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THÈSE
Pour l’obtention du diplôme de Doctorat
Domaine : Sciences humaines
Formation Doctorale : Géographie
Parcours / Option : Géographie physique
Spécialité : Biogéographie
Thème
JURY
Président : Fidèle MIALOUNDAMA, Professeur émérite CAMES, Université Marien NGOUABI (Congo)
Rapporteur externe : Vincent O. A. OREKAN, Professeur titulaire CAMES, Université d’Abomey-Calavi (Bénin)
Rapporteur interne : Lambert MOUNDZEO, Maître de recherche CAMES, Institut National de la Recherche Agronomique (Congo)
Examinateur : Jean Marie MOUTSAMBOTE, Maître de Conférences CAMES, Université Marien NGOUABI (Congo)
Directeur de thèse : Marie Joseph SAMBA-KIMBATA, Professeur titulaire CAMES, Université Marien NGOUABI (Congo)
Remerciements…………………………………………………………………………………………..8
Introduction générale………………………………………………………………………………...11
Première partie: Cadre théorique et approche méthodologique…………………………………..15
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SIGLES ET ABREVIATIONS
ACFAP : Agence Congolaise de la Faune et des Aires Protégées
AFD : Agence Française de Développement
CEAC : Communanté Economique des Etats d’Afrique Centrale
CERVE : Centre d’Etudes sur les Ressources Végétales
CRTH : Centre de Recherche sur les Tropiques Humides
CIRAD : Coopération internationale en Recherche agronomique pour le développement
CN : Compte Numérique
CNIAF : Centre National d’Inventaire et d’Aménagement des Ressources Forestières
et Fauniques
CN-REDD : Coordination Nationale–Réduction des Emissions liées à la Déforestation
et à la Dégradation des forêts
COMIFAC : Commission des Forêts d’Afrique centrale
Dhp: Diamètre à hauteur de poitrine
DN: Digital Number (valeur de pixel)
ECOFAC:Ecosystèmes Forestiers d’Afrique Centrale
ETM+: Enhanced Thematic Mapper Plus
ETP : Evapotranspiration Potentielle
ETR : Evapotranspiration Réelle
FACET : Forêt d’Afrique Centrale Evaluée par Télédétection
FAO : United Nations Food and Agriculture Organization (Organisation des Nations
Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture)
FCFP : Forest Carbon Partnership Fund (Fonds de Partenariat pour le Carbone
Forestier)
FEM:Fonds pour l’Environnement Mondial (Fonds pour l’Environnement Mondial)
FFBC : Congo Basin Forest Fund (Fonds Forestier du Bassin du Congo)
FSC: Forest Stewardship Council (Bureau Veritas Certification)
GAF: Bureau de Consultation en Géo Information, Munich, Allemagne
GEF- Congo: Global Environment Facility
GFC: Global Forest Change (Changement Global de Forêt)
GPS:Global Positioning System (Système de Positionnement Glogal)
HELP : Habitat Ecologique pour la Liberté des Primates
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IB: Indice de Brillance
IFN:Inventaire Forestier National
IGN : Institue Géographique National du Congo
INRA : Institut National de la Recherche Agronomique
IRSEN: Institut National de Recherche en Sciences Exactes et Naturelles
Landsat ETM+: Land Satellite Thematic Maper
MATDGT : Ministère de l’Aménagement du Territoire et à la Délégation aux Grands
Travaux
MEF : Ministère de l’Economie Forestière
OLI : Opérationnel Land Imager
ONG : Organisation non gouvernementale
ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique et Technique d’Outre-Mer,
actuellement Institut de Recheche pour le Développement (IRD)
OSFAC : Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale
PACEBCo : Programme d’Appui à la Conservation des Ecosystèmes du Bassin du
Congo
PACO : Programme Afrique Centrale et Occidentale
PAF : Plan d’Aménagement Forestier
PFNL : Produit Forestier Non Ligneux
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PRE : Programme de Réduction des Émissions
NDVI : Standardized Differential Incex of Vegetation (Indice Différentiel Normalisé
de Végétation)
NOAA: National and Oceanic and Atmospheric
RAPAC : Réseau des Aires Protégées d’Afrique Centrale
RCLT : Réserve Communautaire du Lac Télé
RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitation
RNLL : Réserve Naturelle de Losio Louna
FSC:Forest Stewardship Council (Conseil de surveillance des Forêts)
SAT : Stratégie d’Affectation des Terres
SRTM:Shuttle Radar Topography Mission (Mission de topographie radar de la navette)
SIG : Système d’Information Géographique
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SPOT : Satellite Pour l’Observation de la Terre
SUT : Section d’Utilisation des Terres
UE : Unité d’Echantillonnage
UMNG : Université Marien Ngouabi
UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature
UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization
(Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture)
USAID:American Agency for Industrial development (Agence Américaine pour le
Développement Industriel)
USFS : US Forest Service (Service Forestier des USA)
UTM:Universel Transverse Mercator
WCS: Wildlife Conservation Society (Société de Conservation de la Faune)
WGS : Global Geodetic System (Système Géodésique Mondial)
WWF : World Wildlife Fund (Fonds Mondial pour la Protection de la Nature)
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RESUME
La présente étude est réalisée de 2001 à 2018. Elle vise à décrire l’hétérogénéité
spatiale du couvert végétal de la réserve de chasse de la Léfini, située à 140 km au nord
de Brazzaville. Le traitement des données floristiques issues de l’inventaire, la
cartographie évolutive sur la base des données de télédétection et l’analyse des
perceptions à partir d’un échantillon représentatif de 323 ménages sur 2518, soumis à
une enquête dans 10 villages, ont été les principales méthodes et techniques utilisées.
Les résultats de l’étude montrent que les Euphorbiaceae, les Annonaceae, les Fabaceae-
Mimosoideae et les Olacaceae sont les familles dont l’abondance relative est la plus
représentative. Le peuplement des ligneux est diversifié et la richesse spécifique est
importante du fait que les indices de diversité de Shannon (H') se rapprochent des
diversités maximales (H’max). L’indice d’équitabilité (J) est plus grand en forêt (0,84)
et très faible en savane (0,15), ce qui signifie que la répartition des individus entre les
espèces forestières est plus homogène. Ces espèces sont plus équitablement réparties
que celles de la savane marquées par la dominance d’une seule espèce, Hymenocardia
acida Tul. La réserve de la Léfini a connu une forte diminution moyenne annuelle de la
forêt ombrophile à tendance mésophile estimée à 1,18% soit une réduction de surface
de 901 ha/an. La forêt secondaire a enregistré un faible taux d’évolution positif moyen
annuel de (+0,03%) soit une augmentation de superficie estimée à 5,94 ha/an. Le
couvert végétal est dans une dynamique générale avec un taux de dégradation estimé à
4,5%. Les sols non forestiers et dénudés sont caractérisés par des valeurs faibles de
NDVI (<0,3). Dans ce cas, la productivité végétale est faible. Les indices de brillance
(< 25%) sont en corrélation avec le type de sol et le rayonnement solaire quelque soit
la saison. Leurs variations mensuelles sont conditionnées par les changements d’état
du couvert végétal dont la production dépend de la distribution des ressources
hydriques au cours de la saison des pluies. L’augmentation de la population, les feux et
l’agriculture sur brûlis en sont les principaux déterminants. Les impacts sont multiples
et marqués par la disparition des espèces fauniques, l’exposition des sols au
ruissellement des eaux pluviales et l’appauvrissement de la couche arable.
Mots-Clés: République du Congo, rivière Léfini, réserve de chasse, couvert végétal,
hétérogénéité spatiale, perception, indices de biodiversité.
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SUMMARY
This study was conducted from 2001 to 2018. It aims to describe the spatial
heterogeneity of the vegetation cover of the Lefini hunting reserve, located 140 km north
of Brazzaville. The processing of floristic data from the inventory, evolutionary mapping
based on remote sensing data and analysis of perceptions from a representative sample
of 323 households out of 2518, surveyed in 10 villages, were the main methods and
techniques used. The results of the study show that Euphorbiaceae, Annonaceae,
Fabaceae-Mimosoideae and Olacaceae are the families with the most representative
relative abundance. The settlement of the woody is diverse and the specific richness is
important because the Shannon Diversity Indexes (H') are close to maximum diversity
(H'max). The equitability index (J) is higher in the forest (0.84) and very low in
savannah (0.15), which means that the distribution of individuals among forest species
is more homogeneous. These species are more evenly distributed than those of the
savannah marked by the dominance of a single species, Hymenocardia acida Tul. The
Lefini reserve experienced a sharp annual average decrease in the rainforest with a
mesophilic tendency estimated at 1.18% or an area reduction of 901 ha/year. The
secondary forest recorded a low annual average positive growth rate of 0.03 per cent
an estimated acreage increase of 5.94 ha/year.The vegetation cover is in a general
dynamic with an estimated degradation rate of 4.5%. Non-forest and bare soils are
characterized by low values of NDVI (0.3). In this case, plant productivity is low. The
fairly brightness indices (up 25%) correlatewith with soil type and solar radiation in
any season. Their monthly variations are conditioned by changes in the state of the
vegetation cover whose production depends on the distribution of water resources
during the rainy season. Population growth, fires and slash-and-burn agriculture are
the main determinants. The impacts are multiple and marked by the disappearance of
wildlife species, the exposure of soils to water runoff and the depletion of the arable
layer.
Keywords: Republic of Cong, Lefini river, hunting reserve, vegetal cover, spatial
heterogeneity, perception, biodiversity index.
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DEDICACE
7
REMERCIEMENTS
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Ma reconnaissance et mes remerciements vont à l’endroit de mes Enseignants de
l’Ecole Doctorale et du parcours de Géographie. Mes pensées vont particulièrement vers
le Professeur Maurice Bonaventure Mengho, les docteurs Gaston Samba, Léonard Sitou,
Jean De Dieu Nzila, tous Maîtres de conférences et messieurs Dieudonné Louembé et
Albert Pandi de l’UMNG et le Professeur Michel Boko de l’Universités d’Abomey-
Calavi (Bénin) pour leurs enseignements, leurs conseils et leurs encouragements à
l’effot.
Je tiens à témoigner mes remerciements aux collègues du parcours-type
Géographie, en particulier les docteurs Géoffroy Ibiassi Mahoungou, Médard Ngouala
Mabonzo, Guy Miame, Martin Massouangui Kifouala et les messieurs Thierry Rolland
Itoua et Destyles Van Kombyla pour les moments de partage et d’échange sur ma
thématique de recherche. Nos rencontres hebdomadaires au CRTH ont été un exrecice
motivant à l’aboutissement de ma thèse.
Mes anciens condisciples de DEA et actuels collègues, notamment le docteur
Damase Ngouma, Maître de conférences, et monsieur Nicolas Ovoua, pour leurs
encouragements inlassables, qu’ils trouvent ici mes sentiments de parfaite
reconnaissance.
Je tiens à exprimer également ma gratitude à tous mes collègues du parcours de
Géographie de la FLASH et de l’ENS de l’UMNG pour leurs encouragements.
Je suis reconnaissant aux Docteurs Jean Marie Moutsamboté (Maître de
conférences), Jean Diamouangana (Maître de recherche), Victor Kimpouni (Maître de
conférences) et Chauvelin Doux (Maître-Assistant), pour de nombreux échanges
scientifiques et leurs contributions à ce mémoire de thèse.
Je remercie les responsables de l’Agence Congolaise de la Faune et des Aires
Protégées (ACFAP) pour m’avoir délivré l’autorisation d’accès dans la réserve de
chasse de la Léfini afin de mener les recherches qui ont permis la rédaction de ce
mémoire de thèse.
Que monsieur Alphonse Dzoumbou, conservateur de la réserve de chasse de la
Léfini, trouve ici l’expression de ma profonde gratitude pour son assistance. Merci
d’avoir mis à ma disposition deux agents forestiers pour les missions de terrain et votre
moto de service pour le déplacement pendant ces missions.
9
Mes sentiments de remerciement et de reconnaissance à Monsieur Mantinou
Goma, Ingénieur des Eaux et Forêts, et Messieurs Apollinaire Bokou et Hardy
Mavoungou, Agents forestiers pour avoir participé à l’inventaire forestier et m’enseigné
la botanique sur le terrain (spécifiquement la reconnaissance des espèces floristiques).
Votre apport dans ce travail est inestimable.
Je n’oublie pas mes collègues Medard Ngouala Mabonzo, Brice Mayima et Fred
Willians Maniaka, pour m’avoir aidé à saisir les données issues d’inventaire des ligneux.
Merci à tous.
J’exprime ma reconnaissance aux collègues cartographes et forestiers du CNIAF
avec lesquels nous avons eu plusieurs moments d’échanges enrichissants sur ma thèse.
Mes 9 ans passés dans cette structure en qualité de chef de service de cartographie et de
télédétection m’ont apporté assez d’expérience pour la conduite de mon travail. De ce
fait, je remercie le Docteur Ingénieur François Ntsiba, Directeur du CNIAF, pour avoir
cru en moi.
Ce travail n’aurait pas abouti sans la compréhension et le soutien moral de mon
épouse, Bouna Likibi Diane, et mes enfants qui ont supporté mes absences répétées.
Qu’ils trouvent en cette thèse ma profonde gratitude.
Je remercie mes parents qui m’ont accordé leur confiance et leur soutien
multiforme. Ils sont ma source d’encouragements principale depuis toujours.
Enfin, que toutes les personnes ayant contribué à l’aboutissement de ce travail
trouvent ici ma profonde reconnaissance.
10
INTRODUCTION GENERALE
La convention de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science
et la Culture (UNESCO) de 1972 établit en effet que les ressources biologiques, comme
les plantes, sont considérées comme héritage commun de l'humanité. De son côté, la
conférence mondiale sur l’environnement tenue à Rio De Janeiro au Brésil en 1992 a
dressé un diagnostic dénonçant la dégradation de l’environnement mondial. Dès lors,
nous assistons à une prise de conscience et un enthousiasme avéré des
environnementalistes, des organisations non gouvernementales (ONG) et des politiques
qui prônent pour une gestion rationnelle de ces ressources.
Ainsi, de nombreuses initiatives ont vu le jour dans les différents pays en général
et dans la sous-région Afrique centrale en particulier. L’un des plus importants de ces
initiatives est le résultat des efforts qui ont été déployés par les Etats en rapport avec la
coordination régionale. La volonté de collaboration a été affirmée dans la déclaration de
Yaoundé de 1999. Elle s’est matérialisée par la création de la Commission des Forêts
des Etats d’Afrique centrales (COMIFAC) qui a élaboré un plan de convergence pour
le suivi de toutes les activités sous sa coordination (C. De Wasseige, P. de Marcken, N.
Bayol et al, 2012, p.17).
Dans le but de rationaliser les efforts et d’optimiser les investissements, le
sommet de la terre sur le développement durable à Johannesburg en Afrique du Sud en
2002 a défini les axes stratégiques prioritaires pour l’amélioration de la vie dans le futur.
L’ensemble des partenariats publics et privés de ce sommet devait, entre autre,
permettre la réalisation des objectifs de la Déclaration de Yaoundé. De ce fait, le plan
de convergence des ministres en charge des forêts des états du Bassin du Congo,
approuvé en 2004, constitue le cadre prioritaire pour la gestion des ressources forestières
de la sous-région. Parmi les axes stratégiques de ce plan, figurent en bonne place «la
conservation et la valorisation de la diversité biologique » à travers le renforcement du
réseau des aires protégées et le développement des filières touristiques. Les Etats doivent
également éviter les émissions de gaz à effet de serre d’origine forestière. Les fonds leur
sont alloués pour tenir ces engagements. Le FEM, pour ne citer que cette ONG, est le
premier partenaire financier de projets d’amélioration de l’environnement mondial, de
la conservation et de la protection de la biodiversité en Afrique de l’Ouest et du Centre
(FEM, 2010, p. 2 ; B. De Chazournes, Mbengue L, M. Makane, 2013, p.5).
11
Au-delà de ces réunions internationales et des arrangements institutionnels,
COMIFAC (2015, p.3) constate que leur traduction concrète sur le terrain est encore
loin d’être effective. Ces auteurs concluent que les attentes des administrations vis-à-vis
des partenaires restent fortes, en dépit de l’absence de politique forestière intégrée dans
une vision intersectorielle du développement de ces pays. Or, les forêts d’Afrique
centrale constituent un foyer d'une immense richesse et diversité biologiques. Ces forêts
représentent 10 à 20 % du stock de carbone végétal mondial (B. Marquant, A. Mosnier,
B. Bodin et al, 2015, p.26). Elles ne sont pas uniformes et contiennent différents types
forestiers qui abritent des espèces d’arbres diverses et présentent des enjeux propres en
termes d’exploitation et de conservation.
La prise en compte de la question environnementale conduit à envisager la
distribution spatiale du couvert végétal. La végétation terrestre, ressource vitale de toute
société humaine, est l’un des objets naturels traditionnellement étudiés par la géographie
physique. Le dépassement du vieux clivage entre géographie physique et géographie
humaine et, surtout, la montée en puissance des préoccupations environnementales
obligent à penser la végétation en des termes nouveaux et à la placer au cœur d’une
réflexion géographique globale (F. Alexandre et A. Génin, 2011, p.9).
A la fois composante essentielle des écosystèmes et des services que ceux-ci
fournissent, élément clé de la biodiversité et du système climatique, la végétation est
aussi une ressource multiple, économique et matérielle par les productions qu’elle
fournit, mais aussi immatérielle comme élément constitutif majeur du paysage ou
comme source recherchée de bien-être (F. Alexandre et A. Génin 2011, p.3 ; B.
Tchakossa, 2012, p.74).
La protection de ces forêts est aujourd’hui une préoccupation planétaire (Y.
Veyret, 2006, p. 83-84); elle est un enjeu entre les multiples acteurs aux conceptions
souvent conflictuelles. Il ne fait aucun doute que la dégradation de l’environnement, la
diminution massive de la biodiversité, pose aujourd’hui des problèmes graves évidents.
En effet, la pression induite par les activités humaines sur les différents espaces a pour
corollaire la modification de l’occupation du sol. Les formations végétales sont
soumises à des multiples formes de dégradation, dues essentiellement à l’action
anthropique croissante sur ce milieu. Abordant dans le même optique G. Viennois (2011,
p.4) estime qu’avec la déforestation, on observe un déclin rapide de la couverture
12
forestière tropicale avec pour conséquence une diminution du stock de carbone, et une
menace des écosystèmes.
La base de données floristiques issue de l’inventaire des ligneux aura une
importance capitale en matière de conservation et de protection des écosystèmes
forestiers, par le biais des plans d’aménagement et de gestion. De même, cette étude
permettra de connaître les types de lambeaux forestiers et de savanes présents dans la
zone d’étude.
Notre base de données sera complétée par les données d’inventaire forestier
national (IFN) réalisées par le Centre National d’Aménagement et d’Inventaire des
Ressources Forestières et Fauniques (CNIAF), outil technique du ministère en charge
des forêts. Cet inventaire, portant sur les données biophysiques et socio-économiques, a
été mené entre 2009 et 2014 sur l’ensemble du territoire national et, précisément en 2012
dans la réserve de la Léfini (CNIAF, 2017, p.13).
Le présent travail répond à l’une des préoccupations prônées par le comité sur la
communication nationale sur la biodiversité qui s’inscrit dans le cadre de la
connaissance des ressources biologiques en général et, en particulier de la flore ligneuse.
Ainsi, il est nécessaire de rappeler que le diagnostic sur l’état actuel de la réserve de la
Léfini est un véritable outil qui pourra aider les politiques forestières nationales dans la
prise de décision en vue de favoriser la durabilité de nos écosystèmes et paysages.
L’étude porte sur la caractérisation et suivi du couvert végétal de la réserve de
chasse de la Léfini. Ce couvert est le soubassement de la stabilité des écosystèmes
terrestres, la source de séquestration du carbone et l’habitat ou le biotope pour les
espèces fauniques terrestres. Sans elle, il ne peut pas y avoir présence des animaux
sauvages surtout des herbivores (éléphant, céphalophe,…) ou des frugivores
(Chimpanzé, oiseaux,...).
Outre l’introduction, la conclusion et les perspectives, cette thèse est divisée en
trois parties. Chaque partie est subdivisée en chapitres. La première partie aborde le
cadre théorique et expose le cheminement méthodologique pour caractériser le couvert
végétal de la réserve de la Léfini, site choisi pour l'étude, en raison de son grand intérêt
en termes de conservation et de protection de la biodiversité floristique et faunique.
Deux chapitres traitent cette partie. Le premier prend en compte les considérations
générales, notamment la problématique, les objectifs et les hypothèses. Le second
13
présente les méthodes éprouvées de traitement d'image, de cartographie numérique et
d’analyse statistique.
La seconde partie, organisée en deux chapitres, fait l’état du contexte de la
conservation de la biodiversité au Congo et présente la zone d’étude. Le premier chapitre
rappelle les enjeux et les textes juridiques sur la conservation de la biodiversité à
l’échelle locale et mondiale. Il rappelle la typologie des différentes aires protégées tout
en précisant leur état d’aménagement, indicateur fondamental qui renseigne sur la
gestion forestière. Il rend aussi compte de l’intérêt de la conservation du couvert végétal
dans le processus de régulation du climat, de la stabilisation des écosystèmes terrestres
et des établissements humains. Le second chapitre présente d’une manière assez
détaillée le site d’étude, en évoquant les aspects biotiques et abiotiques de la réserve de
la Léfini puis, en rappelant brièvement les grands aspects climatiques qui caractérisent
cette zone géographique.
Enfin, la troisième partie est consacrée au traitement, à l’analyse des données et
à la discussion des résultats. Elle présente des résultats de notre recherche en trois
chapitres. Le premier chapitre analyse la structure spatiale des peuplements et dresse un
état sur la biodiversité végétale. Le deuxième chapitre est une contribution à
l’élaboration de la cartographie du couvert végétal, à l’échelle fine et à la caractérisation
de l’état de la végétation par la détermination des indices radiométriques, notamment
l’indice différentiel normalisé de végétation (NDVI) et l’indice de brillance (IB). Il
évoque également les impacts sur les écosystèmes forêts et savanes dues aux facteurs
naturels et activités anthropiques. Enfin, le troisième chapitre évalue les approches
méthodologiques utilisées et compare nos résultats avec ceux des autres auteurs.
14
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET APPROCHE
METHODOLOGIQUE
15
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, QUESTIONS DE RECHERCHE ET
CLARIFICATION DES CONCEPTS
I. Etat des connaissances sur les études de végétation des plateaux Téké
I.1.Origine des paysages forêts et savanes
Menant la réflexion sur les curieux paysages d’une combinaison forêt-savane de
la zone tropicale et principalement des plateaux Téké, de nombreux botanistes ont
essayé d’expliquer leurs origines malgré les avis divergents des uns et des autres. Les
observations de terrain, les relevés floristiques, la détermination des indices de contact
forêt-savane, la datation à partir du carbone 14 et l’analyse palynologique ont été les
principales approches de ces auteurs.
Dans son étude détaillée sur la végétation des savanes du sud de la République
du Congo, J. Koechlin (1961, p.277) arrive à des conclusions selon lesquelles le climax
régional est indubitablement forestier, la forêt marquant "une nette tendance à progresser
sur la savane, tendance évidemment contrecarrée par les feux annuels". Il fait
implicitement référence à une origine paléoclimatique : "il semble que la coexistence
des forêts et des savanes soit très ancienne et qu'il ne faille pas attribuer à l'homme un
rôle trop important dans la déforestation, ni le rendre directement responsable de la
plupart des savanes de la région".
Dans son étude sur la savanisation tropicale et glaciations quaternaires, H. De
Foresta (1990, p. 327) estime que "la tendance évolutive de la végétation forestière (dans
cette région) est expansive", et que les savanes ont une origine paléoclimatique, leur
existence actuelle étant interprétée comme "un effet retardé des modifications
climatiques consécutives aux dernières catastrophes glaciaires". En général, la
reconstitution forestière a tendance à se développer dans les savanes herbeuses
anthropiques, soit sous forme d’une formation secondaire dense, soit d’une savane
16
boisée (J-L. Guillaumet, 1967, p. 167). Cette avancée, constatée sur les plateaux Téké
se manifeste aussi en Afrique Centrale (J.M. Avenard, 1969, p.77).
Cette dernière opinion est également étayée par H. De Foresta (1990, p.326) qui
fait remarquer que le problème des savanes incluses du Mayombe doit en fait être
considéré comme l'une des facettes d'un problème beaucoup plus général, posé à
l'échelle régionale du sud et du moyen Congo par la coexistence de vastes zones de forêt
tropicale humide et de savane, sous un climat reconnu comme étant favorable à la forêt.
Du point de vue écologique, ces savanes sont anormalement localisées. Pour ce
qui est de leur origine depuis plus de vingt ans et de façon consensuelle, les botanistes
prônent pour une origine paléoclimatique. En effet, ces savanes sont le témoin d’une
période climatique passé ont conclu P. Giresse (1978, p.68), H. De Foresta (1990,
p.326).
Les conclusions de ces derniers auteurs s’opposent clairement à celles établies
par R. Schnell (1961, p.152) qui constate que l’un des traits essentiels de la vie des
plantes en Afrique réside dans le fait que certaines espèces sont caractéristiques de la
forêt et d’autres de la savane ; seules quelques espèces comparables se retrouvent dans
les deux domaines. La présence dans la forêt des espèces de savane peut indiquer une
avancée de celle-ci sur la savane. De son côté, P. Vennetier (1966, p. 51) parle, en ce
qui concerne les savanes incluses, d'une origine anthropique. Il ne fait aucun doute
qu'elles sont en cours de rapide progression. Ces interprétations sont encore celles de G.
Cusset (1989, p.103). Les sols sableux très pauvres, n'auraient pas permis à la forêt
originelle de se maintenir ou de se reconstituer après une action humaine, et une
végétation de type soudanien et zambézien aurait remplacé la forêt. Abordant dans le
même sens, C. De Namur (1990, p.66) mentionne que l'action de l'homme devient de
plus en plus importante, et transforme parfois radicalement ces formations végétales. Le
cas des savanes, ou des îlots de forêts semi-décidues au sein de forêts sempervirentes,
en est souvent le témoin.
Le point de vue de D. Schwartz et al. (1995, p.107) sur ces savanes concilie ces
deux camps. Ils affirment que leur origine et leur morphologie actuelle résultent de la
combinaison de trois facteurs. Le premier est d’ordre paléoclimatique marqué par
l'assèchement à l'Holocène supérieur qui est le moteur premier de la dégradation de la
végétation. Le second se rapporte aux conditions édaphiques. En effet, les savanes sont
17
essentiellement apparues, et se sont maintenues dans les zones les moins favorables à la
forêt, c'est-à-dire celles où les déficits hydriques saisonniers sont les plus importants, les
précipitations plus fortes sont compensées par le drainage excessif des sols sableux. Le
troisième facteur est anthropique marqué par les feux incontrôlés et la pratique de
l'agriculture itinérante.
19
Finalement, la banque d’informations issues de ces inventaires n’est donc pas
géolocalisée. Aucune initiative, dans ce sens, n’était prise pour implémenter ces données
d’inventaire de la flore dans un système d’information de référence spatiale. Cependant,
il existe à l’échelle nationale et régionale des cartes de végétation d’une part, et des
cartes dynamiques de végétation, d’autre part. Plusieurs auteurs se sont par exemple
illustrés dans la production des premières cartes à l’échelle nationale. J. Koechlin (1961,
p. 272) a abordé les aspects de phytogéographie qui l’ont conduit à la réalisation de
l’esquisse de la carte de la végétation du sud Congo. Dans leurs études, P. Vennetier
(1966, p.48), L. Bégué (1967, p.67), et B. Peyrot (1977, p.17), M.J. Samba-Kimbata et
M. Mpounza (2001, p. 27) ont eu le mérite de présenter les grands types de végétation
sur fond de carte des formations végétales du Congo. De même, B. Descoings (1975, p.
94), et V. Kimpouni et al. (1992, p. 143) ont élaboré une cartographie
phytogéographique du Congo. Par ailleurs, à l’échelle régionale, nous pouvons citer les
travaux de l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale (OSFAC, 2015, p.18). Les
secondes, notamment les cartes sur la dynamique de changement de la végétation ont
été également réalisées. En effet, dans le cadre du processus de Réduction des
Emissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des forêts (REDD+), la
République du Congo s’était engagée depuis l’année 2008 dans les études de suivi du
couvert forestier par télédétection. CN-REDD (2017a, p. 20-21) indique que les cartes
de changement issues des travaux de l’OSFAC (2015, p. 18), du Bureau de Consultation
en Géo Information Munich, Allemagne (GAF) et du Changement Global de Forêt
(GFC) ont montré une forte couverture forestière et un taux faible de déforestation.
Cependant, ces produits cartographiques ont été réalisés antérieurement à l’adoption par
la République du Congo, des critères définissant la forêt dans le cadre de REDD+. En
effet, la définition de la forêt utilisée pour le Programme de Réduction des Émissions
(PRE) suit les directives disponibles de la décision 12/CP.17 de la Convention-cadre des
Nations Unies pour le Changement Climatique (CCNUCC) et du cadre méthodologique
du Fonds de Partenariat pour le Carbone Forestier (FCFP). Les forêts sont donc toutes
les terres comportant une végétation ligneuse couvrant une superficie minimale de 0,5
hectare, avec au moins 30% de couverture arboricole d'une hauteur moyenne de 3 mètres, à
l’exception des palmiers (CN-REDDb, 2017, p. 139). En se conformant à ces critères, les cartes
sur la dynamique de changement de la végétation ont été produites à l’échelle nationale par
20
CNIAF (2015, p.23) et S.C. Milandou, Ch. B., Ouissika, H. Goma Boumba et al (2018,
p.169).
De même, aucune orientation biogéographique n’a été donnée dans les travaux
des prédécesseurs. Les facteurs des variations spatio-temporelles de la biodiversité ne
sont pas connus. Cette absence est une véritable lacune scientifique qu’il faut combler.
II. Problématique
La Convention sur la diversité biologique (CDB) représente l’outil principal de
la vision prospective de la planète pour le XXIe siècle (Agenda 21 de la Convention sur
la diversité biologique). Elle est inspirée par l’engagement des scientifiques et de la
communauté internationale en faveur de la conservation de l’environnement et du
développement durable. L’article 8 de cette convention fait référence à la mise en place
d’un système d’aires protégées. Ces aires protégées sont considérées à la fois comme
le principal instrument de l’aménagement de la planète et comme l’instrument adapté
de conservation des ressources naturelles. Les aires protégées constituent désormais un
enjeu à la fois écologique, social et spatial. Dans ce contexte, la création des aires
protégées peut apparaître comme un moyen indiqué de conservation de
l’environnement. Cette idée est fortement soutenue par les gouvernants. Mais la réalité
est tout autre sur le terrain. De nos jours, l’un des défis majeurs que pose le rôle supposé
ou réel des aires protégées dans la conservation des ressources, est la capacité à évaluer
l’apport de la protection de l’environnement sur la sauvegarde ou la restauration de
celles-ci (G. Wafo Tabopda, 2008, p.7). Ces défis se posent avec acuité dans les pays en
développement dont l’économie est souvent fondée sur l’exploitation des ressources
naturelles et donc consommatrice d’espace.
L’article 2 de l’arrêté n° 3671 du 26 novembre 1951, portant création de la réserve
de la Léfini, stipule que celle-ci est créée pour sauver de l’anéantissement une partie de
la faune sauvage du Moyen-Congo, typique des plateaux Tékés, des massifs forestiers
y subsistant et des cours d’eau qui les traversent. Cependant, les mesures de protection
établies jusqu’à ce jour n’ont malheureusement pas été poursuivies en raison du manque
de moyens financiers, logistiques et humains. Les mécanismes mis en jeu par les
gestionnaires n’ont pas permis d’empêcher l’érosion de la biodiversité. Les enjeux de gestion
durable définis par le présent arrêté en termes de conservation sont toujours intacts. La réserve
21
de la Léfini est couverte de deux écosystèmes différents, forêt et savane. Elle abrite une
mosaïque d’habitats qui renferment un nombre élevé d’espèces diverses (MEF, 2018, p.
30-31). Cette zone est devenue le lieu où se mènent anarchiquement les activités telles
que les activités agricoles, les feux de brousse, le déboisement pour le sciage artisanal
et la recherche du bois de chauffe.
Suite aux impacts de plus en plus grandissants liés aux feux de végétation dans
et autour de la réserve de la Léfini, le ministère en charge des forêts par le biais du
CNIAF, sa structure technique, en collaboration avec l’ACFAP, la CN-REDD, les
populations locales et autochtones, a élaboré, avec l’appui de l’USFS et de WCS, un
plan de gestion simple des feux. Il importe donc de ramener cette aire protégée sur la
gestion qui devra s’appuyer sur une gestion inclusive de toutes les parties prenantes bien
informées, formées et équipées des outils nécessaires afin d’intervenir efficacement sur
le terrain (MEF, 2018, p. 17).
De même les pressions cynégétiques locales, exacerbées par la croissance
démographique et la demande brazzavilloise en produits de la forêt, ont largement
entamé le potentiel floristique et faunistique de cette réserve (L. Mathot, F. Ikoli, T.
King, M. Puit, 2006, p. 26-27; M. Puit et L. Mathot, 2008, p.1 ; UICN/PACO, 2012,
p.22). La perte de végétation induit finalement la disparition des animaux qui se voient
détruire leur l’habitat. Or, la présence de la faune sauvage est conditionnée par
l’existence de la flore. Pour ce faire, il est nécessaire de connaître son habitat existant et
ses potentialités écologiques, dans le sens de l’influence des facteurs physiques (sol,
relief, topographie, pluie, humidité, brouillard). Ce couvert végétal à caractère naturel
tend à évoluer dans le sens d’un appauvrissement par un processus d’insularisation, de
fragmentation et d’isolement (coupure des connexions écologiques par les activités
anthropiques).
La dégradation du couvert forestier est actuellement reconnue comme étant une
problématique environnementale majeure pour le 21esiècle, car elle occasionne la
réduction de la quantité de la diversité des espèces animales et végétales, la perte de la
capacité de rétention en eau, la diminution de la fertilité du sol et les érosions dues aux
eaux de ruissellement. Cette dégradation découle de l'interaction complexe à la fois de
facteurs directs et de facteurs indirects ou de causes sous-jacentes. Les premiers sont
liés aux activités humaines qui affectent directement la couverture forestière et se
22
traduisent par une perte de stocks de carbone. Les seconds se rapportent aux interactions
complexes d'ordre social, économique, culturel, politique et de processus
technologiques à des échelles multiples qui ont une incidence sur les facteurs immédiats
occasionnant la dégradation ou la déforestation au pire des cas.
La réserve de la Léfini, malgré son statut d’aire protégée, se voit perdre sa
biodiversité. Sa physionomie (ensemble des paysages et modelés qui donnent le
caractère particulier à cette réserve) change jour après jour. Finalement, il nous paraît
essentiel de faire un état des lieux afin de comprendre la dynamique environnementale
de cette aire protégée et éventuellement proposer un modèle de gestion qui puisse
s’adapter aux nouvelles exigences planétaires à savoir la gestion durable de la
biodiversité.
Dans le souci de préserver la biodiversité devenant une des dimensions du
développement durable, il urge donc de mener une réflexion sur la nécessité de
pratiques productives plus respectueuses de l’environnement. Pour ce faire, les causes
et les effets relatifs à la dégradation du couvert végétal doivent être largement portés à
la connaissance des populations pour susciter en retour le respect de la nature et la
durabilité de l’ensemble des écosystèmes caractérisant la réserve.
Malgré l’importance de ces pressions humaines sur la végétation, aucune étude
n’a évalué les changements de l’état du couvert végétal induits par celles-ci dans une
démarche dynamique. Le présent travail de recherche s’appuie sur le Plan National de
Développement (PND 2018-2022) qui constitue le cadre stratégique pour le
développement de la République du Congo. Afin de mener ce travail, un fil conducteur,
c’est-à-dire une question principale et une série des questions secondaires sont posées.
Question principale
Face à ce constat peu reluisant, la question que nous sommes en droit de nous
poser est de savoir : comment sont structurés et dans quel état se trouvent les
peuplements végétaux de la réserve de chasse de la Léfini ?
Questions secondaires
A partir de cette question essentielle et afin d’enrichir notre réflexion, d’autres
interrogations plus particulières sont soulevées. Elles sont ainsi formulées:
1. Quelle est la composition floristique de la réserve de la Léfini ?
23
2. Les écosystèmes de forêt et de savane constituent-ils un stade climacique ou ne
sont-ils qu’un stade régressif peu adapté ainsi que le phénomène de
dépérissement en témoigne ?
3. La perte du couvert végétal est-elle due à une anthropisation ou c’est l’effet
normal des facteurs physiques notamment édaphiques ?
De ses questions découlent les objectifs et les hypothèses ci-après.
24
degré de vulnérabilité issu de l’anthropisation et/ou des contraintes
naturelles;
3. analyser les incidences de la dynamique agro-démographique et de l’espace rural
sur les écosystèmes de forêt et de savane. La présente analyse doit consister à :
identifier les déterminants responsables du changement d’échelle de l’aire
protégée ;
diagnostiquer l’impact anthropique sur l’évolution environnementale
actuelle.
26
d’une portion de terre et/ou de mer vouée spécialement à une protection et au maintien
de la diversité biologique.
Association : Groupement des végétaux croissant dans des conditions
écologique données, ce qui explique qu’une association ait une composition floristique
qui traduit un fond commun d’espèces que l’on qualifiera de caractéristiques de
l’association végétale. Parmi elles croitront aussi certaines espèces non strictement liées
à l’association considérée (B. Boullard, 1988, p.49).
Détection des changements : dans la présente thèse, elle renvoie à l’utilisation
d’une série de technique numérique afin de mettre en évidence et de quantifier des gains
et des pertes du changement d'état des unités d’occupation du sol ou des formations
végétales à partir d'une série d’images satellites multidates (O. Arouna, 2012, p.17).
Formation végétale : c’est un ensemble des groupements de plantes qui
présentent une physionomie homogène et constante due à la dominance d’espèces ayant
un caractère biologique commun (J.P. Amat, 2015, p. 296). Ainsi une savane, une forêt
sont des formations végétales. La végétation étant l’ensemble des plantes sauvages ou
cultivées poussant sur une surface donnée du sol peut aussi avoir le même sens que la
formation végétale mais à une échelle plus large.
Habitat : terme qui est presque synonyme de milieu, de biotope dans lequel une
espèce végétale peut prospérer (B. Boullard, 1988, p.192).
Plateau Téké : entité géomorphologique aux altitudes comprises entre 600 et
800 m. Cette entité est composée de quatre plateaux localisés dans les départements
administratifs des Plateaux (Plateaux de Nsah-Ngo, de Djambala et Bakoukouya) et du
Pool (plateau de Mbé). La zone d’étude à savoir la réserve de chasse de la Léfini
chevauche le plateau de Mbé et celui de Nsah-Ngo.
Réserve naturelle: c’est une aire protégée mise en réserve pour protéger la
biodiversité et aussi, éventuellement, des caractéristiques géologiques/
géomorphologiques, où les visites, l’utilisation et les impacts humains sont strictement
contrôlés et limités pour garantir la protection des valeurs de conservation (UICN, 2008,
p.16).
Savane : formation végétale des contrées tropicales et subtropicales dominée par de
hautes Poacées. Les arbres n’y sont que rares et épars. On y distingue : la savane herbeuse si
27
les ligneux font totalement défaut ; la savane arbustive lorsque des arbustes sont présents ; la
savane arborée si elle possède des arbres (B. Boullard, 1988, p.330).
Conclusion
Le cadre théorique ainsi présenté est axé, pour l’essentiel, sur une série de
questions appuyés par des objectifs et des hypothèses clairs et précis constituant le
fondement de ce présent travail, dans le chapitre suivant nous jugeons fondamental de
présenter nos méthodes de travail.
29
CHAPITRE II : APPROCHE METHODOLOGIQUE
La présente étude est réalisée à partir des données d’inventaire botanique, des
images satellitaires et des données issues des enqûetes auprès des ménages. L’approche
statistique et le traitement numérique de l’information géographique ont été les
méthodes utilisées dans cette étude.
30
n’y sont plus. Le constat est le même pour plusieurs postes pluviométriques du territoire
national. La situation est nettement meilleure au niveau des stations synoptiques qui
fonctionnent normalement et où les relevés climatiques se font assez régulièrement.
Malheureusement, il n’y a aucune station synoptique dans notre zone d’intérêt. Malgré
cette impasse, nous avons eu recours aux relevés issus de la station méotéologique
privée de la réserve de Losio-Louna qui a mis à notre disposition les données sur les
précipitations au pas de temps mensuel des années 2000.
Si les réserves ne sont pas mises sur la fiabilité de ces données issues de ces deux
services météorologiques, il est tout de même à faire remarquer quelques faiblesses dues
à la faible densité des postes pluviométriques et à l’absence des données des années
2010. Il se pose un problème pour l’analyse des données climatiques à des échelles
spatiales fines, surtout quand on sait que l’une des caractéristiques principales du climat
tropical est sa très forte variation spatiale, surtout en ce qui concerne le paramètre
pluviométrique. Enfin, bien que issues des mesures réelles, ces données ne permettent
pas de cartographier la variation des précipitations d’une façon continue sur la zone
d’étude.
31
informations était l’unique support de base pour le déroulement des entretiens avec les
gestionnaires et agents de la réserve.
32
Gratuites et libres de droit, les images landsat sont fournies avec un niveau de correction
« Level 1G » c’est-à-dire que les corrections radiométriques et géométriques ont été
apportées lors des prises de vue. L’opération radiométrique a consisté à la suppression
ou l’atténuation d’une part des erreurs dues aux capteurs et d’autre part des bruits
présents dans l’image. De même, le calibrage radiométrique a permis de rétablir la
radiométrie des images et de procéder à la correction atmosphérique en compensant les
effets de l’atmosphère (diffusion, atténuation, réfraction, absorption). La correction
géométrique a consisté à la rectification des distorsions géométriques et au
géoréférencement de ces images. La zone d’étude, notamment la réserve de la Léfini,
est couverte par la scène P182r62 (182 représente le numéro de la colonne (path) et 62
le numéro de la ligne (row)).
Le capteur ETM+ comporte 7 bandes spectrales contre 10 pour le capteur OLI.
Chaque capteur a une bande panchromatique caractérisée par une tonalité en noir et
blanc, tendant vers le gris. Les différentes scènes utilisées figurent dans le tableau 1. Ces
images Landsat présentent un atout considérable pour les études sur le couvert végétal.
Les données issues de ces capteurs sont indiquées pour la détection des changements
qui affectent le sol aux échelles intermédiaires et locales. Leur apport dans la gestion et
le suivi des espaces protégés a été montré par de nombreux auteurs parmi lesquels E.
N’Guessan (2006, p.308), H. Dibi N’Da, Y.C.Y. Adou, K.E. N’geussan M. Koné et Y.Ch.
Sagné (2008a, p.555-556, 2008b, p.19-21), G. Wafo Tabopda (2008, p.96) et G. Wafo Tabopda
et F. Huynh (2009, p.1), F.B.Enonzan (2010, p.7).
33
7.[2.09-2.35] Infrarouge moyen 30
8.[0.52-0.90] Panchromatique 15
1.[0.43-0.45] Coastal aerosol 30
2.[0.45-0.51] Bleu 30
3.[0.53-0.59] Vert 30
4.[0.64-0.67] Rouge 30
13 /08/ 2013 5.[0.85-0.88] Near infrarouge 30
OLI 15 /06/ 2018 6.[1.57-1.65] SWIR 1 30
7.[2.11-2.29] SWIR 2 30
8.[0.50-0.68] Panchromatique 15
9. [1.36-1.38] Cirrus 30
10.[10.60-11.19] Infrarouge thermique 1 100
11.[11.50-12.51] Infrarouge thermique 2 100
Les images prises lors de la saison des pluies sont constamment recouvertes par les
nuages à cause de l’abondante couverture nuageuse qui se repercupe sur ces images.
34
I.3.2. Modèles Numériques de Terrain de type SRTM
La scène de SRTM prise en 2000 est ortho-rectifiée et projetée dans le système
cartographique de coordonnées projetées UTM Zone 33S, système correspondant à
notre zone d’étude. Le SRTM a une résolution de 90 m. Il a permis d’acquérir une
connaissance fine du relief, de créer la carte de classes de pentes, de corriger le réseau
hydrographique, et enfin de faciliter la cartographie des zones humides et inondées.
II.Méthodes
II.1. Inventaire botanique
L’inventaire botanique a pour intérêt d’identifier, de géolocaliser et de procéder
à la mensuration des ligneux, de nommer les différents peuplements et types de
végétation. Cet inventaire est réalisé suivant le protocole de collecte et traitement des
données ci-dessous mentionné. Avant de s’y atteler, il est judicieux de faire la synthèse
de relevés des forêts d’Afrique tropicale.
Inventaire phytosociologique
L’inventaire de type phytosociologique permet d’étudier les communautés
végétales, en se basant sur des listes floristiques les plus exhaustives possibles. Il a pour
objet l'étude synthétique des communautés de végétaux spontanés, afin de les définir et
les classer selon les critères floristiques et statistiques. Cet inventaire s’intéresse aussi
à caractériser la structure, l’organisation, l’origine, le déterminisme, l’évolution ainsi
que l’habitat.
B. Senterre (2005, p. 97-117) fait remarquer que les travaux des pionniers de la
phytosociologie en Afrique restent encore aujourd’hui des références incontournables
de par l’énorme expérience des botanistes de cette époque. La méthodologie consiste la
plupart du temps en de petits relevés de 500 m² (50 m x 10 m, ou quelques dizaines
d’ares) sur lesquels l’abondance est estimée, par les coefficients d’abondance-
35
dominance de Braun-Blanquet, pour chaque espèce présente, sans limite de Diamètre à
hauteur de poitrine (Dhp), ou parfois à partir de 10 cm.
De ces travaux de base et des méthodes de forestiers sont nées de nombreuses
méthodologies hybrides, notamment en réalisant des transects et en découpant ceux-ci
en relevés plus ou moins homogènes. Ce dispositif hybride est conçu comme une
parcelle associée à un sentier (N. Picard et al, 2008, p.212). Nous pouvons citer les
travaux réalisés par J. Lejoly (1994, p. 11), L.A. Kouka (2002, p.230-234) J.M.
Moutsamboté (2012, p.56-57) dans les forêts du Nord du Congo et B. Senterre (2001,
p. 1089-1090) dans les forêts denses de Guinée Equatoriale.
Inventaire forestier
L’inventaire forestier est préférentiellement employé par les "forestiers". Il
permet d’estimer la ressource exploitable d’un massif forestier en déterminant le
diamètre minimum d’exploitation des essences destinées à la commercialisation. Selon
les essences, ce diamètre est fixé à au moins 60 voire 70 cm. Ce type d’inventaire permet
également de connaître le potentiel de régénération de ces essences commerciales.
Ces relevés "forestiers" se font le long des layons rectilignes de plusieurs
kilomètres de long sur une largeur soit de 5 m (2,5 m de part et d’autre d’un layon pour
l’observation des Dhp ≥10 cm), soit de 50 m (25m de part et d’autre pour les Dhp ≥70
cm). Tous les arbres compris dans le voisinage du layon, selon les largeurs indiquées,
sont inventoriés c’est-à-dire comptabilisés, mesurés et identifiés. Cette approche a
inspiré un grand nombre de botanistes et "forestiers". Les auteurs comme B.Sonké
(1998, p.22) et J.L. Doucet (2003, p.37) ont eu recours à ce type d’inventaire dans leurs
travaux réalisés dans les forêts denses du bassin du Congo. Le suivi peut être effectué
soit dans une optique d’aménagement consistant à définir les directives de gestion et
planifier les récoltes, soit dans une optique sylvicole permettant de raisonner une
sylviculture dans le temps. Selon les objectifs poursuivis, la surface inventoriée et les moyens
financiers disponibles pour réaliser l’étude, les botanistes et "forestiers" font souvent recours
à trois techniques d’inventaires qui ne permettent pas de suivre les mêmes variables.
L’inventaire pied à pied (ou en plein) consiste en un recensement exhaustif des tiges par
essence et par classe de diamètre à partir d’un seuil de précomptage (fixé le plus souvent à 17,5
cm). Il est considéré comme suffisamment précis pour les principales variables
36
dendrométriques et dynamiques. Les résultats sont donnés à l’échelle de la placette. Ce
type d’inventaire se prête bien aux comparaisons des inventaires.
L’inventaire statistique s’applique lorsque le massif forestier à inventorier devient
trop vaste pour se permettre de passer sur toute la surface en inventaire pied à pied, pour
des raisons de coût. Pour réaliser cet inventaire, il est nécessaire d’établir un plan
d’échantillonnage. Les mesures sont effectuées sur des placeaux et les résultats obtenus
sur leur totalité sont extrapolés à l’ensemble de la forêt.
L’inventaire typologique est un inventaire statistique, sans placette réellement
matérialisée, mais avec des points d’arrêts disposés selon un maillage régulier. A chaque
point d’arrêt, l’opérateur identifie un type de peuplement à partir de variables faciles à
estimer et d’une clé de détermination synthétique. A chaque type est affecté un
ensemble de valeurs dendrométriques moyennes. Cette méthode d’inventaire implique
une étude préalablement menée sur un secteur géographique donné, afin de disposer
d’une typologie de peuplement adaptée au contexte de la forêt.
Ces différentes techniques d’inventaires sont habituellement utilisées lors des
études d’inventaires multiressources préludes à l’élaboration des plans d’aménagement
des concessions forestières relevant du domaine forestier permanent. Elles sont aussi
préférées pour les études en sciences forestières (botanique, écologie, phytogéographie).
37
Le plan d’échantillonnage adopté pour l’évaluation nationale des ressources
forestières est systématique. La distance entre deux unités d’échantillonnage (UE) est
de 25 km. Au total 450 UE ont été obtenues sur l’ensemble du territoire congolais. Ces
UE sont des carrés dont le côté fait 1 km. Les coordonnées de coin sud-ouest de ces
classes correspondent à celles des points du plan de sondage systématique. Chaque UE
contient un groupe de 4 placeaux d’observation de terrain. Les placeaux sont des
rectangles de 250 m de long et 20 m de large. Elles partent de chacun des angles d’un
carré central de 500 m de côté dont le centre coïncide avec le centre de l’UE. Les
placeaux sont numérotées de 1 à 4, dans le sens des aiguilles d’une montre.
Au niveau de chaque placette, sont identifiés deux triplets de sous-placeaux. Elles
correspondent à deux niveaux différents de relevés : 3 sous-placeaux rectangulaires de
20 m sur 10 m constituant le niveau 1, et 3 sous-placeaux circulaires de 3,99 m de rayon
constituent le niveau 2 et sont situés au centre des sous-placeaux rectangulaires. Ces
sous-placeaux sont numérotés de 1 à 3 en partant du début de la placette. Ils sont destinés
aux mesures des arbres de petits diamètres (10 ≤ Dhp< 20 cm) et de la régénération
(Dhp< 10 cm). Un point de mesures édaphiques et topographiques est établi au centre
de chaque sous-placette. Les sous-placeaux circulaires ne sont pas matérialisés sur le
terrain s’ils tombent dans une zone classée comme « hors forêt » (CNIAF-FAO, 2011,
p.25).
Les placeaux sont divisés en sections d’utilisation des terres (SUT) représentant
des classes homogènes d’utilisation des terres et de couvert végétal, de taille et forme
variables, identifiées sur le terrain. La plupart des données sur les caractéristiques, la
gestion et l’utilisation des ressources forestières sont collectées à l’intérieur de ces SUT
(CNIAF-FAO, 2011, p.25).
38
1957, p. 23-27), UNESCO (1973,) et de la FAO (1981, p. 62-66). A côté de celles-ci, se
sont développées plusieurs nomenclatures hybrides.
L’accord de Yangambi sur la nomenclature des types africains de végétation
avait fait l’unanimité sur le principe selon lequel il fallait s’en tenir à des descriptions
essentiellement physionomiques, lesquelles correspondent d’ailleurs à des divisions
écologiques certaines. Une règle pratique aussi sans être énoncée a été suivie : il fut tenu
largement compte des usages déjà établis et largement répandus en ce qui concerne
certains noms de formations, telles que savane, steppe. A cette époque l’action
anthropique sur la végétation était très peu perceptible. Actuellement, elle est
responsable de modification structurale dont résultent plusieurs strates végétales qui ne
figurent pas dans cette nomenclature.
Cependant, la nomenclature de la FAO, plus actuelle que celle issue de l’accord
de Yangambi, est plus fournie. Elle est établie dans un souci d’harmonisation avec les
normes et définitions utilisées par cette organisation dans son inventaire forestier
mondial. Elle prend en compte l’ancienne nomenclature et intègre de nouvelles strates
dérivant de l’anthropisation du milieu. Cette nomenclature propose une bonne
hiérarchisation des divers types de terrain dans une perspective forestière. Comme la
classification de Yangambi, celle de l’UNESCO est basée sur la physionomie et la
structure de la végétation en liaison avec les habitats ou l’environnement écologique.
Les légendes qui vont donc être portées sur les cartes de végétation sont celles définies
par la FAO basées essentiellement sur : la densité de peuplement, le stade de
développement des peuplements et les perturbations.
39
apprécier le poids de chacun, les choix en terme d’échantillonnage, de relevé et de
traitement des données sont donc essentiels (F.Alexandre et A. Genin, 2011, p.197).
40
Figure 1 : Parcelle de comptage des ligneux
41
Les cartes d’occupation du sol ont été soumises à un contrôle-terrain. En effet,
sur l’ensemble des placeaux ayant fait l’objet d’inventaires, les coordonnées
géographiques des points ont été enregistrées grâce au système global de positionnement
(GPS) avec une erreur théorique maximale de 3 mètres. Chaque point géoréferencé est
accompagné des observations avec une description des occupations environnantes prises
le long du layon sur chaque type d’occupation du sol traversé.
42
II.2.2. Collecte des données de terrain
L’inventaire de la flore ligneuse a été effectué par la méthode de transects couplée
à la prospection botanique. Le principe de la méthode de transects est de recenser et
d’identifier tous les arbres de Dhp supérieur ou égal à 10 cm et à 1,30 m au-dessus du
sol (photo 2). Cet inventaire s’est effectué dans les placeaux situés dans des zones de
forêt et de savane arbustive. Les dimensions de la placette étant de 250 m x 20 m, soit
5000 m². Il se base sur le recensement de tous les individus ligneux. Si les herbacées et
les lianes ont simplement été signalées, les ligneux ont fait l’objet d’un dénombrement.
Une fois le lieu du relevé repéré, la mise en place des différents relevés se fait à
l’aide d’une boussole, d’un double décamètre et d’une ficelle. L’alignement est vérifié
à 10 m d’intervalle des jalons (photo 1).
Planche1 : Opérations d’inventaire des ligneux
43
Letouzey, 1982, p.52-119) pour la connaissance morphologique de certaines espèces et des
formations végétales.
44
La surface terrière (St) d'un arbre est l'aire de la section du tronc de cet arbre
calculée à 1,30 m du sol. Pour un peuplement, la surface terrière est la somme des
surfaces des sections transversales des troncs des arbres sur un hectare. Elle s'exprime
en cm2/ha ou en m2/ha. La surface terrière relative (Str) d’une espèce est le rapport de
la surface basale de tous les individus appartenent à cette espèce sur la surface basale
de tous les individus du peuplement. Rappelons que la surface basale a été calculée par
la formule d²𝜋/4, d étant le diamètre de l’individu.
La dominance relative est le rapport de la surface couverte par une espèce sur la
surface couverte par toutes les espèces. La dominance est définie comme une aire
couverte par une espèce dans un peuplement.
45
en compte l’abondance relative de chaque espèce, qui contribue pourtant à la diversité
du site. Enfin, ces indices dépendent du type d’habitat, et la détermination de valeurs
moyennes représentatives d’un état de qualité du milieu nécessite de fixer des valeurs
seuils pour chaque type d’habitat.
Les données d’inventaire floristique ainsi obtenues vont permettre de mesurer la
biodiversité, à l’aide des indices de diversité utilisés en écologie. Il s’agit des indices
non-paramétriques parce que n’étant pas directement liés à des paramètres de la loi de
distribution des abondances.
Richesse spécifique
La richesse spécifique est représentée par le nombre total ou moyen d’espèces
recensées par unité de surface (J. Grall, N. Coïc, 2006, p.11) Elle représente un
indicateur indirect des conditions écologiques ou de valeur de conservation. La
biodiversité spécifique est généralement considérée comme un facteur clé de la
résilience des écosystèmes en réponse à la pression anthropique. Cet indice est très
généralement préconisé pour caractériser la biodiversité. La richesse spécifique dépend
de l'échelle spatiale et la plupart des évaluations de la richesse de la biodiversité
précisent grossièrement cette échelle. La diversité spécifique du peuplement ligneux,
(arbres et arbustes de Dhp ≥10 cm) de chaque groupement a été étudiée sur la base de
la richesse floristique.
46
Classé par R. K. Peet (1974, p.286) comme indice de type I, l’indice de Shannon
est sensible aux variations d’importance des espèces les plus rares (C. E. Shannon, 1948,
p. 385). Il permet d’exprimer la diversité en prenant en compte le nombre d’espèces et
l’abondance des individus au sein de chacune de ces espèces. Ainsi, une communauté
dominée par une seule espèce aura un coefficient moindre qu’une communauté dont
toutes les espèces sont codominantes.
Pour un nombre constant d’espèces comptabilisées, l’indice de Shannon est
minimal si par exemple, dans un peuplement, une espèce est dominante et les autres
espèces sont représentées par un seul individu. H’ est également minimal si, dans un
peuplement chaque espèce est représentée par un seul individu, excepté une espèce qui
est représentée par tous les autres individus du peuplement. Il est maximal quand les
espèces sont variées et réparties de façon équitable. L’équitabilité se définit par le degré
de régularité des espèces dans un peuplement (I. Mafhoud 2009, p.118). L’équitabilité
est maximale lorsque qu’elle correspond à une répartition égale de toutes les espèces
dans le peuplement. Nous avons utilisé la plus classique de l’indice de Shannon (I.
Mafhoud 2009, p.108) dont l’expression algébrique est la suivante:
𝑠
𝐻′ = − ∑ pi ln (pi)
𝑖=1
Où :
pi : abondance relative de l’espèce i (ni / n)
47
Indice de Simpson
L’indice de Simpson mesure la probabilité avec laquelle deux individus
sélectionnés au hasard appartiennent à la même espèce (V. Kimpouni et al, 2013b,
p.521). Cet indice (S) est corrélé inversement avec la diversité. Par conséquent, la
diversité est maximale quand la valeur de (S) égale 0 et minimale quand cette valeur est
de 1 (I. Mahfoud, 2009, p. 109). Il se calcule par la formule :
𝑆 = ∑ ni (ni − 1)/n(n − 1)
𝑖=1
48
et d'utilisation du Système d'Information Géographique, outils d’analyse indispensables
et communs aux deux disciplines. Les procédés qui font recours aux techniques
d’analyse et d’interprétation des images satellites représentent dans ce cas, l’unique
alternative (G.Wafo Tabopda 2008, p.99). C’est ce qui justifie la place de la
télédétection dans cette recherche. En se basant sur les informations recueillies par les
satellites, en particulier l’état de la végétation et des sols, la télédétection constitue un
outil de surveillance écologique pertinent pouvant couvrir de vastes territoires. Il s’agit
d’une technologie permettant d'observer et d'analyser notre environnement, et
consécutivement définir, suivre et évaluer l’état de dégradation des ressources
naturelles, notamment l’eau et le sol.
Nous distinguons deux grands types de traitement d’images : l’interprétation
visuelle et la classification automatique. Le premier type se base sur le scénario de
cartographie qui implique la délimitation des secteurs homogènes ou des peuplements
de végétation. Cette méthode conduit à avoir des groupes de peuplements homogènes
de végétation, pour lesquels des « labels » caractérisent les propriétés de la végétation
dans chaque groupe (I. Mafhoud 2009, p.31). Les propriétés typiques de végétation
considérées sont les espèces dominantes, la taille et la densité de la végétation, la
présence et la nature de la végétation de sous-étage. Certaines de ces propriétés sont
mesurées par des méthodes photogrammétriques. D'autres propriétés de la végétation
sont estimées par la couleur, la forme, la texture observées dans la photographie aérienne
et basées sur les connaissances de l'interprète, augmentées avec des visites de terrain.
Le deuxième type de cartes de végétation est réalisé à partir des images satellitaires par
traitement numérique. Les fonctions de traitement des images peuvent se regrouper en
quatre catégories.
Prétraitement d’images multibandes
Les opérations de traitement d’images Landsat sont effectuées sur le logiciel
ENVI 5.1. Le préalable que nous posons est le choix des combinaisons de canaux.
L’interprétation des images est basée sur les phases descriptives (photo-identification)
et analytiques (photo-analyse), toutes les deux étant indissociables. La composition
colorée 457 a été appliquée sur ces images, notamment Landsat 7 ETM+ (bande PIR
dans le canal rouge, bande MIR dans le vert et deuxième bande MIR dans le bleu) et
Landsat 8 OLI (bande rouge dans le canal rouge, bande NIR dans le canal vert et bande
49
SWIR2 dans le canal bleu) ont permis de différencier les types de formations végétales
et non végétales. En se basant sur la photo-identification, cinq classes physionomiques
ont été mises en évidence. Le premier type comprend la forêt ombrophile à tendance
mésophile (J.M. Moutsamboté 2012, p.51), la forêt secondaire, la savane herbeuse
ouverte à faible strate arbustive tandis que le second regroupe les sols nus et les rivières.
Les teintes ou couleurs des classes d’occupation du sol de ce dernier type pour les deux
images sont identiques, marquées par le gris, le bleu et le noir. Par contre, les teintes
discriminant les formations végétales, notamment la forêt ombrophile à tendance
mésophile, la forêt seccondaire, la savane herbeuse ouverte à faible strate arbustive
présentent sur ces images sont bien distinctes et figurent respectivement en marron
foncé, marron clair et vert foncé pour l’image Landsat 7 ETM+ et vert vif, vert pâle, et
violet clair pour l’image Landsat 8 OLI. Enfin, pour les deux images les teintes des
classes de sols nus et des rivières sont identiques, respectivement en gris et noir. Les
observations de terrain pendant l’inventaire des ligneux ont également contribué à cette
photo-identification. En plus de la teinte, nous nous sommes appuyés sur la structure et
la texture comme critères déterminant l’analyse des différentes classes discriminées. La
fonction de rehaussement de l’image a eu pour but d’améliorer l’apparence de l’image
pour aider à l’interprétation et l’analyse visuelle. Il permet l’étirement des contrastes
pour augmenter la distinction entre les différents éléments d’une scène.
50
tendance mésophile, encore intacte, et la forêt dégradée ou secondaire en raison de la
proportion des peuplements ligneux qui est plus importante dans la première formation.
Il convient de faire remarquer qu’il n’est pas aisé d’avoir des classes distinctes de savane
herbeuse et savane arbustive à cause de nombreuses formes de transition étalées sur de
petites surfaces au point où la discrimination devient difficile. A l’exception de ces
classes caractérisant les formations végétales, deux autres (sols dénudés et rivière) ont
été identifiées. C’est à l’issue de cette identification que les ROI correspondantes à
l’occupation du sol ont été extraites.
51
L’appartenance d’un pixel à une classe est déterminée suivant la probabilité plus ou
moins importante d’y être intégrée. La règle bayesienne permet d’affecter le pixel à la
classe pour laquelle la probabilité d’appartenance est la plus forte. Il s’agit de la méthode
jugée la plus performante (F.Bonn et G. Rochon, 1992, p. 376).
52
Détection des changements d’état de la végétation
La détection de changement est la mise en oeuvre des techniques ayant pour but
de repérer, de mettre en évidence, de quantifier afin de comprendre l'évolution
temporelle ou le changement d'état d'un objet ou d'un phénomène à partir d'une série
d'observations à différentes dates (O. Arouma 2012, p.34). Rappelons qu’en
Télédétection, plusieurs méthodes et techniques de détection des changements ont été
développées depuis quelques décennies pour identifier des secteurs de changement avec
le temps et pour caractériser la dynamique de paysage. Ces méthodes sont présentées
dans quelques articles de synthèse. Ces articles montrent qu'avec l'évolution des
méthodes et des critères de classification forts différents dans le raffinement et la
complexité, la façon de catégoriser varie d'un auteur à l'autre. Ces méthodes peuvent
être regroupées en trois systèmes de catégorisation. Le premier système classifie les
principales méthodes de détection des changements en fonction des catégories de
traitement d'images (J.F. Mas, 2000, p.352). Le second système groupe et catégorise les
méthodes de détection des changements non seulement en six catégories principales de
technique mais encore selon leur niveau de complexité (Lu Dengsheng, P. Mausel, E.
Brondizio, E. Moean, 2004, p.2371). Le troisième système catégorise ces méthodes en
trois niveaux de techniques de traitement: interprétation visuelle, les méthodes basées-
pixel et les approches basées-objet (B. Desclée, P. Bogaert, P. Defourny, 2006, p.3-11).
O. Hall et G.J.A. Hay (2003, p.313-324) ont fourni du système de catégorisation des
méthodes en trois grands niveaux suivants: pixel, élément et objet (tableau 3). K.H.
Hoang (2007, p.16) présente une description simplifiée de ces niveaux. Le niveau de
pixel se rapporte aux valeurs numériques de chaque bande d'image, aux calculs simples
entre les bandes correspondantes comme la différence ou le ratio d'image. Le niveau
d'élément est un niveau avancé du traitement, qui implique de transformer les propriétés
spectrales ou spatiales de l'image. L'objet est le niveau le plus avancé du traitement.
53
Tableau 3: Récapitulation des méthodes de détection des changements
Niveaux Méthodes
Texture locale
Analyse en composantes principales
Element Analyse de forme
Indice de végétation
Ondelettes
Intelligence artificielle
Réseaux neuronaux artificiels
Classification directe de multi-temporelle
Objet Système expert
Comparaison post-classification (logique floue)
Comparaison post-classificatoire
Analyse par vecteur de changement
Analyse d'endmember
Pixel Différence d'images
Division d'images
Régression d'images
54
d'image est une des méthodes les plus utilisées pour détecter des changements. Elle
implique de soustraire les valeurs d'une image donnée à celles d'une deuxième image
qui a été superposée à la première afin de produire une nouvelle image de changement
où les valeurs positives et négatives représentent des pixels changés tandis que les
valeurs zéros indiquent des pixels non changés (K.H. Hoang, 2007, p.17).
Généralement, cette méthode utilise une seule bande spectrale. Dans le cas où plusieurs
bandes sont utilisées (le cas de notre étude), elles sont soustraites deux par deux pour
produire plusieurs bandes résiduelles qui sont analysées séparément (R.F. Nelson, 1983,
p.1306) ou bien une seule bande de sortie est créée et reçoit la valeur de la somme des
différences radiométriques calculées pour chaque bande spectrale (J.F.Mas, 2000,
p.353). Selon Y. C. H Hountondji (2008, p.80) les zones d’impact sont perceptibles par
des contrastes entre formations végétales et les zones de sols nus et par la superposition
des néo-canaux (indices calculés pour chaque image). Le principe de cette méthode est
basé sur la classification de deux scènes acquises à des dates différentes. Elle assigne
d'abord des classes et détecte ensuite le changement. L'évaluation de changement est
faite sur une base de pixel par pixel c’est-à- dire la variation des valeurs de chaque pixel
entre les années 2001 et 2018. Elle est exprimée par l’expression algébrique suivante :
FS Forêt secondaire
SHFA Savane herbeuse ouverte à faible strate arbustive
SNAR Sol nu et affleurement rocheux
56
Les informations recueillies pendant les visites de terrain, notamment les types
de végétation, ont permis d’affiner le traitement numérique de ces images et de valider
les cartes d’occupation du sol de 2001, 2011 et 2018 de la réserve de chasse de la Léfini.
Ces cartes permettent d’entreprendre une analyse qualitative et quantitative de la
dynamique végétale en rapport avec les activités anthropiques.
Indices radiométriques
Comme nous l’avons précédemment mentionné, la comparaison des indices
radiométriques (NDVI et IB) est l’une des deux méthodes de détection des changements
abordée dans cette étude. Ce sont les indices descriptifs de l’état d’occupation du sol.
Ils prennent en compte les efflorescences salines, la pierrosité, les travaux culturaux, les
fentes et autres organisations superficielles, ainsi que le recouvrement du sol par les
végétaux. La luminance provenant des objets du sol est enregistrée par les satellites dans
les bandes spectrales du visible et de proche infrarouge. Dès lors, de nombreux auteurs
comme J.W. Rouse et al, (1974, p. 129), C.J. Tucker (1978, p.2-9) ont développé divers
« indices de végétation », basés sur la combinaison (somme, différence, rapport,
combinaison linaire) des valeurs de ces canaux. Ces indices sont utilisés d’une part pour
identifier et suivre l’évolution temporelle de certains couverts végétaux et d’autre part
pour évaluer certains paramètres du couvert comme l’estimation de la phytomasse
aérienne.
L’état de la surface du sol est considéré comme un bon indicateur écologique
pour caractériser la dynamique d’un milieu. Mais il importe au préalable de connaître
les indicateurs de l’état de surface qui sont fiables et pertinents. Ainsi, le NDVI et l’IB,
pour retenir que ces deux, nous paraissent mieux adaptés au contexte de notre zone
d’étude, sub-équatoriale. Dans la quête d’indices de la dégradation de la végétation, nous
allons nous pencher sur l’apport des images satellitaires dans la détection et la
compréhension des changements des états de surface à long terme. Ces images, affirme
A. Jacquin (2010, p.23), offrent la possibilité de mesurer et de suivre de manière
systématique à différentes échelles spatiale et temporelle l’état du couvert végétal. Pour
chacune des images Landsat deux indices seront calculés afin de décrire l’état
d’occupation du sol. Ce sont: le NDVI et l’IB calculés pour chaque image et chaque
date. Ces indices n’ont pas encore fait l’objet de test pour notre zone d’étude.
57
Indice de végétation normalisé (NDVI)
- Différentes données de NDVI utilisées à l’échelle planétaire
De très nombreux indices de végétation prennent la forme soit d'expressions très
basiques (simple différence ou simple ratio), soit de formules beaucoup plus complexes.
Ils sont classés en familles d'indices selon qu'ils prennent ou non en compte les facteurs
externes aux couverts végétaux, tels que l'influence de l'atmosphère, la contribution
spectrale des sols, la teneur en eau des végétaux (indices de sécheresse), etc. Les données
NDVI de grands ensembles biogéographiques à l’échelle régionale et planétaire sont
disponibles et téléchargeables à l’internet. Elles sont issues des plusieurs capteurs
(comme NOAA), au pas de temps journalier ou décadaire avec une résolution spatiale
d’au moins 1 km. L’ensemble des données, à la fois les valeurs radiométriques ainsi que
toutes les métadonnées nécessaires aux corrections, est obtenu librement. L’application
des méthodes de régionalisation sur les champs de NDVI via le net a aussi intéressée V.
Djoufack-Manetsa (2011, p. 190) dont l’étude est considérée comme satisfaisante puis
qu’elle identifie assez bien les différents comportements phénologiques et leurs
variations spatiales et temporelles. S. Rome et al (2014, p. 359) ont analysé la variabilité
bioclimatique des forêts tempérées en n’ayant recours aux données de NDVI décadaire
issues des capteurs SPOT-4 et SPOT-5 VEGETATION. Le recours au NDVI facilite le
suivi des caractéristiques biophysiques des couverts végétaux à différents stades
phénologiques (phase active, sèche ou sénescente) et à différentes échelles spatiales (V.
Djoufack-Manetsa 2011, p. 189 ; S. Romeet al, 2014, p. 357). Ils permettent également
d’estimer les rendements de la biomasse végétale. Cependant, les résultats de ces
recherches, réalisées pour la plupart aux échelles régionale ou continentale, sont encore
trop globalisants et lissés pour permettre des applications à l’échelle fine, échelle qui
pourrait prendre en compte les activités des hommes.
58
la masse de végétation présente dans celle-ci, ainsi que son état de santé ou sa vigueur
de croissance. Le NDVI ne peut pas distinguer la physionomie des types des végétaux
mais plutôt leur phénologie générale (S. Bigot, 2004, p.116). Il est fortement corrélé à
la production primaire nette et à l’accumulation de matière sèche (V. Gond et al., 1992,
p.98).
A l’échelle de la résolution spatiale des images à haute répétitivité temporelle,
plusieurs études ont montré la capacité du NDVI à servir de données indirectes pour
mesurer des variables biophysiques caractérisant l’état du couvert végétal (taux du
couvert végétal, biomasse verte produite). L’analyse des variations intra et inter
annuelles du NDVI permet de mesurer les changements relatifs à une modification de
ces variables physiques (A. Jacquin, 2010, p.33). Cet auteur estime que parmi les
différentes informations que l’on peut extraire des images satellitaires, les indices de
végétation, construits par combinaison des valeurs de réflectance dans les longueurs
d’ondes liées aux caractéristiques spectrales de la végétation, sont les plus utilisés.
De façon générale l’indice de végétation normalisé est le rapport de la différence
entre le PIR – R et PIR + R (J.W.Rouse et al., 1973, p.311 ; C.J.Tucker, 1978, p.10).
Avec PIR : bande proche infrarouge et R : bande rouge.
L’indice a été calculé pour chaque image ETM+ et OLI où les bandes rouge et
proche-infrarouge équivalent respectivement aux bandes 3 et 4 et aux bandes 4 et 5
(tableau 1). Par ailleurs, pour qu'on puisse afficher l'indice NDVI comme une image de
8 bits, il est nécessaire d’effectuer une mise à l'échelle. Pour chacune des images, une
couche d'information supplémentaire a donc été créée.Ces deux bandes spectrales sont
choisies parce qu’elles contiennent plus l'information spectrale sur un couvert végétal
(R.Caloz et et R. Collet, 2001, p.219-201). Les pigments chlorophylliens absorbent
fortement dans le rouge visible pour la photosynthèse, et les feuilles réfléchissent par
contre fortement dans le proche infrarouge. En outre, dans les bandes rouge et proche-
infrarouge, le contraste entre la végétation et le sol est maximum (K.H. Hoang, 2007,
p.37). Ces deux bandes présentent aussi une plus faible dépendance par rapport aux
conditions atmosphériques (R. Caloz et C. Collet, 2001, p.60).
Le NDVI renseigne non seulement sur l’activité chlorophyllienne, mais aussi, par
la luminance globale des objets, sur la présence d’un couvert végétal non actif ou sec
(A. Belghith, 2003, p. 269). Le NDVI fournit donc une estimation de la quantité de tissus
59
chlorophylliens par unité de surface de sol. La chlorophylle étant une molécule présente
à l’intérieur des feuilles absorbe le rayonnement aux longueurs d’ondes du rouge et pas
l'infrarouge. Le NDVI est l’un des indices radiométriques qui s’appuie sur le fait que
chaque formation végétale a une signature spectrale et donc une activité
photosynthétique (réflectance) spécifique. Ceci permettra de discriminer les principaux
types de formations végétales et donc de mener une analyse en tenant compte des
particularités de chaque classe de végétation, à partir des figures choroplèthes
(représentation cartographique par plages de couleurs ou de niveaux de gris). En effet,
plus la couleur du NDVI est foncé, plus sa valeur est élevée (> 0.5), et plus sa couleur
tend au clair plus sa valeur est faible (< 0,5). Cette valeur en dégradée en couleur a
permis facilement de traduire une classification.
L’indice NDVI est un bon indicateur de la productivité primaire de la végétation
terrestre. De manière générale, la couverture végétale est caractérisée par un NDVI
positif, les valeurs les plus élevées correspondant à une couverture végétale dense, et
inversement pour les couvertures végétales plus diffuses (N. Holben Brent, 1986, p.
1419). De façon détaillée, les valeurs très basses de NDVI (< 0,1) correspondent aux
secteurs non végétalisés tels que les affleurements rocheux, le sable ou la neige ; les
valeurs modérées (0,2 à 0,3) représentent les zones arbustives et de prairie, tandis que
les valeurs élevées (0,5 à 0,8) signalent une végétation dense abondante.
Un seuillage a permis ensuite d’obtenir des images en quatre classes de NDVI.
Le traitement des images satellitaires ainsi défini doit conduire à une cartographie
préliminaire de l’occupation des sols à partir du logiciel de SIG (Arc Gis). Il ne s'agissait
pas ici d'explorer de nouvelles ou récentes méthodes de télédétection, mais d'obtenir une
cartographie d’occupation du sol la plus fiable possible, avec des méthodes testées.
L’indice de brillance
L’IB dépend de la couleur, de l’humidité et de l’état du couvert végétal.
Dans le cas des images satellitales, l’utilisation d’une partie seulement du spectre de
rayonnement (bandes) met en cause l’utilisation de cette méthode. Toutefois, une
approximation faite par F.M. Vukovich, et al. (1987, p.415), pour le satellite NOAA,
ont jugé que la partie obtenue à partir des canaux 1 (visible) et 2 (proche infrarouge) est
suffisante et que cette partie fournit de 85 à 95% du rayonnement solaire réfléchi par la
60
surface de la terre. Si NOAA, avec deux canaux seulement offre jusqu’à 95% du
rayonnement, on déduit alors que SPOT et Landsat, avec au moins trois canaux, sont
adéquats pour déterminer l’albédo ou l’IB (C. Puech et M. Merdas, 1990, p.172).
Algébriquement, l’indice de brillance est la racine carrée de la somme des carrée du PIR
et du R, il coincide avec l’albedo d’une surface donnée c’est-à-dire la capacité de
réfléchir l’énergie reçue dans un intevalle qui cumule le PIR et le R.
IB = √𝑃𝐼𝑅2 + 𝑅 2
Avec PIR : bande proche infrarouge et R : bande rouge.
Cet indice varie en fonction de l’état de surface et de la nature du substrat.
L’albédo varie de façon inverse à la température de surface (Ts). Dans ce cas,
l’utilisation de Ts dans cette étude ne peut être qu’une variable redondante avec l’albédo,
qui peut être calculée plus facilement et plus précisément.
61
La fréquence (F) de réalisation de l’impact (intermittent ou continu) : elle indique
la périodicité avec laquelle l’impact est susceptible de se réaliser et est proche de
la probabilité de réalisation.
La durée (D) de l’impact (dimension temporelle) : elle indique la manifestation
de l’impact dans le temps.
Pour les trois premiers paramètres, nous distinguons trois niveaux de sensibilité : faible
(< 25%); moyen (entre 25 et 50%) et fort (> 50 %). Par contre, la durée de l’impact
indique la période à laquelle les déterminants de dégradations de la végétation ont eu
lieu.
62
Tableau 5 : Nombre des ménages enquêtés
Axe Localité Nombre de Nombre des Sous préfecture /
% de
ménages ménages Département
ménages
enquêtés
Inoni Ngabé / Pool
Plateau 450 18 58
Etsouali 130 5 16
Ngo - Inoni Essoua 110 4 13
Plateau Ngo 2 102 4 13
Impan 75 3 10
Ngo 1403 56 181 Ngo / Plateaux
Ngo-Nsah Mpoh 24 1 3
Nsah 122 5 16
Ngo 2-Impé Ontchouo 29 1 3
Impé 73 3 10
Total 2518 100 323
L’existence d’un réseau routier bitumé en bon état a facilité nos déplacements
dans les différents villages. Les localités enquêtées ont été sélectionnées en fonction de
deux critères. Le premier est relatif à la taille de la population. En effet, pour des besoins
de représentativité, les localités ayant des effectifs des ménages les plus élevés ont été
retenues pour former l’échantillon. Nous avons interrogé le plus grand nombre de
personnes dans ces localités. C’est le cas de Ngo et Inoni Plateau. Le second critère est
le besoin des populations en produits de la forêt et de la savane. Ce critère découle du
premier. Car plus la population est nombreuse, plus les besoins alimentaires sont
multiples et élevés. En toute logique, ce présent échantillon a permis de mieux
appréhender la perception des populations riveraines de la régression du couvert végétal
de la réserve de la Léfini.
Deux sorties de terrain pour les enquêtes auprès des ménages ont été menées dans
les 10 villages. La première s’est déroulée en novembre 2017 et a duré deux semaines.
Pendant cette période les contacts ont été pris à Ngo (chef lieu de la sous préfecture)
63
avec les gestionnaires de la réserve. Les échanges ont également eu lieu autour de notre
guide d’entretien prévu pour le cas échéant. Un écogarde a été mis à notre disposition
pour effectuer les descentes dans les villages. La moto de la réverse a servi de moyen de
déplacement. Les enquêtes ont commencé dans les localités situées sur l’axe Ngo- Nsah
pour se terminer sur l’axe Ngo-Inoni Plateau. La seconde sortie de terrain a été effectuée
en février 2018. Les enquêtes ont été menées sur l’axe Ngo2-Impé pendant une semaine.
Le chef de ménage ou son représentant avait accepté de se prêter à notre questionnaire.
L’interview par enquête notamment le face-à-face était privilégié. Ce mode d’interview
a permis d’atteindre le plus fort taux de réponses au plus grand nombre de questions.
Les centres d’intérêt de ces différents questionnaires sont la perception des activités qui
dégradent la végétation et les facteurs qui les gouvernent. Ces sorties de terrain ont eu
pour mérite de comprendre le regard croisé des uns et des autres sur la réserve de la
Léfini notamment des gestionnaires du site et des populations riveraines. En dernier
ressort, sur le terrain, il nous revenait d’apprécier l’état physique de cet environnement.
64
Conclusion
L’approche méthodologique retenuepour la réalisation de la présente étude a été
largement descrite. L’intérêt et l’importance d’avoir recouru aux techniques et méthodes
indiqués ont été clairement mentionnés. Cette approche est en phase avec les objectifs
assignés.
65
DEUXIEME PARTIE : CONTEXTE DE LA CONSERVATION DE LA
BIODIVERSITE AU CONGO ET PRESENTATION
DE LA ZONE D’ETUDE
66
CHAPITRE III : CONTEXTE DE LA CONSERVATION DE LA
BIODIVERSITE AU CONGO
I. Enjeux de la biodiversité
La convention de Londres de 1933, premier texte international sur la préservation
de la faune et de la flore à l’état naturel en Afrique, prévoyait l’établissement d’espaces
protégés sous forme de parcs nationaux ou de réserves naturelles. Cependant, elle ne
concernait que le milieu terrestre puisque les ressources de la mer étaient considérées
comme inépuisables. Cette convention est issue des préoccupations animales en
Afrique. La plupart des puissances tutélaires responsables de la gestion des territoires
africains ont, par la suite, apporté leur adhésion à ce texte juridique qui entre en vigueur
en 1936. En France, une loi adoptée en 1937 par le sénat et la chambre des députés,
autorise le Président de la République à ratifier et, s’il y a lieu, à faire exécuter ladite
convention. Par un décret du 31 mai 1938, la France ratifie la convention relative à la
conservation de la faune et de la flore à l’état naturel (B.Tchakossa, 2012, p.231).
La conférence internationale de Bukavu de 1953 sur la protection de la faune et
de la flore en Afrique s’inscrit dans la mouvance de la convention de Londres. Elle
confirme la volonté des puissances tutrices de l’Afrique de sauvegarder le cheptel
sauvage de ce continent. La conférence a invité les gouvernements à édicter une
nouvelle convention de la nature dans l’intérêt principal des populations africaines. De
part ses résultats, la conférence de Bukavu peut être considérée comme un amendement
de la convention de 1933.
Après cette période coloniale, les enjeux de la biodiversité sont de plus en plus
perceptibles à travers de multiples engagements nationaux et internationaux qui
impliquent aussi bien les scientifiques que les décideurs politiques. Ces engagements
peuvent être lus par exemple à travers les trois conférences ci-après. La conférence
67
d’Alger de 1968 sur la conservation de la nature et des ressources naturelles s’engage à
encourager l’action conjointe en faveur de la préservation, de l’exploitation et de la mise
en valeur des sols, de l’eau, de la faune et de la flore pour le bien-être présent et futur de
l’humanité. La conférence de Stockholm de 1972 est considérée comme l’An I de
l’écologie internationale. La déclaration de Stockholm a posé le problème de la
protection de l’environnement et des méthodes pour l’assurer d’une façon globale. Elle
dégage une conception planétaire de l’environnement qui définit les objectifs à atteindre
et les principes à mettre en oeuvre. Elle souligne aussi la nécessité d’une gestion
adéquate des ressources naturelles. Celles-ci doivent être préservées dans l’intérêt des
générations présentes et à venir. La première conférence internationale sur la
biodiversité, tenue à Rio de Janeiro, en juin 1992 a permis aux pays participants de
signer une convention qui vise à protéger et à restaurer la diversité du vivant. Il y a donc
un devoir humain de conservation et de gestion durable et équitable de la biodiversité
considérée comme un facteur de stabilité des écosystèmes.
Le terme biodiversité (contraction apparue en 1986 de biologie et diversité)
renvoie à une catégorie très large et assez vague : la diversité des espèces animales et
végétales et des biotopes qui les hébergent. La biodiversité englobe trois niveaux
d'organisation du vivant : la diversité écologique (ou diversité des écosystèmes), la
diversité spécifique (diversité des espèces ou interspécifique), la diversité génétique (ou
intra-spécifique), (INRA, 2008, p.5). Elle recouvre l’ensemble des milieux naturels et
des formes de vie (plantes, animaux, champignons, bactéries) ainsi que toutes les
relations et interactions qui existent, d’une part, entre les organismes vivants eux-
mêmes, et d’autre part, entre ces organismes et leurs milieux de vie.
L’érosion de la biodiversité apparaît comme une dimension de la question sociale
de l’environnement. L’apparition et la disparition des espèces est un processus naturel.
Les menaces d’origine anthropique que représentent la destruction des habitats et la
surexploitation sont renforcées par les invasions biologiques, les feux de brousse et de
forêt, par des coupes à blanc, dans un contexte de croissance démographique.
Les préoccupations envers la biodiversité n’ont pas cessé de croître depuis les
années 2010. En effet, le Congo avec l’appui financier du PNUD et du GEF, présente
chaque année un rapport national sur la biodiversité biologique. Le quatrième rapport
stipule que « d’ici 2015, la sécurité des ressources biologiques du Congo est assurée
68
grâce à une meilleure connaissance de leurs composants et une gestion durable qui
intègrent le développement des capacités humaines, le développement socio-
économique, la redistribution équitable des bénéfices tout en honorant les engagements
internationaux ».
Ce rapport national à caractère scientifique est un support de sensibilisation qui
fait l’état de lieu sur la question de biodiversité. Toutefois, il est important de signaler
qu’à ce jour, l’inventaire de la biodiversité au Congo n’est pas complet.
Malgré les inventaires floristiques et surtout fauniques menés plus ou moins
régulièrement dans quelques aires protégées au statut transfrontalier (Nouabalé-Ndoki,
Odzala-Kokoua, Conkouati-Douli), il ressort que les connaissances sur la faune et la
flore du pays sont encore faibles. Il existe des aires protégées où aucune donnée
pertinente et récente n’est disponible. C’est le cas par exemple de Dimonika dans le
Mayombe. La réserve de la Léfini a fait l’objet de plusieurs études sur la faune réalisées
par WCS et bien d’autres auteurs (L. Mathot et al., 2006, p.25;M. Puit &L. Mathot 2008,
p.10-24 ; MEF, 2018, p.31-39). A l’opposé de ces nombreuses études, il n’existe que
très peu d’informations récentes sur l’état des ressources végétales (MEF, 2018, p.12-
13).
L’ensemble des aires protégées joue un rôle de support de subsistance pour les
populations riveraines et leur assure en parallèle la jouissance des services
écosystémiques. Par ailleurs, les aires protégées renferment toutes des animaux ou des
plantes d’importance sociale, culturelle ou économique.
F. Alexandre et A. Génin (2011, p.167) font remarquer qu’il existe deux regards
sur la biodiversité : un regard utilitaire et un regard culturel. Le premier pose la question
de comment la conserver : si la biodiversité est utile, comment faire techniquement, avec
quelles méthodes de gestion et quelles règles internationales ? Le second ouvre une
perspective bien plus vaste : diversité biologique et diversité culturelle s’enchevêtrent
puisque la biodiversité est constitutive des sociétés qui se sont structurées sur l’ensemble
de la planète.
II.2. Autres textes en relation avec la législation nationale sur les aires protégées
Deux lois sont en relation avec cette législation.
La première est la loi 16-2000 du 20 novembre 2000 portant code forestier. Elle poursuit
trois principaux objectifs qui consistent à :
70
instituer un cadre juridique approprié pour assurer la gestion durable des forêts
sur la base d’un aménagement rationnel des ressources ;
définir le domaine forestier national et déterminer les critères et les normes
d’organisation et de gestion concertée et participative ;
concilier l’exploitation des produits forestiers avec les exigences de la
conservation du patrimoine forestier et de la diversité biologique en vue d’un
développement durable.
Comme nous pouvons le constater, le code forestier ne fait pas référence aux aires
protégées de manière explicite. Mais cet outil définit les règles de gestion durable de
leurs zones périphériques. Il évoque ainsi la notion de « forêts de conservation naturelle
», partie intégrante du domaine de l’Etat, dont la mission est d’assurer la pérennité
d’essences forestières, de protéger les habitats de la faune sauvage et de la flore ou de
préserver des paysages (art.10). Le domaine forestier non permanent est constitué par
des forêts protégées, n’ayant pas fait l’objet de classement, et fait partie intégrante du
domaine public de l’Etat (art. 13).
La seconde est la loi n°003/91 du 23 avril 1991 sur la protection de
l'environnement. Elle a pour objet de renforcer la législation sur plusieurs domaines de
l’environnement dont celui de la préservation de la faune et de la flore et de gérer,
maintenir, restaurer et protéger ou conserver les ressources naturelles, le patrimoine
culturel, naturel et historique. Les articles 11 à 20 traitent de la protection de la faune et
de la flore.
71
Convention sur les changements climatiques (Loi n°26/96 du 25 juin 1996).
72
compte aujourd’hui 18 aires protégées qui couvrent environ 4 millions d’hectares soit
13% de la superficie du territoire national.
A ce jour, le Congo compte quatre parcs nationaux (Nouabalé-Ndoki, Odzala-
Kokoua, Conkouati-Douli et Ntokou-Pikounda), une réserve de biosphère (Dimonika),
une réserve communautaire (Lac Télé), six réserves de faune (Léfini, Tsoulou, Nyanga
Sud, Nyanga Nord, Mont Mavoumbou, Mont MFouari), trois sanctuaires à gorilles ou
chimpanzés (Lossi, Lesio Louna, Tchimpounga) et une zone de protection et de
conservation d’Oubangui-Tangui.
Tous les écosystèmes du Congo sont représentés dans des aires protégées.
Certaines d’entre elles regroupent un ensemble d’écosystèmes variés (forêt, savane,
cours d’eau, lac, lagune, etc.). C’est le cas des réserves de la Léfini et du Lac Télé et du
parc de Conkouati-Douli.
Les forêts du Nord du pays, mondialement reconnus pour leur riche biodiversité,
comprennent cinq aires protégées dont trois parcs nationaux notamment (Odzala-
Kokoua, Nouabalé-Ndoki, Ntokou-Pikounda et deux réserves à savoir le Lac Télé et le
sanctuaire de Lossi. Le Sud a été longtemps exploité pour le bois d’œuvre de telle sorte
que leur écosystème est dégradé. L’exploitation de la partie Nord du pays est par contre
récente et la composition de ses écosystèmes reste relativement préservée.
Les parcs nationaux comme Odzala-Kokoua, Nouabalé-Ndoki et Conkouati-
Douli, globalement protégés, sont des sites à fort endémisme. Ils renferment plusieurs
espèces endémiques d’écosystèmes forestiers ou savanicoles (UICN/PACO 2012,
p.130).
Selon la richesse biologique et une variété de paysages fascinants et luxuriants,
toutes les aires protégées n’ont pas les mêmes privilèges. Certaines sont efficacement
protégées car elles bénéficient d’une reconnaissance internationale sous le label du
patrimoine mondial de l’UNESCO, de Ramsar (zone humide d’importance
internationale), de Man and Biosphere en cycle MAB. En effet, le pays compte deux
sites MAB représentés par la réserve de Dimonika et le parc d’Odzala-Kokoua, 15 sites
Ramsar dont 3 seulement sont protégés (Nouabalé-Ndoki, Conkouati-Douli et le Lac
Télé) et un site patrimoine Mondial (Nouabalé-Ndoki).
73
Dans l’intérêt de la représentativité de la biodiversité plusieurs aires protégées
ont vu leur surface augmenter après les études menées en écologie et en inventaire
multiressource.
L’étendue de certaines d’elles leur permet de couvrir plusieurs types
d’écosystèmes. C’est le cas des parcs Conkouati-Douli, Odzala-Kokoua et Nouabalé-
Ndoki, des réserves de la Léfini, de Dimonikaet de la Zone de protection et de
conservation Oubangui-Tanga qui contiennent par exemple des zones de transition
forêt-savane. Conkouati-Douli héberge également des interfaces savane-lagune.
Oubangui-Tanga est une zone humide située en pleine Cuvette congolaise.
Plusieurs aires protégées constituent de complexes transfrontaliers (tableau 5) :
binationale (« Gamba- Conkouati-Douli » et « Lac Télé - Lac Tumba », Tridom
(trinationale Dja-Odzala-Kokoua-Minkébé et TNS (Trinationale de la Sangha «
Nouabalé-Ndoki-Lobéké-Dzanga Sangha »).
Plusieurs aires protégées ont bénéficié de l’appui technique, financier et humain
des organisations environnementalistes non gouvernementales. Les activités de
recherche ne se déroulent que sur trois aires protégées sur douze. Elles concernent
principalement les grands singes (en liberté à Nouabalé-Ndoki et Conkouati ou des
études comportementales sur les chimpanzés en captivité à Tchimpounga et Losio
Louna). Des travaux sont également menés sur les cétacés et les tortues à Conkouati.
Certaines de ces thématiques de recherche pourront être utiles à des fins de gestion : les
travaux d’habituation des gorilles à Nouabalé-Ndoki et Lossi et les travaux sur les
cétacés, les tortues et les grands singes à Conkouati, qui ont été initiés par WCS, ONG
intervenant en appui direct à la gestion du parc. Odzala Kokoua a également fait l’objet
de recherches scientifiques (UICN/PACO 2012, p.122).
La situation géographique de Ntokou-Pikounda et de la zone de protection et de
conservation de l’Oubangui-Tanga ne favorise pas la présence du personnel chargé de
la surveillance. La première aire protégée est située complètement dans une zone humide
dont les conditions d’accès sont très difficiles. La seconde, localisée dans une grande
forêt primaire équatoriale, sert dans la conservation de la flore en vue de la séquestration
du carbone.
Les effectifs du personnel en charge de la surveillance, existant dans certaines
aires protégées, sont encore malheureusement insuffisants. Le nombre des écogardes est
74
encore insuffisant surtout pour de vastes aires protégées. Elle est par exemple de 1
écogarde pour 18.556 ha à Odzala-Kokoua, 16.289 ha à Conkouati-Douli, 21.194 ha à
Nouabalé-Ndoki, 48.773 ha au Lac Télé, 54.200 ha à la réserve de la Léfini. Certes qu’il
n’existe pas une norme défissant le ratio écogarde/superficie mais nous estimons que les
efforts doivent encore être concentis. Les ressources humaines constituent une véritable
épine pour la conservation, ce qui soulève d’ailleurs le problème de la durabilité de
gestion des écosystèmes mis en défenslorsque les partenaires œuvrant dans le secteur
faune vont arrêter leurs assistances multiformes.
75
Tableau n°6. Aires protégées du Congo
Catégorie des aires Aires protégées Année de Superficie Personnel chargé Statut des aires Gestionnaire
Protégées création (ha) de la surveillance protégées
(en 2019)
Odzala-Kokoua 1977/ 1 354 600 73 Trinational, avec Dja Fondation African
2001 (Cameroun) et parks Net work
Minkébé (Gabon) (Afrique du Sud)
Nouabalé- 1994/2001 423 870 20 Trinational, avec Fondation TNS
Ndoki Mobéké(Cameroun) et WCS
Parc national Dzanga-Ndoki
(Centrafrique)
Conkouati- 1980/1999 504 950 31 Transfrontalier, avec - Etat congolais
Douli Gamba (Gabon) - WCS
Ntokou- 0 National - Etat congolais
Pikounda - CIB-OLAM
Réserve Lac Télé 1993/2003 438 960 9 binational, avec Lac - Etat congolais
communautaire Tumba (RDC) - WCS
Léfini 1951/1963 630 000 5 National Etat congolais
Réserve de chasse 2008 271 000
76
Tsoulou 1984 30 000 3 National Etat congolais
Nyanga Sud 1956 23 000 3 National Etat congolais
Nyanga Nord 1956 7700 2 National Etat congolais
Mont 1956 42 00 2 National Etat congolais
Mavoumbou
Mont Mfouari 1956 15 600 2 National Etat congolais
Réserve naturelle de LésioLouna 1999 173 000 23 National - Etat congolais
Gorilles - Fondation John
Aspinall
Réserve de la Dimonika 1988 136 000 10 National Etat congolais
biosphère
Réserve naturellede Tchimpounga 1995 55 526 14 National - Etat congolais
Chimpanzés - Fondation Jane
Goodal
Sanctuaire de gorilles Lossi 2001 35 000 18 National Etat congolais
Réserve forestière Patte d’Oie 1938 10 National Etat congolais
Zone de protection et Oubangui- 2013 1.028.990 0 National Etat congolais
de conservation Tanga
77
IV. Aires protégées: Réservoir de sécurisation climatique et environnementale
Abritant une grande et exceptionnelle diversité floristique et faunique, les forêts
congolaises offrent au niveau local et mondial des services écosystémiques essentiels et
des moyens de subsistance aux communautés locales. De ce fait, les aires protégées
jouent un rôle important en termes de services écologiques. Elles ont également un grand
potentiel de séquestration du carbone et du recyclage de l’eau. De même, elles
contribuent efficacement à atténuer les effets du changement climatique notamment par
la régulation du climat. Ainsi, il est d’observation courante que les débats internationaux
portent aujourd’hui prioritairement sur le changement climatique, et s’orientent
davantage vers la REDD+ ou les paiements pour les services environnementaux. En
effet, le programme REDD+, basé sur des incitations positives des pays qui démontrent
une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) résultant de la déforestation
et de la dégradation forestière, inclue la gestion durable des forêts, la conservation de la
biodiversité et l’accroissement des stocks de carbone forestier (CNIAF, 2015, p. 23).
78
de la biodiversité et de développement socioéconomique. L’aménagement forestier est
traditionnellement défini comme une branche de la foresterie, qui s’intéresse aux
sciences et techniques forestières en rapport avec des principes d’ordre administratif,
législatif, économique et social. Il représente un domaine centré sur la planification
forestière pour produire des biens et des services.
Depuis la décennie 2000 le secteur forestier du Bassin du Congo a connu
beaucoup d’amélioration dans la gestion des forêts en adoptant et en rendant exécutoire
les PAF suivant le modèle des pays européens. Sur l’ensemble du territoire national la
couverture des forêts est d’environ 22.230.000 ha. La forêt destinée à l’exploitation est
de 75% alors que celle affectée à la conservation représente 15% de la superficie totale
(figure 3). Les zones des forêts denses, affectées pour l’exploitation du bois d’œuvre
sont progressivement dotées des PAF, sorte de zonage de forêt en 5 séries (production,
conservation, développement communautaire, recherche et protection).
79
Figure 3 : Découpage forestier du Congo
Mais les contraintes d’être dotées d’un plan d’aménagement pèsent sur deux de
ces séries. Il s’agit de la série de production (affectée pour l’exploitation du bois
d’œuvre) et de la série de conservation (destinée à ne pas être exploitée). Ainsi, 29
concessions forestières couvrant 10.244.162 ha soit 85% de la superficie totale attribuée
à l’exploitation forestière sont engagées dans le processus d’aménagement durable et 15
d’entre elles, d’une superficie de 5.556.388 ha, disposent déjà d’un PAF. Cinq
concessions forestières couvrant une superficie de 2.478.943 ha et disposant d’un PAF
80
sont certifiés FSC (Pokola, Kabo, Ngombé, Loundoungou Toukoulaka et Mokabi-
Dzanga). La figure 4 présente l’état d’aménagement des forêts du Congo.
Les aires protégées restent caractérisées par un effort encore trop limité de
planification de leur gestion (figure 5). Valeix (1990, p. 333) estime que dans de tels
contextes, la valorisation économique des forêts tropicales, notamment par
l’intermédiaire de modes de gestion viables à terme, constitue un objectif majeur qui se
81
doit d’intégrer, dans une approche globale, le rôle multifonctionnel de ces forêts ainsi
que la diversité des usages qui y sont pratiqués.
La disponibilité d’un plan d’aménagement agrée pour une aire protégée n’est bien
sûr pas une garantie que tous les problèmes du site seront résolus. Néanmoins, cette
démarche a le mérite de (i) préciser les partenariats entre l’équipe de gestion et tous les
acteurs locaux, (ii) définir une stratégie d’ensemble et des objectifs spécifiques à court,
82
moyen et long termes et (iii) mettre en ordre l’ensemble des moyens disponibles
(humains, techniques, financiers) sur une période opérationnelle de 4 à 5 ans. Même
sans budget ou personnel suffisant, le plan d’aménagement permet d’optimiser les
moyens disponibles et prévisibles (A. Billand, 2012, p. 85).
La loi 16-2000 du 20 novembre 2000 portant code forestier prévoit que chaque
concession forestière soit dotée d’un plan d’aménagement définissant les objectifs, les
règles de gestion et les conditions d’exercice de droits d’usage par les populations
locales. Si au niveau des concessions forestières destinées à l’exploitation industrielle
du bois d’œuvre cette mesure s’impose, il n’en est malheureusement pas le cas pour les
aires protégées.
Entre 2012 et 2016 deux aires protégées, notamment Odzala-Kokoua et Lossi
étaient dotées des plans d’aménagement qui depuis sont devenus obsolètes car la durée
de vie est de 5 ans. La révision du plan d’aménagement est un processus prévu par le
législateur. Elle permet de prendre en compte des nouvelles données surtout pertinentes
susceptibles de faire évoluer le plan. Il peut s’agir par exemple des données sur la
démographie, la richesse de la biodiversité, les activités cynégétiques.
Entre 2012 - 2015 le Congo a bénéficié, par le truchement du projet PACEBCo,
d’un financement conjoint FFBC CEEAC pour réaliser les plans d’aménagement de
deux aires protégées (PNNN et RCLT). Les études de base (multiressource, écologique,
socio-économique et cartographique) prélude à la rédaction du plan d’aménagement
étaient réalisées et validées par les membres de la commission qui a été mise en place.
Maleureusement, le CNIAF qui avait été désigné pour produire ces plans n’a pas pus,
dans les délais requis, réaliser le travail. Dans ce cas, il revient au ministère en charge
des forêts de rechercher un budget additionnel permettant d’achever ce travail.
Pendant que nous sommes en pleine rédaction de la présente thèse, la réserve de
la Léfini est de plus en plus victime des feux incontrôlés des populations locales et
autochtones vivant dans et autour de la réserve de chasse de la Léfini. Face aux impacts
négatifs sur la biodiversité animale et végétale, le CNIAF, en collaboration avec
l’ACFAP, la CN-REDD, les populations locales et autochtones, a décidé, avec l’appui
de l’USFS et de WCS, d’élaborer un plan de gestion simple des feux (MEF, 2018, p.
13). A défaut du plan d’aménagement, ce plan simple de gestion de feux aura pour
83
avantage de s’ouvrir à une gestion participative pour l’ensemble des parties prénantes.
Cette gestion conduira, sans nul doute, d’après le MEF (2018, p. 12) à une planification
ambitieuse axée sur les trois grands principes classiques de conservation et de
développement (protéger les acquis ; réhabiliter les potentiels à travers une meilleure
utilisation des feux ; valoriser durablement). Or, pour atteindre les objectifs tel que fixés
par ce plan il faut un début d’exécution des activités programmées dont le budget global
est de un milliard sept cent quarante-six millions deux cent soixante-douze mille
(1.746.272.000) FCFA. La survie de cette réserve dépend de ce bugdet important qui
reste donc à rechrecher. Les paragraphes ci-dessous nous permettent de comprendre les
problèmes financiers et les différentes sources de financement de nos aires protégées.
84
des subventions parfois à moyen et long terme. Il reste qu’en l’absence de ces
financements plus ou moins continus, la situation globale de leur diversité se serait
certainement dégradée beaucoup plus qu’actuellement (A. Billand, 2012, p. 85).
Bien que le Congo ait adhéré à la majorité des conventions internationales en
faveur de la conservation de la biodiversité, les financements nationaux et
internationaux demeurent toujours insuffisants. Dans ces conditions de nombreuses
aires protégées sont exposées aux activités anthropiques menaçant sérieusement l’avenir
des écosystèmes forestiers, terrestres, marins et lacustres qui ont permis leur classement.
La réserve de la Léfini dont la présente étude y est consacrée, n’échappe pas à cette triste
réalité.
85
difficultés. Ces aires protégées connaissent des problèmes d’accès, d’aménagement des
sites et manquent même des structures d’accueil, le manque d’infrastructures hôtelières
(sauf au parc national d’Odzala-Kokoua) et de communications adéquates dans les zones
concernées.
Conclusion
En définitive, le Congo est doté d’un cadre juridique bien fourni régisant la
gestion et le fonctionnent des aires protégées qui occupent un quart de la surface des
forêts denses. Malheureusement à ce jour, aucune de ces aires protégées n’est dotée d’un
plan d’aménagement. Le financement alloué ne permet pas de mettre en place une
stratégie nationale pour développer l’écotourisme dans ces aires protégées, et plus
spécifiquement dans la réserve de chasse de la Léfini. Le chapitre ci-après présente les
aspects abiotiques et biotiques de la réserve.
86
CHAPITRE IV: PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
87
Figure 6 : Situation géographique
88
- à l’ouest par le côté Est de la piste Nsah-Adzi jusqu’à la rivière Nambouli,
puis la rive droite de la Nambouli jusqu’à son affluent avec la rivière Léfini ;
- au sud du confluent des rivières Nambouli et Léfini, en suivant le cours de la
rivière de la Léfini, jusqu’à son confluent avec la rivière Louna ;
- au sud-est de la confluence des rivières Louna et Léfini, en remontant la rive
droite de la Louna jusqu’à un point à matérialiser sur le terrain et situé à la
même latitude que le village actuel d’Inoni, puis une ligne Ouest-Est partant
de ce point et atteignant le bas des pentes du plateau batékés, puis le longeant
en joignant l’une à l’autre les sources de tous les cours d’eau issus du plateau
jusqu’à celle de la rivière Gayana, puis de la rive droite de la Gayana jusqu’à
sa confluence avec la rivière Léfini, puis de la rive droite de la Léfini en
direction Ouest jusqu’au côté Ouest de la route Brazzaville Gamboma ;
- à l’est : de l’intersection de la rivière Léfini au côté ouest de la route
Brazzaville-Gamboma, en direction de Gamboma, jusqu’au croisement de la
route Mpouya-Djambala à Ngo.
89
Figure 7 : Localisation de la réserve de chasse de la Léfini
Les mécanismes anciens révèlent que l'ensemble des Plateaux Téké a subi un
mouvement de bascule, certainement lié à la subsidence de la Cuvette congolaise (P.
Vennetier, 1966 ; p. 28). Ce basculement géologique a abouti à la constitution d’une
90
surface tabulaire, légèrement inclinée vers la Cuvette congolaise et morcelée par des
rivières en quatre plateaux (Mbé, Nsah-Ngo, Djambala et Bakoukouya).
Les mécanismes actuels sont essentiellement représentés par l’action pluviale
qui provoque en bordure des plateaux l’entraînement des sables ocres vers les vallées,
déchaussant ainsi les grès polymorphes qui forment de véritables corniches hérissées
de pitons (L. Makany 1976, p.24). Ce modelé est rencontré le long de la route
nationale n°2 entre Inoni Falaise et Etsouali.
Une partie importante de la réserve de la Léfini est implantée sur le complexe
des plateaux Téké, notammentle sud-Est et le Nord-Ouest respectivement dans les
plateaux de Mbé et de Nsah-Ngo. A cela s’ajoutent des zones collinaires hautes et
basses, des plaines alluviales et des vallées profondément encaissés (figure 8).
Les surfaces tabulaires ou plateaux commencent à l’Est avec le plateau de Mbé.
Ils sont séparés par des falaises abruptes entre les villages Inoni Falaise, Mbouambé
Léfini et Etsouali. Après ce morcellement, ces surfaces se présentent en un bloc
compactet continu au Nord (entre Etsouali et Ngo) et au Nord-Ouest (entre Ngo et Nsah,
puis Nsah et Assan).
91
Figure 8 : Grandes unités géomorphologiques
Le relief dominant est marqué par les hautes collines au Sud et au centre-Ouest.
Ce relief est associé au relief de basses collines et de plaines alluviales de la Louna au
Sud, de la Nambouli et de la Djouélé au Nord-Ouest. Suivant cette configuration, les
paysages vallonnés présentent une alternance de plateaux relativement plats bordés de
falaises et de collines entaillées par un dense réseau hydrographique.
Les zones de dépression constituent des réseaux de vallées bien marquées. Les
collines, entaillées par une multitude de cirques d’érosion, forment de vastes croupes
fortement arrondies et aux pentes raides.
L’allure générale s'est établie du Sud-Ouest au Nord-Est et à l'Est, avec un réseau
hydrographique conséquent. La Léfini est la principale rivière de la réserve dans laquelle
92
se jettent beaucoup de rivières secondaires. Elle traverse latéralement la réserve, suivant
une orientation Ouest-Est, et atteint le plus bas niveau de base où elle coule dans la
plaine alluviale pour se jeter dans le fleuve Congo.
Le réseau hydrographique de la réserve comprend donc les axes de drainage
pérenne et de petits affluents à écoulement temporaire, découpant les interfluves en
crêtes étroites et sinueuses. P. Vennetier (1966, p.28) a constaté que ces plateaux
forment le domaine de cirques d'érosion, grands amphithéâtres dressant au-dessus des
sources leurs corniches en gradins. Ce réseau est très alimenté par les vallées, où
chaque rivière décrit des milliers de méandres très instables et dissymétriques. Dans
le Nord-Ouest de la réserve, la rivière Nambouli coule dans les zones encaissées et
découpe le plateau de Nsah-Ngo en deux blocs jusqu’à sa confluence avec la rivière
Léfini. Mais, en amont à la hauteur de la source de Nambouli, ces blocs se joignent et
forment un seul plateau continu. Dans le Sud-Est de la réserve, sur le plateau de Mbé,
Gamboma est la seule rivière qui coule depuis la surface tabulaire jusqu’à la plaine
alluviale où elle atteint le fleuve Congo.
III.2. Altimétrie
La réserve de la Léfini est implantée sur une pente inclinée du Sud-Ouest au
Nord-Est vers le fleuve Congo. Selon P. Vennetier (1966, p.28) la pente générale est
faible et inférieure à 3%. Les altitudes plus élevées sont enregistrées au Nord-Ouest,
au centre et au Sud. Le relief correspond à une série des pentes aux altitudes oscillant
entre 700 et 800 m. La diminution du pendage sur l’ensemble de la réserve débouche
au plus bas-relief, notamment sur les bassins versants et les vallées aux altitudes
modestes ne dépassant pas 400 m (figure 9). La surface tabulaire des plateaux est
interrompue par des vallées aux pentes raides ou douces et au fond plat.
93
Figure 9 : Variation altitudinale
94
Les roches dures, constituées principalement des schistes et quartzites,
occupent la partie sommitale de la pente alors que les roches tendres, formées du
sable, des grès tendres et des alluvions sont localisées en bas de la pente. Cette
disposition stratigraphique binômes roches-dures roches-tendres appartient aux
couches géologiques issues de la formation précambrienne inférieure et de la
formation de couverture.
III.4. Sols
III.4.1. Caractéristiques physico-chimiques du sol
Les contraintes de notre étude par le fait d’aborder la distribution spatiale de la
phytodiversité conduit à la connaissance du lien direct entre la disponibilité en eau et les
facteurs édaphiques associés à la fertilité du sol. Plusieurs études ont porté sur les
facteurs édaphiques déterminant l’organisation spatiale des espèces d’arbres parmi
lesquelles nous pouvons citer celles réalisées par L. Makany (1976, p78, 88,97,) et S.A.
Ifo (2010, p. 77-153). Ces études ont démontré les rôles joués par les propriétés physico-
chimiques du sol dans la distribution des populations d’arbres des forêts des plateaux
Téké.
Les caractéristiques physico organiques des sols dans les plateaux Téké varient
en fonction du type de végétation. Les sols sont à texture sableuse avec des taux d’argiles
variant de façon significative. Les teneurs en argiles, en limons et en sables varient
suivant le type de végétation (savane ou forêt). Les formations pédologiques demeurent
très acides, fortement désaturées, assez pauvres en phosphore assimilable, magnésium,
cuivre, zinc et manganèse très riches en fer, avec une toxicité aluminique
considérablement élevée (J. Yoka et al., 2010, p. 69).
Dans les savanes à Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb. le taux de limon fin et
d’argile est plus elévé que sous les différents types de forêts comme les forêts de
Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand et Milletia laurentii De Wild.(L. Makany
1976, pp.241, 244). Les forêts à Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand ont une
fraction importante de sable grossier par rapport à la forêt à Milletia laurentii De Wild.
De même les teneurs en matière organique varient sur l’ensemble des plateaux Téké.
Sous les savanes à Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb. des teneurs sont faibles par
95
rapport aux forêts à Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand et Milletia laurentii
De Wild. (L. Makany 1976, pp.241, 244). Le sol sous forêt à Millettia laurentii De Wild.
est un peu plus riche en matière organique, en limons et argiles et jouit d’une meilleure
capacité de rétention en eau. Les sols sont organiques en surface avec un rapport C/N
variant entre 9,75 et 13,41, très pauvres en bases échangeables et marqués par une
capacité d'échange cationique (CEC) élevée au niveau de l’horizon humifère (S.A. Ifo,
2010, p.62).
En savane les sols sont très sableux, acides, pauvres en matière organique et en
éléments minéraux. Bien que les sols des plateaux Téké soient généralement considérés
comme étant pauvres en nutriments, les caractéristiques physico-chimiques de ces sols
jouent un rôle majeur dans l’organisation spatiale des communautés végétales.
96
Figure 10:Types des sols
97
la Léfini. Ce sont des sols tourbeux ou semi-tourbeux caractérisés par un engorgement
d’eau pendant toute l’année ou une partie de l’année, pendant la saison des pluies.
Les podzols sont formés sur du matériau sableux au fond des vallées humides et
du matériau sablo-argileux sur les plateaux, dans des dépressions en entonnoir (H.
Elenga 1992, p.31). Ils occupent des superficies très restreintes et se rencontrent sous
une végétation arborée ou herbacée.
98
plus faibles sont les longitudes et plus faibles sont les températures enregistrées dans ces
zones.
Humidité
A titre de comparaison, il est à noter que les observations faites au cours de la
journée indiquent que l’humidité atmosphérique n’est pas en phase avec la température.
Le matin, vers le lever du soleil, l’humidité est élevée pendant que la température est
basse. Le constat est contraire l’après-midi (entre 12h30-15h30) où l’humidité est faible
lorsque la température est élevée. Au niveau mensuel, le maximum est atteint au cours
des mois pluvieux. Mais de façon générale la teneur en humidité est très élevée. L.
Makany (1976, p.14) l’évalue à plus de 40 % avec des variations mensuelles faibles de
l’ordre de 10 %, l’amplitude journalière dépase 40%. Cette humidité depasse 90 % la
99
nuit, pendant la saison sèche (site, 2020). S.A Ifo (2010, p. 69) constate que les
moyennes d’humidité de sol sont plus faibles sous savane que sous forêts (galerie et
secondaire).
100
l’altitude. Partant du principe qu’au niveau de deux endroits, dont les caractéristiques
morphométriques sont les mêmes et situés dans une même direction des masses d’air, il
pleut sur le premier endroit par où les vents arrivent, cependant les masses nuageuses
peuvent ne pas atteindre le second endroit. Le cas de ces endroits situés à peu près sur
la même longitude vérifie ce principe (H.B. Goma Boumba, 2003, p.27). Il s’agit par
exemple des localités de Nsah, d’Ontchouo et de Letion qui sont approximativement
situées sur la longitude 15°20’00’’mais n’enregistrent pas la même quantité d’eau
(figure12). Il découle de cette analyse que les zones de petits plateaux bien exposés au
vent reçoivent plus d’eau que les bas-fonds ou zones de vallées humides ou sèches.
101
Enfin, la variation spatiale de la pluviométrie est assez hétérogène. Deux
orientations dominent la sinuosité décrite par les isohyétes. La première est la quasi
obliquité de l’allure des isohyètes. La seconde est circulation ouest-nord-est des masses
d’air avec pour conséquence la diminution des quantités des précipitations de 200 mm.
102
équatoriale atlantique (G. Ibiassi Mahoungou, 2003, p.68). La variabilité pluviométrique
est importante au sud de l’équateur et la bordure océanique.
A l’instar de la nature des sols, ces occurrences font partie des déterminants
responsables du stress ou du déficit hydrique. La persistance des séquences non
pluvieuse au début de la saison pluvieuse est susceptible de perturber la croissance des
végétaux avec pour risque leur régression et même disparition. Il est donc évident que
les conséquences écologiques (confer chapitre VI) engendrées par ces séquences sèches
dépendent de leur durée.
Précipitations mensuelles
La décennie 2010 est marquée par un rythme pluvieux important. Dans
l’ensemble les précipitations les plus abondantes sont enregistrées aux mois d’octobre
et novembre des années 2006, 2007 et 2008 avec des quantités de pluies oscillant entre
325 et 400 mm d’eau. Les autres mois pluvieux enregistrent entre 100 et 250 mm d’eau.
Les mois de juin et juillet 2007 sont totalement secs, alors qu’en 2006 pendant les
mêmes mois, les quantités d’eau entregistrées atteignent 60 mm. Le mois d’août est
totalement sec sauf en 2007 où la quantité d’eau est d’environ 120 mm.
Bilan hydrique
Malgré les hauteurs annuelles des précipitations comme il est constaté, le bilan
hydrique du sol, c’est-à-dire la différence entre les apports en eau et les pertes
(évapotranspiration) est déficitaire en période sèche, alors qu’il reste équilibré ou
excédentaire en période pluvieuse. L’ETP présente une faible variation saisonnière
(avec une légère baisse entre mai et août) et interannuelle ; elle varie peu d’une année à
l’autre. Cette faible variation est une conséquence de la faible variation du rayonnement
solaire et d’une humidité atmosphérique toujours élevée. L’ETR est maximale en saison
des pluies, surtout aux périodes de plus fortes précipitations et des plus fortes chaleurs
de mars à avril et d’octobre à novembre. Elle est minimale ou nulle en saison sèche où
les précipitations sont faibles ou nulles et les températures fraîches. L’ETR dépend de
la nature de la couverture végétale. Elle est faible en savane et plus importante en forêt.
Les résutats obtenus par M.J. Samba-Kimbata (2002, p.84) suivent cette logique car
103
l’ETR varie entre 800 et 1200 mm dans les zones de savane alors qu’elle est estimée à
plus plus de 1300 mm dans les zones forestières. M.J. Samba-Kimbata (2002, p.82)
affirme que d’après les pédologues la réserve utile maximale (RU max) est comprise au
Congo entre 200 mm pour les sols argilo-sableux et 300 mm pour les sols argileux avec
une réserve facilement utilisable (RFU) de 100 à 150 mm. Il est admis, par conséquent,
que le point de flétrissement est atteint à partir de la moitié de la quantité d’eau de la
réserve utile maximale (RU max). L’auteur conclut que dans la partie méridionale du
Congo, à partir de 2°de latitude sud, en raison d’une saison sèche absolue, les sols
n’ont de réserve utile que pendant une partie de l’année. Les sols présentent donc un
déficit hydrique saisonnier. Ce déficit commence à se manifester pendant la première
décade de juillet. Il prend fin après la première décade de septembre. La réserve de
chasse de la Léfini intégre bel et bien ce découpage.
Brouillard
Le brouillard est un amas de vapeur d’eau formant un nuage près du sol, limitant
la visibilité. Ch. P. Péguy (1970, p.189) explique qu’il s’agit d’une condensation de
caractère tout local portant sur les couches inférieures de l’atmosphère au contact d’un
sol très froid. Or au dessus d’un sol froid les couches d’air tendent à être stables, ce qui
écarte du même coup la possibilité de condensation dans la masse même de l’atmosphère
et par suite de précipitation.
Les observations ont été faites au niveau des villages et au gite situé à environ 11
km à vol d’oiseau de Mpoh, pendant les opérations d’enquêtes auprès des populations
et d’inventaires floristiques. Ces sites sont situés, pour plusieurs d’entre eux, dans une
zone de savane mais entourés par des îlots de forêt galerie et de terre ferme. C’est le cas
par exemple, de Mpoh et du gite. Le brouillard est de moins en moins observé pendant
la saison sèche, il disparaît progressivement avec l’apparition du soleil, entre 8h00 et
8h30 minutes voire 45 minutes. Pendant la phase de brouillard les températures sont
relativement basses. Le changement brutal de températion est assez récurrent dans les
zones de savane. En absence des pluies le brouillard est de plus en plus abondant et dure
une bonne partie de la matinée. Dans ce cas, le soleil apparaît souvent vers 10h voire
10h30 (observation faite au gite) à cause de la faible intensité du rayonnement solaire.
104
En filtrant la radiation solaire et en saturant l’atmosphère de vapeur d’eau, le brouillard
ralenti les phénomènes d’évaporation. Le brouillard peut être transformé en brouillasse
ou pluie fine. Or, les gouttelettes d’eau qui tombent, bien que négligéables, arrosent les
plantes et peuvent réduire le risque prolongé de stress hydrique auquel font face les
plantes saisonnières pendant la période non pluvieuse. Comme l’humidité de l’air, le
brouillard peut compenser la carence des précipitations à certains moments de l’année.
Evaporation
L’évaporation apporte une dimension supplémentaire à la compréhension de
l’effet d’autres facteurs climatiques en particulier la température. En effet, l’évaporation
qui est conditionnée par les températures, évolue dans le même sens que celles-ci. Elle
augmente au fur et à mesure que les températures mensuelles s’élèvent. Par contre, elle
varie en sens inverse de l’humidité atmosphérique.
Vent
L’importance de l’action du vent est appréciée lors de son contact avec d’autres
facteurs physiques comme le relief ou la végétation. Face au vent, le relief joue un rôle
de frein ou de barrière. L’importance de l’action du vent peut se mesurer à l’intensité
généralement atteinte dans les zones dépourvues d’obstacles (plaine, vallée). Mais le
relief intervient également comme modificateur de son régime ou de sa direction. A
Lacoste et R. Salanon (2010, p.207) affirment que certaines vallées canalisent le vent,
contribuant ainsi à en augmenter la vitesse. A l’instar du vent, la végétation constitue
également une barrière dont l’efficacité dépend de la hauteur et de la densité des arbres.
Les vents ont en général une orientation sud-ouest / nord /est. Leur vitesse dépasse
parfois 10 km/h soit environ 5 m toutes les 20 secondes (site, 2020).
105
IV. Aspects biotiques
Une brève description est faite sur les êtres vivants notamment les grands
ensembles de végétation de la réserve de la Léfini et la diversité animale qui fait la
particularité de cette aire protégée.
106
Bien que le Congo soit situé dans la région des forêts denses humides équatoriales
ou région guinéo-congolaise constituée essentiellement des forêts de type ombrophile
(F. White, 1986, p.51 ; C. De Namur, 1990, p.60 ; V. Kimpouni et al., 1992, p.128 ; J.M.
Moutsamboté 2012, p.67), la végétation des plateaux Téké est d’un type très particulier.
En effet, les plateaux Téké sont le domaine de la savane, comprenant plusieurs variantes.
Les principales espèces caractéristiques sont, parmi les herbacées : Hyparrhenia
diplandra Stapf et Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb., les formations arborescentes
les mieux représentées sont Bridelia ferruginea Benth, Hymenocardia acida Tul. et
Annona arenaria Schumach & Thonn. Des formations de types denses, à Milletia
laurentii De Wild, Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand et Parinari excelsa
sabine, occupent le fond des vallées marécageuses et les bordures de cours d’eau (L.
Makany, 1976, p. 88-89). Les plateaux Téké sont actuellement caractérisés par
l’existence de plusieurs îlots forestiers de taille individuellement modeste de quelques
mètres carrés mais dont la somme de leur surface spécifique peut être importante.
107
combinaison des critères (floristico-écologiques) a abouti à l’établissement des groupes
écologiques.
Les grandes barrières naturelles, actuelles ou passées (telles que les océans, les
chaînes de montagnes, les déserts, apparus au cours des temps géologiques), séparent
des flores, caractérisées par certains taxons (familles, genres ou espèces) endémiques
qui permettent de distinguer des empires floraux. C’est le cas de l’empire néotropical
(régions tropicales d’Amérique et de l’empire paléotropical (régions tropicales
africaines et asiatiques). Au sein de ces empires, les taxons ne sont pas répartis de
manière uniforme et des centres d’endémisme se distinguent encore et constituent des
régions florales.
Les grandes formations végétales de la planète se répartissent généralement en
zones ou ceintures parallèles à l’équateur, correspondant aux grands types de climats de
la planète: les forêts tropicales humides correspondent aux régions à climat tropical
humide. Chacune de ces ceintures de végétation peut donc être définie sur une base
physionomique et/ou écologique, et non plus floristique. Celles-ci sont à cheval sur
plusieurs empires floraux et traversent de nombreuses régions florales. Enfin, outre les
critères purement floristiques et physionomico-écologiques, il y a également la
connaissance de la phytosociologie.
Critères floristiques:
Il existe plusieurs types de classifications floristiques construites d’une manière
hiérarchique divisive, c’est-à-dire que les entités définies partent du général vers le
régional : empires, sous-empires, régions et provinces. Les méthodes se basent sur
l’endémisme mais d’une manière assez subjective, ce qui explique en partie les
divergences entre auteurs. Une autre difficulté résidait sur la délimitation des zones de
transitions et de leur classement dans un système hiérarchique. Ces considérations ont
amené F. White (1986, p. 47) à se pencher sur un système de classification des unités
phytogéographiques plus objectif, défini de manière quantitative sur base de la richesse
des flores, du taux d’endémisme et de l’origine des taxons non endémiques.
A l’échelle des phytochories régionales, il définit la zone de transition comme
étant une zone à faible endémisme. Il insiste d’ailleurs lourdement sur l’importance de
108
ces zones de transition pour définir correctement les zones d’endémisme. Par définition,
une zone de transition partage donc une proportion de ses taxons avec chacune des zones
voisines. F. White (1986, p. 64-73) met finalement en place une classification
phytogéographique dont il est un des premiers à donner plus des détails sur la
problématique des zones de transition ce qui l’amène à envisager un système de
classification non hiérarchique. L’idée d’une classification hiérarchique est donc rejetée.
Les partisans du continuum en phytosociologie adhèrent aussi au système de
classification non hiérarchique.
Les données de base sont constituées par la superposition d’un maximum de
cartes de distribution de taxons, ou données chorologiques (B. Senterre, 2005, p.47). F.
White (1979, p.16) reproche aux classifications rigoureusement hiérarchiques de donner
lieu à des phytochories de même rang différant fortement du point de vue de la taille de
leur flore, de leur degré d’endémisme et de la nature de leurs liens avec les autres
phytochories. Il voit plutôt les phytochories comme une série de " centres d’endémisme
", séparés par des " zones de transition " ou des " mosaïques régionales " de même ordre
de grandeur géographique (B. Senterre, 2005, p. 48). Il définit ainsi un centre
d’endémisme comme étant une région contenant plus de 1000 espèces végétales dont au
moins 50% n’existent que dans la région en question.
En outre, il reconnaît ne se concentrer que sur une échelle spatiale bien
déterminée (F. White, 1979, p.15), équivalente aux régions et domaines, et ne considère
pas les territoires géobotaniques d’ordre supérieur (empires) ou inférieur (secteurs,
districts, etc.) et par conséquent il est bien normal que la notion de hiérarchie lui paraisse
inutile voire handicapante. Bien qu’il définisse ses unités chorologiques uniquement sur
une base floristique, il admet une forte correspondance avec les types de végétation
décrits sur une base physionomique et/ou phytosociologique, par exemple forêts denses
humides et centre d’endémisme guinéo-congolais (B. Senterre, 2005, p. 48). Il reconnaît
d’ailleurs que la délimitation précise de ses phytochories (c’est-à-dire leur
représentation cartographique) est établie à l’aide des cartes de végétation connues (F.
White, 1986, p.11).
109
Critères physionomiques
Les critères physionomiques de végétation sont utilisés à des fins de description
des types de végétation et des régions phytogéographiques. La définition et la
délimitation des principales unités physionomiques de végétation fait l’objet de certain
consensus, en comparaison aux empires floraux et autres phytochories, dont la
détermination est fonction des connaissances taxonomiques et chorologiques. La
distribution des biomes semble indépendante de la distribution des empires
biogéographiques. Dans ce cas, la classification physionomique de la végétation est
déterminée en fonction du climat actuel.
Ainsi, les principales classifications sont basées sur la hauteur et la continuité
des strates arborées, puis sur l’importance des espèces caducifoliées, les dimensions et
textures foliaires et enfin sur la dominance de certains types biologiques particuliers. Il
est également frappant de voir que les biomes, pourtant décrits sur une base purement
physionomique, sont nommés à l’aide de termes écologiques (B. Senterre, 2005, P. 53).
Cet auteur estime que la classification est par conséquent plus symétrique et permet
l’insertion aisée de nouvelles unités. Les niveaux hiérarchiques sont par ailleurs plus
clairement définis: classes de formations, sous-classes de formations, groupes de
formations, formations, sous-formations et subdivisions inférieures. Enfin, une clé des
types biologiques de plantes, utilisés dans les définitions des formations, est fournie.
Critères écologiques
La plupart des auteurs qui élaborent des classifications écologiques de la
végétation le font en tenant compte de classifications physionomiques, puisque la
physionomie d’un type de végétation est intimement liée à son environnement. On parle
alors de classifications bioclimatiques. Elles sont réalisées sur base des paramètres
climatiques. Il s’agit, par exemple, de la pluviosité annuelle (en mm), la saisonnalité
(nombre de mois secs par an, c’est-à-dire les mois à précipitations inférieures au double
de la température moyenne du même mois, exprimée en °C) et la température moyenne
du mois le plus froid de l’année. Avec l’amélioration constante de connaissances
détaillées en matière de phytogéographie descriptive, il est possible, de faire
110
correspondre les unités de végétation à des unités bioclimatiques définies en fonction de
combinaisons du bioclimat général (B. Senterre, 2005, p. 58)
Critères phytosociologiques
Le critère phytosociologique est lié à la nature des organismes et à leur capacité à
s’organiser en communautés. L’accent est mis sur la tendance de certaines espèces à
vivre ensemble, non pas dans une même région (ce qui reviendrait à parler d’élément
chorologique), mais dans un même type de milieu. Ces espèces forment en quelque sorte
un " élément écologique ", plus connu sous l’expression groupe écologique. Certains
considèrent cette association d’espèces comme un ensemble figé, lié à un déterminisme
écologique précis, et retrouvé à l’identique dans d’autres stations à conditions
écologiques équivalentes. C’est le point de vue des phytosociologues de l’école dite
classique qui décrivent les communautés végétales au sein d’une classification
hiérarchique (les individus d’association en associations, puis en alliances, ordres,
classes, etc.). Contrairement aux classifications basées sur les autres critères, le système
est ici typiquement construit d’une manière agglomérative: du local au général, mais
sans toutefois aller jusqu’à une échelle globale comme c’était le cas pour les autres
critères (B. Senterre, 2005, p. 56-57).
111
IV. 2.2. Divisions chorologiques de l’Afrique tropicale
Dans son étude, M-J Moutsamboté (2012, p. 60-63) a rappelé les divisions
chorologiques de l’Afrique tropical. Celle-ci représente une seule région florale
appartenant à l’empire floral paléotropical formée de quatre provinces:
- province soudanienne ;
- province des montagnes et des steppes du nord-est africain ;
- province Ouest - africaine ou guinéenne qui s’étend de la Guinée en RDC ;
- province des steppes de l’Afrique orientale et australe.
Il rapporte également que la région africaine d’Engler est limitée à l’Afrique
tropicale sur cinq provinces ;
- province soudanienne d’Engler limitée au sud par une ligne reliant la Gambie
au nord de l’Ouganda ;
- province guinéenne d’Engler comprenant la forêt dense et les savanes qui
l’entourent ;
- province éthiopienne d’Engler englobant le plateau éthiopien, la Somalie et le
Yémen en Arabie ;
- province orientale comprenant le plateau d’Afrique orientale allant du Lac
Rudolphe au Malawi et au Mozambique ;
- province zambézienne englobant le bassin du fleuve Zambèze et du Cunene
et le sud-est de la RDC.
Par ailleurs, six régions florales composent l’ensemble du continent africain :
- la région méditerranéenne ;
- la région saharo-sindienne (région de déserts nord africains et indiens) ;
- la région soudano-zambézienne (formations herbeuse et des forêts claires
sèche) ;
- la région guinéenne (massif forestier constitué de la forêt dense ombrophile);
- la région du cap ;
- la région malgache.
L’auteur affirme également que de nombreux auteurs comme F. White (1979, p.
15-23) et E. Denys (1980, p. 465) ont tenté de modifier cette subdivision de l’Afrique.
Les modifications ont visé les limites septentrionales et méridionales de la région
112
guinéenne (désignée actuellement sous le nom de la région guinéo-congolaise) et l’unité
de région soudano-zambézienne.
Phytogéographiquement, F. White (1986, p.42) a eu le mérite de découper
l’Afrique en vingt entités régionales ou phytochories en fonction de la distribution des
espèces endémiques. L’Afrique tropicale a été divisé en 8 régions phytogéographiques
et subdivisées en sous-régions ou domaines (F. White, 1979, p. 24, 32-33; 1986, p.64-
73). Il s’agit notamment de :
- région guinéo-congolaise ; elle caractérise le massif forestier d’Afrique
centrale en deux grands domaines phytogéographiques : le domaine bas-
guinéen et le domaine congolais. En ajoutant le domaine haut-guinéen
(correspondant aux forêts d’Afrique occidentale), nous obtenons la grande
région phytogéographique guinéo-congolaise (figure 13).
- région de transition guinéo-congolaise et soudanienne
- région soudanienne ; elle est composée de deux sous-régions nord et sud ;
- région des lacs centro-africains ;
- région zambézienne ;
- région de la ceinture costale de l’océan indien ;
- région afromontagnarde ;
- région malgache ; elle est formée de deux domaines oriental et occidental.
M-J Moutsamboté (2012, p. 62) fait observer que malgré ces nombreuses
tentatives de classification, le problème de la division chorologique de l’Afrique
tropicale demeure encore posé. En effet les phytogéographes ne sont pas unanimement
d’accord sur l’une ou l’autre division.
113
Figure 13 : Région phytogéographique guinéo-congolaise
La Région guinéo-congolaise (2 800 000 km²) s'étend en une large bande au nord
et au sud de l'équateur à partir du littoral atlantique jusqu'au versant occidental de la
dorsale du Kivu à l'est, en passant par le bassin du Zaïre. Une zone satellite, plus petite,
s'étend de la République de Guinée au Ghana. Le couloir du Dahomey, sec, sépare les
deux zones (White, 1979, p.29).
La Région, autre fois, était en grande partie couverte d'une forêt ombrophile sur
les terres bien drainées, et d'une forêt marécageuse sur les sols hydromorphes.
Actuellement, il reste peu de forêt non remaniée et de grandes superficies sont occupées
par une formation herbeuse secondaire ou par des recrûs forestiers à divers stades. Il se
développement également, sur certains sols hydromorphes, de petits îlots de formation
herbeuse édaphiques. Une forêt rabougrie et divers types de formation buissonnante et
de fourré se rencontrent sur les hauts plateaux, au-dessus de 1000 m, principalement
dans les endroits rocailleux. De nombreuses espèces afromontagnardes se retrouvent sur
les hauts plateaux mais ce n'est que sur les plus hauts sommets, tel le mont Cameroun,
qu'elles constituent des formations afromontagnardes distinctes, qui doivent être exclues
de la Région guinéo-congolaise.
114
IV. 2.3. Territoires phytogéographiques du Congo
Phytogéographiquement, le Congo fait partie de la région Guinéo-Congolaise (F.
White, 1986, p.42; V. Kimpouni, J. Lejoli et S. Lisowski, 1992, p. 127 ; M-J
Moutsamboté, 2012, p. 66). Dans ses travaux, B. Descoings (1975, p. 94) subdivise le
Congo en 11 régions naturelles : Kouilou, Mayombe, Chaillu, Niari, Cataractes
(Plateau), Léfini, Plateaux Batéké, Likouala, Alima, Haute Sangha et Basse sangha.
115
5) District du Niari
5- Secteur de transition Congo/Zambézienne
6) District des Plateaux Batéké
7) District de la Léfini
8) District de la Likouala
9) District de l’Alima
2. Domaine Congolais
6- Secteur Forestier Central
10) District de la Haute Sangha
11) District de la Basse Sangha.
116
Figure 14 : Territoire phytogéographique de la réserve de chasse dela Léfini.
117
IV.3.1. Mammifères phares destinés à la conservation
L. Mathot et al (2006, p.25) et M. Puit et L. Mathot (2008, p.3-6) rappellent que
lors de sa création, la réserve de chasse de la Léfini possédait une faune diversifiée et
abondante. Malheureusement, les pressions cynégétiques locales, exacerbées par la
croissance démographique et la demande brazzavilloise, ont largement entamé le
potentiel faunistique de la réserve, de sorte que certaines populations, voire espèces,
sont menacées d’extinction ou même déjà disparues. En particulier, les éléphants, les
panthères, les chevrotains aquatiques, la plupart des carnivores et des céphalophes de
petite et moyenne taille, les pangolins et les oryctéropes voient leurs populations
régresser. Certaines espèces animales comme le chacal à flancs rayés (Canisadustus), le
céphalophe de grimm (Sylvicapragrimmia), l’oryctérope (Orycteropusafer), le vervet
(Cercopithecus aethiopspygerythrus) affectionnent particulièrement la savane. D’autres
espèces animales attachées au milieu des savanes tel le cobe des roseaux
(Reduncaarundinum) et le lion (Panthera leo) auraient disparu, alors que le serval (Felis
serval) n’est plus observé depuis longtemps. Les autres mammifères sont davantage
forestiers ou mixtes et sont donc plus habituels dans le reste du pays. C’est le cas de
l’éléphant de forêt (Loxodonta africana cyclotis) ou des primates.
L’abondance de l’avifaune fait de la réserve un lieu privilégié pour les
ornithologues. M. Puit et L. Mathot (2008, p.6) ont fait observé que parmi l’avifaune de
savane présente dans la réserve, trois espèces sont endémiques des savanes du bassin du
Congo: le Francolin de Finsh (Francolinus finschi), et le Traquet fourmilier du Congo
(Myrmecocichla thollonii) habitent la prairie à Loudetia avec peu ou pas de couverture
arbustive, et le Tisserin à menton noir (Ploceus nigrimentum) la savane arbustive à
Hymenocardia acida Tul. Notons également la présence de l’hirondelle de Brazza qui
fréquente les clairières, les rivières et les lacs.
Ces espèces témoignent dela richesse animalière de cette réserve victime de sa
proximité avec des localités et surtout de Brazzaville dont le besoin en viande de brousse
est très fort. Les mesures de protection établies depuis les années soixante n’ont
malheureusement pas été poursuivies car le braconnage demeure plus pressant. Ces
auteurs ont également constaté que malgré ces multiples agressions, les populations
animales de plusieurs espèces, dont les buffles et les hippopotames, semblent s’accroître
118
grâce à la mise en œuvre des efforts de protection entrepris dans la réserve Naturelle de
Gorilles de Lésio-Louna. Celle-ci, située au sud-ouest, est mitoyenne à la réserve de la
Léfini.
V. Milieu humain
L’examen du milieu humain a permis de rappeler le peuplement, de comprendre
les us et coutume, de déterminer l’evolution de la densité de la population et de décrire
les différentes activités de celle-ci.
119
Léfini. Ayant contribué aux mouvements migratoires depuis l’année 1980, cette route
part de Brazzaville et traverse respectivement les départements administratifs du Pool,
des Plateaux de la Cuvette et de la Sangha. La situation géographique de la réserve
chevauchant les départements du Pool et des Plateaux a aussi favorisé la diversité
ethnique.
Le peuplement à l’intérieur et dans les environs de la réserve de la Léfini est très
hétérogène. Cette hétérogénéité a été précédemment constatée par plusieurs auteurs.
Les plateaux Téké sont exclusivement peuplés de l’ethnie téké. Les téké se subdivisent
en plusieurs classes dont les Téké (plateau de Mbé) et les Boma (Plateau de Nsah-Ngo).
Ces classes sont caractérisées par des sous-peuplements. D. Ngouma (2011, p.48) a fait
remarquer que le plateau de Mbé était habité depuis longtemps par les Bawoumou
occupant la région sud, appelée le « Mpoumou » ou « plateau du tabac », et les
Babémbé, dans la partie nord, le « Mbé ». Faisant partie intégrante du peuple téké, ces
deux ethnies ont souvent été au contact avec d’autres peuples qui les ont affrontés
régulièrement. Il convient également de noter, comme B.M Mengho (1999, p.235), une
forte présence des Laris (peuple du Pool) au nord de la réserve, sur le plateau de NSah-
Ngo.
V.2. Us et coutumes
V.2. 1. Organisation sociale
Le pouvoir traditionnel est détenu par le chef de terre (Nga Ntsié en téké) qui
dispose de l’accès à la terre et aux ressources naturelles disponibles.
Le chef de la terre est un personnage qui relie les esprits de la terre aux humains qui
reconnaissent son autorité et son pouvoir coutumier. Il est responsable d’un terroir
regroupant plusieurs villages et est lié à la terre par des rapports de propriété et de quasi
identité. Il peut ou ne pas être le chef du village. Cette organisation traditionnelle décrite
vers la fin des années 1970 est encore perceptible actuellement. Cependant, il semble
qu’elle n’ait pas échappé à l’influence du monde moderne (l’emprisme du pouvoir
central sur l’organisation traditionnelle des villages, augmentation et mobilité
démographique, développement de l’économie de marché, mixité ethnique, expansion
des réligions). Ces différents évènements ont profondément refaçonné cette organisation
120
traditionnelle et cette dernière ne survit qu’à travers la voix des anciens. A la tête de
chaque village se trouve un chef de village, autorité administrative nommé par le Sous-
Préfet.
121
Aucune étude suivant l’approche biogéographique, écologique éthnobotanique ou
phytosociologique n’est menée à ce jour.
122
approches pouvant aboutir à l’obtention d’un statut juridique permettant une
conservation plus efficace des forêts sacrées sont mises en place. La plus prometteuse
de ces approches est la création des réserves naturelles volontaires. Malheureusement,
ces exemples de gestion locale de la biodiversité sont soumis aujourd’hui à de
nombreuses pressions du fait de la raréfaction des terres, de l’appauvrissement des sols,
la forte croissance démographique (Adou Yao et al., 2013, p. 3). Sur les plateaux téké
le contexte a aussi changé depuis trois décennies (MEF, 2018, p.42). L’arbre est de
moins en moins considéré comme le compagnon de l’homme par les populations. Ces
forêts perdent progressivement leur pouvoir de vénération.
V.3. Population
L’analyse de la population dépend des données de recensement qui
malheurensement sont soit manquantes soit incomplétes selon les villages. Le dernier
Recensement Général de la Population et de l’Habitation (RGPH) en date, celle de 2007
ne donne les statistiques démographiques qu’à l’échelle des villes et des districts. Or, la
réserve de la Léfini ne s’étend pas entièrement sur les deux sous préfectures (Ngo et
Ngabé). Afin de palier à l’absence des données à l’échelle du village, nous avons eu
recours aux données de recensement administratif de 2015 et 2017 effectués dans la sous
préfecture de Ngo. Par contre, pour Inoni Plateau et Mbouambé-Léfini, localité de la
sous préfecture de Ngabé, nous avons pu disposer les données des estimations de la
population en 2015. Ngo, le chef-lieu de district, est le foyer de peuplementle plus
important. Par ailleurs, les localités comme Etsouali, Mbouambé-Léfini, Inoni plateau
au sud-est et Nsah au nord-ouest sont moyennement peuplées, à l’échelle de la réserve
(figure 15). La croissance démographique (annexe 7) résulte à la fois des migrations
internes à la campagne et de celles des citadins venus s’installer pour s’adonner à
l’agriculture.
123
Figure 15 : Population autour et dans la réserve
124
Axe 1 : Inoni Plateau – Mbouambé Léfini (figure 16). Il est distant de 33 km. Situé le
long de la RN2, au sud de la réserve de la Léfini, cet axe relie 3 villages séparés les uns
des autres de 10 km. Au regard de cette moyenne déduite du kilométrage total, nous
constatons la faible représentativité de la densité de peuplement.
125
préfecture) et au village Etsouali. Cette densité a connu une croissance depuis la fin de
la décennie 1980 du fait de l’implantation de nouvelles localités, à la suite du revêtement
de la RN2.
Axe 3: Ngo-Nsah-Assan. Il est distant d’environ 50 km entre Ngo et Nsah. Treize (13)
villages et hameaux de taille très modeste y sont installés (figure 18). Comme sur l’axe
2, la densité de peuplement est très importante. Le trajet moyen entre les localités est de
3.33 km. Nsah-Assan est une piste longue de 12 km environ reliant Nsah à Assan, en
passant par Esan. La distance entre ces localités est de 6 km.
126
Figure 18: Axes Ngo-Assan et Nko- Adzi-Impé-Olono
Nous constatons une forte présence des villages et hameaux dans le Nord de la
réserve de la Léfini, zone située dans la sous-préfecture de Ngo. Sur une distance totale
de 130 km, 47 localités y sont implantées. Le trajet moyen entre les localités est estimé
à 2,76 km. Ces statistiques témoignent une tendance à l’abondance de la densité de
peuplement le long des axes de cette zone.
127
de piste pratiçable sont très dense pour une zone dont la biodiversité et les paysages
pittoresques sont classés et placés sous conservation et protection.
128
La réserve est aussi victime des coupes à blanc des arbres destinés au charbon de
bois ou pour des bois de construction et de chauffage. Ces produits sont aussi acheminés
et vendus à Brazzaville qui demeure le principal marché où ils sont écoulés.
A défaut d’une surveillance et d’une protection adéquates, les populations entreprennent
clandestinement des activités cynégétiques. Elles utilisent soit le fusil soit les pièges
traditionnels. Mais la forme la plus destructive du couvert végétal est le recours à la
chasse au feu de savane. En effet, chaque année, pendant la grande saison sèche, la
végétation de la réserve est brûlée. Cette pratique fortuite est ni orientée ni organisée.
Plusieurs auteurs comme J-M. Avenard (1969, p. 59-63) ont souligné les effets
bénéfiques des feux de savane. Mais, il ne demeure pas moins que pour le cas de la
réserve de la Léfini, les arbustes et arbres disparaissent progressivement. Le processus
de colonisation des savanes arbustives et/ou arborées par des lambeaux de forêts est
menacé au profit de la savane herbeuse qui s’installe. La dégradation de la végétation a
pour corollaire la disparition de la faune sauvage. Dans ce cas le climax, condition
favorable pour un équilibre de l’environnement physique, au niveau de la réserve
devient non propice et de plus en plus hypothétique.
Conclusion
La réserve de chasse de la Léfini est implantée sur une surface tabulaire et des hautes
collines oscillant entre 700 et 800 m. La plaine alluviale constitue le bas relief avec
environ 400 m. Une mosaïque forêt-savane discontinue, peu épaisse à espaces
caducifoliées s’est développée sur les sols à texture sableuse avec des taux d’argiles
129
variant de façon significative. La présence des villages a facilité l’implantation des
populations qui se livrent à plusieurs sortes d’activité aux effets dégradants sur le milieu.
130
TROISIEME PARTIE : CARACTERISATION, EVOLUTION ET
DETERMINANTS DU COUVERT VEGETAL
131
CHAPITRE V : CARACTERISATION DES FORMATIONS VEGETALES
132
Figure 19: Profil structural de la végétation d’Adzi à Ngo2
133
I.1.3. Zone Mpoh-Gite de la réserve
Le profil topographique, orienté du Nord au Sud, est moyennement accidenté,
(figure 21). La différence d’altitude est d’environ 200 m. Il est marqué par un relief de
plateau (plateau de Nsah-Ngo) présentant une surface inclinée au sud. La savane et la
forêt s’alternent en suivant la direction plein Sud. La savane herbeuse est dominée par
Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb. et Hyparrhénia diplandra Stapf alors que la savane
arbustive par l’Hymenocardia acida Tul. La forêt à Anisophyllea purpurascens Hutch.
& Dalz. (Envuin) , la forêt à Millettia laurentii De Wild. (Wengué) et la forêt à
Margaritaria discoidea (Baill.) Webster (Ebebeng) sont également rencontrées dans la
zone.
134
Figure 22: Profil structural de la végétation d’Impé à la rivière Léfini
Ces zones de plateau, les sommets de versants et des hautes collines sont
recouvertes par la strate herbeuse, Hyparrhenia diplandra Stapf et Loudetia simplex
(Nees) C.E. Hubb. Cependant, les strates arbustives sont majoritairement formées par
Hymenocardia acida Tul. et Loudetia demeusii. Ces strates sont hautes dans les ba-fonds
et steppiques sur les flancs et les sommets de collines.
La topogragraphie et le climat du milieu agissent également sur le développement
des formations végétales. En effet, rappelons que l’altitude provoque une diminution de
la température de l’air estimée en moyenne à 0,55°C pour une élévation de 100 m. De
même, dans les fonds des vallées règnent des températures souvent très supérieures à
celles des pentes plus élevées. Un tel phénomène occassionne une inversion des étages
de végétation puisque la pente et l’exposition règlent dans une large mesure les
conditions thermiques de la zone. C’est en particulier le cas des dépressions ou des bas-
fonds de versants occupés par une végétation ligneuse et plus fermée. La forêt galerie
est implantée le long de la rivière Léfini jusqu’à la confluence avec le fleuve Congo, en
aval.
Nous constatons que l’altitude et le modelé ainsi que l’exposition et la pente,
interfèrant sur l’ensemble des facteurs climatiques, contribuant très largement à la
différenciation des microclimats. La forêt cesse là où la pente devient raide. Ainsi
apparaît le rôle de la pente dans la répartition de la forêt. Mais, par endroits la forêt est
absente sur les contreforts, où pourtant la pente est en général faible. Rappelons
également que la répartition des plantes est étroitement liée à l’ensemble des caractères
physico-chimiques du sol. Les facteurs édaphiques, qui seront abordés dans le chapitre
135
suivant, jouent un rôle déterminant dans l’implantation de certains types de
communautés végétales.
136
au moins 166 espèces d’origine végétale sont employées dans l’alimentation et 176 ont
des propriétés médicinales utilisées dans 289 traitements. A l’échelle locale, les
populations riveraines de la réserve de la Léfini ont également recours aux PFNL.
Selon la FAO (2000, p.1), les PFNL sont définis comme « produits d’origine
biologique autres que le bois, dérivés des forêts, des autres terres boisées et des arbres
hors forêt ». Ce sont des plantes qui n’ont pas la lignine (substance organique qui
imprègne la paroi des vaisseaux du bois et de diverses cellules végétales, et les rend
résistantes). Les PFNL peuvent être des aliments (noix, champignons, fruits sauvages,
herbes, épices, plantes aromatiques), des végétaux (fibres, lianes, fleurs) et leurs extraits
(raphia, bambou, rotin, liège, huiles essentielles) ainsi que des animaux et leurs produits
dérivés (gibier, abeilles, miel, soie).
137
angolense (Welw.) C.DC. (Tiama blanc) est utilisée pour le traitement des plaies de
ventre.
Dans catégorie des boissons, la sève de palmier et de raphia se loge
indiscutablement au premier rang. L’espèce Elaeis guineensis Jacq. (palmier à huile)
donne divers produits. Effet, la sève est utilisée comme boisson, les fruits et le rameau
sont servent dans la préparation des sauces, la spathe et les feuilles sont utilisées comme
toit des cases ou des hangars tandis que l’épiderme du rachis sert à la fabrication de
paniers, de claies ou autre objet d’art. Les sèves des palmiers raphia et à huile (vins de
palme) sont très appréciées et beaucoup extraites. Tchatat M. et Ndoye Ousseynou
(2006, p. 32) font constater que si l’extraction de la sève des raphias ne pose, en général,
pas de problème majeur, celle du palmier à huile peut être très destructrice. Ce vin est
obtenu de deux manières: directement des inflorescences de la plante, dans ce cas la
plante reste en place, l’exploitant grimpe pour extraire la sève (le vin), c’est aussi le cas
pour le raphia dont on incise le tronc à la base de l’inflorescence ou à la base de la gaine
foliaire. La seconde méthode consiste à l’abattage du palmier et l’extraction du vin
directement à partir du bourgeon terminal feuillu.
Les fruits sont souvent cueillis ou ramassés. Les fruits des espèces comme
Aframomum spp., Strychnos spp., Anisophyllea spp., Tetrapleura tetraptera (Schum. et
Thonn.) Taub. et Xylopia aethiopica (Dunal) A. Rich sont très prisés par les femmes et
les enfants. Ces fruits sont souvent consommés crus à l’état frais. Les amandes sont
également recherchées pour la consommation locale et urbaine. Ce produit connaît des
transformations en vue de sa conservation et de tirer une plus-value. Les innovations
dans le domaine des PFNL alimentaires ont vu le jour sous forme d’activités semi
industrielles, mais ne sont pas soutenues. En effet, quelques PFNL subissent des
transformations à l’échelle individuelle ou locale. Il s’agit, par exemple, du sirop de
Grewia coriacea « Ntuie-Téké », jus de barbadine « fruit de la passion », jus de
gingembre « tangawis », jus d’ananas et de mangues. L’amande d’Irvingia gabonensis
est utilisée dans la préparation des sauces.
H. Boukoulou et P. Mbeté (2010, p.3-4) affirment que la noix de cola est utilisée
comme tonifiant, stimulant nerveux ou physique ou comme friandise jouant le rôle de
coupe-faim. Son goût unique se caractérise par une saveur amère que, paradoxalement,
138
les consommateurs apprécient fortement. Ce fruit est consommé par les jeunes adultes
attirés par les vertus aphrodisiaques qu’on lui prête et par sa capacité à lutter contre la
faim, la fatigue et le sommeil. De même, ils font observer que les la noix de cola est
utilisée comme remède chez les personnes souffrant de l’hypotension, des fractures ; de
la diarrhée et, associée à la maniguette (Aframomum malegueta), de divers maux de
ventre ; de la morsure des serpents, notamment en utilisant les téguments de la noix de
cola rouge. En milieu téké, le lancement de toute activité est précédé d’une cérémonie
au cours de laquelle sont évoquées les mânes des ancêtres, avec la noix de cola mâchée
comme élément de purification du lieu de l’activité et de la personne appelée à l’exercer.
On peut aussi noter que pendant le mariage coutumier, les participants apportent leur
bénédiction aux mariés afin de garantir leur protection et leur prospérité et d’assurer la
fécondité de la femme, en consommant collectivement la noix de cola.
Concernant les produits d’origine animale, le gibier (viande de chasse) et le
poisson (eaux douces et marines) arrivent en première position. Ces produits sont
consommés frais ou fumés (boucané). La ressource faunique est la principale source de
protéine pour les ménages des zones rurales. Pour nombreuses populations, le gibier
constitue 100 % des apports en protéines animales. Autres produits fauniques
comestibles importants sont les insectes (surtout les chenilles et les sauterelles). Le miel,
principal produit de l’apiculture, est un aliment de grande valeur nutritive.
Sur le plan médicinal, les populations locales utilisent divers PFNL pour leur soin
de santé. Les formes sous lesquelles les espèces végétales sont utilisées en pharmacopée
varient suivant la maladie. Ainsi, les maladies courantes telles que le paludisme, la
diarrhée, les maux de ventre, les maux de tête, le vomissement et la fièvre sont les plus
traitées au sein des ménages. L’absorption de ces produits s’effectue soit par décoction,
par infusion ou par une autre médication. Les parties des plantes utilisées pour le
traitement des maladies courantes sont les fruits, les écorces, les racines et les feuilles.
Cependant, les usages qu’ils réservent à ces espèces sont très diversifiés. Certaines
PFNL ont des usages multiples. D’autres, par contre, ont des emplois spécifiques.
Les organes utilisés pour les traitements permettent d’obtenir généralement des
produits finaux se présentant sous trois formes : liquides (macéré, décocté, infusé, etc.),
poudre et pâte (G. G. Zima et al, 2018, p.211). Ces formes sont obtenues suivant
139
différents modes opératoires appliqués sur différentes parties et organes en fonction de
la pathologie. Cinq modes opératoires sont fréquemment pratiqués pour l’obtention des
produits de traitement: l’infusion, la décoction, la macération, l’expression et
l’incinération/broyage (V. Kimpouni, 2007, p.15 et G. G. Zima et al, 2018, p.211). Les
plantes soulagent donc les maux physiques et métaphysiques, ce qui notifie leur
engagement dans l’ethnobotanique. Les précieuses informations sur les féticheurs, la
médecine traditionnelle et métaphysique ont été suffisamment abordées par L. Makany
(1976, p. 27-31) qui donne les détails intéressants.
Il convient de faire remarquer que la récolte des feuilles, des fruits et autres
organes de la plante a un impact sur le processus de régénération naturelle et la
conservation de l’espèce. Ce processus dépend de la pollinisation, le développement et
la dispersion des semences, la germination et la croissance des plantes. En plus des
plantes médicinales, de nombreux animaux sont utilisés dans la médecine traditionnelle
comme les serpents les tortues et les oiseaux. Les parties comme la peau, les dents, les
poils, l’os, les crocs et les griffes d’animaux sont également utilisés. Une même espèce
peut également être utilisée pour traiter différentes maladies. De nombreuses
préparations pharmaceutiques sont obtenues suivant plusieurs processus opératoires
comme le ramollissement, la macération, la trituration, pulpation, carbonisation, etc.
sont utilisées pures ou associées à des produits dits véhicules (V. Kimpouni, 2007 ;
p.15). Il s’agit de l’eau, du lait, de l’alcool, du jus de citron, du vin, de l’huile de palme,
de l’huile de palmiste, du beurre de karité.
140
alors que (Céiba pentanda (L.) Gaertn. ) (Fromager), Millettia laurentii De Wild.
(Wengué), Caloncoba welwitschii Oliv. (Essioko) pour la charpente.
141
Tableau 7 : Etat d’inventaire des ligneux
Nombre Richesse floristique
d’individus
Individus en bonne santé
1664 39 familles 87 genres 105 espèces
Individus morts
291 mort naturelle 40,2% feu 47,8% Chablis 7,9% Abattage 4,1%
142
50
Pourcen,tage (%)
40
30
20
10
0
Famille
R² = 1
5,00
4,00
3,00
2,00
1,00
0,00
0 20 40 60 80 100 120
Nombre d'individus
143
II.3. Diversité des espèces et leurs groupements écologiques
Pour l’ensemble du dispositif (30 hectares soit 300.000 m²), ce sont 105 espèces
végétales qui ont été identifiées et inventoriées (annexe 9). Les densités relatives des
espèces végétales (annexe 10) sont assez représentatives dans l’ensemble, elles sont
supérieures à 3%. Une dizaine seulement parmi les 105 espèces inventoriées sont
concernées. Il s’agit, par ordre décroisant, de Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain
(Essoula), Margaritaria discoidea (Baill.) Webster (Ebebeng), Musanga cecropioides
R. Br. (Parasolier), Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T.Durand (Engona),
Hymenocardia acida Tul. (Musia), Staudtia kamerunensis Warb. (Niové),
Beilschmiedia obscura (Stapf) Engl. ex A.Chev. (Kanda), Petersianthus macrocarpus
(P.Beauv.) Liben (Essia), Grewia coriacea Mast. (Ntsui-Téké), Macaranga barteri
Müll.Arg. (Assas1).
En se referant toujours à l’annexe 8, selon la présence ou l’absence de l’espèce
nous observons deux catégories. La première regroupe les espèces rares, 18 au total dont
la densité relative est comprise entre 0,5 et 1%. La seconde est formée par les espèces
très rares, 63 au total, avec une densité relative inférieure à 0,5%. Ces catégories sont
respectivement composées de 9 à 15 et de 1 à 7 individus. Au dernier chapitre de ce
présent travail, nous tenterons d’esquisser les raisons de la raréfaction de certaines
espèces.
L’établissement des groupes écologiques a pour intérêt la comparaison de profil
écologique d’espèces, visant à traduire leurs comportements respectifs vis-à-vis de
divers facteurs environnementaux (A. Lacoste et R. Salanon, 2010). En fonction de
l’intensité lumineuse qui convient à leur développement, nous distinguons des espèces
de lumière ou héliophiles et des espèces d’ombre ou sciaphiles. Les premières jouissent
du plein éclairement solaire et se trouvent à leur optimum ; les secondes sont dans les
strates inférieures des végétations et reçoivent une faible quantité d’éclairement. A côté
de ces deux groupes des végétaux et en fonction de leurs appétences lumineuses, nous
observons les hémi-héliophytes (végétaux des strates intermédiaires) et les hémi-
sciaphytes (végétaux du sous-bois). Les espèces ainsi inventoriées lors des nos
campagnes constituent le cortège floristique de la réserve de la Léfini. La distribution
par groupe écologique dans cette forêt mésophile prend en compte les caractéristiques
144
topo-édaphiques, de comportement relatif des espèces à la lumière et à l’humidité
atmosphérique (L. Makany 1976, p.88-89 ; J.M Moutsamboté 2012, p.78). Cinq groupes
écologiques et quelques exemples d’espèces ainsi identifiés sont les suivants:
- groupe héliophile supérieur et moyen : Pentaclethra eetveldeana De Wild. &
T.Durand (Engona), Milletia laurentii De Wild. (Wengué), Pentaclethra
macrophylla Benth. (Mubala), Markhamia tomentosa (Benth.) K. Schum. ex
Engl. (Lusambya), Petersianthus macrocarpus (P.Beauv.) Liben (Essia),
Piptadeniastrum africanum (Hook.f.) Brenan (Dabéma), Pycnanthus angolensis
(Welw.) Warb. (Ilomba) ;
- groupe scia-héliophile: Anisophylea purpurascens Hutch. & Dalz. (Envuin),
Anoniduim mannii (Welw.) Warb. (Ebom), Bartenia fistulosa Mast. (Arbre à
fourmis), Beilschmiedia obscura (Stapf) Engl. ex A.Chev. (Kanda), Xylopia
aethiopica (Dunal) A. Rich. (Oyang), Trichilia heudelotii Planch. ex Oliv.
(Isokou), Staudtia kamerunensis Warb. (Niové) ;
- groupe héliophile de chablis : Musanga cecropioides R.Br. (Parasolier),
Macaranga barteri Müll.Arg. (Assas 1), Macaranga monandra Müll.Arg.
(Assas 2) Myrianthus arboreus P. Beauv. (Mububa);
- groupe héliophile de lisière : Caloncoba welwitschii Oliv. (Essioko), Syzygium
brazzavillense Aubrév. & Pellegr. (Eguim);
- groupe sciaphile moyen et inférieur : Dialium dinklagei Harms (Eyoum),
Eriocoelum sp. (Mugondi), Garcinia sp. (Garcinia), Santiria trimera (Oliv).
Abrév. (Ebo), Tabernaemontana crassa Benth. (Etuia), Tetrorchidium
didymostemon (Baill.) Pax K. & Hoffm. (Niola), Psychotria sp. (Beck).
145
angolense (Welw.) C.DC. (Tiama blanc), Hallea stipulosa (DC.) Leroy (Bahia), Guarea
cedrata (A.Chev.) Pellegr. (Bossé-clair), Piptadeniastrum africanum (Hook.f.) Brenan
(Dabéna), Diospyros sp. (Ebène), Staudtia kamerunensis Warb. (Niové), Dacryodes
pubescens (Vermoesen) H.J. Lam (Safoukala), Milletia laurentii De Wild. (Wengué).
Cette richesse de la flore ligneuse représente une motivation supplémentaire des
pouvoirs publics pour la surveillance accrue de la réserve de la Léfini afin d’éviter les
exploitations forestières illégales. Il est à faire remarquer que le regroupement des
essences sur la base de la valeur économique ou de l’intérêt commercial varie selon les
pays, notamment en fonction des conditions d’accéssibilité et du niveau de sur
exploitation (Durrieu De Mardron et al, 1998, p. 54).
146
Tableau 8: Indice de diversité par type de formation végétale
Par contre, l’indice de diversité de Simpson (S) montre que la répartition de la flore est
plus élevée en savane (0.93) qu’en forêt où elle est presque nulle (0.03). Par conséquent, cette
diversité est d’une part maximale en forêt et, d’autre part, minimale en savane. Ces deux indices
confirment la tendance observée au niveau des indices de Shannon et d’équitabilité de Piélou.
Les indices de diversité de l’ensemble des formations végétales ont été également
déterminés (tableau 9). L'équitabilité est élevée, elle est de 0,83. Cette valeur indique que la
population est en équilibre avec elle même, alors que la diversité est minimale comme l’indique
le calcul de l’indice de Simpson.
147
Planche 2 : Savane herbeuse dans la réserve de la Léfini
148
Planche 3 : Savane arbustive dans la réserve de la Léfini
149
La strate arborée (photo 8), comme nous l’avions mentionné dans le quatrième
chapitre, est une caractéristique de la forêt mésophile. Les ligneux identifiés sont
représentatifs des taxons ombrophiles à tendance mésophile (J.M. Moutsamboté 2012,
p.51). Elle est localisée au nord et à l’extrème sud-est de la réserve de la Léfini. La
différence de hauteur des arbres présente un étagement de différents peuplements. La
proportion de couverture de la canopée (voûte forestière) est comprise entre 20 et 50%.
Plusieurs placeaux sont affectés par les trouées ayant pour corollaire la réduction du
recouvrement des couronnes et la relative fragmentation de la forêt. Le sous-bois,
physiologiquement et floristiquement, est très hétérogène. Cette hétérogéinité est
marquée par un sous bois tantôt ouvert, tantôt fermé. Ces deux situations sont observées
dans les placeaux d’inventaires. En effet, en guise d’illustration, les placeaux n° 1, 2,3,
5, 8 et 10 ont un sous bois ouvert alors que les placeaux n°4, 6, 7 et 9 ont un sous bois
fermé par des lianes, des fougères, des afromomum ou des Marantaceaes dont la hauteur
varie de 1 à 2 m. Les forêts à sous bois clairs regorgent plus d’espèces que celle de sous
bois fermé ou très fermé.
La strate arborée présente également une structure hétérogène de tiges
enchevêtrées d’une voûte, parfois d’une clairière due à la mort ou l’exploitation selective
de certains arbres. La hauteur du peuplemenr peut atteindre 40 m et le diamètre des gros
arbres avoisine 150 à 160 cm. Cette forêt, relativement vieille, est majoritairement
composée d’héliophytes à croissance rapide et à feuillage caducifolié mais aussi
accompagnée d’espèces à feuillage sempervirent. Selon leur comportement face à la
lumière nous distinguons les espèces héliophiles, les sémi-héliophiles, mais aussi les
sciaphiles. Il s’agit par exemple des espèces comme : pour le premier groupe Canarium
schweinfurthii Engl. (Aiélé), Lophira alata Banks ex P.Gaertn. (Azobé),
Piptadeniastrum africanum (Dabéma), Ceiba pentandra (L.) Gaertn. (Fromager),
Milletia laurentii De Wild. (Wengué) ; pour le second Hallea stipulosa (DC.) Leroy
(Bahia), Guarea cedrata (A.Chev.) Pellegr. (Bossé clair), Entandrophragma angolense
(Welw.) C.DC. (Tiama blanc), Entandrophragma utile (Dawe & Sprague)
Sprague(Sipo), et le dernier groupe Diospyros sp. (Ebène), Staudtia kamerunensis
Warb. (Niové). La spécificité est que ce milieu forestier connait un microclimat
150
particulier et humide, son sous-bois constitue un milieu favorable pour la croissance de
beaucoup d’épiphytes dont les fougères.
Nous notons également un nombre important des individus appartenant aux
espèces de lumière à croissance rapide, à bois tendre et à faible durée de vie dans les
placeaux les plus touchées par l’anthropisation. Il s’agit par exemple de la famille des
Urticaceae avec les espèces comme Musanga cecropioides R.Br. (parassolier),
Myrianthus arboreus P. Beauv. (Mububa), Myrianthus seretii (De Wild.) Ruiter
(Mububa 2). Ces espèces appartiennent au cortège floristique qui participe à la
régénération des forêts perturbées, uniquement au sein des recrûs. Elles ont un effet
positif dans le processus de cicatrisation. Physionomiquement, ces forêts représentent
dans le plan vertical un étage arborescent irrégulièrement dense avec un sous bois très
fermé. Les arbres et arbustes disséminés dans ce type de peuplement peuvent atteindre
25 m de hauteur et leurs diamètres sont généralement inférieus à 50 cm (photo n°7).
Ces forêts s’installent aussi à la fin du cycle cultural et succèdent aux friches pré-
forestières. La strate arborescente est présente à proximité des villages. Les espèces sont
en petit nombre. Cependant dans les clairières témoignant de la mise en place du cortège
floristique spécialisé dans le processus de cicatrisation de la forêt, les espèces sont en
nombre important. Leur présence est souvent consécutive à l'occurrence des trouées
naturelles ou chablis.
151
IV.2. Structure horizontale
25
20
15
10
5
0
152
représentatives sont Hymenocardia acida Tul. (Musia), Margaritaria discoridea
(Ebebeng), Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain (Essoula), Anisophylea
purpurascens Hutch. & Dalz. (Envuin) et Staudtia kamerunensis Warb. (Niové). La
seconde, comprenant un effectif de 453, est dominée par les espèces comme
Margaritaria discoidea (Baill.) Webster (Ebebeng), Greuvia coriacea (Ntsui-Téké),
Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain (Essoula), Petersianthus macrocarpus
(P.Beauv.) Liben (Essia) et Musanga cecropioides R.Br. (Parasolier). Les individus les
plus nombreuses de la troisième classe de diamètre appartiennent aux espèces suivantes
Musanga cecropioides R.Br. (Parasolier), Xylophia aethiopica (Oyang) et Greuvia
coriacea (Ntsui-Téké). Les individus de gros diamètres sont au nombre de 53. Par
ailleurs, les individus de très gros diamètre représentent un total de 23 dont plus de la
moitiè (14 soit 61%) constituée par l’espèce Parinari excelsa Sabine (Ossang-eli).
Piptadeniastrum africanum (Dabema) a le plus gros diamètre de tous les individus
inventoriés, avec 164 cm soit une circonférence de 515 cm.
La diminution du nombre d’individus en fonction de l’augmentation du diamètre
est observée sur l’ensemble des classes. Si de façon générale la différence en termes
d’effectif n'est pas très grande entre les classes intermédiaires (40-70 et 70-100 cm),
l'écart en faveur des trois premières classes peut traduire le dynamisme de la
régénération (très petit diamètre inférieur à 10 cm) observable par le passage au petit
diamètre. La modification des conditions écologiques induite par la trouée consécutive
a favorisé la croissance d'un grand nombre d'individus de petit diamètre.
Il n'existe pas de corrélation nette entre les densités relatives et les classes de
diamètres. Il n'en existe pas non plus entre les densités relatives et les dominances
relatives (fig.25). Par exemple 37% des individus de la classe de diamètre10-20 cm
représente 7 % de la surface terrière totale ou de la dominance relative de chaque classe.
L'abondance de ces individus ne se traduit donc pas par leur dominance. S'ils sont
présents en très grand nombre, ils n'occupent qu'une faible proportion de l'espace. A
contrario, 23% des individus de la classe de diamètre ≥ 100 cm occupe 16% de la
dominance relative représentant ainsi la plus forte portion de la zone inventoriée. Nous
déduisons que le volume des ligneux n’est pas tributaire du nombre d’espèces, mais du
diamètre ou de la taille des individus.
153
De même, la surface terrière est généralement proportionnelle au nombre
d'individus, mais aussi et surtout à la taille des individus présents. La valeur la plus
élevée correspond à la classe de diamètre comportant les individus de grande taille, mais
non à ceux de petite taille. En effet, la surface terrière est plus importante dans la classe
de diamètre ≥ 100 cm, soit 26,45 m² contre 11,68 m² pour la classe de diamètre 10-20
cm. La différence de ces surfaces est d’environ 15 m2, ce qui est particulièrement
significatif. Après avoir caractérisé les formations végétales, le chapitre suivant va
aborder leur dynamique.
Conclusion
La richesse floristique des ligneux a permis de dénombrer 291 individus morts
sur pied, le feu et la mort naturelle étant les principales causes de cette mortalité et 1664
individus en bonne santé classés en 40 famille. L’abondance relative des espèces par
familles varie de 1 à 9. Les Euphorbiaceae les Annonaceae, les Fabaceae-Mimosoideae
et les Olacaea sont les familles les plus dominants. L’évalution de la biodiversité par
l’indice d’équitabilité montre une grande diversité biologique des forêts au détriment
des savanes. La variation de cet indice est en rapport avec le nombre d’espèces. La
répartition des individues entre les espèces forestières est plus homogène et
équitablement réparties que celles de la savane. Par ailleurs, l’indice de Simpson indique
une importante répartition de la flore en savane qu’en forêt. La catégorisation des
individus à partir de leurs diamètres indique une diminution du nombre d’individu en
fonction de l’augmentation du diamètre sur l’ensemble des classes. Les densités
relatives et les classes de diamètres ne sont pas corelées. Ce constat est également le
même entre les dominances relatives et les densités relatives.
154
CHAPITRE VI: DYNAMIQUE ET DETERMINANTS
155
Tableau 11 : Matrice de confusion de l’image post classifiée du 31/07/2011
Point de contrôle (%)
Classe FOTM FS SHFSA SNAR Rivière Total
FOTM 95,13 0,69 0,21 0,00 14,33 12,72
FS 3,34 98,61 0,09 0,00 0,07 2,65
SHFSA 0,53 0,02 90,35 0,84 0,85 75,93
SNAR 0,35 0,34 8,98 99,16 0,59 7,88
Rivière 0,65 0,34 0,37 0,00 84,16 0,82
Total 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00
Précision globale 91,15 % Indice de Kappa = 0,74
Les matrices de confusion de ces images sont toutes supérieures à 80%. L’image
du 25/02/2001est caractérisée par les classes de formation végétale dont les valeurs de
précision sont très élevées (supérieures à 80%) avec par exemple 96,50% pour la forêt
secondaire et 96,15% pour la savane herbeuse ouverte à faible strate arbustive. Les
valeurs des classes de non formation végétale sont aussi élevées et dépassent 85%. Par
contre, toutes les classes d’occupation du sol, de l’image du 31/07/2011, à l’exception
de la rivière, présentent des précisions spécifiques supérieures à 95%. Les classes de
non formation végétale, notamment les sols nus et affleurements rocheux ont des taux
de précision les plus élevés avec 99,16%. Les tendances de la matrice de confusion issue
de l’image du 15 juin 2018 sont assez simulaires aux deux premières. Les valeurs
avoisinent ou dépassent 90%, sauf la rivière qui avec 81,15% enregistre la plus petite
valeur de l’ensemble des classes.
156
Par ailleurs, les précisions de l’utilisateur (tableaux 13,14 et 15) observées pour
les classes de formation végétale (forêt ombrophile à tendance mésophile, forêt
secondaire, savane herbeuse ouverte à faible strate arbustive) sont toutes supérieures à
55% et dépassent pour la majorité 95%. La classe de non formation végétale (sols nus
et affleurements rocheux) présente des faibles valeurs pour les trois images. Cette
faiblesse est due au choix parfois imprécis des zones d’entraînement (ROI) sur les
images comme en témoignent les erreurs par commission dont les valeurs sont élevées.
A l’inverse, les erreurs par omission sont très faibles.
157
I.2. Dynamique de l’occupation du sol
La dynamique est appréciée par une cartographie multi date de la réserve de la
Léfini, notamment en février 2001, juillet 2011 et juin 2018 (figures 26, 27 et 28).
Figure 26 : Occupation du sol en février 2001 Figure 27 : Occupation du sol en juillet 2011
158
I.2.1. Occupation du sol entre 2001-2011
Il ressort de cette analyse spatio-temporelle des évolutions des superficies des
différentes classes d’occupation du sol en 2011 par rapport à l’année 2001 (figures 29
et 30 et tableau 16). Le taux d’évolution au sein de la classe des sols dénudés et
affleurements rocheux est le plus élevé de toutes les classes (31,08%). La savane
herbeuse ouverte à faible strate arbustive est en très légère augmentation (1,33%). Cette
dernière classe est la seule des trois classes des formations végétales qui a connu une
évolution positive. Parallèlement à l’augmentation des herbacées, nous notons une
diminution des formations ligneuses. Pendant la même période, la forêt ombrophile à
tendance mésophile a perdu sa superficie initiale (8,14%). Cette tendance à la réduction
de la couverture végétale a été également observée au niveau de la forêt secondaire
(3,83%). Ces deux formations forestières ont connu, pendant une décennie, une
diminution de superficie annuelle respectivement de 623,5 ha/an et 79,4 ha/an entre
2001 et 2011. Leurs taux annuels d’évolution sont négatifs.
Tableau 16 : Taux d’évolution des classes d’occupation du sol entre 2001 et 2011
Année 2001 Année 2011 Changement Taux Taux
Superficie % Superficie % en ha (2001- d’évolution annuel
Classe (ha) (ha) 2011) au sein de d’évolution
la classe (%)
(%)
FOTM 76609 22,04 70374 20,24 - 6235 - 814 - 0,81
159
I.2.2. Occupation du sol entre 2011 et 2018
A l’instar de la période précédente, la période 2011-2018 est marquée par la
réduction continuelle du couvert végétal (figures 30 et 31). Cette réduction est
symbolisée par l’ouverture de la canopée occasionnée par des coupes, chutes d’arbres
et des feux. La perte de materiel végétal ainsi constatée marque le passage, à certains
endroits, de la forêt ombrophile à tendance mésophile à la forêt secondaire. La superficie
occupée par cette strate s’est considérablement accrue. Elle devient la formation
végétale qui connait une évolution positive avec un taux annuel de 0,63%. Comme la
forêt mésophile, la strate savanicole a aussi diminué (tableau 17).
Tableau 17 : Taux d’évolution des classes d’occupation du sol entre 2011 et 2018
Classe Année 2011 Année 2018 Changement Taux Taux
Superficie % Superficie % en ha (2011- d’évolution au annuel
(ha) (ha) 2018) sein de la d’évolution
classe (%) (%)
FOTM 70374 20,24 61292 17,63 - 9082 - 12,91 - 1,84
160
I.2.3. Types de changements des classes d’occupation des sols
Les changements observés au niveau des différentes classes ont été appréciés à
partir de la variation des valeurs des pixels des classes d’occupation du sol entre 2001
et 2018. La typologie de changement définie dans la partie détection des changements
a mis en exergue trois classes. Il s’agit de la dégradation, de la stabilisation et de
l’amélioration de la couverture végétale (figure 29).
161
plus marquée par la régénérescence plus ou moins rapide de la savane herbeuse ouverte
à faible strate arbustive après le passage des feux. A contrario, 249273 ha soit 71,7% de
la superficie de la réserve est restée stable au cours de la période étudiée.
La stabilité est observée à plusieurs endroits, pendant les visites de terrain pour les
opérations d’inventaire floristique et de validation des résultats, où la croissance des espèces
ligneuses n’est pas perturbée. De même, aucune marque d’empreintes inhérentes aux activités
anthropiques n’est observée. La densité des arbres dans certaines placeaux est de plus de 150
pieds sur une surface de 0,5 ha. C’est le cas des placeaux n° 2, 11 et 12 où la croissance des
espèces ligneuses n’est pas perturbée.
Les changements observés au niveau de chaque classe sont présentés dans le
tableau 18. Il est à faire observer que ces changements varient d’une classe d’occupation
du sol à une autre avec des grands écarts. Les classes de forêt ombrophile à tendance
mésophile et de savane herbeuse à faible strate arbustive ont été affectées, à l’échelle
de la réserve, par des variations notables. Ces changements atteignent respectivement
51,31% et 61,98%. La première classe a subi une modification négative conduisant à
une dégradation forestière pour transformer en forêt secondaire. De même, elle pourrait
aussi être convertie, en sol dénudé, après le passage des feux. La seconde classe connait
également une conversion. Elle passe d’une catégorie à une autre c’est-à-dire la savane
perd fréquemment sa couverture végétale pour devenir un sol dénudé.
162
De façon synthétique, les résultats obtenus sur la dynamique de l’occupation du
sol révèlent une variation significative des taux d’évolution au sein d’une même classe
et d’une classe à une autre. Concomitamment à cette dynamique, il se dégage, dans
l’ensemble des classes des écarts conséquents des valeurs des pixels. En outre, afin de
mieux cerner cette dynamique, une analyse des différentes classes telles que présentées
par le tableau 19 ci-après a été envisagée.
Tableau 19: Taux d’évolution des classes d’occupation du sol entre 2001 et 2018
Classe Année 2001 Année 2018 Changement Taux Taux
Superficie % Superficie % en ha (2001- d’évolution annuel
(ha) (ha) 2018) au sein de d’évolution
la classe (%)
(%)
FOTM 76609 22,04 61292 17,63 -15317 - 19,99 - 1,18
FS 21213 6,10 21314 6,13 101 0,48 0,03
SHFSA 237349 68,27 240227 69,10 2878 1,21 0,07
SNAR 12468 3,59 25101 7,22 12633 101,32 5,96
Total 347639 100 347639 100
163
les arbustes subissent un stress hydrique remarquable par assèchement des plantes. Le
passage du feu engendre des zones dépourvues de couvert végétal.
Le sol nu et l’affleurement rocheux sont une classe issue de la conversion du
couvert végétal. Ce vocable regroupe les classes dérivées de l’action directe de
l’homme. Son taux annuel d’évolution (+5,96%) est parfaitement en phase avec la forte
extension spatiale estimée à +743,12 ha/an. Nos visites de terrain, révèlent la présence
des habitations dans et autour de la réserve. Le cas échéant, les populations riveraines
s’engagent à l’exploitation artisanale de la forêt et se livrent, aux activités agricoles. Les
plantations sont de taille modeste, ne dépassant pas 0,5 ha. Ces surfaces dénudées et les
affleurements rocheux laissent apparaître des plages où la roche affleure. Cette
progression se fait au détriment du couvert végétal clairsemé. La dégradation des
formations ligneuses se traduit en dégradation des sols induisant l’accélération du cycle
de l’eau. La conséquence directe de cette conversion est l’érosion hydrique sous ses
multiples formes (ravines, rigoles, ravins).
Il convient de faire remarquer que cette étude donne un aperçu sur l’état du
couvert végétal. En revanche, la dégradation est relativement significative au regard du
taux obtenu. Cette relative instabilité du couvert végétal occulte toutes les disparités qui
sont décelées entre les différentes formations végétales. Afin de compléter et de mieux
suivre l’évolution et la variation de la production de la végétation, nous procédons à
l’analyse spatiale du NDVI à partir de la série d’images Landsat de la période d’étude.
165
productivité végétale pendant la période sèche juin 2006, juillet 2008 et juillet 2011. Par
contre, cette activité est moyennement élevée en août 2013 (le NDVI est de 0,4) bien
que marquant la fin de la période sèche, le mois d’août de certaines années depuis la
deuxième moitié de la décennie 2000 connaît les conditions climatiques favorisant le
rythme continu de la croissance végétative dans la réserve. Les quantités de pluies
mensuelles (chapitre 4) peuvent atteindre 120 mm au cours de ce mois. Deux faits
particuliers sont observés. Le premier est relatif à l’observation en juillet 2011 d’une
borne inférieure du NDVI de -0,97. Cette valeur proche de -1 marque l’absence de toute
productivité végétale. Dans ce cas l’inactivité du couvert végétal à certains endroits
(figure 30e) au cours de cette période particulièrement est synonyme de stress hydrique.
Le second indique tout le contaire du premier fait. En effet, la productivité végétative
impliquant une activité chlorophyllienne intense est présente en juin 2018 (figure 30g),
mois marquant le début de la saison sèche. Or, la productivité végétale dépend des
précipitations qui demeurent présentes malgré le passage en saisons sèche.
La valeur la plus élevée de la série est 0,4 et la plus faible - 0,97. Au regard de
l’ensemble de ces amplitudes, la valeur maximale ne dépasse pas 0,3 pendant les
périodes les plus fraîches et l’humidité passe par un maximum au moment où la
température est minimale. Lorsque cette valeur se rapproche de 0,5, l’humidité passe
par un minimum et la température est maximale. Ces amplitudes mettent en évidence le
caractère épars des ilots de forêt ombrophile à tendance mésophile et de la savane
arbustive incluse dans de grandes étendues de savane herbeuse. De ce fait, les sols
couverts de forêt absorbent au maximum la radiation solaire. Cette faculté d’absorption
énergétique déclenche le processus de photosynthèse. Plus la forêt est dense et
sempervirente, plus le NDVI est élevé et proche de 1. Les sols non forestiers et dénudés
sont caractérisés par des valeurs faibles (<0,3). Les organismes chlorophylliens captent
le rayonnement solaire et le transforment pour l’élaboration de la matière organique. La
végétation, grâce à la photosynthèse, accumule l’énergie sous forme photochimique et
constitue donc le premier maillon d’une chaîne de production de la réserve de la Léfini.
166
a.février 2001 b. juin 2006 c. janvier 2007 d. juillet 2008
168
Figure 31 : Occupation du sol et indices de végétation
Il est évident que l’impact n’est donc pas pareil sur toute la réserve. La réponse
spectrale est différente selon qu’il s’agit d’une forêt dense, d’une forêt dégradée ou
d’absence de forêt. Contrairement au milieu de forêt, les faciès dégradés et dépourvus
de forêt sont marqués par une chute assez importante du NDVI. Cette cartographie
phénologique reflète l’importante hétérogénéité de la productivité primaire. Elle a
permis de constater, à partir des classes d’occupation du sol, de grandes tendances des
indices de végétation puisqu’au demeurant les maxima et minima varient de saison en
saison et d’année en année.
170
arbustive constitue la strate la plus représentative en termes d’occupation spatiale. Dans
une telle condition, comme nous l’avions observé pendant les opérations des inventaires
floristiques, le degré de recouvrement dans l’ensemble est très faible. Les sols non
couvert et à végétation éparse, à dominance savanicole, reçoivent, au niveau de ces
unités, une proportion très élevée des radiations solaires avec pour IB atteignant 50 voire
57%. Cependant, dans les zones de forêt avec un taux de recouvrement pouvant aller de
20 et 50%, suivant le type de formation et son état physiologique, l’IB est faible. Par
ailleurs, nous observons clairement que les températures au sol et de l’air sous un
couvert végétal sont en général moins élevées le jour mais plus élevées la nuit que dans
les zones situées à découvert.
Les IB sont calculés à partir des images optiques de type Landsat issues des
capteurs passifs mesurant le rayonnement solaire réfléchi ou le rayonnement émis par
des objets cibles. Ces capteurs dépendant totalement du soleil (source d’énergie) sont
inopérants si le ciel est sombre ou nuageux. Ces IB sont donc issus de la radiation solaire
ou du rayonnement diurne et décrivent la façon dont la surface du sol réfléchit la lumière
solaire. Mais il convient de rappeler que la luminosité du sol comprend les effets
combinés tels que le type de sol, la teneur en matière organique et la teneur en humidité
du sol au moment de l'acquisition de l'image. Ces effets sont différemment perçus. Si le
type de sol et la teneur en matière organique sont très stables dans le temps, l'humidité
du sol de la couche de surface est très variable. Or, l’IB du sol est surtout fonction de
l’humidité et de sa couleur. Dans le cas échéant, comme nous l’avions mentionné dans
la partie sur les méthodes, la valeur de l’IB est d’autant plus élevée que le sol est clair
et sec. Ce sol est majoritairement formé sur le sable. Les rebords et les zones de colline
à vallées sèches sont composés par le matériau sablo-argileux. Ce sable léger est
caractérisé par une forte porosité responsable de son état d’assèchement malgré le climat
humide qui règne dans la zone. En période d’absence des pluies, il se maintient dans le
sol sableux une réserve hydrique à grande profondeur susceptible d’être utilisée par des
ligneux au développement racinaire adapté. Mais, pendant la même période, la partie
superficielle reste sèche.
Enfin, la topographie de la zone, essentiellement la pente et l’exposition, a un
effet non négligeable sur l’IB. La réserve de la Léfini est implantée sur un relief
171
correspondant à une série des pentes aux altitudes atteignant par endroits 800 m, avec
des dénivellations de 400 à 500 m. Ces altitudes décroisent vers le plus bas-relief,
notamment sur les bassins versants et les vallées. Cette allure générale peut
influencer la quantité de l’énergie solaire qui arrive au sol. Le réchauffement est
fonction de l’angle sous lequel le rayonnement parvient au sol. Plus l’angle d’incident
est grand, c’est-à-dire plus les rayons s’écartent de la normale par rapport à la surface
du sol, moins la quantité d’énergie absorbée par le sol est importante (A. Lacoste et R.
Salanon, 2010, p.204). Au regard des rappels sur le cadre climatique présentés au
chapitre 4, la réserve de la Léfini, connaît une longue période des pluies avec des
températures élevées (25°C) qui baissent légèrement en saison sèche pour atteindre
21°C. Or, c’est pendant ces conditions climatiques que la croissance des herbacées et
des arbustes est perturbée par les feux de savane et de brousse.
Après cette analyse couplant quelques éléments physiques d’importance majeure,
il convient d’affirmer que les IB qui restent assez élevés pendant les mois pluvieux et
secs, sont en corrélation avec le type de sol et le rayonnement solaire. Les variations
mensuelles des IB sont donc conditionnées par les changements d’état du couvert
végétal dont la production dépend de la distribution des ressources hydriques au cours
de la saison des pluies. Les activités anthropiques en sont les catalyseurs. Nous allons
donc chercher à comprendre, dans le chapitre qui suit, leur influence sur la dynamique
du couvert végétal.
172
IV.1. Evolution régressive de la végétation liée aux contraintes de l’environnement
naturel
IV.1.1. Régression due aux facteurs sol-précipitations
La nature floristique et structurale de ces différents types de végétation est
tributaire des précipitations. L’état phénologique des formations végétales dépend de la
variation annuelle de la réserve d’eau utile. Parfois, la saison sèche s’allonge jusqu’à 4
mois aux dépens de la saison des pluies. En raison de l’instabilité temporelle des saisons
climatiques et partant des périodes végétatives, les changements physiologiques des
formations végétales se produisent tantôt précocement, tantôt tardivement (M.J. Samba-
Kimbata, 2002, p.91). Cette absence des pluies contribue au dessèchement des végétaux,
condition préalablement favorable pour les feux de forêt ou de savane fréquemment
observés dans la zone d’étude.
La combinaison des propriétés physico-chimiques des sols (forte perméabilité,
forte porosité et faible rétention de l’eau) obligent la plante à utiliser la réserve d’eau
utile. Ce fait se produit habituellement pendant la saison sèche ou en cas d’un long
épisode sec observé pendant la période pluvieuse (10 à 15 jours). Entre la première
décade du mois de juillet et la troisième décade de septembre, de façon récurrente, la
plante doit faire face à un déficit hydrique. La période déficitaire qui dure au minimum
60 jours s’arrête avec le retour des premières pluies. Ces sols imposent aux plantes une
sécheresse physiologique longue de trois mois maximum. Dans un tel état des sols, la
régénération des formations végétales sur terre ferme devient assez difficile. Les forêts
semi-caducifoliées, majoritaires dans la zone sont les plus touchées. Comparativement
à la forêt sempervirente du Nord, la proportion de la défoliation est plus importante dans
la réserve de la Léfini. Elle est supérieure à 40% pour les forêts mésophiles sur les sols
sableux Batékés (M.J. Samba-Kimbata, 2002, p.89). La chute des feuilles commence au
début du mois de juillet et intéresse plusieurs espèces. Mais les espèces ligneuses sont
plus résistantes car elles supportent mieux la période déficitaire.
Les savanes sont les plus touchées de toutes les formations végétales. En effet,
les savanes herbeuses ou les graminées comme l’Hyparrhenia diplanda ou Loudetia
simplex (Nees) C.E. Hubb. se dessèchent totalement en raison de leur faible
enracinement. Les arbustes des savanes se voient également vider de la ressource
173
hydrique. A cause de leurs racines superficielles et moins profondes dans le sol et ne
pouvant pas atteindre la réserve utile, les graminées se dépouillent entièrement et se
fanent irréversiblement. La période d’activité végétale redevient peu à peu active
pendant les premières pluies enregistrées au début du mois de septembre ou parfois tard,
à la dernière décade de septembre.
174
aucun obstacle. Dans une telle configuration, il est agent vecteur favorisant la
propagation de feu.
175
Prélèvement des PFNL Impact des coups de machette sur les arbustes,
présence sur le sol des PFNL prélevés, sentiers et
pistes
Empreintes des activités Présence des douilles, nombreux sentiers et pistes
cynégétiques (chasse)
Empreinte des activités de Nasse ou filet de pêche, corbeille, morceaux de crins
pêche et hameçons
40
30
20
10
0
[0-5[ [5-10[ [10-15[ 15 et +
176
Les personnes enquêtées ont majoritairement les niveaux d’étude primaire et
secondaire ne dépassant pas pour chaque niveau 40%. Les analphabètes atteignent près
de 13% et les personnes de niveau supérieur sont moins de 10% et habitent pour la
majorité Ngo. Par ailleurs, les enquêtés affirment que l’accès aux ressources forestières
dans la réserve de la Léfini est libre sur toutes les terres et pour toutes les personnes.
Aucune autorisation ni des gestionnaires, ni des autorités publiques en fait foi.
L’examen des catégories professionnelles (figure 33) placent les agriculteurs en
première place selon le taux de représentativité. Les populations ont souvent hésité ou
gardé le silence sur la nature de l’activité qu’elles pratiquent. Le vocable ‘’autres
professions’’ regroupe les agents des administrations publiques et privées, des métiers
(motocyclistes, automobillistes, maçons, …), des élèves et des sans profession.
50 42,6
34
Pourcentage (%)
40
30
20 13,7
10 3,5 2 3,9
0
Professions
177
Majoritairement, les enquêtés affirment à 94,6% connaître les limites de la
réserve de la Léfini contre seulement 5,4% qui ont déclaré ne pas les connaître. De
même, 92% savent que la pratique des activités anthropiques (la chasse, l’agriculture,
la pêche, la construction des maisons) dans la réserve est interdite par la loi.
IV.3.3. Modes d’accès à la terre dans les villages autour et dans la réserve
La gestion des terres est sous la responsabilité des chefs de terres « Nga Ntsiè ».
Les terres sont acquises par héritage. Le lignage est propriètaire de tout (forêts, savanes,
rivières, terres non exploitées, exploitées et mises en jachère). L’installation dans les
villages d’un allochtonne se fait suivant une démarche précise. En effet, ce dernier doit
donner un présent, généralement le vin et une somme d’argent depassant très rarement
40.000 FCFA au chef de village. Celui-ci doit désigner, avec l’accord du chef de terre
concerné, le lieu du futur occupant. Il s’agit donc d’un droit d’usufruit. L’acquisition
des terres se fait également par location et de plus en plus par achat définitif.
178
Une collaboration franche existe depuis des années entre les agents forestiers en
service à la réserve de chasse et les autorités traditionnelles. Par contre, les relations
avec certaines populations riveraines sont souvent conflictuelles. Ces dernières
entravent le travail les écogardes en menant les activités proscrites formellement par la
loi dans cette réserve (comme le braconnage ou la chasse).
En dépit de cette interdiction, la loi a prévu quelques droits d’usage applicables
aux populations riveraines. En effet, la loi sur la faune et les aires protégées octroie le
droit de cueillette et de ramassage aux populations. Le droit à la pêche et l’accès à l’eau
en saison sèche au niveau des rivières drainant l’intérieur de cette réserve peuvent être
autorisés selon les circonstances.
50 45,9
40
Effectif (%)
27,6
30
20 15,8
10,7
10
0
Croissance Arrivée des Textes et Régime foncier
démographique migrants politiques
forestières
Déterminants indirects
L’examen de la figure 33 révéle que l’arrivée des migrants affiche le taux le plus
élevé (45,9%), suivi par la croissance démographique (27,6%). Ces détermiants
accroissent les besoins en terres agricoles, en PFNL, en viande de chasse, en produits
halieutiques, en bois de chauffe, en bois d’œuvre et de service.
179
Certes que dans la zone d’étude la population a connu une augmentation mais la
présence des migrants a encore spolié davantage la biodiversité végétale et animale de
la réserve de la Léfini. Les migrants rwandais à Ngo ont même acquis, par le truchement
des pseudos propriétaires terriens des terres dans la réserve de la Léfini. Evaluées à des
dizaines d’hectares, ces acquéreurs rwandais préconisent affecter ces terres à des
activités agricoles. Les gestionnaires de la réserve avaient saisi les autorités politico-
administratives de la localité pour débouter ces nouveaux acquéreurs, mais la confusion
demeure encore jusqu’à ce jour. La biodiversité animale paye également les frais suite
aux intrusions avérées des braconniers. En effet, de plus en plus décriés, les migrants
ressortissants de la RDC mènent des parties de chasse de grande envergure dans la
réserve. Ils s’adonnent aussi à la pêche sans toujours pouvoir être inquiétés.
La méconnaissance des textes et politiques forestières conduit les populations à
mener les activités illégales dans la réserve, près de 16% des enquêtés l’ont notifié,
contre 10,7% pour le régime foncier.
40
30 20,5
20 11,9
8,3 10
10
1,5 0,1 0,1 0,2
0
Déterminants directs
180
De ce graphique, nous retiendrons que les différents déterminants directs n’ont
pas les mêmes poids sur le couvert végétal. Il ressort également que les feux constituent
le déterminant le plus important de dégradation de ce couvert (environ 47% d’opinion).
Les périodes les plus favorables pour la pratique des feux sont la saison sèche (juin à
août, parfois septembre) et la saison de fléchissement intrapluvial (janvier et février). Il
n’en demeure pas moins que quelques tentatives soient faites pendant les mois
considérés comme pluvieux mais marqués par des séquences des jours sans pluie. La
pratique des feux de végétation devient de plus en plus inquiétante pour les gestionnaires
de la réserve qui affirment que ces feux brûlant tout sur leur passage, s’étalent sur des
longues distances (une dizaine de kilomètre parfois). L’absence des pluies et
l’ensoleillement favorisent l’assèchement rapide des feuilles mortes qui recouvrent les
sols des forêts mésophiles et des savanes. La très faible porosité ne permet pas à ces sols
sableux de garder pendant longtemps l’humidité. Dans ces conditions, les feux brûlent
avec intensité. Par conséquent, la présence de la mince couche de litière forestière
(matière organique) observée après le passage répété des feux au niveau des placeaux
résulte de cette pratique. Par contre, la litière est nettement importante dans les placeaux
situées dans les forêts demeurées encore assez intactes. Ces forêts sont localisées à des
dizaines de kilomètres des villages. Ainsi, les traces de feux sont plus importantes dans
les savanes et les forêts à la périphérie de la réserve. Il en est de même pour la coupe des
arbres. Le taux des traces de feu est à la hausse par comparaison à celui des coupes des
arbres dans les placeaux situées dans les zones de forêts relativement intactes. Il est
respectivement de 7% contre seulement 1%. Bon nombre de ces zones de forêt
présentent les caractéristiques de ne pas avoir été endommagé par le feu depuis plusieurs
années, car aucun tronc récemment carbonisé n’a été inventorié. Le passage des feux
date de longtemps au point où les arbres brulés ont repris normalement leur cycle de
développement.
En poursuivant la lecture de ce graphique, l’agriculture est désignée comme le
second déterminant de dégradation de la végétation (avec un taux d’environ 21%
d’opinion). La technique dite « sur brûlis », préférentiellement aimée par les
populations, est fortement à l’origine de la conversion des formations végétales en
espaces agricoles. De nombreuses populations se livrent à une agriculture mécansée.
181
Les effets conjugués de l’agriculture et des coupes des arbres et arbustes deviennent de
plus en plus dévastateurs sur la végétation naturelle de la réserve. Or, l’évolution
démographique à la quelle fait face la zone d’étude (surtout à Nko, Nsah, Etsouali, et
Inoni Falaise) constitue un fléau car les périodes de jachère ne sont plus assez longues
pour permettre une reconstitution adéquate de la fertilité du sol et la restauration de la
productivité de la terre. La pression de ces populations devient peu à peu un facteur
crucial de déboisement et de dégradation des terres. En l’absence des activités
alternatives, la dépendance par rapport à la production agricole reste très dominante et
accroît l’impact négatif sur la biodiversité. En outre, cette agriculture est liée
significativement à bien d’autres déterminants de perturbation (les feux et la coupe des
arbres). Nos observations de terrain concordent avec les déclarations faites par les
populations enquêtées que les activités agricoles sont faites pour la plupart des cas dans
les zones de savane. C’est une pratique qui rime bien avec les us et coutumes des peuples
tékés des plateaux, car le constat est le même à Nsah, Mpoh, Ngo, Etsouali (plateau de
Nsah-Ngo) et à Inoni Falaise, Inoni Plateau (plateau de Mbé). Intervenant dans le même
contexte, les gestionnaires de la réserve ont affirmé que les zones de forêt, même celles
situées hors de la réserve, sont très peu cultivées ou mises en valeur. Les plantations
sont situées dans la zone périphérique des habitations correspondant aux limites les plus
proches de la réserve par rapport aux villages. Les cultures sont rencontrées à une
distance inférieure à 5 km des villages. Les principaux produits agricoles cultivés sont
le manioc, la banane, le maïs, l’ananas et le piment.
Les coupes systématiques des arbres et d’arbustes transforment, en un rythme
lent, les formations végétales moins denses (forêt méssophile) en formations végétales
très clairsemées (savane arbustive). Ils provoquent également des dégâts sur le
peuplement forestier, ce qui modifie significativement l’ambiance forestière et les
habitats. Ces dégats sont d’ordre géomorphologique (intensification des processus
érosifs) et biologique (variation de densité). La présence de quelques souches d’arbres
retrouvés à certains endroits témoigne effectivement la perte du couvert végétal. Environ
98 % des ménages enquêtés collectent eux-mêmes, par ramassage, leur bois de chauffe.
Son taux de commercialisation est nul. La carbonisation est une activité qui n’est pas
182
pratiquée dans la réserve de la Léfini, mais, elle est très répandue dans les forêts hors
réserve.
Le ravitaillement en PFNL (ramassage et cueillette) causerait moins de dégâts si
les populations ne se contentaient que de la cueillette des champignons, des feuilles de
Marantaceae (atsuiri en téké) et comestibles (comme le Gnetum africanum Welw) ou au
ramassage des fruits, des chenilles et du bois mort. Le prélèvement des lianes, des
raphias et des rotins destinés à la fabrication des meubles et corbeilles (usage artisanal)
devient une pratique responsable du déséquilibre de l’habitat. En effet, les plantes
héliophiles parasitaires sont parmi les végétaux détruits. Le taux de dégradation de la
forêt par ce déterminant est estimé à environ 8%.
La chasse est également considérée comme un déterminant direct de la
dégradation du couvert végétal. Si pour les précédents déterminants les avis des acteurs
de terrain (les gestionnaires de la réserve et les populations riveraines) sont globalement
restés convergents, mais leurs points de vue sur la chasse divergent. Les populations
enquêtées ont déclaré le taux de destruction à 30%. Pour elles, c’est la chasse de
subsistance qui est pratiquée à l’aide des techniques rudimentaires. Les dégâts sont
négligeables car ils se limitent à l’ouverture des pistes dans les zones de forêts pour le
passage des chasseurs et quelques coupes d’arbres pour le feu. Par contre, les
gestionnaires de la réserve considèrent que la pratique de la chasse est aussi responsable
de la dégradation de la végétation. La forme la plus dévastatrice est la pratique de la
chasse communautaire « Mvura » où le feu est utilisé comme arme. En effet, elle
consiste à éviter de brûler pendant la saison des pluies une touffe de savane (biotope)
dans laquelle vont se réfugier les animaux, préférentiellement les rongeurs (rats,
aulacodes, céphalophes, athérure). Piégés dans ce biotope, ces animaux sont chassés
avec la technique de mise à feu bien contrôlée pendant la saison sèche. La touffe de
savane est calcinée et aucun animal ne subsiste. Cette technique détruit
systématiquement la biodiversité animale et végétale. Dans leur mise au point, les agents
forestiers ont affirmé que certes le gibier chassé est destiné à l’autoconsommation mais
une partie est aussi affectée à la commercialisation. L’activité devenant lucrative, il y a
donc manifestemment la recherche du profit par les populations. Dans de telles
circonstances, les populations s’exposent à des sanctions prévues par la loi sur la faune
183
et les aires protégées. Enfin, les populations enquêtées et les agents forestiers ont affirmé
que la pêche est le premier déterminant qui cause moins de dégâts sur le couvert végétal.
184
traditionnelle est répandue sur l’ensemble de la réserve de la Léfini en particulier et des
plateaux téké en général.
185
Tableau 21 : Interaction entre les déterminants de dégradation de la végétation et les composantes environnementales
Composantes de l’environnement
Déterminants Abiotique Biotique
Sol Relief Eau de surface Végétation Faune
Perturbation des Exposition Destruction et perte de Dérangement et disparition de
Feux propriétés physiques des vallées et végétation la diversité faunique
et risque d’érosion des pentes
Appauvrissement et Modification Perte des formations Dérangement et disparition de
Agriculture dégradation des sols de la structure végétales naturelles la diversité faunique
Coupe des Rupture d’équilibre Rupture Exposition du milieu Destruction / perte de Dérangement et fragmentation
arbres d’équilibre humide à la température végétation d’habitats
Prélèvement Rupture d’équilibre Rupture Exposition du milieu Diminution des Dérangement et disparition de
des PFNL d’équilibre humide à la température ressources végétales la diversité faunique
Destruction de la Diminution et disparition des
Chasse végétation par le feu ressources fauniques
utilisé comme arme de
chasse
Dégradation des zones Diminution voir disparition
Pêche humides des ressources fauniques
186
Les impacts liés à l’action combinée des feux et des coupes d’arbre sur le sol et
le relief (topographie) sont très visibles au niveau des pentes. En effet, les étendues
importantes de végétations détruites (photo 10) chaque année provoquent des dommages
comme la disparition des espèces fauniques, la stérilisation des sols par appauvrissement
de la couche arable, l’exposition des sols face au ruissellement des eaux (photo 11).
Planche 5 : Impact de l’activité anthropique sur le couvert végétal
Photo 11: Erosion des sols le long de la rive gauche de la rivière Léfini
(Prise de vue: Bertin Ngandzion, ancien Conservateur, 2015)
Le terrain accidenté brûlé est enclin à réduire la fertilité des sols et la capacité de
rétention d’eau. Les incendies répétés entraînent, en amont, souvent l’érosion des sols
ce qui affaiblit la rétention d’eau et accélère leur chute en aval. L’action des feux sur la
végétation certes provoque le dérangement et la disparition de la diversité faunique mais
les dégâts sont différemment présentés selon les trois types des feux que nous avons
observés dans la zone d’étude. Il s’agit des feux de surface, des feux de cime et des feux
de sol.
187
Comme l’indique la photo 8, ici les feux de surface brûlent les broussailles et la
litière des forêts. La conséquence est la conversion du couvert végétal en sol dénudé.
Ces feux sont maîtrisés en dégageant la zone environnante de la végétation basse et de
la litière, ou en creusant des sillons pour délimiter la zone.
Par ailleurs, le paysage présent sur la photo 9 indique le passage après les feux
de cime. Ces feux se sont propagés au sommet des arbres ou des buissons par
transmission de chaleur. Ceux-ci sont repandus entre les combustibles (feuilles ou
branches sèches) par l’intermédiaire d’étincelles ou de sautes de braises mais aussi par
le vent (apport en oxygène). Ils sont difficiles à éteindre et peuvent se propager sur une
dizaine de kilomètres. Seuls les obstacles naturels (cours d’eau et clairières) peuvent
former un barrage aux feux de cime. Les agents forestiers tentent de les circonscrire par
des zones de contre-feu localisées à envion 500 mètres autour du gite de Mpoh pour
épargner celui-ci des éventuels incendies. La conséquence est la perte par combustion
des branches, des fruits et des feuilles. Les quelques troncs d’arbres brûlés partiellement,
restent encore debouts et deviennent des bois morts. Ils ont été 291 à être inventoriés
pendant nos opérations de propection botanique. Dans de telles conditions, ces bois
n’assurent plus aucune fonction biologique telle que la photosynthèse ou la phénologie.
Enfin, les feux de sol brûlent la litière du sol, la couche superficielle d'humus de
la forêt mais pas la végétation haute. Ces feux sont fréquents dans la savane et dans les
forêts secondaires proches des villages. La chute des litières participent au processus du
fonctionnement des forêts, au transfert des éléments minéraux, de leurs recyclages, mais
aussi du transfert du carbone de la végétation au compartiment sol. La conséquence est
que les feux arrêtent la décomposition de la matière organique qui affecte directement
la dynamique des écosystèmes forestiers comme source ou puits de carbone, par la
libération du CO2. Une fois localisés, les feux de sol sont difficiles à éteindre à moins
que la couche d'humus ne soit pas très profonde.
188
Tableau 22 : Appréciation d’impact de chaque déterminant
Déterminant Paramètres d’appréciation d’impact
Intensité Etendue Fréquence Durée
Feux Forte Forte Forte Annuelle
Agriculture Moyenne Faible Moyenne Saisonnière, annuelle
Coupe d’arbre Faible Faible Faible Annuelle
Prélèvement des PFNL Faible Moyenne Moyenne Annuelle
Chasse Moyenne Faible Forte Annuelle
Pêche Faible Faible Moyenne Annuelle
L’action des feux sur le couvert végétal est bien visible. L’intensité, l’étendue et
la fréquence sont fortes. Leur taux est > 50 %. La proportion de la superficie impactée
est très considérable dans l’espace et dans le temps. Cet impact peut être observé toute
l’année même pendant la saison des pluies en cas d’épisodes secs de quelques jours.
L’intensité et la fréquence de l’agriculture varient entre 25 et 50%. Suivant l’échelle
d’appréciation d’impact, son action est donc considérée moyenne alors qu’il est faible
(< 25%) pour l’étendue (la taille ou la superficie de chaque champ dépasse très rarement
1ha). L’impact sur la végétation issue de la coupe d’arbres et d’arbustes est très limité.
L’intensité, l’étendue et la fréquence sont particulièrement faibles. Bien que cet impact
soit limité, la perte de la végétation et de la couche d’humus est tout de même observée.
Ce déterminant de dégradation se répète néanmoins tout le long de l’année. Les
empruntes anciennes et franches laissées par les coups de machette restent toujours
visibles sur les arbres. De même, l’intensité de la dégradation due à la pratique de chasse
doit être considérée comme moyenne alors que son étendue et sa fréquence sont faibles.
L’impact de la pêche est très négligeable sur la végétation.
Conclusion
189
arbustive est en légère augmentation. La forêt ombrophile à tendance mésophile et la
forêt secondaire présentent une tendance à la réduction de leur cortège floristique. De
2011 à 2018, la tendance s’est totalement inversée pour la forêt secondaire. La forêt
ombrophile à tendance mésophile continue à connaître une évolution à la baisse. De
façon générale, Le NDVI intégré sur la saison de végétation active indique une tendance
à la hausse par ce qu’il est lié à l’activité du couvert végétal. Les formations arbustives
et herbeuses et les sols nus ont des très faibles valeurs du NDVI, leur canopée est
claisémée. La couverture de la canopée joue donc un rôle primordial. Contrairement au
milieu de forêt, les zones non forêt connaisssent une chute importance du NDVI. Ces
formations végétales sont en phase de déséquilibre causée par les activités anthropiques.
Les résultats ici présentés ont fait l’objet de discussion dans les pages ci-après.
190
CHAPITRE VII : DISCUSSION DES RESULTATS
191
sur 20 m de large). Conformément à la présente étude, la densité moyenne par hectare
est de 110 arbres. Ces dimensions, loin d’être exagérées, nous paraissent logiques
compte tenu de la nature de la végétation constituée de mosaïque forêts-savanes. Ces
forêts sont essentiellement de type mésophile (forêt claire) pendant que la savane
herbeuse est majoritairement formée de vastes étendues d’herbes graminées dépouvues
d’arbustres ou d’arbres. La dimension de la placette est la même quelque soit la ou les
strates qui la couvrait. Nous avons donc inventorié les parcelles à strate forestière, à
strate savanicole et les parcelles aux deux strates. Notre aire minimale appartient à
l’intervalle défini par H. Belesi Katula (2009, p. 27) qui le fixe comme suit : 225 - 625
m² pour les relevés des jachères et recrûs forestiers, forêts secondaires jeunes et forêts
édaphiques liées aux sols hydromorphes et ≥ 625 m² pour les forêts denses
sempervirentes et semi-caducifoliées de terre ferme. Des perturbations d’origine
naturelle ou humaine nous ont contrait d’opter pour la première aire.
L’étape synthétique correspond à la confrontation des résultats de l’étape
précédente c’est-à-dire la confection des tableaux phytosociologiques ainsi que leur
interprétation. Cette phase concerne donc les analyses statistiques simples. Les variables
comme l’abondance, la surface terrière, la dominance relative, la densité relative, les
indices (de Shannon, Simpson et de Piélou) ont été déterminés.
192
espèces les plus abandantes. Certaines de ces espèces sont identiques à celles obtenues
dans les mêmes unités morphologiques (plateau téké). Nos résultats corroborent les
observations faites par D. Schwartz et al (1995, p.100), J.M. Moutsamboté (1998, 2012,
p.87-96.).
Les relevés floristiques dans les zones de forêts indiquent que les Euphorbiaceae
(9%), Annonaceae (7%), Fabaceae-Caesalpinioideae (7%), Olacaceae (7%), Fabaceae-
Mimosoideae (5%), Meliaceae (5%), Apocynaceae (4%), Clusiaceae (4%),
Miristicaceae (4%) et les Phyllanthaceae (4%) sont les familles les mieux représentées.
Dans toutes les formations forestières de la région guinéo-congolaise, l’inventaire
floristique des ligneux révèle la dominance des Rubiaceae, des Fabaceae, des
Euphorbiaceae et des Phyllanthaceae (L.A. Kouka 2006, p.72; H.B. Goma Boumba,
2006, p.24 ; H. Dibi N’da 2008a, p.560-566 ; V. Kimpouni, E.Apani et M. Motom,
2013a, p.113). H. Belesi Katula (2009, p.63) constate également la présence remarquable
des familles typiques des forêts matures comme les Annonaceae, Apocynaceae,
Arecaceae, Connaraceae, Dichapetalaceae, Ebenaceae, Fabaceae/ Caesalpinioideae,
Irvingiaceae, Malvaceae/Sterculioideae, Meliaceae, Olacaceae, Rubiaceae,
Sapindaceae, Sapotaceae, Ulmaceae, Violaceae. Ces familles font partie des faciès de la
forêt dense humide, où le nombre d’espèces par hectare se compte en centaines (F.
White, 1986, p.86). Nous constatons que la plupart des familles présentes dans cette
réserve figurent parmi les familles les mieux représentatives de la région guinéo-
congolaise. La comparaison de ces données floristiques met en évidence plus de
ressemblance et très peu de dissemblance. En effet, plusieurs espèces formant le noyau
du groupement végétal des îlots de la réserve de la Léfini sont celles des formations
ombrophiles à tendance mésophile des plateaux Téké, qui sont réellement typiques des
formations forestières denses humides. Cette répartition en famille atteste effectivement
que cette réserve se situe, à l’échelle de cette région, dans la zone de contact forêt savane.
Finalement, comme pour toutes les forêts humides mésophiles étudiées, le déterminisme
de la formation de cette réserve est édaphique et non climatique. Abordant dans le même
contexte, B. Peyrot (1977, p. 18) affirme que la distribution floristique est parfaitement
corrélée à la diversité de sols décrite dans la région. F. White (1986, p.84) fait remarquer
que le développement forestier en région guinéo-congolaise étant sous la dépendance
193
des facteurs édaphiques, est une raison suffisante pour expliquer l’existence des poches
floristiques et leur forte densité. Plus spécifiquement, l’abondance de certaines familles
avait préoccupé plusieurs auteurs. J-L. Guillaumet (1967, p. 108, 157-158) attribue
l’abondance des Rubiaceae et des Euphorbiaceae à la présence des forêts mésophiles au
Bas-Cavally (Côte d’Ivoire). C. Evrard (1968, p.129) justifie la prépondérance des
Rubiaceae dans la Cuvette centrale par leur présence à la fois dans les formations
herbeuses, dans les forêts ombrophiles semi sempervirentes et surtout dans les forêts
denses sempervirentes. De son côté, H. Belesi Katula (2009, p.63) a porté une
explication à la représentativité de certaines familles. En effet, les Rubiaceae,
Arecaceae, Connaraceae, Dichapetalaceae, occupent la strate arborescente inférieure de
la plupart des forêts et justifient ainsi leur abondance dans ces types forestiers. Les
Apocynaceae, Euphorbiaceae, Fabaceae / Mimosoideae sont les familles très souvent
rencontrées dans les types transitoires c’est-à-dire les forêts secondaires et les milieux
ouverts. Elles occupent souvent les strates arborescentes.
Cette diversité est aussi constituée par un groupe de 17 familles (soit 42%) que
nous pouvons qualifier de « rares ». Chacune de ces familles compte une seule espèce.
Il s’agit d’Anacardiaceae, Anisophylleaceae, Asteraceae, Cannabaceae,
Chrysobalanaceae, Ebenaceae, Irvingiaceae, Lauraceae, Lecythidaceae, Malvaceae-
Bombacoideae, Myrtaceae, Ochnaceae, Passifloraceae, Rhamnaceae, Ruscaceae,
Rutaceae, Salicacea). Cette faible présence pourrait corroborer les exigences
écologiques des espèces de ces familles. Mais une prospection de longue durée pourrait
éventuellement découvrir soit d’autres espèces de ces familles soit de nouvelles espèces
car la zone est peu ou faiblement explorée.
En considérant l’ensemble des familles de la florule de la réserve de la Léfini,
une richesse générique assez importante est observée. Selon leur richesse spécifique, les
genres les plus représentés par ordre décroisant sont les Plagiostyles, Margaritaria,
Pentaclethra, Hymenocardia, Musanga, Macaranga, Staudtia, Beilschmiedia, Dialium,
Xylopia, Petersianthus, Greuvia, Milletia. Ces effectifs temoingnent de la diversité des
genres bien que marquée par une inégale répartition des individus.
Ces différentes familles et genres constituent la forêt ombrophile à tendance
mésophile (J.M. Moutsamboté, 2012, p.51). Cette forêt est subdivisée en plusieurs îlots
194
de forêts rencontrées pendant les opérations d’inventaire et confirmés après traitement
des données floristiques. Il s’agit de la forêt à Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain, de
la forêt à Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand, de la forêt à Anisophylea
purpurascens Hutch. & Dalz., de la forêt à Milletia laurentii De Wild, de la forêt à
Margaritaria discoidea (Baill.) Websteret, de la forêt secondaire à Musanga cecropioides
R.Br. Ces résultats sont similiares aux travaux sur les plateaux Téké, dans les régions
d’Ewo et sur les sommets de mamelons dans la région de Makoua. Ces différentes zones
s’intègrent bien dans les limites géographiques des districts de la Léfini et des Plateaux
Téké (V. Kimpouniet al, 1992, p.118). Ces travaux sont ceux menés par L. Makany
(1976, p.73-77) et J.M Moutsamboté (2012, p.191) qui ont identifié la forêt à
Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand et la forêt à Milletia laurentii De Wild.
La première est localisée sur les sols désaturés de la zone des collines à vallées sèches,
sur les flancs des plateaux sur les sables blancs et sur les sols squeletiques. La seconde
se rencontre sur des sols plus riches des bas-fonds.
Les savanes de la zone sont formées des strates herbeuse et arbustive.
Hyparrhenia diplandra Stapf est l’espèce dominante de la strate herbeuse. Ce tapis
végétal recouvre les zones de plateau, les sommets de versants et des hautes collines.
Les strates arbustives sont dominées par Hymenocardia acida Tul. A ceci s’ajoutent
Bridelia ferruginea et Annona arenaria Schumach & Thonn. L’Hymenocardia acida
Tul. est la seule espèce dont le diamètre de tiges est le plus important, supérieur ou égal
à 10 cm (seuil fixé dans le cadre de la présente étude). Ces savanes s’étalent sur des
vastes superficies, elles constituent la formation végétale la plus dominante des plateaux
Téké. La présence de ces espèces ligneuses et non ligneuses avaient fait longtemps
l’objet des études détaillées qui de nos jours restent toujours d’actualité. B. Peyrot (1977,
p.16) et M.J. Samba-Kimbata et M. Mpounza (2001, p.22) confirment que la savane à
Loudetia demeusii occupe une vaste étendue sur les sables téké, où elle se présente
comme une formation à tapis graminéen clairsemé, avec une strate arbustive à base
d’Hymenocardia acida Tul.
Malgré cette dominance de savane herbeuse, une dynamique végétale a été
observée dans les zones de contact forêt-savane par plusieurs auteurs. J-M. Avenard
(1969, p.78) affirme que des expériences faites dans les plateaux Téké montrent, sur les
195
sables, une progression forestière lorsque les placeaux expérimentaux sont protégés : il
ne s’agit pas d’une savane qui se boise progressivement, tout en restant savane, mais de
la substitution d’une véritable forêt, très proche de la forêt ombrophile, à une savane
pauvrement arbustive.
196
l’occurrence Hymenocardia acida Tul. (Musia) d’autre part. Tous les individus
appartenant à cette espèce ont des faibles diamètres compris entre 10 et 40 cm. A
contrario, l’indice de Simpson est très élevé en savane (0.93) où la diversité est minimale
et presque nulle en forêt (0.03) où la diversité est maximale. Sur les 39 familles
inventoriées, la formation savanicole n’est représentée que par une seule famille,
notamment Hymenocardiaceae constituée de deux espèces Hymenocardia acida Tul.
(Musia) et Hymenocardia ulmoides Oliv. (Ngaikoko). La formation forestière detient
l’ultra majorité des familles et des genres. Les espèces savanicoles sont au nombre de 2
contre 103 espèces forestières. L’abondance relative des familles forestières les plus
représentées se présente comme suit : Euphorbiaceae (8%), Annonaceae (6%),
Fabaceae- Mimosoideae (6%), Olacaceae (6%), Fabaceae-Caesalpinioideae (4%),
Meliaceae (4%), Apocynaceae (3%), Clusiaceae (3%), Myristicaceae (3%),
Phyllanthaceae (3%). Il ressort clairement que l’indice de Simpson corrèle inversement
avec la diversité.
Les indices de Shannon et d’équitabilité de Piélou que nous avons obtenu dans la
zone de forêt sont presques similaires à ceux de la forêt de la zone soudano-guinéenne
déterminés par B. Sounon Bouko (2007, p.225) avec respectivement 3,11 bits et 0,84.
Nous sommes dans des zones de forêts claires marquées par le caractère semi-décidu
des feuilles malgré des nuances climatiques assez particulières. En effet, cette zone
soudano-guinéenne est caractérisée par une saison sèche plus marquée (environ 6 mois),
des précipitations moyennes annuelles variant de 900 à 1200 mm et une température
moyenne de 32 °C.
Dans les conditions écologiques, climatiques et édaphiques similaires ou presque,
la richesse spécifique que nous venons d’enregistrer à la réserve de la Léfini est
relativement abondante. Mais, cette richesse est moins fournie que celle dressée par L.
Makany (1976, p.259-282). La superficiée inventoriée par cet auteur s’étalant
entirèment sur deux plateaux (Nsah-Ngo, et Mbé) et la plaine de Mpouya est largement
plus vaste que la nôtre touchée par une forte activité anthropique, les feux incontrôlés.
Au niveau des formations savanicoles, la strate herbacée étant généralement peu
diversifiée (dominée par les Hyparrhenia diplandra Stapf), l’existence d’une strate
arbustive moins dense et éparse peut expliquer la diversite floristique plus pauvre en
197
ligneux. Cette faiblesse de la densité de la strate ligneuse dans la savane (5,29%) pourrait
avoir une origine édaphique ou anthropique. En effet, cette savane est localisée
majoritairement sur les sols ferralitiques fortement désaturés et formés sur le matériau
sableux et sablo-argileux (chapitre IV). Ces sols sont relativement homogènes et
profonds. La pauvreté chimique de ces sols fortement dépourvus en éléments majeurs
et en oligo-éléments les rend peu fertiles. Ils sont filtrants, ne conservent ni l’eau, ni les
éléments nutritifs du sol. H. Dibi N’da et al., (2008a, p.575-576) constatent qu’à
l’opposé de la strate herbacée qui se renouvelle dès les premières pluies, une partie de
la strate arbustive peut disparaître, contribuant ainsi à réduire la densité et la diversité
de cette dernière. En outre, la perturbation plus importante de cette savane par les feux
expliquerait la faible équitabilité de la répartition des espèces par rapport à la savane à
strate arbustive.
Au niveau des formations forestières, la strate arbustive constituée en îlots de
forêt confirme la diversite floristique riche en ligneux. La densité de strate ligneuse est
très forte (95,71%). Elle est liée aux conditions écologiques favorables qui prévalent
dans ce milieu. La répartition des tiges par classes de diamètre en forme de J inversé est
caractéristique des forêts tropicales (J.L. Doucet 2003, p.164 ; H. Dibi N’da et al. 2008a,
p.570).
La distribution des individus entre les classes de diamètre montre un très grand
nombre des petits individus entre 10 et 40 cm (79,2%), des individus moyens entre 40
et 70 cm (16,2%), les gros individus entre 70 et 100 cm (3,2%) et les très gros individus
au-delà de 100 cm de diamètre (1,4%). Suivant cet ordre croissant de diamètre, les
individus présentent une évolution décroissante c’est-à-dire qu’ils sont en grand nombre
au début de leur phase de jeunesse et plus petit nombre dans la phase de maturité. Cette
répartition confère une structure identique à celle de la forêt dense semi decidue (H.B.
Goma Boumba, 2006, p.25 ; H. Dibi N’da, Y.C.Y. Adou, K.E. N’geussan et al., 2008a,
p.557). Cette structure de forêt dépend des conditions écologiques particulières
(humidité des sols, absence de feux et d’exploitation forestière) qui permettent aux
essences forestières d’atteindre des diamètres importants (H. Dibi N’da, Y.C.Y. Adou,
K.E. N’geussan et al., 2008a, p.574). La diminution du nombre d’individus en fonction
de l’augmentation du diamètre est observée sur l’ensemble des classes. Le nombre
198
d’individus plus important dans les classes de petits diamètres (10-40 cm) se justifie par
la dynamique de régénération. La modification des conditions écologiques induites par
les trouées consécutives favorise également la croissance des individus de petits
diamètres (J.L. Doucet 2003, p. 163).
Par ailleurs, l'abondance des individus ne se traduit pas par leur dominance et que
la surface terrière des ligneux n’est pas tributaire du nombre d’espèces, mais du
diamètre des individus. En effet, la surface terrière est plus importante dans la classe des
diamètres élevés (≥ 100 cm), soit 26,45 m² contre 11,68 m² pour la classe des petits
diamètres (10-20 cm) quoi que regroupant le plus grand nombre d’individus. La
différence de ces surfaces est par conséquent significative. Ce constat fait comprendre
que la réserve de la Léfini renferme un nombre important d’arbres de grand diamètre.
L’exploitation de bois de grumes étant interdite dans l’aire protégée, les diamètres des
ligneux peuvent encore croître d’avantage. Il ressort clairement qu’il n'existe pas de
corrélation nette entre les densités relatives et les classes de diamètres. Il n'en existe pas
non plus entre les densités relatives et les sufraces terrières ou les dominances relatives.
L’étude révèle des groupements végétaux plurispécifiques variant d'une zone
écologique à une autre. De façon générale, les grandes tendances des forêts rencontrées
sont à Milletia laurentii De Wild. (Wengué), à Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain
(Essoula), à Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T. Durand (Engona). Les forêts
secondaires à Musanga cecropioides R.Br. (parasolier), Macaranga barteri Müll. Arg.
(Assas1) se développent sur les sols sablo-argileux habritant des anciennes exploitations
agricoles. Ces groupements constituent les forêts ombrophyles à tendance mésophile.
Ils colonisent les plateaux Téké et les régions d’Ewo et de Makoua (J.M. Moutsamboté,
2012, p.51).
La seconde zone écologique est essentiellement savanicole à dominance
Hyparrhenia diplandra et Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb. Les deux groupements
ont été également identifiés proche de notre zone d’étude, sur des sols sableux dans la
Cuvette congolaise par J. Yoka, J.J. Loumeto, J. Vouidibioet al., (2010, p.61). Plus loin
des plateaux Téké, sur des sols argileux de la vallée du Niari, ces formations sont
beaucoup répandu (B. Guillot, 1978, p.8 et 15 ; J. Diamouangana, 2002, p.95-100). Ces
groupements sont aussi présents en RDC (F. Muhashy Habiyaremye, 2011, p.14). Ces
199
résultats montrent que ces savanes sont largement représentées en Afrique inter tropicale
(J. Yokaet al., 2010, p.70). En ce qui concerne les raisons de leur existance, il s’agit,
d’une part des savanes associées à un climat saisonnier et à des conditions particulières
de sols, déterminant l’humidité disponible, et d’autre part des savanes où la périodicité
est déterminante, mais où les feux jouent un rôle modificateur (J. Yoka, J.J. Loumeto, J.
Vouidibio et al., 2010, p.66).
Au regard de l’analyse de la caractérisation de la végétation, il ressort que les
familles et les genres appartiennent à la région guinéo-congolaise. Les espèces formant
le noyau du groupement végétal des îlots sont celles des formations ombrophiles à
tendance mésophile des plateaux Téké sous la dépendance des facteurs édaphiques. La
diversité floristique est riche en forêt mais pauvre en savane. Les densités relatives ne
corrèlent pas avec les classes de diamètres, de même les densités avec les surfaces
terrières ou les dominances relatives. Ainsi notre première hypothèse qui évoque que
« l’existence de groupements végétaux reflète l’hétérogénéité spatiale de la végétation
des forêts et des savanes » est alors vérifiée.
200
à 86,60%, alors que l’image ETM+ (2001) a une précision globale de 92,15% avec un
indice de Kappa évalué à 91,11% et l’image OLI (2015) a une précision globale de
93,56% avec un indice de Kappa évalué à 92,64%. Pour la présente étude, l’image TM
(2001) a une précision globale de 91,49% avec un indice de Kappa évalué à 84%, alors
que l’image ETM+ (2011) a une précision globale de 91,15% avec un indice de Kappa
évalué à 74% et l’image OLI (2018) a une précision globale de 91,29% avec un indice
de Kappa évalué à 82%. En se référant aux critères établis par J.R. Landis et GG. Koch
(1977, p. 165), les indices obtenus sont bon (0,80 – 0,61) et excellents (supérieur ou égal
à 0,81). De même, R.G. Pontius (2000, pp. 1012-1013) affirme également que lorsque
l’indice de Kappa évalué dans les opérations de classification est supérieur à 75%, la
classification adoptée est valable et les résultats sont statistiquement acceptables. De
même, les précisions globales obtenues dans la réserve de la Léfini sont parfaitement en
phase avec celles obtenues par ces auteurs. Selon les critères de R.G. Congalton (1991,
pp. 36-37), ces résultats sont statistiquement acceptables. Outre les précisions globales,
les valeurs de l’indice de Kappa de nos trois images sont aussi statistiquement
satisfaisantes selon l’échelle de R.G.Pontius (2000, p. 1012-1013).
De même, les valeurs des erreurs de commission que nous avons obtenues sont
acceptables parce qu’aucune de ces erreurs n’est au–dessus de 70 %, considéré comme
valeur limite (R.G. Pontius, 2000, pp. 1012-1013). Les indicateurs d’appréciation de
notre approche notamment la précision globale et le coefficient de Kappa hautement
appréciables confirment l’importance de la connaissance du milieu et de l’acquisition
des données auxiliaires pour l’amélioration de la qualité des études de télédétection. Par
contre, les faibles valeurs d’exactitude telle que la précision globale obtenue par Pham
T-T-Het al. (2007, p.3), évaluée à 51% alors qu’il visait au moins 80% occulteraient
certainement des causes techniques comme par exemple l’erreur de classification, le
choix de l’algorithme de détection des changements et l’importance de la vérité terrain
(A. Mama 2013, p.90). Enfin de compte, R. Caloz et C. Collet (2001, p.330) affirment
que les grandes précisions cartographiques obtenues peuvent aussi dépendre du nombre
réduit de classes utilisées et de la définition de parcelles homogènes lors du choix des
sites d’entraînement.
201
A titre de comparaison, nos indicateurs d’appréciation corroborent également
ceux obtenus dans les zones soudanienne, soudano-guinéenne et guinéenne par Y.C.H.
Hountoundji (2008, pp. 80-81), A. Mama (2013, p.81). En effet, pour ne parler que des
résultats de ce dernier, la matrice de confusion issue de la classification supervisée par
l’algorithme de maximum de vraisemblance appliquée sur les trois images Landsat MSS
(1972), TM (1986) et ETM+ (2006) donnent des indices de Kappa variant entre 91 et
99%, avec une précision globale osciant entre 93,5 et 98,8 %.
Un autre avantage de la méthode est sa facilité à créer des cartes des changements.
La précision de ces cartes dépend de l’exactitude de chacune des classifications
d’images. Les vérité-terrains basées sur 120 points représentant les parcelles
d’inventaires floristiques et de vérification de strate d’occupation ont permis de réduire
les éventuelles imprécisions, de corriger et finalement de valider les cartes de
changement. Enfin, la résolution temporelle (2001-2018, soit 17 ans) choix pour la
présente étude se révèle favorable pour la détection des différents changements observés
dans la réserve de la Léfini.
La résolution des images Landsat utilisées se présente comme une faiblesse à
cette étude. Avec cette résolution spatiale (30 m), certaines classes n’ont pas été bien
discriminées, la confusion est évidente. En effet, nous n’avons pas pu discriminer
distinctement la forêt galerie et la forêt sur terre ferme d’une part, et la savane herbeuse
et la savane arbustive d’autre part. Ces classes se confondent. Dans ce cas la
discrimination devient de plus en plus difficile et que leurs signatures spectrales sont
souvent visuellement similaires (Y.C.H. Hountoundji, 2008, p.80-81 ; H. Diallo, Bamba
Issouf, S. B. Yao Sadaiou, 2011, p.104; A. Mama 2013, p. 109; L. Bouetou-Kadilamio,
S. A. Ifo et S. Binsangou, 2017, p.228). L’utilisation des données complémentaires
notamment les cartes topographiques a permis de validation des classes de végétation
sur le terrain et de corriger les erreurs. Néanmoins, l’examen de ces quelques travaux de
recherche ont conduit à des résultats qui montrent effectivement l’évolution des
changements. Ceci est vraisemblable lorsque nous analysons ci-après l’origine de ces
changements. Malgré les limites constatées, la méthode de la comparaison des
classifications s’est montrée efficace.
202
II.2. Dynamique spatio-temporelle du couvert végétal
II.2.1. Dynamique de NDVI
Les résultats de NDVI sont obtenus par la méthode basée sur une procédure
itérative multi échelle par cartographie phénologique de la végétation de la réserve de
chasse de la Léfini. Pouvoir quantifier et cartographier la déciduité dans les forêts
tropicales est un enjeu important pour mieux comprendre les propriétés de la canopée
comme le recyclage du carbone ou la teneur en chlorophylle (G. Viennois, 2011, p.5).
Le NDVI varie en fonction de plusieurs facteurs dont il est parfois difficile d’estimer
l’importance relative (V. Djoufack-Manetsa 2011, p.207). Parmi ceux-ci, nous
retiendrons les facteurs liés aux caractéristiques physiologiques intrinsèques à la plante,
à son environnement (sols, pente), aux conditions de prise de vue (angle zénithal solaire
et angle de prise de vue), à l’âge et aux changements de capteurs et aux caractéristiques
de l’atmosphère (M.C. Girard et C. Girard, 1999). M.J. Samba-Kimbata (1991, 37-44)
fait une large description de la saisonnalité de la radiation solaire et celle des
précipitations dans le bassin forestier du Congo. Les températures, relativement basses
de la saison sèche et modérément élevées de la saison humide, varient d’une année à
l’autre. Cette variation contribue à l’allongement de la photopériode et joue un rôle
majeur sur la date de réalisation de la mise en place des feuilles. Les variations
mensuelles, saisonnières et annuelles de l'indice NDVI issu des données du satellite
Landsat a permis de comprendre le comportement phénologique des formations
forestières et savanicoles. Le NDVI exprime l’activité chlorophyllienne, la densité du
feuillage et par effet indirect le stress hydrique d’une surface végétale.
L'analyse des paramètres saisonniers de la végétation permet de remarquer que
la réserve de la Léfini connait une variabilité des précipitations mensuelles et annuelles
et les saisons sont relativement instables dans le temps. Cette instabilité affecte les
hauteurs d’eau qui peuvent atteindre 350 à 400 mm le mois pluvieux et inférieur à 5
mm le mois sec. En raison d’une saison sèche absolue, les sols n’ont de réserve utile
que pendant une partie de l’année. Ces sols majoritairement sableux et argilo-sableux
sont soumis à un déficit hydrique saisonnier. Ce déficit commence à se manifester
pendant la première décade de juillet (situation des figures 30d et 30e). Il prend fin
après la première décade de septembre. Dans des conditions de stabilité
203
environnementale (en absence des activités anthropiques), la saison végétative
correspond à la période où les températures moyennes journalières dépassent 20º C ; sur
une année, elle s’échelonne de septembre à mai, avec des différences notables d’une
formation végétale à l’autre. En effet, la saison végétative débute durant la première
moitié du mois de septembre et se termine fin mai, avec une moyenne annuelle de 120
à 150 jours pluvieux par an. La plus courte durée de la saison végétative est associée à
la savane et la plus longue à la forêt. La perte en eau du sol par les processus
d’évaporation et d’évapotranspiration est plus ou moins compensée par la quantité de
précipitations. Les précipitations assurent l’apport hydrique nécessaire dans le sol pour
le début de la saison végétale. Malgré l’importance des pluies et la longueur de la saison
humide, le cycle biologique des groupements s’effectue entre septembre-octobre et
février-mars. Les plantes de la strate inférieure, grâce aux conditions écologiques
favorables, terminent rapidement leur cycle (novembre-décembre), avant que les
graminées envahissantes ne les étouffent. L’étape végétative post florale dure deux à
trois mois. Si la réserve en eau n’est pas constamment alimentée, la consommation d’eau
pendant la phénophase correspondant à la plus forte croissance végétale saisonnière peut
dépasser la réserve hydrique pédologique ainsi que la quantité de précipitations,
concourrant à l’installation d’un déficit hydrique. S. P. S. Wright et C. Van Schaik
(1994, p.194) décrivent des grands types de comportements phénologiques en fonction
de la saisonnalité de la radiation solaire et de celle des précipitations. Ce comportement
décidu des forêts est un attribut important des forêts tropicales car il reflète les
conditions climatiques. La perte partielle ou totale des feuilles pendant une partie de
l’année indique que la productivité saisonnière est réduite (G. Viennois, 2011, p.5). La
phénologie des plantes ou l’apparition d’événements périodiques tels que la période de
croissance des feuilles (caractère sempervirent) ou la chute des feuilles (caractère
décidu) est déterminée par les variations saisonnières des précipitations du climat
tropical (situation des figures 30a et 30e). Cette observation corrobore celle de M.J.
Samba-Kimbata (2002, p.91) qui affirme que dans la majeure partie du Congo le climax
est indubitablement forestier, toute les formations végétales sont bioclimatiquement
fragiles en raison de la forte variabilité pluviométrique interannuelle.
204
Notre constat épouse celui de J. Lisingo wa Lisingo (2016, p.10) qui affirme que
la distribution actuelle des différentes formations forestières est fortement corrélée aux
précipitations (situation de la figure 30g), et surtout à la durée et la sévérité de la saison
sèche. Nous observons une chute de valeurs du NDVI pendant la saison sèche, en accord
avec A. Botta et al (2003, p.33-3) qui décrit un modèle d'écosystème où la photosynthèse
chute pendant la saison sèche à cause du stress hydrique dans la forêt tropicale humide.
Y. Malhi et al (1998, p. 31606) et Von Randow C.et al (2004, p. 21) ont montré qu’il
existe une saisonnalité de la photosynthèse dans le bassin amazonien, avec un pic de la
photosynthèse fortement corrélé avec le contenu en humidité du sol. Il résulte de ces
résultats que le NDVI diminue en même temps que la disponibilité en eau pour les
plantes et la sécheresse de l’air dans les zones à canopée moyennement dense ou
complètement ouverte. G. Viennois (2011, p.8) affirme que dans les forêts tropicales
humides d’Afrique centrale la variation mensuelle de l’indice de végétation ne serait pas
corrélée à l’indice de surface foliaire (LAI) mais au rayonnement photosyntétique actif
(PAR) à l’origine de la production de nouvelles feuilles. Cette constatation est aussi
nôtre. La variation de l'indice de végétation, observée au cours du temps a permis de
détecter les tendances de la saisonnalité de l'activité photosynthétique et de différencier
les types de végétation selon un comportement phénologique. La valeur moyenne du
NDVI est en effet liée à la structure de la canopée et à l’orientation des feuilles, alors
que sa variation saisonnière répond au cycle phénologique foliaire. Cette étude permet
donc de conclure comme V. Djoufack-Manetsa (2011, p.196-202) et M. André (2014,
p. 40) que la pluie reste la variable explicative la plus importante du NDVI en
comparaison des autres variables climatiques. Les périodes de début et de fin de saison
végétative n’est pas stable au fil des ans (André M. 2014, p.43). Elle peut varier
fortement, de telle sorte qu’une période d’augmentation ou de diminution de production
de la chlorophylle peut ne pas s’effectuer et ainsi supprimer une saison de végétative
(situation des figures 30e et 30g). Les observations du NDVI rendent compte de la
modification de la dynamique de la végétation.
205
II.2.2. Dynamique d’indice de brillance
Les valeurs de l’indice de brillance varient en fonction du rayonnement. Sa
diminution vient du fait que l’échauffement consécutif à l’absorption d’une partie du
rayonnement par la surface du couvert s’atténue d’autant plus rapidement au sein de la
formation que celle-ci est plus dense. Dans ce cas, il s’établit dans la journée, en forêt,
un gradient thermique décroissant vers le sol, inverse de celui s’établissant à l’air libre.
La nuit, au contraire, le couvert tend à réduire le refroidissement du sol et celui de l’air
au niveau des strates inférieures (A. Lacoste et R. Salanon, 2010, p.211).
III. Effets des activités anthropiques sur la structure spatiale des paysages
Les principaux déterminants de dégradation de la végétation sont majoritairement
d’origine anthropique, notamment les feux de brousse et de savane, l’agriculture, le
prélèvement des produits forestiers non ligneux, l’extraction du bois (coupe d’arbres et
207
d’arbustes) et la chasse. Faisons remarquer que les feux sont de très loin le premier
déterminant. Les feux de végétation jouent un rôle fondamental dans l'écologie des
savanes. Si, sans conteste, ils représentent une cause de destruction des milieux
forestiers tropicaux humides, la majorité des scientifiques admettent qu'ils ne détruisent
pas les savanes, mais qu'ils sont au contraire le principal facteur de leur maintien (Y.
Happi, 1998, p. 20 ; D. Eva Hugh, J.M. Grégoire, Ph. Mayaux, 2003, p.5). La
suppression totale des feux ou la pratique des feux précoces ferait ainsi évoluer les
savanes vers des milieux plus fermés et modifierait la physionomie et la composition de
la végétation ainsi que l’équilibre de l’écosystème dans son ensemble (D. Eva Hugh,
J.M. Grégoire, Ph. Mayaux, 2003, p.5 ; Y.C.H. Hountoundji, 2008, p. 92). L’évolution
progressive des strates de savanes herbeuse et arbustive (+319 ha/an) illustre
parfaitement cette affirmation.
D’une manière générale, ces activités anthropiques touchent la structure et la
composition floristique des végétaux. Elles sont impulsées par la croissance
démographique, l’arrivée des migrants, l’inefficacité des textes et politiques forestières,
le régime foncier et dans une moindre mesure les perturbations climatiques.
La nature et l’ampleur des effets anthropiques induisent une hétérogénéité
floristique dans les îlots forestiers. Le feu de végétation affecte toutes les composantes
de la biodiversité (les diversités alpha (α), bêta (β) et gamma (γ)), parfois de manière
irréversible (V. Kimpouni, P. Mbou, E. Apani et al., 2014, p.15). En effet, pendant la
période où la saison sèche est très prononcée, le feu a un caractère violent sur la flore
suite à la calcination de la biomasse aérienne et de la litière. Les incendies presque
annuels peuvent induire des changements floristiques par l’apparition d’une flore
pyrophytique adaptée aux nouvelles conditions écologiques de l’habitat (V. Kimpouni,
P. Mbou, E. Apani et al., 2014, p.15).
Les feux de brousse constituent un élément clé de la dynamique des paysages de
savane des régions soudaniennes et sont considérés selon les zones écologiques
concernées, soit comme un fléau contre lequel il convient de lutter, soit comme un
véritable outil de gestion, dont l’utilisation raisonnée permet de maintenir ou
d’entretenir certains types de paysages et par conséquent certaines populations qui leur
sont inféodées. Des entretiens avec les agents forestiers et les populations ont permis de
208
constater que la réserve de la Léfini est en fait gérée par les feux précoces depuis au
moins une cinquantaine d’années. A ces feux précoces s’ajoutent, chaque année, des
feux tardifs «accidentels », si bien que certains endroits subissent des feux violents. Mais
les avis des populations sont divergents sur les effets des feux. Certains répondent que
depuis les années 2000 la végétation devient de plus en plus clairsemée, d’autres
estiment que l’évolution de la végétation est normale car la densification des herbacés
la prouve.
Les feux ont endommagé un grand nombre d’arbres voués à une destruction
progressive. Les arbres brûlés représentent près de 48% (p. 128, tableau 7) de l’ensemble
des arbres morts inventoriés pendant notre prospection botanique. Ils sont les plus
touchés au processus de pourrissement et ensuite à l’attaque de peste végétale et de
maladies. Le brûlage des forêts signifie, évidemment, la perte de ressources naturelles.
Il réduit la densité des formations végétales. En plus, l’incendie de forêt détruit, aussi,
les sols par la disparition de l’humus et des matières organiques ainsi que par
l’exposition de ces sols au soleil, au vent, et à la pluie. Les sols brûlés sont plus érosifs
et plus vulnérables au lessivage et au dessèchement, comme le témoigne la photo 11
(p.175).
En agriculture le feu représente un outil de défrichement qui assez souvent n’est
pas toujours bien contrôlé, et bien souvent pour un petit champ défriché ce sont des
dizaines d'hectares qui partent en fumée. Ces feux répétés épuisent les couches arables
des sols essentiels à leur fertilité. Cette situation contraint les populations à rallonger la
durée de jachères à 2 voire 3 ans. Mais avec l'augmentation de la population installée
dans la zone, les défrichements deviennent importants, et la durée de la jachère se réduit.
Cette situation limite le potentiel de régénération de la végétation protectrice du sol.
Les coupes d’arbres isolés représentent environ 4% de l’effectif total des bois
morts. Il ne s’agit pas des arbres coupés pendant le défrichement mais ceux abattus de
façon isolés, les souches sont toujours visibles comme en témoigne la faible ampleur de
ce déterminant surtout dans les zones de plantation et les forêts secondaires.
Le prélèvement des PFNL estimés à 30% est relativement important et confirme
le recours remarquable des populations riveraines à la cueillette et au ramassage. Les
populations de plus en plus nombreuses se ruent d’avantage sur ces produits avec pour
209
corollaire l’accélération de la disparition progressive et la rarefaction de nombreux
PFNL. L’étendue et la fréquence du prélèvement des produits sont moyennement
importantes. Le prélèvement est saisonnier, il dépend de la phase de croissance et de
maturité des produits (asperge, cola) de leur apparition (champignon, chenille) mais
aussi annuel (feuilles de manioc, koko, liane, raphia et rotin). Comme l’évolution de la
population, sa situation géographique est un obstacle à la sécurisation de cette
biodiversité végétale et animale. En effet, les routes d’accès autour et dans cette réserve
sont multiples et facilitent la pénétration et la circulation des populations. Cette
dynamique régressive couplée à la rareté et la disparition évidente des PFNL est
également constaté par F.G. Kimbatsa (2015, p.57). Il évoque une surexploitation des
PFNL dans la réserve de la biosphère de Dimonika qui présente de nombreuses
répercussions écologiques, parmi lesquelles la réduction de 30% des plantes, la
diminution de 30% des espèces animales et la disparition de 15% des végétaux
comestibles.
Ces résultats corroborent ceux présentés par U.I.C.N. / P.A.C.O. (2012, p. 27).
Les activités de commercialisation du bois et des PFNL tels que les champignons, les
plantes médicinales, n’ont pas la même intensité et sont plus importantes dans et en
périphérie des aires protégées situées à proximité des grandes agglomérations. Il s’agit
par exemple des aires protégées comme Léfini, Lésio-Louna, Dimonika, Tchimpounga
et Conkouati-Douli.
Au regard de ce constat qui vient d’être dressé, il est légitime d’affirmer que les
actions combinées des principaux déterminants ont malheureusement des impacts
négatifs visibles et réels sur la structure spatiale des paysages. La dernière et troisième
hypothèse est donc vérifiée. Celle-ci stipule que « le développement des activités
anthropiques dans la réserve entraîne un changement de la structure spatiale des
paysages forêts et savanes ».
210
la forêt, ont largement entamé le potentiel faunistique de cette réserve. Le potentiel
floristique ligneux est détruit par les feux. A ceci s’ajoute une pression de conversion
des terres par les riverains à des fins de production agricole.
Il en résulte que cette réserve est placée dans un contexte de disparition
progressive, aussi longtemps que les pouvoirs publics et les garants de sa protection
assisteront passivement. La pression induite par les activités humaines sur les différents
espaces contribue à modifier l’occupation du sol. Les formations végétales sont
soumises dès lors à des multiples formes de dégradation dues essentiellement à la nature
des sols et à l’action anthropozoogène croissante sur le milieu. Cette dégradation ne se
limite pas, seulement, aux milieux forestiers mais menace aussi la biodiversité des zones
non forestières.
Cependant, l’observation des dynamiques d’utilisations actuelles de la végétation
ne présage guère leur durabilité. En effet, la vitesse à laquelle l’environnement est altéré,
l’importance des dégradations et leurs conséquences sur la continuité de la répartition et
de l’abondance des espèces, des systèmes écologiques et de la variabilité génétique
constituent des menaces importantes pour un développement économique viable et
durable. Il est donc difficile, dans un tel contexte, d'envisager la conservation. Devant
les modifications anthropogéniques qui s’accélèrent et se propagent, la conservation de
la biodiversité est devenue une nécessité. Après cet état des lieux, il paraît essentiel que
les pouvoirs publics proposent un modèle de gestion qui puisse s’adapter aux nouvelles
exigences planétaires à savoir la gestion durable de la biodiversité.
Les nouvelles approches veulent que toute conservation intègre la prise en
considération des besoins des populations locales et l’utilisation concertée et maitrisée
des ressources par ces populations. Il est admis que rien ne peut se faire dans le domaine
de la préservation des ressources naturelles et dans l'exploitation durable de ces
ressources sans la participation, l’intégration et l’appui des populations locales. La
sensibilisation de la population et son information sur les répercussions négatives de la
perte de la biodiversité ne peuvent suffire pour la conservation de la biodiversité, si on
ne leur offre rien en échange et si on ne leur propose pas des projets alternatifs incitatifs
qui leur permettent de subvenir à leurs besoins. La faible implication des populations
riveraines conduit fréquemment au non-respect des règlements en vigueur, qui se traduit
211
par l’envahissement de cet espace. C’est au début des années 2000, suite aux nouveaux
troubles socio-politiques qu’a connus le pays et l’arrivée des populations étrangères
(Congolais de la DRC et des Rwandais) que ces envahissements ont pris de l’ampleur.
En dehors des restrictions prévues par différents textes juridiques (loi 37- 2008
du 28 novembre 2008), le législateur a pris des dispositions pour que toutes les
populations, de quelque contrée que ce soit, aient le droit d’usage sur les ressources
naturelles de leurs terroirs. Même dans les aires protégées, les populations riveraines
disposent de certains droits d’usage suivant les textes qui les créent. Cette disposition
trouve peinement son sens. Comme le législateur, nous admettons ici que la
conservation pour la conservation n’a pas de sens.
La loi en vigueur prévoit que chaque concession forestière soit dotée d’un plan
d’aménagement définissant les objectifs, les règles de gestion et les conditions
d’exercice de droits d’usage par les populations locales. Mais ce n’est malheureusement
pas le cas pour la réserve de la Léfini. C’est pourquoi, aussi longtemps que cette réserve
ne sera pas dotée d’un plan d’aménagement, les déterminants constatés demeureront et
même s’amplifieront.
Les conflits liés à la gestion et à l’utilisation des ressources naturelles sont
recurrents dans cette réserve. De nombreux propriétaires fonciers se déclarent
propriètaires et spolient les terres en échange d’argent. Il est d’observation courante
que même les populations étrangères principalement les rwandais déclarent être
propriètaires des lopins de terrains dans la réserve de la Léfini. Les gestionnaires
mentionnent l’existance de plusieurs cas de conflits fonciers toujours pas résolus par les
instances compétentes du district. Vraissemblablement, cette situation déplorable a un
effet négatif sur la conservation de la biodiversité. Les enquêtes ont effectivement révélé
les voix discordantes sur la question relevant de l’appartenance de cet espace aux
appétits clairement affichés. Depuis plus de 60 ans d’existence, l’Etat congolais,
propriétaire de cette aire protégée n’apporte pas toujours de façon définitive la solution
à ces conflits. Nous espérons que l’obtention d’un titre foncier serait à n’en point douter
un recours fiable pour le règlement définitif des contentieux relatifs aux fonciers. Les
litiges inter villageois sur les limites des terroirs des différents lignages sont assez rares.
212
Pour le cas échéant, les clans ou les familles engagés dans le conflit priorisent la
résolution à l’amiable.
Comme le titre foncier, l’absence d’un plan d’aménagement tenant compte des
besoins des populations riveraines est également l’une des causes majeures de
l’occupation de ces terres. Ce plan, document technique, est un instrument indispensable
de gestion des ressources naturelles. Il est difficile de convaincre les populations rurales
de l’importance de la protection des ressources naturelles tant que celles-ci éprouvent
des besoins vitaux (terres cultivables, du bois pour cuisiner et des plantes médicinales
pour se soigner). Dans un contexte de conservation optimale, l’absence de plan de ce
type compromet toute gestion à long terme.
La pénibilité du travail des écogardes fait partie également des facteurs limitants
la conservation de la biodiversité animale et végétale. En effet, le travail de surveillance
de la réserve de la Léfini est très difficile. Sur une surperficie de 271.000 ha, cette
réserve n’est patrouillée que par 5 écogardes. Il y a manifestement une insuffisance du
personnel. Le travail est encore plus difficile pendant la saison sèche avec la diminution
considérable en eau de certains cours d’eau pouvant leur permettre de se ravitailler. Il
est prévu au moins 10 km/jour dans la savane et 5 km/jour dans la forêt de marche avant
de camper la nuit. G. Wafo Tabopda ( 2008, p.184) constate que cette situation met en
évidence comme tant d’autres, la conséquence d’une politique de conservation qui est
plus subie que choisie, car, généralement dictée par la communauté internationale au
travers des recommandations contraignantes du droit international.
Conclusion
Les techniques et méthodés se sont révelées adaptées et efficaces. Elles sont facilement
transposables dans la région guinéo-congolaise et dans les zones soudaniennes,
soudano-guinéenne et guinéenne. Dans la grande majorité des cas étudiés et rapportés
dans le présent travail, les résultats obtenus corroborent les uns des autres suivant ces
différentes zones phytogéographiques.
213
Conclusion de la troisième partie
L’analyse de la flore révèle la présence de 105 espèces réparties en 87 genres et
39 familles. L’indice d’équitabilité indique que les espèces forestières sont plus
équitablement réparties que celles de la savane. La variation de cet indice est en rapport
avec le nombre d’espèces. La répartition des individues entre les espèces forestières est
plus homogène et équitablement réparties que celles de la savane. Selon l’indice de
Simpson, la répartition de la flore est importante dans la zone de savane que celle de
forêt. Le couvert végétal est dans une dynamique générale. Elle est témoignée par
l’évolution des superficies des différentes classes d’occupation du sol aucours des
périodes 2001-2018. La réserve de la Léfini a connu une forte diminution moyenne
annuelle de la forêt ombrophile à tendance mésophile estimée à 1,18% soit une
réduction de surface de 901 ha/an. A contrario, la forêt secondaire a enregistré un faible
taux d’évolution positif moyen annuel de (+0,03%) soit une augmentation de superficie
estimée à 5,94 ha/an. Le sol nu et l’affleurement rocheux sont une classe issue de la
conversion du couvert végétal. Son taux annuel d’évolution (+5,96%) est parfaitement
en phase avec la forte extension spatiale estimée à +743,12 ha/an. La dégradation, la
stabilisation et l’amélioration de la couverture végétale sont les trois classes issues de
cette détection des changements qui varient d’une classe d’occupation du sol à une autre
avec des grands écarts.
Concomitamment à cette détection de changement, nous avons également
entrepris une analyse phénologique basée sur la détermination des NDVI, à partir d’une
série des images Landsat de la période d’étude. Les valeurs de NDVI obtenues varient
entre (- 0,97) et (+0,7). Lorsque cette valeur se rapproche de 0,5 l’humidité passe par
un minimum et la température est maximale. Les sols couverts de forêt absorbent le
maximum d’énergie rendant possible le processus de photosynthèse. En fin de compte,
la productivité végétale est plus intense quand la valeur de NDVI est associée à la densité
la plus importante de la biomasse verte. Le NDVI intégré sur la saison de végétation
active indique une tendance à la hausse parce qu’il est lié à l’activité du couvert végétal.
Mais, les sols non forestiers et dénudés sont caractérisés par des valeurs faibles (< 0,3).
Dans ce cas, la productivité végétale est très faible, sinon nulle. L’inactivité du couvert
végétal est synonyme de stress hydrique. Comme les NDVI, les IB ont été également
214
obtenus à partir de la même série d’images. Les indices assez élevés (< 25%) pendant
les mois pluvieux et secs, sont en corrélation avec le type de sol et le rayonnement
solaire. Les variations mensuelles des IB sont donc conditionnées par les changements
d’état du couvert végétal dont la production dépend de la distribution des ressources
hydriques au cours de la saison des pluies.
Lorsqu’elles sont élevées, les températures entraînent un desséchement des
herbacés et de certaines jeunes plantes surtout pendant les épisodes secs. L’équilibre de
la composante végétation-sol est menacé. A côté de ces facteurs naturels, l’évolution
régressive du couvert végétal est aussi causée par le fait de l’exploitation de plus en plus
intense et anarchique des ressources végétales par l’homme. La perte annuelle et
interannuelle du couvert végétal a eu également des effets négatifs sur le sol et la
topographie.
215
Conclusion générale et perpectives
La caractérisation de la structure verticale de la végétation a montré la présence
de la strate herbacée, la strate arbustive et la strate arborée. Les deux premières
constituent la savane herbacée ouverte à faible strate arbustive. La dernière forme la
fôrêt ombromphile à tendance mésophile et devenant forêt secondaire quant elle est
perturbée par les activités humaines. Au total, une liste de 105 espèces végétales
regoupées en 87 genres et 39 familles recensées lors des prospections botaniques a
permis de contribuer à la connaissance de la florule de la réserve de la Léfini. Les
espèces les plus représentées, par ordre décroisant, sont Plagiostyles africana
(Müll.Arg.) Prain (Essoula), Margaritaria discoidea (Baill.) Webster (Ebebeng), Musanga
cecropioides R.Br. (Parasolier), Pentaclethra eetveldeana De Wild. & T.Durand
(Engona), Hymenocardia acida Tul. (Musia). L’abondance relative la plus
représentative de toutes les familles est occupée par les Euphorbiaceae, les Annonaceae,
les Fabaceae-Mimosoideae, les Olacaceae. La répartition en famille atteste
effectivement que la réserve de la Léfini se situe, à l’échelle de cette région, dans la zone
de contact forêt savane. Finalement, comme pour toutes les forêts humides mésophiles
étudiées, le déterminisme de la formation de cette réserve est édaphique et non
climatique.
La diversité biologique a été déterminée à partir de ces données d’inventaire. Le
peuplement des ligneux est diversifié et la richesse spécifique est importante du fait que
les indices de diversité de Shannon (H') se rapprochent des diversités maximales
(H’max). Les valeurs d'indice de Shannon montrent une grande diversité biologique de
la formation végétale avec 3,86 bit en placeaux de forêt et 0,17 bit en placeaux de
savane. Ces valeurs suggèrent une prédominance d’un petit nombre d’espèces par
rapport aux autres. Cela peut être lié au fait que certaines espèces évoluent en
peuplement et non en individus isolés. La valeur d’indice d’équitabilité (J) est plus
grande en forêt (0,84) et très faible en savane (0,15), ce qui signifie que la répartition
des individus entre les espèces forestières est plus homogène. Ces espèces sont plus
équitablement réparties que celles de la savane marquées par la dominance d’une seule
espèce, Hymenocardia acida Tul. (Musia). Par contre, la valeur de l’indice de diversité
de Simpson (S) indique que la répartition de la flore est plus élevée en savane (0.93)
216
qu’en forêt où elle est presque nulle (0.03). Par conséquent, cette diversité est d’une part
maximale en forêt et, d’autre part, minimale en savane.
La structure horizontale de la végétation a été analysée à partir de la distrubution
des individus entre les classes de diamètre. Cette distribution montre un très grand
nombre des petits individus entre 10 et 40 cm (79% du total des ligneux). Les individus
appartemant à la classe intermédiaire (40-70 cm) occupent 16,2%. L’écart entre ces
classes traduit le dynamisme de la régénération (très petit diamètre inférieur à 10 cm)
observable par le passage au petit diamètre. La modification des conditions écologiques
induite par les trouées consécutives a favorisé la croissance d'un grand nombre
d'individus de petit diamètre. Les individus de gros et des très gros diamètres, au-delà
de 70 cm, représentent 4,6%. La diminution du nombre d’individus en fonction de
l’accroissement du diamètre est observée sur l’ensemble des classes. Il n'existe pas de
corrélation nette entre ces classes de diamètres et les densités relatives. Il n'en existe pas
non plus entre les densités relatives et les dominances relatives. La surface terrière est
généralement proportionnelle au nombre d'individus et surtout à la taille des individus
présents. C’est pourquoi, la surface terrière est plus importante dans la classe de gros et
très gros diamètres que dans celle des petits diamètres.
Les relevés phytosociologiques des espèces a permis d’identifier des
groupements végétaux. Il s’agit des groupements de forêt à Anisophylea purpurascens
Hutch. & Dalz., forêt à Milletia laurentii De Wild., forêt à Margaritaria discoidea (Baill.)
Webster, forêt à Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prainet forêt à Pentaclethra
eetveldeana De Wild. & T. Durand. La forêt secondaire à Musanga cecropioides R.Br.
occupe les terres d’exploitation forestière artisanale, les châblis, les champs après
culture.
Le suivi du couvert végétal entre 2001 et 2018 a révélé que les formations
végétales ont connu de profondes modifications physionomiques et floristiques. La
cartographie dynamique de l’occupation du sol à partir des images Landsat a montré que
les formations ligneuses notamment les forêts ombrophiles à tendance mésophile ont
connu une diminution de leur superficie au profit des autres classes comme des forêts
secondaires. La savane herbeuse à faible strate arbustive présente un taux annuel moyen
positif. Le sol nu et l’affleurement rocheux, avec un taux annuel positif, sont une classe
217
issue de la conversion du couvert végétal. La détection des changements qui varient
d’une classe d’occupation du sol à une autre induit une modification et/ou une
conversion des terres vue sous l’angle de dégradation, de stabilisation et de
l’amélioration de la couverture végétale. La dégradation du couvert végétal est estimée
à 4,5%. Cette perte touche surtout les formations ligneuses forestières. Le taux
d’amélioration de ce couvert est d’environ 23,8%. Cette tendance à la hausse est plus
marquée par la régénérescence plus ou moins rapide de la savane herbeuse ouverte à
faible strate arbustive après le passage des feux. A contrario, 71,7% de la superficie de
la réserve est restée stable au cours de la période étudiée.
La productivité végétale a été appréciée sur l’ensemble des ces classes
d’occupation du sol. Elle est plus intense quand la valeur de NDVI est associée à la
densité la plus importante de la biomasse verte. Dans ce cas, le NDVI intégré sur la
saison de végétation active indique une tendance à la hausse parce qu’il est lié à l’activité
du couvert végétal. La saison pluvieuse sert de catalyseur. L’inverse se produit en fin de
cycle végétatif marquée par une très faible productivité végétale où les conditions
climatiques défavorisent le rythme continu de la croissance végétative. La dynamique
de la productivité végétale n’est pas toujours en phase avec le rythme saisonnier. De
même, au regard des valeurs des différents IB, aucune corrélation ne peut être établie
parmi l’ensemble les images satellitaires disponibles. Ces IB sont élevés quelque soit la
saison.
En augmentant le besoin des populations en terres agricoles et en produits issus
de la forêt, la croissance démographique et l’arrivée des migrants sont de très loin
responsables de la dégradation de la végétation. Les activités illégales menées par les
populations riveraines sont du fait de la méconnaissance des textes et politiques
forestières d’une part, et le régime foncier d’autre part. Par ailleurs, le plus important
déterminant direct amenuisant le couvert végétal est constitué par les feux de brousse et
de savane dont la pratique devient de plus en plus inquiétante. Par la technique de « sur
brûlis » l’agriculture est responsable de la conversion des terres. Les effets conjugués
de l’agriculture, des coupes des arbres et arbustes et la chasse sont de plus en plus
dévastateurs de la végétation. Aucune activité alternative ne s’offre à cette population.
Finalement, la perte annuelle et interannuelle du couvert végétal a eu malheureusement
218
des effets négatifs sur le sol et la topographie. Elle a provoqué la stérilisation des sols
par appauvrissement de la couche arable et l’exposition des sols face au ruissellement
des eaux. Etroitement liée à l’activité humaine, la conversion des terres constitue une
entrave majeure au développement durable de cet espace.
En définitive, il convient de retenir que le couvert végétal de la réserve de la
Léfini constitue à la fois une zone de la protection de la biodiversité et de la stabilisation
de l’environnemnt physique et une source de ravitaillement en produits de forêt. Mais
son exploitation artisanale incontrôlée a affecté l’environnement local et le mode de vie
des populations. La répercussion des effets est très perceptible sur la biodiversité
animale et végétale avec pour corollaire la raréfaction de nombreuses espèces.
La présente étude, loin d’être exhaustive a plutôt réalisé un bilan analytique du
couvert végétal sous l’emprise d’une forte pression anthropique. Elle a permis de
montrer les limites de la politique de la conservation et de protection de la végétation et
du cadre général de l’aménagement forestier. Cette étude peut être poursuivie suivant
plusieurs axes de recherche.
Le premier axe est relatif à la gestion des risques naturels majeurs. En effet, la
mise en place d’une méthode avérée de détection des feux de brousse et de savane
considérés comme le principal déterminant de dégradation pourra être envisagée.
L’objectif de cette détection est de mettre sur pied un plan de gestion des feux afin de
mieux canaliser les actions des populations. Ceci permettrait de protéger les ligneux qui
subissent plus de conséquences dévastatrices que les herbacées.
Le deuxième axe concerne les problèmes environnementaux qui résultent de la
dégradation voire de la disparition du couvert végétal étroitement liée à l’activité
anthropique. Cette perte de végétation expose directement les sols dénudés aux
conditions climatiques parfois extrêmes, ce qui constitue une entrave majeure au cycle
végétatif. L’étude des sols dans leur rapport avec la végétation peut être initiée. Portant
sur la qualité des sols sous couverts et de sols dénudés, cette étude se veut comparative.
L’accent sera mis sur l’analyse granulométrique, le pont de flétrissement, l’humidité du
sol et la capacité de rétention de ces deux types de sol.
219
Le troisième axe porte sur la gestion du patrimoine forestier. Cette gestion n’est
efficace que si le plan d’aménagement est élaboré et exécuté. Le plan sera donc
indispensable pour une meilleure gestion des formations végétales de la réserve de faune
de la Léfini. La base de données montée pendant la réalisation de cette étude constitue
une information non négligeable au processus d’aménagement et de durabilité de ce
patrimoine forestier.
Le quatrième axe concerne le développement durable de la biodiversité forêt-
savane. Il n’est plus à démontrer que la géographie physique, en générale, et la
biogéographie, en particulier, est une discipline au cœur de la problématique de la
biodiversité. L’approche géographique, centrée sur l’étude de la diversité spatiale,
permet de renouveler cette problématique en intégrant tous les enjeux qui la contrôlent.
Il est question d’entreprendre une modélisation prédictive des changements temporels
de la végétation de la réserve de la Léfini. Cette approche devra intégrer, en sus de
l’occupation du sol, des paramètres comme les effectifs des populations riveraines, les
déterminants directs de dégradation, la fiabilité des matériaux du sol et les données
pluviométriques en particulier. Une telle étude aura aussi pour avantage la
compréhension des processus écologiques (phénologie florale, rythme d’activité du
pollisateur, croissance diamétrique des ligneux et apparition des graminacées et
herbacées). Le dévéloppement de la biodiversité ne peut être durable que lorque les
exigences de la conservation du patrimoine forestier et de la diversité biologique sont
prises en compte.
Le cinquième axe est relatif à des paysages géographiques et des sentiments
d’appartenance des lieux. La réserve de la Léfini est un espace composé de nombreux
paysages pittoresques et des forêts sacrées. Ces paysages vallonnés des Plateaux Tékés
forment une alternance de plateaux relativement plats bordés de falaises imposantes et
de collines entaillées profondément par un réseau très dense et encaissé de vallées à
écoulement parfois intermittent. Les rivières des basses collines sont permanentes. La
grande majorité du réseau hydrographique alimente le fleuve Congo. Parmi les affluents
de cet immense fleuve, la Léfini, qui a donné son nom à la réserve de faune qu’elle
traverse d’Ouest en Est. Un tapis végétal couvre, par endroit, les surfaces des plateaux
et des collines. L'étude des paysages physique devra être réalisée en prenant en compte
220
l'échelle spatio-temporelle, la physionomie et la dynamique des paysages. Les paysages
sont classés par type en fonction de leur mobilité par rapport au climax général
(évolution progressive, régressive, stabilité). Cette méthode se complète par une
cartographie systématique des paysages au niveau des géosystèmes et des géofaciès qui
débouche sur les problèmes d'aménagement de l'espace.
Enfin, le sixième axe de recherche se rapporte à l’écotourisme et la gestion des
ressources naturelles. La réserve de la Léfini constitue un site particulièrement pertinent
pour le développement de l’écotourisme. Ses atouts consistent en la diversité et la beauté
de ses paysages, ses rivières et nombreux lacs plus plaisants les uns que les autres, sa
grande faune mammalienne, son avifaune abondante et diversifiée sont particulièrement
attractifs. La valorisation touristique de cette réserve n’est possible que quand le plan
d’aménagement sera rédigé, validé par l’administration forestière et appliquée par les
gestionnaires de la réserve. Le développement local en dépend.
221
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Webographie
Site : WWW.acouweather.com
236
Liste des figures
Figure 1 : Parcelle de comptage des ligneux………………………………………….41
Figure 2 : Dispositif des placeaux d’inventaire et d’observation des strates…………42
Figure 3 : Découpage forestier du Congo…………..……………….………………..80
Figure 4 : Etat d’aménagement des forêts de production du Congo………………….81
Figure 5: Aires protégées du Congo…………………………………………………..82
Figure 6 : Situation géographique…………………….………………………………88
Figure 7 : Localisation de la réserve de la Léfini……………………………………..90
Figure 8 : Grandes unités géomorphologiques………………………………………..92
Figure 9 : Variation altitudinale………………………………………………………94
Figure 10 : Types des sols…………………………………………………………….97
Figure 11 : Isothermes moyennes annuelles…………………………………………..99
Figure 12 : Isohyètes moyenne annuelle…………………………………………… 101
Figure 13 : Région phytogéographique guinéo-congolaise………………………….114
Figure 14 : Territoire phytogéographique de la réserve de la Léfini………………...117
Figure 15 : Population autour et dans la réserve de la Léfini………………………..124
Figure 16 : Axe Inoni plateau-Mbouanbé Léfini…………………………………….125
Figure 17 : Axe Mbouanbé Léfini-Ngo……………………………………………...126
Figure 18: Axes Ngo-Assan rt Nko-Impé-Eko………………………………………127
Figure 19 : Profil structural de la végétation Adzi-Impé…………………………….133
Figure 20 : Profil structural de la végétation Mpoh-Ekono……………………….....133
Figure 21 : Profil structural de la végétation Mpoh-gite de la réserve………………134
Figure 22 : Profil structural de la végétation Impé- rivière Léfini…………………..135
Figure 23 : Abondance relative des espèces par famille…………………………….143
Figure 24 : Courbe d’abondance relative des individus par genre…………………..143
Figure 25 : Struture en diamètre des arbres………………………………………….152
Figure 26 : Occupation du sol en 2001……………………………………………....158
Figure 27 : Occupation du sol en 2011……………………………………………....158
Figure 28 : Occupation du sol en 2018…………………………………………..…..158
Figure 29 : Dynamique de changement entre 2001 et 2018…………………………161
Figure 30 : NDVI mensuel………………………………………………………..…167
237
Figure 31 : Occupation du sol et NDVI en 2018…………………………………….169
Figure 32 : Durée de vie des populations….…………………………………….......176
Figure 33 : Catégorie socioprofesssionnnelle des enquêtés...………………………177
Figure 34 : Importance des déterminants indirects de la dégradation du couvert
végétal……………………………………………………………………………….179
Figure 35 : Importance des déterminants directs de la dégradation du couvert
végétal……………………………………………………………………………….180
238
Liste des planches et photos
Planche 1 : Opérations d’inventaire des ligneux………………………… . …………43
Photo 1: Ouverture de layon de comptage……………………....................................43
Photo 2: Mesure de circonférence des ligneux………………………………………..43
Planche 2 : Savane herbeuse dans la réserve de la Léfini…………………………...148
Photo 3: Tapis végétal sur l’axe Mbouambé Léfini-Etsouali……………………......148
Photo 4: Savane herbacée dans la réserve de la Léfini………………………………148
Planche 3 : Savane arbustive dans la reserve de la Léfini…………………………...149
Photo 5: Savane à Hyménocardia acidaTul et Loudetia simplex (Nees) C.E. Hubb..149
Photo 6 : Savane à Annona arenaria Shumach et Thonn …………………………...149
Planche 4 : Formations ligneuses.…………………………………………………...149
Photo 7: Zone de contact forêt-savane sur l’axe Ngo-Nsah…………………………149
Photo 8 : Forêt secondaire dans la réserve de la Léfini……………………………...149
Photo 9: Recrû forestier après le passage du feu dans la réserve de la Léfini..……...151
Planche 5 : Impact de l’activité antropique sur le couvert végétal…………………..187
Photo 10: Feu de végétation dans la réserve de chasse de la Léfini…………………187
Photo 11: Erosion des sols le long de la rive gauche de la rivière Léfini……………187
Liste des annexes
Annexe 1 : Fiche de collecte des données d’inventaire des ligneux..…………….....240
Annexe 2 : Fiche d’observation de terrain………………………………………......241
Annexe 3 : Questionnaire d’enquête………………………………………………..242
Annexe 4 : Guide d’entretien………………………………………………………..245
Annexe 5 : Coordonnées géographiques des placeaux………………………………247
Annexe 6 : Localisation des forêts sacrées…………………………………………..249
Annexe 7 : Nombre de ménage par village………………………………………….250
Annexe 8 : Liste des familles inventoriées…………………………………………..251
Annexe 9 : Nombre d’individus par genre…………………………………………..252
Annexe 10 : Liste des espèces rencontrées…………………………………………..255
Annexe 11 : Densité des espèces…………………………………………………….260
Annexe 12 : Relation surface terrière-dominance relative par classe de diamètre…..265
Annexe 13 : Histogramme des indices de brillance…………………………………266
239
ANNEXES
Placette N° page…….
Arbre Espèce Dhp hauteur Qualité Condition Causes
N° (cm) tige dommages
Nom pilote ou local Nom scientifique
Note :
240
Annexe 2 : Fiche d’observation de terrain
1. Coordonnées du point d’observation
N° du point Coordonnée géographique
Longitude
Latitude
2. Topographie
Sommet Plateau Plaine Vallée
Altitude (m)
Orientation
241
Annexe 3. Questionnaire adressé aux populations locales implantées dans et autour
de la réserve de chasse de la Léfini
Thème : Perception des populations riveraines de la régression du couvert végétal de la
réserve de la Léfini.
242
Section 3: Déterminants amenuisant le couvert végétal
11. Quel est le mode d’accès aux 14. Quels sont les déterminants directs
ressources forestières dans la réserve de la qui contribuent à la dégradation de la
Léfini? végétation ?
Autorisation de l’administration Chasse
forestière Agriculture
Autorisé par les autorités locales Pêche
Autorisation des propriétaires terriens Elevage
Libre sur toutes les terres Prélevement des PFNL
Autres à préciser Carbinisation
12. Pratiquez-vous une ou des activité(s) Coupe d’arbre
dans la réserve ? Feux
Oui Autres à préciser
Non
13. Si oui la ou les quelle(s) ? 15. Quels sont les déterminants indirects
Chasse qui contribuent à la dégradation de la
Agriculture végétation ?
Pêche Croissance démographique
Elevage Arrivée des migrants agricoles
Exploitation forestière artisanale Régime foncier
Carbonisation Textes et politique forestière
Autres à préciser Autres à préciser
243
<5 km 5-10 km 10-15 km
>15km
22. Quelle est la durée de la 29. Quels sont principaux produits cultivez
jachère ? vous ?……………………………………………
4.2. Prélèvement des produits forestiers non ligneux et des coupes d’arbres
30. Quels produits forestiers non 36. Pratiquez-vous des coupes à blanc ?
ligneux (PFNL) prélevez-vous ? Oui Non
31. Quel usage faites-vous de ces 37. Si oui, quelles espèces abattez-vous ?
produits? Bois d’œuvre Autre à préciser
244
Annexe 4. Guide d’entretien pour le gestionnaire et les écogardes de la réserve de
la Léfini
Thème : Perception du personnel de la réserve de la Léfini de la régression du couvert
végétal et des enjeux de gestion durable
245
Coupe d’arbre
Feux
Autres à préciser
3. A combien estimez-vous la superficie du champ?
<0.5 ha 0.5-1 ha 1-1.5 ha > 1.5 ha
4. Où de préférence pratiquez-vous l’agriculture ?
En savane En forêt
5. Pratiquez-vous des coupes à blanc ?
Oui Non
6. Si oui, quelles espèces abattez-vous ?
Bois d’œuvre Autre à préciser
7. Quelles techniques d’abattage utilisez-vous?
Abattage à la scie
Abattage à la tronçonneuse
Abattage à la hache
Autres techniques à préciser
8. Quels sont les impacts environnementaux de la dégradation des formations végétales?
246
Annexe 5. Coordonnées géographiques des placeaux
N° Longitude Latitude
Placette (X) (Y) Strate Observation
1 0541250 9738458 FOTM Inventaire personnel
2 0539014 9735179 FOTM Inventaire personnel
3 0553621 9722920 FOTM Inventaire personnel
4 0555738 9734222 FOTM Inventaire personnel
5 0562597 9733095 FOTM Inventaire personnel
6 0562847 9732745 FOTM Inventaire personnel
7 0562396 9732870 FOTM Inventaire personnel
8 0562173 9732871 FOTM Inventaire personnel
9 0555812 9668644 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
10 0556312 9669144 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
11 0555586 9723663 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
12 0555836 9723913 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
13 0555836 9724413 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
14 0556336 9724413 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
15 0556336 9723913 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
16 0556086 9724163 FOTM Inventaire réalisé par le CNIAF
17 0566653 9723970 FOTM Inventaire personnel
18 0571062 9728863 FOTM Inventaire personnel
19 0576016 9723895 FOTM Inventaire personnel
20 0559020 9732564 FOTM Inventaire personnel
21 0554536 9733086 Forêt secondaire Inventaire personnel
22 0554499 9732352 Forêt secondaire Inventaire personnel
23 0553850 9731309 Forêt secondaire Inventaire personnel
24 0553775 9730956 Forêt secondaire Inventaire personnel
25 0553167 9731849 Forêt secondaire Inventaire personnel
26 0562532 9733307 Forêt secondaire Inventaire personnel
27 0558839 9684162 Forêt secondaire Inventaire personnel
28 0543821 9667946 Forêt secondaire Inventaire personnel
29 0570021 9668548 Forêt secondaire Inventaire personnel
30 0541066 9712330 Forêt secondaire Inventaire personnel
31 0536042 9728895 Forêt secondaire Inventaire personnel
32 0551062 9718885 Forêt secondaire Inventaire personnel
33 0551024 9713895 Forêt secondaire Inventaire personnel
34 0541062 9713912 Forêt secondaire Inventaire personnel
35 0541062 9708970 Forêt secondaire Inventaire personnel
36 0551088 9703895 Forêt secondaire Inventaire personnel
37 0546062 9693861 Forêt secondaire Inventaire personnel
38 0556062 9688983 Forêt secondaire Inventaire personnel
39 0577292 9726377 Forêt secondaire Inventaire personnel
40 0533199 9728930 Forêt secondaire Inventaire personnel
41 0553671 9723746 SHFSA Inventaire personnel
247
42 0527787 9696037 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
43 0528037 9696287 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
44 0528037 9696787 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
45 0528537 9696787 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
46 0528537 9696287 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
47 0528287 9696537 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
48 0555825 9696278 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
49 0555825 9696778 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
50 0556325 9696778 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
51 0556325 9696278 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
52 0556075 9696528 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
53 0528031 9668654 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
54 0528031 9669154 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
55 0528531 9669154 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
56 0528531 9668654 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
57 0528281 9668904 SHFSA Inventaire réalisé par le CNIAF
58 0542933 9684193 SHFSA Inventaire personnel
59 0541948 9724200 SHFSA Inventaire personnel
60 0555536 9712644 SHFSA Inventaire personnel
61 0556062 9718821 SHFSA Inventaire personnel
62 0556092 9683895 SHFSA Inventaire personnel
63 0551062 9678974 SHFSA Inventaire personnel
64 0556062 9678911 SHFSA Inventaire personnel
65 0556062 9674064 SHFSA Inventaire personnel
66 0569192 9727065 SHFSA Inventaire personnel
67 0559083 9706988 SHFSA Inventaire personnel
68 0554138 9707920 SHFSA Inventaire personnel
69 0545715 9704070 SHFSA Inventaire personnel
70 0535505 9703446 SHFSA Inventaire personnel
71 0532515 9699210 SHFSA Inventaire personnel
72 0568406 9713575 SHFSA Inventaire personnel
73 0561195 9712800 SHFSA Inventaire personnel
74 0569603 9672973 SHFSA Inventaire personnel
75 0550373 9729702 SHFSA Inventaire personnel
76 0552308 9735032 SNAR Inventaire personnel
77 0547473 9736975 SNAR Inventaire personnel
78 0545805 9734100 SNAR Inventaire personnel
79 0575675 9720096 SNAR Inventaire personnel
80 0571275 9717090 SNAR Inventaire personnel
81 0570631 9714016 SNAR Inventaire personnel
82 0580140 9723799 SNAR Inventaire personnel
83 0555736 9701121 SNAR Inventaire personnel
84 0548104 9695507 SNAR Inventaire personnel
85 0552300 9695915 SNAR Inventaire personnel
86 0551613 9712192 SNAR Inventaire personnel
248
87 0547550 9708917 SNAR Inventaire personnel
88 0534469 9701756 SNAR Inventaire personnel
89 0565326 9708485 SNAR Inventaire personnel
90 0552465 9673230 SNAR Inventaire personnel
91 0548760 9677145 SNAR Inventaire personnel
92 0532260 9694877 SNAR Inventaire personnel
93 0558929 9687366 SNAR Inventaire personnel
94 0535476 9690586 SNAR Inventaire personnel
95 0570988 9722803 SNAR Inventaire personnel
96 0560550 9718337 SNAR Inventaire personnel
97 0544712 9729070 SNAR Inventaire personnel
98 0555195 9726510 SNAR Inventaire personnel
99 0542071 9706904 SNAR Inventaire personnel
100 0565520 9730140 SNAR Inventaire personnel
249
Annexe 7 : Nombre de ménage par village
N° 2015 2017
Année Habitant Nombre de Habitant Nombre de
ménages ménages
District de Ngo
1 Ngo 7654 1403 7654 1403
2 Abbi 222 48 215 74
3 Abili Central 175 33 159 29
4 Akoui 212 40 215 45
5 Andzoungou 232 44 260 55
6 Ebou 216 51 216 45
7 Edzouala 98 28 98 30
8 Ekono 182 37 182 43
9 Essoua 382 106 398 110
10 Etsouali 1222 169 976 130
11 Impan 313 67 312 75
12 Impé 376 87 303 73
13 Mbeokala 154 30 154 29
14 Mpé 147 57 218 63
15 Mpoh 177 59 217 24
16 Ngo 2 333 92 418 102
17 Nsah 572 109 576 122
18 Okah 256 60 326 76
19 Okiené 221 39 271 75
20 Olono 369 77 308 51
21 Ontchouo 160 57 160 29
Total 13 673 2693 13 636 2683
District de Ngabé
22 Inoni Plateau 450
250
Annexe 8: Liste des familles inventoriéés
N° Code Nombre d'espèce Abondance
famille Famille par famille relative (%)
1 Ach Achariaceae 2 1,90
2 Ana Anacardiaceae 1 0,95
3 Ani Anisophylleaceae 1 0,95
4 Ann Annonaceae 7 6,67
5 Apo Apocynaceae 4 3,81
6 Asp Asparagaceae 1 0,95
7 Ast Asteraceae 1 0,95
8 Big Bignoniaceae 2 1,90
9 Bur Burseraceae 2 1,90
10 Can Cannabaceae 1 0,95
11 Chry Chrysobalanaceae 1 0,95
12 Clu Clusiaceae 4 3,81
13 Ebe Ebenaceae 1 0,95
14 Eup Euphorbiaceae 9 8,57
15 Fa-Cae Fabaceae-Caesalpinioideae 5 4,76
16 Fa-Min Fabaceae-Mimosoideae 7 6,67
17 Fa-Pap Fabaceae-Papilionoideae 3 2,86
18 Gen Gentianaceae 2 1,90
19 Irv Irvingiaceae 1 0,95
20 Lau Lauraceae 1 0,95
21 La-Vit Lamiaceae-Viticoideae 2 1,90
22 Lec Lecythidaceae 1 0,95
23 Mal-Bom Malvaceae-Bombacoideae 1 0,95
24 Mal-Ste Malvaceae-Sterculioideae 3 2,86
25 Mal-Til Malvaceae-Tilioideae 3 2,86
26 Meli Meliaceae 5 4,76
27 Mor Moraceae 3 2,86
28 Myri Myristicaceae 4 3,81
29 Myrt Myrtaceae 1 0,95
30 Och Ochnaceae 1 0,95
31 Ola Olacaceae 7 6,67
32 Pas Passifloraceae 1 0,95
33 Phyl Phyllanthaceae 6 5,71
34 Rha Rhamnaceae 1 0,95
35 Rub Rubiaceae 3 2,86
36 Rus Ruscaceae 1 0,95
37 Sali Salicaceae 1 0,95
38 Sapi Sapindaceae 2 1,90
39 Urt Urticaceae 3 2,86
251
Annexe 9 : Nombre d’individus par genre
N° Genre Nombre d'individus Abondance relative (%)
1 Albizia 8 0,48
2 Allanblackia 1 0,06
3 Alstonia 4 0,24
4 Amphimas 1 0,06
5 Anisophylea 48 2,88
6 Annona 1 0,06
7 Anoniduim 34 2,04
8 Antaris 12 0,72
9 Anthocleista 1 0,06
10 Bartenia 18 1,08
11 Beilschmiedia 64 3,85
12 Bikinia 5 0,30
13 Bligia 20 1,20
14 Bridelia 1 0,06
15 Canarium 1 0,06
16 Carapa 3 0,18
17 Cathormien 18 1,08
18 Ceiba 2 0,12
19 Celtis 12 0,72
20 Cleistopholis 7 0,42
21 Coelocaryon 12 0,72
22 Cola 2 0,12
23 Dacryodes 5 0,30
24 Dialium 64 3,85
25 Diogoa 2 0,12
26 Diospyros 2 0,12
27 Dracaena 4 0,24
28 Duboscia 3 0,18
252
29 Duguetia 3 0,18
30 Engomengoma 1 0,06
31 Entandrophragma 12 0,72
32 Eriocoelum 33 1,98
33 Funtumia 5 0,30
34 Garcinia 15 0,90
35 Glyphaea 3 0,18
36 Greuvia 59 3,55
37 Guarea 12 0,72
38 Hallea 2 0,12
39 Harungana 1 0,06
40 Heisteria 2 0,12
41 Homalium 7 0,42
42 Hylodendron 3 0,18
43 Hymenocardia 88 5,29
44 Irvingia 2 0,12
45 Lophira 2 0,12
46 Macaranga 70 4,21
47 Maesobotrya 1 0,06
48 Maesopsis 3 0,18
49 Maprounea 5 0,30
50 Margaritaria 98 5,89
51 Markhamia 34 2,04
52 Milletia 56 3,37
53 Musanga 86 5,17
54 Myrianthus 5 0,30
55 Oncoba 30 1,80
56 Ongokea 15 0,90
57 Pachyelasma 16 0,96
58 Parinari 35 2,10
253
59 Pentaclethra 91 5,47
60 Petersianthus 60 3,61
61 Piptadeniastrum 46 2,76
62 Plagiostyles 100 6,01
63 Psychotria 1 0,06
64 Psydrax 6 0,36
65 Pterygota 10 0,60
66 Pycnanthus 45 2,70
67 Ricinodendron heudelotii 10 0,60
68 Santiria 9 0,54
69 Spathodia 7 0,42
70 Staudtia 70 4,21
71 Sterculia 2 0,12
72 Strombosia 6 0,36
73 Strombosiopsis 6 0,36
74 Strychnos 14 0,84
75 Symphonia 18 1,08
76 Syzygium 1 0,06
77 Tabernaemontana 2 0,12
78 Tetrapleura 5 0,30
79 Tetrorchidium 5 0,30
80 Treculia 1 0,06
81 Trichilia 10 0,60
82 Trilepisium 1 0,06
83 Uapaca 10 0,60
84 Vernonia 1 0,06
85 Vitex 4 0,24
86 Xanthoxylum 1 0,06
87 Xylophia 63 3,79
Total 1664 100,00
254
Annexe 10: Liste des espèces rencontées
Espèce Nombre
Code Famille
Nom pilote Nom scientifiue d'individus
Essioko Caloncoba Welwitschii Oliv. 27
Ach Achariaceae Oncoba Oncoba glauca (P.Beauv.) Planch. 3
Ana Anacardiaceae Aiélé Canarium schweinfurthiiEngl. 1
255
Dacryodes pubescens (Vermoesen)
Bur Burseraceae Safoukala H.J.Lam 5
Harungana madagascariensisLam.
Mpessu ex Poir. 1
Clu Clusiaceae Nsangomo Allanblackia floribunda Oliv. 1
Garcinia Garcinia sp 15
Tetrorchidium didymostemon
Niola (Baill.) Pax & K.Hoffm. 5
Issèssè Maprounea africana Müll.Arg. 2
Plagiostyles africana (Müll.Arg.)
Essoula Prain 100
Assas 4 Macaranga schweinfurthii Pax 3
Omvong Dialium pachyphyllumHarms 37
Fa- Fa-
Eyoum Dialium dinklagei Harms 27
Cae Caesalpinioideae
Mvanda Hylodendron gabunense Taub. 3
256
Mekogho Pachyclasna tessmannii (Harms)
(faux tali) Harms 16
Andoung Bikinia letestui (Pellegr.) Wieringa 5
Tetrapleura tetraptera (Schum. &
Akpa Thonn.) Taub. 5
Pentaclethra eetveldeana De Wild.
Engona & T.Durand 85
Piptadeniastrum africanum
Dabéma (Hook.f.) Brenan 46
Fa-
Fa-Mimosoideae Albizia gummifera (J.F.Gmel.)
Mim
Sifou-Sifou C.A.Sm. 7
Mubala 1 Pentaclethra macrophylla Benth. 6
Albizia adianthifolia (Schumach.)
Mepepe W.Wight 1
Cathormion altissimum (Hook.f.)
Cathormion Hutch. & Dandy 18
Wengué Millettia laurentii De Wild. 45
257
Evino Vitex doniana Sweet 2
La-
La-Viticoideae Ivoula
Vit
(evoula) Vitex grandifolia Gürke 2
Lec Petersianthus macrocarpus
Lecythidaceae Essia (P.Beauv.) Liben 60
Ma- Malvaceae-
Bom Bombacoideae Fromager Ceiba pentandra (L.) Gaertn. 2
Koto Pterygota macrocarpa K.Schum. 10
Ma- Sterculia
Ma-Sterculioideae
Ste (Ezelfou) Sterculia tragacantha Lindl. 2
Kolatier Cola altissima Engl. 2
Akak Duboscia macrocarpa Bocq. 3
Ma- Malvaceae-
Tiliaceae Glyphaea brevis (Spreng.) Monach. 3
Til Tilioideae
Ntsui-Téké Grewia coriacea Mast. 59
Entandrophragma utile (Dawe &
Sipo Sprague) Sprague 9
Bossé-clair Guarea cedrata (A.Chev.) Pellegr. 12
Crabwood Carapa procera DC. 3
Méli Méliaceae
Isohou
(Lebonda) Trichilia heudelotii Planch. ex Oliv. 10
Entandrophragma angolense
Tiama blanc (Welw.) C.DC. 3
Ako Antiaris toxicaria Lesch. 12
Mor Moraceae
Osomzo Trilepisium madagascariensis DC. 1
Uvava Treculia obovoidea N.E. Br. 1
Pycnanthus angolensis (Welw.)
Ilomba Warb. 43
Myri Myristicaceae
Niové Staudtia kamerunensis Warb. 70
Ekoune Coelocaryon preussii Warb. 12
258
Ilomba des
Marais Pycnanthus marchalianus Ghesq. 2
Myrt Syzygium brazzavilllense Aubrév. &
Myrtaceae Eguim Pellegr. 1
Och Ochnaceae Azobé Lophira alata Banks ex P.Gaertn. 2
Angueuk Ongokea gore (Hua) Pierre 15
Afina Strombosia pustulata Oliv. 1
Engomengoma Engomengoma gordonii 1
259
Parasolier Musanga cecropioides R.Br. 86
Mububa
Urt Urticaceae
(Mengama) Myrianthus arboreus P.Beauv. 4
Mububa 2 Myrianthus seretii (De Wild.) Ruiter 1
1664
Xylopia hypolampraMildbr.
Nom Akwi 0,90
Duguetia staudtii (Engl. & Diels)
Ntom Chatrou 0,18
Ebom Anonidium mannii(Oliv.) Engl. & Diels. 2,04
260
Mutondo 1 Funtumia elastica (P. Preuss) Stapf 0,24
Etuia Tabernaemontana crassa Benth. 0,12
Mutondo Funtumia africana (Benth.) Stapf 0,06
Vernonia Vernonia conferta Benth. 0,06
Markhamia tomentosa (Benth.) K.
Lusambya Schum. ex Engl. 2,04
Tulupier du
Gabon Spathodea campanulata P.Beauv. 0,42
Dacryodes pubescens (Vermoesen)
Safoukala H.J.Lam 0,30
Harungana madagascariensisLam. ex
Mpessu Poir. 0,06
Nsangomo Allanblackia floribunda Oliv. 0,06
Garcinia Garcinia sp 0,90
Manil (Ossol) Symphonia globulifera L.f. 1,08
Ebéne Diospyros sp. 0,12
Maprounea membranacea Pax &
Issiendi-koko K.Hoffm. 0,18
261
Tetrorchidium didymostemon (Baill.)
Niola Pax & K.Hoffm. 0,30
Issèssè Maprounea africana Müll.Arg. 0,12
Essoula Plagiostyles africana (Müll.Arg.) Prain 6,01
Assas 4 Macaranga schweinfurthii Pax 0,18
Omvong Dialium pachyphyllum Harms 2,22
Eyoum Dialium dinklagei Harms 1,62
Mvanda Hylodendron gabunense Taub. 0,18
Mekogho (faux
tali) Pachyelasma tessmannii (Harms) Harms 0,96
Andoung Bikinia letestui (Pellegr.) Wieringa 0,30
Tetrapleura tetraptera (Schum. &
Akpa Thonn.) Taub. 0,30
Pentaclethra eetveldeana De Wild. &
Engona T.Durand 5,11
Piptadeniastrum africanum (Hook.f.)
Dabéma Brenan 2,76
Sifou-Sifou Albizia gummifera (J.F.Gmel.) C.A.Sm. 0,42
Mubala Pentaclethra macrophylla Benth. 0,36
Albizia adianthifolia (Schumach.)
Mepepe W.Wight 0,06
262
Ayinda Anthocleista vogelii Planch. 0,06
Musia Hymenocardia acida Tul. 5,11
Ngaikoko Hymenocardia ulmoides Oliv. 0,18
Olène Irvingia grandifolia (Engl.) Engl. 0,12
Beilschmiedia obscura (Stapf) Engl. ex
Kanda A.Chev. 3,85
Evino Vitex sp 0,12
Ivoula (evoula) Vitex grandifolia Gürke 0,12
Petersianthus macrocarpus (P.Beauv.)
Essia Liben 3,61
Fromager Ceiba pentandra (L.) Gaertn. 0,12
Koto Pterygota macrocarpa K.Schum. 0,60
Sterculia
(Ezelfou) Sterculia tragacanthaLindl. 0,12
Kolatier Cola altissima Engl. 0,12
Akak Duboscia macrocarpaBocq. 0,18
Tiliaceae Glyphaea brevis (Spreng.) Monach. 0,18
Ntsui-Téké Grewia coriacea Mast. 3,55
Entandrophragma utile (Dawe &
Sipo Sprague) Sprague 0,54
Bossé-clair Guarea cedrata (A.Chev.) Pellegr. 0,72
Crabwood Carapa proceraDC. 0,18
Isohou
(Lebonda) Trichilia heudelotiiPlanch. ex Oliv. 0,60
Entandrophragma angolense (Welw.)
Tiama blanc C.DC. 0,18
Ako Antiaris toxicariaLesch. 0,72
Osomzo Trilepisium madagascariensis DC. 0,06
Uvava Treculia obovoideaN.E. Br. 0,06
Ilomba Pycnanthus angolensis (Welw.) Warb. 2,58
263
Niové Staudtia kamerunensisWarb. 4,21
Ekoune Coelocaryon preussiiWarb. 0,72
264
Parasolier Musanga cecropioidesR.Br. 5,17
Mububa
(Mengama) Myrianthus arboreusP.Beauv. 0,24
Mububa 2 Myrianthus seretii (De Wild.) Ruiter 0,06
Total 100,00
265
Annexe 13 : Histogrammes des indices de brillance
266
Table des matières
SOMMAIRE…………………………………………………………………………………………….1
DEDICACE…………………………………………………………………………………………………………7
REMERCIEMENTS………………………………………………………………………………………………..8
267
I.2.Données de télédétection : Images satellitaires ............................................................................... 32
I.3. Autres données ............................................................................................................................... 34
I.3.1. Cartes topographiques ................................................................................................................. 34
I.3.2. Modèles Numériques de Terrain de type SRTM .......................................................................... 35
II. Méthodes ........................................................................................................................................... 35
II.1. Inventaire botanique ...................................................................................................................... 35
II.1.1. Synthèse de relevés des forêts d’Afrique tropicale ..................................................................... 35
II.1.2. Nomenclature des types de végétation ........................................................................................ 38
II.2. Protocole de collecte et de traitement des données d’inventaire .................................................. 39
II.2.1. Plan d’échantillonnage ............................................................................................................... 40
II.2.2. Collecte des données de terrain .................................................................................................. 43
II.2.3. Organisation de la végétation .................................................................................................... 44
II.2.4. Indices statistiques de biodiversité ............................................................................................. 45
II.2.5. Processus de classification des données de télédétection.......................................................... 48
II.2.6. Dynamique de l’environnement physique et humain .................................................................. 61
Conclusion ……………………………………………………………………………………………………………………………………….65
268
III. Caractéristiques physiques.............................................................................................................. 90
III.1. Unité morphologique .................................................................................................................... 90
III.2. Altimétrie ...................................................................................................................................... 93
III.3. Formation géologique .................................................................................................................. 94
III.4. Sols ............................................................................................................................................... 95
III.4.1. Caractéristiques physico-chimiques du sol ............................................................................... 95
III4.2. Types de sols............................................................................................................................... 96
III.5. Cadre climatique .......................................................................................................................... 98
III.5.1. Principaux éléments du climat .................................................................................................. 98
IV.Aspects biotiques ........................................................................................................................... 106
IV.1. Grands ensembles de végétation .............................................................................................. 106
IV.2. Distribution phytogéographique………………………………………………………………..107
269
TROISIEME PARTIE : CARACTERISATION, EVOLUTION ET DETERMINANTS DU COUVERT
VEGETAL ............................................................................................................................................ 131
CHAPITRE V : CARACTERISATION DES FORMATIONS VEGETALES ....................................... 132
I. Identification des paysages .............................................................................................................. 132
I.1. Variation topographique et types de formations végétales rencontrées ...................................... 132
I.1.1. Zone Adzi - Eko .......................................................................................................................... 132
I.1.2. Zone Mpoh - Ekono .................................................................................................................... 133
I.1.3. Zone Mpoh-Gite de la réserve ................................................................................................... 134
I.1.4. Zone Impé-Rivière Léfini ........................................................................................................... 134
I.2. Formations ouvertes et basses dominantes ................................................................................... 136
I.3. Produits forestiers non ligneux rencontrés dans la zone .............................................................. 136
I.3.1. Usages des espèces végétales dans l'alimentation et la médecine traditionnelle...……………..137
270
I.2.3. Types de changements des classes d’occupation des sols.......................................................... 161
II. Evolution de la productivité végétale détectée à partir de NDVI ................................................... 164
II.1. Caractéristiques spectrales de la végétation ............................................................................... 164
II.2. Cycle mensuel et saisonnier de la productivité végétale ............................................................ 165
II.3. Variation du NDVI selon les classes d’occupation du sol ........................................................... 167
III. Comportement de l’indice de brillance ........................................................................................ 169
IV. Déterminants de régression de la végétation ................................................................................ 172
IV.1. Evolution régressive de la végétation liée aux contraintes de l’environnement naturel ............ 173
IV.1.1. Régression due aux facteurs sol-précipitations ....................................................................... 173
IV.1.2. Action de la lumière, de la température et des vents ............................................................... 174
IV.1.3. Origine biologique................................................................................................................... 175
IV.2. Analyse des indicateurs de perturbation de la biodiversité végétale ......................................... 175
IV.3. Perception des populations enquêtées ........................................................................................ 176
IV.3.1. Caractéristiques socio-professionnelles ................................................................................. 176
IV.3.2. Régime foncier de la réserve de la Léfini ............................................................................... 177
IV.3.3. Modes d’accès à la terre dans les villages autour et dans la réserve ..................................... 178
IV.3.4. Fonctionnement et collaboration ............................................................................................. 178
IV.3.5. Déterminants de la dégradation du couvert végétal ................................................................ 179
IV.3.6. Exploitation des ressources forestières ................................................................................... 184
V. Impact sur les composantes environnementales ............................................................................. 185
V.1. Interaction entre déterminants et composantes environnementales ............................................ 185
V.2. Evaluation et quantification des impacts ..................................................................................... 188
Conclusion……………………………………………………………………………………………………….189
271
III. Effets des activités anthropiques sur la structure spatiale des paysages ...................................... 207
IV. Enjeux de la conservation.............................................................................................................. 210
Conclusion……………………………………………………………………………………………213
272
RESUME
La présente étude a été réalisée de 2001 à 2018. Elle vise à décrire
l’hétérogénéité spatiale du couvert végétal de la réserve de chasse de la Léfini,
située à 140 km au nord de Brazzaville. Le traitement des données floristiques
issues de l’inventaire, la cartographie évolutive sur la base des données de
télédétection et l’analyse des perceptions à partir d’un échantillonr eprésentatif
de 323 ménages sur 2518, soumis à une enquête dans 10 villages, ont été les
principales méthodes et techniques utilisées. Les résultats de l’étude montrent
que les Euphorbiaceae, les Annonaceae, les
Fabaceae-Mimosoideae et les Olacaceae sont les familles dont l’abondance relative est la plus
représentative.Le peuplement des ligneux est diversifié et que la richesse spécifique est importante du
fait que les indices de diversité de Shannon (H') se rapprochent des diversités maximales (H’max).
L’indice d’équitabilité (J) est plus grand en forêt (0,84) et très faible en savane (0,15), ce qui signifie
que la répartition des individus entre les espèces forestières est plus homogène. Ces espèces sont plus
équitablement réparties que celles de la savane marquées par la dominance d’une seule espèce,
Hymenocardia acidaTul. La réserve de la Léfini a connu une forte diminution moyenne annuelle de la
forêt ombrophile à tendance mésophile estimée à 1,18% soit une réduction de surface de 901 ha/an. La
forêt secondaire a enregistré un faible taux d’évolution positif moyen annuel de (+0,03%) soit une
augmentation de superficie estimée à 5,94 ha/an. Le couvert végétal est dans une dynamique générale
avec un taux de dégradation estimé à 4,5%. Les sols non forestiers et dénudés sont caractérisés par des
valeurs faibles de NDVI (<0,3). Dans ce cas, la productivité végétale est faible. Les indices de brillances
assez (< 25%) sont en corrélation avec le type de sol et le rayonnement solaire quelque soit la saison.
Leurs variations mensuelles sont conditionnées par les changements d’état du couvert végétal dont la
production dépend de la distribution des ressources hydriques au cours de la saison des pluies.
L’augmentation de la population, les feux et l’agriculture sur brûlis en sont les principaux
déterminants. Les impacts sont multiples et marqués par la disparition des espèces fauniques,
l’exposition des sols au ruissellement des eaux pluviales et l’appauvrissement de la couche arable.
Mots-Clés: République du Congo, rivière Léfini, réserve de chasse, couvert végétal, hétérogénéité
spatiale, perception, indices de biodiversité.
SUMMARY This study was conducted from 2001 to 2018. It aims to describe the spatial heterogeneity
of the vegetation cover of the Lefini hunting reserve, located 140 km north of Brazzaville. The processing
of floristic data from the inventory, evolutionary mapping based on remote sensing data and analysis of
perceptions from a representative sample of 323 households out of 2518, surveyed in 10 villages, were
the main methods and techniques used. The results of the study show that Euphorbiaceae, Annonaceae,
Fabaceae-Mimosoideae and Olacaceae are the families with the most representative relative
abundance. The settlement of the woody is diverse and the specific richness is important because the
Shannon Diversity Indexes (H') are close to maximum diversity (H'max). The equitability index (J) is
higher in the forest (0.84) and very low in savannah (0.15), which means that the distribution of
individuals among forest species is more homogeneous. These species are more evenly distributed than
those of the savannah marked by the dominance of a single species, Hymenocardia acida Tul. The Lefini
reserve experienced a sharp annual average decrease in the rainforest with a mesophilic tendency
estimated at 1.18% or an area reduction of 901 ha/year. The secondary forest recorded a low annual
average positive growth rate of 0.03 per cent an estimated acreage increase of 5.94 ha/year.The
vegetation cover is in a general dynamic with an estimated degradation rate of 4.5%. Non-forest and
bare soils are characterized by low values of NDVI (0.3). In this case, plant productivity is low. The
fairly brightness indices (up 25%) correlatewith with soil type and solar radiation in any season. Their
monthly variations are conditioned by changes in the state of the vegetation cover whose production
depends on the distribution of water resources during the rainy season. Population growth, fires and
slash-and-burn agriculture are the main determinants. The impacts are multiple and marked by the
disappearance of wildlife species, the exposure of soils to water runoff and the depletion of the arable
layer.
Keywords: Republic of Cong, Lefini river, hunting reserve, vegetal cover, spatial heterogeneity,
perception, biodiversity index.