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L'évaluation des risques consiste à identifier et classer les risques qui

peuvent se rencontrer dans l'entreprise, afin de mettre en place des


actions de prévention pertinentes, cohérentes, adaptées. Elle est
l'étape initiale de toute démarche de prévention. Une évaluation des
risques consiste en une inspection approfondie du lieu de travail en vue
d'identifier entre autres les éléments, situations et procédés qui
peuvent causer un préjudice, en particulier à des personnes.

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1.ÉVALUATION DES RISQUES…………………………………..3

2.HIERARCHIE DES MESURES DE PREVENTION ET ANALYSE DES


RISQUES…………………………………………………………….10

3.L'IMPORTANCE DE LA GESTION DES RISQUES………….11


4.LES DIFFERENTS CONCEPTS DE PREVENTION DES RISQUES
PROFESSIONNELS………………………………………………..16

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1.ÉVALUATION DES RISQUES.

En quoi consiste une évaluation des risques ?


Pourquoi une évaluation des risques est-elle si importante ?

1.1 Quel est l'objectif de l'évaluation des risques ?


L'objectif du processus d'évaluation des risques consiste à examiner les
dangers, puis à éliminer ces dangers ou à réduire le degré de risque en
ajoutant des mesures de maîtrise des risques, au besoin. Ainsi, le lieu de
travail deviendra plus sûr et plus sain.
Le but est de tenter de répondre aux questions suivantes :

a. Que peut-il arriver et dans quelles circonstances ?


b. Quelles sont les conséquences possibles ?
c. Quelle est la probabilité que les conséquences possibles se
produisent ?
d. Est-ce que le risque est maîtrisé efficacement, ou faut-il prendre
d'autres mesures ?

1.2 Quand doit-on procéder à une évaluation des risques ?


De nombreuses circonstances peuvent justifier une évaluation des risques,
notamment :

• Avant l'intégration de nouveaux processus ou activités.


• Avant l'apport de changements à des activités ou à des processus
courants, dont l'arrivée de produits, de machinerie, d'outils, de
modifications à l'équipement ou la communication de nouveaux
renseignements concernant les dangers.
• Au moment où des dangers sont relevés.

1.3 Comment planifier une évaluation des risques ?


En général, il faut déterminer :

• Quelle sera la portée de l'évaluation des risques (p. ex. les éléments
à évaluer, notamment la durée de vie du produit, les lieux physiques
où se déroulent les activités de travail ou le type de dangers en cause).
• Les ressources nécessaires (formation d'une équipe pour l'évaluation
des risques, détermination des sources de renseignements, etc.).
• Quels types de mesures serviront à l'analyse des risques (p. ex. le
degré de précision de l'échelle ou des paramètres requis pour fournir
l'évaluation la plus pertinente possible).

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• Qui sont les intervenants concernés (gestionnaires, superviseurs,
travailleurs, représentants des travailleurs, fournisseurs, etc.).
• Quels les lois, règlements, normes ou codes s'appliquent dans votre
province ou territoire et quelles sont les politiques et procédures
organisationnelles à respecter.

1.4 Comment procède-t-on à une évaluation des risques ?


Les évaluations devraient être effectuées par une personne ou une équipe
compétente ayant une bonne connaissance pratique de la situation. L'équipe
doit comprendre les superviseurs et les travailleurs touchés par le processus
en question ou elle doit pouvoir faire appel à eux, puisqu'ils connaissent bien
le processus.
En général, pour effectuer une évaluation, il faut :

• Identifier les dangers.


• Déterminer les probabilités qu'un préjudice, notamment une blessure
ou une maladie, survienne, et la gravité de ce préjudice.
o Tenir compte des conditions d’exploitation normales ainsi que
des événements inhabituels, tels que les arrêts des opérations,
les pannes d’électricité, les urgences, les conditions
météorologiques difficiles, etc.
o Tenir compte des conditions d'exploitation normales ainsi que
des événements inhabituels, tels que les arrêts des opérations,
les pannes d'électricité, les urgences, etc.
o Revoir toute l'information sur la santé et la sécurité relative à un
risque, entre autres les fiches signalétiques (FS), la
documentation des fabricants, les renseignements provenant
d'organisations dignes de confiance, les résultats des essais,
les rapports d'inspection du lieu de travail, les signalements
d'incidents (accidents), notamment les renseignements à
propos du type et de la fréquence des événements, maladies,
blessures, accidents évités de justesse, etc.
o Tenir compte des exigences législatives minimales qui
s'appliquent dans votre sphère de compétence.
• Déterminer les mesures à prendre pour éliminer le danger ou pour
maîtriser le risque au moyen de la hiérarchie des méthodes de
maîtrise des risques.
• Évaluer la situation afin de confirmer si le danger a été éliminé ou si le
risque est maîtrisé de façon appropriée.
• Surveiller la situation afin de s'assurer que les mesures de maîtrise du
risque continuent d'être efficaces.
• Conserver toute la documentation ou les registres qui peuvent être
utiles. La documentation peut inclure l'explication détaillée
du processus d'évaluation des risques, la description des évaluations
et l'explication de la façon dont les résultats ont été obtenus.

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Au moment de procéder à une évaluation des risques, il faut aussi tenir compte
de ce qui suit :

• Les méthodes et les procédures utilisées dans le traitement,


l'utilisation, la manipulation ou l'entreposage de la substance, etc.
• L'exposition réelle et potentielle des travailleurs (p. ex. combien de
travailleurs sont susceptibles d'être exposés, quelle est ou sera
l'exposition et à quelle fréquence seront-ils exposés).
• Les mesures à prendre et la marche à suivre pour limiter l'exposition
au moyen de mesures d'ingénierie, de méthodes de travail et de
pratiques d'hygiène et d'installations sanitaires.
• La durée et la fréquence de la tâche (combien de temps dure la tâche
et à quelle fréquence elle est réalisée).
• L'endroit où la tâche est réalisée.
• La machinerie, les outils, les matériaux et autres types d'équipement
utilisés dans l'exploitation et la façon de les utiliser (p. ex. l'état
physique d'un produit chimique, ou la levée de lourdes charges sur
une distance donnée).
• Toute interaction possible avec d'autres activités dans le secteur et si
la tâche peut avoir une incidence sur d'autres tâches (produits
nettoyants, visiteurs, etc.).
• La vie utile d'un produit, d'un processus ou d'un service (conception,
construction, utilisations, mise hors service, etc.).
• Les renseignements dont disposent les travailleurs et la formation
qu'ils ont reçue.
• La réaction probable d'une personne dans une situation donnée (p.
ex. la réaction la plus plausible d'une personne en cas de panne ou de
défectuosité d'une machine).

Il est important de se rappeler que l'évaluation doit tenir compte non seulement
de l'état actuel du lieu de travail, mais également de toute situation éventuelle.
En déterminant le niveau de risque associé au danger, l'employeur et le comité
de la santé et de la sécurité (le cas échéant) peuvent décider si un programme
de maîtrise des risques est nécessaire et quelle doit être sa portée.

1.5 Comment définit-on les risques ?


En règle générale, l'objectif consiste à trouver et à enregistrer les risques
éventuels qui peuvent être présents sur le lieu de travail. Il peut être préférable
de travailler en équipe formée de personnes connaissant le milieu de travail et
de gens qui ne sont pas familiers avec celui-ci.
De cette manière, on profite de l'expérience des uns tout en ayant, grâce aux
autres, un regard neuf sur la situation au cours de l'inspection. Dans les deux

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cas, la personne ou l'équipe doit avoir les compétences nécessaires pour
procéder à l'évaluation et bien connaître le danger évalué, les situations qui
pourraient survenir et les mesures de protection pertinentes contre le danger ou
le risque évalué.
Pour être certain de détecter tous les risques, il faut :

• Vérifier tous les aspects du travail.


• Tenir compte des activités inhabituelles, telles que l'entretien, la
réparation ou le nettoyage.
• Examiner les registres des accidents/incidents/quasi-accidents.
• Intégrer les personnes qui travaillent « hors site », soit à la maison, à
un autre endroit, sur la route, chez le client, etc.
• Examiner comment le travail est organisé ou effectué (tenir compte de
l'expérience des personnes qui effectuent le travail, des systèmes
utilisés, etc.).
• Vérifier les conditions inhabituelles prévisibles (p. ex. incidence
possible sur la procédure de maîtrise des risques qui pourrait la rendre
inefficace lors d'une urgence, d'une panne de courant, etc.).
• Déterminer si un produit, une machine ou un équipement peut être
modifié, de façon intentionnelle ou non (p. ex. un dispositif de
protection pouvant être retiré).
• Examiner les risques pour les visiteurs ou pour le public.
• Tenir compte du type de personnes en cause, en sachant que le degré
de risque peut différer selon qu'il s'agit de travailleurs jeunes ou
inexpérimentés, de personnes handicapées ou de nouvelles ou
futures mamans.

Il peut se révéler utile de créer un diagramme ou un tableau, comme le suivant :


Exemple d'une évaluation des risques
Tâche Danger Risque Priorité Mesure
Conducteurs travaillant Incapacité de demander de
seuls l'aide au besoin.
Conducteurs travaillant
Fatigue, courtes périodes de
parfois de longues
repos entre les quarts
heures
Livrer un Augmentation des risques de
produit à Conducteurs coincés collision
des clients dans une circulation
intense Prolongement des heures de
travail
Blessures au dos causées par
Conducteurs appelés à
le levage ou le transport de
soulever des boîtes pour
charges, les extensions
assurer une livraison
excessives, etc.

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1.6 Comment peut-on savoir si les dangers causeront des préjudices
(posent un risque) ?
Comment peut-on classer ou hiérarchiser les risques ?
Classer ou hiérarchiser les risques permet de déterminer quels sont les risques
graves qu'il faut maîtriser en premier. En général, la priorité est établie en tenant
compte de l'exposition des employés et des risques d'accident, de blessure ou
de maladie. Attribuer une priorité aux risques permet d'établir un classement ou
une liste des mesures à prendre.
Il n'y a pas de façon simple ou unique de déterminer le niveau de risque. Pas
plus qu'il n'y a de technique passe-partout s'appliquant dans toutes les
situations. L'organisation doit déterminer quelle technique conviendra le mieux
pour chaque situation. Pour classer les dangers, il faut connaître les activités
accomplies sur le lieu de travail, l'urgence des situations et surtout, faire preuve
d'un jugement objectif.
Dans le cas des situations simples ou moins complexes, une évaluation peut
consister en une discussion ou un échange d'idées fondé sur les connaissances
et l'expérience. Dans certains cas, des listes de vérification ou une matrice de
probabilités peuvent être utiles. Pour les situations plus complexes, une équipe
formée d'employés avertis qui connaissent bien le travail sera habituellement
nécessaire.
Le tableau 1 illustre en toute simplicité la relation entre la probabilité et la
gravité.

Dans cet exemple, les catégories de gravité correspondent à ce qui suit :

• Élevée : Fracture grave, empoisonnement, saignement important,


traumatisme crânien grave ou maladie mortelle.
• Moyenne : Entorse, élongation musculaire, brûlure localisée,
dermatite, asthme, blessure entraînant plusieurs jours d'absence.

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• Faible : Blessure ne nécessitant que des premiers soins ; douleur,
irritation ou étourdissement de courte durée.

Dans cet exemple, les catégories de probabilité correspondent à ce qui suit :

• Élevée : Forte possibilité de se produire une ou deux fois par année


pour une personne.
• Moyenne : Possibilité de se produire une fois tous les cinq ans pour
une personne.
• Faible : Possibilité de se produire une seule fois au cours de la carrière
d'une personne.

Les cases du tableau 1 correspondent à des cotes de risque, comme l'illustre le


tableau 2.

Ces cotes de risques sont assorties de mesures à prendre :

• Danger immédiat : Il faut interrompre le processus et mettre en place


des mesures de maîtrise des risques.
• Risque élevé : Il faut enquêter sur le processus et immédiatement
mettre en place des mesures de maîtrise des risques.
• Risque moyen : Il n'est pas nécessaire d'interrompre le processus,
mais il faut élaborer et mettre en œuvre un plan de maîtrise des
risques dès que possible.
• Faible risque : Il n'est pas nécessaire d'interrompre le processus, mais
il faut exercer une surveillance régulière. Il est aussi conseillé
d'envisager la mise en œuvre d'un plan de maîtrise des risques.
• Très faible risque : Il faut continuer de surveiller le processus.

Voyons un exemple : Pour peindre une pièce, un escabeau doit être utilisé pour
atteindre des endroits en hauteur. La personne ne se trouvera pas à plus d'un
mètre (trois pieds) du sol pendant la durée des travaux. L'équipe d'évaluation

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examiné la situation et convient que le travail avec un escabeau à un mètre de
hauteur pourrait :

• Causer une blessure de courte durée, comme une entorse ou une


élongation musculaire, si la personne tombe. Une élongation
musculaire grave pourrait exiger que la personne s'absente du travail
pendant quelques jours. Ces risques correspondent donc à une
gravité moyenne.
• Survenir une fois au cours de la carrière d'une personne puisque la
peinture ne constitue pas une activité courante dans ce type
d'organisation. Il s'agit donc d'une catégorie de probabilité faible.

Si on les compare à la grille des risques (tableau 1), ces valeurs correspondent
à un faible risque.

Au lieu de travail, on décide de mettre en place des mesures de maîtrise des


risques, notamment l'utilisation d'un tabouret à large surface qui donnera plus
de stabilité à la personne qui grimpera dessus. En outre, on a également donné
une formation à la personne sur l'importance de s'assurer que les pattes du
tabouret reposent toujours sur une surface plane. La formation prévoyait aussi
des moyens d'éviter de trop allonger le corps ou les bras pendant les travaux
de peinture.

1.7 Quelles sont les méthodes de maîtrise des risques?


Une fois que les priorités ont été établies, il est possible de déterminer des
méthodes de maîtrise pour chaque risque identifié. Ces méthodes sont
souvent regroupées dans les catégories suivantes :

• Élimination (y compris la substitution).


• Mesures d'ingénierie.
• Mesures administratives.
• Équipement de protection individuelle.

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Pourquoi est-il important d'effectuer la révision et le suivi de l'évaluation
des risques ?
Il importe de vérifier que l'évaluation des risques est complète et précise. Il est
également essentiel de voir à ce que tout changement au milieu de travail ne
pose pas de nouveaux dangers ou ne modifie pas des dangers qui avaient déjà
été jugés de priorité faible pour les faire passer à une priorité plus élevée.
Il est bon de passer en revue l'évaluation des risques régulièrement pour
confirmer l'efficacité des méthodes de maîtrise des risques.

Quels documents doivent être remplis dans le cadre d'une évaluation des
risques ?
Il est très important de tenir des registres des évaluations des risques et des
mesures de maîtrise retenues. Il peut être prescrit de conserver ces évaluations
pendant un certain nombre d'années. Vérifier quelles sont les exigences qui
s'appliquent dans votre sphère de compétence.
Les documents ou les registres à remplir dépendront du suivant :

• Le degré de risque en jeu.


• Les exigences législatives.
• Les exigences des systèmes de gestion qui peuvent être en vigueur.

Les registres doivent indiquer que la personne a :

• Effectué un bon examen des risques ;


• Déterminé les risques posés par les dangers présents ;
• Mis en œuvre des mesures de maîtrise convenant aux risques
identifiés ;
• Examiné et surveillé tous les risques présents dans le milieu de travail.

2.HIERARCHIE DES MESURES DE PREVENTION ET ANALYSE DES


RISQUES.

Sur chaque lieu de travail, il existe des risques qui peuvent mettre en péril la
sécurité et la santé de toute personne qui s’y trouve. Sur un chantier de
construction, des matériaux peuvent chuter au sol ; un bureau peut connaître
un début d’incendie ; dans les laboratoires, on manipule toutes sortes de
produits…
Il est clair que des mesures de protection s’imposent. Mais lesquelles
privilégier ?

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Lors de ce choix, il faut prêter attention à ce qu’on appelle la "hiérarchie des
mesures de prévention". Cette dernière indique quelles mesures de
prévention prendre en premier lieu. Les mesures situées plus haut dans la
hiérarchie doivent être adoptées en priorité.
Logique de la hiérarchie des mesures de prévention :

►élimination du danger : la suppression (p.ex. ne plus utiliser d’amiante) ;

►substitution du danger : le danger est remplacé par un autre danger


présentant d’autres caractéristiques, de manière à réduire le risque (p.ex.
remplacer un produit chimique dangereux par une substance moins
dangereuse) ;

►réduire les risques via le recours à des équipements de protection collective


(EPC) ;

►limiter les dommages via le recours à des équipements de protection


individuelle (EPI);

►mesures organisationnelles : formation, méthodes de travail, procédures,


surveillance préalable de la santé, permis de travail, …

►autres mesures de limitation des dommages : premiers secours, plan


d’urgence, …

►signalisation : indication du risque résiduel.

Les EPC et EPI font dès lors partie intégrante de la hiérarchie des mesures de
prévention et les EPC priment sur les EPI.
En pratique, on choisira généralement d’utiliser à la fois des EPC et des EPI en
complétant cette mesure de prévention par d’autres dispositions.
Il est par exemple logique qu’une personne travaillant en hauteur soit protégée
par des garde-corps périphériques et porte éventuellement un harnais anti-
chutes durant son travail. L’utilisation des EPC et des EPI s’avère ici
parfaitement légitime. Mais d’autres mesures de nature organisationnelle
devront également être prises : pour les zones à risques, la présence doit être
restreinte aux travailleurs nécessaires et qualifiés, des pauses doivent être
aménagées durant les heures de travail,

3.L'IMPORTANCE DE LA GESTION DES RISQUES

À moins d’exercer une excellente gestion des risques, aucune organisation n’est
à l’abri de problèmes sérieux. Les déficiences peuvent se traduire de différentes
manières, impliquant un degré de sévérité variable :

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►Les incidents :
C’est-à-dire les événements n’occasionnant pas de blessures ou de
dommages, mais qui auraient pu entraîner de graves conséquences. Par
exemple : une décharge électrique, la rupture d’un câble causant la chute d’un
chargement dans une voie de circulation, une personne qui trébuche sur un
obstacle sans se blesser (« un passé proche »), un moteur qui fait des étincelles
dans un lieu où la présence de gaz inflammables est possible.
►Les accidents :
C’est-à-dire les événements occasionnant des blessures ou des dommages
mineurs ou assez importants pour notamment interrompre les opérations. Par
exemple : un incendie affectant momentanément la chaîne de production,
l’écoulement d’une substance toxique dans un cours d’eau, un poignet fracturé
à la suite d'une chute
►Les accidents graves : c’est-à-dire les événements occasionnant des
blessures ou des dommages importants ou ayant des conséquences mortelles
ou irréversibles. Par exemple : l’effondrement d’un ouvrage en construction, des
brûlures causées par la fuite d’un produit chimique, la chute mortelle d’un
travailleur.
►Les désastres : heureusement plus rares, ces événements dramatiques ont
des conséquences qui dépassent souvent l’échelle de l’entreprise. Par exemple
: explosion entraînant des décès, incendie, fuite majeure d’une substance
toxique, fuite de laboratoire, etc.

Alors, quel niveau d’incident est acceptable et quel niveau ne l’est pas ? Est-ce
possible d’accepter les incidents mineurs sans accepter les événements
majeurs ? Les événements majeurs sont bien moins fréquents que les incidents.
La probabilité qu’un événement majeur arrive est effectivement généralement
moins grande, mais cela signifie-t-il qu’un désastre pourrait survenir demain, la
semaine prochaine, l’an prochain ou ne se produira-t-il jamais ? Impossible de
le savoir.

Les causes fondamentales d’un événement majeur ne diffèrent pas


nécessairement de celles entraînant un incident. Plus le nombre d’incidents est
élevé, plus la probabilité qu’un accident survienne est élevée. C’est ce qu’illustre
la pyramide de Bird *. Voilà pourquoi on doit viser à réduire l’ensemble des
incidents et des accidents dans une organisation.

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Figure 1 - Pyramide de Bird

Plusieurs facteurs peuvent contribuer au risque

L’analyse d’un certain nombre d’événements permet de tirer des leçons sur
leurs causes fondamentales et leur prévisibilité. Pourtant, si les causes
fondamentales d’événements – petits et grands – sont prévisibles, leurs
conséquences sont, quant à elles, plus difficiles à prévoir. Effectivement, tout
événement qui entraîne des pertes (blessures ou dommages) est le produit de
plusieurs facteurs contributifs qui sont bien souvent variables.

Prenons un exemple simple : un chauffeur conduit trop vite, freine brusquement


à un coin de rue et son véhicule dérape dans le milieu de la chaussée. Quelles
sont les conséquences potentielles ?

• Il peut ne rien se produire : la voie opposée est libre et le chauffeur réussit


à ramener le véhicule du bon côté de la rue sans qu’un accident
survienne, sans subir de blessure ou causer de dommage au véhicule.
• Une autre possibilité est qu’un camion-citerne circule dans la voie
opposée et que le chauffeur de la voiture est tué.

Toute une gamme de conséquences peut être imaginée entre ces deux
extrêmes. Les conséquences sont imprévisibles, car elles dépendent des
circonstances au moment de l’événement : les « facteurs contributifs »,
notamment :

1. La vitesse du véhicule

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2. Les conditions de la route
3. Le degré de la courbe
4. Les réflexes du chauffeur
5. La présence ou l’absence d’obstacles le long de la route ou de
véhicules dans la voie opposée, etc.

Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive. Pensez à la nature et à la variabilité
de ces facteurs contributifs. Quelques-uns sont des conditions (le deuxième, le
troisième et le cinquième) et d’autres sont des actes. Tous, sauf le troisième,
sont variables. Il faut comprendre qu’il y a plusieurs combinaisons de ces
circonstances dont seulement quelques-unes résulteront en des conséquences
sérieuses :

Figure 2 - Facteurs contributifs, coïncidence, conséquences

Si les conséquences sérieuses sont inacceptables, comment les éviter ? Voici


deux façons de le faire :

►En acceptant les facteurs contributifs (et l’incident qui pourrait en résulter) et
en prenant des dispositions pour en minimiser les conséquences
►En éliminant suffisamment de facteurs contributifs pour éviter que l’accident
ne se produise

-La première façon (minimiser les conséquences) n’est peut-être pas


toujours et peut s’avérer coûteuse. Dans le pire cas de l’exemple précédent,

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pour éviter les blessures sérieuses, la conception d’un véhicule à l’épreuve des
dommages serait nécessaire, mais serait déraisonnablement dispendieux.

-La deuxième façon (influencer les facteurs contributifs) soulève une autre
question : Quels facteurs contributifs sont contrôlables et lesquels ne le sont
pas ? Dans l’exemple précédent, il y a deux facteurs contrôlables – la vitesse
de la voiture et la réaction du chauffeur – les deux sont reliés au comportement
du chauffeur. L’amélioration du comportement (par exemple, par la formation
en conduite prudente, par les lois contrôlant l’usage de l’alcool au volant et par
la bonne construction des routes) diminue d’une façon significative les risques
d’accident pour des dépenses assez faibles.

Comment briser cette chaîne d’événements qui conduit à la catastrophe ? Il faut


agir sur plusieurs fronts, principalement par la PRÉVENTION (incluant la
neutralisation de la cause fondamentale) et l’INTERVENTION pour réduire les
dommages en cas d’accident, deux des principaux composants d’un système
de gestion des risques.

Regardons l’exemple précédent d’une façon légèrement différente. Un


graphique de ce dérapage en fonction du temps, peut ressembler à la figure 3
:

Figure 3 - Coïncidence des facteurs aggravants

Ce graphique indique que plus le nombre de facteurs contributifs survenant au


même moment est important, plus la gravité de l’accident pouvant se produire
est élevée.

Prédire la fréquence à laquelle un tel événement peut se produire peut s’avérer


difficile. Toutefois, si des données basées sur l’expérience ou des incidents qui
se sont produits dans le passé existent, cette fréquence peut être estimée.

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4.LES DIFFERENTS CONCEPTS DE PREVENTION DES RISQUES
PROFESSIONNELS.

Une prévention efficace des risques professionnels doit donc


nécessairement prendre en compte le facteur humain et ne pas se borner
à l'analyse de prévention technique et organisationnelle et à la mise en
œuvre des mesures qui en découlent.

La prévention concerne l'ensemble des mesures pour prévenir un risque,


c'est-à-dire pour l'empêcher totalement de survenir, ou, à défaut, pour éviter
ses conséquences ou en réduire les effets ou la fréquence.
La prévention des risques professionnels regroupe les actions collectives ou
individuelles qui évitent l'apparition d'un danger lié au travail effectué ou à son
environnement, ou en diminue les impacts.

Un accident ou une maladie professionnelle résulte toujours de causes liées à


des facteurs de risques techniques, humains, organisationnels ou de
l'incidence conjointe de ces facteurs souvent multiples et interdépendants. La
prévention doit s'intéresser à tous ces facteurs pouvant être mis en cause
dans la genèse d'un accident de travail ou d'une maladie professionnelle : il
s'agit de les analyser pour déceler l'importance de leurs effets isolés ou
conjugués, et trouver des mesures et moyens pour les éradiquer si possible,
sinon les rendre moins influents.

La prévention des risques professionnels a pour but d'identifier et de modifier


les facteurs de risque, avant l'accident mais aussi après, pour éviter les
récidives en en tirant tous les enseignements, grâce aux retours d'expérience.
Mais, la prévention des risques professionnels ne se résume pas à l'ensemble
de mesures à prendre pour éviter qu'une situation de travail ne se dégrade au
point qu'un accident ou une maladie ne survienne.

C'est aussi une attitude : par exemple, le comportement individuel


(méconnaissance ou négligence) a parfois autant d'importance que la
stratégie et les moyens de prévention et l’implication des employés et de leurs
instances représentatives, leur culture sécuritaire, obtenue et renforcée par la
sensibilisation aux risques, l'information et la formation, est fondamentale pour
lutter efficacement contre les facteurs de risque.

Une prévention efficace des risques professionnels doit donc nécessairement


prendre en compte le facteur humain et ne pas se borner à l'analyse de
prévention technique et organisationnelle et à la mise en œuvre des mesures
qui en découlent.

4.1Définitions des concepts de risque professionnel

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Le risque professionnel est une éventualité permanente de toutes les situations
de travail, plus ou moins probable et dommageable selon la nature du travail et
les conditions dans lesquelles l'activité professionnelle est exercée. Les
conséquences éventuelles du risque professionnel peuvent revêtir deux
formes : l''accident du travail (AT) ou la maladie professionnelle (MP).

■Le risque professionnel (ou phénomène dangereux)


C'est la cause capable de provoquer une lésion ou une atteinte à la santé. Les
risques sont évalués selon deux critères : probabilité de l'évènement non
souhaité et gravité du dommage causé, par son intensité et/ou son étendue
(matrice carrée « aléa * enjeu »). Les causes professionnelles sont très diverses
et peuvent être relatives à une énergie mal maitrisée (mécanique, électrique,
thermique …), des chutes de hauteur, des postures contraignantes, l'utilisation
de produits chimiques, des contraintes psychologiques… Le risque global d'une
situation de travail donnée est la sommation de toutes les conséquences des
événements non souhaités qu'elle est susceptible d'engendrer, affectées de leur
probabilité.

Les risques peuvent être classés selon qu'ils sont :


• Mécaniques : heurts par les parties mobiles en mouvement des machines,
écrasement par des chutes d'objets ou des véhicules, coupures et
perforations par les outils de travail, projections de particules solides (copeaux
de métal, de bois, de roche) ou de matière incandescente, contraintes
posturales et visuelles et gestes répétitifs …
• Physiques : vibrations produites par les engins, niveau sonore trop élevé,
température trop forte ou trop basse, intempéries pour les travaux extérieurs
(humidité, vent…), niveau d'éclairement, qualité de l'air sur le lieu de travail
(poussières …), courant électrique, incendie et explosion, différentiel de
niveaux …
• Chimiques : exposition à des substances chimiques par inhalation, ingestion
ou contact cutané, produits gazeux, liquides ou solides, cancérigènes,
mutagènes, toxiques, corrosifs, irritants, allergisants…
• Biologiques : exposition à des agents infectieux (bactériens, parasitaires,
viraux, fongiques) et allergisants par piqûre, morsure, inhalation, voie cutanéo-
muqueuse …
• Radiologiques : existence de radiations ionisantes et radioéléments, de
rayonnements laser, de radiations UV et IR, rayonnements
électromagnétiques divers…
• Psychologiques : agression physique ou verbale sur le lieu de travail par un
client /élève/patient, harcèlement moral ou sexuel par un supérieur
hiérarchique, stress managérial, charges mentales excessives (travail
permanent sur écran …) …

■L'accident du travail

L'accident de travail un événement non souhaité et inopiné provoqué lors


d'une tâche prescrite, c'est-à-dire survenu dans le cours et par le fait de

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l'exécution du contrat de travail, et qui produit un dommage corporel e
(exemples : brûlure, électrisation, lombalgie, fracture d'un membre, …).

■La maladie professionnelle

Il s'agit d'affections diverses (respiratoires, cutanées ou lésions


ostéoarticulaires le plus souvent), survenant du fait de la tâche elle-même ou
des conditions dans lesquelles s'exerce l'activité professionnelle : maladies
infectieuses (hépatites, tétanos…), troubles musculosquelettiques (syndrome
carpien, tendinites, cervicalgies, …), surdité, dermatoses, allergies et cancers
professionnels etc.…
Une maladie est professionnelle si elle est la conséquence directe de
l'exposition plus ou moins prolongée et/ou répétée d'un travailleur, ayant un
rapport causal déterminant sur la survenue de la maladie.

■Le danger professionnel

Un danger professionnel est la capacité intrinsèque d'un produit, machine,


équipement, procédé ou méthode de travail, ..., d'avoir des conséquences
néfastes du fait de son utilisation ou de sa mise en œuvre, pour la santé et la
sécurité des travailleurs.

■Les facteurs de risque professionnel

Un facteur de risque est un élément qui peut révéler le danger et entraine la


survenue du risque. Le facteur de risque augmente la probabilité du
dommage, c'est-à-dire celle de la concrétisation du risque. Il y a facteurs
techniques, humains, et des facteurs organisationnels
• Facteurs techniques : normes de sécurité des machines, ergonomie du
poste de travail, toxicité des produits utilisés, ventilation et éclairage des
locaux, signalisation et balisage des zones à risques …
• Facteurs humains : information, formation et expérience des travailleurs,
respect des consignes de sécurité ...
• Facteurs organisationnels : méthodes de management, exigences de
productivité et de qualité…
Les facteurs de risque sont collectifs (ils concernent tous les travailleurs
exposés) ou individuels (aspects comportementaux ou médicaux, comme
l'acuité visuelle, la sensibilité allergique …).

■La prévention : Action visant à diminuer la fréquence du risque.

C'est une attitude et/ou l'ensemble de mesures à prendre consistant à limiter


le risque professionnel, visant à prévenir ce risque en annulant ou en
diminuant la probabilité d'occurrence du phénomène dangereux.

La prévention consiste donc d'abord à essayer de prévoir les facteurs pouvant


conduire à l'accident. Lorsqu'un accident se produit, il faut analyser ces
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facteurs (arbre des causes) afin d'éviter qu'un accident similaire ne se
reproduise (capitalisation de l'expérience).
Les mesures de prévention sont les moyens qui éliminent un phénomène
dangereux ou réduit un risque.
Le risque résiduel est le risque qui subsiste après que des mesures de
prévention ont été prises.

Ce risque résiduel doit être comparé au risque acceptable, notion


qui comporte des dimensions économiques, sociales et psychologiques :
l'acceptabilité des risques est une notion subjective qui dépend du contexte
socio-économique, de la culture et d'attitudes propres (aversion au risque) du
ou des décideurs et évolue dans le temps.

■La protection : Action visant à diminuer la gravité du risque

La protection regroupe l'ensemble des mesures visant à limiter l'étendue ou/et


la gravité des conséquences d'un phénomène dangereux, sans en modifier la
probabilité d'occurrence (par exemple, les équipements de protection
individuelle).

■La précaution

Elle s'applique à des situations de risque émergent où les données


scientifiques manquent pour qualifier la gravité ou la nature du danger, sa
probabilité d'occurrence, lorsqu'on ne dispose pas de statistiques
d'événements non souhaités suffisantes ou de modèles d'explication de cause
à effet fiables (par exemple pour des produits chimiques ou des procédés
nouveaux).

Les degrés d'exposition, les conséquences dommageables sont dans ce cas


très incertains, la croyance supplante la connaissance, et la méconnaissance
dans ce type de risque influe à la fois sur la perception de sa probabilité et de
sa gravité : il n'y a alors généralement pas de consensus sur la notion même
de danger ou de risque, être grave pour certains ou de peu d'importance ou
même fantasmé pour d'autres (par exemple les OGM, les ondes
électromagnétiques…), ce qui rend les mesures de prévention difficiles à
décider et à mettre en œuvre.

■La criticité

La représentation traditionnelle du risque identifie les sources de dangers et


les classe en fonction de leur fréquence (probabilité) et de leur gravité
(conséquences), à l'aide d'une matrice à deux dimensions.

Ces critères « fréquence et gravité » sont souvent évalués chacun sur une
échelle de 1 à 4, qui multipliés, donnent un niveau de criticité (chiffre allant

19
donc de 1 à 16), ce qui permet de classifier et attribuer une priorité de
traitement du risque. La fréquence dépend, entre autres éléments, de la durée
d'exposition au risque, qui entraîne une probabilité d'apparition d'un dommage
généralement croissante avec elle.

La gravité dépend de la nature des lésions corporelles et du nombre de


personnes subissant le dommage.

Exemples de Fréquence (F)


Exposition facile et constante avec le risque et/ou de longue durée : Très
probable, F = 4
Exposition assez facile avec le risque et fréquente (1 fois/jour) et/ou de longue
durée : Probable, F = 3
Exposition difficile avec le risque et rare (1 fois/semaine) et/ou de courte
durée : Peu probable, F = 2
Exposition très difficile avec le risque et très rare (1 fois/mois) et/ou de courte
durée : Très peu probable, F = 1

Exemples de Gravité (G)


Dommages mortels et /ou pouvant handicaper de très nombreux travailleurs
(>10) : Très grave, G = 4
Dommages irréversibles (handicap) et/ou pouvant entrainer de nombreux
arrêts de travail (>10) : Grave, G = 3
Dommages réversibles (simples arrêts de travail peu nombreux <10) : Peu
grave, G = 2
Dommages corporels minimes, n'entrainant pas d'arrêts de travail : Très peu
grave, G = 1

Exemples de Niveau de Criticité (C = F * G)


C = 1 : Risque minime, des actions d'information et de simples équipements
de protection peuvent suffire.
C =16 : Risque majeur, des actions lourdes sont impératives, une complète
réorganisation des conditions de production et de travail et une longue
formation du personnel.

Toutefois, cette approche est un peu réductrice : d'une part, les composantes
« fréquence » et « gravité » ne sont pas nécessairement indépendantes, ce qui
peut fausser les résultats du calcul du niveau de criticité de certains risques par
rapport à d'autres, mais surtout, cette méthode ignore la composante liée à la
perception du risque.

En effet, ces notions de fréquence d'occurrence et de gravité peuvent rarement


être déterminées de façon absolument certaine : alors, d'autres variables de
dimensions psychosociologiques ou cognitives entrent en jeu et sont par
conséquent susceptibles d'influencer la valeur attribuée à ces deux critères
constitutifs de la démarche d'évaluation des risques.

20
De plus, cela dépend des connaissances, du relationnel et du vécu de chacun.
Il s'ensuit des erreurs relatives à la fréquence ou à la gravité des risques et de
leurs conséquences immédiates ou différées, soit à la dénégation, le
refoulement collectif du danger, ou au contraire, au catastrophisme exagéré,
mobilisant inutilement et indument les ressources.

Par ailleurs, le même niveau de criticité peut être le fait de situations totalement
différentes : fréquence élevée et faible gravité ou fréquence très faible et très
forte gravité. Dans ces cas assez répandus, la perception de la catastrophe
possible mais rarissime peut entrainer une focalisation des moyens sur cette
situation potentiellement gravissime en négligeant tout le reste qui a pourtant
un impact global identique.

4.2 Les classifications de la prévention des risques professionnels

On distingue la prévention liée au type des actions entreprises (prévention


primaire, secondaire ou tertiaire), celle liée à la population
concernée (prévention collective ou individuelle), celle liée aux méthodes
utilisées (technique, médicale, psychologique, légale), toutes ces approches
pouvant se combiner.

Classification selon le type des actions entreprises

Le risque étant la combinaison de la probabilité et des conséquences de la


survenance d'un événement dangereux, pour réduire un risque, deux options
sont possibles : agir sur sa probabilité d'occurrence (en la diminuant par des
mesures de prévention, prévention primaire) ou sur sa gravité (en mettant en
place des systèmes de protection destinés à éviter ou réduire les
conséquences, prévention secondaire et tertiaire).

Dans la prévention primaire, on cherche à éviter l'apparition d'un risque, dans


la prévention secondaire, on accepte l'apparition d'un risque mais on évite la
création d'un dommage, dans la prévention tertiaire, on accepte l'existence d'un
dommage mais on cherche à le neutraliser ou éviter un dommage ultérieur.

La prévention primaire : éviter la survenue d'un risque, consiste à en


supprimer les causes (par exemple éviter l'exposition des travailleurs à des
agents allergènes), à promouvoir un environnement professionnel non
accidentogène, à agir sur les facteurs de risque avant l'accident.

La prévention secondaire : éviter des dommages, détecter au plus tôt


(dépistage) et intervention d'évitement (par exemple l'identification des
travailleurs souffrant d'allergies professionnelles et le retirement de l'exposition
afin de prévenir une maladie chronique).

21
La prévention tertiaire : limiter les dommages, éviter la survenue de
complications, les séquelles, les récidives, les incapacités professionnelles et
favoriser la réinsertion (par exemple, par des solutions techniques
d'aménagement ergonomique du poste de travail).

Classification selon la population concernée

La prévention collective cherche à protéger tous les travailleurs en contact


avec un danger potentiel de manière régulière ou occasionnelle, en
supprimant ou en réduisant les situations dangereuses pour tout un atelier,
chantier … (exemples : isolation phonique des locaux, aspiration des fumées
et/ou vapeurs nocives à la source, système de ventilation…).

La prévention individuelle cherche à protéger uniquement l'opérateur par


des équipements de protection (exemples : harnais, casque, masque
respiratoire,…) mais aussi des obligations (vaccination obligatoire...)
La protection individuelle est mise en place lorsque les mesures d'élimination
ou de réduction des risques par la prévention collective sont insuffisantes ou
impossibles à mettre en œuvre.
En effet, la protection individuelle est parfois la seule possible, comme dans
certaines opérations d'entretien, de maintenance ou d'intervention d'urgence.

Classification selon les méthodes utilisées

La prévention technique utilise des mesures de sécurité intrinsèque aux


locaux et équipements de travail, et des techniques de protection intégrées aux
machines ou procédés de fabrication. Elle comprend des mesures techniques
concernant la conception des situations de travail, des équipements et des
outils, des actions techniques de limitation des expositions. (Exemples :
aménagement des voies de circulation, ergonomie du poste de travail, capotage
d'une machine bruyante…).

La prévention intégrée est la prévention de conception technique qui supprime


l'existence du risque en installant dès la conception des dispositifs de
protection et de sécurité, par exemple sur les machines dangereuses.

La prévention médicale vise à s'assurer l'aptitude physique et psychique du


travailleur pour le poste considéré et à cette fin, recherche les contre-indications
au poste de travail et vérifie l'aptitude par des examens spécifiques selon
l'activité professionnelle envisagée.

Elle organise la surveillance médicale, par le médecin du travail (interrogatoires,


bilans sanguins, radiologie…), périodique et obligatoire pendant toute la période

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d'activité de l'employé, et a pour objectif de dépister une pathologie d'origine
professionnelle (par exemple due aux solvants, bruit, vibrations…).

Par ailleurs, la médecine du travail est en charge d'actions de prévention comme


les études de postes, mesures des expositions, études de séroprévalence,
promotion des règles d'hygiène....

La prévention psychologique vise à réduire ou éliminer la présence d'agents


psychosociaux pathogènes en milieu de travail, en promouvant une
organisation, un management, des horaires et conditions de travail favorables
et capables de prévenir les pathologies dues au stress, au harcèlement, à la
charge mentale excessive, à augmenter les capacités de coping (faire face) des
employés à la violence des clients, …

Par ailleurs, la prévention psychologique cherche à maitriser les risques


comportementaux individuels en faisant prendre conscience aux travailleurs de
l'existence des dangers encourus en cas de manquement aux règles de
sécurité, par des campagnes d'information, des consignes de sécurité et
formation à l'embauche…

La prévention légale vise, par des textes réglementaires, à obliger les


employeurs et les travailleurs sous peine de sanctions, à appliquer les mesures
d'Hygiène et de Sécurité nécessaires pour la prévention des risques
professionnels. Par exemple, le Document Unique de Sécurité est la
transposition obligatoire, par écrit, de l'évaluation des risques, imposée à tout
employeur par le Code du Travail. Il permet de recenser, lister et hiérarchiser
tous les risques potentiels au sein d'un établissement.

4.3Les stratégies, plans et campagnes de prévention des risques


professionnels.

En théorie et en résumé, les stratégies de prévention des risques


professionnels consistent à trouver les solutions optimales d'allocation des
ressources dédiées à la sécurité et à l'amélioration des conditions de travail,
en vue de minimiser le niveau de criticité global ou déterminer l'investissement
minimal, en mesures de prévention et de protection, nécessaire pour atteindre
un niveau de risque acceptable.

Cela conduit à un plan de prévention global, optimisant le rapport


cout/efficacité des mesures préventives, qui comprend notamment :

• Les résultats de l'identification des dangers et des évènements


déclencheurs et la définition, la détermination et l'évaluation des risques
(fréquence, gravité) et leur hiérarchisation ;

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• Les mesures de prévention techniques, psychologiques, médicales …à
établir pour éviter ou limiter le dommage ;
• Les objectifs prioritaires à atteindre, les délais prévus et les
responsables de réalisation ;
• Les activités à effectuer et les missions à accomplir afin d'atteindre ces
objectifs ;
• Les moyens organisationnels, matériels et financiers à affecter ;
• Les modalités de suivi, de vérification que la mise en œuvre des
mesures correspond bien aux objectifs de prévention planifiés.

La planification des actions de prévention des risques professionnels est l'affaire


du DRH, du service de médecine du travail, des préventeurs, du CHSCT, des
managers qui auront à la mettre en œuvre, mais il faut aussi fortement impliquer
dans le processus le personnel et ses instances représentatives de manière à
ce qu'ils adhérent aux axes d'actions prioritaires retenus, et en partagent les
objectifs qui doivent être clairs et mobilisateurs.

Enfin, pour les plans de prévention d'envergure, il convient de mettre en place


un dispositif de communication permettant, tout au long du projet, aux acteurs
de l'entreprise de comprendre et d'accepter les changements à venir, ainsi que
d'être informé sur l'avancement du projet. Cette campagne de prévention doit
au début diffuser des messages simples et présenter les objectifs, les raisons,
les enjeux du projet et ses grands traits afin qu'ils soient compris par tous. Au
cours de la mise en œuvre du plan de prévention, la communication doit aborder
les détails, mais seulement déclinés par secteurs et niveaux de responsabilité.

La stratégie de prévention primaire, combattre les risques à la source, est a


priori plus efficace que celle de la prévention secondaire : en agissant sur les
causes, elle a un impact radical et durable.
Toutefois, cela suppose :
o Une connaissance approfondie des facteurs de risque :
informations statistiques et données factuelles de retour
d'expérience. Plus ces données sont lacunaires, parcellaires et peu
fiables, plus les décisions de prévention primaire des risques sont
arbitraires et inefficaces.
o Que le risque soit causé par un déterminant modifiable
techniquement (pour un produit cancérogène, y a-t-il un produit de
substitution ?).
o Que l'effort économique soit supportable, d'autant que les coûts
initiaux de prévention primaire sont souvent élevés et certains, les
bénéfices souvent tardifs et incertains.

Les risques ne peuvent être évités ou suffisamment limités par des moyens
techniques de protection collective ou par des mesures, des méthodes ou
procédés d'organisation du travail (par exemple, travail à l'extérieur dans une

24
exploitation forestière, intervention dans un environnement toxique ou
contaminé, …).

La stratégie de prévention collective est a priori plus efficace que celle de la


prévention individuelle, car c'est celle qui limite le risque qu'il y ait le plus de
victimes et dépend peu du comportement de chacun. Pourtant, le comportement
individuel peut parfois mettre en échec la stratégie de prévention collective : les
comportements à risque des travailleurs sont à la source d'accidents, même si
le poste de travail possède des dispositifs de sécurité intrinsèque (déconnectés
car jugés gênants …) et malgré de bonnes conditions de travail.

Les équipements de protection individuelle doivent être utilisés quand les


autres moyens employés pour réduire le risque s'avèrent insuffisants ou
impossibles à mettre en œuvre.

En effet, prendre des mesures collectives par priorité à des mesures de


protection individuelle n'est pas réalisable ou suffisant dans certains cas :
o La protection collective n'est pas nécessairement infaillible
(dysfonctionnement…), ce qui sera dangereux pour les
travailleurs très exposés,
o La protection collective est inopérante lors de certaines
opérations de maintenance ou d'essais qui s'effectuent hors du
fonctionnement normal et sont soumises à de nombreux aléas ou
situations inhabituelles.
o
Une stratégie de prévention psychologique doit se mettre en œuvre de façon
volontariste. Une prévention légale constamment renforcée, une prévention
technique en constante amélioration grâce à des dispositifs de sécurité
collective mieux conçus, une protection individuelle plus efficace avec des
équipements toujours mieux adaptés, ont permis d'assurer une baisse
constante de la fréquence des accidents du travail et de leur gravité, mais on
assiste à un plafonnement des performances en matière de sécurité au travail :
une prévention efficace des risques professionnels doit nécessairement prendre
en compte le facteur humain et cet aspect n'est pas toujours suffisamment
considéré par les préventeurs ;

L’analyse comportementale est négligée souvent au profit de l'analyse de


prévention technique traditionnelle.

Pourtant, l'implication des employés est à la base de la culture sécuritaire : Les


« erreurs humaines » sont souvent révélées lors des expertises des accidents,
ce qui confirme la nécessité d’une meilleure prise en compte des aspects
comportementaux dans la stratégie globale de prévention : cela vise à créer une
culture de sécurité, en identifiant les comportements à risque les plus
fréquemment adoptés par les employés, en développant leur formation, leur

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sensibilisation, leur responsabilisation et leur implication lors des observations
et des feedback.
Par ailleurs, dans un monde en pleine mutation et dans un contexte de
compétition économique exacerbée, aux astreintes physiques traditionnelles se
sont progressivement substituées des contraintes psychologiques.

En effet, à mesure de la tertiarisation de l'économie ou les taches intellectuelles


et relationnelles deviennent primordiales, les problèmes de souffrance
psychologique au travail (stress) apparaissent de plus en plus souvent, ce qui
nécessite la mise en œuvre d'une stratégie de prévention psychologique et de
moyens de prévention nouveaux.
Enfin, au-delà de son impact sur la réduction des risques professionnels, une
amélioration des conditions de travail est un facteur de motivation et de
fidélisation du personnel car elle peut être perçue comme une reconnaissance.

De mauvaises conditions de travail sont des facteurs de démobilisation, car


alors l'entreprise apparaît comme méprisant les besoins fondamentaux de
sécurité. Pour avoir des salariés fidèles, il est donc important d'examiner
attentivement les conditions de travail qui peuvent nuire à leur motivation.

Cette fidélisation des employés est rendue particulièrement nécessaire quand


le marché de l'emploi est en pénurie pour certains métiers, souvent précisément
ceux les plus dangereux.

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