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Concorde, l'impossible succession

Cinquante ans après le premier vol du supersonique franco-britannique, le ciel est bouché
pour des descendants qui restent trop bruyants.
Descendant : (1 – approche littérale) descendant, heir ; (2 – approche plus métaphorique)
new generation | bouché : full, blocked, clogged | franco-britannique : French-British,
French and British
=> Concorde, the impossible succession / an impossible succession
Fifty years after the first flight of the French-British supersonic plane, the sky is
clogged for descendants which are still too noisy/for a new generation that remains
too noisy.
Thierry Vigoureux, Le Point, 01/03/19
Le 2 mars 1969, il y a 50 ans, le projet franco-britannique Concorde devient une réalité. Il
réalise son premier vol avec André Turcat et son copilote Jacques Guignard, le
mécanicien navigant Michel Rétif et l'ingénieur Henri Perrier. Ce vol inaugural a lieu un
dimanche, car toute la semaine à Toulouse a été perturbée par le brouillard ou le vent
d'autan. Il faut attendre le 1er octobre suivant pour que le bel avion acquière ses lettres de
noblesse « supersoniques » atteignant Mach 1.05. L'équipage de Jean Pinet ne s'en
aperçoit – presque – pas et se permet de provoquer l'arrêt d'un des quatre moteurs pour
constater que le comportement en vol reste sain même après une panne.
Vol inaugural : maiden flight, first flight | vent d’autan : vent du sud-est (terme spécifique
sud-ouest) ; south-eastern wind | brouillard : fog | acquière ses lettres de noblesse
« supersoniques » : reaches supersonic status, acquires its title as a supersonic plane,
joins the ranks of supersonic planes… | équipage : crew | mécanicien : mechanic | sain :
(sens général) sane ; (ici) safe, secure, stable, sound | panne : failure, dysfunction
=> Fifty years ago, on March 2nd/March 2 1969, the French-British Concorde project
became a reality. It made its first flight with André Turcat and his co-pilot Jacques
Guignard, flight/cruising mechanic Michel Rétif and engineer Henri Perrier. This
maiden flight occurred on a Sunday, because the HD whole week in Toulouse had
been disturbed/disrupted by the fog or the south-eastern wind/because air traffic in
Toulouse had been disrupted by fog and by the south-eastern wind all week. || We
have to wait for the following 1st of October/October 1 for the beautiful/magnificent
airplane/aircraft to reach/attain/acquire supersonic status, reaching Mach 1.05. Jean
Pinet’s crew (almost) didn’t notice and allowed a shutdown of one of the four engines
to observe that [the] in-flight behavior remains safe even after a
failure/dysfunction./… and dared force one of the four engines to shut down, in order
to observe that in-flight behavior remains sound even in case of failure.
Comme le raconte André Turcat dans son livre Concorde paru au Cherche Midi, l'histoire
du supersonique n'a pas été un long fleuve tranquille. Les premiers vols commerciaux du
supersonique de 100 sièges aux couleurs des deux seules compagnies clientes Air France
et British Airways n'ont débuté qu'en 1976. Sept ans d'essais en vol à Toulouse et à Filton
avaient été nécessaires avec six appareils. Récemment, l'A350 n'a demandé que dix-huit
mois de tests…
essais en vol : flight test | tranquille : quiet, calm | n’a pas été un long fleuve tranquille : it
wasn’t smooth sailing ; it wasn’t a walk in the park | aux couleurs de… : bearing the colors
of… |
=> As André Turcat tells in his book Concorde, published by Cherche Midi, the story
of the supersonic plane wasn’t smooth sailing.
=> According to André Turcat’s book Concorde, published by Cherche Midi, the story
of the supersonic plane has not been smooth sailing. The first commercial flights for
the hundred-seats supersonic plane, bearing the colors of Air France and British
Airways, its only two client companies, only left in 1976. Six aircraft had to perform
flight tests in Toulouse and Filton for seven years. Recently, the A350 only required
eighteen months of testing…

À l'arrêt des vols en 2003, Concorde avait transporté 4 millions de passagers,


essentiellement à destination de New York depuis Paris ou Londres. La baisse du nombre
de voyageurs depuis l'accident de Gonesse le 25 juillet 2000 puis les attentats de 2001, le
coût élevé de maintenance et la facture carburant ont eu raison de l'appareil qui permettait
aux voyageurs d'atterrir à JFK avant l'heure de leur départ…
Un avion sans descendance
Le transport de passagers à Mach 2 s'est donc arrêté à l'été 2003 sans solution immédiate
de rechange. Si une décision de lancer un programme avait été prise immédiatement, dix
ans, au moins, étaient nécessaires pour y parvenir. Dans la chronique des sciences et des
techniques, c'est une triste première. Du jamais-vu aussi dans l'histoire de l'homme, où un
progrès chasse l'autre : la locomotive à vapeur a été remplacée par des machines diesel
ou électrique, Internet a eu raison du Minitel et les porte-plume ont cédé la place au stylo à
encre puis à bille.
La mise à la retraite de Concorde avait certes été prévue pour cette première décennie du
XXIe siècle. Car aucun avion n'est immortel, et rares sont les avions de transport qui
dépassent trente ans d'activité. D'autres avions de l'époque ont déjà été sortis du ciel.
C'est le cas, par exemple, de la première génération de Boeing 747-100, retirée des flottes
à peu près au même âge, même si le Jumbo continue de voler grâce à de nouvelles
versions.
Mais les enfants de Concorde sont, eux, toujours restés au stade d'avant-projets de
bureau d'études. Pourtant, techniquement, on peut rêver d'un avion volant à Mach 3 et
même à Mach 8. Hors coût financier, l'exploitation de tels appareils se heurte à un
véritable casse-tête calendaire avec des atterrissages à 3 heures du matin incompatibles
avec les décalages horaires et les couvre-feux des aéroports.

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