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UNIVERSITÉ MARIEN NGOUABI

FACULTÉ DES LETTRES, ARTS ET SCIENCES HUMAINES

Année académique : 2019-2020 N° d’ordre : 3547

THÈSE
Pour l’obtention du diplôme de Doctorat
Domaine : Sciences humaines
Formation Doctorale : Géographie
Parcours / Option : Géographie physique
Spécialité : Biogéographie

Présentée et soutenue publiquement


par

GOMA BOUMBA Hugues Bruno


Titulaire du Diplôme d’Études Approfondies (DEA) de Biogéographie
le 25 novembre 2009

Thème

CARACTÉRISATION ET SUIVI DU COUVERT VÉGÉTAL


DE LA RÉSERVE DE CHASSE DE LA LÉFINI
Directeur de thèse
SAMBA-KIMBATA Marie Joseph, Professeur titulaire CAMES, Université Marien NGOUABI (Congo)

JURY

Président : Fidèle MIALOUNDAMA, Professeur émérite CAMES, Université Marien NGOUABI (Congo)
Rapporteur externe : Vincent O. A. OREKAN, Professeur titulaire CAMES, Université d’Abomey-Calavi (Bénin)
Rapporteur interne : Lambert MOUNDZEO, Maître de recherche CAMES, Institut National de la Recherche Agronomique (Congo)
Examinateur : Jean Marie MOUTSAMBOTE, Maître de Conférences CAMES, Université Marien NGOUABI (Congo)
Directeur de thèse : Marie Joseph SAMBA-KIMBATA, Professeur titulaire CAMES, Université Marien NGOUABI (Congo)

Thèse soutenue le 27 novembre 2020 à Brazzaville, en République du Congo


Mention : Très honorable avec félicitations du jury
SOMMAIRE
Sigles et abréviations ........................................................................................................................... 2
Résumé ................................................................................................................................................... 5
Summary ................................................................................................................................................ 6
Dédicace…………………………………………………………………………………………………7

Remerciements…………………………………………………………………………………………..8

Introduction générale………………………………………………………………………………...11
Première partie: Cadre théorique et approche méthodologique…………………………………..15

Chapitre I : Problématique, questions de recherche et clarification des concepts ................................. 16


Chapitre II : Approche méthodologique ................................................................................................ 30
Deuxieme Partie : Contexte de la conservation de la biodiversité au Congo et présentation de la
zone d’étude ......................................................................................................................................... 66
Chapitre III : Contexte de la conservation de la biodiversité au Congo ................................................ 67
Chapitre IV: Présentation de la zone d’étude ........................................................................................ 87
Troisieme Partie : Caractérisation, évolution et déterminants du couvert végétal…………….. 131
Chapitre V : Caractérisation des formations végétales....................................................................... 132
Chapitre VI: Dynamique et déterminants de régression du couvert végétal……………………..…..155

Chapitre VII: Discussion des résultats ................................................................................................ 190


Conclusion générale et perpectives ..................................................................................................... 213
Références bibliographiques ............................................................................................................... 222
Liste des figures .................................................................................................................................. 237
Liste des tableaux ................................................................................................................................ 238
Liste des planches et photos ................................................................................................................ 239
Liste des annexes ................................................................................................................................. 239
Annexes………………………………………………………………………………………………240

1
SIGLES ET ABREVIATIONS
ACFAP : Agence Congolaise de la Faune et des Aires Protégées
AFD : Agence Française de Développement
CEAC : Communanté Economique des Etats d’Afrique Centrale
CERVE : Centre d’Etudes sur les Ressources Végétales
CRTH : Centre de Recherche sur les Tropiques Humides
CIRAD : Coopération internationale en Recherche agronomique pour le développement
CN : Compte Numérique
CNIAF : Centre National d’Inventaire et d’Aménagement des Ressources Forestières
et Fauniques
CN-REDD : Coordination Nationale–Réduction des Emissions liées à la Déforestation
et à la Dégradation des forêts
COMIFAC : Commission des Forêts d’Afrique centrale
Dhp: Diamètre à hauteur de poitrine
DN: Digital Number (valeur de pixel)
ECOFAC:Ecosystèmes Forestiers d’Afrique Centrale
ETM+: Enhanced Thematic Mapper Plus
ETP : Evapotranspiration Potentielle
ETR : Evapotranspiration Réelle
FACET : Forêt d’Afrique Centrale Evaluée par Télédétection
FAO : United Nations Food and Agriculture Organization (Organisation des Nations
Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture)
FCFP : Forest Carbon Partnership Fund (Fonds de Partenariat pour le Carbone
Forestier)
FEM:Fonds pour l’Environnement Mondial (Fonds pour l’Environnement Mondial)
FFBC : Congo Basin Forest Fund (Fonds Forestier du Bassin du Congo)
FSC: Forest Stewardship Council (Bureau Veritas Certification)
GAF: Bureau de Consultation en Géo Information, Munich, Allemagne
GEF- Congo: Global Environment Facility
GFC: Global Forest Change (Changement Global de Forêt)
GPS:Global Positioning System (Système de Positionnement Glogal)
HELP : Habitat Ecologique pour la Liberté des Primates
2
IB: Indice de Brillance
IFN:Inventaire Forestier National
IGN : Institue Géographique National du Congo
INRA : Institut National de la Recherche Agronomique
IRSEN: Institut National de Recherche en Sciences Exactes et Naturelles
Landsat ETM+: Land Satellite Thematic Maper
MATDGT : Ministère de l’Aménagement du Territoire et à la Délégation aux Grands
Travaux
MEF : Ministère de l’Economie Forestière
OLI : Opérationnel Land Imager
ONG : Organisation non gouvernementale
ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique et Technique d’Outre-Mer,
actuellement Institut de Recheche pour le Développement (IRD)
OSFAC : Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale
PACEBCo : Programme d’Appui à la Conservation des Ecosystèmes du Bassin du
Congo
PACO : Programme Afrique Centrale et Occidentale
PAF : Plan d’Aménagement Forestier
PFNL : Produit Forestier Non Ligneux
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PRE : Programme de Réduction des Émissions
NDVI : Standardized Differential Incex of Vegetation (Indice Différentiel Normalisé
de Végétation)
NOAA: National and Oceanic and Atmospheric
RAPAC : Réseau des Aires Protégées d’Afrique Centrale
RCLT : Réserve Communautaire du Lac Télé
RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitation
RNLL : Réserve Naturelle de Losio Louna
FSC:Forest Stewardship Council (Conseil de surveillance des Forêts)
SAT : Stratégie d’Affectation des Terres
SRTM:Shuttle Radar Topography Mission (Mission de topographie radar de la navette)
SIG : Système d’Information Géographique
3
SPOT : Satellite Pour l’Observation de la Terre
SUT : Section d’Utilisation des Terres
UE : Unité d’Echantillonnage
UMNG : Université Marien Ngouabi
UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature
UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization
(Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture)
USAID:American Agency for Industrial development (Agence Américaine pour le
Développement Industriel)
USFS : US Forest Service (Service Forestier des USA)
UTM:Universel Transverse Mercator
WCS: Wildlife Conservation Society (Société de Conservation de la Faune)
WGS : Global Geodetic System (Système Géodésique Mondial)
WWF : World Wildlife Fund (Fonds Mondial pour la Protection de la Nature)

4
RESUME
La présente étude est réalisée de 2001 à 2018. Elle vise à décrire l’hétérogénéité
spatiale du couvert végétal de la réserve de chasse de la Léfini, située à 140 km au nord
de Brazzaville. Le traitement des données floristiques issues de l’inventaire, la
cartographie évolutive sur la base des données de télédétection et l’analyse des
perceptions à partir d’un échantillon représentatif de 323 ménages sur 2518, soumis à
une enquête dans 10 villages, ont été les principales méthodes et techniques utilisées.
Les résultats de l’étude montrent que les Euphorbiaceae, les Annonaceae, les Fabaceae-
Mimosoideae et les Olacaceae sont les familles dont l’abondance relative est la plus
représentative. Le peuplement des ligneux est diversifié et la richesse spécifique est
importante du fait que les indices de diversité de Shannon (H') se rapprochent des
diversités maximales (H’max). L’indice d’équitabilité (J) est plus grand en forêt (0,84)
et très faible en savane (0,15), ce qui signifie que la répartition des individus entre les
espèces forestières est plus homogène. Ces espèces sont plus équitablement réparties
que celles de la savane marquées par la dominance d’une seule espèce, Hymenocardia
acida Tul. La réserve de la Léfini a connu une forte diminution moyenne annuelle de la
forêt ombrophile à tendance mésophile estimée à 1,18% soit une réduction de surface
de 901 ha/an. La forêt secondaire a enregistré un faible taux d’évolution positif moyen
annuel de (+0,03%) soit une augmentation de superficie estimée à 5,94 ha/an. Le
couvert végétal est dans une dynamique générale avec un taux de dégradation estimé à
4,5%. Les sols non forestiers et dénudés sont caractérisés par des valeurs faibles de
NDVI (<0,3). Dans ce cas, la productivité végétale est faible. Les indices de brillance
(< 25%) sont en corrélation avec le type de sol et le rayonnement solaire quelque soit
la saison. Leurs variations mensuelles sont conditionnées par les changements d’état
du couvert végétal dont la production dépend de la distribution des ressources
hydriques au cours de la saison des pluies. L’augmentation de la population, les feux et
l’agriculture sur brûlis en sont les principaux déterminants. Les impacts sont multiples
et marqués par la disparition des espèces fauniques, l’exposition des sols au
ruissellement des eaux pluviales et l’appauvrissement de la couche arable.
Mots-Clés: République du Congo, rivière Léfini, réserve de chasse, couvert végétal,
hétérogénéité spatiale, perception, indices de biodiversité.

5
SUMMARY
This study was conducted from 2001 to 2018. It aims to describe the spatial
heterogeneity of the vegetation cover of the Lefini hunting reserve, located 140 km north
of Brazzaville. The processing of floristic data from the inventory, evolutionary mapping
based on remote sensing data and analysis of perceptions from a representative sample
of 323 households out of 2518, surveyed in 10 villages, were the main methods and
techniques used. The results of the study show that Euphorbiaceae, Annonaceae,
Fabaceae-Mimosoideae and Olacaceae are the families with the most representative
relative abundance. The settlement of the woody is diverse and the specific richness is
important because the Shannon Diversity Indexes (H') are close to maximum diversity
(H'max). The equitability index (J) is higher in the forest (0.84) and very low in
savannah (0.15), which means that the distribution of individuals among forest species
is more homogeneous. These species are more evenly distributed than those of the
savannah marked by the dominance of a single species, Hymenocardia acida Tul. The
Lefini reserve experienced a sharp annual average decrease in the rainforest with a
mesophilic tendency estimated at 1.18% or an area reduction of 901 ha/year. The
secondary forest recorded a low annual average positive growth rate of 0.03 per cent
an estimated acreage increase of 5.94 ha/year.The vegetation cover is in a general
dynamic with an estimated degradation rate of 4.5%. Non-forest and bare soils are
characterized by low values of NDVI (0.3). In this case, plant productivity is low. The
fairly brightness indices (up 25%) correlatewith with soil type and solar radiation in
any season. Their monthly variations are conditioned by changes in the state of the
vegetation cover whose production depends on the distribution of water resources
during the rainy season. Population growth, fires and slash-and-burn agriculture are
the main determinants. The impacts are multiple and marked by the disappearance of
wildlife species, the exposure of soils to water runoff and the depletion of the arable
layer.
Keywords: Republic of Cong, Lefini river, hunting reserve, vegetal cover, spatial
heterogeneity, perception, biodiversity index.

6
DEDICACE

À la mémoire de mon père Bengui Adolphe qui a quitté la terre


des hommes quelques jours avant la soutenance de ce mémoire de thèse.
.

7
REMERCIEMENTS

Au terme de ce travail de thèse, il me paraît logique d'exprimer mes


remerciements et ma gratitude envers toutes les personnes qui ont contribué, de près ou
de loin, à créer des conditions favorables à l’aboutissement de cette thèse.
Mes remerciements vont tout d’abord à Monsieur le Recteur de l’Université
Marien Ngouabi (UMNG) pour m’avoir recruté en 2016, en qualité de chargé
d’encadrement technique et professionnel. Ce recrutement a été une motivation
supplémentaire à l’aboutissement de la présente thèse.
Je tiens à remercier tout particulièrement Monsieur le Professeur Marie Joseph
Samba-Kimbata, mon directeur de thèse, pour avoir assuré la direction scientifique de
mes travaux de recherche depuis le DEA jusqu’à cette thèse. Il m’a encouragé à l’effort
et au travail avec rigueur et fermeté. Mon orientation en spécialité biogéographie, après
une maîtrise en climatologie, m’a paru incompréhensible à l’époque. Avec le recul du
temps, je comprends alors le bon sens de cette orientation. Pour dire simple, il a eu
raison. Je lui témoigne ma reconnaissance ineffable.
Je remercie Madame le Professeur Yolande Berton-Ofouémé, Responsable de la
Formation Doctorale de Géographie, pour sa perspicacité, son dévouement et la gestion
de cette école. Son apport scientifique dans la présence thèse est un acte de bon sens.
Enfin, elle a facilité les démarches administratives précédant ma soutenance.
Je remercie aussi les autres membres de mon jury de thèse pour avoir accepté
d'en faire partie et pour y avoir consacré l'attention indispensable à l'amélioration du
document : merci infiniment au Professeur Emérite Fidèle Mialoundama, au Professeur
Vincent O. A. Orekan et aux docteurs Jean Marie Moutsamboté, Maître de conférences
et Lambert Moundzeo, Maître de recherche.
Je suis vivement reconnaissant envers Monsieur Evariste Nombo, ancien
directeur du Centre de Recherche Géographique et de production Cartographique
(CERGEC, actuel IGN) enseignant au parcours de géographie, pour m’avoir facilité
l’obtention d’une bourse d’étude de DESS en géomatique octroyée par l’Union
Européenne. Sans cette formation en géomatique les objectifs fixés dans la thématique
de cette thèse ne devraient probablement pas être atteints.

8
Ma reconnaissance et mes remerciements vont à l’endroit de mes Enseignants de
l’Ecole Doctorale et du parcours de Géographie. Mes pensées vont particulièrement vers
le Professeur Maurice Bonaventure Mengho, les docteurs Gaston Samba, Léonard Sitou,
Jean De Dieu Nzila, tous Maîtres de conférences et messieurs Dieudonné Louembé et
Albert Pandi de l’UMNG et le Professeur Michel Boko de l’Universités d’Abomey-
Calavi (Bénin) pour leurs enseignements, leurs conseils et leurs encouragements à
l’effot.
Je tiens à témoigner mes remerciements aux collègues du parcours-type
Géographie, en particulier les docteurs Géoffroy Ibiassi Mahoungou, Médard Ngouala
Mabonzo, Guy Miame, Martin Massouangui Kifouala et les messieurs Thierry Rolland
Itoua et Destyles Van Kombyla pour les moments de partage et d’échange sur ma
thématique de recherche. Nos rencontres hebdomadaires au CRTH ont été un exrecice
motivant à l’aboutissement de ma thèse.
Mes anciens condisciples de DEA et actuels collègues, notamment le docteur
Damase Ngouma, Maître de conférences, et monsieur Nicolas Ovoua, pour leurs
encouragements inlassables, qu’ils trouvent ici mes sentiments de parfaite
reconnaissance.
Je tiens à exprimer également ma gratitude à tous mes collègues du parcours de
Géographie de la FLASH et de l’ENS de l’UMNG pour leurs encouragements.
Je suis reconnaissant aux Docteurs Jean Marie Moutsamboté (Maître de
conférences), Jean Diamouangana (Maître de recherche), Victor Kimpouni (Maître de
conférences) et Chauvelin Doux (Maître-Assistant), pour de nombreux échanges
scientifiques et leurs contributions à ce mémoire de thèse.
Je remercie les responsables de l’Agence Congolaise de la Faune et des Aires
Protégées (ACFAP) pour m’avoir délivré l’autorisation d’accès dans la réserve de
chasse de la Léfini afin de mener les recherches qui ont permis la rédaction de ce
mémoire de thèse.
Que monsieur Alphonse Dzoumbou, conservateur de la réserve de chasse de la
Léfini, trouve ici l’expression de ma profonde gratitude pour son assistance. Merci
d’avoir mis à ma disposition deux agents forestiers pour les missions de terrain et votre
moto de service pour le déplacement pendant ces missions.

9
Mes sentiments de remerciement et de reconnaissance à Monsieur Mantinou
Goma, Ingénieur des Eaux et Forêts, et Messieurs Apollinaire Bokou et Hardy
Mavoungou, Agents forestiers pour avoir participé à l’inventaire forestier et m’enseigné
la botanique sur le terrain (spécifiquement la reconnaissance des espèces floristiques).
Votre apport dans ce travail est inestimable.
Je n’oublie pas mes collègues Medard Ngouala Mabonzo, Brice Mayima et Fred
Willians Maniaka, pour m’avoir aidé à saisir les données issues d’inventaire des ligneux.
Merci à tous.
J’exprime ma reconnaissance aux collègues cartographes et forestiers du CNIAF
avec lesquels nous avons eu plusieurs moments d’échanges enrichissants sur ma thèse.
Mes 9 ans passés dans cette structure en qualité de chef de service de cartographie et de
télédétection m’ont apporté assez d’expérience pour la conduite de mon travail. De ce
fait, je remercie le Docteur Ingénieur François Ntsiba, Directeur du CNIAF, pour avoir
cru en moi.
Ce travail n’aurait pas abouti sans la compréhension et le soutien moral de mon
épouse, Bouna Likibi Diane, et mes enfants qui ont supporté mes absences répétées.
Qu’ils trouvent en cette thèse ma profonde gratitude.
Je remercie mes parents qui m’ont accordé leur confiance et leur soutien
multiforme. Ils sont ma source d’encouragements principale depuis toujours.
Enfin, que toutes les personnes ayant contribué à l’aboutissement de ce travail
trouvent ici ma profonde reconnaissance.

10
INTRODUCTION GENERALE
La convention de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science
et la Culture (UNESCO) de 1972 établit en effet que les ressources biologiques, comme
les plantes, sont considérées comme héritage commun de l'humanité. De son côté, la
conférence mondiale sur l’environnement tenue à Rio De Janeiro au Brésil en 1992 a
dressé un diagnostic dénonçant la dégradation de l’environnement mondial. Dès lors,
nous assistons à une prise de conscience et un enthousiasme avéré des
environnementalistes, des organisations non gouvernementales (ONG) et des politiques
qui prônent pour une gestion rationnelle de ces ressources.
Ainsi, de nombreuses initiatives ont vu le jour dans les différents pays en général
et dans la sous-région Afrique centrale en particulier. L’un des plus importants de ces
initiatives est le résultat des efforts qui ont été déployés par les Etats en rapport avec la
coordination régionale. La volonté de collaboration a été affirmée dans la déclaration de
Yaoundé de 1999. Elle s’est matérialisée par la création de la Commission des Forêts
des Etats d’Afrique centrales (COMIFAC) qui a élaboré un plan de convergence pour
le suivi de toutes les activités sous sa coordination (C. De Wasseige, P. de Marcken, N.
Bayol et al, 2012, p.17).
Dans le but de rationaliser les efforts et d’optimiser les investissements, le
sommet de la terre sur le développement durable à Johannesburg en Afrique du Sud en
2002 a défini les axes stratégiques prioritaires pour l’amélioration de la vie dans le futur.
L’ensemble des partenariats publics et privés de ce sommet devait, entre autre,
permettre la réalisation des objectifs de la Déclaration de Yaoundé. De ce fait, le plan
de convergence des ministres en charge des forêts des états du Bassin du Congo,
approuvé en 2004, constitue le cadre prioritaire pour la gestion des ressources forestières
de la sous-région. Parmi les axes stratégiques de ce plan, figurent en bonne place «la
conservation et la valorisation de la diversité biologique » à travers le renforcement du
réseau des aires protégées et le développement des filières touristiques. Les Etats doivent
également éviter les émissions de gaz à effet de serre d’origine forestière. Les fonds leur
sont alloués pour tenir ces engagements. Le FEM, pour ne citer que cette ONG, est le
premier partenaire financier de projets d’amélioration de l’environnement mondial, de
la conservation et de la protection de la biodiversité en Afrique de l’Ouest et du Centre
(FEM, 2010, p. 2 ; B. De Chazournes, Mbengue L, M. Makane, 2013, p.5).
11
Au-delà de ces réunions internationales et des arrangements institutionnels,
COMIFAC (2015, p.3) constate que leur traduction concrète sur le terrain est encore
loin d’être effective. Ces auteurs concluent que les attentes des administrations vis-à-vis
des partenaires restent fortes, en dépit de l’absence de politique forestière intégrée dans
une vision intersectorielle du développement de ces pays. Or, les forêts d’Afrique
centrale constituent un foyer d'une immense richesse et diversité biologiques. Ces forêts
représentent 10 à 20 % du stock de carbone végétal mondial (B. Marquant, A. Mosnier,
B. Bodin et al, 2015, p.26). Elles ne sont pas uniformes et contiennent différents types
forestiers qui abritent des espèces d’arbres diverses et présentent des enjeux propres en
termes d’exploitation et de conservation.
La prise en compte de la question environnementale conduit à envisager la
distribution spatiale du couvert végétal. La végétation terrestre, ressource vitale de toute
société humaine, est l’un des objets naturels traditionnellement étudiés par la géographie
physique. Le dépassement du vieux clivage entre géographie physique et géographie
humaine et, surtout, la montée en puissance des préoccupations environnementales
obligent à penser la végétation en des termes nouveaux et à la placer au cœur d’une
réflexion géographique globale (F. Alexandre et A. Génin, 2011, p.9).
A la fois composante essentielle des écosystèmes et des services que ceux-ci
fournissent, élément clé de la biodiversité et du système climatique, la végétation est
aussi une ressource multiple, économique et matérielle par les productions qu’elle
fournit, mais aussi immatérielle comme élément constitutif majeur du paysage ou
comme source recherchée de bien-être (F. Alexandre et A. Génin 2011, p.3 ; B.
Tchakossa, 2012, p.74).
La protection de ces forêts est aujourd’hui une préoccupation planétaire (Y.
Veyret, 2006, p. 83-84); elle est un enjeu entre les multiples acteurs aux conceptions
souvent conflictuelles. Il ne fait aucun doute que la dégradation de l’environnement, la
diminution massive de la biodiversité, pose aujourd’hui des problèmes graves évidents.
En effet, la pression induite par les activités humaines sur les différents espaces a pour
corollaire la modification de l’occupation du sol. Les formations végétales sont
soumises à des multiples formes de dégradation, dues essentiellement à l’action
anthropique croissante sur ce milieu. Abordant dans le même optique G. Viennois (2011,
p.4) estime qu’avec la déforestation, on observe un déclin rapide de la couverture
12
forestière tropicale avec pour conséquence une diminution du stock de carbone, et une
menace des écosystèmes.
La base de données floristiques issue de l’inventaire des ligneux aura une
importance capitale en matière de conservation et de protection des écosystèmes
forestiers, par le biais des plans d’aménagement et de gestion. De même, cette étude
permettra de connaître les types de lambeaux forestiers et de savanes présents dans la
zone d’étude.
Notre base de données sera complétée par les données d’inventaire forestier
national (IFN) réalisées par le Centre National d’Aménagement et d’Inventaire des
Ressources Forestières et Fauniques (CNIAF), outil technique du ministère en charge
des forêts. Cet inventaire, portant sur les données biophysiques et socio-économiques, a
été mené entre 2009 et 2014 sur l’ensemble du territoire national et, précisément en 2012
dans la réserve de la Léfini (CNIAF, 2017, p.13).
Le présent travail répond à l’une des préoccupations prônées par le comité sur la
communication nationale sur la biodiversité qui s’inscrit dans le cadre de la
connaissance des ressources biologiques en général et, en particulier de la flore ligneuse.
Ainsi, il est nécessaire de rappeler que le diagnostic sur l’état actuel de la réserve de la
Léfini est un véritable outil qui pourra aider les politiques forestières nationales dans la
prise de décision en vue de favoriser la durabilité de nos écosystèmes et paysages.
L’étude porte sur la caractérisation et suivi du couvert végétal de la réserve de
chasse de la Léfini. Ce couvert est le soubassement de la stabilité des écosystèmes
terrestres, la source de séquestration du carbone et l’habitat ou le biotope pour les
espèces fauniques terrestres. Sans elle, il ne peut pas y avoir présence des animaux
sauvages surtout des herbivores (éléphant, céphalophe,…) ou des frugivores
(Chimpanzé, oiseaux,...).
Outre l’introduction, la conclusion et les perspectives, cette thèse est divisée en
trois parties. Chaque partie est subdivisée en chapitres. La première partie aborde le
cadre théorique et expose le cheminement méthodologique pour caractériser le couvert
végétal de la réserve de la Léfini, site choisi pour l'étude, en raison de son grand intérêt
en termes de conservation et de protection de la biodiversité floristique et faunique.
Deux chapitres traitent cette partie. Le premier prend en compte les considérations
générales, notamment la problématique, les objectifs et les hypothèses. Le second
13
présente les méthodes éprouvées de traitement d'image, de cartographie numérique et
d’analyse statistique.
La seconde partie, organisée en deux chapitres, fait l’état du contexte de la
conservation de la biodiversité au Congo et présente la zone d’étude. Le premier chapitre
rappelle les enjeux et les textes juridiques sur la conservation de la biodiversité à
l’échelle locale et mondiale. Il rappelle la typologie des différentes aires protégées tout
en précisant leur état d’aménagement, indicateur fondamental qui renseigne sur la
gestion forestière. Il rend aussi compte de l’intérêt de la conservation du couvert végétal
dans le processus de régulation du climat, de la stabilisation des écosystèmes terrestres
et des établissements humains. Le second chapitre présente d’une manière assez
détaillée le site d’étude, en évoquant les aspects biotiques et abiotiques de la réserve de
la Léfini puis, en rappelant brièvement les grands aspects climatiques qui caractérisent
cette zone géographique.
Enfin, la troisième partie est consacrée au traitement, à l’analyse des données et
à la discussion des résultats. Elle présente des résultats de notre recherche en trois
chapitres. Le premier chapitre analyse la structure spatiale des peuplements et dresse un
état sur la biodiversité végétale. Le deuxième chapitre est une contribution à
l’élaboration de la cartographie du couvert végétal, à l’échelle fine et à la caractérisation
de l’état de la végétation par la détermination des indices radiométriques, notamment
l’indice différentiel normalisé de végétation (NDVI) et l’indice de brillance (IB). Il
évoque également les impacts sur les écosystèmes forêts et savanes dues aux facteurs
naturels et activités anthropiques. Enfin, le troisième chapitre évalue les approches
méthodologiques utilisées et compare nos résultats avec ceux des autres auteurs.

14
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET APPROCHE
METHODOLOGIQUE

La présente partie vise à dresser un état de connaissance des différentes études


sur la végétation des plateaux Téké en général, et en particulier, celle de la réserve de
chasse de la Léfini. Elle soulève des questions fondamentales intimement liées à la
présence et conservation de la diversité biologique essentiellement la flore et au poids
des activités humaines. De ces questionnements, on a formulé des objectifs et des
hypothèses qui constituent le socle de ce travail de recherche. Afin d’y parvenir, une
méthodologie a été mise au point. Elle implique nécessairement une bonne maîtrise des
outils de traitement et d’analyse des données. C’est l’objet du second chapitre qui
présente, de façon détaillée, l’approche méthodologique basée sur la logique de
traitement d'images satellitaires et de l’analyse statistique et spatiale.

15
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, QUESTIONS DE RECHERCHE ET
CLARIFICATION DES CONCEPTS

Le chapitre premier aborde, de façon détaillée, le contexte de l’étude et la


problématique desquels découlent sur des objectifs et les hypothèses de recherche. La
clarification des concepts présentée à la fin de ce chapitre, regroupe les différents
concepts en des thématiques.

I. Etat des connaissances sur les études de végétation des plateaux Téké
I.1.Origine des paysages forêts et savanes
Menant la réflexion sur les curieux paysages d’une combinaison forêt-savane de
la zone tropicale et principalement des plateaux Téké, de nombreux botanistes ont
essayé d’expliquer leurs origines malgré les avis divergents des uns et des autres. Les
observations de terrain, les relevés floristiques, la détermination des indices de contact
forêt-savane, la datation à partir du carbone 14 et l’analyse palynologique ont été les
principales approches de ces auteurs.
Dans son étude détaillée sur la végétation des savanes du sud de la République
du Congo, J. Koechlin (1961, p.277) arrive à des conclusions selon lesquelles le climax
régional est indubitablement forestier, la forêt marquant "une nette tendance à progresser
sur la savane, tendance évidemment contrecarrée par les feux annuels". Il fait
implicitement référence à une origine paléoclimatique : "il semble que la coexistence
des forêts et des savanes soit très ancienne et qu'il ne faille pas attribuer à l'homme un
rôle trop important dans la déforestation, ni le rendre directement responsable de la
plupart des savanes de la région".
Dans son étude sur la savanisation tropicale et glaciations quaternaires, H. De
Foresta (1990, p. 327) estime que "la tendance évolutive de la végétation forestière (dans
cette région) est expansive", et que les savanes ont une origine paléoclimatique, leur
existence actuelle étant interprétée comme "un effet retardé des modifications
climatiques consécutives aux dernières catastrophes glaciaires". En général, la
reconstitution forestière a tendance à se développer dans les savanes herbeuses
anthropiques, soit sous forme d’une formation secondaire dense, soit d’une savane

16
boisée (J-L. Guillaumet, 1967, p. 167). Cette avancée, constatée sur les plateaux Téké
se manifeste aussi en Afrique Centrale (J.M. Avenard, 1969, p.77).
Cette dernière opinion est également étayée par H. De Foresta (1990, p.326) qui
fait remarquer que le problème des savanes incluses du Mayombe doit en fait être
considéré comme l'une des facettes d'un problème beaucoup plus général, posé à
l'échelle régionale du sud et du moyen Congo par la coexistence de vastes zones de forêt
tropicale humide et de savane, sous un climat reconnu comme étant favorable à la forêt.
Du point de vue écologique, ces savanes sont anormalement localisées. Pour ce
qui est de leur origine depuis plus de vingt ans et de façon consensuelle, les botanistes
prônent pour une origine paléoclimatique. En effet, ces savanes sont le témoin d’une
période climatique passé ont conclu P. Giresse (1978, p.68), H. De Foresta (1990,
p.326).
Les conclusions de ces derniers auteurs s’opposent clairement à celles établies
par R. Schnell (1961, p.152) qui constate que l’un des traits essentiels de la vie des
plantes en Afrique réside dans le fait que certaines espèces sont caractéristiques de la
forêt et d’autres de la savane ; seules quelques espèces comparables se retrouvent dans
les deux domaines. La présence dans la forêt des espèces de savane peut indiquer une
avancée de celle-ci sur la savane. De son côté, P. Vennetier (1966, p. 51) parle, en ce
qui concerne les savanes incluses, d'une origine anthropique. Il ne fait aucun doute
qu'elles sont en cours de rapide progression. Ces interprétations sont encore celles de G.
Cusset (1989, p.103). Les sols sableux très pauvres, n'auraient pas permis à la forêt
originelle de se maintenir ou de se reconstituer après une action humaine, et une
végétation de type soudanien et zambézien aurait remplacé la forêt. Abordant dans le
même sens, C. De Namur (1990, p.66) mentionne que l'action de l'homme devient de
plus en plus importante, et transforme parfois radicalement ces formations végétales. Le
cas des savanes, ou des îlots de forêts semi-décidues au sein de forêts sempervirentes,
en est souvent le témoin.
Le point de vue de D. Schwartz et al. (1995, p.107) sur ces savanes concilie ces
deux camps. Ils affirment que leur origine et leur morphologie actuelle résultent de la
combinaison de trois facteurs. Le premier est d’ordre paléoclimatique marqué par
l'assèchement à l'Holocène supérieur qui est le moteur premier de la dégradation de la
végétation. Le second se rapporte aux conditions édaphiques. En effet, les savanes sont
17
essentiellement apparues, et se sont maintenues dans les zones les moins favorables à la
forêt, c'est-à-dire celles où les déficits hydriques saisonniers sont les plus importants, les
précipitations plus fortes sont compensées par le drainage excessif des sols sableux. Le
troisième facteur est anthropique marqué par les feux incontrôlés et la pratique de
l'agriculture itinérante.

I.2. Synthèse des études en phytogéographie, botanique et cartographie forestière


La présente synthèse bibliographique dresse l’état des connaissances sur les
peuplements, les espèces floristiques et la dynamique de la végétation des plateaux
Téké. D’une manière générale, les études portant sur cette végétation furent abordées
dès la seconde moitié du XXe siècle par de nombreux travaux.
Parmi ces travaux sur les plateaux Téké, B. Descoings (1972, p. 569-584) a
réalisé des études sur la phytosociologie des « Loussékés » (association à Loudetia
simplex (Nees) C.C. Hubb, et Trachypogon spicatus (L.F.) Kuntze). S’engageant dans
la même perspective, J. Koechlin (1961, p 63-70) a mené une étude phytosociologique
et écologique de la végétation des savanes du Sud du Congo. Dans le même ouvrage, il
a également abordé les aspects de phytogéographie qui l’ont conduit à la réalisation de
l’esquisse de la carte de la végétation de sa zone d’étude incluant la vallée du Niari et le
plateau des Cataractes. Les formations herbeuses ont fait l’objet de quelques études
importantes, en raison des possibilités économiques qu’elles offrent (agriculture,
élevage). Des recherches appliquées agro-pastorales ont été très actives pendant cette
période (L. Makany, 1976, p.10).
En botanique, les auteurs comme, L. Makany (1976, p.48-59, 258-282) et J.M
Moutsamboté (2012, p.87-96) ont fourni des efforts considérables pour la connaissance
de la flore des plateaux Téké. Ces travaux sont d’ailleurs consacrés à la caractérisation
de la flore. Le contact forêt-savane a donné lieu à une étude floristique et chorologique
qui a permis de définir des groupes d’espèces de contact. Un indice de contact a été
défini pour apprécier le dynamisme des deux types de végétation en contact (L.Makany,
1976, p.138).
Si à l’échelle des plateaux Téké les travaux sur la végétation sont bien connus, il
n’en est pas de même de la réserve de chasse de la Léfini bien que faisant partie de ces
plateaux. L’Agence Congolaise de la Faune et des Aires Protégées (ACFAP, 2015, p.11) a fait
18
observer que malgré les inventaires réalisés assez régulièrement dans quelques aires
protégées (Odzala, Kokoua, Nouambalé-Ndoki, Coukouati-Douli, RCLT, Losio
Louna), les connaissances sur la faune et la flore du pays sont encore faibles. Il existe
des aires protégées où aucune donnée pertinente et récente n’est encore disponible
(Dimonika, Léfini). De nombreux travaux de recherches et de fin d’études menées dans
les aires protégées congolaises par des scientifiques du monde entier sont souvent placés
dans des bibliothèques étrangères. Les dépôts légaux des ces travaux que le pays
bénéficie ne se retrouvent plus dans les centres de recherche ou des bibliothèses.
Les quelques rapports portant sur la réserve de chasse de la Léfini sont l’œuvre
du Centre d’Etudes sur les Ressources Végétales (CERVE), actuel Institut National de
Recherche en Sciences Exactes et Naturelles (IRSEN). Elle a aussi bénéficié d’une étude
sur la prospection botanique dans le secteur nord de la Léfini (J.M. Moutsamboté, 1998,
p. 1-5), la dynamique de la régénération des forêts de cette réserve (F. Koubouana et al
2007, p.14-20). Dans la partie limitrophe sud et sud-ouest notamment à la réserve Lesio-
Louna, S.A. Ifo (2010, p. 78-91) a évalué les stocks de carbone au sol dans les forêts
galerie et secondaire. Mais les opérations d’inventaires entreprises dans ces travaux
n’ont jamais été considérées comme exhaustives. Le sud de la réserve par exemple n’a
pas fait l’objet d’un inventaire conséquent. De façon générale, cette réserve accuse un
retard considérable dans l’actualisation des données de son patrimoine floristique. Dès
lors, il nous appartient de poursuivre ces prospections.
Techniquement, il est à noter que la capitalisation de ces travaux et l’initiation de
cette présente recherche pourront permettre de disposer des données fiables et
nécessaires pour dresser la physionomie de la réserve de la Léfini. Pratiquement, les
résultats qui sortiront de la présente recherche contribueront tant soit peu à une évaluation de
l’efficacité de la gestion de cette réserve. Dans la même lancée, J.M. Moutsamboté (2012, p.1)
affirme que les travaux botaniques donnent des indications qui peuvent guider les aménagistes
et les conservateurs de la nature à prendre des mesures pratiques pour une préservation et une
protection des espèces végétales rares ou menacées de disparition.
Aucune cartographie dynamique de la végétation n’est élaborée à l’échelle de la réserve.
Les résultats quand bien même précieux obtenus par les prédécesseurs n’ont jamais été
transcrits sous forme de carte assortie d’une légende correspondante.

19
Finalement, la banque d’informations issues de ces inventaires n’est donc pas
géolocalisée. Aucune initiative, dans ce sens, n’était prise pour implémenter ces données
d’inventaire de la flore dans un système d’information de référence spatiale. Cependant,
il existe à l’échelle nationale et régionale des cartes de végétation d’une part, et des
cartes dynamiques de végétation, d’autre part. Plusieurs auteurs se sont par exemple
illustrés dans la production des premières cartes à l’échelle nationale. J. Koechlin (1961,
p. 272) a abordé les aspects de phytogéographie qui l’ont conduit à la réalisation de
l’esquisse de la carte de la végétation du sud Congo. Dans leurs études, P. Vennetier
(1966, p.48), L. Bégué (1967, p.67), et B. Peyrot (1977, p.17), M.J. Samba-Kimbata et
M. Mpounza (2001, p. 27) ont eu le mérite de présenter les grands types de végétation
sur fond de carte des formations végétales du Congo. De même, B. Descoings (1975, p.
94), et V. Kimpouni et al. (1992, p. 143) ont élaboré une cartographie
phytogéographique du Congo. Par ailleurs, à l’échelle régionale, nous pouvons citer les
travaux de l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale (OSFAC, 2015, p.18). Les
secondes, notamment les cartes sur la dynamique de changement de la végétation ont
été également réalisées. En effet, dans le cadre du processus de Réduction des
Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des forêts (REDD+), la
République du Congo s’était engagée depuis l’année 2008 dans les études de suivi du
couvert forestier par télédétection. CN-REDD (2017a, p. 20-21) indique que les cartes
de changement issues des travaux de l’OSFAC (2015, p. 18), du Bureau de Consultation
en Géo Information Munich, Allemagne (GAF) et du Changement Global de Forêt
(GFC) ont montré une forte couverture forestière et un taux faible de déforestation.
Cependant, ces produits cartographiques ont été réalisés antérieurement à l’adoption par
la République du Congo, des critères définissant la forêt dans le cadre de REDD+. En
effet, la définition de la forêt utilisée pour le Programme de Réduction des Émissions
(PRE) suit les directives disponibles de la décision 12/CP.17 de la Convention-cadre des
Nations Unies pour le Changement Climatique (CCNUCC) et du cadre méthodologique
du Fonds de Partenariat pour le Carbone Forestier (FCFP). Les forêts sont donc toutes
les terres comportant une végétation ligneuse couvrant une superficie minimale de 0,5
hectare, avec au moins 30% de couverture arboricole d'une hauteur moyenne de 3 mètres, à
l’exception des palmiers (CN-REDDb, 2017, p. 139). En se conformant à ces critères, les cartes
sur la dynamique de changement de la végétation ont été produites à l’échelle nationale par
20
CNIAF (2015, p.23) et S.C. Milandou, Ch. B., Ouissika, H. Goma Boumba et al (2018,
p.169).
De même, aucune orientation biogéographique n’a été donnée dans les travaux
des prédécesseurs. Les facteurs des variations spatio-temporelles de la biodiversité ne
sont pas connus. Cette absence est une véritable lacune scientifique qu’il faut combler.

II. Problématique
La Convention sur la diversité biologique (CDB) représente l’outil principal de
la vision prospective de la planète pour le XXIe siècle (Agenda 21 de la Convention sur
la diversité biologique). Elle est inspirée par l’engagement des scientifiques et de la
communauté internationale en faveur de la conservation de l’environnement et du
développement durable. L’article 8 de cette convention fait référence à la mise en place
d’un système d’aires protégées. Ces aires protégées sont considérées à la fois comme
le principal instrument de l’aménagement de la planète et comme l’instrument adapté
de conservation des ressources naturelles. Les aires protégées constituent désormais un
enjeu à la fois écologique, social et spatial. Dans ce contexte, la création des aires
protégées peut apparaître comme un moyen indiqué de conservation de
l’environnement. Cette idée est fortement soutenue par les gouvernants. Mais la réalité
est tout autre sur le terrain. De nos jours, l’un des défis majeurs que pose le rôle supposé
ou réel des aires protégées dans la conservation des ressources, est la capacité à évaluer
l’apport de la protection de l’environnement sur la sauvegarde ou la restauration de
celles-ci (G. Wafo Tabopda, 2008, p.7). Ces défis se posent avec acuité dans les pays en
développement dont l’économie est souvent fondée sur l’exploitation des ressources
naturelles et donc consommatrice d’espace.
L’article 2 de l’arrêté n° 3671 du 26 novembre 1951, portant création de la réserve
de la Léfini, stipule que celle-ci est créée pour sauver de l’anéantissement une partie de
la faune sauvage du Moyen-Congo, typique des plateaux Tékés, des massifs forestiers
y subsistant et des cours d’eau qui les traversent. Cependant, les mesures de protection
établies jusqu’à ce jour n’ont malheureusement pas été poursuivies en raison du manque
de moyens financiers, logistiques et humains. Les mécanismes mis en jeu par les
gestionnaires n’ont pas permis d’empêcher l’érosion de la biodiversité. Les enjeux de gestion
durable définis par le présent arrêté en termes de conservation sont toujours intacts. La réserve
21
de la Léfini est couverte de deux écosystèmes différents, forêt et savane. Elle abrite une
mosaïque d’habitats qui renferment un nombre élevé d’espèces diverses (MEF, 2018, p.
30-31). Cette zone est devenue le lieu où se mènent anarchiquement les activités telles
que les activités agricoles, les feux de brousse, le déboisement pour le sciage artisanal
et la recherche du bois de chauffe.
Suite aux impacts de plus en plus grandissants liés aux feux de végétation dans
et autour de la réserve de la Léfini, le ministère en charge des forêts par le biais du
CNIAF, sa structure technique, en collaboration avec l’ACFAP, la CN-REDD, les
populations locales et autochtones, a élaboré, avec l’appui de l’USFS et de WCS, un
plan de gestion simple des feux. Il importe donc de ramener cette aire protégée sur la
gestion qui devra s’appuyer sur une gestion inclusive de toutes les parties prenantes bien
informées, formées et équipées des outils nécessaires afin d’intervenir efficacement sur
le terrain (MEF, 2018, p. 17).
De même les pressions cynégétiques locales, exacerbées par la croissance
démographique et la demande brazzavilloise en produits de la forêt, ont largement
entamé le potentiel floristique et faunistique de cette réserve (L. Mathot, F. Ikoli, T.
King, M. Puit, 2006, p. 26-27; M. Puit et L. Mathot, 2008, p.1 ; UICN/PACO, 2012,
p.22). La perte de végétation induit finalement la disparition des animaux qui se voient
détruire leur l’habitat. Or, la présence de la faune sauvage est conditionnée par
l’existence de la flore. Pour ce faire, il est nécessaire de connaître son habitat existant et
ses potentialités écologiques, dans le sens de l’influence des facteurs physiques (sol,
relief, topographie, pluie, humidité, brouillard). Ce couvert végétal à caractère naturel
tend à évoluer dans le sens d’un appauvrissement par un processus d’insularisation, de
fragmentation et d’isolement (coupure des connexions écologiques par les activités
anthropiques).
La dégradation du couvert forestier est actuellement reconnue comme étant une
problématique environnementale majeure pour le 21esiècle, car elle occasionne la
réduction de la quantité de la diversité des espèces animales et végétales, la perte de la
capacité de rétention en eau, la diminution de la fertilité du sol et les érosions dues aux
eaux de ruissellement. Cette dégradation découle de l'interaction complexe à la fois de
facteurs directs et de facteurs indirects ou de causes sous-jacentes. Les premiers sont
liés aux activités humaines qui affectent directement la couverture forestière et se
22
traduisent par une perte de stocks de carbone. Les seconds se rapportent aux interactions
complexes d'ordre social, économique, culturel, politique et de processus
technologiques à des échelles multiples qui ont une incidence sur les facteurs immédiats
occasionnant la dégradation ou la déforestation au pire des cas.
La réserve de la Léfini, malgré son statut d’aire protégée, se voit perdre sa
biodiversité. Sa physionomie (ensemble des paysages et modelés qui donnent le
caractère particulier à cette réserve) change jour après jour. Finalement, il nous paraît
essentiel de faire un état des lieux afin de comprendre la dynamique environnementale
de cette aire protégée et éventuellement proposer un modèle de gestion qui puisse
s’adapter aux nouvelles exigences planétaires à savoir la gestion durable de la
biodiversité.
Dans le souci de préserver la biodiversité devenant une des dimensions du
développement durable, il urge donc de mener une réflexion sur la nécessité de
pratiques productives plus respectueuses de l’environnement. Pour ce faire, les causes
et les effets relatifs à la dégradation du couvert végétal doivent être largement portés à
la connaissance des populations pour susciter en retour le respect de la nature et la
durabilité de l’ensemble des écosystèmes caractérisant la réserve.
Malgré l’importance de ces pressions humaines sur la végétation, aucune étude
n’a évalué les changements de l’état du couvert végétal induits par celles-ci dans une
démarche dynamique. Le présent travail de recherche s’appuie sur le Plan National de
Développement (PND 2018-2022) qui constitue le cadre stratégique pour le
développement de la République du Congo. Afin de mener ce travail, un fil conducteur,
c’est-à-dire une question principale et une série des questions secondaires sont posées.
Question principale
Face à ce constat peu reluisant, la question que nous sommes en droit de nous
poser est de savoir : comment sont structurés et dans quel état se trouvent les
peuplements végétaux de la réserve de chasse de la Léfini ?

Questions secondaires
A partir de cette question essentielle et afin d’enrichir notre réflexion, d’autres
interrogations plus particulières sont soulevées. Elles sont ainsi formulées:
1. Quelle est la composition floristique de la réserve de la Léfini ?
23
2. Les écosystèmes de forêt et de savane constituent-ils un stade climacique ou ne
sont-ils qu’un stade régressif peu adapté ainsi que le phénomène de
dépérissement en témoigne ?
3. La perte du couvert végétal est-elle due à une anthropisation ou c’est l’effet
normal des facteurs physiques notamment édaphiques ?
De ses questions découlent les objectifs et les hypothèses ci-après.

III. Objectifs de l’étude


III.1. Objectif général

L’objectif général est de décrire l’hétérogénéité spatiale des écosystèmes de forêt et


de savane de la réserve de chasse de la Léfini.

III.2. Objectifs spécifiques


La présente recherche se fixe trois objectifs spécifiques :
1. caractériser les écosystèmes des forêts et des savanes sur la base des paramètres
forestiers et écologiques. Il s’agit concrètement de :
 réaliser l’inventaire de la biodiversité végétale.
 procéder à la répartition spatiale des ligneux et donner, à une échelle plus
fine, les différentes tendances des peuplements et des types de formation
végétale de la réserve de chasse de la Léfini à partir des indices
statistiques de biodiversité ;
2. caractériser, sur la base des paramètres radiométriques, l’état et la vulnérabilité
des formations végétales. De façon précise, il est question de :
 déterminer les indices radiométriques afin d’évaluer la dégradation du
milieu issue de l’évolution de la végétation suivie par télédétection sur la
base des images satellitaires. Il s’agit en effet de procéder à une analyse
spatio-temporelle de l’occupation du sol puis de déterminer la célérité des
mutations auxquelles est soumise la végétation;
 identifier les caractéristiques des formations végétales, de même que leur
sensibilité afin de classifier les zones à risques suivant la typologie et le

24
degré de vulnérabilité issu de l’anthropisation et/ou des contraintes
naturelles;
3. analyser les incidences de la dynamique agro-démographique et de l’espace rural
sur les écosystèmes de forêt et de savane. La présente analyse doit consister à :
 identifier les déterminants responsables du changement d’échelle de l’aire
protégée ;
 diagnostiquer l’impact anthropique sur l’évolution environnementale
actuelle.

IV. Hypothèses de travail


IV.1. Hypothèse générale

De la question principale, il découle l’hypothèse générale suivant laquelle la forêt et la


savane sont les deux principaux écosystèmes, spatialement hétérogènes et en déséquilibre à
l’échelle de la réserve de la Léfini.

IV.2. Hypothèses secondaires


Nous avons émis trois hypothèses spécifiques.
1. L’existence de groupements végétaux reflète l’hétérogénéité spatiale de la
végétation des forêts et des savanes. Les campagnes d’inventaire floristiques
vont permettre de vérifier cette hypothèse;
2. La fragilité de l'habitat et la diminution des espèces défavorisent la gestion
durable des formations végétales. Les cartes dynamiques montrent clairement des
unités d’occupation du sol permettront de vérifier cette hypothèse.
3. Le développement des activités anthropiques dans la réserve entraîne un
changement de la structure spatiale des paysages de forêts et de savanes. Cette
hypothèse sera vérifiée globalement par les observations de terrain et la
perception des populations.

V. Justification et intérêt scientifique de l’étude


Nous focalisons cet intérêt essentiellement sur la promotion de la recherche en
rapport avec la dynamique des milieux naturels de cette aire protégée. Il apparaît que la
végétation conditionne la vie animale dont elle constitue l’habitat naturel, mais dont elle
25
subit à son tour une action directe ou indirecte. L’intérêt des investigations sur la flore,
notamment de l’identification des essences formant les habitats est une démarche
importante en vue de la connaissance de la biodiversité.
L’étude devrait permettre de comprendre la dynamique de l’occupation des sols
et de la répartition des essences. Elle aboutira à une meilleure perception de l’état des
ressources d’une part, et à leur tendance évolutive, d’autre part. Scientifiquement, la
gestion intégrée des ressources suppose la connaissance des ressources qui nous
entourent, leurs interrelations et leurs dynamiques spatiales et temporelles.
Ce travail a également l’avantage d’intégrer quelques préoccupations annoncées
en 2006 dans la stratégie nationale et le plan d’action en matière de biodiversité du
Congo. A cet effet, quatre axes stratégiques principaux ont été retenus pour une
quinzaine d’années. Il s’agit de : (i) caractériser et évaluer la biodiversité dans toutes ses
composantes spécifiques, génétiques et écosystémiques ; (ii) comprendre la dynamique
de la biodiversité à différentes échelles et prédire ses changements ; (iii) évaluer les
impacts écologiques, économiques et sociaux des changements de biodiversité et,
inversement, les interactions entre sociétés et biodiversité ; (iv) développer des pratiques
d’utilisation et de gestion durable des espèces et de leurs habitats.

VI. Clarification des concepts


La clarification des concepts revêt un grand intérêt pour la compréhension du document.
Elle est effectuée à la lumière de la revue de la littérature ou de l’état de la question de recherche.
Suite au caractère interdisciplinaire de la présente thèse, les concepts qui font l’objet de
clarification sont regroupés en deux thématiques. La première porte sur les sciences
géographique et naturelle et la deuxième sur les techniques et outils d’analyse spatiale.

VI.1. Sciences géographique et naturelle


La clarification des mots-clés les plus importants issus des sciences géographique
et naturelle est faite de la manière suivante :
Aire protégée : UICN (2008, p.10) définit une aire protégée comme « un espace
géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace,
juridique ou autre, afin d'assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les
services éco-systémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés ».Il s’agit donc

26
d’une portion de terre et/ou de mer vouée spécialement à une protection et au maintien
de la diversité biologique.
Association : Groupement des végétaux croissant dans des conditions
écologique données, ce qui explique qu’une association ait une composition floristique
qui traduit un fond commun d’espèces que l’on qualifiera de caractéristiques de
l’association végétale. Parmi elles croitront aussi certaines espèces non strictement liées
à l’association considérée (B. Boullard, 1988, p.49).
Détection des changements : dans la présente thèse, elle renvoie à l’utilisation
d’une série de technique numérique afin de mettre en évidence et de quantifier des gains
et des pertes du changement d'état des unités d’occupation du sol ou des formations
végétales à partir d'une série d’images satellites multidates (O. Arouna, 2012, p.17).
Formation végétale : c’est un ensemble des groupements de plantes qui
présentent une physionomie homogène et constante due à la dominance d’espèces ayant
un caractère biologique commun (J.P. Amat, 2015, p. 296). Ainsi une savane, une forêt
sont des formations végétales. La végétation étant l’ensemble des plantes sauvages ou
cultivées poussant sur une surface donnée du sol peut aussi avoir le même sens que la
formation végétale mais à une échelle plus large.
Habitat : terme qui est presque synonyme de milieu, de biotope dans lequel une
espèce végétale peut prospérer (B. Boullard, 1988, p.192).
Plateau Téké : entité géomorphologique aux altitudes comprises entre 600 et
800 m. Cette entité est composée de quatre plateaux localisés dans les départements
administratifs des Plateaux (Plateaux de Nsah-Ngo, de Djambala et Bakoukouya) et du
Pool (plateau de Mbé). La zone d’étude à savoir la réserve de chasse de la Léfini
chevauche le plateau de Mbé et celui de Nsah-Ngo.
Réserve naturelle: c’est une aire protégée mise en réserve pour protéger la
biodiversité et aussi, éventuellement, des caractéristiques géologiques/
géomorphologiques, où les visites, l’utilisation et les impacts humains sont strictement
contrôlés et limités pour garantir la protection des valeurs de conservation (UICN, 2008,
p.16).
Savane : formation végétale des contrées tropicales et subtropicales dominée par de
hautes Poacées. Les arbres n’y sont que rares et épars. On y distingue : la savane herbeuse si

27
les ligneux font totalement défaut ; la savane arbustive lorsque des arbustes sont présents ; la
savane arborée si elle possède des arbres (B. Boullard, 1988, p.330).

Ces différents concepts, notamment association, formation végétale, habitat et


savane sont issus du vocabulaire écologique et phytogéographique. Ils sont couramment
utilisés en science géographique et ne présentent pas de caractère polysémique. Ils ne
donnent pas une définition ou une explication dont le contenu renvoie à plusieurs sens.
Par ailleurs, les concepts comme aire protégée, plateau Téké, réserve naturelle renvoient
à l’espace ou un territoire géographique. L’aire protégée et les réserve naturelle sont
des portions d’espace mis en défend contre toute activité appauvrissant ou susceptible
de réduire le potentiel floristique et faunique.

VI.2. Techniques et outils d’analyse spatiale


Les concepts clarifiés relèvant du régistre de la géomatique sont les suivants :
Classification supervisée : c’est un ensemble des méthodes qui permettent de
regrouper les pixels d’une image de satellite en classes tout en tenant compte des seules
valeurs radiométriques (classification non supervisée) ou en y associant des références
terrains ( classification supervision qui aboutit à des classes thématiques (E. Minvielle
et S-A Souiah, 2003, p.276). Cette dernière méthode a été utilisée dans la présente
étude.
Indice : c’est une combinaison arithmétique des différents canaux de l’image.
Certains d’entre eux sont des indicateurs du milieu naturel comme l’indice de végétation
ou l’indice de brillance (E. Minvielle et S-A Souiah, 2003, p.279). Ces deux indices ont
fait l’objet d’étude dans le présent travail.
Télédétection : le mot télédétection vient de télé qui signifie « à distance » et de
détection qui veut dire «découvrir » ou « déceler ». Elle est définie (Journal Officiel, 11
décembre 1980) comme « l’ensemble des connaissances et techniques utilisées pour
déterminer des caractéristiques physiques et biologiques d’objets par des mesures
effectuées à distance, sans contact matériel avec ceux-ci ». La télédétection est donc
l’ensemble des connaissances et techniques nécessaires pour interpréter divers objets
par leurs comportements spectraux et leurs distributions spatiales à l’aide de mesures de
caractéristiques spécifiques effectuées à distance (M.C. Girard et C. Girard, 1999).
28
Parmi les données acquises à distance, deux sources sont fondamentales pour les
géographes : les photographies aériennes et les enregistrements issus des satellites qui
gravitent autour de la Terre. Les images satellitaires ouvrent, depuis plus d’une
quarantaine d’années, des perspectives énormes et permet des applications thématiques
variées (occupation du sol, dynamique urbaine, suivi de phénomènes naturels, etc.).
Signature spectrale : en traitement d’image, la signature spectrale d’un objet
correspond à son émission électromagnétique caractéristique en fonction de la longueur
d’onde. Chaque matériau ayant une signature spectrale sensiblement différente, cette
propriété est généralement utilisée pour l’analyse d’images (A. Gademer, 2010, p.189).
Pixel : le pixel est l’unité élémentaire d’une image qui correspond à une certaine
résoltion au sol : 30 m dans le cas de Landsat (E. Minvielle et S-A Souiah, 2003, p.279).

Les concepts (classification supervisée, indice, télédétection, signature spectrale


et pixel) relèvent essentiellement de la télédétection qui est l’une des disciplines de la
géomatique. Pour le géographe, la télédétection est un outil d’analyse approprié et
efficace pour les études relevant du suivi du couvert végétal. Les définitions de ces
concepts rendent plus compréhensible la technique de capture de l’image satellitaire
(télédétection), son émission électromagnétique (signature spectrale), sa constitution
morphologique (pixel) et son algorithme de traitement (classification supervisée ou
dirigée).

Conclusion
Le cadre théorique ainsi présenté est axé, pour l’essentiel, sur une série de
questions appuyés par des objectifs et des hypothèses clairs et précis constituant le
fondement de ce présent travail, dans le chapitre suivant nous jugeons fondamental de
présenter nos méthodes de travail.

29
CHAPITRE II : APPROCHE METHODOLOGIQUE

La présente étude est réalisée à partir des données d’inventaire botanique, des
images satellitaires et des données issues des enqûetes auprès des ménages. L’approche
statistique et le traitement numérique de l’information géographique ont été les
méthodes utilisées dans cette étude.

I. Données utilisées et leurs limites


L’étude est réalisée en combinant deux types de données: d’une part les données
de terrain regroupant les données d’inventaire forestier, les données climatiques, les
données d’enquête auprès des populations riveraines, et d’autre part les données de
télédétection.

I.1. Données de terrain

I.1.1. Relevés de terrain issus de l’inventaire forestier


L’inventaire porte sur les ligneux. Après leur identification, nous avons procédé
à la détermination des différents diamètres à l’aide du ruban-métrique. Les relevés GPS
sur la typologie de la végétation ont permis de compléter et d’actualiser les informations
issues des images satellitaires. Pendant cet inventaire (annexe 1), il a été également
question de noter les impacts de l’action anthropique sur les écosystèmes forestiers
(annexe 2).

I.1.2. Données climatiques


Pour la présente étude basée sur la caractérisation de la végétation, deux
paramètres du climat revêtent un intérêt majeur. Il s’agit des données à l’échelle
nationale sur les précipitations et les températures. Elles ont permis de réaliser la
cartographie climatique en temps de pas interannuel (1950-1998) et procéder à leur
analyse spatio-temporelle. Ces données sont issues du réseau de mesure de la Direction
de la Météorologie Nationale du Congo. Ces premières mesures ont commencé au début
des années 1950 avec l’ORSTOM. Depuis la fin des années 1990, les données
climatiques issues des deux postes pluviométriques limitrophes de la réserve,
notamment Inoni Falaise au sud-est et Ngo au nord-est sont plongées dans un état
vétuste. Les agents de la Direction de la Météorologie habilités à collecter ces données

30
n’y sont plus. Le constat est le même pour plusieurs postes pluviométriques du territoire
national. La situation est nettement meilleure au niveau des stations synoptiques qui
fonctionnent normalement et où les relevés climatiques se font assez régulièrement.
Malheureusement, il n’y a aucune station synoptique dans notre zone d’intérêt. Malgré
cette impasse, nous avons eu recours aux relevés issus de la station méotéologique
privée de la réserve de Losio-Louna qui a mis à notre disposition les données sur les
précipitations au pas de temps mensuel des années 2000.
Si les réserves ne sont pas mises sur la fiabilité de ces données issues de ces deux
services météorologiques, il est tout de même à faire remarquer quelques faiblesses dues
à la faible densité des postes pluviométriques et à l’absence des données des années
2010. Il se pose un problème pour l’analyse des données climatiques à des échelles
spatiales fines, surtout quand on sait que l’une des caractéristiques principales du climat
tropical est sa très forte variation spatiale, surtout en ce qui concerne le paramètre
pluviométrique. Enfin, bien que issues des mesures réelles, ces données ne permettent
pas de cartographier la variation des précipitations d’une façon continue sur la zone
d’étude.

I.1.3. Campagnes de terrain auprès des populations riveraines


Ce travail de recherche s’inscrit également dans une optique sociale et n’échappe
donc pas au tandem observateur-observé. L’homme lui-même observe d’autres
hommes dans leurs comportements face à l’espace (H. Gumuchian et al, 2000, p. 185).
Les phases d’entretien ou d’observation sont des moments d’analyse actifs (M. Morance
et C. Schmoll, 2016, p.33). Afin de pouvoir prétendre à une attitude scientifique, un
rapport a été établi avec les populations riveraines.
Le recours aux données d’enquêtes socio-économiques est d’avoir des
informations permettant de comprendre les relations entre les hommes et le milieu
naturel. Sur le terrain, les informations recherchées ont porté sur : la perception des
riverains sur la réserve de chasse de la Léfini, les activités anthropiques dans la réserve,
les politiques liées à la conservation des écosystèmes forestiers. Ces données sont issues
des enquêtes sur la base du questionnaire adressé aux populations riveraines (annexe 3).
Le guide d’entretien (annexe 4) mis en place pour les besoins d’acquisition des

31
informations était l’unique support de base pour le déroulement des entretiens avec les
gestionnaires et agents de la réserve.

I.2. Données de télédétection : Images satellitaires


La réalisation des objectifs fixés implique un choix judicieux des images
satellitaires. Il a fallu non seulement couvrir l’ensemble de la zone d’intérêt, choisir les
dates appropriées qui s’accordent avec les relevés de terrain, mais surtout tenir compte
de la disponibilité et de la qualité de l’image satellite. L’empreinte spatiale couvre la
totalité de la réserve de la Léfini.
L’image satellitaire est une donnée géospatiale de type raster. C’est une
représentation spatiale des informations reçues, à un instant donné, avec une résolution
définie. Elle est constituée d’une grille régulière de pixels avec un nombre déterminé
de lignes et de colonnes. L’image satellite exerce un rôle majeur dans les
développements de la cartographie. Elle fournit un instrument essentiel à la gestion du
territoire (R. Caloz et C. Collet, 2001, p.2), et peut être panchromatique (formée d’une
seule bande) ou multispectrale (constituée de plusieurs bandes). Il existe plusieurs types
de données satellitaires permettant de suivre l’évolution du couvert végétal. En fonction
des objectifs fixés, nous nous sommes intéressés aux images à haute résolution spatiale.
Cette résolution peut être définie comme étant le pas de division de l’image ou la surface
minimale enregistrée par le capteur. Enfin, parmi les images les plus utilisées figurent
celles issues du satellite américain Landsat.
Les images issues de ce satellite sont qualifiées des images Landsat, avec une
résolution spectrale de 30 m. Les images utilisées sont celles des années 2001, 2011 et
2018 complétées par plusieurs images des années intermédiaires à cet intervalle (tableau
1). L’année 2001 est prise comme année de référence en raison de la couverture végétale
relativement stable, qui progressivement disparaît. La période d’étude est 17 ans. Cette
durée est assez objective pour apprécier les évolutions des classes paysagères. Plus la
résolution temporelle est grande, plus la perception temporelle du changement est
précise. Pour les besoins de cette étude, les images issues des capteurs landsat 7 ETM+
et Landsat 8 OLI ont été utilisées. Ces capteurs sont incorporés dans des satellites ou orbites
polaires héliosynchrones avec une capacité de revisite de 16 jours. Il convient de rappeler que
le premier capteur était mis en fonction le 15 avril 1999 et le second le 11 février 2013.

32
Gratuites et libres de droit, les images landsat sont fournies avec un niveau de correction
« Level 1G » c’est-à-dire que les corrections radiométriques et géométriques ont été
apportées lors des prises de vue. L’opération radiométrique a consisté à la suppression
ou l’atténuation d’une part des erreurs dues aux capteurs et d’autre part des bruits
présents dans l’image. De même, le calibrage radiométrique a permis de rétablir la
radiométrie des images et de procéder à la correction atmosphérique en compensant les
effets de l’atmosphère (diffusion, atténuation, réfraction, absorption). La correction
géométrique a consisté à la rectification des distorsions géométriques et au
géoréférencement de ces images. La zone d’étude, notamment la réserve de la Léfini,
est couverte par la scène P182r62 (182 représente le numéro de la colonne (path) et 62
le numéro de la ligne (row)).
Le capteur ETM+ comporte 7 bandes spectrales contre 10 pour le capteur OLI.
Chaque capteur a une bande panchromatique caractérisée par une tonalité en noir et
blanc, tendant vers le gris. Les différentes scènes utilisées figurent dans le tableau 1. Ces
images Landsat présentent un atout considérable pour les études sur le couvert végétal.
Les données issues de ces capteurs sont indiquées pour la détection des changements
qui affectent le sol aux échelles intermédiaires et locales. Leur apport dans la gestion et
le suivi des espaces protégés a été montré par de nombreux auteurs parmi lesquels E.
N’Guessan (2006, p.308), H. Dibi N’Da, Y.C.Y. Adou, K.E. N’geussan M. Koné et Y.Ch.
Sagné (2008a, p.555-556, 2008b, p.19-21), G. Wafo Tabopda (2008, p.96) et G. Wafo Tabopda
et F. Huynh (2009, p.1), F.B.Enonzan (2010, p.7).

Tableau 1. Références des images satellitales utilisées


Donnée Date Bandes spectrales Domaine spectral Résolution
d’acquisition (micromètres) Spatiale (m)
1.[0.45-0.52] Bleu 30
25 /02/ 2001 2.[0.52-0.60] Vert 30
15 /06/ 2006 3.[0.63-0.69] Rouge 30
09 /01/ 2007 4.[0.77-0.90] Proche infrarouge 30
ETM+ 06 /07/ 2008 5.[1.55-1.75] Infrarouge moyen 30
31 /07/ 2011 6.[10.40-12.50] Infrarouge thermique 60

33
7.[2.09-2.35] Infrarouge moyen 30
8.[0.52-0.90] Panchromatique 15
1.[0.43-0.45] Coastal aerosol 30
2.[0.45-0.51] Bleu 30
3.[0.53-0.59] Vert 30
4.[0.64-0.67] Rouge 30
13 /08/ 2013 5.[0.85-0.88] Near infrarouge 30
OLI 15 /06/ 2018 6.[1.57-1.65] SWIR 1 30
7.[2.11-2.29] SWIR 2 30
8.[0.50-0.68] Panchromatique 15
9. [1.36-1.38] Cirrus 30
10.[10.60-11.19] Infrarouge thermique 1 100
11.[11.50-12.51] Infrarouge thermique 2 100

Les images prises lors de la saison des pluies sont constamment recouvertes par les
nuages à cause de l’abondante couverture nuageuse qui se repercupe sur ces images.

I.3. Autres données


I.3.1. Cartes topographiques
La réserve de la Léfini est couverte par deux cartes topographiques à l’échelle de
1/200 000, notamment celles de Nsa-Mpouya (SA-33-II) et Mbé-Ngabé (SA-33-XXII).
Elles sont éditées en août 2014 et mises à notre disposition par le Ministère de
l’Aménagement du Territoire et à la Délégation aux Grands Travaux (MATDGT) via le
CNIAF. Afin de faciliter le repérage des entités géographiques, la localisation des types
de végétation et le calcul surfacique, les cartes topographiques sont géoréférencées en
projection UTM Zone 33 S. Le géoréférencement est effectué à l’aide de points de
contrôle, d’une part localisés sur les cartes thématiques et d’autre part, mesurés sur le
terrain par GPS. Le calcul de l’erreur quadratique moyenne, six mètres, a permis de
donner la fiabilité de cette opération. Ces cartes topographiques, récemment actualisées,
constituent un support indispensable pour l’analyse géomorphologique et
hypsométrique de la réserve de chasse de la Léfini.

34
I.3.2. Modèles Numériques de Terrain de type SRTM
La scène de SRTM prise en 2000 est ortho-rectifiée et projetée dans le système
cartographique de coordonnées projetées UTM Zone 33S, système correspondant à
notre zone d’étude. Le SRTM a une résolution de 90 m. Il a permis d’acquérir une
connaissance fine du relief, de créer la carte de classes de pentes, de corriger le réseau
hydrographique, et enfin de faciliter la cartographie des zones humides et inondées.

II.Méthodes
II.1. Inventaire botanique
L’inventaire botanique a pour intérêt d’identifier, de géolocaliser et de procéder
à la mensuration des ligneux, de nommer les différents peuplements et types de
végétation. Cet inventaire est réalisé suivant le protocole de collecte et traitement des
données ci-dessous mentionné. Avant de s’y atteler, il est judicieux de faire la synthèse
de relevés des forêts d’Afrique tropicale.

II.1.1. Synthèse de relevés des forêts d’Afrique tropicale


La quasi-totalité des relevés des forêts congolaises est issue de trois types
d’inventaires botaniques fondamentalement opposés. Il s’agit des inventaires
"phytosociologique", "forestier " à vocation commerciale, et "forestier national ".

 Inventaire phytosociologique
L’inventaire de type phytosociologique permet d’étudier les communautés
végétales, en se basant sur des listes floristiques les plus exhaustives possibles. Il a pour
objet l'étude synthétique des communautés de végétaux spontanés, afin de les définir et
les classer selon les critères floristiques et statistiques. Cet inventaire s’intéresse aussi
à caractériser la structure, l’organisation, l’origine, le déterminisme, l’évolution ainsi
que l’habitat.
B. Senterre (2005, p. 97-117) fait remarquer que les travaux des pionniers de la
phytosociologie en Afrique restent encore aujourd’hui des références incontournables
de par l’énorme expérience des botanistes de cette époque. La méthodologie consiste la
plupart du temps en de petits relevés de 500 m² (50 m x 10 m, ou quelques dizaines
d’ares) sur lesquels l’abondance est estimée, par les coefficients d’abondance-

35
dominance de Braun-Blanquet, pour chaque espèce présente, sans limite de Diamètre à
hauteur de poitrine (Dhp), ou parfois à partir de 10 cm.
De ces travaux de base et des méthodes de forestiers sont nées de nombreuses
méthodologies hybrides, notamment en réalisant des transects et en découpant ceux-ci
en relevés plus ou moins homogènes. Ce dispositif hybride est conçu comme une
parcelle associée à un sentier (N. Picard et al, 2008, p.212). Nous pouvons citer les
travaux réalisés par J. Lejoly (1994, p. 11), L.A. Kouka (2002, p.230-234) J.M.
Moutsamboté (2012, p.56-57) dans les forêts du Nord du Congo et B. Senterre (2001,
p. 1089-1090) dans les forêts denses de Guinée Equatoriale.

 Inventaire forestier
L’inventaire forestier est préférentiellement employé par les "forestiers". Il
permet d’estimer la ressource exploitable d’un massif forestier en déterminant le
diamètre minimum d’exploitation des essences destinées à la commercialisation. Selon
les essences, ce diamètre est fixé à au moins 60 voire 70 cm. Ce type d’inventaire permet
également de connaître le potentiel de régénération de ces essences commerciales.
Ces relevés "forestiers" se font le long des layons rectilignes de plusieurs
kilomètres de long sur une largeur soit de 5 m (2,5 m de part et d’autre d’un layon pour
l’observation des Dhp ≥10 cm), soit de 50 m (25m de part et d’autre pour les Dhp ≥70
cm). Tous les arbres compris dans le voisinage du layon, selon les largeurs indiquées,
sont inventoriés c’est-à-dire comptabilisés, mesurés et identifiés. Cette approche a
inspiré un grand nombre de botanistes et "forestiers". Les auteurs comme B.Sonké
(1998, p.22) et J.L. Doucet (2003, p.37) ont eu recours à ce type d’inventaire dans leurs
travaux réalisés dans les forêts denses du bassin du Congo. Le suivi peut être effectué
soit dans une optique d’aménagement consistant à définir les directives de gestion et
planifier les récoltes, soit dans une optique sylvicole permettant de raisonner une
sylviculture dans le temps. Selon les objectifs poursuivis, la surface inventoriée et les moyens
financiers disponibles pour réaliser l’étude, les botanistes et "forestiers" font souvent recours
à trois techniques d’inventaires qui ne permettent pas de suivre les mêmes variables.
L’inventaire pied à pied (ou en plein) consiste en un recensement exhaustif des tiges par
essence et par classe de diamètre à partir d’un seuil de précomptage (fixé le plus souvent à 17,5
cm). Il est considéré comme suffisamment précis pour les principales variables

36
dendrométriques et dynamiques. Les résultats sont donnés à l’échelle de la placette. Ce
type d’inventaire se prête bien aux comparaisons des inventaires.
L’inventaire statistique s’applique lorsque le massif forestier à inventorier devient
trop vaste pour se permettre de passer sur toute la surface en inventaire pied à pied, pour
des raisons de coût. Pour réaliser cet inventaire, il est nécessaire d’établir un plan
d’échantillonnage. Les mesures sont effectuées sur des placeaux et les résultats obtenus
sur leur totalité sont extrapolés à l’ensemble de la forêt.
L’inventaire typologique est un inventaire statistique, sans placette réellement
matérialisée, mais avec des points d’arrêts disposés selon un maillage régulier. A chaque
point d’arrêt, l’opérateur identifie un type de peuplement à partir de variables faciles à
estimer et d’une clé de détermination synthétique. A chaque type est affecté un
ensemble de valeurs dendrométriques moyennes. Cette méthode d’inventaire implique
une étude préalablement menée sur un secteur géographique donné, afin de disposer
d’une typologie de peuplement adaptée au contexte de la forêt.
Ces différentes techniques d’inventaires sont habituellement utilisées lors des
études d’inventaires multiressources préludes à l’élaboration des plans d’aménagement
des concessions forestières relevant du domaine forestier permanent. Elles sont aussi
préférées pour les études en sciences forestières (botanique, écologie, phytogéographie).

 Inventaire forestier national


C’est une méthode de collecte des données développée par la FAO dans le cadre
du programme d’appui au suivi et à l’évaluation des ressources forestières nationales.
La méthodologie repose sur un échantillonnage du pays et utilise un réseau de placeaux
permanents où sont relevées des informations biophysiques et socio-économiques. Cette
méthode a déjà été testée et mise en œuvre avec succès depuis 2000 dans de nombreux
pays comme le Cameroun, la Zambie, le Bangladesh, le Costa Rica, le Guatemala, le
Honduras, le Kirghizstan, le Nicaragua, les Philippines et le Congo. De par ses atteintes,
l’inventaire foresier national multi ressources est l’un des piliers de la Stratégie
d’Affectation des Terres (SAT). Au Congo, il a permis de faire un diagnostic des ressources
biophysiques et socioéconomiques sur toute l’étendue du territoire national au niveau aussi bien
des statistiques que de référencement géographique (CNIAF, 2017, p.4).

37
Le plan d’échantillonnage adopté pour l’évaluation nationale des ressources
forestières est systématique. La distance entre deux unités d’échantillonnage (UE) est
de 25 km. Au total 450 UE ont été obtenues sur l’ensemble du territoire congolais. Ces
UE sont des carrés dont le côté fait 1 km. Les coordonnées de coin sud-ouest de ces
classes correspondent à celles des points du plan de sondage systématique. Chaque UE
contient un groupe de 4 placeaux d’observation de terrain. Les placeaux sont des
rectangles de 250 m de long et 20 m de large. Elles partent de chacun des angles d’un
carré central de 500 m de côté dont le centre coïncide avec le centre de l’UE. Les
placeaux sont numérotées de 1 à 4, dans le sens des aiguilles d’une montre.
Au niveau de chaque placette, sont identifiés deux triplets de sous-placeaux. Elles
correspondent à deux niveaux différents de relevés : 3 sous-placeaux rectangulaires de
20 m sur 10 m constituant le niveau 1, et 3 sous-placeaux circulaires de 3,99 m de rayon
constituent le niveau 2 et sont situés au centre des sous-placeaux rectangulaires. Ces
sous-placeaux sont numérotés de 1 à 3 en partant du début de la placette. Ils sont destinés
aux mesures des arbres de petits diamètres (10 ≤ Dhp< 20 cm) et de la régénération
(Dhp< 10 cm). Un point de mesures édaphiques et topographiques est établi au centre
de chaque sous-placette. Les sous-placeaux circulaires ne sont pas matérialisés sur le
terrain s’ils tombent dans une zone classée comme « hors forêt » (CNIAF-FAO, 2011,
p.25).
Les placeaux sont divisés en sections d’utilisation des terres (SUT) représentant
des classes homogènes d’utilisation des terres et de couvert végétal, de taille et forme
variables, identifiées sur le terrain. La plupart des données sur les caractéristiques, la
gestion et l’utilisation des ressources forestières sont collectées à l’intérieur de ces SUT
(CNIAF-FAO, 2011, p.25).

II.1.2. Nomenclature des types de végétation


En absence d’une nomenclature unique et propre au pays, les gestionnaires des
forêts et les chercheurs (forestiers, géographes, phytogéographes, écologistes,
botanistes) font recours, dans leurs travaux de stratification végétale, à plusieurs
classifications. Il s’agit par exemple des nomenclatures de Yangambi (A. Aubreville,

38
1957, p. 23-27), UNESCO (1973,) et de la FAO (1981, p. 62-66). A côté de celles-ci, se
sont développées plusieurs nomenclatures hybrides.
L’accord de Yangambi sur la nomenclature des types africains de végétation
avait fait l’unanimité sur le principe selon lequel il fallait s’en tenir à des descriptions
essentiellement physionomiques, lesquelles correspondent d’ailleurs à des divisions
écologiques certaines. Une règle pratique aussi sans être énoncée a été suivie : il fut tenu
largement compte des usages déjà établis et largement répandus en ce qui concerne
certains noms de formations, telles que savane, steppe. A cette époque l’action
anthropique sur la végétation était très peu perceptible. Actuellement, elle est
responsable de modification structurale dont résultent plusieurs strates végétales qui ne
figurent pas dans cette nomenclature.
Cependant, la nomenclature de la FAO, plus actuelle que celle issue de l’accord
de Yangambi, est plus fournie. Elle est établie dans un souci d’harmonisation avec les
normes et définitions utilisées par cette organisation dans son inventaire forestier
mondial. Elle prend en compte l’ancienne nomenclature et intègre de nouvelles strates
dérivant de l’anthropisation du milieu. Cette nomenclature propose une bonne
hiérarchisation des divers types de terrain dans une perspective forestière. Comme la
classification de Yangambi, celle de l’UNESCO est basée sur la physionomie et la
structure de la végétation en liaison avec les habitats ou l’environnement écologique.
Les légendes qui vont donc être portées sur les cartes de végétation sont celles définies
par la FAO basées essentiellement sur : la densité de peuplement, le stade de
développement des peuplements et les perturbations.

II.2. Protocole de collecte et de traitement des données d’inventaire


L’inventaire botanique va concerner la flore. Des campagnes d’inventaire
entreprises ont permis d’identifier des espèces, d’évaluer leurs paramètres
dendrométriques (notamment le diamètre). Il est donc question d’envisager une
répartition spatiale des ligneux et donner, à une échelle plus fine, les tendances des
différents peuplements de la réserve de chasse de la Léfini sur la base des indices
statistiques de biodiversité. Dans une perspective environnementale, il faut en plus
évaluer le degré et la nature de l’intervention des sociétés humaines sur la végétation.
Pour distinguer les composantes synécologiques, biologiques et anthropiques et

39
apprécier le poids de chacun, les choix en terme d’échantillonnage, de relevé et de
traitement des données sont donc essentiels (F.Alexandre et A. Genin, 2011, p.197).

II.2.1. Plan d’échantillonnage


Comme pour toutes les études de végétation, le problème d’échantillonnage se
pose de façon fondamentale. Ch, Boubouresque (1969, p.81-86) indique que
l’échantillonnage doit comprendre deux phases : la première est constituée par l’analyse
des échantillons eux-mêmes, pour vérifier s’ils satisfont aux critères d’homogénéité et
de représentativité suffisante ; la deuxième correspond à la comparaison des
échantillons pour en tirer des conclusions valables sur la communauté entière. Il n'est
pas concevable de parcourir et reconnaître l'intégralité de toute la surface; seul un
échantillonnage puis une extrapolation de ses résultats à l'ensemble de la zone vont
permettre une compréhension globale du milieu. En géostatistique, les principales
méthodes d'échantillonnage sont les suivantes: l’échantillonnage aléatoire,
l’échantillonnage systématique et l’échantillonnage stratifié.
Etant donné la configuration de différents types de végétation (forêt et savane),
il est préférable de combiner les méthodes d’échantillonnage. Par conséquent, la bonne
alternative est une combinaison des approches aléatoires et systématiques aboutissant à
un plan d'échantillonnage systématique aléatoire non aligné. Cette stratégie probabiliste
combine les caractéristiques et les avantages d'un échantillonnage aléatoire simple et un
échantillonnage systématique.
Les campagnes d’IFN réalisées par le CNIAF en 2014 dans la réserve de chasse
de la Léfini ont concerné 24 placeaux. Les relevés y relatifs sont capitalisés et ont été
complétés pendant nos campagnes d’inventaire botanique. La collecte complémentaire
de données s’est faite en deux phases de deux semaines dans 76 placeaux en janvier et
août 2018. Comme pour l’IFN réalisé par la CNIAF, les placeaux sont des rectangles
de 250 m de long et 20 m de large. La distance du layon de comptage est de 250 m
(figure 1).

40
Figure 1 : Parcelle de comptage des ligneux

Au total 100 placeaux (tableau 2) ont permis de procéder à l’inventaire de la flore


ligneuse, de stratifier les formations végétales, de valider la stratification d’occupation
du sol et d’observer les déterminants de regression de la végétation.

Tableau 2 : Répartition des placeaux dans les strates d’occupation du sol


Type de Strate d’occupation du sol Nombre de Distance des
formation placeaux layons (km)
Forêt ombrophile à tendance 20 5
Formation mésophile (Forêt relativement stable)
végétales Forêt secondaire (foret dégradée) 20 5
Savane herbeuse ouverte à faible 35 8,75
strate arbustive
Formation Sols nus et affleurement rocheux 25 6,25
non végétale
Total 100 25

Le choix du positionnement de ces placeaux vise une implantation du dispositif


d’inventaire plus ou moins rationnelle de l’ensemble de la superficie de la réserve.
Suivant les différentes strates d’occupation du sol, nous nous sommes appuyés sur le
fond topograpgique et les images Landsat pour géolocaliser (coordonnées
géographiques) des placeaux sur le terrain (figure 2 et annexe 5). Nous n’avons pas
trouvé pertinent d’avoir des points de contrôle-terrain distincts des 100 placeaux. Nous
avons donc retenu les mêmes placeaux et layons pour le comptage des ligneux et la
validation des cartes d’occupation du sol.

41
Les cartes d’occupation du sol ont été soumises à un contrôle-terrain. En effet,
sur l’ensemble des placeaux ayant fait l’objet d’inventaires, les coordonnées
géographiques des points ont été enregistrées grâce au système global de positionnement
(GPS) avec une erreur théorique maximale de 3 mètres. Chaque point géoréferencé est
accompagné des observations avec une description des occupations environnantes prises
le long du layon sur chaque type d’occupation du sol traversé.

Figure 2 : Dispositif des placeaux d’inventaire et d’observation des strates

42
II.2.2. Collecte des données de terrain
L’inventaire de la flore ligneuse a été effectué par la méthode de transects couplée
à la prospection botanique. Le principe de la méthode de transects est de recenser et
d’identifier tous les arbres de Dhp supérieur ou égal à 10 cm et à 1,30 m au-dessus du
sol (photo 2). Cet inventaire s’est effectué dans les placeaux situés dans des zones de
forêt et de savane arbustive. Les dimensions de la placette étant de 250 m x 20 m, soit
5000 m². Il se base sur le recensement de tous les individus ligneux. Si les herbacées et
les lianes ont simplement été signalées, les ligneux ont fait l’objet d’un dénombrement.
Une fois le lieu du relevé repéré, la mise en place des différents relevés se fait à
l’aide d’une boussole, d’un double décamètre et d’une ficelle. L’alignement est vérifié
à 10 m d’intervalle des jalons (photo 1).
Planche1 : Opérations d’inventaire des ligneux

Photo 1 : Ouverture de layon de comptage Photo2 : Mesure de circonference des ligneux


(Prise de vue : Apollinaire Bokou, 2018)
Le relevé comporte trois catégories d’information notamment géographique,
floristique et environnementale. La première porte sur les coordonnées géographiques
de chaque relevé (appréciées par le GPS). La seconde concerne la liste des espèces
végétales, éventuellement en fonction de la stratification des individus, avec des
indications quantitatives (d’abondance) et d’absence. Enfin, la troisième est relative au
type de sols (obtenus à partir de la carte édaphique et vérifiés sur le terrain par nos
observations), à la pente (appréciée par un clisimètre SUUNTO), le versant et son
orientation (déterminés par la boussole à main), au drainage et aux actions anthropiques.
Le travail d’identification des espèces, même lorsqu’il n’est pas très poussé, reste une opération
longue et difficile. A cet effet, le recours aux botanistes et/ou forestiers a été d’un apport
indéniable. Aussi, avions nous consulté quelques auteurs (A. Aubreville, 1957, p.24-27; R.

43
Letouzey, 1982, p.52-119) pour la connaissance morphologique de certaines espèces et des
formations végétales.

II.2.3. Organisation de la végétation


Les phases de descente de terrain pour la réalisation de l’inventaire botanique a
permis aussi de comprendre les caractères structuraux de la formation végétale qui
traduisent l’organisation des espaces et leurs composantes, c’est-à-dire de leurs espèces
constitutives, dans les plans tant horizontal que vertical (A. Lacoste et R. Salanon, 2010,
p.72). Elle permet d'une part, d'avoir une image réelle ou la représentation de l'ensemble
de la végétation et d'autre part, de déterminer l'organisation spatiale des espèces.

 Végétation vue sur le plan vertical


La structure verticale est marquée par la présence d’une stratification traduisant
la disposition en étage des plantes qui recherche la meilleure occupation
tridimensionnelle de la station où elles vivent (J-P. Amat, 2015, p. 296). Cette
stratification reflète assez souvent la compétition entre les espèces. La stratification
souteraine n’a pas fait l’objet de notre reflexion qui plutôt était uniquement portée sur
la stratification aérienne. Nous avons distingué et décrit des strates regroupant les
végétaux d’un même type biologique ou d’une même classe de hauteur.

 Végétation vue sur le plan horizontal


La structure de la végétation suivant le plan horizontal résulte de la combinaison
des modes de distribution des différentes espèces de la communauté. Elle exprime
l'agencement et la répartition des individus et traduit, dans le cas de notre étude, deux
approches, notamment qualitative et quantitative. La première a abordé la distribution
des espèces alors que la seconde a permis de déterminer les densités et dominances
relatives par classe de diamètre et par la surface terrière des individus (J.L. Doucet,
2003, p.55 ; H. Dibi N’da, 2008a, p.558-559 ;V. Kimponi et al., 2013a, p.7).
La densité relative est le rapport entre le nombre d’individus de cette espèce sur
le nombre total d’individu de toutes les espèces dans l’échantillon. Elle a permis
d’apprecier la représentativité d’une espèce par rapport à toutes les autres espèces de
l’échantillon.

44
La surface terrière (St) d'un arbre est l'aire de la section du tronc de cet arbre
calculée à 1,30 m du sol. Pour un peuplement, la surface terrière est la somme des
surfaces des sections transversales des troncs des arbres sur un hectare. Elle s'exprime
en cm2/ha ou en m2/ha. La surface terrière relative (Str) d’une espèce est le rapport de
la surface basale de tous les individus appartenent à cette espèce sur la surface basale
de tous les individus du peuplement. Rappelons que la surface basale a été calculée par
la formule d²𝜋/4, d étant le diamètre de l’individu.
La dominance relative est le rapport de la surface couverte par une espèce sur la
surface couverte par toutes les espèces. La dominance est définie comme une aire
couverte par une espèce dans un peuplement.

II.2.4. Indices statistiques de biodiversité


Les indices statistiques de biodiversité utilisés dans le cadre de cette étude
relèvent des méthodes univariées marquées par leur simplicité de calcul sur le logiciel
Excel. Ces méthodes permettent de caractériser les tendances générales des
communautés, d’en étudier les variations et d’en déduire les causes sous-jacentes.
Cependant, elles ne permettent pas d’étudier les changements de composition
spécifique.
Nous avons eu recours à deux types de techniques univariées, notamment les
indices de diversité et les descripteurs statistiques. Les indices de diversité sont basés
sur des formules plus complexes et illustrent la complexité des peuplements. Tenant
compte des objectifs de cette étude, les indices de Shannon-Wiener et de Simpson ont
été déterminés. Le premier accorde une importance aux espèces rares, alors que le
second privilégie les communes (E. C. Pielou, 1984, p. 54 ; J.L. Doucet, 2003, p.56).
Les descripteurs statistiques à savoir la richesse spécifique et la dominance ont
permis de décrire de manière quantitative les peuplements. Ils donnent la possibilité de
réaliser des analyses statistiques comme l’analyse de variance, la détection de tendance.
Ils constituent en plus la base de calcul de nombreux autres indices plus complexes. Ces
descripteurs sont souvent influencés par la méthode d’échantillonnage, la taille des
échantillons, et les procédures d’identification : le site ne pouvant être échantillonné en
entier, le nombre d’espèces présentes dans les échantillons ne reflètent généralement pas
la diversité absolue, mais la diversité apparente. De plus, ces méthodes ne prennent pas

45
en compte l’abondance relative de chaque espèce, qui contribue pourtant à la diversité
du site. Enfin, ces indices dépendent du type d’habitat, et la détermination de valeurs
moyennes représentatives d’un état de qualité du milieu nécessite de fixer des valeurs
seuils pour chaque type d’habitat.
Les données d’inventaire floristique ainsi obtenues vont permettre de mesurer la
biodiversité, à l’aide des indices de diversité utilisés en écologie. Il s’agit des indices
non-paramétriques parce que n’étant pas directement liés à des paramètres de la loi de
distribution des abondances.

 Richesse spécifique
La richesse spécifique est représentée par le nombre total ou moyen d’espèces
recensées par unité de surface (J. Grall, N. Coïc, 2006, p.11) Elle représente un
indicateur indirect des conditions écologiques ou de valeur de conservation. La
biodiversité spécifique est généralement considérée comme un facteur clé de la
résilience des écosystèmes en réponse à la pression anthropique. Cet indice est très
généralement préconisé pour caractériser la biodiversité. La richesse spécifique dépend
de l'échelle spatiale et la plupart des évaluations de la richesse de la biodiversité
précisent grossièrement cette échelle. La diversité spécifique du peuplement ligneux,
(arbres et arbustes de Dhp ≥10 cm) de chaque groupement a été étudiée sur la base de
la richesse floristique.

 Indice d’équitabilité de Piélou


L'indice de Pielou ou de régularité (équitabilité) appelé également indice
d’équirépartition, est le rapport de l'indice de diversité de Shannon sur l'indice de
diversité maximale (J = H’/H' max). Dans la pratique, cet indice varie de 0 à 1. Il décrit
la répartition des effectifs des différentes espèces d’un peuplement (H.Dibi N’daet al,
2008a, p.558) et indique le degré de diversité atteint par rapport au maximum possible
et exprime mieux la variation intra-communauté (V. Kimpouni et al, 2013a, p.112).
Lorsque l’indice est faible, un phénomène de dominance est révélé c’est-à-dire une seule
espèce domine tout le peuplement. Quand il est élevé, il marque une répartition régulière
des individus entre les espèces. Autrement, les espèces ont des abondances identiques
dans le peuplement.

46
Classé par R. K. Peet (1974, p.286) comme indice de type I, l’indice de Shannon
est sensible aux variations d’importance des espèces les plus rares (C. E. Shannon, 1948,
p. 385). Il permet d’exprimer la diversité en prenant en compte le nombre d’espèces et
l’abondance des individus au sein de chacune de ces espèces. Ainsi, une communauté
dominée par une seule espèce aura un coefficient moindre qu’une communauté dont
toutes les espèces sont codominantes.
Pour un nombre constant d’espèces comptabilisées, l’indice de Shannon est
minimal si par exemple, dans un peuplement, une espèce est dominante et les autres
espèces sont représentées par un seul individu. H’ est également minimal si, dans un
peuplement chaque espèce est représentée par un seul individu, excepté une espèce qui
est représentée par tous les autres individus du peuplement. Il est maximal quand les
espèces sont variées et réparties de façon équitable. L’équitabilité se définit par le degré
de régularité des espèces dans un peuplement (I. Mafhoud 2009, p.118). L’équitabilité
est maximale lorsque qu’elle correspond à une répartition égale de toutes les espèces
dans le peuplement. Nous avons utilisé la plus classique de l’indice de Shannon (I.
Mafhoud 2009, p.108) dont l’expression algébrique est la suivante:
𝑠

𝐻′ = − ∑ pi ln (pi)
𝑖=1

Où :
pi : abondance relative de l’espèce i (ni / n)

ni : nombre d'individus d'une espèce dans l'échantillon;

n : nombre total des individus du relevé;


s : nombre total des espèces ;
ln : logarithme népérien, préféré au logarithme de base (log2).
L’indice de Shannon-Wiener ( 𝐻′) varie de 0 à ln, soit environ 4,5 pour une communauté
assez riche. Il correspond à la diversité observée (Hakizimana et al. 2012, p.44).
La diversité floristique maximale ( 𝐻′max = lns) est le deuxième paramètre intégré
dans le calcul de l’indice d’équitabilité de Pielou. Il renseigne sur le degré de diversité
que peut atteindre une phytocénose dans le cas d’une distribution équitable des individus
constitutifs de sa flore (V. Kimpouniet al 2013a, p.112).

47
 Indice de Simpson
L’indice de Simpson mesure la probabilité avec laquelle deux individus
sélectionnés au hasard appartiennent à la même espèce (V. Kimpouni et al, 2013b,
p.521). Cet indice (S) est corrélé inversement avec la diversité. Par conséquent, la
diversité est maximale quand la valeur de (S) égale 0 et minimale quand cette valeur est
de 1 (I. Mahfoud, 2009, p. 109). Il se calcule par la formule :

𝑆 = ∑ ni (ni − 1)/n(n − 1)
𝑖=1

Comme pour l’indice de Shannon, l’indice de Simpson est plus sensible à la


fréquence équitable des espèces qu’à leur nombre (I. Mahfoud 2009, p. 109). De même,
J. Grall et N. Coïc (2005, p.16) estime qu’en fonction de l’indice de diversité sur lequel
il est basé, l’indice d’équitabilité donnera plus ou moins de poids aux espèces rares
(indice de Shannon) ou abondantes (indice de Simpson).

II.2.5. Processus de classification des données de télédétection


Le choix de réaliser le présent travail avec une double approche disciplinaire de
la géographie et de l’écologie est dû au fait que les deux disciplines partagent l’idée de
l’importance de l’échelle spatiale, pour une meilleure gestion de la biodiversité (I.
Mafhoud 2009, p.110). Le champ pluridisciplinaire de la biodiversité a longtemps été
dominé par les sciences naturelles. Y.Veyret et L. Simon (2006, p. 80) considèrent que
la géographie est une discipline au cœur de la problématique de la (bio)diversité. Les
géographes et les gestionnaires forestiers ont besoin des méthodes pratiques et non
ambiguës pour définir et mesurer la biodiversité (S. Sarkar et C. Margules, 2002, p.301).
Ce travail s’adresse à ces deux communautés scientifiques pour trois raisons. La
première vient du fait que la végétation est un espace géographique et la conservation
de la biodiversité est une préoccupation aussi bien de la géographie physique que de
l’écologie. La seconde tient compte de l’agrégation des données spatiales et son effet
sur la mesure de la biodiversité qui représentent une problématique géographique basée
sur un phénomène géo-écologique. Enfin, la troisième raison, plus technique, est la
nécessité de recourir à des méthodes de traitement d'images satellitaires (télédétection)

48
et d'utilisation du Système d'Information Géographique, outils d’analyse indispensables
et communs aux deux disciplines. Les procédés qui font recours aux techniques
d’analyse et d’interprétation des images satellites représentent dans ce cas, l’unique
alternative (G.Wafo Tabopda 2008, p.99). C’est ce qui justifie la place de la
télédétection dans cette recherche. En se basant sur les informations recueillies par les
satellites, en particulier l’état de la végétation et des sols, la télédétection constitue un
outil de surveillance écologique pertinent pouvant couvrir de vastes territoires. Il s’agit
d’une technologie permettant d'observer et d'analyser notre environnement, et
consécutivement définir, suivre et évaluer l’état de dégradation des ressources
naturelles, notamment l’eau et le sol.
Nous distinguons deux grands types de traitement d’images : l’interprétation
visuelle et la classification automatique. Le premier type se base sur le scénario de
cartographie qui implique la délimitation des secteurs homogènes ou des peuplements
de végétation. Cette méthode conduit à avoir des groupes de peuplements homogènes
de végétation, pour lesquels des « labels » caractérisent les propriétés de la végétation
dans chaque groupe (I. Mafhoud 2009, p.31). Les propriétés typiques de végétation
considérées sont les espèces dominantes, la taille et la densité de la végétation, la
présence et la nature de la végétation de sous-étage. Certaines de ces propriétés sont
mesurées par des méthodes photogrammétriques. D'autres propriétés de la végétation
sont estimées par la couleur, la forme, la texture observées dans la photographie aérienne
et basées sur les connaissances de l'interprète, augmentées avec des visites de terrain.
Le deuxième type de cartes de végétation est réalisé à partir des images satellitaires par
traitement numérique. Les fonctions de traitement des images peuvent se regrouper en
quatre catégories.
 Prétraitement d’images multibandes
Les opérations de traitement d’images Landsat sont effectuées sur le logiciel
ENVI 5.1. Le préalable que nous posons est le choix des combinaisons de canaux.
L’interprétation des images est basée sur les phases descriptives (photo-identification)
et analytiques (photo-analyse), toutes les deux étant indissociables. La composition
colorée 457 a été appliquée sur ces images, notamment Landsat 7 ETM+ (bande PIR
dans le canal rouge, bande MIR dans le vert et deuxième bande MIR dans le bleu) et
Landsat 8 OLI (bande rouge dans le canal rouge, bande NIR dans le canal vert et bande
49
SWIR2 dans le canal bleu) ont permis de différencier les types de formations végétales
et non végétales. En se basant sur la photo-identification, cinq classes physionomiques
ont été mises en évidence. Le premier type comprend la forêt ombrophile à tendance
mésophile (J.M. Moutsamboté 2012, p.51), la forêt secondaire, la savane herbeuse
ouverte à faible strate arbustive tandis que le second regroupe les sols nus et les rivières.
Les teintes ou couleurs des classes d’occupation du sol de ce dernier type pour les deux
images sont identiques, marquées par le gris, le bleu et le noir. Par contre, les teintes
discriminant les formations végétales, notamment la forêt ombrophile à tendance
mésophile, la forêt seccondaire, la savane herbeuse ouverte à faible strate arbustive
présentent sur ces images sont bien distinctes et figurent respectivement en marron
foncé, marron clair et vert foncé pour l’image Landsat 7 ETM+ et vert vif, vert pâle, et
violet clair pour l’image Landsat 8 OLI. Enfin, pour les deux images les teintes des
classes de sols nus et des rivières sont identiques, respectivement en gris et noir. Les
observations de terrain pendant l’inventaire des ligneux ont également contribué à cette
photo-identification. En plus de la teinte, nous nous sommes appuyés sur la structure et
la texture comme critères déterminant l’analyse des différentes classes discriminées. La
fonction de rehaussement de l’image a eu pour but d’améliorer l’apparence de l’image
pour aider à l’interprétation et l’analyse visuelle. Il permet l’étirement des contrastes
pour augmenter la distinction entre les différents éléments d’une scène.

Détermination des zones d’entraînement ROI


La définition des zones d’entraînement ou régions d’intérêt (ROI) a été effectuée
sur le logiciel ENVI grâce à une procédure itérative multi-échelle basée sur la clé
d’identification et l'extraction d'information. L'observation des différences implique la
comparaison entre différentes images en se basant sur une combinaison des
caractéristiques suivantes : ton, forme, taille et texture. Les informations spectrales et
spatiales ont permis de définir les classes d’occupation du sol (regroupant les formations
végétales et dépourvues de celles-ci).
La forêt galerie et la forêt sur terre ferme sont quasiment identiques à
l’observation, ceci conduit à l’obtention d’une classe unique nommée forêt ombrophile
à tendance mésophile. Par endroits elle est dégradée et marquée par des recrûs (forêt
secondaire). Dans ce cas, la différence est nettement établie entre la forêt ombrophile à

50
tendance mésophile, encore intacte, et la forêt dégradée ou secondaire en raison de la
proportion des peuplements ligneux qui est plus importante dans la première formation.
Il convient de faire remarquer qu’il n’est pas aisé d’avoir des classes distinctes de savane
herbeuse et savane arbustive à cause de nombreuses formes de transition étalées sur de
petites surfaces au point où la discrimination devient difficile. A l’exception de ces
classes caractérisant les formations végétales, deux autres (sols dénudés et rivière) ont
été identifiées. C’est à l’issue de cette identification que les ROI correspondantes à
l’occupation du sol ont été extraites.

Classification des images Landsat


Après l’obtention des données d’entraînement, nous avons procédé à la
classification dirigée à partir de l’algorithme de maximum de vraisemblance qui est la
méthode la plus utilisée. Les résultats obtenus suivant cette technique sont jugés
probants. H. Dibi N’da et al. (2008b, p.32) ont fait remarquer que les traitements
numériques d’images Landsat ETM+ et TM suivant ce procédé et associé aux
observations de terrain constituent un moyen efficace pour discriminer les différents
types de végétation. Elle a permis de produire les informations sur la définition des
classes et l’identification de zones. Cette opération est utilisée pour identifier et classifier
numériquement les pixels d’une image. Elle est basée sur les caractéristiques statistiques
de la valeur de l’intensité du pixel. Le pixel représente un élément de référence, le
regroupement est basé sur le seul critère de ressemblance spectrale. Deux pixels qui ont
des signatures spectrales proches, comprises dans un intervalle fixé par l’algorithme
proposé, appartiendront à la même classe thématique (R. Caloz et C. Collet, 2001, p.
290).
La classification par maximum de vraisemblance est une méthode tout à fait
satisfaisante mathématiquement car les pixels sont classés à partir d’une probabilité, ce
qui est tout à fait souhaitable en télédétection (M.C. Girard et C. Girard, 1999, p. 157-
205). Cette méthode, par la règle d’affectation de chaque pixel, permet de réduire les
risques d’erreur, en utilisant au mieux les probabilités d’appartenance. L’approche
consiste à définir des zones d’entrainement sous forme de polygones de pixels sur
lesquels s’appuie l’algorithme du maximum de vraisemblance pour calculer la
probabilité d’appartenance de chaque pixel à l’une des classes (J. F. Mas, 2000, p.352).

51
L’appartenance d’un pixel à une classe est déterminée suivant la probabilité plus ou
moins importante d’y être intégrée. La règle bayesienne permet d’affecter le pixel à la
classe pour laquelle la probabilité d’appartenance est la plus forte. Il s’agit de la méthode
jugée la plus performante (F.Bonn et G. Rochon, 1992, p. 376).

Evaluation de la classification du couvert végétal


L’évaluation d’une classification est un concept complexe comprenant la référence à
plusieurs critères et pouvant se dérouler en plusieurs étapes. Elle est souvent appréciée par deux
paramètres, notamment la matrice de confusion et l’arbre de décision. Suivant l’orientation que
nous donnons par la suite à cette étude, le premier paramètre est à cet effet préférable. La
matrice de confusion offre une mesure quantitative de la qualité de l’échantillonnage et
de la séparation des classes (H.B. Goma Boumba, 2009, p.23) Pour s’assurer de la
qualité et de la performance des classifications, on utilise donc des indices fondés sur
cette matrice de confusion (V.Djoufack-Manetsa, 2011, p.29). A partir de la matrice, les
indices suivants sont calculés automatiquement : la précision globale et l’indice de
Kappa (R.G. Congalton, 1991, p.37). La précision globale de la classification est donnée
par la moyenne des pourcentages des pixels correctement classés (MPCC). Il ne prend
en compte que les éléments situés sur la diagonale et correspond à une mesure de la
séparabilité des classes en fonction des divers canaux. L’indice de Kappa est le rapport
entre le nombre de pixels bien classés et le total des pixels sondés. De façon pratique, il
représente le degré d’accord entre les données à classer (observées) et les données de
référence (aléatoires). Cet indice indique comment les données à classer s’accordent aux
données de référence. Il est un estimateur de la précision d’une classification qui tient
compte des erreurs en ligne et en colonne (R.G. Congalton, 1991, pp. 36-37). Le Kappa
constitue une mesure fiable dans l’évaluation des classifications thématiques, car il
examine tous les éléments dans la matrice de confusion. Le résultat est un nombre réel,
sans dimension, compris entre -1 et +1. Il sera d’autant meilleur que la valeur de Kappa
est proche de +1. L’indice de Kappa peut être excellent (0.81), bon (0.80 - 0.61); modéré
(0.6 - 0.21), mauvais (0.20 - 0.0) et très mauvais quand il est inférieur à 0.0 (J.R. Landis
and G.G. Koch, 1977 p. 165). Les statistiques obtenues à partir des matrices de
confusion (MPCC et Kappa) ont permis de procéder aux comparaisons après
combinaison de différentes dates.

52
Détection des changements d’état de la végétation
La détection de changement est la mise en oeuvre des techniques ayant pour but
de repérer, de mettre en évidence, de quantifier afin de comprendre l'évolution
temporelle ou le changement d'état d'un objet ou d'un phénomène à partir d'une série
d'observations à différentes dates (O. Arouma 2012, p.34). Rappelons qu’en
Télédétection, plusieurs méthodes et techniques de détection des changements ont été
développées depuis quelques décennies pour identifier des secteurs de changement avec
le temps et pour caractériser la dynamique de paysage. Ces méthodes sont présentées
dans quelques articles de synthèse. Ces articles montrent qu'avec l'évolution des
méthodes et des critères de classification forts différents dans le raffinement et la
complexité, la façon de catégoriser varie d'un auteur à l'autre. Ces méthodes peuvent
être regroupées en trois systèmes de catégorisation. Le premier système classifie les
principales méthodes de détection des changements en fonction des catégories de
traitement d'images (J.F. Mas, 2000, p.352). Le second système groupe et catégorise les
méthodes de détection des changements non seulement en six catégories principales de
technique mais encore selon leur niveau de complexité (Lu Dengsheng, P. Mausel, E.
Brondizio, E. Moean, 2004, p.2371). Le troisième système catégorise ces méthodes en
trois niveaux de techniques de traitement: interprétation visuelle, les méthodes basées-
pixel et les approches basées-objet (B. Desclée, P. Bogaert, P. Defourny, 2006, p.3-11).
O. Hall et G.J.A. Hay (2003, p.313-324) ont fourni du système de catégorisation des
méthodes en trois grands niveaux suivants: pixel, élément et objet (tableau 3). K.H.
Hoang (2007, p.16) présente une description simplifiée de ces niveaux. Le niveau de
pixel se rapporte aux valeurs numériques de chaque bande d'image, aux calculs simples
entre les bandes correspondantes comme la différence ou le ratio d'image. Le niveau
d'élément est un niveau avancé du traitement, qui implique de transformer les propriétés
spectrales ou spatiales de l'image. L'objet est le niveau le plus avancé du traitement.

53
Tableau 3: Récapitulation des méthodes de détection des changements
Niveaux Méthodes
Texture locale
Analyse en composantes principales
Element Analyse de forme
Indice de végétation
Ondelettes
Intelligence artificielle
Réseaux neuronaux artificiels
Classification directe de multi-temporelle
Objet Système expert
Comparaison post-classification (logique floue)
Comparaison post-classificatoire
Analyse par vecteur de changement
Analyse d'endmember
Pixel Différence d'images
Division d'images
Régression d'images

Conformément au deuxième objectif fixé par la présente étude, nous avons eu


recours à trois méthodes dont une par niveaau, notamment les indices de végétation
(niveau d’élément), la post-classificatoire ou la comparaison des classifications
(méthode d’objet) et la différence d’images (niveau de pixel). La première méthode est
abordée dans la partie suivante, portant sur les indices radiométriques. La seconde
méthode a été précedemment présentée. Pour obtenir de meilleurs résultats et limiter les
erreurs, certains auteurs combinent une méthode de comparaison de classification à une
autre méthode (K.H. Hoang, 2007, p.21). Pour ce qui est de notre étude, et pour traiter
le présent sous point (détection des changements d’état de la végétation) nous avons
combiné la comparaison des classifications à la différence d'image.
Nous avons procédé à la détection des changements biophysiques qui ont lieu
dans la réserve de chasse de la Léfini pendant la période 2001-2018. La différence

54
d'image est une des méthodes les plus utilisées pour détecter des changements. Elle
implique de soustraire les valeurs d'une image donnée à celles d'une deuxième image
qui a été superposée à la première afin de produire une nouvelle image de changement
où les valeurs positives et négatives représentent des pixels changés tandis que les
valeurs zéros indiquent des pixels non changés (K.H. Hoang, 2007, p.17).
Généralement, cette méthode utilise une seule bande spectrale. Dans le cas où plusieurs
bandes sont utilisées (le cas de notre étude), elles sont soustraites deux par deux pour
produire plusieurs bandes résiduelles qui sont analysées séparément (R.F. Nelson, 1983,
p.1306) ou bien une seule bande de sortie est créée et reçoit la valeur de la somme des
différences radiométriques calculées pour chaque bande spectrale (J.F.Mas, 2000,
p.353). Selon Y. C. H Hountondji (2008, p.80) les zones d’impact sont perceptibles par
des contrastes entre formations végétales et les zones de sols nus et par la superposition
des néo-canaux (indices calculés pour chaque image). Le principe de cette méthode est
basé sur la classification de deux scènes acquises à des dates différentes. Elle assigne
d'abord des classes et détecte ensuite le changement. L'évaluation de changement est
faite sur une base de pixel par pixel c’est-à- dire la variation des valeurs de chaque pixel
entre les années 2001 et 2018. Elle est exprimée par l’expression algébrique suivante :

Δ(i) = Vp(i) 2001 - Vp(i) 2018


Avec : Δ(i) : variation du compte numérique du pixel (i) entre 2001 et 2018 ;
V(i): valeur du pixel.
Après cette application algébrique une matrice de changement entre les deux
images a été générée. Elle présente la répartition et les proportions respectives des
classes d’occupation du sol affectées (ou non) par les changements. L’intersection des
deux images classifiées a permis d’obtenir une nouvelle image sur laquelle la valeur de
pixel va de 1 à n (n étant le nombre de classes thématiques). Pour notre cas, nous avons
eu onze clssses de changement. En effet, chacune des valeurs de l'image représente un
type de changement d'une classe à l'autre. L’analyse de la matrice de changement peut
être complexe avec ce nombre élevé des classes thématiques. Les cinq premières classes
indiquent un changement positif, les valeurs vont de 1 à 5. La sixième classe n’a pas
subit de changement. Le changement est négatif de la classe sept à la classe onze. En
se basant sur cette échelle de variable numérique, une autre matrice de transition a été
55
crée afin de cartographier des changements. Après regroupement suivant le type de
changement, le nombre de classes est passé de onze à trois. Une typologie du
changement présentée en trois classes d’occupation du sol a été générée.
De façon générale, il s’agit des « modifications » et des « conversions » de ces
classes qui s’opposent aux situations de « sans changement ». La « modification »
renvoie au changement intervenu au sein d’une même classe. Il peut être positif et
renvoie à une amélioration du couvert forestier (la savane arbustive devient la forêt
mésophile) ou négatif et implique une dégradation forestière (la forêt mésophile devient
la forêt secondaire ou savane arbustive). La « conversion» est le passage d’une catégorie
à une autre par exemple la savane qui perd sa couverture végétale pour devenir un sol
dénudé. Enfin, le terme « sans changement » s’applique à l’ensemble des classes qui
sont restées stables entre les deux dates. En partant des différentes classes obtenues après
le processus de classification (tableau 4), trois classes ont été détectées à partir de la
variation de compte numérique des pixels (Δ(i)). Il s’agit de: l’amélioration forestière
ou de la progression (Δ(i)>1), la dégradation ou la régression (Δ(i) <1) et la stabilisation
du couvert végétal (Δ(i)=0). Les statistiques et l’image de changement sont obtenues
dans le logiciel ENVI.
Après cette étape et détection de changement de l’affectation des terres réalisée
dans ce logiciel de traitement d’image, les fichiers images sont intégrés dans le locigiel
SIG, Arc Gis,pour être convertis en mode "vecteur" et exporté sous un format qui facilite
son exportation. Les statistiques spatiales (superficie de changement interannuel, taux
d’évolution au sein de la classe et taux annuel d’évolution) ont également été déterminées.

Tableau 4: Nomenclature des classes et typologie de changement


Sigles Strate Gradient
FOTM Forêt ombrophile à tendance mésophile Progession Regression

FS Forêt secondaire
SHFA Savane herbeuse ouverte à faible strate arbustive
SNAR Sol nu et affleurement rocheux

56
Les informations recueillies pendant les visites de terrain, notamment les types
de végétation, ont permis d’affiner le traitement numérique de ces images et de valider
les cartes d’occupation du sol de 2001, 2011 et 2018 de la réserve de chasse de la Léfini.
Ces cartes permettent d’entreprendre une analyse qualitative et quantitative de la
dynamique végétale en rapport avec les activités anthropiques.

 Indices radiométriques
Comme nous l’avons précédemment mentionné, la comparaison des indices
radiométriques (NDVI et IB) est l’une des deux méthodes de détection des changements
abordée dans cette étude. Ce sont les indices descriptifs de l’état d’occupation du sol.
Ils prennent en compte les efflorescences salines, la pierrosité, les travaux culturaux, les
fentes et autres organisations superficielles, ainsi que le recouvrement du sol par les
végétaux. La luminance provenant des objets du sol est enregistrée par les satellites dans
les bandes spectrales du visible et de proche infrarouge. Dès lors, de nombreux auteurs
comme J.W. Rouse et al, (1974, p. 129), C.J. Tucker (1978, p.2-9) ont développé divers
« indices de végétation », basés sur la combinaison (somme, différence, rapport,
combinaison linaire) des valeurs de ces canaux. Ces indices sont utilisés d’une part pour
identifier et suivre l’évolution temporelle de certains couverts végétaux et d’autre part
pour évaluer certains paramètres du couvert comme l’estimation de la phytomasse
aérienne.
L’état de la surface du sol est considéré comme un bon indicateur écologique
pour caractériser la dynamique d’un milieu. Mais il importe au préalable de connaître
les indicateurs de l’état de surface qui sont fiables et pertinents. Ainsi, le NDVI et l’IB,
pour retenir que ces deux, nous paraissent mieux adaptés au contexte de notre zone
d’étude, sub-équatoriale. Dans la quête d’indices de la dégradation de la végétation, nous
allons nous pencher sur l’apport des images satellitaires dans la détection et la
compréhension des changements des états de surface à long terme. Ces images, affirme
A. Jacquin (2010, p.23), offrent la possibilité de mesurer et de suivre de manière
systématique à différentes échelles spatiale et temporelle l’état du couvert végétal. Pour
chacune des images Landsat deux indices seront calculés afin de décrire l’état
d’occupation du sol. Ce sont: le NDVI et l’IB calculés pour chaque image et chaque
date. Ces indices n’ont pas encore fait l’objet de test pour notre zone d’étude.

57
Indice de végétation normalisé (NDVI)
- Différentes données de NDVI utilisées à l’échelle planétaire
De très nombreux indices de végétation prennent la forme soit d'expressions très
basiques (simple différence ou simple ratio), soit de formules beaucoup plus complexes.
Ils sont classés en familles d'indices selon qu'ils prennent ou non en compte les facteurs
externes aux couverts végétaux, tels que l'influence de l'atmosphère, la contribution
spectrale des sols, la teneur en eau des végétaux (indices de sécheresse), etc. Les données
NDVI de grands ensembles biogéographiques à l’échelle régionale et planétaire sont
disponibles et téléchargeables à l’internet. Elles sont issues des plusieurs capteurs
(comme NOAA), au pas de temps journalier ou décadaire avec une résolution spatiale
d’au moins 1 km. L’ensemble des données, à la fois les valeurs radiométriques ainsi que
toutes les métadonnées nécessaires aux corrections, est obtenu librement. L’application
des méthodes de régionalisation sur les champs de NDVI via le net a aussi intéressée V.
Djoufack-Manetsa (2011, p. 190) dont l’étude est considérée comme satisfaisante puis
qu’elle identifie assez bien les différents comportements phénologiques et leurs
variations spatiales et temporelles. S. Rome et al (2014, p. 359) ont analysé la variabilité
bioclimatique des forêts tempérées en n’ayant recours aux données de NDVI décadaire
issues des capteurs SPOT-4 et SPOT-5 VEGETATION. Le recours au NDVI facilite le
suivi des caractéristiques biophysiques des couverts végétaux à différents stades
phénologiques (phase active, sèche ou sénescente) et à différentes échelles spatiales (V.
Djoufack-Manetsa 2011, p. 189 ; S. Romeet al, 2014, p. 357). Ils permettent également
d’estimer les rendements de la biomasse végétale. Cependant, les résultats de ces
recherches, réalisées pour la plupart aux échelles régionale ou continentale, sont encore
trop globalisants et lissés pour permettre des applications à l’échelle fine, échelle qui
pourrait prendre en compte les activités des hommes.

- Détermination de l’NDVI à l’échelle locale


Le NDVI a déjà été testé dans plusieurs zones (M. Koné et al., 2007, p.336 ; A.
Ghram-Messedi et E. Delaitre 2007, p.307 ; L. Bouetou-Kadilamio, S. A. Ifo et S.
Binsangou, 2017, p.325). Il a permis de caractériser la dégradation du milieu à la suite
d’une étude dynamique. Lorsqu’il est appliqué à des communautés végétales, cet indice
établit une valeur mesurant l’intensité de vert d’une zone donnée, c’est-à-dire indiquant

58
la masse de végétation présente dans celle-ci, ainsi que son état de santé ou sa vigueur
de croissance. Le NDVI ne peut pas distinguer la physionomie des types des végétaux
mais plutôt leur phénologie générale (S. Bigot, 2004, p.116). Il est fortement corrélé à
la production primaire nette et à l’accumulation de matière sèche (V. Gond et al., 1992,
p.98).
A l’échelle de la résolution spatiale des images à haute répétitivité temporelle,
plusieurs études ont montré la capacité du NDVI à servir de données indirectes pour
mesurer des variables biophysiques caractérisant l’état du couvert végétal (taux du
couvert végétal, biomasse verte produite). L’analyse des variations intra et inter
annuelles du NDVI permet de mesurer les changements relatifs à une modification de
ces variables physiques (A. Jacquin, 2010, p.33). Cet auteur estime que parmi les
différentes informations que l’on peut extraire des images satellitaires, les indices de
végétation, construits par combinaison des valeurs de réflectance dans les longueurs
d’ondes liées aux caractéristiques spectrales de la végétation, sont les plus utilisés.
De façon générale l’indice de végétation normalisé est le rapport de la différence
entre le PIR – R et PIR + R (J.W.Rouse et al., 1973, p.311 ; C.J.Tucker, 1978, p.10).
Avec PIR : bande proche infrarouge et R : bande rouge.
L’indice a été calculé pour chaque image ETM+ et OLI où les bandes rouge et
proche-infrarouge équivalent respectivement aux bandes 3 et 4 et aux bandes 4 et 5
(tableau 1). Par ailleurs, pour qu'on puisse afficher l'indice NDVI comme une image de
8 bits, il est nécessaire d’effectuer une mise à l'échelle. Pour chacune des images, une
couche d'information supplémentaire a donc été créée.Ces deux bandes spectrales sont
choisies parce qu’elles contiennent plus l'information spectrale sur un couvert végétal
(R.Caloz et et R. Collet, 2001, p.219-201). Les pigments chlorophylliens absorbent
fortement dans le rouge visible pour la photosynthèse, et les feuilles réfléchissent par
contre fortement dans le proche infrarouge. En outre, dans les bandes rouge et proche-
infrarouge, le contraste entre la végétation et le sol est maximum (K.H. Hoang, 2007,
p.37). Ces deux bandes présentent aussi une plus faible dépendance par rapport aux
conditions atmosphériques (R. Caloz et C. Collet, 2001, p.60).
Le NDVI renseigne non seulement sur l’activité chlorophyllienne, mais aussi, par
la luminance globale des objets, sur la présence d’un couvert végétal non actif ou sec
(A. Belghith, 2003, p. 269). Le NDVI fournit donc une estimation de la quantité de tissus
59
chlorophylliens par unité de surface de sol. La chlorophylle étant une molécule présente
à l’intérieur des feuilles absorbe le rayonnement aux longueurs d’ondes du rouge et pas
l'infrarouge. Le NDVI est l’un des indices radiométriques qui s’appuie sur le fait que
chaque formation végétale a une signature spectrale et donc une activité
photosynthétique (réflectance) spécifique. Ceci permettra de discriminer les principaux
types de formations végétales et donc de mener une analyse en tenant compte des
particularités de chaque classe de végétation, à partir des figures choroplèthes
(représentation cartographique par plages de couleurs ou de niveaux de gris). En effet,
plus la couleur du NDVI est foncé, plus sa valeur est élevée (> 0.5), et plus sa couleur
tend au clair plus sa valeur est faible (< 0,5). Cette valeur en dégradée en couleur a
permis facilement de traduire une classification.
L’indice NDVI est un bon indicateur de la productivité primaire de la végétation
terrestre. De manière générale, la couverture végétale est caractérisée par un NDVI
positif, les valeurs les plus élevées correspondant à une couverture végétale dense, et
inversement pour les couvertures végétales plus diffuses (N. Holben Brent, 1986, p.
1419). De façon détaillée, les valeurs très basses de NDVI (< 0,1) correspondent aux
secteurs non végétalisés tels que les affleurements rocheux, le sable ou la neige ; les
valeurs modérées (0,2 à 0,3) représentent les zones arbustives et de prairie, tandis que
les valeurs élevées (0,5 à 0,8) signalent une végétation dense abondante.
Un seuillage a permis ensuite d’obtenir des images en quatre classes de NDVI.
Le traitement des images satellitaires ainsi défini doit conduire à une cartographie
préliminaire de l’occupation des sols à partir du logiciel de SIG (Arc Gis). Il ne s'agissait
pas ici d'explorer de nouvelles ou récentes méthodes de télédétection, mais d'obtenir une
cartographie d’occupation du sol la plus fiable possible, avec des méthodes testées.

L’indice de brillance
L’IB dépend de la couleur, de l’humidité et de l’état du couvert végétal.
Dans le cas des images satellitales, l’utilisation d’une partie seulement du spectre de
rayonnement (bandes) met en cause l’utilisation de cette méthode. Toutefois, une
approximation faite par F.M. Vukovich, et al. (1987, p.415), pour le satellite NOAA,
ont jugé que la partie obtenue à partir des canaux 1 (visible) et 2 (proche infrarouge) est
suffisante et que cette partie fournit de 85 à 95% du rayonnement solaire réfléchi par la

60
surface de la terre. Si NOAA, avec deux canaux seulement offre jusqu’à 95% du
rayonnement, on déduit alors que SPOT et Landsat, avec au moins trois canaux, sont
adéquats pour déterminer l’albédo ou l’IB (C. Puech et M. Merdas, 1990, p.172).
Algébriquement, l’indice de brillance est la racine carrée de la somme des carrée du PIR
et du R, il coincide avec l’albedo d’une surface donnée c’est-à-dire la capacité de
réfléchir l’énergie reçue dans un intevalle qui cumule le PIR et le R.

IB = √𝑃𝐼𝑅2 + 𝑅 2
Avec PIR : bande proche infrarouge et R : bande rouge.
Cet indice varie en fonction de l’état de surface et de la nature du substrat.
L’albédo varie de façon inverse à la température de surface (Ts). Dans ce cas,
l’utilisation de Ts dans cette étude ne peut être qu’une variable redondante avec l’albédo,
qui peut être calculée plus facilement et plus précisément.

II.2.6. Dynamique de l’environnement physique et humain

 Critères qualitatifs et quantitatifs de rupture d’équilibre du couvert


végétal
La quantification des impacts est établie sur la base des observations relevées dans
la placette et en considérant les déterminants de dégradation du couvert végétal suivants:
feux de brousse et savane, agriculture, extraction du bois, prélèvement des PFNL,
empreintes des activités cynégétiques (chasse) et de pèche. Les estimations de la gravité
de ces déterminants sur la réserve de la faune de la Léfini sont données par quatre
paramètres qui ont permis une appréciation quantitative de ces déterminants. Il s’agit
de l’intensité, de l’étendue, la de fréquence et de la durée (Y.C.H. Hountondji 2008,
p.56 ; F. Koubouana, 2010, p.).
L’intensité (I) de l’impact (degré de perturbation du milieu) : elle mesure
l’intensité avec laquelle l’impact se produit et est fonction du degré de sensibilité
ou de vulnérabilité de la composante.
L’étendue(E) de l’impact (longueur, superficie) : elle donne une idée de la portée
spatiale (couverture géographique) de l’impact.

61
La fréquence (F) de réalisation de l’impact (intermittent ou continu) : elle indique
la périodicité avec laquelle l’impact est susceptible de se réaliser et est proche de
la probabilité de réalisation.
La durée (D) de l’impact (dimension temporelle) : elle indique la manifestation
de l’impact dans le temps.
Pour les trois premiers paramètres, nous distinguons trois niveaux de sensibilité : faible
(< 25%); moyen (entre 25 et 50%) et fort (> 50 %). Par contre, la durée de l’impact
indique la période à laquelle les déterminants de dégradations de la végétation ont eu
lieu.

 Perceptions locales des déterminants de dégradation de la végétation


Les populations locales, situées dans et autour de la réserve, ont été la cible
principale lors du déroulement des enquêtes socio-économiques sur la perception ou le
regard qu’elles portent sur l’état du couvert végétal.

Echantillonnage et réalisation des enquêtes


L’enquête de terrain s’est déroulée dans dix villages de la réserve de la Léfini. Le
nombre de ménage de ces villages en 2017 est estimé à 2518. La taille de l’échantillon
(n) pour l’étude a été déterminée à partir de la formule de Dagnelie (1998, p.422) et
reprise par plusieurs auteurs comme C. J. S. D. Gbemavo et al (2014, p. 71).
n = (t)2 p (1 – p) / d2
t étant le niveau de confiance selon la loi normale centrée réduite (pour un niveau de
confiance de 95%, t = 1,96). L’utilisation d’un taux d’échantillonnage t tel que 5 % ≤ t
≤ 20 % est recommandée (Dagnelie, 1998, p.422). Dans la présente étude, nous avons
retenu un taux d’échantillonnage t = 5 %. P (30 %) a été déduite des estimations des
nombres de ménage dans des localités situées dans et autour de la réserve, la marge
d’erreur d prévue pour tout paramètre à estimer à partir de l’enquête est de 5 %. La
taille n de l’échantillon est ainsi égale à 323 ménages. Le nombre de ménages interrogés
par village a été déterminé par proportionnalité (tableau 5).

62
Tableau 5 : Nombre des ménages enquêtés
Axe Localité Nombre de Nombre des Sous préfecture /
% de
ménages ménages Département
ménages
enquêtés
Inoni Ngabé / Pool
Plateau 450 18 58
Etsouali 130 5 16
Ngo - Inoni Essoua 110 4 13
Plateau Ngo 2 102 4 13
Impan 75 3 10
Ngo 1403 56 181 Ngo / Plateaux
Ngo-Nsah Mpoh 24 1 3
Nsah 122 5 16
Ngo 2-Impé Ontchouo 29 1 3
Impé 73 3 10
Total 2518 100 323

L’existence d’un réseau routier bitumé en bon état a facilité nos déplacements
dans les différents villages. Les localités enquêtées ont été sélectionnées en fonction de
deux critères. Le premier est relatif à la taille de la population. En effet, pour des besoins
de représentativité, les localités ayant des effectifs des ménages les plus élevés ont été
retenues pour former l’échantillon. Nous avons interrogé le plus grand nombre de
personnes dans ces localités. C’est le cas de Ngo et Inoni Plateau. Le second critère est
le besoin des populations en produits de la forêt et de la savane. Ce critère découle du
premier. Car plus la population est nombreuse, plus les besoins alimentaires sont
multiples et élevés. En toute logique, ce présent échantillon a permis de mieux
appréhender la perception des populations riveraines de la régression du couvert végétal
de la réserve de la Léfini.
Deux sorties de terrain pour les enquêtes auprès des ménages ont été menées dans
les 10 villages. La première s’est déroulée en novembre 2017 et a duré deux semaines.
Pendant cette période les contacts ont été pris à Ngo (chef lieu de la sous préfecture)

63
avec les gestionnaires de la réserve. Les échanges ont également eu lieu autour de notre
guide d’entretien prévu pour le cas échéant. Un écogarde a été mis à notre disposition
pour effectuer les descentes dans les villages. La moto de la réverse a servi de moyen de
déplacement. Les enquêtes ont commencé dans les localités situées sur l’axe Ngo- Nsah
pour se terminer sur l’axe Ngo-Inoni Plateau. La seconde sortie de terrain a été effectuée
en février 2018. Les enquêtes ont été menées sur l’axe Ngo2-Impé pendant une semaine.
Le chef de ménage ou son représentant avait accepté de se prêter à notre questionnaire.
L’interview par enquête notamment le face-à-face était privilégié. Ce mode d’interview
a permis d’atteindre le plus fort taux de réponses au plus grand nombre de questions.
Les centres d’intérêt de ces différents questionnaires sont la perception des activités qui
dégradent la végétation et les facteurs qui les gouvernent. Ces sorties de terrain ont eu
pour mérite de comprendre le regard croisé des uns et des autres sur la réserve de la
Léfini notamment des gestionnaires du site et des populations riveraines. En dernier
ressort, sur le terrain, il nous revenait d’apprécier l’état physique de cet environnement.

Traitement des données issues d’enquête auprès des ménages


La démarche poursuivie est simple et s’adapte facilement aux exigences de notre
recherche. Elle se fait en deux étapes : le dépouillement et la manipulation informatisée
des données collectées sur le terrain. La première étape, portée sur le dépouillement des
données quantitatives et qualitatives, a consisté en la vérification du remplissage des
questionnaires ainsi que la correspondance dans les réponses données par les enquêtés.
La seconde étape est marquée par la manipulation des données réalisées en deux phases.
La première a concerné le traitement des fiches par codification caractérisée par la
conversion des données issues des enquêtes par questionnaire via un schéma de
classification. Le traitement de ces données a impliqué la réduction des informations
sous une forme permettant la compilation et le traitement statistique. La seconde phase
a nécessité le recours à l’outil informatique. Le logiciel Sphinx a été choisi pour la
souplesse dans son fonctionnement et aussi en raison de sa disponibilité. Il a facilité le
traitement numérique de données issues de nos enquêtes sur la perception des
populations locales et des administrations forestières face la dégradation du couvert
végétal.

64
Conclusion
L’approche méthodologique retenuepour la réalisation de la présente étude a été
largement descrite. L’intérêt et l’importance d’avoir recouru aux techniques et méthodes
indiqués ont été clairement mentionnés. Cette approche est en phase avec les objectifs
assignés.

Conclusion de la première partie


La problématique et les objectifs assignés dans le cadre de cette étude ont
nécessité une approche pluridisciplinaire axée sur la géographie et l’écologie. Les
données collectées sur le terrain ont permis d’avoir recours à une série des plusieurs
techniques et méthodes, notamment statistique, traitement numérique des images
satellitaires et cartographie numérique. Cette combinaison des techniques, largement
développée, va être appliquée sur les données issues de la zone d’étude. Avant de
procéder à leur traitement, nous jugeons nécessaire de dresser, à l’échelle nationale,
l’état sur la conservation de la biodiversité d’une part et, d’autre part, présenter le cadre
physique, humain et phytogéographique. Ces différents points tels que énumérés
forment l’ossature de la deuxième partie de notre travail.

65
DEUXIEME PARTIE : CONTEXTE DE LA CONSERVATION DE LA
BIODIVERSITE AU CONGO ET PRESENTATION
DE LA ZONE D’ETUDE

Au Congo, les aires protégées constituent une importante option d’aménagement


du territoire pour atteindre des objectifs en termes de conservation et appuyer les
politiques de développement durable et de réduction de la pauvreté. Actuellement, ces
aires protégées couvrent environ 4 millions d’hectares soit 13% de la superficie
nationale. Les massifs forestiers encore intacts ou très peu perturbés, les mosaïques de
forêt-savane, les paysages pittoresques, les zones humides, les lacs, les rivières et
l’océan sont des ensembles destinés à la protection et à la conservation. La réserve de
la Léfini a été créée pendant l’époque coloniale sur l’initiative du Gouverneur de la
France d’Outre-mer, haut-commissaire de la République en Afrique Équatoriale
Française, par arrêté n° 3671 du 26 novembre 1951 pour une superficie de 4.000 km².
Elle a par la suite fait l’objet d’une révision en 1963 par arrêté n°0046/MAEEFGR-CH-
CN du 7 janvier 1963 où sa superficie est passée à 6300 km². La création de cette aire
protégée visait essentiellement la conservation d’espèces animales emblématiques.
Enfin, l’Arrêté n° 684/MEF/CAB du 14 avril 2008 modifiant et complétant l’article 3
de l’Arrêté n° 3671 du 26 novembre 1951 crée une réserve de chasse de la Léfini et
rédimentionne la superficie à 271 000 hectares.

66
CHAPITRE III : CONTEXTE DE LA CONSERVATION DE LA
BIODIVERSITE AU CONGO

Un rappel du contexte de la conservation de la diversité animale et végétale a


permis de présenter les enjeux du millénaire en matière de biodiversité, de regarder
succintement la législation, les statuts et la situation financière de nos aires protégées
facteur déterminant et conditionnant leur état d’aménagement.

I. Enjeux de la biodiversité
La convention de Londres de 1933, premier texte international sur la préservation
de la faune et de la flore à l’état naturel en Afrique, prévoyait l’établissement d’espaces
protégés sous forme de parcs nationaux ou de réserves naturelles. Cependant, elle ne
concernait que le milieu terrestre puisque les ressources de la mer étaient considérées
comme inépuisables. Cette convention est issue des préoccupations animales en
Afrique. La plupart des puissances tutélaires responsables de la gestion des territoires
africains ont, par la suite, apporté leur adhésion à ce texte juridique qui entre en vigueur
en 1936. En France, une loi adoptée en 1937 par le sénat et la chambre des députés,
autorise le Président de la République à ratifier et, s’il y a lieu, à faire exécuter ladite
convention. Par un décret du 31 mai 1938, la France ratifie la convention relative à la
conservation de la faune et de la flore à l’état naturel (B.Tchakossa, 2012, p.231).
La conférence internationale de Bukavu de 1953 sur la protection de la faune et
de la flore en Afrique s’inscrit dans la mouvance de la convention de Londres. Elle
confirme la volonté des puissances tutrices de l’Afrique de sauvegarder le cheptel
sauvage de ce continent. La conférence a invité les gouvernements à édicter une
nouvelle convention de la nature dans l’intérêt principal des populations africaines. De
part ses résultats, la conférence de Bukavu peut être considérée comme un amendement
de la convention de 1933.
Après cette période coloniale, les enjeux de la biodiversité sont de plus en plus
perceptibles à travers de multiples engagements nationaux et internationaux qui
impliquent aussi bien les scientifiques que les décideurs politiques. Ces engagements
peuvent être lus par exemple à travers les trois conférences ci-après. La conférence

67
d’Alger de 1968 sur la conservation de la nature et des ressources naturelles s’engage à
encourager l’action conjointe en faveur de la préservation, de l’exploitation et de la mise
en valeur des sols, de l’eau, de la faune et de la flore pour le bien-être présent et futur de
l’humanité. La conférence de Stockholm de 1972 est considérée comme l’An I de
l’écologie internationale. La déclaration de Stockholm a posé le problème de la
protection de l’environnement et des méthodes pour l’assurer d’une façon globale. Elle
dégage une conception planétaire de l’environnement qui définit les objectifs à atteindre
et les principes à mettre en oeuvre. Elle souligne aussi la nécessité d’une gestion
adéquate des ressources naturelles. Celles-ci doivent être préservées dans l’intérêt des
générations présentes et à venir. La première conférence internationale sur la
biodiversité, tenue à Rio de Janeiro, en juin 1992 a permis aux pays participants de
signer une convention qui vise à protéger et à restaurer la diversité du vivant. Il y a donc
un devoir humain de conservation et de gestion durable et équitable de la biodiversité
considérée comme un facteur de stabilité des écosystèmes.
Le terme biodiversité (contraction apparue en 1986 de biologie et diversité)
renvoie à une catégorie très large et assez vague : la diversité des espèces animales et
végétales et des biotopes qui les hébergent. La biodiversité englobe trois niveaux
d'organisation du vivant : la diversité écologique (ou diversité des écosystèmes), la
diversité spécifique (diversité des espèces ou interspécifique), la diversité génétique (ou
intra-spécifique), (INRA, 2008, p.5). Elle recouvre l’ensemble des milieux naturels et
des formes de vie (plantes, animaux, champignons, bactéries) ainsi que toutes les
relations et interactions qui existent, d’une part, entre les organismes vivants eux-
mêmes, et d’autre part, entre ces organismes et leurs milieux de vie.
L’érosion de la biodiversité apparaît comme une dimension de la question sociale
de l’environnement. L’apparition et la disparition des espèces est un processus naturel.
Les menaces d’origine anthropique que représentent la destruction des habitats et la
surexploitation sont renforcées par les invasions biologiques, les feux de brousse et de
forêt, par des coupes à blanc, dans un contexte de croissance démographique.
Les préoccupations envers la biodiversité n’ont pas cessé de croître depuis les
années 2010. En effet, le Congo avec l’appui financier du PNUD et du GEF, présente
chaque année un rapport national sur la biodiversité biologique. Le quatrième rapport
stipule que « d’ici 2015, la sécurité des ressources biologiques du Congo est assurée
68
grâce à une meilleure connaissance de leurs composants et une gestion durable qui
intègrent le développement des capacités humaines, le développement socio-
économique, la redistribution équitable des bénéfices tout en honorant les engagements
internationaux ».
Ce rapport national à caractère scientifique est un support de sensibilisation qui
fait l’état de lieu sur la question de biodiversité. Toutefois, il est important de signaler
qu’à ce jour, l’inventaire de la biodiversité au Congo n’est pas complet.
Malgré les inventaires floristiques et surtout fauniques menés plus ou moins
régulièrement dans quelques aires protégées au statut transfrontalier (Nouabalé-Ndoki,
Odzala-Kokoua, Conkouati-Douli), il ressort que les connaissances sur la faune et la
flore du pays sont encore faibles. Il existe des aires protégées où aucune donnée
pertinente et récente n’est disponible. C’est le cas par exemple de Dimonika dans le
Mayombe. La réserve de la Léfini a fait l’objet de plusieurs études sur la faune réalisées
par WCS et bien d’autres auteurs (L. Mathot et al., 2006, p.25;M. Puit &L. Mathot 2008,
p.10-24 ; MEF, 2018, p.31-39). A l’opposé de ces nombreuses études, il n’existe que
très peu d’informations récentes sur l’état des ressources végétales (MEF, 2018, p.12-
13).
L’ensemble des aires protégées joue un rôle de support de subsistance pour les
populations riveraines et leur assure en parallèle la jouissance des services
écosystémiques. Par ailleurs, les aires protégées renferment toutes des animaux ou des
plantes d’importance sociale, culturelle ou économique.
F. Alexandre et A. Génin (2011, p.167) font remarquer qu’il existe deux regards
sur la biodiversité : un regard utilitaire et un regard culturel. Le premier pose la question
de comment la conserver : si la biodiversité est utile, comment faire techniquement, avec
quelles méthodes de gestion et quelles règles internationales ? Le second ouvre une
perspective bien plus vaste : diversité biologique et diversité culturelle s’enchevêtrent
puisque la biodiversité est constitutive des sociétés qui se sont structurées sur l’ensemble
de la planète.

II. Contexte législatif des aires protégées


Le terme « Aire protégée » est une notion générique qui couvre en réalité des
types très variés de zones officiellement dédiées à la conservation. C’est une pierre
69
angulaire de la conservation de la biodiversité. A cet effet, il excite un cadre juridique
qui détermine leur classification et leur mode de gestion. Depuis l’époque coloniale
jusqu’au aujourd’hui, la République du Congo a pris une multitude de textes allant dans
le sens de la conservation de la biodiversité et a ratifié plusieurs d’entre eux pour
répondre aux exigences internationales et aux nouveaux concepts de gestion durable des
écosystèmes forestiers.

II.1. Texte organique sur les aires protégées


La loi n°37-2008 du 28 novembre 2008 fixe les principes fondamentaux et les
conditions générales de conservation et de gestion durable de la faune, des habitats et
des écosystèmes dont elle dépend. Cette loi définit les différents types d’aires protégées
du Congo (art. 6) et en rappelle les règles de gestion propre (art. 12 à 16). Ces aires
protégées se déclinent en 6 principaux types : les parcs nationaux, les réserves naturelles
intégrales, les réserves de faune, les réserves communautaires, les réserves spéciales ou
sanctuaires de faune et les zones d’intérêt cynégétique.
Il convient de préciser que les textes d’application relatifs à cette loi sont en cours
de validation. Cette loi relativement récente est le point central du cadre légal de la
gestion des aires protégées, mais n’est ainsi pas encore pourvue de l’arsenal de textes
exécutifs (décrets) qui permettront de l’appliquer sur le terrain.
De même, il existe aussi des zones d’intérêt cynégétique définies par le code de
protection de la faune sauvage. Ces zones ont été créées non pas dans un but de
conservation mais pour des objectifs économiques. Elles ont pour but « la protection du
territoire où le gibier et la chasse présentent un intérêt économique ou scientifique
majeur et où la faune est susceptible d'être portée et maintenue à un niveau aussi élevé
que possible en vue de son étude scientifique ou de son exploitation rationnelle à des
fins touristiques et récréatives. »

II.2. Autres textes en relation avec la législation nationale sur les aires protégées
Deux lois sont en relation avec cette législation.
La première est la loi 16-2000 du 20 novembre 2000 portant code forestier. Elle poursuit
trois principaux objectifs qui consistent à :

70
 instituer un cadre juridique approprié pour assurer la gestion durable des forêts
sur la base d’un aménagement rationnel des ressources ;
 définir le domaine forestier national et déterminer les critères et les normes
d’organisation et de gestion concertée et participative ;
 concilier l’exploitation des produits forestiers avec les exigences de la
conservation du patrimoine forestier et de la diversité biologique en vue d’un
développement durable.
Comme nous pouvons le constater, le code forestier ne fait pas référence aux aires
protégées de manière explicite. Mais cet outil définit les règles de gestion durable de
leurs zones périphériques. Il évoque ainsi la notion de « forêts de conservation naturelle
», partie intégrante du domaine de l’Etat, dont la mission est d’assurer la pérennité
d’essences forestières, de protéger les habitats de la faune sauvage et de la flore ou de
préserver des paysages (art.10). Le domaine forestier non permanent est constitué par
des forêts protégées, n’ayant pas fait l’objet de classement, et fait partie intégrante du
domaine public de l’Etat (art. 13).
La seconde est la loi n°003/91 du 23 avril 1991 sur la protection de
l'environnement. Elle a pour objet de renforcer la législation sur plusieurs domaines de
l’environnement dont celui de la préservation de la faune et de la flore et de gérer,
maintenir, restaurer et protéger ou conserver les ressources naturelles, le patrimoine
culturel, naturel et historique. Les articles 11 à 20 traitent de la protection de la faune et
de la flore.

II.3. Conventions internationales et régionales


Le Congo a ratifié un certain nombre de conventions internationales liées à la
conservation de la biodiversité dont les plus importantes sont les suivantes:
 Convention sur le commerce international des espèces de la faune et de la flore
menacées d'extinction (CITES), dite Convention de Washington (Loi n° 034/82
du 27 juillet 1982) ;
 Convention sur la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel (Loi
n°19/85du 19 juillet 1985) ;
 Convention sur la diversité biologique (Loi n°29/96 du 25 juin 1996) ;

71
 Convention sur les changements climatiques (Loi n°26/96 du 25 juin 1996).

Le pays est également signataire de plusieurs conventions établies à l’échelle


régionale et sous régionale:
 Convention africaine pour la conservation de la faune et des ressources
naturelles, dite Convention d'Alger de 1968;
 Accord de Lusaka sur les opérations concertées de coercition visant le commerce
illicite de la faune et de la flore sauvage (Loi n°32/96 du 22 août 1996).
Les objectifs généraux de ces textes législatifs consistent à la contribution du secteur
forestier au développement économique et social tout en assurant la conservation, la
protection et la régénération de la forêt. Toutefois, il convient de faire remarquer que la
compatibilité entre la production du bois et la conservation de la biodiversité est un défi
majeur auquel les autorités en charge des forêts s’engagent avec beaucoup de lucidité et
de promptitude.

III. Typologie des aires protégées


Les aires protégées furent initialement créées pendant la colonisation (tableau 6),
dans un contexte marqué par l’intérêt pour la chasse de grands mammifères,
principalement dans les zones de savanes et, en réaction des impacts de cette chasse tels
qu’ils étaient perçus à l’époque.
Malgré les dispositions du législateur de cette époque, nous nous trouvons devant
un fait accompli. Les réserves forestières créées depuis l’époque coloniale et bénéficiant
du statut des forêts classées ont disparu sans être au préalable déclassées. La forêt de la
Tsiémé, de la Boukorée, de la Glacière, de l’Île Mbamou et bien d’autres n’existent
plus. La Patte d’oie, dernier vestige de ces réserves, formée de quelques reliques est
aussi en voie de disparition.
A la fin des années 1970 nous assistons à une volonté manifeste de créer
davantage les aires protégées (tableau 6) témoignant ainsi le souci des gouvernants
congolais en général et des gestionnaires des forêts en particulier de mettre hors
d’atteinte des actions anthropiques des terres encore semi-naturelles. Ces aires protégées
constituent les principaux dispositifs dédiés à la conservation de la biodiversité. Le pays

72
compte aujourd’hui 18 aires protégées qui couvrent environ 4 millions d’hectares soit
13% de la superficie du territoire national.
A ce jour, le Congo compte quatre parcs nationaux (Nouabalé-Ndoki, Odzala-
Kokoua, Conkouati-Douli et Ntokou-Pikounda), une réserve de biosphère (Dimonika),
une réserve communautaire (Lac Télé), six réserves de faune (Léfini, Tsoulou, Nyanga
Sud, Nyanga Nord, Mont Mavoumbou, Mont MFouari), trois sanctuaires à gorilles ou
chimpanzés (Lossi, Lesio Louna, Tchimpounga) et une zone de protection et de
conservation d’Oubangui-Tangui.
Tous les écosystèmes du Congo sont représentés dans des aires protégées.
Certaines d’entre elles regroupent un ensemble d’écosystèmes variés (forêt, savane,
cours d’eau, lac, lagune, etc.). C’est le cas des réserves de la Léfini et du Lac Télé et du
parc de Conkouati-Douli.
Les forêts du Nord du pays, mondialement reconnus pour leur riche biodiversité,
comprennent cinq aires protégées dont trois parcs nationaux notamment (Odzala-
Kokoua, Nouabalé-Ndoki, Ntokou-Pikounda et deux réserves à savoir le Lac Télé et le
sanctuaire de Lossi. Le Sud a été longtemps exploité pour le bois d’œuvre de telle sorte
que leur écosystème est dégradé. L’exploitation de la partie Nord du pays est par contre
récente et la composition de ses écosystèmes reste relativement préservée.
Les parcs nationaux comme Odzala-Kokoua, Nouabalé-Ndoki et Conkouati-
Douli, globalement protégés, sont des sites à fort endémisme. Ils renferment plusieurs
espèces endémiques d’écosystèmes forestiers ou savanicoles (UICN/PACO 2012,
p.130).
Selon la richesse biologique et une variété de paysages fascinants et luxuriants,
toutes les aires protégées n’ont pas les mêmes privilèges. Certaines sont efficacement
protégées car elles bénéficient d’une reconnaissance internationale sous le label du
patrimoine mondial de l’UNESCO, de Ramsar (zone humide d’importance
internationale), de Man and Biosphere en cycle MAB. En effet, le pays compte deux
sites MAB représentés par la réserve de Dimonika et le parc d’Odzala-Kokoua, 15 sites
Ramsar dont 3 seulement sont protégés (Nouabalé-Ndoki, Conkouati-Douli et le Lac
Télé) et un site patrimoine Mondial (Nouabalé-Ndoki).

73
Dans l’intérêt de la représentativité de la biodiversité plusieurs aires protégées
ont vu leur surface augmenter après les études menées en écologie et en inventaire
multiressource.
L’étendue de certaines d’elles leur permet de couvrir plusieurs types
d’écosystèmes. C’est le cas des parcs Conkouati-Douli, Odzala-Kokoua et Nouabalé-
Ndoki, des réserves de la Léfini, de Dimonikaet de la Zone de protection et de
conservation Oubangui-Tanga qui contiennent par exemple des zones de transition
forêt-savane. Conkouati-Douli héberge également des interfaces savane-lagune.
Oubangui-Tanga est une zone humide située en pleine Cuvette congolaise.
Plusieurs aires protégées constituent de complexes transfrontaliers (tableau 5) :
binationale (« Gamba- Conkouati-Douli » et « Lac Télé - Lac Tumba », Tridom
(trinationale Dja-Odzala-Kokoua-Minkébé et TNS (Trinationale de la Sangha «
Nouabalé-Ndoki-Lobéké-Dzanga Sangha »).
Plusieurs aires protégées ont bénéficié de l’appui technique, financier et humain
des organisations environnementalistes non gouvernementales. Les activités de
recherche ne se déroulent que sur trois aires protégées sur douze. Elles concernent
principalement les grands singes (en liberté à Nouabalé-Ndoki et Conkouati ou des
études comportementales sur les chimpanzés en captivité à Tchimpounga et Losio
Louna). Des travaux sont également menés sur les cétacés et les tortues à Conkouati.
Certaines de ces thématiques de recherche pourront être utiles à des fins de gestion : les
travaux d’habituation des gorilles à Nouabalé-Ndoki et Lossi et les travaux sur les
cétacés, les tortues et les grands singes à Conkouati, qui ont été initiés par WCS, ONG
intervenant en appui direct à la gestion du parc. Odzala Kokoua a également fait l’objet
de recherches scientifiques (UICN/PACO 2012, p.122).
La situation géographique de Ntokou-Pikounda et de la zone de protection et de
conservation de l’Oubangui-Tanga ne favorise pas la présence du personnel chargé de
la surveillance. La première aire protégée est située complètement dans une zone humide
dont les conditions d’accès sont très difficiles. La seconde, localisée dans une grande
forêt primaire équatoriale, sert dans la conservation de la flore en vue de la séquestration
du carbone.
Les effectifs du personnel en charge de la surveillance, existant dans certaines
aires protégées, sont encore malheureusement insuffisants. Le nombre des écogardes est
74
encore insuffisant surtout pour de vastes aires protégées. Elle est par exemple de 1
écogarde pour 18.556 ha à Odzala-Kokoua, 16.289 ha à Conkouati-Douli, 21.194 ha à
Nouabalé-Ndoki, 48.773 ha au Lac Télé, 54.200 ha à la réserve de la Léfini. Certes qu’il
n’existe pas une norme défissant le ratio écogarde/superficie mais nous estimons que les
efforts doivent encore être concentis. Les ressources humaines constituent une véritable
épine pour la conservation, ce qui soulève d’ailleurs le problème de la durabilité de
gestion des écosystèmes mis en défenslorsque les partenaires œuvrant dans le secteur
faune vont arrêter leurs assistances multiformes.

75
Tableau n°6. Aires protégées du Congo
Catégorie des aires Aires protégées Année de Superficie Personnel chargé Statut des aires Gestionnaire
Protégées création (ha) de la surveillance protégées
(en 2019)
Odzala-Kokoua 1977/ 1 354 600 73 Trinational, avec Dja Fondation African
2001 (Cameroun) et parks Net work
Minkébé (Gabon) (Afrique du Sud)
Nouabalé- 1994/2001 423 870 20 Trinational, avec Fondation TNS
Ndoki Mobéké(Cameroun) et WCS
Parc national Dzanga-Ndoki
(Centrafrique)
Conkouati- 1980/1999 504 950 31 Transfrontalier, avec - Etat congolais
Douli Gamba (Gabon) - WCS
Ntokou- 0 National - Etat congolais
Pikounda - CIB-OLAM
Réserve Lac Télé 1993/2003 438 960 9 binational, avec Lac - Etat congolais
communautaire Tumba (RDC) - WCS
Léfini 1951/1963 630 000 5 National Etat congolais
Réserve de chasse 2008 271 000

76
Tsoulou 1984 30 000 3 National Etat congolais
Nyanga Sud 1956 23 000 3 National Etat congolais
Nyanga Nord 1956 7700 2 National Etat congolais
Mont 1956 42 00 2 National Etat congolais
Mavoumbou
Mont Mfouari 1956 15 600 2 National Etat congolais
Réserve naturelle de LésioLouna 1999 173 000 23 National - Etat congolais
Gorilles - Fondation John
Aspinall
Réserve de la Dimonika 1988 136 000 10 National Etat congolais
biosphère
Réserve naturellede Tchimpounga 1995 55 526 14 National - Etat congolais
Chimpanzés - Fondation Jane
Goodal
Sanctuaire de gorilles Lossi 2001 35 000 18 National Etat congolais
Réserve forestière Patte d’Oie 1938 10 National Etat congolais
Zone de protection et Oubangui- 2013 1.028.990 0 National Etat congolais
de conservation Tanga

77
IV. Aires protégées: Réservoir de sécurisation climatique et environnementale
Abritant une grande et exceptionnelle diversité floristique et faunique, les forêts
congolaises offrent au niveau local et mondial des services écosystémiques essentiels et
des moyens de subsistance aux communautés locales. De ce fait, les aires protégées
jouent un rôle important en termes de services écologiques. Elles ont également un grand
potentiel de séquestration du carbone et du recyclage de l’eau. De même, elles
contribuent efficacement à atténuer les effets du changement climatique notamment par
la régulation du climat. Ainsi, il est d’observation courante que les débats internationaux
portent aujourd’hui prioritairement sur le changement climatique, et s’orientent
davantage vers la REDD+ ou les paiements pour les services environnementaux. En
effet, le programme REDD+, basé sur des incitations positives des pays qui démontrent
une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) résultant de la déforestation
et de la dégradation forestière, inclue la gestion durable des forêts, la conservation de la
biodiversité et l’accroissement des stocks de carbone forestier (CNIAF, 2015, p. 23).

V. Enjeux de gestion durable et situation d’aménagement des forêts


Comment traduire concrètement en règles techniques le concept relatif de
“durabilité” alors que les écosystèmes forestiers tropicaux naturels sont par essence
dynamiques et donc localement instables. Le questionnement de Valeix (1990, p. 343)
nous a permis de comprendre les enjeux de gestion durable des forêts.Le concept de «
gestion durable des forêts » ou « d'aménagement écosystémique des forêts » a
véritablement pris son essor à la suite du Sommet de la Terre à Rio, en 1992.
Malheureusement, lors de cette conférence, aucune convention sur la forêt n’a été
adoptée et seule une déclaration à valeur juridique et opérationnelle a été prise. La
déclaration de Rio sur les forêts regroupe surtout des voeux et des recommandations
internationales pour une gestion durable des forêts. La gestion durable des forêts a pour objet
la mise en place d’un système de gestion permettant de maintenir la diversité biologique
des pays, leurs fonctions économiques, écologiques et sociales, au plan national et
international. La matérialisation de ce concept s’est traduite par un outil dénommé Plan
d’Aménagement Forestier (PAF). Cet outil planifie et contribue à la mise en oeuvre de
la gestion durable des ressources forestières, en tenant compte des aspects préservation

78
de la biodiversité et de développement socioéconomique. L’aménagement forestier est
traditionnellement défini comme une branche de la foresterie, qui s’intéresse aux
sciences et techniques forestières en rapport avec des principes d’ordre administratif,
législatif, économique et social. Il représente un domaine centré sur la planification
forestière pour produire des biens et des services.
Depuis la décennie 2000 le secteur forestier du Bassin du Congo a connu
beaucoup d’amélioration dans la gestion des forêts en adoptant et en rendant exécutoire
les PAF suivant le modèle des pays européens. Sur l’ensemble du territoire national la
couverture des forêts est d’environ 22.230.000 ha. La forêt destinée à l’exploitation est
de 75% alors que celle affectée à la conservation représente 15% de la superficie totale
(figure 3). Les zones des forêts denses, affectées pour l’exploitation du bois d’œuvre
sont progressivement dotées des PAF, sorte de zonage de forêt en 5 séries (production,
conservation, développement communautaire, recherche et protection).

79
Figure 3 : Découpage forestier du Congo

Mais les contraintes d’être dotées d’un plan d’aménagement pèsent sur deux de
ces séries. Il s’agit de la série de production (affectée pour l’exploitation du bois
d’œuvre) et de la série de conservation (destinée à ne pas être exploitée). Ainsi, 29
concessions forestières couvrant 10.244.162 ha soit 85% de la superficie totale attribuée
à l’exploitation forestière sont engagées dans le processus d’aménagement durable et 15
d’entre elles, d’une superficie de 5.556.388 ha, disposent déjà d’un PAF. Cinq
concessions forestières couvrant une superficie de 2.478.943 ha et disposant d’un PAF

80
sont certifiés FSC (Pokola, Kabo, Ngombé, Loundoungou Toukoulaka et Mokabi-
Dzanga). La figure 4 présente l’état d’aménagement des forêts du Congo.

Figure 4 : Etat d’aménagement des forêts de production

Les aires protégées restent caractérisées par un effort encore trop limité de
planification de leur gestion (figure 5). Valeix (1990, p. 333) estime que dans de tels
contextes, la valorisation économique des forêts tropicales, notamment par
l’intermédiaire de modes de gestion viables à terme, constitue un objectif majeur qui se

81
doit d’intégrer, dans une approche globale, le rôle multifonctionnel de ces forêts ainsi
que la diversité des usages qui y sont pratiqués.

Figure 5 : Aires protégées

La disponibilité d’un plan d’aménagement agrée pour une aire protégée n’est bien
sûr pas une garantie que tous les problèmes du site seront résolus. Néanmoins, cette
démarche a le mérite de (i) préciser les partenariats entre l’équipe de gestion et tous les
acteurs locaux, (ii) définir une stratégie d’ensemble et des objectifs spécifiques à court,

82
moyen et long termes et (iii) mettre en ordre l’ensemble des moyens disponibles
(humains, techniques, financiers) sur une période opérationnelle de 4 à 5 ans. Même
sans budget ou personnel suffisant, le plan d’aménagement permet d’optimiser les
moyens disponibles et prévisibles (A. Billand, 2012, p. 85).
La loi 16-2000 du 20 novembre 2000 portant code forestier prévoit que chaque
concession forestière soit dotée d’un plan d’aménagement définissant les objectifs, les
règles de gestion et les conditions d’exercice de droits d’usage par les populations
locales. Si au niveau des concessions forestières destinées à l’exploitation industrielle
du bois d’œuvre cette mesure s’impose, il n’en est malheureusement pas le cas pour les
aires protégées.
Entre 2012 et 2016 deux aires protégées, notamment Odzala-Kokoua et Lossi
étaient dotées des plans d’aménagement qui depuis sont devenus obsolètes car la durée
de vie est de 5 ans. La révision du plan d’aménagement est un processus prévu par le
législateur. Elle permet de prendre en compte des nouvelles données surtout pertinentes
susceptibles de faire évoluer le plan. Il peut s’agir par exemple des données sur la
démographie, la richesse de la biodiversité, les activités cynégétiques.
Entre 2012 - 2015 le Congo a bénéficié, par le truchement du projet PACEBCo,
d’un financement conjoint FFBC CEEAC pour réaliser les plans d’aménagement de
deux aires protégées (PNNN et RCLT). Les études de base (multiressource, écologique,
socio-économique et cartographique) prélude à la rédaction du plan d’aménagement
étaient réalisées et validées par les membres de la commission qui a été mise en place.
Maleureusement, le CNIAF qui avait été désigné pour produire ces plans n’a pas pus,
dans les délais requis, réaliser le travail. Dans ce cas, il revient au ministère en charge
des forêts de rechercher un budget additionnel permettant d’achever ce travail.
Pendant que nous sommes en pleine rédaction de la présente thèse, la réserve de
la Léfini est de plus en plus victime des feux incontrôlés des populations locales et
autochtones vivant dans et autour de la réserve de chasse de la Léfini. Face aux impacts
négatifs sur la biodiversité animale et végétale, le CNIAF, en collaboration avec
l’ACFAP, la CN-REDD, les populations locales et autochtones, a décidé, avec l’appui
de l’USFS et de WCS, d’élaborer un plan de gestion simple des feux (MEF, 2018, p.
13). A défaut du plan d’aménagement, ce plan simple de gestion de feux aura pour

83
avantage de s’ouvrir à une gestion participative pour l’ensemble des parties prénantes.
Cette gestion conduira, sans nul doute, d’après le MEF (2018, p. 12) à une planification
ambitieuse axée sur les trois grands principes classiques de conservation et de
développement (protéger les acquis ; réhabiliter les potentiels à travers une meilleure
utilisation des feux ; valoriser durablement). Or, pour atteindre les objectifs tel que fixés
par ce plan il faut un début d’exécution des activités programmées dont le budget global
est de un milliard sept cent quarante-six millions deux cent soixante-douze mille
(1.746.272.000) FCFA. La survie de cette réserve dépend de ce bugdet important qui
reste donc à rechrecher. Les paragraphes ci-dessous nous permettent de comprendre les
problèmes financiers et les différentes sources de financement de nos aires protégées.

VI. Sources de financement


Les aires protégées sont placées sous la responsabilité du Ministère en charge des Eaux
et Forêts. Depuis 2012 leur gestion est assurée par l’ACFAP. Dans la mise en oeuvre des
programmes et projets, celle-ci est assistée par plusieurs partenaires comme WCS, WWF,
Union Européenne (ECOFAC V), CARPE, USAID, RAPAC, PACEBCo, HELP, Jane Goodall,
John Aspinal, African Parks Network.
Toutes les aires protégées disposent d’un acte juridique de création mais les
moyens nécessaires pour le mettre en œuvre sont très insuffisants. Un budget confortable
est inscrit au budget national chaque année pour leur fonctionnement et gestion, après
être voté par les institutions de la République, notamment le gouvernement et le
parlement. Cependant, les décaissements et la ventilation des fonds affectés posent
problème. Les aires protégées ne disposent quasiment pas de budget de fonctionnement
pour assurer la gestion quotidienne et ces reliquats ne sont exécutés que de façon
aléatoire (UICN/PACO, 2012, p.132). Dans l’état actuel des choses, les administrations
de tutelle allouent des dotations annuelles très limitées en personnel et en budget. Le
financement est essentiellement assuré par les partenaires car la contribution de l’Etat
est très faible et atteint rarement 5 % sur chacun des sites (ACFAP, 2015, p.23).
Les financements internationaux que ces administrations reçoivent sont en
général destinés à un nombre réduit d’aires protégées perçues comme des biens publics
mondiaux. Ainsi, quelques sites déjà emblématiques ou qui le sont devenus, reçoivent

84
des subventions parfois à moyen et long terme. Il reste qu’en l’absence de ces
financements plus ou moins continus, la situation globale de leur diversité se serait
certainement dégradée beaucoup plus qu’actuellement (A. Billand, 2012, p. 85).
Bien que le Congo ait adhéré à la majorité des conventions internationales en
faveur de la conservation de la biodiversité, les financements nationaux et
internationaux demeurent toujours insuffisants. Dans ces conditions de nombreuses
aires protégées sont exposées aux activités anthropiques menaçant sérieusement l’avenir
des écosystèmes forestiers, terrestres, marins et lacustres qui ont permis leur classement.
La réserve de la Léfini dont la présente étude y est consacrée, n’échappe pas à cette triste
réalité.

VII. Enjeux socio-économiques des aires protégées


Les répercutions de l’insuffisance de financement conséquent des aires protégées
par l’Etat congolais maintient le tourisme écologique dans une position en embryonnaire
en dépit de ses potentiels fauniques et floristiques très diversifiés et ses paysages
pittoresques. Malgré ces atouts, il découle du constat dressé par ACFAP (2015, p. 27-
28) que les aires protégées du Congo sont de moins en moins attratives. La réserve
naturelle de gorilles de Lésio Louna, avec environ 600 visiteurs l’année, est l’aire
protégée qui accueille le plus de touristes, suivie de Conkouati-Douli et Nouabalé-Ndoki
avec respectivement 300 et 150 à 200 touristes par an. Le nombre des visiteurs à
Odzala-Kokoua et Lossi a considérablement baissé depuis le passage de l’épidémie de
fièvre à virus Ebola il y a environ dix ans. Mais la relance des activités touristiques est
encore timide. Par contre d’autres aires protégées ont un potentiel récréatif important
c’est le cas de la vision des chimpanzés à Tchimpounga qui malheureusement ne
bénéficie pas de moyen humain et logistique pour assurer l’encadrement des visiteurs.
Or, le tourisme de vision constitue un secteur prometteur, susceptible d’apporter des
revenus substantiels à l’Etat, de créer les emplois et améliorer les conditions de vie des
populations riveraines. Il ressort, presque le même constat sur l’ensemble des aires
protégées, que l’écotourisme n’est pas encore développée. Ce secteur qui devait
enclancher le développement socio-économique, en rapportant les dévises à l’Etat et en
améliorant le cadre de vie des populations riveraines, est confronté à plusieurs

85
difficultés. Ces aires protégées connaissent des problèmes d’accès, d’aménagement des
sites et manquent même des structures d’accueil, le manque d’infrastructures hôtelières
(sauf au parc national d’Odzala-Kokoua) et de communications adéquates dans les zones
concernées.

Conclusion
En définitive, le Congo est doté d’un cadre juridique bien fourni régisant la
gestion et le fonctionnent des aires protégées qui occupent un quart de la surface des
forêts denses. Malheureusement à ce jour, aucune de ces aires protégées n’est dotée d’un
plan d’aménagement. Le financement alloué ne permet pas de mettre en place une
stratégie nationale pour développer l’écotourisme dans ces aires protégées, et plus
spécifiquement dans la réserve de chasse de la Léfini. Le chapitre ci-après présente les
aspects abiotiques et biotiques de la réserve.

86
CHAPITRE IV: PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE

La réserve de chasse de la Léfini, notre zone d’étude, présente des paysages


pittoresques marqués par une hypsométrie assez particulière et une couverture végétales
éparse. Le climat, la nature des sols et des roches sont parmi des facteurs expliquant la
présence et le fonctionnement de cette végétation. La population humaine dans et autour
de cette réserve est également un facteur important pour les enjeux de sa conservation.
La description de ces éléments abiotiques et biotiques constitue l’assature de ce chapitre.

I. Statut juridique UICN


Selon la classification UICN la réserve de la Léfini appartient à la catégorie IV
c’est-à-dire celle de « aire de gestion des habitats ou des espèces ». Elle vise à protéger
des espèces ou des habitats particuliers et leur gestion reflète cette priorité. A l’instar de
nombreuses aires protégées du bassin du Congo, la Léfini fait partie de la catégorie IV
qui a besoin d’interventions régulières et actives pour répondre aux exigences dévolues
à son statut. L’objectif premier tel que stipulé par les arrêtés portant création,
modification ou redéfinition de la réserve de la Léfini vise à « maintenir, conserver et
restaurer des espèces et des habitats ».

II. Situation géographiquede la réserve de la Léfini


La réserve de la Léfini est située au Sud-Est du Congo (figure 6) à 140 km au
nord de Brazzaville. Elle chevauche les sous-préfectures de Ngo et de Ngabé,
respectivement dans les départements des Plateaux et du Pool (figure 6).

87
Figure 6 : Situation géographique

Conformément à l’arrêté n°684 du 14 avril 2008 la réserve de la Léfini couvre une


superficie de 271 000 hectares et limitée (figure 7) :
- au nord par le côté sud de la route M’pouya-Djambala, depuis son croisement
avec la route Brazzaville-Gamboma, jusqu’à la piste allant du village Nsah au
village Adzi ;

88
- à l’ouest par le côté Est de la piste Nsah-Adzi jusqu’à la rivière Nambouli,
puis la rive droite de la Nambouli jusqu’à son affluent avec la rivière Léfini ;
- au sud du confluent des rivières Nambouli et Léfini, en suivant le cours de la
rivière de la Léfini, jusqu’à son confluent avec la rivière Louna ;
- au sud-est de la confluence des rivières Louna et Léfini, en remontant la rive
droite de la Louna jusqu’à un point à matérialiser sur le terrain et situé à la
même latitude que le village actuel d’Inoni, puis une ligne Ouest-Est partant
de ce point et atteignant le bas des pentes du plateau batékés, puis le longeant
en joignant l’une à l’autre les sources de tous les cours d’eau issus du plateau
jusqu’à celle de la rivière Gayana, puis de la rive droite de la Gayana jusqu’à
sa confluence avec la rivière Léfini, puis de la rive droite de la Léfini en
direction Ouest jusqu’au côté Ouest de la route Brazzaville Gamboma ;
- à l’est : de l’intersection de la rivière Léfini au côté ouest de la route
Brazzaville-Gamboma, en direction de Gamboma, jusqu’au croisement de la
route Mpouya-Djambala à Ngo.

89
Figure 7 : Localisation de la réserve de chasse de la Léfini

III. Caractéristiques physiques


III.1. Unité morphologique
Comme pour l’ensemble des Plateaux Téké, cette unité morphologique qui
caractérise la réserve est la résultante, d’une part, des processus ou mécanismes
anciens et actuels et, d’autre part, de la nature des roches de ce complexe qui fera
l’objet d’un autre sous point.

Les mécanismes anciens révèlent que l'ensemble des Plateaux Téké a subi un
mouvement de bascule, certainement lié à la subsidence de la Cuvette congolaise (P.
Vennetier, 1966 ; p. 28). Ce basculement géologique a abouti à la constitution d’une

90
surface tabulaire, légèrement inclinée vers la Cuvette congolaise et morcelée par des
rivières en quatre plateaux (Mbé, Nsah-Ngo, Djambala et Bakoukouya).
Les mécanismes actuels sont essentiellement représentés par l’action pluviale
qui provoque en bordure des plateaux l’entraînement des sables ocres vers les vallées,
déchaussant ainsi les grès polymorphes qui forment de véritables corniches hérissées
de pitons (L. Makany 1976, p.24). Ce modelé est rencontré le long de la route
nationale n°2 entre Inoni Falaise et Etsouali.
Une partie importante de la réserve de la Léfini est implantée sur le complexe
des plateaux Téké, notammentle sud-Est et le Nord-Ouest respectivement dans les
plateaux de Mbé et de Nsah-Ngo. A cela s’ajoutent des zones collinaires hautes et
basses, des plaines alluviales et des vallées profondément encaissés (figure 8).
Les surfaces tabulaires ou plateaux commencent à l’Est avec le plateau de Mbé.
Ils sont séparés par des falaises abruptes entre les villages Inoni Falaise, Mbouambé
Léfini et Etsouali. Après ce morcellement, ces surfaces se présentent en un bloc
compactet continu au Nord (entre Etsouali et Ngo) et au Nord-Ouest (entre Ngo et Nsah,
puis Nsah et Assan).

91
Figure 8 : Grandes unités géomorphologiques

Le relief dominant est marqué par les hautes collines au Sud et au centre-Ouest.
Ce relief est associé au relief de basses collines et de plaines alluviales de la Louna au
Sud, de la Nambouli et de la Djouélé au Nord-Ouest. Suivant cette configuration, les
paysages vallonnés présentent une alternance de plateaux relativement plats bordés de
falaises et de collines entaillées par un dense réseau hydrographique.
Les zones de dépression constituent des réseaux de vallées bien marquées. Les
collines, entaillées par une multitude de cirques d’érosion, forment de vastes croupes
fortement arrondies et aux pentes raides.
L’allure générale s'est établie du Sud-Ouest au Nord-Est et à l'Est, avec un réseau
hydrographique conséquent. La Léfini est la principale rivière de la réserve dans laquelle

92
se jettent beaucoup de rivières secondaires. Elle traverse latéralement la réserve, suivant
une orientation Ouest-Est, et atteint le plus bas niveau de base où elle coule dans la
plaine alluviale pour se jeter dans le fleuve Congo.
Le réseau hydrographique de la réserve comprend donc les axes de drainage
pérenne et de petits affluents à écoulement temporaire, découpant les interfluves en
crêtes étroites et sinueuses. P. Vennetier (1966, p.28) a constaté que ces plateaux
forment le domaine de cirques d'érosion, grands amphithéâtres dressant au-dessus des
sources leurs corniches en gradins. Ce réseau est très alimenté par les vallées, où
chaque rivière décrit des milliers de méandres très instables et dissymétriques. Dans
le Nord-Ouest de la réserve, la rivière Nambouli coule dans les zones encaissées et
découpe le plateau de Nsah-Ngo en deux blocs jusqu’à sa confluence avec la rivière
Léfini. Mais, en amont à la hauteur de la source de Nambouli, ces blocs se joignent et
forment un seul plateau continu. Dans le Sud-Est de la réserve, sur le plateau de Mbé,
Gamboma est la seule rivière qui coule depuis la surface tabulaire jusqu’à la plaine
alluviale où elle atteint le fleuve Congo.

III.2. Altimétrie
La réserve de la Léfini est implantée sur une pente inclinée du Sud-Ouest au
Nord-Est vers le fleuve Congo. Selon P. Vennetier (1966, p.28) la pente générale est
faible et inférieure à 3%. Les altitudes plus élevées sont enregistrées au Nord-Ouest,
au centre et au Sud. Le relief correspond à une série des pentes aux altitudes oscillant
entre 700 et 800 m. La diminution du pendage sur l’ensemble de la réserve débouche
au plus bas-relief, notamment sur les bassins versants et les vallées aux altitudes
modestes ne dépassant pas 400 m (figure 9). La surface tabulaire des plateaux est
interrompue par des vallées aux pentes raides ou douces et au fond plat.

93
Figure 9 : Variation altitudinale

III.3. Formation géologique


La formation géologique est uniquement constituée par la série du Stanley
Pool. Datée du secondaire, elle repose en discordance sur les grès de l’Inkisi qui
datent du précambrien supérieur.
La série géologique est subdivisée en deux ensembles : les grès polymorphes
(Ba1) que forment la couche inférieure (en profondeur) et les sables ocres (Ba2) ou
limons sableux qui constituent les couches supérieures. La couche des grès
polymorphes, dont l’épaisseur varie de 50 à 300 m, comprend des grès tendres à grains
fins et réguliers qui apparaissent en particulier sur les rives du Stanley-Pool, où 'ils
forment les "Falaises de Douvres".

94
Les roches dures, constituées principalement des schistes et quartzites,
occupent la partie sommitale de la pente alors que les roches tendres, formées du
sable, des grès tendres et des alluvions sont localisées en bas de la pente. Cette
disposition stratigraphique binômes roches-dures roches-tendres appartient aux
couches géologiques issues de la formation précambrienne inférieure et de la
formation de couverture.

III.4. Sols
III.4.1. Caractéristiques physico-chimiques du sol
Les contraintes de notre étude par le fait d’aborder la distribution spatiale de la
phytodiversité conduit à la connaissance du lien direct entre la disponibilité en eau et les
facteurs édaphiques associés à la fertilité du sol. Plusieurs études ont porté sur les
facteurs édaphiques déterminant l’organisation spatiale des espèces d’arbres parmi
lesquelles nous pouvons citer celles réalisées par L. Makany (1976, p78, 88,97,) et S.A.
Ifo (2010, p. 77-153). Ces études ont démontré les rôles joués par les propriétés physico-
chimiques du sol dans la distribution des populations d’arbres des forêts des plateaux
Téké.
Les caractéristiques physico organiques des sols dans les plateaux Téké varient
en fonction du type de végétation. Les sols sont à texture sableuse avec des taux d’argiles
variant de façon significative. Les teneurs en argiles, en limons et en sables varient
suivant le type de végétation (savane ou forêt). Les formations pédologiques demeurent
très acides, fortement désaturées, assez pauvres en phosphore assimilable, magnésium,
cuivre, zinc et manganèse très riches en fer, avec une toxicité aluminique
considérablement élevée (J. Yoka et al., 2010, p. 69).
Dans les savanes à Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb. le taux de limon fin et
d’argile est plus elévé que sous les différents types de forêts comme les forêts de
Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand et Milletia laurentii De Wild.(L. Makany
1976, pp.241, 244). Les forêts à Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand ont une
fraction importante de sable grossier par rapport à la forêt à Milletia laurentii De Wild.
De même les teneurs en matière organique varient sur l’ensemble des plateaux Téké.
Sous les savanes à Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb. des teneurs sont faibles par

95
rapport aux forêts à Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand et Milletia laurentii
De Wild. (L. Makany 1976, pp.241, 244). Le sol sous forêt à Millettia laurentii De Wild.
est un peu plus riche en matière organique, en limons et argiles et jouit d’une meilleure
capacité de rétention en eau. Les sols sont organiques en surface avec un rapport C/N
variant entre 9,75 et 13,41, très pauvres en bases échangeables et marqués par une
capacité d'échange cationique (CEC) élevée au niveau de l’horizon humifère (S.A. Ifo,
2010, p.62).
En savane les sols sont très sableux, acides, pauvres en matière organique et en
éléments minéraux. Bien que les sols des plateaux Téké soient généralement considérés
comme étant pauvres en nutriments, les caractéristiques physico-chimiques de ces sols
jouent un rôle majeur dans l’organisation spatiale des communautés végétales.

III4.2. Types de sols


La réserve de la Léfini est formée de trois types de sols : des sols ferralitiques,
des sols hydromorphes et des sols podzoliques. Les matériaux gréseux décrits plus haut
constituent le support sur lequel s’édifient ces sols (figure 10).

96
Figure 10:Types des sols

Les sols ferralitiques sont fortement dénaturés et occupent la quasi-totalité de la


réserve. Ils sont formés sur le matériau sablo-argileux sur les rebords et dans la zone de
colline à vallées sèches. Le matériau de sable de base est essentiellement sableux. Ces
sols sont relativement homogènes et profonds. La pente générale induit un lessivage
oblique plus ou moins important. La bonne porosité et la légèreté que leur confère la
nature sableuse ou argilo-sableuse ne compense pas la pauvreté chimique de ces sols
fortement dépourvus en éléments majeurs et en oligoéléments.
Les sols hydromorphes sont présents dans les bas-fonds des plateaux et des
vallées alluviales des collines. Ils sont extrêmement hétérogènes et varient en fonction
du degré d’engorgement qui influence la composition et la teneur en matière organique.
Ils occupent des surfaces relativement importantes dans la vaste vallée marécageuse de

97
la Léfini. Ce sont des sols tourbeux ou semi-tourbeux caractérisés par un engorgement
d’eau pendant toute l’année ou une partie de l’année, pendant la saison des pluies.
Les podzols sont formés sur du matériau sableux au fond des vallées humides et
du matériau sablo-argileux sur les plateaux, dans des dépressions en entonnoir (H.
Elenga 1992, p.31). Ils occupent des superficies très restreintes et se rencontrent sous
une végétation arborée ou herbacée.

III.5. Cadre climatique


L’analyse du cadre climatique est faite à partir des données issues de la revue
littéraire et des observations de terrain pendant nos différentes sorties de terrain. Nous
allons tour à tour examiner les éléments majeurs et mineurs du climat.

III.5.1. Principaux éléments du climat


Les éléments comme la température, le brouillard et les précipitationsexercent
une influence déterminante dans la répartition spatiale des végétaux, et sont parmi les
facteurs écologiques les plus importants que nous avons mis en relief au chapitre VI.
 Température
Les températures maximales moyennes annuelles dans la réserve sont comprises
entre 24°C et 30°C au cours de la période 2000-2020 (M.J. Samba-Kimbata et M.
Mpounza 2001, p.17 ; site, 2020) alors que les minimales ne depassent pas 21°C (site,
2020). Ces températures varient d’une année à une autre, même si les écarts sont
relativement faibles. L’amplitude thermique annuelle, évaluée à 1.5°C, est également
faible (L.Mathot et al 2006, pp.24-25). Les relevés de la météorologie nationale
indiquent que le début de la décennie 1980 été marqué par une période de hausse des
températures moyennes annuelles avec des valeurs thermiques relativement élevées
atteignant 26°C au poste pluviométriques de Ngo et Inoni Falaise.
Les isothermes moyennes annuelles montrent que les températures sont plus
élevées à l’est qu’à l’ouest de la réserve (figure 11). Cette variation de température est
proportionnelle à la variation longitudinale. Plus la température est élevée, plus les zones
situées dans les hautes longitudes de la réserve reçoivent de température. Inversement,

98
plus faibles sont les longitudes et plus faibles sont les températures enregistrées dans ces
zones.

Figure 11 : Isothermes moyennes annuelles

 Humidité
A titre de comparaison, il est à noter que les observations faites au cours de la
journée indiquent que l’humidité atmosphérique n’est pas en phase avec la température.
Le matin, vers le lever du soleil, l’humidité est élevée pendant que la température est
basse. Le constat est contraire l’après-midi (entre 12h30-15h30) où l’humidité est faible
lorsque la température est élevée. Au niveau mensuel, le maximum est atteint au cours
des mois pluvieux. Mais de façon générale la teneur en humidité est très élevée. L.
Makany (1976, p.14) l’évalue à plus de 40 % avec des variations mensuelles faibles de
l’ordre de 10 %, l’amplitude journalière dépase 40%. Cette humidité depasse 90 % la
99
nuit, pendant la saison sèche (site, 2020). S.A Ifo (2010, p. 69) constate que les
moyennes d’humidité de sol sont plus faibles sous savane que sous forêts (galerie et
secondaire).

 Précipitations et bilan hydrique


Caractéristiques saisonnières
Le climat est de type sub-équatorial et se caractérise par des précipitations allant
de 1600 à 2100 mm moyennes annuelles et une saison sèche dont la durée est comprise
entre 1 et 3 mois (L. Mathot et al 2006, p.25). La grande saison sèche débute
généralement en juin pour s’achever en août. La saison des pluies est entrecoupée par
une période de fléchissement intra pluvial de décembre à février, caractérisée par une
diminution et un espacement des pluies. Ces pluies naissent à la faveur des perturbations
pluvieuses, surtout cinématiques : lignes de grains, perturbations mobiles, perturbations
zonales, grains orageux, poussées anticycloniques (M.J. Samba-Kimbata et M.
Mpounza, 2001, p.16). Malgré leur importance, les pluies thermoconvectives ne sont
pas prépondérantes dans la zone. La saison sèche est causée par la présence dans
l’atmosphère de l’alizé maritime du sud-est, stable, émis par la cellule anticyclonique
continentale sud-africaine en altitude. La superposition du flux maritime, épais, très
chaud et humide, issue de la cellule anticyclonique de Sainte-Heleine d’une part et du
courant équatorial d’est, chaud et humide de la cellule anticyclonique océanique des
Mascareignes, d’autre part, est à l’origine des précipitations (M.J. Samba-Kimbata,
1978, p.28-29).
Le régime pluviométrique est de type tropical ; il est caractérisé par une
alternance entre une saison pluvieuse de septembre à mai et une saison sèche de juin à
août. Selon la classification de Köppen le climat est donc de type « Am », c’est-à-dire
de savane tropicale ou encore tropical chaud et humide subéquatorial.

Champ pluviométrique moyen annuel


Les pluies tombent en moyenne pendant 120 à 150 jours par an (H.B. Goma
Boumba, 2003, p.56), avec une répartition temporelle très irrégulière. L’altitude varie
entre 300 et 750 m. La répartition spatiale des précipitations ne dépend pas toujours de

100
l’altitude. Partant du principe qu’au niveau de deux endroits, dont les caractéristiques
morphométriques sont les mêmes et situés dans une même direction des masses d’air, il
pleut sur le premier endroit par où les vents arrivent, cependant les masses nuageuses
peuvent ne pas atteindre le second endroit. Le cas de ces endroits situés à peu près sur
la même longitude vérifie ce principe (H.B. Goma Boumba, 2003, p.27). Il s’agit par
exemple des localités de Nsah, d’Ontchouo et de Letion qui sont approximativement
situées sur la longitude 15°20’00’’mais n’enregistrent pas la même quantité d’eau
(figure12). Il découle de cette analyse que les zones de petits plateaux bien exposés au
vent reçoivent plus d’eau que les bas-fonds ou zones de vallées humides ou sèches.

Figure 12 : Isohyètes moyennes annuelles

101
Enfin, la variation spatiale de la pluviométrie est assez hétérogène. Deux
orientations dominent la sinuosité décrite par les isohyétes. La première est la quasi
obliquité de l’allure des isohyètes. La seconde est circulation ouest-nord-est des masses
d’air avec pour conséquence la diminution des quantités des précipitations de 200 mm.

Champ pluviométrique moyen saisonnier


A titre de rappel, la réserve de la Léfini est sous l’influence d’une saison
pluvieuse de septembre à mai et d’une saison sèche de juin à août. Les observations et
les travaux de recherche spécifiés dans le cadre du projet de détection des changements
climatiques, le groupe intergouvernemental des experts sur l’évolution du climat
(G.I.E.C. ou I.P.C.C., 1990) a découpé l’année civile en quatre saisons : deux pluvieuses
(MAM et SON), une moins pluvieuse (DJF) et une sèche (JJA) due au creusement de la
cellule de l’anticyclone des Açores suivant la latitude (nord ou sud) qui devient générale
puis s’étend en même temps. Les précipitations moyennes saisonnières sont également
assez variables dans l’espace. En saison MAM, les localités situées au sud de la rivière
Léfini sont les moins arrosées (450 mm à Inoni Falaise) alors que les quantités d’eau
sont importantes au nord (600 mm à Ngo). La saison SON est marquée par une légère
augmentation des pluies pouvant atteindre 600 mm au nord (H.B. Goma Boumba, 2003,
p.32).
La distribution des occurrences des jours sans pluie revêt un paramètre
indispensable pour apprécier la phénologie des végétaux tributaires de la pluviométrie.
De façon générale sur les plateaux Tékés la durée maximale des séquences de jours non
pluvieux est de 10 à 15 jours pendant la saison pluvieuse (H.B. Goma Boumba, 2003,
p.54). La saison sèche s’étale sur 60 voire 80 jours selon qu’elle est moins marquée ou
plus prononcée. Les précipitations journalières les plus fréquentes vont de 0,1 à 20 mm ;
celles égales ou supérieures à 100 mm sont rares (M.J. Samba-Kimbata, 1978, pp.237-
238). Les plateaux Tékés en général et la réserve de la Léfini en particulier connaissent
une forte variabilité des précipitations annuelles et mensuelles et les saisons sont
relativement instables dans le temps. Ces faits pluviométriques sont parfaitement en
phase avec ensemble du Congo (M.J. Samba-Kimbata, 2002, p.83) et l’Afrique

102
équatoriale atlantique (G. Ibiassi Mahoungou, 2003, p.68). La variabilité pluviométrique
est importante au sud de l’équateur et la bordure océanique.
A l’instar de la nature des sols, ces occurrences font partie des déterminants
responsables du stress ou du déficit hydrique. La persistance des séquences non
pluvieuse au début de la saison pluvieuse est susceptible de perturber la croissance des
végétaux avec pour risque leur régression et même disparition. Il est donc évident que
les conséquences écologiques (confer chapitre VI) engendrées par ces séquences sèches
dépendent de leur durée.

Précipitations mensuelles
La décennie 2010 est marquée par un rythme pluvieux important. Dans
l’ensemble les précipitations les plus abondantes sont enregistrées aux mois d’octobre
et novembre des années 2006, 2007 et 2008 avec des quantités de pluies oscillant entre
325 et 400 mm d’eau. Les autres mois pluvieux enregistrent entre 100 et 250 mm d’eau.
Les mois de juin et juillet 2007 sont totalement secs, alors qu’en 2006 pendant les
mêmes mois, les quantités d’eau entregistrées atteignent 60 mm. Le mois d’août est
totalement sec sauf en 2007 où la quantité d’eau est d’environ 120 mm.

Bilan hydrique
Malgré les hauteurs annuelles des précipitations comme il est constaté, le bilan
hydrique du sol, c’est-à-dire la différence entre les apports en eau et les pertes
(évapotranspiration) est déficitaire en période sèche, alors qu’il reste équilibré ou
excédentaire en période pluvieuse. L’ETP présente une faible variation saisonnière
(avec une légère baisse entre mai et août) et interannuelle ; elle varie peu d’une année à
l’autre. Cette faible variation est une conséquence de la faible variation du rayonnement
solaire et d’une humidité atmosphérique toujours élevée. L’ETR est maximale en saison
des pluies, surtout aux périodes de plus fortes précipitations et des plus fortes chaleurs
de mars à avril et d’octobre à novembre. Elle est minimale ou nulle en saison sèche où
les précipitations sont faibles ou nulles et les températures fraîches. L’ETR dépend de
la nature de la couverture végétale. Elle est faible en savane et plus importante en forêt.
Les résutats obtenus par M.J. Samba-Kimbata (2002, p.84) suivent cette logique car

103
l’ETR varie entre 800 et 1200 mm dans les zones de savane alors qu’elle est estimée à
plus plus de 1300 mm dans les zones forestières. M.J. Samba-Kimbata (2002, p.82)
affirme que d’après les pédologues la réserve utile maximale (RU max) est comprise au
Congo entre 200 mm pour les sols argilo-sableux et 300 mm pour les sols argileux avec
une réserve facilement utilisable (RFU) de 100 à 150 mm. Il est admis, par conséquent,
que le point de flétrissement est atteint à partir de la moitié de la quantité d’eau de la
réserve utile maximale (RU max). L’auteur conclut que dans la partie méridionale du
Congo, à partir de 2°de latitude sud, en raison d’une saison sèche absolue, les sols
n’ont de réserve utile que pendant une partie de l’année. Les sols présentent donc un
déficit hydrique saisonnier. Ce déficit commence à se manifester pendant la première
décade de juillet. Il prend fin après la première décade de septembre. La réserve de
chasse de la Léfini intégre bel et bien ce découpage.

 Brouillard
Le brouillard est un amas de vapeur d’eau formant un nuage près du sol, limitant
la visibilité. Ch. P. Péguy (1970, p.189) explique qu’il s’agit d’une condensation de
caractère tout local portant sur les couches inférieures de l’atmosphère au contact d’un
sol très froid. Or au dessus d’un sol froid les couches d’air tendent à être stables, ce qui
écarte du même coup la possibilité de condensation dans la masse même de l’atmosphère
et par suite de précipitation.
Les observations ont été faites au niveau des villages et au gite situé à environ 11
km à vol d’oiseau de Mpoh, pendant les opérations d’enquêtes auprès des populations
et d’inventaires floristiques. Ces sites sont situés, pour plusieurs d’entre eux, dans une
zone de savane mais entourés par des îlots de forêt galerie et de terre ferme. C’est le cas
par exemple, de Mpoh et du gite. Le brouillard est de moins en moins observé pendant
la saison sèche, il disparaît progressivement avec l’apparition du soleil, entre 8h00 et
8h30 minutes voire 45 minutes. Pendant la phase de brouillard les températures sont
relativement basses. Le changement brutal de températion est assez récurrent dans les
zones de savane. En absence des pluies le brouillard est de plus en plus abondant et dure
une bonne partie de la matinée. Dans ce cas, le soleil apparaît souvent vers 10h voire
10h30 (observation faite au gite) à cause de la faible intensité du rayonnement solaire.

104
En filtrant la radiation solaire et en saturant l’atmosphère de vapeur d’eau, le brouillard
ralenti les phénomènes d’évaporation. Le brouillard peut être transformé en brouillasse
ou pluie fine. Or, les gouttelettes d’eau qui tombent, bien que négligéables, arrosent les
plantes et peuvent réduire le risque prolongé de stress hydrique auquel font face les
plantes saisonnières pendant la période non pluvieuse. Comme l’humidité de l’air, le
brouillard peut compenser la carence des précipitations à certains moments de l’année.

 Evaporation
L’évaporation apporte une dimension supplémentaire à la compréhension de
l’effet d’autres facteurs climatiques en particulier la température. En effet, l’évaporation
qui est conditionnée par les températures, évolue dans le même sens que celles-ci. Elle
augmente au fur et à mesure que les températures mensuelles s’élèvent. Par contre, elle
varie en sens inverse de l’humidité atmosphérique.

 Vent
L’importance de l’action du vent est appréciée lors de son contact avec d’autres
facteurs physiques comme le relief ou la végétation. Face au vent, le relief joue un rôle
de frein ou de barrière. L’importance de l’action du vent peut se mesurer à l’intensité
généralement atteinte dans les zones dépourvues d’obstacles (plaine, vallée). Mais le
relief intervient également comme modificateur de son régime ou de sa direction. A
Lacoste et R. Salanon (2010, p.207) affirment que certaines vallées canalisent le vent,
contribuant ainsi à en augmenter la vitesse. A l’instar du vent, la végétation constitue
également une barrière dont l’efficacité dépend de la hauteur et de la densité des arbres.
Les vents ont en général une orientation sud-ouest / nord /est. Leur vitesse dépasse
parfois 10 km/h soit environ 5 m toutes les 20 secondes (site, 2020).

105
IV. Aspects biotiques
Une brève description est faite sur les êtres vivants notamment les grands
ensembles de végétation de la réserve de la Léfini et la diversité animale qui fait la
particularité de cette aire protégée.

IV.1. Grands ensembles de végétation


De façon générale, la formation végétale des plateaux Téké est de type
mésophile, offrant l’aspect classique d’une mosaïque forêt-savane discontinue, peu
épaisse à espèces caducifoliées (M.J. Samba-Kimbata et M. Pounza, 2001, p.22). Ce
sont des forêts assez claires, relativement basses et à canopée souvent discontinue. Une
forêt claire est une forêt ouverte, à strate arborescente décidue de taille petite ou
moyenne, dont les cimes sont plus ou moins jointives, l’ensemble du couvert demeurant
clair; la strate graminéenne est parfois peu dense ou en mélange avec une autre
végétation herbacée et suffrutescente (J-L., Guillaumet, 1971, p.266). Ce couvert laisse
largement filtrer la lumière ; au sol, les graminées sont peu abondantes et peuvent être
mélangées à d’autres plantes suffrutescentes ou herbacées (F. White 1986, p.56). Les
cimes culminent entre 8 et 20 m de hauteur ou davantage et le recouvrement atteint au
moins 40% (F. White 1986, p. 51-52). C’est une formation végétale qui colonise
essentiellement les sols sableux.
Comme l’ensemble de la végétation des plateaux Téké, celle de la réserve de
la Léfini est le résultat d’un ensemble de contraintes qu’a connu cette zone:
basculement géologique, nature des sols et actions anthropiques. Celles-ci ont
façonné le paysage végétal actuel de la réserve de la Léfini, malgré les conditions
climatiques propices au développement d’une végétation luxuriante. La formation
végétale la plus représentée est une savane parsemée d’îlots forestiers d’étendue
variable et de petits groupements hydrophytiques, qui constituent la végétation
typique du domaine post-forestier de la région guinéo-congolaise. Au sein de cette
forêt, l'empreinte des actions anthropiques est très visible et apparaît nettement dans le
modelage des paysages. Au plan physionomique, les îlots de forêt ne diffèrent pas
significativement de la forêt dense sempervirente. Une étude détaillée sur les différents
peuplements et les espèces ligneuses a été réalisée dans le chapitre suivant.

106
Bien que le Congo soit situé dans la région des forêts denses humides équatoriales
ou région guinéo-congolaise constituée essentiellement des forêts de type ombrophile
(F. White, 1986, p.51 ; C. De Namur, 1990, p.60 ; V. Kimpouni et al., 1992, p.128 ; J.M.
Moutsamboté 2012, p.67), la végétation des plateaux Téké est d’un type très particulier.
En effet, les plateaux Téké sont le domaine de la savane, comprenant plusieurs variantes.
Les principales espèces caractéristiques sont, parmi les herbacées : Hyparrhenia
diplandra Stapf et Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb., les formations arborescentes
les mieux représentées sont Bridelia ferruginea Benth, Hymenocardia acida Tul. et
Annona arenaria Schumach & Thonn. Des formations de types denses, à Milletia
laurentii De Wild, Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand et Parinari excelsa
sabine, occupent le fond des vallées marécageuses et les bordures de cours d’eau (L.
Makany, 1976, p. 88-89). Les plateaux Téké sont actuellement caractérisés par
l’existence de plusieurs îlots forestiers de taille individuellement modeste de quelques
mètres carrés mais dont la somme de leur surface spécifique peut être importante.

IV.2. Distribution phytogéographique


IV. 2.1. Critères pour les classifications phytogéographiques
Les espèces sont distinguées sur la base des caractères physionomique (structure,
densité, couleur, etc.). Elles sont dans une distribution quasi répétitive sur toute ou partie
de leur étendu. La reconnaissance de telles combinaisons spécifiques est à la base de la
communauté végétale. La comparaison des caractères au sein des communautés permet
d’obtenir les unités typologiques de végétation. Deux types distincts d’unités peuvent
être définis, notamment la formation et l’association. Les formations sont liées sur la
base du critère physionomique, c’est-à-dire l'aspect extérieur à un végétal (forme,
dimensions, aspect de surface, couleurs…). La physionomie particulière qui en résulte
dépend essentiellement de la forme biologique (arbre, arbuste, herbe) de ces espèces
dominantes, plus précisément de leur type biologique, et non de leur nature sur le plan
taxonomique. Le type de formation est donc plus ou moins indépendant de la
composition floristique globale du peuplement végétal considéré. Les associations
résultent du critère de composition floristique, c’est-à-dire l’ensemble des taxons. La

107
combinaison des critères (floristico-écologiques) a abouti à l’établissement des groupes
écologiques.
Les grandes barrières naturelles, actuelles ou passées (telles que les océans, les
chaînes de montagnes, les déserts, apparus au cours des temps géologiques), séparent
des flores, caractérisées par certains taxons (familles, genres ou espèces) endémiques
qui permettent de distinguer des empires floraux. C’est le cas de l’empire néotropical
(régions tropicales d’Amérique et de l’empire paléotropical (régions tropicales
africaines et asiatiques). Au sein de ces empires, les taxons ne sont pas répartis de
manière uniforme et des centres d’endémisme se distinguent encore et constituent des
régions florales.
Les grandes formations végétales de la planète se répartissent généralement en
zones ou ceintures parallèles à l’équateur, correspondant aux grands types de climats de
la planète: les forêts tropicales humides correspondent aux régions à climat tropical
humide. Chacune de ces ceintures de végétation peut donc être définie sur une base
physionomique et/ou écologique, et non plus floristique. Celles-ci sont à cheval sur
plusieurs empires floraux et traversent de nombreuses régions florales. Enfin, outre les
critères purement floristiques et physionomico-écologiques, il y a également la
connaissance de la phytosociologie.

 Critères floristiques:
Il existe plusieurs types de classifications floristiques construites d’une manière
hiérarchique divisive, c’est-à-dire que les entités définies partent du général vers le
régional : empires, sous-empires, régions et provinces. Les méthodes se basent sur
l’endémisme mais d’une manière assez subjective, ce qui explique en partie les
divergences entre auteurs. Une autre difficulté résidait sur la délimitation des zones de
transitions et de leur classement dans un système hiérarchique. Ces considérations ont
amené F. White (1986, p. 47) à se pencher sur un système de classification des unités
phytogéographiques plus objectif, défini de manière quantitative sur base de la richesse
des flores, du taux d’endémisme et de l’origine des taxons non endémiques.
A l’échelle des phytochories régionales, il définit la zone de transition comme
étant une zone à faible endémisme. Il insiste d’ailleurs lourdement sur l’importance de

108
ces zones de transition pour définir correctement les zones d’endémisme. Par définition,
une zone de transition partage donc une proportion de ses taxons avec chacune des zones
voisines. F. White (1986, p. 64-73) met finalement en place une classification
phytogéographique dont il est un des premiers à donner plus des détails sur la
problématique des zones de transition ce qui l’amène à envisager un système de
classification non hiérarchique. L’idée d’une classification hiérarchique est donc rejetée.
Les partisans du continuum en phytosociologie adhèrent aussi au système de
classification non hiérarchique.
Les données de base sont constituées par la superposition d’un maximum de
cartes de distribution de taxons, ou données chorologiques (B. Senterre, 2005, p.47). F.
White (1979, p.16) reproche aux classifications rigoureusement hiérarchiques de donner
lieu à des phytochories de même rang différant fortement du point de vue de la taille de
leur flore, de leur degré d’endémisme et de la nature de leurs liens avec les autres
phytochories. Il voit plutôt les phytochories comme une série de " centres d’endémisme
", séparés par des " zones de transition " ou des " mosaïques régionales " de même ordre
de grandeur géographique (B. Senterre, 2005, p. 48). Il définit ainsi un centre
d’endémisme comme étant une région contenant plus de 1000 espèces végétales dont au
moins 50% n’existent que dans la région en question.
En outre, il reconnaît ne se concentrer que sur une échelle spatiale bien
déterminée (F. White, 1979, p.15), équivalente aux régions et domaines, et ne considère
pas les territoires géobotaniques d’ordre supérieur (empires) ou inférieur (secteurs,
districts, etc.) et par conséquent il est bien normal que la notion de hiérarchie lui paraisse
inutile voire handicapante. Bien qu’il définisse ses unités chorologiques uniquement sur
une base floristique, il admet une forte correspondance avec les types de végétation
décrits sur une base physionomique et/ou phytosociologique, par exemple forêts denses
humides et centre d’endémisme guinéo-congolais (B. Senterre, 2005, p. 48). Il reconnaît
d’ailleurs que la délimitation précise de ses phytochories (c’est-à-dire leur
représentation cartographique) est établie à l’aide des cartes de végétation connues (F.
White, 1986, p.11).

109
 Critères physionomiques
Les critères physionomiques de végétation sont utilisés à des fins de description
des types de végétation et des régions phytogéographiques. La définition et la
délimitation des principales unités physionomiques de végétation fait l’objet de certain
consensus, en comparaison aux empires floraux et autres phytochories, dont la
détermination est fonction des connaissances taxonomiques et chorologiques. La
distribution des biomes semble indépendante de la distribution des empires
biogéographiques. Dans ce cas, la classification physionomique de la végétation est
déterminée en fonction du climat actuel.
Ainsi, les principales classifications sont basées sur la hauteur et la continuité
des strates arborées, puis sur l’importance des espèces caducifoliées, les dimensions et
textures foliaires et enfin sur la dominance de certains types biologiques particuliers. Il
est également frappant de voir que les biomes, pourtant décrits sur une base purement
physionomique, sont nommés à l’aide de termes écologiques (B. Senterre, 2005, P. 53).
Cet auteur estime que la classification est par conséquent plus symétrique et permet
l’insertion aisée de nouvelles unités. Les niveaux hiérarchiques sont par ailleurs plus
clairement définis: classes de formations, sous-classes de formations, groupes de
formations, formations, sous-formations et subdivisions inférieures. Enfin, une clé des
types biologiques de plantes, utilisés dans les définitions des formations, est fournie.

 Critères écologiques
La plupart des auteurs qui élaborent des classifications écologiques de la
végétation le font en tenant compte de classifications physionomiques, puisque la
physionomie d’un type de végétation est intimement liée à son environnement. On parle
alors de classifications bioclimatiques. Elles sont réalisées sur base des paramètres
climatiques. Il s’agit, par exemple, de la pluviosité annuelle (en mm), la saisonnalité
(nombre de mois secs par an, c’est-à-dire les mois à précipitations inférieures au double
de la température moyenne du même mois, exprimée en °C) et la température moyenne
du mois le plus froid de l’année. Avec l’amélioration constante de connaissances
détaillées en matière de phytogéographie descriptive, il est possible, de faire

110
correspondre les unités de végétation à des unités bioclimatiques définies en fonction de
combinaisons du bioclimat général (B. Senterre, 2005, p. 58)

 Critères phytosociologiques
Le critère phytosociologique est lié à la nature des organismes et à leur capacité à
s’organiser en communautés. L’accent est mis sur la tendance de certaines espèces à
vivre ensemble, non pas dans une même région (ce qui reviendrait à parler d’élément
chorologique), mais dans un même type de milieu. Ces espèces forment en quelque sorte
un " élément écologique ", plus connu sous l’expression groupe écologique. Certains
considèrent cette association d’espèces comme un ensemble figé, lié à un déterminisme
écologique précis, et retrouvé à l’identique dans d’autres stations à conditions
écologiques équivalentes. C’est le point de vue des phytosociologues de l’école dite
classique qui décrivent les communautés végétales au sein d’une classification
hiérarchique (les individus d’association en associations, puis en alliances, ordres,
classes, etc.). Contrairement aux classifications basées sur les autres critères, le système
est ici typiquement construit d’une manière agglomérative: du local au général, mais
sans toutefois aller jusqu’à une échelle globale comme c’était le cas pour les autres
critères (B. Senterre, 2005, p. 56-57).

Les critères phytosociologiques sont analogues à ceux purement floristiques. Le degré


d’endémisme d’une espèce vis-à-vis d’une phytochorie correspond ici à la " fidélité "
d’une espèce à une communauté végétale, à quelque niveau hiérarchique que ce soit, ou
encore à un assemblage de paramètres environnementaux donné. Aussi, les deux autres
critères principaux en phytosociologie sont l’abondance et la fréquence. Il est important
de noter que ces critères phytosociologiques, parce qu’ils tiennent compte de la flore et
de l’organisation de celle-ci au sein de types de végétation, intègrent en quelque sorte
critères floristiques et critères physionomiques.

111
IV. 2.2. Divisions chorologiques de l’Afrique tropicale
Dans son étude, M-J Moutsamboté (2012, p. 60-63) a rappelé les divisions
chorologiques de l’Afrique tropical. Celle-ci représente une seule région florale
appartenant à l’empire floral paléotropical formée de quatre provinces:
- province soudanienne ;
- province des montagnes et des steppes du nord-est africain ;
- province Ouest - africaine ou guinéenne qui s’étend de la Guinée en RDC ;
- province des steppes de l’Afrique orientale et australe.
Il rapporte également que la région africaine d’Engler est limitée à l’Afrique
tropicale sur cinq provinces ;
- province soudanienne d’Engler limitée au sud par une ligne reliant la Gambie
au nord de l’Ouganda ;
- province guinéenne d’Engler comprenant la forêt dense et les savanes qui
l’entourent ;
- province éthiopienne d’Engler englobant le plateau éthiopien, la Somalie et le
Yémen en Arabie ;
- province orientale comprenant le plateau d’Afrique orientale allant du Lac
Rudolphe au Malawi et au Mozambique ;
- province zambézienne englobant le bassin du fleuve Zambèze et du Cunene
et le sud-est de la RDC.
Par ailleurs, six régions florales composent l’ensemble du continent africain :
- la région méditerranéenne ;
- la région saharo-sindienne (région de déserts nord africains et indiens) ;
- la région soudano-zambézienne (formations herbeuse et des forêts claires
sèche) ;
- la région guinéenne (massif forestier constitué de la forêt dense ombrophile);
- la région du cap ;
- la région malgache.
L’auteur affirme également que de nombreux auteurs comme F. White (1979, p.
15-23) et E. Denys (1980, p. 465) ont tenté de modifier cette subdivision de l’Afrique.
Les modifications ont visé les limites septentrionales et méridionales de la région

112
guinéenne (désignée actuellement sous le nom de la région guinéo-congolaise) et l’unité
de région soudano-zambézienne.
Phytogéographiquement, F. White (1986, p.42) a eu le mérite de découper
l’Afrique en vingt entités régionales ou phytochories en fonction de la distribution des
espèces endémiques. L’Afrique tropicale a été divisé en 8 régions phytogéographiques
et subdivisées en sous-régions ou domaines (F. White, 1979, p. 24, 32-33; 1986, p.64-
73). Il s’agit notamment de :
- région guinéo-congolaise ; elle caractérise le massif forestier d’Afrique
centrale en deux grands domaines phytogéographiques : le domaine bas-
guinéen et le domaine congolais. En ajoutant le domaine haut-guinéen
(correspondant aux forêts d’Afrique occidentale), nous obtenons la grande
région phytogéographique guinéo-congolaise (figure 13).
- région de transition guinéo-congolaise et soudanienne
- région soudanienne ; elle est composée de deux sous-régions nord et sud ;
- région des lacs centro-africains ;
- région zambézienne ;
- région de la ceinture costale de l’océan indien ;
- région afromontagnarde ;
- région malgache ; elle est formée de deux domaines oriental et occidental.
M-J Moutsamboté (2012, p. 62) fait observer que malgré ces nombreuses
tentatives de classification, le problème de la division chorologique de l’Afrique
tropicale demeure encore posé. En effet les phytogéographes ne sont pas unanimement
d’accord sur l’une ou l’autre division.

113
Figure 13 : Région phytogéographique guinéo-congolaise

La Région guinéo-congolaise (2 800 000 km²) s'étend en une large bande au nord
et au sud de l'équateur à partir du littoral atlantique jusqu'au versant occidental de la
dorsale du Kivu à l'est, en passant par le bassin du Zaïre. Une zone satellite, plus petite,
s'étend de la République de Guinée au Ghana. Le couloir du Dahomey, sec, sépare les
deux zones (White, 1979, p.29).
La Région, autre fois, était en grande partie couverte d'une forêt ombrophile sur
les terres bien drainées, et d'une forêt marécageuse sur les sols hydromorphes.
Actuellement, il reste peu de forêt non remaniée et de grandes superficies sont occupées
par une formation herbeuse secondaire ou par des recrûs forestiers à divers stades. Il se
développement également, sur certains sols hydromorphes, de petits îlots de formation
herbeuse édaphiques. Une forêt rabougrie et divers types de formation buissonnante et
de fourré se rencontrent sur les hauts plateaux, au-dessus de 1000 m, principalement
dans les endroits rocailleux. De nombreuses espèces afromontagnardes se retrouvent sur
les hauts plateaux mais ce n'est que sur les plus hauts sommets, tel le mont Cameroun,
qu'elles constituent des formations afromontagnardes distinctes, qui doivent être exclues
de la Région guinéo-congolaise.

114
IV. 2.3. Territoires phytogéographiques du Congo
Phytogéographiquement, le Congo fait partie de la région Guinéo-Congolaise (F.
White, 1986, p.42; V. Kimpouni, J. Lejoli et S. Lisowski, 1992, p. 127 ; M-J
Moutsamboté, 2012, p. 66). Dans ses travaux, B. Descoings (1975, p. 94) subdivise le
Congo en 11 régions naturelles : Kouilou, Mayombe, Chaillu, Niari, Cataractes
(Plateau), Léfini, Plateaux Batéké, Likouala, Alima, Haute Sangha et Basse sangha.

B. Descoings (1975, p. 91-92) affirme que ces subdivisions territoriales sont


fondées à la fois sur la végétation et sur certains caractères du milieu, nature de la roche
mère en particulier. Elles sont traitées du point de vue phytogéographique et
phytoécologique. Cependant, elles ne constituent pas de véritables régions
phytogéographiques ou phytoécologiques du fait du cadre politique artificiel de la
dition, mais représentent seulement des portions de régions phytogéographiques ou des
portions de régions ou de secteurs écologiques. C’est ainsi qu’il qualifie ces subdivisions
de “régions naturelles”.
Dans leur esquisse phytogéographique, V. Kimpouni, J. Lejoli et S. Lisowski
(1992, p.127) classent les 11 régions établies par Descoings au rang de districts
phytogéographiques regroupés selon le système de White (1979, p. 24-26), dans 6
secteurs, 3 domaines et 2 régions. Suivant le même système, E. Kami (1997) se référant
à V. Kimpouni, J. Lejoli et S. Lisowski (1992, p.128-129), les intègre dans 5 secteurs, 2
domaines et 1 région.
Région Guinéo-Congolaise
1. Domaine du Bassin Congolais
1- Secteur atlantique
1) District du Kouilou
2- Secteur Forestier du Mayombe
2) District du Mayombe
3- Secteur du Chaillu
3) District du Chaillu
4- Secteur de transition Bas-Guinéo-Zambézien
4) District du Plateau des cataractes

115
5) District du Niari
5- Secteur de transition Congo/Zambézienne
6) District des Plateaux Batéké
7) District de la Léfini
8) District de la Likouala
9) District de l’Alima
2. Domaine Congolais
6- Secteur Forestier Central
10) District de la Haute Sangha
11) District de la Basse Sangha.

IV. 2.3. Divisions phytogéographiques des plateaux Tékés


La réserve de la Léfini qui intègre la région guinéo-congolaise fait partie du
domaine de basse-guinée et du secteur de transition congolo-zambésien formé par le
district de la Léfini et le district des Platéaux Téké (figure 14).

116
Figure 14 : Territoire phytogéographique de la réserve de chasse dela Léfini.

Le district phytogéographique de la réverve de chasse de la Léfini est composé


d’une mosaïque forêt-savane (forêts claires, formations herbeuses secondaire et
formations arbustives). Les formations forestières sont regroupées en des petits îlots de
forêt primitive, généralement assez dégradés, et de petits îlots de forêt secondaire. Cette
réserve est majoritairement couverte par le district phytogéographique Batéké localisée
sur le plateau de Nsah-Ngo (département administratif des Plateaux).

IV.3. Diversité animale


Les formations végétales et les paysages pittoresques qui particularisent la
réserve de la Léfini regorgent d’importance ressources animalières de grande valeur
écologique.

117
IV.3.1. Mammifères phares destinés à la conservation
L. Mathot et al (2006, p.25) et M. Puit et L. Mathot (2008, p.3-6) rappellent que
lors de sa création, la réserve de chasse de la Léfini possédait une faune diversifiée et
abondante. Malheureusement, les pressions cynégétiques locales, exacerbées par la
croissance démographique et la demande brazzavilloise, ont largement entamé le
potentiel faunistique de la réserve, de sorte que certaines populations, voire espèces,
sont menacées d’extinction ou même déjà disparues. En particulier, les éléphants, les
panthères, les chevrotains aquatiques, la plupart des carnivores et des céphalophes de
petite et moyenne taille, les pangolins et les oryctéropes voient leurs populations
régresser. Certaines espèces animales comme le chacal à flancs rayés (Canisadustus), le
céphalophe de grimm (Sylvicapragrimmia), l’oryctérope (Orycteropusafer), le vervet
(Cercopithecus aethiopspygerythrus) affectionnent particulièrement la savane. D’autres
espèces animales attachées au milieu des savanes tel le cobe des roseaux
(Reduncaarundinum) et le lion (Panthera leo) auraient disparu, alors que le serval (Felis
serval) n’est plus observé depuis longtemps. Les autres mammifères sont davantage
forestiers ou mixtes et sont donc plus habituels dans le reste du pays. C’est le cas de
l’éléphant de forêt (Loxodonta africana cyclotis) ou des primates.
L’abondance de l’avifaune fait de la réserve un lieu privilégié pour les
ornithologues. M. Puit et L. Mathot (2008, p.6) ont fait observé que parmi l’avifaune de
savane présente dans la réserve, trois espèces sont endémiques des savanes du bassin du
Congo: le Francolin de Finsh (Francolinus finschi), et le Traquet fourmilier du Congo
(Myrmecocichla thollonii) habitent la prairie à Loudetia avec peu ou pas de couverture
arbustive, et le Tisserin à menton noir (Ploceus nigrimentum) la savane arbustive à
Hymenocardia acida Tul. Notons également la présence de l’hirondelle de Brazza qui
fréquente les clairières, les rivières et les lacs.
Ces espèces témoignent dela richesse animalière de cette réserve victime de sa
proximité avec des localités et surtout de Brazzaville dont le besoin en viande de brousse
est très fort. Les mesures de protection établies depuis les années soixante n’ont
malheureusement pas été poursuivies car le braconnage demeure plus pressant. Ces
auteurs ont également constaté que malgré ces multiples agressions, les populations
animales de plusieurs espèces, dont les buffles et les hippopotames, semblent s’accroître

118
grâce à la mise en œuvre des efforts de protection entrepris dans la réserve Naturelle de
Gorilles de Lésio-Louna. Celle-ci, située au sud-ouest, est mitoyenne à la réserve de la
Léfini.

IV.2.2. Rôle de la faune sauvage sur la dissémination des espèces


Les animaux sauvages comme l’éléphant, le céphalophe, le singe, les rongeurs,
les oiseaux et l’Homme contribuent indirectement dans la formation des groupements
végétaux et la décomposition de la litère. En effet, l'épizoochorie, l'endozoochorie et la
stromatozoochorie constituent les modes les plus fréquents de dissémination des espèces
à diaspores de types desmochores et sarcochores (H. Belesi Katula 2009, p.30 ; J.M.
Moutsamboté 2012, p.494).
L'épizoochorie est très répandue dans les formations herbeuses. Les diaspores des
espèces accrochées sur le corps de l'animal, sont véhiculées à des distances parfois
importantes. L'endozoochorie est essentiellement l'action des animaux frugivores. La
diaspore est rejetée en même temps que les déjections après passage dans le tube digestif
de l’animal. Parmi les espèces végétales reconnues dans ce groupe, nous pouvons citer
Aframomum div. Sp., Anonidium mannii. La stromatozoochorie est le non passage de la
graine dans le tube digestif du consommateur. La graine est abandonnée après avoir
mangé la pulpe juteuse. Elle consiste à l'amassage des fruits par le consommateur pour
sa provision alimentaire. Anonidium mannii et Myrianthus arboreus P. Beauv. sont
reconnues dans ce dernier mode.

V. Milieu humain
L’examen du milieu humain a permis de rappeler le peuplement, de comprendre
les us et coutume, de déterminer l’evolution de la densité de la population et de décrire
les différentes activités de celle-ci.

V.1. Peuplement autour et dans la réserve


Les Téké seraient venus du nord-ouest, peut-être avant le XVe siècle (L. Makany,
1976, p.25 et B.M. Mengho, 2017, p.75). Plusieurs villages se sont implantés le long de
cet axe principal qui passe à l’Est et fait office de limite de la réserve de chasse de la

119
Léfini. Ayant contribué aux mouvements migratoires depuis l’année 1980, cette route
part de Brazzaville et traverse respectivement les départements administratifs du Pool,
des Plateaux de la Cuvette et de la Sangha. La situation géographique de la réserve
chevauchant les départements du Pool et des Plateaux a aussi favorisé la diversité
ethnique.
Le peuplement à l’intérieur et dans les environs de la réserve de la Léfini est très
hétérogène. Cette hétérogénéité a été précédemment constatée par plusieurs auteurs.
Les plateaux Téké sont exclusivement peuplés de l’ethnie téké. Les téké se subdivisent
en plusieurs classes dont les Téké (plateau de Mbé) et les Boma (Plateau de Nsah-Ngo).
Ces classes sont caractérisées par des sous-peuplements. D. Ngouma (2011, p.48) a fait
remarquer que le plateau de Mbé était habité depuis longtemps par les Bawoumou
occupant la région sud, appelée le « Mpoumou » ou « plateau du tabac », et les
Babémbé, dans la partie nord, le « Mbé ». Faisant partie intégrante du peuple téké, ces
deux ethnies ont souvent été au contact avec d’autres peuples qui les ont affrontés
régulièrement. Il convient également de noter, comme B.M Mengho (1999, p.235), une
forte présence des Laris (peuple du Pool) au nord de la réserve, sur le plateau de NSah-
Ngo.

V.2. Us et coutumes
V.2. 1. Organisation sociale
Le pouvoir traditionnel est détenu par le chef de terre (Nga Ntsié en téké) qui
dispose de l’accès à la terre et aux ressources naturelles disponibles.
Le chef de la terre est un personnage qui relie les esprits de la terre aux humains qui
reconnaissent son autorité et son pouvoir coutumier. Il est responsable d’un terroir
regroupant plusieurs villages et est lié à la terre par des rapports de propriété et de quasi
identité. Il peut ou ne pas être le chef du village. Cette organisation traditionnelle décrite
vers la fin des années 1970 est encore perceptible actuellement. Cependant, il semble
qu’elle n’ait pas échappé à l’influence du monde moderne (l’emprisme du pouvoir
central sur l’organisation traditionnelle des villages, augmentation et mobilité
démographique, développement de l’économie de marché, mixité ethnique, expansion
des réligions). Ces différents évènements ont profondément refaçonné cette organisation

120
traditionnelle et cette dernière ne survit qu’à travers la voix des anciens. A la tête de
chaque village se trouve un chef de village, autorité administrative nommé par le Sous-
Préfet.

V.2.2. Légendes et croyances liées à l’exploitation des ressources forestières


Le Téké pour mieux s’intégrer dans sa tradition doit pouvoir connaître les us et
coutumes. L’aspect le plus important de ces us et coutumes est la pratique des croyances
qui lui permet d’être en paix avec les dieux, les mânes des ancêtres et par là, être en paix
avec soi-même. De ce fait, une place importante est accordée aux divinités
intermédiaires, aux génies et aux esprits. Afin d’affronter les épreuves de la vie, le Téké
est soumis aux pratiques incantatoires. Les noms des divinités sont invoqués pour
obtenir satisfaction face à une situation désastreuse comme l’envôutement, la maladie
ou la chasse. Un culte leur est rendu par les initiés pour apaiser son courroux qui s’abat
sur la communauté clanique en cas d’infraction à ses prescriptions.
A côté des divinités existent plusieurs génies qui protègent les sites naturels. Le
génie de la brousse par exemple est le grand protecteur des animaux de la forêt et se
transforme parfois sous forme des certains arbres de la forêt. Les habitants leur rendent
des cultes pour s’attirer leur bienveillance. L’accès dans certaines parties des forêts qui
représentent les lieux d’incantations est interdit aux personnes non initiés ou non
originaires du village, sauf sous couvert d’une autorisation des ayants droits. Pour des
villageois, il s’agit des lieux de résidence des ancêtres ou des génies protecteurs. Leur
croyance est telle que toute profanation de ces lieux entrainerait des malédictions. Ces
lieux sont tenus le plus souvent secrets. C’est le cas des « forêts sacrées » situées à côté
des villages, dont certains arbres sont l’objet d’interdiction de couper. La chasse dans
ces forêts sacrées est strictement interdite. De nombreuses « forêts sacrées » sont
localisées au sein de la réserve de la Léfini (annexe 6). Considérées comme de véritables
aires protégées, ces forêts ont réellement été reconnues comme pouvant appartenir aux
différentes catégories de l’UICN (UICN, 2012, p.55) par ce qu’elles sont des excellents
refuges pour les espèces à statut particulier. Selon toute éventualité, ces « forêts sacrées
» sont les témoins de la végétation originelle de la zone, mais reste encore méconnue.

121
Aucune étude suivant l’approche biogéographique, écologique éthnobotanique ou
phytosociologique n’est menée à ce jour.

V.2.3. Importance de la flore et de la faune sauvage et les valeurs socioculturelles


La flore et la faune constituent la base de vie des civilisations des chasseurs, des
pêcheurs, des cueilleurs, des ramasseurs et contribuent de manière importante, tant
qu’en quantité, qu’en qualité, aux régimes alimentaires des populations locales. En dépit
de leur importance alimentaire, la gestion de la flore et la faune était exemplaire.
Certaines espèces ligneuses ne pouvaient pas être abattues. C’est le cas de
Pterocarpus soyauxii Taub. (Padouk) pour son usage du Tsoula, poudre de maquillage
traditionnelle pour les cérémonies cultuelles), Cnestis ferruginea Valh ex DC. (Ombii
en téké), Garcinia kola Heckel (Onyali en téké), Grewia coriacea Mast. (Ntsui téké),
Gambeya Sp. (MEF, 2018, p.42). Il était par exemple institué deux jours dans la semaine
dénommés « Ontsara » et « Nkouémbali » où personne ne pouvait se rendre au champ
ou/et dans la forêt. Plusieurs espèces mammaliennes comme l’éléphant, le lion,
l’hippopotame, le chimpanzé ou le gorille, n’étaient pas consommées par les Tékés. La
faune a été également un canal pour l’éducation sociale. En effet, le plus souvent, c’est
à travers le conte que l’animal jouait son plus beau rôle dans l’éducation des jeunes. La
forêt sacrée demeure encore un lieu de culte traditionnel vital. Elle a pour fonction
d’assurer la cohésion et l’unité des communautés villageoises qui s’y réclament. C’est
également en ces endroits que les sociétés pratiquent l’initiation des jeunes. Dans ce cas,
la forêt sacrée devient une école de formation à la fois pédagigique, éducative, sociale,
culturelle et militaire (D.M. Gadou, 2001, p.44).
Finalement, le but ancestral de ces interdits était le souci de conserver les
ressources naturelles. La réserve de chasse de la Léfini a bénéficié de ces tabous ce qui
a plus ou moins favorisé la présence de certaines de ces espèces. Les Téké se sont revelés
au cours des temps ancestraux comme un peuple respectueux de la nature. D.M. Gadou,
(2001, p.38) constate qu’en Afrique le rapport de l’homme à la nature a été modifié.
Conscientes de l’importance culturelle de ces forêts sacrées, les populations rurales en
Côte d’Ivoire manifestent le besoin d’un accompagnement des autorités pour le maintien
de leurs sites naturels sacrés (Adou Yao et al., 2013, p.3). A cet effet, de nouvelles

122
approches pouvant aboutir à l’obtention d’un statut juridique permettant une
conservation plus efficace des forêts sacrées sont mises en place. La plus prometteuse
de ces approches est la création des réserves naturelles volontaires. Malheureusement,
ces exemples de gestion locale de la biodiversité sont soumis aujourd’hui à de
nombreuses pressions du fait de la raréfaction des terres, de l’appauvrissement des sols,
la forte croissance démographique (Adou Yao et al., 2013, p. 3). Sur les plateaux téké
le contexte a aussi changé depuis trois décennies (MEF, 2018, p.42). L’arbre est de
moins en moins considéré comme le compagnon de l’homme par les populations. Ces
forêts perdent progressivement leur pouvoir de vénération.

V.3. Population
L’analyse de la population dépend des données de recensement qui
malheurensement sont soit manquantes soit incomplétes selon les villages. Le dernier
Recensement Général de la Population et de l’Habitation (RGPH) en date, celle de 2007
ne donne les statistiques démographiques qu’à l’échelle des villes et des districts. Or, la
réserve de la Léfini ne s’étend pas entièrement sur les deux sous préfectures (Ngo et
Ngabé). Afin de palier à l’absence des données à l’échelle du village, nous avons eu
recours aux données de recensement administratif de 2015 et 2017 effectués dans la sous
préfecture de Ngo. Par contre, pour Inoni Plateau et Mbouambé-Léfini, localité de la
sous préfecture de Ngabé, nous avons pu disposer les données des estimations de la
population en 2015. Ngo, le chef-lieu de district, est le foyer de peuplementle plus
important. Par ailleurs, les localités comme Etsouali, Mbouambé-Léfini, Inoni plateau
au sud-est et Nsah au nord-ouest sont moyennement peuplées, à l’échelle de la réserve
(figure 15). La croissance démographique (annexe 7) résulte à la fois des migrations
internes à la campagne et de celles des citadins venus s’installer pour s’adonner à
l’agriculture.

123
Figure 15 : Population autour et dans la réserve

V.4. Evolution de la densité des peuplements


L’étude sur l’évolution de la densité des peuplements dans et autour de la réserve
sera appréciée en s’appuyant sur les paramètres présence/absence et important/faible des
villages le long des routes.

V.4.1. Villages implantés autour de la réserve


Nous avons dénombré 50 villages et hameaux implantés autour de la réserve.
Située dans deux sous-préfectures dont 3 à Ngabé (département du Pool) et 47 à Ngo
(département des Plateaux), ces localités sont installées le long des axes routiers.
Sous préfecture de Ngabé
Les localités sont situées le long de 4 axes.

124
Axe 1 : Inoni Plateau – Mbouambé Léfini (figure 16). Il est distant de 33 km. Situé le
long de la RN2, au sud de la réserve de la Léfini, cet axe relie 3 villages séparés les uns
des autres de 10 km. Au regard de cette moyenne déduite du kilométrage total, nous
constatons la faible représentativité de la densité de peuplement.

Figure 16 : Axe Inoni plateau-Mbouambé Léfini

Sous préfecture de Ngo


Axe 2 : Il part de la rivière Léfini jusqu’à Ngo (à une dizaine de mètres du village
Mbouambé Léfini), le long de la RN2 (figure 17). Trente (30) villages et hameaux sont
implantés sur une distance d’environ 68 km. Il ressort de ces statistiques qu’un village
est rencontré tous les 2,27 km. La densité de peuplement le long de cet axe est très
importante. Mais les populations sont très concentrées à Ngo (chef-lieu de sous

125
préfecture) et au village Etsouali. Cette densité a connu une croissance depuis la fin de
la décennie 1980 du fait de l’implantation de nouvelles localités, à la suite du revêtement
de la RN2.

Figure 17: Axe Mbouambé Léfini-Ngo

Axe 3: Ngo-Nsah-Assan. Il est distant d’environ 50 km entre Ngo et Nsah. Treize (13)
villages et hameaux de taille très modeste y sont installés (figure 18). Comme sur l’axe
2, la densité de peuplement est très importante. Le trajet moyen entre les localités est de
3.33 km. Nsah-Assan est une piste longue de 12 km environ reliant Nsah à Assan, en
passant par Esan. La distance entre ces localités est de 6 km.

126
Figure 18: Axes Ngo-Assan et Nko- Adzi-Impé-Olono

Nous constatons une forte présence des villages et hameaux dans le Nord de la
réserve de la Léfini, zone située dans la sous-préfecture de Ngo. Sur une distance totale
de 130 km, 47 localités y sont implantées. Le trajet moyen entre les localités est estimé
à 2,76 km. Ces statistiques témoignent une tendance à l’abondance de la densité de
peuplement le long des axes de cette zone.

V.4.2. Villages implantés dans la réserve


Nous notons la présence de 10 villages et hameaux, tous de la sous préfecture de
Ngo, implantés dans la réserve de la Léfini. Ces villages se situent sur l’axe Nko -Adzi
- Impé - Olono (figure 18). Si la présence des localités est faible par rapport à la
superficie totale de la réserve, il n’en demeure pas moins de constater qu’environ 70 km

127
de piste pratiçable sont très dense pour une zone dont la biodiversité et les paysages
pittoresques sont classés et placés sous conservation et protection.

V.5. Activités humaines


Plusieurs études ont porté sur les activités humaines sur les plateaux de Mbé et
Nsah-Ngo. Nous citons par exemple celles menées par B.M. Mengho (1999, p.243-252),
Y. Ofouemé-Berton (2006, pp. 113-115) et D. Ngouma (2011, pp.100-171). Mais tenant
compte des objectifs de notre étude, nous n’abordons ici que les activités humaines
ayant des impacts perceptibles et aggravants sur le couvert végétal de la réserve de la
Léfini.

V.5.1. Activités contribuant à la disparition du couvert végétal et de la faune


Bien qu’elle ait le statut d’aire protégée, la réserve de la Léfini est victime de la
dégradation de sa végétation et de l’extinction de sa faune sauvage. Les activités
agricoles sont entreprises au sein même de cette réserve. Si les populations situées le
long de la RN2 (axes 1 et 2) font moins d’intrusions, ce n’est pas le cas de celles des 10
villages et hameaux implantés dans la réserve. Elles occupent les lieux depuis plusieurs
décennies et dans leurs pratiques séculaires, elles cultivent la terre des ancêtres. En effet,
ces populations cultivent une gamme variée de plantes. Parmi ces produits, signalons le
manioc (Manihot esculenta Crantz) qui est l’aliment de base dont les racines fournissent
le foufou (farine de manioc) et la chicouangue. D’autres produits comme la patate douce
(Ipomoea batatas Lam.), l’igname (Dioscorea sp.), l’arachide (Arachis hypogaea L.), le
maïs (Zea mays L.), l’ananas (Ananas comosus L. Merr.), la banane sont également
cultivés.
Le champ dépasse rarement 0.5 ha de surface. La technique la plus utilisée est la
culture sur brûlis, pratiquée dans toute la zone d’étude, aussi bien en savane qu’en forêt.
Cette technique qui combine le désherbage, l’abattage et le feu est destructive du couvert
végétal. Leur mise à feu s’effectue pendant la période de fléchissement pluviométrique
en janvier-février mais surtout lors de la grande saison sèche de juin à août au moment
de la préparation des ‘’terrains’’ destinés à cultiver.

128
La réserve est aussi victime des coupes à blanc des arbres destinés au charbon de
bois ou pour des bois de construction et de chauffage. Ces produits sont aussi acheminés
et vendus à Brazzaville qui demeure le principal marché où ils sont écoulés.
A défaut d’une surveillance et d’une protection adéquates, les populations entreprennent
clandestinement des activités cynégétiques. Elles utilisent soit le fusil soit les pièges
traditionnels. Mais la forme la plus destructive du couvert végétal est le recours à la
chasse au feu de savane. En effet, chaque année, pendant la grande saison sèche, la
végétation de la réserve est brûlée. Cette pratique fortuite est ni orientée ni organisée.
Plusieurs auteurs comme J-M. Avenard (1969, p. 59-63) ont souligné les effets
bénéfiques des feux de savane. Mais, il ne demeure pas moins que pour le cas de la
réserve de la Léfini, les arbustes et arbres disparaissent progressivement. Le processus
de colonisation des savanes arbustives et/ou arborées par des lambeaux de forêts est
menacé au profit de la savane herbeuse qui s’installe. La dégradation de la végétation a
pour corollaire la disparition de la faune sauvage. Dans ce cas le climax, condition
favorable pour un équilibre de l’environnement physique, au niveau de la réserve
devient non propice et de plus en plus hypothétique.

V.5.2. Activités à effets négligeables sur le couvert végétal


Comme dans toutes les zones rurales, les populations installées dans la zone
d’étude et dans ses environs se déploient temporellement au ramassage et à la cueillette
des PFNL qui sont leurs sources alimentaires essentielles. Les produits issus de ces
activités sont en grande partie acheminés et vendus sur les marchés de Brazzaville où la
demande est de plus en plus forte. L’héritage traditionnel de ces populations fait de sorte
que celles-ci demeurent accrochées aux vertus des plantes considérées comme matière
première pour la médecine traditionnelle.

Conclusion
La réserve de chasse de la Léfini est implantée sur une surface tabulaire et des hautes
collines oscillant entre 700 et 800 m. La plaine alluviale constitue le bas relief avec
environ 400 m. Une mosaïque forêt-savane discontinue, peu épaisse à espaces
caducifoliées s’est développée sur les sols à texture sableuse avec des taux d’argiles

129
variant de façon significative. La présence des villages a facilité l’implantation des
populations qui se livrent à plusieurs sortes d’activité aux effets dégradants sur le milieu.

Conclusion de la deuxième partie


En somme, la création des aires protégées est une initiative toute intéressante et
importante pour la protection et la conservation de la biodiversité et l’équilibre de la
biosphère, notamment celui des écosystèmes forestiers, lacustres et marins.
L’insuffisance des finances est une réelle faiblesse pour la mise en place et
l’applicabilité des politiques axées sur la gestion durable des forêts. Mais au-delà de la
simple création, les pouvoirs publics devraient d’avantage s’investir pour une gestion
effective et rationnelle de ces aires protégées en les aménageant suivant les règles de
l’art. La réserve de la Léfini ne déroge malheureusement pas à cette triste réalité. En sus
du manque de financement, elle souffre de l’insuffisance notoire du personnel
assermenté pour la surveillance. L’absence des partenaires et des programmes de
conservation et de développement écotouristique plongent la réserve de la Léfini dans
une situation de délaissement et d’abandon. Ainsi, il convient de noter la pratique de
plusieurs activités anthropiques qui impactent le couvert végétal. La présence dans et
autour de la réserve des villages a facilité l’implantation des populations dont la ruée sur
la biodiversité est perceptible. Ces activités ont des effets dégradants sur
l’environnement biophysique. De ce fait, un diagnostic sur l’état de ce couvert végétal
va être préconisé dans la partie qui suit, afin d’évaluer leur perte inhérente à la forte
anthropisation de la zone.

130
TROISIEME PARTIE : CARACTERISATION, EVOLUTION ET
DETERMINANTS DU COUVERT VEGETAL

La troisième partie présente en trois chapitres les résultats de l’étude. Le premier


chapitre, intitulé caracterisation des formations vegetales, à permis de mette en relief la
structure spatiale des peuplements tout en analysant les indices de biodiversité végétale.
Le deuxième porte sur la dynamique du couvert végétal par l’élaboration d’une
cartographie évolutive, la détermination des indices radiométriques et des impacts
environnementaux dûs aux facteurs narurels et activités anthropiques. Le troisième
chapitre traite la discussion des résultats.

131
CHAPITRE V : CARACTERISATION DES FORMATIONS VEGETALES

L’inventaire botanique méné lors de notre prospection a permis de mettre en


place une base de données géoréférencées. Une série de traitement, faite à partir de celle-
ci, a conduit à la détermination de la richesse floristique, de la diversité spécifique, des
structures des formations végétales et de la discrimination des groupements forestiers à
l’échelle de la réserve de la Léfini.

I. Identification des paysages


Elle s’est faite le long des transects que nous avons ouverts pour les besoins
d’inventaire mené dans chaque placette. La morphologie du terrain à été appréciée par
les différents profils des zones inventaires que nous avons réalisés. Les unités de
végétation et les unités dépourvues de végétation constituent l’occupation du sol de la
réserve de la Léfini.

I.1. Variation topographique et types de formations végétales rencontrées


L’influence de la topographie sur la répartition de la végétation peut être
examinée à partir d’un double point de vue, notamment la position des forêts et des
savanes par rapport à l’allure générale du terrain et la position de ces mêmes formations
végétales en fonction de la pente.

I.1.1. Zone Adzi – Ngo2


La coupe transversale Ouest-Est entre les villages Adzi et Ngo2 est peu
accidentée (figure 19). La différence d’altitude est seulement de 60 m. La surface est
légérement inclinée à l’Ouest. Il s’agit d’un rélief de plateau (plateau de Nsah-Ngo) dont
le point culminant atteint 720 m. Cet ensemble est couvert en totalité par des savanes,
formations végétales basses composées d’un tapis végétal, des herbes et des arbustres.
Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb. ou steppes « Lousséké » et Hyparrhenia diplandra
Stapf sont des espèces dominantes de la strate herbeuse alors que Bridelia ferruginea
Benth. et Annona arenaria Schumach. & Thonn. sont des espèces majoritaires de la
strate arbustive.

132
Figure 19: Profil structural de la végétation d’Adzi à Ngo2

I.1.2. Zone Mpoh - Ekono


Le profif topographique de l’axe Mpoh-Ekono suit une orientation Est-Ouest.
C’est un plateau très faiblement accidenté (figure 20) avec une différence d’altitude
inférieure à 50 m. La surface est légérement inclinée à l’Ouest. La savane et la forêt sont
les formations végétales rencontrées le long de ce profil. Le tapis végétal, notamment
Hyparrhenia diplandra Stapf est l’espèce dominante de la strate herbacée alors
qu’Annona arenaria Schumach. & Thonn. et Bridelia ferruginea Benth sont des espèces
majoritaires de la strate arbustive. La forêt à Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain et
la forêt à Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand sont rencontrées dans la zone.
Par contre, à proximité des villages les forêts secondaires se développent sur les sols
habritant des anciennes exploitations agricoles où elles disposent de conditions propices
à leur développement. Les forêts secondaires sont avant tout composées d'espèces
d'arbres et d’arbustes dites anthropophiles. Leur composition floristique est marquée par
les espèces comme Musanga cecropioides R.Br. (parasolier), Macaranga barteri
Müll.Arg. (Assas1) Ceiba pentandra (L.) Gaertn. (fromager).

Figure 20 : Profil structural de la végétation de Mpoh à Ekono

133
I.1.3. Zone Mpoh-Gite de la réserve
Le profil topographique, orienté du Nord au Sud, est moyennement accidenté,
(figure 21). La différence d’altitude est d’environ 200 m. Il est marqué par un relief de
plateau (plateau de Nsah-Ngo) présentant une surface inclinée au sud. La savane et la
forêt s’alternent en suivant la direction plein Sud. La savane herbeuse est dominée par
Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb. et Hyparrhénia diplandra Stapf alors que la savane
arbustive par l’Hymenocardia acida Tul. La forêt à Anisophyllea purpurascens Hutch.
& Dalz. (Envuin) , la forêt à Millettia laurentii De Wild. (Wengué) et la forêt à
Margaritaria discoidea (Baill.) Webster (Ebebeng) sont également rencontrées dans la
zone.

Figure 21 : Profil structural de la végétation de Mpoh au gite de la réseve

I.1.4.Zone Impé-Rivière Léfini


Le profil topographique, orienté du Nord au Sud, à partir du village Impé jusqu’à
la rive gauche de la rivière Léfini, est très accidenté (figure 22). La différence d’altitude
est très nette, avec environ 400 m entre les différents types morphologiques très
tourmentés. Au départ le village Impé surplombe un lambeau de plateau de surface
tabulaire à environ 700 m, laissant place à deux zones de dépression dont les fonds des
vallées se trouvent à 350 et 400 m. Les versants sont très raides et peuvent s’étaler sur
plus de 200 m. Ensuite nous avons un relief de hautes collines avec des altitudes
décroissantes jusqu’au niveau de la rivière Léfini.

134
Figure 22: Profil structural de la végétation d’Impé à la rivière Léfini

Ces zones de plateau, les sommets de versants et des hautes collines sont
recouvertes par la strate herbeuse, Hyparrhenia diplandra Stapf et Loudetia simplex
(Nees) C.E. Hubb. Cependant, les strates arbustives sont majoritairement formées par
Hymenocardia acida Tul. et Loudetia demeusii. Ces strates sont hautes dans les ba-fonds
et steppiques sur les flancs et les sommets de collines.
La topogragraphie et le climat du milieu agissent également sur le développement
des formations végétales. En effet, rappelons que l’altitude provoque une diminution de
la température de l’air estimée en moyenne à 0,55°C pour une élévation de 100 m. De
même, dans les fonds des vallées règnent des températures souvent très supérieures à
celles des pentes plus élevées. Un tel phénomène occassionne une inversion des étages
de végétation puisque la pente et l’exposition règlent dans une large mesure les
conditions thermiques de la zone. C’est en particulier le cas des dépressions ou des bas-
fonds de versants occupés par une végétation ligneuse et plus fermée. La forêt galerie
est implantée le long de la rivière Léfini jusqu’à la confluence avec le fleuve Congo, en
aval.
Nous constatons que l’altitude et le modelé ainsi que l’exposition et la pente,
interfèrant sur l’ensemble des facteurs climatiques, contribuant très largement à la
différenciation des microclimats. La forêt cesse là où la pente devient raide. Ainsi
apparaît le rôle de la pente dans la répartition de la forêt. Mais, par endroits la forêt est
absente sur les contreforts, où pourtant la pente est en général faible. Rappelons
également que la répartition des plantes est étroitement liée à l’ensemble des caractères
physico-chimiques du sol. Les facteurs édaphiques, qui seront abordés dans le chapitre

135
suivant, jouent un rôle déterminant dans l’implantation de certains types de
communautés végétales.

I.2. Formations ouvertes et basses dominantes


Ce sont celles dans lesquelles les arbres et les arbustes sont ordinairement
absents. Ce type de végétation est quasiment présent sur tous les itinéraires des
observations que nous avions effectuées. Ainsi, les formations ouvertes et basses
dominantes dans la réserve de chasse de la Léfini sont domimées par les
hémicryptophytes ou les herbes pérennes à savoir Hyparrhenia diplandra Stapf et
Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb.
L’Hyparrhenia diplandra Stapf est une espèce qui se présente sous forme des
touffes plus ou moins hautes, pouvant atteindre 2 m de haut. L’espèce Loudetia
simplex (Nees) C.E. Hubb. peut atteindre 1 m, généralement 50 à 70 cm. Elle est
constituée par des feuilles basilaires, étroites, touffes assez denses et reconnaissables par
une collerette de poils blancs autour des nœuds. La savane à Loudetia simplex (Nees)
C.E. Hubb. est une formation herbeuse a tapis herbacé ras et clair, depourvues de strate
arbustive.
La savane à Hyparrhenia diplandra Stapf est floristiquement plus riche que la
savane à Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb. (J. Yoka et al., 2013, p.118). Le sol des
savanes de la zone du Sud-Ouest de la Cuvette Congolaise, sont très sableux comme
ceux des savanes des Plateaux Téké (J. Yoka et al., 2007). J. Yoka et al. (2007, 2010,
p.63) constate que le taux en argile dans le sol sous savane à Hyparrhenia diplandra
Stapf est supérieur à celui sous savane à Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb. Le sol sous
savane à Hyparrhenia diplandra Stapf semble légèrement plus riche en éléments
minéraux que le sol sous savane à Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb.

I.3. Produits forestiers non ligneux rencontrés dans la zone


Les écosystèmes forêts-savanes représentent un réservoir de biodiversité végétale
et animale dont les populations profitent pour leur alimentation, leur habitat et leur santé.
Environ 80% de la population en Afrique centrale utilisent les PFNL au quotidien pour
satisfaire leurs besoins de subsistance aussi comme source de revenu et d’emploi (S
Walter et S. Malélé Mbala, 2006, p.2). V. Ingram (2010, p. 141) rapporte qu’au Congo

136
au moins 166 espèces d’origine végétale sont employées dans l’alimentation et 176 ont
des propriétés médicinales utilisées dans 289 traitements. A l’échelle locale, les
populations riveraines de la réserve de la Léfini ont également recours aux PFNL.
Selon la FAO (2000, p.1), les PFNL sont définis comme « produits d’origine
biologique autres que le bois, dérivés des forêts, des autres terres boisées et des arbres
hors forêt ». Ce sont des plantes qui n’ont pas la lignine (substance organique qui
imprègne la paroi des vaisseaux du bois et de diverses cellules végétales, et les rend
résistantes). Les PFNL peuvent être des aliments (noix, champignons, fruits sauvages,
herbes, épices, plantes aromatiques), des végétaux (fibres, lianes, fleurs) et leurs extraits
(raphia, bambou, rotin, liège, huiles essentielles) ainsi que des animaux et leurs produits
dérivés (gibier, abeilles, miel, soie).

I.3.1. Usages des espèces végétales dans l’alimentation et la médecine traditionnelle


Les PFNL associées à l’alimentation sont nombreux et diversifiés. Ils sont
d’origine végétale et animale et constituent pour les populations locales l’essentiel de
leur alimentation. Les différentes parties utilisées pour les organes végétaux sont les
feuilles, les fleurs, les bourgeons, les racines, les écorces, la sève, la gomme et la résine,
les tiges, les fruits et les amandes, les exsudats (liquide organique séreux suintant d’un
végétal), les parties jeunes des tiges (méristèmes apicaux).
Les espèces appartenant dans la catégorie des légumes sont celles dont la partie
utile est principalement la feuille. Elles sont dans leur plus grande majorité des herbes
annuelles ou vivaces. Le Gnetum africanum Welw est très prisé dans la quasi-totalité
des villages situés dans et autour de la réserve. C’est une espèce épiphyte qui est
recueillie sur les Lianes sur pied ou après coupe ou après déracinement. L’espèce
Pleurotidae spp. (Champignon) fait partie des légumes saisonnières les plus recherchées
dans la savane. Les jeunes bourgeons de rotin (Eremospatha macrocarpa et de
Laccosperma secundiflorum) coupés dans les forêts sont très bien appréciés comme
légume vert par les populations. Les feuilles de certains arbres ou arbustes sont utilisées
également utilisées comme légume (Trilepisium madagascariensis). Les feuilles de
Maranthaceae servent comme plantes d’emballage. L’écorce d’Entandrophragma

137
angolense (Welw.) C.DC. (Tiama blanc) est utilisée pour le traitement des plaies de
ventre.
Dans catégorie des boissons, la sève de palmier et de raphia se loge
indiscutablement au premier rang. L’espèce Elaeis guineensis Jacq. (palmier à huile)
donne divers produits. Effet, la sève est utilisée comme boisson, les fruits et le rameau
sont servent dans la préparation des sauces, la spathe et les feuilles sont utilisées comme
toit des cases ou des hangars tandis que l’épiderme du rachis sert à la fabrication de
paniers, de claies ou autre objet d’art. Les sèves des palmiers raphia et à huile (vins de
palme) sont très appréciées et beaucoup extraites. Tchatat M. et Ndoye Ousseynou
(2006, p. 32) font constater que si l’extraction de la sève des raphias ne pose, en général,
pas de problème majeur, celle du palmier à huile peut être très destructrice. Ce vin est
obtenu de deux manières: directement des inflorescences de la plante, dans ce cas la
plante reste en place, l’exploitant grimpe pour extraire la sève (le vin), c’est aussi le cas
pour le raphia dont on incise le tronc à la base de l’inflorescence ou à la base de la gaine
foliaire. La seconde méthode consiste à l’abattage du palmier et l’extraction du vin
directement à partir du bourgeon terminal feuillu.
Les fruits sont souvent cueillis ou ramassés. Les fruits des espèces comme
Aframomum spp., Strychnos spp., Anisophyllea spp., Tetrapleura tetraptera (Schum. et
Thonn.) Taub. et Xylopia aethiopica (Dunal) A. Rich sont très prisés par les femmes et
les enfants. Ces fruits sont souvent consommés crus à l’état frais. Les amandes sont
également recherchées pour la consommation locale et urbaine. Ce produit connaît des
transformations en vue de sa conservation et de tirer une plus-value. Les innovations
dans le domaine des PFNL alimentaires ont vu le jour sous forme d’activités semi
industrielles, mais ne sont pas soutenues. En effet, quelques PFNL subissent des
transformations à l’échelle individuelle ou locale. Il s’agit, par exemple, du sirop de
Grewia coriacea « Ntuie-Téké », jus de barbadine « fruit de la passion », jus de
gingembre « tangawis », jus d’ananas et de mangues. L’amande d’Irvingia gabonensis
est utilisée dans la préparation des sauces.
H. Boukoulou et P. Mbeté (2010, p.3-4) affirment que la noix de cola est utilisée
comme tonifiant, stimulant nerveux ou physique ou comme friandise jouant le rôle de
coupe-faim. Son goût unique se caractérise par une saveur amère que, paradoxalement,

138
les consommateurs apprécient fortement. Ce fruit est consommé par les jeunes adultes
attirés par les vertus aphrodisiaques qu’on lui prête et par sa capacité à lutter contre la
faim, la fatigue et le sommeil. De même, ils font observer que les la noix de cola est
utilisée comme remède chez les personnes souffrant de l’hypotension, des fractures ; de
la diarrhée et, associée à la maniguette (Aframomum malegueta), de divers maux de
ventre ; de la morsure des serpents, notamment en utilisant les téguments de la noix de
cola rouge. En milieu téké, le lancement de toute activité est précédé d’une cérémonie
au cours de laquelle sont évoquées les mânes des ancêtres, avec la noix de cola mâchée
comme élément de purification du lieu de l’activité et de la personne appelée à l’exercer.
On peut aussi noter que pendant le mariage coutumier, les participants apportent leur
bénédiction aux mariés afin de garantir leur protection et leur prospérité et d’assurer la
fécondité de la femme, en consommant collectivement la noix de cola.
Concernant les produits d’origine animale, le gibier (viande de chasse) et le
poisson (eaux douces et marines) arrivent en première position. Ces produits sont
consommés frais ou fumés (boucané). La ressource faunique est la principale source de
protéine pour les ménages des zones rurales. Pour nombreuses populations, le gibier
constitue 100 % des apports en protéines animales. Autres produits fauniques
comestibles importants sont les insectes (surtout les chenilles et les sauterelles). Le miel,
principal produit de l’apiculture, est un aliment de grande valeur nutritive.
Sur le plan médicinal, les populations locales utilisent divers PFNL pour leur soin
de santé. Les formes sous lesquelles les espèces végétales sont utilisées en pharmacopée
varient suivant la maladie. Ainsi, les maladies courantes telles que le paludisme, la
diarrhée, les maux de ventre, les maux de tête, le vomissement et la fièvre sont les plus
traitées au sein des ménages. L’absorption de ces produits s’effectue soit par décoction,
par infusion ou par une autre médication. Les parties des plantes utilisées pour le
traitement des maladies courantes sont les fruits, les écorces, les racines et les feuilles.
Cependant, les usages qu’ils réservent à ces espèces sont très diversifiés. Certaines
PFNL ont des usages multiples. D’autres, par contre, ont des emplois spécifiques.
Les organes utilisés pour les traitements permettent d’obtenir généralement des
produits finaux se présentant sous trois formes : liquides (macéré, décocté, infusé, etc.),
poudre et pâte (G. G. Zima et al, 2018, p.211). Ces formes sont obtenues suivant

139
différents modes opératoires appliqués sur différentes parties et organes en fonction de
la pathologie. Cinq modes opératoires sont fréquemment pratiqués pour l’obtention des
produits de traitement: l’infusion, la décoction, la macération, l’expression et
l’incinération/broyage (V. Kimpouni, 2007, p.15 et G. G. Zima et al, 2018, p.211). Les
plantes soulagent donc les maux physiques et métaphysiques, ce qui notifie leur
engagement dans l’ethnobotanique. Les précieuses informations sur les féticheurs, la
médecine traditionnelle et métaphysique ont été suffisamment abordées par L. Makany
(1976, p. 27-31) qui donne les détails intéressants.
Il convient de faire remarquer que la récolte des feuilles, des fruits et autres
organes de la plante a un impact sur le processus de régénération naturelle et la
conservation de l’espèce. Ce processus dépend de la pollinisation, le développement et
la dispersion des semences, la germination et la croissance des plantes. En plus des
plantes médicinales, de nombreux animaux sont utilisés dans la médecine traditionnelle
comme les serpents les tortues et les oiseaux. Les parties comme la peau, les dents, les
poils, l’os, les crocs et les griffes d’animaux sont également utilisés. Une même espèce
peut également être utilisée pour traiter différentes maladies. De nombreuses
préparations pharmaceutiques sont obtenues suivant plusieurs processus opératoires
comme le ramollissement, la macération, la trituration, pulpation, carbonisation, etc.
sont utilisées pures ou associées à des produits dits véhicules (V. Kimpouni, 2007 ;
p.15). Il s’agit de l’eau, du lait, de l’alcool, du jus de citron, du vin, de l’huile de palme,
de l’huile de palmiste, du beurre de karité.

I.3.2. Usages des espèces végétales en artisanat et dans la construction


Sur le plan artisanal, le rotin, la liane ou les fibres sont transformés en d’autres
objets usuels ou en d’autres biens d’équipements. Ces espèces, une fois transformées,
donnent divers articles (paniers, corbeille, natte, filets ou cordages mais aussi fabrication
de meubles, etc.). Les tiges de nombreuses espèces ligneuses productrices de PFNL
servent localement à la construction des armatures et des charpentes des cases. Les
espèces servant de perches les plus fréquemment utilisées sont Xylopia aethiopica
(Dunal) A. Rich. (Oyang), Enantia chloranta. Les « bois éclatés » de Pycnanthus
angolensis (Welw.) Warb. (Ilomba), sont utilisés dans la construction des murs de cases

140
alors que (Céiba pentanda (L.) Gaertn. ) (Fromager), Millettia laurentii De Wild.
(Wengué), Caloncoba welwitschii Oliv. (Essioko) pour la charpente.

I.3.3. Importance économique des PFNL


Les PFNL constituent une importante source de revenus pour les populations
mais leur contribution au revenu des ménages dépend du type de produit. Il peut s’agir
des produits permanents (liane, écorces, bois), des produits saisonniers (Irvingia spp.,
Dacryodes spp.) et des produits ponctuels (gibier, champignon…). Ces types de produits
procurent aux populations des revenus pour leurs besoins quotidiens. G.F. Mialoundama
Bakouétila (2020, p.107) constate que la demande accrue du rotin en ville a largement
contribué à l’augmentation drastique des quantités. En effet, les jeunes bourgeons
d’Eremospatha macrocarpa et de Laccosperma secundiflorum ont véritablement un
impact socio-économique pour les ménages ruraux. Le commerce de détail de ces
bourgeons semble être relativement bénéfique. L’auteur ajoute que ces PFNL sont très
bien consommés par le groupe ethnique Téké.

I.4. Zones dépouvues de végétation


Les différentes zones rencontrées lors des opérations d’’inventaire sont succintement
décrites ci-après :
- les sols nus : ils représentent une portion de terre dépourvue de végétation ;
- les affleurements rocheux : ils correspondent à des zones où la roche est visible
sur de larges étendues ;
- les étendues d’eau : elles correspondent à des cours d’eau : ruisseaux et rivières ;
- le brûlis : c’est la conversion d’une partie de la forêt, de la savane ou du champ
en sol nu après le passage d’un feu.

II. Présentation des résultats d’inventaire ligneux


Le tableau ci-dessous indique la richesse floristique marquée par deux
composantes, notamment les tiges ou individus en bonne santé et les individus morts sur
pied.

141
Tableau 7 : Etat d’inventaire des ligneux
Nombre Richesse floristique
d’individus
Individus en bonne santé
1664 39 familles 87 genres 105 espèces

Individus morts
291 mort naturelle 40,2% feu 47,8% Chablis 7,9% Abattage 4,1%

Comme le tableau l’indique, les principales causes responsables de la mortalité des


arbres sur le terrain sont au nombre de quatre. Il s’agit de la mort naturelle, des feux de
végétation, des chablis et de l’abattage.

II.1. Diversité des familles


L’abondance relative des espèces par famille varie de 1 à 9 (figure 23 et annexe
8). Les Euphorbiaceae (9%), les Annonaceae (7%), les Fabaceae-Mimosoideae (7%),
les Olacaceae (7%), les Phyllanthaceae (6%), les Fabaceae-Caesalpinioideae (5%), les
Meliaceae (5%), les Apocynaceae (4%), les Clusiaceae (4%), les Miristicaceae (4%)
sont les 10 familles les mieux représentées (soit 25%). Ces familles représentent 53%
des taxons de l’inventaire (individus inventoriés). Les autres familles réunies, au nombre
de 49 espèces (soit 47 %), ont une diversité floristique de 75 %. Il s’agit de 6 familles
(Fabaceae-Papilionoideae, Malvaceae-Sterculioideae, Malvaceae-Tilioideae,
Moraceae, Rubiaceae, Urticaceae) constiuées chacune de 3 % d’espèces, de 6 familles
(Achariaceae, Bignoniaceae, Burseraceae, Gentianaceae, Lamiaceae-Viticoideae, et
Sapindaceae) de 2% d’espèces. Cette diversité est enfin constituée de 17 familles rares
(Anacardiaceae, Anisophylleaceae, Asparagaceae Asteraceae, Cannabaceae,
Chrysobalanaceae, Ebenaceae, Irvingiaceae, Lauraceae, Lecythidaceae, Malvaceae-
Bombacoideae, Myrtaceae, Ochnaceae, Passifloraceae, Rhamnaceae, Ruscaceae,
Salicacea), représentées par une seule espèce.

142
50

Pourcen,tage (%)
40
30
20
10
0

Famille

Figure 23 : Abondance relative des espèces par famille

II.2. Diversité des genres


Le nombre d’individus par genre varie de 1 à 100 (annexe 8). Les genres les plus
représentés occupent les proportions suivantes : Plagiostyles (100 individus soit 6,01%),
Margaritaria (98 individus, 5,89%), Pentaclethra (91 individus, 5,47%),
Hymenocardia (88 individus, 5,29%), Musanga (86 individus, 5,17%), Macaranga (70
individus, 4,21%), Staudtia (70 individus, 4,21%), Beilschmiedia (64 individus, 3,38%),
Dialium (64 individus, 3,38%), Xylopia (63 individus soit 3,79%), Petersianthus (60
individus, 3,61%), Grewia (59 individus, 3,55%), Milletia (56 individus, 3,37%). Par
ailleurs 63 sur 87 genres ont des proportions faibles, ne dépassant pas 1%. Le nombre
d’individus correspondant à l’abondance relative temoignent de la diversité des genres
marquée par une inégale répartition des individus (figure 24). Les individus qui suivent
une disposition linéaire, sont plus représentatifs à la base qu’au sommet.
7,00
6,00 y = 0,0601x + 7E-15
Abondance relative (%)

R² = 1
5,00
4,00
3,00
2,00
1,00
0,00
0 20 40 60 80 100 120
Nombre d'individus

Figure 24 : Courbe d’abondance relative des individus par genre

143
II.3. Diversité des espèces et leurs groupements écologiques
Pour l’ensemble du dispositif (30 hectares soit 300.000 m²), ce sont 105 espèces
végétales qui ont été identifiées et inventoriées (annexe 9). Les densités relatives des
espèces végétales (annexe 10) sont assez représentatives dans l’ensemble, elles sont
supérieures à 3%. Une dizaine seulement parmi les 105 espèces inventoriées sont
concernées. Il s’agit, par ordre décroisant, de Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain
(Essoula), Margaritaria discoidea (Baill.) Webster (Ebebeng), Musanga cecropioides
R. Br. (Parasolier), Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T.Durand (Engona),
Hymenocardia acida Tul. (Musia), Staudtia kamerunensis Warb. (Niové),
Beilschmiedia obscura (Stapf) Engl. ex A.Chev. (Kanda), Petersianthus macrocarpus
(P.Beauv.) Liben (Essia), Grewia coriacea Mast. (Ntsui-Téké), Macaranga barteri
Müll.Arg. (Assas1).
En se referant toujours à l’annexe 8, selon la présence ou l’absence de l’espèce
nous observons deux catégories. La première regroupe les espèces rares, 18 au total dont
la densité relative est comprise entre 0,5 et 1%. La seconde est formée par les espèces
très rares, 63 au total, avec une densité relative inférieure à 0,5%. Ces catégories sont
respectivement composées de 9 à 15 et de 1 à 7 individus. Au dernier chapitre de ce
présent travail, nous tenterons d’esquisser les raisons de la raréfaction de certaines
espèces.
L’établissement des groupes écologiques a pour intérêt la comparaison de profil
écologique d’espèces, visant à traduire leurs comportements respectifs vis-à-vis de
divers facteurs environnementaux (A. Lacoste et R. Salanon, 2010). En fonction de
l’intensité lumineuse qui convient à leur développement, nous distinguons des espèces
de lumière ou héliophiles et des espèces d’ombre ou sciaphiles. Les premières jouissent
du plein éclairement solaire et se trouvent à leur optimum ; les secondes sont dans les
strates inférieures des végétations et reçoivent une faible quantité d’éclairement. A côté
de ces deux groupes des végétaux et en fonction de leurs appétences lumineuses, nous
observons les hémi-héliophytes (végétaux des strates intermédiaires) et les hémi-
sciaphytes (végétaux du sous-bois). Les espèces ainsi inventoriées lors des nos
campagnes constituent le cortège floristique de la réserve de la Léfini. La distribution
par groupe écologique dans cette forêt mésophile prend en compte les caractéristiques

144
topo-édaphiques, de comportement relatif des espèces à la lumière et à l’humidité
atmosphérique (L. Makany 1976, p.88-89 ; J.M Moutsamboté 2012, p.78). Cinq groupes
écologiques et quelques exemples d’espèces ainsi identifiés sont les suivants:
- groupe héliophile supérieur et moyen : Pentaclethra eetveldeana De Wild. &
T.Durand (Engona), Milletia laurentii De Wild. (Wengué), Pentaclethra
macrophylla Benth. (Mubala), Markhamia tomentosa (Benth.) K. Schum. ex
Engl. (Lusambya), Petersianthus macrocarpus (P.Beauv.) Liben (Essia),
Piptadeniastrum africanum (Hook.f.) Brenan (Dabéma), Pycnanthus angolensis
(Welw.) Warb. (Ilomba) ;
- groupe scia-héliophile: Anisophylea purpurascens Hutch. & Dalz. (Envuin),
Anoniduim mannii (Welw.) Warb. (Ebom), Bartenia fistulosa Mast. (Arbre à
fourmis), Beilschmiedia obscura (Stapf) Engl. ex A.Chev. (Kanda), Xylopia
aethiopica (Dunal) A. Rich. (Oyang), Trichilia heudelotii Planch. ex Oliv.
(Isokou), Staudtia kamerunensis Warb. (Niové) ;
- groupe héliophile de chablis : Musanga cecropioides R.Br. (Parasolier),
Macaranga barteri Müll.Arg. (Assas 1), Macaranga monandra Müll.Arg.
(Assas 2) Myrianthus arboreus P. Beauv. (Mububa);
- groupe héliophile de lisière : Caloncoba welwitschii Oliv. (Essioko), Syzygium
brazzavillense Aubrév. & Pellegr. (Eguim);
- groupe sciaphile moyen et inférieur : Dialium dinklagei Harms (Eyoum),
Eriocoelum sp. (Mugondi), Garcinia sp. (Garcinia), Santiria trimera (Oliv).
Abrév. (Ebo), Tabernaemontana crassa Benth. (Etuia), Tetrorchidium
didymostemon (Baill.) Pax K. & Hoffm. (Niola), Psychotria sp. (Beck).

II.4. Valeur économique de la flore ligneuse


La flore ligneuse de la réserve de la Léfini présente également une importante
valeur économique. Certaines espèces inventoriées sont des essences forestières
commercialisées ou commercialisables. Ces essences peuvent être subdivisées en deux
catégories : les principales et les secondaires conformément aux normes nationales
d’inventaire d’aménagement des ressources forestières en République du Congo.
Plusieurs espèces ont été identifiées telles que Entandrophragma utile (Dawe &
Sprague) Sprague (sipo), Canarium schweinfurthii Engl. (Aielé), Entandrophragma

145
angolense (Welw.) C.DC. (Tiama blanc), Hallea stipulosa (DC.) Leroy (Bahia), Guarea
cedrata (A.Chev.) Pellegr. (Bossé-clair), Piptadeniastrum africanum (Hook.f.) Brenan
(Dabéna), Diospyros sp. (Ebène), Staudtia kamerunensis Warb. (Niové), Dacryodes
pubescens (Vermoesen) H.J. Lam (Safoukala), Milletia laurentii De Wild. (Wengué).
Cette richesse de la flore ligneuse représente une motivation supplémentaire des
pouvoirs publics pour la surveillance accrue de la réserve de la Léfini afin d’éviter les
exploitations forestières illégales. Il est à faire remarquer que le regroupement des
essences sur la base de la valeur économique ou de l’intérêt commercial varie selon les
pays, notamment en fonction des conditions d’accéssibilité et du niveau de sur
exploitation (Durrieu De Mardron et al, 1998, p. 54).

III. Evaluation de la biodiversité par les indices écologiques de structure


Les indices ont été calculés pour évaluer la diversité biologique dans les placeaux
inventoriés. Les indices de diversité de Shannon (H') se rapprochent des diversités
maximales (H’max) ce qui veut dire que le peuplement des ligneux au niveau de la
réserve de la Léfini est diversifié et que la richesse spécifique est importante (tableaux
8 et 9).
Les valeurs de l'indice de Shannon montrent une grande diversité biologique de
la formation forestière. En effet, l'indice de Shannon est de 3,86 en placeaux de forêt
contre 0,17 en placeaux de savane (tableau 8). La variation de cet indice de diversité est
en rapport avec le nombre d’espèces. De même, la forêt enregistre la plus grande valeur
d’indice d’équitabilité (J), avec 0,84 contre 0,15 pour la savane. La répartition des
individus entre les espèces forestières est plus homogène. Ces espèces rencontrées dans
cette forêt sont plus équitablement réparties que celles de la savane. Cet indice
d’équitabilité est identique avec celui obtenu dans la forêt Yombé par Moutsamboté
(1985, p.97). En effet, ce denier constate qu’entre 0 et 4 ans, la diversité augmente
fortement, l’équitabilité au sens de Shannon-Wiener atteignant même 0,794 (pour un
maximum possible de 1), ce qui est habituellement considéré comme correspondant à
une communauté mûre.

146
Tableau 8: Indice de diversité par type de formation végétale

Type de formation Nombre Nombre total


végétale d'individus d’espèces H' H'max J S
Forêt 1576 102 3,86 4,62 0,84 0,03
Savane 88 3 0,17 1,10 0,15 0,93
Moyenne 832 52,5 2,02 2,86 0,50 0,48

Par contre, l’indice de diversité de Simpson (S) montre que la répartition de la flore est
plus élevée en savane (0.93) qu’en forêt où elle est presque nulle (0.03). Par conséquent, cette
diversité est d’une part maximale en forêt et, d’autre part, minimale en savane. Ces deux indices
confirment la tendance observée au niveau des indices de Shannon et d’équitabilité de Piélou.
Les indices de diversité de l’ensemble des formations végétales ont été également
déterminés (tableau 9). L'équitabilité est élevée, elle est de 0,83. Cette valeur indique que la
population est en équilibre avec elle même, alors que la diversité est minimale comme l’indique
le calcul de l’indice de Simpson.

Tableau 9 : Indice de diversité de l’ensemble des formations végétales


Ensemble des Nombre Nombre total
formations d'individus d’espèces H' H'max J S
végétales 1664 105 3,87 4,65 0,83 0,03

IV. Caractéristiques structurales des formations végétales

IV.1. Structure verticale


Elle est basée sur la distinction de niveaux successifs de répartition ou strates
regroupant les végétaux. Du point de vue morphologique, ces végétaux appartiennent à
un même type biologique ou une même classe de hauteur. La formation végétale laisse
percevoir les strates suivantes: herbacée, sous-arbustive, arbustive et arborée. Les trois
premières strates constituent les formations savanicoles alors que la dernière strate
représente la formation forestière. La strate herbacée ou herbeuse est marquée par un
tapis végétal (photo 3) de grandes herbes, graminées mesurant, en fin de saison
végétative, 50 voire 60 cm de hauteur (photo 4).

147
Planche 2 : Savane herbeuse dans la réserve de la Léfini

Photo 3 : Tapis végétal sur l’axe Photo 4 : Savane herbeuse dans la


Mbouambé Léfini-Etsouali réserve de la Léfini
(Prise de vue : H.B. Goma Boumba, 2018)

Cette strate est subdivisée en herbes annuelles et en herbes vivaces ou juste


pérennes. Les graminées sont très héliophiles et supportent mal d’être sous l’ombrage
des arbres ; elles dépérissent et si les cîmes du couvert forestier se rejoignent, lorsque ce
couvert se ferme, elles disparaîssent parfois complétement. Par contre, les graminées
lorsqu’elles se développent librement en groupements denses elles empêchent ou
entravent le développement des jeunes plantes d’espèces ligneuses. Le cycle de
reproduction pour les herbes annuelles s’accomplit au cours d’une saison
végétative alors que celui des herbes vivaces ou pérennes se réalise pendant plusieurs
saisons de végétation.
La strate sous-arbustive, faiblement représentée et dissimilée occupe de
petites surfaces. Leur densité est quasiment nulle dans les zones dominées par le tapis
graminéen. Dans ce cas nous observons quelques pieds dont la hauteur ne dépasse pas
1,50 m. En mojorité, les espèces identifiées dans ces savanes ont une circonférence
inférieure à 31,4 cm (soit 10 cm de diamètre). Les plus dominantes de ces espèces sont
les suivantes : Annona arenaria Schumach. & Thonn. (photo 6), Psorospermum
febrifugum, Bridelia ferruginea Benth et Maprounea africana Müll.Arg.
Comme la strate sous-arbustive, la strate arbustive est formée par des arbustes
et des arbres disséminés parmi le tapis graminéen dont la hauteur peut atteindre 7 m
(photo n° 5). Hymenocardia acida Tul. est l’espèce dominante avec un diamètre ≥ 10
cm.

148
Planche 3 : Savane arbustive dans la réserve de la Léfini

Photo 5 : Savane à Hymenocardia acidaTul. Photo 6 : Savane à Annona arenaria


et Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb. Schumach. & Thonn.
(Prise de vue : H.B. Goma Boumba, 2018)
Ces formations savanicoles forment un couvert clair laissant passer la lumière à
cause de son sous-bois clair. Le recouvrement est inférieur à 10%. Si ces formations
sont bien distinctes sur le terrain, par contre elles demeurent très difficilement
dissociables au niveau des images satellitaires de type Landsat (cf. chapitre VI).
Le recouvrement augmente au fur et à mesure que nous nous éloignons de la
savane pour entrer dans la forêt. Il s’agit des zones rencontrées en plusieurs endroits où
les forêts sont directement adjacentes aux savanes (contact savane-forêt). Ce carrefour
d’habitats offre des conditions écologiques permettant l’installation et le développement
d’une biodiversité riche (F. Muhashy Habiyaremyeet al, 2011, p36.). La flore est formée
à la fois des plantes de savanes et de forêts. Ces zones sont marquées le plus souvent par la
présence des Markhamia tomentosa (Benth.) K. Schum. ex Engl. (Lusambya) et caractérisées
par un sous-bois assez fermé et moins éclairci (photo n°7).
Planche 4 : Formations ligneuses:

Photo 7: Zone de contact forêt-savane Photo 8: Forêt secondaire dans la réserve


sur l’axe Ngo-Nsah de la Léfini
(Prise de vue : H.B. Goma Boumba, 2018)

149
La strate arborée (photo 8), comme nous l’avions mentionné dans le quatrième
chapitre, est une caractéristique de la forêt mésophile. Les ligneux identifiés sont
représentatifs des taxons ombrophiles à tendance mésophile (J.M. Moutsamboté 2012,
p.51). Elle est localisée au nord et à l’extrème sud-est de la réserve de la Léfini. La
différence de hauteur des arbres présente un étagement de différents peuplements. La
proportion de couverture de la canopée (voûte forestière) est comprise entre 20 et 50%.
Plusieurs placeaux sont affectés par les trouées ayant pour corollaire la réduction du
recouvrement des couronnes et la relative fragmentation de la forêt. Le sous-bois,
physiologiquement et floristiquement, est très hétérogène. Cette hétérogéinité est
marquée par un sous bois tantôt ouvert, tantôt fermé. Ces deux situations sont observées
dans les placeaux d’inventaires. En effet, en guise d’illustration, les placeaux n° 1, 2,3,
5, 8 et 10 ont un sous bois ouvert alors que les placeaux n°4, 6, 7 et 9 ont un sous bois
fermé par des lianes, des fougères, des afromomum ou des Marantaceaes dont la hauteur
varie de 1 à 2 m. Les forêts à sous bois clairs regorgent plus d’espèces que celle de sous
bois fermé ou très fermé.
La strate arborée présente également une structure hétérogène de tiges
enchevêtrées d’une voûte, parfois d’une clairière due à la mort ou l’exploitation selective
de certains arbres. La hauteur du peuplemenr peut atteindre 40 m et le diamètre des gros
arbres avoisine 150 à 160 cm. Cette forêt, relativement vieille, est majoritairement
composée d’héliophytes à croissance rapide et à feuillage caducifolié mais aussi
accompagnée d’espèces à feuillage sempervirent. Selon leur comportement face à la
lumière nous distinguons les espèces héliophiles, les sémi-héliophiles, mais aussi les
sciaphiles. Il s’agit par exemple des espèces comme : pour le premier groupe Canarium
schweinfurthii Engl. (Aiélé), Lophira alata Banks ex P.Gaertn. (Azobé),
Piptadeniastrum africanum (Dabéma), Ceiba pentandra (L.) Gaertn. (Fromager),
Milletia laurentii De Wild. (Wengué) ; pour le second Hallea stipulosa (DC.) Leroy
(Bahia), Guarea cedrata (A.Chev.) Pellegr. (Bossé clair), Entandrophragma angolense
(Welw.) C.DC. (Tiama blanc), Entandrophragma utile (Dawe & Sprague)
Sprague(Sipo), et le dernier groupe Diospyros sp. (Ebène), Staudtia kamerunensis
Warb. (Niové). La spécificité est que ce milieu forestier connait un microclimat

150
particulier et humide, son sous-bois constitue un milieu favorable pour la croissance de
beaucoup d’épiphytes dont les fougères.
Nous notons également un nombre important des individus appartenant aux
espèces de lumière à croissance rapide, à bois tendre et à faible durée de vie dans les
placeaux les plus touchées par l’anthropisation. Il s’agit par exemple de la famille des
Urticaceae avec les espèces comme Musanga cecropioides R.Br. (parassolier),
Myrianthus arboreus P. Beauv. (Mububa), Myrianthus seretii (De Wild.) Ruiter
(Mububa 2). Ces espèces appartiennent au cortège floristique qui participe à la
régénération des forêts perturbées, uniquement au sein des recrûs. Elles ont un effet
positif dans le processus de cicatrisation. Physionomiquement, ces forêts représentent
dans le plan vertical un étage arborescent irrégulièrement dense avec un sous bois très
fermé. Les arbres et arbustes disséminés dans ce type de peuplement peuvent atteindre
25 m de hauteur et leurs diamètres sont généralement inférieus à 50 cm (photo n°7).

Photo 9 : Recrû forestier après le passage du feu dans la réserve de la Léfini


(Prise de vue : H.B. Goma Boumba, 2018)

Ces forêts s’installent aussi à la fin du cycle cultural et succèdent aux friches pré-
forestières. La strate arborescente est présente à proximité des villages. Les espèces sont
en petit nombre. Cependant dans les clairières témoignant de la mise en place du cortège
floristique spécialisé dans le processus de cicatrisation de la forêt, les espèces sont en
nombre important. Leur présence est souvent consécutive à l'occurrence des trouées
naturelles ou chablis.

151
IV.2. Structure horizontale

IV.2.1. Distribution des espèces


Les individus des espèces sont disséminés au sein de la placette (mode aléatoire)
mais aussi groupé ou contagieux. Le premier mode de distribution est le plus dominant.
Cependant, les individus de la même espèce rassemblés en groupes d’importance très
variable ont été observés à quelques endroits. C’est le cas par exemple de Milletia
laurentii De Wild. (Wengué) dans la placette n°1, d’Hymenocardia acida Tul. (Musia)
dans les placeaux n° 4 et 8, de Musanga cecropioides R.Br. (parasolier) dans la placette
n°5 et de Xylophia aethiopica (Oyang) dans la placette n° 41.

IV.2.2. Densité et dominance relatives par classe de diamètre


Nous avons procédé à une catégorisation des individus à partir de leurs diamètres
respectifs (figure 24, annexe11). La figure 25 ci-après présente les structures de
peuplements notamment la densité et la dominance relatives en classe de diamètre.
40
Densité relative
35
Dominance relative
30
Pourcentage

25
20
15
10
5
0

Classe de diamètre (cm)

Figure 25 : Structure en diamètre des arbres

Les classes de diamètre constituent une caractéristique essentielle du peuplement.


Ainsi, la distribution des individus entre les classes de diamètre montre un très grand
nombre des petits individus entre 10 et 40 cm, des individus moyens entre 40 et 70 cm,
les gros individus entre 70 et 100 cm et les très gros individus au-delà de 100 cm de
diamètre. Les espèces de diamètre inférieur à 40 cm occupent environ 79% du total des
ligneux. En effet, la première classe de diamètre compte 616 individus dont les plus

152
représentatives sont Hymenocardia acida Tul. (Musia), Margaritaria discoridea
(Ebebeng), Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain (Essoula), Anisophylea
purpurascens Hutch. & Dalz. (Envuin) et Staudtia kamerunensis Warb. (Niové). La
seconde, comprenant un effectif de 453, est dominée par les espèces comme
Margaritaria discoidea (Baill.) Webster (Ebebeng), Greuvia coriacea (Ntsui-Téké),
Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain (Essoula), Petersianthus macrocarpus
(P.Beauv.) Liben (Essia) et Musanga cecropioides R.Br. (Parasolier). Les individus les
plus nombreuses de la troisième classe de diamètre appartiennent aux espèces suivantes
Musanga cecropioides R.Br. (Parasolier), Xylophia aethiopica (Oyang) et Greuvia
coriacea (Ntsui-Téké). Les individus de gros diamètres sont au nombre de 53. Par
ailleurs, les individus de très gros diamètre représentent un total de 23 dont plus de la
moitiè (14 soit 61%) constituée par l’espèce Parinari excelsa Sabine (Ossang-eli).
Piptadeniastrum africanum (Dabema) a le plus gros diamètre de tous les individus
inventoriés, avec 164 cm soit une circonférence de 515 cm.
La diminution du nombre d’individus en fonction de l’augmentation du diamètre
est observée sur l’ensemble des classes. Si de façon générale la différence en termes
d’effectif n'est pas très grande entre les classes intermédiaires (40-70 et 70-100 cm),
l'écart en faveur des trois premières classes peut traduire le dynamisme de la
régénération (très petit diamètre inférieur à 10 cm) observable par le passage au petit
diamètre. La modification des conditions écologiques induite par la trouée consécutive
a favorisé la croissance d'un grand nombre d'individus de petit diamètre.
Il n'existe pas de corrélation nette entre les densités relatives et les classes de
diamètres. Il n'en existe pas non plus entre les densités relatives et les dominances
relatives (fig.25). Par exemple 37% des individus de la classe de diamètre10-20 cm
représente 7 % de la surface terrière totale ou de la dominance relative de chaque classe.
L'abondance de ces individus ne se traduit donc pas par leur dominance. S'ils sont
présents en très grand nombre, ils n'occupent qu'une faible proportion de l'espace. A
contrario, 23% des individus de la classe de diamètre ≥ 100 cm occupe 16% de la
dominance relative représentant ainsi la plus forte portion de la zone inventoriée. Nous
déduisons que le volume des ligneux n’est pas tributaire du nombre d’espèces, mais du
diamètre ou de la taille des individus.

153
De même, la surface terrière est généralement proportionnelle au nombre
d'individus, mais aussi et surtout à la taille des individus présents. La valeur la plus
élevée correspond à la classe de diamètre comportant les individus de grande taille, mais
non à ceux de petite taille. En effet, la surface terrière est plus importante dans la classe
de diamètre ≥ 100 cm, soit 26,45 m² contre 11,68 m² pour la classe de diamètre 10-20
cm. La différence de ces surfaces est d’environ 15 m2, ce qui est particulièrement
significatif. Après avoir caractérisé les formations végétales, le chapitre suivant va
aborder leur dynamique.

Conclusion
La richesse floristique des ligneux a permis de dénombrer 291 individus morts
sur pied, le feu et la mort naturelle étant les principales causes de cette mortalité et 1664
individus en bonne santé classés en 40 famille. L’abondance relative des espèces par
familles varie de 1 à 9. Les Euphorbiaceae les Annonaceae, les Fabaceae-Mimosoideae
et les Olacaea sont les familles les plus dominants. L’évalution de la biodiversité par
l’indice d’équitabilité montre une grande diversité biologique des forêts au détriment
des savanes. La variation de cet indice est en rapport avec le nombre d’espèces. La
répartition des individues entre les espèces forestières est plus homogène et
équitablement réparties que celles de la savane. Par ailleurs, l’indice de Simpson indique
une importante répartition de la flore en savane qu’en forêt. La catégorisation des
individus à partir de leurs diamètres indique une diminution du nombre d’individu en
fonction de l’augmentation du diamètre sur l’ensemble des classes. Les densités
relatives et les classes de diamètres ne sont pas corelées. Ce constat est également le
même entre les dominances relatives et les densités relatives.

154
CHAPITRE VI: DYNAMIQUE ET DETERMINANTS

DE REGRESSION DU COUVERT VEGETAL

Le quatrième chapitre présent l’étude évolutive du couvert végétal et des autres


unités d’occupation du sol réalisée à travers les cartes de végétation et les facteurs
responsables de cette dynamique.

I. Analyse des résultats de la classification des images

I.1. Résultats de la classification des images


La classification supervisée à partir de l’algorithme de maximum de
vraisemblance des images Landsat du 25/02/2001, du 13/08/2013 et du 15/06/2018 est
appréciée par les matrices de confusion (tableaux 10, 11 et 12). Ces matrices donnent
une précision statistique globale allant de 91,15 % à 91,49 % avec des indices de Kappa
de 0,84, 0,74 et 0,82 respectivement pour les images de 2001, 2011 et 2018. Les
tableaux indiquent également le niveau de fiabilité et les principales confusions
observées au niveau de chacune des classes. En effet, il y a eu confusion des pixels de
certaines classes d'occupation du sol à d'autres. Cependant, l'indice de Kappa a permis
de retirer la portion de hasard ou de subjectivité.

Tableau 10 : Matrice de confusion de l’image post classifiée du 25/02/2001


Points de contrôle (%)
Classe FOTM FS SHFA SNAR Rivière Total
FOTM 82,40 2,46 1,18 0,27 13,19 27,90
FS 5,01 96,50 0,12 0,07 1,01 4,10
SHFA 2,84 0,67 96,25 9,20 0,00 60,20
SNAR 0,96 0,10 2,39 90,47 0,00 4,64
Rivière 8,78 0,26 0,06 0,00 85,79 3,15
Total 100,00 100.00 100,00 100,00 100.00 100,00
Précision globale: 91,49% Indice de Kappa= 0,84
Légende: FOTM (Forêt ombrophile à tendance mésophile) ; FS (Forêt secondaire) ;
SHFSA (Savane herbeuse ouverte à faible strate arbustive) ; SNAR (Sols nus et
affleurements rocheux.

155
Tableau 11 : Matrice de confusion de l’image post classifiée du 31/07/2011
Point de contrôle (%)
Classe FOTM FS SHFSA SNAR Rivière Total
FOTM 95,13 0,69 0,21 0,00 14,33 12,72
FS 3,34 98,61 0,09 0,00 0,07 2,65
SHFSA 0,53 0,02 90,35 0,84 0,85 75,93
SNAR 0,35 0,34 8,98 99,16 0,59 7,88
Rivière 0,65 0,34 0,37 0,00 84,16 0,82
Total 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00
Précision globale 91,15 % Indice de Kappa = 0,74

Tableau 12 : Matrice de confusion de l’image post classifiée du 15/06/2018


Point de contrôle (%)
Classe FOTM FS SHFSA SNAR Rivière Total
FOTM 88,94 3,37 0,09 0,00 17,41 12,87
FS 5,15 95,68 0,03 0,00 0,48 14,01
SHFSA 0,01 0,00 90,95 9,29 0,72 65,41
SNAR 0,15 0,86 8,88 90,71 0,24 6,58
Rivière 5,75 0,10 0,05 0,00 81,15 1,12
Total 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00
Précision globale 91,29 % Indice de Kappa = 0,82

Les matrices de confusion de ces images sont toutes supérieures à 80%. L’image
du 25/02/2001est caractérisée par les classes de formation végétale dont les valeurs de
précision sont très élevées (supérieures à 80%) avec par exemple 96,50% pour la forêt
secondaire et 96,15% pour la savane herbeuse ouverte à faible strate arbustive. Les
valeurs des classes de non formation végétale sont aussi élevées et dépassent 85%. Par
contre, toutes les classes d’occupation du sol, de l’image du 31/07/2011, à l’exception
de la rivière, présentent des précisions spécifiques supérieures à 95%. Les classes de
non formation végétale, notamment les sols nus et affleurements rocheux ont des taux
de précision les plus élevés avec 99,16%. Les tendances de la matrice de confusion issue
de l’image du 15 juin 2018 sont assez simulaires aux deux premières. Les valeurs
avoisinent ou dépassent 90%, sauf la rivière qui avec 81,15% enregistre la plus petite
valeur de l’ensemble des classes.

156
Par ailleurs, les précisions de l’utilisateur (tableaux 13,14 et 15) observées pour
les classes de formation végétale (forêt ombrophile à tendance mésophile, forêt
secondaire, savane herbeuse ouverte à faible strate arbustive) sont toutes supérieures à
55% et dépassent pour la majorité 95%. La classe de non formation végétale (sols nus
et affleurements rocheux) présente des faibles valeurs pour les trois images. Cette
faiblesse est due au choix parfois imprécis des zones d’entraînement (ROI) sur les
images comme en témoignent les erreurs par commission dont les valeurs sont élevées.
A l’inverse, les erreurs par omission sont très faibles.

Tableau 13: Erreur de confusion et d’omission de l’image du 25/02/2001


Classe Erreur de Erreur Précision du Précision de
Commission (%) d’omission (%) producteur (%) l’utilisateur (%)
FOTM 2,97 17,60 82,40 97,03
FS 42,07 3,50 96,50 57,93
SHFA 2,06 3,75 96,25 97,94
SNAR 61,63 9,53 90,47 38,37
Rivière 7,07 14,21 85,79 92,93

Tableau 14: Erreur de confusion et d’omission de l’image du 31/07/ 2011


Classe Erreur de Erreur Précision du Précision de
Commission (%) d’omission (%) producteur (%) l’utilisateur (%)
FOTM 2,08 4,87 95,13 97,92
FS 19,43 1,39 98,61 80,57
SHFA 0,10 9,65 90,35 99,90
SNAR 56,40 0,84 99,16 43,60
Rivière 48,75 15,84 84,16 51,25

Tableau 15: Erreur de confusion et d’omission de l’image du 15/06/ 2018


Classe Erreur de Erreur Précision du Précision de
Commission (%) d’omission (%) producteur (%) l’utilisateur (%)
FOTM 4,60 11,06 88,94 95,40
FS 5,23 4,32 95,68 94,77
SHFA 0,01 9,05 90,95 99,99
SNAR 59,14 9,29 90,71 40,86
Rivière 24,86 18,85 81,15 75,14
Légende: FOTM (Forêt ombrophile à tendance mésophile) ; FS (Forêt secondaire) ;
SHFSA (Savane herbeuse ouverte à faible strate arbustive) ; SNAR (Sols nus et
affleurements rocheux.

157
I.2. Dynamique de l’occupation du sol
La dynamique est appréciée par une cartographie multi date de la réserve de la
Léfini, notamment en février 2001, juillet 2011 et juin 2018 (figures 26, 27 et 28).

Figure 26 : Occupation du sol en février 2001 Figure 27 : Occupation du sol en juillet 2011

Figure 28 : Occupation du sol en juin 2018

158
I.2.1. Occupation du sol entre 2001-2011
Il ressort de cette analyse spatio-temporelle des évolutions des superficies des
différentes classes d’occupation du sol en 2011 par rapport à l’année 2001 (figures 29
et 30 et tableau 16). Le taux d’évolution au sein de la classe des sols dénudés et
affleurements rocheux est le plus élevé de toutes les classes (31,08%). La savane
herbeuse ouverte à faible strate arbustive est en très légère augmentation (1,33%). Cette
dernière classe est la seule des trois classes des formations végétales qui a connu une
évolution positive. Parallèlement à l’augmentation des herbacées, nous notons une
diminution des formations ligneuses. Pendant la même période, la forêt ombrophile à
tendance mésophile a perdu sa superficie initiale (8,14%). Cette tendance à la réduction
de la couverture végétale a été également observée au niveau de la forêt secondaire
(3,83%). Ces deux formations forestières ont connu, pendant une décennie, une
diminution de superficie annuelle respectivement de 623,5 ha/an et 79,4 ha/an entre
2001 et 2011. Leurs taux annuels d’évolution sont négatifs.

Tableau 16 : Taux d’évolution des classes d’occupation du sol entre 2001 et 2011
Année 2001 Année 2011 Changement Taux Taux
Superficie % Superficie % en ha (2001- d’évolution annuel
Classe (ha) (ha) 2011) au sein de d’évolution
la classe (%)
(%)
FOTM 76609 22,04 70374 20,24 - 6235 - 814 - 0,81

FS 21213 6,10 20419 5,87 - 794 - 3,83 - 0,38

SHFSA 237349 68,27 240503 69,18 3154 1,33 0,13


SNAR 12468 3,59 16343 4,70 3875 31,08 3,11
Total 347639 100 347639 100
Légende: FOTM (Forêt ombrophile à tendance mésophile) ; FS (Forêt secondaire) ;
SHFSA (Savane herbeuse ouverte à faible strate arbustive) ; SNAR (Sols nus et
affleurements rocheux.

159
I.2.2. Occupation du sol entre 2011 et 2018
A l’instar de la période précédente, la période 2011-2018 est marquée par la
réduction continuelle du couvert végétal (figures 30 et 31). Cette réduction est
symbolisée par l’ouverture de la canopée occasionnée par des coupes, chutes d’arbres
et des feux. La perte de materiel végétal ainsi constatée marque le passage, à certains
endroits, de la forêt ombrophile à tendance mésophile à la forêt secondaire. La superficie
occupée par cette strate s’est considérablement accrue. Elle devient la formation
végétale qui connait une évolution positive avec un taux annuel de 0,63%. Comme la
forêt mésophile, la strate savanicole a aussi diminué (tableau 17).

Tableau 17 : Taux d’évolution des classes d’occupation du sol entre 2011 et 2018
Classe Année 2011 Année 2018 Changement Taux Taux
Superficie % Superficie % en ha (2011- d’évolution au annuel
(ha) (ha) 2018) sein de la d’évolution
classe (%) (%)
FOTM 70374 20,24 61292 17,63 - 9082 - 12,91 - 1,84

FS 20419 5,87 21314 6,13 895 4,38 0,63


SHFSA 240503 69,18 240227 69,10 - 276 - 0,11 - 0,02
SNAR 16343 4,7 25101 7,22 8785 53,75 7,68
Total 347639 100 347639 100
Légende: FOTM (Forêt ombrophile à tendance mésophile) ; FS (Forêt secondaire) ;
SHFSA (Savane herbeuse ouverte à faible strate arbustive) ; SNAR (Sols nus et
affleurements rocheux.

Leurs taux symbolisant une évolution négative (respectivement 12,91% et


0,11%), marquent la perte du couvert végétal. Il est important de noter qu’il s’est produit
un changement remarquable dans le processus d’évolution de l’occupation du sol. Il
s’agit de l’augmentation considérable de la superficie des sols nus et afflerement
rocheux qui est passée de 4,7% à 7,22%. Cette augmentation correspond à un taux
d’évolution positive au sein de ladite classe de 53,75% soit un taux d’évolution annuelle
de 7,68%.

160
I.2.3. Types de changements des classes d’occupation des sols
Les changements observés au niveau des différentes classes ont été appréciés à
partir de la variation des valeurs des pixels des classes d’occupation du sol entre 2001
et 2018. La typologie de changement définie dans la partie détection des changements
a mis en exergue trois classes. Il s’agit de la dégradation, de la stabilisation et de
l’amélioration de la couverture végétale (figure 29).

Figure 29 : Dynamique de changement de la végétation entre 2001 et 2018

Suivant cette période d’étude, la réserve de la Léfini a connu une dégradation du


couvert végétal de 15612 ha soit 4,5%. Cette perte touche essentiellement les formations
ligneuses forestières et savanicoles. Les pixels indiquant le taux d’amélioration de ce
couvert occupent une superficie de 82754 ha soit 23,8%. Cette tendance à la hausse est

161
plus marquée par la régénérescence plus ou moins rapide de la savane herbeuse ouverte
à faible strate arbustive après le passage des feux. A contrario, 249273 ha soit 71,7% de
la superficie de la réserve est restée stable au cours de la période étudiée.
La stabilité est observée à plusieurs endroits, pendant les visites de terrain pour les
opérations d’inventaire floristique et de validation des résultats, où la croissance des espèces
ligneuses n’est pas perturbée. De même, aucune marque d’empreintes inhérentes aux activités
anthropiques n’est observée. La densité des arbres dans certaines placeaux est de plus de 150
pieds sur une surface de 0,5 ha. C’est le cas des placeaux n° 2, 11 et 12 où la croissance des
espèces ligneuses n’est pas perturbée.
Les changements observés au niveau de chaque classe sont présentés dans le
tableau 18. Il est à faire observer que ces changements varient d’une classe d’occupation
du sol à une autre avec des grands écarts. Les classes de forêt ombrophile à tendance
mésophile et de savane herbeuse à faible strate arbustive ont été affectées, à l’échelle
de la réserve, par des variations notables. Ces changements atteignent respectivement
51,31% et 61,98%. La première classe a subi une modification négative conduisant à
une dégradation forestière pour transformer en forêt secondaire. De même, elle pourrait
aussi être convertie, en sol dénudé, après le passage des feux. La seconde classe connait
également une conversion. Elle passe d’une catégorie à une autre c’est-à-dire la savane
perd fréquemment sa couverture végétale pour devenir un sol dénudé.

Tableau 18 : Matrice de changement des classes d’occupation du sol 2001-2018


FOTM FS SHFSA SNAR Rivière Total classe
FOTM 48,69 14,90 0,23 0,17 70,90 100
FS 24,06 69,93 0,91 1,20 6,90 100
SHFSA 5,23 1,98 38,02 15,50 0,59 100
SNAR 11,10 8,93 58,31 79,16 0,69 100
Rvière 10,92 4,26 2,53 3,97 20,93 100
Total classe 100 100 100 100 100
% de changement 51,31 30,07 61,98 20,84 9,07
Légende: FOTM (Forêt ombrophile à tendance mésophile) ; FS (Forêt secondaire) ;
SHFSA (Savane herbeuse ouverte à faible strate arbustive) ; SNAR (Sols nus et
affleurements rocheux.

162
De façon synthétique, les résultats obtenus sur la dynamique de l’occupation du
sol révèlent une variation significative des taux d’évolution au sein d’une même classe
et d’une classe à une autre. Concomitamment à cette dynamique, il se dégage, dans
l’ensemble des classes des écarts conséquents des valeurs des pixels. En outre, afin de
mieux cerner cette dynamique, une analyse des différentes classes telles que présentées
par le tableau 19 ci-après a été envisagée.

Tableau 19: Taux d’évolution des classes d’occupation du sol entre 2001 et 2018
Classe Année 2001 Année 2018 Changement Taux Taux
Superficie % Superficie % en ha (2001- d’évolution annuel
(ha) (ha) 2018) au sein de d’évolution
la classe (%)
(%)
FOTM 76609 22,04 61292 17,63 -15317 - 19,99 - 1,18
FS 21213 6,10 21314 6,13 101 0,48 0,03
SHFSA 237349 68,27 240227 69,10 2878 1,21 0,07
SNAR 12468 3,59 25101 7,22 12633 101,32 5,96
Total 347639 100 347639 100

La forêt ombrophile à tendance mésophile a connu un taux de diminution moyen


annuel de 1,18% qui est le plus élevé sur l’ensemble de la réserve. Cette tendance à la
baisse s’explique principalement par les coupes isolées des arbres et arbustes. Les
souches observées témoignent de la dégradation et/ou de la diminution progressive des
espèces végétales. La réduction de la surface de cette classe est de 901 ha/an. A
contrario, la forêt secondaire a enregistré, quoi que très faible, un taux d’evolution
positif moyen annuel de 0,03% soit une augmentation de superficie estimée à 5,94
ha/an.
A l’opposée des ces premières formations boisées, la savane herbeuse à faible
strate arbustive connait un taux annuel moyen positif de (+0,07 %) mais très faible ce
qui correspond à une emprise spatiale de 169,29 ha/an. Cette classe est la plus exposée
aux feux surtout pendant le fléchissement intrapluvial et la saison sèche où les herbes et

163
les arbustes subissent un stress hydrique remarquable par assèchement des plantes. Le
passage du feu engendre des zones dépourvues de couvert végétal.
Le sol nu et l’affleurement rocheux sont une classe issue de la conversion du
couvert végétal. Ce vocable regroupe les classes dérivées de l’action directe de
l’homme. Son taux annuel d’évolution (+5,96%) est parfaitement en phase avec la forte
extension spatiale estimée à +743,12 ha/an. Nos visites de terrain, révèlent la présence
des habitations dans et autour de la réserve. Le cas échéant, les populations riveraines
s’engagent à l’exploitation artisanale de la forêt et se livrent, aux activités agricoles. Les
plantations sont de taille modeste, ne dépassant pas 0,5 ha. Ces surfaces dénudées et les
affleurements rocheux laissent apparaître des plages où la roche affleure. Cette
progression se fait au détriment du couvert végétal clairsemé. La dégradation des
formations ligneuses se traduit en dégradation des sols induisant l’accélération du cycle
de l’eau. La conséquence directe de cette conversion est l’érosion hydrique sous ses
multiples formes (ravines, rigoles, ravins).
Il convient de faire remarquer que cette étude donne un aperçu sur l’état du
couvert végétal. En revanche, la dégradation est relativement significative au regard du
taux obtenu. Cette relative instabilité du couvert végétal occulte toutes les disparités qui
sont décelées entre les différentes formations végétales. Afin de compléter et de mieux
suivre l’évolution et la variation de la production de la végétation, nous procédons à
l’analyse spatiale du NDVI à partir de la série d’images Landsat de la période d’étude.

II. Evolution de la productivité végétale détectée à partir de NDVI

II.1. Caractéristiques spectrales de la végétation


Le NDVI a été apprécié par la réponse du couvert végétal aux effets du climat, la
nature des sols et l’orographie du milieu. Il convient de rappeler que cet indice permet
de caractériser les états de surface comme la densité de feuillage, l’activité
chlorophyllienne et le stress hydrique du couvert végétal. L’échelle des valeurs de la
réflectance est très hétérogène. La variabilité spectrale est perceptible sur l’ensemble de
l’espace. Les zones de sol humide telles que le long des rivières présentent des faibles
valeurs de réflectance dans les bandes rouge et PIR. L’inverse de cette situation est
produit dans les zones de sol sec. Par ailleurs, plus le couvert végétal est dense, plus les
164
valeurs de réflectance augmentent dans la bande PIR et plus elles diminuent dans la
bande rouge. Cependant, le sol dépourvu de végétation présente des valeurs de
réflectance qui varient en fonction de leur teneur en eau.

II.2. Cycle mensuel et saisonnier de la productivité végétale


La cartographie du NDVI à l’échelle de la réserve de la Léfini au cours des mois
humides et secs a pour but d’évaluer spatialement les amplitudes de changements
mensuels et saisonniers. Suivant le cadre climatique (chapitre 4), nous considérons,
d’une part, la période d’activité maximale de la végétation (septembre à mai) et, d’autre
part celle de faible activité végétative (juin à août).
Le NDVI en saison humide est élevé. La productivité végétale est moyennement
importante. Les valeurs du NDVI avoisinent 0,4 comme le montre la figure 30a. A
contrario, bien que pluvieux le mois de janvier (figure 30c) connaît une diminution de
l’activité chlorophyllienne. Son indice est inférieur à 0,3. Il est donc à noter une quasi-
différenciation en terme de contraste. Le NDVI est plus marqué en février 2001 (figure
30a) où le vert est plus foncé en comparaison aux mois de juin 2006 et juillet 2008
(figures 30b et 30d). Par ailleurs, l’amplitude [-1,0 - 0,0[ désignant une productivité
végétale quasi nulle est observée sur toutes les figures avec une forte représentativité au
mois de juillet 2008 et 2011 (figures 30d et 30e). Par contre, cette productivité est plus
intense à la figure 30a où la valeur de NDVI est associée à la densité la plus importante
de la biomasse verte.
En dehors de ces épisodes spécifiques, le NDVI intégré sur la saison de
végétation active indique une tendance à la hausse parce qu’il est lié à l’activité du
couvert végétal. Celle-ci conduit à une forte absorption du rayonnement dans la bande
rouge par des pigments foliaires alors que le parenchyme lacuneux réfléchit une grande
partie du rayonnement dans la bande PIR. Mais, en phase de développement du couvert,
la biomasse et les quantités de pigments augmentent, ce qui entraîne une hausse dans la
bande PIR et une baisse dans la bande rouge. L’inverse se produit en fin de cycle
végétatif.
Les mois secs sont caractérisés par des valeurs faibles (< 0,3) à l’exception du
mois août 2013 (figure 30f). Les figures 30b, 30d et 30e révèlent une très faible

165
productivité végétale pendant la période sèche juin 2006, juillet 2008 et juillet 2011. Par
contre, cette activité est moyennement élevée en août 2013 (le NDVI est de 0,4) bien
que marquant la fin de la période sèche, le mois d’août de certaines années depuis la
deuxième moitié de la décennie 2000 connaît les conditions climatiques favorisant le
rythme continu de la croissance végétative dans la réserve. Les quantités de pluies
mensuelles (chapitre 4) peuvent atteindre 120 mm au cours de ce mois. Deux faits
particuliers sont observés. Le premier est relatif à l’observation en juillet 2011 d’une
borne inférieure du NDVI de -0,97. Cette valeur proche de -1 marque l’absence de toute
productivité végétale. Dans ce cas l’inactivité du couvert végétal à certains endroits
(figure 30e) au cours de cette période particulièrement est synonyme de stress hydrique.
Le second indique tout le contaire du premier fait. En effet, la productivité végétative
impliquant une activité chlorophyllienne intense est présente en juin 2018 (figure 30g),
mois marquant le début de la saison sèche. Or, la productivité végétale dépend des
précipitations qui demeurent présentes malgré le passage en saisons sèche.
La valeur la plus élevée de la série est 0,4 et la plus faible - 0,97. Au regard de
l’ensemble de ces amplitudes, la valeur maximale ne dépasse pas 0,3 pendant les
périodes les plus fraîches et l’humidité passe par un maximum au moment où la
température est minimale. Lorsque cette valeur se rapproche de 0,5, l’humidité passe
par un minimum et la température est maximale. Ces amplitudes mettent en évidence le
caractère épars des ilots de forêt ombrophile à tendance mésophile et de la savane
arbustive incluse dans de grandes étendues de savane herbeuse. De ce fait, les sols
couverts de forêt absorbent au maximum la radiation solaire. Cette faculté d’absorption
énergétique déclenche le processus de photosynthèse. Plus la forêt est dense et
sempervirente, plus le NDVI est élevé et proche de 1. Les sols non forestiers et dénudés
sont caractérisés par des valeurs faibles (<0,3). Les organismes chlorophylliens captent
le rayonnement solaire et le transforment pour l’élaboration de la matière organique. La
végétation, grâce à la photosynthèse, accumule l’énergie sous forme photochimique et
constitue donc le premier maillon d’une chaîne de production de la réserve de la Léfini.

166
a.février 2001 b. juin 2006 c. janvier 2007 d. juillet 2008

e. juillet 2011 f. août 2013 g. juin 2018 Figure 30 : NDVI mensuel


167
II.3. Variation du NDVI selon les classes d’occupation du sol
Le croisement de la figure des NDVI de juin 2018 avec celle d’occupation du sol
de la même période permet d’apprécier l’état phénologique des types de paysage
rencontrés dans la réserve de la Léfini (figure 31). La légende de cette figure découle de
celle de la figure des NDVI. Suivant leur ordre de croissance, ces amplitudes numériques
vont respectivement correspondre aux classes suivantes : très faible, faible, moyen et
fort. Le NDVI enregistré sur les sept classes d’occupation du sol obtenues après
traitement est très variable et contrasté. Son appréciation diffère d’une classe à une autre
et au sein d’une même classe.
Les valeurs moyennes correspondent aux pixels en forêt mésophile, ce qui
signifie que l’activité chlorophyllienne de cette forêt et donc sa production de biomasse
reste relativement élevée. Cette activité est faible pour la même classe d’occupation du
sol, notamment la forêt mésophile pendant la même saison sèche. En revanche, les
formations arbustives et herbeuses et les sols dépourvus de couverture végétale
détiennent de très faibles valeurs du NDVI. Elles se modifient le plus rapidement alors
que les arbres peuvent garder leur feuillage plus longtemps, ceux-ci utilisent des
horizons de sol plus profonds. Il en résulte des paysages moins homogènes qui se
traduisent par des caractéristiques spectrales plus variables pour une même unité de
paysage (Y. T. Brou, 2005, p.140). A la lecture des résultats (figure 30), il est impérieux
de faire remarquer l’influence prépondérante de la couverture de la canopée. En effet,
suivant son gradient, plus la couverture de la canopée est dense la productivité végétale
est active, plus le NDVI est important alors qu’il devient faible lorsque la canopée est
clairsemée. La saison sèche (juin-août) considérée comme un facteur induisant une plus
grande hétérogénéité dans les couverts végétaux, est caractérisée par la rareté des pluies
et l’épuisement de la réserve hydrique du sol. Dans ce cas, la végétation subit des
transformations profondes dont les plus perceptibles sont le jaunissement, le
dessèchement et la chute des feuilles. Pour une canopée sous stress hydrique, le NDVI
est faible, même si le couvert de la canopée est dense.

168
Figure 31 : Occupation du sol et indices de végétation

Il est évident que l’impact n’est donc pas pareil sur toute la réserve. La réponse
spectrale est différente selon qu’il s’agit d’une forêt dense, d’une forêt dégradée ou
d’absence de forêt. Contrairement au milieu de forêt, les faciès dégradés et dépourvus
de forêt sont marqués par une chute assez importante du NDVI. Cette cartographie
phénologique reflète l’importante hétérogénéité de la productivité primaire. Elle a
permis de constater, à partir des classes d’occupation du sol, de grandes tendances des
indices de végétation puisqu’au demeurant les maxima et minima varient de saison en
saison et d’année en année.

III. Comportement de l’indice de brillance


L'indice de brillance (IB) des sols obtenu sous la forme des histogrammes des
images Landsat (annexe 12) montre les différentes valeurs du pixel (DN) qui traduisent
l’énergie enregistrée par le capteur dans une gamme de α (alpha). Cet indice signale les
169
changements de teintes des sols. Les histogrammes sont découpés en trois niveaux des
IB séparés par deux barres en pointillé verticales. Il s’agit des DN nuls ou faibles
(premier niveau), élevés avec pour valeurs présentées au ‘’Stretch’’ de l’histogramme
(second niveau) et des DN sans intérêt car situés après le pic des valeurs (troisième
niveau). Chaque DN correspond à un pourcentage d’énergie réfléchie par les différentes
classes d’occupation du sol.
Le passage des teintes sombres aux teintes claires s’accompagne d’une
augmentation simultanée des valeurs radiométriques dans les deux canaux (rouge et
PIR). En effet, les sols recouverts de forêt ont une réflectance faible (IB<20%) : plus la
forêt est dense, plus son IB est nul ou tend vers zéro. Par contre, l’indice des sols nus
(principalement le sable léger et sec) est compris entre 25 et 50% alors que celui de la
savane herbeuse et arbustive est de 25 à 30%.
Dans l’ensemble, les IB des différentes images ont des taux de réflexion d’énergie
compris entre 0,02 et 57% (annexe 12). Les histogrammes des figures 35a et 35e
indiquent des taux presque similaires. Les plus faibles réflexions sont 0,02 et 0,06%
alors que la plus forte est 43% en juillet 2011. Comparativement aux autres mois
marquant la saison sèche, les valeurs des indices sont nettement plus élevées. Ils varient
entre 15 et 50% en juin 2006 et entre 13 et 57% en juillet 2008. Les taux des IB obtenus
en saison pluvieuse varient, par exemple, de 37 à 55% en février 2001 et de 15 à 43%
en janvier 2007. En considérant chacun de ces intervalles, la réflexion d’énergie est plus
considérable en février où les valeurs minimale et maximale sont élevées. Mais, suivant
ces statistiques, le pic indiquant la valeur maximale de brillance est atteint au mois de
juillet.
De ces différentes IB, aucune corrélation ne peut être établie parmi l’ensemble
des dates disponibles, car les IB sont aussi élevés en saison sèche que pendant la saison
pluvieuse marquée par un rayonnement incident plus élevé sur l’ensemble de l’année.
Fondamentalement, trois facteurs combinés et dépendants les uns des autres peuvent
expliquer ces résultats. Il s’agit notamment de la couverture végétale, de la nature du sol
et de la topographie de la zone d’étude.
La cartographie évolutive de la réserve de la Léfini met en relief une couverture
végétale marquée par un caractère pluristrate. La savane herbeuse ouverte à faible strate

170
arbustive constitue la strate la plus représentative en termes d’occupation spatiale. Dans
une telle condition, comme nous l’avions observé pendant les opérations des inventaires
floristiques, le degré de recouvrement dans l’ensemble est très faible. Les sols non
couvert et à végétation éparse, à dominance savanicole, reçoivent, au niveau de ces
unités, une proportion très élevée des radiations solaires avec pour IB atteignant 50 voire
57%. Cependant, dans les zones de forêt avec un taux de recouvrement pouvant aller de
20 et 50%, suivant le type de formation et son état physiologique, l’IB est faible. Par
ailleurs, nous observons clairement que les températures au sol et de l’air sous un
couvert végétal sont en général moins élevées le jour mais plus élevées la nuit que dans
les zones situées à découvert.
Les IB sont calculés à partir des images optiques de type Landsat issues des
capteurs passifs mesurant le rayonnement solaire réfléchi ou le rayonnement émis par
des objets cibles. Ces capteurs dépendant totalement du soleil (source d’énergie) sont
inopérants si le ciel est sombre ou nuageux. Ces IB sont donc issus de la radiation solaire
ou du rayonnement diurne et décrivent la façon dont la surface du sol réfléchit la lumière
solaire. Mais il convient de rappeler que la luminosité du sol comprend les effets
combinés tels que le type de sol, la teneur en matière organique et la teneur en humidité
du sol au moment de l'acquisition de l'image. Ces effets sont différemment perçus. Si le
type de sol et la teneur en matière organique sont très stables dans le temps, l'humidité
du sol de la couche de surface est très variable. Or, l’IB du sol est surtout fonction de
l’humidité et de sa couleur. Dans le cas échéant, comme nous l’avions mentionné dans
la partie sur les méthodes, la valeur de l’IB est d’autant plus élevée que le sol est clair
et sec. Ce sol est majoritairement formé sur le sable. Les rebords et les zones de colline
à vallées sèches sont composés par le matériau sablo-argileux. Ce sable léger est
caractérisé par une forte porosité responsable de son état d’assèchement malgré le climat
humide qui règne dans la zone. En période d’absence des pluies, il se maintient dans le
sol sableux une réserve hydrique à grande profondeur susceptible d’être utilisée par des
ligneux au développement racinaire adapté. Mais, pendant la même période, la partie
superficielle reste sèche.
Enfin, la topographie de la zone, essentiellement la pente et l’exposition, a un
effet non négligeable sur l’IB. La réserve de la Léfini est implantée sur un relief

171
correspondant à une série des pentes aux altitudes atteignant par endroits 800 m, avec
des dénivellations de 400 à 500 m. Ces altitudes décroisent vers le plus bas-relief,
notamment sur les bassins versants et les vallées. Cette allure générale peut
influencer la quantité de l’énergie solaire qui arrive au sol. Le réchauffement est
fonction de l’angle sous lequel le rayonnement parvient au sol. Plus l’angle d’incident
est grand, c’est-à-dire plus les rayons s’écartent de la normale par rapport à la surface
du sol, moins la quantité d’énergie absorbée par le sol est importante (A. Lacoste et R.
Salanon, 2010, p.204). Au regard des rappels sur le cadre climatique présentés au
chapitre 4, la réserve de la Léfini, connaît une longue période des pluies avec des
températures élevées (25°C) qui baissent légèrement en saison sèche pour atteindre
21°C. Or, c’est pendant ces conditions climatiques que la croissance des herbacées et
des arbustes est perturbée par les feux de savane et de brousse.
Après cette analyse couplant quelques éléments physiques d’importance majeure,
il convient d’affirmer que les IB qui restent assez élevés pendant les mois pluvieux et
secs, sont en corrélation avec le type de sol et le rayonnement solaire. Les variations
mensuelles des IB sont donc conditionnées par les changements d’état du couvert
végétal dont la production dépend de la distribution des ressources hydriques au cours
de la saison des pluies. Les activités anthropiques en sont les catalyseurs. Nous allons
donc chercher à comprendre, dans le chapitre qui suit, leur influence sur la dynamique
du couvert végétal.

IV. Déterminants de régression de la végétation


Les changements observés sont les résultats de nombreux processus de
modification et de conversion des classes d’occupation du sol. Ces processus s’opèrent
à des échelles temporelles et spatiales multiples ; ils sont le résultat de différents facteurs
d’origine naturelle et anthropique (R. Caloz et C. Collet, 2011, p. 301-302).

172
IV.1. Evolution régressive de la végétation liée aux contraintes de l’environnement
naturel
IV.1.1. Régression due aux facteurs sol-précipitations
La nature floristique et structurale de ces différents types de végétation est
tributaire des précipitations. L’état phénologique des formations végétales dépend de la
variation annuelle de la réserve d’eau utile. Parfois, la saison sèche s’allonge jusqu’à 4
mois aux dépens de la saison des pluies. En raison de l’instabilité temporelle des saisons
climatiques et partant des périodes végétatives, les changements physiologiques des
formations végétales se produisent tantôt précocement, tantôt tardivement (M.J. Samba-
Kimbata, 2002, p.91). Cette absence des pluies contribue au dessèchement des végétaux,
condition préalablement favorable pour les feux de forêt ou de savane fréquemment
observés dans la zone d’étude.
La combinaison des propriétés physico-chimiques des sols (forte perméabilité,
forte porosité et faible rétention de l’eau) obligent la plante à utiliser la réserve d’eau
utile. Ce fait se produit habituellement pendant la saison sèche ou en cas d’un long
épisode sec observé pendant la période pluvieuse (10 à 15 jours). Entre la première
décade du mois de juillet et la troisième décade de septembre, de façon récurrente, la
plante doit faire face à un déficit hydrique. La période déficitaire qui dure au minimum
60 jours s’arrête avec le retour des premières pluies. Ces sols imposent aux plantes une
sécheresse physiologique longue de trois mois maximum. Dans un tel état des sols, la
régénération des formations végétales sur terre ferme devient assez difficile. Les forêts
semi-caducifoliées, majoritaires dans la zone sont les plus touchées. Comparativement
à la forêt sempervirente du Nord, la proportion de la défoliation est plus importante dans
la réserve de la Léfini. Elle est supérieure à 40% pour les forêts mésophiles sur les sols
sableux Batékés (M.J. Samba-Kimbata, 2002, p.89). La chute des feuilles commence au
début du mois de juillet et intéresse plusieurs espèces. Mais les espèces ligneuses sont
plus résistantes car elles supportent mieux la période déficitaire.
Les savanes sont les plus touchées de toutes les formations végétales. En effet,
les savanes herbeuses ou les graminées comme l’Hyparrhenia diplanda ou Loudetia
simplex (Nees) C.E. Hubb. se dessèchent totalement en raison de leur faible
enracinement. Les arbustes des savanes se voient également vider de la ressource

173
hydrique. A cause de leurs racines superficielles et moins profondes dans le sol et ne
pouvant pas atteindre la réserve utile, les graminées se dépouillent entièrement et se
fanent irréversiblement. La période d’activité végétale redevient peu à peu active
pendant les premières pluies enregistrées au début du mois de septembre ou parfois tard,
à la dernière décade de septembre.

IV.1.2. Action de la lumière, de la température et des vents


Les fortes températures entraînent un desséchement des herbacées et de certaines
jeunes plantes surtout en saison sèche. La chute des arbres provoque l’ouverture de la
canopée. La situation est diversement observée et interprétée. Cette chute induit, d’une
part, l’étouffement qui considérablement complique la phase de croissance et de
développement des sciaphiles et, d’autre part l’apparition des héliophiles dont la lumière
et la température favorisent l’augmentation de l’activité chlorophyllienne et la
croissance de la plante. Il s’agit par exemple des plantes de groupe héliophile supérieur
ou strict et moyen ou modéré (Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand (Engona),
Milletia laurentii De Wild. (Wengué), de groupe héliophile de premiers stades de la
succession végétale et héliophile de chablis (Musanga cecropioides R.Br. (Parasolier),
Macaranga barteri Müll.Arg. (Assas 1). Les trouées ainsi créées sont ensuite
recolonisées naturellement par une végétation plus ou moins abondante, souvent riche
en espèces pionnières ou par les herbacées géantes, notamment les Marantaceaes, et les
zingibéracées (J-F. Gillet, 2013, 145 p). Cependant, associé à d’autres contraintes
naturelles, notamment la nature des sols, le vent tout en accroissant
l’évapotranspiration, en desséchant les feuilles, participe à la dégradation de la
végétation. Mais son action est assez minime dans le processus de cette dégradation à
cause de la présence dans les îlots forestiers des arbres de gros diamètre et de hauteur
considérable qui tout en constituant des barrières, diminuent la vitesse et l’intensité du
vent. Celui-ci agit négativement sur les branches et les feuilles des arbres qui tombant
au sol. Le feuillage qui est en permanence fouetté par le vent se développe difficilement
et cela entraîne la limitation de voûte et donc la réduction de la production de matière
organique. Il contribue aussi par le biais de la déflation éolienne à dénuder les racines
des arbres les rendant de ce fait encore plus vulnérables. En savane le vent n’affronte

174
aucun obstacle. Dans une telle configuration, il est agent vecteur favorisant la
propagation de feu.

IV.1.3. Origine biologique


Les populations animales, comme les insectes phytophages (chenilles
processionnaires) retrouvés dans le bois mort ont eu un effet négatif sur la survie des
plantes. Les maladies phytosanitaires constituent la deuxième cause de mortalité des
individus inventoriés morts lors de nos prospections botaniques. Ce taux de mortalité
est relativement élevé car estimé à près de 40% (p 142, tableau 7).
La combinaison de tous ces facteurs fragilise le couvert végétal soumis
inévitablement à une dégradation accélérée. Cependant, les facteurs naturels ne
sauraient expliquer à eux seuls l’évolution régressive de la végétation. Les causes
profondes résident dans l’exploitation de plus en plus intense et anarchique des
ressources végétales par l’homme. Ces causes sont ainsi analysées dans la partie
suivante.

IV.2. Analyse des indicateurs de perturbation de la biodiversité végétale


La réserve de la Léfini subit une forte influence des populations riveraines. Les
localités situées dans et autour de cette réserve connaissent une évolution
démographique qui accroît les besoins en terres agricoles, en bois de chauffe, en bois
d’œuvre et produits alimentaires. Concomitamment à l’identification et la mensuration
des espèces dans les différents placeaux, nous avons également procédé de fait en
comble aux observations de celles-ci. L’objectif de cette démarche a été de connaître les
types de déterminants à partir des indicateurs présents sur les lieux (tableau 20).

Tableau 20 : Indicateurs des déterminants directs recensés dans les placeaux


Type de déterminants directs Indicateurs
Feux de végétation Observation de traces noires ou de troncs calcinés
Emprise agricole Présence de champs de culture, jachères
Extraction du bois Présence de souches d’arbres ou de troncs avec rejets

175
Prélèvement des PFNL Impact des coups de machette sur les arbustes,
présence sur le sol des PFNL prélevés, sentiers et
pistes
Empreintes des activités Présence des douilles, nombreux sentiers et pistes
cynégétiques (chasse)
Empreinte des activités de Nasse ou filet de pêche, corbeille, morceaux de crins
pêche et hameçons

IV.3. Perception des populations enquêtées


IV.3.1. Caractéristiques socio-professionnelles
La taille de l’échantillon d’enquête est de 323 personnes dont 170 femmes et 153
hommes soit respectivement 53 et 47%. Par la nature des activités menées dans la
réserve l’implication de tous est remarquable. La raison est donc toute indiquée pour
justifier cette répartition par sexe du moins relativement équilibrée.
L’échantillon des personnes enquêtées est fortement représenté par l’ethnie téké
avec environ 70%. Les autres ethnies comme mbochi, lari, bembé sont également
présentes mais dans des faibles proportions. La population autochtone y vit également.
Outre les nationaux, nous avons aussi dénombré des étrangers ressortissants par exemple
de le RDC, du Rwanda et du Mali.
Dans l’ensemble, les personnes enquêtées vivent à proximité des villages depuis au
moins dix ans (figure 32). Leur connaissance présumée de la zone d’étude a été un atout
considérable pour la collecte des informations auxquelles nous avons pu accèder.
50
pourcentage (%)

40
30
20
10
0
[0-5[ [5-10[ [10-15[ 15 et +

Nombre d'années veçues


Figure 32 : Durée de vie des populations autour et dans le site
Source: Enquête de terrain, novembre-décembre 2017

176
Les personnes enquêtées ont majoritairement les niveaux d’étude primaire et
secondaire ne dépassant pas pour chaque niveau 40%. Les analphabètes atteignent près
de 13% et les personnes de niveau supérieur sont moins de 10% et habitent pour la
majorité Ngo. Par ailleurs, les enquêtés affirment que l’accès aux ressources forestières
dans la réserve de la Léfini est libre sur toutes les terres et pour toutes les personnes.
Aucune autorisation ni des gestionnaires, ni des autorités publiques en fait foi.
L’examen des catégories professionnelles (figure 33) placent les agriculteurs en
première place selon le taux de représentativité. Les populations ont souvent hésité ou
gardé le silence sur la nature de l’activité qu’elles pratiquent. Le vocable ‘’autres
professions’’ regroupe les agents des administrations publiques et privées, des métiers
(motocyclistes, automobillistes, maçons, …), des élèves et des sans profession.

50 42,6
34
Pourcentage (%)

40
30
20 13,7
10 3,5 2 3,9
0

Professions

Figure 33: Catégories socio professionnelles des enquêtés


Source: Enquête de terrain, novembre-décembre 2017

IV.3.2. Régime foncier de la réserve de la Léfini


La propriété des terres de la réserve de la Léfini appartient au MEF (Etat
congolais) ont déclaré 90,4% des enquêtés, alors que 6,1% estiment qu’elles
appartiennent aux propriétaires terriens contre seulement 3,5 % qui les attribuent aux
individus qui y habitent. Nous nous rendons bien compte que près de 10% des enquêtés
ne reconnaissent pas l’Etat comme propriètaire des lieux. L’aire était créée depuis
l’époque coloniale, en 1951 et confirmée en 1960. Une revision des limites a eu lieu en
2008 avec pour conséquence la réduction de près de 4 fois de sa superficie initiale.
Malgré tout, comme pour la majorité des aires protégées, la réserve de chasse de la
Léfini n’est pas juridiquement couverte par un titre foncier.

177
Majoritairement, les enquêtés affirment à 94,6% connaître les limites de la
réserve de la Léfini contre seulement 5,4% qui ont déclaré ne pas les connaître. De
même, 92% savent que la pratique des activités anthropiques (la chasse, l’agriculture,
la pêche, la construction des maisons) dans la réserve est interdite par la loi.

IV.3.3. Modes d’accès à la terre dans les villages autour et dans la réserve
La gestion des terres est sous la responsabilité des chefs de terres « Nga Ntsiè ».
Les terres sont acquises par héritage. Le lignage est propriètaire de tout (forêts, savanes,
rivières, terres non exploitées, exploitées et mises en jachère). L’installation dans les
villages d’un allochtonne se fait suivant une démarche précise. En effet, ce dernier doit
donner un présent, généralement le vin et une somme d’argent depassant très rarement
40.000 FCFA au chef de village. Celui-ci doit désigner, avec l’accord du chef de terre
concerné, le lieu du futur occupant. Il s’agit donc d’un droit d’usufruit. L’acquisition
des terres se fait également par location et de plus en plus par achat définitif.

IV.3.4. Fonctionnement et collaboration


La réserve de la Léfini est confrontée au manque de moyens humains. A
l’exception du conservateur et de son adjoint, cinq écogardes sont affectés mais
seulement trois sont régulièrement à leur poste de travail. Les moyens logistiques sont
insuffisants. Nous avons par exemple recencé une moto pour se déplacer pendant les
longues distances, une seule arme à feu pour les patrouilles.
Dans l’exercice de leur mission de surveillance et de protection de la réserve de
chasse, ces agents forestiers sont soutenus par l’administration sous-préfectorale,
principalement le Sous-Préfet, les commandants de police et de la gendarmerie. Quoi
que rare, les ONGs environnementales apportent également leur soutien multiforme.
C’est le cas par exemple de WCS. De même, depuis 2016, cette réserve de chasse
bénéficie de l’administration américaine par le biais de USAID d’un appui technique et
financier pour la mise en place d’un cadre concensuel et participatif de la gestion des
feux. Avec les différents partenaires du développement, la réserve de la Léfini entretient
des rapports de collaboration basée sur l’assistance.

178
Une collaboration franche existe depuis des années entre les agents forestiers en
service à la réserve de chasse et les autorités traditionnelles. Par contre, les relations
avec certaines populations riveraines sont souvent conflictuelles. Ces dernières
entravent le travail les écogardes en menant les activités proscrites formellement par la
loi dans cette réserve (comme le braconnage ou la chasse).
En dépit de cette interdiction, la loi a prévu quelques droits d’usage applicables
aux populations riveraines. En effet, la loi sur la faune et les aires protégées octroie le
droit de cueillette et de ramassage aux populations. Le droit à la pêche et l’accès à l’eau
en saison sèche au niveau des rivières drainant l’intérieur de cette réserve peuvent être
autorisés selon les circonstances.

IV.3.5. Déterminants de la dégradation du couvert végétal


 Déterminants indirects de la dégradation végétale
Les déterminants indirects de dégradation du couvert végétal sont des facteurs
sous-jacents qui commandent les déterminants directs. La figure 34 renseigne sur
l’importance des déterminants indirects identifiés au cours de la présente étude.

50 45,9

40
Effectif (%)

27,6
30
20 15,8
10,7
10
0
Croissance Arrivée des Textes et Régime foncier
démographique migrants politiques
forestières
Déterminants indirects

Figure 34: Importance des déterminants indirects de la dégradation végétale


Source: Enquête de terrain, novembre-décembre 2017

L’examen de la figure 33 révéle que l’arrivée des migrants affiche le taux le plus
élevé (45,9%), suivi par la croissance démographique (27,6%). Ces détermiants
accroissent les besoins en terres agricoles, en PFNL, en viande de chasse, en produits
halieutiques, en bois de chauffe, en bois d’œuvre et de service.

179
Certes que dans la zone d’étude la population a connu une augmentation mais la
présence des migrants a encore spolié davantage la biodiversité végétale et animale de
la réserve de la Léfini. Les migrants rwandais à Ngo ont même acquis, par le truchement
des pseudos propriétaires terriens des terres dans la réserve de la Léfini. Evaluées à des
dizaines d’hectares, ces acquéreurs rwandais préconisent affecter ces terres à des
activités agricoles. Les gestionnaires de la réserve avaient saisi les autorités politico-
administratives de la localité pour débouter ces nouveaux acquéreurs, mais la confusion
demeure encore jusqu’à ce jour. La biodiversité animale paye également les frais suite
aux intrusions avérées des braconniers. En effet, de plus en plus décriés, les migrants
ressortissants de la RDC mènent des parties de chasse de grande envergure dans la
réserve. Ils s’adonnent aussi à la pêche sans toujours pouvoir être inquiétés.
La méconnaissance des textes et politiques forestières conduit les populations à
mener les activités illégales dans la réserve, près de 16% des enquêtés l’ont notifié,
contre 10,7% pour le régime foncier.

 Déterminants directs amenuisant le couvert végétal


Le couvert végétal de la réserve de la Léfini est aménuisé par de nombreux
déterminants d’importance diverse, selon le point de vue des populations locales, des
gestionnaires de la réserve et de notre propre observation. La figure ci-dessous présente
leurs différentes proportions selon la perception des populations locales.
50 47,4
Effectif (%)

40
30 20,5
20 11,9
8,3 10
10
1,5 0,1 0,1 0,2
0

Déterminants directs

Figure 35: Importance des déterminants directs de la dégradation végétale


Source: Enquête de terrain, novembre-décembre 2017

180
De ce graphique, nous retiendrons que les différents déterminants directs n’ont
pas les mêmes poids sur le couvert végétal. Il ressort également que les feux constituent
le déterminant le plus important de dégradation de ce couvert (environ 47% d’opinion).
Les périodes les plus favorables pour la pratique des feux sont la saison sèche (juin à
août, parfois septembre) et la saison de fléchissement intrapluvial (janvier et février). Il
n’en demeure pas moins que quelques tentatives soient faites pendant les mois
considérés comme pluvieux mais marqués par des séquences des jours sans pluie. La
pratique des feux de végétation devient de plus en plus inquiétante pour les gestionnaires
de la réserve qui affirment que ces feux brûlant tout sur leur passage, s’étalent sur des
longues distances (une dizaine de kilomètre parfois). L’absence des pluies et
l’ensoleillement favorisent l’assèchement rapide des feuilles mortes qui recouvrent les
sols des forêts mésophiles et des savanes. La très faible porosité ne permet pas à ces sols
sableux de garder pendant longtemps l’humidité. Dans ces conditions, les feux brûlent
avec intensité. Par conséquent, la présence de la mince couche de litière forestière
(matière organique) observée après le passage répété des feux au niveau des placeaux
résulte de cette pratique. Par contre, la litière est nettement importante dans les placeaux
situées dans les forêts demeurées encore assez intactes. Ces forêts sont localisées à des
dizaines de kilomètres des villages. Ainsi, les traces de feux sont plus importantes dans
les savanes et les forêts à la périphérie de la réserve. Il en est de même pour la coupe des
arbres. Le taux des traces de feu est à la hausse par comparaison à celui des coupes des
arbres dans les placeaux situées dans les zones de forêts relativement intactes. Il est
respectivement de 7% contre seulement 1%. Bon nombre de ces zones de forêt
présentent les caractéristiques de ne pas avoir été endommagé par le feu depuis plusieurs
années, car aucun tronc récemment carbonisé n’a été inventorié. Le passage des feux
date de longtemps au point où les arbres brulés ont repris normalement leur cycle de
développement.
En poursuivant la lecture de ce graphique, l’agriculture est désignée comme le
second déterminant de dégradation de la végétation (avec un taux d’environ 21%
d’opinion). La technique dite « sur brûlis », préférentiellement aimée par les
populations, est fortement à l’origine de la conversion des formations végétales en
espaces agricoles. De nombreuses populations se livrent à une agriculture mécansée.

181
Les effets conjugués de l’agriculture et des coupes des arbres et arbustes deviennent de
plus en plus dévastateurs sur la végétation naturelle de la réserve. Or, l’évolution
démographique à la quelle fait face la zone d’étude (surtout à Nko, Nsah, Etsouali, et
Inoni Falaise) constitue un fléau car les périodes de jachère ne sont plus assez longues
pour permettre une reconstitution adéquate de la fertilité du sol et la restauration de la
productivité de la terre. La pression de ces populations devient peu à peu un facteur
crucial de déboisement et de dégradation des terres. En l’absence des activités
alternatives, la dépendance par rapport à la production agricole reste très dominante et
accroît l’impact négatif sur la biodiversité. En outre, cette agriculture est liée
significativement à bien d’autres déterminants de perturbation (les feux et la coupe des
arbres). Nos observations de terrain concordent avec les déclarations faites par les
populations enquêtées que les activités agricoles sont faites pour la plupart des cas dans
les zones de savane. C’est une pratique qui rime bien avec les us et coutumes des peuples
tékés des plateaux, car le constat est le même à Nsah, Mpoh, Ngo, Etsouali (plateau de
Nsah-Ngo) et à Inoni Falaise, Inoni Plateau (plateau de Mbé). Intervenant dans le même
contexte, les gestionnaires de la réserve ont affirmé que les zones de forêt, même celles
situées hors de la réserve, sont très peu cultivées ou mises en valeur. Les plantations
sont situées dans la zone périphérique des habitations correspondant aux limites les plus
proches de la réserve par rapport aux villages. Les cultures sont rencontrées à une
distance inférieure à 5 km des villages. Les principaux produits agricoles cultivés sont
le manioc, la banane, le maïs, l’ananas et le piment.
Les coupes systématiques des arbres et d’arbustes transforment, en un rythme
lent, les formations végétales moins denses (forêt méssophile) en formations végétales
très clairsemées (savane arbustive). Ils provoquent également des dégâts sur le
peuplement forestier, ce qui modifie significativement l’ambiance forestière et les
habitats. Ces dégats sont d’ordre géomorphologique (intensification des processus
érosifs) et biologique (variation de densité). La présence de quelques souches d’arbres
retrouvés à certains endroits témoigne effectivement la perte du couvert végétal. Environ
98 % des ménages enquêtés collectent eux-mêmes, par ramassage, leur bois de chauffe.
Son taux de commercialisation est nul. La carbonisation est une activité qui n’est pas

182
pratiquée dans la réserve de la Léfini, mais, elle est très répandue dans les forêts hors
réserve.
Le ravitaillement en PFNL (ramassage et cueillette) causerait moins de dégâts si
les populations ne se contentaient que de la cueillette des champignons, des feuilles de
Marantaceae (atsuiri en téké) et comestibles (comme le Gnetum africanum Welw) ou au
ramassage des fruits, des chenilles et du bois mort. Le prélèvement des lianes, des
raphias et des rotins destinés à la fabrication des meubles et corbeilles (usage artisanal)
devient une pratique responsable du déséquilibre de l’habitat. En effet, les plantes
héliophiles parasitaires sont parmi les végétaux détruits. Le taux de dégradation de la
forêt par ce déterminant est estimé à environ 8%.
La chasse est également considérée comme un déterminant direct de la
dégradation du couvert végétal. Si pour les précédents déterminants les avis des acteurs
de terrain (les gestionnaires de la réserve et les populations riveraines) sont globalement
restés convergents, mais leurs points de vue sur la chasse divergent. Les populations
enquêtées ont déclaré le taux de destruction à 30%. Pour elles, c’est la chasse de
subsistance qui est pratiquée à l’aide des techniques rudimentaires. Les dégâts sont
négligeables car ils se limitent à l’ouverture des pistes dans les zones de forêts pour le
passage des chasseurs et quelques coupes d’arbres pour le feu. Par contre, les
gestionnaires de la réserve considèrent que la pratique de la chasse est aussi responsable
de la dégradation de la végétation. La forme la plus dévastatrice est la pratique de la
chasse communautaire « Mvura » où le feu est utilisé comme arme. En effet, elle
consiste à éviter de brûler pendant la saison des pluies une touffe de savane (biotope)
dans laquelle vont se réfugier les animaux, préférentiellement les rongeurs (rats,
aulacodes, céphalophes, athérure). Piégés dans ce biotope, ces animaux sont chassés
avec la technique de mise à feu bien contrôlée pendant la saison sèche. La touffe de
savane est calcinée et aucun animal ne subsiste. Cette technique détruit
systématiquement la biodiversité animale et végétale. Dans leur mise au point, les agents
forestiers ont affirmé que certes le gibier chassé est destiné à l’autoconsommation mais
une partie est aussi affectée à la commercialisation. L’activité devenant lucrative, il y a
donc manifestemment la recherche du profit par les populations. Dans de telles
circonstances, les populations s’exposent à des sanctions prévues par la loi sur la faune

183
et les aires protégées. Enfin, les populations enquêtées et les agents forestiers ont affirmé
que la pêche est le premier déterminant qui cause moins de dégâts sur le couvert végétal.

IV.3.6. Exploitation des ressources forestières


 Pression sélective sur le bois et leur usage
La coupe du bois est motivée pour des besoins de service tels que les perches pour la
construction des hangars et des greniers. Le recours au bois d'œuvre permet à ces
populations de satisfaire leurs besoins en lits, bancs ou tabourets. C’est par exemple de
l’espèce Millettia laurentii De Wild. (Wengué) utilisée pour les meubles décoratifs, la
production de sculptures (fabrication des mortiers et des pilons), de masques et de
tambours. Les plantes comme Coelocarum (malombo), Grewia coriacea Mast. (Ntsui-
téké) sont particulièrement recherchées pour leurs fleurs ou leurs fruits comestibles. Les
écorces ou racines des espèces à haut pouvoir calorifique et afrodisiaque sont également
prélévées. Les populations se livrent également au prélévement des écorces d’arbres de
nombreuses espèces comestibles pour des fins médecinales. Le melange des ecorces en
poudre de Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain (Essoula) avec du kaolin et de l’huile
de palme traite les douleurs rénales, les maux de tête et les rhumatismes. Le jus
d’Essoula s’instille en gouttes dans les yeux guerit la filariose et la conjonctivite, et les
feuilles écrasées s’appliquent sur les morsures de serpent, la gale et les zones de
démangeaisons. La décoction d’écorce de Pentaclethra eetveldeana De Wild. &
T.Durand (Engona) est consommée pour soigner les maladies respiratoires et génito-
urinaires. La decoction d’écorce de Millettia laurentii De Wild. (Wengué) traite les
affections hépatiques, le diabète, les hernies, les maladies de la peau, la constipation, la
fièvre et les rhumatismes. L’écorce de Wengué guerit l’épilepsie et la variole. Elle est
également utilisée comme un poison de pêche, un insecticide et un vermifuge. La
décoction d’écorce de Margaritaria discoidea (Baill.) Webster (Ebebeng)
est appliquée sur la peau comme stimulant et tonique, et se prescrit pour soulager les
douleurs et les furoncles. Suivant leurs us et coutumes les populations autochtones des
plateaux téké font de plus en plus recours à la pharmacopée. Toutefois, il convient de
préciser que la recherche de la guérison à partir des plantes n’est pas une pratique
uniquement propre à ces populations. Nonobstant la faible fréquence, la médecine

184
traditionnelle est répandue sur l’ensemble de la réserve de la Léfini en particulier et des
plateaux téké en général.

 Raréfaction et disparition de certaines espèces végétales


La raréfaction et la disparition d’espèces végétales, est appréciée à partir des
points de vue des populations locales pendant les phases d’enquêtes et de nos propres
observations de terrain. Sur le plan alimentaire, nous soulignons la rareté des espèces
comme Grewia coriacea Mast. (Ntsui téké) qui enregistre une forte mortalité et leur
productivité semble être en baisse. Les fruits ne sont plus assez abondants pour apporter
un appoint alimentaire aux populations locales. Sur le plan de la médécine traditionnelle,
les populations déclarent qu’il faut aller très loin de leurs villages pour trouver les
racines, les écorces, les feuilles de certaines espèces. Pour des raisons d’exploitation
intensive et excessive la pharmacopée est en mal de plantes.

V. Impact sur les composantes environnementales


V.1. Interaction entre déterminants et composantes environnementales
Une interaction est établie entre les déterminants de dégradation de la végétation
et quelques composantes de l’environnement. En raison de leur rôle, cinq principales
composantes ont été choisies comme l’indique le tableau 21.

185
Tableau 21 : Interaction entre les déterminants de dégradation de la végétation et les composantes environnementales
Composantes de l’environnement
Déterminants Abiotique Biotique
Sol Relief Eau de surface Végétation Faune
Perturbation des Exposition Destruction et perte de Dérangement et disparition de
Feux propriétés physiques des vallées et végétation la diversité faunique
et risque d’érosion des pentes
Appauvrissement et Modification Perte des formations Dérangement et disparition de
Agriculture dégradation des sols de la structure végétales naturelles la diversité faunique
Coupe des Rupture d’équilibre Rupture Exposition du milieu Destruction / perte de Dérangement et fragmentation
arbres d’équilibre humide à la température végétation d’habitats
Prélèvement Rupture d’équilibre Rupture Exposition du milieu Diminution des Dérangement et disparition de
des PFNL d’équilibre humide à la température ressources végétales la diversité faunique
Destruction de la Diminution et disparition des
Chasse végétation par le feu ressources fauniques
utilisé comme arme de
chasse
Dégradation des zones Diminution voir disparition
Pêche humides des ressources fauniques

186
Les impacts liés à l’action combinée des feux et des coupes d’arbre sur le sol et
le relief (topographie) sont très visibles au niveau des pentes. En effet, les étendues
importantes de végétations détruites (photo 10) chaque année provoquent des dommages
comme la disparition des espèces fauniques, la stérilisation des sols par appauvrissement
de la couche arable, l’exposition des sols face au ruissellement des eaux (photo 11).
Planche 5 : Impact de l’activité anthropique sur le couvert végétal

Photo 10 : Feu de végétation dans la réserve de la Léfini


(Prise de vue: H.B. Goma Boumba, 2018)

Photo 11: Erosion des sols le long de la rive gauche de la rivière Léfini
(Prise de vue: Bertin Ngandzion, ancien Conservateur, 2015)

Le terrain accidenté brûlé est enclin à réduire la fertilité des sols et la capacité de
rétention d’eau. Les incendies répétés entraînent, en amont, souvent l’érosion des sols
ce qui affaiblit la rétention d’eau et accélère leur chute en aval. L’action des feux sur la
végétation certes provoque le dérangement et la disparition de la diversité faunique mais
les dégâts sont différemment présentés selon les trois types des feux que nous avons
observés dans la zone d’étude. Il s’agit des feux de surface, des feux de cime et des feux
de sol.

187
Comme l’indique la photo 8, ici les feux de surface brûlent les broussailles et la
litière des forêts. La conséquence est la conversion du couvert végétal en sol dénudé.
Ces feux sont maîtrisés en dégageant la zone environnante de la végétation basse et de
la litière, ou en creusant des sillons pour délimiter la zone.
Par ailleurs, le paysage présent sur la photo 9 indique le passage après les feux
de cime. Ces feux se sont propagés au sommet des arbres ou des buissons par
transmission de chaleur. Ceux-ci sont repandus entre les combustibles (feuilles ou
branches sèches) par l’intermédiaire d’étincelles ou de sautes de braises mais aussi par
le vent (apport en oxygène). Ils sont difficiles à éteindre et peuvent se propager sur une
dizaine de kilomètres. Seuls les obstacles naturels (cours d’eau et clairières) peuvent
former un barrage aux feux de cime. Les agents forestiers tentent de les circonscrire par
des zones de contre-feu localisées à envion 500 mètres autour du gite de Mpoh pour
épargner celui-ci des éventuels incendies. La conséquence est la perte par combustion
des branches, des fruits et des feuilles. Les quelques troncs d’arbres brûlés partiellement,
restent encore debouts et deviennent des bois morts. Ils ont été 291 à être inventoriés
pendant nos opérations de propection botanique. Dans de telles conditions, ces bois
n’assurent plus aucune fonction biologique telle que la photosynthèse ou la phénologie.
Enfin, les feux de sol brûlent la litière du sol, la couche superficielle d'humus de
la forêt mais pas la végétation haute. Ces feux sont fréquents dans la savane et dans les
forêts secondaires proches des villages. La chute des litières participent au processus du
fonctionnement des forêts, au transfert des éléments minéraux, de leurs recyclages, mais
aussi du transfert du carbone de la végétation au compartiment sol. La conséquence est
que les feux arrêtent la décomposition de la matière organique qui affecte directement
la dynamique des écosystèmes forestiers comme source ou puits de carbone, par la
libération du CO2. Une fois localisés, les feux de sol sont difficiles à éteindre à moins
que la couche d'humus ne soit pas très profonde.

V.2. Evaluation et quantification des impacts


L’évaluation et la quantification d’impact environnemental sont faites à partir des
critères d’appréciation indiqués dans le tableau 22.

188
Tableau 22 : Appréciation d’impact de chaque déterminant
Déterminant Paramètres d’appréciation d’impact
Intensité Etendue Fréquence Durée
Feux Forte Forte Forte Annuelle
Agriculture Moyenne Faible Moyenne Saisonnière, annuelle
Coupe d’arbre Faible Faible Faible Annuelle
Prélèvement des PFNL Faible Moyenne Moyenne Annuelle
Chasse Moyenne Faible Forte Annuelle
Pêche Faible Faible Moyenne Annuelle

L’action des feux sur le couvert végétal est bien visible. L’intensité, l’étendue et
la fréquence sont fortes. Leur taux est > 50 %. La proportion de la superficie impactée
est très considérable dans l’espace et dans le temps. Cet impact peut être observé toute
l’année même pendant la saison des pluies en cas d’épisodes secs de quelques jours.
L’intensité et la fréquence de l’agriculture varient entre 25 et 50%. Suivant l’échelle
d’appréciation d’impact, son action est donc considérée moyenne alors qu’il est faible
(< 25%) pour l’étendue (la taille ou la superficie de chaque champ dépasse très rarement
1ha). L’impact sur la végétation issue de la coupe d’arbres et d’arbustes est très limité.
L’intensité, l’étendue et la fréquence sont particulièrement faibles. Bien que cet impact
soit limité, la perte de la végétation et de la couche d’humus est tout de même observée.
Ce déterminant de dégradation se répète néanmoins tout le long de l’année. Les
empruntes anciennes et franches laissées par les coups de machette restent toujours
visibles sur les arbres. De même, l’intensité de la dégradation due à la pratique de chasse
doit être considérée comme moyenne alors que son étendue et sa fréquence sont faibles.
L’impact de la pêche est très négligeable sur la végétation.

Conclusion

La cartographie d’occupation du sol issues de la dynamique des formations végétales et


a permis d’analyser les états du couvert végétal en 2001, 2011 et 2018 et d’en dégager
la tendance évolutive. De 2001 à 2011, les sols dénudés et affleurement rocheux est la
classe la plus représentative, alors que la savane herbeuse ouverte à faible strate

189
arbustive est en légère augmentation. La forêt ombrophile à tendance mésophile et la
forêt secondaire présentent une tendance à la réduction de leur cortège floristique. De
2011 à 2018, la tendance s’est totalement inversée pour la forêt secondaire. La forêt
ombrophile à tendance mésophile continue à connaître une évolution à la baisse. De
façon générale, Le NDVI intégré sur la saison de végétation active indique une tendance
à la hausse par ce qu’il est lié à l’activité du couvert végétal. Les formations arbustives
et herbeuses et les sols nus ont des très faibles valeurs du NDVI, leur canopée est
claisémée. La couverture de la canopée joue donc un rôle primordial. Contrairement au
milieu de forêt, les zones non forêt connaisssent une chute importance du NDVI. Ces
formations végétales sont en phase de déséquilibre causée par les activités anthropiques.
Les résultats ici présentés ont fait l’objet de discussion dans les pages ci-après.

190
CHAPITRE VII : DISCUSSION DES RESULTATS

Le présent chapitre est consacré à la comparaison de nos résultats avec ceux


obtenus à l’échelle de la région guinéo-congolaise et bien au délà. Les résultats auxquels
nous sommes parvenus comparés avec ceux de nos prédécesseurs ne peuvent pas
forcement être similaires car les aires prospectées ne sont toujours pas identiques.

I. Discussion sur la caractérisation du couvert végétal


I.1. Critique des techniques et méthodes utilisées
L’approche de collecte de données basée sur la méthode classique a nécessité de
réunir un nombre important de relevés phytosociologiques pour un double intérêt. Le
premier intérêt venant de ces données est la connaissance de la composition et de la
diversité floristique. Le second est la mise en évidence des différents groupements de
végétation. Cette approche a été complétée par la démarche phytosociologique
permettant de procéder à la structuration de la végétation aussi bien sur le plan horizontal
que vertical. Un critère a été préalablement défini avant l’inventaire de la flore ligneuse,
il est d’ordre dendrométrique se rapportant à la circonférence minimale de l’arbre fixée
à 31.4 cm au moment de la prospection.
Pour caractériser la végétation, la composition floristique, la diversité de la flore
et la structure de la végétation ont été analysées. Pour tirer les conclusions raisonnables,
nous avons complété cette analyse par quelques indications écologiques de la zone étude
et du secteur de transition congolo-zambézien de la région guinéo-congolaise. Cette
caractérisation s’est faite suivant la démarche phytosociologique comprennat l’étape
analytique et l’étape synthétique, largement décrites par A Lacoste et R. Salonon (2010,
p.53-65).
L’étape analytique est réalisée essentiellement sur le terrain avec la
reconnaissance des communautés végétales et la confection des relevés ou de la liste
floristique sur la base de la physionomie, de la structure verticale, de la nature du substrat
et des facteurs anthropiques. Les relevés phytosociologiques ont été réalisés sur des
aires de même dimension de l’échantillon mais de nombre inégal en fonction des types
de strate (forêt ou savane). L’aire inventoriée était de 0.5 ha ou 5000 m² (250 m de long

191
sur 20 m de large). Conformément à la présente étude, la densité moyenne par hectare
est de 110 arbres. Ces dimensions, loin d’être exagérées, nous paraissent logiques
compte tenu de la nature de la végétation constituée de mosaïque forêts-savanes. Ces
forêts sont essentiellement de type mésophile (forêt claire) pendant que la savane
herbeuse est majoritairement formée de vastes étendues d’herbes graminées dépouvues
d’arbustres ou d’arbres. La dimension de la placette est la même quelque soit la ou les
strates qui la couvrait. Nous avons donc inventorié les parcelles à strate forestière, à
strate savanicole et les parcelles aux deux strates. Notre aire minimale appartient à
l’intervalle défini par H. Belesi Katula (2009, p. 27) qui le fixe comme suit : 225 - 625
m² pour les relevés des jachères et recrûs forestiers, forêts secondaires jeunes et forêts
édaphiques liées aux sols hydromorphes et ≥ 625 m² pour les forêts denses
sempervirentes et semi-caducifoliées de terre ferme. Des perturbations d’origine
naturelle ou humaine nous ont contrait d’opter pour la première aire.
L’étape synthétique correspond à la confrontation des résultats de l’étape
précédente c’est-à-dire la confection des tableaux phytosociologiques ainsi que leur
interprétation. Cette phase concerne donc les analyses statistiques simples. Les variables
comme l’abondance, la surface terrière, la dominance relative, la densité relative, les
indices (de Shannon, Simpson et de Piélou) ont été déterminés.

I.2. Analyse de la végétation


I.2.1. Richesse de la flore
La notion de diversité comprend deux aspects: la diversité spécifique pour les
espèces et la diversité générique pour les genres d’une part et la régularité, qui est la
manière selon laquelle les individus des espèces se répartissent entre les différentes
catégories des taxons (H. Belesi Katula 2009, p.239) d’autre part. Cette étude a permis
d’établir une liste de 105 espèces dont Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain (Essoula),
Margaritaria discoidea (Baill.) Webster (Ebebeng), Musanga cecropioides R.Br.
(Parasolier), Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand (Engona), Hymenocardia
acidaTul. (Musia), Staudtia kamerunensis Warb. (Niové), Beilschmiedia obscura
(Stapf) Engl. ex A. Chev. (Kanda), Petersianthus macrocarpus (P.Beauv.) Liben (Essia),
Grewia coriacea Mast. (Ntsui-Téké), Macaranga barteri Müll. Arg. (Assas1) sont les

192
espèces les plus abandantes. Certaines de ces espèces sont identiques à celles obtenues
dans les mêmes unités morphologiques (plateau téké). Nos résultats corroborent les
observations faites par D. Schwartz et al (1995, p.100), J.M. Moutsamboté (1998, 2012,
p.87-96.).
Les relevés floristiques dans les zones de forêts indiquent que les Euphorbiaceae
(9%), Annonaceae (7%), Fabaceae-Caesalpinioideae (7%), Olacaceae (7%), Fabaceae-
Mimosoideae (5%), Meliaceae (5%), Apocynaceae (4%), Clusiaceae (4%),
Miristicaceae (4%) et les Phyllanthaceae (4%) sont les familles les mieux représentées.
Dans toutes les formations forestières de la région guinéo-congolaise, l’inventaire
floristique des ligneux révèle la dominance des Rubiaceae, des Fabaceae, des
Euphorbiaceae et des Phyllanthaceae (L.A. Kouka 2006, p.72; H.B. Goma Boumba,
2006, p.24 ; H. Dibi N’da 2008a, p.560-566 ; V. Kimpouni, E.Apani et M. Motom,
2013a, p.113). H. Belesi Katula (2009, p.63) constate également la présence remarquable
des familles typiques des forêts matures comme les Annonaceae, Apocynaceae,
Arecaceae, Connaraceae, Dichapetalaceae, Ebenaceae, Fabaceae/ Caesalpinioideae,
Irvingiaceae, Malvaceae/Sterculioideae, Meliaceae, Olacaceae, Rubiaceae,
Sapindaceae, Sapotaceae, Ulmaceae, Violaceae. Ces familles font partie des faciès de la
forêt dense humide, où le nombre d’espèces par hectare se compte en centaines (F.
White, 1986, p.86). Nous constatons que la plupart des familles présentes dans cette
réserve figurent parmi les familles les mieux représentatives de la région guinéo-
congolaise. La comparaison de ces données floristiques met en évidence plus de
ressemblance et très peu de dissemblance. En effet, plusieurs espèces formant le noyau
du groupement végétal des îlots de la réserve de la Léfini sont celles des formations
ombrophiles à tendance mésophile des plateaux Téké, qui sont réellement typiques des
formations forestières denses humides. Cette répartition en famille atteste effectivement
que cette réserve se situe, à l’échelle de cette région, dans la zone de contact forêt savane.
Finalement, comme pour toutes les forêts humides mésophiles étudiées, le déterminisme
de la formation de cette réserve est édaphique et non climatique. Abordant dans le même
contexte, B. Peyrot (1977, p. 18) affirme que la distribution floristique est parfaitement
corrélée à la diversité de sols décrite dans la région. F. White (1986, p.84) fait remarquer
que le développement forestier en région guinéo-congolaise étant sous la dépendance

193
des facteurs édaphiques, est une raison suffisante pour expliquer l’existence des poches
floristiques et leur forte densité. Plus spécifiquement, l’abondance de certaines familles
avait préoccupé plusieurs auteurs. J-L. Guillaumet (1967, p. 108, 157-158) attribue
l’abondance des Rubiaceae et des Euphorbiaceae à la présence des forêts mésophiles au
Bas-Cavally (Côte d’Ivoire). C. Evrard (1968, p.129) justifie la prépondérance des
Rubiaceae dans la Cuvette centrale par leur présence à la fois dans les formations
herbeuses, dans les forêts ombrophiles semi sempervirentes et surtout dans les forêts
denses sempervirentes. De son côté, H. Belesi Katula (2009, p.63) a porté une
explication à la représentativité de certaines familles. En effet, les Rubiaceae,
Arecaceae, Connaraceae, Dichapetalaceae, occupent la strate arborescente inférieure de
la plupart des forêts et justifient ainsi leur abondance dans ces types forestiers. Les
Apocynaceae, Euphorbiaceae, Fabaceae / Mimosoideae sont les familles très souvent
rencontrées dans les types transitoires c’est-à-dire les forêts secondaires et les milieux
ouverts. Elles occupent souvent les strates arborescentes.
Cette diversité est aussi constituée par un groupe de 17 familles (soit 42%) que
nous pouvons qualifier de « rares ». Chacune de ces familles compte une seule espèce.
Il s’agit d’Anacardiaceae, Anisophylleaceae, Asteraceae, Cannabaceae,
Chrysobalanaceae, Ebenaceae, Irvingiaceae, Lauraceae, Lecythidaceae, Malvaceae-
Bombacoideae, Myrtaceae, Ochnaceae, Passifloraceae, Rhamnaceae, Ruscaceae,
Rutaceae, Salicacea). Cette faible présence pourrait corroborer les exigences
écologiques des espèces de ces familles. Mais une prospection de longue durée pourrait
éventuellement découvrir soit d’autres espèces de ces familles soit de nouvelles espèces
car la zone est peu ou faiblement explorée.
En considérant l’ensemble des familles de la florule de la réserve de la Léfini,
une richesse générique assez importante est observée. Selon leur richesse spécifique, les
genres les plus représentés par ordre décroisant sont les Plagiostyles, Margaritaria,
Pentaclethra, Hymenocardia, Musanga, Macaranga, Staudtia, Beilschmiedia, Dialium,
Xylopia, Petersianthus, Greuvia, Milletia. Ces effectifs temoingnent de la diversité des
genres bien que marquée par une inégale répartition des individus.
Ces différentes familles et genres constituent la forêt ombrophile à tendance
mésophile (J.M. Moutsamboté, 2012, p.51). Cette forêt est subdivisée en plusieurs îlots

194
de forêts rencontrées pendant les opérations d’inventaire et confirmés après traitement
des données floristiques. Il s’agit de la forêt à Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain, de
la forêt à Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand, de la forêt à Anisophylea
purpurascens Hutch. & Dalz., de la forêt à Milletia laurentii De Wild, de la forêt à
Margaritaria discoidea (Baill.) Websteret, de la forêt secondaire à Musanga cecropioides
R.Br. Ces résultats sont similiares aux travaux sur les plateaux Téké, dans les régions
d’Ewo et sur les sommets de mamelons dans la région de Makoua. Ces différentes zones
s’intègrent bien dans les limites géographiques des districts de la Léfini et des Plateaux
Téké (V. Kimpouniet al, 1992, p.118). Ces travaux sont ceux menés par L. Makany
(1976, p.73-77) et J.M Moutsamboté (2012, p.191) qui ont identifié la forêt à
Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand et la forêt à Milletia laurentii De Wild.
La première est localisée sur les sols désaturés de la zone des collines à vallées sèches,
sur les flancs des plateaux sur les sables blancs et sur les sols squeletiques. La seconde
se rencontre sur des sols plus riches des bas-fonds.
Les savanes de la zone sont formées des strates herbeuse et arbustive.
Hyparrhenia diplandra Stapf est l’espèce dominante de la strate herbeuse. Ce tapis
végétal recouvre les zones de plateau, les sommets de versants et des hautes collines.
Les strates arbustives sont dominées par Hymenocardia acida Tul. A ceci s’ajoutent
Bridelia ferruginea et Annona arenaria Schumach & Thonn. L’Hymenocardia acida
Tul. est la seule espèce dont le diamètre de tiges est le plus important, supérieur ou égal
à 10 cm (seuil fixé dans le cadre de la présente étude). Ces savanes s’étalent sur des
vastes superficies, elles constituent la formation végétale la plus dominante des plateaux
Téké. La présence de ces espèces ligneuses et non ligneuses avaient fait longtemps
l’objet des études détaillées qui de nos jours restent toujours d’actualité. B. Peyrot (1977,
p.16) et M.J. Samba-Kimbata et M. Mpounza (2001, p.22) confirment que la savane à
Loudetia demeusii occupe une vaste étendue sur les sables téké, où elle se présente
comme une formation à tapis graminéen clairsemé, avec une strate arbustive à base
d’Hymenocardia acida Tul.
Malgré cette dominance de savane herbeuse, une dynamique végétale a été
observée dans les zones de contact forêt-savane par plusieurs auteurs. J-M. Avenard
(1969, p.78) affirme que des expériences faites dans les plateaux Téké montrent, sur les

195
sables, une progression forestière lorsque les placeaux expérimentaux sont protégés : il
ne s’agit pas d’une savane qui se boise progressivement, tout en restant savane, mais de
la substitution d’une véritable forêt, très proche de la forêt ombrophile, à une savane
pauvrement arbustive.

I.2.2. Diversité, structure et groupements végétaux


L’abondance relative la plus représentative de toutes les familles est occupée par les
Euphorbiaceae. La population végétale, constituée des espèces ligneuses de forêt et de savane
arbustive, est en équilibre et la diversité est minimale. L’augmentation du diamètre des espèces
n’est pas proportionnelle à celle du nombre d’individus.
L’indice Shannon-Wiener donne les mêmes tendances que l’indice d’équitabilité
qui est plus élevé en forêt qu’en savane. Les espèces rencontrées dans cette forêt sont
plus équitablement réparties que celles de la savane arbustive. L’indice de diversité de
Simpson montre que la répartition de la flore est plus elevée en savane arbustive où la
diversité est minimale qu’en forêt où cette diversité est maximale.
Les deux formations végétales, la forêt et la savane, présentent respectivement
une richesse spécifique de 1576 et 88 espèces pour des diamètres supérieurs ou égaux à
10 cm. Les valeurs obtenues pour les indices de Shannon-Weaver caractéristiques de
ces écosystèmes sont élevées en forêt et faibles en savane. En effet, l’indice de Shannon
est de 3.86 à 0.17 bits avec une moyenne de 2.02. Il montre une grande diversité
biologique de la formation forestière. Ces valeurs suggèrent une prédominance d’un
petit nombre d’espèces par rapport aux autres. Cela peut être lié au fait que certaines
espèces observées dans les parcelles évoluent en peuplement et non en individus isolés.
C’est le cas par exemple de Milletia laurentii De Wild. (Wengué) dans la placette n°1,
d’Hymenocardia acida Tul. (Musia) dans les placeaux n° 4 et 8, de Musanga
cecropioides R.Br. (parasolier) dans la placette n°5 et de Xylopia aethiopica (Dunal) A.
Rich. (Oyang) dans la placette n° 16. Les valeurs d’indice d’équitabilité de Piélou des
deux formatoins végétales ligneuses ne sont pas en phase. Il est très élevé (0,80) en forêt
et très faible (0,15) en savane arbustive. Ce résultat présente aussi parfaitement la réalité
de terrain qui confirme, d’une part la répartition assez régulière des individus entre les
espèces en forêt, et la domination de tout le peuplement par une seule espèce, en

196
l’occurrence Hymenocardia acida Tul. (Musia) d’autre part. Tous les individus
appartenant à cette espèce ont des faibles diamètres compris entre 10 et 40 cm. A
contrario, l’indice de Simpson est très élevé en savane (0.93) où la diversité est minimale
et presque nulle en forêt (0.03) où la diversité est maximale. Sur les 39 familles
inventoriées, la formation savanicole n’est représentée que par une seule famille,
notamment Hymenocardiaceae constituée de deux espèces Hymenocardia acida Tul.
(Musia) et Hymenocardia ulmoides Oliv. (Ngaikoko). La formation forestière detient
l’ultra majorité des familles et des genres. Les espèces savanicoles sont au nombre de 2
contre 103 espèces forestières. L’abondance relative des familles forestières les plus
représentées se présente comme suit : Euphorbiaceae (8%), Annonaceae (6%),
Fabaceae- Mimosoideae (6%), Olacaceae (6%), Fabaceae-Caesalpinioideae (4%),
Meliaceae (4%), Apocynaceae (3%), Clusiaceae (3%), Myristicaceae (3%),
Phyllanthaceae (3%). Il ressort clairement que l’indice de Simpson corrèle inversement
avec la diversité.
Les indices de Shannon et d’équitabilité de Piélou que nous avons obtenu dans la
zone de forêt sont presques similaires à ceux de la forêt de la zone soudano-guinéenne
déterminés par B. Sounon Bouko (2007, p.225) avec respectivement 3,11 bits et 0,84.
Nous sommes dans des zones de forêts claires marquées par le caractère semi-décidu
des feuilles malgré des nuances climatiques assez particulières. En effet, cette zone
soudano-guinéenne est caractérisée par une saison sèche plus marquée (environ 6 mois),
des précipitations moyennes annuelles variant de 900 à 1200 mm et une température
moyenne de 32 °C.
Dans les conditions écologiques, climatiques et édaphiques similaires ou presque,
la richesse spécifique que nous venons d’enregistrer à la réserve de la Léfini est
relativement abondante. Mais, cette richesse est moins fournie que celle dressée par L.
Makany (1976, p.259-282). La superficiée inventoriée par cet auteur s’étalant
entirèment sur deux plateaux (Nsah-Ngo, et Mbé) et la plaine de Mpouya est largement
plus vaste que la nôtre touchée par une forte activité anthropique, les feux incontrôlés.
Au niveau des formations savanicoles, la strate herbacée étant généralement peu
diversifiée (dominée par les Hyparrhenia diplandra Stapf), l’existence d’une strate
arbustive moins dense et éparse peut expliquer la diversite floristique plus pauvre en

197
ligneux. Cette faiblesse de la densité de la strate ligneuse dans la savane (5,29%) pourrait
avoir une origine édaphique ou anthropique. En effet, cette savane est localisée
majoritairement sur les sols ferralitiques fortement désaturés et formés sur le matériau
sableux et sablo-argileux (chapitre IV). Ces sols sont relativement homogènes et
profonds. La pauvreté chimique de ces sols fortement dépourvus en éléments majeurs
et en oligo-éléments les rend peu fertiles. Ils sont filtrants, ne conservent ni l’eau, ni les
éléments nutritifs du sol. H. Dibi N’da et al., (2008a, p.575-576) constatent qu’à
l’opposé de la strate herbacée qui se renouvelle dès les premières pluies, une partie de
la strate arbustive peut disparaître, contribuant ainsi à réduire la densité et la diversité
de cette dernière. En outre, la perturbation plus importante de cette savane par les feux
expliquerait la faible équitabilité de la répartition des espèces par rapport à la savane à
strate arbustive.
Au niveau des formations forestières, la strate arbustive constituée en îlots de
forêt confirme la diversite floristique riche en ligneux. La densité de strate ligneuse est
très forte (95,71%). Elle est liée aux conditions écologiques favorables qui prévalent
dans ce milieu. La répartition des tiges par classes de diamètre en forme de J inversé est
caractéristique des forêts tropicales (J.L. Doucet 2003, p.164 ; H. Dibi N’da et al. 2008a,
p.570).
La distribution des individus entre les classes de diamètre montre un très grand
nombre des petits individus entre 10 et 40 cm (79,2%), des individus moyens entre 40
et 70 cm (16,2%), les gros individus entre 70 et 100 cm (3,2%) et les très gros individus
au-delà de 100 cm de diamètre (1,4%). Suivant cet ordre croissant de diamètre, les
individus présentent une évolution décroissante c’est-à-dire qu’ils sont en grand nombre
au début de leur phase de jeunesse et plus petit nombre dans la phase de maturité. Cette
répartition confère une structure identique à celle de la forêt dense semi decidue (H.B.
Goma Boumba, 2006, p.25 ; H. Dibi N’da, Y.C.Y. Adou, K.E. N’geussan et al., 2008a,
p.557). Cette structure de forêt dépend des conditions écologiques particulières
(humidité des sols, absence de feux et d’exploitation forestière) qui permettent aux
essences forestières d’atteindre des diamètres importants (H. Dibi N’da, Y.C.Y. Adou,
K.E. N’geussan et al., 2008a, p.574). La diminution du nombre d’individus en fonction
de l’augmentation du diamètre est observée sur l’ensemble des classes. Le nombre

198
d’individus plus important dans les classes de petits diamètres (10-40 cm) se justifie par
la dynamique de régénération. La modification des conditions écologiques induites par
les trouées consécutives favorise également la croissance des individus de petits
diamètres (J.L. Doucet 2003, p. 163).
Par ailleurs, l'abondance des individus ne se traduit pas par leur dominance et que
la surface terrière des ligneux n’est pas tributaire du nombre d’espèces, mais du
diamètre des individus. En effet, la surface terrière est plus importante dans la classe des
diamètres élevés (≥ 100 cm), soit 26,45 m² contre 11,68 m² pour la classe des petits
diamètres (10-20 cm) quoi que regroupant le plus grand nombre d’individus. La
différence de ces surfaces est par conséquent significative. Ce constat fait comprendre
que la réserve de la Léfini renferme un nombre important d’arbres de grand diamètre.
L’exploitation de bois de grumes étant interdite dans l’aire protégée, les diamètres des
ligneux peuvent encore croître d’avantage. Il ressort clairement qu’il n'existe pas de
corrélation nette entre les densités relatives et les classes de diamètres. Il n'en existe pas
non plus entre les densités relatives et les sufraces terrières ou les dominances relatives.
L’étude révèle des groupements végétaux plurispécifiques variant d'une zone
écologique à une autre. De façon générale, les grandes tendances des forêts rencontrées
sont à Milletia laurentii De Wild. (Wengué), à Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain
(Essoula), à Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand (Engona). Les forêts
secondaires à Musanga cecropioides R.Br. (parasolier), Macaranga barteri Müll. Arg.
(Assas1) se développent sur les sols sablo-argileux habritant des anciennes exploitations
agricoles. Ces groupements constituent les forêts ombrophyles à tendance mésophile.
Ils colonisent les plateaux Téké et les régions d’Ewo et de Makoua (J.M. Moutsamboté,
2012, p.51).
La seconde zone écologique est essentiellement savanicole à dominance
Hyparrhenia diplandra et Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb. Les deux groupements
ont été également identifiés proche de notre zone d’étude, sur des sols sableux dans la
Cuvette congolaise par J. Yoka, J.J. Loumeto, J. Vouidibioet al., (2010, p.61). Plus loin
des plateaux Téké, sur des sols argileux de la vallée du Niari, ces formations sont
beaucoup répandu (B. Guillot, 1978, p.8 et 15 ; J. Diamouangana, 2002, p.95-100). Ces
groupements sont aussi présents en RDC (F. Muhashy Habiyaremye, 2011, p.14). Ces

199
résultats montrent que ces savanes sont largement représentées en Afrique inter tropicale
(J. Yokaet al., 2010, p.70). En ce qui concerne les raisons de leur existance, il s’agit,
d’une part des savanes associées à un climat saisonnier et à des conditions particulières
de sols, déterminant l’humidité disponible, et d’autre part des savanes où la périodicité
est déterminante, mais où les feux jouent un rôle modificateur (J. Yoka, J.J. Loumeto, J.
Vouidibio et al., 2010, p.66).
Au regard de l’analyse de la caractérisation de la végétation, il ressort que les
familles et les genres appartiennent à la région guinéo-congolaise. Les espèces formant
le noyau du groupement végétal des îlots sont celles des formations ombrophiles à
tendance mésophile des plateaux Téké sous la dépendance des facteurs édaphiques. La
diversité floristique est riche en forêt mais pauvre en savane. Les densités relatives ne
corrèlent pas avec les classes de diamètres, de même les densités avec les surfaces
terrières ou les dominances relatives. Ainsi notre première hypothèse qui évoque que
« l’existence de groupements végétaux reflète l’hétérogénéité spatiale de la végétation
des forêts et des savanes » est alors vérifiée.

II. Discussion sur la dynamique du couvert végétal


II.1. Critique des techniques et méthodes
La comparaison des classifications est l’une des méthodes pour détecter les
changements de l’occupation du sol qui a été appliquée dans le contexte de suivi du
couvert végétal de la réserve de chasse de la Léfini. L’approche est basée sur la
classification de trois scènes de différentes dates. L’évaluation des changements est
simplement réalisée sur la base de pixel par pixel à l’aide d’une matrice de changement.
Cette méthode a révélé quelques évidences liées aussi bien à son utilité qu’à sa faiblesse.
La détection des changements confirme l’utilité de cette approche simplifiée pour
détecter la nature des changements. A l’échelle du pays, cette approche n’a presque pas
été appliquée. L. Bouetou-Kadilamio, S. A. Ifo et S. Binsangou (2016, p.327-329) font
partie des très rares auteurs à la testée dans le Nord du Congo, précisément dans le
département de la Likoula. Il ressort de leur analyse que les trois images Landsat
présentent une bonne précision globale pour l’ensemble de la zone d’étude. Ainsi,
l’image TM (1986) a une précision globale de 88,02% avec un indice de Kappa évalué

200
à 86,60%, alors que l’image ETM+ (2001) a une précision globale de 92,15% avec un
indice de Kappa évalué à 91,11% et l’image OLI (2015) a une précision globale de
93,56% avec un indice de Kappa évalué à 92,64%. Pour la présente étude, l’image TM
(2001) a une précision globale de 91,49% avec un indice de Kappa évalué à 84%, alors
que l’image ETM+ (2011) a une précision globale de 91,15% avec un indice de Kappa
évalué à 74% et l’image OLI (2018) a une précision globale de 91,29% avec un indice
de Kappa évalué à 82%. En se référant aux critères établis par J.R. Landis et GG. Koch
(1977, p. 165), les indices obtenus sont bon (0,80 – 0,61) et excellents (supérieur ou égal
à 0,81). De même, R.G. Pontius (2000, pp. 1012-1013) affirme également que lorsque
l’indice de Kappa évalué dans les opérations de classification est supérieur à 75%, la
classification adoptée est valable et les résultats sont statistiquement acceptables. De
même, les précisions globales obtenues dans la réserve de la Léfini sont parfaitement en
phase avec celles obtenues par ces auteurs. Selon les critères de R.G. Congalton (1991,
pp. 36-37), ces résultats sont statistiquement acceptables. Outre les précisions globales,
les valeurs de l’indice de Kappa de nos trois images sont aussi statistiquement
satisfaisantes selon l’échelle de R.G.Pontius (2000, p. 1012-1013).
De même, les valeurs des erreurs de commission que nous avons obtenues sont
acceptables parce qu’aucune de ces erreurs n’est au–dessus de 70 %, considéré comme
valeur limite (R.G. Pontius, 2000, pp. 1012-1013). Les indicateurs d’appréciation de
notre approche notamment la précision globale et le coefficient de Kappa hautement
appréciables confirment l’importance de la connaissance du milieu et de l’acquisition
des données auxiliaires pour l’amélioration de la qualité des études de télédétection. Par
contre, les faibles valeurs d’exactitude telle que la précision globale obtenue par Pham
T-T-Het al. (2007, p.3), évaluée à 51% alors qu’il visait au moins 80% occulteraient
certainement des causes techniques comme par exemple l’erreur de classification, le
choix de l’algorithme de détection des changements et l’importance de la vérité terrain
(A. Mama 2013, p.90). Enfin de compte, R. Caloz et C. Collet (2001, p.330) affirment
que les grandes précisions cartographiques obtenues peuvent aussi dépendre du nombre
réduit de classes utilisées et de la définition de parcelles homogènes lors du choix des
sites d’entraînement.

201
A titre de comparaison, nos indicateurs d’appréciation corroborent également
ceux obtenus dans les zones soudanienne, soudano-guinéenne et guinéenne par Y.C.H.
Hountoundji (2008, pp. 80-81), A. Mama (2013, p.81). En effet, pour ne parler que des
résultats de ce dernier, la matrice de confusion issue de la classification supervisée par
l’algorithme de maximum de vraisemblance appliquée sur les trois images Landsat MSS
(1972), TM (1986) et ETM+ (2006) donnent des indices de Kappa variant entre 91 et
99%, avec une précision globale osciant entre 93,5 et 98,8 %.
Un autre avantage de la méthode est sa facilité à créer des cartes des changements.
La précision de ces cartes dépend de l’exactitude de chacune des classifications
d’images. Les vérité-terrains basées sur 120 points représentant les parcelles
d’inventaires floristiques et de vérification de strate d’occupation ont permis de réduire
les éventuelles imprécisions, de corriger et finalement de valider les cartes de
changement. Enfin, la résolution temporelle (2001-2018, soit 17 ans) choix pour la
présente étude se révèle favorable pour la détection des différents changements observés
dans la réserve de la Léfini.
La résolution des images Landsat utilisées se présente comme une faiblesse à
cette étude. Avec cette résolution spatiale (30 m), certaines classes n’ont pas été bien
discriminées, la confusion est évidente. En effet, nous n’avons pas pu discriminer
distinctement la forêt galerie et la forêt sur terre ferme d’une part, et la savane herbeuse
et la savane arbustive d’autre part. Ces classes se confondent. Dans ce cas la
discrimination devient de plus en plus difficile et que leurs signatures spectrales sont
souvent visuellement similaires (Y.C.H. Hountoundji, 2008, p.80-81 ; H. Diallo, Bamba
Issouf, S. B. Yao Sadaiou, 2011, p.104; A. Mama 2013, p. 109; L. Bouetou-Kadilamio,
S. A. Ifo et S. Binsangou, 2017, p.228). L’utilisation des données complémentaires
notamment les cartes topographiques a permis de validation des classes de végétation
sur le terrain et de corriger les erreurs. Néanmoins, l’examen de ces quelques travaux de
recherche ont conduit à des résultats qui montrent effectivement l’évolution des
changements. Ceci est vraisemblable lorsque nous analysons ci-après l’origine de ces
changements. Malgré les limites constatées, la méthode de la comparaison des
classifications s’est montrée efficace.

202
II.2. Dynamique spatio-temporelle du couvert végétal
II.2.1. Dynamique de NDVI
Les résultats de NDVI sont obtenus par la méthode basée sur une procédure
itérative multi échelle par cartographie phénologique de la végétation de la réserve de
chasse de la Léfini. Pouvoir quantifier et cartographier la déciduité dans les forêts
tropicales est un enjeu important pour mieux comprendre les propriétés de la canopée
comme le recyclage du carbone ou la teneur en chlorophylle (G. Viennois, 2011, p.5).
Le NDVI varie en fonction de plusieurs facteurs dont il est parfois difficile d’estimer
l’importance relative (V. Djoufack-Manetsa 2011, p.207). Parmi ceux-ci, nous
retiendrons les facteurs liés aux caractéristiques physiologiques intrinsèques à la plante,
à son environnement (sols, pente), aux conditions de prise de vue (angle zénithal solaire
et angle de prise de vue), à l’âge et aux changements de capteurs et aux caractéristiques
de l’atmosphère (M.C. Girard et C. Girard, 1999). M.J. Samba-Kimbata (1991, 37-44)
fait une large description de la saisonnalité de la radiation solaire et celle des
précipitations dans le bassin forestier du Congo. Les températures, relativement basses
de la saison sèche et modérément élevées de la saison humide, varient d’une année à
l’autre. Cette variation contribue à l’allongement de la photopériode et joue un rôle
majeur sur la date de réalisation de la mise en place des feuilles. Les variations
mensuelles, saisonnières et annuelles de l'indice NDVI issu des données du satellite
Landsat a permis de comprendre le comportement phénologique des formations
forestières et savanicoles. Le NDVI exprime l’activité chlorophyllienne, la densité du
feuillage et par effet indirect le stress hydrique d’une surface végétale.
L'analyse des paramètres saisonniers de la végétation permet de remarquer que
la réserve de la Léfini connait une variabilité des précipitations mensuelles et annuelles
et les saisons sont relativement instables dans le temps. Cette instabilité affecte les
hauteurs d’eau qui peuvent atteindre 350 à 400 mm le mois pluvieux et inférieur à 5
mm le mois sec. En raison d’une saison sèche absolue, les sols n’ont de réserve utile
que pendant une partie de l’année. Ces sols majoritairement sableux et argilo-sableux
sont soumis à un déficit hydrique saisonnier. Ce déficit commence à se manifester
pendant la première décade de juillet (situation des figures 30d et 30e). Il prend fin
après la première décade de septembre. Dans des conditions de stabilité

203
environnementale (en absence des activités anthropiques), la saison végétative
correspond à la période où les températures moyennes journalières dépassent 20º C ; sur
une année, elle s’échelonne de septembre à mai, avec des différences notables d’une
formation végétale à l’autre. En effet, la saison végétative débute durant la première
moitié du mois de septembre et se termine fin mai, avec une moyenne annuelle de 120
à 150 jours pluvieux par an. La plus courte durée de la saison végétative est associée à
la savane et la plus longue à la forêt. La perte en eau du sol par les processus
d’évaporation et d’évapotranspiration est plus ou moins compensée par la quantité de
précipitations. Les précipitations assurent l’apport hydrique nécessaire dans le sol pour
le début de la saison végétale. Malgré l’importance des pluies et la longueur de la saison
humide, le cycle biologique des groupements s’effectue entre septembre-octobre et
février-mars. Les plantes de la strate inférieure, grâce aux conditions écologiques
favorables, terminent rapidement leur cycle (novembre-décembre), avant que les
graminées envahissantes ne les étouffent. L’étape végétative post florale dure deux à
trois mois. Si la réserve en eau n’est pas constamment alimentée, la consommation d’eau
pendant la phénophase correspondant à la plus forte croissance végétale saisonnière peut
dépasser la réserve hydrique pédologique ainsi que la quantité de précipitations,
concourrant à l’installation d’un déficit hydrique. S. P. S. Wright et C. Van Schaik
(1994, p.194) décrivent des grands types de comportements phénologiques en fonction
de la saisonnalité de la radiation solaire et de celle des précipitations. Ce comportement
décidu des forêts est un attribut important des forêts tropicales car il reflète les
conditions climatiques. La perte partielle ou totale des feuilles pendant une partie de
l’année indique que la productivité saisonnière est réduite (G. Viennois, 2011, p.5). La
phénologie des plantes ou l’apparition d’événements périodiques tels que la période de
croissance des feuilles (caractère sempervirent) ou la chute des feuilles (caractère
décidu) est déterminée par les variations saisonnières des précipitations du climat
tropical (situation des figures 30a et 30e). Cette observation corrobore celle de M.J.
Samba-Kimbata (2002, p.91) qui affirme que dans la majeure partie du Congo le climax
est indubitablement forestier, toute les formations végétales sont bioclimatiquement
fragiles en raison de la forte variabilité pluviométrique interannuelle.

204
Notre constat épouse celui de J. Lisingo wa Lisingo (2016, p.10) qui affirme que
la distribution actuelle des différentes formations forestières est fortement corrélée aux
précipitations (situation de la figure 30g), et surtout à la durée et la sévérité de la saison
sèche. Nous observons une chute de valeurs du NDVI pendant la saison sèche, en accord
avec A. Botta et al (2003, p.33-3) qui décrit un modèle d'écosystème où la photosynthèse
chute pendant la saison sèche à cause du stress hydrique dans la forêt tropicale humide.
Y. Malhi et al (1998, p. 31606) et Von Randow C.et al (2004, p. 21) ont montré qu’il
existe une saisonnalité de la photosynthèse dans le bassin amazonien, avec un pic de la
photosynthèse fortement corrélé avec le contenu en humidité du sol. Il résulte de ces
résultats que le NDVI diminue en même temps que la disponibilité en eau pour les
plantes et la sécheresse de l’air dans les zones à canopée moyennement dense ou
complètement ouverte. G. Viennois (2011, p.8) affirme que dans les forêts tropicales
humides d’Afrique centrale la variation mensuelle de l’indice de végétation ne serait pas
corrélée à l’indice de surface foliaire (LAI) mais au rayonnement photosyntétique actif
(PAR) à l’origine de la production de nouvelles feuilles. Cette constatation est aussi
nôtre. La variation de l'indice de végétation, observée au cours du temps a permis de
détecter les tendances de la saisonnalité de l'activité photosynthétique et de différencier
les types de végétation selon un comportement phénologique. La valeur moyenne du
NDVI est en effet liée à la structure de la canopée et à l’orientation des feuilles, alors
que sa variation saisonnière répond au cycle phénologique foliaire. Cette étude permet
donc de conclure comme V. Djoufack-Manetsa (2011, p.196-202) et M. André (2014,
p. 40) que la pluie reste la variable explicative la plus importante du NDVI en
comparaison des autres variables climatiques. Les périodes de début et de fin de saison
végétative n’est pas stable au fil des ans (André M. 2014, p.43). Elle peut varier
fortement, de telle sorte qu’une période d’augmentation ou de diminution de production
de la chlorophylle peut ne pas s’effectuer et ainsi supprimer une saison de végétative
(situation des figures 30e et 30g). Les observations du NDVI rendent compte de la
modification de la dynamique de la végétation.

205
II.2.2. Dynamique d’indice de brillance
Les valeurs de l’indice de brillance varient en fonction du rayonnement. Sa
diminution vient du fait que l’échauffement consécutif à l’absorption d’une partie du
rayonnement par la surface du couvert s’atténue d’autant plus rapidement au sein de la
formation que celle-ci est plus dense. Dans ce cas, il s’établit dans la journée, en forêt,
un gradient thermique décroissant vers le sol, inverse de celui s’établissant à l’air libre.
La nuit, au contraire, le couvert tend à réduire le refroidissement du sol et celui de l’air
au niveau des strates inférieures (A. Lacoste et R. Salanon, 2010, p.211).

II.2.3. Dynamique de l’occupation du sol


La dynamique de l’occupation du sol sur l’ensemble de la période d’étude (2001-
2018) montre que la formation végétale ligneuse, par opposition à la formation végétale
non ligneuse, régresse de façon importante. Le taux annuel de régression (évolution
négative) constaté au niveau de la forêt ombrophile à tendance mésophile est le plus
élevé (1,18%). La diminution de cette strate a laissé place, par endroits, à la forêt
secondaire dont le taux annuel a connu une très faible augmentation (0.03%). Toujours
à l’échelle locale, dans leurs travaux, L. Bouetou-Kadilamio, S. A. Ifo et S. Binsangou
(2017, pp. 333-334) ont remarqué un changement régressif de la couverture forestière
dans le Nord-Ouest du Congo. F.G. Kimbatsa (2016, p. 223) met en évidence la
régression de la forêt dense au profit des formations anthropiques dans le Mayombe,
avec un taux de régression de 1,65. Cette perte des formations végétales ligneuses rime
avec celle constatée à l’échelle du Congo et celle du bassin du Congo. En effet, dans
leur étude, C. Ernest et al (2010, pp.23-41) constatent le changement du couvert forestier
au Congo induisant à une conversion des terres. La déforestation et la dégradation sont
les deux conversions les plus remarquables confirmant ainsi la tendance générale à la
perte des forêts. Leurs taux de déforestation nette sont respectivement évalués à 0,03%
pour la période de 1990 à 2000 et 0,07% pour la période de 2000 à 2005. Pendant ces
deux périodes, le taux de dégradation nette est resté constant à 0,03%. Ces auteurs ont
également estimé les taux des pertes des formations ligneuses pendant les mêmes
périodes et sont respectivement de 0,09% et 0,17% pour la déforestation nette, 0,05% et
0.09 % pour la dégradation nette. Par ailleurs, le taux national de perte des forêts est
estimé à une moyenne annuelle de 0.08% entre 2000 et 2012 par CN-REDD (2017a,
206
p.21). Ces statistiques attestent une dynamique complexe de changement et de
conversion des paysages forestiers à différentes échelles. Cette tendance générale à
l’évolution régressive des formations végétales naturelles est également constatée dans
le sud du pays (J.M. Moutsamboté, 1985, p.28-37).
De même, la dynamique végétale est observée dans d’autres zones
géographiques, au-delà du bassin du Congo. Le recours aux images Landsat a permis à
F.B. Enonzan (2010, p. 8) de mettre en place une méthode de suivi de l’occupation des
terres et la gestion durable des forêts classées de Dogo-Ketou du Bénin. Son étude
montre que la diminution, voire la disparition des forêts tropicales trouve son origine
dans les feux de forêt, l'exploitation abusive et anarchique des ressources forestières.
Ces résultats sont confirmés dans les travaux de O. Arouna (2012, p. 72) qui constate
que les forêts denses sèches, dans la Commune de Djidja au Bénin, ont été complètement
converties en d’autres unités d’occupation du sol. Les autres formations végétales
comme les forêts galeries, les forêts claires et les savanes boisées sont devenues des
formations végétales rares et s’observent le plus souvent au niveau des terres marginales
inaptes à l’agriculture. De même, A. Mama (2013, p.64), en abordant l’évolution
spatiale du paysage fait ressortir de manière générale une dynamique régressive des
formations forestières du Bénin. En effet, la classe des forêts qui, en 1972, constituait la
matrice dominante du paysage (53%), a connu sur la période d’étude (1972-2006) une
régression spatiale avec une forte tendance à la disparition à l’horizon 2006. Par contre,
les formations savanicoles ont connu sur la même période une nette progression qui leur
a conféré actuellement le statut de matrice dominante du paysage.
En somme, la forêt ombrophile à tendance mésophile et la forêt secondaire ont
connu une diminution de leur superficie au profit des savanes. La seconde hypothèse
qui stipule que « La fragilité de l'habitat et de diminution des espèces défavorisent la
gestion durable des formations végétales » est alors vérifiée.

III. Effets des activités anthropiques sur la structure spatiale des paysages
Les principaux déterminants de dégradation de la végétation sont majoritairement
d’origine anthropique, notamment les feux de brousse et de savane, l’agriculture, le
prélèvement des produits forestiers non ligneux, l’extraction du bois (coupe d’arbres et

207
d’arbustes) et la chasse. Faisons remarquer que les feux sont de très loin le premier
déterminant. Les feux de végétation jouent un rôle fondamental dans l'écologie des
savanes. Si, sans conteste, ils représentent une cause de destruction des milieux
forestiers tropicaux humides, la majorité des scientifiques admettent qu'ils ne détruisent
pas les savanes, mais qu'ils sont au contraire le principal facteur de leur maintien (Y.
Happi, 1998, p. 20 ; D. Eva Hugh, J.M. Grégoire, Ph. Mayaux, 2003, p.5). La
suppression totale des feux ou la pratique des feux précoces ferait ainsi évoluer les
savanes vers des milieux plus fermés et modifierait la physionomie et la composition de
la végétation ainsi que l’équilibre de l’écosystème dans son ensemble (D. Eva Hugh,
J.M. Grégoire, Ph. Mayaux, 2003, p.5 ; Y.C.H. Hountoundji, 2008, p. 92). L’évolution
progressive des strates de savanes herbeuse et arbustive (+319 ha/an) illustre
parfaitement cette affirmation.
D’une manière générale, ces activités anthropiques touchent la structure et la
composition floristique des végétaux. Elles sont impulsées par la croissance
démographique, l’arrivée des migrants, l’inefficacité des textes et politiques forestières,
le régime foncier et dans une moindre mesure les perturbations climatiques.
La nature et l’ampleur des effets anthropiques induisent une hétérogénéité
floristique dans les îlots forestiers. Le feu de végétation affecte toutes les composantes
de la biodiversité (les diversités alpha (α), bêta (β) et gamma (γ)), parfois de manière
irréversible (V. Kimpouni, P. Mbou, E. Apani et al., 2014, p.15). En effet, pendant la
période où la saison sèche est très prononcée, le feu a un caractère violent sur la flore
suite à la calcination de la biomasse aérienne et de la litière. Les incendies presque
annuels peuvent induire des changements floristiques par l’apparition d’une flore
pyrophytique adaptée aux nouvelles conditions écologiques de l’habitat (V. Kimpouni,
P. Mbou, E. Apani et al., 2014, p.15).
Les feux de brousse constituent un élément clé de la dynamique des paysages de
savane des régions soudaniennes et sont considérés selon les zones écologiques
concernées, soit comme un fléau contre lequel il convient de lutter, soit comme un
véritable outil de gestion, dont l’utilisation raisonnée permet de maintenir ou
d’entretenir certains types de paysages et par conséquent certaines populations qui leur
sont inféodées. Des entretiens avec les agents forestiers et les populations ont permis de

208
constater que la réserve de la Léfini est en fait gérée par les feux précoces depuis au
moins une cinquantaine d’années. A ces feux précoces s’ajoutent, chaque année, des
feux tardifs «accidentels », si bien que certains endroits subissent des feux violents. Mais
les avis des populations sont divergents sur les effets des feux. Certains répondent que
depuis les années 2000 la végétation devient de plus en plus clairsemée, d’autres
estiment que l’évolution de la végétation est normale car la densification des herbacés
la prouve.
Les feux ont endommagé un grand nombre d’arbres voués à une destruction
progressive. Les arbres brûlés représentent près de 48% (p. 128, tableau 7) de l’ensemble
des arbres morts inventoriés pendant notre prospection botanique. Ils sont les plus
touchés au processus de pourrissement et ensuite à l’attaque de peste végétale et de
maladies. Le brûlage des forêts signifie, évidemment, la perte de ressources naturelles.
Il réduit la densité des formations végétales. En plus, l’incendie de forêt détruit, aussi,
les sols par la disparition de l’humus et des matières organiques ainsi que par
l’exposition de ces sols au soleil, au vent, et à la pluie. Les sols brûlés sont plus érosifs
et plus vulnérables au lessivage et au dessèchement, comme le témoigne la photo 11
(p.175).
En agriculture le feu représente un outil de défrichement qui assez souvent n’est
pas toujours bien contrôlé, et bien souvent pour un petit champ défriché ce sont des
dizaines d'hectares qui partent en fumée. Ces feux répétés épuisent les couches arables
des sols essentiels à leur fertilité. Cette situation contraint les populations à rallonger la
durée de jachères à 2 voire 3 ans. Mais avec l'augmentation de la population installée
dans la zone, les défrichements deviennent importants, et la durée de la jachère se réduit.
Cette situation limite le potentiel de régénération de la végétation protectrice du sol.
Les coupes d’arbres isolés représentent environ 4% de l’effectif total des bois
morts. Il ne s’agit pas des arbres coupés pendant le défrichement mais ceux abattus de
façon isolés, les souches sont toujours visibles comme en témoigne la faible ampleur de
ce déterminant surtout dans les zones de plantation et les forêts secondaires.
Le prélèvement des PFNL estimés à 30% est relativement important et confirme
le recours remarquable des populations riveraines à la cueillette et au ramassage. Les
populations de plus en plus nombreuses se ruent d’avantage sur ces produits avec pour

209
corollaire l’accélération de la disparition progressive et la rarefaction de nombreux
PFNL. L’étendue et la fréquence du prélèvement des produits sont moyennement
importantes. Le prélèvement est saisonnier, il dépend de la phase de croissance et de
maturité des produits (asperge, cola) de leur apparition (champignon, chenille) mais
aussi annuel (feuilles de manioc, koko, liane, raphia et rotin). Comme l’évolution de la
population, sa situation géographique est un obstacle à la sécurisation de cette
biodiversité végétale et animale. En effet, les routes d’accès autour et dans cette réserve
sont multiples et facilitent la pénétration et la circulation des populations. Cette
dynamique régressive couplée à la rareté et la disparition évidente des PFNL est
également constaté par F.G. Kimbatsa (2015, p.57). Il évoque une surexploitation des
PFNL dans la réserve de la biosphère de Dimonika qui présente de nombreuses
répercussions écologiques, parmi lesquelles la réduction de 30% des plantes, la
diminution de 30% des espèces animales et la disparition de 15% des végétaux
comestibles.
Ces résultats corroborent ceux présentés par U.I.C.N. / P.A.C.O. (2012, p. 27).
Les activités de commercialisation du bois et des PFNL tels que les champignons, les
plantes médicinales, n’ont pas la même intensité et sont plus importantes dans et en
périphérie des aires protégées situées à proximité des grandes agglomérations. Il s’agit
par exemple des aires protégées comme Léfini, Lésio-Louna, Dimonika, Tchimpounga
et Conkouati-Douli.
Au regard de ce constat qui vient d’être dressé, il est légitime d’affirmer que les
actions combinées des principaux déterminants ont malheureusement des impacts
négatifs visibles et réels sur la structure spatiale des paysages. La dernière et troisième
hypothèse est donc vérifiée. Celle-ci stipule que « le développement des activités
anthropiques dans la réserve entraîne un changement de la structure spatiale des
paysages forêts et savanes ».

IV. Enjeux de la conservation


La réserve de la Léfini est parmi les aires protégées les plus soumises aux
pressions extérieures (UICN/PACO, 2012, p.51-54). Les activités cynégétiques locales,
exacerbées par la croissance démographique et la demande brazzavilloise en produits de

210
la forêt, ont largement entamé le potentiel faunistique de cette réserve. Le potentiel
floristique ligneux est détruit par les feux. A ceci s’ajoute une pression de conversion
des terres par les riverains à des fins de production agricole.
Il en résulte que cette réserve est placée dans un contexte de disparition
progressive, aussi longtemps que les pouvoirs publics et les garants de sa protection
assisteront passivement. La pression induite par les activités humaines sur les différents
espaces contribue à modifier l’occupation du sol. Les formations végétales sont
soumises dès lors à des multiples formes de dégradation dues essentiellement à la nature
des sols et à l’action anthropozoogène croissante sur le milieu. Cette dégradation ne se
limite pas, seulement, aux milieux forestiers mais menace aussi la biodiversité des zones
non forestières.
Cependant, l’observation des dynamiques d’utilisations actuelles de la végétation
ne présage guère leur durabilité. En effet, la vitesse à laquelle l’environnement est altéré,
l’importance des dégradations et leurs conséquences sur la continuité de la répartition et
de l’abondance des espèces, des systèmes écologiques et de la variabilité génétique
constituent des menaces importantes pour un développement économique viable et
durable. Il est donc difficile, dans un tel contexte, d'envisager la conservation. Devant
les modifications anthropogéniques qui s’accélèrent et se propagent, la conservation de
la biodiversité est devenue une nécessité. Après cet état des lieux, il paraît essentiel que
les pouvoirs publics proposent un modèle de gestion qui puisse s’adapter aux nouvelles
exigences planétaires à savoir la gestion durable de la biodiversité.
Les nouvelles approches veulent que toute conservation intègre la prise en
considération des besoins des populations locales et l’utilisation concertée et maitrisée
des ressources par ces populations. Il est admis que rien ne peut se faire dans le domaine
de la préservation des ressources naturelles et dans l'exploitation durable de ces
ressources sans la participation, l’intégration et l’appui des populations locales. La
sensibilisation de la population et son information sur les répercussions négatives de la
perte de la biodiversité ne peuvent suffire pour la conservation de la biodiversité, si on
ne leur offre rien en échange et si on ne leur propose pas des projets alternatifs incitatifs
qui leur permettent de subvenir à leurs besoins. La faible implication des populations
riveraines conduit fréquemment au non-respect des règlements en vigueur, qui se traduit

211
par l’envahissement de cet espace. C’est au début des années 2000, suite aux nouveaux
troubles socio-politiques qu’a connus le pays et l’arrivée des populations étrangères
(Congolais de la DRC et des Rwandais) que ces envahissements ont pris de l’ampleur.
En dehors des restrictions prévues par différents textes juridiques (loi 37- 2008
du 28 novembre 2008), le législateur a pris des dispositions pour que toutes les
populations, de quelque contrée que ce soit, aient le droit d’usage sur les ressources
naturelles de leurs terroirs. Même dans les aires protégées, les populations riveraines
disposent de certains droits d’usage suivant les textes qui les créent. Cette disposition
trouve peinement son sens. Comme le législateur, nous admettons ici que la
conservation pour la conservation n’a pas de sens.
La loi en vigueur prévoit que chaque concession forestière soit dotée d’un plan
d’aménagement définissant les objectifs, les règles de gestion et les conditions
d’exercice de droits d’usage par les populations locales. Mais ce n’est malheureusement
pas le cas pour la réserve de la Léfini. C’est pourquoi, aussi longtemps que cette réserve
ne sera pas dotée d’un plan d’aménagement, les déterminants constatés demeureront et
même s’amplifieront.
Les conflits liés à la gestion et à l’utilisation des ressources naturelles sont
recurrents dans cette réserve. De nombreux propriétaires fonciers se déclarent
propriètaires et spolient les terres en échange d’argent. Il est d’observation courante
que même les populations étrangères principalement les rwandais déclarent être
propriètaires des lopins de terrains dans la réserve de la Léfini. Les gestionnaires
mentionnent l’existance de plusieurs cas de conflits fonciers toujours pas résolus par les
instances compétentes du district. Vraissemblablement, cette situation déplorable a un
effet négatif sur la conservation de la biodiversité. Les enquêtes ont effectivement révélé
les voix discordantes sur la question relevant de l’appartenance de cet espace aux
appétits clairement affichés. Depuis plus de 60 ans d’existence, l’Etat congolais,
propriétaire de cette aire protégée n’apporte pas toujours de façon définitive la solution
à ces conflits. Nous espérons que l’obtention d’un titre foncier serait à n’en point douter
un recours fiable pour le règlement définitif des contentieux relatifs aux fonciers. Les
litiges inter villageois sur les limites des terroirs des différents lignages sont assez rares.

212
Pour le cas échéant, les clans ou les familles engagés dans le conflit priorisent la
résolution à l’amiable.
Comme le titre foncier, l’absence d’un plan d’aménagement tenant compte des
besoins des populations riveraines est également l’une des causes majeures de
l’occupation de ces terres. Ce plan, document technique, est un instrument indispensable
de gestion des ressources naturelles. Il est difficile de convaincre les populations rurales
de l’importance de la protection des ressources naturelles tant que celles-ci éprouvent
des besoins vitaux (terres cultivables, du bois pour cuisiner et des plantes médicinales
pour se soigner). Dans un contexte de conservation optimale, l’absence de plan de ce
type compromet toute gestion à long terme.
La pénibilité du travail des écogardes fait partie également des facteurs limitants
la conservation de la biodiversité animale et végétale. En effet, le travail de surveillance
de la réserve de la Léfini est très difficile. Sur une surperficie de 271.000 ha, cette
réserve n’est patrouillée que par 5 écogardes. Il y a manifestement une insuffisance du
personnel. Le travail est encore plus difficile pendant la saison sèche avec la diminution
considérable en eau de certains cours d’eau pouvant leur permettre de se ravitailler. Il
est prévu au moins 10 km/jour dans la savane et 5 km/jour dans la forêt de marche avant
de camper la nuit. G. Wafo Tabopda ( 2008, p.184) constate que cette situation met en
évidence comme tant d’autres, la conséquence d’une politique de conservation qui est
plus subie que choisie, car, généralement dictée par la communauté internationale au
travers des recommandations contraignantes du droit international.

Conclusion
Les techniques et méthodés se sont révelées adaptées et efficaces. Elles sont facilement
transposables dans la région guinéo-congolaise et dans les zones soudaniennes,
soudano-guinéenne et guinéenne. Dans la grande majorité des cas étudiés et rapportés
dans le présent travail, les résultats obtenus corroborent les uns des autres suivant ces
différentes zones phytogéographiques.

213
Conclusion de la troisième partie
L’analyse de la flore révèle la présence de 105 espèces réparties en 87 genres et
39 familles. L’indice d’équitabilité indique que les espèces forestières sont plus
équitablement réparties que celles de la savane. La variation de cet indice est en rapport
avec le nombre d’espèces. La répartition des individues entre les espèces forestières est
plus homogène et équitablement réparties que celles de la savane. Selon l’indice de
Simpson, la répartition de la flore est importante dans la zone de savane que celle de
forêt. Le couvert végétal est dans une dynamique générale. Elle est témoignée par
l’évolution des superficies des différentes classes d’occupation du sol aucours des
périodes 2001-2018. La réserve de la Léfini a connu une forte diminution moyenne
annuelle de la forêt ombrophile à tendance mésophile estimée à 1,18% soit une
réduction de surface de 901 ha/an. A contrario, la forêt secondaire a enregistré un faible
taux d’évolution positif moyen annuel de (+0,03%) soit une augmentation de superficie
estimée à 5,94 ha/an. Le sol nu et l’affleurement rocheux sont une classe issue de la
conversion du couvert végétal. Son taux annuel d’évolution (+5,96%) est parfaitement
en phase avec la forte extension spatiale estimée à +743,12 ha/an. La dégradation, la
stabilisation et l’amélioration de la couverture végétale sont les trois classes issues de
cette détection des changements qui varient d’une classe d’occupation du sol à une autre
avec des grands écarts.
Concomitamment à cette détection de changement, nous avons également
entrepris une analyse phénologique basée sur la détermination des NDVI, à partir d’une
série des images Landsat de la période d’étude. Les valeurs de NDVI obtenues varient
entre (- 0,97) et (+0,7). Lorsque cette valeur se rapproche de 0,5 l’humidité passe par
un minimum et la température est maximale. Les sols couverts de forêt absorbent le
maximum d’énergie rendant possible le processus de photosynthèse. En fin de compte,
la productivité végétale est plus intense quand la valeur de NDVI est associée à la densité
la plus importante de la biomasse verte. Le NDVI intégré sur la saison de végétation
active indique une tendance à la hausse parce qu’il est lié à l’activité du couvert végétal.
Mais, les sols non forestiers et dénudés sont caractérisés par des valeurs faibles (< 0,3).
Dans ce cas, la productivité végétale est très faible, sinon nulle. L’inactivité du couvert
végétal est synonyme de stress hydrique. Comme les NDVI, les IB ont été également

214
obtenus à partir de la même série d’images. Les indices assez élevés (< 25%) pendant
les mois pluvieux et secs, sont en corrélation avec le type de sol et le rayonnement
solaire. Les variations mensuelles des IB sont donc conditionnées par les changements
d’état du couvert végétal dont la production dépend de la distribution des ressources
hydriques au cours de la saison des pluies.
Lorsqu’elles sont élevées, les températures entraînent un desséchement des
herbacés et de certaines jeunes plantes surtout pendant les épisodes secs. L’équilibre de
la composante végétation-sol est menacé. A côté de ces facteurs naturels, l’évolution
régressive du couvert végétal est aussi causée par le fait de l’exploitation de plus en plus
intense et anarchique des ressources végétales par l’homme. La perte annuelle et
interannuelle du couvert végétal a eu également des effets négatifs sur le sol et la
topographie.

215
Conclusion générale et perpectives
La caractérisation de la structure verticale de la végétation a montré la présence
de la strate herbacée, la strate arbustive et la strate arborée. Les deux premières
constituent la savane herbacée ouverte à faible strate arbustive. La dernière forme la
fôrêt ombromphile à tendance mésophile et devenant forêt secondaire quant elle est
perturbée par les activités humaines. Au total, une liste de 105 espèces végétales
regoupées en 87 genres et 39 familles recensées lors des prospections botaniques a
permis de contribuer à la connaissance de la florule de la réserve de la Léfini. Les
espèces les plus représentées, par ordre décroisant, sont Plagiostyles africana
(Müll.Arg.) Prain (Essoula), Margaritaria discoidea (Baill.) Webster (Ebebeng), Musanga
cecropioides R.Br. (Parasolier), Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T.Durand
(Engona), Hymenocardia acida Tul. (Musia). L’abondance relative la plus
représentative de toutes les familles est occupée par les Euphorbiaceae, les Annonaceae,
les Fabaceae-Mimosoideae, les Olacaceae. La répartition en famille atteste
effectivement que la réserve de la Léfini se situe, à l’échelle de cette région, dans la zone
de contact forêt savane. Finalement, comme pour toutes les forêts humides mésophiles
étudiées, le déterminisme de la formation de cette réserve est édaphique et non
climatique.
La diversité biologique a été déterminée à partir de ces données d’inventaire. Le
peuplement des ligneux est diversifié et la richesse spécifique est importante du fait que
les indices de diversité de Shannon (H') se rapprochent des diversités maximales
(H’max). Les valeurs d'indice de Shannon montrent une grande diversité biologique de
la formation végétale avec 3,86 bit en placeaux de forêt et 0,17 bit en placeaux de
savane. Ces valeurs suggèrent une prédominance d’un petit nombre d’espèces par
rapport aux autres. Cela peut être lié au fait que certaines espèces évoluent en
peuplement et non en individus isolés. La valeur d’indice d’équitabilité (J) est plus
grande en forêt (0,84) et très faible en savane (0,15), ce qui signifie que la répartition
des individus entre les espèces forestières est plus homogène. Ces espèces sont plus
équitablement réparties que celles de la savane marquées par la dominance d’une seule
espèce, Hymenocardia acida Tul. (Musia). Par contre, la valeur de l’indice de diversité
de Simpson (S) indique que la répartition de la flore est plus élevée en savane (0.93)

216
qu’en forêt où elle est presque nulle (0.03). Par conséquent, cette diversité est d’une part
maximale en forêt et, d’autre part, minimale en savane.
La structure horizontale de la végétation a été analysée à partir de la distrubution
des individus entre les classes de diamètre. Cette distribution montre un très grand
nombre des petits individus entre 10 et 40 cm (79% du total des ligneux). Les individus
appartemant à la classe intermédiaire (40-70 cm) occupent 16,2%. L’écart entre ces
classes traduit le dynamisme de la régénération (très petit diamètre inférieur à 10 cm)
observable par le passage au petit diamètre. La modification des conditions écologiques
induite par les trouées consécutives a favorisé la croissance d'un grand nombre
d'individus de petit diamètre. Les individus de gros et des très gros diamètres, au-delà
de 70 cm, représentent 4,6%. La diminution du nombre d’individus en fonction de
l’accroissement du diamètre est observée sur l’ensemble des classes. Il n'existe pas de
corrélation nette entre ces classes de diamètres et les densités relatives. Il n'en existe pas
non plus entre les densités relatives et les dominances relatives. La surface terrière est
généralement proportionnelle au nombre d'individus et surtout à la taille des individus
présents. C’est pourquoi, la surface terrière est plus importante dans la classe de gros et
très gros diamètres que dans celle des petits diamètres.
Les relevés phytosociologiques des espèces a permis d’identifier des
groupements végétaux. Il s’agit des groupements de forêt à Anisophylea purpurascens
Hutch. & Dalz., forêt à Milletia laurentii De Wild., forêt à Margaritaria discoidea (Baill.)
Webster, forêt à Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prainet forêt à Pentaclethra
eetveldeana De Wild. & T. Durand. La forêt secondaire à Musanga cecropioides R.Br.
occupe les terres d’exploitation forestière artisanale, les châblis, les champs après
culture.
Le suivi du couvert végétal entre 2001 et 2018 a révélé que les formations
végétales ont connu de profondes modifications physionomiques et floristiques. La
cartographie dynamique de l’occupation du sol à partir des images Landsat a montré que
les formations ligneuses notamment les forêts ombrophiles à tendance mésophile ont
connu une diminution de leur superficie au profit des autres classes comme des forêts
secondaires. La savane herbeuse à faible strate arbustive présente un taux annuel moyen
positif. Le sol nu et l’affleurement rocheux, avec un taux annuel positif, sont une classe

217
issue de la conversion du couvert végétal. La détection des changements qui varient
d’une classe d’occupation du sol à une autre induit une modification et/ou une
conversion des terres vue sous l’angle de dégradation, de stabilisation et de
l’amélioration de la couverture végétale. La dégradation du couvert végétal est estimée
à 4,5%. Cette perte touche surtout les formations ligneuses forestières. Le taux
d’amélioration de ce couvert est d’environ 23,8%. Cette tendance à la hausse est plus
marquée par la régénérescence plus ou moins rapide de la savane herbeuse ouverte à
faible strate arbustive après le passage des feux. A contrario, 71,7% de la superficie de
la réserve est restée stable au cours de la période étudiée.
La productivité végétale a été appréciée sur l’ensemble des ces classes
d’occupation du sol. Elle est plus intense quand la valeur de NDVI est associée à la
densité la plus importante de la biomasse verte. Dans ce cas, le NDVI intégré sur la
saison de végétation active indique une tendance à la hausse parce qu’il est lié à l’activité
du couvert végétal. La saison pluvieuse sert de catalyseur. L’inverse se produit en fin de
cycle végétatif marquée par une très faible productivité végétale où les conditions
climatiques défavorisent le rythme continu de la croissance végétative. La dynamique
de la productivité végétale n’est pas toujours en phase avec le rythme saisonnier. De
même, au regard des valeurs des différents IB, aucune corrélation ne peut être établie
parmi l’ensemble les images satellitaires disponibles. Ces IB sont élevés quelque soit la
saison.
En augmentant le besoin des populations en terres agricoles et en produits issus
de la forêt, la croissance démographique et l’arrivée des migrants sont de très loin
responsables de la dégradation de la végétation. Les activités illégales menées par les
populations riveraines sont du fait de la méconnaissance des textes et politiques
forestières d’une part, et le régime foncier d’autre part. Par ailleurs, le plus important
déterminant direct amenuisant le couvert végétal est constitué par les feux de brousse et
de savane dont la pratique devient de plus en plus inquiétante. Par la technique de « sur
brûlis » l’agriculture est responsable de la conversion des terres. Les effets conjugués
de l’agriculture, des coupes des arbres et arbustes et la chasse sont de plus en plus
dévastateurs de la végétation. Aucune activité alternative ne s’offre à cette population.
Finalement, la perte annuelle et interannuelle du couvert végétal a eu malheureusement

218
des effets négatifs sur le sol et la topographie. Elle a provoqué la stérilisation des sols
par appauvrissement de la couche arable et l’exposition des sols face au ruissellement
des eaux. Etroitement liée à l’activité humaine, la conversion des terres constitue une
entrave majeure au développement durable de cet espace.
En définitive, il convient de retenir que le couvert végétal de la réserve de la
Léfini constitue à la fois une zone de la protection de la biodiversité et de la stabilisation
de l’environnemnt physique et une source de ravitaillement en produits de forêt. Mais
son exploitation artisanale incontrôlée a affecté l’environnement local et le mode de vie
des populations. La répercussion des effets est très perceptible sur la biodiversité
animale et végétale avec pour corollaire la raréfaction de nombreuses espèces.
La présente étude, loin d’être exhaustive a plutôt réalisé un bilan analytique du
couvert végétal sous l’emprise d’une forte pression anthropique. Elle a permis de
montrer les limites de la politique de la conservation et de protection de la végétation et
du cadre général de l’aménagement forestier. Cette étude peut être poursuivie suivant
plusieurs axes de recherche.
Le premier axe est relatif à la gestion des risques naturels majeurs. En effet, la
mise en place d’une méthode avérée de détection des feux de brousse et de savane
considérés comme le principal déterminant de dégradation pourra être envisagée.
L’objectif de cette détection est de mettre sur pied un plan de gestion des feux afin de
mieux canaliser les actions des populations. Ceci permettrait de protéger les ligneux qui
subissent plus de conséquences dévastatrices que les herbacées.
Le deuxième axe concerne les problèmes environnementaux qui résultent de la
dégradation voire de la disparition du couvert végétal étroitement liée à l’activité
anthropique. Cette perte de végétation expose directement les sols dénudés aux
conditions climatiques parfois extrêmes, ce qui constitue une entrave majeure au cycle
végétatif. L’étude des sols dans leur rapport avec la végétation peut être initiée. Portant
sur la qualité des sols sous couverts et de sols dénudés, cette étude se veut comparative.
L’accent sera mis sur l’analyse granulométrique, le pont de flétrissement, l’humidité du
sol et la capacité de rétention de ces deux types de sol.

219
Le troisième axe porte sur la gestion du patrimoine forestier. Cette gestion n’est
efficace que si le plan d’aménagement est élaboré et exécuté. Le plan sera donc
indispensable pour une meilleure gestion des formations végétales de la réserve de faune
de la Léfini. La base de données montée pendant la réalisation de cette étude constitue
une information non négligeable au processus d’aménagement et de durabilité de ce
patrimoine forestier.
Le quatrième axe concerne le développement durable de la biodiversité forêt-
savane. Il n’est plus à démontrer que la géographie physique, en générale, et la
biogéographie, en particulier, est une discipline au cœur de la problématique de la
biodiversité. L’approche géographique, centrée sur l’étude de la diversité spatiale,
permet de renouveler cette problématique en intégrant tous les enjeux qui la contrôlent.
Il est question d’entreprendre une modélisation prédictive des changements temporels
de la végétation de la réserve de la Léfini. Cette approche devra intégrer, en sus de
l’occupation du sol, des paramètres comme les effectifs des populations riveraines, les
déterminants directs de dégradation, la fiabilité des matériaux du sol et les données
pluviométriques en particulier. Une telle étude aura aussi pour avantage la
compréhension des processus écologiques (phénologie florale, rythme d’activité du
pollisateur, croissance diamétrique des ligneux et apparition des graminacées et
herbacées). Le dévéloppement de la biodiversité ne peut être durable que lorque les
exigences de la conservation du patrimoine forestier et de la diversité biologique sont
prises en compte.
Le cinquième axe est relatif à des paysages géographiques et des sentiments
d’appartenance des lieux. La réserve de la Léfini est un espace composé de nombreux
paysages pittoresques et des forêts sacrées. Ces paysages vallonnés des Plateaux Tékés
forment une alternance de plateaux relativement plats bordés de falaises imposantes et
de collines entaillées profondément par un réseau très dense et encaissé de vallées à
écoulement parfois intermittent. Les rivières des basses collines sont permanentes. La
grande majorité du réseau hydrographique alimente le fleuve Congo. Parmi les affluents
de cet immense fleuve, la Léfini, qui a donné son nom à la réserve de faune qu’elle
traverse d’Ouest en Est. Un tapis végétal couvre, par endroit, les surfaces des plateaux
et des collines. L'étude des paysages physique devra être réalisée en prenant en compte

220
l'échelle spatio-temporelle, la physionomie et la dynamique des paysages. Les paysages
sont classés par type en fonction de leur mobilité par rapport au climax général
(évolution progressive, régressive, stabilité). Cette méthode se complète par une
cartographie systématique des paysages au niveau des géosystèmes et des géofaciès qui
débouche sur les problèmes d'aménagement de l'espace.
Enfin, le sixième axe de recherche se rapporte à l’écotourisme et la gestion des
ressources naturelles. La réserve de la Léfini constitue un site particulièrement pertinent
pour le développement de l’écotourisme. Ses atouts consistent en la diversité et la beauté
de ses paysages, ses rivières et nombreux lacs plus plaisants les uns que les autres, sa
grande faune mammalienne, son avifaune abondante et diversifiée sont particulièrement
attractifs. La valorisation touristique de cette réserve n’est possible que quand le plan
d’aménagement sera rédigé, validé par l’administration forestière et appliquée par les
gestionnaires de la réserve. Le développement local en dépend.

221
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Webographie
Site : WWW.acouweather.com

236
Liste des figures
Figure 1 : Parcelle de comptage des ligneux………………………………………….41
Figure 2 : Dispositif des placeaux d’inventaire et d’observation des strates…………42
Figure 3 : Découpage forestier du Congo…………..……………….………………..80
Figure 4 : Etat d’aménagement des forêts de production du Congo………………….81
Figure 5: Aires protégées du Congo…………………………………………………..82
Figure 6 : Situation géographique…………………….………………………………88
Figure 7 : Localisation de la réserve de la Léfini……………………………………..90
Figure 8 : Grandes unités géomorphologiques………………………………………..92
Figure 9 : Variation altitudinale………………………………………………………94
Figure 10 : Types des sols…………………………………………………………….97
Figure 11 : Isothermes moyennes annuelles…………………………………………..99
Figure 12 : Isohyètes moyenne annuelle…………………………………………… 101
Figure 13 : Région phytogéographique guinéo-congolaise………………………….114
Figure 14 : Territoire phytogéographique de la réserve de la Léfini………………...117
Figure 15 : Population autour et dans la réserve de la Léfini………………………..124
Figure 16 : Axe Inoni plateau-Mbouanbé Léfini…………………………………….125
Figure 17 : Axe Mbouanbé Léfini-Ngo……………………………………………...126
Figure 18: Axes Ngo-Assan rt Nko-Impé-Eko………………………………………127
Figure 19 : Profil structural de la végétation Adzi-Impé…………………………….133
Figure 20 : Profil structural de la végétation Mpoh-Ekono……………………….....133
Figure 21 : Profil structural de la végétation Mpoh-gite de la réserve………………134
Figure 22 : Profil structural de la végétation Impé- rivière Léfini…………………..135
Figure 23 : Abondance relative des espèces par famille…………………………….143
Figure 24 : Courbe d’abondance relative des individus par genre…………………..143
Figure 25 : Struture en diamètre des arbres………………………………………….152
Figure 26 : Occupation du sol en 2001……………………………………………....158
Figure 27 : Occupation du sol en 2011……………………………………………....158
Figure 28 : Occupation du sol en 2018…………………………………………..…..158
Figure 29 : Dynamique de changement entre 2001 et 2018…………………………161
Figure 30 : NDVI mensuel………………………………………………………..…167

237
Figure 31 : Occupation du sol et NDVI en 2018…………………………………….169
Figure 32 : Durée de vie des populations….…………………………………….......176
Figure 33 : Catégorie socioprofesssionnnelle des enquêtés...………………………177
Figure 34 : Importance des déterminants indirects de la dégradation du couvert
végétal……………………………………………………………………………….179
Figure 35 : Importance des déterminants directs de la dégradation du couvert
végétal……………………………………………………………………………….180

Liste des tableaux


Tableau 1 : Références des images satellitales utiliséesaalités enquêtées...…………..33
Tableau 2 : Répartition des placeaux dans les strates d’occupation du sol…………...41
Tableau 3 : Récapitulation des méthodes de détection des changements…………….54
Tableau 4 : Nomenclature des classes et typologie de changement…………………..56
Tableau 5 : Nombre des ménages enquêtés…………………………………………...63
Tableau 6 : Aires protégées du Congo………………………………………………..76
Tableau 7 : Etat d’inventaire des ligneux……………………………………………142
Tableau 8 : Indice et diversité par types de formation végétale……………………..147
Tableau 9 : Indice et diversité de l’ensemble des formations végétales……………..147
Tableau 10 : Matrice de confusion de l’image post classifiée du 25/02/2001………155
Tableau 11 : Matrice de confusion de l’image post classifiée du 31/07/2011………156
Tableau 12 : Matrice de confusion de l’image post classifiée du 15/06/2018………156
Tableau 13 : Erreur de confusion et d’omission de l’image du 25/02/2001………...157
Tableau 14 : Erreurs de confusion et d’omission de l’image du 31/07/2011……….157
Tableau15 : Erreurs de confusion et d’omission de l’image du 15/06/2018………...157
Tableau 16 : Taux d’évolution des classes d’occupation du sol entre 2001 et 2011...159
Tableau 17 : Taux d’évolution des classes d’occupation du sol entre 2011 et 2018...160
Tableau 18 : Matrice de changement des classes d’occupation du sol 2001-2018….162
Tableau 19 : Taux d’évolution des classes d’occupation du sol entre 2001 et 2018...163
Tableau 20 : Indicateurs des déterminants directs recencés dans les placeaux……...175
Tableau 21 : Interaction entre dégradation et composantes environnementales…….186
Tableau 22 : Appréciation d’impact de chaque déterminant………………………...189

238
Liste des planches et photos
Planche 1 : Opérations d’inventaire des ligneux………………………… . …………43
Photo 1: Ouverture de layon de comptage……………………....................................43
Photo 2: Mesure de circonférence des ligneux………………………………………..43
Planche 2 : Savane herbeuse dans la réserve de la Léfini…………………………...148
Photo 3: Tapis végétal sur l’axe Mbouambé Léfini-Etsouali……………………......148
Photo 4: Savane herbacée dans la réserve de la Léfini………………………………148
Planche 3 : Savane arbustive dans la reserve de la Léfini…………………………...149
Photo 5: Savane à Hyménocardia acidaTul et Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb..149
Photo 6 : Savane à Annona arenaria Shumach et Thonn …………………………...149
Planche 4 : Formations ligneuses.…………………………………………………...149
Photo 7: Zone de contact forêt-savane sur l’axe Ngo-Nsah…………………………149
Photo 8 : Forêt secondaire dans la réserve de la Léfini……………………………...149
Photo 9: Recrû forestier après le passage du feu dans la réserve de la Léfini..……...151
Planche 5 : Impact de l’activité antropique sur le couvert végétal…………………..187
Photo 10: Feu de végétation dans la réserve de chasse de la Léfini…………………187
Photo 11: Erosion des sols le long de la rive gauche de la rivière Léfini……………187
Liste des annexes
Annexe 1 : Fiche de collecte des données d’inventaire des ligneux..…………….....240
Annexe 2 : Fiche d’observation de terrain………………………………………......241
Annexe 3 : Questionnaire d’enquête………………………………………………..242
Annexe 4 : Guide d’entretien………………………………………………………..245
Annexe 5 : Coordonnées géographiques des placeaux………………………………247
Annexe 6 : Localisation des forêts sacrées…………………………………………..249
Annexe 7 : Nombre de ménage par village………………………………………….250
Annexe 8 : Liste des familles inventoriées…………………………………………..251
Annexe 9 : Nombre d’individus par genre…………………………………………..252
Annexe 10 : Liste des espèces rencontrées…………………………………………..255
Annexe 11 : Densité des espèces…………………………………………………….260
Annexe 12 : Relation surface terrière-dominance relative par classe de diamètre…..265
Annexe 13 : Histogramme des indices de brillance…………………………………266

239
ANNEXES

Annexe 1 : Fiche de collecte des données d’inventaire des ligneux

Placette N° page…….
Arbre Espèce Dhp hauteur Qualité Condition Causes
N° (cm) tige dommages
Nom pilote ou local Nom scientifique

Note :

240
Annexe 2 : Fiche d’observation de terrain
1. Coordonnées du point d’observation
N° du point Coordonnée géographique
Longitude
Latitude

2. Topographie
Sommet Plateau Plaine Vallée
Altitude (m)
Orientation

3. Description de l’occupation du sol


3.1. Couvert dominant
arborée arbustive agricole herbacée dénudée

3.2. Couvert du sol


Type de couvert Pourcentage couvert Hauteur moyenne (m)
Couvert arboré
Couvert arbustif
Couvert herbacée

3.3. Activités humaines


Agriculture (petite échelle)
Culture annuelle ou perenne
Cullture saisonnière
Jachère
Autre Préciser
Agriculture (grande échelle)
Précision
Présence de feux
Origine
Exploitation forestière (bois)
Industrielle
Artisanale
Observations

241
Annexe 3. Questionnaire adressé aux populations locales implantées dans et autour
de la réserve de chasse de la Léfini
Thème : Perception des populations riveraines de la régression du couvert végétal de la
réserve de la Léfini.

Enquêté cible : chef de ménage ou son représentant


Localisation de l’enquêté

Questionnaire :……………………………… Date :………………………………..


Localité ou village :………………………………………………………………….

Section 1 : Identification de l’enquêté


1. Sexe :………………………………... 6. Catégorie professionnelle
2. Etes-vous de quelle ethnie :…………… Agriculteur
3. Etes vous de quelle nationalité ? Chasseur
4. Combien de temps vivez-vous dans la Pêcheur
localité ? Agent des secteurspublics ou privés
<5 ans 5-10 ans Commerçant
10 -15 ans >15ans Autre à préciser
5. Quel niveau d’instruction avez-vous?
Analphabète Primaire
Secondaire Supérieur

Section 2 : Régime foncier et mode d’acquisition des terres


7. A qui appartiennent les terres de la 9. Connaissez-vous les limites de la
réserve de la Léfini ? réserve de la Léfini ?
Etat Oui
Propriétaires terriens Non
Individus
8. Quel est le mode d’accès aux terres 10. Saviez-vous que des activités
Héritier anthropiques comme la chasse,
Don l’agriculture, la pèche, menées dans la
Achat réserve de la Léfini sont interdites par la
Location loi ?
Libre installation Oui Non
Autre à préciser

242
Section 3: Déterminants amenuisant le couvert végétal
11. Quel est le mode d’accès aux 14. Quels sont les déterminants directs
ressources forestières dans la réserve de la qui contribuent à la dégradation de la
Léfini? végétation ?
Autorisation de l’administration Chasse
forestière Agriculture
Autorisé par les autorités locales Pêche
Autorisation des propriétaires terriens Elevage
Libre sur toutes les terres Prélevement des PFNL
Autres à préciser Carbinisation
12. Pratiquez-vous une ou des activité(s) Coupe d’arbre
dans la réserve ? Feux
Oui Autres à préciser
Non
13. Si oui la ou les quelle(s) ? 15. Quels sont les déterminants indirects
Chasse qui contribuent à la dégradation de la
Agriculture végétation ?
Pêche Croissance démographique
Elevage Arrivée des migrants agricoles
Exploitation forestière artisanale Régime foncier
Carbonisation Textes et politique forestière
Autres à préciser Autres à préciser

Section 4 : Types d’exploitation des ressources


4.1. Activités agricoles et l’état des terres
16. Pratiquez-vous l’agriculture 23. Après combien d’années observez-vous la
dans la réserve de la Léfini ? jachère ?
Oui Non ………………………………………………..
17. Si oui, depuis combien 24. L’appauvrissement des terres vous contraint
d’années la pratiquez-vous? de défricher de nouvelles superficies pour
<5ans 5-10ans 10-15 ans l’agriculture ?
>15ans Oui Non
18. Est-elle pratiquée chaque 25. Quel est l’état des terres agricoles ?
année ? Pauvres Appauvries Fertiles
Oui Non
19. Combien des champs 26. Si vos terres agricoles sont pauvres et/ou
cultivez-vous l’année ? appauvries, quels sont les indicateurs ?
1 2 3 >3 ...........................................................................
20. A combien estimez-vous la 27. Où de préférence pratiquez-vous
superficie du champ? l’agriculture ?
< 0,5ha 0,5-1ha 1-1,5ha En savane En forêt
>1,5ha
21. A combien estimez-vous la 28. Quelles techniques agricoles utilisez-vous ?
distance entre votre maison et le …………………………………………………
champ le plus éloigné ?

243
<5 km 5-10 km 10-15 km
>15km

22. Quelle est la durée de la 29. Quels sont principaux produits cultivez
jachère ? vous ?……………………………………………

4.2. Prélèvement des produits forestiers non ligneux et des coupes d’arbres
30. Quels produits forestiers non 36. Pratiquez-vous des coupes à blanc ?
ligneux (PFNL) prélevez-vous ? Oui Non
31. Quel usage faites-vous de ces 37. Si oui, quelles espèces abattez-vous ?
produits? Bois d’œuvre Autre à préciser

32. Aviez vous constatez la 38. Quel usage en faites-vous ?


raréfaction de certains PFNL ? …………………………………………………
Oui Non ………………
33. Si oui, lesquels ? 39. Quelles techniques d’abattage utilisez vous?
…………………………………… Abattage à la scie
…………………………………… Abattage à la tronçonneuse
Abattage à la hache
Autres techniques à préciser
34. Depuis quelle année avez-vous 40. Aviez-vous constaté la raréfaction de
observé la raréfaction de ces certains bois d’œuvre ?
produits? ……………………….. Oui Non

35. Comment se fait l’acquisition 41. Si oui, lesquels?


en bois de chauffe ? ……………………………………………….
Ramassage Achat

4.3. Pratique du feu et de la chasse


42. A quel moment observez-vous les feux 44. Est-ce l’un des membres du ménage
de savane dans la réserve de la Léfini ? pratique-il la chasse ?
Saison sèche Saison de pluie Oui Non
Toute l’année
43. Quelles sont les causes de la pratique 45. Quelle est la destinée des gibiers
des feux ? chassés dans votre village?
Agriculture Autoconsommation
Chasse Commercialisation
Autres raisons à préciser

Section 5 : Impact de la dégradation des formations végétales et des sols


46. Comment percevez-vous l’état du 47. Comment percevez-vous l’état des
couvert végétal de la réserve de la Léfini? sols de la réserve de la Léfini ?
Dégradée Non dégradée Dégradée Non dégradée

244
Annexe 4. Guide d’entretien pour le gestionnaire et les écogardes de la réserve de
la Léfini
Thème : Perception du personnel de la réserve de la Léfini de la régression du couvert
végétal et des enjeux de gestion durable

Section 1. Fonctionnement et collaboration


1. Avez-vous les moyens nécessaires à votre disposition (Personnel et logistique) ?
2. Travaillez-vous en partenariatavec d’autres structures (administration, organisme,
ONG) ? Si oui, Quelle est la nature de vos rapports (égalitaire, complémentaires ou
conflictuels,) ?
3. Quelle est la nature des relations qui existent entre agents forestiers, les autorités
traditionnelles et les les populations riveraines (collaboration, fraternité ou
conflictuelle)?
4. Les populations ont-elles les droits dans la réserve de chasse de la Léfini ? Si oui,
lesquelles?

Section 2. Evolution du couvert végétal


1. Quels sont les déterminants indirects qui contribuent à la dégradation de la
végétation ?
Croissance démographique
Arrivée des migrants agricoles
Régime foncier
Textes et politique forestière
Autres à préciser
2. Quels sont les déterminants directs qui contribuent à la dégradation de la végétation ?
Chasse
Agriculture
Pêche
Elevage
Prélevement des PFNL
Carbinisation

245
Coupe d’arbre
Feux
Autres à préciser
3. A combien estimez-vous la superficie du champ?
<0.5 ha 0.5-1 ha 1-1.5 ha > 1.5 ha
4. Où de préférence pratiquez-vous l’agriculture ?
En savane En forêt
5. Pratiquez-vous des coupes à blanc ?
Oui Non
6. Si oui, quelles espèces abattez-vous ?
Bois d’œuvre Autre à préciser
7. Quelles techniques d’abattage utilisez-vous?
Abattage à la scie
Abattage à la tronçonneuse
Abattage à la hache
Autres techniques à préciser
8. Quels sont les impacts environnementaux de la dégradation des formations végétales?

Section 3. Enjeux de gestion durable


1. Est-ce les stratégies de conservation sont-elles compatibles avec les activités des
populations locales ?
2. Quelles sont les infractions les plus commises que vous avez relevées ?
3. Les responsables de ces infractions résident-ils dans les localités riveraines ou sont-
ils d’ailleurs ?
4. Les infractions constatées donnent-elles lieu à des condamnations ?
Si oui lesquelles ?
5. Quels sont les conflits les plus accrus entre l’administration forestière et les
populations locales ?
6. Pensez-vous qu’il est possible de conduire une politique efficace de gestion et de
conservation de la réserve de la Léfini ?

246
Annexe 5. Coordonnées géographiques des placeaux
N° Longitude Latitude
Placette (X) (Y) Strate Observation
1 0541250 9738458 FOTM Inventaire personnel
2 0539014 9735179 FOTM Inventaire personnel
3 0553621 9722920 FOTM Inventaire personnel
4 0555738 9734222 FOTM Inventaire personnel
5 0562597 9733095 FOTM Inventaire personnel
6 0562847 9732745 FOTM Inventaire personnel
7 0562396 9732870 FOTM Inventaire personnel
8 0562173 9732871 FOTM Inventaire personnel
9 0555812 9668644 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
10 0556312 9669144 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
11 0555586 9723663 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
12 0555836 9723913 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
13 0555836 9724413 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
14 0556336 9724413 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
15 0556336 9723913 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
16 0556086 9724163 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
17 0566653 9723970 FOTM Inventaire personnel
18 0571062 9728863 FOTM Inventaire personnel
19 0576016 9723895 FOTM Inventaire personnel
20 0559020 9732564 FOTM Inventaire personnel
21 0554536 9733086 Forêt secondaire Inventaire personnel
22 0554499 9732352 Forêt secondaire Inventaire personnel
23 0553850 9731309 Forêt secondaire Inventaire personnel
24 0553775 9730956 Forêt secondaire Inventaire personnel
25 0553167 9731849 Forêt secondaire Inventaire personnel
26 0562532 9733307 Forêt secondaire Inventaire personnel
27 0558839 9684162 Forêt secondaire Inventaire personnel
28 0543821 9667946 Forêt secondaire Inventaire personnel
29 0570021 9668548 Forêt secondaire Inventaire personnel
30 0541066 9712330 Forêt secondaire Inventaire personnel
31 0536042 9728895 Forêt secondaire Inventaire personnel
32 0551062 9718885 Forêt secondaire Inventaire personnel
33 0551024 9713895 Forêt secondaire Inventaire personnel
34 0541062 9713912 Forêt secondaire Inventaire personnel
35 0541062 9708970 Forêt secondaire Inventaire personnel
36 0551088 9703895 Forêt secondaire Inventaire personnel
37 0546062 9693861 Forêt secondaire Inventaire personnel
38 0556062 9688983 Forêt secondaire Inventaire personnel
39 0577292 9726377 Forêt secondaire Inventaire personnel
40 0533199 9728930 Forêt secondaire Inventaire personnel
41 0553671 9723746 SHFSA Inventaire personnel

247
42 0527787 9696037 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
43 0528037 9696287 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
44 0528037 9696787 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
45 0528537 9696787 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
46 0528537 9696287 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
47 0528287 9696537 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
48 0555825 9696278 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
49 0555825 9696778 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
50 0556325 9696778 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
51 0556325 9696278 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
52 0556075 9696528 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
53 0528031 9668654 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
54 0528031 9669154 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
55 0528531 9669154 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
56 0528531 9668654 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
57 0528281 9668904 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
58 0542933 9684193 SHFSA Inventaire personnel
59 0541948 9724200 SHFSA Inventaire personnel
60 0555536 9712644 SHFSA Inventaire personnel
61 0556062 9718821 SHFSA Inventaire personnel
62 0556092 9683895 SHFSA Inventaire personnel
63 0551062 9678974 SHFSA Inventaire personnel
64 0556062 9678911 SHFSA Inventaire personnel
65 0556062 9674064 SHFSA Inventaire personnel
66 0569192 9727065 SHFSA Inventaire personnel
67 0559083 9706988 SHFSA Inventaire personnel
68 0554138 9707920 SHFSA Inventaire personnel
69 0545715 9704070 SHFSA Inventaire personnel
70 0535505 9703446 SHFSA Inventaire personnel
71 0532515 9699210 SHFSA Inventaire personnel
72 0568406 9713575 SHFSA Inventaire personnel
73 0561195 9712800 SHFSA Inventaire personnel
74 0569603 9672973 SHFSA Inventaire personnel
75 0550373 9729702 SHFSA Inventaire personnel
76 0552308 9735032 SNAR Inventaire personnel
77 0547473 9736975 SNAR Inventaire personnel
78 0545805 9734100 SNAR Inventaire personnel
79 0575675 9720096 SNAR Inventaire personnel
80 0571275 9717090 SNAR Inventaire personnel
81 0570631 9714016 SNAR Inventaire personnel
82 0580140 9723799 SNAR Inventaire personnel
83 0555736 9701121 SNAR Inventaire personnel
84 0548104 9695507 SNAR Inventaire personnel
85 0552300 9695915 SNAR Inventaire personnel
86 0551613 9712192 SNAR Inventaire personnel
248
87 0547550 9708917 SNAR Inventaire personnel
88 0534469 9701756 SNAR Inventaire personnel
89 0565326 9708485 SNAR Inventaire personnel
90 0552465 9673230 SNAR Inventaire personnel
91 0548760 9677145 SNAR Inventaire personnel
92 0532260 9694877 SNAR Inventaire personnel
93 0558929 9687366 SNAR Inventaire personnel
94 0535476 9690586 SNAR Inventaire personnel
95 0570988 9722803 SNAR Inventaire personnel
96 0560550 9718337 SNAR Inventaire personnel
97 0544712 9729070 SNAR Inventaire personnel
98 0555195 9726510 SNAR Inventaire personnel
99 0542071 9706904 SNAR Inventaire personnel
100 0565520 9730140 SNAR Inventaire personnel

Annexe 6 : Localisation des forêts sacrées dans la réserve de la Léfini


Nom de la forêt Coordonnées géographiques
sacrée Longitude (X) Latitude (Y)

Ntsampo 0553504 9731616


Sanctuaire 0555854 9734773
Odion 0553051 9731739
Inké Angouali 0552191 9731194
Ngaouba 0554172 9729128
Sampo 0560232 9732039
Ngassou 0554319 9728291
Ngankan 0557632 9726429
Mbingoua 0557587 9726283
Itouatou 0554580 9724976
Inké Agite 0553581 9724112

249
Annexe 7 : Nombre de ménage par village
N° 2015 2017
Année Habitant Nombre de Habitant Nombre de
ménages ménages
District de Ngo
1 Ngo 7654 1403 7654 1403
2 Abbi 222 48 215 74
3 Abili Central 175 33 159 29
4 Akoui 212 40 215 45
5 Andzoungou 232 44 260 55
6 Ebou 216 51 216 45
7 Edzouala 98 28 98 30
8 Ekono 182 37 182 43
9 Essoua 382 106 398 110
10 Etsouali 1222 169 976 130
11 Impan 313 67 312 75
12 Impé 376 87 303 73
13 Mbeokala 154 30 154 29
14 Mpé 147 57 218 63
15 Mpoh 177 59 217 24
16 Ngo 2 333 92 418 102
17 Nsah 572 109 576 122
18 Okah 256 60 326 76
19 Okiené 221 39 271 75
20 Olono 369 77 308 51
21 Ontchouo 160 57 160 29
Total 13 673 2693 13 636 2683
District de Ngabé
22 Inoni Plateau 450

250
Annexe 8: Liste des familles inventoriéés
N° Code Nombre d'espèce Abondance
famille Famille par famille relative (%)
1 Ach Achariaceae 2 1,90
2 Ana Anacardiaceae 1 0,95
3 Ani Anisophylleaceae 1 0,95
4 Ann Annonaceae 7 6,67
5 Apo Apocynaceae 4 3,81
6 Asp Asparagaceae 1 0,95
7 Ast Asteraceae 1 0,95
8 Big Bignoniaceae 2 1,90
9 Bur Burseraceae 2 1,90
10 Can Cannabaceae 1 0,95
11 Chry Chrysobalanaceae 1 0,95
12 Clu Clusiaceae 4 3,81
13 Ebe Ebenaceae 1 0,95
14 Eup Euphorbiaceae 9 8,57
15 Fa-Cae Fabaceae-Caesalpinioideae 5 4,76
16 Fa-Min Fabaceae-Mimosoideae 7 6,67
17 Fa-Pap Fabaceae-Papilionoideae 3 2,86
18 Gen Gentianaceae 2 1,90
19 Irv Irvingiaceae 1 0,95
20 Lau Lauraceae 1 0,95
21 La-Vit Lamiaceae-Viticoideae 2 1,90
22 Lec Lecythidaceae 1 0,95
23 Mal-Bom Malvaceae-Bombacoideae 1 0,95
24 Mal-Ste Malvaceae-Sterculioideae 3 2,86
25 Mal-Til Malvaceae-Tilioideae 3 2,86
26 Meli Meliaceae 5 4,76
27 Mor Moraceae 3 2,86
28 Myri Myristicaceae 4 3,81
29 Myrt Myrtaceae 1 0,95
30 Och Ochnaceae 1 0,95
31 Ola Olacaceae 7 6,67
32 Pas Passifloraceae 1 0,95
33 Phyl Phyllanthaceae 6 5,71
34 Rha Rhamnaceae 1 0,95
35 Rub Rubiaceae 3 2,86
36 Rus Ruscaceae 1 0,95
37 Sali Salicaceae 1 0,95
38 Sapi Sapindaceae 2 1,90
39 Urt Urticaceae 3 2,86

TOTAL 105 100

251
Annexe 9 : Nombre d’individus par genre
N° Genre Nombre d'individus Abondance relative (%)
1 Albizia 8 0,48
2 Allanblackia 1 0,06
3 Alstonia 4 0,24
4 Amphimas 1 0,06
5 Anisophylea 48 2,88
6 Annona 1 0,06
7 Anoniduim 34 2,04
8 Antaris 12 0,72
9 Anthocleista 1 0,06
10 Bartenia 18 1,08
11 Beilschmiedia 64 3,85
12 Bikinia 5 0,30
13 Bligia 20 1,20
14 Bridelia 1 0,06
15 Canarium 1 0,06
16 Carapa 3 0,18
17 Cathormien 18 1,08
18 Ceiba 2 0,12
19 Celtis 12 0,72
20 Cleistopholis 7 0,42
21 Coelocaryon 12 0,72
22 Cola 2 0,12
23 Dacryodes 5 0,30
24 Dialium 64 3,85
25 Diogoa 2 0,12
26 Diospyros 2 0,12
27 Dracaena 4 0,24
28 Duboscia 3 0,18

252
29 Duguetia 3 0,18
30 Engomengoma 1 0,06
31 Entandrophragma 12 0,72
32 Eriocoelum 33 1,98
33 Funtumia 5 0,30
34 Garcinia 15 0,90
35 Glyphaea 3 0,18
36 Greuvia 59 3,55
37 Guarea 12 0,72
38 Hallea 2 0,12
39 Harungana 1 0,06
40 Heisteria 2 0,12
41 Homalium 7 0,42
42 Hylodendron 3 0,18
43 Hymenocardia 88 5,29
44 Irvingia 2 0,12
45 Lophira 2 0,12
46 Macaranga 70 4,21
47 Maesobotrya 1 0,06
48 Maesopsis 3 0,18
49 Maprounea 5 0,30
50 Margaritaria 98 5,89
51 Markhamia 34 2,04
52 Milletia 56 3,37
53 Musanga 86 5,17
54 Myrianthus 5 0,30
55 Oncoba 30 1,80
56 Ongokea 15 0,90
57 Pachyelasma 16 0,96
58 Parinari 35 2,10

253
59 Pentaclethra 91 5,47
60 Petersianthus 60 3,61
61 Piptadeniastrum 46 2,76
62 Plagiostyles 100 6,01
63 Psychotria 1 0,06
64 Psydrax 6 0,36
65 Pterygota 10 0,60
66 Pycnanthus 45 2,70
67 Ricinodendron heudelotii 10 0,60
68 Santiria 9 0,54
69 Spathodia 7 0,42
70 Staudtia 70 4,21
71 Sterculia 2 0,12
72 Strombosia 6 0,36
73 Strombosiopsis 6 0,36
74 Strychnos 14 0,84
75 Symphonia 18 1,08
76 Syzygium 1 0,06
77 Tabernaemontana 2 0,12
78 Tetrapleura 5 0,30
79 Tetrorchidium 5 0,30
80 Treculia 1 0,06
81 Trichilia 10 0,60
82 Trilepisium 1 0,06
83 Uapaca 10 0,60
84 Vernonia 1 0,06
85 Vitex 4 0,24
86 Xanthoxylum 1 0,06
87 Xylophia 63 3,79
Total 1664 100,00

254
Annexe 10: Liste des espèces rencontées
Espèce Nombre
Code Famille
Nom pilote Nom scientifiue d'individus
Essioko Caloncoba Welwitschii Oliv. 27
Ach Achariaceae Oncoba Oncoba glauca (P.Beauv.) Planch. 3
Ana Anacardiaceae Aiélé Canarium schweinfurthiiEngl. 1

Anisophylea purpurascens Hutch. &


Ani Anisophylleaceae Envuin Dalz. 48

Nom Akwi Xylopia hypolampra Mildbr. 15


Duguetia staudtii (Engl. & Diels)
Ntom Chatrou 3
Anonidium mannii (Oliv.) Engl. &
Ebom Diels 34
Ann Annonaceae
Annona arenaria Schumach. &
Annona Thonn. 1
Oyang Xylopia aethiopica (Dunal) A. Rich. 47
Odjobi Xylopia staudtii Engl. & Diels 1
Cleistopholis glauca Pierre ex Engl.
Avom & Diels 7
Emien Alstonia congensis Engl. 4
Mutondo 1 Funtumia elastica (P. Preuss) Stapf 4
Apo Apocynaceae
Etuia Tabernaemontana crassa Benth. 2
Mutondo 2 Funtumia africana (Benth.) Stapf 1
Asp Asparagaceae Olon Zanthoxylum macrophyllum Oliv. 1
Ast Asteraceae Vernonia Vernonia conferta Benth. 1
Markhamia tomentosa (Benth.) K.
Lusambya Schum. ex Engl. 34
Big Bignoniaceae
Tulupier du
Gabon Spathodea campanulata P. Beauv. 7

255
Dacryodes pubescens (Vermoesen)
Bur Burseraceae Safoukala H.J.Lam 5

Ebo Santiria trimera (Oliv.) Aubrév. 9


Can Cannabaceae Diania Celtis tessmannii Rendle 12
Chry Chrysobalanaceae Ossang-eli 35
Parinari excelsaSabine

Harungana madagascariensisLam.
Mpessu ex Poir. 1
Clu Clusiaceae Nsangomo Allanblackia floribunda Oliv. 1
Garcinia Garcinia sp 15

Manil (Ossol) Symphonia globuliferaL.f. 18


Ebe Ebenaceae Ebéne Diospyros sp. 2
Maprounea membranacea Pax &
Issiendi-koko K.Hoffm. 3

Assas 2 Macaranga monandraMüll.Arg. 12

Assas 1 Macaranga barteriMüll.Arg. 53


Assas 3 Macaranga spinosa Müll.Arg. 2
Eup Euphorbiceae Ricinodendron heudelotii (Baill.)
Essessang Pierre ex Hecke 10

Tetrorchidium didymostemon
Niola (Baill.) Pax & K.Hoffm. 5
Issèssè Maprounea africana Müll.Arg. 2
Plagiostyles africana (Müll.Arg.)
Essoula Prain 100
Assas 4 Macaranga schweinfurthii Pax 3
Omvong Dialium pachyphyllumHarms 37
Fa- Fa-
Eyoum Dialium dinklagei Harms 27
Cae Caesalpinioideae
Mvanda Hylodendron gabunense Taub. 3

256
Mekogho Pachyclasna tessmannii (Harms)
(faux tali) Harms 16
Andoung Bikinia letestui (Pellegr.) Wieringa 5
Tetrapleura tetraptera (Schum. &
Akpa Thonn.) Taub. 5
Pentaclethra eetveldeana De Wild.
Engona & T.Durand 85
Piptadeniastrum africanum
Dabéma (Hook.f.) Brenan 46
Fa-
Fa-Mimosoideae Albizia gummifera (J.F.Gmel.)
Mim
Sifou-Sifou C.A.Sm. 7
Mubala 1 Pentaclethra macrophylla Benth. 6
Albizia adianthifolia (Schumach.)
Mepepe W.Wight 1
Cathormion altissimum (Hook.f.)
Cathormion Hutch. & Dandy 18
Wengué Millettia laurentii De Wild. 45

Fa- Millettia eetveldeana (Micheli)


Fa-Papiloinoideae Millettia 11
Pap Hauman
Amphimas ferruginea Pierre ex
Lati Pellegr 1

Strychnos Strychnos variabilis De Wild. 14


Gen Gentianaceae

Ayinda Anthocleista vogeliiPlanch. 1


Musia Hymenocardia acida Tul. 85
Hym Hymenocardiaceae
Ngaikoko Hymenocardia ulmoides Oliv. 3
Irv Irvingiaceae Olène Irvingia grandifolia (Engl.) Engl. 2
Lau Beilschmiedia obscura (Stapf)
Lauraceae Kanda Engl. ex A.Chev. 64

257
Evino Vitex doniana Sweet 2
La-
La-Viticoideae Ivoula
Vit
(evoula) Vitex grandifolia Gürke 2
Lec Petersianthus macrocarpus
Lecythidaceae Essia (P.Beauv.) Liben 60
Ma- Malvaceae-
Bom Bombacoideae Fromager Ceiba pentandra (L.) Gaertn. 2
Koto Pterygota macrocarpa K.Schum. 10
Ma- Sterculia
Ma-Sterculioideae
Ste (Ezelfou) Sterculia tragacantha Lindl. 2
Kolatier Cola altissima Engl. 2
Akak Duboscia macrocarpa Bocq. 3
Ma- Malvaceae-
Tiliaceae Glyphaea brevis (Spreng.) Monach. 3
Til Tilioideae
Ntsui-Téké Grewia coriacea Mast. 59
Entandrophragma utile (Dawe &
Sipo Sprague) Sprague 9
Bossé-clair Guarea cedrata (A.Chev.) Pellegr. 12
Crabwood Carapa procera DC. 3
Méli Méliaceae
Isohou
(Lebonda) Trichilia heudelotii Planch. ex Oliv. 10
Entandrophragma angolense
Tiama blanc (Welw.) C.DC. 3
Ako Antiaris toxicaria Lesch. 12

Mor Moraceae
Osomzo Trilepisium madagascariensis DC. 1
Uvava Treculia obovoidea N.E. Br. 1
Pycnanthus angolensis (Welw.)
Ilomba Warb. 43
Myri Myristicaceae
Niové Staudtia kamerunensis Warb. 70
Ekoune Coelocaryon preussii Warb. 12

258
Ilomba des
Marais Pycnanthus marchalianus Ghesq. 2
Myrt Syzygium brazzavilllense Aubrév. &
Myrtaceae Eguim Pellegr. 1
Och Ochnaceae Azobé Lophira alata Banks ex P.Gaertn. 2
Angueuk Ongokea gore (Hua) Pierre 15
Afina Strombosia pustulata Oliv. 1
Engomengoma Engomengoma gordonii 1

Ola Olacaceae Mbazoa rouge Strombosia grandifolia Hook.f. 5


Edjip Strombosiopsis tetrandra Engl. 6
Heisteria Heisteria parvifolia Sm. 2
Ekoba Diogoa zenkeri (Engl.) Exell &
(Diogoa) Mendonça 2
Arbre à
Pas Passifloraceae
Fourmis Barteria fistulosa Mast. 18
Margaritaria discoidea (Baill.)
Ebebeng Webster 98
Rikio 2 Uapaca heudelotii Baill. 10
Phy Phyllanthaceae
Maesobotrya barteri ((Baill.)
Sabifout Hutch..) Hutch.ch. 1
kikolkoto Bridelia ferruginea Benth. 1
Rha Rhamnaceae Musizi Maesopsis eminii Engl. 3
Psydrax arnoldiana (De Wild. & T.
Ebouk bong Durand) Bridson 6
Rub Arparaceae
Beck Psychotria sp 1
Bahia Hallea stipulosa (DC.) Leroy 2
Rus Ruscaceae Dragonier Dracaena arborea (Willd.) Link 4
Sali Salicaceae Abena Homalium letestui Pellegr. 7
Toko Blighia welwitschii (Hiern) Radlk. 20
Sapi Sapindaceae
Mugondi Eriocoelum sp. 33

259
Parasolier Musanga cecropioides R.Br. 86
Mububa
Urt Urticaceae
(Mengama) Myrianthus arboreus P.Beauv. 4
Mububa 2 Myrianthus seretii (De Wild.) Ruiter 1
1664

Annexe 11 : Densités des espèces


Espèce
Densité relative
Nom pilote Nom scientifique
Essioko Caloncoba welwitschii (Oliv.) Gilg 1,62
Oncoba Oncoba glauca (P. Beauv.) Planch. 0,18
Aiélé Canarium schweinfurthii Engl. 0,06

Anisophyllea purpurascensHutch. &


Envuin Dalz. 2,88

Xylopia hypolampraMildbr.
Nom Akwi 0,90
Duguetia staudtii (Engl. & Diels)
Ntom Chatrou 0,18
Ebom Anonidium mannii(Oliv.) Engl. & Diels. 2,04

Annona Annona arenaria Schumach. & Thonn. 0,06


Oyang Xylopia aethiopica (Dunal) A. Rich. 2,82
Odjobi Xylopia staudtii Engl. & Diels 0,06

Cleistopholis glaucaPierre ex Engl. &


Avom Diels 0,42
Emien Alstonia congensis Engl. 0,24

260
Mutondo 1 Funtumia elastica (P. Preuss) Stapf 0,24
Etuia Tabernaemontana crassa Benth. 0,12
Mutondo Funtumia africana (Benth.) Stapf 0,06
Vernonia Vernonia conferta Benth. 0,06
Markhamia tomentosa (Benth.) K.
Lusambya Schum. ex Engl. 2,04
Tulupier du
Gabon Spathodea campanulata P.Beauv. 0,42
Dacryodes pubescens (Vermoesen)
Safoukala H.J.Lam 0,30

Ebo Santiria trimera (Oliv.) Aubrév. 0,54

Diania Celtis tessmanniiRendle 0,72


Ossang-eli Parinari excelsa Sabine 2,10

Harungana madagascariensisLam. ex
Mpessu Poir. 0,06
Nsangomo Allanblackia floribunda Oliv. 0,06
Garcinia Garcinia sp 0,90
Manil (Ossol) Symphonia globulifera L.f. 1,08
Ebéne Diospyros sp. 0,12
Maprounea membranacea Pax &
Issiendi-koko K.Hoffm. 0,18

Assas 2 Macaranga monandraMüll.Arg. 0,72

Assas 1 Macaranga barteriMüll.Arg. 3,19


Assas 3 Macaranga spinosa Müll.Arg. 0,12
Ricinodendron heudelotii (Baill.) Pierre
Essessang ex Heckel 0,60

261
Tetrorchidium didymostemon (Baill.)
Niola Pax & K.Hoffm. 0,30
Issèssè Maprounea africana Müll.Arg. 0,12
Essoula Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain 6,01
Assas 4 Macaranga schweinfurthii Pax 0,18
Omvong Dialium pachyphyllum Harms 2,22
Eyoum Dialium dinklagei Harms 1,62
Mvanda Hylodendron gabunense Taub. 0,18
Mekogho (faux
tali) Pachyelasma tessmannii (Harms) Harms 0,96
Andoung Bikinia letestui (Pellegr.) Wieringa 0,30
Tetrapleura tetraptera (Schum. &
Akpa Thonn.) Taub. 0,30
Pentaclethra eetveldeana De Wild. &
Engona T.Durand 5,11
Piptadeniastrum africanum (Hook.f.)
Dabéma Brenan 2,76
Sifou-Sifou Albizia gummifera (J.F.Gmel.) C.A.Sm. 0,42
Mubala Pentaclethra macrophylla Benth. 0,36
Albizia adianthifolia (Schumach.)
Mepepe W.Wight 0,06

Cathormion altissimum (Hook.f.)


Cathormion Hutch. & Dandy 1,08
Wengué Millettia laurentii De Wild. 2,70

Milletia Millettia eetveldeana(Micheli) Hauman 0,66


Lati Amphimas ferruginea Pierre ex Pellegr. 0,06

Strychnos Strychnos variabilisDe Wild. 0,84

262
Ayinda Anthocleista vogelii Planch. 0,06
Musia Hymenocardia acida Tul. 5,11
Ngaikoko Hymenocardia ulmoides Oliv. 0,18
Olène Irvingia grandifolia (Engl.) Engl. 0,12
Beilschmiedia obscura (Stapf) Engl. ex
Kanda A.Chev. 3,85
Evino Vitex sp 0,12
Ivoula (evoula) Vitex grandifolia Gürke 0,12
Petersianthus macrocarpus (P.Beauv.)
Essia Liben 3,61
Fromager Ceiba pentandra (L.) Gaertn. 0,12
Koto Pterygota macrocarpa K.Schum. 0,60
Sterculia
(Ezelfou) Sterculia tragacanthaLindl. 0,12
Kolatier Cola altissima Engl. 0,12
Akak Duboscia macrocarpaBocq. 0,18
Tiliaceae Glyphaea brevis (Spreng.) Monach. 0,18
Ntsui-Téké Grewia coriacea Mast. 3,55
Entandrophragma utile (Dawe &
Sipo Sprague) Sprague 0,54
Bossé-clair Guarea cedrata (A.Chev.) Pellegr. 0,72
Crabwood Carapa proceraDC. 0,18
Isohou
(Lebonda) Trichilia heudelotiiPlanch. ex Oliv. 0,60
Entandrophragma angolense (Welw.)
Tiama blanc C.DC. 0,18
Ako Antiaris toxicariaLesch. 0,72
Osomzo Trilepisium madagascariensis DC. 0,06
Uvava Treculia obovoideaN.E. Br. 0,06
Ilomba Pycnanthus angolensis (Welw.) Warb. 2,58

263
Niové Staudtia kamerunensisWarb. 4,21
Ekoune Coelocaryon preussiiWarb. 0,72

Ilomba des Pycnanthus marchalianusGhesq.


Marais 0,12
Syzygium brazzavilllense Aubrev. &
Eguim Pellegr. 0,06
Azobé Lophira alataBanks ex P.Gaertn. 0,12
Angueuk Ongokea gore(Hua) Pierre 0,90
Afina Strombosia pustulataOliv. 0,06
Engomengoma Engomengoma gordonii 0,06
Mbazoa rouge Strombosia grandifoliaHook.f. 0,30
Edjip Strombosiopsis tetrandraEngl. 0,36
Heisteria Heisteria parvifoliaSm. 0,12
Diogoa zenkeri (Engl.) Exell &
Ekoba (Diogoa) Mendonça 0,12
Arbre à Fourmis Barteria fistrelosaMast. 1,08
Ebebeng Margaritaria discoidea (Baill.) Webster 5,89
Rikio Uapaca heudelotii Baill. 0,60
Sabifout Maesobotrya barteri (Baill.) Hutch. 0,06
kikolkoto Bridelia ferruginea Benth. 0,06
Musizi Maesopsis eminii Engl. 0,18
Psydrax arnoldiana (De Wild. & T.
Ebouk bong Durand) Bridson 0,36
Beck Psychotria sp 0,06
Bahia Hallea stipulosa (DC.) Leroy 0,12
Dragonier Dracaena arborea (Willd.) Link 0,24
Olon Zanthoxylum macrophyllum Oliv. 0,06
Abena Homalium letestui Pellegr. 0,42
Toko Blighia welwitschii (Hiern) Radlk. 1,20
Mugondi Eriocoelum sp. 1,98

264
Parasolier Musanga cecropioidesR.Br. 5,17
Mububa
(Mengama) Myrianthus arboreusP.Beauv. 0,24
Mububa 2 Myrianthus seretii (De Wild.) Ruiter 0,06
Total 100,00

Annexe 12: Relation surface terrière-dominance relative par classe de diamètre


Classe de Nombre Densité Surface Dominance
diamètre d'individus relative terrière (cm²) Relative (%)
[10-20[ 616 37 116 784 7
[20-30[ 453 27 208 379 13
[30-40[ 249 15 227 079 14
[40-50[ 156 9 240 139 15
[50-60[ 68 4 144 630 9
[60-70[ 46 3 152 524 9
[70-80[ 25 2 104 469 6
[80-90[ 17 1 86 634 5
[90-100[ 11 1 74 580 5
100 et + 23 1 264 584 16
1664 100 1 619 802 100

265
Annexe 13 : Histogrammes des indices de brillance

a. février 2001 b. juin 2006

c. janvier 2007 d. juillet 2008

e. juillet 2011 f. juin 2018

266
Table des matières
SOMMAIRE…………………………………………………………………………………………….1

SIGLES ET ABREVIATIONS .................................................................................................................. 2


RESUME ................................................................................................................................................. 5
SUMMARY………………………………………………………………………………………………………….6

DEDICACE…………………………………………………………………………………………………………7

REMERCIEMENTS………………………………………………………………………………………………..8

INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................................. 11


PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE, CADRE GEOGRAPHIQUE ET APPROCHE
METHODOLOGIQUE .......................................................................................................................... 15
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, QUESTIONS DE RECHERCHE ET CLARIFICATION DES
CONCEPTS ........................................................................................................................................... 16
I. Etat des connaissances sur les études de végétation des plateaux Téké ............................................ 16
I.1.Origine des paysages forêts et savanes............................................................................................ 16
I.2. Synthèse des études en phytogéographie, botanique et cartographie forestière ............................ 18
II. Problématique .................................................................................................................................. 21
III. Objectifs de l’étude .......................................................................................................................... 24
III.1. Objectif général…………………………………………………………………………………..24

III.2. Objectifs spécifiques……………………………………………………………………………..24

IV. Hypothèses de travail ...................................................................................................................... 25


IV. Hypothèse générale………………………………………………………………………………...25

IV. Hypothèses sécondaires……………………………………………………………………………25

V. justification et intérêt scientifique de l’étude .................................................................................... 25


VI. Clarification des concepts ............................................................................................................... 26
VI.1. Sciences géographique et naturelle .............................................................................................. 26
VI.2. Techniques et outils d’analyse spatiale ........................................................................................ 28
Conclusion………………………………………………………………………………………………………………………………………..29

CHAPITRE II : APPROCHE METHODOLOGIQUE .......................................................................... 30


I. Données utilisées et leurs limites ....................................................................................................... 30
I.1. Données de terrain .......................................................................................................................... 30
I.1.1. Relevés de terrain issus de l’inventaire forestier ......................................................................... 30
I.1.2. Données climatiques .................................................................................................................... 30
I.1.3. Campagnes de terrain auprès des populations riveraines ........................................................... 31

267
I.2.Données de télédétection : Images satellitaires ............................................................................... 32
I.3. Autres données ............................................................................................................................... 34
I.3.1. Cartes topographiques ................................................................................................................. 34
I.3.2. Modèles Numériques de Terrain de type SRTM .......................................................................... 35
II. Méthodes ........................................................................................................................................... 35
II.1. Inventaire botanique ...................................................................................................................... 35
II.1.1. Synthèse de relevés des forêts d’Afrique tropicale ..................................................................... 35
II.1.2. Nomenclature des types de végétation ........................................................................................ 38
II.2. Protocole de collecte et de traitement des données d’inventaire .................................................. 39
II.2.1. Plan d’échantillonnage ............................................................................................................... 40
II.2.2. Collecte des données de terrain .................................................................................................. 43
II.2.3. Organisation de la végétation .................................................................................................... 44
II.2.4. Indices statistiques de biodiversité ............................................................................................. 45
II.2.5. Processus de classification des données de télédétection.......................................................... 48
II.2.6. Dynamique de l’environnement physique et humain .................................................................. 61
Conclusion ……………………………………………………………………………………………………………………………………….65

Conclusion de la première partie .......................................................................................................... 65


DEUXIEME PARTIE : CONTEXTE DE LA CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE AU CONGO
ET PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE………………………………………………………………66
CHAPITRE III : CONTEXTE DE LA CONSERVATION DE LABIODIVERSITE AU CONGO .......... 67
I. Enjeux de la biodiversité…………………………………………………………………………….67

II. Contexte législatif des aires protégées ............................................................................................. 69


II.1. Texte organique sur les aires protégées ........................................................................................ 70
II.2. Autres textes en relation avec la législation nationale sur les aires protégées ............................. 70
II.3. Conventions internationales et régionales .................................................................................... 71
III. Typologie des aires protégées ......................................................................................................... 72
IV. Aires protégées: Réservoir de sécurisation climatique et environnementale .................................. 78
V. Enjeux de gestion durable et situation d’aménagement des forêts ................................................... 78
VI. Sources de financement……………………………………………………………………………84

VII. Enjeux socio-économiques des aires protégées ............................................................................. 85


Conclusion…………………………………………………………………………………………………………86

CHAPITRE IV: PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE................................................................ 87


I. Statut juridique UICN ........................................................................................................................ 87
II. Situation géographique de la réserve de la Léfini ............................................................................ 87

268
III. Caractéristiques physiques.............................................................................................................. 90
III.1. Unité morphologique .................................................................................................................... 90
III.2. Altimétrie ...................................................................................................................................... 93
III.3. Formation géologique .................................................................................................................. 94
III.4. Sols ............................................................................................................................................... 95
III.4.1. Caractéristiques physico-chimiques du sol ............................................................................... 95
III4.2. Types de sols............................................................................................................................... 96
III.5. Cadre climatique .......................................................................................................................... 98
III.5.1. Principaux éléments du climat .................................................................................................. 98
IV.Aspects biotiques ........................................................................................................................... 106
IV.1. Grands ensembles de végétation .............................................................................................. 106
IV.2. Distribution phytogéographique………………………………………………………………..107

IV.2.1. Critères pour les classifications phytogéographiques………………………………………...107

IV.2.2. Divisions chorologiques de l'Afrique tropicale………………………………………………112

IV.2.3. Territoires phytogéographiques du Congo…………………………………………………...115

IV.2.4. Divisions phytogéographiques des Plateaux Tékés…………………………………………..116

IV.2. Diversité animale ..................................................................................................................... 117


IV.2.1. Mammifères phares destinés à la conservation ................................................................... 118
IV.2.2. Rôle de la faune sauvage sur la dissémination des espèces ................................................... 119
V. Milieu humain ................................................................................................................................. 119
V.1. Peuplement autour et dans la réserve .......................................................................................... 119
V.2. Us et coutumes ............................................................................................................................. 120
V.2. 1. Organisation sociale ................................................................................................................ 120
V.2.2. Légendes et croyances liées à l’exploitation des ressources forestières .................................. 121
V.2.3. Importance de la flore et de la faune sauvage et les valeurs socioculturelles .......................... 122
V.3. Population .................................................................................................................................... 123
V.4. Evolution de la densité des peuplements...................................................................................... 124
V.4.1. Villages implantés autour de la réserve .................................................................................... 124
V.4.2. Villages implantés dans la réserve............................................................................................ 127
V.5. Activités humaines ....................................................................................................................... 128
V.5.1. Activités contribuant à la disparition du couvert végétal et de la faune .................................. 128
V.5.2. Activités à effets négligeables sur le couvert végétal ................................................................ 129
Conclusion........................................................................................................................................... 129
Conclusion de la deuxième partie ....................................................................................................... 130

269
TROISIEME PARTIE : CARACTERISATION, EVOLUTION ET DETERMINANTS DU COUVERT
VEGETAL ............................................................................................................................................ 131
CHAPITRE V : CARACTERISATION DES FORMATIONS VEGETALES ....................................... 132
I. Identification des paysages .............................................................................................................. 132
I.1. Variation topographique et types de formations végétales rencontrées ...................................... 132
I.1.1. Zone Adzi - Eko .......................................................................................................................... 132
I.1.2. Zone Mpoh - Ekono .................................................................................................................... 133
I.1.3. Zone Mpoh-Gite de la réserve ................................................................................................... 134
I.1.4. Zone Impé-Rivière Léfini ........................................................................................................... 134
I.2. Formations ouvertes et basses dominantes ................................................................................... 136
I.3. Produits forestiers non ligneux rencontrés dans la zone .............................................................. 136
I.3.1. Usages des espèces végétales dans l'alimentation et la médecine traditionnelle...……………..137

I.3.2. Usages des espèces végétales en artisant et dans la construction………………………………140

I.3.3. Importance économique des PFNL…………………………………………………………….141

I.4. Zones dépouvues de végétation ..................................................................................................... 141


II. Présentation des résultats d’inventaire ligneux.............................................................................. 141
II.1. Diversité des familles ................................................................................................................... 142
II.2. Diversité des genres..................................................................................................................... 143
II.3. Diversité des espèces et leurs groupements écologiques ............................................................. 144
II.4. Valeur économique de la flore ligneuse ...................................................................................... 145
III. Evaluation de la biodiversité par les indices écologiques de structure ........................................ 146
IV. Caractéristiques structurales des formations végétales ................................................................ 147
IV.1. Structure verticale ...................................................................................................................... 147
IV.2. Structure horizontale .................................................................................................................. 152
IV.2.1. Distribution des espèces .......................................................................................................... 152
IV.2.2. Densité et dominance relatives par classe de diamètre ........................................................... 152
Conclusion……………………………………………………………………………………………………….154

CHAPITRE VI: DYNAMIQUE ET DETERMINANTS DE REGRESSION DU COUVERT VEGETAL


............................................................................................................................................................. 155
I. Analyse des résultats de la classification des images ...................................................................... 155
I.1. Résultats de la classification des images ...................................................................................... 155
I.2. Dynamique de l’occupation du sol................................................................................................ 158
I.2.1. Occupation du sol entre 2001-2011 ........................................................................................... 159
I.2.2. Occupation du sol entre 2011 et 2018 ....................................................................................... 159

270
I.2.3. Types de changements des classes d’occupation des sols.......................................................... 161
II. Evolution de la productivité végétale détectée à partir de NDVI ................................................... 164
II.1. Caractéristiques spectrales de la végétation ............................................................................... 164
II.2. Cycle mensuel et saisonnier de la productivité végétale ............................................................ 165
II.3. Variation du NDVI selon les classes d’occupation du sol ........................................................... 167
III. Comportement de l’indice de brillance ........................................................................................ 169
IV. Déterminants de régression de la végétation ................................................................................ 172
IV.1. Evolution régressive de la végétation liée aux contraintes de l’environnement naturel ............ 173
IV.1.1. Régression due aux facteurs sol-précipitations ....................................................................... 173
IV.1.2. Action de la lumière, de la température et des vents ............................................................... 174
IV.1.3. Origine biologique................................................................................................................... 175
IV.2. Analyse des indicateurs de perturbation de la biodiversité végétale ......................................... 175
IV.3. Perception des populations enquêtées ........................................................................................ 176
IV.3.1. Caractéristiques socio-professionnelles ................................................................................. 176
IV.3.2. Régime foncier de la réserve de la Léfini ............................................................................... 177
IV.3.3. Modes d’accès à la terre dans les villages autour et dans la réserve ..................................... 178
IV.3.4. Fonctionnement et collaboration ............................................................................................. 178
IV.3.5. Déterminants de la dégradation du couvert végétal ................................................................ 179
IV.3.6. Exploitation des ressources forestières ................................................................................... 184
V. Impact sur les composantes environnementales ............................................................................. 185
V.1. Interaction entre déterminants et composantes environnementales ............................................ 185
V.2. Evaluation et quantification des impacts ..................................................................................... 188
Conclusion……………………………………………………………………………………………………….189

CHAPITRE VII: DISCUSSION DES RESULTATS ............................................................................. 191


1. Discussion sur la caractérisation du couvert végétal ..................................................................... 191
1.1. Critique des techniques et méthodes utilisées .............................................................................. 191
1.2. Analyse de la végétation ............................................................................................................... 192
1.2.1. Richesse de la flore................................................................................................................... 192
1.2.2. Diversité, structure et groupements végétaux ........................................................................... 196
II. Discussion sur la dynamique du couvert végétal............................................................................ 200
II.1. Critique des techniques et méthodes............................................................................................ 200
II.2. Dynamique spatio-temporelle du couvert végétal ....................................................................... 203
II.2.1. Dynamique de NDVI ................................................................................................................. 203
II.2.2. Dynamique d’indice de brillance.............................................................................................. 206
II.2.3. Dynamique de l’occupation du sol ........................................................................................... 206

271
III. Effets des activités anthropiques sur la structure spatiale des paysages ...................................... 207
IV. Enjeux de la conservation.............................................................................................................. 210
Conclusion……………………………………………………………………………………………213

Conclusion de la troisième partie……………………………………………………………………..214

Conclusion générale et perpectives ..................................................................................................... 213


REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .............................................................................................. 222
Liste des figures ................................................................................................................................... 237
Liste des tableaux ................................................................................................................................ 238
Liste des photos ................................................................................................................................... 239
Liste des annexes ................................................................................................................................. 239
ANNEXES ............................................................................................................................................ 240

272
RESUME
La présente étude a été réalisée de 2001 à 2018. Elle vise à décrire
l’hétérogénéité spatiale du couvert végétal de la réserve de chasse de la Léfini,
située à 140 km au nord de Brazzaville. Le traitement des données floristiques
issues de l’inventaire, la cartographie évolutive sur la base des données de
télédétection et l’analyse des perceptions à partir d’un échantillonr eprésentatif
de 323 ménages sur 2518, soumis à une enquête dans 10 villages, ont été les
principales méthodes et techniques utilisées. Les résultats de l’étude montrent
que les Euphorbiaceae, les Annonaceae, les
Fabaceae-Mimosoideae et les Olacaceae sont les familles dont l’abondance relative est la plus
représentative.Le peuplement des ligneux est diversifié et que la richesse spécifique est importante du
fait que les indices de diversité de Shannon (H') se rapprochent des diversités maximales (H’max).
L’indice d’équitabilité (J) est plus grand en forêt (0,84) et très faible en savane (0,15), ce qui signifie
que la répartition des individus entre les espèces forestières est plus homogène. Ces espèces sont plus
équitablement réparties que celles de la savane marquées par la dominance d’une seule espèce,
Hymenocardia acidaTul. La réserve de la Léfini a connu une forte diminution moyenne annuelle de la
forêt ombrophile à tendance mésophile estimée à 1,18% soit une réduction de surface de 901 ha/an. La
forêt secondaire a enregistré un faible taux d’évolution positif moyen annuel de (+0,03%) soit une
augmentation de superficie estimée à 5,94 ha/an. Le couvert végétal est dans une dynamique générale
avec un taux de dégradation estimé à 4,5%. Les sols non forestiers et dénudés sont caractérisés par des
valeurs faibles de NDVI (<0,3). Dans ce cas, la productivité végétale est faible. Les indices de brillances
assez (< 25%) sont en corrélation avec le type de sol et le rayonnement solaire quelque soit la saison.
Leurs variations mensuelles sont conditionnées par les changements d’état du couvert végétal dont la
production dépend de la distribution des ressources hydriques au cours de la saison des pluies.
L’augmentation de la population, les feux et l’agriculture sur brûlis en sont les principaux
déterminants. Les impacts sont multiples et marqués par la disparition des espèces fauniques,
l’exposition des sols au ruissellement des eaux pluviales et l’appauvrissement de la couche arable.
Mots-Clés: République du Congo, rivière Léfini, réserve de chasse, couvert végétal, hétérogénéité
spatiale, perception, indices de biodiversité.

SUMMARY This study was conducted from 2001 to 2018. It aims to describe the spatial heterogeneity
of the vegetation cover of the Lefini hunting reserve, located 140 km north of Brazzaville. The processing
of floristic data from the inventory, evolutionary mapping based on remote sensing data and analysis of
perceptions from a representative sample of 323 households out of 2518, surveyed in 10 villages, were
the main methods and techniques used. The results of the study show that Euphorbiaceae, Annonaceae,
Fabaceae-Mimosoideae and Olacaceae are the families with the most representative relative
abundance. The settlement of the woody is diverse and the specific richness is important because the
Shannon Diversity Indexes (H') are close to maximum diversity (H'max). The equitability index (J) is
higher in the forest (0.84) and very low in savannah (0.15), which means that the distribution of
individuals among forest species is more homogeneous. These species are more evenly distributed than
those of the savannah marked by the dominance of a single species, Hymenocardia acida Tul. The Lefini
reserve experienced a sharp annual average decrease in the rainforest with a mesophilic tendency
estimated at 1.18% or an area reduction of 901 ha/year. The secondary forest recorded a low annual
average positive growth rate of 0.03 per cent an estimated acreage increase of 5.94 ha/year.The
vegetation cover is in a general dynamic with an estimated degradation rate of 4.5%. Non-forest and
bare soils are characterized by low values of NDVI (0.3). In this case, plant productivity is low. The
fairly brightness indices (up 25%) correlatewith with soil type and solar radiation in any season. Their
monthly variations are conditioned by changes in the state of the vegetation cover whose production
depends on the distribution of water resources during the rainy season. Population growth, fires and
slash-and-burn agriculture are the main determinants. The impacts are multiple and marked by the
disappearance of wildlife species, the exposure of soils to water runoff and the depletion of the arable
layer.
Keywords: Republic of Cong, Lefini river, hunting reserve, vegetal cover, spatial heterogeneity,
perception, biodiversity index.

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