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UNIVERSITE IBN ZOHR – FACULTE DES SCIENCES

DEPARTEMENT DE GEOLOGIE

__________________________________________________

COURS DE GEOCHIMIE
STU5
GEOCHIMIE
DES ELEMENTS MAJEURS
_______________________________________________________

ABDELAZIZ MORTAJI
COURS DE GEOCHIMIE STU5

CONTENU DU MODULE

-----------------------------------------------------------

CLASSIFICATION DES ELEMENTS CHIMIQUES


OBJECTIFS DE LA GEOCHIMIE

ELEMENTS DE PLANETOLOGIE
A GEOCHIMIE
CHAPITRE I : Aperçu sur la composition minéralogique et chimique des
différentes enveloppes du globe terrestre.

CHAPITRE II : Les processus de formation des planètes du système solaire


nucléosynthèse, condensation et accrétion.

CARACTERISATION PETROGRAPHIQUE ET GEOCHIMIQUE


DES ROCHES MAGMATIQUES
« LES BASALTES ET LEURS PRODUITS DE DIFFERENCIATION »

CHAPITRE I : Rappels et généralités sur le magmatisme


CHAPITRE II : Géochimie des éléments majeurs
CHAPITRE III: Géochimie des éléments en traces
CHAPITRE IV : Géochimie des terres rares

TRAVAUX DIRIGES

 Calcul de la composition normative d’une roche volcanique


 Géochimie des éléments majeurs : typologie magmatique et effets des
altérations su les compositions magmatiques des roches
 Modélisation des processus de fusion partielle et de cristallisation fractionnée
 Importance des spidergrams et des spectres de terres rares dans l’étude
géochimique des roches magmatiques

TRAVAX PRATIQUES

 Méthodes d’étude des roches magmatiques.


 Aperçu sur les principales méthodes analytiques.
 Analyse chimique brute et corrigée.
 Textures et ordre chronologique de cristallisation des minéraux
 Effet de fractionnement de minéraux sur les compositions chimiques des
roches.
 Les minéraux de la paragenèse secondaire.
 Effets des altérations sur les compositions chimiques primaires des roches
magmatiques.

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I- INTRODUCTION

 La composition chimique des roches en éléments majeurs, représente une


information quantitative de toutes les caractéristiques des roches, mais avec le
désavantage, par rapport à la pétrographie, d’être une information déstructurée par
rapport à l’ordre cristallin « l’état cristallisé » des roches.

 Afin d’exploiter les données chimiques dans la classification et la


détermination de la typologie magmatique des roches magmatiques, les géochimistes
ont élaboré des méthodes de restructuration susceptibles de restituer l’ordre de
cristallisation initial afin d’établir des classifications. Les diagrammes utilisés se
basent sur 3 types de paramètres : (i) des paramètres minéraux déduits à partir du
calcul de la composition minéralogique normative (voir TD), (ii) des paramètres
chimiques qui correspondent à des variables mono ou pluri élémentaire tirés
directement de l’analyse chimique ou recalculés et (iii) des paramètres
multicationiques « ou chimico-minéralogiques »

II- QUALITE DE L’ECHANTILLONNAGE

La détermination de type d’association magmatique à l’aide des éléments majeurs se


heurte fréquemment aux problèmes d’altérations exogène et endogène subies par
ces roches. Le degré d’altération est attesté dans les diagrammes de variations des
éléments majeurs en fonction de la perte au feu (fig.1). Celle-ci augmente avec le
développement des minéraux secondaires tel que les micas blancs, les chlorites, les
épidotes …. (voir TP)

(a) (b)

Figure n°1: Corrélation entre les pourcentages en poids des différents oxydes et la
perte au feu « PF » : (a) corrélation positive et (b) corrélation négative.

 L’existence d’une corrélation entre les teneurs d’un élément i et la perte au feu
implique que la teneur de cet élément est contrôlée par le processus d’altération :

 Dans le cas d’une corrélation positive « la teneur de l’élément chimique


augmente lorsque la perte au feu augmente», on en déduit qu’il il y a un apport de
l’élément lors du processus d’altération. Exemples (voir TD et TP).

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 Dans le cas d’une corrélation négative « la teneur de l’élément chimique


décroit lorsque la perte au feu augmente», on en déduit qu’il y a un lessivage de
l’élément lors du processus d’altération. Exemples (voir TD et TP)

III- RELATIONS GENETIQUES ENTRE LES ROCHES ETUDIEES

III-1 INDEX DE DIFFERENCIATION

 L’existence ou non de liens génétiques entre les roches étudiées et la


détermination des effets de fractionnement des phases minérales sur l’évolution des
compositions chimiques au sein d’un ensemble de roches magmatiques peut être
apprécié dans les diagrammes de variation des éléments majeurs en fonction d’un
index de différenciation.

 Un index de différenciation correspond à un paramètre minéralogique,


chimique ou chimico-minéralogique pour lequel on connait la tendance de variation au
cours du processus de différenciation.

 PARAMETRES MINERALOGIQUES « DEDUITS DE LA NORME ». Exemples :

L'indice de différenciation de Thornton et Tuttle (D.I.) :


DI = Quartz + Albite + Orthose (ou Néphéline + Leucite + Albite + Orthose).
Cet indice qui exprime le % des minéraux clairs augmente au cours du
processus de cristallisation fractionnée.

 PARAMETRES CHIMIQUES. Exemples :

 (% SiO2): la teneur en silice augmente au cours du processus de


cristallisation fractionnée.
 (% MgO): Il décroit au cours du processus de cristallisation fractionnée.
 Rapport (%FeO*)/(%MgO) : Il augmente au cours du processus de
cristallisation fractionnée.
 Indice de solidification de Kuno: S.I.=100 MgO/MgO + Feo+Fe2O3+ Na2O+
K2O : Il décroit au cours du processus de cristallisation fractionnée à cause
de fractionnement des minéraux ferromagnésiens et des plagioclases.

 PARAMETRE CHIMICO-MINERALOGIQUE. Exemples :

 Paramètre B= Mg+Fe+Ti : Il est proportionnel au pourcentage des


minéraux ferromagnésiens et décroit donc au cours du processus de cristallisation
fractionnée.

 Paramètre Q = Si/3 – (Na + K + 2Ca/3) : Il est proportionnel au


pourcentage en quartz et augmente donc au cours du processus de cristallisation
fractionnée.

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III-2 LIENS GENETIQUES ENTRE LES ROCHES ETUDIEES

 Si dans les diagrammes les compositions des roches montrent des


variations chimiques progressives et définissent une même tendance de variation,
ces roches sont cogénéiques et appartiennent donc à un même ensemble
magmatique

 Si par contre elles définissent des tendances de variation différentes alors


les roches étudiées ne sont donc pas cogénétiques et appartiennent donc à des
ensembles magmatiques différents.

(a)

(b)

Figure n° 2: Mise en évidence des liens génétiques entre les roches étudiées dans des
diagrammes de variation du pourcentage des différents oxydes en fonction du
pourcentage en silice « diagrammes de type Harker » ou en fonction de MgO.

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IV- EFFET DE FRACTIONNENT DES MINERAUX SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE


DES ROCHES (fig. 3 à 5)
Exemple 1 (figure n°3) : variation des
teneurs en MgO par cristallisation
d’olivine et du proxène à partir d’un
magma basaltique primaire :
 Lorsque l'olivine cristallise, les
premières olivines formées sont riches
en Mg ; le magma résiduel s'appauvrit
en magnésium.

 Lorsque le pyroxène cristallise,


le pourcentage de MgO décroit plus
lentement car ce minéral est moins
magnésium.
Dans les deux cas le magnésium à un
comportement compatible car sa teneur
décroit au cours de la différenciation.
Exemple 2 (figure n°4): variation des
teneurs en alcalins au cours du processus
de cristallisation fractionné.

 Le fractionnement de minéraux
ferromagnésiens à faible affinité pour Na et
K conduit à l’enrichissement du liquide
résiduel en ces éléments.
 Les alcalins ont un comportement
incompatibles, ils se concentrent donc qui
restent dans le bain de fusion pour
cristalliser en dernier, lorsque le magma
sera proche de sa température de
cristallisation la plus basse

Exemple 3 (figure n°5): Variation des


teneurs en phosphore au cours du
processus de cristallisation fractionnée :

 Au début du processus de
différenciation, on note une augmentation
des teneurs de P2O5 ce qui implique le
fractionnement de phases minérales à
faibles affinités pour cet élément.
 A partir de 54 % de SiO2 il y a un
changement de pente et la tendance de
variation est alors marquée par une baisse
des teneurs de cet élément en réponse à un
fractionnement de l’apatite qui est un
minéral à forte affinité pour cet élément :
l’apatite ne commence donc à cristalliser
qu’à partir d’une teneur de 55 % de SiO2.

Pour plus de détail (voir TD)

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V- NOMENCLATURE DES ROCHES MAGMATIQUES

V-1 DIAGRAMMES MINERALOGIQUES : Exemple Diagramme (Streickeisen, voir TP)

 On distingue 2 types de classifications minéralogiques : (i) La classification


modale basée sur le pourcentage des minéraux réellement présents dans les roches
déterminés à l’aide des chartes visuelles ou grâce au compteur de points (voir TP). Et
(ii) la classification normative basée sur la composition minéralogique théorique des
roches calculée à partir de sa composition chimiques Dans le cas des roches
volcaniques, on est obligé de faire entrer une part de calcul pour tenir compte du verre
« voir TD ».
 La classification minéralogique Q-A-P et F-A-P de Streickeisen (1974) se base
les proportions des minéraux présents dans les roches :

 Les roches dont le pourcentage en minéraux ferromagnésiens est inférieur à


90%, sont classées dans une représentation double triangulaire dont les sommets
correspondent au quartz (paramètre Q), aux feldspaths alcalins (paramètre A), aux
plagioclases (paramètre P) et aux feldspathoïdes (paramètre F) avec Q+A+P = 100% et
F+A+P = 100% (pour plus de détails voir TP)

Figure n°6 : Classification minéralogique des roches plutoniques (Streckeisen, 1974)


Cette classification est également utilisée pour classer les roches volcaniques en
remplaçant le nom de la roche plutonique par son équivalent volcanique « rhyolite-
granite, basalte-gabbro,…) (Voir TP).

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 Pour les roches ultramafiques dont le pourcentage en minéraux


ferromagnésiens est supérieur à 90% on utilise une représentation triangulaire dont
les sommets correspondent à l'olivine, à l’orthopyroxène « Opx » et le clinopyroxène
« Cpx » (fig. 7).

Figure n°7 : Classification minéralogique des roches ultramafiques (Streckeisen, 1974)

V-2 DIAGRAMMES CHIMIQUES

 Plusieurs diagrammes sont proposés dans la littérature pour donner un


nom aux différentes roches magmatiques.
 On se limitera ici au Diagramme TAS « Total Alkali Silica » : En se
basant sur leurs teneurs en alcalins (Na2O+K2O) et en silice, les auteurs de ce
diagramme ont délimités le champ de chaque type de roche volcanique (fig. 8 ). En
fonction du pourcentage de SiO2, les roches sont ultrabasiques (% SiO2<45%),
basiques (% SiO2 45-52%), intermédiaires (% SiO2 52-63%) ou acides (% SiO2 > 63%).

 Cette classification chimique peut également être utilisée pour la


nomenclature des roches plutoniques en remplaçant le nom de la roche volcanique
par son équivalent plutonique « rhyolite-granite, basalte-gabbro,…) (Voir TP).

Figure n° 8 : Diagramme de variation


des alcalins (Na2O + K2O) en
fonction de SiO2 (diagramme
TAS) (Lebas et al., 1986):
 Une roche composée de 49%
de SiO2 et 4% de (Na2O+K2O) est un
basalte (losange).
 tandis qu'une roche composée
de 73% de SiO2 et 8% de (Na2O+K2O)
est une rhyolite (l’étoile).

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V-3 DIAGRAMME CHIMICO-MINERALOGIQUE : EXEMPLE DIAGRAMME Q-P (DEBON


ET LE FORT, 1983)

 Ce diagramme se base sur deux paramètres : (i) le paramètre P = K- (Na+Ca)


sur l’axe des abscisses qui oppose le feldspath potassique au plagioclase et qui
permet d’apprécier le rapport entre les feldspaths potassiques et les plagioclases
« FK/Pl » qui est nul pour le quartz et (ii) le paramètre Q = Si/3 - (Na+K+2Ca/3) en
ordonné qui est proportionnel à la charge en quartz.

 Le diagramme Q-A-P (fig.9), correspond à un triangle quartz, feldspath


potassique et plagioclase, ce qui permet de classer les différentes roches plutoniques
et volcaniques et également de discriminer entre les séries magmatiques (voir
classification minéralogique de streickeisen).

Figure n°9: Diagramme Q-P de nomenclature des roches ignées communes (La
Roche, 1964, 1966): gr Granite, ad adamellite, gd granodiorite, to tonalite
(trondhjemite), sq quartz syénite, mzq quartz monzonite, mzdq quartz monzodiorite,
dq quartz diorite (quartz gabbro, quartz anorthosite), s syénite, mz monzonite, mzgo
monzogabbro (monzodiorite), go gabbro (diorite, anorthosite). Cette classification est
également utilisée pour classer les roches volcaniques en remplaçant le nom de la
roche plutonique par son équivalent volcanique « rhyolite-granite, basalte-gabbro,…).

VI- TYPOLOGIE MAGMATIQUE

La typologie magmatique ou la détermination des types de séries


magmatiques auxquelles appartiennent les roches étudiées peut être mise en
évidence dans 3 types de diagrammes : minéralogiques, chimiques ou chimico-
minéralogiques.

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VI-1 DIAGRAMMMES MINERALOGIQUES

On se limitera ici à traiter l’exemple du tétraèdre basaltique de yoder et tilley (1962) qui
permet la discrimination entre les différents types de basaltes (fig.10).

 En se basant sur la composition minéralogique normative des basaltes


(Clinopyroxène « Diopside », Plagioclase « Albite », Olivine « Forstérite »,
Orthopyroxène ou Hypersthène, Quartz et Néphéline et sur les incompatibilités qui
existent entre certains de ces minéraux (Quartz et Néphéline, Quartz et Olivine et
Hypesthène et Néphéline) (voir TD), ces auteurs ont établit une représentation
tétraèdrique qui permet de discriminer entre les différents types de basaltes: (i) Les
basaltes alcalins, les néphélinites et les basanites, (ii) les tholéiites à olivine et (iii) les
tholéiites à quartz.

 les tholéiites à olivine sont séparées des tholéiites à quartz par le plan
Diopside-Plagioclase –Hypersthène dit plan de saturation en silice.

 Les basaltes alcalins sont séparés des tholéiites à olivine par le plan Diopside-
Plagioclase –Olivine dit plan de sous –saturation en silice

Figure n° 10: Le tétraèdre basaltique de Yoder et tilley (1962) - les tholéiites à quartz
sont situées dans le domaine Clinopyroxène (Diopside) – Plagioclase (Albite),
Orthopyroxène ( Hypersthène ) – Qz (quartz) ; les tholéiites à olivine dans le domaine
Di-Ab-Hy-Fo et les basaltes alcalins dans le domaine Di-Ab-Fo-Ne.

 Les études expérimentales des équilibres de phase montrent qu’à basse


pression, le plan de sous saturation constitue une barrière thermique et de
composition entre le domaine des basaltes alcalins à olivine et celui des tholéiites à
olivine. Ceci est mis en évidence dans le diagramme de phase néphéline- silice (fig.11)
qui est constitué de 2 systèmes binaires néphéline-albite et albite –silice qui
présentent chacun un eutectique « point invariant isobare » (voir cours de chimie
applique à la géologie, S4 »

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Figure : Le système binaire congruent Quartz-Néphéline à la pression d’une


atmosphère (d’après Schaier et Bowen, 1956, simplifié).

 La cristallisation précoce de l’albite à partir d’un liquide parental contenant 50


% de silice engendre un liquide résiduel enrichi en silice dont l’évolution ultime
aboutit à la cristallisation simultanée d’albite et de tridymite en proportion de
l’eutectique E2. A l’opposé la cristallisation précoce de l’albite à partir d’un liquide
contenant 40 % de silice aboutit à la cristallisation simultanée d’albite et de néphéline
en proportion de l’eutectique E1.
 Au cours du processus de fusion si on part de n’importe quelle composition
solide (néphéline – albite ou albite-silice), le premier liquide qui apparait aura une
composition eutectique respectivement E1 ou E2.

Conclusion : En partant de n’importe quelle composition situé d’un côté ou l’autre de


la composition albitique, il n’est pas possible d’obtenir un liquide dont la composition
est située de l’autre côté ni par processus de cristallisation ni par fusion. Autrement
dit, un liquide saturé en silice « à hypersthène normatif » ne peut donner naissance à
un liquide sous saturé « à néphéline normative » et inversement ; les 2 systèmes sont
séparés au niveau de la composition albitique qui correspond à un maximum de
température entre les eutectiques E1 et E2 d’où la notion de barrière thermique.

 A l’opposé à haute pression, un fractionnement d’orthopyroxène à partir d’un


liquide saturé en silice permet de franchir la barrière thermique vers le domaine sous
saturé à néphéline normatif.
 Le plan de saturation « albite-diopside-hypersthène» ne joue pas le rôle de
barrière thermique à cause de la cristallisation précoce de l’olivine, conséquence du
comportement incongruent de l’enstatite (fig.12) ce qui conduit à un liquide enrichit en
silice : un liquide saturé à hypersthène donne par fractionnement d’olivine un liquide
sursaturé à quartz normatif.

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Figure n°12 : Diagramme de phase forstérite-silice à la pression d’une atmosphère.


Le point réactionnel R est un point ou se produit la disparition de l’olivine au cours du
refroidissement « Forstérite + Silice --˃ Enstatite ». Il correspond au début de la
fusion ou de la fin de la cristallisation de tout mélange à olivine et enstatite. La
composition du liquide en ce point est toujours en dehors du domaine de
composition défini par ces 2 minéraux.
Si par exemple au point R, le liquide se sépare des cristaux d’olivine et
d’orthopyroxène, il constituerait alors un nouveau magma qui finirait par se solidifier
au point eutectique E. Ainsi, une composition initialement saturée en silice peut, suite
à une rupture d’équilibre, aboutir à une composition sursaturée.

VI-2 DIAGRAMMES CHIMIQUES

1- CRITERES DE CLASSIFICATION DES ROCHES


Les roches magmatiques sont classées selon plusieurs paramètres. Exemples :

1-1 EN FONCTION DE LEUR TENEUR EN SILICE

 les roches sont acides, si SiO2 > 65 % « Ex : les rhyolites ».


 les roches sont intermédiaires, si 52% <S iO2 <65% « Ex : les andésites »
 les roches sont basiques, si 45 % <SiO2 < 52 % « Ex : les basaltes »
 les roches sont ultrabasiques si SiO2 < 45 % « Ex : les péridotites »

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1-2 EN FONCTION DE LEUR DEGRE L'ALCALINITE

 les roches sont hyperalcalines si (Na + K ˃˃ Ca)


 les roches sont alcalines si (Na + K > Ca),
 les roches sont calcoalcalines si (Na + K # Ca),
 les roches sont subcalciques et calciques si (Na + K < Ca).

1- 3 EN FONCTION DE L’INDICE DE SATURATION EN ALUMINE

Cet indice « A.I. = Al2O3 / (Na2O + K2O + CaO) ou rapport A/CNK de Shand (1943)
permet de reconnaître 3 groupes de roches magmatiques : roches peralumineuses,
roches métalumineuses et roches hyperalcalines (fig.13).

 Les roches peralumineuses : « A/CNK ˃ 1 » : Ces roches ont des teneurs


en alumine supérieures à celles nécessaires pour former les feldspaths et cet excès
s’exprime dans les roches par la présence d’une autre phase alumineuse qui peut être
de la biotite alumineuse ou la muscovite, la cordiérite, le grenat ou un autre silicate
d’alumine (cas des rhyolites et granites peralumineux ». Ces roches se caractérisent
par la présence de l’anorthite et du corindon et par l’absence du diopside dans la
norme.

 Les roches métaalumineuses « A/CNK ˂ 1 et Na +K < A» : Après la


formation des feldspaths, ces roches présentent un excès de Ca. Elles se
caractérisent par la présence de l’anorthite et du diopside dans la norme.

 Les roches peralcalines « A / CNK <1 et le rapport Na + K> A » : Après la


formation des feldspaths, ces roches présentent un excès d’alcalins. Elles se
caractérisent par la présence de l’aegyrine et par l’absence de l’anorthite dans la
norme.

Figure 13: Diagrammes de discrimination des roches magmatiques


en fonction de leur indice de saturation en alumine

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2- DISCRIMINATION DES ROCHES ALCALINES ET SUBALCALINES

La discrimination entre les roches alcalines et subalcalines « tholéiitiques et


calcoalcalines » est mise en évidence dans le diagramme alcalin-silice (fig.14 et 15)
appelé également diagramme TAS « Total Alkalis Silica » qui est également utilisé
dans la classification des roches magmatiques.

Figure n0 14 : Position des différentes séries magmatiques dans le diagramme alcalin-


silice. La limite entre le domaine alcalin et subalcalin varie selon les auteurs
« plusieurs droites ont été proposées, on retiendra la courbe B2 de MACDONALD ET
KATSURA (1964). La courbe C sépare le domaine des laves calcoalcalines et
tholéiitiques de l’arc insulaire du Japan (Kuno, 1968). La courbe A1 sépare le domaine
des roches hautement alcalines « exemple les néphélinites » et celui des laves
moyennement alcalines « basanites et basaltes alcalins » et la courbe A2 sépare le
domaine des basanites de celui des néphélinites.

Figure n°15: Nomenclature


des roches sur le diagramme
SiO2 % vs Na2O+K2O %.
(Cox et al., 1979).

La courbe sépare le domaine


alcalin du domaine sub-
alcalin : (i) le domaine alcalin
est celui des séries alcaline
et transitionnelle, (ii) le
domaine sub-alcalin
comprend la série tholéiitique
à faibles teneurs en
Na2O+K2O et la série calco-
alcaline.

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Séries alcalines S. tholéiitiques S. calcoalcalines


Fortes teneurs en alcalins Faibles teneurs en Teneurs moyennes en
alcalins alcalins
 Roches souvent sous-saturées en Les termes Les basaltes sont
silice. différenciés y sont rares,. Les roches
 Les termes différenciés sont rares, typiques y sont les
rarement des rhyolites, plus andésites et les
souvent des trachytes ou des rhyolites.
phonolites.

On classe les séries alcalines en fonction de leur degré d’alcalinité :

Séries moyennement Séries hautement alcaline


alcalines
série saturée Série sous
en silice saturée en
silice
Néphélinites
Série sodique Série potassique
Na2O > K2O Na2O < K2O « Roches leucocrates à
mésocrates constituées de
Basalte alcalin Basalte alcalin Basanite feldspathoïdes et pyroxènes.»
Hawaiite Trachybasalte Téphrite
Mugeraite Tristanite Phonolite
Benmorite Trachyte
Trachyte

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3- SUBDIVISION DE LA SERIE SUBALCALINE

3-1 INTRODUCTION

La discrimination entre les séries tholéiitiques et calcoalcalines se base sur le


comportement du fer au cours du processus de la différenciation magmatique :

 Bowen (1928) avait remarqué que les associations volcaniques des zones
orogéniques « basaltes-andésites-rhyolites » se caractérisent par une baisse des
teneurs en fer au cours de la différenciation : cette tendance est connue sous le non
de Bowen trend.
 Fenner (1929) s’est opposé à ce point de vue et avait remarqué que le liquide
résiduel issu de la cristallisation d’un magma basique s’enrichit en silice : cette
tendance est connue sous le non de Fenner trend. Exemple : l’intrusion gabbroïque
litée d’âge tertiaire de skaergaard « Groenland » est constituée de bas en haut de
gabbros à olivine, gabbros et des ferrogabbros sans olivine mais riche en minéraux
ferrifères
 Kuno (1968) a mis en évidence la coexistence de ces deux types de séries dans
les roches volcaniques de l’arc insulaire du Japan.

La différence des tendances « trend » évolutives de ces 2 types de séries peut être
mise en évidence dans plusieurs types de diagrammes :

3-2 DIAGRAMME AFM (fig.16)

 Dans ce diagramme, les séries tholéiitiques se caractérisent par un


enrichissement marqué en fer dans les termes intermédiaires « icelandite,
ferrogabbros » alors que dans les séries calcoalcalines, cet enrichissement est très
peu marqué ou absent « Fenner trend ».

Figure : Diagramme AFM


de Kuno (1968) : A = Na2O
+ K2O, F = FeO + F2O3, M =
MgO FT : Fenner trend et
BT : Bowen trend

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 Ce diagramme doit être utilisé avec précaution lorsque les roches étudiées sont
très altérées à cause de la forte mobilité des alcalins (Na et K) lors des processus
d’altération et de métamorphisme de faible degré

3-3 DIAGRAMMES DE MIYASHIRO (1973)

Afin de surmonter le problème de la mobilité des alcalins, Miyashiro (1973) a proposé


des diagrammes qui se basent sur des éléments chimiques relativement plus
stables et a mis en évidence les caractères chimiques des roches subalcalines dans
des diagrammes de ariations des teneurs en SiO2, FeO* et TiO2 en fonction du
rapport FeO*/MgO pris comme index de différenciation (fig.17).

Figure n° 17 : Diagrammes de Miyashiro (1973) (a) SiO2 en fonction FeO*/MgO et (b)


FeO en fonction de FeO*/MgO. FeO* exprime le fer total. La ligne en tirée sépare le
domaine des séries tholéiitiques et calcoalcalines. Ces diagrammes permettent une
bonne discrimination entre les séries tholéiitiques et calcoalcalines : Les premières se
caractérisent par un enrichissement marqué en fer et en titane « non représenté »,
celui-ci est absent ou très modéré dans les séries calcoalcalines. Il est à noter que de
nombreuses séries tholéiitiques « exemple : Skaergaard, Macauley.. » ne montrent
aucune variation des teneurs en silice au cours de la différenciation alors que le
rapport FeO*/MgO augmente.

3-4 CAUSES DU COMPORTEMENT EN FER DANS LES DEUX SERIES

La différence de comportement en fer et en titane entre ces 2 types de séries


magmatique est mise en relation avec les conditions physico-chimiques de leur
magma parental en particulier leur teneur en eau et leur fugacité en oxygène (fO 2) qui
jouent un rôle important dans la détermination de l’ordre de cristallisation des
minéraux et donc de l’évolution des compositions chimiques au cours du processus
de différenciation (voir TP).

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 Dans les séries calcoalcalines, la baisse des teneurs en fer et en titane


« Osborn trend » est attribué à un fractionnement précoce et massif des oxydes
ferrotitanés « ilménite, magnétite et titanomagnétite) en relation avec la forte teneur en
eau et la forte fugacité en oxygène des magmas parentaux.

 Dans les tholéiitiques la faible teneur en eau et la faible fugacité en


oxygène des magmas conduit à un fractionnement de plagioclase et de minéraux
ferromagnésiens à faible rapport Fe/Mg « olivine, clinopyroxène et orthopyroxène »
qui conduit à un enrichissement en fer et en titane « Fenner trend » dans les termes
intermédiaires et l’apparition tardive des oxydes ferrotitanés.

 Un fractionnement massif des amphiboles, minéraux à fort rapport


Fe/Mg par rapport aux olivines et aux pyroxènes, peut également jouer un rôle
important dans la baisse des teneurs en fer des séries calcoalcalines.

3-5 SUBDIVISION DES SERIES EN FONCTION DE LEURS TENEURS EN K2O

 Les différentes séries ont des teneurs comparables en Na2O, mais différent par
leurs teneurs en K2O. Dans le diagramme K2O vs SiO2 (fig.18), on distingue 3 types
de séries : (i) une série calco-alcaline pauvre en potasse K, transition avec la série
tholéiitique d’arc (ii) une série calco-alcaline normale et (iii) et une série calco-alcaline
riche en K ou hautement potassique (K2O ˃ 1.5 %).

 Dans ce diagramme les roches magmatiques les plus riches en K2O


appartiennent à la série shoshonitique qui est donc une série alcaline et potassique
formée par l’association suivante : absarokite --˃ shoshonite --˃ banakite --˃ latite.

Figure n° 18 : diagramme K2O –SiO2 et délimitation des séries magmatiques


(Perccerillo et Taylor, 1976 )

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VI-3 DIAGRAMMES CHIMICO-MINERALOGIQUES : EXEMPLE DIAGRAMME R1-R2

En se basant sur les données du tétraèdre basaltique de Yoder et Tilley (1962) , La


Roche et Leterier (1973 ) et La Roche et al. (1980), ont déterminé une fonction
chimique qui s’annule pour tous les minéraux contenus sur le plan critique (Diopside,
Plagioclase, Olivine) de ce tétraèdre « plan de sous saturation de la roche en silice »
et qui prend des valeurs positives du côté quartz et négatives du côté Néphéline,
celle-ci correspond à la bissectrice du de la représentation R1-R2. Ce diagramme
largement utilisé dans la classification chimique des roches plutoniques et
volcaniques (fig.19) présente également un grand intérêt en typologie en particulier
pour discriminer entre les séries magmatiques comportant des termes basiques et
intermédiaires.

Figure n°19 : Les magmas basiques et leurs lignées de différenciation dans le


diagramme R1-R2 (La Roche et al., 1980), déduit du tétraèdre basaltique de Yoder et
Tilley (1962) .

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 Le plan critique CPX-OL-Pl du tétraèdre basaltique de Yoder et Tilley (1962) (a)


qui sépare les basaltes alcalins et les basaltes subalcalins peut être exprimé par une
fonction chimique discriminante qui s’annule pour tous les minéraux qui s’y trouvent.

 Cette fonction est exprimée graphiquement dans la représentation (b) dont la


bissectrice représente la trace du plan critique. Cette bissectrice porte le CPX, OL et
les plagioclases (albite et anorthite) alors que la néphéline et le quartz étant situés de
part et d’autre de celle-ci.

 Dans la représentation (c) les basaltes alcalins et les basaltes tholéiitiques et


leurs séries de différenciation se situent respectivement dans le domaine sous-saturé
(séries basaltes-trachyte et basaltes-phonolites) et dans le domaine saturé (séries
basaltes- rhyodacite). Les basaltes hyperalumineux, entre les basaltes alcalins et
tholéiitiques, sont à l’origine des séries calco-alcalines.

 La différence de comportement des séries tholéiitiques et calco-alcalines en


début de différenciation est bien marquée: (i) enrichissement en fer en réponse au
fractionnement de minéraux magnésiens dans la série tholéiitique et (ii)
fractionnement précoce de de minéraux opaques dans les séries calco-alcalines.

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