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Cours de gîtologie et métallogénie du Congo_UOB_L1 Explo_2019-2020

I. RAPPELS

HISTORIQUE

La recherche des métaux est une très vielle activité datant depuis la nuit des temps. Toutefois,
ce fut un domaine uniquement réservé à une petite élite et assimilée à de la Magie et la
philosophie. C’est n qu’au 16 ème Siècle que nous avons eu le premier traité scientifique de
Georgius Agricola (Re Metallica, 1556). C’est dans sa région natale que fut fondé la première
académie des mines en Europe. Il réalisa la première classification des minéralisations en
fonction de la nature autochtone (in situ) ou allochtone (alluviale) des minéraux. Les
minéralisations in situ furent classifiés selon leur forme : filons, lits, stockwerts, etc…). Il fut
le premier à reconnaitre que les filons sont postérieurs à la roche encaissante.
Au 19 ème siècle, une hypothèse fut émise, celle de la sécrétion latérale par des eaux
météoriques. Les eaux météoriques percolent dans la roche encaissante et y dissolvent les
métaux et les reprécipitent dans les fractures. Toutefois, au 20 ème siècle, une hypothèse aux
antipodes (à l’opposé) de la précédente suggèrera que les métaux soient en fait transportés par
des solutions ascendantes d’origine profonde.

CLASSIFICATIONS
Le but d’une classification des gîtes est de constituer des groupements sur la base d’analogie
entre les gîtes, pour faciliter la découverte de gîtes semblables. C’est ça le but ultime de la
gitologie. Il s’agit donc de constituer des inventaires des gîtes. La classification la plus utilisée
est base en premier lieu sur l’association génétique du gisement avec un processus
magmatique, hydrothermal, ou sédimentaire. Dans le cas des gîtes d’affiliation hydrothermale,
on envisage la contribution des fluides hydrothermaux d’origine magmatique,
métamorphiques ou sédimentaires, marin ou météorique. Puis à l’intérieur de chaque grande
affiliation on groupe les gîtes selon leur association avec des bassins sédimentaires, des
intrusions ignées, ou des édifices volcaniques puis par des assemblages métalliques.

Modèles descriptifs et génétiques


C’est l’étape subséquente à la classification. Le but de l’établissement de ces modèles c’est
d’améliorer les chances de succès lors de l’exploration pour des nouvelles ressources
minérales. Les modèles descriptifs contiennent la somme des observations communes ou les

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plus fréquentes à une classe de gîtes. Elles assemblent les observations géologiques,
géochimiques ou géophysiques. Ils ne sont pas basés sur des interprétations. Il peut arriver
que certaines caractéristiques physiques d’un type de gisement soit suffisamment bien établis
pour qu’elles servent de metallotectes. Un metallotecte est un guide pouvant être utilisé dans
la recherche d’un gisement semblable.

Les modèles génétiques quant à eux sont basées sur l’interprétation que l’on se fait du mode
de formation d’un type de gisement. Ils présupposent une compréhension complète du mode
de formation du type de gîte. Ils offrent le meilleur outil possible pour concevoir une stratégie
d’exploration. Leur faiblesse réside dans le fait que chaque gîte est unique malgré le fait qu’il
puisse appartenir à une classe. Le modèle est basé en majorité sur les gîtes les mieux connus
et don déjà découverts. Les nouveaux gîtes pourraient donc différer significativement du
modèle (ex : découverte récente du megagisement de Kamoa-Kakula). En plus notre
compréhension du mode de formation est généralement incomplète, selon les degrés variables.
Ainsi, les modèles génétiques changent au gré des nouvelles découvertes et des modes
scientifiques. Il reste que leur utilisation avec discernement s’avère très utile.

I.1. METHODES D’ANALYSES

I.1.1. Levées de surface et souterrain, forages

A la surface : (1) cartographie régionale avec focus sur les aspects permettant de faire le
mieux l’exploration tel que l’altération typique, un niveau stratigraphique favorable ; (2)
Cartographie locale, à l’échelle du gîte, souvent à partir d’une maille ; (3) Cartographie de
détail, à l’échelle de l’affleurement ; (4) Age relatif de la minéralisation.

Dans le souterrain : cartographie du toit des galeries et des chantiers, parfois aussi des murs
Au niveau des forages : carottage continu dans une zone minéralisée.

I.1.2. Analyse structurale

Elle permet de comprendre la relation entre l’évolution structurale et la minéralisation. Les


relations de recoupement avec les épisodes de déformation permettent de placer des
contraintes sur l’âge relatif de la minéralisation. Celle-ci peut être déformée par un ou

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plusieurs épisodes de déformation. Si la zone minéralisée est plissée, on doit reconstruire sa


forme initiale pour pouvoir reconstruire l’environnement géologique durant la minéralisation.

I.1.3. Étude minéralogique

Elle va se faire en lumière transmise (lames minces), lumière réfléchie (lames polies),
microscopie à balayage électronique et microsonde électronique. Elle va permettre de dégager
les textures et séquences paragénétiques.
Les séquences paragénétiques représentent les changement minéralogiques résultant soit du
changement de la composition chimique du fluide hydrothermal ou des conditions
physicochimiques lors de la précipitation. Elle permet de placer les différents épisodes de
minéralisation dans leur séquence temporelle relative. On va distinguer trois types de textures :
de précipitations, de refroidissement et de remplacement. La bonne interprétation de ces
textures permettra de donner l’ordre temporelle de la paragenèse minérale (Quel minéral s’est
formé en premier et ainsi de suite)

A. Les textures de précipitations dans les ouvertures


Elle va se caractériser par des cristaux avec des faces cristallines bien formés
(Automorphe) à cause de la surface de croissance qui est sot un fluide hydrothermal
ou bien un magma. Si la composition chimique du magma ou du fluide on aura
formation de zonation chimique dans le minéral. On va alors distinguer : (a) texture
drussique : les cristaux croissent à partir de l’éponte (limite filon-roche encaissante)
vers le centre du cristal avec une face idiomorphe (bien formé et développé, habitus
du minéral, automorphe). Des bandes compositionnelles peuvent se former dans le
ruban des cristaux (zonations). (b) Texture rubanée : des rubans de compositions
minéralogique différente alternent. Il peut y avoir répétition des rubans, il y alors
rythmicité. (c) Texture Colloforme : couches de minéraux ayant un habitus
colloforme.

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Figure 1: Photomicrographies montrant les différentes textures des minerais. (a) Texture colloforme
avec une masse de pyrite qui montre cette texture, qui croit de l’éponte (contact) vers le centre du filon.
(b) Grains et bâtonnets de chalcopyrite orientée en exsolution au sein de la sphalérite. (c) Inclusions
de chalcopyrite au sein de la sphalérite montrant une texture globulaire. (d) Inclusions de chalcopyrite
au sein de la sphalérite et montrant une texture lamellaire.

B. Les textures secondaires de refroidissement


Textures résultant du refroidissement du fluide hydrothermal ou du magma. On
distingue 2 types : (a) texture d’exsolution : il s’agit de la cristallisation d’une phase
à partir d’une autre durant le refroidissement. L’exsolution résulte de la déstabilisation
d’une solution solide durant le refroidissement. La phase hôte a une composition
instable à plus basse température et recherche son état d’équilibre par la cristallisation
d’une phase exsolvée. La phase exsolvée (cad celle qui a cristallisé à partir de l’autre)
peut présenter une texture lamellaire, mymékitique (graphique), globulaire mais
cristallographiquement orientée (microscope à balayage électronique). Ainsi cette
nouvelle phase est postérieure à celle à partir de laquelle elle a cristallisée. (b) Texture
en mosaïque : durant un refroidissement suite au métamorphisme ou la cristallisation

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les minéraux tendent à des formes de faible énergie. Les minéraux sont de même taille
et sont à bordures courbes.

Figure 2: (a) Texture en mosaïque. (b) Texture de remplacement montrant la pyrite qui remplace la
Covellite. (c) la sphalérite (sp) subautomorphe zonée (zonation) avec de la pyrite (py) xénomorphe qui
la remplace. Le tout étant dans une veine de dolomite (Dol). (d) La dolomite qui a en inclusion une
intercroissance galène-sphalérite-pyrite.

C. Textures secondaires de remplacement


Elle résulte des processus de dissolution-précipitation ou de diffusion. La phase
remplacée le sera au pourtour du grain, le long de fractures, de plans de clivage ou
autres discontinuités. Le minéral remplacé peut se retrouver en inclusions et de formes
irrégulières dans le minéral de remplacement. Le minéral de remplacement peut se
pseudomorphiser dans le minéral initial.

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Figure 3: (a) Pyrite automorphes zonés avec des bordures riches en or, ce dernier étant alors postérieur
à la pyrite. (b) Texture de remplissage, l’or remplissant les fractures au sein de la pyrite.

I.1.4. Altération hydrothermale

C’est un processus de metasomatisme chimique qui résulte d’un déséquilibre chimique entre
la roche encaissante et le fluide hydrothermal. On observe deux types extrêmes : (1)
canalisé : d’extension locale et généralement discordant, généralement contrôlée par une
porosité de fracture. (2) Pervasif : extension régionale, discordant ou concordant, résultant
de la perméabilité de la roche encaissante.

L’altération hydrothermale, en général, peut-être est le fruit de (l’un ou plusieurs à la fois) 5


types de réactions (cela va dépendre de la nature des fluides, de l’encaissant et du climat) :

(a) Réactions d’hydrolyse : elle va produire des minéraux argileux (voir équation cours
métallogénie G3) tel que la kaolinite etc.. Les feldspaths vont s’altérer et donner la
séricite. Cette dernière en s’altérant donnera aussi la kaolinite.
(b) Réactions d’hydratation : elle va produire la serpentine (altération de l’olivine)
(c) Réactions de déhydratation : production de la pyrophyllite (altération de la kaolinite)
(d) Réaction de décarbonatation : production du diopside (clinopyroxène). La dolomite
va s’altérer pour donner le diopside.
(e) Réactions de silicification : Calcite va donner du quartz (ex : Gîtes de calcaires de
Kirosthe)

Nomenclature des altérations hydrothermales :


a) L’altération propylitique : elle est caractérisée par la présence d’épidote et/ou de
chlorite, sans lessivage significatif des cations tels Na, Ca, K etc.
b) L’altération argilique, intermédiaire : elle est caractérisée par une quantité
importante d’argiles amorphes, de kaolinite ou de montmorillonite qui remplacent

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principalement le plagioclase. La séricite peut être présence et un lessivage du Ca,


Na, Mg.
c) L’altération argilique avancée : caractérisée par la transformation de tous les
feldspaths en dickite, kaolinite, pyrophyllite, ou encore remplacés par des phases
alumineuses.
d) L’altération séricitique : Caractérisée par la domination de la séricite dans
l’assemblage d’altération et aussi par la présence des argiles résiduelles.
e) L’altération Potassique : caractérisée par la domination de la biotite ou des
feldspaths potassiques dans l’assemblage d’altération.
f) L’altération siliceuse ou silicification : caractérisée par une addition importante
dans l’assemblage d’altération (pex ; dolomies riches en silice, Kirosthe).
g) Le lessivage : toute décoloration, blanchissement de la roche causée par l’altération
hydrothermale.
h) Le Greisen : Argilitisation (altération argilique) avancée dominée par du quartz,
muscovite, topaze, et des minéraux accessoires tels que la fluorite, la tourmaline,
rutile cassitérite, wolframite et la magnétite. Altération caractéristique des gites
stannifères.
i) Le chapeau de fer ou Gossans : une croûte rougeâtre dominée par les oxydes de fer
résultant de la météorisation des sulfures. Ils se forment dans l’ancienne nappe
phréatique par l’oxydation des sulfures. La percolation gravitationnelle des eaux
météoriques oxydées et riches en métaux vers les sulfures primaires provoque la
précipitation des métaux sous diverses formes, parce que l'environnement devient de
plus en plus réducteur. Cela provoque une zone enrichie en métaux, appelé
enrichissement supergène, et qui est souvent été minée car elle est enrichie en métaux,
peu indurée et parce qu'elle affleure. Dans le cas des formations de fer, l'hydroxyde de
fer étant insoluble en milieu oxydant, il demeure sur place alors que la gangue de
silicate ou de carbonate peut être dissoute ce qui produit une formation de fer résiduelle
avec, par exemple, un enrichissement de 20-35 % Fe à 64-66% Fe dans le bassin
Hamersley (Australie). Et mieux encore au Sud-Kivu avec les indices résiduels de
Cuivre de Kaziba.
j) Skarn : altération hydrothermale liée au métamorphisme de contact, bien développé
surtout dans les carbonates. Caractérisés par le développement de minéraux calc)
silicates tels que diospide, hedenbergite, wollastonite,grenat (grossulaire, andradite),
actinote.
k) Tourmalinisation, carbonatisation, pyritisation etc : Assemblage d’altération
dominé par un minéral particulier.

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Figure 4 : (a) Microphotographie (lumière transmise d’un roche volcanosédimentaire du gisement de


Kibali (RDC) ayant subis une altération hydrothermale calcaro-ferrosiliceuse (Quartz-Ankerite-Fe).
Les veinules de quartz dans une matrice calcaro-ferreuse (Ankérite-sulfures de fer). (b)Affleurement
d’une unité volcanosédimentaire (conglomérat) fortement silicifiée et carbonitisée (Quartz-ankérite)
résultante de l’altération hydrothermale à Kibali. (c) Microphotographie (lumière transmise) d’un
conglomérat de la même unité de Kibali, montrant une forte altération calcaro-ferrosiliceuse avec
quelques sulfures (minéraux opaques ou noirs) dans le sillage. (d) Cristal de pyrite subissant une forte
magnétisation (altération hydrothermale caractérisé par l’abondance de la magnétite) se traduisant par
des bandes des magnétites dans une roche volcanosédimentaire de Kibali. Le grain de pyrite est
antérieur à la magnétisation.

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Figure 5 : (a) Conglomérat d’une unité volcanosédimentaire du gisement de Kibali, fortement


déformé, caractérisé par une altération hydrothermale calcaro-siliceuse, une fine chloritisation et un
horizon fortement pyritisé (extrême droite). (b) Une masse amorphe au centre de l’échantillon
constitué des sulfures associés au quartz-ankérite. Les zones plus claires ne sont constituées que du
quartz et de l’ankérite. (c) Toujours dans un échantillon de la même unité stratigraphique, il s’observe
deux types d’altération hydrothermales, une calcaro-ferrosilliceuse et une autre chloriteuse
caractérisée par l’alternance des couches plus ou moins épaisses de chlorite.

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Figure 6: Superposition de deux zones d’altération hydrothermales différentes dans le gisement d’or
(conglomérat aurifère) du WITS en Afrique du Sud. A une zone fortement séricitisée succède une zone
fortement chloritisée.

I.1.5. Apport des isotopes dans la métallogénie

Tout d’abord, pour ce qui est des isotopes stables (C, H, O , N ,S), ils sont utilisés pour obtenir
les informations sur : (1) la température de la minéralisation, (2) la source des constituants
dans la minéralisation, (3) les processus physico-chimiques ayant intervenus lors de la
minéralisation (ceux qui produisent le fractionnement.

Il y a ensuite les isotopes radiogéniques, qui permettent de tracer la source de certains


métaux ou des constituants de la gangue mais aussi de donner l’âge absolue de la
minéralisation.

I.2. TYPOLOGIE DES GITES METALLIFERES

Il existe trois principaux types de gîtes métallifères : (1) Gîtes d’affiliation magmatique, (2)
Gîtes d’affiliation hydrothermale et (3) Gîtes d’affiliation sédimentaires.
I.2.1. Les gîtes d’affiliation magmatique

Ils sont formés par deux types de processus magmatiques : (a) la cristallisation fractionnée :
accumulation de cristaux par différence de densité. (b) la ségrégation du liquide immiscible :
un changement de composition par assimilation de l’encaissant, un mélange de magas, un

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changement de température ou de pression peut provoquer l’immiscibilité d’un liquide


(sulfuré ou oxydé) dans le magma silicaté.

Dans les gîtes d’affiliation magmatique, on distingue alors :


1 Les gîtes de de Nickel-Cuivre-EGP : ces gîtes présentent sous forme de lentilles de
sulfures massifs. La paragenèse minérale : pyrrhotite, pentlandite, chalcopyrite,
magnétite, pyrite. Encaissant : roches magmatiques basique à ultrabasiques. On a : (a)
les coulées komatiitiques archéennes, (b) les filons-couches ultramafiques à mafiques,
(c) les astroblèmes
2 Les Chromites litées et podiformes : ces gîtes se présentent sous la forme des dykes
(tabulaires) ou lentilles tabulaires avec comme encaissant soit des massifs
péridotitiques ou pyroxenitiques ou dunitiques (roches ultramafiques) et comme
paragenèse la chromite avec l’olivine, les pyroxènes, plagioclase. On a : (a) les
chromites litées, (b) les chromites podiformes.
3 Les gîtes d’EGP (groupe du platine) : Ces gîtes se présentent sous forme des
complexes mafiques (basiques) tels que les gabbros et anorthosites avec la forme
stratiforme de la minéralisation (litage suite à la cristallisation fractionnée) et comme
paragenèse minérale sperrylite (PtAs2), braggite (Pt, Pd, Ni)S et la laurite (RuS2) qui
sont des arséniures, antimoniures et sulfures du Groupe de platine
4 Les gîtes de Fer-titane : ces gîtes se présentent sous la forme dykes lenticulaire avec
comme encaissant des complexes anorthosiques (basique) et comme paragenèse
minérale le rutile (TiO2) , l’ilménite (FeTiO3) et la magnétite (Fe3O4) .
5 Les gîtes kimberlitiques ou des diamants : ces gîtes se présentent sous la forme de
pipe (cône) ou cheminée kimberlitiques avec comme encaissant la kimberlite ou la
lamproïte et comme paragenèse olivine, la diopside chromifère, grenat pyrope, la
phlogopite et l’ilménite et parfois le zircon.
6 Les gîtes carbonatitites ou des carbonatites : ces gîtes ont comme encaissant les
carbonatites dans des complexes alcalins suite au volcanisme carbonatitique. La forme
de la minéralisation est parfois lenticulaire ou sous forme de cône volcanique ou sous
forme de corps tubulaire dans la cheminée volcanique. La paragenèse minérale est
constituée de pyrochlore, monazite, apatite, zircon, calcite, olivine, pyroxènes,
magnétite.
7 Les pegmatites : Production de Be, Li, Sn, W, Rb, Cs, Nb, Ta, REE, U. Ces gîtes se
présentent sous la forme lenticulaire et filons couches à la périphérie des batholites

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granitiques (encaissant) avec une zonation symétrique des roches pegmatitiques de


compositions différentes. La paragenèse minérale : spodumène (Li), Béryl (Be),
Coltan (Nb-Ta), Uraninite (U), cassitérite (Sn), wolframite (W), micas, feldspaths
potassique, émeraude, saphir, tourmaline etc.

I.1.2. Les gîtes d’affiliation hydrothermale

Les gîtes d’affiliation hydrothermales sont formés par l’écoulement de fluides


hydrothermaux qui transportent les métaux en solution. L’origine des fluides peut être
magmatique, métamorphique, météorique, météorique. La précipitation se faisant par
plusieurs mécanismes tels que la baisse de température, de pression, changement de pH,
état d’oxydoréduction, ébullition, immiscibilité d’une phase gazeuse, réaction avec les
roches encaissantes, et mélange de fluides qui peut provoquer une saturation, un
changement de température, de pH ou de l’état d’oxydoréduction.

Dans cette catégorie, on distingue :


1 Les gîtes de type porphyre-skarn-épithermal : intrusions subvolcaniques riche en
porphyres (gros cristaux) qui lorsqu’elles rencontrent des séquences de carbonates
forment des skarns (métasomatisme entre intrusion siliceuse et couche carbonatée) et
des mantos (corps de sulfures massifs remplaçant les calcaires). Aussi, lorsque dans
ses intrusions subvolcaniques l’eau météorique arrive à y pénétrer et qu’elle interagit
avec ce milieu, on a lors formation des gîtes épithermaux d’Au-Ag. Forme de la
minéralisation : veines, veinules filons, filonets. Encaissants : Diorite, monzonite,
syénite, granite, (roches magmatiques intermédiaires et parfois acides), les roches
carbonatées. Paragenèse minérale : Quartz, topaze, muscovite, pyrite, chalcopyrite,
arsénopyrite, molybdenite, bornite, calcite, diopside, wollastonite.
2 Les gîtes syngénétiques ou sulfures massifs volcanogènes : appelé encore VMS se
forme en même temps que la roche encaissante dominée par des roches volcaniques.
Ils sont différents des gîtes de type SEDEX (sulfures massifs encaissés par des roches
sédimentaires) par leur assemblage Cu-Zn-Pb et leurs encaissant volcaniques. Ils sont
sous forme d’amas massifs, lentilles, stratiformes avec comme paragenèse la pyrite,
pyrrhotite, chalcopyrite, sphalérite, et galène.
3 Les gîtes syngénétiques et diagénétiques des roches sédimentaires : on distingue le
type SEDEX, le type Mississippi Valley (MVT), le type lits rouges et Uranium de type

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Colorado Plateau. L’encaissant est une roche sédimentaire principalement des roches
clastiques gréseuses à siliceuses (pour le type sedex) voir un calcaire dolomitisée
(Type MVT) ou même un shale et des roches carbonatées impurs (Cuivre de type lits
rouges) et enfin des grès et conglomérats fluviatiles (Uranium de type Colorado
Plateau). La forme de la minéralisation : corps tabulaires discordant (Uranium de type
Colorado Plateau et Cu de type lits rouges), lentilles tabulaires et stratiformes
(SEDEX), brèches (MVT), . La paragenèse minérale : Pitchblende (UO2), coffinite
(USiO4) pour l’Uranium de type Colorado Plateau ; Chalcocite (Cu2S), bornite
(Cu5FeS4), pyrite, galène, sphalérite, pyrrhotite, dolomite, calcite, quartz.
4 Gîtes de type filoniens et imprégnations : on distingue plusieurs sous types : (a)
Filon de quartz aurifère : avec comme encaissant (n’importe quelle lithologie traversée
par le réseau des filons), comme paragenèse minérale le quartz, la calcite, l’ankérite,
la tourmaline la scheelite, la pyrite, chalcopyrite, la pyrrhotite, l’arsénopyrite. (b) les
gîtes d’or de type Carlin : avec comme encaissant roches carbonatées d’origine marine,
comme paragenèse minérale l’or natif, l’argent natif et le mercure. (c) les filons à Ag-
Pb-Zn : avec comme encaissants des roches clastiques métamorphisées des schistes
verts percées des granites et des granodiorites. Avec comme paragenèse minérale :
galène, sphalérite, sidérite, quartz, calcite, barite, fluorite, freibergite. (d) Filons de
type Cobalt : avec comme encaissants des roches granitiques et métasédimentaires.
Avec comme paragenèse minérale : Argent natif, colbatite (CoAsS), safflorite (Co,
Fe,Ni)As2, niccolite NiAs, calcite et dolomite. Les autres types de gîtes qui suivent
sont plus des gîtes d’imprégnations dont la minéralisation est sous forme d’amas
disséminés et quelques fois filoniennes : (e) Uranium type discordance (f) les gîtes
IOGC, (g) les gîtes de type amiante

I.1.3. Les gîtes d’affiliation sédimentaire

Ces sont des gîtes formés par des processus sédimentaires. On distingue :
1 Les gîtes manganifères : avec comme encaissant une séquence sédimentaire faites
d’argiles, sables, silts dans un bassin sédimentaire. Avec comme paragenèse minérale :
Rhodocrosite (MnCO2), pyrolusite (MnO2), rhodonite (MnSiO3). Avec comme forme
de la minéralisation : stratiforme tabulaire
2 Les gîtes phosphateux : avec comme encaissant série sédimentaires formées sur la
marge continentale avec l’influence des courants océanique profonds. Avec comme

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paragenèse minérale : fluoro-apatite, et comme forme de la minéralisation :


stratiformes.
3 Les formations de fer rubané ou BIF : avec comme encaissant des sédiments
oxydés, siliceux, carbonatés ; comme paragenèse minérale : hématite, magnétite,
glauconite, sidérite. Avec comme forme de la minéralisation tabulaire stratiforme.
4 Les gites résiduelles d’altération chimiques : sont formés par une altération
chimique intense (hydrolyse) en milieu tropical suite aux pluies intenses. Dans ce
milieu oxydant, les hydroxydes d’Al sont insolubles et ne vont pas être lessivés. Ainsi,
le lessivage intense va laisser sur place un sol riche en Fer et en Al appelé Latérite, qui
lorsqu’elle est riche en Al sera appelée bauxite tandis que celle riche en Ni formera
une latérite nickélifère. On distingue donc : (a) les bauxites : avec comme encaissant
les sols résiduels formés à partir des roches ignées felsiques, des calcaires, des roches
clastiques argileuses. Avec comme paragenèse minérale : gibbsite Al(OH) 3 et avec
comme forme de la minéralisation : stratiforme. (b) les latérites nickélifères : avec
comme encaissants des sols résiduels formés à partir des roches ultramafiques
(péridotites) riches en Ni, avec comme paragenèse minérale la garniérite
(phyllosilicate riche en Ni) et la forme de la minéralisation stratiforme.
5 Les gîtes résiduelles d’altération physique : résultant de l’érosion des gîtes primaires
en amont, du transport des minéraux lourds et résistants et de leur stockage en aval.
Ces gîtes sont appelés placers et paléoplacers, et sont donc des sédiments terrigènes
où des minéraux sont concentrés par différence de densité. Ces minéraux doivent être
denses et résistants à l’altération (abrasion et dissolution). La paragenèse minérale :
MGP, pierres précieuses (diamant, rubis, saphir), oxydes (magnétite, ilménite, rutile,
chromite), les minéraux stannifères, l’or, le quartz, etc. La forme de la minéralisation :
soit en amas ou en strates. Avec comme encaissants : les sédiments terrigènes (placers)
et les conglomérats (paléoplacers, cad les sédiments terrigènes ont subis la diagenèse).
Exemple : le paléoplacer de Wits en Afrique du sud. C’est le plus grand gisement d’or
au monde qui as produit près de 30 % de la production mondiale de l’or depuis les
années 1800. La zone minéralisée fait moins de 2 m d’épaisseur mais avec une grande
extension latérale (500 km2). Avec le quartz, la pyrite, l’or, l’uraninite comme
paragenèse minérale. C’est aussi la plus grande concentration d’Uranium au monde.
Les mines les plus profondes au monde sont dans cette région car la minéralisation va
jusqu’à 30 km de profondeur.

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Chapitre I : APERCU DE LA LITHOSTRATIGRAPHIE DE


LA R.D. CONGO

I.1. PRECAMBRIEN

I.1.1. Subdivision du Précambrien

La sous-commission internationale sur la stratigraphie précambrienne recommande de


ranger les 5 complexes lithostratigraphiques anciens suivant la chronologie ci-dessous :
• L’Archéen : terrains plissés et métamorphisés avant 2500 Ma. Les terrains dans
lesquels affleurent les roches archéennes sont appelés cratons.
• Le Protérozoïque inférieur ou Paléoprotérozoïque : terrains plissés et
métamorphisés entre 2500 et 1800 Ma ;
• Le Protérozoïque moyen ou Mésoprotérozoïque : terrains plissés et métamorphisés
compris entre 1800 et 1300 Ma. ;
• Le Protérozoïque supérieur ou Néoprotérozoïque ou Katanguien : terrains plissés,
surtout sédimentaires, entre 1300 et 600 Ma.

Il faut noter qu’il n’existe pas de limites nettes concernant la base de ces différentes
subdivisions.

I.1.2. Le soubassement (anté-Katanguien)

II affleure sur le pourtour de la Cuvette Centrale sous un revêtement cénozoïque ; il


comprend trois grandes subdivisions : l’Archéen, le Protérozoïque Inférieur (Ubendien,
Luizien) et le Protérozoïque Moyen (Kibarien).

A. L'archéen (Plus de 2.500 Ma)


Les ensembles archéens sont très métamorphisés, ils sont constitués de granito-gneiss,
de migmatites et charnockites parcourus localement par des intrusions gabbro-
noritiques, granitiques et péridotitiques.
Ces ensembles s'observent dans la Province Orientale (Bomu, Gangu. Kibali) et
communément regroupé sous le terme North-East Congo Craton, dans les deux
provinces du Kasai (Luanyi, Kasai-Lomami, Dibaya) et communément régorupé sous
le terme Kasai Craton et dans le Bas-Congo (Pré- Kimézien).

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B. Le protérozoïque inferieur (2500 - 1600 Ma)


Les formations métamorphiques d'âge protérozoïque inférieur sont dominées par les
micaschistes et les migmatites comprenant des séquences amphibolitiques et des
roches vertes. Elles ont été intrudées par des granites et des pegmatites accompagnées
de filons de quartz aurifères. Les ensembles sont connus sous les termes Kibalien,
Ubendien, Luizien, Luluien, Lukoshien, Kimézien, Ruzizien.

C. Le protérozoïque moyen (1600 – 1200 Ma.)


Il est constitué des formations dominées par la composante quartzifère comprenant des
conglomérats, quartzites, phyllades divers, quelques micaschistes, interrompus par des
épisodes volcaniques basiques à intermédiaires dont certains sont transformés en
roches vertes et en épidotites. Les intrusions observées sont soit syntectoniques (1300
Ma), soit d'âge panafricain (1100 et 950 Ma).
Les terminologies connues sont : Kibarien (Katanga, Kasai, Maniema, 2 Kivu),
Zadinien-Mayombien-Sansikwa (Bas-Congo), Likibembien (Equateur, Province
Orientale) ou Burundien.

I.1.3. Le Panafricain congolais (1200-570 Ma)

Le Panafricain, représenté principalement par le Katanguien (Katanga, Kasaï), l'Ouest-


Congolien (Bas-Congo) et le Lindien (Kivu, Maniema, Equateur, Province Orientale), est
formé de sédiments concordants épais, peu métamorphisés, subdivisés en trois groupes
constitués chacun par un ensemble conglomératique de base, surmonté par des ensembles
quartzo-feldspathiques incluant des séquences pélitiques et carbonatées plus ou moins
développées. On retrouve de bas en haut et suivant les régions :

OUEST-CONGOLIEN KATANGUIEN LINDIEN


HAUT-SHILOANGO (1200 m) ROAN (2500 m) ITURI (200 in)
SCHISTO-CALCAIRE (1270 m) NGUBA (2000 m) LOKOMA (650 m)

ARUWIMI (I500
SCHISTO-GRESEUX (2040 m) KUNDELUNGU (3000 m)
m)

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I.2. LA COUVERTURE PHANÉROZOÏQUE CONTINENTALE.

Elle constitue l’essentiel des sédiments de la Cuvette Centrale. On peut la diviser en huit
unités ou groupes :
LUKUGA : (Carbonifère - Permien, 305 - 225 Ma)
…………………. : Lacune
HAUTE-LUEKI : (Trias Supérieur, 200 - 190 Ma
KISANGANI : (Jurassique - Crétacé, 190 - 115 M)
LOYA : (Aptien-Albien, 115 - 105 Ma)
BOKUNGU :(Albien Supérieur, 105-90 Ma.)
KWANGO : (Cénomanien, 90 - 75 Ma)
…………….: Lacune. Erosion fin-Crétacé.
KALAHARI : (Eocène - Miocène, 55 - 10 Ma)
RECENT (Pliocène, Holocène, 10-0 Ma)

I.3. DESCRIPTION LITHOSTRATIGRAPHIQUE DE QUELQUES UNITES


GEOLOGIQUES

I.3.1. Les formations précambriennes


I.3.1.1. BAS – CONGO
a) Le Zadinien : 3450 – 3000 Ma
Correspond à l’Archéen. C’est une série métamorphique plissée et orientée WSW-
ENE qui comprend trois unités : Groupe Palabala, groupe de Matadi et le groupe de
Tshela
b) Le Mayombien : 3000-1800 Ma
Le Mayombien est discordant sur le Zadinien, il a été plissé SE-NW et migmatisé ; il
comprend : Le groupe de Sikila et groupe du mont Lungu
c) Le Sansikwa : 1800 – 1200 Ma
C’est un ensemble comprenant le seul groupe de Sansikwa discordant sur le
Mayombien. Il a été plissé et érodé avant le dépôt d’une tillite.
d) L’Ouest Congolien : 1200 -600 Ma
I.3.1.2. LA PROVINCE ORIENTALE ET L’EQUATEUR

A. L’Uélien : 3600 – 3000 Ma

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Il s’agit des formations archéennes représenté par le Groupe de Bomu (complexe


gneissique) et le Groupe de Gangu (Quarztites, shistes sericiteux traversées par des
filons de galène)
B. Le Kibalien : 3000-1800 Ma
Il n’existe pas de coupe continue du Kibalien. Des observations locales donnent la
succession suivante :
- Granites alcalins à microcline ;
- Granites sodiques à albite, oligoclase ;
- Diorite, amphibolites ;
- Schistes avec bancs de quartzites et d’itabirites.
Ces formations sont parcourues par des pegmatites ainsi que par des filons de quartz
aurifère datant de 2075 à 1850 Ma.
C. Le Likibembien : 1800-1200 Ma
Le Likibembien est comparable au groupe de la Sansikwa formé de phyllades et de
quartzopyllades, ainsi que de quartzites. Il affleure dans le coude de l’Oubangi.
D. LE LINDIEN : 1200-600 Ma

I.3.1.3. LES KASAI-KATANGA-MANIEMA- SUD ET NORD-KIVU


A. Le Kasaien : 3450 – 3000 Ma : Formations archéenes
- Granites du complexe de Dibaya ;
- Gneiss de la Luanyi supérieure (3300m.a.) ;
- Quartzites, micaschistes,
B. Le Kasai – Lomami : 3000 – 1800 Ma
- Granites (2710 Ma) ;
- Charnockites (2700 Ma.) ;
- Gneiss de Luiza, migmatites.
Au niveau du Kivu on parle de Ruzizien ou Burudien.
C. Le Kibarien : 1800 – 1200 Ma
Le Kibarien repose sur le Kasai-Lomami, lui-même recoupé par des granites (2210
Ma) et des pegmatites (1850 Ma). Ses plis orientés SW-NE connaissent une virgation
dans le Kivu et adopte une direction SE-NW (Rumvegeri, 1984). Le Kibarien
comprend : Groupe de mont Kiaoro, Groupe de la Lufira (1300 – 5500m), Groupe de
la Lovoï (1500-4000 m), Groupe de la Lubudi (1500 – 1800 m). Tous ces groupes ont
à leur base un conglomérat.

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Le Kibarien a été envahi par des granites syn- tectoniques datés à 1300 ± 40 Ma, des
granites post- orogéniques à étain-niobium (1010-925 Ma) et des pegmatites tardives
(975-875 Ma) (CAHEN, 1967).

D. Le Katanguien : 1200-600 Ma

Le Katanguien comprend des roches sédimentaires déposées pendant la période qui a


séparé la tectonique Kibarienne de la dernière phase de la tectonique katanguienne.
Ces roches sont divisées en trois groupes : le Roan (R), le Nguba (Ng) (ex-Kundelungu
inférieur) et le Kundelungu (ex-Kundelungu supérieur), séparés par deux mixtites
dénommées « Grand Conglomérat » et « Petit Conglomérat ». Les différentes unités
stratigraphiques sont subdivisées sur base de la lithologie en groupes, sous-groupes,
niveaux, sous-niveaux, horizons, etc.
La succession lithostratigraphique du Katanguien est la suivante :
1) Groupe du Roan
(i) R1. Sous-groupe de roches argilo- talqueuses (RAT) (800m)
(ii) R2. Sous-groupe des Mines (250m)
(iii)R3. Sous-groupe de la Dipeta (600m)
(iv) R4. Sous-groupe du Mwashya (600m)
2) Groupe de Nguba (Ng)
(i) Ng.1. Sous-groupe de Lubumbashi (1000m)
(ii) Ng.2. Sous-groupe de Monwezi (1000m)
3) Groupe de Kundelungu (Ku)
(i) Ku1. : Sous-groupe de Kalule (1000m)
(ii) Ku 2 : Sous-groupe de Kiubo (1200m)
(iii) Ku 3 : Sous-groupe des Plateaux (800m)
E. L’Itombwe : 1000-600 Ma
Il s’agit de l’équivalent du Katanguien au Kivu. C’est un synclinorium constitué d’une
succession des roches métasédimentaires métamorphisés (greenschist faciès ou faciès
des schistes verts) et qui repose sur le Kibarien. Il est subdivisé en deux groupes (haute
et basse Kadubu) séparé par une faille.
I.3.2. Les formations de couverture
I.3.2.1. LE PALEOZOIQUE
Groupe de la Lukuga (KAROO)

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a. Carbonifère supérieur
- Tillite.
- Shales noirs de Walikale
b. Permien inférieur
- Shales noirs de la Lukuga et de Walikale
c. Permien supérieur
- Shales noirs, grès et psammites à couches de charbon.
- Argilites, shales bariolés, grès et veines de charbon.
I.3.2.2. LE MESOZOIQUE
1. Jurassique supérieur : groupe de Kisangani : Grès fins et argilites bariolées à
faune de poissons et ostracodes, avec niveaux de shales bitumineux.
2. Crétacé
a. Crétacé inférieur (Wealdien) : groupe de la Loia
- Grès verts ou bruns
- Argilites et shales verts ou rouges bitumineux de la Loia
- Argiles, marnes, grès bitumineux du littoral.
b. Crétacé moyen et supérieur : groupe’ du Kwango
- Argilites et de la INZIA
- Argilites, grès bitumineux, calcaires du littoral
- Grès arkosiques et argilites rouges de la NSELE.
I.3.2.3. CENOZOIQUE (KALAHARI)
1. Paléocène : argiles et calcaires gréseux du littoral à faunes marines.
2. Eocène-oligocène :
- Grès polymorphes
3. Miocène
- Sables ocres, à graviers limonitiques et grès tendres
- Couches de Malembe au Littoral à dents de poissons.
4. Pliocène
- Graviers argileux à bois silicifiés de Moanda
- Volcanisme du Kivu isolant les lacs Edouard et Albert.
I.3.2.4. QUATERNAIRE
- Graviers, galets et sables quaternaires ;
- Récent volcanisme du Nyiragongo.

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CHAPITRE II: EVOLUTION STRUCTURO-METALLOGENIQUE


DES GRANDS ENSEMBLES GEOLOGIQUES DU CONGO ET VUE
D’ENSEMBLE DES GISEMENTS

Les formations géologiques du Congo appartiennent à deux ensembles structuraux majeurs :


- La couverture qui occupe le bassin du fleuve Congo, la zone littorale atlantique et le
rift de l’Afrique centrale,
- Le socle qui forme un anneau presque ininterrompu autour dudit bassin (Figure 7).

La structure actuelle du socle résulte de la succession et de la superposition des événements


orogéniques qui ont affecté l’Afrique centrale depuis plus de trois milliards d’années.

La métallogénie du Congo est liée à cette évolution du socle, et sa très longue histoire va
être examinée en soulignant le rôle respectif de la paléogéographie, de la tectonique et du
magmatisme dans l’apparition des minéralisations.

II.1. EVOLUTION STRUCTURO METALLOGENIQUE DES GRANDS


ENSEMBLES GEOLOGIQUES

II.1.1. LES BOUCLIERS ARCHEENS (≥ 2500 Ma) ou cratons

Ces boucliers affleurent au Congo septentrional et au Kasaï. Ce sont de vastes surfaces de


roches profondément métamorphisées au sein desquelles apparaissent des lambeaux de
schistes cristallins qui gardent des reliques d’orogenèses anciennes.
Le bouclier du Kasaï, abondamment sillonné par les missions de prospection diamant, est le
mieux connu. Son histoire géologique se serait déroulée selon le schéma suivant (DELHAL,
1963) : (1) Existence d’un vieux socle gneissique (3200 Ma), (2) Intrusion de massifs gabbro-
noritiques et formation de charnockites par granitisation catazonale, (3) Phase shamvaienne
de plissement entraînant la déformation de l’ensemble gneiss-massifs gabbro-noritiques.

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Figure 7: Carte géologique de la RDC (E= 1/2500000) montrant les deux ensembles structuraux
majeurs que sont la Cuvette Centrale et ses formations de couverture (d’âge récent) d’une part, et le
socle (vielle formations) formant un anneau tout autour de la CC d’autre part

L’histoire du bouclier septentrional (North east Congo craton) est très comparable à celle
du Kasaï. A la base, le complexe du Bomu, un vieux socle gneissique (3200M.A), recouvert
par les sédiments métamorphiques au cours de l’orogenèse shamvaienne.

Intérêt en métallogénie du Congo


Ces boucliers ne renferment aucun gisement notable d’or ni de cuivre-nickel. Le lopolite
gabbro-noritique, qui s’est mis en place dans le vieux socle gneissique du Kasaï et qui

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pourrait constituer un métallotecte de taille (150 X 50 km) pour des minéralisations en


cuivre-nickel-chrome et platine, ne renferme que des indices.

Au nord de ce lopolite, et probablement à la faveur de la phase post-orogénique


shamvaienne, de puissants dykes d’ultrabasites se sont mis en place dans des cassures
profondes, de direction E-W, qui affectent le complexe de Dibaya. Des indices de chrome et
nickel ont été trouvés dans la zone d’altération latéritique de ces dykes.

II.1.2. LA CEINTURE DU PROTEROZOIQUE INFERIEUR ET MOYEN (2500 -


1300 Ma)

Les sédiments des cycles orogéniques Ruzizien, Kibalien, Burundien et Kibarien, qui
correspondent à cet intervalle de temps, se sont déposés dans des zones mobiles méridiennes,
situées sur les bordures est et ouest du craton et dans des fossés intracratoniques.

A. Le domaine des zones mobiles

La zone mobile orientale est la plus importante, elle se situe sur la bordure est du
craton où elle se suit du Katanga central au Nord-Kivu.

La sédimentation débute, avec le dépôt de la série ruzizienne dont la séquence


lithologique montre une répétition monotone de niveaux schisto-quartzitiques
intercalés de lentilles calcaires et niveaux conglomératiques. L’ensemble de ces
sédiments a été plissé au cours de la phase ruzizienne (2100 Ma), et des massifs
granitiques à bordure gneissique et migmatitique se sont mis en en place dans les
noyaux anticlinoriaux. Le degré de métamorphisme régional des sédiments ruziziens
appartient à la mésozone.

Le Ruzizien renferme de nombreux gites détritiques aurifères, mais l’existence de


gisements en place d’âge ruzizien n’a pas été démontrée (Pourquoi ?). La séquence
lithologique schisto-quartzitique kibaro-burundienne est également caractéristique de
dépôts de faible profondeur dans une fosse de subsidence.

Jaziel Nkere, PhD 23


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L’ensemble des sédiments de la zone mobile orientale a été plissé au cours de la phase
Kibarienne (1300 Ma). Les anticlinoriums et synclinoriums de direction générale NE-
SW sont beaucoup plus serrés dans la région orientale (Kivu, Ruanda, Uganda), où
l’épaisseur des sédiments burundiens était plus importante que dans la région
occidentale (Maniema). Des massifs de granites calco-alcalins syntectoniques se sont
mis en place dans les anticlinoriums.

Enfin, l’ensemble plissé et granitisé de la zone mobile a été recoupé par les massifs
de granites circonscrits leucocrates, dans les anticlinoriums, de 1000 et 875 Ma.
L’essentiel de la minéralisation stannifère est liée à ces granites. Les cortèges de
minéralisations pegmatitiques et pneumatolytiques se sont mis en place dans les
sédiments du Burundien inférieur et plus anciens dont le degré de métamorphisme
est limité par l’isograde staurotide-biotite.

On connaît également des filons de quartz à cassitérite et wolframite concordants,


dans les zones plissées sans granite apparent, qui pourraient indiquer l’existence
d’une minéralisation stanno-wolframifère pré-orogénique.

Dans la zone mobile occidentale (voir Fig. 7), les sédiments des cycles
mayumbiens et du Sansikwa ont été plissés et affectés par un métamorphisme
régional qui peut atteindre le degré catazonal. Aucune minéralisation notable
n’apparaît liée aux formations effusives et intrusives des cycles zadinien (Archéen)
et mayumbien (paléoprotérozoïque ou protérozoïque inférieur) .
Interet métallogénique des zones mobiles : gîtes d’or, Sn et métaux associés dans
la zone orientale et dans la zone occidentale aucun gîte (Attention !!!)

B. Le domaine intracratonique (à l’intérieur des cratons ou boucliers)

Les métasédiments du Kibalien et du Ganguien, discordants sur le craton


septentrional, ont été affectés par une granitisation très étendue. Les métasédiments
non granitisés forment des lambeaux discordants sur le craton ou isolés dans le granite.
Ces lambeaux sont constitués de grains fins, de laves et tufs souvent albitisées (spilites,
roche magmatique vert bleu basique à structure analogue à celle de basalte et
kératophyres, roche magmatique effusive à composition chimique de structure

Jaziel Nkere, PhD 24


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basique), de schistes graphiteux à biotite, de schistes à ankérite, dolomie ferrifère


brunâtre et dolomite, de quartzites et d’itabirites. L’ensemble des lambeaux possède
un Clarke anormalement élevé en or. Les lambeaux de Kilo et de Moto renferment des
granites, et des gîtes disséminés dans des volcanites albitisées. L’or lié aux niveaux
d’itabirites a formé, en outre, de nombreux placers.

Sur le craton méridional (craton ou bouclier du Kasai), les métasédiments du


Luizien et du Lukoshien se sont déposés dans des fossés situés au nord et au sud du
lopolite gabbro-noritique du Kasaï.

Les métasédiments du Luizien, micaschistes quartzitiques et itabirites, ont été affectés,


ainsi que les roches du craton, par une phase de granitisation étendue, puis l’ensemble
socle et couverture granitisés a été plissé et métamorphisé au cours de la phase
orogénique ruzizienne.

Sur la bordure sud du craton du Kasaï, la série schisto-quartzitique, à intercalations de


lentilles de calcaire dolomitique du Lukoshien, a été moyennement plissée et
métamorphisée au cours de la phase orogénique ruzizienne. Le Lukoshien renferme
l’important gîte de manganèse de Kisenge dont la minéralisation dérive de l’oxydation
d’une série de lentilles carbonatées manganésifères.

Intérêt métallogénique du domaine intracratonique


Au niveau du craton du Kasai : les itabirites, les gîtes de manganèse
Au niveau du craton septentrional : les gîtes aurifères du Nord Est de la RDC et les
itabirites.

II.1.3. La couverture du protérozoïque supérieur (1300-600 Ma.)

Les sédiments du Protérozoique supérieur, appelé Katanguien au Congo et en Zambie, se sont


déposés sur les plates – formes épicontinentales et dans les aires subsidentes du craton de
l’Afrique centrale. Les sédiments du Roan se sont accumulés dans les aires subsidentes et ont
été largement transgressés par ceux de Nguba. C’est dans une aire de subsidence située sur la
bordure sud-est du craton qu’une énorme quantité de cuivre est venue s’accumuler à l’époque
du Roan moyen.

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Les dépôts katanguiens n’ont été que partiellement affectés par l’orogenèse pan- africaine ;
aussi on y distingue un domaine tabulaire étendu et deux domaines plissés correspondant aux
chaines lufilienne et ouest congolienne (Itombwe au Kivu).

A. La chaine lufilienne

La géologie de cette chaine qui renferme la ceinture cuprifère est la plus élaborée de
la R.D.Congo grâce aux études stratigraphiques et structurales réalisées par les
services géologiques du Comité Spécial du Katanga (créés dès 1920), de l’Union
Minière et de la Gécamines et de nombreuses publications.

Le Katanguien, qui s’est déposé entre 1200 et 550 Ma., a été divisé chronologiquement
en trois groupes séparés par deux formations de tillites.

Le sous-groupe R2 ou des Mines renferme l’ensemble de la minéralisation cupro-


cobaltifère. Les faciès se différencient par les proportions d’horizons dolomitiques et
arkosiques, la géométrie du niveau de R.S.C. et l’existence de niveaux carbonés.

Dans les séries calcaires de Nguba, la minéralisation cupro-zincifère, accompagnée de


plomb et de germanium, forme des amas discordants dont l’âge et le type seront
précisés ultérieurement.

Au cours de l’orogenèse katanguienne, les sédiments du Roan et de Nguba ont été


successivement affectés par une phase tectonique majeure dite lufilienne, antérieure
au dépôt du Ku 2, qui a engendré des plis, chevauchements et charriages dirigés vers
le nord ; une phase kundelunguienne, postérieure au dépôt du Ku3, qui a formé des
anticlinaux dont le flanc nord chevauche le flanc sud. Enfin, au cours d’une phase
cassante monwezienne, se seraient formées les grandes failles obliques sur l’axe des
plis de la bordure sud de la ceinture cuprifère.

Dans l’avant-pays de la chaine lufilienne (Katanga central et septentrional), la


couverture a été modérément affectée par les phases de l’orogenèse katanguienne. La
minéralogie parait essentiellement cuprifère ; les indices et gisements sont à

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rapporter, soit au type stratiforme, soit au type épigénétique en relation avec les
failles post-orogéniques de direction NE-SW.
Dans la partie orientale de la chaine lufilienne (Katanga méridional et Zambie), le
socle et la couverture ont formé des plis harmoniques. La minéralisation cupro-
cobaltifère apparaît sous forme de lentilles étendues dans le niveau des ore-shales et
de petites lentilles sporadiques (footwall ore- bodies) dans les séries clastiques
inférieures.
Dans la partie occidentale de la chaine lufilienne (Katanga sud – occidental), la
couverture s’est désolidarisée du socle et a formé des structures classiques avec plis
chevauchants et charriages, et avec de nombreuses extrusions de toutes dimensions.
Au cours des déformations, le sous-groupe compétent R2, situé entre deux sous-
groupes formés de roches incompétentes, a été disloqué en écailles au sein desquelles
les minéralisations stratiformes ont été préservées.
Le degré de métamorphisme, très faible ou inexistant dans l’avant-pays, ne dépasse
pas le faciès schiste vert dans la ceinture cuprifère.
L’orogenèse katanguienne n’a été accompagnée que de rares intrusions plutoniques :
sills gabbroiques dans le sous-groupe R4, dolérites andésitiques sodifiées
(JAMOTTE, 1933), roches basiques dans la région de Tenke (GROSEMANS, 1934).
Interet en métallogénie : gîtes stratiformes Cu-Co du katanga, les gîtes Zn-Cu-Pb
(Ag-Ge), les gîtes Cu-Ni-U
B. La chaine ouest congolienne
Les sédiments plissés de la chaine ouest congolienne ne renferment pas de
minéralisation disséminée stratiforme à Cu-Co ; l’avant- pays tabulaire a été affecté
par une phase cassante post-orogénique, génératrice de failles de direction E-W à
W.SW-E.NE. Ces failles sont en relation spatiale avec des minéralisations de Zn-Cu-
Pb (intérêt métallogénique), situées dans les étages du Shiloango, tillite supérieure et
schisto- calcaire.

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Figure 8: Les formations panafricaines du Katanga (Katanguien-Roan), Bas-Congo (Chaine Ouest-


congolienne) et du Kasai (série de la Bushmayi) sont caractérisés sur le plan métallogénique par la
présence des gîtes Pb-Cu-Zn. Toutefois, au Kivu (Itombwe) il n’y a que des petits indices de ces gîtes
et dans la province orientale (Lindien) on ne retrouve que de très faible indices.

C. La série du Bushimay et le lindien


Au Kasaï oriental, les niveaux de base de la couverture schisto-dolomitique de la série
de Bushimay renferment des indices de minéralisation disséminée stratiforme,
plombifère et épigénétique de cassure, à Pb-Zn-Cu. De faibles indices de
minéralisation sulfurée stratiforme ont été découverts (B.R.G.M., 1972) dans les
sédiments lindiens de l’Ubangi.

II.1.4. Les séries de couverture post-précambriennes


A. Le Karoo
Le Karoo (Permo-carbonifère) est la série la plus ancienne qui se soit déposée sur le
socle précambrien de l’Afrique centrale, pendant que le socle de l’Afrique
saharienne avait déjà reçu les dépôts successifs des mers cambrienne et silurienne.
B. Le Jurassique supérieur

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La première invasion à fossiles marins kimméridgiens a formé, dans la zone


subsidente du domaine réactivé, un vaste bassin laguno-marin dans lequel s’est
déposée la série à schistes bitumineux du triangle Kisangani-Ubundu-Wanie Rukula.
Intérêt métallogénique : Aucun mis à part le charbon
C. Le Crétacé
Les sédiments crétacés affleurent largement dans le domaine occidental du craton.
- Le long du littoral Atlantique, les formations marines ont formé une série de
bassins côtiers à évaporite (série de Loeme), hydrocarbures (série de Pinda) et
phosphates (Maestrichtien).
- Dans la cuvette centrale, des sédiments continentaux gréso-argileux se sont
déposés sur les paléo-reliefs du craton (série de la Loia, série inférieure du
Kasaï). Ce dépôt a été suivi de mouvements épirogéniques, générateurs de
fractures profondes, qui ont permis la mise en place des kimberlites au Kasaï
et au Katanga.

La seconde invasion marine appartient à l’Albien (série de Bokungu, couche I de la


série inférieure du Kasaï). Au Kasaï occidental, le conglomérat de base de cette série
renferme des diamants qui ont formé, après de nombreux remaniements, les placers
diamantifères actuels de Tshikapa.
Intérêt métallogénique : Les gîtes diamantifères primaires du Kasaï, les indices de
diamants du Kundelungu, les placers diamantifères de Tshikapa.

D. Le Tertiaire (65-1,8 Ma)

Dans le domaine réactivé oriental, la tectonique des rifts, amorcée au Permo-Trias et


marquée au Malawi par des failles et intrusions de carbonatite d’âge crétacé, a atteint
sa phase paroxysmale vers la fin du Pliocène.

L’activité volcanique s’est manifestée dans la zone d’inflexion où se situe le lac Kivu.
Au nord de ce lac, la chaine des Virunga comprend huit grands volcans dont deux, le
Nyiragongo et le Nyamulagira, sont encore actifs.

Intérêt métallogénique : Des pipes de carbonatites, dont deux Bingo et Lueshe, sont
minéralisées en apatite et pyrochlore, se localisent le long des bordures est et ouest du

Jaziel Nkere, PhD 29


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rift. Ces intrusions peuvent être soit en relation avec le volcanisme quaternaire, soit
contemporaines des kimberlites du Kasaï et du Katanga et des carbonatites du Malawi,
d’âge crétacé.

II.2. VUE METALLOGENIQUE D’ENSEMBLE DES GISEMENTS DE LA


R.D. CONGO (Inventaire métallogénique de la RDC)

II.2.1. Gisements endogènes (gisements d’affiliation magmatique et hydrothermaux)

A. Gisements magmatiques précoces (se sont formés avant ou pendant la mise en place)

• Titane : kimberlite à ilménite (FeTiO3) du Kasaï ; on trouve du titane comme


impuretés dans la carbonatite de Lueshe au Nord Kivu. Le seul minéral est le
pyrochlore (Na, Ca, Ce)2(Nb, Ti)2O6(F,OH).
• Diamant : La roche mère est la kimberlite. En RDC, les pipes kimberlitiques
abondent au Kasaï et au Katanga. Ils traversent le groupe de Kisangani, Loïa
et Bokungu et donnent naissance aux placers alluviaux diamantifères à la base
du groupe du Kwango (ceci n’as jamais été prouvé).

B. Gisements magmatiques tardifs (se sont formés après la mise en place)


• Titane : voir au-dessus.
• Fer : titanomagnétite dans les roches basiques ; magnétite dans les syénites ;
en R.D.Congo : la magnétite sur la bordure occidentale de la carbonatite de
Lueshe.
• Chrome-Nickel : gisements de Nkonko et Lutshatsha au Kasaï Occidental
(complexe migmatitique et charnockitique de Dibaya).
• Corindon : gisements pegmatitiques et détritiques secondaires qui en résultent
à l’Est de la R.D.Congo.

C. Gisements pegmatitiques
• Corindon : voir au-dessus.
• Etain : minéral : cassitérite. Le gisement le plus important est celui de
Manono-Kitotolo (Katanga) exploité au sein des schistes métamorphiques du
Kibarien. Plusieurs autres gisements existent dans la ceinture stannifère

Jaziel Nkere, PhD 30


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kibarienne (Katanga, Kivu, Maniema). Il en existe aussi sur les sites de Kikole,
Wuto, Shienzi et Mwanza au nord de Luena.
• Uranium : La pegmatite de Kobokobo (Sud-Kivu) sur la route de Kamituga
en regorge.
• Niobium-tantale (dans le pyrochlore et columbo-tantalite de Lueshe p.ex.)-
terres rares (dans la monazite p.ex.)- tungstène (dans les pegmatites du Kivu
p.ex.).

D. Gisements hydrothermaux
• Fer : sous forme de sidérite dans le gisement de Kipushi au Katanga, le long
de la faille de Kipushi au contact Kaponda- Kakontwe dans Nguba.
• Cuivre : gisement à Zn-Pb-Cu de Kipushi ; gisement à Cu-Co-U-Ni de
Shinkolobwe toujours au Katanga.
• Plomb : gisements de Kipushi, Lombe, Kengere (Katanga) ; indices de Bamba-
Kilenda (Bas-Congo) et Lubi-Lukula (Kasaï).
• Mercure : cinabre HgS. En R.D.Congo, l’essentiel de mercure est récupéré
comme impureté lors du traitement des minerais zincifères de Kipushi. Il est
inclus dans la maille de la blende (sphalérite).
• Or : Gisements de quartz aurifère :
- Gisements peu importants observés dans la ceinture stannifère kibarienne
depuis Kolwezi, au Katanga, jusqu’au Kivu.
- Gisements de quartz aurifères et disséminations importants relevés dans la
Province Orientale (cas de Kilo-Moto), ils résultent d’une migration des
solutions dans les formations métamorphiques kibaliennes à partir des
intrusions granitiques entre lesquelles ces formations sont coincées.
- Pyrite aurifère de type Lukanga et Sakania au Katanga.
- Or est associé aux gisements du sous-groupe des Mines présentant une
activité hydrothermale (Shinkolobwe, Kalongwe, Kambove, Mutoshi ou
Ruwe).
• Argent : association avec l’or dans les gisements de Kilo-Moto ; Ag est aussi
inclus dans les sulfures riches en cuivre de Kipushi (bornite, chalcocite,
digénite, tennantite, reniérite); Ag lié à la galène dans le gisement de Lombe et
Kengere au Katanga.

Jaziel Nkere, PhD 31


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• Platine et MGP: Impuretés lors du traitement des minerais du sous-groupe des


Mines dans les gisements katangais ainsi que du gisement de Kipushi.
• Thorium : est associé au pyrochlore de la carbonatite de Lueshe et à la
monazite de différents gisements de la ceinture stannifère.
• Nickel et Cobalt : Shinkolobwe, Kengere, Lombe.
• Sels : Dans le Katanguien : filons de type Kapumba (Ba-Fe) et Lufukwe (Cu-
Ba-Fe) ; dans le Schisto-Gréseux du Bas-Congo : filons de type Sabinga (Ba-
Fe-Mn).
• Terres rares-Nb-Ta-W : carbonatite de Lueshe ;
• Etain : filons et carbonatite de Lueshe.

E. Gisements pyrométasomatiques
Dans les gisements skarniens issus du métamorphisme de contact des roches
carbonatées, on peut exploiter du corindon.

II.2.2. Gisements exogènes

A. Gisements résiduels :
Fer : plusieurs gisements sont localisés à la base des dolomies du groupe de Nguba,
notamment le long de la frontière zambienne à l’Ouest de Kipushi. Ils résultent de
l’altération des amas pyriteux. Cas du gisement de Kisanga à l’Est de Kambove et
qui a fourni de l’hématite et de la limonite comme fondant pour les Usines
métallurgiques de Lubumbashi.
Aluminium : bauxites du Bas-Congo.
Or : l’or se sépare des sulfures dans les chapeaux de fer et en zone d’oxydation des
gîtes sulfurés. L’or trouvé à Mutoshi et dans les placers alluviaux environnants ; il
est issu de l’altération des sulfures d’un lambeau du sous-groupe des Mines et est
associé au platine, palladium et vanadium.

B. Gisements détritiques

Or : dans les placers de la Province Orientale, de Kivu, du Katanga on trouve de l’or


partiellement alluviale. On en trouve aussi dans le district du Bas-Fleuve et le long

Jaziel Nkere, PhD 32


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de la Haute-Lulua. Il existe des potentialités le long de la Haute Lukenie au Kasaï,


ainsi qu’au Kivu.
Diamant : les brèches à kimberlite de Mbuji-Mayi sont riches en diamant. Les
placers alluviaux couvrent les deux Kasaï, le SE du Bandundu, le Bas-Fleuve et la
province Orientale.
Grès et sables : ces matériaux de construction naturels sont ubiquistes ;

C. Gisements sédimentaires

Fer : des accumulations hématitiques sont fréquentes à la base du Mwashya au


Katanga ou elles sont associées aux roches pyroclastiques. Le gisement de
Kasumbalesa est localisé dans les grès surmontant le conglomérat de base du sous-
groupe de Konkola. Au Kasaï Occidental, des niveaux à itabirites (BIFou banded iron
formations) sont observés à Luebo dans les shales rapportés au Lomami supérieur, et
à Kandakanda au Kasai oriental ; au Nord-Katanga dans la région de Mutombo-
Mukulu. Les BIF se rencontrent également dans le Kibalien de la Province Orientale.
Schiste bitumineux : ces dépôts sont observés notamment dans la Province
Orientale ; les schistes bitumineux contiennent des hydrocarbures sous forme de
bitumes pâteux pouvant être extraits par pyrolyse.
Charbon : se forme par accumulation des organismes végétaux. Les gisements les
plus importants sont connus à Luena et Lukuga (Katanga).
Pétrole et gaz méthane :
- Pétrole s’observe sur le littoral Atlantique, au niveau de la cuvette centrale
(Equateur, Bandundu et Nord du Kasai occidental), dans la région de grabens
au niveau des lacs Albert et Edouard ; des indices sont également connus au
niveau du lac Tanganyika.
- Gaz méthane : au niveau du lac Kivu.
Eaux thermales : au Kivu et au Katanga (exploitables pour des besoins
thérapeutiques et géothermiques.
Evaporites : plusieurs salines dont les salines du Mwashya (Katanga) regorge de
NaCl ; le gypse apparait également au Katanga à Kansenia, etc.

Jaziel Nkere, PhD 33


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CHAPITRE III. METALLOGENIE ET GITOLOGIE DU


SOUBASSEMENT PRECAMBRIEN

III.1. PERIODES METALLOGENIQUES ARCHEENNE ET DU


PROTEROZOIQUE INFERIEUR (>1800)

III.1.1. Gîtes sédimentaires

A. Les Itabirites ou gîtes de fer rubanés : Il s’agit des itabirites dans des encaissants
amphibolitiques. On les retrouve dans les terrains archéens de la Province Orientale et
du Kasai.
Modèle génétique : Les itabirites résulteraient d'une précipitation d'hydrates de fer dans
des séquences transgressions marines. Le fer provenant de la pénéplanation et de la
latéritisation en cours sur le continent est transporté sous forme de complexes
organoferriques entretenus par des matières organiques et déposés dans des bassins
marins. Dissout dans les eaux froides et anoxiques de fond océanique, il est ramené sur
la plate-forme oxygénée par les courants d’upwelling où il précipite sous forme
d’hydrates en alternance avec les sédiments siliceux d’origine organique. D'où le nom de
« Banded iron Formations (BIF) ». Ces formations ferrifères sédimentaires sont alors
métamorphisées pour former des itabirites. Il semblerait que les itabirites de la Province
Orientale proviennent de l’oxydation et de la silicification de formations lenticulaires
carbonatées ferrifères ; les processus d’enrichissement secondaire sont responsables de
la formation des minerais à teneurs.

Typologie : on distingue deux types, le Type Asonga (zonaire, gros bancs, plus riches en
Fer avec peu de silice, magnétite-oligiste) et le Type Male (finement lités, hématite-
magnétite, moins riche en fer et riche ne silice, en dehors des zones d’enrichissements).
Ces gîtes d’itabirites de type Male sont riches en quartz (quartzite ferrifère) ce qui ne le
rendent pas attractifs sur le plan métallurgique

Situation géographique : Dans la région du Kasai, ils sont localisés dans la région de
Luebo (Luizien ou protérozoique inférieur au Kasai) dans les zones où la couverture
secondaire et tertiaire a été enlevé par l’érosion. Il s’agit des gîtes de type Male. Toujours

Jaziel Nkere, PhD 34


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au Kasai, on les retrouve dans la région de Sandao-Kapanga (Archéen, Luanyien et


complexe de Dibaya) et dans le Kasai-Lomani (protérozoïque inférieur). Il s’agit des gîtes
de type Asonga. Dans la région de l’Ituri, on retrouve ces itabirites dans les régions de
Kilo, moto pour le type Male et celles de Kibali, Ituri, Isiro, Wamba, Isiro, Bima, Panga
pour le Type Asonga.

Gîtes remarquables : il s’agit de ceux de la province orientale. (1) Dans la région d’isiro,
les quartzites ferrifères forment des « montagnes de fer » de plusieurs kilomètres de long
et quelques centaines de mètres de large, présence de la magnétite presque pure dans
certains affleurements. (2) Au sud-ouest d’Aru, dans le territoire de Mahagi, le mont Kolo
renferme une lentille d’hématite de 300 millions de tonnes, exploitable à ciel ouvert.

B. Les gîtes de manganèse des séquences ferrifères : Il s’agit de deux gîtes localisés dans
la province du Lualaba.
Modèle génétique : oxydation et silicification d’une serie de lentilles carbonatées
manganésifères interstratifiées dans les schistes du complexe de Lukoshi (Lukoshien,
Archéeen) pour les gîtes de Kisenge et ceux du Kasai-Lomani (Protérozoïque moyen)
pour les gîtes de Kasekelesa. La paragenèse minérale à Kisenge est faite de rhodonite,
haussmanite ( Mn3O4) et rhodocrocite (MnCO3) ainsi que des traces de Ni, Co et As.
Tandis qu’à Kasekelesa, elle est faite de Psilomélane, hollandite et braunite ainsi que des
traces de Cu, Co,V, Ba. Cette différence de minéralogie entre Kisenge et Kasekelesa
pourrait s’expliquer par la présence au niveau de Kasekelesa des minéralisations
hydrothermales qui se seraient mises en place à la faveur des failles que l’on y trouve et
ces minéralisations se seraient oxydées et auraient donnés la concentration manganifère.
Sur le plan de la forme de la minéralisation, les gîtes se présentent sous forme de
Chapeau de manganèse en forme de lentille stratiformes. De plus à Kasekelesa, on
observe en plus de ces chapeaux, des croûtes latéritiques manganésifères.

III.1.2. Les Gîtes magmatique tardifs de Cr-Ni

On les retrouve au Kasai, dans les environs de Kananga. Il s’agit des gîtes de Cr-Ni de Nkonko
et Lutshatsha. Il s’agit des intrusions ultrabasiques chromo-nickelifères au sein du complexe
de Dibaya (Archéen). La forme de la minéralisation est de type dyke (lenticulaire). Ces dykes
sont orientées E-W et ENE-WSW. Le dyke de Nkonko s’étend sur 24 km (26 km pour celui

Jaziel Nkere, PhD 35


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de Nkonko) et sa largeur varie entre 300 et 700 m. Les minéralisations sont ainsi disséminées
dans la bande de peridotite serpentinisée de plus de 1km (jusqu’à 2 km) d’épaisseur. La
paragenèse minérale est faite de serpentinite.
Ressources minérales à Nkonko : 1.331.235 Tonnes Cr et 136.064 Tonnes Ni dans un
minerai à 3% Cr et 0,31% Ni ;
Ressources minérales ; Lutshatsha : 518.608 Tonnes Cr et 188.361 Tonnes Ni dans un
minerai à 2,01 %Cr et 0,73% Ni.

III.1.3. Les filons de quartz aurifères

Il s’agit principalement des gîtes d’or du Kibalien dans la province orientale et ceux (minoritaires) du
Kasai du complexe de Dibaya, complexe de Sandoa Kapanga (Archéeen) et du luizien (proterozoique
inférieur).
Modèle génétique : Pendant cette période géologique, Les gisements sont constitués par des
disséminations et des filons de quartz aurifères résultant d'une migration des fluides hydrothermaux
dans les formations métamorphiques siliceuses à partir des intrusions granitiques entre lesquelles ces
formations sont coincées.
Paragenèse minérale : Pyrite-Pyrrhotite-Arsénopyrite principalement et un peu de chalcopyrite-
galène.
Ensaissant : Schistes et roches vertes (archéennes), roches volcanogènes.
Forme de la minéralisation : Filons, stockwerks, amas disséminés

A. Les gîtes aurifères de la province orientale : Les gîtes de la Province Orientale dans les
lambeaux kibaliens de Kilo et de Moto Les minéralisations, datées à 1800 Ma., appartiennent
au type Kibalien. Ce type comprend les gisements exploités par l'OKIMO à Kilo et à Moto
(350T extraites et 500 T de réserves, vielles donnés) ainsi que des gisements tels que ceux
d'Adumbi-Kitenge et de Yindi, le long de la Ngayu, affluant de l'Aruwimi. On distingue les
gisements de Gorumbwa (15 g/t), Agbarobo (50 g/t), Durba (6 g/t). ces gisements constitue le
district aurifère de Watsa. Ces gisements sont très riches en or et disposent des ressources
minérales de près de 30 millions d’onces (2013). La mine de Kibali gold est la plus grande
mine d’or en Afrique et parmis les 10 plus grande mines d’or au monde avec une production
annuelle de plus de 800000 onces (plus de 21 tonnes d’or). D’autres gites existent dans le
lambeau de Moto (Rambi, Beverendi, etc..). Dans le lambeau kibalien de Kilo, les
minéralisations aurifères du type filonien (contrôle structural) sont localisées en bordure de

Jaziel Nkere, PhD 36


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massifs granitiques intrusifs. On peut citer le gisement de Mongbwalu (4.5 millions d’onces)
appartenant à Ashanti Gold (fermé le projet en 2014).
Il sied de noter que Les gîtes filoniens en place renferment une forte proportion d’or libre qui
a formé d’importants gîtes détritiques aujourd’hui épuisés.

B. Les gîtes aurifères du Kasai : Ils sont très peu étudiés et sont inexplorés.

III.2. PERIODE METALLOGENIQUE DU PROTEROZOIQUE MOYEN


(Kibarienne) 1600 -1200 Ma

III.2.1. Les gîtes aurifères de filons de quartz liées aux laves andésitiques

On distingue les gîtes aurifères du Bas-Congo (gîtes d’or de Kangu), gîtes de Kowa au
Katanga à l’est de Kolwezi. Les fluides hydrothermaux riches en or ont été apportés par la
mise en place des magmas andésitiques. Ils sont moins riches que ceux du Protérozoïque
inférieur.

III.3. PERIODE METALLOGENIOUE TARDI-KIBARIENNE (1200-1000 Ma)

Des granitoïdes accompagnés de pegmatites stannifères et d'une gneissisation des sédiments


parcourent les terrains kibariens vers 1100 Ma.
III.3.1. Intrusions pegmatitiques stannifères A Sn, W, Nb-Ta, TR

III.3.1.1. Localisation et Typologie

Les gisements et indices du groupe de l’étain sont localisés dans la partie orientale du Congo
où ils forment une ceinture qui s’étend sur 700 km de l’Ituri, au nord, à l’extrémité occidentale
de la ceinture cuprifère au sud, suivant la direction générale de l’orogenèse kibaro-
burundienne dont les événements géologiques majeurs sont alignés dans le tableau suivant.
L’essentiel de la minéralisation stannifère est liée aux massifs de granite équigranulaire à
muscovite (Phase 4 ou D4) et au second épisode pegmatitique (Phase 5a). Les plus gros
gisements sont concentrés au Sud et Nord Kivu, Maniema et Katanga central, dans des régions
où la ceinture stannifère atteint son maximum de largeur. La distribution des pegmatites et des
filons est zonaire (Cfr cours G3).

Jaziel Nkere, PhD 37


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Table 1: Evènements géologiques majeurs des chaines Kibarienne et panafricaine.

Katanga Central Sud-Kivu


Evénements
Ma Ma
Stade N° Type Age Age
Rajeunissement des biotites 540
ème
5b Deuxième épisode pegmatitique 2 phase 875±25 854±10
Post-
5a Deuxième épisode pegmatitique 1ère phase 912±30, 955±30 897±27
tectoniques
4 Granite équigranulaire à muscovite 906±3, 947±26 926, 950
3 Premier épisode pegmatitique 1055-1100 1100±20

Syntectonique 2 Granitisation syntectonique 1300±40 Non daté


s 1 Granite porphyroïde précoce

On distingue cinq types des gisements stannifères en R.D.Congo :

Type I : Crytobatholitique
Encaissants de métamorphisme mésozonal (exemples : Etaetu–Bishasha).
Type II : Acrobatholitique
Les filons forment un faisceau dans la partie apicale du granite et pénètrent
dans des terrains encaissants épimétamorphiques (Kalima- Moga). Les filons
complexes (aplite, quartz, quartz-pegmatite) forment des faisceaux dans les
zones apicales faillées et tourmalinisées (Mitwaba).
Type III : Péribatholithique
Les filons de pegmatites forment des auréoles de différenciation dans des
terrains encaissants de métamorphisme mésozonal, non perturbés par des
mouvements tectoniques (Mumba) ; des mouvements tectoniques successifs
ont entrainé la mise en place d’une séquence de venues apopegmatitiques qui
ont formé un énorme gisement aligné suivant la direction d’une zone de
faiblesse du socle métamorphisé (Manono- Kitotolo).
Type IV : Intrabatholithique
La minéralisation, qui comprend cassitérite, colombo- tantalite et terres rares,
est incluse dans les plages de pegmatites de petite taille, localisées dans la
partie interne des massif granitiques (Lugulu).
Type V : Sédimentaire « ancien »

Jaziel Nkere, PhD 38


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Dans la région de Luntukulu, au Sud Kivu, la minéralisation stanno-


wolframifère parait associée à certains horizons du Burundien inférieur en
dehors de toute intrusion granitique.

On peut penser que bien antérieurement à la mise en place de gîtes


pegmatitiques et filoniens tardi-burundiens, l’étain et le tungstène furent
libérés des gîtes stratiformes « anciens » et redistribués : les éléments grossiers
se concentrant dans les placers, à peu de distance des noyaux anticlinoriaux, et
les éléments fins s’incorporant aux phyllites des synclinoriums, à une grande
distance de la source initiale.

Au cours de l’orogenèse burundienne, l’étain et le wolfram des noyaux


anticlinoriaux ont été remobilisés par les intrusions granitiques pour former de
grosses concentrations pegmatitiques et filoniennes, tandis que des stockwerks
de quartz à reinite se formaient dans les phyllites à scheelite des synclinoriums.

III.3.1.2. Description et modèle génétique

Trois principaux types ont été décrits avec des modèles génétiques plus ou moins similaires :
A. Type Manono (Sn, Be. Li, Ta, Nb)
Le gisement de Manono-Kitotolo est le plus gros gisement pegmatitique du monde, il
est localisé au sein des métamorphites kibariennes au Katanga. C’est le plus grand
gisement de Lithium au monde et le projet est au niveau de la construction de la mine
(AVZ Minerals). Ce gisement s'étend en direction SW-NE sur 14 km avec une largeur
en affleurement de 200-300 m.
La paragenèse minérale : microcline, quartz, albite, cassitérite, béryl, spodumène,
amblygonite, tourmaline, thoreaulite SnTa207, Columbo-Tantalite. Les teneurs
atteignent 0,25% Sn, mais en moyenne 500-600 g/t, 100 g Ta /t, 1.6 % de LiO2.

Jaziel Nkere, PhD 39


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Figure 9: Carte géologique du gisement de Manono-Kitotolo (AVZ Quartely report 2019)

Le gisement de Manono est constitué par un laccolite de pegmatite, d’une puissance


de plusieurs centaines de mètres, qui s’étend sur 14 kilomètres suivant la direction
générale nord-est des micaschistes et quartzites du Kibarien inférieur. Vers le milieu
de son allongement, la laccolite présente un hiatus de 2.5 km environ. La partie
occidentale (Kitotolo) affleure sur 13.5 km2 , est encaissée dans les micaschistes ;
la partie orientale (Manono) affleure sur 12 km2 et est bordée au nord par les
micaschistes et au sud par un dyke de dolérite, antérieur à la mise en place du
laccolite. Au nord du laccolite affleurent de nombreuses lentilles de pegmatite
profondément altérées.

L’exploitation des éluvions stannifères, d’une puissance moyenne de 8 mètres,


amena la découverte du gisement en place vers 1925.

Jaziel Nkere, PhD 40


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On y rencontre des pegmatites grenues à orthose, microcline, quartz ; des pegmatites


à microcline, albite ; des pegmatites à albite, spodumène ; des greisens et des filons
de quartz à muscovite. Les minéraux accessoires comprennent apatite, mica lithique,
fluorine, béryl, zircon, tourmaline claire, rutile et les minéraux économiques :
cassitérite, colombo-tantalite, thoreaulite (Sn, Ta2O7), loellingite Fe As2, mispickel,
pyrite, oxydes de fer et de manganèse et traces d’autunite Ca(UO2)2(PO4)2.8-12
H2O. D’après J. THOREAU (1950), cette complexité est due à la superposition des
phases pegmatitique albitique, pneumatolytique et hydrothermale dans l’élaboration
du gisement.
La phase albitique se caractérise par une forte tourmalinisation.
La phase pneumatolytique se marque par une forte greisenification du cœur
et des bordures des corps pegmatitiques. Enfin, une phase hydrothermale tardive
se traduit par la mise en place de filons à épontes de quartz et cœur de calcite (altération
calcaro-siliceuse), sidérose et galène (530 M.A). La minéralisation économique
comprend la cassitérite, la colombo-tantalite et le spodumène.

B. Type Mumba (Sn, Nb, Ta)


Ce sont des lentilles de pegmatite kaolinisée contenant de la cassitérite. Les plus fortes
teneurs s'observent dans les zones greisenisées où abondent cassitérite et columbo-
tantalite jusqu'à 300 g/t.
Ce gisement essentiellement stannifère occupe une cuvette synclinoriale à plis serrés,
allongée suivant la direction NE-SW et bordée à l’est et à l’ouest par les massifs
granitiques de Hango et Sula (Masisi, Nord Kivu).
Les massifs granitiques présentent fréquemment un aspect feuilleté ; sur le plan
chimique, ce sont des granites calco-alcalins à monzonitiques.

C. Type Kikole (Katanga) à Sn, Be, Li, P. W. Nb-Ta.


Ce sont des filons de quartz et de greisens contenant cassitérite, feldspaths, béryl,
topaze, muscovite, lépidolite, fluorite et parfois wolframite et columbo-tantalite. On
les trouve au Katanga, mais c'est surtout au Kivu et au Maniema où ils abondent. Leur
altération donne naissance à des placers éluviaux et alluviaux.

Jaziel Nkere, PhD 41


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D. Type Bishasha (Nord- Kivu) à Sn. W, Nb-Ta, Mo


Disséminations de wolframite, cassitérite, et columbo-tantalite avec, comme sulfures,
pyrite et molybdénite. Ce gisement essentiellement wolframifère est situé à 25 km au
Nord de Masisi, sur la bordure Est du massif granitique de Hango.
La minéralisation wolframifère est liée à un faisceau de bancs de quartzites
interstratifiés suivant la direction N-S des schistes burundiens encaissants.

E. Type Etaetu (Nord-Kivu) à W


Filons de quartz à wolframite et tourmaline noire dans l'apex des intrusions granitiques
greisenisées, pauvres en columbo-tantalite et en cassitérite. Ce gisement wolframifère
est situé au Nord Kivu, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Butembo, à proximité
d’un petit massif granitique.

III.4. PERIODE METALLOGENIQUE PANAFRICAINE (1000-700 Ma)

L’activité ignée conduit à la mise en place d'intrusions granitiques, pegmatitiques et alcalines


dont les minéralisations enrichiront le spectre géochimique des sous-bassins structuraux.

III.4.1. Intrusions pegmatitiques et filons de quartz stanniferes a sulfures de Fe-Cu-


Zn-Pb

La mise en place de ces intrusions présente deux types paragénétiques :


A. Type Mitwaba (Katanga) à Sn, Cu, Zn, Pb, As, Mo
Le site de Mitwaba situé dans la région du Katanga central contient cassitérite,
arsénopyrite, sphalérite, galène, chalcopyrite, pyrite, molybdénite. La galène a été
datée à 905m.a. (Cahen, 1974).

La minéralisation stannifère du district de Mitwaba s’est mise en place à la faveur des


mouvements tectoniques qui ont affecté le massif granitique de Mitwaba, intrusif dans
les micaschistes et quartzophyllades du Kibarien inférieur. Elle est liée à des champs
filoniens qui apparaissent dans la partie nord du granite et comprennent des filons de
quartz, d’aplite, de pegmatite hétérogène à béryl et de tourmalinite, inclus dans une
bande apicale de 1 km de large, orientée suivant la direction N 70° E du granite.

Jaziel Nkere, PhD 42


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Il est certain que la formation des gisements du district de Mitwaba a été accompagnée
de mouvements tectoniques directionnels tardi-kibariens.

B. Type Kalima (Maniema) à Sn, W, Nb, Ta, Cu, Zn, Pb, As, Fe, Bi
Il s'agit d'ensembles comprenant granite – pegmatite – aplite et filons de quartz à
cassitérite, wolframite, scheelite, columbo-tantalite, stannite, chalcopyrite,
arsénopyrite, sphalérite, galène, pyrite, bismuthinite.
La minéralisation stanno-wolframifère de cet important district est en relation avec
des massifs granitiques circonscrits de 10 à 20 km de diamètre, intrusifs dans une
couverture schisto-quartzitique relativement peu plissée et métamorphisée. Les
granites sont accompagnés d’apex et de dorsales granitiques non affleurants qui se
marquent par de légers bombements de la couverture schisto-quartzitique.

Les massifs circonscrits sont recoupés par des filons d’aplite et bordés de pegmatites
à colombo-tantalite et thoreaulite (Sn, Ta2O7) qui pénètrent peu les terrains
encaissants.

Les champs de filons de quartz à cassitérite et wolframite se situent au-dessous des


apex et des dorsales granitiques et peuvent s’étendre à plus de 100 m dans les roches
encaissantes. Les fissures d’une première génération de filons de quartz renferment :
tourmaline, lépidolite K(Li,Al)3(Si,Al)4O10(F,OH), cassitérite, wolframite, colombo-
tantalite et stannite suivie de sulfures : chalcopyrite, mispickel, blende, pyrite et galène
qui montrent une évolution jusqu'au stade catathermal. Les fissures d’une deuxième
génération de filons de quartz renferment : ferbérite FeWO4, anthoinite, tourmaline
verte et bismuthinite Bi2S3.
Les riches concentrations stanno-wolframifères du district de Kalima-Moga résultent
de la superposition des phases pneumatolytiques et catathermales dans des zones de
faible extension latérale et verticale, en raison de la plasticité et de la perméabilité des
roches encaissantes.

C. Le district colombo-tantalifère de LUGULU (Maniema et Sud-Kivu)


Le district de Lugulu, qui fournit la majeure de la production de colombo-tantalite
du Maniema, est situé sur la bordure sud du dôme granitisé et gneissifié de
Kasese. Ce dôme, qui affleure sur 150 km suivant la direction NW-SE, est auréolé

Jaziel Nkere, PhD 43


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de épointements de granite à muscovite. La partie nord-ouest du dôme est


monzonitique.

Les pegmatites intrabatholitiques (interne) à quartz, mica, microcline, albite sont


nombreuses et de faibles dimensions. Les pegamatites de des granites à deux micas et
celles à muscovite sont riches. Par contre, les pegmatites des granites à biotite sont
stériles. Les pegmatites péribatholitiques (mixte) à cassitérite et colombo-tantalite
sont plus volumineuses et se répartissent suivant une disposition zonaire. Et dans
les zomes externes on a une zone à cassitérite-or.

D. District de Kampene (Maniema) : On retrouve la même répartition de la


minéralisation dans les zones interne et externe du dôme granitisé : zone à colombo-
tantalite, zone mixte à colombo-tantalite et cassitérite, zone à cassitérite-or.

E. Le district stanno–wolframifère de LUNTUKULU (Sud Kivu)


La minéralisation stanno – wolframifère du district de Luntukulu, situé à 100 km au
sud -ouest de Bukavu, est liée à des filons et filonnets de quartz, interstratifiés dans
des niveaux arkosiques et schisteux appartenant à la base du Burundien inférieur
(protérozoïque inférieur), ou à des filons de quartz N-S parallèles à la direction des
plissements.
Dans la région de Luntukulu, le Burundien inférieur dessine une vaste structure
anticlinoriale de direction générale N-S. Les gisements stannifères sont alignés suivant
l’axe de cette structure, alors que les gisements wolframifères se situent sur son flanc
Est. Aucun affleurement granitique n’est connu dans toute l’étendue de la structure
anticlinoriale.
La minéralisation primaire à paragenèse simple : cassitérite-scorodite Fe(AsO4).2H2O-
wolframite ; cassitérite-wolframite et wolframite seule, est située dans les filons et
filonnets de quartz et les diaclases des schistes et arkoses encaissants. Dans tous les
cas, les minéralisations sont liées à un horizon lithologique déterminé : arkoses,
quartzites ou schistes noirs pour l’étain, schistes noirs pour le wolfram. Il semble
que la minéralisation stanno-wolframifère du district de Luntukulu, d’origine
sédimentaire, ait été reprise et concentrée dans les filons et filonnets de quartz au cours
de phénomènes structuraux ultérieurs.

Jaziel Nkere, PhD 44


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F. Le gisement de Bisie (Sn-Cu-Pb-Ag-Zn-TR) : C’est le plus gros et plus riche


gisement d’étain au monde avec 153000 tonnes à 4,34 % d’étain. Il est subdivisé en
deux parties, Mpama Nord et Mpama sud, s’étendant sur environ 2 km en surface et
plongeant au de la de 600 m en profondeur et une épaisseur de 40 m maximum. La
mine est déjà en exploitation depuis Juillet 2019 et les opérations sont souterraines. En
plus d’être riche en cassitérite, il y a des nombreux filons riches en Cu et TR à Mpama
Nord et d’autres filons riches en Pb-Zn-Ag à Mpama Sud en plus de la minéralisation
stannifère
Encaissants : métasedimentaires du panafricain (Néoproterozoic), surtout dans les
schistes amphibolitisés. Les encaissants sont quasi identique de ceux de Twangiza.
Ces encaissants sont fortement affectés par l’altération hydrothermale (Chloritisation).
Les zones fortement chloritisées sont très riches en Sn et Cu. Il est impératif de noter
que ce gisement se trouve sur une grande faille.
Paragenèse minérale : Cassitérite-Chalcopyrite-Bornite-galène-sphalerite-Ag-TR
Modèle génétique : Intrusion granitique phase D4 (dans les environs de Bisie) vers
987 Ma, source des fluides hydrothermaux riches en Sn. Remobilisation des fluides
lors de l’orogenèse panafricaine (plissements et failles) et mise en place des métaux
dans la zone de cisaillement et ainsi formations des filons, stockworks minéralisés. Il
sied de noter que la présence de l’assemblage Pb-Zn-Ag comme à Kipushi pourrait
indiquer que cette faille serait translithospheric et ainsi les venues hydrothermales
riches en Pb-Zn-Ag pourraient s’expliquer.

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Figure 10: Production d’étain au premier trimestre 2020 de la mine de Bisie et position de celle-ci sur
une faille, probablement translithosphérique, à l’origine des remontées hydrothermales riches en Pb-
Zn-Ag.

III.4.2. Gîtes pegmatitiques à uraninite : type Kobokobo (Sud-Kivu)

Le gisement connu est celui de Kobokobo à environ 7 km au sud-ouest de Kamituga (Sud-


Kivu), qui est un corps elliptique de 120mx80m intrusif dans des amphibolites et des
micaschistes à biotite, grenat et staurotide du Burundien (protérozoïque inférieur). Il a connu
plusieurs phases de mise en place : phase de pegmatite graphique ; phase potassique grenue
riche en béryl (900 Ma.) ; phase lithique ; phase albitique (Quelle est le type d’altération
hydrothermal ?) uranifère datée à 850 Ma.
Le gisement est situé au Sud - Ouest de Kamituga. Il contient Sn, Be, Nb, U, As, Li, Bi sous
forme de cassitérite, béryl, columbite, uraninite, löllingite. amblygonite, bismuth.
C’est l’un des plus grands gisements de Beryl en Afrique.

III.4.3. Les gîtes aurifères de filons de quartz


Ce dans ce groupe que l’on retrouve les principaux gisements primaires d’or du Sud-
Kivu, Maniema et Nord Tanganyika. Les principaux gisements connus sont ceux de Twangiza
(6 Millions onces en 2011 et 4 millions onces en 2020), Lugushwa (4.3 millions d’onces),
Akyanga ou Mississi (3.8 millions d’onces), Namoya (2 millions d’onces en 2015), Kamituga

Jaziel Nkere, PhD 46


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(0.93 million d’onces), Ngoy ou Kitindi (0.3 million onces), Matala (0.15 million onces) ainsi
que les gîtes de Bionga, Lukatu, Bikolongo dans le territoire de Mwenga, les gîtes de Kiazi,
Luntukulu, Ntula (Kaniola), Tshondo, Kaziba dans le territoire de Walungu, les gîtes de
Mukera, Minembwe, Miki, Lubichako, Ngalula, Nyangi dans le territoire de Fizi, les gîtes de
l’axe Lemera-Nyawaronge-shange dans le territoire de Kalehe. De nombreux gîtes aurifères
existent au Maniema et au Nord Tanganyika et sont exploités artisanalement.
Encaissants : métasediments du Ruzizien (Burundien), kibarien et de l’Itombwe
(Nombreuses confusiosn par le passé).
Paragenèse minérale : Pyrite, chalcopyrite, pyrrothite, arsénopyrite, or.
Modèle génétique : les orogenèses ruziziennes, kibariennes ont été accompagnés par la mise
en place des intrusions magmatiques. Ces dernières ont apporté les fluides hydrothermaux
riches en or et qui ont été remobilisés lors des évènements tectoniques (plissements, failles)
de la période panafricaine (Itombwe). Ainsi, ces fluides ont déposé les minéralisations dans
les zones de cisaillement, fractures (stockwerks, schlierensà, plans de failles, axes des plis et
dépendant de la permeabilité des encaissants, celles-ci (les minéralisations d’or) s’y sont
disséminés. Les recentes datation de la minéralisation aurifère à Kamituga et Lugushwa ont
donné un âge de 600 Ma et à Matala à environ 560 Ma.
Il ne faudrait pas oublier les placers ou les gîtes secondaires résultant de l’érosion des gîtes
primaires en amont.
Métallogénie du gisement d’or de Twangiza

Figure 11: Modèle génétique du gisement aurifère de Twangiza (d’après Chuwa, 2011).

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Principaux types d’altération hydrothermale : Albitisation (altération potassique),


tourmalinisation, altération calcaro-siliceuse (Quartz-carbonates), chloritisation et la
pyritisation (affectant les schistes noirs).

Figure 12: Echantillon d’un shale noir traverse par une brèche hydrothermale à Twangiza. La brèche
est constituée de quartz et d’albite. On peut clairement distinguer des zones ayant subis une forte
pyritisation que ça soit au niveau du shale noir ou de la brèche hydrothermale.

III.4.4. Gîtes de monazite

Dureté : 5-5.5 ; densité : 4.9-5.5.


De nombreux gîtes détritiques de monazite ont été découverts dans les régions du Kivu, du
Katanga et du Kasaï, au cours des prospections alluvionnaires stannifères et aurifères.
La monazite (Ce, La,Th, …)PO4 renferme 1 à 12 % de thorium grâce au processus de
syncristallisassions. Les éléments des terres rares sont typiquement lithophiles et sont liés aux
roches intrusives et à leur cortège pegmatitique et hydrothermal. La monazite se trouve
également dans certaines formations magmatiques, carbonatites de Bingo, au Nord Kivu ;
pegmatitiques, hydrothermales :et métamorphiques. Autres éléments : U, Mo, Ni, Co, Fe, Ti,
Pb, Mg, Ca et B.

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CHAPITRE IV. METALLOGENIE ET GITOLOGIE DU


PANAFRICAIN AU KATANGA

IV.1. LITHOSTRATIGRAPHIE DU KATANGUIEN

L'unité la mieux connue et la plus complète du Panafricain est le Katanguien en raison de ses
richesses minérales fabuleuses. Le Katanguien est transgressif (repose) sur le Kibarien et
débute par un régime torrentiel ayant produit des dépôts conglomératiques très grossiers.
La subdivision en trois a été basée sur la présence de deux mixtites continues connues sous
les appellations Grand Conglomérat et Petit Conglomérat. Elles divisent le Katanguien, de bas
en haut, en Roan (R), Nguba (Ng) et Kundelungu (Ku). La puissance atteint 7.500 m.

IV.2. PHASES OROGENIQUES DU PANAFRICAIN AU KATANGA


La distribution spatiale des concentrations métallifères syngénétiques observées dans l'Arc
Lufilien définit trois périodes métallogéniques correspondant aux grandes phases orogéniques
et érosives : tardi-kibarienne, lomamienne et lufilienne.

IV.3. METALLOGENIE DE LA PERIODE TARDI-KIBARIENNE (1200 – 1000


Ma)
La période métallogénique tardi-kibarienne définit le spectre géochimique du bassin
katanguien riche en Fe, Cu, Co, Mn, U, Ni, avec accessoirement Zn, Pb, Au, Pt, Pd, REE,
provenant de l'érosion des métamorphites continentales du socle. Elle a connu un volcanisme
synsédimentaire dans le Roan Inférieur (pyroclastites de la région de Kipoi) et à la base du
Sous-groupe des Mines (matériaux pyroclastiques remaniés des RAT grises présentant des
vestiges de quartz non détritique).
A Shinkolobwe, une roche rhéomorphe (à aspect tectonisé) a été recoupée par sondage dans
la partie Est en bordure de la faille limite de l'Ecaille de Kasolo. Elle serait le témoin du
volcanisme dont les matériaux sont incorporés dans les RAT grises.
Les minerais se répartissent en gisements de plusieurs types.
IV.3.1. Gîtes sédimentaires : Grès ferrugineux

Modèle geéntique : Il s’agit des grès et quartzites ayant connu une précipitation d'hydroxydes
de fer dans les couches détritiques grossières de la base du Roan.

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Paragenèse minérale : hématite-limonite


Le gisement de Kasumbalesa a été remanié par une activité hydrothermale tardi-tectonique
lufilienne sous forme de Stockwerks à quartz-oligiste-magnétite accompagnés d'éléments
traces métalliques faisant partie du spectre géochimique régional. Il a été exploité par
l’UMHK de 1917 à 1945. Ses réserves étaient évaluées à 1,2 Mt à plus de 60% Fe.

IV.3.2. Gisements stratiformes a Cu-Co du sous- groupe des mines

Les gisements et indices du groupe du cuivre sont très irrégulièrement répartis sur le territoire
du Congo. Ceux situés dans la partie méridionale de la région du Katanga fournissent la
totalité de la production de cuivre, cobalt, uranium, zinc, plomb, cadmium et germanium, alors
que les autres, éparpillés dans le reste du pays, sont réputés jusqu’à ce jour peu exploitable.
En résumé, la typologie des gisements de la ceinture cuprifère (copperbelt) est la suivante :

Katanga Occidental (Lualaba) :


- Type stratiforme associé au niveau des R.S.C., l’association minérale variant avec la
position du gisement dans la zonéographie. Exemple: Kamoa (Cu), Kamoto Cu-Co,
Kolwezi Cu, Katanga (Cu-Co), Mutanda (Cu-Co), Dewiza (Cu-Co), Shinkolobwe U-
Ni-Co;
- Type stratiforme associé aux horizons pyroclastiques du Mwashya. Exemple : Shituru
Cu-Co ;
- Type amas discordants à Cu-Zn-Pb-Ge dans Nguba. Exemple : Kipushi.
Katanga Sud-Oriental
- Type stratiforme étendu : ore shale formation. Exemple : Musoshi ;
- Type stratiforme sporadique : footwall ore formation. Exemple : Kinsenda.

IV.3.2.1. Cadre structural et localisation des gisements de la ceinture cuprifère

Dès 1883, J. CORNET avait reconnu que les sédiments katanguiens du Congo méridional
appartenaient à 3 zones structuralement distinctes qui sont, du nord au sud : la « zone de
Kundelungu », la « zone du cuivre » et la « zone du fer ».
La « zone de Kundelungu » correspond à un avant-pays tabulaire (pas tectonisée) ou
faiblement ondulé dans lequel les sédiments kundelunguiens sont transgressifs sur le socle
Kibarien. Ces minéralisations sont peu importantes. Elles sont (faibles indices de

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minéralisation (Cu seul)) stratiforme et épigénétique dans cette zone qui forme un triangle
allongé, d’axe N.NE, jusqu’au rivage de lac Tanganyika.
La « zone du cuivre » (ceinture cuprifère du Congo, copperbelt de Zambie) renferme tous
les gros gisements stratiformes cupro-cobaltifères et uranifères. Les sédiments du Roan, du
Nguba et Kundelungu de cette zone ont été plissés, au cours des phases lufilienne et
kundelungienne, en un grand arc (50 km de large, plusieurs centaines de kilomètres de long)
à convexité tournée vers le Nord–Est.
La « zone du fer » (faiblement tectonisé) constitué de sédiments du Roan, Nguba et
Kundelungu, est plissée, mais pas assez pour faire affleurer le Roan moyen. Cette zone
renferme de nombreux gîtes métasomatiques de fer et gîtes discordants de Lombe et Kengere.

Figure 13: Cadre structural des gîtes stratiformes Cu-Co du Katanguien (A= Avant-pays ou Katanga
tabulaire, CL= Chaine Lufilienne, F= Zone de fer)

Jaziel Nkere, PhD 51


IV.3.2.2. Lithostratigraphie des Ore-bodies (corps minéralisés)

Les gisements sont constitués de deux corps de minerais principaux appelés Ore-body Inférieur
(OBI) comprenant la RAT (Roche Argilo-talcqueuse) Grise et Ore-body Supérieur (OBS)
comprenant le BOMZ (Black Ore Main zone). Dans certains gisements, on retrouve aussi un
troisième corps, la CMN.

Ces deux corps de minerais sont séparés par les RSC stériles ou minéralisées le long des contacts.

IV.3.2.3. Mise en place des gisements Cu-Co

Elle est reste très controversée et plusieurs théories s’affrontent.

IV.3.2.4. Composition Minéralogique des Ore-bodies

Les principaux sulfures sont actuellement accompagnés de traces d'oxydes dans différents corps
de minerais qui sont pour la plupart cémentés, avec des teneurs oscillant autour de 4% Cu et 0,4%
Co.
Ils définissent deux types de gisements :
• Type Kamoto, à Cu-Co ;
• Type Musonoi, à Cu-Co-U, riche en Pt, Pd, Au, Se, TR.
La distribution des sulfures est la suivante :
• OBI : bornite, chalcosite. carroliite, cuivre natif avec ou sans uraninite.
• OBS : bornite, chalcopyrite, carrollite, chalcosite.
• CMN : Chalcosite, bornite, carrollite, dolomite rose cobaltifère résultant d'une
déstabilisation de la carrollite engendrant la chalcosite.
Les horizons carbonés des SD (Shales dolomitiques) sont minéralisés en chalcopyrite, carrollite
(CuC02S4) et pyrite
Donc les gîtes dépourvus de Cobalt n’ont pas cette troisième zone.
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Dans la zone d'oxydation on observe les minéraux principaux suivants : malachite, chrysocolle,
hétérogénite, pseudomalachite, azurite, cornétite, cuprite, shattuckite, dioptase, torbernite,
hématite, limonite, goethite, soddyite, uranophane, cuivre natif

IV.3.2.5. Structures particulières

A. Lambeau de Kolwezi
Ce lambeau de charriage occupe le synclinal de Kolwezi. Les gisements sont constitués
par des fragments de terrains disposés en cuvettes allongées SW-NE, présentant des faciès
grossiers (Long, Kilamusembu) sur les pourtours et les faciès fins (Kamoto, Musonoi) au
centre de la grande structure.
Les formations observables appartiennent au sommet du Roan Inférieur (R1), au Roan
Moyen (R2) et à la base du groupe de Dipeta (RGS, R31). Elles sont charriées sur le Ku2
en reposant sur une brèche hétérogène de la base.

Le lambeau de Kolwezi, long de 23 km, large de 10 km et dont l’épaisseur peut dépasser


1200m, renferme les plus gros gisements de l’ancien domaine de la Gécamines. Les
gisements sont inclus dans les écailles ou mégafragments du R2 enrobées dans des masses
bréchifiées du R1. Certaines écailles sont de petites dimensions, d’autres assez importantes
pour former des unités anticlinales ou synclinales dont la longueur peut atteindre plusieurs
kilomètres.
Gisement de Kamoto (Kolwezi, operé par KCC filiale de Glencore). Ce gisement produit
environ 300000 tonnes/an de Cu et 40000 tonnes/an de Co. C’est l’un de plus grand
complexe minier en cours d’exploitation de la RDC actuellement.
B. Les lambeaux de Tenke et Fungurume : Similaire à celui de Kamoto. Ces gisements
produisent 220000 tonnes de Cu/an et 20000 tonnes de Co/an.
C. Gisements de Musoshi et Kisenda : ils sont pauvres en Cobalt et se situent sur la bordure
des dômes granitiques de Konkola (Musoshi) et Luina (Kisenda). Il n’y a aucune
corrélation entre la minéralisation et la lithologie. La paragenèse minérale : bornite,
chalcopyrite, covelline et linnéite.

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IV.4. PERIODE METALLOGENIQUE LOMAMIENNE (1000-800 Ma)

IV.4.1. Caractéristiques de la période métallogénique lomamienne

Ici, Fe, Cu, Co se maintiennent, mais quelques métaux mineurs observés dans le socle et dans les
minéralisations précédentes marquent le pas dans le cortège géochimique au sein des sous-bassins
structuraux. Mn, Ba, Zn, Pb, As, sont caractéristiques de la période. Ils sont accompagnés de Cd,
Ag, Ge, Co, Ga, Au, etc., dans diverses proportions (Intiomale, 1994).
La période a connu un magmatisme synsédimentaire représenté par des dykes gabbroïques et
doléritiques, ainsi que par des projections pyroclastiques dans les sous- groupes de Dipeta et de
Mwashya. Ces roches ont été reprises comme éléments dans le Grand conglomérat, le Petit
Conglomérat et, plus tard, dans les brèches tectoniques.

IV.4.2. Types de gisements syngenetiques lomamiens

Type Mutanda
Gisements stratiformes à Cu-Co-Mn, de faible extension (300 m) mais riches en cobalt (3-4%) et
en manganèse, localisés dans les dolomies et les shales du Mwashya Inférieur. Le site type est
situé à 40 km à l'Est de Kolwezi. L'autre gisement du même axe anticlinal est celui de Tilwezembe,
à 25 km à l'Est de Kolwezi. Mutanda produit 330000 tonnes de Cuivre par an et 47000 tonnes de
Cobalt par an. C’est le plus grand complexe minier de la filière cuivre en RDC (MUMI, filiale de
Glencore). Mutanda c’est la plus grande mine de Cobalt au monde.
Type Shituru
Gisements volcano-sédimentaires à Fe-Cu, pauvres en cobalt, localisés dans le Mwashya Inférieur.
Ils sont liés aux roches pyroclastiques. Le site type contient des minerais oxydés à
pseudomalachite, malachite, chrysocolle et limonite, avec une teneur moyenne de 2-3% Cu

IV.4.3. Gisements Hydrothermaux des zones de stress

Dans les zones soumises à des pressions inégales, se sont développés des réseaux de fissures
discontinues subparallèles aux horizons comprimés, sièges d’une circulation hydrothermale
susceptible d’engendrer des minerais valorisables.

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Type Lukanga
Veines pyriteuses altérées en limonite aurifère dans les shales du niveau de Kaponda (Ng 121), le
long de la Lukanga et de la Nyavikungu, affluents du Lualaba. Leur érosion serait à l'origine de
l'or alluvionnaire de la région au Sud de l'Arc Cuprifère du Katanga.

Type Lukusu
Filons lenticulaires massifs de quelques décimètres à quelques mètres d'épaisseur, observés au sein
des couches schisto-gréseuses dans les zones axiales comprimées des synclinaux. Les bancs sont
à Ba-Fe (baryte-hématite-limonite).

IV.4.4. Gisements hydrothermaux de la chaine lufilienne

Ce sont des gisements filoniens à Zn-Pb et Ba-Fe remarquables par leur localisation dans des
fractures affectant les formations carbonatées en bordure plus ou moins immédiate des brèches
diapiriques des noyaux anticlinaux, sièges des sollicitations ayant engendré une convection
géothermique des fluides issus, pour la plupart, des formations tectonisées engagées dans la
bréchiation.
La convection géothermique, par pulsations épisodiques successives, a déterminé la composition
chimique des différentes venues hydrothermales dont le parcours n'excède pas 5 km.

A. Type Kapumba à Ba-Fe


Filons massifs lenticulaires, ou terminaisons d'apophyses, entourés d'une gaine ferrifère
composée d'oligiste disséminée. Ils sont observables dans un pan de Nguba effondré contre
le Mwashya en place dans l'anticlinal de Kabolela à l'Ouest de Kambove.
Les fissures sont colmatées par de la baryte néoformée, par des paillettes d'oligiste et grains
de pyrite et de chalcopyrite.

B. Type Kabwe
Filons-couches ou apophyses à Fe- Zn- Pb (Ag), localisés en zones synclinales dans les
dolomies de la base du Kakontwe, ou au contact Kaponda-Kakontwe. Leur minéralogie est

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simple, riche en plomb, pauvre en cuivre et en arsenic. Le type est représenté par le
gisement de Kengere au Katanga.
Le Gisement Zn-Pb de Kengere : Kengere est situé à 50 km au Sud de Kolwezi. Le
gisement occupe une zone faillée affectant des dolomies et des shales lenticulaires au
sommet du niveau de Kaponda dans une petite structure synclinale pincée plongeant à 60°
vers le sud. La lame plombifère est constituée de galène argentifère, remplacée dans la
zone d'oxydation par de la cérusite. Les réserves développées sont évaluées à 157.000 t de
minerais contenant 9000 t de plomb et 3000 t de zinc.
C. Type Kipushi
Filons polymétalliques à Fe-Zn-Pb-Cu (As, Ag, Cd, Ge) dans les flancs anticlinaux en
bordure de zones d'effondrement. Leur minéralogie est complexe, riche en cuivre et en
arsenic. Ce type comprend les gisements de Kipushi et de Lombe au Katanga, ainsi que le
gisement de Bamba-Kilenda au Bas-Congo. Ils sont tous localisés au contact des
dolomies et des shales sus-jacents.
Gisement de Kipushi
Le gisement Zn-Pb-Cu de Kipushi est localisé à l'extrémité NW de l'Anticlinal de
Kipushi, en bordure d'un gouffre en forme d'entonnoir pyramidal à ouverture plus ou
moins triangulaire appelé « Tétraèdre de Kipushi ». Son sommet est projeté vers la
profondeur de 1800 m. Les minerais zincifères contiennent du cadmium, tandis que
l'argent est lié aux minerais cuprifères et plombifères.
Le Gisement Zn-Pb-Cu de Bamba-Kilenda
Il est localisé le long d'une faille mettant en contact, sur le flanc Nord de l'anticlinal de
Bamba-Kilenda, le sommet du Schisto-calcaire et la série de l’Inkisi effondrée du synclinal
de Mbanzamboma. La minéralisation est constituée de pyrite, sphalérite, chalcopyrite,
tennantite, galène, bornite, chalcocite, covellite, avec divers oligo-éléments dont Ag, V...
L’indice initial de ce gisement est situé sur une faille, de direction E-W, qui affecte le
flanc nord d’un anticlinal. A l’est de l’indice initial, des indices de minéralisation
cuprifère et plombo-vanadifère jalonnent la faille sur environ 5000 mètres. Les sondages
effectués ont montré que la minéralisation s’étendait d’une façon discontinue sur 3400
mètres et devenait pratiquement inexistante à partir de 150 mètres de profondeur.

Jaziel Nkere, PhD 56


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CHAPITRE V : GISEMENTS D'ALTERATION DES FORMATIONS


PRECAMBRIENNES

V.1. GISEMENTS RESIDUELS DES ROCHES ALUMINEUSES


V.1.1. Cuirasses résiduelles bauxitiques

Les gisements sont de Type Sumbi (Bas-Congo). Ils résultent de l'altération de dolérites et de laves
basiques, notamment dans la chaine mayombienne entre Sumbi au Nord et Inga au Sud, dans le
territoire de Sekebanza au Bas-Congo. Les réserves du Mayombien sont évaluées à 100 Mt à 40%
Al2O3 ; 30% Fe2O3, comprenant 55% de gibbsite et 11% de kaolinite. Le projet d’exploitation de
ces gîtes a été évalué à 11 milliards USD en 2019 (Zone économique spéciale de Maluku)

V.1.2. Gisements résiduels de kaolin

Le kaolin se forme aux dépens des alumino-silicates, surtout des feldspaths, par altération
météorique ou hydrothermale. L'altération des granites et des pegmatites donne des dépôts
résiduels de kaolin, qui abondent dans la région de Manono et tout au long de la ceinture stannifère
Kibarienne. D'autres dépôts sont liés au type Sumbi en roches basaltiques altérées.

V.2. GISEMENTS D'ALTERATION DES ROCHES CARBONATEES


V.2.1. Gisements de talc

Le talc provient du métamorphisme de dolomies riches en magnésium, telles que celles du CMN,
mais il est souvent impur, c’est le cas à Kakanda-Sud et à Kamoya dans la région de Kambove
(Katanga), où les dolomies contiennent de la magnésite.
Dans la mine de Kipushi, le niveau de la Série Récurrente contient des bancs assez purs de talc et
de talcschistes dont les réserves pourraient atteindre 50.000 tonnes. Leur extension en dehors de
la mine n'est pas connue.

V.2.2. Gisements de phosphate

Le gisement type est celui de Mushishimano, sur la route Likasi-Kilelabalanda. L'altération du


calcaire de Kakontwe (Ng 122) a donné des minerais à phosphate sous forme d'encroûtements et

Jaziel Nkere, PhD 57


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de produits pulvérulents de couleur blanchâtre, calcédonieux. Le gisement est peu étendu. Les
réserves ne dépassent pas 10.000 tonnes à 8-10 % P2O5.

V.2.3. Gisements de gypse

Le gisement type est celui de Kapiri aux sources de la Pande, dans la région de Kansenia, au
Katanga. Les minerais sont localisés dans deux dépressions dont la plus grande présente des
plaques épaisses de gypse cimentant les fractures et les joints tectonisés des formations schisto-
gréseuses du Kundelungu Ku2, tandis que la plus petite fournit des cristaux ± bien formés.
Ces dépôts résulteraient de l'altération d'un ancien niveau pyriteux. Les réserves sont estimées à
110.000 tonnes de gypse (Intiomale, 2011).
Au Bas-Congo, des occurrences de gypse sont signalées dans le bassin de la Dimba à Luozi, à
Kimvula dans le district de la Lukaya, dans les stalactites-stalagmites des grottes des environs de
Lovo et de Mbanza-Ngungu ainsi que dans la colline Luvemba près de Mbanza-Mvunda.

V.3. GISEMENTS D’ALTERATION DES ROCHES ULTRABASIQUES

Il s'agit des occurrences de serpentine en zone d'altération des intrusions péridotitiques du Kasaï.
L'auréole d'altération a une épaisseur de 3-5 m et est enrichie en minerais chromo-nickélifères.

V.4. CHAPEAUX DE FER (FERRICRETES)

Ils sont localisés au-dessus de gîtes sulfurés, et des gîtes intrusifs tels que Bingo. La plupart ont
été décapés par les exploitations, notamment au Katanga. Le chapeau de fer du gisement de
Mutoshi à Kolwezi a donné des grains d'or. Il a été exploité de manière semi-artisanale.

Jaziel Nkere, PhD 58


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V.5. SOURCES THERMALES


V.5.1. Sources thermales du soubassement

Les sources thermales abondent dans les régions de l'Est ayant connu une activité éruptive ou une
tectonique active. Les eaux d'infiltration lessivant les terrains se mêlent aux solutions hypogènes
et remontent, chargées d'éléments dissous, à la-faveur des fractures.
La source type est celle de Kiabukwa (Kamina) qui a été utilisée pour produire la force motrice
nécessaire à l’exploitation du gisement stannifère de Bukena. Un débit de 145 m3/H à 91°C
fournissait environ 250 KW.

V.5.2. Sources thermales du Katanguien

Elles alimentent les salines à partir d'anciens niveaux évaporitiques, notamment au sommet du
sous- groupe de Dipeta. La plus connue est celle de Mwashya.
La source thermale de Mwashya alimente une dépression de 3 km sur 500 m en y déposant
annuellement 2 cm de sel sodique en saison sèche. Ce dépôt contient une grande proportion de sels
magnésiques et calciques. II est dissous en saison des pluies.

Jaziel Nkere, PhD 59

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