La « GRISE »
Au sein des FAS
Le SNB du MIRAGE IV
C’est en 1947 que l’Armée de l’Air rédigera un cahier des charges concernant la
définition d’un avion de transport moyen, et à cette époque l’outil industriel Français étant
complètement anéanti par la guerre, il était hors de question de se doter de matériel
étranger, la volonté le retour à une totale Independence industrielle dans ce domaine.
Deux réponses à cet appel d’offre furent émise, BREGUET avec le 891 R et la SNCAN
avec sont projet NORD 2500. Parallèlement la SNCAO se lança dans la course avec des
variantes de son SO.30R baptisés SO.31P et SO.33 susceptibles de répondre aux exigences.
Mais la SNCAO réalisa ces travaux en marge de l’appel d’offre de l’état. C’est la version SO.3P
que la SNCAO retiendra pour répondre au marché.
La SNCAN confiera à Jean CALVY le projet du NORD 2500 qui proposera une formule
d'avion à ailes hautes, à fuselage central ouvrant vers l'arrière et à deux poutres supportant
les empennages ainsi que les moteurs G&R 14-N tripale. La DTI commandera le 27 Avril 1948
deux prototypes dont Le premier sera construit dans l'usine d'Issy-les Moulineaux, sous la
direction de Louis Coroller directeur général technique.
Le 20 Avril 1950 l’avion sera confié aux mains des militaires du CEV de BRETIGNY, et
c’est durant cette période qu’il fut constaté que l’utilisation des moteurs 14-N était
réellement inadaptée. En Juin 1950 la DTI modifiera ses exigences pour faire monter des
moteurs BRISTOL HERCULE sur les prototypes suivant. Le 2500 n°01 sera restitué au
constructeur le 9 Décembre 1950.
C’est au final le projet du NORD 2500 qui sera privilégié et la décision définitive
interviendra le 15 Décembre 1950 alors que le NORD 2501 n°02 propulsé par deux moteurs
BRISTOL HERCULES 759 de 2000 cv chacun (fabriqués sous licence par la SNECMA) viens de
débuter ses essais. Le chois de ce moteur fabriqué en Angleterre mais aussi sous licence en
France par la SNECMA avait été fait compte tenu notamment du manque de fiabilité du
SNECMA 14-R-200.
Le 2501 n° 02 volait déjà depuis le 28 Novembre 1950 lorsque cette décision fut prise
et il avait été transféré au CEV le 1er décembre.
Le NORD 2501 n°02 présenté à la presse (Photo Collection MILLAS)
Le 16 Mars 1951 une commande de 3 avions NORD 2501 de présérie est passée par la
DTI pou un montant de 681 Millions de Francs (prés de 15 millions d’Euros).
Le 2501 n° 02 s’écrasera lors d’une présentation pour un meeting à Lyon tuant son
équipage constitué de Georges PENNINCKX, Albert TISSEUR, Etienne GRÉS ainsi que ses
passagers, Jean-Louis FRIGNAC, Pierre LANDEAU, Alcide LE QUIEN et l’aviatrice Maryse
BASTIÉ. L’avion avait décollé de manière imprévue sans accord de la tour pour effectuer sa
présentation, et toute défaillance technique de la machine a été écartée lors de l’enquête.
Le 2501 n°03 sera le premier avion de présérie, il effectuera son premier vol en
Septembre 1952 à MELUN-VILLAROCHE et remis à l’Armée de l’air en Octobre de la même
année. Cet avion servira de laboratoire pour de nombreuses expérimentations par le CEV
entre 1967 et le 15 Janvier 1978 date de son retrait du service.
Le NORD 2501 n°03 en 1970 CEV équipé d’un système de réception de télémesures.
Le 2501 n°04 effectuera son premier vol la même année. En décembre 1955 cet
exemplaire entreprendra des essais de motorisation avec des moteurs Pratt & Whitney
R2800-CB17 de 2500 cv, il prendra alors la dénomination de NORD 2503 « 01 »
Le 2501 n°05 dernier appareil de présérie sera remis au CEAM le 27 Mai 1953 et
servira lui aussi de support à de nombreuses expérimentation de systèmes au sein du CEV
jusqu’au 20 Mai 1981 date de son retrait du service.
Le NORD 2501 n°05
Un second marché de 40 appareils sera passé le 30 Aout 1954 puis un autre toujours
de 40 appareils le 20 Mai 1955 suivi le 21 septembre 1956 d’une commande de 32 avions et
enfin le 25 Mars 1960 une dernière commande de 15 exemplaires portant à 207 le nombre
d’avion commandés. Le n°207 sera livré à l’Armée de l’Air le 28 Février 1962. En Janvier 1958
les 135 appareils déjà livrés avaient totalisés 165 000 h de vol et 150 000 atterrissages.
Pourquoi « LA GRISE » ?
« Lors de mise en service des premiers C-160 Transall à Orléans en 1967, tous camouflés, les
premiers équipages de ces machines « modernes », jetant un regard miséricordieux vers les
NORATLAS prirent l’habitude de les surnommer les « grises » , de part leur couleur
contrastant avec le camouflage tout neuf de leurs beaux TRANSALL. Et l’expréssion est restée
depuis »
Lorsque le fret transporté était destiné à être largué, un aménagement de rail ainsi
que le remplacement des portes arrière par un espace ouvert était mis en place.
L’aménagement pouvait aussi être utilisé pour le largage de véhicules légers.
Si l’ET 3/61 POITOU est le premier à recevoir sa dotation de NORD 2501 c’est l’ET
2/64 ANJOU basé à SAIGON qui sera la première unité opérationnelle sur NORD 2501. Les
combats en Indochine ayant pris fin, le 2/64 sur ordre de l’état major fera mouvement vers
l’Algérie ou les événements se précipitent. Les départs d’Indochine débuteront le 15 Mai
1955 en direction de la base Algérienne de BLIDA. L’ANJOU quittera l’Algérie le 8 Décembre
1961 pour prendre ses quartiers sur la base aérienne de REIMS.
En septembre 1976 le CIFAS sera doté de NORD 2501 cargo. La mission première de
cette flotte de «navette FAS » sera l’acheminement de personnels et de matériel vers les
bases FAS pour assurer l’entretien et la maintenance de la flotte de MIRAGE IV.
Ce seront sept avions qui seront répartis dans un premier temps entre les bases de
BORDEAUX ou est implanté le GERMaS 15/96 et celle d’ISTRES ou se trouve le GERMaS
15/93. La disponibilité totale de cette flotte étant nécessaire afin d’assurer la permanence
opérationnelle des forces stratégique, pièces, matériel et personnel spécialisé devant
pouvoir être acheminé à tout moment vers n’importe quel point ou une composante FAS en
avait besoin. La disponibilité de ces navettes étant 24h/24 365 jours par an. Ces 7 avions
seront régulièrement relevés au gré de leur entretien.
Suite à la dissolution de l’ETI 3/328, deux NORD 2501 cargo resteront en service à
BORDEAUX jusqu’en Juillet 1986 ( les n° 100 (EB) et 153 (EH)).
Durant leur présence au dans les Forces Aériennes Stratégiques, les BORD 2501 (y
compris la version SNB) auront transporté 12 000 t de matériel, 19 500 personnes en 69 279
heures de vol.
« Foudroiement et en plus en ciel clair ce qui est très rare le poste de pilotage s'est
vrillé de 7 cm l'avion a été convoyé sur Francazal pour mise à la casse…………..une boule de
feu est entrée par la petite fenêtre en bas à droite de la cabine les rivets de cette fenêtre ont
éclatés sur les jambes du copi puis la boule de feu à tourné dans le poste ,le mécano nav a
fait un bon et c'est ouvert le cuir chevelu contre le panneau supérieur. La boule est ensuite
partie dans la soute des passagers l'ont vu rebondir plusieurs fois puis elle a disparu. Elle est
sortie de l'avion par la poutre gauche et à éclaté la dérive de l'avion. Des experts se sont
déplacés de Paris civils et militaires ainsi que Dassault car ce phénomène est très rare. »
Récit de Jean Luc POTIER commandant de bord du 108 lors de l’incident. Pour l’anecdote,
Jean Luc POTIER à subit la semaine suivante un autre foudroiement sur un autre avion lors
d’une descente dans les nuages vers la base de BORDEAUX-MERIGNAC ce qui lui à valu le
surnom de « JUPITER » au CIFAS………
Le NORD 2501 fera l’objet d’études de différentes version au cours de sa carrière, tels
le NORD 2501A, version civile du cargo, le NORD 2502 version adoptant l’adjonction de
réacteurs d’appoint en bout d’aile, le NORD 2503 qui servi pour l’essai de propulsion par des
moteurs P&W RB2800, le NORD 2504 dérivé du NORD 2502 suite à une étude demandée par
la MARINE NATIONALE pour la fourniture d’un avion de lutte anti sous-marine.
Suite à la demande de l’armée, une version 2506 destinée à effectuer des missions de
transport tactiques et d’utiliser des pistes sommaires fut aussi testée. Le premier vol du
NORD 2506 fut confié à André TURCAT célèbre pilote d’essai qu’il n’est plus nécessaire de
présenter.
Une dernière version étudiée fut le NORD 2508, cette version n’est autre que le 2503
sur lequel deux réacteurs MARBORE II ont été ajouté en bout d’aile. Faute de client et
malgré les qualités exceptionnelles qu’a démontrées l’avion, il ne sera jamais produit.
Contrairement aux versions précitées qui n’on quasiment vu le jour qu’en l’état de
prototype, une série d’avions équipés pour des missions spécifique à bel et bien vu le jour et
à été en service dans les diverses composantes de nos forces aériennes.
NORD 2501 RNR « Radio Navigation Radar »
Le NORD 2501 RNR destiné à la formation des futurs navigateurs radar au sein du
Groupement Ecole 316 basé à TOULOUSE FRANCASAL. Six avions de ce type seront mis en
service.
Le NORD 2501 GABRIEL est un pur produit de guerre électronique, cet avion était
destiné au remplacement des C47 DAKOTA de même dénomination. Les huit avions
construits seront en service de 1963 à 1989.
Tout comme pour le NODR 2501 GABRIEL, l’Armée de l’Air dut envisager le
remplacement des quelques C-47 DAKOTA vieillissant chargés de la calibration des systèmes
d’aides radioélectriques à la navigation. Trois NORDATLAS seront transformés à cet effet et
ils resteront en service jusqu’en 1981 au sein de l’EC 57 Commercy.
A coté de cela, il y eu aussi bon nombre de projet qui ne dépassèrent jamais le stade
de la planche à dessin.
Un essai avait même était effectué en montant une cabine à l’arrière de l’avion afin
de montrer qu’un tel équipement pouvait être transporté à longue distance pour une
maintenance rapide d’un avion.
Avec la création des Forces Aériennes Stratégiques le 1er Janvier 1964, la mission du
CIB 328 (Centre d’Instruction au Bombardement) basé à BORDEAUX MERIGNAC se voit
orientée prioritairement vers la formation des équipages du tout nouveau bombardier
stratégique français, le MIRAGE IV. A ces fins, le CIB deviendra le 25 Mai 1964 le CIFAS 328.
Le règne du MIRAGE IV débutait et allait bouleverser les besoins en équipement de la
branche stratégique de l’Armée de l’Air.
Cinq avions seront transformés pour assurer la formation des navigateurs sur
MIRAGE IV à l’utilisation du tout nouveau SNB (Système de Navigation et de Bombardement
installé sur le MIRAGE IV) par l’AIA de CLERMONT-FERAND et seront livrés au CIFAS entre
Mai 1964 et Janvier 1970 (liste à la fin du document). La livraison du quatrième avion en
Décembre 1966 signera le retrait définitif des DOUGLAS B26 utilisés encore par le CIFAS.
Les NORD 2501 SNB ont été équipé le la totalité du système embarqué sur le MIRAGE
IV et on peut facilement les reconnaitre grâce à la présence du radome spécifique que l’on
retrouve sur le MIRAGE IV. Il était aussi dotés d’un APU (Auxiliary Power Unit) que l’on
distingue sur le coté droit de l’avion, cet équipement était nécessaire vue la gourmandise en
électricité du SNB.
Les stages sur NORD SNB auront formé 252 navigateurs MIRAGE IV, le dernier stage
SNB 61 aura lieu le 26 Juin 1985 sur le 155 avec comme élève le Ltt Philippe SOÈTE et le Sgt
Philippe CUERQ. Philippe SOÈTE sera le dernier navigateur formé jusqu’au bout sur MIRAGE
IV A. Ce dernier stage sera aussi le dernier vol d’un NORD SNB. Il avait effectué son premier
vol sur NORD SNB le 30 Novembre 1984.
La mise au point du SNB n’avait comme seul but de donner au MIRAGE IV le moyens
d’assurer sa mission telle qu’elle avait été définie :
« La mission consistait à délivrer de façon aussi discrète que possible une bombe nucléaire
sur un but déterminé par ses seules coordonnées géographiques avec une erreur circulaire à
90% garantie quelle que soit la distance parcourue depuis le départ »
Les deux éléments clef de cette mission étaient donc la navigation visant à
amener par le biais notamment du pilote automatique l’avion au voisinage immédiat d’un
point précis (point de largage ou de ravitaillement), et le bombardement devant déterminer
automatiquement l’instant précis du largage de la bombe pour qu’au terme de son vol libre
et selon sa balistique propre, déterminées par les seules conditions de largage, celle-ci
explose au point fixé comme objectif (coordonnées géographiques et altitude au sol).
Détail du DOA
Pour l’AD2300, le NORD 2501 n°5, l’English Electric CAMBERRA n°784 et le SO 4050
VAUTOUR II B n°602 ont étés utilisés entre 1959 et 1961.
Le CAMBERRA n°784
Un deuxième English Electric CAMBERRA fut aussi utilisé. Le n°763 sera utilisé pour
les essais de la centrale aérodynamique Kelvin-Hughes ainsi que du radar CSF.
Les premiers essais de la centrale gyroscopique SPERRY ont étés effectués sur un
appareil GLOSTER METEOR NF-11 , plus précisément sur le n°9.
Le SO-30 ATAR
Les quatres premier navigateurs sur MIRAGE IV seront formé sur cet avion qui
terminera sa carrière comme avion de servitude pour des essais moteur à la SNECMA
Un autre SO30P classique (le n°16) effectuera des essais du radar CSF entre 1960 et
1961.
SO-30P « BRETAGNE »
Quelques vols de d’information seront effectués en 1959 à bord d’un COMET et d’un
VALIANT.
QUELQUES VUES TECHNIQUES
QUELQUES PHOTOS
LES NORD 2501 CARGO AU SEIN DES FAS:
Source : "Le NORATLAS du Nord 2501 au Nord 2508 » par Xavier CAPY et Gilbert MILLAS