, il faut élaborer
un type de gestion propre à une zone donnée. Mais il est à noter que les principes et fondements
peuvent être toutefois retenus.
Dans la gestion durable des ressources naturelles, c’est plutôt les communautés qu’on essaye de
gérer car ce sont eux qui effectuent des pressions sur les ressources. Des études plus poussées sur
l’évaluation des valeurs environnementales pourraient apporter des solutions aux limites évoquées.
Mais ce sont les études approfondies liées aux comportements des Mikea qui pourront servir de base à
la gestion des ressources naturelles renouvelables dans la zone.
.
BIBLIOGRAPHIE
Blanc-Pamard Ch. (2002), Un jeu foncier de front pionnier en forêt des Mikea (sud-ouest de
Madagascar): pratiques, acteurs et enjeux
Christine Aubry, Ch. Blanc-Pamard, Florent Lasry, Michel Grouzis, Pierre Milleville,
Samuel Razanaka, La déforestation en forêt des Mikea (sud-ouest de Madagascar)
Manfred Zeller, Bart Minten, Cécile Lapenu, Ralison Eliane, Randrianarisoa Claude,
(juillet 1997), Les liens entre croissance économique, réduction de la pauvreté, et durabilité
de l'environnement en milieu rural à Madagascar
Milleville P., Moizo B., Blanc-Pamard Ch. et M. Grouzis (1999), Sociétés paysannes,
dynamiques écologiques et gestion de l’espace rural dans le Sud-Ouest de Madagascar
(Rapport final), IRD – CNRE – CNRS, Programme thématique Système écologique et action
de l’homme
Rapport national relatif à la mise en œuvre de la convention des nations unies sur la lutte
contre la désertification – Madagascar (1999)
Sylvie Faucheux et Martin O’Connor, (Juillet 2002), Pour une compatibilité durable entre
environnement et développement, Cahier du C3ED N° 02-03
LISTE DES ABRÉVIATIONS
Pour le calcul des coûts nous avons utilisé les formules suivantes :
Coût variables : Sous total/ t = Enlèvement des spathes + Engrenage et mise en sac
Sous total/ha = Sous total/t x Rendement brut
Coût totaux en Ar/ha = Sous total/ha des coûts fixes + sous total/ha des coûts variables
Coûts totaux en Ar/t = (Sous total coûts fixe en Ar/ha x Rendement brut) + sous total/ha coût variable
Prix de vente moyen = Somme (Prix de vente x pourcentage de produits vendus) selon la période de
vente
Bénéfices (Ar/ Ha) 1ère Année 2ème Année 3ème Année 4ème Année Moyenne
Exploitant ayant + de 10 Ha 709 372 801 969 629 975 352 319 623 409
Tableau 06 : Taux d’évolution des bénéfices sur un hectare par rapport à la première année de
culture
Taux d’évolution par rapport à la première année = (Bénéfice de l’année considérée /
Bénéfices de la première année) x 100.
Tableau 08 : Liste des espèces de Mammifères avec les noms vernaculaires et le statut CITES
1 - STRUCTURE :
2.
3.
4.
5.
6.
7.
2 - INFRASTRUCTURES SOCIALES :
Centre de santé :
3 - REVENUS DU MENAGES
5 - ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES
1 -IDENTIFICATION :
Dénomination : ……………………………………………………………………..
2 - ACTIVITES
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
Année 2004
1.
2.
3.
4.
6.
7.
4 - PRESENCE DE LIEU DE VENTE
Type de lieu de vente sur place ou Destination du Périodicité du Distance par rapport
avec déplacement produit marché au lieu d’activité
(km)
5 - RESSOURCES HUMAINES
Personnel utilisé
1.
2.
3.
4.
Type de consommateurs
2.
3.
4.
5.
7 - ORGANISATION
Matériels
8 - COUTS
Coûts d’exploitation
…………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………
Lesquels …………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………………
…………%
-----------------------------------------------------------------------------------------------
6
10 - MENACES
11 - INFRASTRUCTURES :
1…………………………………………………………………………………
2…………………………………………………………………………………
3…………………………………………………………………………………
4…………………………………………………………………………………
5…………………………………………………………………………………
6…………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………….
Annexe 4 : GUIDE D’ENTRETIEN
A- Règles formelles étatiques :
3- Débouchés ?