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Sous la direction de
Murielle Gaude-Ferragu, Bruno Laurioux et Jacques Paviot
HONORÉ CHAMPION
PARIS
LA COUR DU PRINCE
Sous la direction de
Murielle GAUDE-FERRAGU, Bruno LAURIOUX et Jacques PAVIOT
PARIS
HONORÉ CHAMPION ÉDITEUR
2011
www.honorechampion.com
1
William R. JONES, « Political Uses of Sorcery in Medieval Europe », dans The
Historian, t. 34, 1972, p. 670-687 ; Norman COHN, Europe’s Inner Demons. The
Demonization of Christians in Medieval Christendom, Chicago, University of Chicago
Press, 2000 (1e éd. 1975 ; éd. revue), p. 118-143 ; Edward PETERS, The Magician, the
Witch, and the Law, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1992 (1e éd. 1978),
p. 112-137 (The Middle Ages Series) ; SIMON DE PHARES, Le Recueil des plus célèbres
astrologues, éd. Jean-Patrice Boudet, 2 vol., Paris, Librairie Honoré Champion, 1997-
1999 (Société de l’histoire de France), t. II, p. 255-270 ; Benedek LÁNG, Unlocked Books.
Manuscripts of Learned Magic in the Medieval Libraries of Central Europe, Philadelphie,
Pennsylvania State University Press, 2008 (Magic in History).
2
Cf. en dernier lieu Jean-Patrice BOUDET, Entre science et nigromance. Astrologie,
divination et magie dans l’Occident médiéval (XIIe-XVe siècle), Paris, Publications de la
Sorbonne, 2006, p. 157-204 et 351-423 (Histoire ancienne et médiévale, 83).
3
Bert HANSEN, « Science and Magic », dans Science in the Middle Ages, éd. David C.
Lindberg, Chicago-Londres, Chicago University Press, 1978, p. 484 (The Chicago
History of Science and Medicine).
4
Abel RIGAULT, Le Procès de Guichard, évêque de Troyes (1308-1313), Paris,
A. Picard et fils, 1896 (Mémoires et documents publiés par la Société de l’École des
chartes, I) ; Gaston PARIS, « Un procès criminel sous Philippe le Bel », dans La Revue du
Palais, t. II, 1898, p. 241-261 ; N. COHN, Europe’s Inner Demons…, p. 123-130.
5
Edmond ALBE, Autour de Jean XXII. Hugues Géraud, évêque de Cahors. L’affaire
des poisons et des envoûtements en 1317, Cahors, J. Girma, 1904 (extrait du Bulletin de
la Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot, t. XXIX) ; Guillaume
MOLLAT, « Un évêque supplicié au temps de Jean XXII », dans Revue pratique d’apolo-
gétique, t. IV, 1907, p. 755-761 ; N. COHN, Europe’s Inner Demons…, p. 130.
6
Joseph SHATZMILLER, Justice et injustice au début du XIVe siècle. L’enquête sur l’ar-
chevêque d’Aix et sa renonciation en 1318, Rome, École française de Rome, 1999, p. 145-
149 et 177-179 (Sources et documents d’histoire du Moyen Âge, 2) ; Nicolas WEILL-PAROT,
Les « images astrologiques » au Moyen Âge et à la Renaissance. Spéculations intellec-
tuelles et pratiques magiques (XIIe-XVe siècle), Paris, H. Champion, 2002, p. 380-383
(Sciences, techniques et civilisations du Moyen Âge à l’aube des Lumières, 6).
7
Le Procès de Gilles de Rais, éd. Georges Bataille, Paris, 10/18, 1997 (1e éd. 1959),
p. 210 et suiv. (Bibliothèque 10/18).
8
Alain BOUREAU, Satan hérétique. Naissance de la démonologie dans l’Occident
médiéval (1280-1330), Paris, Odile Jacob, 2004, p. 94-100 ; Julien VÉRONÈSE, « Autour de
la légende de Théophile : le pacte avec les démons à la fin du Moyen Âge », article à
paraître tiré d’une communication présentée le 4 avril 2008 lors du séminaire Alliances,
pactes et serments au Moyen Âge organisé par l’Université d’Orléans (J.-P. Boudet) et
l’I.R.H.T. (Paul Bertrand).
serait ainsi entré dans une colère noire après l’élection de Célestin V en
1294, car sa pratique de la « nigromancie » et ses démons familiers
auraient dû en principe lui garantir l’accès à la dignité pontificale9. Mais
n’est-il pas de bonne théologie que les démons se jouent de leur interlo-
cuteur ?
Au-delà de ces quelques exemples que la nature des sources rend très
tendancieux, l’utilité de la « magie » pour obtenir honneurs et dignités
dans la hiérarchie politique ou ecclésiastique est bien attestée dans la
tradition textuelle. Nombreux sont en effet les experimenta qui, dans les
textes de magie pour une large part introduits en Occident après un
processus de traduction, visent à être bien en cour, à faire bonne figure
face aux grands dans l’optique d’intégrer leur conseil ou leur suite et d’en
obtenir des bénéfices, à détourner de soi leur colère ou encore à disqua-
lifier un concurrent au sein de leur entourage. Qu’ils reposent sur la
conjuration des démons ou sur l’invocation des anges, qu’ils appartien-
nent à ce que l’on appelle la magie astrale ou la magie rituelle, voire à la
tradition des amulettes, ils relèvent d’une magie psychologique très bien
représentée en général dans cette littérature, fondée sur le principe que les
forces naturelles, mais plus encore les entités spirituelles, sont capables
de « lier » ou d’incliner la volonté humaine, dans le cas présent vers une
sous-catégorie de l’amour et de l’amitié. Nous nous proposons de dresser
un panorama de ces savoirs et pratiques d’une grande variété, dont
certains, y compris parmi les plus condamnables du point de vue de
l’Église, sont recensés dans des bibliothèques princières de la fin du
Moyen Âge10.
9
Boniface VIII en procès. Articles d’accusation et dépositions des témoins (1303-
1311), éd. Jean Coste, Rome, L’Erma di Bretschneider, 1995, p. 287 (Pubblicazioni della
Fondazione Camillo Caetani. Studi e documenti d’archivio, 5).
10
Pour ce qui concerne la Clavicula Salomonis, cf. Jean-Patrice BOUDET et Julien
VÉRONÈSE, « Le secret dans la magie rituelle », dans Il Segreto, Micrologus. Natura,
Scienze e Società Medievali, t. XIV, 2006, p. 101-150 ; nous préparons actuellement une
édition de ce texte.
rédigé en vers aux alentours de 1090 et conservé dans près de deux cent
cinquante manuscrits11, présente ainsi quelques pierres très utiles au cour-
tisan, sans justifier le fondement du pouvoir reconnu à chacune d’entre
elles : l’agate, comme l’aimant, permet, entre autres effets, à celui qui la
porte de faire preuve d’une belle éloquence et d’obtenir des grâces sur
terre comme au ciel12 ; l’alectoire, que l’on trouve dans le gésier du coq,
octroie de nouveaux honneurs et restaure ceux qui ont été perdus, tandis
que le béryl garantit richesses et honneurs13 ; enfin, la chélidoine prove-
nant de l’estomac des hirondelles peut, lorsqu’elle est rouge, rendre
éloquent, gracieux et plaisant et, quand elle est noire et portée au creux
du bras gauche enveloppée dans un vêtement de lin, calmer la colère du
roi14.
La principale source de Marbode, le lapidaire grec de Damigéron-
Évax, dont la tradition latine pourrait remonter au VIe siècle mais dont
les manuscrits conservés datent au mieux de la fin du XIe siècle15, donne
une variété de cas encore plus étendue et exige parfois un rituel de consé-
cration des pierres appelé à les investir d’une vertu sacrée, d’une « vertu
extrinsèque » pour reprendre une formule utilisée par Gervais de Tilbury
dans un chapitre (XXVIII) de la troisième partie de ses Otia imperialia
consacré aux gemmes16. L’aétite, sorte de pierre ponce communément
appelée pierre d’aigle, répand ainsi une bonne opinion de celui qui la
porte et permet de s’introduire facilement auprès des puissants, dont elle
11
MARBODE DE RENNES, « De Lapidibus » Considered as a Medical Treatise, éd.
John M. Riddle, Wiesbaden, F. Steiner, 1977 (Sudhoffs Archiv, Beihefte 20) ; ID.,
Lapidario, éd. et trad. Maria Ester Herrera, Paris, Les Belles-Lettres, 2005 (Auteurs latins
du Moyen Âge, 15) ; trad. fr. par Pierre Monat, MARBODE, Poème des pierres précieuses,
Grenoble, J. Million, 1996 (Petite collection Atopia, 6) : cf. Maria Ester HERRERA, La
Tradition manuscrite du Liber lapidum de Marbode de Rennes d’après les manuscrits
conservés en France, thèse de 3e cycle, Université de Paris IV – Sorbonne, 1986.
12
MARBODE DE RENNES, « De Lapidibus », p. 37 (agate) et 57 (aimant).
13
Ibid., p. 39 (alectoire) et 50 (béryl).
14
Ibid., p. 54-55.
15
Robert HALLEUX, « Damigéron, Evax et Marbode. L’héritage alexandrin dans les
lapidaires médiévaux », dans Studi medievali, 3e série, t. XV, 1974, p. 327-347 ; Les
Lapidaires grecs. Lapidaire orphique, Kérygmes lapidaires d’Orphée, Socrate et Denys,
Lapidaire nautique, Damigéron-Évax éd. et trad. Robert Halleux et Jacques Schamp,
Paris, Les Belles-Lettres, 1985, p. 193-297 (Collection des universités de France).
16
GERVAIS DE TILBURY, Otia imperialia. Recreation for an Emperor, éd. et trad. S. E.
Banks et J. W. Binns, Oxford, Clarendon Press, 2002, p. 614-616 (Oxford Medieval
Texts) ; trad. fr. par Annie Duchesne à partir de l’édition Leibniz, Le Livre des merveilles.
Divertissement pour un empereur (troisième partie), Paris, Les Belles-Lettres, 1992, p. 46
(La Roue à livres, 15).
17
Les Lapidaires grecs…, p. 234-235.
18
Ibid., p. 242 (corail), 267-268 (topaze), 281 (capnite) et 270 (magnétite).
19
Ibid., p. 278.
20
Fernand de MÉLY, Histoire des sciences. Les Lapidaires de l’Antiquité et du Moyen
Âge, 3 vol., Paris, Ernest Leroux, 1896-1902, t. III, Les Lapidaires grecs (trad. fr.) ; Textes
latins et vieux français relatifs aux Cyranides. La traduction latine du XIIe siècle. Le
Compendium aureaum. Le De XV stellis d’Hermès. Le Livre des secrez de nature, éd.
Louis Delatte, Liège, Faculté de philosophie et lettres – Paris, E. Droz, 1942, p. 3-206
(texte lat.) (Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l’Université de Liège,
93).
21
Textes latins et vieux français relatifs aux Cyranides, p. 30.
22
Ibid., p. 53.
23
Ibid., p. 57.
24
Ibid., p. 235-74 ; Paolo LUCENTINI et Vittoria PERRONE COMPAGNI, I testi e i codici di
Ermete nel Medioevo, Florence, Polistampa, 2001, p. 44-48 (Hermetica Mediaevalia, 1).
25
Biblioteca Apostolica Vaticana, ms. Vat. Reg. lat. 1300, fol. 21v°-37 ; Halle,
Universitäts- und Landesbibliothek Saschen-Anhalt, ms. 14. B. 36, fol. 12v°-22v°.
26
Textes latins et vieux français relatifs aux Cyranides, p. 260 ; cf. GERVAIS DE
TILBURY, Otia imperialia, p. 614-616.
27
Biblioteca Apostolica Vaticana, ms. Vat. Reg. lat. 1300, fol. 22v° : Secundus lapis
dicitur thopazius. Et ejus color est ceruleus et citrinus sicut aurum, et sua potestas est
quod si ponatur in caldaria cum aqua ferventi detinet eam quod fervere non possit, et hoc
est propter maximam potenciam lapidis. Et sua virtus est quod facit hominem qui eum
secum portat esse castum et dat ei benivolenciam et amorem nobilium hominum. Et sua
figura est falco.
28
Ibid., fol. 24 : XIIIa lapis dicitur cornelina, et suis color est similis aque commixto
cum sanguinem sicut est aqua in qua lavantur carnes. Et ejus potestas est restringere
sanguinem narium. Et si in eo fuerit figura hominis bene inducti tenentis virgam in manu
sua, confert honorem portanti eum secum.
29
Ibid., fol. 28 : XVa herba dicitur majorana, et ista custodit domum per se et defen-
dit eam a malis infirmitatibus. Et dixit Hermes quod genciana et valeriana et majorana
valent multum super honorem principum et majorum hominum.
30
Ibid., fol. 32 (aigle).
rie ou d’autres endroits pour lesquels vous ferez, et je dis de mesme des
femmes, tant grandes et que les pettites31.
31
Lyon, Bibliothèque municipale, ms. 970, fol. 96-97 ; Biblioteca Apostolica
Vaticana, ms. Vat. Reg. lat. 1300, fol. 34v°-35 : Primum animal est leo, et est bestia fortis-
sima in pectore et in faucibus, et habet fortem aspectum sic quod quando respicicit alias
bestias stant nimis suaves pro timore ejus. Et pellis ejus est talis virtutis quod si fuerit
inter alias pelles scindat et depillat et destruit eas. Et qui accipit dentem ejus caminum et
ponit ipsum in auro est valde bonus ad aufferendum et rapiendum aliena, et sic facit dens
lupi. Et si de corde leonis facta fuerit bursa et impleta sanguine musco et almea ligno
aloes et thimiama, et fuerit colectam super quecumque volueris et calefeceris ipsum, scias
quod in eadem hora qua calefaceris diliget te multum et faciet mandatum tuum. Et si invo-
caveris cum sanguine ejus principem demonum erit statim paratus ad faciendum manda-
tum tuum. Et sic de majoribus regni vel ville, vel de illo propter quem hoc feceris. Et idem
dico de mulieribus magnis.
32
Il faut noter en outre que la finalité qui me préoccupe dans cette contribution n’est
pas systématiquement au cœur de cette littérature « expérimentale » et encyclopédique :
en témoigne le Liber de virtutibus herbarum, lapidum et animalium qui, bien qu’inspiré
par des sources antiques et hermétiques, semble en retrait sur ce point ; cf. [ALBERT LE
GRAND] Le Liber de virtutibus herbarum, lapidum et animalium (Liber aggregationis). Un
texte à succès attribué à Albert le Grand, éd. Isabelle Draelants, Florence, SISMEL – Ed.
del Galluzzo, 2007 (Micrologus’ Library, 22).
33
J.-P. BOUDET, Entre science et nigromance…, p. 123-124.
34
THÂBIT IBN QURRA, The Astronomical Works of Thâbit b. Qurra, éd. (textes latins)
Francis J. Carmody, Berkeley – Los Angeles, University of California Press, 1960, p. 179-
197 ; David PINGREE, « The Diffusion of Arabic Magical Texts in Western Europe », dans
La Diffusione delle scienze islamiche nel medio evo europeo. Convegno internazionale
(Roma, 2-4 ottobre 1984), Rome, Accademia dei Lincei, 1987, p. 57-102, n. 74
(Accademia nazionale dei Lincei. Fondazione Luigi Caetani).
35
N. WEILL-PAROT, Les « images astrologiques »…, p. 63-77.
36
Ibid., p. 410-413 ; J.-P. BOUDET, Entre science et nigromance…, p. 85-86.
37
THÂBIT IBN QURRA, The Astronomical Works…, p. 186-90.
38
Ibid., p. 188.
39
Ibid., p. 189-190.
40
Florence, Biblioteca Nazionale Centrale, ms. II.iii.214, fol. 13 : Septima ymago in
septima hora diei cum qua utile est ad reges ingredi, ut per illam dilectio maxima ac
veneratio adipiscatur. Fiat ergo ymago argentea optime composita et super caput ejus
nomen regis scribatur, in pectore quoque nomen domini hore et in ventre similiter nomina
secunde hore. Qua sic facta cum aliquis ad regem ingredi voluerit, ymaginem secum
teneat, quia hec est ymago operis et perfectus virtute Dei et ejus auxilio.
41
Ibid., fol. 17v° : Capitulum tertium de petitione a regibus. Cum igitur amoris regii
ymago facienda est : aptitudo thematis primum consideranda est, scilicet an Luna cum
Jove in aliquo signorum conjungatur ; quod si fuerit fiat ymago hominis evea in cujus
summo vertice nomen regis vel potentis scribatur, in ventre vero nomen signi in quo Luna
cum Jove conjungitur ; deinde precipua ei suffumigatio exhibeatur et eam suffumigando
in oratione, hoc nomen non taceatur, scilicet Abron. Postea vero ymago lateri coaptetur
et ante regem vel potentem quemlibet confiagatur causa confidenter.
42
Ibid., fol. 18 : Capitulum sextum de amore inter quoslibet ponendo. Pro amore
autem regis vel potentis vel alterius cujuslibet hominis obtinenda, securitate etiam inten-
dentis in desiderio habita, ymago sic facienda est. Sit igitur Luna in aliquo signo cum
Venere juncta, que si sic sit fiat ymago hominis in longum evea et aurea ; hiis tamen
proportionaliter appositis in medietate vero aurea in summo ymaginis vertice nomen
unius, in medietate altera evea nomen alterius quibus scilicet amor dari intenditur, inscri-
batur in ventre nomen signi conjunctionis inponatur ; postea vero suffumigetur cum
oratione ; precipua hoc tamen nomine non excluso cabrinos ; deinde in domo unius eorum
sub ejus thore in loco capitis subhumetur et sic auxilio Dei complebitur.
pour faire sa demande au souverain il était, comme dans les cas précé-
dents, nécessaire de porter l’image sur soi, pour gagner son amour il
conviendrait de se livrer à une opération risquée, qui consiste à enterrer
ou à disposer la statuette sous son lit, à hauteur de la tête, lieu où doit
s’exercer la contrainte psychologique.
Pour trouver davantage de « recettes » concernant rois et puissants, il
faut se reporter à l’important corpus de magie astrale qu’a fait traduire de
l’arabe ou de l’hébreu le roi de Castille Alphonse X. Qu’il s’agisse du
Picatrix latin, traduction de la Ghâyât al-Hakîm (1256-1258)43, de la
compilation en castillan appelée Libro de astromagia (1279-1284)44, ou
du septième livre du Liber Razielis intitulé Liber ymaginum45, on ne
compte plus les experimenta dédiés au sujet. Un certain nombre fonc-
tionne en lien avec les mansions lunaires, au nombre de vingt-huit, qui
sont autant de divisions du parcours de la Lune dans le zodiaque46. Dans
le livre I du Picatrix47 comme dans le Zodiologion de los Indios consti-
tutif de l’Astromagia48, la septième mansion, Aldirah, située dans les
Gémeaux, est favorable « pour aller devant un roi ou quelqu’autre grand
personnage, pour faire incliner où l’on veut la bienveillance royale ou de
quelqu’autre maître », quand, dans le livre IV, dans un système attribué
à un certain Plinion que l’on retrouve aussi dans l’Astromagia49, c’est la
cinquième mansion, Almizen, qui est bénéfique, dès lors que l’on suit le
rituel suivant :
43
Picatrix. The Latin Version of the Ghâyât al-Hakîm, éd. David Pingree, Londres,
Warburg Institute, 1986 (Studies of the Warburg Institute, 39) ; Picatrix. Un traité de
magie médiéval, trad. Béatrice Bakhouche, Frédéric Fauquier et Béatrice Pérez-Jean,
Turnhout, Brepols, 2003 (Miroir du Moyen Âge).
44
ALPHONSE X LE SAGE, Astromagia (Ms. Reg. lat. 1283a), éd. Alfonso D’Agostino,
Naples, Liguori, 1992 (Barataria, 6).
45
Halle, Universitäts- und Landesbibliothek Saschen-Anhalt, ms. 14. B. 36., fol. 96-
130v°.
46
Hors contexte alphonsin, on peut se reporter en outre au Liber Lune secundum
Aristotelem, traduction-adaptation du Kitâb al-makhzûn ; cf. Charles BURNETT, « Nîranj :
A Category of Magic (almost) forgotten in the Latin West », dans Natura, scienze e
società medievali. Studi in onore di Agostino Paravicini Bagliani, éd. Claudio Leonardi
et Francesco Santi, Florence, SISMEL – Ed. del Galluzzo, 2008, p. 37-65 (Micrologus’
Library, 28).
47
Picatrix, lib. I, cap. IV, § 8, p. 10.
48
Astromagia, p. 206-209.
49
Ibid., p. 188-189.
demande, quelle qu’elle soit. Quand tu feras pour lui une fumigation avec
du santal, dis : « Toi, Cabil, fais pour moi telle chose et accomplis ma
demande – c’est-à-dire que les rois et les chefs me reçoivent parfaitement
bien. » Quand tu auras fait cela, emporte ce sceau avec toi et ta demande
se réalisera50.
Quand tu veux prier le Soleil et lui demander quelque chose, par exemple
demander la grâce du roi, l’amour des seigneurs, les dominations et les
acquisitions de ce genre, tu rendras le Soleil favorable en le plaçant à l’as-
50
Picatrix, lib. IV, cap. IX, § 33, p. 229 ; trad. fr. p. 372.
51
Astromagia, p. 164 (6e mansion : Farás en ella las obras de bienquerencia e de
amor, e entrarás a rey e piedrás peticiones), 164-167 (7e : Es buena pora (…) entrar a
reyes e a altos omnes), 168-169 (10e : Esta es buena pora (…) entrar e rey), 170-171 (11e :
E convenie pora (…) entrar a reyes e a príncipes), 170-173 (13e : Es buena pora (…)
entrar a reyes), 172-175 (15e : E viene d’ela al mundo espírito que da amor e bienque-
rentia e piedad e misericordia de reyes e de principes), 180-181 (24e : Es buena pora (…)
vistas de reyes) ; cf. aussi le Libro de la Luna, p. 137, où se trouve un talisman visant à
obtenir la faveur et l’amour d’un serviteur du roi.
52
Cf. notamment 8e, 12e, 19e et 22e mansions.
53
Picatrix, lib. III, cap. VII, § 3, p. 113 : Petas a Jove ea que in ejus divisione consis-
tunt, ut sunt peticiones sublimium virorum, potestatum, prelatorum (…), regum, eorun-
dem filiorum et puerorum filiorum, militum, consobrinorum… ; § 8 : Petas a Luna omnia
eidem pertinencia ipsiusque nature attributa, ut sunt erga reges peticiones… ; § 5 : Petas
a Sole peticiones eidem congruas, ut sunt peticiones versus reges, filios militum et
regum…
54
Ibid., lib. II, cap. xii, § 3 et 28, p. 80 et 82.
55
David PINGREE, « Al-Tabari on the Prayers to the Planets », dans Sciences occultes
et Islam, Bulletin d’Études orientales, t. 44, 1992, p. 105-117 ; les Sabéens sont mention-
nés dans la version arabe.
56
Picatrix, lib. III, cap. VII, § 27, p. 128-129 ; trad. fr. p. 229-231. On peut aussi
mentionner le rituel de fabrication de « l’onguent du Soleil », lib. IV, cap. VI, § 13, p. 203-
204, où il faut prier le Soleil et des anges des 4e, 5e, 6e et 7e cieux ; il convient de s’en
enduire le visage avant de faire face à un roi ou un seigneur.
57
N. WEILL-PAROT, « Antonio da Montolmo’s De occultis et manifestis or Liber
Intelligentiarum. An Annotated Critical Edition with English Translation and
Presentation », dans Invoking Angels. Theurgic Ideas and Practices from the Thirteenth
to the Sixteenth Century, éd. Claire Fanger, University Park, Pennsylvania State
University Press, sous presse (Magic in History) ; BnF, ms. lat. 7337 (XVe s.), p. 5b, De
occultis, cap. 4, § 2 : Notabis quod triplex est ymago sive anulus vel breve vel aliquid aliud
ad hoc opus, quia quoddam est astronomicum, quoddam magicum, quoddam astro-
nomicum et magicum simul. Astronomicum opus est id quod fit in astronomica, materia
bene disposita ad effectum quem queris sub certis constellationibus. Gratia exempli : Fit
ymago ad <majora> acquirendum ab aliquo prelato, ita quod ponitur dominus ascen-
dentis nativitatis prelati vel significator in questione proposita coniunctus corporaliter
vel ex trino aspectu vel sextili domino nativitatis servitoris vel <significatori> complex-
ionis ipsius, et significator prelati perfecta commissione coniuncta eis. Significationem
<significatoris> servitoris in bono loco figure et alias conditiones requisitas hic non
pono, sed pono pro exemplo ; est nunc : sub tali influxu, hora et tempore subiectis signi-
ficatis servitoris vel saltem hora eius, remotis aliis impedimentis, fit ymago cerea munda,
virginea vel argentea pura vel anulus argenteus ; tunc talis influxus talium stellarum sic
situatus recipiatur a tali materia liquefacta, inclinat subiecta sua ad amorem et benivo-
lentiam.
58
L’Ars notoria au Moyen Âge. Introduction et édition critique, éd. Julien Véronèse,
Florence, SISMEL – Ed. del Galluzzo, 2007 (Micrologus’ Library. Salomon Latinus, 21-
1), § 62, p. 181-182 ; glose : BnF, ms. lat. 9336 (2e quart XIVe s.), fol. 8a.
59
“Liber Iuratus Honorii”. À Critical Edition of the Latin Version of the Sworn Book
of Honorius, éd. Gösta Hedegård, Stockholm, Almqvist & Wiksell, 2002, lib. II, cap. CVI
et CVIII, et lib. III, cap. CXIX, p. 117, 118 et 126 (Studia Latina Stockholmiensia, 48).
60
Juris G. LIDAKA, « The Book of Angels, Rings, Characters and Images of the
Planets attributed to Osbern Bokenham », dans Conjuring Spirits. Texts and Traditions of
Medieval Ritual Magic, éd. Claire Fanger, Stroud, Sutton et University Park,
Pennsylvania State Univerity Press, 1998, p. 32-75, n. 58 [§ 21], 64 [§ 26 et 27] et 66 [§ 28
et 29] (Magic in History).
61
Sepher ha-Razim. À Newly Recovered Book of Magic from the Talmudic Period,
Collected from Genizah Fragments and Other Sources, éd. Mordecai Margalioth,
Jérusalem, 1966 (en hébreu) ; Sepher ha-Razim. The Book of the Mysteries, trad.
Michael A. Morgan, Chico, Scholars Press, 1983 (Texts and Translations, 25 ;
Pseudepigrapha Series, 11).
les puissants : si l’un visait à les réduire au silence62, les autres seraient
utiles au courtisan ambitieux pour gagner la faveur d’un roi63, connaître
la volonté d’un grand ou interpréter, à la manière de Daniel, l’un de ses
songes64, annuler une décision le concernant65 et élever quelqu’un dans la
hiérarchie ou le restaurer dans son office, y compris le roi lui-même.
Dans ce dernier cas, l’opération à mener est la suivante :
62
Biblioteca Apostolica Vaticana, ms. Vat. Reg. lat. 1300, fol. 111v°-112, 2e ciel, 1er
camp, publié désormais dans Sefer ha-Razim I und II. Das Buch der Geheimnisse I und
II, éd. Bill Rebiger et Peter Schäfer, Tübingen, Mohr Siebeck, 2009, § 122-123, t. I, p. 40-
41 (Texte und Studien zum antiken Judentum, 125).
63
Ibid., fol. 105v°-106, 1er ciel, 4e camp; Sefer ha-Razim I und II…, § 64-76, p. 36-37.
64
Ibid., fol. 109v°-110v°, 1er ciel, 7e camp ; Sefer ha-Razim I und II…, § 108-114,
p. 39-40.
65
Ibid., fol. 113-114v°, 2e ciel, 3e camp; Sefer ha-Razim I und II…, § 132-134, p. 41-42.
66
Ibid., fol. 119v°-120v°, 2e ciel, 11e camp ; Sefer ha-Razim I und II…, § 171-173,
p. 44-45 : Ad elevandum hominem in magnam altitudinem et honorem vel ad ponendum
vel convertendum ipsum in quodcunque bonum et honorem volueris. Si volueris elevare
hominem in magnam altitudinem et magnum honorem super vassalos regis vel super
domum regis vel facere ipsum majorem vel potestatem vel alcalem vel judicem vel conver-
tere hominem qui descendit de suo honore in prestinum statum et honorem, accipe oleum
et mel et farinam siliginis, et pone omnia in uno vase vitreo novo et munda te ante ab omni
pollutione. Et non comedas rem mortuam nec immundam nec venenosam et non coeas
mulieri et sis sic per septem dies. Et in septimo die pone te in rectitudine Lune, et nomi-
nabis nomina predictorum angelorum super illud oleum et mel et farinam septem vicibus.
Et dicas sic : Fundo precem meam et petitionem meam et orationem meam coram te,
Luna, qui ambulas de die et de nocte. Et tua milicia est de luce, et coram te et post te sunt
angeli benefaciendi. Conjuro te per regem, qui te extrahit et convertit et dicit, quod sicut
tu es deficiens et adimplens et revertens completa ad locum tuum, sic convertas et facias
stare talem hominem N., filium talis N., in locum suum. Et ponas eum in maximo honore
et convertas eum potentem et consiliarium, et da ei gratiam in oculis omnium videntium
eum. Et sicut tu habes honorem in mundo, sic ponas honorem de tuo honore super ipsum,
et honorent ipsum omnis filii Ade et Eve, et facias eum potentem, sicut fuit primo, et
melius, et non descendat de suo pretio unquam. Et sic facias per tres dies et postea facies
unam tortam de illa farina cum illo melle et oleo, et desicca eam in loco quem non tangat
Sol. Et in tertio die comedat ipsam antequam ascendat Sol, et sepelias vitrum in domo
sua.
67
Sur ce texte, cf. J.-P. BOUDET et J. VÉRONÈSE, « Le secret… » ; Amsterdam,
Bibliotheca Philosophica Hermetica, ms. 114 (XVe s.), p. 106-107 : Capitulum septimum
quomodo et qualiter operentur experimenta gratie et impetracionis facere proposueris…
68
Amsterdam, Bibliotheca Philosophica Hermetica, ms. 114, p. 107 : Adonay, sanc-
tissime Deus omnipotens piissime, qui es Alpha et O, per tuam misericordiam et pietatem
qui plenus es misericordie et pietatis, qui dixisti « Petite et dabitur vobis », Domine,
virtu<tem> tua<m> da, ut hoc experimentum consecratum inveniatur veniat de sancti
sede tua, Adonay, qui in isto breve virtutem ponat.
69
Forbidden Rites. À Necromancer’s Manual of the Fifteenth Century, éd. Richard
Kieckhefer, Stroud, Sutton, 1997, et University Park, Pennsylvania State University Press,
1998, p. 198 [n° 2] et surtout 203-206 [n° 4] (Magic in History) ; Munich, Bayerische
Staatsbibliothek, ms. Clm 849, fol. 11v°-13. Il s’agit de construire deux images, celle du
demandeur et celle de la cible (le roi par exemple), de les exorciser et de les lier l’une à
l’autre ; est exigée également une prière adressée à des spiritus benignissimi.
70
Sur ce texte, cf. Jean-Patrice BOUDET, Entre science et nigromance…, p. 145-148 ;
cf. Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, ms. Plut. 89 sup. 38 (fin XVe s.), fol. 211-
231v°, not. fol. 213v° : Notum sit omnibus presentem anulum habentibus quod cum omni
dilligentia, munditia, reverentia ac veneratione custodire debet (…). Si vero deferens
regalem vel imperialem curiam frequentaverit vel cujuslibet maxime auctoritatis et de
primis erit et sepissime probavimus quod gratiam preamittis obtinebit in oculis suis et
verbum suum prevalebit in omni judicio, et ministrat facundiam et dulce eloquium recor-
dationem commemorat.
71
J.-P. BOUDET, « Les who’s who démonologiques de la Renaissance et leurs ancêtres
médiévaux », dans Médiévales, n° 44, 2003, p. 117-140. Le Livre des esperitz attribue cet
office aux démons Abugor [18] et Samon [42]. Ajoutons que l’un des démons familiers
(Belsebuth) du juif converti Jean de Bari, médecin de profession, condamné au feu le
30 mars 1443, à Briançon, par le juge-mage du Briançonnais Claude Tholosan, avait pour
fonction d’attirer la faveur des princes sur son maître ; cf. Jean MARX, L’Inquisition en
Dauphiné. Étude sur le développement et la répression de l’hérésie et de la sorcellerie du
XIV s. au début du règne de François I , Paris, É. Champion, 1914 (Bibliothèque de
e er
l’École des hautes études. Sciences philologiques et historiques, 206) [réimpr. anast.,
Marseille, Laffitte, 1978], p. 45-47 et (p. j.) 218-228.
72
Ce manuscrit, découvert par Jean-Patrice Boudet en 1999, a été transcrit et étudié
par Florence Gal en vue d’une future édition critique à paraître chez La Finestra Editrice
(en collab. avec V. Perrone Compagni) ; cf. Florence GAL, La Magie dans un manuel
italien du milieu du XVe siècle, mémoire de D.E.A., Université de Paris X – Nanterre, 2002
[désormais GAL].
73
GAL, t. II, p. 27; BnF, ms. ital. 1524, fol. 77v°, § 22: Volendo fare ch’alchun prencipe
s’insonnii d’alchuna persona, ne l’hora dil Sole, in la prima faccia di Leone, sendo la Luna
in Aquario, fia l’imagine di cera virgine in nome di quel prencipe che tu vuoi, et scriveli sopra
il nome di quella persona di cui si debba insogniarsi quel prencipe, o vero in buona on in
mala parte, et fagli li caratteri di Mercurio et metteli sotto il letto a quel gran maestro, o capi-
taneo, o prencipe, o prelato, o come si vuoglia di gran dignitate; la qual imagine finché gli
starà sotto il letto a cquel signore sempre insonniarassi di quella persona. Ma mentre si fa
l’imagine, i nomi dilla Luna e di Mercurio non taciere con sufficiente conjuratione.
74
GAL, t. II, p. 40 ; BnF, ms. ital. 1524, fol. 87, § 64 : Volendo esser ben receuto et
honorato maximamente da prencipe, scrive questo psalmo Quarum dilecta [Ps 83], et
ligalo al braccio dritto, e porta teco quando vai al prencipe.
75
GAL, t. II, p. 37 ; BnF, ms. ital. 1524, fol. 85v°, § 48 : Volendo intrar in qualche
citta, o ver ad alchun prencepe, legge questo psalmo entrando Domine quis habitabit [Ps
14], et scrive l’infraposte carrateri et porta teco, e sarai ben receputo [suivent les carac-
tères magiques].
La gamme des artifices offerts par la tradition magique (au sens large)
pour être bien en cour et gagner les faveurs d’un roi ou d’un puissant est
donc, comme on le voit, très étendue, et la distinction entre magie astrale
et magie rituelle tendit à s’estomper de plus en plus au fil du temps, en
particulier au XVe siècle. Il faut toutefois, en guise de conclusion, replacer
ces experimenta dans leur contexte : la recherche du pouvoir ou de
76
GAL, t. II, p. 41 ; BnF, ms. ital. 1524, fol. 88, § 72 : Volendo da ciaschuna persona,
o maschio o femina, la gratia che tu domandi impetrar, scrive queste carratti in carta
virgine et porta la teco. L.h.con g h q g C q q h p. ; GAL, t. II, p. 163 ; BnF, ms. ital. 1524,
fol. 112v°, § 163 : Ad impetrar gratia. Scrive queste carratteri in la man sinestra e teco
porta [suivent les caractères].
77
GAL, t. II, p. 37 ; BnF, ms. ital. 1524, fol. 85, § 44 : Volendo andar avanti a qualche
gran signore o prencipe, scrive tutto questo psalmo Confiteor tibi Domine in lammia di
vitro o di ferro con le caratteri infrascritte, et poi guastale con olio rosato, et di quello
olio la tua faccia unge, et serai ben receputo [suivent les caractères]. L’onction du visage
n’est pas sans rappeler la recette du Picatrix évoquée n. 56.
78
Cf. n. 74 supra.
79
GAL, t. II, p. 98-136 ; BnF, ms. ital. 1524, fol. 138-161v°, notamment les experi-
menti § 6, 32, 33, 36, 82, 85, 109 (2), 116, 159, 172, 192 et 201. Sur l’emploi de psaumes
en contexte magique, cf. Martin MORARD, « Le Psautier enchanté. Fonctions magiques et
thérapeutiques de la psalmodie médiévale », dans Le Pouvoir des mots au Moyen Âge.
Actes du colloque international, Lyon, 22-24 juin 2009, à paraître.
80
Cf. n. 73 et 42 (Liber Lune) supra. Pour des experimenta visant à solliciter un rêve
« efficace », cf. J. VÉRONÈSE, « Le rêve sollicité. Un thème de la magie rituelle médié-
vale », dans Sociétés & Représentations, n° 23, 2007, p. 83-103.
l’amour d’un grand est loin d’être, sur le plan quantitatif, le premier
mobile de ces sources81. Autrement dit, si la magie savante tendait à
gagner au fil du temps les élites laïques, il n’y avait pas, au-delà d’entre-
prises de traduction en langues vulgaires et hormis peut-être dans le cas
de la necromantia italienne, de véritable signe d’une adaptation de ses
finalités à un public strictement curial ou aristocratique.
Julien VÉRONÈSE
81
Pour ce qui concerne la « nigromancie », cf. J.-P. BOUDET, Entre science et nigro-
mance…, p. 359-375.
PREMIÈRE PARTIE
L’ORGANISME CURIAL :
RÉGULATION, CIRCULATION DES MODÈLES, LOCALISATION
DEUXIÈME PARTIE
LA SOCIÉTÉ DE COUR : VIE, ORDRE ET CRITIQUE
TROISIÈME PARTIE
LA COUR, MODÈLE CULTUREL : PIÉTÉ, ARTS ET LITTÉRATURE
ISBN 978-2-7453-2244-9