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La position de l’Islam est claire, la prière en tant qu’acte d’adoration est le principal pilier
de l’Islam. Elle est obligatoire, mais il est tout autant obligatoire de l’accomplir cinq fois
par journée et aux temps déterminés suivants : à l’aube/al–fajr, en milieu de journée/az–̣
zụ hr, dans l’après-midi/al–‘asr, au crépuscule/al–maghrib et dans la nuit/al–‘ishâ’. En
dépit des nombreuses divergences d’Écoles, il y a là trois obligations : la forme/la prière,
le nombre/cinq, le temps/les horaires. L’unique argument coranique pour la forme et le
temps est S4.V103. Or, l’Analyse littérale de ce verset met en évidence la
surinterprétation manifeste dont il a fait l’objet et démontre que ce verset ne rend
obligatoire ni la prière ni la notion de temps déterminés, voir : La prière obligatoire
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selon le Coran et en Islam. Aussi, l’Islam se fonde-t-il comme à l’accoutumée
essentiellement sur une profusion de hadîths, véritables pierres de construction de
l’édifice Islam, sur ce point structurel et historique, confer Le (terme) islâm selon l’Islam
et aussi La Sunna selon le Coran et en Islam, fonction et mission du Messager.
– « Persévère donc, la promesse de Dieu est une vérité, demande le pardon de ton
péché et louange par la Louange de ton Seigneur au crépuscule/al‘ashiyyi et à
l’aurore/al–ibkâr ».[2] Pour la formulation « célèbre louange par la Louange de ton
Seigneur » comme désignant l’essence de la prière, voir : La prière selon le Coran.
– « En les temples dont a permis Dieu l’élévation et qui soit invoqué Son nom, le
célèbrent, au petit matin/al–ghuduwwi et le soir/al–asậ l, des hommes que rien ne
distrait… »[3]
– « Ô croyants ! Que vous demandent permission [d’entrer] vos esclaves ainsi que
vos enfants impubères par trois fois : avant la prière de l’aube/sạ lât al–fajr, lorsque
vous retirez vos habits en plein midi/zạ hîra et après la prière de la nuit/sạ lât
al–‘ishâ’, ce sont là pour vous trois occasions de nudité…»[6] Ce verset ne cite
expressément que deux prières. Cependant, curieusement, parce que l’Exégèse s’est
beaucoup évertuée à trouver mention coranique des prières durant la journée, l’on a
parfois prétendu que ce verset faisait allusion à la prière du milieu de la journée dite az–̣
zu
̣ hr. À l’évidence, pour le texte coranique il ne s’agit là que d’une allusion au fait de se
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dévêtir lors de la sieste de midi/zạ hîra, la préservation de l’intimité étant le sujet unique
de ce verset. Nous ferons observer que l’induction herméneutique voulue par l’exégèse
joue sur la mention du chiffre trois : « par trois fois » qu’elle fait assimiler à la
notion/mention de trois prières…
Une première remarque de synthèse s’impose : si tous ces versets ne citent que deux
prières chacun, les appariements varient et c’est au final un total de trois prières
mentionnées : celles de l’aube, du couchant et de la nuit. Ensuite, l’on constate qu’il est
employé une grande variété d’expression désignant ces trois temps de prière :
– Pour la prière de la nuit, l’on ne retrouve logiquement qu’une seule indication : dans la
nuit/min–l–layl.
À bien lire, ces différents termes ne sont pas synonymes, mais par ce moyen simple sont
donnés les limites inférieures et supérieures des périodes destinées à la prière, ex : le
temps de la prière du matin va de l’aube/al–fajr à l’aurore/al–ibkâr. Ceci indique
raisonnablement et pragmatiquement une souplesse certaine quant au moment où le
croyant sera en mesure de prier. Au final, l’on note que les trois prières mentionnées en
ces nombreux versets ne situent jamais le jour, mais entre la fin de la journée et son
début.
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– « …et loue par la Louange de ton Seigneur avant le lever du soleil/tulû‘u–sh–̣
shams et avant son couchant/ghurûb ainsi qu’à partir du temps/ânâ’i de la nuit/al–
layl. Alors/fa, célèbre aux extrémités/atrâf ̣ du jour ; puisses-tu obtenir
satisfaction ! »[9] Ce verset mentionne les trois temps de la prière jusqu’à présent
identifiés : aube, couchant, nuit. Cependant, la deuxième phrase a posé problème, car le
terme atrâf/extrémités
̣ est apparemment un pluriel. Or, en S11.V114, verset similaire, voir
infra, l’on trouve, non pas le pluriel atrâf,
̣ mais son duel tarafiya,
̣ ce qui permet d’en
déduire que le pluriel atrâf
̣ est ici un pluriel dit de paucité/jam’u–l–qilla valant donc pour
le duel tarafiya/les
̣ deux extrémités, autrement dit les temps de la prière de l’aube et du
couchant. Par ailleurs, comme l’Exégèse parfois l’affirme, la deuxième phrase :
« alors/fa, célèbre aux extrémités/atrâf ̣ du jour » n’évoque pas deux prières
supplémentaires puisqu’elle est introduite par la copule fa/alors et que ce procédé
anaphorique est destiné à insister sur la valeur de deux des moments de prière
cités : « avant le lever du soleil et avant son couchant », comme cela a été fait pour la
prière de nuit au verset cité précédemment.
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transcendance est en permanence louangé par Sa « Louange ». Malgré cette
manipulation, ce verset ne mentionnait que quatre moments de la journée différents : soir,
matin, nuit, midi. Il fut donc décidé que par l’évocation du soir/hị̂ na tumsûna il fallait
comprendre deux prières : celles du soir et de la nuit. Cette proposition est lexicalement
intenable puisque nous avons vu que le temps de la prière nocturne est toujours indiqué
par le mot layl. Ce faisant, les exégètes furent de plus dans l’obligation de décréter que
le terme ashîyan/la nuit venue désignerait l’après-midi pour ainsi faire apparaître la
prière dite de l’après-midi bien qu’en arabe la racine ‘ashâ et l’ensemble de ses dérivés
ne s’appliquent qu’aux activités nocturnes ! [14] Si l’on oublie l’ensemble de ces
manipulations exégétiques, littéralement ce verset n’évoque en réalité aucun temps de
prière, mais la «Transcendance de Dieu » célébrée par « les cieux et la terre ».
L’activité exégétique est sans nul doute postérieure à la mise en place des éléments
constitutifs de l’Islam. Ceci explique que les exégètes face à un Coran qui manifestement
ne mentionne jamais explicitement l’obligation de prier cinq fois par jour s’évertuèrent à
lui faire avouer ce que l’Islam soutenait uniquement à partir du Hadîth. Le verset
précédent illustre bien cette démarche a posteriori, mais le verset à suivre plus encore,
en voici la traduction standard : « Soyez assidus aux prières et surtout à la prière
médiane ; et tenez-vous debout devant Dieu, avec humilité. »[15]
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l’exégèse décontextualisée l’a imposé. Cette recommandation coranique est
immédiatement explicitée par le syntagme wa–s–̣ sạ lâtu–l–wustậ qui signifie alors mot à
mot : « et la prière du juste milieu/wustậ [20] ». C’est-à-dire une prière équilibrée ; ni
trop longue, car l’ostentation dévoile l’insincérité, ni trop courte, car la négligence dénote
le manque de sérieux. Les témoins ainsi retenus « apprêtez-vous à vous conformer
sincèrement à Dieu »,[21] c’est-à-dire à dicter votre testament/wasị yya. Notre v238 se lit
donc en réalité : « Observez attentivement les prières et la prière du juste milieu, et
apprêtez-vous à vous conformer sincèrement à Dieu ». Pour l’analyse littérale
détaillée de ce verset, voir: S2.V238-242.
De même, l’Analyse contextuelle permet de mettre au jour le Sens littéral du v239, car
en S5.V106, verset référent ci-dessus cité, il est dit : « s’il advient que vous parcouriez
le monde », notion que l’on retrouve alors logiquement au v239 : « Si vous craignez,
que vous soyez à pied ou montés, alors, quand vous serez en sécurité, rappelez-
vous de Dieu en ce qu’Il vous a enseigné ce que vous ne saviez point. »[22] Propos
qui est donc sans rapport avec la prière dite de la peur/sạ lât al–khawf comme l’Exégèse
l’entend selon sa propre logique, mais qui signifie contextuellement : s’il se trouve « que
vous parcouriez le monde et que l’épreuve de la mort vient à vous atteindre », ceci
« que vous soyez à pied ou montés », et si « vous craignez » de ne point pouvoir faire
en ces conditions votre testament, « alors, quand vous serez en sécurité rappelez-
vous de Dieu », c’est-à-dire rappelez-vous ce que Dieu « vous a enseigné » et « que
vous ne saviez point », à savoir : faire ledit testament/al–wasị yya. Au final, en dehors
du miracle herméneutique exégétique en vigueur, S2.V238 est sans aucun rapport avec
un quelconque temps de prière, mais avec une manière de sélectionner des témoins
potentiellement fiables, comme indiqué en S5.V106 ci-dessus mentionné.
Conclusion
Aussi déroutant que cela puisse paraître, aucun verset du Coran ne mentionne ni
explicitement ni implicitement la pratique de cinq prières quotidiennes. Pour autant, à de
nombreuses reprises, sont expressément cités trois temps de prière : au matin, au
couchant, la nuit. Bien évidemment, rien n’empêche de prier en tout temps et tous lieux
puisque la prière n’est pas pour le Coran une obligation canonique. Cependant, ces
moments recommandés ont pour caractéristique commune d’être situés en période
nocturne. Ce sont là des instants propices au recueillement, car n’interférant
généralement pas avec l’activité d’ici bas et n’étant pas perturbés par celle-ci.[23] Cette
perspective coranique donne à la prière une dimension plus personnelle, plus intimiste,
plus pragmatique aussi. Le besoin de prier, l’élan spirituel que cela suppose, la sincérité
que cela exige ne sont pas des notions nécessairement tributaires du temps, mais de la
disponibilité intérieure. En cela, la nuit est sans nul doute le cœur secret de l’intime
relation à Dieu par la prière.
Dr al Ajamî
ُْ َ ﱠ ُُ َ َ
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ْ َ
ِ ﺲ َو َﻗ ْﺒﻞ اﻟ ُﻐ ُﺮ
[1] S50.V39 : « وب ﱢﻚ َﻗ ْﺒ َﻞ ُﻃﻠُﻮع ﱠ
ِ اﻟﺸ ْﻤ
َ ﱢﺢ ﺑ َﺤ ْﻤ ِﺪ َرﺑ
ِ ْ »… َﺳﺒ
ِ
ْ َ ْ اﺳﺘَ ْﻐ ِﻔ ْﺮ ﻟِ َﺬ ْﻧﺒِ َﻚ َو َﺳﺒ
ِ اﻹ ْﺑ َﻜ
[2] S40.V55 : « ﺎر ْ
ِ ﱢﺢ ﺑِ َﺤ ْﻤ ِﺪ َرﺑﱢﻚ ﺑِﺎﻟ َﻌ ِﺸ ﱢﻲ َو
ﺎﺻﺒِ ْﺮ إِ ﱠن َو ْﻋ َﺪ ﱠ
ْ اﷲِ َﺣ ﱞﻖ َو ْ » َﻓ
[3] S24.V36-37 :
«… ﺎرٌة َو َﻻ ﺑَ ْﯿ ٌﻊ ْ ٌ َ ْ ﱢﺢ ﻟَ ُﻪ ِﻓﯿ َﻬﺎ ﺑ ْﺎﻟ ُﻐ ُﺪ ﱢو َو ْ اﷲُ أَ ْن ﺗُ ْﺮ َﻓ َﻊ َوﯾُ ْﺬ َﻛ َﺮ ِﻓﯿ َﻬﺎ
ُﻮت أَ ِذ َن ﱠ
ِ ( ِر َﺟﺎل َﻻ ﺗُﻠ ِﻬ36) ﺎل
َ ﯿﻬ ْﻢ ﺗِ َﺠ ِ ﺻَ اﻵ ِ َ اﺳ ُﻤ ُﻪ ﯾ
ُ ُﺴﺒ ٍ » ِﻓﻲ ﺑُﯿ
[6] S24.V58 :
[11] Puisque nous suivons de principe la recension Ḥafṣ, le choix de notre « aux abords
de » permet de rendre les deux variantes simultanément. Par ailleurs, l’on déduit de cette
levée de l’équivoque que la récitation originelle est zulufan puisque de principe le texte
coranique est explicite, sur ce point, voir : Les cinq postulats coraniques du Sens
littéral. Néanmoins, la présence de cette variante est volontaire et le fait de réciter zulaf
est ici la trace de l’emprise exégétique sur le texte coranique. En effet, en imposant ce
pluriel, l’on a pu supposer qu’il désignait les trois prières dites de nuit : couchant, nuit,
aube, ce qui permettait alors d’imaginer, sans preuve, que les « deux extrémités/
tarafiya
̣ du jour » seraient le début et la fin de l’après-midi. Ce petit tour de passe-passe
exégétique permet ainsi de faire apparaître bon gré mal gré en ce verset les cinq prières
ordonnées par l’Islam. Pour notre explication des variantes exégétiques, voir : Les
variantes de récitation ou qirâ’ât.
[14] À titre d’exemple, il est bien connu que al–‘ashâ’ désigne le repas pris la nuit : le
souper.
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[16] Certains hadîths affirment qu’il s’agit de la prière de l’aube, al–fajr, ou bien celle du
milieu de la journée, az–̣ zu ̣ hr. L’enjeu dut sembler de taille puisque l’on recense aussi
une qirâ’a/variante de récitation : wa–s–̣ sạ lâti–l–wustậ wa hiya–l–‘asṛ u/et la prière
médiane, et c’est al–‘asr, laquelle atteste des tentatives d’inscription in texto de l’avis
majoritaire. Une autre vise un compromis et s’énonce : « wa–s–̣ sạ lâti–l–wustậ wa–s–̣
sạ lâti–l–‘asṛ i/et la prière médiane et al–‘asr ». Ces deux variantes modifiant
sérieusement la ligne consonantique du texte n’ont toutefois pas été validées…
َ ً ون أَ ْز َو
ِ ﺻﯿﱠ ًﺔ ِﻷ ْز َو
[17] S2.V240 : « اﺟ ِﻬ ْﻢ ِ اﺟﺎ َو َ ﯾﻦ ﯾُﺘَ َﻮ ﱠﻓ ْﻮ َن ِﻣ ْﻨ ُﻜ ْﻢ َوﯾَ َﺬ ُر
َ » َواﻟﱠ ِﺬ
[18] S5.V106 :
[20] Le terme wustậ est le féminin de awsat ̣ : moyen, milieu, moitié, au juste milieu,
équilibré, médian.
[21] Cette compréhension du syntagme qûmû li-llâhi qânitîn est bien évidemment
fonction du contexte mis au jour. En cela, elle diffère du standard : « et tenez-vous
debout devant Dieu, avec humilité » qui traduit fidèlement la compréhension de ceux
qui ne voulaient voir en ce verset que l’accomplissement de la prière de l’après-midi.
Pour autant, notre traduction est parfaitement littérale, car le verbe qâma/se lever a de
nombreux emplois figurés parmi lesquels le sens « s’apprêter à », c’est-à-dire se lever
pour faire telle chose, est bien connu. Par ailleurs, le pluriel qânitîn, participe actif de la
racine qanata, signifie à l’origine être obéissant, obéir sans réserve, d’où notre
« conformer sincèrement ».
َ » َﻓﺈِ ْن ِﺧ ْﻔﺘُ ْﻢ َﻓ ِﺮ َﺟ ًﺎﻻ أَ ْو ُر ْﻛﺒَﺎﻧًﺎ َﻓﺈِ َذا أَ ِﻣ ْﻨﺘُ ْﻢ َﻓﺎ ْذ ُﻛ ُﺮوا اﷲﱠَ َﻛ َﻤﺎ َﻋﻠﱠ َﻤ ُﻜ ْﻢ َﻣﺎ ﻟَ ْﻢ ﺗَ ُﻜﻮﻧُﻮا ﺗَ ْﻌﻠَﻤ
[22] S2.V239 : « ُﻮن
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