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ELVOL LIBRE
#
:S UNIVERSITAIRES DE FRANCE
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https://archive.org/details/deltaplaneetvoll0O000hube
_ Deltaplane
Deltaplane
et vol libre
HUBERT AUPETIT
ISBN 2 13 037564 2
Dépôt légal — 1r° édition : 1983, octobre
© Presses Universitaires de France, 1983
108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris
INTRODUCTION
L — La préhistoire
Certains prétendent que le rêve du vol a toujours
appartenu à l’homme, imprégné dans ses cellules
comme l'instinct de manger, boire ou se reproduire.
Une chose est sûre : il a toujours cherché à dépasser
les limites que lui imposent a priori une frêle constitu-
tion physique et de faibles moyens énergétiques;
traverser des mers qui l’avalent, escalader des mon-
tagnes qui le rejettent, explorer des gouffres qui
l’étouffent…
Voler procède sans doute de ce besoin de conqué-
es; l’idée de « coloniser l’air » a d’ailleurs laissé
quelques traces dans nos livres d'Histoire : [care, de
Vinci, Cayley, Le Bris et, fin dix-neuvième début
vingtième, une Joyeuse bande d’excentriques ayant
pour noms Lilienthal, Chanute, Montgomery, Pilcher,
etc., que l’on peut considérer comme les précurseurs
du Vol Libre.
Otto Lilienthal a effectué plus de 2 000 vols planés
en Allemagne entre 1890 et 1895, décollant et
atterrissant à pied, atteignant des altitudes de
300 mètres.
Octave Chanute a conçu de superbes ailes multi-
planes qu’il expérimenta entre 1896 et 1900 près de
Chicago.
John Montgomery a réalisé en Californie le 29 avril
1905 l'exploit d’une descente planée parfaitement
contrôlée après largage depuis une montgolfière à
1 200 mètres d'altitude.
Il est étonnant de constater que ces pionmiers de
l'aviation générale ont d’abord cherché dans la voie
du vol plané, libre pourrait-on dire, avant d’utiliser le
moteur pour des raisons de commodité ;une poussée
mécanique pallie les médiocres performances d’une
aile construite avec des matériaux rustres et lourds,
conçue à tâtons.
Viennent le Première Guerre mondiale, l’utilisation
de l’aéroplane pour l’observation, la reconnaissance et
le combat aérien. On cherche, on travaille, on peau-
fine l’engin plus puissant, plus capable, plus utihtaire,
on quitte l’idée du vol de l'oiseau empreinte de grâce
et de silence.
Elle sommeillera jusqu'en 1921, date à laquelle les
Allemands, sevrés d'aviation par le traité de Ver-
sailles, s’intéresseront à nouveau au planeur en organi-
sant le concours de prototypes de la Rhôn ([1]). Ces
machines sont lourdes, volent donc vite, trop vite
pour être décollées à pied; il faut une assistance
mécanique, la traction d’un avion ou d’un treuil.
L'Histoire rate son second rendez-vous avec le Vol
Libre, c’est la naissance du Vol à Voile reconnu et
pratiqué aujourd’hui dans de nombreux pays.
IL — L'éclosion
10
mais abandonnée au profit de méthodes de repêchage
maritime. F
Pas pour tout le monde !
La simplicité de réalisation de l’aile Rogallo sollicite
de nombreux «< constructeurs du dimanche » qui
bricolent des cerfs-volants dans leur atelier.
L’armée américaine et quelques fabricants de para-
chutes mettent au point et utilisent pendant une brève
période le Delta Parawing.
En 1962 un skieur nautique australien, John Dic-
kenson, troque le cerf-volant classique avec lequel il
s’amuse à survoler l’eau contre une aile delta, suivi de
peu par ses compatriotes Bull Bennett et Bill Moyes.
Tout de suite apparaît le potentiel énorme de la
formule : meilleures performances, meilleure mania-
Fig. 1
III. — Le développement
Le Vol Libre est né et se développe, aux Etats-Unis
d’abord, puis dans la majorité des pays développés.
L’aile est d’un maniement aisé, elle se transporte
facilement. Aérodynamiquement sûre : pas encore,
solide : pas encore, performante : pas encore.
Les constructeurs prolifèrent, toujours à petite
échelle, et travaillent sur des bases totalement
empiriques.
En 1973, Dave Killbourne réalise le premier « vol
de pente » : il parvient à s'élever par rapport à son
point de décollage et tenir l’air dans le courant
ascendant engendré par la déflexion de la brise de mer
sur une falaise. Peu de temps après, des pilotes
exploitent pour la première fois les ascendances
12
thermiques bien connues des habitués des planeurs.
Le Vol Libre devient une activité permettant de
passer des heures en l’air dans des paysages magni-
fiques, et de parcourir des dizaines de kilomètres en
_ utilisant la seule énergie de l’air. Il faudra cependant
encore un peu de temps pour qu'il puisse garantir un
niveau de sécurité satisfaisant.
17
du progrès depuis les débuts. C’est regrettable quand
l'erreur se paie en vies humaines, mais bénéfique
quand l’absence de contraintes et de lois stimule le
génie créateur.
Le mimétisme — C’est la maladie mfantile de la
profession, difficile à guérir car contractée pour raison
économique. La recherche coûte cher, le marché est
restreint, un constructeur ne peut pas se permettre
deux échecs successifs, la copie est parfois le seul
remède contre la faillite. Si aucun constructeur
n'avait, à un moment ou à un autre, pratiqué la copie,
il n’en resterait plus. Bien sûr il y a des abus. les
dispositions législatives en matière de protection in-
dustrielle s’appliquent très mal au Vol Libre, un
certain nombre de fabricants vivent depuis les débuts
sur les idées des autres. Mais quand il s’agit d'utiliser
au mieux de nouvelles et bonnes idées, la démarche
profite aux lhibéristes et limite les dégâts que pourrait
causer la multiplication sur le marché de formules
« révolutionnaires » à petits tirages.
L’éclosion récente de l'Ultra-Léger Motorisé peut, à
terme, aider l’industrie du Vol Libre. Quand la
surenchère sur les motorisations aura cessé, les fabri-
cants d'ULM orienteront leurs recherches vers de
meilleures aérodynamiques. Le marché de l’aile pour-
rait être ainsi régénéré par de nouveaux capitaux, le
risque étant de le voir absorbé par le marché potentiel-
lement plus fort du motorisé. La seule arme du Vol
Libre, amateur ou professionnel, est la passion. C’est
elle qui lui a permis de tenir jusqu’à présent avec
un nombre d’adeptes limité, en dépit des crises de
jeunesse que le sport a déjà traversées.
20
CHAPITRE II
LE MATÉRIEL
Aïle, harnais, casque, parachute, instruments de
bord, le pilote porte tout son matériel pendant les
courses du décollage et de l’atterrissage. Ceci impose
des limites strictes au choix des matériaux utilisés.
Tout doit être portable, le maître-mot est légèreté ; les
choses se compliquent lorsqu'il s’agit de faire rimer
légèreté avec solidité, fiabilité et commodité.
VD liule
Pas de piste interminable, pas de moteur, pas de
treuil, pas d’avion tracteur : l’aile de Vol Libre a ceci
de supérieur à ses consœurs aéronautiques qu’elle ne
décolle qu’avec l’énergie des jambes de son pilote sur
une courte pente un tant soit peu dégagée. Le revers
de cet avantage étant bien sûr une limitation de
l'encombrement, une vitesse « humaine » donc fai-
ble, des performances modestes.
Si pour beaucoup le Vol Libre évoque l’aile de toile
en forme de delta, l’aile « souple », il ne faut pas
négliger le « planeurà bretelles » des débuts qui s’est
propulsé à travers le siècle pour se dénommer mainte-
nant « aile rigide »; comme son nom l'indique, il
s’agit d’un appareil dont la forme de la voilure est
parfaitement fixée en vol, soit au moyen d’une
puissante contrainte de structure lorsqu'elle est en
21
toile, soit au moyen d’une construction entièrement
rigide proche de celle du planeur ou de l’avion modèle
réduit.
L’aile souple est utilisée en grande majorité mais sa
consœur soulève l'intérêt du fait du supplément de
performances qu’elle propose.
Roulis Baguette
(axe) de calage
Harnais (sangles)
Montants de trapèze
Intrados
Barre de contrôle Transversale
Cale-pieds
Fig. 2
25
C) L'utilisation. — L’aile libre souple pèse entre
20 et 40 kg et se vend (1983) de 7 à 15000 F. Elle
est présentée dans une housse de toile légère et se
replie entre 3 et 6 m. Outre les efforts pour assurer
une bonne qualité de vol et une solidité suffisante, le
constructeur doit lui donner un niveau de sécurité
acceptable et une finition < commerciale ».
a) Les accessoires importants.
a) Le point d’attache, où le pilote attache la sangle
de son harnais pour se suspendre, est généralement
constitué d’une boucle de corde ou de sangle solide; 1l
doit pouvoir se déplacer facilement pour permettre un
réglage facile du centrage (chap. I).
Beaucoup de libéristes utilisent une double-attache
de sécurité.
B) Calage des bouts d'ailes. I a paru souhaitable
pour des raisons aérodynamiques (chap. IT) de limi-
ter le débattement de la voile vers le bas. Les
Américains ont créé le floating tip à cet office.
Ce terme est malheureusement devenu floating
pour beaucoup de Français, d'autant plus impropre-
ment que ces baguettes de calage sont en général fixes.
y) Ficelles de rappel. Pour un motif analogue, les
constructeurs ont été amenés à limiter le débattement
de la partie centrale de la voile vers le bas au moyen
de cordes ou cäbles métalliques reliés au mât ou aux
haubans supérieurs.
b) La finition. — Le fabricant fait flèche de tout
bois pour parvenir à la meilleure finition possible.
a) Anodisation noir ou or, esthétique de l’accastil-
lage et des parties extérieures. Il est d’ailleurs fré-
quent que ce souci d'esthétique soit compatible avec
l’aérodynamique et réduise la prise au vent de cer-.
taines pièces.
B) On a vu toutes sortes de montages; les plus
rapides ne demandent pas plus de 5 minutes, les lents
26
un quart d'heure, voire vingt minutes. L’évolution va
vers la simplification.
y) Enormément de réglages sont possibles; au
constructeur d’en proposer de commodes et efficaces,
expliqués dans un manuel. Cette question est fonda-
mentale ; on passe d’une aile sûre à une aile dange-
reuse, d’une aile facile à manier à une aile épouvanta-
blement difficile, d’une aile rapide à une aile lente en
modifiant simplement une longueur de ridoir ou la
tension de la voile. Les réglages les plus courants
seront explicités dans le chapitre HI.
27
Manta Fledge I
Empennage
Mitchell Wing
et cage de pilotage
Le pilote pose ses pieds sur la
barre frontale après le décollage
Fig. 3
28
C) L'utilisation. — L'’aile rigide est peu repliable
lorsqu’elle n’utilise pas la technologie de l’aile souple.
Elle nécessite généralement l’usage d’une remorque
pour le transport.
Elle n’est souvent pas plus chère que sa consœur
car les heures de main-d'œuvre, offertes par l’ache-
teur lui-même, sont « gratuites ». Elle est cependant
_ moins robuste au sol : son revêtement est sensible
aux accrocs, et la rigidité impose des efforts plus
importants à la structure.
Le pilote est en général assis dans une « cage de
_ pilotage » de type Chanute, sur une sorte de hamac.
Il peut descendre ses deux jambes pour le décollage et
l'atterrissage, et les replier devant lui en vol (voir
fig. 3).
Sur certains modèles 1l déplace son poids d’avant en
arrière pour commander sa vitesse, mais sur tous il a
une manette, poignée ou manche pour commander les
virages.
Outre la différence de sensations offertes par cette
position qui le rapproche plus de celle du Vol à Voile,
le « rigidiste » apprécie avant tout l'efficacité de
. manœuvre et le supplément de vitesse qu'il a par
rapport au « soupliste ». Les commandes aérodyna-
miques, beaucoup plus efficaces, permettent l’utilisa-
tion de géométries plus ambitieuses et proches de
celles des planeurs.
L’aile rigide est un véritable « planeur à
bretelles »…
II — Le harnais
29
bien sûr limité par le sempiternel écueil du poids et de
l’encombrement.
Harnais couché :
Harnais cocon pattelettes et étrier
Parachute ventral
Harnais
couché-dos
30
conduit à des emmêlages et des séances de réglages
inextricables.
De plus, le harnais couché doit autoriser la position
debout pour permettre la course du décollage et
l'atterrissage. Ce problème a été diversement résolu.
Plusieurs prototypes de harnais « bulles » ont vu le
jour, aucun n’ayant encore donné pleinement satisfac-
tion. Il s’agit d'inclure le pilote dans une coque à
faible traînée, donc de s’attaquer à l’une des princi-
pales sources de traînée; on en attend de gros
progrès.
31
IL — L'équipement de sécurité
NS
voyait des pilotes percuter le sol après plusieurs
centaines de mètres de chute quasi balistique, dans le
‘ bruit d’enfer d’une voile flottant comme un drapeau.
Il était bien entendu nécessaire de ‘s'attaquer aux
causes de tels phénomènes (brillamment expliqués
par les études en soufflerie de Claudius La Burthe à
4. Equipements exceptionnels
A) Haute altitude. — Pour les vols en haute
altitude tels ceux pratiqués dans la «< vallée des
records » — Owens Valley — en Californie où la
croisière à 5 000 ou 6 000 m en ascendance thermi-
que n’est pas rare, il est fortement conseillé d’empor-
ter une réserve d'oxygène et de se munir de sous-
vêtements particulièrement chauds, même si la tempé-
rature au niveau du décollage dépasse 30 °C à |
4
l’ombre ! ;
Aux latitudes françaises ce type de vol est impossi-
ble; il est rare de rencontrer des conditions aérologi-
ques permettant de dépasser 4 000 m.
36
parachute de fremage, fait pour faciliter les atterris-
sages et les approches délicates, n’a guère emporté
adhésion des libéristes.
38
de la bonne vitesse, et des bons réflexes, au voisinage
du décrochage par exemple (chap. III); certaines
situations demandent des réactions si rapides qu’il
n’est pas envisageable de passer par l’intermédiaire
du cerveau conscient.
Par contre pour la détermination tactique de la
_ vitesse (optimiser un parcours, épreuve de compéti-
tion, mesure de performances, etc.) l'indicateur
devient utile. Il l’est de plus en plus car les plages de
vitesse disponibles augmentent.
Rappelons qu’à bord d’un aéronef on ne mesure
commodément que la vitesse par rapport à l’air.
Différents systèmes sont possibles : boules, hélices,
venturi, dépression, etc. Aucun n'indique de vitesse
absolue car les mesures sont obligatoirement affectées
par l’écoulement de l’air autour de l’aile ; ceci n’a pas
d'importance, seule comptant la fidélité de la méthode
de mesure.
Les qualités à rechercher pour un bon indicateur de
vitesse sont : fidélité, commodité, facilité de lecture,
avec graduations en km/h (ou quarts de m/s).
V. — L’entretien et le transport
1. Accessoires. — Tous doivent être rangés dans
un sac après chaque vol. C’est à la fois une mesure
contre l’oubli et les dommages divers aux transports.
Seul le parachute demande un soin spécial, avec
pliage et repliage tous les 3 mois environ, faute de
quoi l’ouverture éventuelle risque d’être moins rapide.
39
Il faut également inspecter périodiquement les cou-
tures du harnais et l’état de surface du casque. En
gros entretenir en écoutant son bon sens.
40
Pour le transport, l’aile dans sa housse doit être
posée sur une galerie protégée de mousse, en évitant
les parties ballantes trop importantes.
Al
CHAPITRE III
LES IDÉES
I. — Précis d’aérodynamique
et de mécanique du Vol Libre
1. Les forces aérodynamiques. — Un objet quel-
conque en mouvement perturbe l’équilibre de l’air; il
crée des « tourbillons », 1l agite les molécules d’air
qui exercent des forces tendant à perturber le mouve-
ment. Ces forces, réaction de l’air au mouvement,
sont par définition des forces aérodynamiques. On a
coutume de les additionner vectoriellement pour en
faciliter l’étude, la ramenant à celle d’une force
unique, la résultante aérodynamique s’exerçant en un
point nommé centre de poussée. On notera l’analogie
avec le poids et le centre de gravité.
Le travail du concepteur d’aéronef est de domesti-
quer et d'orienter la résultante aérodynamique dans
un sens qui lui convienne.
43
A) Profils — On appelle profil d’un objet en
mouvement dans l’air une coupe de cet objet dans un
plan vertical contenant la direction du mouvement.
Il va de soi que la notion n’a guère d'intérêt pour
l'étude d’un piano en chute libre, mais acquiert son
utilité lorsqu'on s’attaque à une aile d’oiseau ou un
carénage de voiture.
Extrados Portance
Intrados
45
de référence lié au profil, arbitraire mais choisi de
manière logique (axe de symétrie, quille d’une aile de
Vol Libre, etc.).
L’écoulement dépend bien sûr de la forme du profil,
définissant pour chaque portion une « incidence
locale >» ; on prend pour direction générale de l’écoule-
ment celle des filets d’air en dehors de l'influence du
profil.
L'’incidence ne se voit pas car l’air est incolore,
seule évalue-t-on à l’œ1il l'assiette, c’est-à-dire l’angle
entre l’horizon et l’axe de référence, qui n’est pas une
notion aérodynamique.
Zone
décrochée
46
En effet l’air n’est pas assez « fluide » pour
s'adapter à tout écoulement. Le phénomène de susten-
tation est alors fortement diminué: la portance aussi.
On dit que le profil est en décrochage.
Entre l’incidence nulle et les grandes incidences
existe une incidence dite de décrochage, correspon-
dant à une baisse brutale de portance due à un
écoulement soudain tourbillonnaire. À chaque vitesse
correspond une incidence de décrochage.
2 Angle de nez
te
——————— ENVEIQUTE ————
Pilote + harnais
(position couchée) 0;714 3,6
Câbles (40 m) 0,852 4,3 Traînée
Trapèze + mât 1,070 5,3 parasite
Barre transversale 1,510 US 20,7 %
Traînée propre de la voilure 2,410 12,0
Traînée mduite 13,400 67,3
Va Vitesse horizontale
Angle de
finesse maxi
VW max
Vv mini
v
Dennl
Point de taux
de chute mini
Point de finesse
maxi
Vitesse
verticale
Fig. 11 Piqué
51
II. — Application au pilotage d’une aile souple
1. Les contrôles.
A) Contrôle en tangage. — Il permet de faire
varier l'incidence, donc la vitesse, en cabrant ou en
piquant la voilure.
— Le pilote tire sur la barre de contrôle : il en
résulte une diminution d'incidence instantanée entrat-
nant une diminution de portance (1 1. F), d’où
accélération.
— Le pilote pousse sur la barre de contrôle :
augmentation d'incidence, augmentation de portance,
ralentissement.
Ce mécanisme reste applicable à la plupart des ailes
rigides, qui utilisent le déplacement du poids comme
contrôle en tangage.
En résumé, on tire pour accélérer, on pousse pour
ralentir.
C’est a priori l'inverse des commandes d’un avion
classique ; en fait, dans tous les cas la commande
accompagne le mouvement de l'avion.
52
Commande
de tangage
Roulis créé
par le dérapage
Fig. 12
a) L’inclinaison n’est pas un paramètre aérodyna-
mique. C’est l’angle entre l'horizon et l’axe de réfé-
rence transversal de l’aile (axe de tangage), par
exemple la barre transversale.
C’est l’analogue, pour le roulis, de la notion d’as-
siette pour le tangage.
b) Le dérapage est une notion aérodynamique.
Pour une aile en mouvement c’est l’angle entre
l’écoulement de l’air et l’axe de référence longitudinal
(axe de roulis), par exemple la quille.
c) Effet girouette. — C’est la réaction, sur l’axe de
lacet, de l’aile au dérapage.
Il est positif s’il se traduit par un mouvement
autour de l’axe de lacet s’opposant au dérapage,
négatif dans le cas contraire. Il caractérise la < stabi-
lité de route ».
d) Effet dièdre. — C’est la réaction, sur l’axe de
roulis, de l’aile au dérapage.
Il est positif s’il tend à inchiner l’aile du côté opposé
à celui de l’attaque de l’air, négatif dans le cas
contraire.
e) Mise en virage (côté droit). — Le pilote déplace
son corps sur la droite en s’aidant de la barre de
contrôle. Il crée un couple tendant à incliner l’aile vers
la droite et faisant apparaître une attaque d’air
oblique.
Si l’appareil est bien conçu, il réagit en s’inclinant
vers la droite (effet dièdre négatif) et oriente le cap
vers la droite (effet girouette positif).
Les deux caractéristiques importantes pour une
telle manœuvre sont la rapidité et l’intensité de
réaction à la sollicitation du pilote : celui-ci veut
pouvoir changer de direction prestement et sans
efforts.
f) Virage stabilisé. — Si le pilote reste dans la
position qu'il a adoptée pour la mise en virage,
54
inclinaison et dérapage s’amplifient ; de plus le mouve-
ment a une « trace » sur l’axe de tangage, sous forme
d’un moment à piquer (le « nez de l’appareil pointe
vers le bas »). Il y a en effet un déficit de résultante
aérodynamique ; celle-ci ne compense plus le poids,
d’où perte supplémentaire d’altitude.
Le pilote doit pousser sur la barre de contrôle s’il
veut s’opposer à cette prise de vitesse en tangage, et
revenir vers la gauche pour limiter l’inclinaison.
_ L'apparition de la force centrifuge dès que la trajec-
toire s’incurve l’aide d’ailleurs à le faire.
L’inclinaison se stabilise, le dérapage diminue ou
s’annule, l’aile s’installe en virage équilibré; la force
centrifuge s’ajoute au poids pour donner un « poids
apparent » compensant la résultante aérodynamique,
R Ri
Ra
Force
centrifuge
Poids
: apparent
De l'utilité
de pousser pour
cadencer le virage
Fig. 13
55
devenue oblique et prenant une valeur plus impor-
tante qu’en vol rectiligne équilibré.
Si le phénomène peut être ainsi décrit de manière
assez précise qualitativement, il est difficile, parfois
impossible, d’en avoir une description quantitative :
vitesse de roulis, de lacet, etc. Le mélange effet-dièdre
effet-girouette détermine l’aptitude de l’aile au virage,
il doit être savamment dosé par le constructeur. Ce
dernier, par exemple, fait souvent en sorte que les
modifications d’inclinaison s’obtiennent aux seuls
mouvements de pousser ou de tirer du pilote. Ou bien
qu’un mouvement de «< guidonnage » des bras sur la
barre de contrôle crée un dérapage suffisant pour
exécuter de petits virages ou de petites corrections.
Les qualités à rechercher dans une aile pour le
virage équilibré sont encore une fois rapidité de
réaction et économie de gestes et d’efforts pour le
maintien ou la modification des trajectoires. Certains
modèles, « instables transversalement »., ont ten-
dance à augmenter l’inchinaison, d’autres « stables
transversalement » à la diminuer, les deux types
demandent donc des efforts pour respecter une incli-
naison donnée, ce qui est néfaste. La plupart cepen-
dant ont un comportement variable avec le régime de
vol, par exemple stables aux basses inclinaisons et
neutres au-delà, instables aux basses inclinaisons et
stables aux fortes.
g) Sortie de virage stabilisé à droite. — Elle
consiste à tirer modérément sur la barre de contrôle
tout en déplaçant le corps à gauche, puis à revenir
vers le centre en repoussant.
56
À) Analyse qualitative du décrochage symétrique.
— On a décrit le décrochage d’un profil comme une
perte brutale de portance, une chute de la résultante
aérodynamique due à une incidence trop forte d’où
discontinuité soudaine de l’écoulement de l’air. Mais
une voilure d’aile souple est constituée d’une infinité
de profils travaillant à une multitude d’incidences.
On définit le vrillage comme étant la variation
d'incidence dans un écoulement d’air donné, sur les
profils de toute l’envergure.
Les ailes de Vol Libre ont congénitalement un
vrillage positif, c’est-à-dire que l'incidence décroît à
mesure que l’on s'éloigne du profil central. Par suite
lorsqu'on ralentit progressivement, le profil central
décroche, alors que les profils en bouts d’ailes conti-
nuent de voler. Le phénomène de décrochage est donc
progressif, parfois difficile à définir exactement, et se
traduit par une perte de portance à l’avant d’où
moment piqueur tendant à réduire l’incidence. Cer-
taines ailes ne « décrochent » jamais vraiment à
l’occasion d’un pousser progressif et parviennent à
des phases de vol « parachutal » équilibrées. C’est
bien sûr une qualité de sécurité.
Par contre si l’on aborde le décrochage par une
rapide montée d'incidence (un pousser brusque par
exemple) on obtient un décrochage dit « dynami-
que », beaucoup plus radical puisque l’ensemble des
profils peuvent décrocher simultanément. Les réac-
tions peuvent alors être extrêmement mauvaises,
jusqu’à conduire à des passages dos par l’avant.
57
Cette vitesse dépend de la charge sous l’aile. Elle
augmente avec la racine carrée du poids du pilote.
58
son aile de « piqueuse » puisqu'il aura toujours un
effort à effectuer pour voler aux vitesses de croisière.
De même, ancré trop arrière, il qualifie son aile de
« cabreuse ».
Le premier besoin est donc de choisir un point
d'ancrage sur l’aile, qui donne la vitesse de croisière à
effort nul. Cette vitesse est en général choisie entre le
taux de chute minimum et la finesse maximum.
B) Rappel au neutre en tangage-stabilité. — Le
rappel au neutre en tangage à une certaine incidence
est la nature de l’effort que le pilote doit exercer sur la
barre de contrôle pour maintenir l’incidence, On
convient de le qualifier de positif lorsqu'il tend à faire
« cabrer » l’aile et négatif dans le cas contraire.
Une aile considérée comme stable en tangage a un
rappel au neutre positif et croissant à mesure qu’on
augmente la vitesse au-delà de la vitesse de croisière;
négatif en deçà de cette dernière.
C) Stabilité transversale. — La notion est beau-
coup plus difficile à cerner vu la difficulté de séparer
lacet et roulis. Une aile « considérée comme saine
transversalement » doit avoir un effet girouette posi-
tif empêchant les dérapages trop importants et une
forte stabilité de tangage en dérapage.
Nota : la compréhension des problèmes de stabilité
des ailes de Vol Libre est extrêmement ardue, les
spécialistes n’ont pas encore réussi à maîtriser tous
leurs aspects. Ce sport a toujours grand besoin d’un
solide appui théorique.
On se référera utilement à ([3]) pour les résultats
déjà obtenus.
60
C) Décrochages vent arrière et vent de face. — Le
décrochage est une notion aérodynamique, puisque
définie comme discontinuité des forces aérodynami-
ques qui s’exercent sur un profil. Que le vent soit de
face ou arrière, il n’y a donc pas de différence de
vitesse de décrochage tant qu’on parle de vitesse-air.
Mais un pilote qui vient de décrocher se préoccupe
beaucoup de la référence-sol car s’il n’est pas suffisam-
ment haut, il risque un retour brutal sur le plancher
des vaches !
Comme on l’a vu en 2, un décrochage se traduit par
une perte d'altitude : sous l'effet de sa stabilité
naturelle, l’aile prend de la vitesse pour retrouver une
allure de vol normale. La trajectoire-air qu’elle suit
est bien sûr indépendante du vent, elle correspond à
une phase « critique » transitoire pendant laquelle
l'aile n’est pas manœuvrable. Le pilote a la seule
ressource d'accompagner plus ou moins la réaction de
l'aile, ce qui a pour effet de respectivement diminuer
ou augmenter l’amplitude de la phase critique. La
trajectoire-sol suivie, que nous appellerons la trajec-
toire critique, dépend, elle, fondamentalement du
vent : une aile décrochant à 30 km/h dans un vent de
face de 30 km/h suit une trajectoire critique quasi-
ment verticale ; vent arrière au contraire, cette trajec-
toire est beaucoup plus tendue, le pilote a le temps de
_voir défiler beaucoup de paysage avant de se retrou-
ver en allure de vol normale. C’est là que réside le
danger : en décrochant vent arrière, un pilote prend
plus de risques que par vent de face car il survole plus
de paysage en situation vulnérable, et donc plus
d'obstacles potentiellement dangereux.
Deux remarques supplémentaires :
— Par vent arrière, le pilote tire une fausse
sensation de sécurité du défilement rapide du pay-
sage. Il vole vite par rapport au sol, et croit donc voler
61
vite par rapport à l’air, il est la proie idéale d’un
décrochage intempestif.
— Un gradient de vent accentue la ressource par
vent de face et la raccourcit par vent arrière : dans le
premier cas, l’aile pénètre dans des couches où le vent
est de moins en moins fort, la vitesse-air diminue,
le pilote doit compenser en prenant davantage de
vitesse; dans le second, le vent arrière devient de
moins en moins fort à mesure que l’aile s'enfonce, la
vitesse-air augmente d’elle-même...
62
au théorème de l’énergie cinétique : lorsqu'un mobile
se déplace entre un temps À et un temps B, la
différence d'énergie cinétique entre A et B est égale au
travail des forces appliquées au mobile. Dans le cas
d’une aile effectuant des virages réguliers par vent
nul, la pesanteur est compensée par la résultante
aérodynamique et la composante horizontale de la
RFA par la force centrifuge. Le travail est constam-
ment nul.
En présence de vent, RFA et poids sont inchangés,
mais la trajectoire n’est plus circulaire. La force
« centrifuge » varie sans cesse, elle ne compense donc
pas la composante horizontale de la RFA, il y a travail,
fourni par la masse d’air, d’où variation d’énergie
cinétique. L’aile prend de la vitesse en passant vent
arrière, en perd vent de face. :
Plutôt que de s’égarer dans des explications théori-
ques nécessitant des bases approfondies, on peut
comprendre tout cela en raisonnant très simplement
en termes de trajectoires : indépendamment de consi-
dérations de gradient auxquelles on attribue d’ailleurs
toujours trop d'importance, la différence essentielle
entre le virage vent de face et le virage vent arrière est
dans la trajectoire-sol. Par vent nul, une aile en virage
décrit une branche d’hélice circulaire. Un vent éven-
tuel « resserre » l’hélice face au vent et « l’allonge »
vent arrière. En d’autres termes, l'effet de dérive
diminue le rayon de courbure de la trajectoire(-sol)
par vent de face, et l’augmente par vent de dos.
Autrement dit encore, à égalité d’inclinaison, une aile
vire plus serré par vent de face que par vent arrière.
De là découlent tous les problèmes et ambiguités en
la matière.
Le pilote en approche d’atterrissage a un chemine-
ment par rapport au sol quasiment imposé par la
sécurité (arbres, obstacles, cible, etc.). Il doit donc
63
choisir sa trajectoire-air en fonction de sa trajectoire-
sol. Il doit incliner davantage ses virages vent arrière,
qui lui demanderont plus d'efforts et lui feront perdre
davantage d’altitude. Il aura vraiment cette impres-
sion que « c’est plus dur de virer vent arrière que vent
de face ».
Le pilote exploitant une ascendance à 1000 m
d’altitude ne se préoccupe pas de sa trajectoire-sol; 1l
a suffisamment de réserves d'altitude pour aller où 1l
veut. Il ne se préoccupe que de sa trajectoire-air,
s’efforçant de l'adapter au mieux à la forme de
l’ascendance, il est « dans la masse d’air », le vent ne
compte plus...
Le pilote exploitant des thermiques au ras d’une
pente est sans cesse partagé entre l'optimisation de sa
trajectoire-air pour monter le plus possible, et l’opti-
misation de sa trajectoire-sol pour ne pas percuter la
planète ou se laisser dériver dangereusement. Plus il
va s'élever, plus ses virages vent arrière lui sembleront
semblables aux virages vent de face.
1. Les contrôles.
Fig. 14
66
Atlas Comet
Lattes rigides
Bord d'attaque he
raidi au mylar
. Moyes Maxi Lancer IV
| Poche de qu ille Lattes souples
_ Puis
Voile grand allongement
tre”
ms
21 Renan
cit i Êull 10m
Ladre
JA (71) y
Bouts M y Siroccolll conique
radiaux : Transversale interne ai
7 |cirres on de lobe PALIN
lou
nifun PARC
PARU |
surface
2 102° angle de IS
1e lobe 7
SN rofécte
Saumons 70° angle
tronqués : de nez Seagull III
1 lobe 1020 nez
Bord d'attaque
Quille Cylindre conique
réduite
Standard Rogallo
82° nez 6°lobe
25 allongement
Fig. 15
67
porter ; elle se met à flotter à la manière d’un drapeau.
Des constructeurs lui adjoignent des lattes —
comme sur les voiles des bateaux — ou des haubans
de bords d’attaques (chap. Il), préforment les four-
reaux de bords d’attaque pour diminuer le faséyement
des voiles, ajoutent des « ficelles anti-drapeaux » ; le
« Standard » s'améliore mais reste dangereux; les
finesses sont de l’ordre de 3 vers 30 km/h.
Bout d'aile
= flexible
/ va Poche de quille
Voile Quille
Fig. 16
BIBLIOTHEQUE
Université du Québec à Rimouski
— Plus la charge est forte, plus ils se vrillent,
moins ils portent, moins ils imposent d’efforts à
la structure, par exemple en turbulence. On peut
dès lors se débarrasser des haubans de bords d’atta-
que, ils ne sont plus justifiés par des exigences de
résistance.
— Pour des raisons analogues les bouts d’ailes
obéissent mieux à la mise en virage, ils se comportent
à cette occasion un peu comme des girouettes.
— Là où la voile porte le plus, c’est-à-dire au
centre de l’envergure, la présence des lattes améliore
de façon significative le rendement aérodynamique.
b) La poche de quille. — C’est une pièce de tissu
rapportée sur la partie centrale de la voilure, rempla-
çant le fourreau de quille; une sorte de fourreau de
quille très lâche.
Il est difficile de déterminer le mobile exact de son
inventeur Bill Moyes, mais on peut être sûr qu’il ne se
doutait pas du bond en avant qu’elle allait provoquer.
La mise en virage d’une aile est la réponse au couple
causé par le déport du poids du pilote sur le côté (II 1.
A) c)). La poche de quille accélère et intensifie la
réponse, en donnant la possibilité à la voile de
« rendre du tissu », de se creuser côté virage.
Encore une fois la théorie du Vol Libre progresse
grâce à la pratique; la poche de quille permet de
comprendre les mécanismes exacts du virage, et de
réaliser des machines de plus en plus parfaites en
qualités de vol transversales. Au lieu de se lamenter
sur les inconvénients en performances dont est respon-
sable la souplesse des voiles, on sait désormais qu’on
peut en tirer parti et inventer une nouvelle aérodyna-
mique. Une voile n’est plus formée de deux poches de
part et d’autre de la quille constituant deux ailes
médiocres, c’est une seule aile, souple, capable de se
_ déformer à profit selon les efforts du pilote.
71
à LU
72
cl Pates ta
voilure un profil rigoureux; c’est elle qui conditionne
la presque totalité des progrès ultérieurs.
c) Le « Super Scorpion Hiway ». — Réponse du
concepteur Steve Hunt de l’usine britannique Hiway
au « Gryphon », le « Super Scorpion » va jusqu’au
\
bout dans la logique Moyes, c’est-à-dire dans la
maniabilité.
18 m° de tissu pour le modèle le plus répandu, une
_ voile assez creusée très travaillée, des lattes souples, le
pari est gagné : nombreux sont les pilotes du « Super
Scorpion » battant leurs camarades pourtant dotés
d’ailes de meilleures performances, grâce à leur
facilité d'exploiter le moindre souffle d’air.
Le « Gryphon » est plein de possibilités, mais
difficile à exploiter, le « Super Scorpion » triomphe
par sa facilité d'utilisation ; la plupart des construc-
teurs réaliseront un modèle de la même veine.
d) Le « Jet » et l’ « Atlas » La Mouette. — Le
constructeur et champion français Gérard Thévenot a
lui aussi, en 77, réalisé son aile australienne. Il a vu
ensuite la réussite du « Gryphon », son expérience de
pilote de Vol à Voile lui a appris à connaître la forme
d’un profil porteur. Il sort au printemps 1978 le
« Jet », avec deux idées essentielles :
— un profil donné par des lattes rigides préformées,
dont la cambrure est très prononcée et placée vers
l'avant;
— un fourreau de. bord d’attaque très agrandi,
faisant une sorte de voile à double-surface don-
nant un profil épais.
Les performances à basse vitesse sont stupéfiantes,
à peine 1 m/s de taux de chute minimum vers
27 km/h, ainsi que la facilité d’utilisation ; mais le
« Jet » a un vice d’instabilité qui le fait passer sur le
dos dans certaines situations.
73
Il est retiré de la circulation et remplacé par
| « Atlas », fortement diminué en double-surface, au
printemps 1978. Immense succès mondial. L’ « At-
las » est sain, facile, sûr et performant. Il gagne toutes
les compétitions internationales pendant deux ans.
4. La quatrième génération.
À) Le « Phoenix Mariah ». — Le constructeur
américain Bill Bennett pour supprimer la traînée de la
barre transversale, l’intégre dans une voilure double
surface, c’est le « Phoenix Mariah » ; nous sommes en
1978. La transversale est alors devenue « flottante »,
elle n’est plus fixée de manière rigide à la quille ; c’est
une invention géniale, à la « monsieur Jourdain » car
on ne réalisera que deux ans plus tard que son rôle
essentiel est de permettre le déplacement de l’ancrage
du pilote, diminuant le travail qu'il doit fournir
latéralement pour la mise en virage ou la réponse aux
turbulences.
Mais le « Mariah » est un échec tant en perfor-
mance qu'en stabilité et en solidité, les idées qu'il
contient vont sommeiller pendant deux années.
75
si
76
. rendre totalement indépendantes les deux demi-voiles
#,
Fig. 18
78
5. Les ailes rigides. — L'évolution des ailes
rigides dans l’histoire du Vol Libre est beaucoup
moins linéaire : il existait depuis longtemps des
- modèles dotés de très bonnes performances, maïs si
peu praticables du fait de leur poids, leur vitesse ou
* leur encombrement par des pilotes désirant décoller et
atterrir à pied qu'ils ne se sont pratiquement pas
diffusés.
80
CHAPITRE IV
LES HOMMES
45 % de pratiquants d’âge compris entre 26 et
39 ans, 28 % en dessous de 25 ans, 26 % au-dessus
de 35 ans, c’est ce qui ressort d’une enquête sociologi-
que menée avec rigueur par Christian Pociello pour
l’Institut National des Sports.
On y découvre que la majorité des libéristes habite
en région de plaine (45 %), 32% en montagne et
18 % en pays vallonné.
Paris fournissait en 1978 20 % des effectifs fans
çais, les villes de plus de 100 000 habitants 27 %, de
plus de 20 000 16 %, le reste des pilotes étant réparti
en communes rurales ou en habitat dispersé.
Près de 40 % des hbéristes parcourent plus de
100 km pour se rendre à leur site habituel. Plus des
deux tiers ont le baccalauréat, 40 % ont un salaire
mensuel compris entre 4000 et 6000 F (1978),
36 % sont célibataires et 8 % sont des femmes, cette
proportion devant être réduite si l’on ne veut prendre
en compte que le nombre de brevetés.
Ce travail de romain dont nous ne présentons ici
que quelques aspects statistiques est une contribution
fondamentale à l’étude d’un si jeune sport, dont la
pratique, comme on le verra dans les paragraphes
suivants, est extrêmement diversifiée sur notre terri-
toire.
81
I. — Le pilotage de base
Vitesse de course —
Vitesse de décollage
Vitesse de course =
Vitesse de décollage
— Vitesse vent
Vent arrière
2 “4 Vitesse de course =
Vitesse de décollage
+ Vitesse vent = crash!
85
qu’un pilote doit connaître et travailler fréquem-
ment.
87
venu à l’arête de la pente, le courant est soumis à la
pesanteur qui tend à faire redescendre les molécules
d’air, mais aussi aux forces d'inertie et de viscosité qui
s’y opposent ; il en résulte des turbulences en aval de
l'obstacle, parfois d’une violence extrême, au point de
rendre impilotable un aéronef.
Fig. 21
90
relativement plus chaude s’élève ; en s’élevant elle se
refroidit, elle continue à s'élever jusqu’à ce que sa
température s’équilibre avec celle de l’atmosphère
environnante. C’est ainsi qu’en été sous nos latitudes,
on observe couramment l’apparition de colonnes de
plusieurs dizaines de mètres de diamètre, sièges de
courants ascendants de quelques mètres par seconde
actifs sur plusieurs centaines de mètres d’altitude.
b) Nuages de convection. — La vapeur d’eau est
un gaz invisible toujours présent dans l’atmosphère,
dans des proportions variables. Moins l’atmosphère
est chaude, moins la quantité de vapeur admissible
est importante. Par suite lorsqu'on refroidit une
masse d'air humide, il est possible que la quantité de
vapeur d’eau qu’elle contient devienne excessive. Il y
a alors condensation d’une partie de celle-ci, c’est-à-
dire passage de l’état gazeux à l’état liquide; l’air se
trouble d’un brouillard de minuscules gouttelettes
d’eau.
À partir d’une certaine altitude correspondant à ce
seuil de condensation, un nuage se forme. Un tel
nuage est en général isolé, a une base plate, la forme
d’un chou-fleur, une couleur blanche lorsque suffisam-
ment éclairé par le soleil, grisâtre autrement; on
l'appelle cumulus. Ce terme est générique; il existe
bien des formes de cumulus, que l’on qualifie d’épi-
thètes comme humulis, mediocris, congestus, nimbus.…
Dans une masse d’air donnée les cumulus se
forment tous à peu près à la même altitude; c’est le
« plafond » dans les conditions du moment.
L’ascendance continue au sem des cumulus, elle
peut même s’amplifier et acquérir une intensité
énorme (jusqu’à 60 m/s dans les gigantesques cumulo-
nimbus de plusieurs milliers de mètres d'épaisseur).
c) Turbulences thermiques. — Il ne peut y avoir
ascendance sans descendance, faute de quoi l’air que
91
nous respirons se raréfierait sans cesse! De fait,
chaque ascendance thermique est associée une mr
de descendance, formant en général une couronne
périphérique. Il y a donc d’ importantes surfaces de
friction entre masses d’air animées de mouvements
différents, d’où tourbillons et turbulences. Lorsque les
ascendances se multiplient au voisinage les unes des
autres, lorsque le vent se lève, on imagine l'ampleur
du « fouillis aérologique ». Le désordre peut s’inten-
sifier au point de devenir dangereux pour les aéronefs
pris en son sein, on ne compte plus dans l’histoire de
l'aviation le nombre des planeurs ou avions légers
brisés à l’intérieur de cumulo-nimbus.
d) Qualité de l’ascendance. — Pour que le proces-
sus d’ascendance se poursuive une fois amorcé, il doit
se produire au sein d’une masse d’air suffisamment
« instable », c’est-à-dire dont la température décroît
assez rapidement avec l'altitude.
Certaines masses d’air trop stables ne sont siège
d'aucune ascendance thermique consistante, même
par journée ensoleillée.
Les plus fortes ascendances thermiques sont obser-
vées sous les climats chauds et secs, dans les pays
montagneux. La présence de montagnes renforce
toujours le potentiel < thermique » par la grande
variété d’orientations des surfaces qu’elles présentent
à l’ensoleillement.
96
B) La pratique du vol d’onde. — Elle consiste à
croiser au sein de la zone ascendante, en effectuant
des aller et retour comme en vol de pente. Cette
pratique est extrêmement répandue en Vol à Voile,
_ grâce à elle de nombreux records ont été battus ([1)),
- mais bien peu en Vol Libre pour deux raisons
essentielles :
— Les vitesses de vent nécessaires sont à la limite
de ce qu’un planeur ultra-léger peut pénétrer.
— Les turbulences sous-ondulatoires sont parfois
d’une violence telle que beaucoup hésitent à les
braver.
Il existe par contre des phénomènes ondulatoires
locaux exploitables en Vol Libre se produisant par de
moindres vitesses de vent; leur existence n’est à vrai
dire attestée que par les libéristes, aucune autre
branche de l’aéronautique n’ayant eu jusqu’à présent
_ à s’en soucier.
4. Ascendances de confluence.
A) Aérologie.
a) L’atmosphère terrestre est composée de masses
d’air juxtaposées; chacune a des caractéristiques
physiques propres, pression, température, humidité,
stabilité.
Ces masses d’air se déplacent, mais s’interpénètrent
peu, leurs surfaces de séparation s’appelle des fronts;
elles évoluent surtout grâce à la nature des terrains
qu’elles recouvrent.
Lorsque deux masses d’air adjacentes sont animées
d’un mouvement mutuel, comme il n’y a pratique-
ment pas de mélange, la moins dense s'élève contre le
front de séparation, exactement comme un vent
contre une pente.
Ce type d'ascendance est une confluence, on le
rencontre à toute échelle, de locale à climatologique.
97
H. AUPETIT 4
b) Les pilotes de Vol Libre utilisent fréquemment
des confluences de brise de mer.
En bord de mer l'été, la chaleur relative du littoral
crée un phénomène de brise. À mesure que la journée
avance l’atmosphère maritime aspirée progresse vers
l’intérieur des terres; ce « front de brise de mer »
peut ainsi parcourir de 100 à 150 km. Il repousse et
soulève sur son passage l’atmosphère terrestre relative-
ment chaude; la ligne de confluence est souvent
matérialisée par une rangée de cumulus.
98
vol de la mouche; ce qu'il considère comme une
variation de climat peut être tenu pour un petit
tourbillonà l’échelle cosmique.
Le domaine du vol du planeur de Vol Libre fait
prendre en compte l’activité atmosphérique dès
qu’elle concerne un volume de quelques mètres cubes
d’air; le libériste se préoccupe de ce qu’on pourrait
appeler une « micro-météorologie », négligée dans la
plupart des autres branches de l'aéronautique. Dans
une masse d’air donnée siègent des turbulences, des
ascendances des quatre types sus-mentionnés, des
descendances, des courants de toutes échelles, de
toutes dimensions; le libériste analyse, distingue,
classe, authentifie l’origine et la nature des phéno-
_ mènes en cours. Ses armes sont l'intuition, l’énergie
physique et les performances de la machine. Celles-ci
ont fait de grands progrès en dix ans, des progrès qui
peuvent sembler minces si l’on s’en tient aux chiffres,
mais qui sont considérables par les possibilités qu “ils
ouvrent. Le vol plané]; jusqu’ au terrain d'atterrissage
n’est pratiquement plus qu’un mauvais souvenir ou
une consolation pour l’hiver. Il est bien rare désor-
mais qu’on ne découvre pas un « petit quelque
chose » pour monter lors d’une journée d'été. Le
libériste observe le paysage, traque les manifestations
naturelles de tous ordres, du bruissement des feuil-
lages prévenant de la naissance d’une bulle thermique
à la formation des nuages, 1l analyse la topographie,
la nature des terrains, des cultures, ou même la
texture des masses d'air. Il exploite ainsi, inconsciem-
ment bien souvent au moyen de ce qui est devenu un
instinct, un nouveau sens, les ressources cachées de
l'atmosphère. Son vaisseau est capable d’encaisser
pratiquement toutes les turbulences, il peut donc
s “attaquer en paix à la guerre du ciel. Il se bat pour
pénétrer dans une forte ascendance, spirale pour
99
gagner des centaines, des milliers de mètres qu'il
« brûle » pour atteindre la prochaine source de
pompes. Son vol continue ainsi, de pente en pente, de
pompe en pompe, de nuage en nuage ; il sait profiter
du vent en se laissant dériver, pour pallier les
médiocres performances de sa machine à haute
vitesse qui lui rendent difficiles les traversées. Il met à
profit ses précédentes expériences, ses erreurs, ses
succès, ceux de ses camarades, pour toujours aller
plus loin. Ainsi se fixent des objectifs; pour le
Genevois d'atteindre Montélimar, pour le Niçois de
rejoindre Grenoble, pour le Clermontois de se baigner
dans le golfe du Lion. Des miettes de savoir se
recollent pour donner ce que la presse appellera des
records : 270 km au Nouveau-Mexique en 1981,
230 km en Autriche, 180 km en Grande-Bretagne ou
120 km en France.
Pour expliquer ce que peut être un beau vol en
1983, laissons la parole à l’auteur de ce record
français de 110 km, Mike de Glanville, champion de
France et d'Europe 1980.
« La récupération a peut-être été le plus mcroyable ! Nous avons
décollé à cinq de Saint-André-les-Alpes, près de Castellane, vers
14 h. Le premier n’a pas réussi à «< accrocher » et s’est posé au
pied de la montagne. Le second, M., a choisi un chemin stérile et a
échoué à Tartonne, à quelques kilomètres de là; le troisième, B.,
s’est fait coincer dans le canyon au pied du sommet des Trois-
Evêchés, ma femme a réussi à atteindre Seynes-les-Alpes à 40 km.
Elle était restée sans cesse en contact avec le camion suiveur, elle a
donc été ramassée tout de suite. Après quelques problèmes de
téléphone j'ai été récupéré trois heures après mon atterrissage au
nord de Briançon, vers vingt-trois heures. À trois heures du matin,
nous avons trouvé B. couché sur son harnais, enveloppé dans son
parachute de secours à cause du froid ;nous avons dû marcher une
heure et demie pour ramener son aile;à 6 h 30, un sac de vol sur
la route à Tartonne, nous klaxonnons, M. sort, les cheveux
parsemés de brins de paille, d’un grenier complaisamment offert
par un fermier ; petit déjeuner à Castellane et retour au bercail à
9 heures du matin. Tout cela pour le plus beau vol de ma carrière.
100
« Au départ, j'ai fait le plafond de 3 000 m, puis j’ai remonté les
deux massifs bien connus des pilotes de planeur, Cheval-Blanc et
Trois-Evêchés. Là, le plafond était plus élevé et je suis monté à
3 600 m, dans un bon débit de thermiques. À partir des Trois-
Evêchés, le paysage était incroyable ;éboulis, névés, sommets pelés,
aucune végétation, sauvagerie complète, lacs de haute altitude aux
bleus fantastiques. J'ai rejoint le barrage de Serre-Ponçon sans
pratiquement un virage, en accélérant et ralentissant seulement
suivant l’ascendance sous une rue de nuages. À Saint-Vincent-les-
Forts, 1500 m en dessous, une petite tache blanche : c’est une
aile, effectuant des aller et retour au-dessus d’une pente. Mon
vieux, si tu te retournais et me voyais, tu serais drôlement surpris !
J'ai rejoint le plafond de 3 600 m au-dessus des Orres, terrain des
championnats de France 1979; j'ai revu ces petits parcours dont
nous nous satisfaisions, et apprécié l’ampleur des progrès effec-
tués.
« Puis j'ai réemprunté le chemin que nous avions découvert avec
le champion de France de l’époque, Gérard Thévenot, vers le nord
au-dessus de la vallée de la Durance. Elle se sépare en deux à Mont-
Dauphin et on débouche sur un massif culminant à 3 000 m; il y
avait une ascendance dynamique terrible qui m’a remonté à
3 300 m.
« Vers 19 h 30, il n’était plus question de trouver d’ascendance
thermique suffisante pour refaire le plafond. J’ai donc continué en
dynamique tant que j’ai pu et dépassé Briançon. Après, le vent est
devenu de face pour monter vers Mont-Genèvre; j'avais froid,
j'étais fatigué après 5 h 30 de vol, je n’avais plus la forme mentale
pour poursuivre. En fait, j'avais déjà eu envie de me poser à
Briançon où j'ai un ami, et avais dû lutter contre moi-même pour
ne pas céder; mais dès qu’on a ce genre d'idées, qu’on faiblit un
petit peu, on a perdu. J'ai choisi un pré accueillant et me suis posé
à 20 heures, 10 km au nord de Briançon... »
101
bienveillance, à l’égard de ce sport, de 300 km
nocturnes sur des routes de montagne. Ne négligeons
pas non plus l’aspect économique de la question au
prix où est le carburant. De sorte que de plus en plus
les libéristes entreprennent des circuits en aller et
retour et en triangles, souvent plus ardus à réaliser
que des parcours en ligne droite, mais plus avanta-
geux en temps et en argent.
III. — L'enseignement
Extrêmement rustiques au début, les méthodes
d’enseignement ont heureusement progressé. Chaque
pays observe désormais un cursus d’écolage, élaboré
par sa Fédération Nationale, fruit de maintes années
d'expérience.
104
— 50 % des traumatisrhes observés sont mineurs à
modérés (jusqu’à, par exemple, fracture du nez ou
d’une côte) ; 9 % sont graves.
— Les lésions les plus fréquentes sont celles des
membres supérieurs, résultant directement de la trans-
mission des forces au moment de l'impact due à la
position du pilote.
Toutes les études réalisées montrent d’autre part
l’importance primordiale du port du casque, et d’un
casque à infrastructure suffisamment amortissante;
les casques classiques dits de montagne sont à
proscrire.
Le port du parachute a également grandement
contribué à réduire le nombre d’accidents graves qui
se soldaient en général par des décès; 1l ne viendrait
d’ailleurs plus à l’idée à un pilote raisonnable de voler
sans son parachute. Mais, comme on le voit dans
l’étude mentionnée ci-dessus concernant une époque
où il n’était pas encore très répandu, 50% des
accidents se produisent à l’atterrissage ou en appro-
che, c’est-à-dire près du sol à une altitude où il est
inutilisable.
L'augmentation de la sécurité ne passe donc pas
seulement par la multiplication des garde-fous, 1l faut
une politique active de sécurisation.
Les pilotes et les constructeurs ont réussi en peu de
temps à résoudre les problèmes techniques, il est
dommage que ces progrès soient occultés par les
nombreuses défaillances humaines. Une insouciante
préparation du matériel avant le vol, un oubli d’accro-
cher la sangle du harnais à l'appareil, un décollage
dans des conditions trop violentes ou au-dessus des
compétences du pilote, une trop grande audace dans
le choix d’un terrain d'atterrissage, une distraction ou
le non-respect des règles de l’air lors d’un vol de
groupe, voilà de trop fréquentes causes d’accidents
105
La
V. — La compétition
108
— Le « cross-country classic » d’Owens Valley. —
C’est un peu la Transat ou le Paris-Dakar du Vol
Libre. Sur un site où les conditions thermiques
violentes permettent l’été des gains d’altitude jusqu’à
6 000 m, des distances de plus de 200 km, un pilote
local, Don Partridge, a mis sur pied en 1978 la plus
importante compétition annuelle du Vol Libre. Les
pilotes les plus endurcis de tous les pays se retrouvent
début juillet sur la chaîne de montagnes des Whites, à
la frontière Californie-Névada et s’affrontent sur des
parcours imposés de 50 à 150 km en temps minimum
pendant une semaine.
— L’« American Cup ». — Beaucoup plus orientée
vers le « Mickey Mouse », cette compétition annuelle
par équipes organisée dans un but essentiellement
commercial est parfois le théâtre de beaux affronte-
ments. Elle a démarré en 1978 dans le Tennessee, y
est restée trois ans, puis s’est déroulée en 1982 dans le
nord de l’Angleterre avant de repartir pour la Califor-
mie en 1983.
— En France. — Il y a plusieurs compétitions
annuelles dans notre pays, comme la coupe de finesse
de Normandie où 80 pilotes se retrouvent à 150 km
de Paris près du Tréport chaque hiver, un dimanche
de février, sur une butte d’une soixantaine de mètres,
et « jouent » à celui qui ira le plus loin, montrant
ainsi la meilleure finesse-sol dans les conditions du
Jour.
Il y a aussi les /nternationaux du La Chens,
épreuve de distance organisée sur un des meilleurs et
plus techniques sites français entre Grasse et Castel-
lane, le cross-country par équipes de Séderon dans la
Drôme, la Coupe Icare de Saint-Hilaire-du-Touvet,
Grenoble, basée sur le « Mickey Mouse ».
109
VI. — D’autres possibilités
1. Le vol biplace. — Pour porter deux pilotes au
lieu d’un, les exigences de solidité et de performances
sont plus fortes. C’est pourquoi les constructeurs
conçoivent à cette fin des ailes de plus grande surface
et renforcées. La plupart des ailes monoplaces actuel-
les conviennent cependant. Cette pratique se répand
car elle est extrêmement plaisante. Beaucoup de
pilotes rêvent de faire partager leur bonheur de voler
à leurs amis, c’est sans doute le meilleur moyen, s’il
est utilisé avec prudence et responsabilité. On a de
plus en plus recours au biplace pour l'apprentissage.
110
Autre progrès, réalisé grâce aux idées de l’Austra-
lien Bill Moyes (toujours lui) et d’une équipe greno-
bloise dirigée par Nicolas Brenneur, l’adoption du
« tracté par le harnais ». Au lieu de fixer la ligne
d'attache àà l’aile, on la fixe au harnais du pilote. Au
heu de s’opposer avec son seul poidsà des forces qui
le dépassaient parfois, il peut maintenant s’aider de la
force de traction pour diriger sa machine, tout se
passe comme si il était simplement plus lourd. Ce
système, en apparence très simple, révolutionne vérita-
blement l’activité, jusqu’alors considérée à juste titre
comme dangereuse. Il ouvre les cieux aux habitants
des pays plats qui peuvent enfin pratiquer le Vol
Libre sans courir plus de risques que leurs collègues
des montagnes.
Mais le tracté est aussi une activité contraignante :
nécessité d’un matériel parfaitement au point et bien
réglé ;d’une équipe bien entraînée (chauffeur, treuil-
liste, pilote), d’une route bien dégagée. Si l’organisa-
tion pêche par un de ces trois points, l’activité devient
dangereuse, c’est pourquoi elle se diffuse assez lente-
ment, quoique séduisante au prime abord.
Fig. 22
113
dire des commandes aérodynamiques officiant pour
toutes les manœuvres. Un effort est fait vers la
performance, chiffrable aussi bien en taux de montée
qu’en vitesse de croisière et en autonomie. Regrettons
cependant que les concepteurs aient parfois tendance
à s'éloigner de la moderne philosophie d'économie
d’énergie en remplaçant la réflexion sur l'amélioration
des rendements aérodynamiques par une surenchère
sur la cylindrée et la puissance des moteurs.
L’ULM souple est resté tricycle pendulaire avec de
grosses améliorations en pliabilité, confort, silence,
performances ; le tribut payé est bien souvent l’aug-
mentation du poids et la nécessité d'utiliser de plus
puissants moteurs. L’usage du tricycle motorisé en
« moto-planeur », c’est-à-dire en coupant le moteur
dès qu’on rencontre une ascendance pour l’exploiter
comme en Vol Libre ou en Vol à Voile, reste difficile
et le restera tant qu'on n'aura pas réussi à améhorer
le rendement aérodynamique de la machine et réduit
significativement son poids. De nombreuses vers'ons
biplaces ont été réalisées à partir d’ailes biplaces de
Vol Libre, de sorte que l'apprentissage en double
commande est possible et pratiqué dans les écoles
d’'ULM. L’ULM souple s'adresse bien entendu au pilote
de Vol Libre qui en connaît déjà le maniement, mais
aussi, ses constructeurs l’espèrent, au grand public
car son pilotage est simple et finalement assez naturel.
Il connaît une grand vogue en France et en Grande-
Bretagne et se développe rapidement dans les pays
européens. Sa commodité d'usage fait qu’il s'adapte
bien à la topographie de nos contrées, contrairement
aux rigides américains qu’on entrepose dans les
grands garages de maisons modernes.
114
après la mise au point du treuillage, il était naturel
que nos chercheurs s’employassent à tirer parti de la
naissance de l’ultra-léger motorisé pour tenter de
remorquer les ailes comme les planeurs le font avec
les avions. Plusieurs expériences ont eu lieu à ce jour,
avec succès, et les possibilités semblent bien supé-
rieures à celles du tracté. Plus besoin de piste de deux
kilomètres, d'équipe de deux personnes réalisant un
travail fastidieux, possibilité de chasser l’ascendance
en remorqué, les avantages sont multiples et, contrai-
rement au cas du Vol à Voile, pas en contradiction
avec le souci d'économie. Les quelques problèmes de
vitesse et de pilotage seront certainement résolus dans
un avenir proche.
115
BIBLIOTHEQUE
Université du Québec à Rimouski
ANNEXES
I. — La réglementation française du Vol Libre
La situation légale
117
2) pour le pilotage desquels aucun titre particulier n’est légalement
exigible;
3) soumis aux règles générales de l’air et du vol à vue moyennant
certaines adaptations;
4) ne pouvant atterrir ou décoller (sauf autorisation) sur les
aérodromes régulièrement établis ;
5) ne pouvant circuler, sauf autorisation :
118
+ — Le palmarès mondial du Vol Libre jusqu’en 1983
1° Championnats du monde
1976 : Kôssen (Autriche).
Classe I (Rogallos standards) :
1% Christian Steimbach (Autriche) ;
2° J. Stembach (Autriche) ;
3° R. Duncan (Australie).
Classe IL (« Grands allongements ») :
1® Tery Delore (Nouvelle-Zélande) sous « Cohen Floa-
ter »;
2° Dean Kuchpanko (Canada), « Eagle Cloud » ;
3° Steve Moyes (Australie), « Moyes Stinger ».
Classe IL (Open) :
1% K. Battle (Australie), « Moyes Dragon » ;
2°S$. Price (Etats-Unis), « Quicksilver » ;
3° GC. Hoffsteter (Suisse), « Ikarus 500 ».
1978 : Afrique du Sud : championnats annulés.
1979): Grenoble (France).
Classe I (ailes sans commandes aérodynamiques) :
1% Josef Guggenmos (RFA), « Wings »;
2° Johnny Carr (Grande-Bretagne), « Cyclone »;
3° Gérard Thevenot (France), « Atlas ».
Classe II (Open) :
1% Rex Miller (Etats-Unis), « Fledge II » ;
2° Wolfgang Hartl (Autriche), « Fledge II » ;
3° Hans Olchewski (RFA), « Fledge IT ».
1981 : Beppu (Japon).
Ciasse T (ailes sans commandes aérodynamiques) :
1% Pedro Lopez (Brésil), « Azur La Mouette » ;
2° Rich Pfeiffer (Etats-Unis), « Duck Wills Wings »;
3° Graham Slater (Grande-Bretagne), « Comet ».
1983: Tegelberg (RFA).
Classe 1:
1% Steve Moyes (Australie), « Missile GT » ;
2° Stew Smith (Etats-Unis), « Sensor SIO » ;
3° Graham Hobson (Grande-Bretagne), « Magic III ».
2° Records
1970: Pas de record officiel.
Meilleure distance : 77 km, par Trip Mellinger et Gene
Blythe réalisée depuis le site californien de Cerro Gordo.
1977: Records homologués par la Fédération Aéronautique Inter-
nationale :
119
Distance libre, 157 km, réalisés par l’Américam George
Worthington, sous < Mitchell Wing », sur le site de Cerro
Gordo.
Distance à but fixé, 157 km, George Worthington, « ASG
21 », Cerro Gordo.
Aller et retour, 76 km, G. W., « ASG 21 >», Cerro Gordo.
Gain d’altitude, 2 850 m, Jerry Katz, sous « Alpine Pacific
Gull », sur le site de Gunter (Californie).
Record de distance officieux : 165 km, par Jerry Katz,
sous « AGP » à Cerro Gordo.
1978 : Records officiels FAI
Gain d'altitude, 3566 m, G. W.. sous < Seagull Ten
Meter >, à Cerro Gordo.
1979 : Records officiels FAI : institution de deux classes de
records, la classe flexible comprenant les ailes pilotées sans
commandes aérodynamiques, et la classe rigide pour les
autres.
Aller et retour ailes flexibles, 79 km, G. W., sous < Ten
Meter ».
But fixé ailes rigides, 53 km, G. W., «< Mitchell Wing », à
Gunter.
Gain d'altitude ailes ngides, 2 235 m, G. W.. « M. W. », à
Cerro Gordo.
Record de distance officieux pour l’année : 128 km, Joe
Greblo, « Ten Meter ». Cerro Gordo.
1980 : Records officiels FAI :
Distance libre classe rigide, 168 km, George Worthington,
< Mitchell Wing », Cerro Gordo.
Distance libre classe flexible, 178 km, George Worthington,
« Moyes Mega II », Cerro Gordo.
Gain d'altitude classe rigide, 2550 m, G. W., « M. W. »,
Cerro Gordo.
Record du monde de distance officieux : 194 km, Eric
Raymond (Californie), sous < Voyager » (rigide), à
Cerro Gordo.
1981 : Meilleures distances :
269 km, Jim Lee (Etats-Unis), sous « Comet », à Albuker-
que (Nouveau-Mexique) ;
266 km, Larry Tudor (Etats-Unis), « Comet », Gunter.
Meilleure distance européenne : 192 km, Helmut Denz
(RFA), < Comet », Allemagne.
1983 : Meilleure distance européenne : 230 km, Helmut Denz (RFA),
« Magic », Autriche.
120
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
AÉRODYNAMIQUE
[21 Etude de sécurité sur les planeurs ultra-légers Rogallos, par S. WALDEN
et CI. LA BURTHE. Rapport technique 8/5134 SY ONERA, 29, av. de la
Division-Leclerc, 92320 Châtillon-sous-Bagneux.
AÉROLOGIE-MÉTÉOROLOGIE
VOL LIBRE
121
VOL À VOILE
(3] Le Vol à Voile, par M. VERMOT-CAUCHY, PUF, coll. < Que sais-je? »,
n° 547.
REVUES
Vol Libre Magazine, 6, rue Ampère, 94200 Ivry, tél. 672.74.60, mensuel.
ADRESSOGRAPHIE
122
TABLE DES MATIÈRES
ANNEERS etat al reie Mie ete das eue me lereee ss lee es Die etes e Lee
123
Imprimé en France
Imprimerie des Presses Universitaires de Rap
73, avenue Ronsard, 41100 Vendôme
Octobre 1983 — N° 28 364
TU)
X01000
6002203000
DATE DE RETOUR
COLLECTION ENCYCLOPÉDIQUE
fondée par Paul Angoulvent
[LL
(C. MrcHAUD-PRADEILLES) 2135 La divination dans |’
(R. BLocx)
2114 La mutualité |
(J. BENHAMOU et A. LEVECQUE) 2136 La ceriminologie (G.
2115 La conjoncture économique 2137 Histoire de l’adminis
(J.-P. BETBEZE) française (G. THUILLIE
TITN
2116 Le commerce des armes 2138 La Hongrie (H. SMOTKI
de guerre (J.-C. MARTINEZ)
2139 La physique nucléaire
2117 L'hôtellerie (D. PERRIN) (D. BLanc)
2118 L'’extrème droite en France 2140 La politique extérieure
(J.-C. PETITFILS)
de la Chine populaire
2119 L'oratorio (N. LABELLE) (F. Joyaux)