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Déclaration liminaire du Gouvernement du Mali

relative à la grève des syndicats de l’éducation, signataires du 15 octobre 2016.

1. Contexte :
L’année scolaire 2018-2019, a été fortement perturbée par une série de grèves
déclenchée par huit syndicats de l’éducation (SYPESCO, SYNEB, SYNEFCT,
SYNESEC, SYLDEF, FENAREC, COSES et SNEC) signataires du 15 octobre 2016.
Ces grèves se sont étalées sur une période de 6 mois, de décembre 2018 à mai 2019 et
comportaient 10 points de revendication.
Après plusieurs mois d’âpres négociations et grâce à l’implication de tous les acteurs
et partenaires de l’école, un procès-verbal de conciliation a été signé par le
Gouvernement et les syndicats le 18 mai 2019. Le spectre d’une année scolaire
blanche qui se profilait a été ainsi évité. Les examens scolaires se sont bien déroulés
avec 52,47% d’admis au DEF et 25,12% au Baccalauréat.
La nouvelle rentrée scolaire 2019-2020 a débuté sous de bons auspices le mardi 01
octobre 2019 sur toute l’étendue du territoire national à l’exception des écoles
fermées pour cause d’insécurité.
La mise en œuvre du procès-verbal de conciliation signé par le Gouvernement et les
Syndicats de l’éducation se présente comme suit :
- Sept (07) points exécutés ;
- Deux (02) points en cours de réalisation ;
- Un (01) point retiré par les syndicats.

Par ailleurs, il y a lieu de noter que les efforts consentis par le Gouvernement aux
enseignants sont d’un montant de 24 057 571 436 FCFA sur la période de 2018 à
2021.

MONTANTS (FCFA)
Désignation TOTAL
2018 2019 2020 2021
Adoption du statut
autonome (plafond grille 5 620 050 308 5 620 050 308
passant de 920 à 1060)
Octroi prime d'équipement 2 723 521 128 2 723 521 128
Majoration Indemnité de
7 857 000 000 7 857 000 000 15 714 000 000
Résidence / 2ans

Total global 5 620 050 308 2 723 521 128 7 857 000 000 7 857 000 000 24 057 571 436

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Sur le plan de l’évolution salariale des enseignants, il y a eu des augmentations très
significatives.

A titre d’exemples :

- Un enseignant débutant de la catégorie A, classe 3, 1 er échelon, avait un


indice de 330 et un salaire brut de 242 781 FCFA suivant le statut général des
fonctionnaires (loi n°02-053 du 16 décembre 2002, modifiée). Aujourd’hui,
grâce au statut autonome, ce même enseignant a un indice de 350 et un salaire
brut de 288 051 FCFA mensuel, soit une augmentation de 45 270 FCFA par
mois.

- Un enseignant de la catégorie A, classe exceptionnelle, 3 ème échelon avait un


indice de 920 et un salaire brut de 518 430 FCFA, suivant le statut général des
fonctionnaires (loi n°02-053 du 16 décembre 2002, modifiée). Aujourd’hui,
grâce au statut autonome, ce même enseignant a un indice de 1060 et un
salaire brut de 633 345 FCFA mensuel, soit une augmentation de 114 915
FCFA par mois.

- Un enseignant débutant de la catégorie B2, classe 3, 1 er échelon, avait un


indice de 250 et un salaire brut de 184 004 FCFA suivant le statut général des
fonctionnaires (loi n°02-053 du 16 décembre 2002, modifiée). Aujourd’hui,
grâce au statut autonome, ce même enseignant a un indice de 275 et un salaire
brut de 225 291 FCFA mensuel, soit une augmentation de 41 287 FCFA par
mois.

- Un enseignant de la catégorie B2, classe exceptionnelle, 3ème échelon, avait


un indice de 677 et un salaire brut de 383 052 FCFA suivant le statut général
des fonctionnaires (loi n°02-053 du 16 décembre 2002, modifiée).
Aujourd’hui, grâce au statut autonome, ce même enseignant a un indice de 725
et un salaire brut de 444 429 FCFA mensuel, soit une augmentation de 61 377
FCFA par mois.

Ces chiffres prennent en compte les primes et autres avantages accordés par le
Gouvernement.

2. La nouvelle revendication des syndicats de l’éducation :


Après un mois de cours, au moment où l’on s’attendait le moins, les syndicats de
l’éducation ont déposé un nouveau préavis de grève avec une nouvelle revendication
portant sur un seul point : l’application de l’Article 39 de la loi N°2018-007 du 16
janvier 2018, portant statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire,
de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale.
Cette nouvelle revendication des syndicats se réfère à l’accord conclu entre le
Gouvernement et l’UNTM le 29 janvier 2019, et qui octroie aux travailleurs du statut
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général, une augmentation de l’indice plafond à 1100 pour la catégorie A au 1 er
janvier 2019 et 1200 au 1er janvier 2021.
Toutefois, il faut rappeler que l’accord conclu avec l’UNTM en 2018, n’a été
appliqué qu’à partir de l’année suivante, à savoir 2019. Les travailleurs du statut
général ont consenti une année de pause en 2020. La deuxième tranche
d’augmentation ne sera faite qu’en 2021.
Les syndicats de l’Education estiment qu’ils doivent bénéficier de l’augmentation de
la grille salariale octroyée aux travailleurs du statut général, et ceci conformément à
l’Article 39 de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018, qui stipule que « Toute
majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du statut général
s’applique de plein droit au personnel de l’enseignement secondaire, de
l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale ».
Dans le cadre de la recherche de solutions, les syndicats ont été reçus par plusieurs
Responsables d’Institutions, acteurs et partenaires de l’école dont les ministres du
Dialogue social, du Travail et de la Fonction publique et celui de l’Education
Nationale, des Partis politiques, les familles fondatrices de Bamako, des leaders
religieux et la Commission de bons offices.
En les recevant le 04 octobre 2019, le Premier ministre, Chef du Gouvernement, a
reconnu le bien-fondé de leur revendication et a même pris des dispositions pour sa
mise en œuvre en créant une commission interministérielle pour examiner le dossier
en collaboration avec les syndicats.
Le Président de la République, lors de la célébration de la journée mondiale de
l’enseignant, le 05 octobre 2019, a manifesté un grand intérêt pour la satisfaction des
doléances des enseignants.

3. Ce que propose le Gouvernement :


Reconnaissant la légitimité de la revendication des syndicats, le Gouvernement, à
travers la Commission de conciliation a fait, lors des négociations tenues le 17 janvier
2020, les propositions suivantes :
- Une grille plafond de 1100 pour compter du 1er janvier 2020 ;
- Une grille plafond de 1200 pour compter du 1er janvier 2021.
L’incidence financière supplémentaire de cette proposition s’élève à 15 753 046 130
FCFA en 2020 et 2021.
Montant (en f CFA)
Année 2019 2020 2021 Total
Montant 0 4 466 623 680 11 286 422 450 15 753 046 130

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Contrairement aux fonctionnaires du statut général, le Gouvernement s’est dit disposé
à appliquer dès 2020 les augmentations proposées sans observer une année de pause.

Ces propositions ont été rejetées par les syndicats. Pour ces derniers, elle vise à les
ramener au Statut général des fonctionnaires et annuler leur statut autonome.
Par conséquent, les dernières négociations entre la Commission de conciliation et les
syndicats, tenues le 17 janvier 2020 se sont soldées par un échec.
4. Les exigences des syndicats de l’éducation :
Elles sont de deux ordres.
4.1 L’augmentation de la grille salariale :
Les syndicats exigent une augmentation de leur grille salariale de 180 points au 1er
janvier 2019 et 100 points au 1er janvier 2021. L’indice plafond des enseignants de la
catégorie A étant de 1060, cette augmentation les porterait à :
- Une grille plafond de 1240 (1060+180) pour compter du 1er janvier 2019 ;
- Une grille plafond de 1340 (1240+100) pour compter du 1er janvier 2021.
Cet article 39 profite plus aux enseignants qu’aux fonctionnaires du statut général.
Non seulement, ils bénéficient des avantages liés à leur statut particulier, mais aussi,
ils veulent profiter des avantages accordés aux fonctionnaires du statut général.
Les enseignants ont décidé de quitter le statut général de la fonction publique pour
s’ériger en syndicat autonome. Ce nouveau statut leur a permis d’avoir un indice
plafond de 1060, au moment où le fonctionnaire du statut général de la même
catégorie n’avait qu’un indice de 920 soit un écart de 140 points.
Ainsi, les acquis de l’UNTM ne devraient pas être applicables aux syndicats
autonomes et vice-versa. Autrement dit, on ne peut pas quitter la grande famille en
décidant de prendre son indépendance et prétendre continuer de bénéficier des
avantages obtenus par celle-ci.

4.2 La date d’application de l’article 39 :


Le gouvernement propose l’année 2020 pour l’application de l’article 39
contrairement aux syndicats qui exigent que l’application soit faite depuis le 1er
janvier 2019.
L’incidence financière de l’application de l’Article 39 telle exigée par les syndicats
de l’éducation se présente suivant le tableau ci-dessous :
Montant (en f CFA)
Année 2019 2020 2021 Total
Montant 23 020 361 867 23 020 361 867 12 787 472 651 58 826 196 385

5. Le déclenchement de la série de grèves :


Après plusieurs démarches infructueuses, la synergie des syndicats de l’éducation a
déclenché une série de grèves avec rétention des notes :
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- une grève de 05 jours (120 heures), allant du lundi 16 au vendredi 20 décembre
2019 ;
- une grève de 5 jours (120 heures) allant du 6 au 10 janvier 2020 ;
- une grève de 14 jours (336 heures) allant du 21 janvier au 07 février 2020.
Comme on peut le constater, la durée des grèves allant crescendo, c’est environ un
mois de cours perdu déjà dans les écoles publiques pour cette année scolaire 2019-
2020.
Par ailleurs, la rétention des notes des élèves, décidée par les grévistes est contraire à
l’éthique et à la déontologie de l’enseignement.
En outre, dans une lettre circulaire N° 051 datée du 08 décembre 2019 adressée à
leurs militants, les syndicats signataires du 15 octobre 2016, décident de prendre des
dispositions pour faire cesser les cours dans les établissements privés. Leur objectif
final est de paralyser tout le système éducatif du Mali.

6. Les marches organisées par les élèves :


Suite aux inquiétudes suscitées par cette nouvelle série de grève, les élèves de
plusieurs localités à travers le pays, ont organisé des marches pour exiger la reprise
immédiate des cours. Ce fut, entre autres, le cas des élèves de la Commune V du
District de Bamako qui se sont attroupés, le lundi 13 janvier 2020, devant la
Primature, pour exiger leur droit à l’éducation.
En les recevant, les conseillers du Premier ministre ont informé les délégués des
élèves, accompagnés de parents d’élèves de l’état d’exécution des anciennes
revendications de 2019 et de la nouvelle situation de 2020.
Ces marches des élèves sont actuellement en voie de généralisation dans tout le pays.

7. L’appel du Président de la République


Le Président de la République dans son adresse à la Nation à l’occasion du nouvel an
2020, tout en reconnaissant la légitimité et la légalité des revendications, a demandé «
une trêve sociale » à tous les syndicats, et ce, conformément aux résolutions du
Dialogue National Inclusif.
L’effort de guerre (le recrutement, l’équipement et la formation de nos Forces de
Défense et de Sécurité) absorbe à lui seul 24 % du budget national.
Contrairement à l’UNTM qui a accepté, les syndicats d’enseignants ont rejeté
cette demande du Président de la République et déclaré qu’aucune trêve sociale ne
sera possible sans l’application immédiate de l’article 39 de la Loi n° 2018-007 du 16
janvier 2018.
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Face à l’intransigeance des syndicats, force doit revenir à la Loi. Le Gouvernement
ne peut rester indiffèrent à cette crise qui met en péril le devenir du pays.

8. La déclaration du Premier ministre.


Le Premier ministre, lors de la présentation des vœux du Gouvernement au Président
de la République, a donné l’assurance que tout sera mis en œuvre pour éviter à
l’école malienne le spectre d’une année blanche.
Lors de l’atelier sur les orientations politiques de mise en œuvre des résolutions et
recommandations issues du dialogue national inclusif, le dimanche 19 janvier 2020
au CICIB, le Premier ministre, Chef du Gouvernement, dans le cadre de la résolution
de la crise scolaire, a déclaré :
« Si dans deux semaines, les enseignants ne décident pas de retourner en classes,
nous allons procéder à un recrutement exceptionnel de 15 000 enseignants qui ont
été formés dans nos Instituts de Formation des Maitres (IFM). Ils sont qualifiés
sans emploi et qu’on peut utiliser sur la base d’un volontariat ».

9. Les réactions des syndicats :


Cette déclaration du Premier ministre a fait l’objet de critiques violentes par les
enseignants sur les réseaux sociaux et dans les médias. Ils ont vivement réagi en
prêtant au Premier ministre, la fausse intention de vouloir les radier de la Fonction
publique.
Il ne s’agit point de radiations d’enseignants. Le chef du gouvernement n’a jamais
parlé de radiation et cela n’est point envisagé. Le gouvernement tient à la réouverture
des classes.

10. Conclusion
Le Gouvernement reste ouvert au dialogue à travers la commission de suivi de la
mise en œuvre du procès-verbal de conciliation, la commission de conciliation, la
commission de bons offices et toutes les bonnes volontés qui se sont investies dans la
recherche de solutions à cette crise.
Le souhait le plus ardent est, tout en respectant le droit de grève des syndicats,
d’éviter la situation que nous avons connue l’année dernière pour l’avenir des enfants
et de notre école.

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